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Un ambassadeur de la culture Rohingya : rencontre avec le poète Mayyu Ali

Français : Un ambassadeur de la culture Rohingya : rencontre avec le poète Mayyu Ali Transcription de la conférence du 15 mai 2021, à l’INALCO avec Mayyu Ali, Emilie Lopes – journaliste indépendante et Alexandra De Mersan – anthropologue, maitresse de conférences à l’INALCO Anglais : An ambassador of Rohingya culture: Encounter with the poet Mayyu Ali Transcript of the conference held on May 15, 2021, at INALCO with Mayyu Ali, Emilie Lopes - freelance journalist and Alexandra De Mersan - anthropologist, lecturer at INALCO

Français : Un ambassadeur de la culture Rohingya : rencontre avec le poète Mayyu Ali
Transcription de la conférence du 15 mai 2021, à l’INALCO avec Mayyu Ali, Emilie Lopes – journaliste indépendante et Alexandra De Mersan – anthropologue, maitresse de conférences à l’INALCO

Anglais : An ambassador of Rohingya culture: Encounter with the poet Mayyu Ali
Transcript of the conference held on May 15, 2021, at INALCO with Mayyu Ali, Emilie Lopes - freelance journalist and Alexandra De Mersan - anthropologist, lecturer at INALCO

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l'Arakan, tout cet attachement à une localité. Etre d'un endroit,

être d’une localité. Je trouve génial d'avoir dès le début de

l'ouvrage parlé de cela. Surtout en Birmanie où l’on ne parle pas de

la naissance : c'est le domaine des femmes, considéré d’une

certaine manière comme sale, dangereux. Je me suis régalée aussi

de tous ces autres moments où vous racontez votre culture, la

grande culture et puis la culture qui est moins valorisée parfois.

Est-ce que c'était votre intention, justement, de faire parler cette

culture ? A commencer par ce placenta ?

MAYYU ALI

En écrivant ce livre, j'ai voulu évidemment retracer la situation des

Rohingya, mon expérience personnelle, l'expérience des Rohingya

mais aussi rendre compte de la culture Rohingya. Et justement, j'ai

commencé le livre par cette question du placenta qui est enterré

sous la terre depuis que nous sommes nés. Persécutés - on nous a

confisqué nos terres - on est resté, on s'est battu pour rester en

Birmanie. Une loi de "citoyenneté" de 1982 nous a privés de

citoyenneté en Birmanie, nous a rendus apatrides, nous retirant de

la liste des groupes ethniques nationaux du pays. Mais nous

sommes restés sur nos terres. Et justement ce récit que je fais du

placenta - mis dans une jarre en poterie enterrée dans la terre dans

le jardin - montre notre attachement à notre terre qui est plus

important que notre vie, ou du moins tellement importante qu'elle

mérite de prendre des risques.

ALEXANDRA DE MERSAN

Il nous reste du temps puisqu’on dispose de l'amphithéâtre pour

tout le temps qu'on veut. Je vous laisse la parole, avant de prendre

les questions du public.

MAYYU ALI

Je ne sais pas comment vous nommez votre terre maternelle, la

terre où vous êtes né, mais nous, en langue Rohingya, nous avons

une expression qui signifie "la terre où le placenta est coupé et

enterré". C'est comme ça qu'on nomme la terre où l’on est né.

Généralement c'est le grand-père ou la grand-mère qui va enterrer

le placenta. Cet acte consiste à dire que l'enfant appartient à

cette terre. Il va grandir sur cette terre et quand il sera plus grand,

il va être chargé de s'en occuper mais aussi de la protéger. Cet

attachement très fort à la terre qu'illustre cette histoire du

placenta et ouvre aussi ce livre est l’une des raisons qui explique

que malgré toutes les souffrances dont est victime mon peuple, il

y a encore des Rohingya en Birmanie.

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