Un ambassadeur de la culture Rohingya : rencontre avec le poète Mayyu Ali
Français : Un ambassadeur de la culture Rohingya : rencontre avec le poète Mayyu Ali Transcription de la conférence du 15 mai 2021, à l’INALCO avec Mayyu Ali, Emilie Lopes – journaliste indépendante et Alexandra De Mersan – anthropologue, maitresse de conférences à l’INALCO Anglais : An ambassador of Rohingya culture: Encounter with the poet Mayyu Ali Transcript of the conference held on May 15, 2021, at INALCO with Mayyu Ali, Emilie Lopes - freelance journalist and Alexandra De Mersan - anthropologist, lecturer at INALCO
Français : Un ambassadeur de la culture Rohingya : rencontre avec le poète Mayyu Ali
Transcription de la conférence du 15 mai 2021, à l’INALCO avec Mayyu Ali, Emilie Lopes – journaliste indépendante et Alexandra De Mersan – anthropologue, maitresse de conférences à l’INALCO
Anglais : An ambassador of Rohingya culture: Encounter with the poet Mayyu Ali
Transcript of the conference held on May 15, 2021, at INALCO with Mayyu Ali, Emilie Lopes - freelance journalist and Alexandra De Mersan - anthropologist, lecturer at INALCO
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MAYYU ALI politiques qu'il définit, qu'il nous identifie et nous associe
En 1992, des centaines de milliers sont rentrés en Birmanie, mais
sans jamais avoir la moindre garantie sur leurs droits, toujours
dans le même contexte de persécution. Après il y a eu 2012, 2016,
2017. Des personnes qui étaient rentrées ont dû repartir en 2017
au Bangladesh. Je veux revenir dans mon pays, mais à condition
que ma vie et mes droits soient préservés.
justement à cette Birmanie de demain.
Malgré les persécutions, j'aime mon pays et sa diversité, c'est un
pays magnifique. Le gouvernement et les militaires ne le
représentent pas. Ce que font les militaires, ce n'est pas la
Birmanie, c'est une image réductrice. Ils veulent juste contrôler le
pays.
Vous posez une question sur la participation de certains Rohingya
aux groupes de concertation actuels de la révolution birmane. Je
voulais juste dire qu'en 1988 déjà, lors de la révolution de 1988,
des Rohingya participaient à cette révolution dans le mouvement
étudiant à Rangon, notamment à l'université. Mon frère et mon
oncle aussi ont fait partie de ce mouvement de 1988 contre la
junte militaire. Aujourd'hui il y a des Rohingya qui ont pris parti, qui
participent à la Révolution de Printemps. Mon ami poète, Maung
Saungkha, a fait le choix de prendre les armes et est devenu
général. A titre personnel, je ne crois pas à la lutte armée, mais en
même temps je comprends pourquoi on en vient à prendre des
armes. Il faut se représenter un poète qui abandonne son stylo
pour tenir une arme à la main.
AUDITEUR
Je pense que vous en avez déjà parlé, mais l’une des choses qui me
surprend le plus est que vous vous référez à vous-même en tant
que "burmese", birman. Malgré toutes les persécutions du
gouvernement birman, vous vous considérez toujours Birman.
Pensez-vous toujours que les Rohingya ont un avenir compris dans
la Birmanie ou qu'ils devraient être séparés ?
MAYYU ALI
Je suis birman et rohingya. Le Myanmar est notre pays, pas son
gouvernement militaire. Nous partageons la culture birmane et
voulons voir la paix dans notre pays, ensemble. Je veux participer à
la construction de la Birmanie de demain, mais il faut aussi que le
Gouvernement d'Unité Nationale (NUG) associe les Rohingya aux
AUDITEUR
Il a été dit précédemment que vous aviez rencontré le Ministère
français des affaires étrangères ce matin. Qu'attendez vous de la
communauté internationale ou de la diplomatie française ?
MAYYU ALI
Aujourd'hui, nous avons rencontré deux représentants au Ministère
des affaires étrangères, nous avons eu une discussion ou j'ai mis
en avant la situation actuelle des Rohingya au Bangladesh et en
Birmanie. Je leur ai demandé de transmettre mon message à leur
gouvernement. J'ai particulièrement appuyé une demande à la
France : qu'elle appuie la requête de la Gambie devant la Cour
Internationale de Justice parce que ces enjeux de justice
internationale pour les Rohingya et tous les birmans sont très
importants. Cette procédure peut ouvrir la porte à d'autres pour
que les militaires soient tenus responsables de leurs actes.
J’ai aussi interpellé sur l'importance que la France continue à
fournir des efforts sur le volet d'assistance et d'aide humanitaire,
que la France se fasse le porte-voix des Rohingya par rapport à ces
enjeux de situation humanitaire et de l'importance de continuer à
fournir une aide. C’est une voix qu’elle peut porter au niveau des
autres États membres de l'Union européenne.
J’ai aussi demandé à la France d’être exemplaire en matière de lien
économique avec l'armée. Il est très important que les pays de
l'Union européenne coupent tous ces liens.