Paris Match 1151 du 21/09/2023

C’est à Paris, là où la carrière de
« l’ange » s’envole littéralement,
que Pierre de Maere a reçu
sa distinction
Partagée entre le bonheur d’un été indien et les effluves enfiévrés
des victoires du XV de France à la Coupe du monde de rugby, la
Ville Lumière s’est parée de ses plus beaux atours pour recevoir la
délégation belge qui s’est déplacée à Paris pour remettre le Mérite
wallon à Pierre de Maere. Un voyage exceptionnel pour un artiste
exceptionnel. Sa chanson « Un jour, je marierai un ange » a révélé
son talent fou ; son album « Regarde-moi » l’a confirmé : à 22 ans,
il est bien la grande révélation de la scène musicale francophone.
Dans le décor prestigieux de la délégation générale Wallonie-
Bruxelles, boulevard Saint-Germain dans le VII e arrondissement,
Elio Di Rupo, accompagné de la ministre Valérie De Bue, n’a pas
manqué de poésie pour décrire sa carrière en s’adressant à lui :
« Vous êtes flamboyant et vous l’assumez. Inspiré, créateur, surprenant,
vous êtes né pour créer l’enchantement. Comme l’ange
de votre plus célèbre chanson, vous passez dans le ciel et vous
nous faites lever des yeux pleins d’admiration. » Pour conclure
son intervention, le ministre-président lui a rendu hommage en
lisant un extrait du poème de Charles Baudelaire intitulé « Réversibilité
». Sincèrement heureux, Pierre de Maere, grandes lunettes
sur les yeux, a répliqué : « Je suis très attaché à mon village de
Walhain et c’est un bonheur d’entendre son nom. Cela représente
beaucoup pour moi. Depuis toujours, j’ai envie de représenter la
Belgique, les Wallons, cette façon que nous avons d’être décomplexés,
simples, d’avoir du cœur, de ne pas nous poser
« Je suis très attaché
à mon village de
Walhain et c’est un
bonheur d’entendre
son nom. Cela
représente beaucoup
pour moi »
de questions. On n’a pas le poids de l’héritage culturel
des Français, on fait ce qu’on veut ! »
C’était la belle conclusion d’un week-end festif,
entamé samedi à Namur par la remise de nombreuses
récompenses à d’importantes et attachantes personnalités.
Parmi celles-ci : Raphaël Liégeois, premier
astronaute wallon qui fera briller sa région parmi les
astres. Aérostier et pilote de planeur, le Namurois a
franchi toutes les rudes épreuves de l’ESA (l’Agence
spatiale européenne) et a été sélectionné comme astronaute en
novembre 2022. Le gouvernement wallon l’a élevé au grade d’officier
du Mérite wallon, entendant mettre à l’honneur son parcours
scientifique et académique. « C’est pour la Wallonie une fierté et
une reconnaissance exceptionnelle », a déclaré Elio Di Rupo.
D’autres lauréats ont suivi, comme Jeanne Vercheval. Née à
Charleroi peu avant la guerre, cette fille d’un mineur de fond
et d’une ouvrière en chaudronnerie a joué un rôle majeur dans
l’émancipation des femmes. Dans les années 1970, elle crée « Les
Marie Mineur », un mouvement féministe en milieu ouvrier qui
revendique la dépénalisation de l’avortement et l’égalité salariale.
Également très active sur le plan culturel, elle fonde en 1983 les
Archives de Wallonie et est l’une des chevilles ouvrières du Musée
de la photographie de Charleroi. En 2006, elle est désignée Wallonne
de l’année. En 2011, elle figure parmi les 100 femmes exceptionnelles
honorées par le Sénat belge. Elle a posé les bases d’une
véritable révolution : si les femmes aujourd’hui vivent mieux, plus
libres, plus autonomes, plus sûres d’elles-mêmes et de leur valeur,
elles le lui doivent, comme à d’autres également.
Vint la « success story » de Françoise Jolly. Originaire de Wanze,
historienne de l’art, cette femme d’action, après avoir repris avec
son mari la ferme du Val et l’avoir fait passer à l’agriculture bio,
nourrit dès 2005 l’idée de construire, dans des granges désaffectées
du domaine, un complexe hôtelier et un golf dans le respect de la
faune et de la flore locales. Après de lourds travaux, le complexe
du château-ferme de Naxhelet ouvre ses portes en 2014. Françoise
Jolly est aujourd’hui la patronne de ce lieu magique qui surplombe
la Meuse et la Mehaigne. En l’élevant au grade d’officier du Mérite
wallon, le gouvernement désirait « mettre à l’honneur une entrepreneuse
dans l’âme qui, par la concrétisation d’un projet ambitieux
traduisant la fusion harmonieuse de l’homme
et de la nature, a réussi à donner corps à ses rêves ».
Harry Fayt, lui, vient de Charleroi et est liégeois
d’adoption. Diplômé en photographie publicitaire en
1998, cet artiste, récompensé lui aussi, brille dans la
photographie subaquatique. Il crée des mises en scène
audacieuses mais simples, où la main de l’homme
reste centrale. Un défi pour lui et ses pairs à l’heure
de l’intelligence artificielle.
On retiendra le sourire de la Waterlootoise Stéphanie
Angelroth, directrice de la Fondation Folon depuis de nombreuses
années. Collaboratrice de Jean-Michel Folon jusqu’à son
décès en 2005, elle a été fêtée pour le travail de mémoire qu’elle
anime par des expositions thématiques et des publications, dans
l’ancienne ferme du domaine Solvay à La Hulpe.
C’est un combat altruiste et humaniste en faveur de la rééducation
des personnes porteuses de handicap qui a ensuite été célébré
à travers Lara Marquet, David Servais et Alice De Magnée. Cette
kinésithérapeute et ingénieure biomédicale, cet éducateur spécialisé
et cette ergothérapeute sont membres de l’équipe KapLab, un
laboratoire d’innovation du CHU de Liège spécialisé dans la revalidation.
KapLab met à disposition son expertise médicale ainsi que
des outils innovants pour créer des solutions sur mesure, notamment
grâce à l’impression 3D.
PARIS MATCH DU 21 AU 27 SEPTEMBRE 2023
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