Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
« Rire, mélancolie,<br />
catastrophe, tout ça<br />
mêlé, c’est ma façon<br />
de voir la vie »<br />
des moins avouables)… Je ne m’en souviens pas avec netteté.<br />
Je me rappelle surtout de mes lectures. Je n’ai jamais eu l’âme<br />
d’une fan.<br />
Du genre au wokisme, peut-on avoir une lecture politique de “James<br />
Brown mettait des bigoudis” ?<br />
Honnêtement, je suis la plus mal placée pour répondre à cette<br />
question. J’ai envie de vous dire oui, dans le sens où il est toujours<br />
préférable pour une œuvre d’offrir la plus large gamme de<br />
lecture. Cela dit, je pense que ce serait une entrée très restrictive,<br />
voire à côté de la plaque. Je cherche à faire vivre des instances<br />
plurielles animées par des émotions communes. Ma démarche est<br />
beaucoup plus ontologique que sociétale.<br />
Vous avez l’image de quelqu’un de conservateur sur les sujets<br />
sociétaux. Jugez-vous vos personnages ?<br />
Ah oui ?… Ha ! ha ! ha ! Bon, je ne vais pas m’abaisser à<br />
commenter une image. Pour ce qui est <strong>du</strong> jugement, absolument<br />
pas. Je ne saurais écrire sur des gens que je juge. Permettez-moi<br />
de dire que le personnage de fiction, et en particulier théâtral, est<br />
un personnage en perpétuel devenir. Au théâtre, il contient à lui<br />
seul toute une série d’existences puisqu’il sera interprété et réinterprété.<br />
Juger un personnage serait absurde et contraire à tout<br />
ce que j’essaie de faire.<br />
Le sycorus à fruits n’est-il pas un personnage à part entière de<br />
votre pièce ?<br />
Un personnage, non. Un personnage est en mouvement et finit<br />
par avoir une autonomie. Le sycorus à fruits est considéré comme<br />
un élément affectif par Philippe. C’est une plante qui joue un rôle<br />
important dans la vie d’un des personnages. Son statut est central,<br />
mais je ne saurais le définir.<br />
Philippe veut retourner son arbuste car il ne fait des branches que<br />
d’un côté. Jacob n’est pas d’accord : “Pourquoi veux-tu le retourner ?<br />
C’est sa vie, il est comme ça.” Comprenez-vous que l’on soit ému à<br />
la lecture de ce dialogue ?<br />
En tout cas, si cela advient, j’en suis heureuse.<br />
Vous mettez en scène “James Brown mettait des bigoudis” au<br />
théâtre de La Colline. Avez-vous pensé jouer vous-même un des<br />
rôles ?<br />
Non, pas <strong>du</strong> tout. Je n’ai jamais écrit pour jouer dans mes propres<br />
pièces. Quand je l’ai fait, c’était parce qu’une actrice de “Trois<br />
versions de la vie” avait finalement renoncé à jouer le rôle et qu’il<br />
fallait vite la remplacer. “Dans la luge d’Arthur Schopenhauer”<br />
n’était pas écrit pour le théâtre. C’est Frédéric Bélier Garcia qui a<br />
eu l’idée d’en faire un spectacle et qui m’a proposé de jouer un<br />
des personnages.<br />
PARIS MATCH DU <strong>21</strong> AU 27 SEPTEMBRE <strong>2023</strong><br />
22