ICI MAG - OCTOBRE 2023

ENVIRONNEMENT PAYS DE BORN
Frelon asiatique
CRI D'ALERTE !
« Arrêtons de piéger les jeunes reines
au printemps, cela ne sert à rien ! »
Crédits photos : Francis ITHURBURU
C’est l’avis de Francis ITHURBURU, apiculteur
de loisir et désinsectiseur professionnel
à Biscarrosse.
Le frelon asiatique, espèce exotique
envahissante, a aujourd’hui colonisé
tout notre territoire. Il concurrence
sur ses propres terres, l’européen qui
jusque-là ne déséquilibrait pas l’écosystème,
et tend à faire disparaître
l’apiculture de loisir, soit 50% du cheptel
apicole français. Car les individus
nourrissent leurs larves avec les protéines
contenues dans le corps des
abeilles qu’ils trucident. « Arrêtons
donc les pièges bouteilles épars au
printemps » proclame Francis ITHUR-
BURU. «Cela ne sert à rien car, la na-
ture ayant horreur du vide, d’autres
reines vont venir installer leur colonie
en des lieux non identifiés que l’on ne
pourra donc pas surveiller. Laissons
faire la nature et piégeons seulement
en juillet pour protéger les ruches. »
L’apiculteur fait référence au printemps
2022 où les gelées tardives
ont détruit 80% des nids primaires
occasionnant une importante mortalité
des jeunes reines. Cela a-t-il été
bénéfique pour freiner le développement
de l’espèce ? « Que nenni, bien
au contraire, » dit-il. « Certaines reines
s’étant abritées, ont profité de territoires
immenses sans concurrence et
le nombre de reines naissantes reje-
tées en fin de saison a été beaucoup
plus important comme le montre
cette saison 2023. Le frelon européen
a également bénéficié de cette absence
de concurrence pour faire une
réapparition remarquée. »
Il préconise également la fabrication
d’un « appât régulateur » à base d’insectes
à effet larvicide, afin de contrôler
la prolifération des ouvrières et
donc la croissance du nid. Ce produit
qui reste à développer, serait installé
devant les ruches au printemps dès
l’apparition des premières ouvrières.
« Il faut contrôler plutôt que détruire,
car le frelon protège du frelon. Le piégeage
détruit aussi d’autres espèces
de frelons et insectes utiles. » C’est
le crédo de Francis qui, il faut
bien le dire, n’a pas l’aval
de certains scientifiques.
L’avenir nous dira qui a
raison.
Pour en savoir plus :
Chaîne YouTube : Francis
ITHURBURU
CHRONOLOGIE DU DÉVELOPPEMENT DE L’ESPÈCE
'Debut avril
Mai Juillet A l'automne
Les reines sortent de diapause
(vie ralenti). Chacune
construit son nid dans un
endroit choisi, puis visite le
territoire alentour et mène
un combat intraspécifique
au cours duquel elle tue
les rivales afin d’éliminer la
concurrence. Elles élèvent
alors les premières ouvrières
qui les aident à développer
la colonie.
Quand l’effectif est suffisant,
la reine continue à
pondre et reste au nid,
prête à une éventuelle délocalisation,
si elle est dérangée
ou manque de place.
C’est le moment de la délocalisation.
La reine amène
avec elle la majeure partie
des ouvrières attirée par
ses phéromones. La colonie
s’implante alors le plus souvent
à la cime des grands
arbres. L’effectif se développe
encore car les bâtisseuses
sont de plus en plus
nombreuses.
La colonie est à son apogée.
Apparition des sexués
(les mâles et les gynes). Fécondation
des futures fondatrices.
La reine meurt. Les
gynes fécondées entrent à
leur tour en diapause. La
colonie s’éteint.
Par Ghislain BERTHELEMY
14 - ICI MAG octobre 2023