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<strong>360°</strong> N˚228<br />
Dec 23-Jan 24
Rédaction en chef<br />
Robin Corminboeuf<br />
robin.corminboeuf@360.ch<br />
Rédaction textes<br />
AstralAl, Aline Alzetta-Tatone,<br />
Nina Beuret, Camille Béziane,<br />
Robin Corminboeuf, Edmée Cuttat,<br />
Aymeric Dallinge, Laure Dasinieres,<br />
Arnaud Gallay, Princesse GenderFuck,<br />
Greta Gratos, Pauline Guex, Dr. Hazbi,<br />
Tal Madesta, Ferdinando Miranda,<br />
Monokini, Payot, Vagin Pirate,<br />
Guillaume Renevey, Léon Salin<br />
Photo<br />
@saturn_meown, Jules Faure,<br />
Trésor Films, Elyssa Fleur,<br />
GG11HK, Steve Gullick,<br />
JC LattèsTsai Ming-Liang,<br />
Eddy Mottaz/Le Temps,<br />
Charlotte Passera,<br />
Alvaro Romero/<strong>360°</strong> Fever,<br />
Sidonie Ronfard, France TV Slash,<br />
Nicolas Valois<br />
Illustration<br />
Tsai Ming-Liang, Amina Belkasmi,<br />
Balmer Hählen, Monokini<br />
Couverture<br />
Design : Balmer Hählen<br />
Corrections<br />
Robin Corminboeuf<br />
Arnaud Gallay<br />
Graphisme<br />
Balmer Hählen<br />
Typographies<br />
Newglyph, Swiss Typefaces,<br />
Optimo<br />
Publicité<br />
Philippe Scandolera<br />
pub@360.ch<br />
Christina Kipshoven<br />
christina@mannschaft.com<br />
Abonnement<br />
abo@360.ch<br />
Expédition<br />
André, Laurentiù, Giovanni et Jérôme<br />
Éditeur<br />
Association Presse 360<br />
Impression<br />
Appi, Gland<br />
360 <br />
36, rue de la Navigation<br />
CP 2217 - CH-1211 Genève 2<br />
Tél. 022 741 00 70<br />
<strong>magazine</strong>_360<br />
<strong>magazine</strong>_360<br />
<strong>magazine</strong>360lgbt<br />
Sommaire N°228<br />
OUVERTURE<br />
Édito<br />
Un dernier tour et puis s’en va<br />
p. 7<br />
News<br />
L’aQtu<br />
p. 8<br />
25 ans<br />
Guillaume Renevey<br />
p. 10 - 11<br />
SOCIÉTÉ<br />
Savoirs<br />
LieuX<br />
p. 12 - 13<br />
VIH<br />
Sérophobie<br />
p. 14 - 17<br />
Chroniques<br />
Dr. Hazbi et Princesse GenderFuck<br />
p. 18<br />
Noël<br />
Idées cadeaux<br />
p. 21 - 22<br />
CULTURE<br />
Livres<br />
Ouvrages queer<br />
p. 25 - 26<br />
Chroniques<br />
Léon Salin et Dr·e Goudou<br />
p. 28<br />
Théâtre<br />
Nicolas Maury<br />
p. 30 - 34<br />
Drag<br />
Elyssa Fleur<br />
p. 36 - 40<br />
Cinema<br />
Black Movie<br />
p. 43 - 44<br />
Chronique<br />
Aymeric Dallinge<br />
p. 46<br />
Vagin Pirate<br />
Les pépites de <strong>décembre</strong> et <strong>janvier</strong><br />
p. 48 - 49<br />
Soirées<br />
Agenda<br />
p. 50<br />
Cinéma<br />
Rosalie<br />
p. 51<br />
CLÔTURE<br />
Queer’stionnaire de Proust<br />
Sandrine Cina<br />
p. 52<br />
Noël<br />
La Boule<br />
p. 55 - 56<br />
L’oracul du mois<br />
Le deuil bien tempéré<br />
p. 58<br />
Horoscope<br />
La tête dans les étoiles<br />
p. 60 - 61<br />
Le mot de la fin<br />
Greta Gratos<br />
p. 62<br />
TOUTE REPRODUCTION EST STRICTEMENT<br />
INTERDITE POUR TOUS LES PAYS, SAUF AU-<br />
TORISATION ÉCRITE DE 360 .<br />
DES EXEMPLAIRES VOUS SONT OFFERTS<br />
DANS TOUS LES LIEUX PARTENAIRES<br />
LGBTIQ+ ET FRIENDLY DE SUISSE ROMANDE.<br />
360 EST UN MAGAZINE INDÉPENDANT<br />
DONT LE CONTENU RÉDACTIONNEL NE<br />
REFLÈTE PAS NÉCESSAIREMENT LES POSI-<br />
TIONS DE L’ASSOCIATION 360.
UN DERNIER<br />
TOUR ET<br />
PUIS S’EN VA<br />
PAR ROBIN CORMINBOEUF<br />
RÉDACTEUR EN CHEF<br />
C’est le cœur lourd que j’écris ces mots : après 25 ans<br />
de présence sur la scène helvétique, <strong>360°</strong> tire aujourd’hui<br />
sa révérence. Il n’y aura donc plus de presse<br />
écrite pour documenter les vies LGBTIQ+ romandes.<br />
De manière générale, elle est bien morose<br />
la météo médiatique suisse. Les grands<br />
groupes suppriment des postes à tour de<br />
bras, la chasse aux profits passe avant l’information<br />
de qualité et les conditions de<br />
travail dignes, les recettes publicitaires<br />
– source de la quasi-totalité de nos revenus –<br />
s’érodent implacablement au profit des<br />
géants du web. Conjugué à la hausse des<br />
coûts de production et de diffusion et à<br />
la disparition de nombreux annonceurs,<br />
l'équipe du <strong>magazine</strong> à dû se rendre à<br />
l'évidence : faire un dernier tour avant de<br />
s’en aller.<br />
Plus que jamais, il semble pourtant capital de rendre<br />
compte de la pluralité des réalités LGBTIQ+, de la<br />
beauté de ces vécus parfois difficiles, parfois heureux,<br />
de poursuivre ce lieu de rencontre mensuel pour<br />
célébrer, interroger, mettre en lumière.<br />
Mais je ne veux pas faire de ce moment un moment<br />
triste. Déjà parce qu’une petite partie de<br />
l’ADN <strong>360°</strong> va survivre à travers son site web<br />
et son agenda digital qui, eux, ne s’arrêtent<br />
pas (lire en p.50). Et aussi parce la couverture<br />
de cette ultime édition le dit : ce n’est pas un<br />
ÉDITO<br />
fond noir, funeste que nous offrons, c’est<br />
une célébration, une page blanche.<br />
La célébration, c’est les 25 ans de vie d’un <strong>magazine</strong><br />
associatif qui a su tenir son cap. C’est se souvenir<br />
avec Philippe – l’homme de l’ombre qui a œuvré durant<br />
un quart de siècle pour qu’existent ces pages<br />
– de ces rencontres : ces centaines de personnes qui<br />
ont collaboré au <strong>magazine</strong>. Mettre le pied à l’étrier<br />
à de jeunes pigistes, photographes, graphistes, découvrir<br />
des talents et les voir évoluer, voilà l’une des<br />
grandes victoires de ce titre.<br />
La page blanche, c’est parce que cette fin<br />
n’est peut-être que le début de quelque<br />
chose d’autre. Comme une invitation pour<br />
que s’y rencontrent des énergies nouvelles<br />
prêtes à relever le défi : documenter les vies<br />
LGBTIQ+ romandes. L’avenir nous le dira. Si<br />
tel est le cas, quelques mots jetés ici pour<br />
vous guider : irrévérence, (im)pertinence,<br />
mais surtout rassembler !<br />
Pour l’instant, le temps est à la gratitude envers<br />
toutes les personnes qui, de près ou de loin, ont donné<br />
du temps, de l’énergie, de l’encre, des phrases,<br />
des pixels, de l’argent à ce titre. Vous êtes tous·tes·x<br />
ici remercié·e·x·s, célébré·e·x·s. Et avant que l’aventure<br />
ne prenne fin, souvenons-nous une dernière<br />
fois de la longévité exceptionnelle et de la riche vie<br />
de ce titre, même si, 1998 - <strong>2023</strong>, le <strong>magazine</strong> <strong>360°</strong><br />
n’est plus.<br />
7
L’AQTU<br />
© GG11HK<br />
BÉNITIERS<br />
INCLUSIFS<br />
Cela fera une belle jambe à beaucoup, mais pour<br />
d'autres c'est un pas dans la bonne direction. Le<br />
Vatican va permettre aux enfants des couples de<br />
même sexe et aux personnes trans* de se faire<br />
baptiser. Une clarification en ce sens a été faite<br />
par le Dicastère pour la Doctrine de la foi, et approuvée<br />
par le pape François – à la condition que<br />
cela n'engendre pas de « scandale public ». Pourrat-on<br />
ainsi voir des couples d'hommes et de femmes<br />
reconnus comme parents à l'église ? Oui, tant qu'il<br />
y a « un espoir fondé » que l'enfant soit éduqué·e·x<br />
dans la religion catholique, a ajouté le Saint-Siège.<br />
JEUX SANS<br />
SOUFFLE<br />
Les Gay Games ont réuni seulement 2300 participant·e·x<br />
à Hongkong, début novembre. La métropole<br />
avait été choisie pour accueillir l'événement sportif<br />
LGBTIQ+ en 2017, dans un tout autre climat, avant le<br />
Covid qui a bouclé la ville jusqu'à récemment. Avant,<br />
surtout, que Pékin réduise les libertés publiques, y<br />
compris l'activisme LGBTIQ+, dans l'ancienne colonie<br />
britannique. Résultat : des Jeux presque totalement<br />
relégués dans des espaces privés. « Ça fait<br />
un peu bar clandestin », a soupiré une participante<br />
australienne au micro de la BBC.<br />
8 NEWS<br />
RÉPARATION<br />
TARDIVE<br />
Il avait fallu attendre 2002 en Autriche pour que<br />
les personnes gaies et lesbiennes cessent d'être<br />
discriminées au niveau pénal ou policier. Dans les<br />
années 1990, elles étaient encore visées par une<br />
loi contre la fornication, par des dispositions spéciales<br />
anti-prostitution ou encore par un âge de la<br />
majorité sexuelle différencié. Les victimes de ces<br />
lois injustes peuvent désormais prétendre à une<br />
indemnisation, a proposé le gouvernement le mois<br />
dernier : jusqu'à 3000 euros, et 1500 euros supplémentaires<br />
par année d'emprisonnement.<br />
LE DÉLIRE DU MOIS<br />
RECALÉ·E·X·S<br />
À L'ORAL<br />
L'Université Humboldt de Berlin a été priée de<br />
répondre à une étonnante requête émanant<br />
d'une association estudiantine. Les Alcooliques<br />
autonomes avaient demandé que les toilettes<br />
d'un des bâtiments soient dotées de glory holes,<br />
d'appuie-genoux et de variateurs de lumière. Il<br />
s'est quand même trouvé un tiers des élu·e·x·s du<br />
parlement étudiant pour soutenir cette motion<br />
un peu potache. L'Uni d'Augsbourg avait reçu la<br />
même demande le mois dernier, avec pour argument<br />
d'« améliorer la participation des étudiants<br />
queer et de favoriser la relaxation ».<br />
MYTHO<br />
MYTHIQUE<br />
On le regrette déjà. George Santos, une des figures<br />
gay les plus flamboyantes de la politique US, a annoncé<br />
qu'il ne se représenterait pas aux élections<br />
de <strong>2024</strong>. Poursuivi dans plusieurs affaires louches<br />
et moqué pour son CV fantaisiste, l'élu républicain<br />
a, de surcroît, dilapidé ses fonds de campagne en<br />
achats personnels (séjours de vacances, shopping<br />
de luxe, botox et même un abo à OnyFans), a découvert<br />
le mois dernier le Comité d'éthique de la<br />
Chambre des représentants.
L’ARCHIVE DE<br />
MA GÉNÉRATION<br />
À L’OCCASION DES 25 ANS<br />
DE 360 • , NOUS DONNONS<br />
LA PAROLE AUX PERSONNES<br />
QUI ONT OCCUPÉ LE POSTE<br />
DE RÉDAC’CHEF. POUR<br />
CETTE DERNIÈRE CONTRIBU-<br />
TION, GUILLAUME RENEVEY<br />
FAIT PARVENIR SA LETTRE<br />
D’ADIEU AU MAGAZINE.<br />
Cette fois-ci, c’est sûr! C’est la dernière<br />
fois que j’écris dans tes chaleureuses<br />
pages de papier glacé. Tes 25 ans<br />
étaient déjà une belle occasion de nous<br />
retrouver, une dernière fois. Ton évanescence<br />
rend ces modestes lignes indispensables,<br />
pour moi.<br />
Car tu es, toi le <strong>magazine</strong> 360 • ,<br />
mon plus fidèle compagnon. Celui<br />
qui a toujours été à mes côtés,<br />
à nos côtés; confident de mes<br />
réflexions et spectateur de mes<br />
combats partagés avec nos communautés.<br />
Tu as été mon safe space,<br />
mon producteur de modèles (big up à<br />
mes prédécesseureuses*), un magnifique<br />
outil d’expression qui m’a<br />
été offert au prix d’un travail<br />
acharné, mais tellement gratifiant.<br />
Tu as mis sur mon chemin des<br />
personnes avec qui j’ai pu faire<br />
famille, tu sais, ces familles que<br />
l’on choisit. Tu as été mon outil<br />
d’émancipation, mon créateur d’opportunités,<br />
ma forteresse, comme<br />
ce fut le cas pour tant d’autres.<br />
JE ME SOUVIENS<br />
Il y a 25 ans, la puberté aidant, je me<br />
découvrais. J’étais alors à l’école secondaire<br />
dans la banlieue de Montréal.<br />
J’apprenais à m’engager, mais j’apprenais<br />
aussi la violence du milieu scolaire pour<br />
les personnes comme nous. Je me souviens<br />
de cet ami, qui a vaincu un enfer au tribunal<br />
de la cour de récréation et pour<br />
qui j’aurais aimé être plus présent. Je<br />
me souviens aussi, une année plus tard,<br />
lorsque j’ai emménagé dans la métropole,<br />
à quel point la ville représentait à mes<br />
yeux l’immensité des possibles. Je me souviens<br />
du Village gai, de ses bars, de ses<br />
drag queens et de ses <strong>magazine</strong>s. Je me<br />
souviens de ces profs qui m’ont accompagné,<br />
à grand renfort de littérature signée<br />
Michel Tremblay.<br />
Mon coming-out appartient à ton<br />
quart de siècle. Je criais alors<br />
à mon monde entier qui j’étais,<br />
en commençant à travailler dans<br />
un magasin ouvertement LGBT de la<br />
rue Sainte-Catherine. Mon besoin<br />
d’exister, de défendre mon identité<br />
et celle des autres, a toujours<br />
été un moteur. Je sais que c’est<br />
le tien aussi. Nous nous sommes<br />
trouvés sur ce chemin.<br />
Dès mon retour en Suisse, tes deux sœurs<br />
et toi, avez été d’extraordinaires adelphes.<br />
Je tiens ici à remercier toutes les<br />
personnes qui t’ont fait et à qui, tu le<br />
comprends peut-être maintenant, je dois<br />
aussi beaucoup.<br />
J’ai toujours pensé que la langue<br />
de l’intimité était un outil puis-<br />
ANNIVERSAIRE<br />
25 ANS
sant pour faire passer des idées. Tu<br />
le sais sans doute, toi qui dans ton<br />
petit format as su si bien te frayer<br />
un chemin dans les foyers. Combien<br />
de personnes magnifiques as-tu mises<br />
en lumière? Combien de combats astu<br />
menés, toi qui es un observateur<br />
privilégié de toute une génération?<br />
Comment aurions-nous pu animer tant<br />
de débats sans toi? Combien de personnes<br />
as-tu réconfortées? Qui sera,<br />
après toi, le lieu d’expression de<br />
la convergence des luttes?<br />
PUBLICITÉ<br />
TOI & MOI<br />
J’ai parfois l’impression que mon identité<br />
se fond dans la tienne. Après tout,<br />
pour certaines personnes, je suis encore<br />
«le mec» du <strong>magazine</strong> 360 • . Je suis fier<br />
de t’appartenir. De ce mariage d’amour,<br />
que nous avons construit avec une équipe<br />
magnifique durant un temps, je garde une<br />
sensation: celle de la joie que procure<br />
l’ouverture aux autres, à tous les autres.<br />
Pour toi, je continuerai, sans rien<br />
céder, à être le spectateur de ce<br />
monde où la place pour les idées<br />
progressistes s’amenuise dans le<br />
même mouvement décadent que les<br />
ressources planétaires. Comme toi<br />
– en toute humilité – j’essayerai<br />
de rester une personne vers qui<br />
l’on peut se tourner. Puisque tu<br />
es là, partout, à 360 degrés, avec<br />
toi, je continuerai à communiquer<br />
avec ces réactionnaires si petits<br />
pour notre vaste monde. Tu m’as<br />
appris à être fort. J’espère que<br />
tu es fier de moi.<br />
Le monde dans lequel tu es né n’est plus<br />
le même. Ton corps de papier n’a plus la<br />
cote, mais qu’importe. Ton ambition était<br />
de changer le système et j’ai envie de<br />
dire que tu y as contribué. J’ai envie<br />
de dire que tu as vaillamment résisté. Je<br />
suis fier de toi.<br />
Pendant 25 ans, tu nous as, bien<br />
au-delà de l’acronyme LGBTIQ+,<br />
toutes et tous rassemblé·e·x·s.<br />
Tu fais partie de l’histoire, car<br />
tu étais là pour l’écrire, pour la<br />
raconter. Mais sache-le, un journal<br />
ne meurt jamais! Bientôt, c’est<br />
vrai, tu t’évanouiras. Tu céderas<br />
ta place à «autre chose». Ce sera<br />
sans doute bien. J’ai envie d’y<br />
croire. Ce que tu m’as appris aussi,<br />
c’est l’espoir.<br />
25 ANS ANNIVERSAIRE<br />
11
PLONGÉE<br />
DANS LES LIEUX<br />
DE L’INTIME<br />
Pour sa nouvelle exposition, le Centre Maurice Chalumeau en<br />
sciences des sexualités de l’Université de Genève a invité des étudiant·e·x·s<br />
à explorer les dimensions géographiques du désir. Un «projet<br />
laboratoire» à découvrir cet hiver. Par Ferdinando Miranda et Pauline Guex<br />
Chambre, cuisine, école, discothèque, réseaux sociaux,<br />
salle de sport, parc, salle de bains : comment<br />
ces lieux sont-ils investis par nos représentations,<br />
fantasmes et expériences en matière de sexualités?<br />
Dix-huit étudiant·e·x·s du Master en développement<br />
territorial (MDT) de l’Université de Genève (UNIGE)<br />
et de la HES-SO ont travaillé sur cette question, à<br />
partir de la riche collection érotique et pornographique<br />
de revues et de livres du Centre Maurice<br />
Chalumeau en sciences des sexualités de l’Université<br />
de Genève (CMCSS). Dans ce corpus, nous trouvons<br />
notamment les <strong>magazine</strong>s Playboy et Gai Pied,<br />
des numéros du <strong>magazine</strong> <strong>360°</strong> dont l’ensemble des<br />
publications fait désormais partie des collections<br />
du CMCSS, ou encore des livres d’architecture.<br />
Le fruit de ces recherches s’intitule LieuX<br />
et se déploie sous la forme d’une exposition déambulatoire.<br />
Représentant les différents lieux et espaces<br />
traversés au cours d’une journée-type, le dispositif<br />
mêle plans, calques, périodiques érotiques et<br />
images pornographiques en lien avec les différents<br />
espaces choisis. Cette exposition fait suite à un<br />
cours-atelier donné durant l’été <strong>2023</strong>, durant lequel<br />
les étudiant·e·x·s – futur·e·x·s urbanistes issu·e·x·s<br />
de la géographie, du paysagisme et de l’architecture<br />
– après une analyse des collections et des approches<br />
théoriques en lien avec la géographie et les<br />
sexualités, ont travaillé à la conception intégrale<br />
de l’exposition. Iels ont été amené·e·x·s à penser<br />
sa scénographie, son graphisme, la rédaction des<br />
textes et le choix des images. Les rayonnages qui<br />
contenaient les collections de l'ancien Institut d'architecture<br />
de l'Université de Genève sont remontés<br />
dans les espaces qu'ils ont jadis occupés, afin d'accueillir<br />
cette bibliothèque d'un nouveau type.<br />
GÉOGRAPHIE<br />
DES SEXUALITÉS<br />
Les étudiant·e·x·s nous guident dans un projet laboratoire<br />
où iels parlent au « nous », en nous invitant<br />
à prendre part à ce repérage sur carte, en suivant<br />
des plans, des calques, des scotchs, des images, ainsi<br />
que des livres et des périodiques. Ce sont leurs<br />
« carnets de terrain » en observation des LieuX qui<br />
nous sont dévoilés ici.<br />
Ce chantier d’une cartographie des LieuX<br />
au prisme des questions de sexualités ne s’avère<br />
de loin pas anodin. En parcourant l’exposition, on<br />
lit anonymement des récits des étudiant·e·x·s du<br />
MDT. Extrait : « La question des lieux en lien avec<br />
les sexualités m’a fait relativiser mon enthousiasme.<br />
Pour moi les enjeux liés aux sexualités font appel<br />
12 SOCIÉTÉ<br />
SAVOIRS
à des perceptions et des vécus d’ordres singulier<br />
et individuel et j’ai eu de la peine à considérer une<br />
exposition entière sur ce sujet, craignant qu’elle<br />
ne participe une fois de plus à généraliser certains<br />
aspects de ce que vivent et ressentent certaines<br />
personnes à l’égard de leur(s) propre(s) sexualité(s). »<br />
Cette exposition du CMCSS – centre interdisciplinaire<br />
– se veut une invitation à développer,<br />
à l’UNIGE, les études des sexualités en toutes disciplines,<br />
telles que l’architecture, la géographie,<br />
l’urbanisme, en favorisant l’émergence de domaines<br />
de recherches innovants, comme la « géographie des<br />
sexualités ». Cette dernière fait partie du courant<br />
de la géographie culturelle qui analyse les LieuX<br />
physiques et numériques, non pas comme des<br />
contenants statiques, mais en tant que produits<br />
sociaux issus des interactions des personnes qui<br />
les investissent. Ce courant d’études vise aussi à<br />
analyser l’approche conditionnée et/ou stéréotypée<br />
que nous pouvons avoir d’un lieu donné.<br />
QUAND L’INCONSCIENT<br />
SUGGÈRE<br />
DES REPRÉSENTATIONS<br />
Plus loin dans l’exposition, on lit le récit d’un·e·x<br />
autre étudiant·e·x anonyme qui nous partage son<br />
vécu quant à la manière dont iel vit un lieu : « N’étant<br />
pas consommateur de <strong>magazine</strong> érotique, je me<br />
suis rendu compte en feuilletant ces catalogues que<br />
mon imaginaire “ sexuel ” (érotique) en était tout de<br />
même fortement imprégné. Les mises en scène des<br />
corps ou des lieux sélectionnés font écho à certains<br />
fantasmes ou tabous qui ont déjà investi mon esprit.<br />
Je me rends compte donc que mon inconscient me<br />
suggère des représentations, des idées qui ont été<br />
produites/construites par l’industrie américaine du<br />
porno. Moi qui pensais être différent :/ »<br />
Cette exposition nous invite à penser autrement<br />
les LieuX, à questionner leurs représentations,<br />
et à ajouter à ces cartes (sensibles) d’autres<br />
LieuX, qui attendent aussi et encore d’être réfléchis,<br />
visités, performés, transformés, en y intégrant les<br />
questions de genre, de sexualités, ainsi que d’ethnie,<br />
de classe sociale, etc. Elle encourage à poursuivre<br />
cette exploration, ici comme ailleurs, avec<br />
des questions auxquelles réfléchir avant même de<br />
venir la visiter: la sexualité devrait-elle être davantage<br />
prise en compte dans l’aménagement de l’espace<br />
et de quelle manière ? quels lieux sont pour<br />
vous synonyme de « liberté sexuelle » ?<br />
LieuX, jusqu’au 27 mars <strong>2024</strong><br />
Campus Battelle de l’UNIGE – Bâtiment A<br />
7, route de Drize à Carouge.<br />
Plus d’informations sur<br />
unige.ch/cmcss<br />
SAVOIRS<br />
SOCIÉTÉ<br />
13
« T’es clean? »<br />
ou comment<br />
la sérophobie<br />
quotidienne<br />
s’immisce dans<br />
la vie des personnes<br />
vivant<br />
avec le VIH.<br />
14<br />
SOCIÉTÉ<br />
VIH
Malgré la révolution TasP («treatment as prevention» en anglais, ou<br />
« traitement comme prévention »), le poids de la mésinformation et<br />
des représentations autour du VIH continue de peser lourdement<br />
sur la vie des personnes concernées. Par Laure Dasinieres<br />
« Oh ça va, je peux boire dans ton verre, t’as pas le<br />
sida, lol ». Combien de fois avons-nous entendu cette<br />
blague grasse et rance héritée du pire des années<br />
90 ? Si cette vanne pourrie nous dit toute la persistance<br />
d’idées reçues autour du VIH/sida, elle est aussi<br />
la partie émergée de la sérophobie bien ancrée<br />
dans l’espace public. Une somme de discriminations,<br />
de comportements de rejet et de violences à laquelle<br />
les personnes vivant avec le VIH sont confrontées<br />
dans leur quotidien même le plus intime.<br />
C’est particulièrement dans la vie affective<br />
et sexuelle que s’infiltre cette sérophobie.<br />
À commencer, notamment pour<br />
les hommes gais, par les applications de<br />
rencontres. Xavier, Aubonnois de 45 ans,<br />
raconte : « Au début, sur Grindr, j’indiquais<br />
mon statut sérologique par honnêteté et de<br />
manière à régler directement la question<br />
du VIH. Ce qui n’évitait pas certains désagréments.<br />
La plupart des mecs ne lisant<br />
pas complètement le profil, ce qui fait que<br />
souvent, j’avais le droit à la question détestable<br />
“ t’es clean ? ” comme si le fait d’être<br />
séropo faisait de moi quelqu’un de sale…<br />
Ensuite, beaucoup de ceux qui avaient<br />
détaillé mon profil après m’avoir contacté<br />
finissaient par me bloquer ou me dire<br />
des choses comme “ ah, tu as le sida, non<br />
merci ". » De son côté, Paul, 36 ans, militant<br />
associatif, a remarqué des changements<br />
lorsqu’il a commencé à indiquer son statut<br />
sérologique. « J’aime bien partir seul avec<br />
mon sac à dos et c’est souvent l’occasion<br />
de faire des rencontres. En général, quand<br />
VIH<br />
SOCIÉTÉ<br />
tu débarques dans une ville, tu es très sollicité<br />
sur les apps. Seulement, à partir du<br />
moment où j’ai indiqué mon statut, j’ai fait<br />
le constat d’une sérophobie passive: je recevais<br />
beaucoup moins de messages, voire<br />
pas de message du tout. » Cette hostilité<br />
latente est une des raisons qui ont poussé<br />
Paul à délaisser les apps et à privilégier la<br />
fréquentation des saunas et autres lieux<br />
de consommation sexuelle où il y a moins<br />
de discussions préalables.<br />
« I=I », un message biaisé par<br />
des représentations erronées<br />
Aujourd’hui, ceux qui font le choix de continuer<br />
d’utiliser des apps comme Grindr mettent en place<br />
des stratégies afin de régler la question de la protection<br />
contre le VIH sans pour autant se dévoiler.<br />
David Jackson-Perry, sociologue spécialiste<br />
en santé sexuelle et chargé des projets VIH à la<br />
Consultation des maladies infectieuses du CHUV<br />
explique : « Beaucoup préfèrent désormais indiquer<br />
qu’ils sont sous PrEP. » Mais, une fois le premier moment<br />
d’intimité passé et lorsque l’envie de se revoir<br />
est là, le souci d’honnêteté peut également exposer<br />
à des réactions qui vont du ghosting aux violences.<br />
« Il y a des personnes qui se barrent directement<br />
et claquent la porte, d’autres qui ne décrocheront<br />
15
plus leur téléphone », témoigne Yannick, 50 ans,<br />
qui a choisi de toujours parler ouvertement de sa<br />
condition à ses partenaires.<br />
Comment analyser la violence de ces réactions<br />
alors que le sentiment de peur et<br />
de rejet n’aurait pas lieu d’être, puisque<br />
les personnes positives sous traitement<br />
ne transmettent pas le virus ? D’abord<br />
par un manque criant d’information. Une<br />
enquête réalisée pour le CRIPS Île-de-<br />
France (Centre régional d'information et<br />
de prévention du sida) et rendue publique<br />
le 1er <strong>décembre</strong> <strong>2023</strong> met en évidence la<br />
persistance de croyances erronées vis à<br />
vis du VIH : seulement la moitié des personnes<br />
interrogées estiment notamment<br />
qu’il existe un traitement pour empêcher<br />
de transmettre le virus chez les personnes<br />
séropositives – et ignorent donc le TasP et<br />
la notion de « I=I » (voir encadré). « C’est un<br />
des gros ratés de la prévention, le message<br />
autour de cette équation ne passe pas »,<br />
commente David Jackson-Perry, qui déplore<br />
que cette ignorance existe également<br />
au sein de la communauté LGBTIQ+, pourtant<br />
supposée bien informée. Et comme<br />
le souligne Yannick, « Quand bien même<br />
les gens ont entendu parler de ce “ I=I ”, ils<br />
doutent de sa véracité et restent méfiants. »<br />
En outre, soulignant que les PrEPeurs, protégés de<br />
fait contre une infection au VIH et censés disposer<br />
de toutes les informations, peuvent avoir des paroles<br />
extrêmement dures et stigmatisantes à l’égard des<br />
personnes vivant avec le VIH, le sociologue signale<br />
que l’ignorance n’explique pas tout. « Cette stigmatisation<br />
est également très liée à la persistance de<br />
représentations culturelles extrêmement fortes»,<br />
explique t-il. Xavier expose : « Certains PrEPeurs<br />
nous prennent de haut. Pour eux, être séropositif<br />
signifie que tu as fait n’importe quoi, que tu ne t’es<br />
pas protégé, que tu es une pute. » Le slut shaming<br />
n’est en effet jamais loin et il peut aussi, selon les<br />
cas, être parfois teinté de biphobie ou de racisme.<br />
La charge mentale<br />
de la sérophobie<br />
milieux du travail et de la santé. « S’il existe<br />
des cas de refus de soin, notamment par<br />
des dentistes, se présentent aussi beaucoup<br />
de situations qui rendent la prise<br />
en charge médicale très inconfortable et<br />
compliquée. Les soignant·e·x·s font bien<br />
comprendre à la personne qu’elle est indésirable:<br />
port de double gants, rendez-vous<br />
uniquement en toute fin de journée, questionnaires<br />
intrusifs » explique David<br />
Jackson-Perry. Il ajoute : « Cela n’est pas<br />
sans conséquence pour la santé, puisque<br />
les personnes concernées n’osent tout<br />
simplement plus consulter. »<br />
Face à tout cela, les personnes concernées encaissent,<br />
mais à quel prix ? Celui, souvent, de leur<br />
santé mentale. D’abord parce que nombreux sont<br />
ceux qui intériorisent cette sérophobie. « On se<br />
vit un peu comme celui qui l’aurait bien cherché.<br />
L’incessante crainte d’être rejeté peut réveiller un<br />
sentiment d’insécurité personnelle et a un impact<br />
considérable sur l’estime de soi et la relation aux<br />
autres», témoigne Paul. Ensuite parce qu’il s’agit<br />
de faire face à un dilemme : dire ou ne pas dire sa<br />
séropositivité ? « Certains dépensent une énergie<br />
considérable pour cacher leur statut. Or, vivre dans<br />
le secret est une charge mentale immense potentiellement<br />
très nocive pour la santé physique et psychologique<br />
», souligne David Jackson-Perry. Mais,<br />
dans le même temps, si révéler son statut soulage<br />
et permet d’obtenir du soutien, c’est aussi le risque<br />
de s’exposer à des discriminations. « Assurément,<br />
tout le monde ne vit pas dans un environnement favorable<br />
pour le dire », regrette le sociologue. Ainsi,<br />
si Paul a pensé la révélation de sa séropositivité<br />
comme un second coming out libérateur, il explique<br />
aussi : « C’est une autre charge mentale que de dire<br />
son statut car dès lors, il nous incombe la nécessité<br />
d’expliquer, d’accompagner la personne en face<br />
dans sa compréhension du VIH, d’informer… quitte<br />
à s’exposer à du rejet. »<br />
Qu’ils soient dans le placard ou non, certain·e·x·s<br />
parviennent à trouver un équilibre,<br />
mais les personnes vivant avec le VIH<br />
continuent aujourd’hui encore de compter<br />
parmi les plus exposées au risque de<br />
dépression et d’addiction. C’est une des<br />
raisons pour lesquelles nous devons<br />
tous·tes·x avoir conscience de cette sérophobie,<br />
en faire un enjeu communautaire<br />
et participer à l’information autour du VIH.<br />
La sérophobie ne s’infiltre pas uniquement<br />
dans le domaine de la vie affective<br />
et sexuelle. Elle se répand également<br />
au sein de la famille et du cercle d’amis :<br />
« L’annonce de ma séropositivité a effectué<br />
un tri naturel », témoigne ainsi Xavier.<br />
De plus, elle est aussi présente dans les<br />
16 SOCIÉTÉ VIH
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Le conseil immobilier<br />
«Transformation:<br />
où trouver<br />
des conseils?»<br />
L’équation à retenir :<br />
I=I<br />
(« indétectable =<br />
intransmissible »)<br />
Aujourd’hui, les personnes vivant avec le VIH et<br />
qui prennent depuis au moins 6 mois un traitement<br />
anti-rétroviral ont une charge virale extrêmement<br />
basse, si basse qu’elle est indétectable lors des analyses<br />
effectuées en laboratoire. Si basse aussi que le<br />
risque de transmission lors d’un rapport sexuel sans<br />
préservatif ou par voie sanguine est absolument nul.<br />
C’est pour cela que l’on dit « indétectable = intransmissible<br />
» et que l’on parle d’une « révolution TasP ».<br />
Rénovation, agrandissement ou assainissement<br />
énergétique, un projet de transformation<br />
nécessite une bonne planification. Chez<br />
Helvetia, vous trouverez des check-lists et un<br />
calculateur de rénovation. Dans votre tableau<br />
de bord, vous pouvez gérer votre bien,<br />
obtenir une évaluation et des informations<br />
sur l’évolution de la valeur et les projets de<br />
construction locaux. Pour les projets complexes,<br />
un conseil professionnel en construction<br />
est également utile.<br />
«Une bonne vue<br />
d’ensemble est importante»<br />
Toute décision concernant le logement a des<br />
répercussions sur l’assurance et la prévoyance.<br />
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d’informations.<br />
VIH<br />
SOCIÉTÉ<br />
17
L’humeur de Dr. Hazbi<br />
Couche #96 : Merci à tous les festivals et les<br />
évènements qui donnent de l’espace aux personnes<br />
queer des Balkans !<br />
à la c<br />
d'Espa<br />
Couche #97 :<br />
Gina elle kiffe Salou.<br />
Don C<br />
UNE D’CES COUCHES !<br />
Dr. Hazbi œuvre dans l’enseignement universitaire,<br />
l’économie, l’art et la politique. Son téléphone est<br />
bourré de réflexions qu'iel s'empresse de retranscrire,<br />
couche par couche.<br />
Couche #95 : C’est le dernier coup de marteau<br />
qui vient d’être donné. Je n’ai plus aucune confiance<br />
dans les médias francophones. La machine à propagande<br />
n’essaie même plus de se cacher derrière<br />
son masque. Le roi est nu, comme on dit, non ?<br />
Couche #98 : De loin, mon addiction au sucre<br />
a été la plus difficile à arrêter. À tel point que je n’y<br />
arrive toujours pas. J’ai arrêté la nicotine, le THC<br />
et d’autres substances sans aucun souci. Il m’avait<br />
fallu quelques séances d’autohypnose, et le tour<br />
était joué. Mais le sucre… je comprends pourquoi<br />
l’industrie agroalimentaire y tient tant. Il n’y a qu’à<br />
regarder les vidéos de bébés qui goûtent aux sucreries<br />
pour la première fois pour se rendre compte de<br />
la violence de l’addiction.<br />
Couche #99 : Merci à toutes les personnes qui<br />
m’ont lu jusqu’ici. J’ai été très surpris d’entendre<br />
autant de personnes me dire qu’iels avaient adoré<br />
ma chronique du mois, dont beaucoup que je ne<br />
soupçonnais ou ne connaissais pas. L’exercice a été<br />
un tel délice que je ne vais pas le lâcher. Ça sera un<br />
moyen d’emporter un bout de <strong>360°</strong> avec moi encore<br />
un bon moment. Parce que pour l’instant, je suis<br />
encore dans le déni. Mirupafshim dhe lamtumirë.<br />
Re<br />
le<br />
Princesse GenderFuck<br />
LE JOURNAL D’UNE PRINCESSE<br />
Au prisme de sa culture québécoise, de ses activités<br />
militantes et artistiques, Princesse GenderFuck<br />
vous partage ses histoires entre son pays d’accueil,<br />
la Suisse, et son pays d’origine, le Canada.<br />
Comme dernière chronique, il est temps pour moi<br />
de vous partager les secrets de mon drag, car pour<br />
finir, nous faisons, tous les jours, tous·tes·x du drag.<br />
Il s’agit de quatre « règles » qui me permettent de<br />
me rattacher constamment à ce qui m’apporte de la<br />
joie dans cet art parfois difficile. Ces « règles » sont<br />
inspirées du film To Wong Foo Thanks for Everything,<br />
que j’ai visionné enfant jusqu’à ce que le VHS griche<br />
dans l’enregistreur Sony de ma mère.<br />
Premièrement, les bonnes pensées sont ton épée<br />
et ton bouclier. Utilise ta créativité pour t’armer de<br />
positivisme dans cette société qui trop souvent<br />
ignore. Reconnais ce talent pour évacuer le doute,<br />
comme celui associé à la perfection et la validation.<br />
Deuxièmement, ignore l’adversité. Ne lui donne pas<br />
le pouvoir sur tes capacités. Écoute plutôt ta vérité<br />
avec respect et amour.<br />
Ce qui nous mène à : suis les règles de l'amour. Aime<br />
ce que tu fais et accordes-y du temps. Comme avec<br />
le maquillage avant un show, prends soin de toi<br />
avant de prendre soin des autres.<br />
Finalement, plus grand que nature, c'est la bonne<br />
taille ! Extrapole, agrandis ce que tu trouves beau<br />
et spécial. Parce que, n’oublie pas, tu n’es pas spécial·e·x,<br />
car tu fais partie de quelque chose de spécial.<br />
Quelque chose est spécial car tu en fais partie !<br />
18 SOCIÉTÉ<br />
CHRONIQUES
gne<br />
arlos_1 Don Carlos_2 Don Carlos_3<br />
ndez-vous<br />
avec<br />
légendaire<br />
William<br />
Christie<br />
Feux<br />
d'artifice<br />
baroque<br />
Ariodante_1 Ariodante_2<br />
PHOTO : MARC ASEKHAME<br />
Le Chevalier<br />
à la Rose<br />
Le tango<br />
s'empare<br />
de l'opéra<br />
Maria de Buenos Aires_1 Maria de Buenos Aires_2 Maria de Buenos Aires_3<br />
Valses<br />
viennoises<br />
revisitées<br />
pour<br />
les Fêtes<br />
DÈS CHF 17.—<br />
Le retour<br />
de Daniele<br />
Finzi Pasca<br />
à l'opéra<br />
Der Rosenkavalier<br />
Opéra de<br />
Tarantino<br />
et<br />
James Bond<br />
à l'opéra<br />
Richard Strauss<br />
13 au 26 <strong>décembre</strong> <strong>2023</strong><br />
Entre rêve<br />
et réalité<br />
magique<br />
Les valses<br />
déconstruites<br />
de Strauss<br />
Le Chevalier à la Rose_1 Le Chevalier à la Rose_2 Le Chevalier à la Rose_3<br />
es Esprit<br />
de résilience<br />
en RDC<br />
GTG.CH<br />
Les dessous<br />
d'une histoir<br />
vraie
QUEERISER NOËL :<br />
NOS IDÉES CADEAUX !<br />
Pour survivre au Noël en famille, quoi de mieux que de pimper les traditionnels<br />
lots de chaussettes à motifs ? À offrir, ou à mettre sur sa liste de<br />
cadeaux, pour savourer la moue désabusée de notre tonton queerphobe.<br />
PAR TAL MADESTA<br />
UN LIVRE :<br />
QUEER THEORY, UNE HISTOIRE GRAPHIQUE<br />
Qu’est ce que « queer » veut réellement dire et quelle histoire renferme<br />
ce terme ? C’est ce que propose d’investiguer cet ouvrage à mi-chemin<br />
entre la bande dessinée et l’essai. Faisant intervenir les plus grand·e·x·s<br />
penseur·euse·x·s de la queer theory, le livre se veut drôle et accessible.<br />
Il passe en revue les débats qui ont animé le mouvement politique queer<br />
tout autant que les dates qui ont marqué son histoire. Un excellent moyen<br />
de sensibiliser les personnes peu renseignées sur le sujet, et un bel outil<br />
de consolidation pour les autres.<br />
UNE DÉCORATION :<br />
LA BOUGIE FLUIDE DE THOMAS GRAVEREAU<br />
La bougie, c’est généralement le cadeau qu’on adopte lorsqu’on manque<br />
d’idées. Pas ici : embaume ton appartement de pain d’épices avec cette bougie<br />
créée par l’illustrateur queer Thomas Gravereau (par ailleurs à l’origine de<br />
notre couverture du numéro de juin <strong>2023</strong>). Réalisée en cire naturelle de soja<br />
avec une mèche de coton bio qui fera brûler de douceur ta chambre à coucher<br />
durant cinquante heures, elle représente des petits bonhommes d’épices aux<br />
torses divers, dont certains avec des cicatrices de mammectomie.<br />
UN OBJET KINKY :<br />
LE DILDO RODEOH POUR LES HOMMES TRANS*<br />
Difficile de trouver des sex - toys adaptés lorsqu’on est trans*, les jouets étant<br />
généralement conçus pour les personnes et couples cis - hétéro. Rodeoh<br />
vient remédier à ce problème en proposant des dildos réalistes à combiner<br />
avec leurs slips, jock - straps et boxers à trous. Autre proposition, si tu n’as pas<br />
envie de passer ton hiver à faire des galipettes : les sous - vêtements Packers,<br />
qui te permettront d’affronter les vestiaires des hommes en toute sérénité.<br />
UN JEU DE SOCIÉTÉ :<br />
BAD BITCHES ONLY, QUEER ICONS<br />
Tu connais peut-être Bad Bitches Only, ce jeu de société féministe où l’on doit<br />
faire deviner à son équipe un maximum de personnalités qui ont marqué leur<br />
temps. Inès Slim, créatrice du jeu, propose une version queer composée de<br />
quatre-vingt personnalités LGBTIQ+ réelles ou de fiction. Es - tu certain·e·x<br />
que tu connais sur le bout des doigts la vie de nos aîné·e·s·x ? L’occasion de<br />
briller en soirée et d'approfondir ses connaissances.<br />
CADEAUX SOCIÉTÉ 21
UN MAGAZINE :<br />
PD LA REVUE<br />
Tu es plus revues et fanzines qu’essais sociologiques ? On ne peut que te<br />
conseiller PD la revue, <strong>magazine</strong> indépendant et autogéré qui vient secouer<br />
les normes cishétérosexistes. Dans son dernier numéro, l’équipe se<br />
consacre à la question du care communautaire et de l’accès au soin, sous<br />
forme de textes, de bandes dessinées et de poèmes. En bonus, premiers<br />
numéros de la revue sont consultables en ligne pour les bourses menues.<br />
UNE OEUVRE LESBIENNE :<br />
LES PRINTS DE SAPPHOSUTRA<br />
Si tes murs te paraissent bien blancs et vides, pas de panique. Lou Dvina<br />
et Léontin Lacombe te proposent des prints, posters et cartes postales<br />
d’illustrations homemade kinky et à des prix tout doux. Mais le couple ne<br />
s’arrête pas à la déco murale : tu trouveras aussi des stickers, des badges,<br />
des sweat-shirts ou encore des tote bags aux teintes saphiques. Une excellente<br />
manière de faire démonstration du génie lesbien et d’annoncer<br />
la couleur dès que quelqu’un passe ta porte.<br />
UNE CARTE DES LIEUX LGBTIQ+ :<br />
QUEER CITY<br />
Tu voyages régulièrement et tu te demandes à chaque escale où trouver<br />
des endroits queer-friendly ? Nous avons la solution: une cartographie<br />
des lieux emblématiques qui ont fait la culture queer. Librairies, cafés,<br />
clubs… Le dessin retrace en une image l’histoire de nos safe-places<br />
communautaires. Pour ne rien gâcher, 15% des ventes de l’illustration<br />
sont reversés à l’ARDHIS, une association qui accompagne chaque année<br />
plus de 200 demandeur·euse·x·s d’asile LGBTIQ+.<br />
UN BIJOU :<br />
LA MARQUE NON<br />
GENRÉE Y PARIS<br />
Tu es grisé·e·x d’envie face à la couronne<br />
flamboyante des gagnantes<br />
de Drag Race France ? Sache que<br />
celle - ci nous vient de Y Paris, une<br />
marque de bijoux non genrés 100%<br />
française. Boucles d’oreilles en<br />
perles laquées, bagues plaquées<br />
or, pendentifs en argent… Il y en a<br />
pour tous les goûts. Les créations<br />
sont réalisées à la main et dessinées<br />
par Yacine Challal à base de<br />
matériaux écoresponsables.<br />
22<br />
UNE ACTIVITÉ :<br />
UN SHOOTING PHOTO<br />
DE NANTÉNÉ TRAORÉ<br />
Offre - toi un moment d’intimité particulier,<br />
seul·e·x ou avec ta·on partenaire,<br />
devant l’objectif de Nanténé<br />
Traoré. Le photographe trans* capture<br />
depuis plusieurs années la tendresse<br />
queer, et se déplace en Suisse<br />
sur demande. Son regard unique sera<br />
le garant d’un souvenir mémorable.<br />
Tu n’es pas à l’aise à l’idée d’être<br />
pris·e·x en photo ? Tu peux acheter<br />
une des œuvres de sa série Tu vas pas<br />
muter, consacrée au rituel communautaire<br />
d’injection d’hormones chez<br />
les personnes trans*.<br />
SOCIÉTÉ<br />
BONUS :<br />
UN DON À UNE ASSO-<br />
CIATION LGBTIQ+<br />
Si tu es plutôt du genre généreux·se<br />
et peu attaché·e·x aux possessions<br />
matérielles, tu peux demander<br />
ou offrir un don à une association<br />
LGBTIQ+ de ton choix à la place d’un<br />
cadeau. On le sait, nombre d’entre<br />
elles ne survivent que grâce à l’aide<br />
financière du public, et l’argent est<br />
le nerf de la guerre. Tu trouveras<br />
l’ensemble des structures queer<br />
de Suisse romande sur le site de la<br />
Fédération LGBT de Genève.<br />
CADEAUX
LES OUVRAGES<br />
QUEER<br />
Chaque mois, Payot Libraire met en avant des livres queer. Au<br />
programme de ce numéro, une sélection à (s’)offrir pour les<br />
fêtes de fin d’année !<br />
ESSAIS<br />
EN BONS PÈRES DE FAMILLE,<br />
ROSE LAMY, JC LATTÈSL<br />
Deuxième ouvrage de Rose Lamy, créatrice du compte<br />
Instagram Préparez-vous pour la bagarre, ce titre mélange<br />
le récit autobiographique et la critique sociale.<br />
Tout commence lorsque l’auteure remarque sur son<br />
contrat de bail une phrase dite légale qui l'engage à<br />
utiliser son appartement « en bon père de famille ».<br />
Mais quelle est la définition d’un bon père de famille ?<br />
En interrogeant les siens, elle découvre que son père à<br />
elle n’était « bon » que d’après certains critères et certaines<br />
relations, intra ou extrafamiliales. Rose Lamy<br />
décortique ainsi la justification de la violence dans les<br />
médias et son traitement, selon qu’il sort de la bouche<br />
d’un homme ou d’une femme. Comment tous ces<br />
« bons pères de famille » ont-ils été poussés à bout<br />
par quelques mots de leur compagne et se sont donc<br />
permis d’utiliser la force physique pour contre-attaquer<br />
? Ces réflexions soulèvent encore et toujours des<br />
questionnements sur l’inégalité des genres et sur la<br />
société patriarcale en général. En viendra-t-on à bout<br />
un jour? (J.G.)<br />
ALBUM<br />
VIVE MES ONGLES DE TOUTES LES COULEURS,<br />
ALICIA ACOSTA, BAYARD JEUNESSE<br />
Ce que Jean adore plus que tout, c’est de se vernir<br />
les ongles, et plus c’est bigarré plus il est ravi !<br />
Malheureusement, à son arrivée à l’école, il découvre<br />
que le vernis, qu’il pensait destiné aux mains de qui le<br />
souhaite, serait manifestement réservé à celles des<br />
filles. À force d’être moqué, il se voit contraint de renoncer<br />
à sa passion, du moins pour les jours de classe.<br />
Jusqu’à ce que, pour son anniversaire, la maîtresse et<br />
tous ses camarades l’accueillent avec des ongles colorés!<br />
Il est hélas encore souvent compliqué de laisser les<br />
enfants aimer ce qu’ils veulent, peu importe leur sexe,<br />
tant les stéréotypes ont la vie dure. Cet album permet<br />
d’aborder l’importance d’être soi sans trop se soucier du<br />
regard d’autrui, de ne pas juger les goûts de l’autre – et<br />
de ne pas juger tout court ! À lire donc, en classe ou en<br />
famille, dès 5 ans. (P.R.)<br />
LIVRES<br />
CULTURE<br />
25
RÉCIT<br />
KABOUL BEAUTÉ INSTITUT,<br />
FRISHTA AMINI, MICHEL LAFON<br />
Si vous pensez que les instituts de beauté ne sont que<br />
des antres de la superficialité, ce témoignage est écrit<br />
pour vous ! Frishta, jeune esthéticienne de Kaboul,<br />
travaille dans son salon le 15 août 2021, au moment où<br />
les Talibans reprennent la capitale afghane. Elle sait<br />
que plus rien désormais ne sera pareil… Alors, dans<br />
une semi-clandestinité, elle va continuer à ouvrir ses<br />
portes, combattant ainsi l’avenir sombre qui semble<br />
se dessiner pour les femmes afghanes. Elle va finir<br />
cependant par devoir quitter son pays malgré tout,<br />
pour sauver ce qu’il reste de sa liberté. (M.R.)<br />
SOCIOLOGIE<br />
REINES,<br />
NICKY DOLL, HORS COLLECTION<br />
POÉSIE<br />
LES GARÇONS, LA NUIT, S’ENVOLENT,<br />
FLORIAN BARDOU, LUNATIQUE<br />
Trouver un moyen de dire les plans culs et le chemsex<br />
autrement, voilà le tour de force réalisé par Florian<br />
Bardou dans son premier recueil. Avec délicatesse, le<br />
lauréat du Prix du roman gay <strong>2023</strong>, catégorie recueil<br />
de poésies, tisse les phrases nécessaires pour rendre<br />
compte de ces nuits souvent sans fin remplies de rencontres,<br />
de plaisirs synthétiques et parfois d’errance.<br />
Extrait du poème Week-end :<br />
« les garçons<br />
le week-end dealent<br />
leur ennui<br />
contre l’envie<br />
la nuit s’enivrent<br />
de sels et de baisers<br />
toute la nuit<br />
toute la vie<br />
dansent à se tuer<br />
mélangent les substances<br />
rances entrent en transe<br />
ne sont jamais fatigués »<br />
(RCF)<br />
Nicky Doll nous ouvre les portes d’une communauté<br />
méconnue, le Drag à la française. Si aux États-Unis le<br />
drag est populaire et respecté, il a fallu plus de temps<br />
pour qu’il se démocratise dans l’Hexagone. Malgré<br />
certains sursauts, avec l’avènement des cabarets, il<br />
est longtemps resté anonyme et considéré comme<br />
un produit marketing. Il faudra attendre 2020 pour<br />
qu’enfin, il acquière un peu de visibilité. Pourtant<br />
le drag est presque aussi vieux que le monde ! De<br />
l’Égypte antique aux héros grecs en passant par le<br />
chevalier d’Éon ou Sarah Bernhardt, le genre, à travers<br />
le maquillage, les vêtements ou le corps glabre, a<br />
toujours su cultiver une certaine ambiguïté. Et la partie<br />
la plus intéressante de cet ouvrage sur l’histoire<br />
et le devenir du drag est certainement la rencontre,<br />
superbement illustrée, de dix-sept de ces créatures<br />
flamboyantes, avec leurs histoires, leurs influences<br />
et la narration de leurs difficiles combats. (C.A.)<br />
26 CULTURE LIVRES
MAIN FLOOR<br />
Olive T (NY)<br />
Garance<br />
BAR<br />
Dj Lap<br />
Yànkov<br />
VENDREDI 22 DÉCEMBRE<br />
23 H - 6 H<br />
15.- / 10.- membres 360 & Gravisphère<br />
Soirée de soutien au Pôle social de l’Association 360<br />
La Gravière – 9 chemin de la Gravière – Acacias, Genève
L’humeur de Léon Salin<br />
PROTÉGEONS LES ENFANTS ?<br />
Léon est un homme transgenre romand. Il tient les<br />
comptes Instagram et TikTok @salinleon dans lesquels<br />
il lutte pour une représentation positive des<br />
personnes transgenres.<br />
Dans cette chronique, je continue de discuter avec<br />
Julien. Un homme cisgenre, hétéro, avec qui je partage<br />
certaines de mes pensées. Il est fictif, sans être<br />
irréel. Julien, ça pourrait être toi, moi et/ou nous.<br />
Cher Julien, n’aie pas peur, je n’essaie pas de rendre<br />
ton fils transgenre !<br />
Depuis quelque temps, je vais dans les<br />
classes de Suisse romande pour expliquer la<br />
transidentité à travers mon parcours personnel.<br />
Vaillant, j’affronte des centaines d’adolescent·e·x·s<br />
à l'affût, prêt·e·x·s à prouver leur virilité ou leur féminité.<br />
Si seulement c’étaient mes seuls adversaires!<br />
Il semblerait que je porte atteinte à la pureté<br />
de l’enfance en prêchant la parole trans. Je n’ai<br />
jamais reçu autant de menaces de mort que depuis<br />
mes contacts avec cette population sacrée. Un tsunami<br />
composé d’adultes enragé·e·x·s se soulève et<br />
hurle à la propagande : « NE TOUCHEZ PAS À NOS<br />
ENFANTS ! ». S’est emparée d’elleux une indignation<br />
incontrôlée : « Je vais te brûler à l’acide !! »<br />
Tu as raison de crier, Julien. Tu as raison<br />
de laisser la rage s’emparer de ton corps lorsque<br />
les enfants sont en danger, mais tu te trompes de<br />
cible. Laisse l’acide pourrir dans les sols et pas sur<br />
ma peau. La panique que tu ressens est justifiée,<br />
car l’avenir des enfants est de plus en plus incertain<br />
compte tenu de la chaleur d’un mercredi d’octobre<br />
en <strong>2023</strong> alors que j’écris ces mots.<br />
Alors, arrête de transformer les personnes<br />
trans* en récipients de ton anxiété climatique.<br />
Joignons nos forces. Je continuerai d’aller dans<br />
les classes pour éduquer sur la transidentité et on<br />
se retrouve à la manif pour le climat ce vendredi ?<br />
© Charlotte Passera<br />
Dr·e Goudou<br />
QUESTION SEXO POUR LES PERSONNES À VULVES<br />
« Je me définis comme asexuel·le·x et j’aimerais trouver<br />
des personnes queer pour échanger à ce sujet »<br />
Merci infiniment pour cette question qui nous permet<br />
de parler d’asexualité ! Pour commencer, on<br />
vous propose une définition : l’asexualité est le fait<br />
de ressentir peu ou pas d’attirance sexuelle et/ou<br />
de ne pas souhaiter de relations sexuelles. Elle se<br />
distingue de l’aromantisme, qui est le fait de ne pas<br />
ressentir de sentiment amoureux et/ou de ne pas<br />
avoir envie d’une relation romantique. Il existe aussi<br />
d’autres attirances qui peuvent être platoniques,<br />
sensuelles, etc.<br />
Dans une société qui a tendance à prôner la sexualité<br />
et le plaisir sexuel à tout prix et en tout lieu (on<br />
se réjouit de voir des panneaux publicitaires au<br />
Chalet-à-Gobet), il n’est pas forcément évident<br />
pour les personnes asexuelles de trouver leur place.<br />
Pourtant, la sexualité est aussi une construction sociale<br />
qui n’échappe pas aux normes. Peut-être qu’il<br />
vaudrait la peine, pour chacun·e·x d’entre nous de<br />
nous interroger sur nos sexualités (pas seulement un<br />
samedi soir sans électricité dans la Broye) et de réfléchir<br />
à ce qu’elles nous apportent : de la confiance,<br />
du plaisir, une connexion particulière à nous-mêmes<br />
ou aux autres, etc. Certaines personnes préfèrent<br />
manger une pizza plutôt que d’avoir du sexe, chacun·e·x<br />
ses goûts (pour la pizza aussi). Et sinon, on ne<br />
t'a pas oublié·e·x et tu peux rentrer en contact avec<br />
le Cercle d'Onyx à Lausanne ou consulter le site<br />
aroace.ch. Nous te souhaitons de beaux partages.<br />
Camille Beziane, spécialiste en santé sexuelle,<br />
responsable de l’association les Klamydia’s<br />
Aline Alzetta-Tatone, sexologue, co-fondatrice du<br />
Refuge-Neuchâtel<br />
28<br />
CULTURE<br />
CHRONIQUES
<strong>janvier</strong><br />
— juin<br />
<strong>2024</strong><br />
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Pavillon adc<br />
Association pour la<br />
danse contemporaine<br />
Place Sturm 1<br />
1206 Genève pavillon-adc.ch
Prince<br />
Maury<br />
© Jules Faure<br />
30<br />
CULTURE THÉÂTRE
Touche à tout de talent, il est à la fois acteur, réalisateur, scénariste<br />
et chanteur. On l’a adoré en Hervé touchant dans la série à succès<br />
Dix pour cent et en fils-amant ultra-jaloux dans son premier long<br />
métrage Garçon Chiffon. Il nous parle sans détour de théâtre, de violence,<br />
de deuil et de masculinité : rencontre avec Nicolas Maury qui<br />
jouera Le prince de Hombourg à Lausanne et Genève en <strong>décembre</strong>.<br />
Par Robin Corminboeuf<br />
Dans ce projet<br />
d’Un prince de Hombourg,<br />
qu’est-ce qui vous a plu ?<br />
Est-ce que c’est une pièce<br />
qui vous parle par rapport<br />
à votre âge, 43 ans ?<br />
Déjà c’est un grand « oui » pour Robert Cantarella. Je suis<br />
plutôt quelqu’un qui fonctionne en termes de forme, je dis<br />
d’abord « oui » à un metteur en scène avant un rôle. C’est<br />
avant tout une aventure artistique et collective, une situation.<br />
Comme dans une recette de cuisine, il faut savoir quel<br />
chef il y a, ou alors si on ne connaît pas le chef, se dire que<br />
les ingrédients sont radicaux et courageux. Avec Robert<br />
Cantarella, c’est une aventure au long court qui date de<br />
2005. On a fait une vingtaine de spectacles ensemble. Et<br />
chaque été, on se rend dans sa maison du sud de la France.<br />
On se met face à la rivière et Robert dit : « Cet été, on pourrait<br />
lire ça », et on essaie, un peu comme en cuisine. C’est<br />
dans ce cadre-là qu’on a lu Le prince de Hombourg.<br />
Ce texte est du XIX e ,<br />
est-il encore actuel ?<br />
Aujourd’hui je trouve qu’il y a beaucoup de théâtre « à message<br />
», comme si on se servait de l’art pour communiquer,<br />
soigner, réparer, faire du vivre-ensemble. Alors que je<br />
pense que c’est l’endroit de la poétique. On oublie que l’art<br />
poétique, la poésie, c’est plutôt quelque chose qui soulève,<br />
bouscule, va vers un résultat du monde qui est indécidable.<br />
Dans Le prince de Hombourg, il y a un homme qui dit « non »<br />
au père. Il dit « Je préfère la mort » alors qu’il est puni pour<br />
une faute qui n’est pas très grave. Il met le père face à une<br />
décision trop rigide et en mourant devant son peuple, il veut<br />
faire un exemple de l’absurdité de la raideur des pères. Cet<br />
exemple-là, je trouve qu’il est actuel et contemporain : la<br />
jeunesse qui se réveille contre les pères, qui tend le miroir<br />
absurde, monstrueux et fragile au père, sur la virilité, sur<br />
la paternité…C’est très queer !<br />
Oui, le metteur en scène et moi avons eu tous deux des<br />
deuils très profonds cette année. De les traverser, de subir<br />
ces désastres de la vie, ça sonne. Qu’on le veuille ou non,<br />
il faut traverser des déserts, des états qui entament. La vie,<br />
ça entame. Comme interprète, je suis un instrument qui<br />
travaille, comme le bois travaille. Je suis travaillé par la<br />
vie et forcément le son qui sort n’est pas le même. L’âge, le<br />
vieillissement, la maturité, je n’aurais pas pu interpréter<br />
comme ça ce rôle-là plus jeune.<br />
On peut dire du théâtre qu’il<br />
est votre premier amour.<br />
Quel en est votre<br />
premier souvenir ?<br />
C’était un sketch des Inconnus dans lequel je jouais, au<br />
centre aéré de ma ville. J’avais une perruque et je disais<br />
toujours « Stéphanie de Monaco » et la salle était hilare.<br />
Je sentais comme un feu en moi, une espèce de tension<br />
incroyable. Je me souviens de la chaleur des projecteurs<br />
jaune-orange… et de voir cette masse noire vibrante, comme<br />
un animal que je n’allais jamais apprivoiser. Moi qui étais si<br />
timide et embarrassé, je me sentais très à l’aise. Voilà mon<br />
premier souvenir.<br />
THÉÂTRE CULTURE<br />
31
Robert Cantarella dit de<br />
la pièce qu’elle commence<br />
comme « une palette de<br />
comportement inadaptés »<br />
et le personnage que vous<br />
interprétez peut être lu<br />
comme une sorte d’antihéros<br />
classique. Tout comme<br />
vos personnages de Hervé<br />
dans Dix pour cent ou<br />
celui de Jérémie dans<br />
Garçon Chiffon. Est-ce<br />
que ce genre de rôle vous<br />
touche particulièrement ?<br />
Le parallèle Jérémie et Hombourg me semble très juste.<br />
J’ai voulu créer un jeune homme d’aujourd’hui qui est un<br />
soldat de la fragilité. Il n’en est pas moins fort pour autant.<br />
Je voulais mettre au centre quelqu’un qui est souvent sur<br />
le côté. Je voulais mettre en scène ce que plein d’hommes<br />
appellent des faiblesses, des comportements insupportables<br />
dans les zones de la virilité. En ça pour moi Jérémie est très<br />
viril, il se dresse, s’élève.<br />
Le prince de Hombourg n’a pas de père – tout comme<br />
Jérémie dont le père se tire une balle dans la tête au début<br />
du film. Il y a quelque chose sur le suicide des hommes: ils<br />
sont souvent suicidaires, concrètement ou métaphoriquement.<br />
En ça ils peuvent être bouleversants, ce vertige pour<br />
le malheur, l’ivresse de soi.<br />
Hervé dans Dix pour cent est plutôt quelqu’un que j’ai aimé,<br />
que j’ai montré dans les télés françaises, sans penser que ce<br />
serait montré dans les télés du monde entier. C’était pour<br />
donner des exemples de façon très populaire, pour qu’il y<br />
ait des dialogues entre les pères et les fils. Un père qui aime<br />
la série, qui rigole sur le comportement d’Hervé et qui à<br />
table a un fils et lui dit « Arrête de faire ton Hervé »… C’est<br />
arrivé plusieurs fois, c’est pour ça que j’en parle. Ça m’a<br />
bouleversé. Je n’avais pas ça à 14 ans, ce genre de miroir,<br />
en famille. Ça a permis de montrer aux parents que si le<br />
fils est homosexuel, ce n’est pas très grave. C’est pour ça<br />
que j’ai « chargé la mule », pour Hervé. Je voulais qu’il soit<br />
très populaire.<br />
Par rapport à Hervé<br />
justement, une partie<br />
de la communauté<br />
homosexuelle masculine<br />
n’a pas été tendre avec vous,<br />
sur le fait de proposer<br />
cette représentation-là.<br />
Je ne suis pas étonné. Je peux comprendre qu’il y ait des crises<br />
identitaires, qu’on aime bien chercher la petite bête, mais faire<br />
un procès à une personne… De façon plus personnelle, récemment<br />
j’étais au Rosa Bonheur 1 un dimanche soir, seul.<br />
Plein de gens sont venus vers moi pour me dire des choses très<br />
gentilles. Une bande d’hommes me parle, ils me demandent un<br />
selfie. C’était très sympa. Sur le chemin en rentrant chez moi,<br />
je me retrouve derrière eux. Ils étaient cinq ou six. Ils parlaient<br />
de moi très fort, en rigolant. Leur comportement était d’une<br />
violence inouïe, alors même qu’ils m’avaient demandé mon<br />
compte Instagram, m’ont écrit. J’ai écouté, ça m’a violenté.<br />
Se lâcher entre amis on a le droit, sauf que j’étais derrière…<br />
Je ne peux pas dire les mots, parce qu’ils étaient très cruels.<br />
En ligne, tous m’ont envoyé un cœur, un « merci ». Je leur ai<br />
répondu individuellement pour leur parler de leur comportement<br />
hypocrite, destructeur, homophobe. Ensuite j’ai bloqué<br />
leurs comptes. Ça, pour moi, c’est à l’image du comportement<br />
suicidaire que je mentionnais auparavant. Flaubert dit : « Le<br />
jour où j’ai arrêté de juger j’ai commencé à écrire. » C’est facile<br />
de taper sur un personnage public. C’est de bonne guerre, je<br />
ne vais pas me plaindre, mais parfois c’est compliqué. On se<br />
fait à la fois assujettir par les hétéros, parfois par les hommes<br />
gais aussi. Il faut être sacrément costaud.<br />
Dans Têtu· vous avez dit :<br />
« J’ai été l’un des premiers<br />
à ne rien cacher tout en étant<br />
très populaire ». Pour vous,<br />
c’est une chance, un poids ?<br />
Je suis issu du combat pour aller plus haut que là d’où je<br />
viens et que ce que je suis. Je viens de l’aristocratie du peuple,<br />
comme dit Pasolini. J’ai grandi dans le Limousin. Je ne suis<br />
pas « fils de personne », parce que mes parents ne sont pas<br />
personne, ce sont des gens extraordinaires, mais je ne suis<br />
pas dans un héritage culturel. Dans la cour d’école c’était<br />
très violent pour moi. La violence ne me fait pas peur. Si<br />
j’avais été une petite nature, je ne serais pas encore debout<br />
aujourd’hui. Je fais ce métier depuis 27 ans, je ne crains pas<br />
mon image. Ce qui peut m’angoisser, c’est quand un rôle est<br />
fonctionnel. Quand en <strong>2023</strong> on me propose encore quelque<br />
chose de schématique et de caricatural, là je sors les griffes…<br />
1 Bar parisien dans le parc des buttes de Chaumont qui propose une<br />
soirée dominicale LGBTIQ+ très populaire.<br />
32 CULTURE THÉÂTRE
© Nicolas Valois<br />
SOUS-RUBRIQUE THÉÂTRE<br />
RUBRIQUE<br />
CULTURE<br />
33
Quels sont vos prochains<br />
projets, Nicolas Maury ?<br />
Je vais jouer dans la prochaine série événement de France<br />
2 qui s'appelle Ça c’est Paris. C’est l’univers d’un cabaret<br />
parisien, avec Monica Bellucci. Ça devrait être diffusé à la<br />
rentrée prochaine. Je joue un garçon d’aujourd’hui qui ne<br />
se définit pas, comme j’ai pu en rencontrer à Berlin. Ils sont<br />
plus avancés que nous – à Paris en tout cas. Tout à coup,<br />
ces hommes qui sont avec des filles, ils s'amusent. Je leur<br />
demande : « Toi tu es bi ? Non, je ne suis pas bi, mais toi tu<br />
es sacrément Parisien », me répondent-ils. Et je me sens<br />
complètement réac, et j’adore ça ! Ils me réjouissent, ces<br />
gens qui ont entre 20 et 25 ans aujourd’hui, ces hommes qui<br />
m’ont réveillé sur plein de choses. Et en tant qu’interprète,<br />
je suis obligé d’en faire part.<br />
Je travaille aussi sur un projet qui sera comme un livre<br />
ouvert sur la relation aux hommes. Que ce soit une femme<br />
qui est la maîtresse d’un homme ou mon personnage qui<br />
sera l’amant d’un homme marié à une femme. L’occasion<br />
heureuse pour moi de m’approcher du territoire masculin,<br />
comme si je prenais un petit bateau pour aller voir un oiseau<br />
migrateur très rare. Pour moi c’est très important et ma vie<br />
en témoigne. Dans mes chemins, mes errances nocturnes,<br />
parfois je rencontre des hommes de tout genre, de tout style.<br />
Ils me parlent de choses que je ne retrouve pas dans les films<br />
que je trouve très schématiques, très contextualisés à une<br />
histoire. J’ai l’impression que c’est mon endroit, de nuancer<br />
beaucoup de choses, d’être impoli, de ne pas être chichiteux,<br />
de ne pas être trop pudibond… Je trouve important de<br />
donner du mystère à l’homme, comme il y en a eu pour la<br />
femme, de le regarder avec amour et tendresse, et netteté,<br />
de se rapprocher du corps de l’homme, de la sexualité de<br />
l’homme. Je suis très proche des femmes, j’ai été élevé par<br />
elles. J’ai l’impression, même si on ne connaît jamais rien,<br />
que c’est comme un pays, un territoire que j’ai fréquenté et<br />
que je fréquente encore. Alors que l’homme, j’ai toujours<br />
mis un recul. Là j’ai envie de m’approcher.<br />
Un prince de Hombourg<br />
Lausanne :<br />
théâtre de Vidy, du 6 au 10 <strong>décembre</strong><br />
Plus d’infos sur vidy.ch<br />
Genève :<br />
théâtre Saint Gervais, du 13 au 15 <strong>décembre</strong><br />
plus d’infos sur saintgervais.ch<br />
Yverdon :<br />
théâtre Benno-Besson, le 18 <strong>janvier</strong><br />
plus d’infos sur theatrebennobesson.ch<br />
34<br />
CULTURE THÉÂTRE
SOUS-RUBRIQUE<br />
RUBRIQUE<br />
35
ELLE FAIT FLEURIR<br />
LA SCÈNE DRAG<br />
© Elyssa Fleur<br />
36 CULTURE<br />
DRAG
Drag queen neuchâteloise, Elyssa Fleur se bat pour des espaces<br />
queer plus inclusifs et pour une meilleure rémunération des performances<br />
drag. Elle a créé il y a quelques années les Dragâteloises,<br />
un show qui fête sa 10 e édition en <strong>décembre</strong>. Rencontre.<br />
Par Nina Beuret<br />
C’est il y a presque six ans qu’Elyssa Fleur a éclos.<br />
Traversant une période difficile, le jeune Neuchâtelois<br />
derrière ce personnage haut en couleur avait découvert<br />
la scène drag belge dans les rues d’Anvers.<br />
Une révélation. « C’était une période où j’étais au<br />
fond du trou », se souvient Elyssa Fleur, sans se départir<br />
de son grand sourire. « J’apprenais la danse<br />
classique dans une école en Allemagne et j’ai dû<br />
rentrer parce que ça n’allait pas bien du tout. J’ai<br />
fait une dépression, et même une tentative de suicide.<br />
J’aurais dû faire un stage de danse à Anvers<br />
et finalement, j’y suis allée, mais pour des vacances.<br />
C’est là que j’ai eu mon premier vrai contact<br />
avec le milieu gai et la scène drag. À mon retour,<br />
j’ai commencé à acheter du maquillage. »<br />
La jeune drag queen apprend, d’abord sur le<br />
tas, l’art de la performance, se rapproche de<br />
la scène lausannoise puis zurichoise. Au milieu<br />
de tout cela, elle se choisit un nom. « J’ai<br />
choisi Elyssa parce que c’est un autre nom<br />
de Didon, la reine de Carthage, qui se suicide<br />
dans l’opéra de Purcell Didon et Énée.<br />
C’est une histoire qui m’a suivie. Fleur, c’est<br />
en référence à mes origines mauriciennes,<br />
au fait que j’aimais beaucoup jardiner avec<br />
ma grand-mère. En fait, Elyssa symbolise la<br />
mort et Fleur la renaissance », confie-t-elle.<br />
Elyssa Fleur performe pour la première fois en<br />
Angleterre et, aujourd’hui, elle ne compte plus<br />
les shows et apparitions : Prides de Lugano et de<br />
Genève, clubs, et même la très neuchâteloise Fête<br />
des Vendanges. Elle participe également avec succès<br />
à plusieurs concours, dont le Heaven’s drag race,<br />
organisé par le club zurichois du même nom. Dans la<br />
cité alémanique, elle rencontre la subtilement nommée<br />
House of Anus, dont elle fait toujours partie, et<br />
celle qui deviendra sa mère drag, Effi Mer Delamaskis.<br />
« Elles m’ont vraiment aidée à level up, à augmenter<br />
mon niveau », raconte la Neuchâteloise, qui avoue<br />
également avoir plus d’affinités avec le milieu zurichois<br />
qu’avec les scènes lausannoise et genevoise,<br />
dont elle s’est petit à petit éloignée.<br />
LES RACINES JAMAIS LOIN<br />
Mais Elyssa Fleur reste Neuchâteloise avant<br />
tout. Et quand des ami·e·x·s, membres de<br />
la compagnie théâtrale Mnémosyne, aujourd’hui<br />
dissoute, la contactent pour monter<br />
un show drag, elle ne peut refuser. Pour<br />
ce premier spectacle, organisé en 2018, elle<br />
performe et, surtout, coache les autres artistes,<br />
tous·tes·x débutant·e·x·s, qui se produisent<br />
sur scène. L’événement remporte un<br />
succès inattendu. « Je me suis rendu compte<br />
que c’était le moment de créer une scène<br />
régulière sur Neuchâtel », raconte la drag<br />
queen, qui a entre-temps fondé sa propre<br />
maison, la House of Fleur. Les Dragâteloises<br />
sont donc nées en 2019, et se produisent désormais<br />
trois fois par an à Peseux, tout près<br />
de Neuchâtel. Une association a même été<br />
créée à l’été 2022 pour les chapeauter.<br />
Le concept consiste à promouvoir avant tout les artistes<br />
de la région, le comité d’organisation offrant<br />
volontiers l’occasion à des « baby drags » de faire<br />
leurs premiers pas en chaussures à plateformes sur<br />
scène. Un autre principe auquel tient Elyssa est de<br />
rémunérer correctement les artistes qui performent,<br />
DRAG<br />
CULTURE<br />
37
© @saturn_meown<br />
38<br />
CULTURE<br />
DRAG
et plus largement le personnel embauché pour l’organisation<br />
des soirées. « Entre le maquillage, les tenues,<br />
les perruques... c’est un art qui coûte cher et c’est<br />
impossible d’évoluer si on n’est pas bien payé·e·x·s »,<br />
estime-t-elle. Elle partage ses réflexions sur l’évolution<br />
du milieu ces dernières années : « Il y a eu un élan<br />
en Suisse à la fin des années 2000, où il fallait faire le<br />
plus possible avec peu de moyens financiers, parce<br />
que c’était important de faire bouger les choses.<br />
Cette logique est restée jusqu’à maintenant, on veut<br />
faire toujours plus avec moins. Nous, notre façon de<br />
voir, c’est se calmer, prendre le temps de bien faire<br />
les choses et se donner les moyens. L’art du drag est<br />
reconnu maintenant, il n’y a plus la même urgence. »<br />
Si les Dragâteloises sont avant tout un lieu de<br />
spectacle et de fête, la politique y a aussi sa<br />
place. « C’est aussi un espace d’éducation<br />
de la communauté et de son entourage, qui<br />
vient volontiers assister aux shows », assure<br />
leur fondatrice qui assène : « Quand tu fais<br />
du drag, tu entres dans une dimension politique,<br />
que tu le veuilles ou non. C’est une<br />
performance de genre qui va à l’encontre du<br />
système binaire, sexiste.<br />
Il vient bousiller cette vision du monde omniprésente<br />
qui fait beaucoup de mal à la communauté queer. Je<br />
comprends que tout le monde n’est pas à l’aise de<br />
partager des messages politiques sur les réseaux par<br />
exemple, mais il faut être engagé·e·x par ses actions.<br />
Il ne faut pas faire de drag si on ne veut pas cette dimension,<br />
c’est irrespectueux envers la communauté<br />
et les premières drag queens qui ont fait beaucoup<br />
pour les droits queer. »<br />
UNE SCÈNE PLUS INCLUSIVE<br />
Elyssa Fleur souhaite voir davantage de lieux<br />
queer inclusifs fleurir en Suisse et assure que<br />
les Dragâteloises en font partie. « C’est l’espace<br />
que j’aurais aimé avoir quand j’avais<br />
18 ans » sourit-elle. « On a besoin de plus<br />
d’espaces pour la communauté LGBTIQ+,<br />
c’est indéniable, mais on a surtout besoin<br />
d’espaces plus variés. La scène de la nuit, à la<br />
fois queer et sex positive, se développe, c’est<br />
bien. Mais il faut aussi créer des milieux plus<br />
ouverts le jour, qui favorisent les rencontres<br />
et les discussions. Pour l’instant, c’est difficile<br />
de trouver son compte. » Suite p.40<br />
PUBLICITÉ
La performeuse avoue que la scène queer et drag<br />
n’est pas encore un modèle d’inclusivité. « Elle est<br />
encore très blanche, gay, cis. Ces hommes ont pris le<br />
monopole dans les années 2000 et la bienveillance<br />
n’était pas forcément au rendez-vous. C’est un défi<br />
aujourd’hui que de faire revenir les gens qui ont fui ces<br />
milieux, en proposant quelque chose de plus inclusif. »<br />
Elyssa se réjouit de voir que de plus en plus de lieux,<br />
d’événements, d’initiatives fleurissent et se maintiennent<br />
dans le temps. Une scène qui est « de plus<br />
en plus faite par et pour la communauté », plus adaptée<br />
à ses besoins... et qui a de beaux jours devant elle !<br />
La 10 e édition des Dragâteloises aura lieu le samedi<br />
9 <strong>décembre</strong> à Peseux (NE). Pour cet anniversaire,<br />
le comité proposera une performance commune et<br />
invitera des drag queens et kings qui étaient déjà<br />
monté·e·x·s sur scène lors des précédentes éditions.<br />
Plus d’infos sur le site dragateloises.ch ou sur leur<br />
compte instagram.<br />
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PVA-Genève vous souhaite des heureuses fêtes de fin<br />
d’année et un merveilleux <strong>2024</strong> !<br />
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Du Lundi au Jeudi<br />
de 14h00 à 18h00<br />
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Les Lundis à 19h30<br />
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Peinture thérapeutique<br />
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Service social<br />
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permettons de vous rappeler que<br />
c’est le moment de soutenir PVA-Genève<br />
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de membre directement chez vous.<br />
Pour celles et ceux qui le désirent,<br />
vous pouvez soutenir le « Fonds de<br />
Soutien » avec un don au compte<br />
PVA-Genève Solidarité CH07 0900<br />
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Rue des Pâquis 35, 1201 Genève - 5ème étage<br />
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LE SENSUEL<br />
TSAI MING-LIANG<br />
STAR DE<br />
BLACK MOVIE<br />
PAR<br />
EDMÉE CUTTAT<br />
© Walker, Tsai Ming-Liang<br />
CINÉASTE DES CORPS ET DES DÉSIRS, LE CHEF DE FILE DE<br />
LA SECONDE NOUVELLE VAGUE TAÏWANAISE MONTRERA<br />
SES TRAVAUX AINSI QU’UNE MINI-RÉTROSPECTIVE DE SES<br />
FILMS DANS LE CADRE DU FESTIVAL GENEVOIS BLACK MOVIE.<br />
CINÉMA<br />
CULTURE<br />
43
Offrir une perspective différente de celle d’autres<br />
festivals occidentaux, tel est le but de Black Movie<br />
qui revient dès le 19 <strong>janvier</strong> et proposera des œuvres<br />
en provenance d’Afrique, d’Asie, d’Amérique latine.<br />
Pour sa 25 e édition, le festival – qui a permis la découverte<br />
de nombreux réalisateur·ice·x·s – s’enorgueillit<br />
de la présence d’une vingtaine d’invité·e·x·s, dont<br />
celle, exceptionnelle, du Taïwanais Tsai Ming-Liang.<br />
Rappelons que le cinéaste a été honoré en août dernier,<br />
à Locarno, pour l’ensemble de sa carrière.<br />
Né en 1957, le réalisateur, scénariste et producteur,<br />
sensuel chef de file gai de la seconde<br />
nouvelle vague de son pays, montrera<br />
ses travaux au Commun, l’espace culturel de<br />
la Ville de Genève, ainsi qu’une mini-rétrospective<br />
de sa cinématographie. Son travail<br />
lui a notamment valu un Lion d’or à Venise,<br />
un Ours d’argent à Berlin et un prix à Cannes.<br />
LA FIGURE FONDATRICE DU MOINE MARCHEUR<br />
L’exposition est consacrée à la fameuse série Walker,<br />
dont le point de départ est un court métrage réalisé en<br />
2012 et qui met en scène un moine marcheur. Celuici<br />
est incarné par Lee Kang Sheng, l’acteur fétiche du<br />
cinéaste, qui le fait évoluer dans diverses villes d'Asie<br />
et d'Europe.<br />
Sur deux étages, on pourra également découvrir<br />
l’aspect artistique et performatif de<br />
la star du festival. Avec la projection de films<br />
dont des inédits et la présentation de soixante<br />
dessins du maître. Sans oublier la diffusion<br />
d’une captation théâtrale, The Monk From<br />
Tang Dynasty, figure chinoise fondatrice pour<br />
Tsai Ming Liang, à laquelle la série Walker rend<br />
hommage. Venu au monde il y a 1400 ans, le<br />
moine a déambulé à travers l’Asie pour aller<br />
chercher des écrits bouddhistes.<br />
De son côté, la Brésilienne Carolina Markowicz propose<br />
Toll et raconte les déboires de Suellen. Agente<br />
de péage, cette mère désemparée profite de son job<br />
pour aider un gang à dérober des montres et autres<br />
accessoires de luxe à de riches conducteurs. Dans un<br />
noble but, tente-t-elle de se convaincre. Elle veut en<br />
effet envoyer son fils gai dans un coûteux centre de<br />
thérapie de conversion dirigé par un célèbre prêtre.<br />
Elle va du coup déclencher à son insu une série d’événements<br />
dont seuls les voleurs tireront profit.<br />
Rencontres, discussions, masterclasses<br />
prolongeront et complèteront la projection<br />
de métrages recouvrant fiction, documentaire,<br />
expérimental, ou animation. À cet<br />
égard, on signale le volet Petit Black Movie<br />
destiné aux plus jeunes, qui pourront également<br />
suivre des tables rondes, dans le but<br />
d’approfondir les thématiques soulevées. À<br />
noter enfin qu’une partie de la programmation<br />
sera proposée en ligne.<br />
© Tsai Ming-Liang<br />
PRODUCTIONS LGBTIQ+<br />
Outre cette excursion taïwanaise, Black Movie va<br />
naviguer entre Guinée, Mexique, Corée du Sud, Iran,<br />
Géorgie et République centrafricaine. Au sein de ce<br />
riche programme, comptant une cinquantaine de longs<br />
métrages et une quarantaine de courts, regroupés en<br />
sections thématiques (société, politique, genres, nouvelles<br />
cultures urbaines), le festival a inclus – comme<br />
d'habitude – des œuvres LGBTIQ+.<br />
On en a plus particulièrement retenu deux. À<br />
commencer par The Summer With Carmen du<br />
Grec Zacharias Mavroeidis. Alors qu’il profite<br />
d’une journée sur une plage gaie d’Athènes,<br />
Demosthène, 30 ans, propose d’aider Nikitas,<br />
son meilleur ami et cinéaste débutant, à rédiger<br />
une idée pour son prochain long métrage<br />
inspiré par une chienne appelée Carmen. La<br />
nudité est assumée dans cette réflexion sur<br />
la création déguisée en fantaisie érotique.<br />
BLACK MOVIE,<br />
DU 19 AU 28 JANVIER<br />
PLUS D’INFOS :<br />
BLACKMOVIE.CH<br />
44 CULTURE CINÉMA
L’humeur d’Aymeric Dallinge<br />
Tout semblait être écrit, pourtant l’histoire a suivi<br />
une voie différente.<br />
Il y a eu les mots durs et les mots qui sonnent<br />
faux. Il y a eu les embûches et les doutes. Il y a eu<br />
les moments d'effroi et de lassitude. Il y a eu la<br />
confiance perdue et le sourire égaré derrière de<br />
faux-semblants. Il y a eu des mots plus hauts<br />
que les autres.<br />
FUCK.<br />
Aymeric Dallinge s’amuse des mots et crée des<br />
ambiances saisies dans l’instant.<br />
Il y a eu les moments doux et les instants de célébration.<br />
Il y a eu ces émotions qui font vibrer le<br />
corps et tressaillir le cœur. Il y a eu ces mots aimants<br />
qui apaisent et les caresses de tendresse.<br />
Il y a eu les sourires des petites et grandes joies. Il<br />
y a eu le bonheur et la concrétisation des rêves. Il y<br />
a eu le respect et la bienveillance. Il y a eu l'espoir<br />
de quelque chose de meilleur.<br />
L’espoir s’est évaporé. Il a fallu laisser partir.<br />
Apprendre à dire au revoir. Faire le deuil.<br />
S'enfoncer dans la perte. Accueillir la mort.<br />
Ne jamais retenir le chagrin. Il a fallu tuer les<br />
songes, noyer les promesses. Redéfinir l'avenir.<br />
Résister pour ne pas perdre les souvenirs.<br />
Conserver le passé pour ce qu'il a été.<br />
Apprivoiser le temps qui passe dans l'absence.<br />
Ça s'est passé comme ça. Sans rien pouvoir<br />
y faire.<br />
C'est resté là, sans mots suffisants pour<br />
exprimer ce qui gît.<br />
Juste un doigt.<br />
Fuck.<br />
PUBLICITÉ
Pour l’égalité des droits<br />
depuis 1982<br />
SAVE THE DATE<br />
Cocktail de rentrée de Dialogai<br />
Mercredi 24 <strong>janvier</strong> <strong>2024</strong> de 18h à 22h<br />
Après le succès de la première édition,<br />
Dialogai organise une nouvelle fois<br />
son rendez-vous annuel: le Cocktail<br />
de rentrée de Dialogai. Une occasion<br />
de favoriser les rencontres informelles<br />
entre personnes donatrices, politiques,<br />
membres du comité et du personnel<br />
de Dialogai et la population. L’occasion<br />
idéale qui permettra à tout le monde de<br />
soutenir nos activités et actions autour<br />
d’un verre.<br />
Entrée gratuite. Bar payant.<br />
Les bénéfices du bar et les dons<br />
récoltés seront intégralement reversés<br />
aux activités de Dialogai et de ses<br />
services.<br />
Nous nous réjouissons de vous retrouver,<br />
avec plein de surprises tout au long de<br />
la soirée.<br />
Programme de la soirée et lieu à découvrir<br />
fin-<strong>décembre</strong> <strong>2023</strong>-début <strong>janvier</strong> <strong>2024</strong> sur<br />
notre site internet www.dialogai.org<br />
Devenir membre de Dialogai<br />
Être membre de Dialogai vous permet<br />
non seulement d’obtenir de nombreux<br />
avantages tout au long de l’année chez<br />
nos partenaires mais également de<br />
soutenir l’association et ses services<br />
(notamment Le Refuge<br />
Genève et Checkpoint<br />
Genève). Et si c’était votre<br />
bonne résolution en <strong>2024</strong>?<br />
Infos: www.dialogai.org
LES<br />
PÉPITES<br />
DE<br />
DÉCEMBRE<br />
- JANVIER<br />
On ne va pas se mentir, c’est avec le cœur lourd que nous écrivons ces dernières<br />
pépites. Deux ans de recherches et de rédaction pour le <strong>magazine</strong> <strong>360°</strong>,<br />
c’était une sacrée aventure qu’on a eu la chance de partager avec vous. On a<br />
adoré se perdre dans les internets pour vous dégoter les dernières nouveautés<br />
queer et lesbiennes. Un grand merci au <strong>magazine</strong> de nous avoir fait confiance<br />
et d’avoir offert cet espace de visibilité en Suisse romande pendant toutes ces<br />
années. Nous nous sentons très chanceuses et fières d’avoir pu y contribuer.<br />
Nous continuerons à vous partager nos coups de cœur de manière digitale sur<br />
instagram, alors n’oubliez pas de suivre @vaginpirate !<br />
Pour ces ultimes pépites, vous retrouverez de la musique, quelques bouquins (c’est<br />
toujours de super cadeaux), et une série ! N’oubliez pas de soutenir vos libraires,<br />
disquaires et artisan·e·x·s locaux pour faire plaisir à vos êtres chers !<br />
À bientôt et merci de nous lire, on vous souhaite une fin d’année douce<br />
et pleine d’amour.<br />
© Sidonie Ronfard<br />
© France TV Slash<br />
48<br />
FAERIES RECORD<br />
La maman de la scène electro lesbienne, Jennifer Cardini, s’est associée à l’artiste<br />
plasticienne et cinéaste Lou Fauroux pour le lancement de leur nouveau label Faeries<br />
Record. Comme à son habitude, l’ancienne résidente du Pulp met à l’honneur la musique,<br />
ambient, pop et techno, ainsi que l’inclusion en offrant une plateforme prioritaire<br />
pour la communauté queer. C’est l’artiste Angel Rider qui avait lancé le label au mois<br />
de juin avec son titre hyperpop when ur gone, et si vous nous lisez régulièrement vous<br />
savez que c’est vraiment tout ce qu’on adore ! Au mois de novembre, c’est l’EP d’Ines<br />
Chérif qui a débarqué un violon, des sons de machine, une invitation au lâcher prise<br />
dans une autre dimension. Faeries Record, c’est aussi faire de la place à la musique<br />
expérimentale, des ovnis, des sons qui sortent des cases, le tout sélectionné par ce<br />
couple alliant art et musique, du véritable génie lesbien. On vous invite à follow leur<br />
compte Insta fissa pour découvrir l’actu musicale et les prochaines soirées à venir<br />
qui s’annoncent très très cool.<br />
SPLIT<br />
Lors de la dernière édition du GIFF, à Genève, vous avez eu la possibilité de découvrir<br />
cette nouvelle série signée Iris Brey, Split. On connaissait Iris Brey pour<br />
sa spécialisation sur les représentations de genres à l’écran à travers ces livres<br />
et différentes conférences, elle passe à présent derrière la caméra. Split, c’est<br />
l’histoire d’une cascadeuse qui tombe amoureuse de l’actrice qu’elle double.<br />
CULTURE<br />
VAGIN PIRATE
Cette série vous immerge dans un jeu de miroir troublant entre les deux protagonistes,<br />
Anna (Alma Jodorowsky) et Eve (Jehnny Beth), il est question de doutes,<br />
de vertiges et de passions. On a adoré retrouver Jehnny Beth à l’écran, on la<br />
connaissait pour sa carrière musicale avec le groupe Savages, puis en solo, et ses<br />
remarquables performances live toujours très très puissantes. Pour s’en mettre<br />
plein les oreilles, on vous recommande d’ailleurs son dernier EP, qui s’intitule LIVE<br />
EP. Côté musique de la série, nous ne sommes pas en reste étant donné que la<br />
BO est signée Rebeka Warrior et Maud Geffray. Disponible sur France TV Slash.<br />
HACKER LA PEAU<br />
C’est le retour très attendu de Jul Maroh, auteurx de la très célèbre BD lesbienne Le bleu est une couleur<br />
chaude. Jul collabore pour cet album avec Sabrina Calvo, autrice trans de science-fiction. Au cœur de cet<br />
ouvrage, l’oppression anti-LGBT qui fait directement écho à la transition du dessinateurx.<br />
Dans ce nouveau récit dystopique, vous retrouverez trois personnages en polyamour, Prin, le protagoniste<br />
principal, Axl, un hacker, et Molly, une couturière. Une BD affirmativement queer qui parle<br />
d’amour au sens large, de militantisme, de courage, de lutte et de réflexions. C’est parfois violent,<br />
mais doux aussi grâce à toute la poésie et l’humanité qu'abrite cet album. Si vous souhaitez vous<br />
immerger encore plus dans votre lecture, une playlist du livre est disponible sur Spotify.<br />
Last but not least, c’est la grande queen Wendy Delorme qui préface ce livre. Extrait : « Toi qui aimes à plusieurs<br />
et toi qui te retranches aux confins de ton cœur qui s’est souvent brûlé ; toi qui dis que l’amour est une fiction<br />
et toi qui penses qu’elle est la plus épique de toutes : rendez-vous dans ces pages. »<br />
© Steve Gullick<br />
BIG SIGH<br />
L’artiste anglaise d’alt rock Marika Hackman est de retour avec un nouvel album<br />
prévu le 12 <strong>janvier</strong> ! On a heureusement déjà trois excellents singles à se mettre<br />
sous la dent. No Caffeine parle des crises de panique et de l’anxiété ; Hanging est<br />
une réflexion sur les relations passées difficiles et sur la façon dont on peut se piéger<br />
soi-même dans une situation où l'on est incapable de passer à l'étape suivante<br />
de sa vie ; et pour finir, Slime parle de la destruction qui peut être causée lorsque<br />
vous vous mettez avec quelqu'un et qu'il y a d'autres facteurs en jeu. D’ailleurs on<br />
vous encourage fortement à filer voir le clip de Slime, la vibe c’est cotte de mailles,<br />
steamy wrestling en extérieur : la vie rêvée de toutes les lesbiches médiévales !<br />
On avait aussi adoré son album Any Human Friend en 2019, qui transpirait<br />
un sentiment de liberté sexuelle lesbienne. Vraiment, c’est l’album parfait<br />
pour toutes nos sœurs désespérément horny.<br />
© JC Lattès<br />
LA FEMME EN MOI<br />
Il nous semble d’utilité publique de vous parler du livre de Britney Spears, La femme<br />
en moi. En tout cas, d’une importance primordiale pour toute personne ayant grandi<br />
avec la Princess of Pop dans un coin du rétroviseur. De son enfance sur les plateaux<br />
télé du Mickey Mouse Club jusqu'à sa mise sous tutelle, en passant par les infidélités<br />
de Justin Timberlake, elle livre tout. Et pour la première fois, Britney Jean Spears<br />
peut enfin nous raconter son histoire, sans qu’elle soit déformée par les tabloïds.<br />
Son récit est un reflet cru de la célébrité telle qu’elle nous a été servie<br />
depuis notre enfance. On ressort de cette lecture secoué·e·x par la violence<br />
qui est infligée aux femmes dans l’industrie de la musique, on se<br />
questionne sur notre rapport à la célébrité et ce besoin avide d’avoir accès<br />
à la vie privée des personnes qu’on idolâtre. Finalement, on est aussi<br />
impressionné·e·x par la lucidité dont fait preuve Britney sur la façon dont<br />
elle a été traitée par sa famille et des résultats de cette situation. Enfin,<br />
on vous conseille l’audio book du livre, en anglais. Il est lu par l’incroyable<br />
Michelle Williams.<br />
VAGIN PIRATE CULTURE<br />
49
<strong>360°</strong> en mode after<br />
L'an de grâce <strong>2023</strong> se termine. Et avec lui l'aventure de ce <strong>magazine</strong>.<br />
Mais <strong>360°</strong> continuera à accompagner la vie LGBTIQ+ en Suisse romande<br />
sur le web et les réseaux, grâce à son agenda.<br />
© Alvaro Romero pour <strong>360°</strong> Fever<br />
Vous êtes déjà très nombreux·ses à le consulter. À<br />
l'approche du week-end, l'agenda en ligne de <strong>360°</strong><br />
enregistre chaque jour des centaines de connexions.<br />
Depuis 2021, cette plateforme a répertorié plus de<br />
2000 événements en Suisse romande.<br />
La bonne nouvelle, c'est que cet agenda va<br />
continuer à mettre en avant tout ce qui agite,<br />
palpite et crépite dans la communauté.<br />
Des grosses soirées house jusqu'aux guinguettes<br />
alterno en passant par le clubbing<br />
pointu et le cabaret drag, tous les dancefloors<br />
inclusifs y ont droit de cité. L'agenda<br />
met aussi à l'honneur les activités associatives,<br />
sportives, conviviales et les mobilisations<br />
de rue LGBTIQ+. Chaque semaine, vous<br />
pouvez également y découvrir une sélection<br />
culturelle affûtée sur les questions queer<br />
(danse, cinéma, théâtre, perfo, conférences,<br />
arts), parfois avec des places à gagner. Et<br />
parce que l'éclectisme, on aime, on n'oublie<br />
pas non plus les plans cruising !<br />
Notre ambition, c'est de vous inviter à sortir, à découvrir<br />
et à rencontrer! Pour mener à bien cette<br />
mission, nous avons besoin de vous. Faites-nous<br />
connaître ce qui se passe dans votre région, partagez<br />
avec nous vos coups de cœur et avertissez-nous<br />
quand vous ou votre association organisez un événement<br />
! Nous serons heureux·ses de leur donner<br />
de l'écho sur le site et sur nos réseaux sociaux.<br />
Pour ces fêtes de fin d'année, l'agenda de<br />
<strong>360°</strong> vous donnera un tour d'horizon complet<br />
des endroits où se réchauffer le cœur (avec<br />
ou sans vin chaud, raclette et karaokés de<br />
Wham!). Côté clubbing, à l'heure de mettre<br />
sous presse, on sait d'ores et déjà que le weekend<br />
de Noël sera animé par la soirée 36gr.<br />
(par nos sœurs de <strong>360°</strong> Fever) à la Gravière<br />
de Genève et par la Tolerdance à l'ISC de<br />
Berne. Dans la nuit du 24 au 25, la messe<br />
de minuit aura de la concurrence du côté<br />
du Jet Lag Club, au MAD de Lausanne, avec<br />
l'équipe des Bordello. À la Saint-Sylvestre,<br />
comme chaque année quand il n'y a pas un<br />
Covid pour nous gâcher la fête, le Flon sera le<br />
pôle d'attraction LGBTIQ+, avec du dancefloor<br />
en triple dose à la Bordello Happy New Year<br />
Après ça gueule de bois ? Même pas ! On remet<br />
ça le soir du 1 er <strong>janvier</strong>, au même endroit.<br />
D'expérience, on peut vous assurer que d'autres soirées<br />
vont se rajouter à la liste. Tout un éventail d'idées est à<br />
retrouver sur 360.ch.<br />
50<br />
CULTURE<br />
NOUVEL AN
DE LA<br />
RÉPUGNANCE<br />
À L'AMOUR<br />
Dans Rosalie, Stéphanie Di Giusto brosse le<br />
portrait d’un personnage qui, refusant d’être<br />
une bête de foire, assume et revendique sa<br />
différence. Une réussite. Par Edmée Cuttat<br />
© Trésor Films<br />
PUBLICITÉ<br />
Rosalie a un secret. Depuis sa naissance, cette jeune femme<br />
que l’on découvre dans la France de 1870, souffre d’hirsutisme. Dit<br />
prosaïquement, c’est une femme à barbe qui vit recluse avec son père.<br />
Il la rase tous les matins. Un jour, il décide de la donner en mariage à<br />
Abel, un cafetier criblé de dettes. Peu à peu la répugnance fait place<br />
à l’admiration et à l’amour pour cette femme qui refuse de devenir<br />
un phénomène de foire.<br />
Héroïne, on s’en souvient, du controversé Les Amandiers<br />
de Valeria Bruni-Tedeschi, Nadia Tereszkiewicz met son talent au<br />
service de Rosalie, l’affranchie aux allures d’icône queer, qui affirme<br />
sa féminité contre les diktats de l’époque. Renonçant désormais à<br />
se raser, elle se montre fièrement avec sa barbe bien fournie dans<br />
le bistrot d’Abel (excellent Benoît Magimel), contribuant par ailleurs<br />
largement aux finances du ménage après un pari réussi pour faire<br />
revenir les clients qui avaient déserté l’endroit.<br />
Émouvant et sensible, le film de Stéphanie Di Giusto (La<br />
danseuse) s'inspire de l'histoire vraie de Clémentine Delait (1865-<br />
1939), bistrotière des Vosges. « Quand j’ai vu son visage en croisant<br />
son histoire, je l’ai trouvé gracieux », remarque la réalisatrice, qui se<br />
défend d'avoir réalisé un biopic. « Je voulais explorer des sentiments<br />
à la fois violents et pudiques. il y a dans le couple qu’elle forme avec<br />
son mari quelque chose de fort qui transcende tout.»<br />
Avec Nadia Tereszkiewicz et Benoît Magimel.<br />
Sortie le 24 <strong>janvier</strong> dans les salles romandes<br />
CINÉMA<br />
CULTURE
SANDRINE CINA :<br />
« OPTIMISTE MALGRÉ UN MONDE CHAOTIQUE »<br />
© Eddy Mottaz, Le Temps<br />
Sandrine Cina est cofondatrice et directrice de l'association Be You<br />
Network, ainsi que de BØWIE, un programme pionnier qui soutient<br />
les créateur·ice·x·s queers et féministes dans les domaines sociaux,<br />
entrepreneuriaux et artistiques.<br />
PROPOS RECUEILLIS PAR TAL MADESTA<br />
MA VERTU QUEER PRÉFÉRÉE<br />
L'apprentissage de l'acceptation de soi et la célébration<br />
de l'unicité de chaque individu, en constante<br />
évolution au sein de notre communauté.<br />
LE PRINCIPAL TRAIT DE MON CARACTÈRE<br />
La curiosité et la soif de connaissances. Je suis toujours<br />
avide d'apprendre de nouvelles choses.<br />
MES HÉRO·ÏNE·X·S DANS LA VIE RÉELLE<br />
Toutes les personnes qui, à leur manière,<br />
luttent pour la justice et l'égalité.<br />
LES FAUTES QUI M’INSPIRENT<br />
LE PLUS D’INDULGENCE<br />
Les erreurs faites en apprenant et en grandissant.<br />
MES PEINTRES FAVORI·TE·X·S<br />
Les artistes de la BØWIE Gallery bien sûr!<br />
LES PERSONNAGES HISTORIQUES<br />
QUE JE MÉPRISE LE PLUS<br />
Ceux qui ont abusé de leur pouvoir pour opprimer<br />
les autres.<br />
MON PRINCIPAL DÉFAUT<br />
Parfois trop réticente à me montrer vulnérable...<br />
Mais j'essaie de m'améliorer !<br />
MON ÉTAT D’ESPRIT ACTUEL<br />
Optimiste malgré un monde chaotique. Je crois en<br />
notre capacité collective à trouver des solutions.<br />
MON OCCUPATION PRÉFÉRÉE<br />
Explorer les nouvelles technologies. Je suis fascinée<br />
par la façon dont elles ouvrent de nouvelles possibilités<br />
et amènent de nouveaux défis.<br />
LE DON DE LA NATURE QUE JE VOUDRAIS AVOIR<br />
Le pouvoir de garantir que les personnes que j'aime<br />
soient toujours pleinement safe et heureux·ses.<br />
POUR EN SAVOIR PLUS : WWW.BOWIECREATORS.COM<br />
52<br />
QUEER'STIONNAIRE DE PROUST
Les prochaines<br />
rencontres des groupes<br />
Groupe Trans*<br />
◗ Mercredi 13 <strong>décembre</strong> et mercredis 10 et 24 <strong>janvier</strong><br />
Groupe de rencontre et de discussion de 19h à 21h30<br />
au local de 360.<br />
◗ Vendredi 22 <strong>décembre</strong>, Fête de tous les groupes !<br />
Dès 19h au local<br />
◗ Infos, conseils et entretiens w :association360/trans<br />
e : trans@association360.ch, t : 078 322 34 60<br />
Pôle Familles LGBTQ+<br />
◗ Dimanche 10 <strong>décembre</strong>, Sortie Familles de 11h à 15h :<br />
Brunch et activités ! + d’info sur le lieu sur le site association360.ch<br />
◗ Infos, conseils et entretiens : association360.ch/homoparents,<br />
familleslgbtq@association360.ch, t : 079 236 03 58<br />
Groupe Tamalou<br />
◗ Vendredi 22 <strong>décembre</strong>, Fête de tous les groupes ! Dès 19h<br />
au local et mercredi 27 <strong>décembre</strong>, petit Noël des Tamalou<br />
et des Babayagas<br />
◗ Mardi 12 <strong>décembre</strong>, Soirée Fondue dès 19h à La Grappe<br />
d’Or, rue des Pâquis 19<br />
◗ Suivez le programme des Tamalou sur leur Facebook :<br />
https://www.facebook.com/groups/tamalou360 et sur<br />
association360.ch<br />
◗ Tous les mardis dès 17h30 : rencontre conviviale en ville !<br />
Pour intégrer le groupe WhatsApp : envoyer un courriel à<br />
andr.lauper@yahoo.com<br />
◗ Renseignements et inscription : t : 022 741 00 70<br />
Groupe les Babayagas<br />
◗ Mercredis 13 <strong>décembre</strong> dès 19h, Brunch canadien et<br />
rencontre mensuelle au local !<br />
◗ Jeudi 21 <strong>décembre</strong>, sortie Resto ! Vendredi 22 <strong>décembre</strong>,<br />
Fête de tous les groupes ! dès 19h au local et Mercredi 27<br />
<strong>décembre</strong>, Petit Noël des Tamalou et des Babayagas<br />
◗ Restez en contact avec les membres des Babayagas grâce<br />
à son groupe WhatsApp ! Pour participer, appeler Christine<br />
au + 41 79 544 94 30 ou adresser un courriel à babayagas@<br />
association360.ch<br />
◗ Infos, conseils et entretiens t : 079 544 94 30<br />
Groupe BiPan+<br />
◗ Vendredis 15 <strong>décembre</strong> & 19 <strong>janvier</strong> dès 20h, réunion conviviale<br />
mensuelle au local de 360 ! Vendredi 22 <strong>décembre</strong>,<br />
Fête de tous les groupes ! Dès 19h au local<br />
◗ Infos, conseils et entretiens<br />
e : bipanplus@association360.ch, t : 079 632 70 48<br />
LGBTIQ+ International Group<br />
◗ Vendredi 8 <strong>décembre</strong> de 19h à 23h30 :monthly pot-luck<br />
dinner – buffet canadien mensuel, dans nos locaux (Rue de<br />
la Navigation 36, 1201 Genève)<br />
◗ Vendredi 22 <strong>décembre</strong> : Fête de tous les groupes ! Dès 19h<br />
au local de 360<br />
◗ Plus d’infos : 079 773 60 08<br />
En <strong>2024</strong>, la coti c’est toujours la vie ! Soutenez<br />
l’association 360 : cotisation annuelle de CHF 55.- ou 100.-<br />
pour les couples ! IBAN CH50 0900 0000 1759 6500 6<br />
Service Juridique<br />
Je 9h – 13h et 14h – 18h<br />
Ve 9h – 13h<br />
« Uniquement sur<br />
rendez-vous »<br />
juri@360.ch<br />
022 731 42 13<br />
Permanence Trans<br />
au 078 322 34 60<br />
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CONTACT<br />
Emmanuelle Anex<br />
extrascolaire@vogay.ch<br />
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L’ORACLE DU MOIS<br />
LE POLITIQUE DEUIL BIEN DE TEMPÉRÉ QUALITÉ<br />
Gouverner un pays efficacement en s’appuyant sur des bases solides.<br />
Si tu te prends un train, est-ce<br />
qu’après t’as un locommotion?<br />
DU 1 AU 9 DÉCEMBRE<br />
DU 1 e AU 9<br />
22<br />
Le choc OCTOBRE<br />
Paternalisme<br />
juillet<br />
Voilà : elle est tombée bien tempéré. cette sale nouvelle.<br />
On Surtout s’y attendait que rien un ne peu, change mais - gouverné quant à être<br />
prêt, sous on la casquette est loin du de compte la tradition, ! un pays<br />
On reste stable juste sonné, et sa politique groggy, efficacement<br />
ko, flagada,<br />
rétamé, protégée anéanti… des influences novatrices<br />
et par trop idéalistes.<br />
DU 10 AU 16 DÉCEMBRE<br />
La DU tristesse 10 AU 16 OCTOBRE<br />
On Information a besoin subtilement de chaleur. anxiogène.<br />
Il Afin faut de des garder bras la amis, population des heures dans d’écoute, une<br />
des dynamique bols de de chocolat groupe fumant maîtrisable, ou<br />
de distiller grandes à intervalles rasades de réguliers whisky. des marches<br />
Dans à suivre tous opaques les cas, permet un endroit de garder moëlleux sous<br />
où contrôle se recroqueviller tout mouvement pour que de rébellion ça passe…<br />
inopportun.<br />
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DU 17 AU 24 DÉCEMBRE<br />
L’acceptation 6<br />
On DU prend 17 AU le temps 23 OCTOBRE<br />
mai de songer à tous<br />
les Esprit moments de clocher passés progressiste.<br />
: l’aventure a été<br />
jalonnée Les débats de dans rencontres, l’hémicycle remplie fleurent<br />
de bon découvertes, les valeurs et pavée le bon d’apprentissages sens terriens. et<br />
parsemée La campagne de désillusions.<br />
intime aux développements<br />
A de force société d’expériences, un rythme de elle croisière s’est qui<br />
inexorablement permet d’atténuer gravée aisément dans les cœur. urgences.<br />
DU 25 AU 31 DÉCEMBRE<br />
La reconstruction<br />
DU On n’imaginait 24 AU 31 pas OCTOBRE<br />
à quel point<br />
L’immobilisme cette expérience dynamique. nous aura rempli<br />
Lorsque de sagesse. la situation politique devient brûlante<br />
et A l’heure nauséabonde, tourner s’attabler la page, résolument on se sent autour<br />
d’un rempli plat d’un national appétit communautaire tout neuf et bien fait aiguisé. fondre<br />
toutes les dissensions dans la bonne humeur.<br />
La Gare fondue à toi <strong>2024</strong>, est l’opium on va du te peuple. bouffer toute crue !
Horoscope<br />
En cette aussi pétaradante que philosophiquement<br />
nocturne saison des<br />
Sagittaires, quelle lumière de Yule,<br />
ancêtre païenne de Noël, seras - tu<br />
pour éclairer ta route et passer l’hiver ?<br />
Par AstrAl<br />
SAGITTAIRE<br />
23 NOV – 22 DÉC<br />
Ta chanson du mois :<br />
L’instant X, Mylène Farmer<br />
Sagittaire, tu flamboies comme les phares d’une voiture<br />
sur une route enneigée. Mars est dans ton signe et<br />
te donne l’aisance de foncer et virevolter là où d’autres<br />
s'enlisent peut - être un peu. Cultive ta belle énergie<br />
en faisant attention cependant à ne pas polluer ce<br />
qui demande calme et silence. Et gare aux dérapages<br />
avinés ! À Yule : vocifère des mots doux sur tous les<br />
potagers que tu croiseras.<br />
CAPRICORNE<br />
22 DÉC – 20 JAN<br />
Ta chanson du mois :<br />
Yule, Lisa Thiel<br />
Capricorne, ta lueur approchera <strong>décembre</strong> comme<br />
l’étoile qui commence à se consumer. Ta flamme<br />
intérieure te semblera aussi lointaine que capable<br />
d’adoucir toutes les obscurités autour de toi, et<br />
ton feu glacial saura embraser ton monde discrètement.<br />
Tu es lae chevalier·ère·x infatigable du rêve<br />
et de l’amour. (Mais pète quand même un coup.)<br />
À Yule : fabrique un abri à oiseaux et susurres - y<br />
ta plus grande vérité.<br />
VERSEAU<br />
21 JAN – 18 FÉV<br />
POISSONS<br />
19 FÉV – 20 MARS<br />
Collages : Amina Belkasmi<br />
Ta chanson du mois :<br />
Last Christmas,<br />
Taylor Swift<br />
Verseau, tu es la lumière du<br />
traineau du Papa Noël. Toimême,<br />
au milieu de toutes<br />
ces odeurs de vin chaud<br />
et d’échos de Mariah Carey,<br />
tu ne sais plus très bien<br />
si tu existes ou pas,<br />
ou dans quel metaverse.<br />
Malgré ton étourdissement<br />
tu sais une chose :<br />
tu pratiques la magie<br />
de l’amitié mieux que<br />
personne. Si tu l’avais<br />
égarée, le moment est<br />
venu de la pratiquer à<br />
nouveau. À Yule : abreuve<br />
tes ami·e·x·s de ta meilleure<br />
potion.<br />
Ta chanson du mois :<br />
I Ride the Last Sunrise,<br />
Abraham<br />
Poissons, tu éclaires<br />
comme une lanterne se<br />
balançant sur le pont<br />
d’un bateau dans la nuit.<br />
Tu n’avances pas sans<br />
but, tu te sens attiré·e·x<br />
vers un horizon plus<br />
grand que toi, même si<br />
tu n’es pas encore sûr·e·x<br />
d’où tu arriveras. Tu braves<br />
au mieux les vagues et<br />
tempêtes, aussi fragile<br />
qu’agile, gardant ta<br />
communauté embarquée<br />
avec toi. Tu es un peu<br />
salé·e·x, aussi...irrité·e·x ? :)<br />
À Yule : Transforme<br />
l’eau en sucre.<br />
60 HOROSCOPE LA TÊTE DANS LES ÉTOILES
BÉLIER<br />
21 MARS – 20 AVRIL<br />
TAUREAU<br />
21 AVRIL – 20 MAI<br />
GÉMEAUX<br />
21 MAI – 21 JUIN<br />
CANCER<br />
22 JUIN – 22 JUIL<br />
Ta chanson du mois :<br />
Yule Shoot Your Eye Out,<br />
Fall Out Boy<br />
Bélier, tu es la lumière<br />
au bout de la cigarette.<br />
Éclat chaud et nerveux<br />
qui se rapproche de la<br />
bouche (le mot qui tue<br />
jamais loin, donc), tu<br />
manques de calme mais<br />
trépigne de détermination.<br />
On te verra un peu<br />
partout et nulle part,<br />
dispersant ta sexyness,<br />
ta philosophie et tes<br />
business plans sur tous<br />
les marchés de Noël.<br />
À Yule : Fais un feu pour<br />
y jeter toutes tes colères,<br />
et garde un charbon en<br />
porte - bonheur.<br />
Ta chanson du mois :<br />
White Is In the Winter Night,<br />
Enya<br />
Taureau, tu luis la nuit<br />
dans la forêt humide<br />
comme l’Omphalotus<br />
Nidiformis. Tel ce champignon<br />
aux corolle bioluminescentes,<br />
tu te déploies<br />
entre mystères cachés<br />
et harmonie réglée comme<br />
une horloge, tiraillé·e·x<br />
entre tes secrètes sombritudes<br />
et tes volutes<br />
charmantes et érudites.<br />
Trouveras - tu ton équilibre<br />
dans les encyclopédies<br />
ou dans les sorcelleries<br />
nocturnes ? :) À Yule :<br />
Pleure de rire pour tout<br />
le village.<br />
Ta chanson du mois :<br />
Golden Green,<br />
Agnes Obel<br />
Gémeaux, tu es la lumière<br />
de la bougie. Tu te sens<br />
d’humeur et d’amour<br />
à inviter à l’intimité et<br />
à la longévité. Tu pourrais<br />
aussi bien être la chandelle<br />
mélodieuse à la<br />
table des amoureux·ses<br />
que le cierge aux promesses<br />
divines et<br />
durables. Mais attention<br />
à ne pas te faire souffler<br />
dessus – ou pire, à te<br />
souffler dessus<br />
toi - même ! À Yule :<br />
récolte des secrets que<br />
tu emporteras dans ta<br />
tombe, et fais-toi jouir !<br />
Ta chanson du mois :<br />
Sleigh Ride,<br />
The Ronettes<br />
Cancer, tu reflètes les<br />
lueurs avec douceur<br />
et pétillance comme une<br />
coupette de champagne.<br />
Tu auras envie de faire les<br />
langues se délier, notamment<br />
lors de la nouvelle<br />
lune, et tu pourrais bien<br />
savoir t’y prendre tout en<br />
sourire, en méthode et<br />
en espièglerie. Ou... gaffer<br />
totalement. Seduction<br />
Bows Factory serait le<br />
titre de ton Christmas<br />
Movie. À Yule : Exagères<br />
complètement, ou érige<br />
un bonhomme de neige<br />
à ton nom.<br />
LION<br />
23 JUIL – 22 AOÛT<br />
VIERGE<br />
23 AOÛ – 22 SEP<br />
BALANCE<br />
23 SEP – 22 OCT<br />
SCORPION<br />
23 OCT – 22 NOV<br />
Ta chanson du mois :<br />
Santa Claus Is Coming to<br />
Town, Mariah Carey<br />
Lion, tu clignotes telle<br />
une enseigne lumineuse<br />
colorée. Tu risques de<br />
glisser comme une luge<br />
à grelots du mode<br />
pleine - action au mode<br />
veille - et-confessions<br />
sans transition. En tous<br />
les cas, tu auras l’envie<br />
et l’aura du spectacle,<br />
et tu ne te sentiras pas<br />
là pour trier des noix.<br />
Tu as des choses à<br />
faire et à dire, et tu vas<br />
nous le faire savoir !<br />
Et il se pourrait bien que<br />
nous, on achète ! À Yule :<br />
pactise.<br />
Ta chanson du mois :<br />
I Want a Hippopotamus for<br />
Christmas, Gayla Peevey<br />
Vierge, tu réchauffes<br />
et concoctes comme la<br />
lueur du fourneau. Ton<br />
charisme en ce début<br />
d’hiver sera aussi bombé,<br />
croustillant, riche et doré<br />
qu’un pain aux figues encore<br />
chaud... pour celleux<br />
qui sauront accéder à tes<br />
faveurs. Attention à ne<br />
pas remuer tes douces<br />
potions de convivialité un<br />
peu sélective en soupes<br />
à la grimace. À Yule :<br />
sème les graines de tes<br />
confidences aux jardins<br />
et aux cœurs les plus<br />
fertiles.<br />
Ta chanson du mois :<br />
The Solstice Carole,<br />
Saffie<br />
Balance, ta lumière<br />
s’aperçoit comme on<br />
fantasme un feu follet.<br />
Tel un folklore qui se<br />
raconte aux coins des<br />
feux, porté par le vent<br />
au-dessus des marais,<br />
tu te dissipes, disperses,<br />
transformes, à la fois<br />
familier·ère·x et étrange.<br />
Tu as la possibilité de<br />
jouer avec tes mots et<br />
secrets pour façonner<br />
une ambiance réconfortante,<br />
ou alors disparaître<br />
en laissant planer l’inquiétude.<br />
Alors ? À Yule :<br />
déniche les fantômes.<br />
Ta chanson du mois :<br />
The Feast of Krampus,<br />
S. J. Tucker<br />
Scorpion, tu es la lueur<br />
discrète et ardente des<br />
braises. Tu crépites entre<br />
plaisirs et rancœurs, un<br />
peu fatigué·e·x après<br />
ta saison, mais encore<br />
plein·e·x d’exaltation. Tu te<br />
verrais bien parfois<br />
remuer une soupe à la<br />
grimace en ricanant avec<br />
les Vierges, mais je te<br />
suggère d’amplifier<br />
ta puissance en soufflant<br />
des mots vrais et doux<br />
sur les braises de ton cœur<br />
et des autres. À Yule :<br />
prépare la plus belle<br />
des tables.<br />
LA TÊTE DANS LES ÉTOILES<br />
HOROSCOPE<br />
61
IL<br />
ÉTAIT<br />
UNE<br />
FOIS<br />
...<br />
AU COMMENCEMENT ÉTAIT LA FIN ET LA FIN<br />
ÉTAIT AUPRÈS DU COMMENCEMENT. ET LA FIN<br />
ÉTAIT LE COMMENCEMENT. IL ÉTAIT UNE FOIS...<br />
PAR GRETA GRATOS<br />
Une certaine tristesse, lorsqu'un navire rentre au port<br />
après un dernier voyage, abaissant définitivement<br />
ses voiles. Assise sur la berge, je contemple la mer,<br />
repense à toutes les traversées de ses équipages au<br />
fil des années. Avec nostalgie ? Un peu, j'avoue. Une<br />
nostalgie douce, de marraine ayant assisté à tant de<br />
naissances, accompagné les derniers souffles de<br />
certain·e·x·s de ses filleul·e·x·s, à l'instar du regretté<br />
squat des Brigittes aux robes éponge et soirées<br />
copines, dont les levers du jour au jardin resteront<br />
précieusement inscrits dans ma mémoire.<br />
Tout comme leur désir d'alors, exprimé lors d'une de<br />
nos rencontres, de se lancer en une Pride sauvage,<br />
à la fraîche, sans solliciter d'autorisation, juchées<br />
sur un tracteur pour parcourir follement les rues de<br />
la Cité, munies de confettis. Serais-je partante pour<br />
les accueillir avec une fête triomphale à leur arrivée<br />
à L'Usine ? Ma part sauvage exultait à cette idée. Le<br />
temps passant, au fil des réunions, d'autres directions<br />
se sont dessinées et la première Pride romande a pris<br />
62<br />
de l'ampleur, perdant certes un peu de spontanéité<br />
mais gagnant en organisation et visibilité. Dans son<br />
sillage est née une association et, au cœur de celle-ci,<br />
une publication qui fait ici sa dernière apparition.<br />
Alors, nostalgie ? Tristesse ? Un peu, oui. Mais aussi<br />
la conscience (la consolation ?) que cette fin n'éclipse<br />
en rien tout ce que l'engagement des un·e·x·s et des<br />
autres, tout au long de cette aventure, a fait émerger,<br />
labourant, fertilisant des terres en friches, les ensemençant<br />
de graines bricolées avec soin pour y faire<br />
naître jardins improbables, nouvelles promenades,<br />
haltes et gîtes accueillant·e·s pour tous·tes·x. Ici, ces<br />
derniers mots posés en hommage à tous·tes·x celleux<br />
qui, contre vents et marées, ont élaboré, construit,<br />
élaboreront et construiront encore avec élan et<br />
conviction, pour conjurer des cieux de moins en moins<br />
cléments, les chemins de traverse qui manquent à<br />
nos paysages et dont nous avons tant besoin. Que<br />
mes fées se penchent sur leur berceau et leur offrent<br />
grâce, force et courage. Avec tout mon amour.<br />
LE MOT DE LA FIN<br />
FRAGRANCES