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360° magazine / décembre 2023-janvier 2024

Numéro 228

Numéro 228

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<strong>360°</strong> N˚228<br />

Dec 23-Jan 24


Rédaction en chef<br />

Robin Corminboeuf<br />

robin.corminboeuf@360.ch<br />

Rédaction textes<br />

AstralAl, Aline Alzetta-Tatone,<br />

Nina Beuret, Camille Béziane,<br />

Robin Corminboeuf, Edmée Cuttat,<br />

Aymeric Dallinge, Laure Dasinieres,<br />

Arnaud Gallay, Princesse GenderFuck,<br />

Greta Gratos, Pauline Guex, Dr. Hazbi,<br />

Tal Madesta, Ferdinando Miranda,<br />

Monokini, Payot, Vagin Pirate,<br />

Guillaume Renevey, Léon Salin<br />

Photo<br />

@saturn_meown, Jules Faure,<br />

Trésor Films, Elyssa Fleur,<br />

GG11HK, Steve Gullick,<br />

JC LattèsTsai Ming-Liang,<br />

Eddy Mottaz/Le Temps,<br />

Charlotte Passera,<br />

Alvaro Romero/<strong>360°</strong> Fever,<br />

Sidonie Ronfard, France TV Slash,<br />

Nicolas Valois<br />

Illustration<br />

Tsai Ming-Liang, Amina Belkasmi,<br />

Balmer Hählen, Monokini<br />

Couverture<br />

Design : Balmer Hählen<br />

Corrections<br />

Robin Corminboeuf<br />

Arnaud Gallay<br />

Graphisme<br />

Balmer Hählen<br />

Typographies<br />

Newglyph, Swiss Typefaces,<br />

Optimo<br />

Publicité<br />

Philippe Scandolera<br />

pub@360.ch<br />

Christina Kipshoven<br />

christina@mannschaft.com<br />

Abonnement<br />

abo@360.ch<br />

Expédition<br />

André, Laurentiù, Giovanni et Jérôme<br />

Éditeur<br />

Association Presse 360<br />

Impression<br />

Appi, Gland<br />

360 <br />

36, rue de la Navigation<br />

CP 2217 - CH-1211 Genève 2<br />

Tél. 022 741 00 70<br />

<strong>magazine</strong>_360<br />

<strong>magazine</strong>_360<br />

<strong>magazine</strong>360lgbt<br />

Sommaire N°228<br />

OUVERTURE<br />

Édito<br />

Un dernier tour et puis s’en va<br />

p. 7<br />

News<br />

L’aQtu<br />

p. 8<br />

25 ans<br />

Guillaume Renevey<br />

p. 10 - 11<br />

SOCIÉTÉ<br />

Savoirs<br />

LieuX<br />

p. 12 - 13<br />

VIH<br />

Sérophobie<br />

p. 14 - 17<br />

Chroniques<br />

Dr. Hazbi et Princesse GenderFuck<br />

p. 18<br />

Noël<br />

Idées cadeaux<br />

p. 21 - 22<br />

CULTURE<br />

Livres<br />

Ouvrages queer<br />

p. 25 - 26<br />

Chroniques<br />

Léon Salin et Dr·e Goudou<br />

p. 28<br />

Théâtre<br />

Nicolas Maury<br />

p. 30 - 34<br />

Drag<br />

Elyssa Fleur<br />

p. 36 - 40<br />

Cinema<br />

Black Movie<br />

p. 43 - 44<br />

Chronique<br />

Aymeric Dallinge<br />

p. 46<br />

Vagin Pirate<br />

Les pépites de <strong>décembre</strong> et <strong>janvier</strong><br />

p. 48 - 49<br />

Soirées<br />

Agenda<br />

p. 50<br />

Cinéma<br />

Rosalie<br />

p. 51<br />

CLÔTURE<br />

Queer’stionnaire de Proust<br />

Sandrine Cina<br />

p. 52<br />

Noël<br />

La Boule<br />

p. 55 - 56<br />

L’oracul du mois<br />

Le deuil bien tempéré<br />

p. 58<br />

Horoscope<br />

La tête dans les étoiles<br />

p. 60 - 61<br />

Le mot de la fin<br />

Greta Gratos<br />

p. 62<br />

TOUTE REPRODUCTION EST STRICTEMENT<br />

INTERDITE POUR TOUS LES PAYS, SAUF AU-<br />

TORISATION ÉCRITE DE 360 .<br />

DES EXEMPLAIRES VOUS SONT OFFERTS<br />

DANS TOUS LES LIEUX PARTENAIRES<br />

LGBTIQ+ ET FRIENDLY DE SUISSE ROMANDE.<br />

360 EST UN MAGAZINE INDÉPENDANT<br />

DONT LE CONTENU RÉDACTIONNEL NE<br />

REFLÈTE PAS NÉCESSAIREMENT LES POSI-<br />

TIONS DE L’ASSOCIATION 360.


UN DERNIER<br />

TOUR ET<br />

PUIS S’EN VA<br />

PAR ROBIN CORMINBOEUF<br />

RÉDACTEUR EN CHEF<br />

C’est le cœur lourd que j’écris ces mots : après 25 ans<br />

de présence sur la scène helvétique, <strong>360°</strong> tire aujourd’hui<br />

sa révérence. Il n’y aura donc plus de presse<br />

écrite pour documenter les vies LGBTIQ+ romandes.<br />

De manière générale, elle est bien morose<br />

la météo médiatique suisse. Les grands<br />

groupes suppriment des postes à tour de<br />

bras, la chasse aux profits passe avant l’information<br />

de qualité et les conditions de<br />

travail dignes, les recettes publicitaires<br />

– source de la quasi-totalité de nos revenus –<br />

s’érodent implacablement au profit des<br />

géants du web. Conjugué à la hausse des<br />

coûts de production et de diffusion et à<br />

la disparition de nombreux annonceurs,<br />

l'équipe du <strong>magazine</strong> à dû se rendre à<br />

l'évidence : faire un dernier tour avant de<br />

s’en aller.<br />

Plus que jamais, il semble pourtant capital de rendre<br />

compte de la pluralité des réalités LGBTIQ+, de la<br />

beauté de ces vécus parfois difficiles, parfois heureux,<br />

de poursuivre ce lieu de rencontre mensuel pour<br />

célébrer, interroger, mettre en lumière.<br />

Mais je ne veux pas faire de ce moment un moment<br />

triste. Déjà parce qu’une petite partie de<br />

l’ADN <strong>360°</strong> va survivre à travers son site web<br />

et son agenda digital qui, eux, ne s’arrêtent<br />

pas (lire en p.50). Et aussi parce la couverture<br />

de cette ultime édition le dit : ce n’est pas un<br />

ÉDITO<br />

fond noir, funeste que nous offrons, c’est<br />

une célébration, une page blanche.<br />

La célébration, c’est les 25 ans de vie d’un <strong>magazine</strong><br />

associatif qui a su tenir son cap. C’est se souvenir<br />

avec Philippe – l’homme de l’ombre qui a œuvré durant<br />

un quart de siècle pour qu’existent ces pages<br />

– de ces rencontres : ces centaines de personnes qui<br />

ont collaboré au <strong>magazine</strong>. Mettre le pied à l’étrier<br />

à de jeunes pigistes, photographes, graphistes, découvrir<br />

des talents et les voir évoluer, voilà l’une des<br />

grandes victoires de ce titre.<br />

La page blanche, c’est parce que cette fin<br />

n’est peut-être que le début de quelque<br />

chose d’autre. Comme une invitation pour<br />

que s’y rencontrent des énergies nouvelles<br />

prêtes à relever le défi : documenter les vies<br />

LGBTIQ+ romandes. L’avenir nous le dira. Si<br />

tel est le cas, quelques mots jetés ici pour<br />

vous guider : irrévérence, (im)pertinence,<br />

mais surtout rassembler !<br />

Pour l’instant, le temps est à la gratitude envers<br />

toutes les personnes qui, de près ou de loin, ont donné<br />

du temps, de l’énergie, de l’encre, des phrases,<br />

des pixels, de l’argent à ce titre. Vous êtes tous·tes·x<br />

ici remercié·e·x·s, célébré·e·x·s. Et avant que l’aventure<br />

ne prenne fin, souvenons-nous une dernière<br />

fois de la longévité exceptionnelle et de la riche vie<br />

de ce titre, même si, 1998 - <strong>2023</strong>, le <strong>magazine</strong> <strong>360°</strong><br />

n’est plus.<br />

7


L’AQTU<br />

© GG11HK<br />

BÉNITIERS<br />

INCLUSIFS<br />

Cela fera une belle jambe à beaucoup, mais pour<br />

d'autres c'est un pas dans la bonne direction. Le<br />

Vatican va permettre aux enfants des couples de<br />

même sexe et aux personnes trans* de se faire<br />

baptiser. Une clarification en ce sens a été faite<br />

par le Dicastère pour la Doctrine de la foi, et approuvée<br />

par le pape François – à la condition que<br />

cela n'engendre pas de « scandale public ». Pourrat-on<br />

ainsi voir des couples d'hommes et de femmes<br />

reconnus comme parents à l'église ? Oui, tant qu'il<br />

y a « un espoir fondé » que l'enfant soit éduqué·e·x<br />

dans la religion catholique, a ajouté le Saint-Siège.<br />

JEUX SANS<br />

SOUFFLE<br />

Les Gay Games ont réuni seulement 2300 participant·e·x<br />

à Hongkong, début novembre. La métropole<br />

avait été choisie pour accueillir l'événement sportif<br />

LGBTIQ+ en 2017, dans un tout autre climat, avant le<br />

Covid qui a bouclé la ville jusqu'à récemment. Avant,<br />

surtout, que Pékin réduise les libertés publiques, y<br />

compris l'activisme LGBTIQ+, dans l'ancienne colonie<br />

britannique. Résultat : des Jeux presque totalement<br />

relégués dans des espaces privés. « Ça fait<br />

un peu bar clandestin », a soupiré une participante<br />

australienne au micro de la BBC.<br />

8 NEWS<br />

RÉPARATION<br />

TARDIVE<br />

Il avait fallu attendre 2002 en Autriche pour que<br />

les personnes gaies et lesbiennes cessent d'être<br />

discriminées au niveau pénal ou policier. Dans les<br />

années 1990, elles étaient encore visées par une<br />

loi contre la fornication, par des dispositions spéciales<br />

anti-prostitution ou encore par un âge de la<br />

majorité sexuelle différencié. Les victimes de ces<br />

lois injustes peuvent désormais prétendre à une<br />

indemnisation, a proposé le gouvernement le mois<br />

dernier : jusqu'à 3000 euros, et 1500 euros supplémentaires<br />

par année d'emprisonnement.<br />

LE DÉLIRE DU MOIS<br />

RECALÉ·E·X·S<br />

À L'ORAL<br />

L'Université Humboldt de Berlin a été priée de<br />

répondre à une étonnante requête émanant<br />

d'une association estudiantine. Les Alcooliques<br />

autonomes avaient demandé que les toilettes<br />

d'un des bâtiments soient dotées de glory holes,<br />

d'appuie-genoux et de variateurs de lumière. Il<br />

s'est quand même trouvé un tiers des élu·e·x·s du<br />

parlement étudiant pour soutenir cette motion<br />

un peu potache. L'Uni d'Augsbourg avait reçu la<br />

même demande le mois dernier, avec pour argument<br />

d'« améliorer la participation des étudiants<br />

queer et de favoriser la relaxation ».<br />

MYTHO<br />

MYTHIQUE<br />

On le regrette déjà. George Santos, une des figures<br />

gay les plus flamboyantes de la politique US, a annoncé<br />

qu'il ne se représenterait pas aux élections<br />

de <strong>2024</strong>. Poursuivi dans plusieurs affaires louches<br />

et moqué pour son CV fantaisiste, l'élu républicain<br />

a, de surcroît, dilapidé ses fonds de campagne en<br />

achats personnels (séjours de vacances, shopping<br />

de luxe, botox et même un abo à OnyFans), a découvert<br />

le mois dernier le Comité d'éthique de la<br />

Chambre des représentants.


L’ARCHIVE DE<br />

MA GÉNÉRATION<br />

À L’OCCASION DES 25 ANS<br />

DE 360 • , NOUS DONNONS<br />

LA PAROLE AUX PERSONNES<br />

QUI ONT OCCUPÉ LE POSTE<br />

DE RÉDAC’CHEF. POUR<br />

CETTE DERNIÈRE CONTRIBU-<br />

TION, GUILLAUME RENEVEY<br />

FAIT PARVENIR SA LETTRE<br />

D’ADIEU AU MAGAZINE.<br />

Cette fois-ci, c’est sûr! C’est la dernière<br />

fois que j’écris dans tes chaleureuses<br />

pages de papier glacé. Tes 25 ans<br />

étaient déjà une belle occasion de nous<br />

retrouver, une dernière fois. Ton évanescence<br />

rend ces modestes lignes indispensables,<br />

pour moi.<br />

Car tu es, toi le <strong>magazine</strong> 360 • ,<br />

mon plus fidèle compagnon. Celui<br />

qui a toujours été à mes côtés,<br />

à nos côtés; confident de mes<br />

réflexions et spectateur de mes<br />

combats partagés avec nos communautés.<br />

Tu as été mon safe space,<br />

mon producteur de modèles (big up à<br />

mes prédécesseureuses*), un magnifique<br />

outil d’expression qui m’a<br />

été offert au prix d’un travail<br />

acharné, mais tellement gratifiant.<br />

Tu as mis sur mon chemin des<br />

personnes avec qui j’ai pu faire<br />

famille, tu sais, ces familles que<br />

l’on choisit. Tu as été mon outil<br />

d’émancipation, mon créateur d’opportunités,<br />

ma forteresse, comme<br />

ce fut le cas pour tant d’autres.<br />

JE ME SOUVIENS<br />

Il y a 25 ans, la puberté aidant, je me<br />

découvrais. J’étais alors à l’école secondaire<br />

dans la banlieue de Montréal.<br />

J’apprenais à m’engager, mais j’apprenais<br />

aussi la violence du milieu scolaire pour<br />

les personnes comme nous. Je me souviens<br />

de cet ami, qui a vaincu un enfer au tribunal<br />

de la cour de récréation et pour<br />

qui j’aurais aimé être plus présent. Je<br />

me souviens aussi, une année plus tard,<br />

lorsque j’ai emménagé dans la métropole,<br />

à quel point la ville représentait à mes<br />

yeux l’immensité des possibles. Je me souviens<br />

du Village gai, de ses bars, de ses<br />

drag queens et de ses <strong>magazine</strong>s. Je me<br />

souviens de ces profs qui m’ont accompagné,<br />

à grand renfort de littérature signée<br />

Michel Tremblay.<br />

Mon coming-out appartient à ton<br />

quart de siècle. Je criais alors<br />

à mon monde entier qui j’étais,<br />

en commençant à travailler dans<br />

un magasin ouvertement LGBT de la<br />

rue Sainte-Catherine. Mon besoin<br />

d’exister, de défendre mon identité<br />

et celle des autres, a toujours<br />

été un moteur. Je sais que c’est<br />

le tien aussi. Nous nous sommes<br />

trouvés sur ce chemin.<br />

Dès mon retour en Suisse, tes deux sœurs<br />

et toi, avez été d’extraordinaires adelphes.<br />

Je tiens ici à remercier toutes les<br />

personnes qui t’ont fait et à qui, tu le<br />

comprends peut-être maintenant, je dois<br />

aussi beaucoup.<br />

J’ai toujours pensé que la langue<br />

de l’intimité était un outil puis-<br />

ANNIVERSAIRE<br />

25 ANS


sant pour faire passer des idées. Tu<br />

le sais sans doute, toi qui dans ton<br />

petit format as su si bien te frayer<br />

un chemin dans les foyers. Combien<br />

de personnes magnifiques as-tu mises<br />

en lumière? Combien de combats astu<br />

menés, toi qui es un observateur<br />

privilégié de toute une génération?<br />

Comment aurions-nous pu animer tant<br />

de débats sans toi? Combien de personnes<br />

as-tu réconfortées? Qui sera,<br />

après toi, le lieu d’expression de<br />

la convergence des luttes?<br />

PUBLICITÉ<br />

TOI & MOI<br />

J’ai parfois l’impression que mon identité<br />

se fond dans la tienne. Après tout,<br />

pour certaines personnes, je suis encore<br />

«le mec» du <strong>magazine</strong> 360 • . Je suis fier<br />

de t’appartenir. De ce mariage d’amour,<br />

que nous avons construit avec une équipe<br />

magnifique durant un temps, je garde une<br />

sensation: celle de la joie que procure<br />

l’ouverture aux autres, à tous les autres.<br />

Pour toi, je continuerai, sans rien<br />

céder, à être le spectateur de ce<br />

monde où la place pour les idées<br />

progressistes s’amenuise dans le<br />

même mouvement décadent que les<br />

ressources planétaires. Comme toi<br />

– en toute humilité – j’essayerai<br />

de rester une personne vers qui<br />

l’on peut se tourner. Puisque tu<br />

es là, partout, à 360 degrés, avec<br />

toi, je continuerai à communiquer<br />

avec ces réactionnaires si petits<br />

pour notre vaste monde. Tu m’as<br />

appris à être fort. J’espère que<br />

tu es fier de moi.<br />

Le monde dans lequel tu es né n’est plus<br />

le même. Ton corps de papier n’a plus la<br />

cote, mais qu’importe. Ton ambition était<br />

de changer le système et j’ai envie de<br />

dire que tu y as contribué. J’ai envie<br />

de dire que tu as vaillamment résisté. Je<br />

suis fier de toi.<br />

Pendant 25 ans, tu nous as, bien<br />

au-delà de l’acronyme LGBTIQ+,<br />

toutes et tous rassemblé·e·x·s.<br />

Tu fais partie de l’histoire, car<br />

tu étais là pour l’écrire, pour la<br />

raconter. Mais sache-le, un journal<br />

ne meurt jamais! Bientôt, c’est<br />

vrai, tu t’évanouiras. Tu céderas<br />

ta place à «autre chose». Ce sera<br />

sans doute bien. J’ai envie d’y<br />

croire. Ce que tu m’as appris aussi,<br />

c’est l’espoir.<br />

25 ANS ANNIVERSAIRE<br />

11


PLONGÉE<br />

DANS LES LIEUX<br />

DE L’INTIME<br />

Pour sa nouvelle exposition, le Centre Maurice Chalumeau en<br />

sciences des sexualités de l’Université de Genève a invité des étudiant·e·x·s<br />

à explorer les dimensions géographiques du désir. Un «projet<br />

laboratoire» à découvrir cet hiver. Par Ferdinando Miranda et Pauline Guex<br />

Chambre, cuisine, école, discothèque, réseaux sociaux,<br />

salle de sport, parc, salle de bains : comment<br />

ces lieux sont-ils investis par nos représentations,<br />

fantasmes et expériences en matière de sexualités?<br />

Dix-huit étudiant·e·x·s du Master en développement<br />

territorial (MDT) de l’Université de Genève (UNIGE)<br />

et de la HES-SO ont travaillé sur cette question, à<br />

partir de la riche collection érotique et pornographique<br />

de revues et de livres du Centre Maurice<br />

Chalumeau en sciences des sexualités de l’Université<br />

de Genève (CMCSS). Dans ce corpus, nous trouvons<br />

notamment les <strong>magazine</strong>s Playboy et Gai Pied,<br />

des numéros du <strong>magazine</strong> <strong>360°</strong> dont l’ensemble des<br />

publications fait désormais partie des collections<br />

du CMCSS, ou encore des livres d’architecture.<br />

Le fruit de ces recherches s’intitule LieuX<br />

et se déploie sous la forme d’une exposition déambulatoire.<br />

Représentant les différents lieux et espaces<br />

traversés au cours d’une journée-type, le dispositif<br />

mêle plans, calques, périodiques érotiques et<br />

images pornographiques en lien avec les différents<br />

espaces choisis. Cette exposition fait suite à un<br />

cours-atelier donné durant l’été <strong>2023</strong>, durant lequel<br />

les étudiant·e·x·s – futur·e·x·s urbanistes issu·e·x·s<br />

de la géographie, du paysagisme et de l’architecture<br />

– après une analyse des collections et des approches<br />

théoriques en lien avec la géographie et les<br />

sexualités, ont travaillé à la conception intégrale<br />

de l’exposition. Iels ont été amené·e·x·s à penser<br />

sa scénographie, son graphisme, la rédaction des<br />

textes et le choix des images. Les rayonnages qui<br />

contenaient les collections de l'ancien Institut d'architecture<br />

de l'Université de Genève sont remontés<br />

dans les espaces qu'ils ont jadis occupés, afin d'accueillir<br />

cette bibliothèque d'un nouveau type.<br />

GÉOGRAPHIE<br />

DES SEXUALITÉS<br />

Les étudiant·e·x·s nous guident dans un projet laboratoire<br />

où iels parlent au « nous », en nous invitant<br />

à prendre part à ce repérage sur carte, en suivant<br />

des plans, des calques, des scotchs, des images, ainsi<br />

que des livres et des périodiques. Ce sont leurs<br />

« carnets de terrain » en observation des LieuX qui<br />

nous sont dévoilés ici.<br />

Ce chantier d’une cartographie des LieuX<br />

au prisme des questions de sexualités ne s’avère<br />

de loin pas anodin. En parcourant l’exposition, on<br />

lit anonymement des récits des étudiant·e·x·s du<br />

MDT. Extrait : « La question des lieux en lien avec<br />

les sexualités m’a fait relativiser mon enthousiasme.<br />

Pour moi les enjeux liés aux sexualités font appel<br />

12 SOCIÉTÉ<br />

SAVOIRS


à des perceptions et des vécus d’ordres singulier<br />

et individuel et j’ai eu de la peine à considérer une<br />

exposition entière sur ce sujet, craignant qu’elle<br />

ne participe une fois de plus à généraliser certains<br />

aspects de ce que vivent et ressentent certaines<br />

personnes à l’égard de leur(s) propre(s) sexualité(s). »<br />

Cette exposition du CMCSS – centre interdisciplinaire<br />

– se veut une invitation à développer,<br />

à l’UNIGE, les études des sexualités en toutes disciplines,<br />

telles que l’architecture, la géographie,<br />

l’urbanisme, en favorisant l’émergence de domaines<br />

de recherches innovants, comme la « géographie des<br />

sexualités ». Cette dernière fait partie du courant<br />

de la géographie culturelle qui analyse les LieuX<br />

physiques et numériques, non pas comme des<br />

contenants statiques, mais en tant que produits<br />

sociaux issus des interactions des personnes qui<br />

les investissent. Ce courant d’études vise aussi à<br />

analyser l’approche conditionnée et/ou stéréotypée<br />

que nous pouvons avoir d’un lieu donné.<br />

QUAND L’INCONSCIENT<br />

SUGGÈRE<br />

DES REPRÉSENTATIONS<br />

Plus loin dans l’exposition, on lit le récit d’un·e·x<br />

autre étudiant·e·x anonyme qui nous partage son<br />

vécu quant à la manière dont iel vit un lieu : « N’étant<br />

pas consommateur de <strong>magazine</strong> érotique, je me<br />

suis rendu compte en feuilletant ces catalogues que<br />

mon imaginaire “ sexuel ” (érotique) en était tout de<br />

même fortement imprégné. Les mises en scène des<br />

corps ou des lieux sélectionnés font écho à certains<br />

fantasmes ou tabous qui ont déjà investi mon esprit.<br />

Je me rends compte donc que mon inconscient me<br />

suggère des représentations, des idées qui ont été<br />

produites/construites par l’industrie américaine du<br />

porno. Moi qui pensais être différent :/ »<br />

Cette exposition nous invite à penser autrement<br />

les LieuX, à questionner leurs représentations,<br />

et à ajouter à ces cartes (sensibles) d’autres<br />

LieuX, qui attendent aussi et encore d’être réfléchis,<br />

visités, performés, transformés, en y intégrant les<br />

questions de genre, de sexualités, ainsi que d’ethnie,<br />

de classe sociale, etc. Elle encourage à poursuivre<br />

cette exploration, ici comme ailleurs, avec<br />

des questions auxquelles réfléchir avant même de<br />

venir la visiter: la sexualité devrait-elle être davantage<br />

prise en compte dans l’aménagement de l’espace<br />

et de quelle manière ? quels lieux sont pour<br />

vous synonyme de « liberté sexuelle » ?<br />

LieuX, jusqu’au 27 mars <strong>2024</strong><br />

Campus Battelle de l’UNIGE – Bâtiment A<br />

7, route de Drize à Carouge.<br />

Plus d’informations sur<br />

unige.ch/cmcss<br />

SAVOIRS<br />

SOCIÉTÉ<br />

13


« T’es clean? »<br />

ou comment<br />

la sérophobie<br />

quotidienne<br />

s’immisce dans<br />

la vie des personnes<br />

vivant<br />

avec le VIH.<br />

14<br />

SOCIÉTÉ<br />

VIH


Malgré la révolution TasP («treatment as prevention» en anglais, ou<br />

« traitement comme prévention »), le poids de la mésinformation et<br />

des représentations autour du VIH continue de peser lourdement<br />

sur la vie des personnes concernées. Par Laure Dasinieres<br />

« Oh ça va, je peux boire dans ton verre, t’as pas le<br />

sida, lol ». Combien de fois avons-nous entendu cette<br />

blague grasse et rance héritée du pire des années<br />

90 ? Si cette vanne pourrie nous dit toute la persistance<br />

d’idées reçues autour du VIH/sida, elle est aussi<br />

la partie émergée de la sérophobie bien ancrée<br />

dans l’espace public. Une somme de discriminations,<br />

de comportements de rejet et de violences à laquelle<br />

les personnes vivant avec le VIH sont confrontées<br />

dans leur quotidien même le plus intime.<br />

C’est particulièrement dans la vie affective<br />

et sexuelle que s’infiltre cette sérophobie.<br />

À commencer, notamment pour<br />

les hommes gais, par les applications de<br />

rencontres. Xavier, Aubonnois de 45 ans,<br />

raconte : « Au début, sur Grindr, j’indiquais<br />

mon statut sérologique par honnêteté et de<br />

manière à régler directement la question<br />

du VIH. Ce qui n’évitait pas certains désagréments.<br />

La plupart des mecs ne lisant<br />

pas complètement le profil, ce qui fait que<br />

souvent, j’avais le droit à la question détestable<br />

“ t’es clean ? ” comme si le fait d’être<br />

séropo faisait de moi quelqu’un de sale…<br />

Ensuite, beaucoup de ceux qui avaient<br />

détaillé mon profil après m’avoir contacté<br />

finissaient par me bloquer ou me dire<br />

des choses comme “ ah, tu as le sida, non<br />

merci ". » De son côté, Paul, 36 ans, militant<br />

associatif, a remarqué des changements<br />

lorsqu’il a commencé à indiquer son statut<br />

sérologique. « J’aime bien partir seul avec<br />

mon sac à dos et c’est souvent l’occasion<br />

de faire des rencontres. En général, quand<br />

VIH<br />

SOCIÉTÉ<br />

tu débarques dans une ville, tu es très sollicité<br />

sur les apps. Seulement, à partir du<br />

moment où j’ai indiqué mon statut, j’ai fait<br />

le constat d’une sérophobie passive: je recevais<br />

beaucoup moins de messages, voire<br />

pas de message du tout. » Cette hostilité<br />

latente est une des raisons qui ont poussé<br />

Paul à délaisser les apps et à privilégier la<br />

fréquentation des saunas et autres lieux<br />

de consommation sexuelle où il y a moins<br />

de discussions préalables.<br />

« I=I », un message biaisé par<br />

des représentations erronées<br />

Aujourd’hui, ceux qui font le choix de continuer<br />

d’utiliser des apps comme Grindr mettent en place<br />

des stratégies afin de régler la question de la protection<br />

contre le VIH sans pour autant se dévoiler.<br />

David Jackson-Perry, sociologue spécialiste<br />

en santé sexuelle et chargé des projets VIH à la<br />

Consultation des maladies infectieuses du CHUV<br />

explique : « Beaucoup préfèrent désormais indiquer<br />

qu’ils sont sous PrEP. » Mais, une fois le premier moment<br />

d’intimité passé et lorsque l’envie de se revoir<br />

est là, le souci d’honnêteté peut également exposer<br />

à des réactions qui vont du ghosting aux violences.<br />

« Il y a des personnes qui se barrent directement<br />

et claquent la porte, d’autres qui ne décrocheront<br />

15


plus leur téléphone », témoigne Yannick, 50 ans,<br />

qui a choisi de toujours parler ouvertement de sa<br />

condition à ses partenaires.<br />

Comment analyser la violence de ces réactions<br />

alors que le sentiment de peur et<br />

de rejet n’aurait pas lieu d’être, puisque<br />

les personnes positives sous traitement<br />

ne transmettent pas le virus ? D’abord<br />

par un manque criant d’information. Une<br />

enquête réalisée pour le CRIPS Île-de-<br />

France (Centre régional d'information et<br />

de prévention du sida) et rendue publique<br />

le 1er <strong>décembre</strong> <strong>2023</strong> met en évidence la<br />

persistance de croyances erronées vis à<br />

vis du VIH : seulement la moitié des personnes<br />

interrogées estiment notamment<br />

qu’il existe un traitement pour empêcher<br />

de transmettre le virus chez les personnes<br />

séropositives – et ignorent donc le TasP et<br />

la notion de « I=I » (voir encadré). « C’est un<br />

des gros ratés de la prévention, le message<br />

autour de cette équation ne passe pas »,<br />

commente David Jackson-Perry, qui déplore<br />

que cette ignorance existe également<br />

au sein de la communauté LGBTIQ+, pourtant<br />

supposée bien informée. Et comme<br />

le souligne Yannick, « Quand bien même<br />

les gens ont entendu parler de ce “ I=I ”, ils<br />

doutent de sa véracité et restent méfiants. »<br />

En outre, soulignant que les PrEPeurs, protégés de<br />

fait contre une infection au VIH et censés disposer<br />

de toutes les informations, peuvent avoir des paroles<br />

extrêmement dures et stigmatisantes à l’égard des<br />

personnes vivant avec le VIH, le sociologue signale<br />

que l’ignorance n’explique pas tout. « Cette stigmatisation<br />

est également très liée à la persistance de<br />

représentations culturelles extrêmement fortes»,<br />

explique t-il. Xavier expose : « Certains PrEPeurs<br />

nous prennent de haut. Pour eux, être séropositif<br />

signifie que tu as fait n’importe quoi, que tu ne t’es<br />

pas protégé, que tu es une pute. » Le slut shaming<br />

n’est en effet jamais loin et il peut aussi, selon les<br />

cas, être parfois teinté de biphobie ou de racisme.<br />

La charge mentale<br />

de la sérophobie<br />

milieux du travail et de la santé. « S’il existe<br />

des cas de refus de soin, notamment par<br />

des dentistes, se présentent aussi beaucoup<br />

de situations qui rendent la prise<br />

en charge médicale très inconfortable et<br />

compliquée. Les soignant·e·x·s font bien<br />

comprendre à la personne qu’elle est indésirable:<br />

port de double gants, rendez-vous<br />

uniquement en toute fin de journée, questionnaires<br />

intrusifs » explique David<br />

Jackson-Perry. Il ajoute : « Cela n’est pas<br />

sans conséquence pour la santé, puisque<br />

les personnes concernées n’osent tout<br />

simplement plus consulter. »<br />

Face à tout cela, les personnes concernées encaissent,<br />

mais à quel prix ? Celui, souvent, de leur<br />

santé mentale. D’abord parce que nombreux sont<br />

ceux qui intériorisent cette sérophobie. « On se<br />

vit un peu comme celui qui l’aurait bien cherché.<br />

L’incessante crainte d’être rejeté peut réveiller un<br />

sentiment d’insécurité personnelle et a un impact<br />

considérable sur l’estime de soi et la relation aux<br />

autres», témoigne Paul. Ensuite parce qu’il s’agit<br />

de faire face à un dilemme : dire ou ne pas dire sa<br />

séropositivité ? « Certains dépensent une énergie<br />

considérable pour cacher leur statut. Or, vivre dans<br />

le secret est une charge mentale immense potentiellement<br />

très nocive pour la santé physique et psychologique<br />

», souligne David Jackson-Perry. Mais,<br />

dans le même temps, si révéler son statut soulage<br />

et permet d’obtenir du soutien, c’est aussi le risque<br />

de s’exposer à des discriminations. « Assurément,<br />

tout le monde ne vit pas dans un environnement favorable<br />

pour le dire », regrette le sociologue. Ainsi,<br />

si Paul a pensé la révélation de sa séropositivité<br />

comme un second coming out libérateur, il explique<br />

aussi : « C’est une autre charge mentale que de dire<br />

son statut car dès lors, il nous incombe la nécessité<br />

d’expliquer, d’accompagner la personne en face<br />

dans sa compréhension du VIH, d’informer… quitte<br />

à s’exposer à du rejet. »<br />

Qu’ils soient dans le placard ou non, certain·e·x·s<br />

parviennent à trouver un équilibre,<br />

mais les personnes vivant avec le VIH<br />

continuent aujourd’hui encore de compter<br />

parmi les plus exposées au risque de<br />

dépression et d’addiction. C’est une des<br />

raisons pour lesquelles nous devons<br />

tous·tes·x avoir conscience de cette sérophobie,<br />

en faire un enjeu communautaire<br />

et participer à l’information autour du VIH.<br />

La sérophobie ne s’infiltre pas uniquement<br />

dans le domaine de la vie affective<br />

et sexuelle. Elle se répand également<br />

au sein de la famille et du cercle d’amis :<br />

« L’annonce de ma séropositivité a effectué<br />

un tri naturel », témoigne ainsi Xavier.<br />

De plus, elle est aussi présente dans les<br />

16 SOCIÉTÉ VIH


PUBLICITÉ<br />

Le conseil immobilier<br />

«Transformation:<br />

où trouver<br />

des conseils?»<br />

L’équation à retenir :<br />

I=I<br />

(« indétectable =<br />

intransmissible »)<br />

Aujourd’hui, les personnes vivant avec le VIH et<br />

qui prennent depuis au moins 6 mois un traitement<br />

anti-rétroviral ont une charge virale extrêmement<br />

basse, si basse qu’elle est indétectable lors des analyses<br />

effectuées en laboratoire. Si basse aussi que le<br />

risque de transmission lors d’un rapport sexuel sans<br />

préservatif ou par voie sanguine est absolument nul.<br />

C’est pour cela que l’on dit « indétectable = intransmissible<br />

» et que l’on parle d’une « révolution TasP ».<br />

Rénovation, agrandissement ou assainissement<br />

énergétique, un projet de transformation<br />

nécessite une bonne planification. Chez<br />

Helvetia, vous trouverez des check-lists et un<br />

calculateur de rénovation. Dans votre tableau<br />

de bord, vous pouvez gérer votre bien,<br />

obtenir une évaluation et des informations<br />

sur l’évolution de la valeur et les projets de<br />

construction locaux. Pour les projets complexes,<br />

un conseil professionnel en construction<br />

est également utile.<br />

«Une bonne vue<br />

d’ensemble est importante»<br />

Toute décision concernant le logement a des<br />

répercussions sur l’assurance et la prévoyance.<br />

Trouvez sur Helvetia Home le savoir<br />

du réseau Helvetia. Vous obtiendrez des<br />

conseils sur le financement ou la vente de<br />

votre bien. Les expertes et experts d’Helvetia<br />

vous guideront personnellement dans tous les<br />

thèmes de l’assurance et de la prévoyance.<br />

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Plus de<br />

conseils et<br />

d’informations.<br />

VIH<br />

SOCIÉTÉ<br />

17


L’humeur de Dr. Hazbi<br />

Couche #96 : Merci à tous les festivals et les<br />

évènements qui donnent de l’espace aux personnes<br />

queer des Balkans !<br />

à la c<br />

d'Espa<br />

Couche #97 :<br />

Gina elle kiffe Salou.<br />

Don C<br />

UNE D’CES COUCHES !<br />

Dr. Hazbi œuvre dans l’enseignement universitaire,<br />

l’économie, l’art et la politique. Son téléphone est<br />

bourré de réflexions qu'iel s'empresse de retranscrire,<br />

couche par couche.<br />

Couche #95 : C’est le dernier coup de marteau<br />

qui vient d’être donné. Je n’ai plus aucune confiance<br />

dans les médias francophones. La machine à propagande<br />

n’essaie même plus de se cacher derrière<br />

son masque. Le roi est nu, comme on dit, non ?<br />

Couche #98 : De loin, mon addiction au sucre<br />

a été la plus difficile à arrêter. À tel point que je n’y<br />

arrive toujours pas. J’ai arrêté la nicotine, le THC<br />

et d’autres substances sans aucun souci. Il m’avait<br />

fallu quelques séances d’autohypnose, et le tour<br />

était joué. Mais le sucre… je comprends pourquoi<br />

l’industrie agroalimentaire y tient tant. Il n’y a qu’à<br />

regarder les vidéos de bébés qui goûtent aux sucreries<br />

pour la première fois pour se rendre compte de<br />

la violence de l’addiction.<br />

Couche #99 : Merci à toutes les personnes qui<br />

m’ont lu jusqu’ici. J’ai été très surpris d’entendre<br />

autant de personnes me dire qu’iels avaient adoré<br />

ma chronique du mois, dont beaucoup que je ne<br />

soupçonnais ou ne connaissais pas. L’exercice a été<br />

un tel délice que je ne vais pas le lâcher. Ça sera un<br />

moyen d’emporter un bout de <strong>360°</strong> avec moi encore<br />

un bon moment. Parce que pour l’instant, je suis<br />

encore dans le déni. Mirupafshim dhe lamtumirë.<br />

Re<br />

le<br />

Princesse GenderFuck<br />

LE JOURNAL D’UNE PRINCESSE<br />

Au prisme de sa culture québécoise, de ses activités<br />

militantes et artistiques, Princesse GenderFuck<br />

vous partage ses histoires entre son pays d’accueil,<br />

la Suisse, et son pays d’origine, le Canada.<br />

Comme dernière chronique, il est temps pour moi<br />

de vous partager les secrets de mon drag, car pour<br />

finir, nous faisons, tous les jours, tous·tes·x du drag.<br />

Il s’agit de quatre « règles » qui me permettent de<br />

me rattacher constamment à ce qui m’apporte de la<br />

joie dans cet art parfois difficile. Ces « règles » sont<br />

inspirées du film To Wong Foo Thanks for Everything,<br />

que j’ai visionné enfant jusqu’à ce que le VHS griche<br />

dans l’enregistreur Sony de ma mère.<br />

Premièrement, les bonnes pensées sont ton épée<br />

et ton bouclier. Utilise ta créativité pour t’armer de<br />

positivisme dans cette société qui trop souvent<br />

ignore. Reconnais ce talent pour évacuer le doute,<br />

comme celui associé à la perfection et la validation.<br />

Deuxièmement, ignore l’adversité. Ne lui donne pas<br />

le pouvoir sur tes capacités. Écoute plutôt ta vérité<br />

avec respect et amour.<br />

Ce qui nous mène à : suis les règles de l'amour. Aime<br />

ce que tu fais et accordes-y du temps. Comme avec<br />

le maquillage avant un show, prends soin de toi<br />

avant de prendre soin des autres.<br />

Finalement, plus grand que nature, c'est la bonne<br />

taille ! Extrapole, agrandis ce que tu trouves beau<br />

et spécial. Parce que, n’oublie pas, tu n’es pas spécial·e·x,<br />

car tu fais partie de quelque chose de spécial.<br />

Quelque chose est spécial car tu en fais partie !<br />

18 SOCIÉTÉ<br />

CHRONIQUES


gne<br />

arlos_1 Don Carlos_2 Don Carlos_3<br />

ndez-vous<br />

avec<br />

légendaire<br />

William<br />

Christie<br />

Feux<br />

d'artifice<br />

baroque<br />

Ariodante_1 Ariodante_2<br />

PHOTO : MARC ASEKHAME<br />

Le Chevalier<br />

à la Rose<br />

Le tango<br />

s'empare<br />

de l'opéra<br />

Maria de Buenos Aires_1 Maria de Buenos Aires_2 Maria de Buenos Aires_3<br />

Valses<br />

viennoises<br />

revisitées<br />

pour<br />

les Fêtes<br />

DÈS CHF 17.—<br />

Le retour<br />

de Daniele<br />

Finzi Pasca<br />

à l'opéra<br />

Der Rosenkavalier<br />

Opéra de<br />

Tarantino<br />

et<br />

James Bond<br />

à l'opéra<br />

Richard Strauss<br />

13 au 26 <strong>décembre</strong> <strong>2023</strong><br />

Entre rêve<br />

et réalité<br />

magique<br />

Les valses<br />

déconstruites<br />

de Strauss<br />

Le Chevalier à la Rose_1 Le Chevalier à la Rose_2 Le Chevalier à la Rose_3<br />

es Esprit<br />

de résilience<br />

en RDC<br />

GTG.CH<br />

Les dessous<br />

d'une histoir<br />

vraie


QUEERISER NOËL :<br />

NOS IDÉES CADEAUX !<br />

Pour survivre au Noël en famille, quoi de mieux que de pimper les traditionnels<br />

lots de chaussettes à motifs ? À offrir, ou à mettre sur sa liste de<br />

cadeaux, pour savourer la moue désabusée de notre tonton queerphobe.<br />

PAR TAL MADESTA<br />

UN LIVRE :<br />

QUEER THEORY, UNE HISTOIRE GRAPHIQUE<br />

Qu’est ce que « queer » veut réellement dire et quelle histoire renferme<br />

ce terme ? C’est ce que propose d’investiguer cet ouvrage à mi-chemin<br />

entre la bande dessinée et l’essai. Faisant intervenir les plus grand·e·x·s<br />

penseur·euse·x·s de la queer theory, le livre se veut drôle et accessible.<br />

Il passe en revue les débats qui ont animé le mouvement politique queer<br />

tout autant que les dates qui ont marqué son histoire. Un excellent moyen<br />

de sensibiliser les personnes peu renseignées sur le sujet, et un bel outil<br />

de consolidation pour les autres.<br />

UNE DÉCORATION :<br />

LA BOUGIE FLUIDE DE THOMAS GRAVEREAU<br />

La bougie, c’est généralement le cadeau qu’on adopte lorsqu’on manque<br />

d’idées. Pas ici : embaume ton appartement de pain d’épices avec cette bougie<br />

créée par l’illustrateur queer Thomas Gravereau (par ailleurs à l’origine de<br />

notre couverture du numéro de juin <strong>2023</strong>). Réalisée en cire naturelle de soja<br />

avec une mèche de coton bio qui fera brûler de douceur ta chambre à coucher<br />

durant cinquante heures, elle représente des petits bonhommes d’épices aux<br />

torses divers, dont certains avec des cicatrices de mammectomie.<br />

UN OBJET KINKY :<br />

LE DILDO RODEOH POUR LES HOMMES TRANS*<br />

Difficile de trouver des sex - toys adaptés lorsqu’on est trans*, les jouets étant<br />

généralement conçus pour les personnes et couples cis - hétéro. Rodeoh<br />

vient remédier à ce problème en proposant des dildos réalistes à combiner<br />

avec leurs slips, jock - straps et boxers à trous. Autre proposition, si tu n’as pas<br />

envie de passer ton hiver à faire des galipettes : les sous - vêtements Packers,<br />

qui te permettront d’affronter les vestiaires des hommes en toute sérénité.<br />

UN JEU DE SOCIÉTÉ :<br />

BAD BITCHES ONLY, QUEER ICONS<br />

Tu connais peut-être Bad Bitches Only, ce jeu de société féministe où l’on doit<br />

faire deviner à son équipe un maximum de personnalités qui ont marqué leur<br />

temps. Inès Slim, créatrice du jeu, propose une version queer composée de<br />

quatre-vingt personnalités LGBTIQ+ réelles ou de fiction. Es - tu certain·e·x<br />

que tu connais sur le bout des doigts la vie de nos aîné·e·s·x ? L’occasion de<br />

briller en soirée et d'approfondir ses connaissances.<br />

CADEAUX SOCIÉTÉ 21


UN MAGAZINE :<br />

PD LA REVUE<br />

Tu es plus revues et fanzines qu’essais sociologiques ? On ne peut que te<br />

conseiller PD la revue, <strong>magazine</strong> indépendant et autogéré qui vient secouer<br />

les normes cishétérosexistes. Dans son dernier numéro, l’équipe se<br />

consacre à la question du care communautaire et de l’accès au soin, sous<br />

forme de textes, de bandes dessinées et de poèmes. En bonus, premiers<br />

numéros de la revue sont consultables en ligne pour les bourses menues.<br />

UNE OEUVRE LESBIENNE :<br />

LES PRINTS DE SAPPHOSUTRA<br />

Si tes murs te paraissent bien blancs et vides, pas de panique. Lou Dvina<br />

et Léontin Lacombe te proposent des prints, posters et cartes postales<br />

d’illustrations homemade kinky et à des prix tout doux. Mais le couple ne<br />

s’arrête pas à la déco murale : tu trouveras aussi des stickers, des badges,<br />

des sweat-shirts ou encore des tote bags aux teintes saphiques. Une excellente<br />

manière de faire démonstration du génie lesbien et d’annoncer<br />

la couleur dès que quelqu’un passe ta porte.<br />

UNE CARTE DES LIEUX LGBTIQ+ :<br />

QUEER CITY<br />

Tu voyages régulièrement et tu te demandes à chaque escale où trouver<br />

des endroits queer-friendly ? Nous avons la solution: une cartographie<br />

des lieux emblématiques qui ont fait la culture queer. Librairies, cafés,<br />

clubs… Le dessin retrace en une image l’histoire de nos safe-places<br />

communautaires. Pour ne rien gâcher, 15% des ventes de l’illustration<br />

sont reversés à l’ARDHIS, une association qui accompagne chaque année<br />

plus de 200 demandeur·euse·x·s d’asile LGBTIQ+.<br />

UN BIJOU :<br />

LA MARQUE NON<br />

GENRÉE Y PARIS<br />

Tu es grisé·e·x d’envie face à la couronne<br />

flamboyante des gagnantes<br />

de Drag Race France ? Sache que<br />

celle - ci nous vient de Y Paris, une<br />

marque de bijoux non genrés 100%<br />

française. Boucles d’oreilles en<br />

perles laquées, bagues plaquées<br />

or, pendentifs en argent… Il y en a<br />

pour tous les goûts. Les créations<br />

sont réalisées à la main et dessinées<br />

par Yacine Challal à base de<br />

matériaux écoresponsables.<br />

22<br />

UNE ACTIVITÉ :<br />

UN SHOOTING PHOTO<br />

DE NANTÉNÉ TRAORÉ<br />

Offre - toi un moment d’intimité particulier,<br />

seul·e·x ou avec ta·on partenaire,<br />

devant l’objectif de Nanténé<br />

Traoré. Le photographe trans* capture<br />

depuis plusieurs années la tendresse<br />

queer, et se déplace en Suisse<br />

sur demande. Son regard unique sera<br />

le garant d’un souvenir mémorable.<br />

Tu n’es pas à l’aise à l’idée d’être<br />

pris·e·x en photo ? Tu peux acheter<br />

une des œuvres de sa série Tu vas pas<br />

muter, consacrée au rituel communautaire<br />

d’injection d’hormones chez<br />

les personnes trans*.<br />

SOCIÉTÉ<br />

BONUS :<br />

UN DON À UNE ASSO-<br />

CIATION LGBTIQ+<br />

Si tu es plutôt du genre généreux·se<br />

et peu attaché·e·x aux possessions<br />

matérielles, tu peux demander<br />

ou offrir un don à une association<br />

LGBTIQ+ de ton choix à la place d’un<br />

cadeau. On le sait, nombre d’entre<br />

elles ne survivent que grâce à l’aide<br />

financière du public, et l’argent est<br />

le nerf de la guerre. Tu trouveras<br />

l’ensemble des structures queer<br />

de Suisse romande sur le site de la<br />

Fédération LGBT de Genève.<br />

CADEAUX


LES OUVRAGES<br />

QUEER<br />

Chaque mois, Payot Libraire met en avant des livres queer. Au<br />

programme de ce numéro, une sélection à (s’)offrir pour les<br />

fêtes de fin d’année !<br />

ESSAIS<br />

EN BONS PÈRES DE FAMILLE,<br />

ROSE LAMY, JC LATTÈSL<br />

Deuxième ouvrage de Rose Lamy, créatrice du compte<br />

Instagram Préparez-vous pour la bagarre, ce titre mélange<br />

le récit autobiographique et la critique sociale.<br />

Tout commence lorsque l’auteure remarque sur son<br />

contrat de bail une phrase dite légale qui l'engage à<br />

utiliser son appartement « en bon père de famille ».<br />

Mais quelle est la définition d’un bon père de famille ?<br />

En interrogeant les siens, elle découvre que son père à<br />

elle n’était « bon » que d’après certains critères et certaines<br />

relations, intra ou extrafamiliales. Rose Lamy<br />

décortique ainsi la justification de la violence dans les<br />

médias et son traitement, selon qu’il sort de la bouche<br />

d’un homme ou d’une femme. Comment tous ces<br />

« bons pères de famille » ont-ils été poussés à bout<br />

par quelques mots de leur compagne et se sont donc<br />

permis d’utiliser la force physique pour contre-attaquer<br />

? Ces réflexions soulèvent encore et toujours des<br />

questionnements sur l’inégalité des genres et sur la<br />

société patriarcale en général. En viendra-t-on à bout<br />

un jour? (J.G.)<br />

ALBUM<br />

VIVE MES ONGLES DE TOUTES LES COULEURS,<br />

ALICIA ACOSTA, BAYARD JEUNESSE<br />

Ce que Jean adore plus que tout, c’est de se vernir<br />

les ongles, et plus c’est bigarré plus il est ravi !<br />

Malheureusement, à son arrivée à l’école, il découvre<br />

que le vernis, qu’il pensait destiné aux mains de qui le<br />

souhaite, serait manifestement réservé à celles des<br />

filles. À force d’être moqué, il se voit contraint de renoncer<br />

à sa passion, du moins pour les jours de classe.<br />

Jusqu’à ce que, pour son anniversaire, la maîtresse et<br />

tous ses camarades l’accueillent avec des ongles colorés!<br />

Il est hélas encore souvent compliqué de laisser les<br />

enfants aimer ce qu’ils veulent, peu importe leur sexe,<br />

tant les stéréotypes ont la vie dure. Cet album permet<br />

d’aborder l’importance d’être soi sans trop se soucier du<br />

regard d’autrui, de ne pas juger les goûts de l’autre – et<br />

de ne pas juger tout court ! À lire donc, en classe ou en<br />

famille, dès 5 ans. (P.R.)<br />

LIVRES<br />

CULTURE<br />

25


RÉCIT<br />

KABOUL BEAUTÉ INSTITUT,<br />

FRISHTA AMINI, MICHEL LAFON<br />

Si vous pensez que les instituts de beauté ne sont que<br />

des antres de la superficialité, ce témoignage est écrit<br />

pour vous ! Frishta, jeune esthéticienne de Kaboul,<br />

travaille dans son salon le 15 août 2021, au moment où<br />

les Talibans reprennent la capitale afghane. Elle sait<br />

que plus rien désormais ne sera pareil… Alors, dans<br />

une semi-clandestinité, elle va continuer à ouvrir ses<br />

portes, combattant ainsi l’avenir sombre qui semble<br />

se dessiner pour les femmes afghanes. Elle va finir<br />

cependant par devoir quitter son pays malgré tout,<br />

pour sauver ce qu’il reste de sa liberté. (M.R.)<br />

SOCIOLOGIE<br />

REINES,<br />

NICKY DOLL, HORS COLLECTION<br />

POÉSIE<br />

LES GARÇONS, LA NUIT, S’ENVOLENT,<br />

FLORIAN BARDOU, LUNATIQUE<br />

Trouver un moyen de dire les plans culs et le chemsex<br />

autrement, voilà le tour de force réalisé par Florian<br />

Bardou dans son premier recueil. Avec délicatesse, le<br />

lauréat du Prix du roman gay <strong>2023</strong>, catégorie recueil<br />

de poésies, tisse les phrases nécessaires pour rendre<br />

compte de ces nuits souvent sans fin remplies de rencontres,<br />

de plaisirs synthétiques et parfois d’errance.<br />

Extrait du poème Week-end :<br />

« les garçons<br />

le week-end dealent<br />

leur ennui<br />

contre l’envie<br />

la nuit s’enivrent<br />

de sels et de baisers<br />

toute la nuit<br />

toute la vie<br />

dansent à se tuer<br />

mélangent les substances<br />

rances entrent en transe<br />

ne sont jamais fatigués »<br />

(RCF)<br />

Nicky Doll nous ouvre les portes d’une communauté<br />

méconnue, le Drag à la française. Si aux États-Unis le<br />

drag est populaire et respecté, il a fallu plus de temps<br />

pour qu’il se démocratise dans l’Hexagone. Malgré<br />

certains sursauts, avec l’avènement des cabarets, il<br />

est longtemps resté anonyme et considéré comme<br />

un produit marketing. Il faudra attendre 2020 pour<br />

qu’enfin, il acquière un peu de visibilité. Pourtant<br />

le drag est presque aussi vieux que le monde ! De<br />

l’Égypte antique aux héros grecs en passant par le<br />

chevalier d’Éon ou Sarah Bernhardt, le genre, à travers<br />

le maquillage, les vêtements ou le corps glabre, a<br />

toujours su cultiver une certaine ambiguïté. Et la partie<br />

la plus intéressante de cet ouvrage sur l’histoire<br />

et le devenir du drag est certainement la rencontre,<br />

superbement illustrée, de dix-sept de ces créatures<br />

flamboyantes, avec leurs histoires, leurs influences<br />

et la narration de leurs difficiles combats. (C.A.)<br />

26 CULTURE LIVRES


MAIN FLOOR<br />

Olive T (NY)<br />

Garance<br />

BAR<br />

Dj Lap<br />

Yànkov<br />

VENDREDI 22 DÉCEMBRE<br />

23 H - 6 H<br />

15.- / 10.- membres 360 & Gravisphère<br />

Soirée de soutien au Pôle social de l’Association 360<br />

La Gravière – 9 chemin de la Gravière – Acacias, Genève


L’humeur de Léon Salin<br />

PROTÉGEONS LES ENFANTS ?<br />

Léon est un homme transgenre romand. Il tient les<br />

comptes Instagram et TikTok @salinleon dans lesquels<br />

il lutte pour une représentation positive des<br />

personnes transgenres.<br />

Dans cette chronique, je continue de discuter avec<br />

Julien. Un homme cisgenre, hétéro, avec qui je partage<br />

certaines de mes pensées. Il est fictif, sans être<br />

irréel. Julien, ça pourrait être toi, moi et/ou nous.<br />

Cher Julien, n’aie pas peur, je n’essaie pas de rendre<br />

ton fils transgenre !<br />

Depuis quelque temps, je vais dans les<br />

classes de Suisse romande pour expliquer la<br />

transidentité à travers mon parcours personnel.<br />

Vaillant, j’affronte des centaines d’adolescent·e·x·s<br />

à l'affût, prêt·e·x·s à prouver leur virilité ou leur féminité.<br />

Si seulement c’étaient mes seuls adversaires!<br />

Il semblerait que je porte atteinte à la pureté<br />

de l’enfance en prêchant la parole trans. Je n’ai<br />

jamais reçu autant de menaces de mort que depuis<br />

mes contacts avec cette population sacrée. Un tsunami<br />

composé d’adultes enragé·e·x·s se soulève et<br />

hurle à la propagande : « NE TOUCHEZ PAS À NOS<br />

ENFANTS ! ». S’est emparée d’elleux une indignation<br />

incontrôlée : « Je vais te brûler à l’acide !! »<br />

Tu as raison de crier, Julien. Tu as raison<br />

de laisser la rage s’emparer de ton corps lorsque<br />

les enfants sont en danger, mais tu te trompes de<br />

cible. Laisse l’acide pourrir dans les sols et pas sur<br />

ma peau. La panique que tu ressens est justifiée,<br />

car l’avenir des enfants est de plus en plus incertain<br />

compte tenu de la chaleur d’un mercredi d’octobre<br />

en <strong>2023</strong> alors que j’écris ces mots.<br />

Alors, arrête de transformer les personnes<br />

trans* en récipients de ton anxiété climatique.<br />

Joignons nos forces. Je continuerai d’aller dans<br />

les classes pour éduquer sur la transidentité et on<br />

se retrouve à la manif pour le climat ce vendredi ?<br />

© Charlotte Passera<br />

Dr·e Goudou<br />

QUESTION SEXO POUR LES PERSONNES À VULVES<br />

« Je me définis comme asexuel·le·x et j’aimerais trouver<br />

des personnes queer pour échanger à ce sujet »<br />

Merci infiniment pour cette question qui nous permet<br />

de parler d’asexualité ! Pour commencer, on<br />

vous propose une définition : l’asexualité est le fait<br />

de ressentir peu ou pas d’attirance sexuelle et/ou<br />

de ne pas souhaiter de relations sexuelles. Elle se<br />

distingue de l’aromantisme, qui est le fait de ne pas<br />

ressentir de sentiment amoureux et/ou de ne pas<br />

avoir envie d’une relation romantique. Il existe aussi<br />

d’autres attirances qui peuvent être platoniques,<br />

sensuelles, etc.<br />

Dans une société qui a tendance à prôner la sexualité<br />

et le plaisir sexuel à tout prix et en tout lieu (on<br />

se réjouit de voir des panneaux publicitaires au<br />

Chalet-à-Gobet), il n’est pas forcément évident<br />

pour les personnes asexuelles de trouver leur place.<br />

Pourtant, la sexualité est aussi une construction sociale<br />

qui n’échappe pas aux normes. Peut-être qu’il<br />

vaudrait la peine, pour chacun·e·x d’entre nous de<br />

nous interroger sur nos sexualités (pas seulement un<br />

samedi soir sans électricité dans la Broye) et de réfléchir<br />

à ce qu’elles nous apportent : de la confiance,<br />

du plaisir, une connexion particulière à nous-mêmes<br />

ou aux autres, etc. Certaines personnes préfèrent<br />

manger une pizza plutôt que d’avoir du sexe, chacun·e·x<br />

ses goûts (pour la pizza aussi). Et sinon, on ne<br />

t'a pas oublié·e·x et tu peux rentrer en contact avec<br />

le Cercle d'Onyx à Lausanne ou consulter le site<br />

aroace.ch. Nous te souhaitons de beaux partages.<br />

Camille Beziane, spécialiste en santé sexuelle,<br />

responsable de l’association les Klamydia’s<br />

Aline Alzetta-Tatone, sexologue, co-fondatrice du<br />

Refuge-Neuchâtel<br />

28<br />

CULTURE<br />

CHRONIQUES


<strong>janvier</strong><br />

— juin<br />

<strong>2024</strong><br />

Abonnez<br />

—vous !<br />

Anna-Marija Adomaityte<br />

Maud Blandel<br />

Louis Bonard<br />

François Chaignaud<br />

Clara Delorme<br />

Claire Dessimoz<br />

Mélissa Guex<br />

Aymeric Hainaux<br />

Gilles Jobin<br />

La Manufacture<br />

Maya Masse<br />

Radouan Mriziga<br />

Samuel Pajand<br />

Louis Schild<br />

Cindy Van Acker<br />

Pavillon adc<br />

Association pour la<br />

danse contemporaine<br />

Place Sturm 1<br />

1206 Genève pavillon-adc.ch


Prince<br />

Maury<br />

© Jules Faure<br />

30<br />

CULTURE THÉÂTRE


Touche à tout de talent, il est à la fois acteur, réalisateur, scénariste<br />

et chanteur. On l’a adoré en Hervé touchant dans la série à succès<br />

Dix pour cent et en fils-amant ultra-jaloux dans son premier long<br />

métrage Garçon Chiffon. Il nous parle sans détour de théâtre, de violence,<br />

de deuil et de masculinité : rencontre avec Nicolas Maury qui<br />

jouera Le prince de Hombourg à Lausanne et Genève en <strong>décembre</strong>.<br />

Par Robin Corminboeuf<br />

Dans ce projet<br />

d’Un prince de Hombourg,<br />

qu’est-ce qui vous a plu ?<br />

Est-ce que c’est une pièce<br />

qui vous parle par rapport<br />

à votre âge, 43 ans ?<br />

Déjà c’est un grand « oui » pour Robert Cantarella. Je suis<br />

plutôt quelqu’un qui fonctionne en termes de forme, je dis<br />

d’abord « oui » à un metteur en scène avant un rôle. C’est<br />

avant tout une aventure artistique et collective, une situation.<br />

Comme dans une recette de cuisine, il faut savoir quel<br />

chef il y a, ou alors si on ne connaît pas le chef, se dire que<br />

les ingrédients sont radicaux et courageux. Avec Robert<br />

Cantarella, c’est une aventure au long court qui date de<br />

2005. On a fait une vingtaine de spectacles ensemble. Et<br />

chaque été, on se rend dans sa maison du sud de la France.<br />

On se met face à la rivière et Robert dit : « Cet été, on pourrait<br />

lire ça », et on essaie, un peu comme en cuisine. C’est<br />

dans ce cadre-là qu’on a lu Le prince de Hombourg.<br />

Ce texte est du XIX e ,<br />

est-il encore actuel ?<br />

Aujourd’hui je trouve qu’il y a beaucoup de théâtre « à message<br />

», comme si on se servait de l’art pour communiquer,<br />

soigner, réparer, faire du vivre-ensemble. Alors que je<br />

pense que c’est l’endroit de la poétique. On oublie que l’art<br />

poétique, la poésie, c’est plutôt quelque chose qui soulève,<br />

bouscule, va vers un résultat du monde qui est indécidable.<br />

Dans Le prince de Hombourg, il y a un homme qui dit « non »<br />

au père. Il dit « Je préfère la mort » alors qu’il est puni pour<br />

une faute qui n’est pas très grave. Il met le père face à une<br />

décision trop rigide et en mourant devant son peuple, il veut<br />

faire un exemple de l’absurdité de la raideur des pères. Cet<br />

exemple-là, je trouve qu’il est actuel et contemporain : la<br />

jeunesse qui se réveille contre les pères, qui tend le miroir<br />

absurde, monstrueux et fragile au père, sur la virilité, sur<br />

la paternité…C’est très queer !<br />

Oui, le metteur en scène et moi avons eu tous deux des<br />

deuils très profonds cette année. De les traverser, de subir<br />

ces désastres de la vie, ça sonne. Qu’on le veuille ou non,<br />

il faut traverser des déserts, des états qui entament. La vie,<br />

ça entame. Comme interprète, je suis un instrument qui<br />

travaille, comme le bois travaille. Je suis travaillé par la<br />

vie et forcément le son qui sort n’est pas le même. L’âge, le<br />

vieillissement, la maturité, je n’aurais pas pu interpréter<br />

comme ça ce rôle-là plus jeune.<br />

On peut dire du théâtre qu’il<br />

est votre premier amour.<br />

Quel en est votre<br />

premier souvenir ?<br />

C’était un sketch des Inconnus dans lequel je jouais, au<br />

centre aéré de ma ville. J’avais une perruque et je disais<br />

toujours « Stéphanie de Monaco » et la salle était hilare.<br />

Je sentais comme un feu en moi, une espèce de tension<br />

incroyable. Je me souviens de la chaleur des projecteurs<br />

jaune-orange… et de voir cette masse noire vibrante, comme<br />

un animal que je n’allais jamais apprivoiser. Moi qui étais si<br />

timide et embarrassé, je me sentais très à l’aise. Voilà mon<br />

premier souvenir.<br />

THÉÂTRE CULTURE<br />

31


Robert Cantarella dit de<br />

la pièce qu’elle commence<br />

comme « une palette de<br />

comportement inadaptés »<br />

et le personnage que vous<br />

interprétez peut être lu<br />

comme une sorte d’antihéros<br />

classique. Tout comme<br />

vos personnages de Hervé<br />

dans Dix pour cent ou<br />

celui de Jérémie dans<br />

Garçon Chiffon. Est-ce<br />

que ce genre de rôle vous<br />

touche particulièrement ?<br />

Le parallèle Jérémie et Hombourg me semble très juste.<br />

J’ai voulu créer un jeune homme d’aujourd’hui qui est un<br />

soldat de la fragilité. Il n’en est pas moins fort pour autant.<br />

Je voulais mettre au centre quelqu’un qui est souvent sur<br />

le côté. Je voulais mettre en scène ce que plein d’hommes<br />

appellent des faiblesses, des comportements insupportables<br />

dans les zones de la virilité. En ça pour moi Jérémie est très<br />

viril, il se dresse, s’élève.<br />

Le prince de Hombourg n’a pas de père – tout comme<br />

Jérémie dont le père se tire une balle dans la tête au début<br />

du film. Il y a quelque chose sur le suicide des hommes: ils<br />

sont souvent suicidaires, concrètement ou métaphoriquement.<br />

En ça ils peuvent être bouleversants, ce vertige pour<br />

le malheur, l’ivresse de soi.<br />

Hervé dans Dix pour cent est plutôt quelqu’un que j’ai aimé,<br />

que j’ai montré dans les télés françaises, sans penser que ce<br />

serait montré dans les télés du monde entier. C’était pour<br />

donner des exemples de façon très populaire, pour qu’il y<br />

ait des dialogues entre les pères et les fils. Un père qui aime<br />

la série, qui rigole sur le comportement d’Hervé et qui à<br />

table a un fils et lui dit « Arrête de faire ton Hervé »… C’est<br />

arrivé plusieurs fois, c’est pour ça que j’en parle. Ça m’a<br />

bouleversé. Je n’avais pas ça à 14 ans, ce genre de miroir,<br />

en famille. Ça a permis de montrer aux parents que si le<br />

fils est homosexuel, ce n’est pas très grave. C’est pour ça<br />

que j’ai « chargé la mule », pour Hervé. Je voulais qu’il soit<br />

très populaire.<br />

Par rapport à Hervé<br />

justement, une partie<br />

de la communauté<br />

homosexuelle masculine<br />

n’a pas été tendre avec vous,<br />

sur le fait de proposer<br />

cette représentation-là.<br />

Je ne suis pas étonné. Je peux comprendre qu’il y ait des crises<br />

identitaires, qu’on aime bien chercher la petite bête, mais faire<br />

un procès à une personne… De façon plus personnelle, récemment<br />

j’étais au Rosa Bonheur 1 un dimanche soir, seul.<br />

Plein de gens sont venus vers moi pour me dire des choses très<br />

gentilles. Une bande d’hommes me parle, ils me demandent un<br />

selfie. C’était très sympa. Sur le chemin en rentrant chez moi,<br />

je me retrouve derrière eux. Ils étaient cinq ou six. Ils parlaient<br />

de moi très fort, en rigolant. Leur comportement était d’une<br />

violence inouïe, alors même qu’ils m’avaient demandé mon<br />

compte Instagram, m’ont écrit. J’ai écouté, ça m’a violenté.<br />

Se lâcher entre amis on a le droit, sauf que j’étais derrière…<br />

Je ne peux pas dire les mots, parce qu’ils étaient très cruels.<br />

En ligne, tous m’ont envoyé un cœur, un « merci ». Je leur ai<br />

répondu individuellement pour leur parler de leur comportement<br />

hypocrite, destructeur, homophobe. Ensuite j’ai bloqué<br />

leurs comptes. Ça, pour moi, c’est à l’image du comportement<br />

suicidaire que je mentionnais auparavant. Flaubert dit : « Le<br />

jour où j’ai arrêté de juger j’ai commencé à écrire. » C’est facile<br />

de taper sur un personnage public. C’est de bonne guerre, je<br />

ne vais pas me plaindre, mais parfois c’est compliqué. On se<br />

fait à la fois assujettir par les hétéros, parfois par les hommes<br />

gais aussi. Il faut être sacrément costaud.<br />

Dans Têtu· vous avez dit :<br />

« J’ai été l’un des premiers<br />

à ne rien cacher tout en étant<br />

très populaire ». Pour vous,<br />

c’est une chance, un poids ?<br />

Je suis issu du combat pour aller plus haut que là d’où je<br />

viens et que ce que je suis. Je viens de l’aristocratie du peuple,<br />

comme dit Pasolini. J’ai grandi dans le Limousin. Je ne suis<br />

pas « fils de personne », parce que mes parents ne sont pas<br />

personne, ce sont des gens extraordinaires, mais je ne suis<br />

pas dans un héritage culturel. Dans la cour d’école c’était<br />

très violent pour moi. La violence ne me fait pas peur. Si<br />

j’avais été une petite nature, je ne serais pas encore debout<br />

aujourd’hui. Je fais ce métier depuis 27 ans, je ne crains pas<br />

mon image. Ce qui peut m’angoisser, c’est quand un rôle est<br />

fonctionnel. Quand en <strong>2023</strong> on me propose encore quelque<br />

chose de schématique et de caricatural, là je sors les griffes…<br />

1 Bar parisien dans le parc des buttes de Chaumont qui propose une<br />

soirée dominicale LGBTIQ+ très populaire.<br />

32 CULTURE THÉÂTRE


© Nicolas Valois<br />

SOUS-RUBRIQUE THÉÂTRE<br />

RUBRIQUE<br />

CULTURE<br />

33


Quels sont vos prochains<br />

projets, Nicolas Maury ?<br />

Je vais jouer dans la prochaine série événement de France<br />

2 qui s'appelle Ça c’est Paris. C’est l’univers d’un cabaret<br />

parisien, avec Monica Bellucci. Ça devrait être diffusé à la<br />

rentrée prochaine. Je joue un garçon d’aujourd’hui qui ne<br />

se définit pas, comme j’ai pu en rencontrer à Berlin. Ils sont<br />

plus avancés que nous – à Paris en tout cas. Tout à coup,<br />

ces hommes qui sont avec des filles, ils s'amusent. Je leur<br />

demande : « Toi tu es bi ? Non, je ne suis pas bi, mais toi tu<br />

es sacrément Parisien », me répondent-ils. Et je me sens<br />

complètement réac, et j’adore ça ! Ils me réjouissent, ces<br />

gens qui ont entre 20 et 25 ans aujourd’hui, ces hommes qui<br />

m’ont réveillé sur plein de choses. Et en tant qu’interprète,<br />

je suis obligé d’en faire part.<br />

Je travaille aussi sur un projet qui sera comme un livre<br />

ouvert sur la relation aux hommes. Que ce soit une femme<br />

qui est la maîtresse d’un homme ou mon personnage qui<br />

sera l’amant d’un homme marié à une femme. L’occasion<br />

heureuse pour moi de m’approcher du territoire masculin,<br />

comme si je prenais un petit bateau pour aller voir un oiseau<br />

migrateur très rare. Pour moi c’est très important et ma vie<br />

en témoigne. Dans mes chemins, mes errances nocturnes,<br />

parfois je rencontre des hommes de tout genre, de tout style.<br />

Ils me parlent de choses que je ne retrouve pas dans les films<br />

que je trouve très schématiques, très contextualisés à une<br />

histoire. J’ai l’impression que c’est mon endroit, de nuancer<br />

beaucoup de choses, d’être impoli, de ne pas être chichiteux,<br />

de ne pas être trop pudibond… Je trouve important de<br />

donner du mystère à l’homme, comme il y en a eu pour la<br />

femme, de le regarder avec amour et tendresse, et netteté,<br />

de se rapprocher du corps de l’homme, de la sexualité de<br />

l’homme. Je suis très proche des femmes, j’ai été élevé par<br />

elles. J’ai l’impression, même si on ne connaît jamais rien,<br />

que c’est comme un pays, un territoire que j’ai fréquenté et<br />

que je fréquente encore. Alors que l’homme, j’ai toujours<br />

mis un recul. Là j’ai envie de m’approcher.<br />

Un prince de Hombourg<br />

Lausanne :<br />

théâtre de Vidy, du 6 au 10 <strong>décembre</strong><br />

Plus d’infos sur vidy.ch<br />

Genève :<br />

théâtre Saint Gervais, du 13 au 15 <strong>décembre</strong><br />

plus d’infos sur saintgervais.ch<br />

Yverdon :<br />

théâtre Benno-Besson, le 18 <strong>janvier</strong><br />

plus d’infos sur theatrebennobesson.ch<br />

34<br />

CULTURE THÉÂTRE


SOUS-RUBRIQUE<br />

RUBRIQUE<br />

35


ELLE FAIT FLEURIR<br />

LA SCÈNE DRAG<br />

© Elyssa Fleur<br />

36 CULTURE<br />

DRAG


Drag queen neuchâteloise, Elyssa Fleur se bat pour des espaces<br />

queer plus inclusifs et pour une meilleure rémunération des performances<br />

drag. Elle a créé il y a quelques années les Dragâteloises,<br />

un show qui fête sa 10 e édition en <strong>décembre</strong>. Rencontre.<br />

Par Nina Beuret<br />

C’est il y a presque six ans qu’Elyssa Fleur a éclos.<br />

Traversant une période difficile, le jeune Neuchâtelois<br />

derrière ce personnage haut en couleur avait découvert<br />

la scène drag belge dans les rues d’Anvers.<br />

Une révélation. « C’était une période où j’étais au<br />

fond du trou », se souvient Elyssa Fleur, sans se départir<br />

de son grand sourire. « J’apprenais la danse<br />

classique dans une école en Allemagne et j’ai dû<br />

rentrer parce que ça n’allait pas bien du tout. J’ai<br />

fait une dépression, et même une tentative de suicide.<br />

J’aurais dû faire un stage de danse à Anvers<br />

et finalement, j’y suis allée, mais pour des vacances.<br />

C’est là que j’ai eu mon premier vrai contact<br />

avec le milieu gai et la scène drag. À mon retour,<br />

j’ai commencé à acheter du maquillage. »<br />

La jeune drag queen apprend, d’abord sur le<br />

tas, l’art de la performance, se rapproche de<br />

la scène lausannoise puis zurichoise. Au milieu<br />

de tout cela, elle se choisit un nom. « J’ai<br />

choisi Elyssa parce que c’est un autre nom<br />

de Didon, la reine de Carthage, qui se suicide<br />

dans l’opéra de Purcell Didon et Énée.<br />

C’est une histoire qui m’a suivie. Fleur, c’est<br />

en référence à mes origines mauriciennes,<br />

au fait que j’aimais beaucoup jardiner avec<br />

ma grand-mère. En fait, Elyssa symbolise la<br />

mort et Fleur la renaissance », confie-t-elle.<br />

Elyssa Fleur performe pour la première fois en<br />

Angleterre et, aujourd’hui, elle ne compte plus<br />

les shows et apparitions : Prides de Lugano et de<br />

Genève, clubs, et même la très neuchâteloise Fête<br />

des Vendanges. Elle participe également avec succès<br />

à plusieurs concours, dont le Heaven’s drag race,<br />

organisé par le club zurichois du même nom. Dans la<br />

cité alémanique, elle rencontre la subtilement nommée<br />

House of Anus, dont elle fait toujours partie, et<br />

celle qui deviendra sa mère drag, Effi Mer Delamaskis.<br />

« Elles m’ont vraiment aidée à level up, à augmenter<br />

mon niveau », raconte la Neuchâteloise, qui avoue<br />

également avoir plus d’affinités avec le milieu zurichois<br />

qu’avec les scènes lausannoise et genevoise,<br />

dont elle s’est petit à petit éloignée.<br />

LES RACINES JAMAIS LOIN<br />

Mais Elyssa Fleur reste Neuchâteloise avant<br />

tout. Et quand des ami·e·x·s, membres de<br />

la compagnie théâtrale Mnémosyne, aujourd’hui<br />

dissoute, la contactent pour monter<br />

un show drag, elle ne peut refuser. Pour<br />

ce premier spectacle, organisé en 2018, elle<br />

performe et, surtout, coache les autres artistes,<br />

tous·tes·x débutant·e·x·s, qui se produisent<br />

sur scène. L’événement remporte un<br />

succès inattendu. « Je me suis rendu compte<br />

que c’était le moment de créer une scène<br />

régulière sur Neuchâtel », raconte la drag<br />

queen, qui a entre-temps fondé sa propre<br />

maison, la House of Fleur. Les Dragâteloises<br />

sont donc nées en 2019, et se produisent désormais<br />

trois fois par an à Peseux, tout près<br />

de Neuchâtel. Une association a même été<br />

créée à l’été 2022 pour les chapeauter.<br />

Le concept consiste à promouvoir avant tout les artistes<br />

de la région, le comité d’organisation offrant<br />

volontiers l’occasion à des « baby drags » de faire<br />

leurs premiers pas en chaussures à plateformes sur<br />

scène. Un autre principe auquel tient Elyssa est de<br />

rémunérer correctement les artistes qui performent,<br />

DRAG<br />

CULTURE<br />

37


© @saturn_meown<br />

38<br />

CULTURE<br />

DRAG


et plus largement le personnel embauché pour l’organisation<br />

des soirées. « Entre le maquillage, les tenues,<br />

les perruques... c’est un art qui coûte cher et c’est<br />

impossible d’évoluer si on n’est pas bien payé·e·x·s »,<br />

estime-t-elle. Elle partage ses réflexions sur l’évolution<br />

du milieu ces dernières années : « Il y a eu un élan<br />

en Suisse à la fin des années 2000, où il fallait faire le<br />

plus possible avec peu de moyens financiers, parce<br />

que c’était important de faire bouger les choses.<br />

Cette logique est restée jusqu’à maintenant, on veut<br />

faire toujours plus avec moins. Nous, notre façon de<br />

voir, c’est se calmer, prendre le temps de bien faire<br />

les choses et se donner les moyens. L’art du drag est<br />

reconnu maintenant, il n’y a plus la même urgence. »<br />

Si les Dragâteloises sont avant tout un lieu de<br />

spectacle et de fête, la politique y a aussi sa<br />

place. « C’est aussi un espace d’éducation<br />

de la communauté et de son entourage, qui<br />

vient volontiers assister aux shows », assure<br />

leur fondatrice qui assène : « Quand tu fais<br />

du drag, tu entres dans une dimension politique,<br />

que tu le veuilles ou non. C’est une<br />

performance de genre qui va à l’encontre du<br />

système binaire, sexiste.<br />

Il vient bousiller cette vision du monde omniprésente<br />

qui fait beaucoup de mal à la communauté queer. Je<br />

comprends que tout le monde n’est pas à l’aise de<br />

partager des messages politiques sur les réseaux par<br />

exemple, mais il faut être engagé·e·x par ses actions.<br />

Il ne faut pas faire de drag si on ne veut pas cette dimension,<br />

c’est irrespectueux envers la communauté<br />

et les premières drag queens qui ont fait beaucoup<br />

pour les droits queer. »<br />

UNE SCÈNE PLUS INCLUSIVE<br />

Elyssa Fleur souhaite voir davantage de lieux<br />

queer inclusifs fleurir en Suisse et assure que<br />

les Dragâteloises en font partie. « C’est l’espace<br />

que j’aurais aimé avoir quand j’avais<br />

18 ans » sourit-elle. « On a besoin de plus<br />

d’espaces pour la communauté LGBTIQ+,<br />

c’est indéniable, mais on a surtout besoin<br />

d’espaces plus variés. La scène de la nuit, à la<br />

fois queer et sex positive, se développe, c’est<br />

bien. Mais il faut aussi créer des milieux plus<br />

ouverts le jour, qui favorisent les rencontres<br />

et les discussions. Pour l’instant, c’est difficile<br />

de trouver son compte. » Suite p.40<br />

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La performeuse avoue que la scène queer et drag<br />

n’est pas encore un modèle d’inclusivité. « Elle est<br />

encore très blanche, gay, cis. Ces hommes ont pris le<br />

monopole dans les années 2000 et la bienveillance<br />

n’était pas forcément au rendez-vous. C’est un défi<br />

aujourd’hui que de faire revenir les gens qui ont fui ces<br />

milieux, en proposant quelque chose de plus inclusif. »<br />

Elyssa se réjouit de voir que de plus en plus de lieux,<br />

d’événements, d’initiatives fleurissent et se maintiennent<br />

dans le temps. Une scène qui est « de plus<br />

en plus faite par et pour la communauté », plus adaptée<br />

à ses besoins... et qui a de beaux jours devant elle !<br />

La 10 e édition des Dragâteloises aura lieu le samedi<br />

9 <strong>décembre</strong> à Peseux (NE). Pour cet anniversaire,<br />

le comité proposera une performance commune et<br />

invitera des drag queens et kings qui étaient déjà<br />

monté·e·x·s sur scène lors des précédentes éditions.<br />

Plus d’infos sur le site dragateloises.ch ou sur leur<br />

compte instagram.<br />

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BYE <strong>2023</strong>, HELLO <strong>2024</strong> !<br />

SA 09.12<br />

THE BLACK SILK BURLESQUE SHOW<br />

SA 16.12<br />

YILIAN CAÑIZARES<br />

SA 20.01<br />

ASCENDANT VIERGE<br />

JE 25.01<br />

PIERRE DE MAERE<br />

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ME 31.01<br />

BERTRAND BELIN<br />

VE 02.02<br />

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MA 20.02<br />

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19–28 <strong>janvier</strong> <strong>2024</strong><br />

JE 29.02<br />

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musique live docks.ch lausanne<br />

Festival international<br />

de films indépendants,<br />

Genève


SOUTIENS PVA-GENÈVE, DEVIENS MEMBRE !<br />

PVA-Genève vous souhaite des heureuses fêtes de fin<br />

d’année et un merveilleux <strong>2024</strong> !<br />

Accueil<br />

Du Lundi au Jeudi<br />

de 14h00 à 18h00<br />

Repas convivial<br />

Les Lundis à 19h30<br />

à PVA-Genève<br />

Peinture thérapeutique<br />

Les Mardis de 14h30 à 16h30<br />

à PVA-Genève<br />

Atelier tricot<br />

Les Jeudis de 14h30 à 17h30<br />

à PVA-Genève<br />

Service social<br />

Les Jeudis de 14h00 à 17h00<br />

sans RDV à PVA-Genève<br />

Comme chaque année, nous nous<br />

permettons de vous rappeler que<br />

c’est le moment de soutenir PVA-Genève<br />

en devenant membre ou en<br />

renouvelant votre carte !!!<br />

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et la cotisation <strong>2024</strong> reste à 60.-.<br />

Pour être membre de PVA-Genève<br />

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suffit de verser 60.- à PVA-Genève<br />

CH04 0900 0000 1200 4193 9 en indiquant<br />

Cotisation <strong>2024</strong> dans « motif<br />

de versement » et nous pourrons<br />

ainsi vous faire parvenir la carte<br />

de membre directement chez vous.<br />

Pour celles et ceux qui le désirent,<br />

vous pouvez soutenir le « Fonds de<br />

Soutien » avec un don au compte<br />

PVA-Genève Solidarité CH07 0900<br />

0000 1227 1151 9.<br />

Restez informé.e.s!<br />

Découvrez nos NEWS<br />

en scannant le QR-code :<br />

Rue des Pâquis 35, 1201 Genève - 5ème étage<br />

+41 22 732 44 45 - secretariat@pvageneve.ch - www.pvageneve.ch


LE SENSUEL<br />

TSAI MING-LIANG<br />

STAR DE<br />

BLACK MOVIE<br />

PAR<br />

EDMÉE CUTTAT<br />

© Walker, Tsai Ming-Liang<br />

CINÉASTE DES CORPS ET DES DÉSIRS, LE CHEF DE FILE DE<br />

LA SECONDE NOUVELLE VAGUE TAÏWANAISE MONTRERA<br />

SES TRAVAUX AINSI QU’UNE MINI-RÉTROSPECTIVE DE SES<br />

FILMS DANS LE CADRE DU FESTIVAL GENEVOIS BLACK MOVIE.<br />

CINÉMA<br />

CULTURE<br />

43


Offrir une perspective différente de celle d’autres<br />

festivals occidentaux, tel est le but de Black Movie<br />

qui revient dès le 19 <strong>janvier</strong> et proposera des œuvres<br />

en provenance d’Afrique, d’Asie, d’Amérique latine.<br />

Pour sa 25 e édition, le festival – qui a permis la découverte<br />

de nombreux réalisateur·ice·x·s – s’enorgueillit<br />

de la présence d’une vingtaine d’invité·e·x·s, dont<br />

celle, exceptionnelle, du Taïwanais Tsai Ming-Liang.<br />

Rappelons que le cinéaste a été honoré en août dernier,<br />

à Locarno, pour l’ensemble de sa carrière.<br />

Né en 1957, le réalisateur, scénariste et producteur,<br />

sensuel chef de file gai de la seconde<br />

nouvelle vague de son pays, montrera<br />

ses travaux au Commun, l’espace culturel de<br />

la Ville de Genève, ainsi qu’une mini-rétrospective<br />

de sa cinématographie. Son travail<br />

lui a notamment valu un Lion d’or à Venise,<br />

un Ours d’argent à Berlin et un prix à Cannes.<br />

LA FIGURE FONDATRICE DU MOINE MARCHEUR<br />

L’exposition est consacrée à la fameuse série Walker,<br />

dont le point de départ est un court métrage réalisé en<br />

2012 et qui met en scène un moine marcheur. Celuici<br />

est incarné par Lee Kang Sheng, l’acteur fétiche du<br />

cinéaste, qui le fait évoluer dans diverses villes d'Asie<br />

et d'Europe.<br />

Sur deux étages, on pourra également découvrir<br />

l’aspect artistique et performatif de<br />

la star du festival. Avec la projection de films<br />

dont des inédits et la présentation de soixante<br />

dessins du maître. Sans oublier la diffusion<br />

d’une captation théâtrale, The Monk From<br />

Tang Dynasty, figure chinoise fondatrice pour<br />

Tsai Ming Liang, à laquelle la série Walker rend<br />

hommage. Venu au monde il y a 1400 ans, le<br />

moine a déambulé à travers l’Asie pour aller<br />

chercher des écrits bouddhistes.<br />

De son côté, la Brésilienne Carolina Markowicz propose<br />

Toll et raconte les déboires de Suellen. Agente<br />

de péage, cette mère désemparée profite de son job<br />

pour aider un gang à dérober des montres et autres<br />

accessoires de luxe à de riches conducteurs. Dans un<br />

noble but, tente-t-elle de se convaincre. Elle veut en<br />

effet envoyer son fils gai dans un coûteux centre de<br />

thérapie de conversion dirigé par un célèbre prêtre.<br />

Elle va du coup déclencher à son insu une série d’événements<br />

dont seuls les voleurs tireront profit.<br />

Rencontres, discussions, masterclasses<br />

prolongeront et complèteront la projection<br />

de métrages recouvrant fiction, documentaire,<br />

expérimental, ou animation. À cet<br />

égard, on signale le volet Petit Black Movie<br />

destiné aux plus jeunes, qui pourront également<br />

suivre des tables rondes, dans le but<br />

d’approfondir les thématiques soulevées. À<br />

noter enfin qu’une partie de la programmation<br />

sera proposée en ligne.<br />

© Tsai Ming-Liang<br />

PRODUCTIONS LGBTIQ+<br />

Outre cette excursion taïwanaise, Black Movie va<br />

naviguer entre Guinée, Mexique, Corée du Sud, Iran,<br />

Géorgie et République centrafricaine. Au sein de ce<br />

riche programme, comptant une cinquantaine de longs<br />

métrages et une quarantaine de courts, regroupés en<br />

sections thématiques (société, politique, genres, nouvelles<br />

cultures urbaines), le festival a inclus – comme<br />

d'habitude – des œuvres LGBTIQ+.<br />

On en a plus particulièrement retenu deux. À<br />

commencer par The Summer With Carmen du<br />

Grec Zacharias Mavroeidis. Alors qu’il profite<br />

d’une journée sur une plage gaie d’Athènes,<br />

Demosthène, 30 ans, propose d’aider Nikitas,<br />

son meilleur ami et cinéaste débutant, à rédiger<br />

une idée pour son prochain long métrage<br />

inspiré par une chienne appelée Carmen. La<br />

nudité est assumée dans cette réflexion sur<br />

la création déguisée en fantaisie érotique.<br />

BLACK MOVIE,<br />

DU 19 AU 28 JANVIER<br />

PLUS D’INFOS :<br />

BLACKMOVIE.CH<br />

44 CULTURE CINÉMA


L’humeur d’Aymeric Dallinge<br />

Tout semblait être écrit, pourtant l’histoire a suivi<br />

une voie différente.<br />

Il y a eu les mots durs et les mots qui sonnent<br />

faux. Il y a eu les embûches et les doutes. Il y a eu<br />

les moments d'effroi et de lassitude. Il y a eu la<br />

confiance perdue et le sourire égaré derrière de<br />

faux-semblants. Il y a eu des mots plus hauts<br />

que les autres.<br />

FUCK.<br />

Aymeric Dallinge s’amuse des mots et crée des<br />

ambiances saisies dans l’instant.<br />

Il y a eu les moments doux et les instants de célébration.<br />

Il y a eu ces émotions qui font vibrer le<br />

corps et tressaillir le cœur. Il y a eu ces mots aimants<br />

qui apaisent et les caresses de tendresse.<br />

Il y a eu les sourires des petites et grandes joies. Il<br />

y a eu le bonheur et la concrétisation des rêves. Il y<br />

a eu le respect et la bienveillance. Il y a eu l'espoir<br />

de quelque chose de meilleur.<br />

L’espoir s’est évaporé. Il a fallu laisser partir.<br />

Apprendre à dire au revoir. Faire le deuil.<br />

S'enfoncer dans la perte. Accueillir la mort.<br />

Ne jamais retenir le chagrin. Il a fallu tuer les<br />

songes, noyer les promesses. Redéfinir l'avenir.<br />

Résister pour ne pas perdre les souvenirs.<br />

Conserver le passé pour ce qu'il a été.<br />

Apprivoiser le temps qui passe dans l'absence.<br />

Ça s'est passé comme ça. Sans rien pouvoir<br />

y faire.<br />

C'est resté là, sans mots suffisants pour<br />

exprimer ce qui gît.<br />

Juste un doigt.<br />

Fuck.<br />

PUBLICITÉ


Pour l’égalité des droits<br />

depuis 1982<br />

SAVE THE DATE<br />

Cocktail de rentrée de Dialogai<br />

Mercredi 24 <strong>janvier</strong> <strong>2024</strong> de 18h à 22h<br />

Après le succès de la première édition,<br />

Dialogai organise une nouvelle fois<br />

son rendez-vous annuel: le Cocktail<br />

de rentrée de Dialogai. Une occasion<br />

de favoriser les rencontres informelles<br />

entre personnes donatrices, politiques,<br />

membres du comité et du personnel<br />

de Dialogai et la population. L’occasion<br />

idéale qui permettra à tout le monde de<br />

soutenir nos activités et actions autour<br />

d’un verre.<br />

Entrée gratuite. Bar payant.<br />

Les bénéfices du bar et les dons<br />

récoltés seront intégralement reversés<br />

aux activités de Dialogai et de ses<br />

services.<br />

Nous nous réjouissons de vous retrouver,<br />

avec plein de surprises tout au long de<br />

la soirée.<br />

Programme de la soirée et lieu à découvrir<br />

fin-<strong>décembre</strong> <strong>2023</strong>-début <strong>janvier</strong> <strong>2024</strong> sur<br />

notre site internet www.dialogai.org<br />

Devenir membre de Dialogai<br />

Être membre de Dialogai vous permet<br />

non seulement d’obtenir de nombreux<br />

avantages tout au long de l’année chez<br />

nos partenaires mais également de<br />

soutenir l’association et ses services<br />

(notamment Le Refuge<br />

Genève et Checkpoint<br />

Genève). Et si c’était votre<br />

bonne résolution en <strong>2024</strong>?<br />

Infos: www.dialogai.org


LES<br />

PÉPITES<br />

DE<br />

DÉCEMBRE<br />

- JANVIER<br />

On ne va pas se mentir, c’est avec le cœur lourd que nous écrivons ces dernières<br />

pépites. Deux ans de recherches et de rédaction pour le <strong>magazine</strong> <strong>360°</strong>,<br />

c’était une sacrée aventure qu’on a eu la chance de partager avec vous. On a<br />

adoré se perdre dans les internets pour vous dégoter les dernières nouveautés<br />

queer et lesbiennes. Un grand merci au <strong>magazine</strong> de nous avoir fait confiance<br />

et d’avoir offert cet espace de visibilité en Suisse romande pendant toutes ces<br />

années. Nous nous sentons très chanceuses et fières d’avoir pu y contribuer.<br />

Nous continuerons à vous partager nos coups de cœur de manière digitale sur<br />

instagram, alors n’oubliez pas de suivre @vaginpirate !<br />

Pour ces ultimes pépites, vous retrouverez de la musique, quelques bouquins (c’est<br />

toujours de super cadeaux), et une série ! N’oubliez pas de soutenir vos libraires,<br />

disquaires et artisan·e·x·s locaux pour faire plaisir à vos êtres chers !<br />

À bientôt et merci de nous lire, on vous souhaite une fin d’année douce<br />

et pleine d’amour.<br />

© Sidonie Ronfard<br />

© France TV Slash<br />

48<br />

FAERIES RECORD<br />

La maman de la scène electro lesbienne, Jennifer Cardini, s’est associée à l’artiste<br />

plasticienne et cinéaste Lou Fauroux pour le lancement de leur nouveau label Faeries<br />

Record. Comme à son habitude, l’ancienne résidente du Pulp met à l’honneur la musique,<br />

ambient, pop et techno, ainsi que l’inclusion en offrant une plateforme prioritaire<br />

pour la communauté queer. C’est l’artiste Angel Rider qui avait lancé le label au mois<br />

de juin avec son titre hyperpop when ur gone, et si vous nous lisez régulièrement vous<br />

savez que c’est vraiment tout ce qu’on adore ! Au mois de novembre, c’est l’EP d’Ines<br />

Chérif qui a débarqué un violon, des sons de machine, une invitation au lâcher prise<br />

dans une autre dimension. Faeries Record, c’est aussi faire de la place à la musique<br />

expérimentale, des ovnis, des sons qui sortent des cases, le tout sélectionné par ce<br />

couple alliant art et musique, du véritable génie lesbien. On vous invite à follow leur<br />

compte Insta fissa pour découvrir l’actu musicale et les prochaines soirées à venir<br />

qui s’annoncent très très cool.<br />

SPLIT<br />

Lors de la dernière édition du GIFF, à Genève, vous avez eu la possibilité de découvrir<br />

cette nouvelle série signée Iris Brey, Split. On connaissait Iris Brey pour<br />

sa spécialisation sur les représentations de genres à l’écran à travers ces livres<br />

et différentes conférences, elle passe à présent derrière la caméra. Split, c’est<br />

l’histoire d’une cascadeuse qui tombe amoureuse de l’actrice qu’elle double.<br />

CULTURE<br />

VAGIN PIRATE


Cette série vous immerge dans un jeu de miroir troublant entre les deux protagonistes,<br />

Anna (Alma Jodorowsky) et Eve (Jehnny Beth), il est question de doutes,<br />

de vertiges et de passions. On a adoré retrouver Jehnny Beth à l’écran, on la<br />

connaissait pour sa carrière musicale avec le groupe Savages, puis en solo, et ses<br />

remarquables performances live toujours très très puissantes. Pour s’en mettre<br />

plein les oreilles, on vous recommande d’ailleurs son dernier EP, qui s’intitule LIVE<br />

EP. Côté musique de la série, nous ne sommes pas en reste étant donné que la<br />

BO est signée Rebeka Warrior et Maud Geffray. Disponible sur France TV Slash.<br />

HACKER LA PEAU<br />

C’est le retour très attendu de Jul Maroh, auteurx de la très célèbre BD lesbienne Le bleu est une couleur<br />

chaude. Jul collabore pour cet album avec Sabrina Calvo, autrice trans de science-fiction. Au cœur de cet<br />

ouvrage, l’oppression anti-LGBT qui fait directement écho à la transition du dessinateurx.<br />

Dans ce nouveau récit dystopique, vous retrouverez trois personnages en polyamour, Prin, le protagoniste<br />

principal, Axl, un hacker, et Molly, une couturière. Une BD affirmativement queer qui parle<br />

d’amour au sens large, de militantisme, de courage, de lutte et de réflexions. C’est parfois violent,<br />

mais doux aussi grâce à toute la poésie et l’humanité qu'abrite cet album. Si vous souhaitez vous<br />

immerger encore plus dans votre lecture, une playlist du livre est disponible sur Spotify.<br />

Last but not least, c’est la grande queen Wendy Delorme qui préface ce livre. Extrait : « Toi qui aimes à plusieurs<br />

et toi qui te retranches aux confins de ton cœur qui s’est souvent brûlé ; toi qui dis que l’amour est une fiction<br />

et toi qui penses qu’elle est la plus épique de toutes : rendez-vous dans ces pages. »<br />

© Steve Gullick<br />

BIG SIGH<br />

L’artiste anglaise d’alt rock Marika Hackman est de retour avec un nouvel album<br />

prévu le 12 <strong>janvier</strong> ! On a heureusement déjà trois excellents singles à se mettre<br />

sous la dent. No Caffeine parle des crises de panique et de l’anxiété ; Hanging est<br />

une réflexion sur les relations passées difficiles et sur la façon dont on peut se piéger<br />

soi-même dans une situation où l'on est incapable de passer à l'étape suivante<br />

de sa vie ; et pour finir, Slime parle de la destruction qui peut être causée lorsque<br />

vous vous mettez avec quelqu'un et qu'il y a d'autres facteurs en jeu. D’ailleurs on<br />

vous encourage fortement à filer voir le clip de Slime, la vibe c’est cotte de mailles,<br />

steamy wrestling en extérieur : la vie rêvée de toutes les lesbiches médiévales !<br />

On avait aussi adoré son album Any Human Friend en 2019, qui transpirait<br />

un sentiment de liberté sexuelle lesbienne. Vraiment, c’est l’album parfait<br />

pour toutes nos sœurs désespérément horny.<br />

© JC Lattès<br />

LA FEMME EN MOI<br />

Il nous semble d’utilité publique de vous parler du livre de Britney Spears, La femme<br />

en moi. En tout cas, d’une importance primordiale pour toute personne ayant grandi<br />

avec la Princess of Pop dans un coin du rétroviseur. De son enfance sur les plateaux<br />

télé du Mickey Mouse Club jusqu'à sa mise sous tutelle, en passant par les infidélités<br />

de Justin Timberlake, elle livre tout. Et pour la première fois, Britney Jean Spears<br />

peut enfin nous raconter son histoire, sans qu’elle soit déformée par les tabloïds.<br />

Son récit est un reflet cru de la célébrité telle qu’elle nous a été servie<br />

depuis notre enfance. On ressort de cette lecture secoué·e·x par la violence<br />

qui est infligée aux femmes dans l’industrie de la musique, on se<br />

questionne sur notre rapport à la célébrité et ce besoin avide d’avoir accès<br />

à la vie privée des personnes qu’on idolâtre. Finalement, on est aussi<br />

impressionné·e·x par la lucidité dont fait preuve Britney sur la façon dont<br />

elle a été traitée par sa famille et des résultats de cette situation. Enfin,<br />

on vous conseille l’audio book du livre, en anglais. Il est lu par l’incroyable<br />

Michelle Williams.<br />

VAGIN PIRATE CULTURE<br />

49


<strong>360°</strong> en mode after<br />

L'an de grâce <strong>2023</strong> se termine. Et avec lui l'aventure de ce <strong>magazine</strong>.<br />

Mais <strong>360°</strong> continuera à accompagner la vie LGBTIQ+ en Suisse romande<br />

sur le web et les réseaux, grâce à son agenda.<br />

© Alvaro Romero pour <strong>360°</strong> Fever<br />

Vous êtes déjà très nombreux·ses à le consulter. À<br />

l'approche du week-end, l'agenda en ligne de <strong>360°</strong><br />

enregistre chaque jour des centaines de connexions.<br />

Depuis 2021, cette plateforme a répertorié plus de<br />

2000 événements en Suisse romande.<br />

La bonne nouvelle, c'est que cet agenda va<br />

continuer à mettre en avant tout ce qui agite,<br />

palpite et crépite dans la communauté.<br />

Des grosses soirées house jusqu'aux guinguettes<br />

alterno en passant par le clubbing<br />

pointu et le cabaret drag, tous les dancefloors<br />

inclusifs y ont droit de cité. L'agenda<br />

met aussi à l'honneur les activités associatives,<br />

sportives, conviviales et les mobilisations<br />

de rue LGBTIQ+. Chaque semaine, vous<br />

pouvez également y découvrir une sélection<br />

culturelle affûtée sur les questions queer<br />

(danse, cinéma, théâtre, perfo, conférences,<br />

arts), parfois avec des places à gagner. Et<br />

parce que l'éclectisme, on aime, on n'oublie<br />

pas non plus les plans cruising !<br />

Notre ambition, c'est de vous inviter à sortir, à découvrir<br />

et à rencontrer! Pour mener à bien cette<br />

mission, nous avons besoin de vous. Faites-nous<br />

connaître ce qui se passe dans votre région, partagez<br />

avec nous vos coups de cœur et avertissez-nous<br />

quand vous ou votre association organisez un événement<br />

! Nous serons heureux·ses de leur donner<br />

de l'écho sur le site et sur nos réseaux sociaux.<br />

Pour ces fêtes de fin d'année, l'agenda de<br />

<strong>360°</strong> vous donnera un tour d'horizon complet<br />

des endroits où se réchauffer le cœur (avec<br />

ou sans vin chaud, raclette et karaokés de<br />

Wham!). Côté clubbing, à l'heure de mettre<br />

sous presse, on sait d'ores et déjà que le weekend<br />

de Noël sera animé par la soirée 36gr.<br />

(par nos sœurs de <strong>360°</strong> Fever) à la Gravière<br />

de Genève et par la Tolerdance à l'ISC de<br />

Berne. Dans la nuit du 24 au 25, la messe<br />

de minuit aura de la concurrence du côté<br />

du Jet Lag Club, au MAD de Lausanne, avec<br />

l'équipe des Bordello. À la Saint-Sylvestre,<br />

comme chaque année quand il n'y a pas un<br />

Covid pour nous gâcher la fête, le Flon sera le<br />

pôle d'attraction LGBTIQ+, avec du dancefloor<br />

en triple dose à la Bordello Happy New Year<br />

Après ça gueule de bois ? Même pas ! On remet<br />

ça le soir du 1 er <strong>janvier</strong>, au même endroit.<br />

D'expérience, on peut vous assurer que d'autres soirées<br />

vont se rajouter à la liste. Tout un éventail d'idées est à<br />

retrouver sur 360.ch.<br />

50<br />

CULTURE<br />

NOUVEL AN


DE LA<br />

RÉPUGNANCE<br />

À L'AMOUR<br />

Dans Rosalie, Stéphanie Di Giusto brosse le<br />

portrait d’un personnage qui, refusant d’être<br />

une bête de foire, assume et revendique sa<br />

différence. Une réussite. Par Edmée Cuttat<br />

© Trésor Films<br />

PUBLICITÉ<br />

Rosalie a un secret. Depuis sa naissance, cette jeune femme<br />

que l’on découvre dans la France de 1870, souffre d’hirsutisme. Dit<br />

prosaïquement, c’est une femme à barbe qui vit recluse avec son père.<br />

Il la rase tous les matins. Un jour, il décide de la donner en mariage à<br />

Abel, un cafetier criblé de dettes. Peu à peu la répugnance fait place<br />

à l’admiration et à l’amour pour cette femme qui refuse de devenir<br />

un phénomène de foire.<br />

Héroïne, on s’en souvient, du controversé Les Amandiers<br />

de Valeria Bruni-Tedeschi, Nadia Tereszkiewicz met son talent au<br />

service de Rosalie, l’affranchie aux allures d’icône queer, qui affirme<br />

sa féminité contre les diktats de l’époque. Renonçant désormais à<br />

se raser, elle se montre fièrement avec sa barbe bien fournie dans<br />

le bistrot d’Abel (excellent Benoît Magimel), contribuant par ailleurs<br />

largement aux finances du ménage après un pari réussi pour faire<br />

revenir les clients qui avaient déserté l’endroit.<br />

Émouvant et sensible, le film de Stéphanie Di Giusto (La<br />

danseuse) s'inspire de l'histoire vraie de Clémentine Delait (1865-<br />

1939), bistrotière des Vosges. « Quand j’ai vu son visage en croisant<br />

son histoire, je l’ai trouvé gracieux », remarque la réalisatrice, qui se<br />

défend d'avoir réalisé un biopic. « Je voulais explorer des sentiments<br />

à la fois violents et pudiques. il y a dans le couple qu’elle forme avec<br />

son mari quelque chose de fort qui transcende tout.»<br />

Avec Nadia Tereszkiewicz et Benoît Magimel.<br />

Sortie le 24 <strong>janvier</strong> dans les salles romandes<br />

CINÉMA<br />

CULTURE


SANDRINE CINA :<br />

« OPTIMISTE MALGRÉ UN MONDE CHAOTIQUE »<br />

© Eddy Mottaz, Le Temps<br />

Sandrine Cina est cofondatrice et directrice de l'association Be You<br />

Network, ainsi que de BØWIE, un programme pionnier qui soutient<br />

les créateur·ice·x·s queers et féministes dans les domaines sociaux,<br />

entrepreneuriaux et artistiques.<br />

PROPOS RECUEILLIS PAR TAL MADESTA<br />

MA VERTU QUEER PRÉFÉRÉE<br />

L'apprentissage de l'acceptation de soi et la célébration<br />

de l'unicité de chaque individu, en constante<br />

évolution au sein de notre communauté.<br />

LE PRINCIPAL TRAIT DE MON CARACTÈRE<br />

La curiosité et la soif de connaissances. Je suis toujours<br />

avide d'apprendre de nouvelles choses.<br />

MES HÉRO·ÏNE·X·S DANS LA VIE RÉELLE<br />

Toutes les personnes qui, à leur manière,<br />

luttent pour la justice et l'égalité.<br />

LES FAUTES QUI M’INSPIRENT<br />

LE PLUS D’INDULGENCE<br />

Les erreurs faites en apprenant et en grandissant.<br />

MES PEINTRES FAVORI·TE·X·S<br />

Les artistes de la BØWIE Gallery bien sûr!<br />

LES PERSONNAGES HISTORIQUES<br />

QUE JE MÉPRISE LE PLUS<br />

Ceux qui ont abusé de leur pouvoir pour opprimer<br />

les autres.<br />

MON PRINCIPAL DÉFAUT<br />

Parfois trop réticente à me montrer vulnérable...<br />

Mais j'essaie de m'améliorer !<br />

MON ÉTAT D’ESPRIT ACTUEL<br />

Optimiste malgré un monde chaotique. Je crois en<br />

notre capacité collective à trouver des solutions.<br />

MON OCCUPATION PRÉFÉRÉE<br />

Explorer les nouvelles technologies. Je suis fascinée<br />

par la façon dont elles ouvrent de nouvelles possibilités<br />

et amènent de nouveaux défis.<br />

LE DON DE LA NATURE QUE JE VOUDRAIS AVOIR<br />

Le pouvoir de garantir que les personnes que j'aime<br />

soient toujours pleinement safe et heureux·ses.<br />

POUR EN SAVOIR PLUS : WWW.BOWIECREATORS.COM<br />

52<br />

QUEER'STIONNAIRE DE PROUST


Les prochaines<br />

rencontres des groupes<br />

Groupe Trans*<br />

◗ Mercredi 13 <strong>décembre</strong> et mercredis 10 et 24 <strong>janvier</strong><br />

Groupe de rencontre et de discussion de 19h à 21h30<br />

au local de 360.<br />

◗ Vendredi 22 <strong>décembre</strong>, Fête de tous les groupes !<br />

Dès 19h au local<br />

◗ Infos, conseils et entretiens w :association360/trans<br />

e : trans@association360.ch, t : 078 322 34 60<br />

Pôle Familles LGBTQ+<br />

◗ Dimanche 10 <strong>décembre</strong>, Sortie Familles de 11h à 15h :<br />

Brunch et activités ! + d’info sur le lieu sur le site association360.ch<br />

◗ Infos, conseils et entretiens : association360.ch/homoparents,<br />

familleslgbtq@association360.ch, t : 079 236 03 58<br />

Groupe Tamalou<br />

◗ Vendredi 22 <strong>décembre</strong>, Fête de tous les groupes ! Dès 19h<br />

au local et mercredi 27 <strong>décembre</strong>, petit Noël des Tamalou<br />

et des Babayagas<br />

◗ Mardi 12 <strong>décembre</strong>, Soirée Fondue dès 19h à La Grappe<br />

d’Or, rue des Pâquis 19<br />

◗ Suivez le programme des Tamalou sur leur Facebook :<br />

https://www.facebook.com/groups/tamalou360 et sur<br />

association360.ch<br />

◗ Tous les mardis dès 17h30 : rencontre conviviale en ville !<br />

Pour intégrer le groupe WhatsApp : envoyer un courriel à<br />

andr.lauper@yahoo.com<br />

◗ Renseignements et inscription : t : 022 741 00 70<br />

Groupe les Babayagas<br />

◗ Mercredis 13 <strong>décembre</strong> dès 19h, Brunch canadien et<br />

rencontre mensuelle au local !<br />

◗ Jeudi 21 <strong>décembre</strong>, sortie Resto ! Vendredi 22 <strong>décembre</strong>,<br />

Fête de tous les groupes ! dès 19h au local et Mercredi 27<br />

<strong>décembre</strong>, Petit Noël des Tamalou et des Babayagas<br />

◗ Restez en contact avec les membres des Babayagas grâce<br />

à son groupe WhatsApp ! Pour participer, appeler Christine<br />

au + 41 79 544 94 30 ou adresser un courriel à babayagas@<br />

association360.ch<br />

◗ Infos, conseils et entretiens t : 079 544 94 30<br />

Groupe BiPan+<br />

◗ Vendredis 15 <strong>décembre</strong> & 19 <strong>janvier</strong> dès 20h, réunion conviviale<br />

mensuelle au local de 360 ! Vendredi 22 <strong>décembre</strong>,<br />

Fête de tous les groupes ! Dès 19h au local<br />

◗ Infos, conseils et entretiens<br />

e : bipanplus@association360.ch, t : 079 632 70 48<br />

LGBTIQ+ International Group<br />

◗ Vendredi 8 <strong>décembre</strong> de 19h à 23h30 :monthly pot-luck<br />

dinner – buffet canadien mensuel, dans nos locaux (Rue de<br />

la Navigation 36, 1201 Genève)<br />

◗ Vendredi 22 <strong>décembre</strong> : Fête de tous les groupes ! Dès 19h<br />

au local de 360<br />

◗ Plus d’infos : 079 773 60 08<br />

En <strong>2024</strong>, la coti c’est toujours la vie ! Soutenez<br />

l’association 360 : cotisation annuelle de CHF 55.- ou 100.-<br />

pour les couples ! IBAN CH50 0900 0000 1759 6500 6<br />

Service Juridique<br />

Je 9h – 13h et 14h – 18h<br />

Ve 9h – 13h<br />

« Uniquement sur<br />

rendez-vous »<br />

juri@360.ch<br />

022 731 42 13<br />

Permanence Trans<br />

au 078 322 34 60<br />

du lu au ve, 10h à 12h et<br />

14h à 17h30<br />

Infos, conseils et<br />

entretien sur RDV<br />

Perm. d’accueil au local<br />

Ma au Ve 14h – 18h<br />

Association 360 | 022 741 00 70 | association360@360.ch<br />

Rue de la Navigation 36 | 1201 Genève<br />

IBAN CH50 0900 0000 1759 6500 6


la<br />

Boule<br />

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Nos graphistes Balmer<br />

Hählen vous ont concocté<br />

une déco de fin d'année<br />

pour vous permettre<br />

de faire vivre <strong>360°</strong><br />

en 3D durant les fêtes.<br />

À vos ciseaux !<br />

Heureux·se de votre bricolage<br />

? Partagez-nous vos plus<br />

belles photos de cette déco<br />

de fin d’année sur Instagram<br />

et taguez @<strong>magazine</strong>_360


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Comment rendre ma structure inclusive ? Comment accompagner des jeunes<br />

se questionnant sur leur identité de genre et/ou orientation affective et sexuelle ?<br />

Comment réagir à l’homophobie et à la transphobie ?<br />

Vogay propose pluieurs formations entre 200 et 400.-CHF pensées pour les<br />

structures extra-scolaires du canton de Vaud accueillant des jeunes de 12 à 25 ans.<br />

ATELIERS AUPRÈS<br />

DES JEUNES<br />

Pour instaurer un dialogue bienveillant et respectueux. Pour déconstruire les stéréotypes<br />

et préjugés liés au genre. Pour lutter contre les discriminations LGBTIQphobes.<br />

Vogay propose des ateliers gratuits destiné aux jeunes accueillis dans les structures<br />

de l’extra-scolaire : film-débat, dîner quiz, jeux des privilèges, ou encore atelier<br />

d’expression corporelle et théâtrale ...<br />

Formations et ateliers<br />

de sensibilisation<br />

en milieu extra-scolaire<br />

INFORMATIONS<br />

SUR VOGAY.CH<br />

CONTACT<br />

Emmanuelle Anex<br />

extrascolaire@vogay.ch<br />

079 263 76 83


L’ORACLE DU MOIS<br />

LE POLITIQUE DEUIL BIEN DE TEMPÉRÉ QUALITÉ<br />

Gouverner un pays efficacement en s’appuyant sur des bases solides.<br />

Si tu te prends un train, est-ce<br />

qu’après t’as un locommotion?<br />

DU 1 AU 9 DÉCEMBRE<br />

DU 1 e AU 9<br />

22<br />

Le choc OCTOBRE<br />

Paternalisme<br />

juillet<br />

Voilà : elle est tombée bien tempéré. cette sale nouvelle.<br />

On Surtout s’y attendait que rien un ne peu, change mais - gouverné quant à être<br />

prêt, sous on la casquette est loin du de compte la tradition, ! un pays<br />

On reste stable juste sonné, et sa politique groggy, efficacement<br />

ko, flagada,<br />

rétamé, protégée anéanti… des influences novatrices<br />

et par trop idéalistes.<br />

DU 10 AU 16 DÉCEMBRE<br />

La DU tristesse 10 AU 16 OCTOBRE<br />

On Information a besoin subtilement de chaleur. anxiogène.<br />

Il Afin faut de des garder bras la amis, population des heures dans d’écoute, une<br />

des dynamique bols de de chocolat groupe fumant maîtrisable, ou<br />

de distiller grandes à intervalles rasades de réguliers whisky. des marches<br />

Dans à suivre tous opaques les cas, permet un endroit de garder moëlleux sous<br />

où contrôle se recroqueviller tout mouvement pour que de rébellion ça passe…<br />

inopportun.<br />

27<br />

avril<br />

@shop.monokini.ch<br />

DU 17 AU 24 DÉCEMBRE<br />

L’acceptation 6<br />

On DU prend 17 AU le temps 23 OCTOBRE<br />

mai de songer à tous<br />

les Esprit moments de clocher passés progressiste.<br />

: l’aventure a été<br />

jalonnée Les débats de dans rencontres, l’hémicycle remplie fleurent<br />

de bon découvertes, les valeurs et pavée le bon d’apprentissages sens terriens. et<br />

parsemée La campagne de désillusions.<br />

intime aux développements<br />

A de force société d’expériences, un rythme de elle croisière s’est qui<br />

inexorablement permet d’atténuer gravée aisément dans les cœur. urgences.<br />

DU 25 AU 31 DÉCEMBRE<br />

La reconstruction<br />

DU On n’imaginait 24 AU 31 pas OCTOBRE<br />

à quel point<br />

L’immobilisme cette expérience dynamique. nous aura rempli<br />

Lorsque de sagesse. la situation politique devient brûlante<br />

et A l’heure nauséabonde, tourner s’attabler la page, résolument on se sent autour<br />

d’un rempli plat d’un national appétit communautaire tout neuf et bien fait aiguisé. fondre<br />

toutes les dissensions dans la bonne humeur.<br />

La Gare fondue à toi <strong>2024</strong>, est l’opium on va du te peuple. bouffer toute crue !


Horoscope<br />

En cette aussi pétaradante que philosophiquement<br />

nocturne saison des<br />

Sagittaires, quelle lumière de Yule,<br />

ancêtre païenne de Noël, seras - tu<br />

pour éclairer ta route et passer l’hiver ?<br />

Par AstrAl<br />

SAGITTAIRE<br />

23 NOV – 22 DÉC<br />

Ta chanson du mois :<br />

L’instant X, Mylène Farmer<br />

Sagittaire, tu flamboies comme les phares d’une voiture<br />

sur une route enneigée. Mars est dans ton signe et<br />

te donne l’aisance de foncer et virevolter là où d’autres<br />

s'enlisent peut - être un peu. Cultive ta belle énergie<br />

en faisant attention cependant à ne pas polluer ce<br />

qui demande calme et silence. Et gare aux dérapages<br />

avinés ! À Yule : vocifère des mots doux sur tous les<br />

potagers que tu croiseras.<br />

CAPRICORNE<br />

22 DÉC – 20 JAN<br />

Ta chanson du mois :<br />

Yule, Lisa Thiel<br />

Capricorne, ta lueur approchera <strong>décembre</strong> comme<br />

l’étoile qui commence à se consumer. Ta flamme<br />

intérieure te semblera aussi lointaine que capable<br />

d’adoucir toutes les obscurités autour de toi, et<br />

ton feu glacial saura embraser ton monde discrètement.<br />

Tu es lae chevalier·ère·x infatigable du rêve<br />

et de l’amour. (Mais pète quand même un coup.)<br />

À Yule : fabrique un abri à oiseaux et susurres - y<br />

ta plus grande vérité.<br />

VERSEAU<br />

21 JAN – 18 FÉV<br />

POISSONS<br />

19 FÉV – 20 MARS<br />

Collages : Amina Belkasmi<br />

Ta chanson du mois :<br />

Last Christmas,<br />

Taylor Swift<br />

Verseau, tu es la lumière du<br />

traineau du Papa Noël. Toimême,<br />

au milieu de toutes<br />

ces odeurs de vin chaud<br />

et d’échos de Mariah Carey,<br />

tu ne sais plus très bien<br />

si tu existes ou pas,<br />

ou dans quel metaverse.<br />

Malgré ton étourdissement<br />

tu sais une chose :<br />

tu pratiques la magie<br />

de l’amitié mieux que<br />

personne. Si tu l’avais<br />

égarée, le moment est<br />

venu de la pratiquer à<br />

nouveau. À Yule : abreuve<br />

tes ami·e·x·s de ta meilleure<br />

potion.<br />

Ta chanson du mois :<br />

I Ride the Last Sunrise,<br />

Abraham<br />

Poissons, tu éclaires<br />

comme une lanterne se<br />

balançant sur le pont<br />

d’un bateau dans la nuit.<br />

Tu n’avances pas sans<br />

but, tu te sens attiré·e·x<br />

vers un horizon plus<br />

grand que toi, même si<br />

tu n’es pas encore sûr·e·x<br />

d’où tu arriveras. Tu braves<br />

au mieux les vagues et<br />

tempêtes, aussi fragile<br />

qu’agile, gardant ta<br />

communauté embarquée<br />

avec toi. Tu es un peu<br />

salé·e·x, aussi...irrité·e·x ? :)<br />

À Yule : Transforme<br />

l’eau en sucre.<br />

60 HOROSCOPE LA TÊTE DANS LES ÉTOILES


BÉLIER<br />

21 MARS – 20 AVRIL<br />

TAUREAU<br />

21 AVRIL – 20 MAI<br />

GÉMEAUX<br />

21 MAI – 21 JUIN<br />

CANCER<br />

22 JUIN – 22 JUIL<br />

Ta chanson du mois :<br />

Yule Shoot Your Eye Out,<br />

Fall Out Boy<br />

Bélier, tu es la lumière<br />

au bout de la cigarette.<br />

Éclat chaud et nerveux<br />

qui se rapproche de la<br />

bouche (le mot qui tue<br />

jamais loin, donc), tu<br />

manques de calme mais<br />

trépigne de détermination.<br />

On te verra un peu<br />

partout et nulle part,<br />

dispersant ta sexyness,<br />

ta philosophie et tes<br />

business plans sur tous<br />

les marchés de Noël.<br />

À Yule : Fais un feu pour<br />

y jeter toutes tes colères,<br />

et garde un charbon en<br />

porte - bonheur.<br />

Ta chanson du mois :<br />

White Is In the Winter Night,<br />

Enya<br />

Taureau, tu luis la nuit<br />

dans la forêt humide<br />

comme l’Omphalotus<br />

Nidiformis. Tel ce champignon<br />

aux corolle bioluminescentes,<br />

tu te déploies<br />

entre mystères cachés<br />

et harmonie réglée comme<br />

une horloge, tiraillé·e·x<br />

entre tes secrètes sombritudes<br />

et tes volutes<br />

charmantes et érudites.<br />

Trouveras - tu ton équilibre<br />

dans les encyclopédies<br />

ou dans les sorcelleries<br />

nocturnes ? :) À Yule :<br />

Pleure de rire pour tout<br />

le village.<br />

Ta chanson du mois :<br />

Golden Green,<br />

Agnes Obel<br />

Gémeaux, tu es la lumière<br />

de la bougie. Tu te sens<br />

d’humeur et d’amour<br />

à inviter à l’intimité et<br />

à la longévité. Tu pourrais<br />

aussi bien être la chandelle<br />

mélodieuse à la<br />

table des amoureux·ses<br />

que le cierge aux promesses<br />

divines et<br />

durables. Mais attention<br />

à ne pas te faire souffler<br />

dessus – ou pire, à te<br />

souffler dessus<br />

toi - même ! À Yule :<br />

récolte des secrets que<br />

tu emporteras dans ta<br />

tombe, et fais-toi jouir !<br />

Ta chanson du mois :<br />

Sleigh Ride,<br />

The Ronettes<br />

Cancer, tu reflètes les<br />

lueurs avec douceur<br />

et pétillance comme une<br />

coupette de champagne.<br />

Tu auras envie de faire les<br />

langues se délier, notamment<br />

lors de la nouvelle<br />

lune, et tu pourrais bien<br />

savoir t’y prendre tout en<br />

sourire, en méthode et<br />

en espièglerie. Ou... gaffer<br />

totalement. Seduction<br />

Bows Factory serait le<br />

titre de ton Christmas<br />

Movie. À Yule : Exagères<br />

complètement, ou érige<br />

un bonhomme de neige<br />

à ton nom.<br />

LION<br />

23 JUIL – 22 AOÛT<br />

VIERGE<br />

23 AOÛ – 22 SEP<br />

BALANCE<br />

23 SEP – 22 OCT<br />

SCORPION<br />

23 OCT – 22 NOV<br />

Ta chanson du mois :<br />

Santa Claus Is Coming to<br />

Town, Mariah Carey<br />

Lion, tu clignotes telle<br />

une enseigne lumineuse<br />

colorée. Tu risques de<br />

glisser comme une luge<br />

à grelots du mode<br />

pleine - action au mode<br />

veille - et-confessions<br />

sans transition. En tous<br />

les cas, tu auras l’envie<br />

et l’aura du spectacle,<br />

et tu ne te sentiras pas<br />

là pour trier des noix.<br />

Tu as des choses à<br />

faire et à dire, et tu vas<br />

nous le faire savoir !<br />

Et il se pourrait bien que<br />

nous, on achète ! À Yule :<br />

pactise.<br />

Ta chanson du mois :<br />

I Want a Hippopotamus for<br />

Christmas, Gayla Peevey<br />

Vierge, tu réchauffes<br />

et concoctes comme la<br />

lueur du fourneau. Ton<br />

charisme en ce début<br />

d’hiver sera aussi bombé,<br />

croustillant, riche et doré<br />

qu’un pain aux figues encore<br />

chaud... pour celleux<br />

qui sauront accéder à tes<br />

faveurs. Attention à ne<br />

pas remuer tes douces<br />

potions de convivialité un<br />

peu sélective en soupes<br />

à la grimace. À Yule :<br />

sème les graines de tes<br />

confidences aux jardins<br />

et aux cœurs les plus<br />

fertiles.<br />

Ta chanson du mois :<br />

The Solstice Carole,<br />

Saffie<br />

Balance, ta lumière<br />

s’aperçoit comme on<br />

fantasme un feu follet.<br />

Tel un folklore qui se<br />

raconte aux coins des<br />

feux, porté par le vent<br />

au-dessus des marais,<br />

tu te dissipes, disperses,<br />

transformes, à la fois<br />

familier·ère·x et étrange.<br />

Tu as la possibilité de<br />

jouer avec tes mots et<br />

secrets pour façonner<br />

une ambiance réconfortante,<br />

ou alors disparaître<br />

en laissant planer l’inquiétude.<br />

Alors ? À Yule :<br />

déniche les fantômes.<br />

Ta chanson du mois :<br />

The Feast of Krampus,<br />

S. J. Tucker<br />

Scorpion, tu es la lueur<br />

discrète et ardente des<br />

braises. Tu crépites entre<br />

plaisirs et rancœurs, un<br />

peu fatigué·e·x après<br />

ta saison, mais encore<br />

plein·e·x d’exaltation. Tu te<br />

verrais bien parfois<br />

remuer une soupe à la<br />

grimace en ricanant avec<br />

les Vierges, mais je te<br />

suggère d’amplifier<br />

ta puissance en soufflant<br />

des mots vrais et doux<br />

sur les braises de ton cœur<br />

et des autres. À Yule :<br />

prépare la plus belle<br />

des tables.<br />

LA TÊTE DANS LES ÉTOILES<br />

HOROSCOPE<br />

61


IL<br />

ÉTAIT<br />

UNE<br />

FOIS<br />

...<br />

AU COMMENCEMENT ÉTAIT LA FIN ET LA FIN<br />

ÉTAIT AUPRÈS DU COMMENCEMENT. ET LA FIN<br />

ÉTAIT LE COMMENCEMENT. IL ÉTAIT UNE FOIS...<br />

PAR GRETA GRATOS<br />

Une certaine tristesse, lorsqu'un navire rentre au port<br />

après un dernier voyage, abaissant définitivement<br />

ses voiles. Assise sur la berge, je contemple la mer,<br />

repense à toutes les traversées de ses équipages au<br />

fil des années. Avec nostalgie ? Un peu, j'avoue. Une<br />

nostalgie douce, de marraine ayant assisté à tant de<br />

naissances, accompagné les derniers souffles de<br />

certain·e·x·s de ses filleul·e·x·s, à l'instar du regretté<br />

squat des Brigittes aux robes éponge et soirées<br />

copines, dont les levers du jour au jardin resteront<br />

précieusement inscrits dans ma mémoire.<br />

Tout comme leur désir d'alors, exprimé lors d'une de<br />

nos rencontres, de se lancer en une Pride sauvage,<br />

à la fraîche, sans solliciter d'autorisation, juchées<br />

sur un tracteur pour parcourir follement les rues de<br />

la Cité, munies de confettis. Serais-je partante pour<br />

les accueillir avec une fête triomphale à leur arrivée<br />

à L'Usine ? Ma part sauvage exultait à cette idée. Le<br />

temps passant, au fil des réunions, d'autres directions<br />

se sont dessinées et la première Pride romande a pris<br />

62<br />

de l'ampleur, perdant certes un peu de spontanéité<br />

mais gagnant en organisation et visibilité. Dans son<br />

sillage est née une association et, au cœur de celle-ci,<br />

une publication qui fait ici sa dernière apparition.<br />

Alors, nostalgie ? Tristesse ? Un peu, oui. Mais aussi<br />

la conscience (la consolation ?) que cette fin n'éclipse<br />

en rien tout ce que l'engagement des un·e·x·s et des<br />

autres, tout au long de cette aventure, a fait émerger,<br />

labourant, fertilisant des terres en friches, les ensemençant<br />

de graines bricolées avec soin pour y faire<br />

naître jardins improbables, nouvelles promenades,<br />

haltes et gîtes accueillant·e·s pour tous·tes·x. Ici, ces<br />

derniers mots posés en hommage à tous·tes·x celleux<br />

qui, contre vents et marées, ont élaboré, construit,<br />

élaboreront et construiront encore avec élan et<br />

conviction, pour conjurer des cieux de moins en moins<br />

cléments, les chemins de traverse qui manquent à<br />

nos paysages et dont nous avons tant besoin. Que<br />

mes fées se penchent sur leur berceau et leur offrent<br />

grâce, force et courage. Avec tout mon amour.<br />

LE MOT DE LA FIN<br />

FRAGRANCES

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