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<strong>360°</strong> N 0 218<br />
Nov. <strong>2022</strong><br />
CHF<br />
6.-<br />
Olivier<br />
Chabloz DESTIN<br />
DOSSIER:<br />
VIEILLIR LGBTIQ+<br />
HORS-NORMES<br />
D’UN CRÉATEUR<br />
ROMAND
Rédaction en chef<br />
Robin Corminboeuf<br />
robin.corminboeuf@360.ch<br />
Rédaction textes<br />
Camille Béziane, Robin Corminboeuf,<br />
Edmée Cuttat, Aymeric Dallinge,<br />
Laure Dasinieres, Marlon Dietrich,<br />
Marius Diserens, Dr. Hazbi,<br />
Julien Hennequin, Celia Hofmann,<br />
Arnaud Gallay, Princesse GenderFuck,<br />
Tal Madesta, Vagin Pirate, Léon Salin,<br />
Zoé Blanc-Scuderi<br />
Photo<br />
Sébastien Buchmann, Philippe<br />
Christin, Steven Cohen, Kris Dewitte-<br />
Menuet, DR, PVA-Genève, Erika Hilton,<br />
Christiane Nill, Adrienne Raquel, Joël<br />
Saget, AFP, Anas Sareen, Filip Van Roe,<br />
Leïla Wolf<br />
Couverture<br />
Photo : Christiane Nill<br />
Design : Balmer Hählen<br />
Corrections<br />
Robin Corminboeuf<br />
Laure Dasinieres<br />
Marius Diserens<br />
Arnaud Gallay<br />
Direction artistique et graphisme<br />
Balmer Hählen<br />
Typographies<br />
Newglyph<br />
Swiss Typefaces<br />
Optimo<br />
Pangram Pangram<br />
Ethan Nakache<br />
Publicité<br />
Philippe Scandolera<br />
pub@360.ch<br />
Christina Kipshoven<br />
christina@mannschaft.com<br />
Jérémy Uberto<br />
marketing@360.ch<br />
Abonnement<br />
abo@360.ch<br />
Expédition<br />
André, Laurentiù, Giovanni et Jérôme<br />
Editeur<br />
Association Presse 360<br />
Impression<br />
Appi, Gland<br />
Une offre de l‘Aide Suisse contre le Sida, en partenariat avec les Checkpoints et les centres de santé sexuelle.<br />
Sommaire N°218<br />
KEEP<br />
CALM<br />
&<br />
CHECK<br />
AT HOME<br />
Il est maintenant possible de faire un dépistage VIH,<br />
gonorrhée, syphilis et chlamydia depuis chez soi,<br />
tout simplement. Être au clair sur la situation, c‘est rassurant.<br />
360 <br />
36, rue de la Navigation<br />
CP 2217 - CH-1211 Genève 2<br />
Tél. 022 741 00 70<br />
<strong>magazine</strong>_360<br />
<strong>magazine</strong>_360<br />
<strong>magazine</strong>360lgbt<br />
Retrouvez toutes les infos<br />
sur 360.ch<br />
Édito<br />
p. 5<br />
L’aQtu<br />
p. 6 - 7<br />
SOCIÉTÉ<br />
Vieillir LGBTIQ+<br />
EMS espagnol<br />
p. 8 - 10<br />
Vieillir LGBTIQ+<br />
L’art discret du vieillir lesbien<br />
p. 12 - 13<br />
L’humeur de<br />
Aymeric Dallinge et Léon Salin<br />
p. 15<br />
Grandeur mature<br />
Olivier Chabloz - créateur romand<br />
p. 16 - 18<br />
Vieillir LGBTIQ+<br />
Où sont les personnes trans* âgées?<br />
p. 20 - 22<br />
Associatif<br />
20 ans de Lestime<br />
p. 24 - 25<br />
Violences conjugales<br />
Les signaux d’alarme<br />
p. 26<br />
Porno<br />
Vieuxxx et sexxxy<br />
p. 28 - 29<br />
Chroniques<br />
Princess Genderfuck & Dr. Hazbi<br />
p. 30<br />
CULTURE<br />
Photographie<br />
Paradise City, Anas Sareen<br />
p. 32<br />
Livres<br />
Sélection de Payot<br />
p. 34 - 35<br />
Le mot du mois<br />
Marius Diserens<br />
p. 35<br />
Vagin Pirate<br />
Les Pépites de <strong>novembre</strong><br />
p. 40 - 41<br />
Danse<br />
Mondes flottants<br />
p. 42<br />
Dr·e Goudou<br />
Question sexo<br />
p. 43<br />
Cinéma<br />
Sorties de <strong>novembre</strong><br />
p. 44 - 45<br />
SANTÉ<br />
Vieillir LGBTIQ+<br />
Vieillir avec le VIH<br />
p. 46 - 47<br />
CLÔTURE<br />
L’oracul du mois<br />
La fête est finie<br />
p. 48<br />
Quotient Queer<br />
Bambi<br />
p. 50 - 51<br />
Horoscope<br />
La tête dans les étoiles<br />
p. 52 - 53<br />
Queer’stionnaire de Proust<br />
Steven Cohen<br />
p. 54<br />
Mémoires du VIH<br />
Les Quilts de PVA-Genève<br />
p. 39<br />
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360 EST UN MAGAZINE INDÉPENDANT<br />
DONT LE CONTENU RÉDACTIONNEL NE<br />
REFLÈTE PAS NÉCESSAIREMENT LES POSI-<br />
TIONS DE L’ASSOCIATION 360.
PHOTO : PAOLO PELLEGRIN<br />
Chorégraphies de<br />
Sidi Larbi Cherkaoui<br />
et Damien Jalet<br />
19 — 24.11.<strong>2022</strong><br />
Mondes<br />
flottants<br />
Skid / Ukiyo-e<br />
Ballet du Grand Théâtre de Genève<br />
DÈS CHF 17.–<br />
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vieille<br />
BRANCHE<br />
Par Robin Corminboeuf<br />
Rédacteur en chef<br />
Une fois par semaine, je prends le bus pour la<br />
périphérie de Lausanne. Arrivé à destination, les<br />
portes automatiques du bâtiment s’ouvrent, je me<br />
désinfecte les mains à la réception et traverse le<br />
hall peuplé par une dizaine de personnes âgées.<br />
Je salue celles et ceux qui me regardent, rompant<br />
d’un « Bonjour Madame, bonjour Monsieur ! » le<br />
silence de cathédrale des lieux. J’emprunte les<br />
escaliers qui mènent à la chambre de mon ami<br />
et toque à sa porte. Le son sec de mes phalanges<br />
sur le bois reçoit pour réponse un vif « oui » qui<br />
m’invite à entrer.<br />
Nous nous sommes rencontrés il y a quelques<br />
mois, par l’intermédiaire d’une<br />
connaissance commune et, depuis notre<br />
première entrevue, je passe une petite<br />
heure par semaine dans cette chambre<br />
d’EMS. Nos discussions sont tantôt des<br />
regards croisés de deux générations sur<br />
le monde commun que nous partageons,<br />
tantôt des réflexions sur l’évolution du<br />
milieu LGBTIQ+, tantôt des boutades,<br />
souvent potaches, d’amis heureux de se<br />
retrouver. C’est un échange affectueux et<br />
symétrique que nous nous offrons.<br />
Je lui raconte mes voyages, lui conte mes pérégrinations<br />
dans ces villes qu’il a tant aimées,<br />
lui décrit ces rencontres, ces terrasses de café,<br />
ces soirées, ces ami·e·x·s qui peuplent mon existence.<br />
En échange, lui me fait part d’un monde<br />
maintenant disparu. Celui où être out n’était pas<br />
une option, celui de capitales pourtant toujours<br />
existantes mais qui ont sensiblement changé,<br />
celui d’un milieu homosexuel disparu. Il me<br />
confie des histoires d’amours, des tranches de<br />
vies. Dans ses yeux, aucune nostalgie, aucune<br />
tristesse, mais les pétillantes réminiscences<br />
d’une vie heureuse.<br />
Nos rencontres ont fait germer l’idée<br />
d’aborder la question du vieillir LGBTIQ+<br />
dans ces pages, et ce numéro lui est bien<br />
entendu dédicacé. Cette édition cherche<br />
à faire réfléchir à ce que cela représente<br />
de vieillir lorsque l’on n’a jamais été out,<br />
lorsque l’on est au(x) croisement(s) de<br />
l’acronyme LGBTIQ+. Les articles que<br />
nous vous proposons explorent ces questions-là,<br />
dessinent certaines réponses,<br />
posent d’autres points à interroger. Ces<br />
quelques pages mettent également en<br />
lumière des vies et des destins qui, je<br />
l’espère, nous permettent de nous réjouir<br />
de devenir, aussi sereinement que possible,<br />
de fier·ère·x·s membres du 3e âge.<br />
ÉDITO<br />
5
l’aQtu<br />
« Voulons-nous vraiment que des perversions<br />
qui mènent à la dégradation et à l’extinction<br />
soient imposées à nos enfants dès la maternelle<br />
? Qu’on leur martèle qu’il y a supposément<br />
des genres variés et qu’on leur offre<br />
des opérations de changement de sexe ? [...]<br />
Pour nous tout cela est inacceptable. Nous<br />
avons un futur différent. Le nôtre. »<br />
a lancé Vladimir Poutine le 30 septembre, devant la foule célébrant l'« historique » (hem, hem) annexion<br />
de quatre régions ukrainiennes. Neuf ans après la loi sur la « propagande homosexuelle » qui a<br />
étouffé toute affirmation LGBTIQ+ en Russie, la haine est devenue un ressort fondamental pour justifier<br />
la fuite en avant d'un régime de plus en plus isolé et déserté.<br />
LA SLOVAQUIE SOUS LE CHOC<br />
Le 12 octobre, le Tepláreň s’est ajouté à la liste des lieux queer<br />
visés par la haine aveugle. Un jeune homme de 19 ans, fils<br />
d’un ancien candidat du petit parti d’extrême droite Vlast, a ouvert<br />
le feu sur la terrasse du bar populaire de Bratislava, abattant froidement<br />
deux étudiants, Juraj et Matúš, qui y buvaient l’apéro. L’assaillant,<br />
retrouvé suicidé le lendemain, avait posté plusieurs messages<br />
antisémites et anti-LGBTIQ+ sur les réseaux sociaux et laissé un long<br />
« manifeste » citant notamment le Norvégien Anders Breivik, auteur<br />
de la tuerie d’Utøya. « La haine distillée par une minorité, alimentée par<br />
des déclarations stupides et irresponsables de politiciens, a coûté la<br />
vie à des innocents », a écrit la présidente slovaque Zuzana Čaputová.<br />
© Leïla Wolf<br />
MARIAGE À DISTANCE<br />
Un vide juridique a permis à plus de 200 couples chinois de s’unir par visioconférence... dans le<br />
très conservateur État américain de l’Utah. Michael Foley, un officiant assermenté, témoigne dans<br />
The Guardian qu’il a désormais l’habitude de se lever à 3h du matin et de s’asseoir devant son<br />
écran pour célébrer des unions de l’autre côté du Pacifique (et se recoucher aussitôt). Le comté<br />
où il officie n’a pas de loi qui empêche d’enregistrer des unions de personnes non-résidentes. Les<br />
contrats n’ont aucune valeur en Chine continentale, où les revendications LGBTIQ+ sont réduites<br />
au silence, mais ils sont reconnus à Hongkong et ailleurs.<br />
LE DÉLIRE DU MOIS :<br />
ALERTE AU TRAFIC D’ORGANES TRANS !<br />
Une mère de famille de Floride a déclenché des opérations<br />
de recherche à l’échelle nationale pour son fils de 20 ans<br />
atteint d’autisme, disparu du domicile familial début juillet. Persuadée<br />
qu’il avait été enlevé par un réseau de trafic d’organes, elle avait suggéré<br />
à la police que des jeunes trans* avec lesquel·le·x·s son garçon<br />
« vulnérable » chattait sur le Net convoitaient… son appareil génital.<br />
Finalement, les enquêteur·rice·x·s ont retrouvé le jeune homme dans<br />
un appartement de Chicago, parfaitement heureux loin de sa maman.<br />
Il l’avait quittée de son propre chef, non sans lui avoir laissé une lettre<br />
lui expliquant qu’il était temps qu’il vole de ses propres ailes. Un message<br />
dont la maman s’est bien gardée de parler à la police, raconte le<br />
Miami Herald, relayé par Them. Pour le site LGBTIQ+ américain, cette<br />
histoire aberrante illustre la paranoïa entourant la question trans*<br />
en Floride. Le gouverneur Ron DeSantis (à qui on prédit un destin de<br />
candidat à la Maison-Blanche) en a fait un de ses cibles favorites, mettant<br />
en garde contre des docteurs qui «castrent» les jeunes garçons.<br />
© Twitter/@Erikahilton<br />
EN ATTENDANT MELONI...<br />
La dernière Pride de l’année en Italie a aussi été une première.<br />
Jamais nos voisins du Val d’Aoste n’avaient célébré de<br />
marche des fiertés. Selon gay.it, 4000 personnes ont défilé dans les<br />
rues du chef-lieu de la région transalpine le 8 octobre, le double de la<br />
participation escomptée. Elles ont notamment brandi des pancartes<br />
mettant en garde la coalition menée par Giorgia Meloni et son parti<br />
post-fasciste, laquelle s’apprêtait à gouverner la Péninsule. Qu’elle<br />
le sache: les LGBTIQ+ sont bien décidés à défendre leurs droits.<br />
VLADIMIR LUXURIA, PREMIÈRE FEMME TRANS* A AVOIR ÉTÉ ÉLUE<br />
DÉPUTÉE AU PARLEMENT ITALIEN, LORS DE LA GAY PRIDE D’AOSTE.<br />
© Philippe Christin<br />
BIENVENUE<br />
AU CLUB<br />
La Slovénie est devenue, le 4 octobre,<br />
le premier pays d’Europe<br />
de l’Est à voter les mêmes droits<br />
pour les couples de même sexe.<br />
Il aura fallu pour cela que la Cour<br />
constitutionnelle torde le bras au<br />
Parlement. Mais avant que le mariage<br />
égalitaire entre en vigueur, les<br />
conservateurs et les Églises pourraient<br />
encore exiger un référendum.<br />
En 2015, 63 % des Slovènes<br />
avaient rejeté cette réforme dans<br />
un contexte d’abstention massive.<br />
© DR<br />
ARC-EN-CIEL POUR DALTONIENS<br />
Ça partait sans doute d’une bonne intention…À l’approche du<br />
Mondial de foot au Qatar, un obscur groupe de travail de l’UEFA a<br />
dessiné un brassard « contre la discrimination et pour la diversité », destiné<br />
aux capitaines des équipes européennes (dont la Suisse). Sauf qu’il est<br />
accompagné d’un bizarre cœur « bariolé de couleurs aléatoires », s’étonne<br />
Queer.de. Manifestement, les pontes du foot européen n’assument pas<br />
vraiment d’arborer l’arc-en-ciel dans le très homophobe émirat pour cette<br />
compétition controversée. S’il fallait une raison de plus de la boycotter...<br />
PIONNIÈRES<br />
Il était temps. Lors des élections<br />
du 2 octobre, les Brésilien·ne·x·s<br />
ont enfin ouvert les portes de<br />
leur Congrès à des personnes<br />
trans* – ou travesti, selon l’appellation<br />
locale, qui désigne une frange<br />
hypermarginalisée au sein même<br />
de la communauté LGBTIQ+. Erika<br />
Hilton (photo), candidate noire<br />
de gauche à São Paulo, a fait campagne<br />
pour le droit à l’éducation et<br />
au logement social. « Il est temps<br />
de quitter les trottoirs, les prisons,<br />
les coins à crack et la prostitution,<br />
pour réfléchir aux politiques publiques<br />
et à la législation », a-t-elle<br />
déclaré. Elle et sa consœur centriste<br />
Duda Salabert, brillamment<br />
élue au Minas Gerais, ont été les<br />
cibles de menaces de mort durant<br />
la campagne extrêmement tendue.
© Anas Sareen<br />
La construction de la première maison de retraite publique<br />
LGBTIQ+ espagnole est en cours d’achèvement. Financé par la<br />
région de Madrid, ce projet unique vise à lutter contre l’exclusion<br />
des senior·e·x·s queer, chez qui vieillir est parfois synonyme<br />
de marginalisation.<br />
Par Julien Hennequin<br />
EN<br />
ESPAGNE,<br />
POUR<br />
VIEILLIR<br />
SANS<br />
DISCRIMINATION,<br />
VIVONS<br />
ENSEMBLE<br />
C’est la dernière ligne droite. Dans le quartier<br />
populaire de Villaverde, au sud de Madrid, les travaux<br />
sont en passe d’être terminés. Impensable<br />
il y a encore quelques années, les portes de la<br />
résidence Josete Massa devraient ouvrir en début<br />
d’année prochaine. Frederico Armenteros<br />
et les membres de sa Fondation 26-décembre,<br />
qui vient en aide aux personnes LGBTIQ+, sont<br />
impatient·e·x·s. Soixante-deux nouveaux·elle·s<br />
résident·e·x·s seront bientôt admi·se·x·s dans<br />
cette maison de retraite arc-en-ciel et 28 autres<br />
seront accueilli·e·x·s dans le centre de jour. Une<br />
quarantaine de personnes seront employé·e·x·s<br />
dans cette structure de quatre étages. Au total,<br />
il aura fallu une douzaine d’années pour négocier<br />
avec les différentes institutions publiques et<br />
les convaincre qu’ouvrir une maison de retraite<br />
LGBTIQ+ était « une nécessité ».<br />
NE PAS RETOURNER AU PLACARD<br />
En Espagne, où l’on estime à 1,2 million<br />
le nombre de personnes de plus de 65<br />
ans LGBTIQ+, cette population est parfois<br />
très isolée et invisible aux yeux de<br />
la société. « J’ai remarqué que beaucoup<br />
vivaient dans une situation très précaire<br />
et pensaient au suicide », observe<br />
Frederico Armenteros, 63 ans, qui rappelle<br />
que sa génération a dû se battre<br />
pour obtenir ses droits. « Beaucoup ont<br />
vécu caché·e·x·s et ont mené une double<br />
vie. On nous disait que nous étions vicieux·ses<br />
et pervers·e·x·s. Aux yeux de<br />
la société, nous étions dangereux·se·s<br />
et malade·x·s. Notre génération n’a été<br />
éduquée qu’à l’hétéronormativité », se<br />
souvient celui qui a été dénoncé par sa<br />
propre mère, sous le régime de Franco.<br />
C’est à la suite de nombreux témoignages alarmants<br />
de personnes LGBTIQ+ préférant « mettre<br />
fin à leurs jours » plutôt que « d’aller dans une maison<br />
de retraite standardisée » que Frederico a eu<br />
l’idée d’ouvrir cette résidence. En effet, beaucoup<br />
craignent de perdre en libertés et de retourner<br />
au placard.<br />
UNE POPULATION PLUS VULNÉRABLE<br />
Selon une étude de la Fédération d’État des<br />
lesbiennes, gays, trans* et bisexuel·le·x·s<br />
(FELGTB) espagnole, la solitude est l’une<br />
des principales préoccupations pour plus<br />
de la moitié des personnes LGBTIQ+<br />
nées avant 1965. « La grande majorité<br />
des futur·e·x·s résident·e·x·s souffrent<br />
de solitude, de problèmes cognitifs ou<br />
de maladies mentales. Nous voulons leur<br />
rendre leur dignité » analyse Frederico.<br />
Cet isolement social est souvent renforcé par l’absence<br />
ou la rupture des liens familiaux, un réseau<br />
de soins informels moins bien développé ainsi<br />
qu’une plus grande précarité. « On nous considérait<br />
comme des drogué·e·x·s. On ne<br />
donnait pas de travail aux personnes<br />
transgenres », vitupère Gigi Sevilla,<br />
8 SOCIÉTÉ 9
une femme trans* de 65 ans. Avec une retraite<br />
d’environ 400 euros par mois, la Vénézuélienne<br />
peine à vivre.<br />
VISIBILISER LA DIVERSITÉ<br />
Si la Fondation déplore que les résidences<br />
« généralistes » calquent leur modèle<br />
sur l’hétéronormativité et se soumettent<br />
à la pensée binaire, la résidence<br />
Josete Massa se veut, elle, plus accueillante,<br />
afin de permettre à ces personnes<br />
de vieillir sans discrimination. « Toute<br />
personne âgée doit être prise en charge<br />
sans avoir le moindre doute qu’elle ne<br />
subira pas de discrimination, de mauvais<br />
regard ou de plaisanterie déplacée fondée<br />
sur son orientation sexuelle ou son<br />
identité de genre », appuie Boti García<br />
Rodrigo, directrice générale du département<br />
Diversité sexuelle et des droits<br />
LGTBIQ+ au Ministère de l’égalité, qui<br />
soutient le projet. Pour la Fondation<br />
26-décembre, la diversité est une force,<br />
mais tant que les minorités sexuelles<br />
et de genre ne seront pas totalement<br />
acceptées dans notre société, ce type<br />
d’établissement sera malheureusement<br />
nécessaire…<br />
10<br />
ZURICH<br />
& LYON À<br />
L’AVANT-<br />
GARDE<br />
En Suisse, la première structure pour<br />
personnes âgées LGBTIQ+ devrait ouvrir<br />
à Zurich en 2025. L’association<br />
QueerAltern et la Ville de Zurich sont<br />
à l’origine de ce projet. Au sein d’une<br />
maison de retraite généraliste, 20 appartements<br />
seront réservés aux personnes<br />
LGBTIQ+. C’est pour l’instant<br />
le seul projet de ce type sur le territoire<br />
helvétique. Aujourd’hui, on estime entre<br />
80’000 et 160’000 le nombre de senior·e·x·s<br />
LGBTIQ+ suisses. Ce chiffre<br />
est évalué entre 135’000 et 270’000 à<br />
l’horizon 2045. Selon l’association genevoise<br />
360 et son Guide de réflexion<br />
et d’action pour un accueil inclusif, la<br />
résistance à envisager de vivre dans un<br />
établissement médico-social est particulièrement<br />
forte en Suisse romande.<br />
Isolement, soutien familial plus limité,<br />
absence d’enfants, risque plus élevé de<br />
dépression...Afin d’améliorer la qualité<br />
de vie et diminuer la vulnérabilité<br />
des aîné·e·x·s LGBTIQ+ en EMS, les<br />
associations mettent en lumière ces<br />
différentes problématiques liées à ce<br />
sujet. Des analyses et réflexions sont<br />
en cours dans certaines villes suisses<br />
afin de reconnaître cette diversité et<br />
mieux prendre en compte les besoins<br />
des senior·e·x·s LGBTIQ+.<br />
À LYON, UN VOTE UNANIME EN<br />
CONSEIL MUNICIPAL<br />
Outre-Jura, la première maison de la diversité<br />
en France devrait voir le jour à Lyon en 2024.<br />
Le projet, lancé et géré par l’association Les Audacieuses<br />
& les Audacieux, vise à lutter contre<br />
l’isolement des personnes âgées LGBTIQ+ en<br />
favorisant le lien social. Cet habitat inclusif et<br />
participatif sera basé sur l’entraide. La structure,<br />
en plein centre ville, se composera de 16<br />
logements, qui accueilleront à la fois des étudiant·e·x·s,<br />
mais aussi des personnes LGBTIQ+<br />
de plus de 65 ans. À travers ce projet, l’association<br />
souhaite redonner aux senior·e·x·s le<br />
pouvoir de concrétiser leurs projets, avec pour<br />
objectif que chacun·e·x puisse continuer à se<br />
projeter dans l’avenir. Une dizaine d’autres<br />
villes en France envisagent d’adopter ce type<br />
d’habitat.<br />
PRÉSENTENT<br />
SA 19 NOVEMBRE <strong>2022</strong><br />
22 H – 4 H<br />
COMÉDIE DE GENÈVE<br />
En l’honneur de la Journée du Souvenir Trans*<br />
et des 30 ans de l’Association PVA-Genève<br />
Aérea Negrot<br />
Bpitch Control<br />
DJ Rusty<br />
Matchbox<br />
sound sytem, CZ<br />
Monostate<br />
live<br />
DJ Lap<br />
DJ Léa Pohlhammer<br />
Esplanade Alice-Bailly 1, 1207 Genève<br />
Entrée CHF : 17.- avant minuit et prélocations / 20.- après minuit / 15.- membres 360<br />
Soirée de soutien aux Activités sociales de l’Association 360<br />
www.360fever.ch – www.comedie.ch<br />
11
L’art discret<br />
du vieillir<br />
© Anas Sareen<br />
Lesbien<br />
En Suisse romande, plusieurs groupes et associations se<br />
penchent sur le vécu des lesbiennes de plus de 50 ans et leurs<br />
besoins. Tâche complexe tant les réalités sont diverses.<br />
Par Camille Béziane<br />
Dimanche ensoleillé à Vidy. Je tombe sur les pétillantes<br />
cinquantenaires Véro et Gaby et leur raconte<br />
que je rédige un article sur le « vieillir lesbien ». Leur<br />
réaction ne se fait pas attendre : « Il faut des maisons<br />
de retraite pour les gougounes ! ». Elles expliquent<br />
qu’il est nécessaire de multiplier les structures sécurisantes,<br />
mixtes ou non, pour les lesbiennes plus<br />
âgées, afin que ces dernières puissent se projeter<br />
sereinement. Pour les deux acolytes, vieillir peut<br />
isoler les aîné·e·x·s, mais c’est aussi une libération<br />
vis-à-vis de certaines pressions sociales : « On se<br />
concentre un peu plus sur l’essentiel. »<br />
Même jour, 18h, j’ai rendez-vous avec Chris<br />
Barthélémy, 67 ans, surnommée la « reine<br />
des Babayagas », du nom du groupe de<br />
lesbiennes seniors autogéré en non-mixité<br />
qui se réunit une fois par mois dans les<br />
locaux de l’Association 360 à Genève.<br />
Chris n’a jamais eu à cacher son homosexualité,<br />
que ce soit dans sa vie privée<br />
ou professionnelle. La fonction de direction<br />
qu’elle a assumée dans son travail<br />
l’a, selon elle, « protégée de la lesbophobie<br />
». Chris se sait privilégiée par rapport<br />
à d’autres Babayagas, qui ont vécu dans<br />
la peur de perdre leur emploi et leur logement<br />
si leur homosexualité venait à être<br />
connue, et qui préfèrent la taire encore<br />
aujourd’hui. D’où la nécessité, selon Chris,<br />
« de disposer d’une place où la sororité est<br />
au centre et où on peut être soi-même,<br />
échanger et s’entraider ».<br />
Marjorie Horta, responsable du projet Aîné·e·s à<br />
l’Association 360, précise que c’est cette « famille<br />
choisie » qui peut prendre le relais quand la famille<br />
biologique ne constitue pas une ressource. Une famille,<br />
rappelle-t-elle, « dont la plupart des membres<br />
ont dû se construire entre dépénalisation et pathologisation<br />
de l’homosexualité, à une époque où les<br />
femmes avaient peu de droits ». Une famille, on l’oublie<br />
souvent, dans laquelle les lesbiennes ont aussi<br />
perdu des êtres chers pendant les années sida.<br />
LE SILENCE ET LE TABOU<br />
Sociologiquement, les personnes lesbiennes<br />
aînées forment un groupe très<br />
hétérogène, dont les âges, ressources<br />
(sociales et financières), intérêts et états<br />
de santé peuvent considérablement varier.<br />
D’où l’importance, pour Marjorie, d’offrir des<br />
activités variées et accessibles à la majorité<br />
VIEILLIR LGBTIQ+<br />
SOCIÉTÉ<br />
de celles qui vivent des situations précaires.<br />
Certaines recherchent la non-mixité pour<br />
échapper au sexisme tandis que d’autres<br />
préfèrent être avec des personnes LG-<br />
BTIQ+ plutôt qu’avec des femmes hétérosexuelles.<br />
Cependant, avoir une vue<br />
d’ensemble des besoins et des difficultés<br />
rencontrées par les lesbiennes aînées<br />
s’avère compliqué. Elsa Thétaz, animatrice<br />
régionale à Pro Senectute, relève « le<br />
silence et le tabou » auxquels elle se heurte<br />
sur le terrain. Marjorie, de son côté, souligne<br />
le manque de données, de témoignages et<br />
de ressources. Chris, quant à elle, pense<br />
qu’il manque des espaces intergénérationnels<br />
sécures. En raison de son âge, elle se<br />
sent, par exemple, « déplacée » dans les<br />
lieux festifs, alors qu’elle adore danser.<br />
En matière d’accès aux soins et de santé, Marjorie<br />
observe, dans les quelques données à disposition,<br />
les mêmes tendances que pour les lesbiennes/VSV 1<br />
plus jeunes: une certaine méfiance vis-à-vis du monde<br />
médical qui peut amener à prendre soin de soi plus<br />
tardivement, à une exposition élevée à différentes<br />
formes de violences lesbophobes, à une consommation<br />
importante de psychotropes, à des états anxieux<br />
et dépressifs, à des pensées suicidaires, voire à des<br />
tentatives de suicide. Ces tendances s’expliquent en<br />
partie par le « stress minoritaire 2 ». À l’âge peuvent<br />
s’ajouter une grande solitude, des maladies graves<br />
(dont nombre de cancers et pathologies dégénératives<br />
qui touchent les aîné·e·x·s) et des handicaps.<br />
Si les enjeux restent de taille, les parcours<br />
des lesbiennes aînées témoignent cependant<br />
aussi de la force et de la résilience<br />
qu’elles ont su mobiliser pour exister et pour <br />
écrire l’histoire du « génie lesbien » si cher<br />
à Alice Coffin. Pour Gaby et Véro, c’est ce<br />
« savoir-être qui est important » car il fait société<br />
et permet une transmission intergénérationnelle.<br />
Chris rappelle qu’il « ne faut rien<br />
lâcher et continuer à lutter », notamment<br />
car la transmission aux plus jeunes passe<br />
aussi par les actions et la mémoire liés aux<br />
combats menés pour l’égalité des droits.<br />
1 Personne ayant une vulve ayant des relations sexuelles avec<br />
d’autres personnes ayant une vulve<br />
2 Selon Wikipedia, le stress des minorités décrit les niveaux élevés<br />
de stress auxquels sont confrontés les membres de groupes minoritaires<br />
stigmatisés<br />
13
HUMOUR<br />
L'HUMEUR D'AYMERIC DALLINGE<br />
AMOUR PROPRE<br />
Aymeric Dallinge s’amuse des mots et crée des ambiances<br />
saisies dans l’instant.<br />
Vous savez combien j’aime écrire sur l’amour,<br />
ce sentiment qui remplit notre cœur ou qui, au<br />
contraire, nourrit une sensation de vide. L’amour<br />
est toujours pensé envers les autres. La quête<br />
du lien maternel ou paternel, puis, la recherche<br />
d’une personne pour partager sa vie. Tout abonde<br />
dans ce sens. Les contes pour enfants viennent<br />
construire des songes collectifs. La télévision<br />
renforce ce désir ou les blessures de solitude<br />
déjà béantes. Nous apprenons que l’amour est<br />
légitime lorsqu’il est partagé. Pourtant, s’il y a<br />
bien une personne qu’il est essentiel d’aimer,<br />
c’est soi-même.<br />
J’ai longtemps parcouru le chemin du<br />
bonheur à travers les autres. J’ai pensé que<br />
l’amour se gagnait en étant bon et serviable.<br />
Paradoxalement, c’est dans ces accomplissements<br />
que je me suis le plus souvent perdu. À<br />
force de chercher ailleurs ce qui était en moi,<br />
je m’égarais dans le regard d’autrui. En même<br />
temps, on ne nous apprend pas à aimer à l’école.<br />
Je dirais aussi que de nombreux parents ne<br />
songent pas à nourrir l’importance de l’amour<br />
personnel. L’amour propre se fait rare et se<br />
cultive à travers les expériences heureuses ou<br />
douloureuses du quotidien. Pour s’aimer soimême,<br />
il faut déjà conscientiser que c’est un droit<br />
et non une approche égoïste.<br />
Il y a tant de façons de s’aimer: réaliser le<br />
projet dont on n’ose parler à personne, s’offrir un<br />
sourire dans le reflet du miroir, oser s’adresser<br />
un « je t’aime ». Le choix de son langage d’amour<br />
n’appartient qu’à soi. Saisissons ces moments<br />
doux pour chérir la vie, de surcroît lorsque les<br />
jours semblent si sombres.<br />
VIRGINIE<br />
FORTIN<br />
MES SENTIMENTS<br />
MARDI 22 NOVEMBRE <strong>2022</strong><br />
20H • SALLE DU LIGNON<br />
Culture et communication<br />
022 306 07 80 • scc@vernier.ch<br />
www.vernier.ch/billetterie<br />
Ville de Vernier<br />
© Julie Artacho<br />
L'HUMEUR DE LÉON SALIN<br />
BROMANCE<br />
Léon est un homme transgenre romand. Il tient les<br />
comptes Instagram et TikTok @salinleon dans lesquels<br />
il lutte pour une représentation positive des<br />
personnes transgenres.<br />
Dans cette chronique, je continue ma discussion<br />
avec Julien. Un homme cisgenre, hétéro, avec qui je<br />
partage certaines de mes pensées. Il est fictif, sans<br />
être irréel. Julien, ça pourrait être toi, moi et/ou nous.<br />
Cher Julien, je veux être ton ami. Tu<br />
es l’heureux élu. Après un scan méticuleux, je<br />
t’ai choisi. Pourquoi toi ? Parce que tu corresponds<br />
parfaitement au stéréotype du bro. Tu es<br />
sportif, bruyant, détendu. Tu te fous du style<br />
et surtout, tu transpires la confiance masculine<br />
qu’on t’a enseignée dès ton arrivée dans ce<br />
monde. Quand on traîne ensemble, on déconne,<br />
on s’insulte mutuellement avant de partir en fou<br />
rire. On parle de femmes, de bière et de sport.<br />
Le mieux, c’est que je suis absolument certain<br />
que tu me traites comme one of the guys, car tu<br />
n’as aucune idée que je suis trans. Je n’ai pas judicieusement<br />
décidé de ton ignorance ; tu ne me<br />
l’as juste jamais demandé. Alors, sans le savoir,<br />
tu participes à la construction adolescente d’un<br />
homme trans de 25 ans. Tu remplaces des moments<br />
volés par la vie. Cruelle, elle réservait la<br />
participation aux groupes de mecs uniquement<br />
aux garçons nés avec un pénis. Aujourd’hui, tu<br />
me traites comme tel. Pourquoi les hommes se<br />
traitent-ils différemment ? Est-ce que toutes<br />
les interactions sociales sont régies par nos<br />
organes génitaux, par qui pénètre qui ? La simplicité<br />
d’une telle réalité m’attriste. Me voilà<br />
écartelé entre bromance et éthique ; me voilà<br />
tiraillé entre la révolte à l’encontre de ces<br />
cercles qui cultivent la masculinité toxique et<br />
l’irrésistible envie d’en faire partie.<br />
L'HUMEUR DE<br />
SOCIÉTÉ<br />
15
Olivier<br />
Chabloz<br />
Par Robin Corminboeuf<br />
Photographie : Christiane Nill<br />
« JE CRÉE<br />
TOUT<br />
LE TEMPS »<br />
OLIVIER CHABLOZ A CONNU L’UN DE CES DESTINS QUE SEULE LA SECONDE<br />
MOITIÉ DU XXE SIÈCLE A PERMIS. RENCONTRE AVEC CE MONTREUSIEN QUI<br />
A CÔTOYÉ LES PLUS GRANDS NOMS DE LA MODE TOUT AU LONG DE SA VIE.<br />
Né en 1946 sur les bords du lac Léman, à Montreux,<br />
Olivier Chabloz grandit dans un hôtel de la Riviera<br />
vaudoise démoli en 1980 : l’Hôtel de Londres. Ses<br />
parents en sont les gérant·e·s et toute la famille<br />
Chabloz y vit à l’année : « Depuis tout petit, j’ai été<br />
choyé par les client·e·x·s régulier·ère·x·s de l’hôtel,<br />
où j’ai vécu, entouré par un ex-ministre de Roumanie,<br />
une baronne, une ancienne préceptrice de la cour<br />
d’Autriche ou encore François Nourissier ou Jacques<br />
Chessex. Ce dernier louait une chambre à l’année<br />
dans laquelle il venait travailler l’après-midi. Il y a notamment<br />
écrit L’Ogre. Ce sont autant de personnages<br />
incroyables de l’après-guerre qui sont devenu·e·x·s<br />
mes ami·e·x·s. »<br />
Les grands-parents maternels du petit Olivier<br />
vivent à Coire. Il a hérité de ses escapades grisonnes<br />
un amour certain pour la nature. « D’un côté, j’aime les<br />
vaches et la campagne, de l’autre, j’aime Monte Carlo<br />
et Gstaad », dit-il en riant. « Je suis toujours entre deux.<br />
L’un ayant besoin de l’autre. » Son grand-père maternel,<br />
passionné de dessin et de peinture, enseigne à son<br />
petit-fils les rudiments du dessin. Le jeune montreusien<br />
reproduit dès son plus jeune âge les portraits de<br />
stars qui figurent sur les couvertures de <strong>magazine</strong>s<br />
qui l’entourent. Ainsi, se développe sa passion pour la<br />
mode. Il raconte, amusé : « Un jour, alors que j’étais haut<br />
comme trois pommes, mon père a attiré mon attention<br />
sur une locomotive qui arrivait en gare. Peu intéressé,<br />
je regardais ailleurs avant de courir vers une passante<br />
pour lui dire “ Madame, vos bas sont trop foncés ”. »<br />
16 SOCIÉTÉ<br />
DE FLORENCE À PARIS<br />
Arrivé à l’école, le jeune garçon s’ennuie<br />
parmi ses pairs aux quotidiens bien monotones<br />
face aux histoires extraordinaires contées par<br />
les client·e·x·s de l’hôtel familial. Il se distancie<br />
de ses camarades et se construit une bulle peuplée<br />
de dessins, de jazz, de théâtre et de thés<br />
dansants au casino de Montreux, à l’époque où les<br />
jeunes de son âge se passionnent pour les yéyés.<br />
L’école obligatoire terminée, Olivier Chabloz<br />
se présente à la Kunstgewerbeschule de<br />
Zurich, l’école des Arts et Métiers. Ses dessins<br />
y sont jugés «trop bons» et le jeune vaudois est<br />
contraint de poursuivre un apprentissage de trois<br />
ans auprès d’un couturier lausannois : « C’était<br />
chiant, le type était horrible ! » s’exclame-t-il. Diplômé<br />
avec une mention « très bien », Olivier part<br />
pour Florence en 1963. Dans la ville toscane, il fait<br />
un passage chez Emilio Pucci avant de travailler<br />
auprès de Cesare Guidi, « le Balenciaga italien<br />
», précise-t-il. « J’étouffais à Florence ! Tout<br />
y est suffoquant quand on a un esprit créatif. »<br />
Après cette aventure italienne, à 18 ans, il<br />
tente sa chance à Paris avec le rêve de travailler pour<br />
Pierre Cardin. Il se présente auprès de la maison de<br />
couture une première fois, sans succès, et débute<br />
donc chez Ted Lapidus, à la rue Marbeuf, non loin<br />
de l’Avenue Montaigne. « Ted Lapidus me trouvait<br />
décoratif, avec ma coupe de cheveux à la Stone »,<br />
se souvient-il, amusé. « Je m’occupais des dessins,<br />
installé avec une planche sur les genoux dans le salon<br />
principal du couturier. Un jour, à côté de moi, Françoise<br />
Hardy en imperméable Burberry. Une autre<br />
fois, au printemps 1965, la Duchesse de Bedford nous<br />
a raconté le grand bal My Fair Lady qui avait eu lieu<br />
à la Grande Cascade au bois de Boulogne. » Après<br />
six mois, le jeune Suisse retourne se présenter chez<br />
Cardin. Il est engagé pour travailler à l’atelier, grâce<br />
aux connaissances en couture acquises à Lausanne<br />
durant son apprentissage. « Par un coup de chance,<br />
Cardin passe à l’atelier le deuxième jour où je suis
derrière ma machine à coudre. Je m’habillais alors<br />
toujours en chemise-cravate, ce qui faisait tache au<br />
milieu des couturières. Le créateur me demande ce<br />
que je fais là, vêtu ainsi, ce à quoi je réponds : “ J’attends<br />
d’aller au studio. ”, et j’en profite pour montrer<br />
mes dessins. Dans le quart d’heure qui suit, je me<br />
retrouve au studio. J’y ai travaillé en tant qu’assistant<br />
pour Pierre Cardin. J’ai beaucoup appris à ses<br />
côtés durant deux ans. Je déjeunais avec lui une fois<br />
par semaine dans son bureau et je m’occupais des<br />
licences signées par la maison de couture. Mon rôle<br />
était de dessiner les lunettes ou les maillots de bain<br />
d’après la collection haute couture. »<br />
18 SOCIÉTÉ<br />
« GRIFFÉ OLIVIER CHABLOZ »<br />
Après avoir côtoyé son idole, le jeune Vaudois<br />
poursuit son aventure parisienne au<br />
cours de laquelle il rencontre son premier<br />
amour, Frédéric Botton, l’auteur compositeur<br />
de La grande Zoa, chanson culte de<br />
Régine : « Nous avons vécu ensemble dans<br />
un appartement du 16 e arrondissement, où il<br />
m’a fait mener une vie de jet-setter pendant<br />
une dizaine d’années. Je me souviens des<br />
bals, des grandes fêtes et des soirées au<br />
casino de Deauville ou de Monte Carlo »,<br />
détaille le créateur. Cette vie parisienne<br />
est notamment peuplée par Régine, pour<br />
laquelle il crée et réalise des modèles durant<br />
quelques mois, depuis l’atelier qu’elle<br />
fait installer pour lui dans son appartement<br />
parisien, mais aussi par d’autres grands<br />
noms du Tout-Paris de l’époque : « J’aimais<br />
organiser des dîners dans l’appartement du<br />
16 e . On y recevait Pierre Bergé, Yves Saint<br />
Laurent, Roland Petit, Jeanne Moreau et<br />
Barbara notamment. » Le designer évolue<br />
également auprès de Françoise Sagan et<br />
est invité régulièrement au manoir d’Equemauville<br />
où il fait la rencontre d’Helmut Berger,<br />
« juste après Les Damnés, à l’époque<br />
où on ne parlait que de lui et de Visconti»,<br />
raconte–t-il. Côté professionnel, Olivier<br />
Chabloz travaille pour Réal, « la maison qui a<br />
réalisé la robe en Vichy pour Brigitte Bardot<br />
et qui habillait les yéyés » et pour Hubert de<br />
Givenchy, une maison dans laquelle l’ambiance<br />
de travail est «austère».<br />
Le jeune créateur en vue commence à se faire une<br />
place dans le milieu de la mode et se voit proposer<br />
une collaboration avec Adige, qui vend alors des<br />
chaussures haut-de-gamme. Son rôle est de développer<br />
une ligne de prêt-à-porter « griffée Olivier<br />
Chabloz pour Adige », précise-t-il. C’est lors de cette<br />
collaboration qu’il crée un élément important de son<br />
esthétique, le talon de chaussure pyramide, un détail<br />
qui sera « largement copié par la concurrence »,<br />
s’amuse-t-il aujourd’hui. Son travail chez Adige rencontre<br />
un franc succès : « J’ai trouvé une boutique à<br />
l’Avenue Matignon et y ai installé mon studio. Mon<br />
nom ressortait régulièrement dans la presse, si bien<br />
qu’après trois ans j’ai été contacté par la maison Dora<br />
Herbst. Dans les années soixante, c’était elle qui faisait<br />
la mode à Ibiza. » Après plusieurs rencontres, le<br />
designer décide de quitter Adige pour Herbst, mais<br />
l’affaire tourne mal : « Le 7 janvier 1981, je reçois un<br />
téléphone à huit heures du matin pour me dire que<br />
tout est annulé. J’étais scotché sur mon lit, comme<br />
anesthésié, sous le choc. »<br />
« LE CARTON DE MA CARRIÈRE »<br />
Le Montreusien rentre au pays durant<br />
quelques semaines, avant de s’envoler<br />
pour les USA. « Je suis arrivé à New York<br />
comme j’étais arrivé en 1964 à Paris : je<br />
repartais de zéro. » Il pose ses valises au<br />
mythique Chelsea Hotel, où il vit durant un<br />
an : « J’avais la chambre du sculpteur Claes<br />
Oldenburg. L’ambiance était un peu pourrie,<br />
un peu glauque mais démentielle. » Sa carrière<br />
n’évolue pas comme il le souhaiterait,<br />
et Olivier Chabloz rentre au pays. Il s’y associe<br />
avec Betzy Capt, une amie d’enfance,<br />
et fait fabriquer en Inde ses créations. Ensuite,<br />
il s’installe durant sept ans à Zurich, où<br />
il travaille pour un fabricant de prêt-à-porter<br />
haut-de-gamme, la maison Algo, avant de<br />
vendre ses créations dans un magasin de<br />
robes de mariées à Genève. « Là-bas, j’ai<br />
fait le carton de ma carrière avec une tenue<br />
pour une des filles de la famille princière du<br />
Qatar. Elle voulait une robe spectaculaire.<br />
J’ai réalisé un modèle inspiré par Marie-Antoinette,<br />
couleurs or et blanc cassé avec<br />
une traîne de huit mètres en soie bordée<br />
de mille roses. »<br />
Côté vie privée, le designer nous confie avoir rencontré<br />
l’artiste plasticien Jean-Pascal Bongard en<br />
1975 : « J’ai su que c’était l’amour de ma vie. » Auprès<br />
de lui, il trouve une forme d’équilibre, alternant repos<br />
loin de l’agitation du monde créatif et vie artistique<br />
plus mondaine. « Si nous ne sommes pas un vieux<br />
couple, c’est grâce à notre créativité », dit-il, amusé.<br />
Interrogé sur ses prochains projets, l’artiste répond,<br />
lumineux : « Je crée tout le temps ! »<br />
SOUS-RUBRIQUE<br />
JEUDI 1 ER DÉCEMBRE <strong>2022</strong><br />
JOURNÉE MONDIALE DE LUTTE CONTRE LE SIDA<br />
–<br />
« POURQUOI DOIT-ON ENCORE PARLER<br />
DU VIH/SIDA EN <strong>2022</strong> ? »<br />
Matinée d’étude, Salle Communale du Faubourg,<br />
Rue des Terreaux-du-Temple 6, Genève<br />
7H30 - 14H00<br />
–<br />
EXPOSITION PHOTO<br />
« LES ARCHIVES DE PVA-GENÈVE »<br />
tout au long de la journée<br />
à la Salle Communale du Faubourg<br />
–<br />
CÉRÉMONIE INTERRELIGIEUSE<br />
Cathédrale Saint-Pierre<br />
18H30 – 19H30<br />
–<br />
MARCHE COMMÉMORATIVE<br />
de la Cathédrale Saint-Pierre<br />
à la Salle du Faubourg<br />
DÈS 19H30<br />
–<br />
DÎNER CONVIVIAL<br />
Salle Communale du Faubourg<br />
20H30<br />
PVA-GENÈVE A 30 ANS<br />
pvageneve.ch<br />
RUBRIQUE<br />
19
vieillir<br />
OÙ SONT LES<br />
PERSONNES ÂGÉES<br />
TRANS*?<br />
La communauté trans* figure parmi les groupes<br />
sociaux les plus victimes de marginalisation et<br />
de mortalité précoce. Conséquence : l’absence sidérante<br />
des vieilles personnes trans*. Comment<br />
se construire sans modèles montrant la voie ?<br />
Par Tal Madesta<br />
Lorsqu’on vous dit « personne trans* âgée », il est fort<br />
probable qu’aucun visage ne vous vienne spontanément<br />
en tête. Dans la perspective de l’écriture de cet<br />
article, je me suis également posé la question, et j’ai<br />
été bien en peine de répondre. Être moi-même trans*<br />
ne m’a aucunement aidé dans cette entreprise, malgré<br />
quelques noms épars traversant mes pensées.<br />
Dans le documentaire Disclosure : Trans<br />
Lives on Screen, diffusé sur Netflix, la<br />
question des personnes trans* dans la<br />
culture cinématographique est abordée<br />
en profondeur, afin d’analyser les ressorts<br />
transphobes des films et séries, entre fétichisation<br />
sexuelle, moqueries et dégoût.<br />
Mais sur les personnes âgées, pas un mot,<br />
malgré leur sidérante absence de toutes<br />
les images dont nous disposons. Je crois<br />
que ce manque terrible de représentations<br />
a des conséquences bien réelles sur les<br />
personnes concernées. Il semble difficile<br />
de se projeter dans une transition lorsqu’on<br />
n’a pas de modèles nous montrant la voie,<br />
et nous assurant surtout que nous vivrons<br />
longtemps. Que raconte cette invisibilité<br />
? Est-ce à dire que les personnes âgées<br />
trans*… n’existeraient pas ?<br />
On ne peut pas se pencher sur cette question<br />
en passant sous silence la mortalité précoce qui<br />
frappe nos communautés. Pour comprendre ce qui<br />
se joue dans la vieillesse trans*, il faut déjà mettre à<br />
jour les conditions de vie auxquelles sont exposées<br />
les personnes trans* plus jeunes. Il s’agit d’un des<br />
groupes sociaux les plus marginalisés du monde,<br />
et il existe peu d’exemples d’individus si souvent<br />
décimés par la précarité économique, la difficulté<br />
d’accès aux soins, les minces possibilités de logement,<br />
parmi une myriade d’autres sécurités dont<br />
nous peinons à bénéficier.<br />
En raison de cette ostracisation forte, les<br />
personnes trans* meurent en série, assassinées<br />
ou suicidées, et cette réalité<br />
désespérante doit être regardée en face.<br />
Chaque année, de tristes chiffres nous par-<br />
viennent. En 2021, 375 personnes trans* ont<br />
été tuées dans le monde, un calcul considéré<br />
par les associations comme largement<br />
sous-estimé. Leur âge moyen : 30 ans à<br />
peine. La plus jeune d’entre elles avait…13<br />
ans. Leurs conditions socio-économiques<br />
d’existence jouent beaucoup dans cette sidérante<br />
proximité avec la mort : 43 % des<br />
personnes trans* assassinées en Europe en<br />
2021 étaient migrantes, 58 % exerçaient le<br />
travail du sexe. Sur une période plus large,<br />
on recense 4048 personnes trans* assassinées<br />
dans le monde entre 2008 et 2021,<br />
dont 96 % de femmes trans. Un chiffre terriblement<br />
élevé au regard de notre proportion<br />
dans la population totale. En comparant<br />
la proportion de féminicides commis en<br />
France en 2021 au regard du nombre global<br />
de femmes cis et trans dans le pays,<br />
l’association Acceptess-T a ainsi calculé<br />
que les femmes trans ont trois fois plus de<br />
risque d’être victimes de féminicides que<br />
les femmes cis. Vingt-cinq fois plus si elles<br />
sont par ailleurs travailleuses du sexe.<br />
Et si nous ne trépassons pas par la main des autres,<br />
c’est bien souvent de notre propre initiative que<br />
notre vie s’arrête brutalement. En raison d’existences<br />
difficiles, quand elles ne sont pas insoutenables,<br />
la santé psychique des personnes concernées<br />
se trouve profondément fragilisée, d’autant<br />
plus lorsque celles-ci sont jeunes. Les élèves<br />
trans* sont ainsi quatre fois plus exposé·e·s·x aux<br />
problèmes de santé mentale que les autres. Entre<br />
70 % et 90 % des jeunes trans* ont déjà eu des pensées<br />
suicidaires, selon différentes études dont<br />
les résultats restent dans tous les cas alarmants.<br />
Enfin, elles ont jusqu’à dix fois plus de risque de<br />
passer à l’acte que leurs homologues cisgenres.<br />
Une chose à retenir : la transphobie à toutes<br />
les échelles fait mourir précocément…et<br />
Société<br />
21
empêche ainsi d’atteindre le bel âge. Cette<br />
violente réalité demeure parfaitement intériorisée<br />
par les personnes concernées,<br />
qui doivent avancer en connaissance<br />
de cause, et naviguer à travers la mort.<br />
Une camarade transféministe, Sasha<br />
Yaropolskaya, cofondatrice de XY Média,<br />
parlait de « sentiment pervers de la routine<br />
» en référence à ce ballet mortuaire<br />
permanent. Cette terrible promiscuité avec<br />
la mort grignote nos existences, à la manière<br />
d’épées de Damoclès suspendues<br />
au-dessus de nos têtes.<br />
Fort heureusement, toutes les personnes trans* ne<br />
meurent pas jeunes. Alors où sont-elles, celles qui<br />
vieillissent comme les autres ? Eh bien il semblerait<br />
qu’elles se cachent, soit en restant dans le placard,<br />
terrifiées (à raison) à l’idée de faire leur coming-out,<br />
soit en étant stealth [ndlr : en vivant dans leur genre<br />
de destination sans révéler à quiconque leur transidentité].<br />
Mais une chose reste certaine, je crois<br />
que l’on pourra de moins en moins détourner les<br />
yeux de nos vieux. Déjà car la population globale<br />
est de plus en plus vieillissante dans les pays occidentaux.<br />
Ensuite, car de plus en plus de personnes<br />
osent franchir le cap de la transition, grâce à la visibilité<br />
grandissante des parcours trans*. Ces deux<br />
réalités combinées impliquent une conséquence<br />
logique : il y aura mathématiquement plus de personnes<br />
trans* âgées dans un futur proche, et elles<br />
auront besoin de voir leur dignité préservée, d’être<br />
accompagnées quant à leurs besoins spécifiques,<br />
et que l’on prenne soin d’elles.<br />
En attendant, nous pouvons nous tourner<br />
vers des modèles – rarement visibles mais<br />
fondamentaux – dont la simple existence<br />
montre la voie aux plus jeunes. On pense par<br />
exemple à Bambi (voir son Quotient Queer<br />
en p.50-51), danseuse et écrivaine, icône<br />
des nuits parisiennes, qui a aujourd’hui 86<br />
ans. Mais aussi à Renée Richards, ancienne<br />
joueuse de tennis états-unienne de 88 ans,<br />
ou encore Wendy Carlos, compositrice-interprète<br />
de 82 ans. Nous sommes doublement<br />
victimes de cette invisibilisation des<br />
personnes âgées et des personnes trans*.<br />
Pourtant, nos aîné·e·x·s existent, comme<br />
le montre aussi la série photographique de<br />
Jess T. Dugan, intitulée Survivre sur cette<br />
rive où l’artiste tire le portrait de dizaines de<br />
personnes trans* vieillissantes. Des visages<br />
apaisés, des sourires parfois, témoins d’un<br />
futur non seulement possible, mais surtout<br />
désirable.<br />
N.25+1<br />
LGBTIAQ+-FILM-<br />
FESTIVAL BERN<br />
FESTIVAL<br />
DE FILMS LGBTIAQ+<br />
DE BERNE<br />
PUBLICITÉ<br />
3.—9.<br />
11.<strong>2022</strong><br />
QUEERSICHT.<br />
CH<br />
HAUPTSPONSOREN – SPONSORS PRINCIPAUX<br />
PARTY<br />
5.11.<strong>2022</strong><br />
GASKESSEL<br />
BERN
FI_CH_BR_VTP_360grad_INS_67x205_f_22-11.indd 1 29.09.2<br />
2002 – <strong>2022</strong> :<br />
la lutte pour la visibilité et<br />
contre les inégalités continue<br />
pour Lestime<br />
<strong>2022</strong> marque deux anniversaires importants pour les femmes<br />
LGBTIQ+ de Romandie : les 40 ans de la Goudou Manif et les<br />
20 ans de Lestime. L’occasion de revenir sur quelques décennies<br />
de luttes et de sororité avec Vivianne Guye-Bergeret, co-présidente,<br />
et Kiki, coordinatrice de l’association. Par Laure Dasinieres<br />
Les noms et les lieux ont changé, mais l’énergie<br />
est restée la même. L’association lesbienne et<br />
féministe Lestime est née en 2002, prenant le<br />
relais d’autres groupes dont l’histoire remonte<br />
aux années 1970 : Centre Femmes, puis Centre<br />
Femmes Natalie Barney, au fil de déménagements<br />
entre le boulevard Saint-Georges, Champel et le<br />
Lignon, avant de s’établir aux Grottes il y a vingt<br />
ans. « Lestime poursuit les mêmes combats: la<br />
lutte contre l’invisibilité, l’hétérocentrisme, la<br />
domination patriarcale et les inégalités qui sont<br />
encore largement répandues », explique Kiki.<br />
« Nous avons peut-être amené davantage d’inclusivité<br />
par rapport aux personnes trans* ou queer<br />
et notre vocation demeure de créer du lien, de la<br />
sororité entre les femmes. »<br />
VOUS DITES QUE LES LUTTES SONT LES MÊMES<br />
MAIS Y A-T-IL EU DES AVANCÉES NOTABLES<br />
CONCERNANT LES DROITS DES FEMMES<br />
LGBTIQ+ CES DERNIÈRES ANNÉES…<br />
KIKI<br />
Nous avons été de tous les combats,<br />
notamment de la Grève des femmes pour promouvoir<br />
l’égalité et lutter pour la reconnaissance<br />
dans le monde du travail et l’égalité salariale.<br />
VIVIANNE Les choses avancent, mais elles<br />
avancent lentement. En effet, il faut des modifications<br />
légales bien souvent, et cela prend<br />
beaucoup de temps. La plus récente est le mariage<br />
pour tous et toutes. Ça aura été un travail<br />
sur plus de 20 ans ! Maintenant, il faut se battre<br />
pour que la PMA soit remboursée aux couples<br />
lesbiens, ce qui va prendre à nouveau du temps,<br />
mais c’est un combat que nous le mènerons et<br />
que nous soutiendrons.<br />
PARMI LES PRINCIPALES ACTIVITÉS DE<br />
LESTIME AUJOURD’HUI, IL Y A UN GROS FOCUS<br />
SUR LES ARCHIVES….<br />
KIKI<br />
Nous voulons les valoriser afin de<br />
les rendre accessibles, notamment aux plus<br />
jeunes. Depuis 2018, nous travaillons beaucoup<br />
sur le projet Nos lieux, nos fêtes, nos combats :<br />
notre histoire compte afin de rendre visibles les<br />
lesbiennes dans l’histoire. Dans ce cadre, nous<br />
avons lancé un appel à contributions pour toutes<br />
les personnes qui aimeraient nous contacter<br />
pour nous proposer des archives et renforcer<br />
le fonds du centre que nous avons déjà constitué<br />
avec des archivistes professionnels. C’est<br />
un « Vous êtes sorties du placard, sortez vos archives<br />
du tiroir » ! Nous invitons aussi les plus<br />
jeunes à partager leur vécu, leurs sorties… pour<br />
créer les archives de demain. Et nous œuvrons<br />
pour que ces archives soient rendues vivantes<br />
par des projets tout sauf élitaires, comme<br />
des ateliers, des visites, une cartographie numérique,<br />
un podcast, un quiz en ligne… Il y a<br />
également eu la création d’un jeu vidéo dédié<br />
aux 40 ans de la première manifestation lesbienne<br />
de Suisse romande: la Goudou Manif.<br />
IL Y A AUSSI DES INITIATIVES EN MATIÈRE<br />
DE SANTÉ…<br />
VIVIANNE Oui ! C’est un projet lancé en<br />
2021 avec le soutien du Canton de Genève. Nous<br />
avons mis sur pied une consultation en santé<br />
sexuelle pour les « VSV », autrement dit pour les<br />
personnes à vulve qui ont du sexe avec des personnes<br />
à vulve. C’est la première consultation de<br />
ce type. Née d’un partenariat avec le Checkpoint<br />
de Genève, elle offre une approche psychosociale<br />
avec la possibilité d’accéder à un dépistage des<br />
IST. Nous avons vraiment vocation à inclure le<br />
plus de personnes concernées, qu’elles soient<br />
lesbienne, non binaires, trans*, bi, pan,...<br />
ET VOUS N’OUBLIEZ PAS LA DIMENSION CONVI-<br />
VIALE ET FESTIVE !<br />
KIKI<br />
En effet, on sent un réel besoin<br />
de partage, d’échange et de convivialité, surtout<br />
après le vide créé par la crise Covid.<br />
VIVIANNE Nous organisons des repas, des<br />
ciné-clubs, des soirées, comme pour Halloween<br />
ou le Nouvel-An.<br />
ALORS, COMMENT ALLEZ-VOUS FÊTER CES 20<br />
ANS DE LESTIME ?<br />
VIVIANNE Le 18 <strong>novembre</strong>, ce sera la réception<br />
officielle ouverte à tout le monde, avec des<br />
discours de personnalités politiques, un buffet<br />
et un moment convivial. Et, le 25 <strong>novembre</strong>, nous<br />
allons faire une méga-fête en non-mixité choisie<br />
à l’Iceberg, où toutes les femmes membres et<br />
toutes celles passées par Lestime pourront venir<br />
danser, regarder des photos qui seront projetées<br />
sur les murs comme une sorte de voyage visuel<br />
ou encore écouter une lecture de texte lesbiens<br />
très chauds.<br />
LESTIME FÊTE SES 20 ANS !<br />
Vendredi 18 <strong>novembre</strong><br />
Soirée officielle<br />
Lestime, Rue de l’industrie 5,<br />
1201 Genève<br />
Vendredi 25 <strong>novembre</strong><br />
Les’Berg Party*<br />
22h à 04h<br />
DJ LAP et surprise, entrée gratuite<br />
*Mixité choisie : femmes, lesbiennes, personnes<br />
trans*, non binaire, intersexes<br />
L’iceBergues, Eue des Bergues 12,<br />
1201 Genève<br />
Genève, 22 mai 1982<br />
la première Goudou Manif<br />
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Conseil d’assurance<br />
Nouvelles<br />
expériences.<br />
Assurer.<br />
Commencer<br />
le bilan.<br />
«Quand vaut-il la peine<br />
de vérifier ses assurances?»<br />
Ils aiment la sécurité, les Suissesses et les Suisses. Ce<br />
besoin profondément ancré se fait aussi sentir au niveau<br />
des assurances. Et chaque changement dans la vie<br />
induit de nouveaux risques. Un tour du monde, un enfant<br />
ou la retraite demandent une analyse des polices<br />
– de préférence lors d’un conseil global personnel.<br />
«Ça ne prend que<br />
quelques minutes.»<br />
Les nouvelles acquisitions ou un déménagement ont<br />
aussi une influence sur les assurances. Il vaut donc la<br />
peine de les vérifier régulièrement. Sur le site Internet<br />
d’Helvetia, un bilan d’assurances permet d’obtenir<br />
en quelques minutes un aperçu de la situation personnelle.<br />
Vous pouvez facilement faire calculer votre<br />
prime et au besoin conclure des assurances en ligne. Si<br />
vous avez des questions ou souhaitez une analyse plus<br />
approfondie, vous pouvez directement convenir d’un<br />
entretien de conseil avec une ou un spécialiste.<br />
Glenn Zanetti<br />
Agent Général<br />
Agence générale Lausanne La Côte<br />
Plus d’informations<br />
helvetia.ch/bilan-assurances<br />
24 SOCIÉTÉ<br />
ASSOCIATIF<br />
ASSOCIATIF<br />
SOCIÉTÉ<br />
25
VIOLENCES<br />
PSYCHOLOGIQUES<br />
DANS LE COUPLE :<br />
Les situations d’emprise peuvent toucher tous les couples, peu<br />
importe le genre et/ou l’orientation sexuelle. À quels signaux<br />
d’alarme faut-il être vigilant·e·x ?<br />
Lorsque l’on parle de violences conjugales, il<br />
existe deux écueils. D’abord celui de limiter<br />
leur conception aux coups, et donc à la violence<br />
physique, oubliant ainsi la gravité des violences<br />
psychologiques. Ensuite, celui de les concevoir<br />
uniquement comme les agissements d’un homme<br />
cis et hétérosexuel à l’encontre de sa compagne<br />
cisgenre elle aussi, alors que cette violence peut<br />
aussi se jouer au sein de couples LGBTIQ+.<br />
Comme les violences morales n’épargnent<br />
personne et afin que les victimes<br />
puissent réaliser la gravité de la situation,<br />
réagir et se faire aider, il faut en<br />
parler et surtout ne jamais les banaliser.<br />
L’EMPRISE EST INSIDIEUSE. ELLE S’INSTALLE<br />
LENTEMENT MAIS LAISSE DES CICATRICES<br />
INDÉLÉBILES. ALORS, QUELS SONT LES PRIN-<br />
CIPAUX SIGNES D’ALERTE ?<br />
○<br />
Iel vous dévalue continuellement – « Tu ne sais<br />
pas t’habiller » ; « T’es même pas foutu·e·x de<br />
faire cuire une omelette » ; « Tu n’es qu’un·e·x<br />
alcoolique »<br />
○ Iel critique vos goûts – « Décidément, tu as<br />
des goûts de merde en ciné… »<br />
○ Iel critique vos ami·e·x·s et vos proches et<br />
contrôle vos fréquentations – « Vraiment, ta<br />
pote, là, c’est pas possible, il faut que tu arrêtes<br />
de la voir »<br />
○ Iel vous parle de ses ex, forcément responsables<br />
de tout… mais ces torts, commis par<br />
ses ex, iel ne les reproduira jamais avec vous<br />
○ Iel vous culpabilise – « C’est de ta faute si tu es<br />
fatigué·e·x, tu ne sais pas gérer ton temps », « Tu<br />
es responsable de mes colères »<br />
○<br />
○<br />
○<br />
○<br />
Iel est démesurément jaloux·se, surveille vos<br />
e-mails et vos SMS, se met en colère si vous<br />
êtes en retard<br />
Iel vous harcèle, vous envoie des dizaines de<br />
messages en très peu de temps si vous ne lui<br />
répondez pas immédiatement<br />
Iel vous insulte et vous menace<br />
Iel vous fait des chantages au suicide – « Si tu<br />
me quittes, je me fous en l’air »<br />
VOS SENTIMENTS OU DES COMPORTEMENTS<br />
PEUVENT AUSSI VOUS ALERTER :<br />
○ Vous évitez de faire des choses, vous changez<br />
vos habitudes/comportements pour éviter reproches<br />
et disputes<br />
○ Vous vous sentez fliqué·e·x, obligé·e·x de<br />
rendre des comptes<br />
○<br />
○<br />
○<br />
Par Laure Dasinieres<br />
Vous vous dites des trucs comme « Iel va me<br />
défoncer s’iel sait ça/si je fais ça »<br />
Vous vous surprenez à réprimer votre spontanéité,<br />
vos envies<br />
Vous prenez sur vous d’accepter des choses<br />
dont vous n’avez pas envie, comme des rapports<br />
sexuels, mais aussi une sortie, le visionnage<br />
d’un film, vous nourrir de tel ou tel plat<br />
L’emprise engendre une grande honte et elle<br />
isole. Pourtant, il est essentiel de ne pas rester<br />
seul·e·x. L’un des premiers pas, c’est d’en parler<br />
autour de vous. Des professionel·le·x·s sont aussi<br />
là pour vous aider. Vous trouverez aides et ressources<br />
sur le site violencequefaire.ch, auprès du<br />
Centre d’accueil Malley Prairie dans le canton de<br />
Vaud (malleyprairie.ch) ou de l’association d’Aide<br />
aux Victimes de Violences en Couple à Genève<br />
(avvec.ch) , ainsi que de la Main tendue (143.ch).<br />
TOUS·TES·X<br />
CONCERN·E·X·S<br />
Le Grütli Centre<br />
Le Grütli de production<br />
Le Grütli et<br />
Le Grütli de diffusion<br />
Le Grütli des Arts vivants<br />
Réservations :<br />
+41 (0)22 888 44 88<br />
reservation@grutli.ch<br />
Général-Dufour 16<br />
CH-1204 Genève<br />
w w w. grutli.ch<br />
Tidiani N’Diaye<br />
<strong>2022</strong><br />
10-21 décembre
VIEUXXX<br />
& SEXXXY<br />
L’âge mur n’est plus un désert sexuel. Il est même, semble-til,<br />
une denrée très recherchée sur le marché du porno gai. À la<br />
grande surprise des principaux intéressés.<br />
Par Arnaud Gallay<br />
Pathétiques, ces fesses qui pendouillent, ces poils<br />
gris qui poussent sur le dos, ce gras qui déborde des<br />
ceintures... pouah ! « Allez vous cacher, les vieux ! »<br />
lancions-nous à nos aînés dans les bars et saunas<br />
gais des années 1980-1990. On avait 20 ans et on se<br />
jurait de ne pas être pareil une fois arrivés au lointain<br />
âge mûr. Or, nous y voilà, nous autres boomers, à l’âge<br />
fatidique d’aller se cacher, de faire une croix sur notre<br />
vie sexuelle... mais surprise : notre Grindr continue<br />
de crépiter sur la table de chevet, entre la tasse de<br />
verveine et la brochure de sudokus.<br />
Oui, les 50+ bandent encore. Plus étonnant,<br />
ils font encore bander. Magie du Viagra ?<br />
Même pas ! En fait, le mâle vieillissant est<br />
tout simplement devenu désirable, hot, sex.<br />
On peut le mesurer sur le marché du porno,<br />
creuset des fantasmes de la communauté.<br />
Les têtes grisonnantes sont de plus présentes<br />
au casting des vidéos mainstream.<br />
Ces dernières années, Pornhub classe<br />
« Daddy » entre la 3 e et 4 e place des catégories<br />
les plus courues dans sa section gaie.<br />
DADDYSPHÈRE<br />
Avec ses studios et ses stars – Allen Silver,<br />
61 ans, Dale Savage, 58 ans, ou Adam Russo, 55 ans,<br />
tous apparus sur la scène du X dans leur quarantaine<br />
bien sonnée – on a affaire à une vraie daddysphère.<br />
Le sexe intergénérationnel en est un des ressorts<br />
principaux, avec des channels à succès telles que<br />
Gaycest (avec des scénarios trop ridicules pour flirter<br />
avec le Code pénal) ou Masonic Boys (initiations très<br />
spéciales chez les mormons). Mais le studio joue aussi<br />
sur l’inversion des rôles, comme dans Twink Top,<br />
où des coaches sportifs vétérans se font rudoyer par<br />
de frêles (mais vigoureux) espoirs du baseball.<br />
Analysant les textes accompagnant ce<br />
type de vidéos, le chercheur en pornographie<br />
gaie John Mercer note que, loin d’être<br />
un domaine marginal destiné aux vieillards<br />
lubriques, le sous-genre « daddies »<br />
s’adresse aux lubriques de tous les âges<br />
(dès lors qu’ils sont majeurs bien sûr), invités<br />
à s’identifier tantôt au jeune tantôt<br />
au vieux, lequel n’est pas limité au rôle de<br />
faire-valoir ni à celui d’étalon actif. Mais il<br />
note aussi l’existence d’un érotisme interclasse<br />
et interracial entre hommes mûrs,<br />
voire très mûrs, comme chez Pantheon<br />
Films. Des productions assez fauchées,<br />
mais joyeusement « égalitaristes », salue<br />
le chercheur.<br />
HYPERVIRILITÉ<br />
Reste que tous les corps mûrs n’ont pas<br />
leur place sur le piédestal du sexe. Le succès des<br />
daddies repose largement sur leur hypervirilité.<br />
Ce n’est pas tout à fait une nouveauté si l’on fouille<br />
dans les VHS et pellicules du siècle passé. On découvre<br />
un autre âge d’or du Daddy avec la trilogie<br />
culte Working Men (1976-1979) du formidable réalisateur<br />
Joe Gage ou les colosses turgescents du<br />
<strong>magazine</strong> Colt, à feuilleter en fredonnant Macho<br />
Man des Village People. Curieusement, ces physiques<br />
se sont éclipsés au cours des décennies 80<br />
et 90 au profit de corps plus aseptisés. En pleine<br />
pandémie de sida comme par hasard.<br />
Derrière cette (ré)émergence du daddy<br />
comme sex-symbol, il y a donc une affaire<br />
générationnelle : celle du vieillissement<br />
d’une génération qui a grandi après l’hécatombe<br />
du sida, la première jouissant de<br />
droits LGBTIQ+ (du moins en Occident). Il y<br />
a aussi une révolution technologique, celle<br />
du web, qui a fait du porno un marché dérégulé,<br />
mondialisé, ubérisé et complètement<br />
éclaté. « En conséquence, la domination de<br />
types iconographiques et de normes de représentations<br />
peut être remise en cause »,<br />
écrit Mercer. De même que les adeptes de<br />
la fessée ou de la chaussette odorante ont<br />
leurs chapelles et leurs icônes sur la Toile,<br />
les bears, silver studs et autres « vieux »<br />
ont aussi leurs sanctuaires sous forme<br />
de blogs dédiés, de comptes Twitter ou<br />
de sexcams à péage. Un jour viendra où<br />
chaque daddy ouvrira un compte OnlyFans<br />
pour compléter son AVS.<br />
Bref, c’est un privilège d’être un daddy en <strong>2022</strong>,<br />
comme le confie l’auteur, activiste et ex-acteur<br />
Conner Habib, cité par The Cut. « Si l’on entend de<br />
plus en plus parler des daddies, c’est parce que de<br />
plus en plus d’hommes gais se permettent d’être<br />
attirés par des types de gens différents. Plutôt qu’une<br />
expérience uniforme de la beauté, les gens veulent<br />
une expérience personnalisée. Et quoi de plus personnel<br />
qu’un daddy ? »<br />
PORNO<br />
29
PRINCESSE GENDERFUCK<br />
LE JOURNAL D’UNE PRINCESSE<br />
Au prisme de sa culture québécoise, de ses activités<br />
militantes et artistiques, Princesse GenderFuck<br />
vous partage ses histoires entre son pays d’accueil,<br />
la Suisse, et son pays d’origine, le Canada.<br />
Voilà désormais un mois que je suis au Canada.<br />
Le temps semble passer aussi vite qu’une performance<br />
sur une chanson de Cher. Ce constat<br />
s’est d’autant plus affirmé lorsque je suis retourné·e<br />
au cabaret club Le Drague, la semaine passée.<br />
Situé dans les débuts de la toute petite rue<br />
Saint-Augustine et coincé derrière l’ancienne<br />
église anglicane St. Matthew, L’Bar, comme on<br />
l’appelait, était mon lieu de rassemblement arcen-ciel.<br />
Alors que je n’avais que 18 ans et que « ça<br />
me rendait presque insolent de certitude », je m’y<br />
retrouvais du mercredi au samedi pour y chercher<br />
rires, réconfort et un peu de tendresse.<br />
En y retournant à 33 ans, un soir d’automne,<br />
j’ai revu Virgine Françoise, une drag<br />
queen spécialiste en shooter à l’« humour enrobé<br />
de calembours et mouillé d’acide ». La scène<br />
avait changé, la darkroom avait disparu, mais<br />
Virgine était toujours derrière son bar. Cette drag<br />
queen est sans aucun doute l’une de mes figures<br />
émancipatrices les plus fortes. Par sa trajectoire,<br />
Virgine a contribué à nous offrir aujourd’hui<br />
une piste de danse et une scène fertile pour les<br />
nouvelle·eaux artistes, en plein cœur du vieux<br />
Québec. L’Bar avait changé, tout change, mais<br />
la reconnaissance des artistes pionnier·ère·x·s<br />
demeure, tout comme les sourires libérés que<br />
j’ai retrouvés samedi passé.<br />
L'HUMEUR DE DR. HAZBI<br />
UNE D’CES COUCHES !<br />
Dr. Hazbi est enseignant·x universitaire·x,<br />
artiste·x et politicien·x. Son téléphone est bourré<br />
de réflexions qu'iel s'empresse de retranscrire,<br />
couche par couche.<br />
Couche #57 :<br />
Il m’aura fallu un moment pour arriver à<br />
conscientiser un biais que je ne veux plus avoir :<br />
celui de mettre le queer au centre de ma vie. Si<br />
j’avais perdu un peu moins de temps à déconstruire<br />
et reconstruire en boucle le genre et la sexualité<br />
pendant autant d’années, j’aurais pu m’atteler à<br />
réfléchir à des problématiques beaucoup plus pressantes,<br />
comme le néocolonialisme pour n’en citer<br />
qu’une. C’était très nombriliste de ma part de rester<br />
dans des vases clos queer sans problématiser plus<br />
en profondeur ma manière de participer à l’extractivisme<br />
et à l’expropriation des populations là où<br />
il y a des ressources naturelles. Entre le confort<br />
d’habiter en Occident et celui d’être rejeté par<br />
l’Orient, j’avais l’impression qu’il ne me restait plus<br />
que le queer comme perspective. Mais la reconnexion<br />
avec l’Orient depuis que les relations avec<br />
ma famille sont renouées m’a permis de regagner<br />
un point de vue moins helvético et queerocentré.<br />
J’avais vraiment besoin de ce retour à la réalité. Une<br />
réalité plus complexe et attristante mais ô combien<br />
plus cohérente et morale.<br />
#58 :<br />
À ce titre, une autre chose qui m’a engouffré<br />
dans cet abysse, c’était ma tendance à faire<br />
rimer amour avec relation romantique. Depuis que<br />
j’ai décidé de rester célibattante, j’ai une charge<br />
émotionnelle et cognitive tellement, mais tellement<br />
moins grande ! Plus de temps, plus d’énergie<br />
et plus de liberté.<br />
30 SOCIÉTÉ<br />
L’HUMEUR DE<br />
SOUS-RUBRIQUE CRAPULE CLUB — RUBRIQUE GRAND-PLACES 14 — 1700 FRIBOURG<br />
31
Paradise<br />
City<br />
Par Robin Corminboeuf<br />
LE TRAVAIL DE ANAS SAREEN, PHOTOGRAPHE<br />
ET CINÉASTE SUISSE BASÉ À PARIS, PONCTUE<br />
CETTE ÉDITION DE NOVEMBRE. <strong>360°</strong> A POSÉ TROIS<br />
QUESTIONS AU JEUNE ARTISTE POUR MIEUX COM-<br />
PRENDRE LE REGARD SINGULIER SUR LA VIEIL-<br />
LESSE QU’IL NOUS OFFRE À TRAVERS SA SÉRIE<br />
PARADISE CITY.<br />
32<br />
PHOTOGRAPHIE<br />
ANAS SAREEN, QUEL EST LE PROCESSUS<br />
CRÉATIF DERRIÈRE CETTE SÉRIE PHOTO-<br />
GRAPHIQUE ?<br />
Paradise City doit sa naissance à la pandémie<br />
: au premier déconfinement, je croisais des<br />
personnes âgées, qui, comme moi, sillonnaient la<br />
ville seules. Elles étaient toujours parfaitement apprêtées<br />
et la lumière estivale révélait les moindres<br />
détails, du grain de peau aux vêtements. Cependant,<br />
leurs visages étaient déformés par des masques qui<br />
venaient marquer leur vulnérabilité. La pandémie<br />
avait suspendu le cours normal de la ville, et je voyais<br />
ces sculptures, dotées d’une grâce réelle, traverser<br />
l’espace urbain en silence. Je me suis donc mis à<br />
capturer leurs apparitions avec mon appareil.<br />
LES COULEURS SONT TRÈS MARQUÉES<br />
DANS VOTRE TRAVAIL, NOTAMMENT<br />
CE BLEU TRÈS FROID, QUASI GLACIAL.<br />
QU’EST-CE QUI VOUS A POUSSÉ VERS<br />
CE CHOIX-LÀ ?<br />
J’assume complètement le formalisme de<br />
mon travail : j’ai besoin d’établir une grammaire visuelle<br />
propre, des contraintes qui me guident. Ici, c’est<br />
l’utilisation du flash en plein jour, de contre-plongées<br />
très fortes et une saturation bleutée qui subliment la<br />
personne. Derrière cela, il y a aussi une parenté avec<br />
une certaine histoire de la photographie : d’abord Wee-<br />
Gee qui, dans les années trente, éblouissait mafieux<br />
et stars de son flash à magnésium dans la nuit newyorkaise.<br />
Et puis Diane Arbus, qui a toujours un regard<br />
vif et tendre sur ses sujets.<br />
© Anas Sareen<br />
SUR QUELS AUTRES PROJETS TRAVAIL-<br />
LEZ-VOUS ?<br />
Je tourne cet hiver mon premier court-métrage<br />
de fiction. Et puis je commence à écrire un<br />
long-métrage, un polar qui s’appellerait Good<br />
People… L’été prochain, je continuerai à peupler<br />
Paradise City avec de nouveaux personnages et je<br />
réfléchis à une première expo de la série.
LES OUVRAGES QUEER<br />
DE NOVEMBRE<br />
Chaque mois, Payot Libraire nous propose une sélection littéraire<br />
queer. Au programme pour ce numéro, cinq coups de cœur<br />
à dévorer en <strong>novembre</strong>.<br />
BD<br />
Toutes les princesses meurent après minuit,<br />
Quentin Zuttion, Le Lombard<br />
31 août 1997 : la mort de Lady Di est sur<br />
tous les écrans de télévision, sur toutes les chaînes<br />
de radio. Une journée gravée dans les mémoires,<br />
que cet album propose de (re)vivre à travers une<br />
famille de quatre personnes. Tout d’abord le père,<br />
qui s’ennuie dans cette routine familiale et essaie<br />
de s’enfuir. Puis vient la mère, prête à tout<br />
pour offrir à sa fille et à son fils encore quelques<br />
heures d’innocence. Or l’aînée, Cam, cache son<br />
nouveau petit copain, tandis que le cadet, Lulu, 8<br />
ans, rêve d’être une princesse sauvée par son beau<br />
voisin et ami… Tous ces désirs et ce tumulte d’émotions<br />
sont mis en image dans de magnifiques couleurs<br />
pastel par Quentin Zuttion, déjà connu pour<br />
d’autres BD immanquables comme Appelez-moi<br />
Nathan ou La dame Blanche. L’amour sur le long<br />
terme, la pression sociale, le premier émoi gai, la<br />
famille, tant de sujets difficiles à aborder, mais<br />
que l’auteur maîtrise avec douceur et bienveillance.<br />
Une réussite, graphique et humaine. (J.G.)<br />
LEXIQUE<br />
The Queens’ English, Chloe O. Davis,<br />
Random House<br />
Voici un dictionnaire très complet, coloré<br />
et inclusif, sur le vocabulaire anglais utilisé<br />
par les personnes queer depuis des décennies.<br />
Les différentes représentations de genres et de<br />
sexualités sont accompagnées par leurs drapeaux,<br />
les expressions par leurs origines et les<br />
termes par leurs contextes. Glissées entre les<br />
définitions, des doubles pages d’infographies<br />
présentent des informations d’histoire, de politique<br />
ou de culture LGBTIQ+. Vous y apprendrez<br />
autant sur des sujets « légers » (comme la<br />
différence entre une otarie et un ours chez les<br />
hommes gais !) que sur des thématiques plus<br />
sérieuses, par exemple l’histoire de la crise du<br />
sida des années 1980. Chloe O. Davis, une femme<br />
noire et bisexuelle, prends un soin particulier à<br />
présenter un ouvrage intersectionnel qui n’oublie<br />
personne: même s’il concerne avant tout la<br />
culture LGBTIQ+, les luttes féministes et anti-racistes<br />
ne sont pas en reste. C’est finalement un<br />
dictionnaire décomplexé et fun, qui se lit aussi<br />
bien par curiosité que pour trouver la signification<br />
d’un mot, comme n’importe quel ouvrage de<br />
la sorte. Et vous saurez enfin ce que veulent dire<br />
« demisexuel », « stone butch » et « AFAB » ! NB :<br />
Ouvrage en anglais. (A.S.)<br />
ROMAN<br />
Jewish Cock, Katharina Volckmer, Grasset<br />
Jewish Cock, un titre choc et quelque peu<br />
provocateur pour un récit… qui l’est tout autant !<br />
Installée chez son gynécologue, une jeune femme<br />
d’une trentaine d’années se livre à un monologue<br />
sur son existence. Portée par une franchise absolue,<br />
elle évoque successivement ses fantasmes<br />
les plus divers, son penchant pour les sex-toys, sa<br />
sexualité plus ou moins satisfaisante et l’histoire<br />
de sa famille bouleversée par la Shoah. Avec ce<br />
récit semble-t-il fortement teinté d’éléments autobiographiques,<br />
Katharina Volckmer entraîne son<br />
lecteur dans un tourbillon d’émotions et de questions.<br />
Des interrogations auxquelles elle nous<br />
laisse le soin de trouver des réponses. Diablement<br />
impertinent, terriblement drôle et d’une grande<br />
intelligence, ce premier roman s’avère donc être<br />
une franche réussite ! (M.V.)<br />
BD JEUNESSE<br />
The Magic Fish, Trung Le Nguyen, Ankama<br />
L’histoire d’une maman et de son petit<br />
garçon se superposent et s’entremêlent, avec pour<br />
thématique principale la perte et les douleurs qui<br />
y sont liées. Pour elle, le traumatisme d’avoir tout<br />
abandonné en laissant sa famille au Vietnam pour<br />
se mettre en quête d’une meilleure vie et, pour lui,<br />
la peur de tout perdre en lui révélant son homosexualité.<br />
Quand leurs sentiments sont trop durs<br />
à exprimer, ils utilisent les contes de leur culture<br />
pour communiquer et se comprendre. Une histoire<br />
sensible et délicate, accompagnée de dessins qui<br />
le sont tout autant. Dès 12 ans. (A.S.)<br />
ESSAI<br />
Vivre fluide, Mathilde Ramadier, Éditions<br />
du Faubourg<br />
Dans ce livre écrit à la première personne,<br />
l’autrice se penche sur la bisexualité féminine, dont<br />
la sienne, qu’elle soit actée ou simplement fantasmée.<br />
Texte essentiel et salvateur, Vivre fluide propose<br />
de s’affranchir d’une hétérosexualité normée<br />
pour évoluer vers une plus grande liberté. Un<br />
florilège de témoignages et de recherches qui démontrent<br />
qu’il n’y a aucune règle et aucun âge pour<br />
se découvrir réellement. (F.F.)<br />
34<br />
CULTURE<br />
LIVRES<br />
LIVRES<br />
CULTURE<br />
35
36<br />
LE MOT DU MOIS<br />
ARBORER LE FÉMINISME, C’EST S’Y ENGAGER<br />
Marius Diserens est spécialiste en question de<br />
genre et de diversité et se charge de garantir une<br />
large inclusion au sein du <strong>magazine</strong>. Il partage<br />
avec nous ses réflexions actuelles autour du féminisme<br />
et des vies LGBTIQ+.<br />
Dear reader,<br />
Je me questionne souvent sur l’origine de<br />
mon féminisme. Coule-t-il dans mes veines? Provientil<br />
de ce discours prononcé par Emma Watson lors<br />
du lancement de la campagne HeForShe? Ou estil<br />
intrinsèque à mon identité queer? Sûrement un<br />
agrégat, qui me permet aujourd’hui de me revendiquer<br />
comme tel. Suis-je légitime de me dire féministe?<br />
Tout dépend du positionnement, de la<br />
remise en question, des discours qui en émergent.<br />
Féminisme, c’est un mot duquel on a arraché<br />
la signification première, un mot dont les extrémistes<br />
de tout bord ont tordu le sens, en décrédibilisant chacune<br />
de ses utilisations et les combats en découlant.<br />
Ce mot, nous devons l’arborer fièrement. Le féminisme<br />
doit être inclusif, humaniste, il est un réel positionnement<br />
politique, discursif, éducatif; bref, il vient<br />
remplacer un système patriarcal à bout de souffle.<br />
Être féministe c’est faire converger les<br />
luttes. Pas besoin de souffrir directement des<br />
immondices qu’il dénonce. Il faut savoir se positionner,<br />
respecter les savoirs et limites des personnes<br />
non privilégiées et surtout, les écouter.<br />
C’est comme l’antiracisme, la lutte contre la grossophobie<br />
ou contre les préjugés sur les personnes<br />
en situation de handicap. S’éduquer, écouter<br />
les personnes concernées, se remettre en question<br />
et connaître sa place. Ni menace, ni honte à<br />
se dire féministe. Juste un engagement profond.<br />
Le but ultime, c’est d’être heureux·euses.<br />
Mais si mon·ma voisin·x·e·s souffre, je ne peux<br />
pas l’être. Nourri par mon besoin existentiel<br />
de justice, je me dois de lutter avec elle,<br />
pour offrir le choix et la liberté à tout être.<br />
C’est, à quelques mots près, les mots de Gisèle<br />
Halimi. Et c’est le féminisme auquel j’aspire.<br />
PUBLICITÉ<br />
« Une<br />
Je veux savoir s‘il est nécessaire de demander une PEP.<br />
J‘ai eu un rapport oral avec un garçon et il a éjaculé dans<br />
ma bouche. Il prend la PrEP et se teste tous les 3 mois.<br />
Dois-je demander la PEP?<br />
Pour les enjeux infectieux, la fellation n’est pas un mode<br />
de transmission avéré du VIH. Il existe un risque théorique<br />
et celui-ci augmente avec la présence de sperme<br />
dans la bouche, a fortiori si celui-ci est ingéré. Pour<br />
autant, il n’y a pas de cas totalement avéré. Dans les<br />
études sur la question, le risque est tellement faible<br />
qu’il n’a pas pu être chiffré. Ainsi, il n’y a pas de recommandation<br />
de prescription systématique d’un traitement<br />
d’urgence VIH (PEP) après une fellation.<br />
En revanche, la fellation est un mode de<br />
transmission courant d’autres IST comme la syphilis ou<br />
la gonorrhée. Et ce pour les 2 partenaires. C’est pourquoi,<br />
même en l’absence de symptômes, il est recommandé<br />
de faire régulièrement ses dépistages pour les<br />
IST majeures si l’on a des rapports sexuels en dehors<br />
d‘une relation exclusive.<br />
Ensuite, nous encourageons chacun-x-e-s à<br />
gérer sa propre protection. Il n’y a aucun moyen de savoir<br />
si lea partenaire qui dit prendre la PrEP la prend réellement<br />
et si iel respecte toujours les schémas de prise.<br />
Dès lors, il est préférable d’éviter de pratiquer<br />
la pénétration anale/vaginale sans préservatif avec<br />
un-x-e partenaire se déclarant sous PrEP si l’on ne la<br />
prend pas soi-même. SI l’on souhaite pratiquer des<br />
pénétrations sans préservatif, il est recommandé de<br />
prendre soi-même la PrEP.<br />
Cher Dr Gay<br />
Je prends la PrEP depuis deux semaines. J’ai hâte de<br />
pouvoir avaler et pratiquer le sexe anal sans préservatif.<br />
Des gens disent que l’on peut attraper une IST<br />
plus souvent. Je ne veux pas augmenter mon risque,<br />
que faire ?<br />
Les explications<br />
de DrGay ici ↓<br />
Et bien plus encore sur<br />
www.lestime.ch<br />
Agenda<br />
LUNDI 21 NOVEMBRE<br />
Projection du film « La nave<br />
del ovido »<br />
Dans le cadre du Festival FILMAR en America Latina<br />
Film de Nicol Ruiz Benavides / Chili / 2020 / 71’ /<br />
vo st français.<br />
Suivi d’une discussion avec Vivianne<br />
Guye-Bergeret, co-présidente de Lestime.<br />
Une rencontre amoureuse entre deux femmes et<br />
l’émancipation d’une vie religieuse et conservatrice.<br />
20 h | Infos et billetterie : www.filmar.ch<br />
Grütli, Rue du Général-Dufour 16, 1204 Genève<br />
VENDREDI 25 NOVEMBRE<br />
Vingt ans déjà et<br />
toujours aussi passionnée<br />
et militante.<br />
Nous vous invitons à<br />
notre folle Birthday<br />
Party, venez briser la<br />
glace à L’iceBergues<br />
et vous déhancher<br />
sur le set de DJ LAP<br />
et autre surprise.<br />
De 22 h à 04 h | Entrée gratuite<br />
L’iceBergues, Rue Kléberg 12, 1201 Genève<br />
*Mixité choisie : femmes, lesbiennes, personnes trans,<br />
non binaires, intersexes<br />
Consultation en santé sexu-elle pour les femmes<br />
qui ont du sexe avec les femmes.<br />
Contact : entre.nous.consult@lestime.ch<br />
Devenez membre en vous inscrivant sur notre site<br />
Faire un don : CCP 17-177538-7<br />
Lestime, communauté lesbienne<br />
5, rue de l‘Industrie | 1201 Genève | Tél. 022 797 27 14<br />
info@lestime.ch | www.lestime.ch<br />
Les prochaines<br />
rencontres des groupes<br />
Groupe Trans*<br />
◗ Mercredis 2,16 <strong>novembre</strong> et Mercredi<br />
7 décembre, Groupe de rencontre et de discussion<br />
de 19h à 21h30 au local de 360.<br />
◗ Dimanche 20 <strong>novembre</strong> : Journée du Souvenir<br />
Trans* (TDOR). Infos de la journée suivent sur<br />
le site.<br />
◗ Infos, conseils et entretiens<br />
w :association360/trans<br />
e : trans@association360.ch, t : 078 322 34 60<br />
Pôle Familles LGBTQ+<br />
◗ Jeudi 10 <strong>novembre</strong> de 19h à 21h réunion de<br />
discussions, partages et infos au local de 360.<br />
◗ Infos, conseils et entretiens : association360.ch/<br />
homoparents, familleslgbtq@association360.ch<br />
t : 079 236 03 58<br />
Groupe Tamalou<br />
◗ Pour les sorties, suivez le programme des Tamalou<br />
sur leur Facebook : https://www.facebook.com/<br />
groups/tamalou360<br />
◗ Tous les mardis dès 17h30 : apéro convivial en ville !<br />
Pour intégrer le groupe WhatsApp : envoyer un<br />
courriel à andr.lauper@yahoo.com<br />
◗ Renseignements et inscription : t : 022 741 00 70<br />
Groupe les Babayagas<br />
◗ Mercredi 9 <strong>novembre</strong>, rencontre conviviale et repas<br />
canadien au local de 360 !<br />
◗ Restez en contact avec les membres des<br />
Babayagas grâce à son groupe WhatsApp !<br />
Pour participer, veuillez adresser un courriel à<br />
babayagas@association360.ch<br />
◗ Infos, conseils et entretiens t : 079 544 94 30<br />
Groupe BiPan+<br />
◗ Vendredi 18 <strong>novembre</strong>, dès 20h, réunion conviviale<br />
mensuelle au local de 360 !<br />
◗ Infos, conseils et entretiens<br />
e : bipanplus@association360.ch, t : 079 632 70 48<br />
En <strong>2022</strong>, la coti c’est toujours la vie !<br />
Soutenez l’association 360 : cotisation annuelle<br />
de CHF 55.- ou 100.- pour les couples !<br />
CCP 17-596 500-6<br />
Service Juridique<br />
Lu 9h – 13h et 14h – 18h<br />
Ve 14h – 18h<br />
« Uniquement sur<br />
rendez-vous »<br />
juri@360.ch<br />
022 731 42 13<br />
Permanence Trans<br />
au 078 322 34 60 du lu<br />
au ve, 10h à 12h et 14h<br />
à 17h30<br />
Infos, conseils et<br />
entretien sur RDV<br />
Perm. d’accueil au local<br />
Lu au Ve 14h – 18h<br />
Association 360 | 022 741 00 70 | association360@360.ch<br />
Rue de la Navigation 36 | 1201 Genève<br />
37
VIH/sida:<br />
patchwork de vies<br />
Les Quilts, ces patchworks à<br />
la mémoire des personnes<br />
décédées des suites du VIH<br />
ont accompagné visuellement<br />
l’épidémie. À l’occasion de<br />
la Journée mondiale de lutte<br />
contre le sida du 1 er décembre,<br />
PVA-Genève organise une<br />
exposition qui met en valeur<br />
les archives photographiques<br />
de l’association. On y retrouve<br />
notamment ces puissants<br />
patchworks.<br />
Par Robin Corminboeuf<br />
Image d’archives de l’association PVA-Genève,<br />
Parc des Bastions, 1994<br />
NEW<br />
THEME<br />
DAYS<br />
SAUNACLUB<br />
SUNDECK BERN<br />
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19 CHF<br />
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12:00 – 23:00<br />
Länggassstrasse 65<br />
3012 Bern<br />
+41 31 302 46 86<br />
info@sundeck.ch<br />
Chaque année, à la même date, on voit fleurir de<br />
petits rubans rouges sur les vestes de passant·e·x·s<br />
en ville et sur nos écrans de télévision. Avant ce<br />
symbole de la lutte contre le VIH/sida, d’autres<br />
visuels commémoratifs ont été élaborés aux débuts<br />
de l’épidémie, notamment les Quilts, ou en<br />
français Patchwork des noms.<br />
L’idée de ce mémorial unique au monde<br />
germe dans la tête de Cleve Jones, militant<br />
américain impliqué pour les droits<br />
LGBTIQ+ et la lutte contre le virus, en<br />
1985. Dans le cadre d’une manifestation<br />
organisée en souvenir de l’assassinat de<br />
Harvey Milk et de George Moscone, tous<br />
deux figures politiques de San Francisco<br />
et précurseurs des droits LGBTIQ+ aux<br />
USA, des pancartes où figurent les noms<br />
de personnes décédées des suites du VIH<br />
sont placardées sur un ancien bâtiment<br />
fédéral de San Francisco. Cette fresque de<br />
papier évoque à Cleve Jones une grande<br />
couverture faite de patchwork, à la façon<br />
d’un dessus de lit. Composée originellement<br />
de 1’920 panneaux, ce patchwork<br />
de tissus géant sera présenté au public<br />
pour la première fois le 11 octobre 1987, à<br />
l’occasion de la Marche nationale sur Washington<br />
pour les droits lesbiens et gais.<br />
L’œuvre sert à rendre hommage aux personnes<br />
décédées du VIH/sida, à une époque où une honte<br />
immense pousse certaines familles à renier leurs<br />
proches atteints par la maladie et où la plupart des<br />
services funèbres refusent de traiter les corps des<br />
personnes contaminées par la maladie. Elle permet<br />
également de rendre visible l’ampleur de l’épidémie<br />
et de sensibiliser l’opinion publique et les décideurs<br />
politiques. Au fur et à mesure des années,<br />
cette fresque grandit. Elle est aujourd’hui composée<br />
par pas loin de 50’000 panneaux et peut<br />
être admirée en ligne sur le site aidsmemorial.org.<br />
En 1994, les Genevois·es·x exposent leur<br />
Patchwork au parc des Bastions. C’est l’un<br />
des souvenirs qui sera visible à l’occasion<br />
de l’exposition photographique mise sur<br />
pied par PVA-Genève, à la salle du Faubourg<br />
de Genève, le 1 er décembre (voir programme<br />
p.19). On y trouvera également des clichés<br />
tirés des trente années d’existence et de<br />
lutte de l’association. Une matinée d’étude,<br />
organisée avec le centre Maurice Chalumeau,<br />
intitulée « Pourquoi doit-on encore<br />
parler du VIH/sida en <strong>2022</strong> ? », sera donnée<br />
de 7h30 à 14h. Une cérémonie interreligieuse,<br />
une marche commémorative à<br />
la bougie et un repas compléteront cette<br />
journée « à la fois militante, de réflexion et<br />
commémorative », selon les mots de Rocco<br />
Senatore, directeur de l’association PVA.<br />
Plus d’infos et programme complet en p.19 ou sur<br />
le site www.pvageneve.ch<br />
QUILTS<br />
CULTURE<br />
39
Les Pépites<br />
de <strong>novembre</strong><br />
Ce mois-ci, il nous tenait à cœur d’axer nos pépites sur la thématique<br />
du mois, à savoir vieillir LGBTIQ+. Notre chronique<br />
est évidemment directement concernée par ce manque de<br />
représentativité. Nous avons donc effectué nos recherches<br />
avec beaucoup d’intérêt, mais aussi une certaine remise en<br />
question. Il nous semble primordial de rappeler l’importance<br />
de la célébration des personnes qui ont défoncé des portes<br />
avant et pour nous
Dans Mondes flottants, les chorégraphes Sidi Larbi Cherkaoui et<br />
Damien Jalet explorent les sentiments d’insécurité et d’instabilité.<br />
Les pièces qui composent l’œuvre, à savoir Skid et Ukiyo-e,<br />
sont à découvrir dès le 19 <strong>novembre</strong> au Grand Théâtre de Genève.<br />
Par Celia Hofmann<br />
DR·E GOUDOU<br />
PUBLICITÉ<br />
Étreins-toi<br />
Sidi Larbi Cherkaoui<br />
©FilipVanRoe<br />
« Quand tout est fluide et que rien ne peut être<br />
su avec une quelconque certitude, étreins-toi. »<br />
L’injonction du poème de Kae Tempest sert de<br />
fil rouge à la pièce Ukiyo-e (« image d’un monde<br />
flottant » en japonais). Dans un monde en crise, un<br />
monde flottant, comment réagir aux évènements<br />
qui ont lieu autour de nous? Comment choisir<br />
quand se laisser emporter et quand résister au<br />
courant ? Telles sont les questions qui guident le<br />
travail des chorégraphes Sidi Larbi Cherkaoui et<br />
Damien Jalet.<br />
Dans la pièce Skid de Damien Jalet,<br />
créée en 2017 pour la Göteborgs Operans<br />
Danskompani, les danseur·euse·x·s évoluent<br />
sur une surface inclinée à 34˚, se<br />
voyant ainsi contraint·e·x·s à réinventer<br />
leur technique. Inspirée d’un rituel japonais<br />
lors duquel des hommes dévalent<br />
une pente sur des troncs d’arbres, la chorégraphie<br />
recherche le point de contact<br />
entre conscient et inconscient, résistance<br />
et abandon, équilibre et chute.<br />
La création Ukiyo-e de Sidi Larbi Cherkaoui répond<br />
à Skid par la recherche d’un mouvement<br />
ascendant. Elle interroge notre réaction aux différentes<br />
impulsions qui traversent nos corps : y<br />
céder ou y résister ? La pièce explore aussi l’idée<br />
d’un processus cyclique d’osmose entre les êtres<br />
vivants et leur environnement. La scénographie<br />
d’Alexander Dodge y fait référence en évoquant<br />
les escaliers surréalistes d’Escher qui semblent<br />
tourner en rond.<br />
L’influence japonaise est très présente<br />
dans les deux pièces. Ainsi, Cherkaoui<br />
évoque « des corps comme un bateau<br />
dans la vague » en faisant référence à la<br />
fameuse estampe de la Vague d’Hokusai.<br />
Ukiyo-e s’inscrit également dans la continuité<br />
de considérations sur les réactions<br />
aux situations de crise, une réflexion initiée<br />
au Japon lors du tsunami de 2011,<br />
alors que Cherkaoui séjourne à Tokyo.<br />
Quant au paysage musical accompagnant la<br />
pièce Ukiyo-e, il est riche et varié. Le compositeur<br />
polonais Szymon Brzóska compose une musique<br />
contemporaine basée sur la tension – inspirée notamment<br />
par l’insécurité touchant la communauté<br />
LGBTIQ+ dans son pays d’origine. Aux côtés de<br />
sa composition résonneront la musique électronique<br />
d’Alexandre Dai Castaing, les percussions<br />
inspirées de musiques folkloriques japonaises de<br />
Shogo Yoshii et la voix de Kazutomi Kosuki.<br />
En tant que nouveau directeur du ballet<br />
du Grand Théâtre de Genève et habitué<br />
de la maison depuis 2005, Sidi Larbi<br />
Cherkaoui considère Mondes flottants<br />
comme un état des lieux et un hommage<br />
à son prédécesseur, Philippe Cohen, décédé<br />
en juillet dernier.<br />
Mondes flottants au Grand Théâtre de Genève,<br />
les 19, 22, 23, 24 <strong>novembre</strong> à 20h et le 20 <strong>novembre</strong><br />
à 15h. Infos et réservations : gtg.ch<br />
QUESTIONS SEXO POUR<br />
LES PERSONNES À VULVES<br />
LE CUNNILINGUS ME DÉGOÛTE.<br />
EST-CE QUE C’EST NORMAL ?<br />
LE CUNNILINGUS, PASSAGE OBLIGÉ POUR LA<br />
SEXUALITÉ DES PERSONNES À VULVE ? DR·E<br />
GOUDOU NOUS EN DIT PLUS.<br />
Pour celleux qui ne s’en doutaient pas, être<br />
une personne à vulve qui a du sexe avec d’autres<br />
personnes à vulve ne signifie pas forcément aimer<br />
faire ou recevoir des cunnis.<br />
Dans la sexualité comme dans la cuisine,<br />
tous les goûts sont dans la nature. Ainsi, quand<br />
on n’aime pas, on ne se force pas. Et on n’a pas à<br />
se justifier. On a passé l’âge où nos parents nous<br />
obligent à goûter du brocoli tous les jours au cas<br />
où l’on aurait changé d’avis depuis la veille (ne<br />
vous inquiétez pas, les services de protection de<br />
l’enfance ont été prévenus).<br />
On n’a pas à tout aimer dans le sexe: avoir<br />
un éventail large de pratiques, dont le sexe oral,<br />
ne permet pas d’avoir plus de points Cumulus (si<br />
seulement !) et ne détermine certainement pas<br />
qui est un·e·x « bon·ne·x » amant·e·x.<br />
La vie peut être pleine de surprises et<br />
peut-être qu’un jour, tes goûts changeront un peu,<br />
voire beaucoup. Ou pas du tout. Et c’est complètement<br />
normal dans tous les cas.<br />
De plus, ne pas aimer les cunnilingus ouvre<br />
des possibilités d’exploration illimitées avec les<br />
autres parties du corps. Il n’y a pas besoin de mettre<br />
du brocoli partout pour se régaler. Sur ce, l’heure du<br />
repas approche, enjoy !<br />
Camille Beziane, responsable de l’association les<br />
Klamydia’s<br />
Zoé Blanc·Scuderi, sexologue et directrice de<br />
SexopraxiS<br />
42 CULTURE<br />
DANSE<br />
43
Les sorties<br />
cinéma<br />
de<br />
<strong>novembre</strong><br />
© Kris Dewitte Menuet<br />
<strong>360°</strong> vous propose deux coups de cœur à découvrir dans<br />
les salles obscures: l’œuvre déchirante et formidablement<br />
interprétée du réalisateur flamand Lukas Dhont et l’hommage<br />
au théâtre de la réalisatrice Valeria Bruni Tedeschi.<br />
Par Edmée Cuttat<br />
VALERIA BRUNI TEDESCHI NOUS<br />
EMPORTE AVEC LES AMANDIERS<br />
Dans son dernier film, la cinéaste fait revivre<br />
l’école de théâtre fondée par Patrice Chéreau<br />
et Pierre Romans à Nanterre. Elle se concentre sur<br />
la promotion 1986-1987, dont elle faisait partie aux<br />
côtés de Marianne Denicourt, Vincent Perez, Bruno<br />
Todeschini ou encore Thibault de Montalembert.<br />
Dans cet hommage à l’art et à la création,<br />
la réalisatrice redonne à cette volée l’insolence<br />
d’une jeunesse vivant tout à fond :<br />
l’amour, la passion, le théâtre, la tragédie,<br />
dans une époque marquée par le sida. La<br />
troupe est emmenée par la formidable Nadia<br />
Tereszkiewicz, double bouillonnant de<br />
Valeria Bruni Tedeschi, qui crève l’écran. Patrice<br />
Chéreau est quant à lui incarné par le<br />
magnétique Louis Garrel. Loin de ménager<br />
le maître, il le dépeint suffisant, angoissé,<br />
colérique, sniffant de la coke ou draguant<br />
un étudiant,<br />
Valeria Bruni Tedeschi livre une comédie dramatique<br />
tantôt lumineuse tantôt sombre, pleine d’énergie. Il<br />
y a de la fougue dans cette émouvante déclaration<br />
d’amour au théâtre, aux acteurs et à l’intensité de<br />
leur travail.<br />
Sortie dans les salles de Suisse romande<br />
le 23 <strong>novembre</strong>,<br />
CINÉMA<br />
CULTURE<br />
CLOSE,<br />
L’ATTENTE D’UNE TRAGÉDIE<br />
Après Girl, film sur une adolescente née garçon<br />
et rêvant de devenir danseuse étoile, le Flamand<br />
Lukas Dhont revient avec Close, qui a décroché le<br />
Grand Prix du jury en mai dernier à Cannes. Dans ce<br />
film bouleversant, il raconte une amitié fusionnelle<br />
entre Léo et Rémi, 13 ans, détruite par un terrible<br />
drame. L’histoire nous touche d’autant plus que le<br />
réalisateur, en dépit de la force émotionnelle de son<br />
intrigue, évite les pièges du larmoyant et du pathos.<br />
Inséparables depuis toujours, les deux gamins<br />
s’inventent des ennemis à leur poursuite,<br />
s’ébattent dans les champs, se tirent<br />
la bourre à vélo, dorment dans le même lit.<br />
Mais petit à petit, cette intimité, ce lien indéfectible,<br />
commencent à faire jaser certains<br />
de leurs camarades. Une fille leur demande<br />
s’ils sont en couple. Très vite, les mots « tapette<br />
» et « pédale » fusent.<br />
Blessé, Léo s’éloigne de Rémi, qui ne comprend pas<br />
la réaction de son ami et ne supporte pas sa nouvelle<br />
attitude. Enragé d’être ainsi mis à l’écart, il se réfugie<br />
derrière des emportements violents. Dès cet instant,<br />
Lukas Dhont nous maintient dans la crainte constante<br />
et haletante d’une tragédie.<br />
Le cinéaste révèle une nouvelle fois deux<br />
jeunes comédiens impressionnants de<br />
charisme et de justesse, Eden Dambrine<br />
et Gustav De Waele. Ils donnent la réplique<br />
à une Emilie Dequenne bouleversante de<br />
dignité en mère de Rémi, qui nous fait partager<br />
son immense chagrin.<br />
Sortie dans les salles de Suisse romande<br />
le 7 <strong>novembre</strong><br />
45
En <strong>2022</strong>, près de la moitié des personnes séropositives en<br />
Suisse a plus de 50 ans. Comment avancent-elles en âge alors<br />
que le VIH est quasiment devenu une maladie chronique dans les<br />
vieillir<br />
pays occidentaux ? Le point avec<br />
avec<br />
deux spécialistes de la question.<br />
le<br />
Par<br />
Laure Dasinieres<br />
Iels ont été dépisté·e·x·s à une époque où le diagnostic<br />
du VIH était un diagnostic de mort quasi certaine.<br />
Mais, comme pourrait le chanter Elton John,<br />
« they’re still standing » et plutôt bien, d’ailleurs.<br />
« C’est une magnifique nouvelle: les personnes vivant<br />
avec le VIH (PVVIH) sous traitement peuvent<br />
désormais vieillir très longtemps pour peu qu’elles<br />
prennent un traitement efficace », s’exclame le<br />
professeur Matthias Cavassini, directeur médical<br />
de la consultation ambulatoire du service des maladies<br />
infectieuses du CHUV et responsable des<br />
consultations VIH/sida hospitalières du CHUV alors<br />
que l’on commence notre interview. « La médiane<br />
d’espérance de vie de cette population ne cesse<br />
d’augmenter pour presque rejoindre celle de la population<br />
générale », se réjouit de son côté le Dr Alain<br />
Makinson infectiologue au CHU de Montpellier et<br />
président du Corevih.<br />
Toutefois, cette nouvelle, très positive<br />
et qui va à l’encontre des croyances qui<br />
subsistent encore aujourd’hui, ne doit pas<br />
occulter une autre réalité: l’espérance de<br />
vie en bonne santé des personnes séropositives<br />
n’est, elle, pas encore alignée avec<br />
celle du reste de la population.<br />
En effet, comme l’explique Alain Makinson, « on<br />
remarque chez les PVVIH qui avancent en âge<br />
davantage de maladies associées telles que des<br />
troubles cardio-vasculaires et rénaux, des cancers<br />
notamment pulmonaires et des troubles cognitifs. »<br />
En somme, s’il n’est pas certain que le VIH accélère<br />
le vieillissement, les personnes tendent à souffrir<br />
plus que les autres de maladies développées généralement<br />
par les seniors.<br />
Que sait-on des causes de ce phénomène ?<br />
D’abord, que le VIH ne conduit pas uniquement<br />
au sida mais également à une inflammation<br />
généralisée de l’organisme, qui est<br />
notamment délétère sur l’état des vaisseaux<br />
ainsi que sur la protection face aux cancers.<br />
Si ceci est particulièrement manifeste durant<br />
la période où la personne n’est pas traitée<br />
par antirétroviraux – période qui a pu être<br />
ainsi particulièrement dommageable pour<br />
la suite – cela l’est aussi dans une moindre<br />
mesure même lorsque la charge virale est<br />
indétectable. « Il subsiste malgré tout une<br />
inflammation à un niveau très bas », explique<br />
Matthias Cavassini tout en affirmant l’effet<br />
protecteur des antirétroviraux, ce qui permet<br />
de battre en brèche l’idée reçue selon laquelle<br />
les traitements contre le VIH auraient<br />
des effets indésirables particulièrement<br />
destructeurs pour les fonctions cardio-vasculaires<br />
ou rénales. Pour les troubles cognitifs,<br />
Alain Makinson signale : « On ne sait<br />
pas si leur prévalence est liée aux années<br />
où le virus s’est répliqué dans l’organisme,<br />
aux traitements ou à d’autres facteurs. »<br />
Un autre facteur explicatif d’une plus importante<br />
prévalence de comorbidités chez les patients atteints<br />
de VIH relève des aspects comportementaux<br />
et environnementaux. Des études sur le style de vie<br />
des PVVIH en Suisse ont montré qu’elles étaient<br />
près de 44 % à fumer et aujourd’hui, de plus en plus<br />
de PVVIH souffrent de cancers et de maladies cardio-vasculaires<br />
imputables au tabac. Nombreuses<br />
ont également été usagères de drogues, des usages<br />
dont on connaît l’impact à long terme sur les fonctions<br />
cognitives et cérébrales.<br />
On sait aussi, même s’il est difficile de tirer<br />
des généralités, que les PVVIH vivent<br />
souvent dans une certaine précarité, ce<br />
qui peut augmenter les risques en les<br />
éloignant d’un mode de vie sain avec un<br />
alimentation équilibrée et une activité<br />
physique régulière. Enfin, comme le note<br />
le sociologue Christophe Imhof « un environnement<br />
social plus réduit et des sentiments<br />
d’isolement et de solitude sont des<br />
thèmes présents chez les personnes qui<br />
vieillissent avec le VIH ». Cela constitue<br />
un autre facteur de déclin cognitif.<br />
C’est aussi un facteur de santé mentale dégradée,<br />
et ce sujet est bien le point noir de la vie des seniors<br />
séropositif·ve·x·s, qui consituent une population<br />
particulièrement touchée par la dépression – de 20 à<br />
40 % de plus que le reste de la population. Outre les<br />
soucis financiers et l’isolement, Christophe Imhof<br />
note également le poids de l’insatisfaction corporelle<br />
notamment liée à la lipodystrophie 1 induite par<br />
les traitements. Enfin, bien sûr, la stigmatisation<br />
autour du VIH et des LGBTIQphobies demeure un<br />
fardeau majeur et particulièrement délétère pour<br />
la santé mentale.<br />
Cette lutte contre le stigma et contre la sérophobie<br />
est aujourd’hui un des enjeux essentiels<br />
pour que les personnes positives<br />
au VIH puissent pleinement appréhender le<br />
troisième âge en santé et puissent être accompagnées<br />
de la meilleure manière qui soit.<br />
1 LA LIPODYSTROPHIE EST UNE ANOMALIE DE RÉ-<br />
PARTITION DES TISSUS GRAISSEUX SOUS LA PEAU.<br />
46 SANTÉ<br />
VIH<br />
VIH<br />
SANTÉ<br />
47
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Bambi,<br />
reine de cabaret<br />
et icône trans*<br />
10/10 UNE SECONDE EXISTENCE<br />
D’AMOUREUSE DES MOTS<br />
Après une vie sur scène, Marie-Pierre Pruvot<br />
se tourne vers les belles lettres et devient professeure<br />
de littérature moderne en 1974, après<br />
avoir passé son bac à 33 ans. Rapidement, elle<br />
commence elle-même à écrire – de l’autofiction<br />
surtout – sous le nom d’emprunt de Marie-Pierre<br />
Ysser. Elle raconte dans ses romans sa transition,<br />
la condition de femme trans* et sa folle vie dans<br />
les cabarets. Une manière d’apporter son regard<br />
sur les luttes des femmes trans* dans les années<br />
1950-1960. Sans le vouloir, peut-être, l’artiste kaléidoscopique<br />
montre par ailleurs aux personnes<br />
trans* plus jeunes qu’elles peuvent, elles aussi,<br />
aspirer à un futur riche d’aventures et de liberté.<br />
Un sans faute pour l’artiste, seule femme trans* à<br />
avoir été élevée au grade de chevalier de l’Ordre<br />
du Mérite par l’État français. Une récompense<br />
qu’elle dédie à tous·tes·x celles et ceux «encore<br />
tenus à la marge et qui n’aspirent qu’à vivre librement,<br />
normalement, sans scandale, à pouvoir<br />
voyager sans entraves, à se faire soigner à l’hôpital<br />
sans humiliation, toutes choses qui leur sont<br />
souvent inaccessibles». Merci pour elles, merci<br />
pour eux, merci pour nous.<br />
10/10<br />
Meneuse de revue au cabaret de Madame Arthur et au<br />
Carrousel de Paris pendant vingt ans, Bambi est l’une des<br />
premières femmes ouvertement trans* à s’être emparée<br />
de l’espace médiatique. Un quotient queer qui s’annonce<br />
spectaculaire.<br />
Par Tal Madesta<br />
Née en Algérie en 1935, Marie-Pierre Pruvot, plus<br />
connue sous son délicat nom de scène Bambi,<br />
peut se targuer d’avoir marqué le public sur plusieurs<br />
générations. À l’image de son personnage,<br />
l’artiste a vécu mille vies. D’abord danseuse de<br />
cabaret et chanteuse, elle reprend ses études<br />
sur le tard et devient professeure de lettres et<br />
écrivaine. Une représentation on ne peut plus<br />
précieuse (vous connaissez beaucoup de femmes<br />
trans* de plus de 80 ans qui soient visibles, vous?).<br />
10/10 PAILLETTES, DRAG QUEENS<br />
ET LESBIANISME<br />
Bambi atterrit dans les cabarets parisiens après<br />
être passée par le lycée des garçons d’Alger.<br />
Consciente très jeune de sa transidentité, attendant<br />
«un miracle qui fera [d’elle] la femme<br />
[qu’elle est]», elle abandonne ses études à 16 ans<br />
et commence à travailler deux ans plus tard chez<br />
Madame Arthur. De cette époque, elle raconte<br />
comment elle tenait tête à la police – le vêtement<br />
dit féminin était alors interdit pour les personnes<br />
assignées «homme» à la naissance –, mais également<br />
sa fascination infinie pour celles que l’on<br />
n’appelait pas encore drag queens. Elle passera<br />
vingt ans, durant les années 1950-1960, à rendre<br />
50<br />
hommage chaque soir, sur scène, aux souscultures<br />
queer de l’époque. Au Carrousel, elle rencontre<br />
Ute Wahl, une autre danseuse, avec laquelle<br />
elle entretiendra une liaison passionnée… et fera<br />
même des performances scéniques lesbiennes.<br />
10/10 LA DIFFICILE EXPOSITION<br />
MÉDIATIQUE DE SA TRANSITION<br />
Le plus grand courage de Bambi réside sans<br />
aucun doute dans le fait d’avoir transitionné<br />
publiquement, à une époque où les personnes<br />
trans* souffraient de représentations rares et<br />
pour le moins hostiles. En 1961, quelques années<br />
après son amie Coccinelle, qui lui fait découvrir<br />
les traitements hormonaux, elle bénéficie<br />
d’une opération de réassignation sexuelle<br />
à Casablanca. Dans la foulée, elle obtient<br />
l’un des premiers changements d’état civil en<br />
France, accordé par les autorités coloniales algériennes,<br />
et automatiquement appliqué dans<br />
l’Hexagone. Un parcours historique au regard<br />
de la quasi inexistence des droits trans* dans<br />
la France des années 60. Un documentaire est<br />
d’ailleurs consacré au parcours du combattant<br />
de l’icône: Bambi, une nouvelle femme, réalisé<br />
par Sébastien Lifschitz en 2021.<br />
©Sébastien Buchmann<br />
Culture Quotient Queer Quotient Queer Culture<br />
51
Attraction<br />
des astres<br />
Pour garder les pieds sur terre,<br />
rien ne vaut un plongeon la tête<br />
dans les étoiles. Ce mois, le signe<br />
à l’honneur est le Scorpion.<br />
POISSON<br />
19 FÉV – 20 MAR<br />
BÉLIER<br />
21 MARS –19 AVRIL<br />
TAUREAU<br />
20 AVRIL – 20 MAI<br />
GÉMEAUX<br />
21 MAI – 20 JUIN<br />
Par Marlon Dietrich<br />
Sélection musicale : Vagin Pirate<br />
SCORPION<br />
23 OCT - 21 NOV<br />
Ta chanson du mois:<br />
I Am Not a Woman,<br />
I’m a God – Halsey<br />
C’est grisant le succès,<br />
n’est-ce pas ? Ça fait<br />
pousser des ailes et on<br />
se sent tout·e·x-puissant·e·x!<br />
Jusqu’ici, tout<br />
va bien. Sauf que là,<br />
tes exploits ont tendance<br />
à te monter à la tête.<br />
« Pour qui te prends-tu?<br />
Descends d’un cran »<br />
tentent de te raisonner<br />
les astres. Sache que<br />
si tu persistes à vouloir<br />
régir ta vie privée comme<br />
ta vie professionnelle,<br />
tu fais fausse route.<br />
Ta chanson du mois :<br />
2 Die 4 – Tove Lo<br />
Piqués à vif, tes sens te<br />
rappellent que ton sang<br />
bouillonne jusqu’au<br />
bout de chacune des<br />
extrémités de ton corps.<br />
« Profite de cet élan<br />
sanguin pour cesser de<br />
ruminer tes échecs du<br />
passé, va de l’avant! »<br />
assènent les astres. Tu<br />
as tendance à t’étourdir<br />
dans la frivolité, cela n’a<br />
rien de dégradant, bien<br />
au contraire. Compte sur<br />
ton aura pour diffuser<br />
les ondes positives que<br />
tu dégages autour de toi.<br />
Ta chanson du mois :<br />
All I Need<br />
Air feat Beth Hirsh<br />
Cette phase cérébrale<br />
te pèse, tu ne peux<br />
plus voir le reflet de ton<br />
portrait en peinture.<br />
Souviens-toi que douter<br />
et se sentir las·se·x sont<br />
les conditions pour<br />
mieux rebondir. Cette<br />
dépression passagère<br />
n’est pas étrangère au<br />
changement de saison.<br />
« Et si tu prenais quelques<br />
jours pour te ressourcer<br />
aux thermes ou à la<br />
montagne ? » : les astres<br />
viennent à ta rescousse<br />
et se prennent pour une<br />
agence de voyage !<br />
Ta chanson du mois :<br />
Do I Have To Learn It<br />
NIMMO<br />
La vie ressemble parfois à<br />
une vaste partie d'échecs.<br />
La bonne stratégie peut te<br />
mener loin. C’est exactement<br />
ce que tu es en train<br />
d’expérimenter en ce<br />
moment : par tes actions<br />
efficaces, tu gagnes la<br />
confiance de personnes<br />
influentes qui sauront<br />
te propulser là où tu le<br />
souhaites. « Ne te laisse<br />
pas impressionner par<br />
des fausses démonstrations<br />
d’amitié » précisent<br />
les astres.<br />
Ta chanson du mois :<br />
Free – Ultra Naté<br />
Assoiffé·e·x de liberté,<br />
tu mets tout en œuvre<br />
pour défendre la tienne.<br />
Ne t’étonne pas si ton<br />
état d’esprit fait des envieux·ses<br />
autour de toi.<br />
Il n’est pas donné à tout<br />
le monde de tracer sa<br />
route hors des sentiers<br />
battus comme tu le fais.<br />
« Hop ! te mettent en garde<br />
les astres. Ce n’est pas<br />
le moment de te reposer<br />
sur tes lauriers. » Les<br />
acquis c’est comme les<br />
trophées, ça prend la<br />
poussière sur la cheminée.<br />
SAGITTAIRE<br />
22 NOV - 21 DÉC<br />
CAPRICORNE<br />
22 DÉC – 19 JAN<br />
VERSEAU<br />
20 JAN – 18 FÉV<br />
CANCER<br />
21 JUN – 22 JUL<br />
LION<br />
23 JUL – 22 AOÛT<br />
VIERGE<br />
23 AOÛ – 22 SEP<br />
BALANCE<br />
23 SEP – 22 OCT<br />
Collages : Amina Belkasmi<br />
Ta chanson du mois :<br />
Ma philosophie<br />
Amel Bent<br />
« Ah, tu te donnes enfin<br />
les moyens de réaliser<br />
tes ambitions ! » te<br />
félicitent les astres. Tes<br />
neurones turbinent à<br />
plein régime. Le combo<br />
de ton intelligence,<br />
ton flair et ton talent te<br />
cisèle un charisme auquel<br />
nul·le·x ne résiste.<br />
Tu ne comptes pas les<br />
heures à l’édifice de ton<br />
rêve, ce qui fait grincer<br />
des dents ta douce moitié.<br />
Si par contre tu n’es<br />
pas en couple, rien ne<br />
t’arrête, fonce !<br />
Ta chanson du mois :<br />
Watch Out – I.Jordan<br />
Tu brûles le pavé, limite<br />
hyperactif·ve·x, voire<br />
survolté·e·x. « Lâche du<br />
lest! » te suggèrent les<br />
astres. La tête dans le<br />
guidon, on a tendance<br />
à se disperser et on ne<br />
voit jamais très loin.<br />
Par contre, après un<br />
temps de réflexion,<br />
les desseins germent<br />
et poussent comme<br />
des champignons.<br />
Note tes idées pour ne<br />
pas les oublier, surtout<br />
laisse-les poser.<br />
Reprends ton souffle<br />
et reviens-y relaxé·e·x.<br />
Ta chanson du mois :<br />
Coupure Électrique<br />
Britney Spears<br />
Tu flippes pour ta facture<br />
d’électricité… et le<br />
concept de la sobriété te<br />
rassure ? Très bien, si revoir<br />
ton budget à la baisse<br />
t’aide à mieux dormir<br />
la nuit, sors ton tableau<br />
Excel et supprime le superflu.<br />
Certains conflits<br />
familiaux pourraient refaire<br />
surface à l’approche<br />
des fêtes de fin d’année.<br />
Choisis tes combats.<br />
« Fais le poing dans ta<br />
poche, sois philosophe et<br />
mange du chocolat pour<br />
adoucir les mœurs » te<br />
suggèrent les astres.<br />
52 HOROSCOPE<br />
LA TÊTE DANS LES ÉTOILES<br />
Ta chanson du mois :<br />
Malibu – Miley Cyrus<br />
Le cocon familial, rien<br />
de tel pour se ressourcer.<br />
D’humeur clanique,<br />
tu t’entoures de tes<br />
proches comme un·e·x<br />
guerrier·ère·x ferait<br />
usage d’un bouclier pour<br />
se protéger de l’ennemi.<br />
Ce nid douillet te<br />
fait pousser des ailes<br />
et te donne envie de te<br />
surpasser. Les astres<br />
en profitent pour te<br />
booster : « Utilise cette<br />
nouvelle confiance en<br />
toi pour trouver la force<br />
de donner un nouveau<br />
souffle à des projets<br />
en berne. »<br />
LA TÊTE DANS LES ÉTOILES<br />
Ta chanson du mois :<br />
Cherokee – Cat Power<br />
Tu te sens épuisé·e·x<br />
nerveusement et physiquement.<br />
Il est tout<br />
à fait logique dans ces<br />
conditions de perdre<br />
son sens du discernement.<br />
Évite alors de<br />
prendre des décisions<br />
importantes ces prochaines<br />
semaines, rien<br />
n’urge de toute façon.<br />
« Reprends tes esprits en<br />
te reposant quelques<br />
jours », prêchent les<br />
astres. Ils n’ont pas tort,<br />
à terme tu sauras à nouveau<br />
discerner le vrai du<br />
faux, le bon du mauvais.<br />
HOROSCOPE<br />
Ta chanson du mois :<br />
I Really F**ked It Up - Girli<br />
Le temps est venu de te<br />
défouler. Mais attention,<br />
cela ne signifie<br />
pas que tu dois le faire<br />
sur tes proches! Sinon<br />
ça pourrait barder à la<br />
maison. À ce propos, il<br />
y a du changement dans<br />
l’air : un nouveau job ou<br />
un déménagement se<br />
profilent. Avant de préparer<br />
tes cartons, prépare<br />
bien ton prochain<br />
entretien qui sera déterminant<br />
pour la suite.<br />
Écoute les astres qui te<br />
disent : « Les affaires<br />
marchent bien, passe à<br />
la vitesse supérieure<br />
et fais-toi remarquer. »<br />
Ta chanson du mois :<br />
Une étincelle – L5<br />
L’œil vif et l’esprit alerte,<br />
tu affrontes cette période<br />
de remise en question<br />
avec la pugnacité<br />
qui te caractérise. Rien<br />
ne t’oblige à rester englué·e·x<br />
dans une situation<br />
qui ne te convient<br />
pas. La vie est trop<br />
courte pour ça ! Prends<br />
ton courage à deux<br />
mains et tente ta chance<br />
dans ce projet créatif qui<br />
te titille depuis si longtemps.<br />
« Cette nouvelle<br />
approche pourrait bien<br />
te mettre sur une voie à<br />
dimension spirituelle »<br />
53
Steven Cohen,<br />
l’incandescence<br />
Propos recueillis<br />
et traduits de l'anglais<br />
par Tal Madesta<br />
Performeur et plasticien, le Sud-Africain Steven Cohen étonne<br />
par ses métamorphoses corporelles, entre le travestissement et<br />
l’espèce hybride, mi-humaine mi-chimère. Il transforme ce moisci<br />
le queer’stionnaire de Proust en expérience artistique visuelle.<br />
MON ÉTAT D’ESPRIT ACTUEL<br />
Brûlant<br />
MON OCCUPATION PRÉFÉRÉE<br />
Brûler<br />
LE PRINCIPAL TRAIT DE MON CARACTÈRE<br />
Incendiaire<br />
MON PRINCIPAL DÉFAUT<br />
Incendiaire<br />
CE QUE JE VOUDRAIS ÊTRE<br />
Un incendie<br />
CE QUE JE DÉTESTE PAR-DESSUS TOUT<br />
Brûler<br />
MON RÊVE DE BONHEUR<br />
Brûler<br />
QUEL SERAIT MON GRAND MALHEUR<br />
Brûler<br />
COMMENT J’AIMERAIS MOURIR<br />
Sans répétition préalable<br />
CONCOURS : le théâtre Vidy-Lausanne offre 5x2<br />
places pour assister à la performance de Steven<br />
Cohen le 12 <strong>novembre</strong> à 19h30, et 5x2 places pour<br />
la représentation de 20h, à la même date. Pour<br />
participer, écrivez à pub@360.ch. Les plus rapides<br />
seront les gagnant·e·s·x !<br />
© Steven Cohen<br />
54 QUEER'STIONNAIRE DE PROUST<br />
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