ICI MAG : MAI 2024

HISTOIRE PATRIMOINE
L'or blanc des marées
Une histoire ostréicole
Par Maryline GERLACH
Guide au conservatoire
de Sanguinet
Parc à huîtres
Il était une fois, au beau pays des Landes de Gascogne, une
jolie lagune ensoleillée. Elle était alimentée d’eau douce et
d’eau salée. Grâce à ces conditions idéales, elle abritait des
huîtres qui faisaient le régal des hommes depuis la Préhistoire.
Les Romains en raffolaient et
les surnommaient « belles paupières ».
Sous Louis XV, les amateurs fortunés pouvaient
en déguster 150 par personne lors
de somptueux banquets ! Tant et si bien que les
huîtres s’épuisèrent peu à peu…
En 1852, Napoléon III charge Victor COSTE d’aller en Italie
étudier les techniques de captage et d’élevage des huîtres.
Le captage, c’est l’action de les collecter. Pour se fixer, les
naissains - c’est ainsi qu’on appelle les minuscules « bébés
huîtres » - ont besoin d’une surface rugueuse. Victor
COSTE rapporte l’idée d’utiliser des tuiles semi-arrondies
de type « Canal ». Le docteur Eugène KEMMERER perfectionne
le procédé avec la technique du « chaulage » : les
tuiles sont couvertes d’un mélange de chaux et de sable
pour faciliter leur enlèvement ultérieur, lorsqu’elles auront
suffisamment grandi. Elles sont disposées dans des caisses
ajourées. L’emblématique tuile chaulée était née ! Depuis
cette époque, ses élégantes piles blanches, soigneusement
disposées en quinconce, égaient les façades goudronnées
des cabanes ostréicoles.
Les naissains apprécient tant leur nouveau
berceau qu’ils s’y déposent par milliers
sur chaque tuile. On fait grandir les futures
huîtres pendant six mois avant
Tuiles enduites de chaux et de sable
d’achever leur croissance dans des parcs. Pour cela, il faut
les détroquer, c’est-à-dire les râcler de leur support et les
verser dans des « poches » grillagées, bercées par les marées,
régulièrement tournées dans le courant pendant
trois ans.
Aujourd’hui on utilise plutôt les « coupelles » en plastique,
empilées au centre sur des tubes d’environ un mètre. Légères,
elles permettent une manipulation beaucoup plus
simple, par vibration. Citons deux autres types de collecteurs
d’huîtres, les tubes, utilisés plutôt à Marennes-Oléron
et le « Pléno », cadre en plastique épais, détroquable en
machine mais au prix de revient onéreux.
Pour en savoir plus, venez aux visites guidées de la cabane
ostréicole du Conservatoire des Landes de Gascogne à
Sanguinet. Cette cabane restaurée est riche d’objets traditionnels
à l’intérieur comme à l’extérieur. Premiers et deuxièmes
samedis du mois de 9h30 à 12h.
Réservations à l’Office de Tourisme des Grands Lacs,
renseignements au 06 09 56 28 72.
Article réalisé avec le concours du
Conservatoire des Landes de Gascogne de
Sanguinet et des membres de l'Association des
Amis du conservatoire.
Visites et infos au 06 60 88 51 78
Crédits photos : CRCAA (Comité Régional de la Conchyliculture Arcachon Aquitaine)
16 - ICI MAG mai 2024