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Atelier 2 - Logement

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Développer le rôle social du parc privé<br />

Georges CAVALLIER, Président de la FNC/PACT-ARIM<br />

Marie-Laure FRONTEAU, DGUHC<br />

Serge CONTAT, ANAH<br />

Xavier BENOIST, FNC/PACT-ARIM<br />

Nancy BOUCHE, DGUHC, Pôle Habitat indigne<br />

Danielle DUBRAC, CNAB<br />

Rémi GERARD, FNC/PACT-ARIM<br />

I. Ouverture<br />

Georges CAVALLIER<br />

Je vous souhaite la bienvenue et vous remercie d’assister à cet atelier qui s’intéresse<br />

au développement du rôle social du parc privé.<br />

Pourquoi et comment développer, dans des conditions dignes et satisfaisantes, le rôle<br />

social du parc privé ? Cet atelier s’appuie sur le rapport de Marie-Laure Fronteau, qui<br />

synthétise les discussions du groupe préparatoire. Le déroulement des débats<br />

reprendra le plan de ce document.<br />

Nous ne traiterons pas les rapports locatifs. Cette question est abordée dans l’atelier<br />

1 portant sur la sécurisation des rapports locatifs et la politique visant l’amélioration de<br />

la qualité technique des logements.<br />

Le contexte général a été rappelé par le Ministre. Il s’articule autour de trois points.<br />

Le premier est le plan de cohésion sociale. Le programme 13 du plan Borloo s’intitule :<br />

Résoudre la crise du logement par la mobilisation du parc privé. Il contient des axes de<br />

travail particulièrement intéressants pour nous.<br />

Le deuxième point est le projet de loi sur la décentralisation qui est en cours de débat<br />

au Parlement.<br />

Le troisième est le conseil national de la lutte contre l’exclusion. Il se réunira le 6 juillet<br />

2004 afin de dresser un bilan de l’application de la loi de 1998.<br />

Le Ministre espère que ces Assises permettront d’alimenter la mise en œuvre du<br />

programme 13 et le projet de loi " Habitat pour tous " préparé par Monsieur Daubresse.<br />

Les ateliers ont fonction de boîte à idées.<br />

Lors de vos interventions, je souhaiterais que vous évoquiez, pour chaque thème, le<br />

cadre réglementaire, les moyens financiers, les acteurs et les opérateurs,<br />

la communication. Concernant les opérations de sensibilisation, distinguons les actions<br />

de nécessité immédiate et celles à long terme.<br />

J’espère que vous participerez activement cet atelier. Nos échanges permettront<br />

d’envisager, peut-être, de nouvelles pistes de réflexions.<br />

<strong>Atelier</strong> 2<br />

29


II. Introduction : état des lieux du parc social privé<br />

Serge CONTAT<br />

Nous avons extrait de l’Atlas de l’habitat privé quelques données essentielles afin de<br />

mieux approcher la question du rôle social du parc privé.<br />

Le parc locatif privé héberge 5,9 millions de ménages, contre 3,8 millions pour le parc<br />

des HLM et des SEM. Les ménages pauvres (c’est-à-dire dont les revenus sont inférieurs<br />

à 30 % du PLUS) composent 18 % des locataires du parc privé, soit 1 million de<br />

ménages, contre 23 % des locataires des HLM et SEM, soit 900 000 ménages.<br />

Le parc privé remplit donc une fonction sociale importante en accueillant une forte<br />

majorité de ménages modestes et de nombreux ménages à très faibles revenus. Il faut<br />

connaître ces données avant d’aborder toute réflexion portant sur l’alimentation ou<br />

l’évolution du parc privé.<br />

Nous avons établi une carte qui localise la part des ménages éligibles aux logements<br />

conventionnés HLM. La carte présentant le nombre de ménages pauvres locataires<br />

du secteur privé indique que cette population réside dans toute la France. Les zones<br />

urbaines sont naturellement plus représentées. La carte, en valeur relative, ne montre<br />

pas la même concentration en milieu urbain. Toutefois, nous retrouvons la même<br />

localisation générale.<br />

Georges Cavallier a insisté sur les conditions de dignité. Aujourd’hui, 1 million de<br />

logements locatifs privés sont encore inconfortables. Les trois éléments de confort sont<br />

le chauffage central ou fixe, les toilettes intérieures, la salle de bains intérieure. Dans le<br />

parc locatif privé, l’élément majoritairement manquant est le chauffage. Deux éléments<br />

de confort sont manquants dans 160 000 logements, soit 3 % du parc locatif privé.<br />

Nous avons localisé la part et le nombre de ces logements inconfortables.<br />

La concentration, en valeurs absolue et relative, de ce type de logement est forte dans<br />

le Nord de la France. Le Sud est également sur-représenté en raison de l’absence de<br />

système de chauffage. Le Nord est aussi sur-représenté sur la carte des logements très<br />

inconfortables, ceux dans lesquels deux éléments de confort manquent. Cette région<br />

comprend de nombreux logements miniers qui doivent être remis à niveau.<br />

Entre 1993 et 2002, 1,2 million de logements locatifs privés ont été réhabilités avec<br />

l’aide de l’ANAH. Un bruit court selon lequel le conventionnement ANAH ne<br />

fonctionnerait que dans les zones rurales où les loyers sont peu élevés. La carte de la<br />

localisation des logements conventionnés prouve que cette rumeur n’est pas fondée. Les<br />

régions où les logements sont traditionnellement chers sont fortement représentés :<br />

l’Ile-de-France, l’Alsace, Rhône-Alpes. Le conventionnement ANAH est, dans les grandes<br />

lignes, réparti suivant la structure du parc.<br />

En 10 ans, 350 000 logements vacants ont été réhabilités et remis sur le marché<br />

locatif avec l’aide de l’ANAH ; 56 % d’entre eux étaient vacants depuis plus d’un an.<br />

Les chiffres de la vacance sont discutés. Il y aurait environ 2 millions de logements<br />

vacants. Entre 10 à 20 % (de 200 000 à 400 000) logements seraient mobilisables<br />

dans le cadre d’une politique visant la remise sur le marché de ces habitations<br />

vacantes. Les chiffres étant élevés, il est urgent d’adopter une politique active en la<br />

matière.<br />

Aujourd’hui, le parc privé est détenu à 93 % par des particuliers. Le retrait des<br />

propriétaires institutionnels est à peine compensé par l’investissement des personnes<br />

physiques dans le domaine du logement qui bénéficie depuis une vingtaine d’années de


dispositifs fiscaux. Ces données sont un levier d’action pour toutes les politiques visant<br />

le parc privé. 64 % des propriétaires bailleurs (personnes physiques) détiennent un<br />

logement. 83 % des propriétaires détiennent un à deux logements. Par conséquent, les<br />

bailleurs sont individualisés et peu professionnalisés.<br />

Le nombre total des ménages de propriétaires occupants s’élève à 13,5 millions, dont<br />

6 % de propriétaires occupants pauvres, soit 800 000 ménages. Ce chiffre est<br />

essentiel pour aborder la question de la dignité des conditions d’occupation dans le parc<br />

privé. La carte de la répartition des ménages éligibles aux subventions propriétaires<br />

occupants " plafond de base " montre une sur-représentation de la région parisienne.<br />

Dans 2,7 millions de logements en propriété occupante, au moins un élément de confort<br />

est manquant. Deux éléments de confort sont absents dans 302 000 habitations. Ainsi,<br />

le total des logements inconfortables des propriétaires bailleurs et occupants est de<br />

près de 4 millions.<br />

Après avoir pris connaissance de ce chiffre, il est impossible de considérer la question<br />

du confort comme secondaire. La localisation des logements en propriétaires<br />

occupants, inconfortables et très inconfortables, est semblable à celles des logements<br />

locatifs privés. L’ANAH intervient depuis deux ans sur les propriétaires occupants.<br />

En 2002, elle a contribué à améliorer les conditions d’habitat de 63 400 propriétaires<br />

modestes répartis sur l’ensemble du territoire.<br />

Je vous renvoie aux conclusions du rapport du groupe de travail préparatoire.<br />

Par ailleurs, j’ajoute que tous les pays européens se posent la question de l’offre et de<br />

la demande en matière de logement. La crise paradoxale évoquée par Marc-Philippe<br />

Daubresse est présente partout en Europe. Le parc privé a un enjeu social extrêmement<br />

fort. Il est nécessaire d’associer le parc privé au parc HLM afin de résoudre cette crise.<br />

Le rôle social du parc privé n’a cessé de diminuer depuis 1948. La valeur des loyers<br />

avait été divisée par cent entre les deux guerres. La loi de 1948 a quasiment instauré<br />

un système de confiscation de la propriété privée en imposant des bas loyers.<br />

Ainsi, durant de longues années, bas loyers et vétusté allaient de pair.<br />

Aujourd’hui, il faut se donner les moyens de mener une action de grande ampleur sur le<br />

parc privé afin d’épauler les actions menées sur le parc social.<br />

Enfin, les aides " en positif " du type ANAH ne peuvent fonctionner que dans des<br />

conditions économiques et fiscales acceptables. Nul n’ignore les conséquences<br />

catastrophiques de mesures comme le blocage des loyers. Les politiques en relief,<br />

comme celles de l’ANAH, sont indispensables afin de mener des politiques thématiques.<br />

Les projets de logements conventionnés sont bâtis à partir de système d’aides<br />

" en positif ". A Paris, Bordeaux, comme en milieu rural, les aides de l’ANAH corrigent<br />

les effets secondaires des dispositifs exclusivement fiscaux. Ainsi la loi Malraux a conduit<br />

à diviser les surfaces, induisant des occupations qui ne sont pas satisfaisantes<br />

aujourd’hui.<br />

Claude CHAUDIERES, ATD-Quart Monde<br />

Le million de personnes pauvres, résidant dans le parc ancien locatif, habitent-elles dans<br />

le million de logements indignes ? Existe-t-il une corrélation entre ces chiffres ?<br />

<strong>Atelier</strong> 2<br />

31


Serge CONTAT<br />

La première édition de l’Atlas de l’habitat privé a été réalisée à partir des données<br />

fiscales de FILOCOM 2001. Ce fichier permet de croiser l’état des logements<br />

et certaines caractéristiques des ménages. Travailler sur FILOCOM permet de suivre<br />

rapidement les évolutions, puisque ce fichier parait tous les deux ans. Je ne peux rien<br />

affirmer sur le rapport entre le parc indigne et le million de ménages pauvres.<br />

Nous pouvons supposer que la corrélation est forte. Mais les choses sont plus<br />

compliquées qu’elles ne le paraissent. Ce premier Atlas pose de nombreuses questions,<br />

dont la vôtre. Afin de progresser dans nos travaux, il sera nécessaire d’y répondre.<br />

François DUBIN, FNC/PACT ARIM<br />

Il était intéressant de localiser les aides accordées par l’ANAH pour la période allant de<br />

1993 à 2002. Disposez-vous des données par année et par lieu ? Par ailleurs, j’ai présidé<br />

le groupe de travail du CNH sur le logement vacant. A l’époque, les informations<br />

manquaient sur le sujet. Avez-vous de nouveaux chiffres, notamment sur la localisation<br />

et les relations avec la tension du marché ?<br />

Serge CONTAT<br />

Concernant la vacance, nous n’avons pas de chiffres complémentaires. Il faudrait affiner<br />

les données.<br />

En proposant des cartes sur la localisation des aides, nous voulions tordre le cou à<br />

l’idée suivant laquelle le conventionnement ANAH ne fonctionne que dans les zones où<br />

l’aide est inutile, c’est-à-dire en milieu rural. D’une part, des personnes à très faibles<br />

ressources, ayant besoin de logements modernes et abordables, habitent également en<br />

zone rurale. D’autre part, le conventionnement ANAH est, en général, conforme à la<br />

structure du parc. Par conséquent, c’est un outil bien adapté.<br />

Durant les deux dernières années, l’ANAH a globalement travaillé autant sur les<br />

logements à loyer maîtrisé, mais relativement moins sur le conventionnement.<br />

Depuis quelques années, l’ANAH produisait environ 15 à 20 000 logements à loyer<br />

maîtrisé. En 2004, l’objectif en matière de logement à loyer maîtrisé est de 20 000,<br />

dont 10 000 intermédiaires et 10 000 conventionnés dont 2 000 très sociaux.<br />

Nos chiffres prouvent qu’un quart des logements sont en mauvais état, et qu’un quart<br />

des propriétaires ont plus de 75 ans.<br />

Par conséquent, il faut mettre en place un dispositif financier pour convaincre les<br />

propriétaires. Les personnes âgées souhaitent ne pas avoir de souci avec leur bien.<br />

Elles veulent bénéficier de solutions clés en main. Les mesures annoncées par le plan<br />

de cohésion sociale nous satisfont. Je pense, d’une part, à l’exonération de Contribution<br />

sur les Revenus Locatifs durant trois ans pour les logements remis à la location et,<br />

d’autre part, au relèvement de la prime versée par l’ANAH de 2 000 à 5 000 euros.<br />

Il faut que l’ANAH et les opérateurs aillent chercher ces logements privés.<br />

Il s’agit d’abord de convaincre les propriétaires.


Christian BEL LATOUR, FAPIL<br />

Nous suggérons la mise en place d’une mesure peu coûteuse. Il suffirait de se<br />

rapprocher du fisc pour obtenir les adresses des propriétaires. On les contacterait pour<br />

leur proposer les services de l’ANAH. Combien de propriétaires privés contactent<br />

directement l’ANAH pour conventionner leur logement ?<br />

Serge CONTAT<br />

Ces propriétaires sont une infime minorité. Généralement, c’est l’ANAH qui va les<br />

chercher. Toutefois, quelques propriétaires nous contactent sur des projets importants.<br />

Par ailleurs, je pense que les services fiscaux n’autoriseraient pas l’utilisation de leurs<br />

données. Peut-être serait-il plus facile d’établir des coordinations locales que nationales.<br />

Le fichier FILOCOM réunit des données fiscales protégées et confidentielles. Il permet<br />

d’établir des cartographies très fines. Ainsi, nous pouvons localiser des logements<br />

insalubres, quasiment à l’îlot.<br />

Hélène BERNARD, Tandem Immobilier<br />

Les subventions de l’ANAH permettent de convaincre les propriétaires de mettre leur<br />

bien immobilier à disposition des personnes en difficulté. Il faut négocier durant des<br />

mois, voire des années, avant d’obtenir l’accord des propriétaires. Malheureusement,<br />

des dossiers restent en souffrance parce que les délégations départementales de<br />

l’ANAH n’ont pas les moyens d’accorder les subventions. Lorsqu’il n’obtient pas d’aide,<br />

le propriétaire pratique des loyers prohibitifs. De plus, vous prétendez faire autant de<br />

logements, avec plus de logements à loyers intermédiaires et moins de<br />

conventionnements. Or, sur de nombreux sites, le loyer intermédiaire est souvent<br />

largement supérieur aux capacités financières des personnes en difficulté.<br />

Serge CONTAT<br />

Depuis trois ans, la priorité de l’ANAH est la production de logements à loyers<br />

maîtrisés. L’agence dispose des moyens financiers nécessaires pour honorer<br />

cet objectif. Par conséquent, signalez-nous les problèmes rencontrés dans les<br />

départements. Nous avons tous signé, sous l’œil vigilant du Président, la circulaire de<br />

programmation 2004 fixant un objectif de 20 000 logements : 10 000 intermédiaires<br />

et 10 000 conventionnés, dont 2 000 très sociaux. Le débat sur le " diffus " est<br />

récurrent. L’année dernière, nous avons traversé une période difficile : les temps de<br />

réponse était longs. Actuellement, le délai d’attente est de deux mois et demi.<br />

Les loyers bénéficiant d’un conventionnement de base sont aujourd’hui inférieurs à ceux<br />

des HLM. Les programmes sociaux thématiques sont un sujet problématique. Nous<br />

achevons la première génération des PST. Ces programmes subissent une baisse<br />

importante car les collectivités ne s’engagent pas dans une seconde génération de PST.<br />

Cette question est à l’ordre du jour du conseil d’administration du 6 juillet 2004.<br />

Georges CAVALLIER<br />

Le plan de cohésion sociale prévoit d’augmenter les moyens dévolus à l’ANAH de 70<br />

millions d’euros en 2005, et de 140 millions d’euros pour les années comprises entre<br />

<strong>Atelier</strong> 2<br />

33


2006 et 2009. Par conséquent, les difficultés rencontrées jusqu’alors devraient<br />

rapidement disparaître.<br />

Michel PELENC, FNHDR<br />

Votre travail cartographique est remarquable. Il prouve le rôle social majeur du parc<br />

privé et son état de confort souvent insuffisant. Une réflexion sur la vétusté, la thermique<br />

et le développement durable s’impose.<br />

Soulignons que les moyens de l’ANAH ont subi une baisse importante durant les<br />

dernières années, alors que les besoins augmentaient. La rallonge budgétaire de 70,<br />

puis de 140 millions, permettra peut-être de résoudre le problème. Nous avons<br />

beaucoup parlé du milieu urbain. N’oublions pas que les zones à dominante rurale<br />

représentent des départements entiers. Dans ces espaces, l’offre sociale s’effectue<br />

d’abord avec le parc privé. Les PLAI et les PST y sont souvent plus nombreux. Le parc<br />

privé permet la mixité. Il est disséminé sur l’ensemble du territoire. Il est indispensable<br />

de s’appuyer sur ce parc pour résoudre la crise du logement.<br />

Concernant les propriétaires occupants, l’ANAH n’aide aujourd’hui que les propriétaires<br />

occupants très sociaux. Or 525 euros par mois ne permettent pas un entretien du<br />

logement dans la durée. Soyons vigilants quant aux risques de voir les logements<br />

devenir de véritables taudis.<br />

Serge CONTAT<br />

Nous avons édité des Atlas régionaux. Ils seront disponibles dans le courant de l’été.<br />

A partir des cartes régionales, les délégations locales de l’ANAH peuvent effectuer des<br />

extractions particulières sur des sujets tels que l’insalubrité.<br />

Marc AUVER, Confédération nationale du logement<br />

Quel est le bilan du conventionnement ? Ce système s’adresse aux propriétaires qui<br />

remettent leur logement à niveau. Durant neuf ans, ils bénéficient d’une aide tandis que<br />

les locataires touchent l’APL. Une fois cette période terminée, ils augmentent les loyers<br />

ou expulsent les locataires en prétextant une mise en vente. Les grands propriétaires<br />

institutionnels ont parfois conventionné leur parc afin de faciliter les réhabilitations. Mais<br />

au bout d’un certain temps, ils ne conventionnent plus. Nous sommes en faveur d’un<br />

conventionnement maîtrisé. En fin de contrat, les problèmes resurgissent pour les<br />

locataires démunis, alors que les propriétaires ont revalorisé leur patrimoine.<br />

Vous pensez que les financements de l’ANAH augmenteront. Toutefois, la liste des<br />

travaux à réaliser par les propriétaires en vue d’un conventionnement s’allonge.<br />

Par ailleurs, un bailleur peut obtenir une subvention de ANAH sans s’engager sur un<br />

conventionnement. Dans ce cas, les loyers restent libres.<br />

Bruno ROULIN, Club Partenaires et Commission logement Saint-Vincent-de-Paul<br />

Les trois quarts des logements disponibles sont détenus par des personnes de plus de<br />

75 ans. La plupart de cette population serait disposée à louer ces logements à des prix


inférieurs à ceux du marché, à condition, d’une part, qu’elle bénéficie d’un<br />

accompagnement à la gestion locative pour être déchargée de tous soucis et que,<br />

d’autre part, le bien puisse être récupéré en cas de décès.<br />

Philippe MORICE, Union régionale PACT ARIM de Bretagne<br />

La part des propriétaires occupants pauvres est préoccupante. De plus, 3,8 millions de<br />

ménages sont logés dans des HLM, alors que 7 millions de ménages ont des revenus<br />

inférieurs au plafond d’accès au HLM. Ces chiffres sont considérables et ne sont pas<br />

suffisamment pris en compte dans les politiques de logement.<br />

Par ailleurs, je crains qu’on oublie de traiter les stocks d’habitat indigne en voulant<br />

promouvoir les logements conventionnés. Dans les départements, les commissions<br />

d’amélioration de l’habitat disposent de moins en moins de moyens pour améliorer<br />

l’état du stock de logement. Il conviendrait de mettre en place des mesures visant les<br />

logements inconfortables du parc privé.<br />

Enfin, il faudrait que le stock de logements vacants du parc privé figure dans le parc<br />

social disponible afin de les rendre accessibles aux ménages en difficulté. Cette<br />

comptabilité est prônée dans les discours nationaux, mais elle n’apparaît pas dans le<br />

chiffrage départemental des logements sociaux.<br />

Denis LAURENT, Solidarités nouvelles pour le logement<br />

Notre association vise à recréer du lien social et à proposer des logements à des<br />

personnes pauvres, c’est-à-dire dont les revenus sont inférieurs à 50 % du PLUS<br />

(définition de l’INSEE). A cette fin, nous utilisons des baux à réhabilitation ou nous<br />

mobilisons des logements vacants que les propriétaires ne souhaitent pas immobiliser<br />

sur un long terme. Ces propriétaires ne bénéficient pas de déduction fiscale, alors qu’ils<br />

sont prêts à louer leur bien quasiment gratuitement.<br />

Nous proposons que les propriétaires prêtant leur logement à des associations agréées<br />

soient exonérés de l’ISF ou bénéficient d’une déduction fiscale du montant d’un loyer<br />

fictif, le plus bas possible. Rappelons qu’actuellement, les personnes faisant des dons en<br />

nature à des associations bénéficient de déductions fiscales.<br />

Véronique FAYET, Ville de Bordeaux<br />

La situation de Bordeaux est proche du tableau national que vous avez dressé : peu de<br />

propriétaires institutionnels, un parc parfois dégradé à la limite de l’insalubrité,<br />

un secteur sauvegardé important. Durant des années, Bordeaux a subi les effets<br />

pervers de la loi Malraux. En coopération avec l’ANAH, nous avons engagé une<br />

opération de grande envergure afin de reconquérir le parc ancien et dégradé du centre<br />

ville. Nous avons mis en place un opérateur spécifique, une société d’économie mixte,<br />

afin de convaincre les propriétaires un par un.<br />

Il est indispensable de recourir à deux outils : les aides de l’ANAH et la défiscalisation.<br />

Des mesures de défiscalisation attractives permettraient de convaincre plus facilement<br />

les bailleurs. Par ailleurs, concernant l’habitat indigne, un propriétaire est amené à<br />

effectuer un minimum de travaux pour sortir de l’indignité, sans que le logement soit<br />

rendu réellement confortable. Les partenaires locaux devraient se réunir pour réfléchir<br />

à cette question et aller jusqu’au bout de la démarche.<br />

Enfin, nous sommes satisfaits des moyens supplémentaires accordés à l’ANAH.<br />

Cela permettra de mener plus d’actions sur le terrain.<br />

<strong>Atelier</strong> 2<br />

35


Serge CONTAT<br />

J’insiste sur l’importance du rôle social du parc privé. Les logements conventionnés<br />

ANAH sont comptabilisés au titre de l’article 55 de la loi SRU : il n’y a aucune<br />

ambiguïté sur ce point.<br />

Par ailleurs, dans des centres urbains, comme Perpignan, il faut atteindre une masse<br />

critique d’intervention pour passer d’un habitat indigne à des logements de qualité et<br />

abordables.<br />

Je partage votre opinion concernant les logements vacants détenus par des<br />

propriétaires âgés. Les opérateurs doivent profiter de l’impulsion donnée par le plan de<br />

cohésion sociale. Les propriétaires âgés recherchent des mesures clés en main.<br />

Il faudrait peut-être travailler sur le droit de succession. En 1996, des mesures ont été<br />

mises en place pour préserver les forêts. Pourquoi ne pas adopter le même système en<br />

matière de logement ?<br />

Georges CAVALLIER<br />

Ainsi, la fonction sociale du parc privé est une réalité. Insistons sur l’importance du<br />

nombre de propriétaires occupants pauvres et la nécessité de mettre un terme à<br />

l’habitat indigne. On juge le degré de civilisation d’un pays à travers, notamment, sa<br />

capacité à loger dignement tous les individus, y compris les plus démunis.<br />

Le parc locatif privé à loyer maîtrisé, parfaitement complémentaire au parc locatif public,<br />

joue un rôle essentiel en termes d’équilibre territorial. D’une part, il favorise la mixité<br />

sociale en milieu urbain. D’autre part, il compense le manque de logements publics en<br />

zone rurale.<br />

Sur le plan politique, vous avez souligné l’importance des mesures incitatives et non<br />

seulement fiscales, la nécessité de s’occuper des stocks et non uniquement des flux, et<br />

la nécessité d’une contrepartie sociale à toute aide publique.<br />

Enfin, il semble urgent que les opérateurs travaillent en partenariat afin de proposer aux<br />

propriétaires des solutions sur-mesure et pratiques.<br />

III. Première séquence : conclusions du groupe de travail CNH<br />

sur le conventionnement<br />

1. Introduction<br />

Xavier BENOIST<br />

J’interviens en tant que rapporteur du groupe de travail du Conseil National de l’Habitat.<br />

Mon exposé portera sur l’amélioration de l’efficacité du conventionnement et des<br />

propositions de réforme.<br />

a. Eléments de cadrage<br />

Nos travaux s’inscrivent, sur le long terme, dans le cadre d’une définition européenne du<br />

logement social. Nous préférons adopter une définition fonctionnelle, et non statutaire,


du parc privé social. dans laquelle les loyers sont maîtrisés et réglementés en<br />

concertation avec la puissance publique, et l’attribution peut être déléguée à un tiers.<br />

Dans cette définition, la fonction du logement, et non le statut du propriétaire, définit le<br />

caractère social du logement.<br />

En France, le parc privé n’a plus une fonction sociale de fait, mais de droit, par le biais<br />

du conventionnement. Le parc social de fait, défini par de bas loyers, n’existe plus.<br />

Actuellement, les loyers du privé sont élevés. Le parc privé est dorénavant considéré<br />

comme un parc de repli ou de substitution. Cette situation traduit les effets de la main<br />

invisible du marché. Elle résulte d’une absence de régulation du marché de l’immobilier<br />

privé. Cela pose de véritables problèmes dans certains quartiers.<br />

Il faut reconnaître le service rendu par le propriétaire bailleur en lui accordant des<br />

contreparties fiscales.<br />

Notre réflexion s’oriente selon deux axes : la juste place de la propriété privée dans la<br />

politique de l’habitat et le juste loyer. Selon nous, les propriétaires privés peuvent être<br />

partenaires des politiques de logements, avec les organismes de HLM. En tant<br />

qu’opérateur, notre dynamique est opérationnelle. N’oublions pas que les dispositifs de<br />

conventionnement sont toujours liés à des actions d’aménagement. Nous travaillons<br />

avec les effets du marché et ceux de la politique publique de l’habitat.<br />

Notre expérience d’opérateur nous amène à formuler des propositions. Nous avons tenu<br />

compte :<br />

• des éléments relatifs à la diversité des marchés ;<br />

• de l’importance du rôle des collectivités ;<br />

• de la nécessité de l’agencement des complémentarités entre les parcs privé et public.<br />

En effet, les deux parcs ne doivent pas rentrer en concurrence.<br />

Nous avons évalué les actions menées jusqu’à aujourd’hui. Le conventionnement a été<br />

créé en 1977. Il était considéré comme une étape dans le parcours résidentiel.<br />

Aujourd’hui, il doit être considéré comme un état.<br />

J’établirai un diagnostic du conventionnement avant de présenter des propositions<br />

autour du contrat solidaire et équitable.<br />

b. L’évolution de la production de logements conventionnés<br />

En 2001, plus de 4 millions de logements locatifs étaient conventionnés à l’APL,<br />

et seulement 113 903 ont bénéficié d’une aide de l’ANAH.<br />

Je nuancerai quelque peu les propos de Serge Contat. Les règles actuelles du<br />

conventionnement limitent la contribution du parc privé aux marchés les moins tendus.<br />

Les collectivités déploient des efforts conséquents afin de produire du logement<br />

conventionné. Leurs actions ont un impact fort pour les ménages, mais faible quant aux<br />

effets structurels sur la politique du logement. L’ANAH n’a pu que constater cette<br />

situation. En effet, le nombre de logements produits avec loyers intermédiaires<br />

augmente constamment, tandis que le nombre de logements conventionnés a chuté<br />

pour se stabiliser autour de 7 700. Notons qu’en 1995, on dénombrait 4 200<br />

logements PST, contre 1 780 en 2003.<br />

<strong>Atelier</strong> 2<br />

37


Ce ralentissement de la production est dû à l’augmentation des loyers. En général, les<br />

opérations de conventionnement ne fonctionnent que pour des immeubles mal localisés<br />

et nécessitant peu de travaux. Dans ces cas, la dévalorisation est telle que les aides de<br />

l’ANAH alliées à un dispositif fiscal produisent un effet réel. Certains propriétaires<br />

investisseurs choisissent même le conventionnement pour effectuer des rentabilités<br />

négatives, lorsqu’ils sont trop imposés. Pour les opérateurs, ils forment une niche,<br />

puisqu’ils investissent à long terme sur ce parc.<br />

Par ailleurs, la diversification des niveaux de loyers est importante. Chaque année, le<br />

décalage se creuse entre les loyers de marché et ceux de conventionnement. De plus,<br />

le niveau de loyer pour l’investissement fiscal (loyer de Robien) est trois ou quatre fois<br />

supérieur à celui du loyer conventionné. Par conséquent, le conventionnement social est<br />

sans intérêt pour les investisseurs. C’est un produit susceptible de ne capter que les<br />

propriétaires au grand cœur. On ne peut fonder une politique du logement sur ce<br />

nombre marginal de personnes !<br />

Enfin, les avantages liés au conventionnement ne compensent plus les contraintes<br />

imposées par les conventions, notamment l’effort de modération de loyer dans la durée,<br />

l’absence d’aménagement des modalités de relogement à l’issue des conventions.<br />

Lors du précédent débat, l’intervention du représentant de la CNL était fondée.<br />

Des collectivités locales mènent des programmes en PLAI afin de reloger des<br />

populations qui ne sont plus conventionnées.<br />

En matière de logement, les besoins sont considérables. Ils sont mal régulés<br />

par l’allocation logement. Chaque année, 300 000 nouveaux ménages bénéficient de<br />

l’allocation logement : 15 000 d’entre eux s’installent dans des logements indécents,<br />

voire insalubres. Deux millions de ménages perçoivent l’allocation logement social ou<br />

l’allocation logement familial. Ces personnes vivent dans un parc où le contrôle de<br />

décence n’est pas toujours organisé. Ces logements du parc privé ne pourraient-ils pas<br />

faire l’objet d’une action en vue de leur conventionnement ? Comment passer d’un parc<br />

non contrôlé et occupé par des bénéficiaires de l’allocation logement à un parc social à<br />

loyer maîtrisé ? Ce basculement n’est pas évident. Actuellement, le taux d’effort net en<br />

secteur privé est de 29,6 %, contre 10,4 % en secteur HLM. Comment travailler sur<br />

le stock de logements privés ?<br />

Le conventionnement, sous sa forme actuelle, n’est pas efficace. Un nouveau contrat<br />

doit s’y substituer. Comment réaménager une politique contractuelle avec les<br />

propriétaires du parc privé, tout en contrôlant le confort des logements et en régulant<br />

les loyers ?<br />

c. Pour un contrat solidaire et social<br />

Nous proposons un nouveau type de conventionnement : un contrat solidaire et<br />

équitable entre les bailleurs et l’Etat. Ce contrat lierait le propriétaire bailleur et l’ANAH.<br />

Il permettrait de relancer un dispositif obsolète.<br />

Notre idée première est de passer d’une politique réglementée à une politique<br />

contractuelle, encadrée par des règles assouplies. Dans notre dispositif, nous<br />

positionnons le loyer de conventionnement, non en fonction du loyer HLM, mais par<br />

rapport au loyer de marché (20 %, 30 % ou 40 % en dessous, suivant la gamme). Un<br />

taquet est établi en référence au loyer du logement social. Nous suggérons d’autoriser<br />

l’augmentation des loyers plafonds au niveau PLS pour les logements conventionnés.<br />

Ce dispositif fonctionne par tranches. Ce n’est pas le dernier avatar d’une politique du<br />

logement social, inchangée depuis 1977. C’est un nouvel outil pour une véritable<br />

politique du logement social. Il couvre les loyers : intermédiaire, social, très social


et d’insertion. Par rapport à ces divers niveaux de loyers, des plafonds de revenus à<br />

l’accès sont systématiquement définis, ainsi que des modalités particulières d’aides à la<br />

pierre ou fiscales.<br />

Ce dispositif s’accompagne de mesures d’amélioration de la fiscalité de la détention des<br />

logements. Nous proposons une exonération de la contribution sur le revenu locatif et<br />

une augmentation du taux de déduction forfaitaire pour les logements en contrat à loyer<br />

maîtrisé. Ces mesures seraient modulées en fonction de l’engagement social et de<br />

l’investissement dans le locatif ancien.<br />

Les principes du contrat solidaire et équitable sont les suivants :<br />

• la modulation ;<br />

• l’adaptation au marché ;<br />

• la possibilité d’établir des partenariats avec les collectivités locales ;<br />

• la mise en place de nouveaux services au titre de la garantie du risque locatif (impayés<br />

de loyers et de charges, dégradation).<br />

Ces éléments sont évoqués dans le plan de cohésion sociale.<br />

En conclusion, il n’est plus question de gérer le conventionnement comme une<br />

opportunité fiscale ou une contrainte administrative. Nous souhaitons mettre en place<br />

un système de servitude choisie, permettant une véritable contractualisation et<br />

accordant une juste place aux propriétaires privés. Ce contrat est un outil pour les<br />

politiques locales qui gèrent la question de l’accès au logement pour tous.<br />

2. Débat<br />

Georges CAVALLIER<br />

Le programme 13 du plan de cohésion sociale précise que " les moyens de l’ANAH<br />

seront mobilisés dans le cadre d’un conventionnement modernisé, visant à augmenter<br />

fortement le nombre de logements loués à usage social. Le parc privé ainsi<br />

conventionné bénéficiera d’une garantie mutualisée des risques locatifs, financée par<br />

des cotisations des propriétaires qui seraient, en contrepartie, exonérés de la<br />

contribution sur les revenus locatifs. En outre, un dispositif fiscal à vocation très<br />

sociale, qui cumulera l’amortissement fiscal Robien et une déduction forfaitaire de 40 %<br />

sera instauré. " Le feu est passé au vert pour la réforme du conventionnement !<br />

Georges RACAUD, UNPI Poitou-Charentes<br />

Je reviens sur les baux conventionnés sur dix ans. Que se passe-il à la fin d’un<br />

conventionnement ? Souvent, un propriétaire s’engage sur plus de quinze ans, lorsqu’il<br />

se conventionne. En effet, les locataires peuvent changer au cours des six premières<br />

années. Il faut ensuite des années pour réindexer les loyers au prix du marché.<br />

En établissant des calculs avec les propriétaires qui souhaitent gagner de l’argent, nous<br />

réalisons que ce bail conventionné n’est pas très rentable.<br />

Le plan de cohésion sociale propose que les propriétaires paient une assurance couvrant<br />

les risques d’impayés. Selon moi, les propriétaires devraient être libres de s’assurer ou<br />

non. Ce n’est pas au propriétaire de payer cette cotisation. En effet, c’est le skieur qui<br />

contracte une assurance en louant ses skis !<br />

<strong>Atelier</strong> 2<br />

39


Serge IVARS, CNAB<br />

Je remercie Xavier Benoist pour ses propositions visant à améliorer le rôle des<br />

propriétaires bailleurs. Afin de sortir de la crise, il est nécessaire d’appuyer le parc de<br />

logements privés. Certes, il faut se servir de mesures fiscales. Mais la CNAB propose<br />

également la création d’un statut pour le bailleur privé. Ce dernier pourrait alors<br />

bénéficier, comme tout entrepreneur, d’un outil de travail, avec des avantages et des<br />

inconvénients. Ainsi, le propriétaire déduirait ses dépenses de fonctionnement et ne<br />

recevrait plus de primes ponctuelles plus ou moins généreuses en fonction des<br />

gouvernements. Les mesures sur l’ISF seraient inscrites dans le statut. Nous souhaitons<br />

un statut pérenne, et non des mesures passagères.<br />

Jean-Claude VANNIER, Crédit Foncier<br />

Sur le fond, vos propositions sont intéressantes. La simplicité et la communication sont<br />

la clé de la réussite de ce type de projet. Or, malgré des efforts de rationalisation,<br />

le projet reste complexe : preuve en est le tableau sur la garantie du risque locatif. Le<br />

propriétaire préfère les dispositifs simples et dépourvus de risque d’exclusion. De plus,<br />

il est indispensable d’adopter une communication globale réunissant les divers aspects :<br />

fiscaux, aides de l’ANAH… Communiquez simplement autour de la notion de statut du<br />

bailleur privé social. Par ailleurs, l’association à ce package d’un nouveau financement,<br />

type PLS, permettrait de communiquer facilement sur le dispositif. Enfin, une approche<br />

par l’ISF serait un puissant déclencheur pour les propriétaires. Ceux-ci bénéficieraient<br />

alors de mesures fiscales intéressantes tout en s’engageant dans un domaine social.<br />

Nathalie DOMENACH, URPACT Rhône-Alpes<br />

Mon intervention concerne le conventionnement sans travaux. Aujourd’hui, les élus<br />

locaux sont rarement confrontés à des parcs extrêmement dégradés. Les procédures<br />

habitat indigne fonctionnent bien. Je suis d’accord avec Xavier Benoist. Afin de donner<br />

au conventionnement une véritable ampleur, il faut proposer des mesures qui s’adaptent<br />

également aux copropriétés des années 1950, aux parcs déjà réhabilités…<br />

Claude CHAUDIERE, ATD-Quart Monde<br />

Pourquoi votre contrat s’intitule-t-il " solidaire et équitable " ? Selon moi, ces deux<br />

adjectifs sont redondants. Par ailleurs, dans le plan de cohésion sociale, le Ministre a<br />

précisé qu’il fallait avancer vers un droit effectif. Dans le parc privé, quels principes fixer<br />

pour que ce droit soit effectif, dans le cadre de ce contrat solidaire ? Certes, on<br />

accorde des aides en matière fiscale. Je rappelle que des propriétaires sont prêts à<br />

mettre gratuitement à disposition leur logement, par convention.<br />

Qui sera responsable de la mise en oeuvre du droit au logement, puisque le contrat<br />

sera signé entre le propriétaire et l’ANAH ? Quelle sera la responsabilité de l’Etat ?<br />

Concernant le droit de recours, comment fonctionneront les commissions de médiation ?<br />

Quelles seront les obligations du propriétaire signataire et bénéficiaire d’exonérations et<br />

de subventions ? Au bout de neuf ans, comment s’opérera la sortie du<br />

conventionnement pour cette population en difficulté ? En effet, il est difficile de gérer<br />

une expulsion pour cause de vente. Comment se fera l’accès à ces logements<br />

conventionnés ? Comment désigner aux petits propriétaires les populations à reloger<br />

prioritairement ? Quelle est l’articulation de ce dispositif avec les HLM et le plan<br />

départemental pour le logement des plus démunis ? Il faut que ces personnes<br />

bénéficient de mesures équitables leur permettant de se loger dans de bonnes conditions.


Ces questions sont complexes. Toutefois, il est indispensable d’y répondre afin que la<br />

politique du logement social puisse avancer. Soumettons au Président quelques<br />

principes sur lesquels travailler, afin de les retrouver dans la loi Habitat pour tous<br />

promise par le Ministre.<br />

René BOUE, UNAF<br />

Il est intéressant, mais difficile, de passer d’un conventionnement conçu comme une<br />

étape à un conventionnement pérenne ; il faut à tout le moins moduler les aides en<br />

fonction de la durée du conventionnement et accorder de l’importance au contrôle.<br />

Le niveau des loyers est très varié. Les loyers de Robien sont élevés par rapport aux<br />

loyers conventionnés, qui ne remplissent pas leur fonction sociale. Une modification de<br />

l’offre de logement social et du loyer de Robien rendrait le conventionnement privé plus<br />

attractif. De plus, il est nécessaire de loger les ménages dans des conditions décentes.<br />

Mais n’oublions pas la question des revenus des ménages. En effet, nous avons<br />

constaté une perte du pouvoir d’achat importante liée aux aides à la personne.<br />

Enfin, dans tous les groupes préparatoires, des personnes n’ont cessé de vanter les<br />

mérites d’une baisse de la fiscalité. Nous ne sommes pas d’accord car les mesures de<br />

défiscalisation ont souvent des effets de transfert pervers. En effet, l’impôt est déplacé<br />

vers d’autres personnes qui ne sont pas nécessairement en mesure de l’acquitter. Les<br />

impôts fournissent à l’Etat et aux collectivités les moyens de leurs missions. Avant de<br />

s’engager dans une direction, il est indispensable d’engager des études préalables<br />

d’impact de ces mesures au regard de l’ensemble des dispositifs fiscaux.<br />

De la salle<br />

Chaque fois qu’un ministre est nommé, il tente de simplifier les procédures. Finalement,<br />

il crée une règle qui complexifie la situation.<br />

Afin de mobiliser le logement privé, il est important de mettre au point un package " clés<br />

en main ". En effet, les propriétaires sont souvent âgés. Ils ont souvent du mal à<br />

emprunter ; il faut donc proposer des fonds d’avance de trésorerie. Ils ne veulent pas<br />

être encombrés par les problèmes de gestion, d’où la nécessité de mettre en place un<br />

système de gestion adapté. Pour eux, la sécurité par rapport à la dégradation est<br />

primordiale. Enfin, ils redoutent les impayés. Actuellement, de nombreux acteurs et<br />

réseaux s’occupent de ces propriétaires bailleurs. Or il n’est pas certain qu’ils soient<br />

toujours présents après 2005, dans le cadre du plan de cohésion sociale qui s’étale<br />

jusqu’en 2009. En effet, l’Aide à la médiation locative est fortement remise en cause par<br />

le transfert de compétence au département. Les départements ne sont pas obligés de<br />

verser l’AML. De plus, dorénavant, les HLM seront éligibles à l’AML : cette aide ne<br />

concernera plus seulement 20 000 logements, mais des millions d’habitations. Des<br />

opérateurs vont disparaître. Or ce sont eux qui vont chercher et convaincre les<br />

propriétaires. Ils ont des compétences commerciales, fiscales et sociales. Aucune<br />

politique ne vise à multiplier leur nombre. En l’absence d’opérateur et de formation<br />

supplémentaire par rapport aux nouveaux métiers, comment passer de 7 700 à<br />

40 000 logements conventionnés ?<br />

<strong>Atelier</strong> 2<br />

41


Daniel RIOU, CNL<br />

Nous sommes en pleine contradiction. Tous s’accordent sur le fait que la crise du<br />

logement est importante et mettent en cause la loi du marché. Or aucune mesure<br />

exposée n’attaque cette loi, comme si la flambée des loyers laissait tout le monde<br />

indifférent. J’avais cru comprendre que la construction de logement social freinait la loi<br />

du marché !<br />

Aujourd’hui, on présente le contexte européen. On ne touche pas au marché. On pense<br />

résoudre la question du logement social privé en tentant de vaincre les réticences des<br />

bailleurs. Ces propositions sont déséquilibrées. Auparavant, les aides de l’ANAH<br />

destinées aux bailleurs privés étaient déjà supérieures aux aides accordées aux bailleurs<br />

sociaux. Aujourd’hui, on propose aux propriétaires privés le beurre et l’argent<br />

du beurre. On résoud peut-être le problème des bailleurs, mais pas celui des familles<br />

pauvres.<br />

Dominique DORE, Vivre en écovillage<br />

Je vous propose un terrain d’expérimentation, si vous en recherchez.<br />

François DUBIN, FNC/PACT ARIM<br />

Ce contrat est un outil, parmi d’autres, permettant de régler le problème du logement.<br />

Il est solidaire car il profite aux plus pauvres. Il est équitable parce qu’il prend en<br />

compte l’intérêt des propriétaires. Nous n’avancerons pas sans tenir compte de la<br />

situation des bailleurs. La responsabilité est celle des cocontractants : l’ANAH et le<br />

propriétaire. Le dispositif vise à développer le flux et à contrôler le stock. Il doit être<br />

souple pour permettre aux personnes de sortir du conventionnement dans de bonnes<br />

conditions. Par ailleurs, il faut veiller à l’attribution de ces logements. On peut<br />

difficilement imposer un locataire au propriétaire. C’est pourquoi, dans de nombreuses<br />

opérations, des listes de locataires ont été proposées au bailleur. La réquisition serait<br />

une solution. Mais c’est une autre politique !<br />

Michel PELENC, FNHDR<br />

L’objectif de production de logements à loyer maîtrisé s’élève à 40 000, contre une<br />

réalisation actuelle de 15 000. Les mesures exposées permettront-elles de concrétiser<br />

cette ambition ? J’espère que les " sans travaux " ne seront pas dénombrés dans les<br />

40 000. N’oublions pas qu’il s’agit de débloquer l’offre et de produire de nouveaux<br />

logements. Pour ce faire, il faut effectivement créer un produit simple et vendable.<br />

Xavier BENOIST<br />

Le document de travail présenté s’adresse à un public de spécialistes. Nous adopterions<br />

un autre discours pour convaincre un auditoire différent. Selon André Massot, en 1996,<br />

à peine 13 % des propriétaires bailleurs connaissent les dispositifs d’accès au<br />

conventionnement. C’est pourquoi, l’effort de communication est essentiel. Les bailleurs<br />

connaissent les collectivités locales et les administrateurs de biens, mais pas les<br />

opérateurs.<br />

Je reviens sur le droit opposable. Notre objectif est l’application du droit au logement


décent. Notre cible se compose des deux millions de ménages bénéficiant de l’AL dont<br />

environ 500 000 vivent dans des conditions de logement indignes. Les associations<br />

doivent faciliter la mise en œuvre du droit au logement décent.<br />

La pérennité du dispositif repose sur la stabilité des aides au logement, les évaluations<br />

et des indexations. Par ailleurs, notre dispositif s’articule également par rapport à une<br />

réflexion sur logement social.<br />

Pour le bailleur, il semble plus pérenne de définir une fonction et d’y attacher des<br />

avantages, plutôt que d’opter pour un statut.<br />

Enfin, le dispositif doit être simple. Sa mise en application requiert des spécialistes<br />

opérationnels. Il faut non seulement aménager le conventionnement, mais aussi<br />

développer les aides aux collectivités locales afin que celles-ci aient les moyens<br />

d’accompagner la politique de l’habitat de demain.<br />

Georges CAVALLIER<br />

J’espère que les orientations prises dans le programme 13 du plan Borloo permettront<br />

d’avancer de manière concrète sur ce sujet.<br />

IV. Deuxième séquence : la lutte contre l’habitat indigne<br />

1. Introduction<br />

Nancy BOUCHE<br />

Par " habitat indigne ", nous entendons toutes les conditions de l’habitat posant des<br />

problèmes de santé ou de sécurité dont le traitement relève des polices administratives.<br />

C’est la fraction la plus catastrophique du parc. Les logements inconfortables ne sont<br />

pas nécessairement indignes et les non décents relèvent d’une autre problématique,<br />

même si le lien est évident.<br />

En croisant des données de FILOCOM avec le niveau de revenus des ménages, nous<br />

évaluons que le parc de l’habitat indigne comprend entre 600 000 et 1,2 million de<br />

logements. Le noyau dur de ce parc est de 400 000 à 600 000 logements. Ceux-ci<br />

sont loués ou en pleine propriété. N’oublions pas la fraction inconnue des occupants<br />

d’hôtels meublés, de campings ou d’habitat précaire. Aujourd’hui, en France, il existe des<br />

bidonvilles.<br />

Le programme Habitat indigne doit être renforcé et conforté. Il faut inscrire un volet<br />

habitat indigne dans les Plans départementaux pour le logement des personnes<br />

défavorisées. Actuellement, nous ne disposons pas de suivi sur la qualité des logements.<br />

Il faudrait que le PDALPD encourage la création d’un fichier du logement indigne.<br />

Ce document serait un outil de travail pour les DDASS, les DDE, les collectivités locales,<br />

les demandeurs de logement, les organismes versant les Allocations logement… Des<br />

croisements d’informations sont nécessaires, afin de suivre les mauvais logements. Une<br />

identification fiscale des logements est également nécessaire pour pouvoir suivre les<br />

mutations de logements. Il est inutile de reloger prioritairement, en logement locatif<br />

social, les ménages sortant de logements insalubres si ces logements ne sont pas<br />

<strong>Atelier</strong> 2<br />

43


suivis et si les aides continuent d’être versées au bailleur. La CAF n’est pas<br />

responsable, car elle gère les allocataires, et non les logements.<br />

Il est nécessaire de conforter le programme sur le plan financier. Le plan de cohésion<br />

sociale a énoncé des objectifs précis quant au logement social. Notre partenariat avec<br />

l’ANAH est excellent. Toutefois, nous ne parvenons pas à faire sortir plus de logements<br />

de l’insalubrité parce que le travail de terrain est insuffisant. C’est pourquoi il faut<br />

sanctuariser les crédits d’ingénierie sociale. Aucune politique d’habitat indigne ne peut<br />

fonctionner sans opérateur, ni action de démarchage dans les immeubles. Il faut aller<br />

chercher les locataires, bailleurs ou propriétaires occupants de logements insalubres.<br />

Derrière les façades, on ne voit rien.<br />

Parmi les priorités du programme Habitat indigne figure aussi l’amélioration des<br />

conditions de financement de travaux. Ce point concerne particulièrement les<br />

propriétaires occupants . Depuis longtemps, nous sommes nombreux à soulever la<br />

question du préfinancement des subventions. Comment faciliter l’accès au crédit des<br />

propriétaires occupants pauvres et des bailleurs modestes, ceci dans des conditions de<br />

sécurisation des prêts ? Nous proposons de réviser les conditions d’octroi des Prêts à<br />

l’amélioration de l’habitat gérés par les CAF et les CMSA . Ces crédits doivent être de<br />

véritables prêts à moyen terme permettant aux occupants de sortir, a minima, de<br />

l’habitat indigne. Le PAH existe actuellement. C’est un outil obsolète et mal utilisé, alors<br />

qu’il est disponible à la majorité des bénéficiaires de prestations familiales.<br />

Par ailleurs, il est essentiel d’inciter les organismes bancaires à réinvestir leurs<br />

bénéfices sociaux dans l’amélioration de ce parc indigne.<br />

La lutte et la prévention contre l’habitat indigne passent par le renforcement des<br />

mécanismes de recours relatifs à la décence. Ceux-ci fonctionnent peu et mal.<br />

Aujourd’hui, il y a plus de contentieux sur l’insalubrité que de recours en matière de<br />

décence. En effet, compte tenu de la crise du logement, le locataire ne se défend pas,<br />

faute de moyens intellectuels, juridiques et financiers. De plus, il n’a pas la force<br />

psychologique nécessaire. La violence des rapports locatifs est extrême dans les zones<br />

de marchés tendus. Elle est souvent sous-estimée. Les dispositifs de législation et de<br />

médiation relatifs à la décence doivent être renforcés. La mesure minimale serait que<br />

les contestations en matière de décence soient de la compétence des commissions de<br />

conciliation. Actuellement, notamment grâce aux travaux d’évaluation menés par les<br />

opérateurs, nous avons les moyens de juger de la décence d’un logement. Si la<br />

conciliation n’est pas trouvée en première instance (à dire d’expert), les juges sont à<br />

même de trancher.<br />

De plus, nous travaillons, notamment la Caisse nationale d’allocations familiales, afin de<br />

contrôler davantage les conditions de versement des allocations logement au regard de<br />

la décence du logement. Aujourd’hui, les contrôles sont aléatoires. Ne généralisons pas<br />

le tiers payant institutionnel sans mettre en place un mécanisme de suivi de la décence<br />

des habitations. J’ai visité le bidonville d’Antibes. C’est un amas de baraquements sans<br />

eau ni électricité. Le commissaire enquêteur a émis un avis négatif sur le relogement<br />

des occupants de ce bidonville. Il a précisé que la situation n’était pas catastrophique<br />

puisque les résidents bénéficiaient des allocations logement !<br />

Nous avons élaboré un programme avec la CNAF et la Caisse centrale de mutualité<br />

sociale agricole, afin de travailler en amont sur le suivi de la décence des logements<br />

bénéficiant des aides publiques.<br />

Nous souhaitons améliorer un certain nombre de dispositifs législatifs. Il existe des<br />

distorsions manifestes entre le Code civil et le droit des polices administratives. Le plan


de cohésion sociale insiste sur la clarification et l’harmonisation de certaines dispositions<br />

de police administrative : saturnisme, insalubrité, immeuble en ruine…<br />

Nous agissons également en faveur de la facilitation des travaux. Les travaux d’office<br />

sont liés à l’insécurité ou à la santé. Il faut simplifier les modalités d’intervention des<br />

collectivités publiques dans les immeubles. Par exemple, ne se substituer qu’aux<br />

propriétaires défaillants accélérerait les travaux dans les copropriétés, en ne pénalisant<br />

pas les propriétaires de bonne foi. Ces mesures impliquent de renforcer les garanties<br />

publiques pour récupérer les créances, de permettre de mandater un tiers pour les<br />

travaux d’office, de faciliter l’hébergement temporaire. Il y a un vide juridique en matière<br />

de logement temporaire entre le secteur locatif privé et le parc social public.<br />

Nous suggérons de pénaliser davantage les "marchands de sommeil". A titre<br />

exceptionnel, un mécanisme de séquestre immobilier pourrait-il être envisageable ?<br />

Enfin, les hôtels meublés sont un véritable problème. Ils ont une vraie fonction sociale.<br />

Cependant, leur statut n’est défini nulle part ; ce qui engendre de nombreuses situations<br />

abusives et ingérables. Les aides publiques, via les dispositifs d’urgence, alimentent des<br />

occupations en hôtel meublé, dont on ne peut vérifier la qualité sanitaire. Aujourd’hui,<br />

nous ne disposons pas des moyens juridiques et institutionnels permettant de vérifier cet<br />

état sanitaire et la sécurité de ces meublés. L’hébergement d’urgence est également<br />

une priorité du plan de cohésion sociale.<br />

2. Débat<br />

Marc AUVER, Confédération nationale du logement<br />

Madame Bouché est venue en Seine-Saint-Denis. La situation qu’elle dénonce est réelle.<br />

Un logement est interdit d’habitation en cas d’arrêté de mise en péril. Généralement,<br />

l’appartement attenant reste loué par des ménages qui sont poursuivis s’ils manifestent<br />

leur mécontentement en n’acquittant pas leur loyer. En revanche, le propriétaire,<br />

véritable marchand de sommeil, n’est pas poursuivi. Par conséquent, il est<br />

indispensable de prendre des dispositions afin de punir les mauvais propriétaires, car il<br />

n’y a pas que des mauvais locataires. Par ailleurs, les voitures subissent des contrôles<br />

techniques tous les dix ans. Pourquoi ne pas mettre en place un mécanisme similaire,<br />

afin de contrôler la qualité des logements ? Enfin, l’adjectif " indécent " n’est pas assez<br />

fort pour qualifier certains logements !<br />

Monsieur BONDAT<br />

Il y a quelques années, les propriétaires occupants à très faibles revenus pouvaient<br />

bénéficier d’une aide pour l’achat de matériaux. La réalisation des lots techniques visant<br />

la sortie de l’insalubrité était confiée à des entreprises. L’aide financière permettait de<br />

réaliser de petits travaux, telle la pose de papier peint. Cette mesure peu coûteuse<br />

pourrait-elle être réintroduite ? Madame Bouché n’a pas parlé des critères de confort.<br />

Or certains logements ne sont pas insalubres, mais ils posent des problèmes de santé<br />

publique. On relève de nombreuses infractions aux règlements sanitaires départementaux.<br />

Il y a une dizaine d’années, un travail a été engagé afin de donner une force au volet<br />

habitat des réglementations départementales. Pourrait-on réfléchir de nouveau à cette<br />

question ? Actuellement, nous nous situons énormément dans le champ du droit privé.<br />

<strong>Atelier</strong> 2<br />

45


Un renforcement des règlements départementaux permettrait de s’inscrire dans le<br />

champ des pouvoirs de police du maire. Aujourd’hui, à cause de la décentralisation, la<br />

DDASS, qui accompagnait les maires dans l’application des règles sanitaires<br />

départementales, ne gère plus ce problème.<br />

Céline BRODOVITCH, SIEMP<br />

Souvent, les logements ne sont pas insalubres, mais ils ne respectent pas les règles<br />

énoncées par les décrets sur la décence. En tant qu’opérateur, nous sommes démunis<br />

face à ces familles logées dans des conditions honteuses. Ces ménages en difficulté<br />

n’osent pas porter plainte contre le propriétaire. Avec les associations, nous tentons de<br />

faire respecter leurs droits. Pourrait-on permettre à des associations agréées de se<br />

porter partie civile afin de dénoncer ces situations inadmissibles ?<br />

Par ailleurs, nous rencontrons des difficultés à mettre en œuvre les travaux d’office<br />

lorsque les propriétaires n’engagent pas les travaux prescrits par les arrêtés<br />

d’insalubrité.<br />

Aujourd’hui, nous gérons environ 900 immeubles à Paris. Dans le cadre d’une SEM,<br />

nous pouvons travailler sur des déclarations d’utilité publique afin d’éradiquer l’insalubrité.<br />

Mais lorsqu’un immeuble entier bascule dans l’irréversible, la seule solution serait<br />

l’expropriation publique. Dans d’autres copropriétés, il suffirait juste d’expulser les deux<br />

ou trois marchands de sommeil. Nous sommes dans un vide juridique.<br />

Enfin, j’adhère à la proposition de diagnostic technique du logement. Cette mesure<br />

permettrait d’éviter les locations abusives et les loyers prohibitifs.<br />

Michel PELENC, FNHDR<br />

Des aides plus modulables permettraient de mieux lutter contre l’insalubrité. Aujourd’hui,<br />

les règles de l’ANAH sont strictes. Sur les chantiers importants, il est souvent difficile<br />

de boucler le plan de financement. De plus, il serait nécessaire de mettre en place un<br />

suivi social pour certains occupants. Enfin, l’ingénierie sociale de montage de projets<br />

requiert du temps et de nombreux partenaires. Dans ce cas, les opérateurs sont<br />

faiblement rémunérés.<br />

Bruno DHONT, Association des responsables de copropriétés<br />

Dans de nombreux immeubles, des copropriétaires de bonne foi sont demandeurs de<br />

travaux d’office, mais ne les obtiennent pas. La collectivité pourrait se substituer aux<br />

seuls copropriétaires qui ne payent pas. Ceux-ci sont toujours identifiés. Ces personnes<br />

peuvent être solvables. Elles ne sont pas nécessairement des marchands de sommeil.<br />

La situation est anormale. Des travaux peuvent être votés sous injonction<br />

administrative et ne pas être financés parce que 30 % de débiteurs chroniques ne<br />

règlent pas leur quote part.<br />

Dans votre exposé, vous mentionnez le préfinancement. Cette question n’a pas lieu<br />

d’être. Le véritable problème est le déblocage des financements. Des subventions sont<br />

accordées, mais il faut attendre la fin des travaux pour en bénéficier. Pendant que des<br />

" usines à gaz " se construisent entre les banques et la Caisse des Dépôts, les<br />

immeubles se dégradent sous le regard impuissant des propriétaires.


Je reconnais que la médiation est essentielle. Il faudrait associer davantage les<br />

associations de copropriétaires à cette médiation. Sortons d’une conception basique de<br />

la médiation. C’est un travail de relation entre des statuts différents : propriétaire<br />

occupant ou bailleur, syndic… Dans le programme de lutte contre l’habitat indigne, le<br />

rôle du gestionnaire de copropriété n’est pas suffisamment mis en évidence.<br />

Enfin, les fonds de travaux obligatoires sont un outil préventif. A terme, ils permettraient<br />

aux milliers de copropriétés en difficulté de financer leurs travaux. Contrairement au<br />

Québec ou à l’Autriche, la France est victime d’un blocage juridique et intellectuel sur la<br />

question.<br />

Philippe MORICE, Union régionale PACT ARIM de Bretagne<br />

Il serait facile de fournir rapidement un cadre législatif au contrôle technique du<br />

logement. Etant donné que la location est un acte économique, il n’est pas normal<br />

qu’elle se développe sans contrôle. On n’élève pas du bétail sans contrôle vétérinaire !<br />

Ce contrôle technique doit s’appliquer à l’accession à la propriété. En effet, certains<br />

ménages achètent des biens dégradés à bas prix et se placent durablement en situation<br />

d’indignité.<br />

Je ne remets pas en cause le travail de Nancy Bouché. Toutefois, dans les régions,<br />

il suffit qu’un décideur résiste pour que rien ne se passe. Les programmes d’ingénierie<br />

sont difficiles à mettre en place. Les élus locaux ont du mal à accepter la réalité de<br />

l’indignité de l’habitat sur leur territoire. Il n’est pas possible d’engager une politique de<br />

lutte contre l’habitat indigne avec des moyens précaires.<br />

Nancy BOUCHE<br />

Le programme 13 du plan de cohésion sociale est explicite quant à la nécessité<br />

de s’engager dans une politique de lutte contre l’habitat indigne.<br />

Vous insistez, d’une part, sur le contrôle technique à la mise en location et à l’accession<br />

et, d’autre part, sur un meilleur contrôle effectif de la décence des logements.<br />

Nous réfléchissons à une articulation entre le décret habitat devant remplacer les<br />

règlements sanitaires départementaux, la question de la décence, le droit locatif et le<br />

droit aux allocations logement.<br />

Concernant l’aspect opérationnel, vous avez réagi sur les travaux d’office. L’expérience<br />

du saturnisme a montré que les dispositifs de travaux d’office fonctionnaient.<br />

Des mesures de simplification rendraient ce mécanisme encore plus efficace.<br />

Par ailleurs, dans un programme d’habitat, rien n’empêche de déclarer d’utilité publique<br />

l’acquisition de lots dans une copropriété. Je souligne que le périmètre de restauration<br />

immobilière n’est pas un outil fiscal ; c’est un outil d’aménagement. Dans le cadre de ce<br />

périmètre, il est possible d’exproprier les copropriétaires qui ne peuvent, ou ne veulent,<br />

réaliser les travaux d’office afin de sortir de l’insalubrité. Les mécanismes de déclaration<br />

d’utilité publique peuvent être activés, si nécessaire. Les travaux de sortie d’insalubrité<br />

sont obligatoires et sont donc déductibles de l’indemnité d’expropriation. Certes, les<br />

mécanismes juridiques sont compliqués. Mais les situations sont difficiles et complexes.<br />

Enfin, je réponds à l’ARC. Le préfinancement des subventions est une question<br />

essentielle pour les propriétaires occupants.<br />

<strong>Atelier</strong> 2<br />

47


V. Troisième séquence : les copropriétés en difficulté<br />

1. Introduction<br />

Danièle DUBRAC<br />

La loi SRU et le plan Borloo abordent la question des copropriétés en difficulté. Ce thème<br />

recouvre cinq points.<br />

Premièrement, mieux identifier ces copropriétés permettrait de mener des actions<br />

préventives, plutôt que curatives. Il est nécessaire d’agir avant que les situations soient<br />

irrémédiables. Dans les copropriétés, les problèmes rencontrés sont de différentes<br />

natures : technique, environnementale, sociale, économique. Nous obtenons des<br />

renseignements par les CAF, les centres sociaux, les concessionnaires d’énergie…<br />

Comment mettre en place un système de veille, sachant que les sources d’information<br />

sont éparses ? En tant que professionnels de l’immobilier, nous disposons d’évaluations<br />

sur des paramètres de gestion que nous pourrions transmettre, dans le cadre d’un<br />

partenariat. Mais nous ignorons les difficultés individuelles des propriétaires occupants<br />

ou des bailleurs.<br />

Deuxièmement, il faudrait développer les compétences des acteurs et accompagner<br />

l’accession. Sur ce sujet, abordé par la loi SRU, il existe un excellent rapport du conseil<br />

économique et social. Il est nécessaire de trouver une solution afin d’empêcher<br />

n’importe qui de devenir acquéreur. En effet, certaines personnes ne connaissent pas<br />

les obligations liées à l’acquisition d’un bien immobilier. Un conseil aux accédants ou un<br />

"diagnostic acquisition" permettrait de leur expliquer les mécanismes de la propriété :<br />

les droits et les obligations, le statut de copropriétaire, les frais de copropriété…<br />

Par ailleurs, dans le cadre d’un redressement, l’administrateur provisoire devrait être<br />

titulaire d’une carte professionnelle. Ce métier est compliqué. Les copropriétés et les<br />

sociétés ont des structures et des problématiques hétérogènes. Nous suggérons qu’un<br />

plan de redressement soit défini, lorsqu’un juge désigne un administrateur provisoire. A<br />

la fin de sa mission, ce dernier devrait produire un rapport d’activité. Le financement de<br />

cet administrateur pourrait être pris en charge par l’aide juridictionnelle. Il serait<br />

préférable que l’assistant de l’administrateur soit sélectionné à partir d’une liste<br />

d’experts ou syndics spécialisés volontaires. Le redressement d’une copropriété<br />

comprend diverses dimensions: la résolution de conflit, la requalification technique, le<br />

redressement de trésorerie…<br />

Troisièmement, le préfinancement des subventions publiques est un véritable problème.<br />

Auparavant, le système reposait sur la Caisse des Dépôts et, notamment, la Caisse<br />

d’Epargne. Aujourd’hui, la mobilisation des banques privées implique une mise en œuvre<br />

très lourde. Il n’est pas certain que les banques adhèrent à ce système de prêt pour<br />

préfinancement. Soulignons que les copropriétés en difficulté n’ont pas de fonds<br />

disponibles. Il y a une solidarité de fait, mais pas de solidarité juridique. Un dispositif<br />

souple sous forme d’avance de fonds faciliterait-il l’engagement des travaux ?<br />

De plus, les aides versées aux copropriétés en difficulté ne sont pas coordonnées. Ces<br />

copropriétés reçoivent, heureusement, de nombreuses aides. Dans le cadre des plans<br />

de sauvegarde, la contribution de l’ANAH est extraordinaire. Toutefois, les aides<br />

proviennent de toutes parts et de manière irrégulière. Ainsi, lors d’un projet de<br />

réhabilitation, il est difficile de faire coïncider les plannings techniques et financiers.<br />

Comment mettre en place un dispositif permettant de centraliser ces aides ?


Quatrièmement, il est indispensable d’adapter les modalités de gestion actuelles. Tous<br />

les trois ans, nous proposons un système de provision pour travaux futurs. Rappelons<br />

que, dans les copropriétés, les décisions se prennent en assemblée générale.<br />

Le gestionnaire ne décide pas de la stratégie patrimoniale. Par conséquent, la<br />

proposition de provision n’est pas toujours suivie. Il faudrait rendre ce système<br />

obligatoire. Cela permettrait, non seulement de rattraper des retards de gestion<br />

chroniques, mais surtout de pratiquer une véritable gestion prévisionnelle des<br />

travaux. Le dispositif de provision pour travaux futurs serait associé à un plan de<br />

patrimoine. Ce plan serait une garantie de sérieux pour les futurs acheteurs.<br />

Les acquéreurs connaîtraient ainsi les travaux envisagés et les provisions affectées à<br />

chaque projet. Le plan de patrimoine rassurerait également quant au bon maintien en<br />

conservation des parties communes des ensembles immobiliers.<br />

Cinquièmement, il faut permettre aux syndicats de recouvrer rapidement les charges<br />

des débiteurs notoires. Aujourd’hui, une procédure relative aux provisions sur charges<br />

existe. Elle pourrait être étendue aux provisions sur travaux, puisque nous gérons des<br />

budgets de charges et de travaux. Par ailleurs, il est essentiel de rendre possible<br />

la saisie conservatoire bancaire des charges, comme c’est le cas,actuellement, pour les<br />

loyers.<br />

L’individualisation des charges est une manière de responsabiliser les occupants.<br />

Concernant l’eau, le dispositif d’individualisation pourrait être amélioré. Je me réfère ici<br />

à l’article 93 de la loi SRU.<br />

Enfin, comment rendre solvables les copropriétaires et les syndics ? Le FSL est de droit,<br />

pour les copropriétaires en plan de sauvegarde. En Seine-Saint-Denis, je n’ai jamais<br />

rencontré de problème. Toutefois, il semblerait que le FSL ne soit pas toujours ouvert à<br />

certains copropriétaires. Comment exiger l’application de ces règles ? Par ailleurs,<br />

l’endettement des copropriétaires est problématique. Il faudrait que les dettes de<br />

copropriétés soient exclues du champ d’application des lois relatives au surendettement<br />

et aux faillites civiles personnelles. Nous travaillons dans des copropriétés où des<br />

personnes sont concernées par le surendettement. Or, il n’existe pas de solidarité<br />

juridique. Que faire de ces dettes non recouvrables ? Les liquidations judiciaires<br />

débitrices, les résiduels de charges non récupérés sur les ventes aux enchères ou en<br />

cas de vente forcée, les successions vacantes déficitaires génèrent des impayés dans<br />

le cadre de la comptabilité de l’ensemble immobilier… Comment compenser, voire<br />

financer, ces impayés ? Je ne suis pas extrêmement favorable à l’abandon de créance.<br />

Toutefois, ce dispositif permettrait, peut-être, de résoudre ce problème.<br />

2. Débat<br />

Nathalie DOMENACH, URPACT Rhône-Alpes<br />

La région Rhône-Alpes était fortement mobilisée sur la question des copropriétés<br />

dégradées, avec notamment des aides régionales au logement. Or, actuellement, ce<br />

problème est moins suivi, par manque de moyens. Nous conservons les plans de<br />

sauvegarde. Mais il y a moins, voire très peu, d’opérations programmées d’amélioration<br />

de copropriétés dégradées. Cette diminution est due au fait que les crédits d’animation<br />

de ces actions appartiennent à la ligne fongible et ont été restreints. L’observatoire<br />

régional pour l’amélioration a étudié ce problème. Il dénonce la situation paradoxale<br />

suivante. Les dispositifs d’aide à la copropriété dégradée (fragilisée ou en danger) sont<br />

<strong>Atelier</strong> 2<br />

49


ien conçus. Par conséquent, ils sont coûteux et ne sont donc pas mobilisés à la<br />

hauteur des besoins.<br />

De la salle<br />

Il est nécessaire que la commune intervienne pour résoudre ce problème. De plus, il faut<br />

renforcer le droit de préemption. En effet, de nombreux ménages en difficulté achètent<br />

lorsqu’ils ne parviennent pas à louer. Or ces personnes ne sont pas en mesure de payer<br />

les charges de copropriété.<br />

Bruno DHONT, Association des responsables de copropriétés<br />

Vous avez mentionné les aides, parfois surdimensionnées, en matière d’aide à la pierre.<br />

Mis à part les 60 plans de sauvegarde, il n’y pas d’intervention programmée en<br />

matière de copropriété fragile. Ainsi, le problème n’est pas les copropriétés identifiées<br />

comme étant déjà dégradées. Il se situe au niveau des copropriétés fragilisées qui<br />

sombrent progressivement. Certes, les moyens financiers et humains sont insuffisants.<br />

Mais ce sont surtout les moyens judiciaires qui font défaut. L’année dernière,<br />

la proposition de Monsieur Borloo concernant l’habilitation d’administrateurs provisoires<br />

compétents n’a pas été retenue. Le Ministère du <strong>Logement</strong> et la Chancellerie coopèrent<br />

peu sur ce thème. Or la question du recouvrement rapide est le cœur du problème des<br />

copropriétés en difficulté. Tant qu’il n’existera pas des mesures de sanction, voire<br />

d’expulsion, pour non-paiement répété de charges durant cinq ans, les personnes en<br />

difficulté, voire insolvables, continueront d’accéder à la propriété.<br />

Je suis frappé d’apprendre que le programme 13 propose de renforcer l’injonction de<br />

payer pour obtenir une exécution par provision. Cette mesure est vaine. Aujourd’hui,<br />

l’article 19.2 de la loi du 10 juillet 1965 est efficace. Chacun se heurte à la difficulté de<br />

mise en œuvre des mesures d’exécution, telle la saisie immobilière. Or, depuis vingt ans,<br />

chacun sait que la saisie immobilière doit être réformée. En voulant renforcer l’injonction<br />

de payer, on se moque des copropriétaires !<br />

Le problème judiciaire est réel. Dans les départements sinistrés, notamment en<br />

Seine-Saint-Denis, il suffirait de nommer quelques magistrats spécialisés dans le<br />

traitement des copropriétés en difficulté pour résoudre la moitié des problèmes. Que fait<br />

le gouvernement pour forcer le Ministère de la Justice à mieux s’impliquer dans le<br />

traitement des copropriétés en difficulté ?<br />

Céline BRODOVITCH (SIEMP)<br />

La Chambre syndicale des syndics réfléchit-elle à la question de la rémunération ?<br />

En effet, ce point est souvent un sujet de litige entre les copropriétaires et les syndics.<br />

Je suis en relation avec environ 200 syndics. Ils n’ont pas tous les mêmes<br />

compétences, modes de rémunération, manières de travailler… La rémunération<br />

s’opère généralement au forfait. Souvent, les copropriétaires constatent que la liste des<br />

prestations s’allonge chaque année. Logiquement, de nombreuses copropriétés<br />

choisissent les syndics qui proposent moins de prestations forfaitaires au lot, voire<br />

uniquement l’envoi des comptes trimestriels.


Je suis étonnée par les diverses manières de pratiquer le métier de syndic. Face à des<br />

copropriétés en difficulté, nous avons besoin de travailler avec des professionnels<br />

sérieux et soucieux de leur mission. Or, actuellement, de nombreux syndics gèrent des<br />

copropriétés dégradées, sans vraiment se saisir de l’ensemble du problème.<br />

Par ailleurs, j’ignore où en est l’observatoire chargé de l’étude des copropriétés en<br />

Seine-Saint-Denis. Paris met en place un système identique. L’observatoire centralisera<br />

les informations de l’ensemble des acteurs. De plus, chaque mois, les administrations<br />

et les opérateurs devront actualiser leurs données. Cet observatoire sera un outil<br />

essentiel de prévention. J’espère qu’il permettra d’éviter de futures dégradations.<br />

Marc ROYO, Association de portage solidaire<br />

Nous sommes partenaires des plans de sauvegarde. Nous rachetons des lots mis aux<br />

enchères afin d’éviter qu’ils ne tombent dans l’escarcelle des marchands de sommeil.<br />

Cependant, aucun financement ne correspond à cette mission de portage.<br />

De la salle<br />

La Seine-Saint-Denis compte 30 plans de sauvegarde ainsi que de nombreuses<br />

opérations programmées d’amélioration de l’habitat copropriétés.<br />

Certes, il existe des copropriétaires de mauvaise foi. Mais d’autres copropriétaires<br />

traversent des situations économiquement difficiles et certains n’ont pas choisi d’être<br />

propriétaires. Il est donc nécessaire de prendre en compte ces situations particulières.<br />

Il y a dix ans, on disait que 90 % des syndics étaient malhonnêtes. Aujourd’hui, le métier<br />

de syndic doit être plus encadré.<br />

Par ailleurs, l’individualisation de l’eau est un problème réel. Son coût financier varie en<br />

fonction du système de canalisation des immeubles. Je ne comprends pas que<br />

l’individualisation ne soit pas obligatoirement mise en place dans les immeubles neufs.<br />

C’est un fréquent sujet de discorde dans les copropriétés. En Seine-Saint-Denis, dans de<br />

nombreux immeubles neufs, des travaux sont effectués afin de permettre une<br />

individualisation de l’eau. Ce n’est pas logique.<br />

Nancy BOUCHE, DGUHC<br />

De nombreux syndics cumulent les fonctions de : syndic de copropriété, administrateur<br />

de bien, vendeur… Parfois, ils sont même marchands de sommeil. Plus les<br />

copropriétés sont insalubres, plus cette situation se rencontre.<br />

Il serait intéressant d’étudier l’état et les modalités de la copropriété dans les différents<br />

pays européens. Un programme européen permettrait d’observer les outils et les<br />

solutions utilisées par chacun.<br />

Par ailleurs, je propose d’étendre la procédure de saisie conservatoire, actuellement<br />

applicable au loyer, aux charges de copropriété. Cela permettrait à un huissier d’opérer,<br />

sans autorisation préalable du juge, une saisie conservatoire préalable, avec ou sans<br />

titre exécutoire. Cette mesure est soutenue par les professionnels, notamment les<br />

avocats spécialisés dans les copropriétés en difficulté. Elle serait efficace et peu<br />

coûteuse.<br />

<strong>Atelier</strong> 2<br />

51


Danielle DUBRAC<br />

Je suis d’accord avec vous.<br />

Concernant les syndics, les professionnels de l’immobilier nous ont habitués à un niveau<br />

de rémunération. Les associations de consommateurs ne nous ont pas toujours<br />

défendus en matière de coût ramené au lot. Aujourd’hui, la situation a évolué. Les<br />

acteurs se concertent. Actuellement, la CNAC réfléchit sur le coût de chaque acte de<br />

gestion (frais de prestations intellectuelle et technique). Nous devons expliquer que, par<br />

exemple, une remise à jour induit des frais. Le particulier confond souvent les<br />

honoraires de gestion courante et la gestion courante qui peut donner matière à<br />

rémunération.<br />

En conclusion, le syndic est un intervenant de la chaîne de l’immobilier. Il a un rôle social<br />

à jouer dans les copropriétés en difficulté. Nous devons être partenaires. Nous<br />

souhaitons nous mobiliser encore davantage auprès des institutions et des collectivités<br />

locales. Il faut faire confiance aux professionnels de l’immobilier, notamment aux syndics.<br />

Les syndics pourraient servir d’interface dans les actions publiques.<br />

Serges CONTAT<br />

Un site Internet dédié aux copropriétés vient d’être créé : www.coproprietes.org. Il a été<br />

réalisé par l’ANAH, le Ministère du <strong>Logement</strong>, la délégation interministérielle à la ville.<br />

VI. Quatrième séquence : l’adaptation du parc privé aux besoins des personnes<br />

âgées et des personnes en situation de handicap<br />

1. Introduction<br />

Rémi GERARD<br />

Le plan canicule est sorti l’année dernière. Aujourd’hui, le Ministre présente le plan de<br />

cohésion sociale. Parfois, il est légitime de se demander comment ces deux plans<br />

s’articulent !<br />

La question de l’adaptation de l’habitat des personnes âgées a été soulevée après la<br />

canicule. On a beaucoup parlé des maisons de retraite et des hôpitaux et peu de<br />

l’habitat existant (privé ou public). Or les personnes âgées résident majoritairement dans<br />

leur propre logement. Leur lieu de résidence est souvent inconfortable et inadapté.<br />

Nous vieillirons tous. Par conséquent, l’adaptation du logement des personnes âgées<br />

nous concerne tous. Elle requiert un traitement particulier.<br />

Généralement, il nous semble que les questions relatives aux personnes âgées et<br />

handicapées sont d’ordre médico-social. On pense aux aides humaines ou techniques,<br />

en oubliant l’adaptation du logement. Or il est nécessaire que les dispositifs destinés aux<br />

personnes âgées intègrent une réflexion sur l’habitat. L’APA, les CLICS, les Maisons du<br />

handicap de demain commencent à travailler sur le volet de l’adaptation du logement au<br />

vieillissement ou au handicap. Nous devons nous battre en permanence afin que ce sujet


soit pris en compte. Dans de nombreux départements et sites, nous avons encore du<br />

mal à convaincre nos interlocuteurs.<br />

La question de l’adaptation du logement concerne tous les types d’habitat et les<br />

territoires. Son périmètre opérationnel n’est pas déterminé. Parfois, les copropriétés<br />

sont impliquées. Cette question est centrale dans le secteur des maisons individuelles.<br />

Ainsi, nous nous demandons comment les maisons à étages des grands lotissements<br />

seront adaptables aux besoins des personnes âgées.<br />

Aujourd’hui, les personnes âgées ont, globalement, des ressources satisfaisantes.<br />

Toutefois, les générations de futurs retraités auront certainement moins de chance,<br />

notamment en raison du chômage de longue durée. Il faudra tenir compte de la baisse<br />

de niveau de vie des personnes vieillissantes.<br />

Il est nécessaire que la question de l’adaptation du logement au vieillissement soit prise<br />

en compte, comme l’est celle du handicap actuellement. Toutes deux doivent être des<br />

priorités nationales. L’ANAH soutient les personnes handicapées. Il faudrait lui accorder<br />

les moyens de mener le même type d’action après des propriétaires occupants ou des<br />

bailleurs âgés.<br />

Il est indispensable de mener des actions concertées. Les programmes locaux d’habitat<br />

ou les dispositifs de coordination gérontologique doivent réaliser que le problème de<br />

l’adaptation du logement est central. Si nous ne parvenons pas à adapter durablement<br />

l’habitat des personnes âgées, celles-ci pèseront sur la demande de HLM, contre leur<br />

gré.<br />

Il faut créer et développer un dispositif de bourse au logement adapté. De plus en plus<br />

de logements sont adaptés. Lorsqu’une personne handicapée ou âgée déménage après<br />

avoir effectué des travaux, son logement n’est généralement pas repris par quelqu’un<br />

qui profiterait de l’infrastructure. Ainsi nous perdons de nombreux logements adaptés.<br />

Avec les bailleurs, nous devons concevoir un dispositif simple qui permettrait de mieux<br />

gérer ce stock de logements. Certes, comme les handicaps sont différents suivant les<br />

personnes, il sera toujours nécessaire d’effectuer des travaux. Mais le chantier sera<br />

moins important qu’il ne l’était au départ.<br />

Monsieur Daubresse a précisé qu’il fallait que l’ascenseur social fonctionne. Sur le<br />

terrain, nous rencontrons de fréquents problèmes pour adapter les ascenseurs des<br />

immeubles privés ! Dans les copropriétés et les immeubles collectifs, les financements<br />

manquent pour ce type de travaux. Il faut adapter le logement même, ainsi que<br />

l’ascenseur. Cet équipement permet d’accéder à l’intérieur et à l’extérieur de l’immeuble.<br />

Il met la personne âgée ou handicapée en relation avec l’environnement extérieur.<br />

<strong>Atelier</strong> 2<br />

53


2. Débat<br />

Monsieur BONDAT<br />

Comment mieux coordonner les actions entre des services existants et disposer d’une<br />

ingénierie appropriée à la gestion du stock?<br />

Par ailleurs, les travaux d’adaptation concernent la personne. Si l’ANAH prend en<br />

charge cette question, il conviendra de distinguer les travaux d’adaptation des travaux<br />

d’amélioration. Par exemple, lorsqu’une personne âgée a un poêle à bois, elle doit<br />

l’alimenter. La transformation de cet outil de chauffage en chaudière à gaz est une<br />

amélioration, mais aussi une adaptation.<br />

Enfin, il faudrait que les dispositifs de financement d’aide à l’adaptation du logement<br />

soient rapides et simples.<br />

Philippe MORICE, Union générale PACT ARIM de Bretagne<br />

La question de l’adaptation de l’habitat des personnes vieillissantes et handicapées est<br />

cruciale, notamment pour les départements qui accueillent une population âgée plus<br />

importante qu’ailleurs (anciens résidents et nouveaux arrivants). Gardons-nous<br />

d’appliquer des solutions toutes faites. Après le " tout hébergement ", ne faisons pas du<br />

" tout à domicile ". Ce serait de l’assignation à résidence. Comme pour les populations<br />

en difficulté, intégrons la solution logement dans un projet de vie. Les personnes âgées<br />

et handicapées ont également le droit de choisir un logement convenable et d’accéder<br />

à la mobilité résidentielle. Par exemple, en milieu rural, de nombreuses veuves n’ont pas<br />

le permis de conduire. Elles vivent dans des maisons isolées, trop grandes, peu<br />

adaptées… Une solution locative leur conviendrait peut-être mieux. Par ailleurs,<br />

actuellement les enfants désirant accueillir un parent âgé ne disposent pas de moyens<br />

propres pour adapter leur logement et créer un espace pour leur parent. Ils ne<br />

reçoivent pas d’aide, car l’ANAH prend en compte les ressources du ménage.<br />

Il faut imaginer des solutions sur cette question de l’hébergement familial.<br />

En conclusion, je m’interroge sur les moyens dévolus à l’ANAH. Les ambitions du<br />

programme sont démesurées. L’ANAH n’est pas en mesure de produire du parc locatif<br />

adapté, puisque ses crédits sont consacrés à d’autres priorités. Si nous suivons le<br />

programme, l’ANAH ne financera plus que les rares opérations de traitement de<br />

l’insalubrité permettant de faire du logement conventionné ; ceci en secteur à marché<br />

tendu, en copropriété en difficulté ! Les aides seront ainsi concentrées sur un nombre<br />

restreint de logements.<br />

Il est nécessaire que chacune des priorités de la politique de l’Etat soit en adéquation<br />

avec les réglementations et les moyens dévolus à l’ANAH. Je m’inscris contre la<br />

" fongibilisation " : celle des enveloppes de l’ANAH ou des crédits au logement,<br />

en général. Cela renvoie aux acteurs locaux la responsabilité du choix des priorités.<br />

Ceux-ci seraient contraints d’arbitrer entre le traitement de l’insalubrité, les<br />

copropriétés en difficulté…. Cela n’est pas normal<br />

Michel PELENC, FNHDR<br />

Le problème est souvent d’adapter le logement aux besoins de la personne. Mais on<br />

pourrait anticiper le traitement de l’adaptabilité dans les chaînes de construction et de<br />

réhabilitation. Il s’agirait de produire un maximum de logements accessibles et adaptables.


Monsieur DUBIN, FNC PACT ARIM<br />

Je m’exprime en tant qu’administrateur d’une caisse de retraite nationale. Il est faux<br />

d’affirmer que l’ensemble des retraités ont des revenus satisfaisants. Nombre d’entre<br />

eux ont des ressources mensuelles inférieures à 500 euros. De plus, les caisses de<br />

retraites sont en difficulté. Par conséquent, elles démobilisent les crédits qu’elles<br />

consacraient à l’amélioration du logement. Enfin, les banques sont réticentes pour<br />

financer ces travaux lorsque ces personnes n’ont pas de garantie personnelle. Il faudrait<br />

donc mener une action visant le système bancaire.<br />

Rémi GERARD<br />

La question de l’organisation des services est récurrente. Il faut y répondre sans<br />

mettre en place des dispositifs complexes et inefficaces. L’articulation entre les acteurs<br />

sociaux et ceux de l’habitat doit être améliorée.<br />

Il est vrai que des enfants accueillent leurs parents. Mais il existe également des familles<br />

d’accueil pour les personnes âgées ou handicapées. Il est indispensable de faire<br />

avancer les dispositifs permettant d’adapter l’habitat des familles qui reçoivent ces<br />

personnes.<br />

Par ailleurs, globalement, les retraités disposent de ressources, même si une partie de<br />

cette population a de faibles moyens. Si les caisses de retraite se retiraient<br />

du dispositif, les conséquences seraient catastrophiques. En effet, elles ont été<br />

précurseurs dans ce combat. Elles permettent aux fonds sociaux de croiser les<br />

financements.<br />

Je suis convaincu qu’il est possible d’élaborer une véritable politique d’adaptation de<br />

l’habitat, ceci en mettant en place des mécanismes simples. Malheureusement,<br />

personne ne représente les personnes âgées ou handicapées résidant dans le parc privé<br />

(propriétaires occupants et locataires). Aucun interlocuteur ne parle en leur nom. Il y a<br />

un réel problème de représentativité. Ainsi, les situations du parc privé ne sont pas<br />

toujours identifiées.<br />

Il ne faut pas que la crise du logement et l’insuffisance de l’offre masquent la question<br />

de l’adaptation de l’habitat.<br />

Georges CAVALLIER<br />

La richesse des débats a prouvé que nous discutons de thèmes majeurs. Nous sommes<br />

tous convaincus du caractère essentiel des sujets abordés. Pourtant, ceux-ci sont mal<br />

connus. Ainsi, tout le monde parle du plan Borloo. Les journalistes décrivent les<br />

programmes 12 et 14. Mais ils s’arrêtent peu sur le programme 13. Nous devrons<br />

davantage communiquer sur les sujets qui nous préoccupent.<br />

L’arbre de la technique cache souvent la forêt du politique. Les sujets que nous traitons<br />

sont éminemment politiques. L’approche technique est indispensable et complexe. Mais<br />

elle finit toujours par occulter la dimension essentielle.<br />

<strong>Atelier</strong> 2<br />

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