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13 MONTAGNES<br />
Jeudi 28 avril 2005 L’Express<br />
Une école dev<strong>en</strong>ue fantôme<br />
LA CHAUX-DE-FONDS Ouverte <strong>en</strong> 2003, une école internationale devait préparer des étudiants étrangers à <strong>en</strong>trer<br />
dans les universités anglo-saxonnes. Moins de deux ans plus tard, elle est fermée. Des élèves se plaign<strong>en</strong>t<br />
Par<br />
Robert Nussbaum<br />
En décembre 2002,<br />
l’équipe neu<strong>ch</strong>âteloise<br />
de la promotion économique<br />
prés<strong>en</strong>tait «Eu Link International<br />
Education C<strong>en</strong>ter»<br />
(Eiec), une école privée internationale<br />
qui a ouvert ses portes<br />
au début de l’été suivant à<br />
La Chaux-de-Fonds. Sur le papier,<br />
des étudiants du monde<br />
<strong>en</strong>tier devai<strong>en</strong>t s’y préparer<br />
aux exam<strong>en</strong>s d’<strong>en</strong>trée des universités<br />
anglo-saxonnes. Deux<br />
ans plus tard, les locaux de la<br />
place de la Gare 4 sont fermés.<br />
L’école n’existe plus.<br />
«Nous n’avons reçu<br />
aucun programme,<br />
seulem<strong>en</strong>t deux livres<br />
d’une méthode<br />
de français (...)»<br />
P<strong>en</strong>dantunanetdemi,Eu<br />
Link a disp<strong>en</strong>sé des cours de<br />
langues controversés. «Nous<br />
n’avons reçu aucun programme,<br />
seulem<strong>en</strong>t deux livres d’une méthodedefrançais<br />
et des photocopies<br />
d’exercices pour l’anglais», affirme<br />
un étudiant du Bangladesh,<br />
Que sont-ils dev<strong>en</strong>us?<br />
Une dizaine parmi les<br />
étudiants qui ont été<br />
laissés sur le carreau<br />
ont trouvé une plan<strong>ch</strong>e de salut<br />
à l’Ecole Bénédict de Neu<strong>ch</strong>âtel.<br />
«Nous avons pu leur proposer<br />
une formation assez rapide<br />
de tourisme et gestion <strong>en</strong> deux<br />
ans, à raison de 30 heures par semaine,<br />
avec un diplôme qui leur<br />
permettra de travailler dans leur<br />
pays ou ailleurs <strong>en</strong> Asie», explique<br />
sa directrice Sylvie Gandolfo,<br />
qui n’est pas t<strong>en</strong>dre vis-<br />
pourtant admis à l’école <strong>en</strong> été<br />
dernier pour suivre un programme<br />
de préparation à un<br />
baccalauréat universitaire <strong>en</strong><br />
gestion d’<strong>en</strong>treprises (Ba<strong>ch</strong>elor<br />
in business administration). Il<br />
avance n’avoir eu droit qu’à 12<br />
heures de cours par semaine.<br />
Ceux d’anglais étai<strong>en</strong>t sans intérêt.<br />
R<strong>en</strong>contrés avec lui <strong>en</strong><br />
novembre dernier, plusieurs<br />
compatriotes abondai<strong>en</strong>t dans<br />
son s<strong>en</strong>s. Même un <strong>en</strong>seignant<br />
remarquait anonymem<strong>en</strong>t: «Ça<br />
flotte beaucoup».<br />
L’hébergem<strong>en</strong>t prévu par le<br />
contrat d’écolage ne t<strong>en</strong>ait pas<br />
davantage la route aux yeux de<br />
ces étudiants, qui ne s’att<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t<br />
pourtant pas à un palace.<br />
«Au début, il n’y avait ri<strong>en</strong><br />
dans les <strong>ch</strong>ambres, ri<strong>en</strong> pourfaire la<br />
cuisine, pas de casserole, pas de table»,<br />
dit Mohammad Ahmad,<br />
un apatride d’origine pakistanaise<br />
v<strong>en</strong>u <strong>en</strong> aide à ses compatriotes,<br />
faisant avec eux de la récup’<br />
pour meubler les appartem<strong>en</strong>ts.<br />
L’un de ces étudiants<br />
nous a <strong>en</strong>fin montré une facture<br />
d’Eu Link: 21.000 fr. pour<br />
six mois (dont 12.000 fr. d’écolage,<br />
1800 fr. d’hébergem<strong>en</strong>t,<br />
etc.). Il <strong>en</strong> a payé 13.800.<br />
Contacté dans la foulée, le directeur<br />
de l’Eiec, le Suisse d’ori- gine indi<strong>en</strong>ne Deep<strong>en</strong> Ram,<br />
s’est déf<strong>en</strong>du avec vigueur:<br />
«Touslesétudiantssavai<strong>en</strong>tque<br />
à-vis du manque de professionalisme<br />
de l’Eiec.<br />
L’Association neu<strong>ch</strong>âteloise<br />
des écoles privées,<br />
qu’elle préside, avait<br />
d’ailleurs refusé sa demande<br />
d’admission. Pour l’instant,<br />
les anci<strong>en</strong>s élèves de l’Eiec<br />
consolid<strong>en</strong>t leurs notions de<br />
français, à raison de 20 heures<br />
par semaine. «Ce sont des étudiants<br />
de bon niveau. J’ai beaucoup<br />
de plaisiravec eux», dit Sylvie<br />
Gandolfo. /ron<br />
p<strong>en</strong>dant les six premiers mois ils<br />
n’aurai<strong>en</strong>t que des cours de langues.<br />
Dans le cadre de cette année<br />
préparatoire aux universités, nous<br />
avons comm<strong>en</strong>cé par une mise à niveau<br />
de nos étudiants <strong>en</strong> anglais et<br />
français. Mais très peu y sont arrivés».<br />
Un programme <strong>en</strong> sci<strong>en</strong>ces<br />
économiques était prévu<br />
par la suite. Les cours de langue?<br />
Seize heures par semaine<br />
avec des supports sérieux, plus<br />
quatre heures de «e-learning»<br />
sur internet, affirmait Deep<strong>en</strong><br />
Ram. Sortis d’une classe, quatre<br />
étudiants étai<strong>en</strong>t même v<strong>en</strong>us<br />
dire, gênés, leur satisfaction devant<br />
leur directeur.<br />
Toujours à la fin de l’année<br />
dernière, le <strong>ch</strong>efdu Service cantonal<br />
des étrangers Serge<br />
Gamma, <strong>en</strong> l’occurr<strong>en</strong>ce<br />
<strong>ch</strong>argé de l’octroi et du contrôle<br />
des permis d’étudiants, faisait<br />
état de difficultés à obt<strong>en</strong>ir<br />
des informations auprès d’Eu<br />
Link . «On compr<strong>en</strong>d les erreurs de<br />
jeunesse d’une école qui vi<strong>en</strong>t de se<br />
lancer, mais avec celle de Deep<strong>en</strong><br />
Ram, on a mis du temps à mettre <strong>en</strong><br />
placelepuzzle». Serge Gamma a<br />
noté qu’<strong>en</strong> 2003 déjà, quelques<br />
étudiants <strong>ch</strong>inois – les élèves<br />
d’Eu Link prov<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> fait<br />
exclusivem<strong>en</strong>t du Bangladesh<br />
et de Chine – étai<strong>en</strong>t v<strong>en</strong>us se<br />
plaindre des cours. Dans les appartem<strong>en</strong>ts<br />
visités par le <strong>ch</strong>efde<br />
service, il y avait «des <strong>ch</strong>oses à<br />
améliorer». «C’est vrai qu’il n’y<br />
avait ri<strong>en</strong> ou très peu de <strong>ch</strong>oses au<br />
niveaubatteriedecuisine».<br />
Eu Link a accueilli <strong>en</strong> plusieurs<br />
volées une c<strong>en</strong>taine<br />
d’étudiants arrivés <strong>en</strong>tre juin<br />
2003 et juillet 2004. «Certains<br />
sont vraisemblablem<strong>en</strong>t partis<br />
avant terme. On ne sait pas toujours<br />
quelle était leur destination»,<br />
a admis Serge Gamma. Pour<br />
lui, ils ont quasim<strong>en</strong>t tous<br />
quitté la Suisse. Mais là <strong>en</strong>core,<br />
le <strong>ch</strong>efde service dit avoir eu de<br />
la peine à obt<strong>en</strong>ir les informations<br />
nécessaires d’Eu Link.<br />
Au dernier trimestre 2004, il<br />
restait une tr<strong>en</strong>taine d’étudiants<br />
inscrits à l’Eiec, qui se vidait.<br />
L’école t<strong>en</strong>tait alors de «repositionner<br />
son programme»,unmot<br />
de son directeur qui ne souhaitait<br />
pas qu’on étale ses difficultés<br />
sur la place publique. Il négociait<br />
alors une collaboration avec<br />
d’autres écoles ou part<strong>en</strong>aires.<br />
Mais <strong>en</strong> octobre, le Service<br />
desétrangersarefusédedélivrer<br />
une tr<strong>en</strong>taine de permis à<br />
une nouvelle volée d’étudiants,<br />
toujours <strong>ch</strong>inois et bangladais.<br />
«On parle de restructuration, mais<br />
nous n’avons ri<strong>en</strong> de concret. Visà-vis<br />
des étudiants, on ne peut se<br />
permettre d’accorder des permis si<br />
ri<strong>en</strong> n’est <strong>en</strong> place», disait alors<br />
clairem<strong>en</strong>t Serge Gamma. Flanquées<br />
de ce refus, les négociations<br />
pour relancer l’école<br />
n’ont pas abouti. Les derniers<br />
étudiantssontpartis<strong>en</strong>février<br />
dernier. /RON<br />
Passion dévorante pour les plantes<br />
LA CHAUX-DE-FONDS L’Université populaire neu<strong>ch</strong>âteloise propose un cours à la découverte des plantes<br />
carnivores. Il sera donné par un amateur <strong>ch</strong>aux-de-fonnier, par ailleurs professeur au lycée, et l’un de ses amis<br />
Nombreux sont les curieux<br />
qui, un jour ou<br />
l’autre, ont a<strong>ch</strong>eté une<br />
plante carnivore dans une<br />
grande surface. Pour aussitôt<br />
dé<strong>ch</strong>anter: souv<strong>en</strong>t, ces plantes<br />
meur<strong>en</strong>t très vite. «Les mar<strong>ch</strong>ands<br />
se cont<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t d’indiquer<br />
quelaplante«préfère» l’eau de<br />
pluie, alors qu’<strong>en</strong> réalité il faut absolum<strong>en</strong>t<br />
les arroser avec de l’eau de<br />
pluie», indique <strong>en</strong>tre autres<br />
Olivier Marthaler.<br />
Professeur d’histoire au lycée<br />
Blaise-C<strong>en</strong>drars, ce Chauxde-Fonnier<br />
cultive et collectionne<br />
assidûm<strong>en</strong>t les drosera<br />
et autres nep<strong>en</strong>thes depuis une<br />
quinzaine d’années. Mais sa<br />
passion est née il y a 25 ans<br />
déjà. Tout <strong>en</strong> restant un amateur,ils’estfaitunnomdansle<br />
cercle fermé des vrais amateurs<br />
– une vingtaine à tout casser <strong>en</strong><br />
Suisse –, <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dez des personnes<br />
capables non seulem<strong>en</strong>t<br />
d’<strong>en</strong>tret<strong>en</strong>ir des plantes qu’ils<br />
acquièr<strong>en</strong>t, mais <strong>en</strong> plus d’<strong>en</strong><br />
produire de nouvelles.<br />
Car il faut connaître les cycles<br />
de <strong>ch</strong>acune, pour pouvoir reproduire<br />
au plus près les condi-<br />
La discrète drosera capture les insectes pour améliorer son<br />
ordinaire grâce à des gouttes de glu ressemblant à s’y mépr<strong>en</strong>dreàdelarosée.<br />
PHOTO LEUENBERGER<br />
tions naturelles. Chaleur, lumière,<br />
humidité artificielles<br />
doiv<strong>en</strong>t être gérées de manière<br />
à permettre le meilleur développem<strong>en</strong>t<br />
possible. Quant au<br />
régime carné, c’est juste la cerise<br />
sur le gâteau: une plante<br />
carnivore peut très bi<strong>en</strong> survivre<br />
sans digérer aucun insecte. Mais<br />
elle se développera mieux avec.<br />
S’il parvi<strong>en</strong>t à suivre une<br />
plante de la graine à la fleur,<br />
puis au fruit qui fournit de<br />
nouvelles graines, l’amateur<br />
éprouve une grande joie. Il<br />
peut aussi se muer – modestem<strong>en</strong>t!<br />
– <strong>en</strong> mar<strong>ch</strong>and. Les<br />
é<strong>ch</strong>anges et a<strong>ch</strong>ats ou v<strong>en</strong>tes se<br />
déroul<strong>en</strong>t sur le plan international.<br />
«Je suis <strong>en</strong> contact avec des<br />
g<strong>en</strong>s des cinq contin<strong>en</strong>ts, dit Olivier<br />
Marthaler. Je vi<strong>en</strong>s de recevoir<br />
des graines du Sri Lanka».<br />
Il faut toutefois montrer<br />
patte blan<strong>ch</strong>e avant d’<strong>en</strong>voyer<br />
des plantes ou des graines.<br />
Tout est soumis à autorisation,<br />
il y a des formulaires à remplir,<br />
des émolum<strong>en</strong>ts à payer dès<br />
lors que l’on veut travailler <strong>en</strong><br />
toute légalité. Cela, comme le<br />
soin qu’il faut appporter aux<br />
cultures, explique pourquoi,<br />
dans le monde il n’y a pas plus<br />
de cinq <strong>en</strong>treprises qui gagn<strong>en</strong>t<br />
leur vie avec la culture<br />
des plantes carnivores.<br />
L’amour des plantes peut<br />
m<strong>en</strong>er très loin. «J’ai fait trois<br />
grands voyages <strong>en</strong> Asie du Sud-Est,<br />
à Bornéo, Sumatra et aux Philippines»,<br />
confie-t-il.<br />
Aux Philippines, il était <strong>en</strong><br />
compagnie de quatre botanistes,<br />
deux Allemands et deux<br />
Britanniques, avec qui il a<br />
même découvert deux nouvelles<br />
espèces. C’est que, contrairem<strong>en</strong>t<br />
aux idées reçues, il y a<br />
des plantes carnivores partout<br />
sur la planète, sauf <strong>en</strong> Antarctique<br />
et dans le Grand Nord.<br />
Certaines espèces ont une aire<br />
très limitée. «Récemm<strong>en</strong>t, un volcanest<strong>en</strong>tré<strong>en</strong>éruption<strong>en</strong>Indonésie.<br />
Une plante carnivore vivait<br />
uniquem<strong>en</strong>t sur les p<strong>en</strong>tes de ce volcan.<br />
Elle n’existe sans doute plus<br />
désormais à l’état naturel. Mais elle<br />
sera préservée grâce aux collectionneurs<br />
qui <strong>en</strong> avai<strong>en</strong>t prélevé des<br />
grainesetlesontcultivées».<br />
Et le botaniste amateur d’insister:<br />
«Ces plantes sont strictem<strong>en</strong>t<br />
protégées. Dans certains cas, même<br />
le prélèvem<strong>en</strong>t de graines est interdit».<br />
D’où l’utilité des bourses<br />
d’é<strong>ch</strong>ange, qui permett<strong>en</strong>t de<br />
comm<strong>en</strong>cer une collection<br />
sans aller prélever son butin<br />
dans la nature. /LBY<br />
Deux leçons sont prévues, les<br />
11 et 18 mai, de 19h30 à 21h,<br />
au Cifom, rue de la Serre 62.<br />
L’UPN pr<strong>en</strong>d <strong>en</strong>core les inscriptions<br />
au tél. 032 919 29 00,<br />
par fax au 032 919 27 37 ou<br />
par courriel à: upn@cifom.<strong>ch</strong>.