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2001 | n° 28 | sophia revues 41 tijdschriften<br />
histoire / geschiedenis<br />
La revue Sextant<br />
La revue bisannuelle Sextant est la première<br />
revue à paraître dans une université<br />
francophone avec la volonté affirmée de<br />
faire entrer dans les connaissances les<br />
débats ouverts par le féminisme contemporain.<br />
Elle a été créée à la fin de l’année<br />
1992 et émane directement du Groupe<br />
interdisciplinaire d’Etudes sur les Femmes<br />
(GIEF), fondé en 1989 à l’ULB. Le soutien<br />
financier lui a été fourni, post mortem,<br />
par l’historienne Suzanne Tassier,<br />
estimable spécialiste de la révolution brabançonne<br />
de 1789, de la période française,<br />
puis du rôle de la Belgique dans<br />
l’entrée en guerre des Etats-Unis en 1917,<br />
et – surtout – première femme titulaire<br />
de cours d’histoire moderne à l’ULB.<br />
Si le lieu d’ancrage de la revue n’est pas<br />
étonnant (l’ULB a toujours été, mutatis<br />
mutandis, l’université la plus précocement<br />
accueillante aux filles), le moment<br />
de sa création s’explique aussi par un<br />
contexte particulier, celui de la fin des<br />
années 80, marquée par des initiatives,<br />
nationales et européennes, qui apportèrent<br />
un nouveau souffle aux études sur les<br />
femmes.<br />
A l’origine, l’un des buts de la revue était<br />
de publier des articles issus de mémoires<br />
de licence, laissés généralement dans l’ombre<br />
persistante des bibliothèques universitaires.<br />
Le choix de ne publier qu’en<br />
français est délibéré puisque la revue pours<strong>uit</strong><br />
pour objectif premier de diffuser la<br />
problématique, le questionnement et les<br />
connaissances acquises en Belgique francophone<br />
et accessoirement de diffuser les<br />
résultats des recherches locales à l’exté-<br />
Revues belges<br />
Belgische tijdschriften<br />
GIEF-ULB<br />
rieur. Des articles ont donc été trad<strong>uit</strong>s à<br />
l’interne du néerlandais, de l’anglais, de<br />
l’allemand de l’italien, du portugais et de<br />
l’espagnol et ont donné l’occasion à des<br />
collègues étrangères de faire connaître<br />
leurs travaux en français. La revue accepte<br />
aussi d’éditer des sources originales,<br />
comme par exemple les notes d’une<br />
importante témoin et actrice du féminisme<br />
belge de l’entre-deux-guerres,<br />
Elise Soyer (n° 5 et 6).<br />
En sept ans (l’âge de raison…), 14 numéros<br />
ont été édités, comprenant 118 textes<br />
dus à 98 auteurs dont 44 «non belges».<br />
Si les auteures sont nettement majoritaires,<br />
22 hommes ont collaboré à la revue<br />
(soit un cinquième, 21%).<br />
Les sciences humaines demeurent prépondérantes,<br />
excepté dans le n°2 consacré<br />
à Sciences et cultures qui présente<br />
des contributions de spécialistes de sciences<br />
«exactes» (mathématicienne, physicien;<br />
de sciences de la vie: biologiste…<br />
mais également d’un architecte, d’une<br />
théologienne, d’une femme médecin du<br />
travail. Les contributions d’historiens<br />
sont majoritaires – comme la composition<br />
du comité de rédaction pouvait le laisser<br />
supposer mais deux numéros sont<br />
plus «actuels» et entièrement consacrés<br />
à la citoyenneté (n°7 et 8). Fidèle à la<br />
vocation interdisciplinaire qui l’a fait naître,<br />
Sextant compte aussi parmi les auteurs<br />
et éditeurs des romanistes, des historiens<br />
de l’art, des sociologues, des politologues,<br />
des philosophes. De plus la perspective<br />
sexuée s’est révélée parmi les plus riches<br />
et les plus prometteuses de ces dernières<br />
années en sciences humaines. Il s’agit d’une<br />
approche, encore souvent absente de<br />
nombreux travaux, qui méritait un<br />
important coup de projecteur et dont la<br />
prise en compte éclaire également l’évolution<br />
générale des sociétés.<br />
Si la grande majorité des articles relève<br />
encore plus de la description et de l’analyse<br />
(prépondérance des monographies)<br />
que de la théorie, c’est évidemment parce<br />
que les lacunes à combler dans les<br />
connaissances demeurent encore importantes<br />
dans le contexte belge. Mais la<br />
revue consacre une place importante aux<br />
aspects non spécifiquement nationaux<br />
(43% des auteurs sont étrangers). Sextant<br />
tente donc de se présenter autant<br />
comme une vitrine de ce qui se fait chez<br />
nous que comme une ouverture pour<br />
nous sur ce qui se pratique à l’étranger. La<br />
diversité des thèmes, et la collaboration<br />
accrue de chercheures étrangères, révèlent,<br />
s’il fallait encore le montrer, le potentiel<br />
international des études sur les femmes<br />
et l’intérêt pour une revue belge de<br />
s’être engagée dans cette voie.<br />
Si l’on se tourne vers les sept années écoulées,<br />
quel bilan en tirer? Peut-on parler de<br />
réussite? Du moins peut-on constater<br />
que le programme initial a été respecté.<br />
Mais ce bilan positif ne doit pas cacher<br />
que les résultats demeurent encore limités<br />
au regard des efforts fournis – surtout<br />
en terme de diffusion. C’est un problème<br />
que rencontrent, malheureusement,<br />
toutes les revues scientifiques en Belgique.<br />
Pour Sextant, il se double encore de la<br />
méconnaissance affichée par les milieux<br />
académiques, dont beaucoup demeurent<br />
indifférents à ce qui se fait en études féministes.<br />
Pourtant, le travail d’édition réalisé<br />
a permis d’accumuler un nombre significatif<br />
de connaissances, suffisamment<br />
en tout cas pour permettre aujourd’hui de<br />
préparer l’édition d’un Dictionnaire<br />
encyclopédique d’Histoire des femmes<br />
en Belgique (1789 à nos jours), qui fera<br />
à son tour le point des connaissances et<br />
des interrogations.<br />
Présentation générale