Pagina 1 - AA Vlaanderen

Après trois jours de sobriété j‟écrivais une lettre à ma femme en espérant que ma
décision influencerait aussi la sienne. Il y avait de l‟ espoir, car on s‟était donné rendez-vous
dans un petit café le jour avant l‟anniversaire de notre mariage à l‟église. Après une longue
conversation, nous décidions d‟essayer une nouvelle fois. Le même soir nous rendions visite à
nos mères afin d‟expliquer la situation. Le lendemain, nous étions mariés trois ans. Nous ne
pouvions choisir une meilleure date pour mettre fin à l‟intervention de l‟avocat. Six jours sans
alcool, six petites croix sur le calendrier et toujours pas de nouvelle de AA.
Le vendredi après, je commençais ma neuvième journée sans alcool. Lorsque nous
rentrions le soir du travail de ma femme, il y avait deux étrangers qui attendaient devant la
porte d‟entrée de notre maison. « C‟ était pas vrai hein ! » Mon estomac se contractait.
J‟aurais préféré essayer tout seul. J‟avais déjà l‟habitude. Est-ce qu‟ils ne pouvaient pas me
laisser en paix ? Vivez et laissez vivre ! Ils se présentaient comme Marc et Daniel. Ça durait
une éternité avant qu‟ils ne reçoivent quelque chose à boire. Nous ne savions vraiment quoi
présenter à boire à des gens qui ne boivent plus. Pendant leur explication et l‟ histoire de leur
vie ils nous donnaient eux-mêmes une bonne allusion. « Et on ne fait que boire du café à ces
réunions de AA. » Ils ont reçu du café… Nous échangions des numéros de téléphone et le
lendemain Marc allait m‟attendre au café De Klokke à la place du marché à Courtrai.
Et c‟est ainsi que le 15 avril, j‟arrivais au lieu du rendez-vous. Marc me présentait au
président du groupe, Germain, qui à mon grand étonnement ne m‟était pas inconnu. Il me
connaissait d‟ailleurs aussi et n‟avait jamais cru que je serais devenu un alcoolique. Moi à
mon tour je n‟avais jamais cru que cet ancien patron de café ne buvait lui aussi non plus. Au
fond, nous étions trois anciens patrons de café…Lors de la réunion, chacune des vingt
personnes présentes donnait des conseils pour vivre sans alcool. Tous les membres qui le
désiraient pouvaient prendre la parole, poser des questions et échanger des réflexions avec les
autres membres. Après environ une heure on retournait de la petite salle de réunion vers le
café. Un certain Hubert s‟occupait de moi et m‟invitait à lui rendre visite pendant la semaine
accompagné de ma femme. De cette façon nos femmes pouvaient apprendre à mieux se
connaître. Pour elles aussi il y avait une réunion : Al-Anon.
Quinze jours plus tard je déchirais le calendrier où j‟avais signé d‟une petite croix les
journées sans alcool. Il y avait eu trop de discussion. Je trouvais que ma femme pouvait
montrer un peu plus d‟appréciation en indiquant d‟ une petite croix, mes jours sans alcool sur
le calendrier. Quand elle l‟avait oublié, j‟étais contrarié. Plein d‟apitoiement sur moi-même je
pensais : « Si je recommençais à boire, elle marquerait très bien ce jour-là ! » Plus j‟étais
sobre, plus mes vieilles habitudes réapparaissaient. Disputes pour rien, discussions pour rien.
Nous avions urgemment besoin d‟aide pour comprendre que chacun de nous avait sa propre
vie et que nous devions nous permettre réciproquement de vivre cette vie. Sinon il n‟y avait
finalement plus de vie du tout pour aucun des deux.
Cette aide venait. Le dix mai, ma femme allait pour la première fois à une réunion d‟
Al-Anon. Elle était un peu déçue après cette première rencontre. On avait dit très peu ou rien
du tout concernant l‟ aide à l‟ alcoolique. On avait parlé plus de ses propres problèmes.
Arrivée à la maison, ma femme mettait sa critique et ses nouvelles idées sur papier pour en
discuter au plutôt avec Raymonde, le président du groupe.
Lors de la lecture du programme des Douze Étapes, j‟ai constaté à plusieurs reprises que
chaque nouvelle idée, aussi bien chez AA que chez Al-Anon, parcourt trois stades : d‟abord
nous ne sommes pas d‟accord, ensuite nous commençons à accepter l‟idée, pour enfin la
transmettre comme si c‟était la nôtre. Comme ma femme allait aux réunions d‟ Al-Anon, nous
pouvions facilement en parler. Nous grandissions ensemble au moyen de ces Étapes.
VIERING CELEBRATION AL-ANON “50”: “LEEF EN LAAT LEVEN! – VIVRE ET LAISSER VIVRE!” Pagina 43