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Revue des musiques
Dans le cadre de la 135 e assemblée des délégués de la SCMV
Les aventuriers de la farefan – le retour
• Tchô Sam ça marche?
• Salut Mike, ouais, pas mal et
toi?
• Yoh, tout roule, mais eh, ça
fait un bail qu’ t’étais pas
dans l’secteur…
• Ouais tu sais, je joue plus à
Goumoens mais au Lausanne
Sport… on a pas terrible la frite
ces temps…
• Virez l’entraîneur…
• Ouais, on voudrait bien mais
on préfère le saboter gentiment
– et toi, toujours la fanfiole???
• Euh… ouais… ouais… ouais…
mais… j’vais bientôt arrêter.
• Ah bon, mais… tu vas perdre
les primes de match… enfin de
concert!
• Tu veux rire… on fait dans le
propre nous… on est des purs!
• Ouais, ouais, bêtabloquant…
Indéral… Trasicor et compagnie…
• Eh mais non, qui t’as raconté
ces salades?
• T’inquiètes, c’est ma meuf,
elle bosse à la pharmacie, elle
m’a tchatché qui devait pas y
avoir de contrôle anti-dope
chez vous, pasqu’elle voyait
souvent le dirlo de la farefan
qui venait acheter de cette
camelote…
• Mais non, arrête tes conneries!
• J’te jure… enfin bref… dis,
depuis l’année passée, j’ai pas
tellement vu de pub à la télé…
pour… ton équipe de flon-flon!
• Bon ça va. Faut un peu de
temps… tu crois p’t-être qu’t’y
seras beaucoup à la télé pendant
le tour de relégation?
• Ouais, ouais, OK, j’me la coince.
Mais avec tout ce que tu la défends
ta… fanfare, y’a quand
même bien quequ’chose qui
doit tourner carré non?… si tu
veux arrêter!
• Ouais…
• Alors quoi?
• Bon tu vois, le choix de musique
c’est bien… c’est pas
l’Pérou, mais ça va!
C’est l’entraîneur?… y’a qu’à
l’virer!
• Non, lui il est assez cool, bon
des fois il est chiant… mais ça
passe encore!
• T’accouches ou bien?
• On fait rien…
• Comment «on fait rien!»
• Ouais d’accord, on répète, on
travaille, on bosse fort et tout
ça pour un concert par année!
• Quoi? UN match par année…
enfin un concert?
• Presque… un concert, le giron…
• Et le reste?
• Des défilés… pour la gym
dames qui rentre de course,
pour la Muni qui part en course,
pour l’inauguration du nouveau
chemin de l’amélioration
foncière, pour l’Abbaye, pour
les promotions des nouveaux
caporaux…
• Ouais, stop! c’est bon, j’ai compris.
C’est vraiment par l’Pérou
ta combine. Finalement, j’suis
bien content qu’mon père voulait
pas d’un musicien dans la
famille… et puis moi, 60 entraînements
pour UN match
par année… pour peu qu’tu
loupes encore un penalty!
• Mais non c’est quand même
bien…
C’est bon, t’foules pas j’ai
compris, bon je me casse. Tchô
mec!
• Ah tu t’barres, dommage!
• Ouais, c’est l’heure… et… bon
courage… y va t’en falloir!
Vraiment surréaliste?
Dialogue encore une fois surréaliste?
Dialogue encore une fois
impossible et volontairement noircissant
le tableau? Non, non, c’est
toujours du vécu, simplement du
vécu, et ce sont des jeunes musiciens
de nos sociétés, notre avenir
donc qui parle de cette façon de
«notre», de «votre» passion!
– C’est grave docteur?
– Non, non, juste quelques réflexions
à avoir et plusieurs
bonnes questions à se poser et
à poser à ceux qui conduisent
les fanfares, harmonies et brass
band de ce canton, et pour une
fois, même des autres cantons.
Ne devons-nous pas, une fois,
nous mettre à table avec les autorités
politiques de nos villes et villages
afin de leur expliquer que
nous ne faisons plus de la «fanfare»
mais que nous essayons de
faire de la musique et que celle-ci
se prête de plus en plus mal à une
exécution «debout», «en vitesse»,
«entre deux discours» et «en
défilé».
Initiatives nécessaires
Naturellement, leur appui
tant logistique que financier est
très important pour nos sociétés,
mais nous ne pouvons pas aller à
reculons, nos jeunes musiciens
n’acceptent que de plus en plus
difficilement de répéter de la musique
de concert et de jouer la
plupart du temps de la musique
du cahier de marches pour animer
des manifestations villageoises
où personne ne les écoute.
Proposons de faire au moins
des concerts assis, à des endroits
et des moments où on peut jouer
les pièces préparées pour le
concert. Les mêmes gens qui
nous engagent et nous soutiennent
sont généralement très
ouverts si on leur explique le
pourquoi du comment. Ne devons-nous
pas, dans nos différentes
commissions de musique
et autres comités, consacrer du
temps à réfléchir à des concerts
pensés et construits «en spectacle»
plutôt qu’en de simples
concerts traditionnels, de façon à
ce que ceux qui nous engagent
aient envie d’accepter nos demandes
concernant les lieux et
les conditions de nos prestations
dites de «contre-partie» officielles?
Pour garder nos jeunes
musiciens
Nous devons, directeurs, présidents,
musiciens, nous donner
les moyens de garder nos plus
jeunes musiciens. Commençons
donc par leur permettre de jouer
ce qu’ils aiment et de jouer ce
qu’ils répètent avec plaisir pendant
l’année.
Expliquons pourquoi et comment.
Soyons en avance ou simplement
à l’heure. De moins en
moins de sociétés se préparent
pour la marche et les concerts debout,
revendiquons donc le droit
de faire ce que nous savons faire,
de façon à ce que nous puissions
le faire bien. Les jeunes musiciens
ont choisi un loisir, les obligations
de celui-ci sont déjà importantes
sans devoir encore les
faire jouer dans des situations inintéressantes.
Notre salut passera aussi et
peut-être surtout dans la fierté
qu’ils auront à faire ce qu’ils aiment
et à faire des choses nouvelles.
Pour promouvoir
notre art
En attendant la création, évoquée
ici même l’année dernière,
de structures cantonales ou encore
mieux fédérales, à même de
soutenir et de promouvoir notre
art, tout en s’attachant à son
marketing, nous devons soigner
et prendre en charge notre image:
pour notre art, pour le public et
surtout pour que les jeunes musiciens
restent dans nos sociétés et
que lorsqu’ils croisent un de
leurs copains, ils ne disent plus:
– Ouais, j’crois que j’vais arrêter…
mais
– Cool mec, on a un spectacle la
semaine prochaine, tu viens
écouter?
Blaise Héritier,
président de la Commission de
musique de la SCMV
20 UNISONO 2 •2003