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18 Revue des musiques UNISONO 20 •2005 16 e Swiss Open 2005 à Lucerne Wallberg crée la surprise Victoire inattendue au Swiss Open: avant-dernier l’an passé, le BB Wallberg s’impose devant le BB Fribourg 2 e comme en 2004. Jean-Raphaël Fontannaz Neuf formations étaient en lice le 24 septembre dernier pour se parer du titre du Swiss Open champion. Outre l’obligation d’une marche, les ensembles participants devaient interpréter une transcription classique. Avec Russel Gray Dans cet exercice, c’est le Wallberg Brass Band (BB) qui a tiré son épingle du jeu. Conduit par le Britannique Russel Gray et renforcé par la présence d’Alan Wicherley, cet ensemble constitué de musiciens du plateau suisse a opéré un incroyable redressement puisque, l’an passé, il terminait en avant-dernière position. Les musiciens alémaniques ont encore décroché le prix spécial de la radio SR DRS pour la marche la mieux interprétée. Russel Gray, ici au cornet. Pour sa part, le Brass Band Fribourg BBF a confirmé sa régularité au plus haut niveau en remportant, à Lucerne sous la direction d’Arsène Duc, la 2 e place, à un seul petit point du vainqueur. Ce Un concert mémorable même si les cinq virtuoses canadiens n’ont ni grande nouveauté, ni surprise particulière dans leur programme.Même après 30 ans, le nom de Canadian Brass n’a rien perdu de sa force d’attraction et de fascination. C’est la conviction qu’auront retirée tous ceux qui ont assisté au concert de gala organisé dans le cadre du World Band Festival 2005. La Salle blanche du Kultur- und Kongresszentrum de Lucerne (KKL) était comble lorsque le plus célèbre quintette de cuivres du monde, originaire du Canada, a fait, sous les applaudissements, son entrée sur scène. La composition du Canadian Brass a connu quelques modifications depuis sa dernière prestation en Suisse. Toujours là depuis la fondation du groupe en 1970, les indéracinables Gene Watts, au trombone, et Chuck Daellenbach, au tuba, apportent à la formation leur humour empreint Le classement Rang Band Directeur Points 1. Wallberg BB Russel Gray 172 2. BB Fribourg Arsène Duc 171 3. Oberaargauer BB Manfred Obrecht 170 4. BB De Bazuin (NL) Klaas van der Woude 167 5. BB Bürgermusik Lucerne Ludwig Wicki 166 6. BB Berner Oberland Adrian Schneider 164 7. Entlebucher BB Philip Bach 160 BB Luzerner Hinterland Christoph Bangerter 160 9. EdC Melodia Yvan Lagger 153 résultat est particulièrement probant si l’on considère que le BBF a passé en premier sur scène. Un tirage au sort qui n’est jamais un avantage. BBF et OBB confirment La formation fribourgeoise a aussi visiblement tiré le meilleur profit des trois jours de préparation effectués avec son conseiller musical Bob Childs. L’interprétation des «Pins de Rome» d’Ottorino Respighi par le BBF a eu un impact remarquable dans ce temple de la musique qu’est la Salle blanche du KKL. Comme l’an passé aussi, le podium a été complété par l’Oberaargauer BB (Manfred Obrecht) qui a encore remporté le prix du meilleur nouvel arrangement du morceau à choix. Là aussi un seul petit point sépare le 2 e du 3 e . La 4 e place est revenue aux Hollandais du BB De Bazuin, emmenés par Klaas World Band Festival 2005: Exceptionnel Canadian Brass de finesse et leur charme canadien dans la présentation du programme joué. Fondateur aussi du quintette, le trompettiste Stuart Laughton l’a réintégré depuis 2003. Enfin, nouveaux venus depuis cette année, figurent encore Charles Lazarus (trompette) et Bernhard Scully (cor). Qu’on le dise d’emblée: le concert de cette année n’a pas apporté de nouveauté essentielle et le répertoire proposé s’est inscrit dans la tradition de ce que l’on attend du Canadian Brass. Ceci est d’autant plus justifié que le choix des pièces jouées recueille le clair agrément du public. Le succès continu que le célèbre quintette remporte dans toutes les salles les plus prestigieuses de la planète vient à l’appui de cette thèse. A Lucerne également, les cinq virtuoses ont su mettre le public de leur côté par leur joie de jouer et leur répertoire (qui va du classique aux van der Woude. Par sa participation, cette formation a permis au Swiss Open de mériter son appellation. BML et BBO déçoivent Déception en revanche pour les régionaux de l’étape: le Bürgermusik de Lucerne (Ludwig Wicki) ne termine qu’en 5 e position. Déception encore plus grande pour le Berner Oberland BB et son nouveau directeur, Adrian Schneider, qui présentait son propre arrangement de l’ouverture des «Maîtres chanteurs» de Wagner: alors qu’en 2004, le BBO avaient remporté la victoire et tous les prix spéciaux, il a dû cette année se contenter d’un très modeste 6 e rang. Côté romand enfin, l’Ensemble de cuivres Mélodia (Yvan Lagger) n’a pas pu concrétiser ses ambitions et conclut le classement à distance respectable d’Entlebuch (Philip Bach) compositions contemporaines en passant par le jazz). Dans l’arrangement de la chanson des Beatles, «Penny Lane», ils ont ainsi démontré jusqu’où une trompette peut grimper dans l’aigu. La «Toccata et fugue» de Bach était un passage aussi obligé qu’attendu de même que les extraits de «Carmen» de Bizet. Comme ils l’avaient déjà démontré par le passé, il suffit d’un minimum d’accessoires aux cinq musiciens pour simuler l’amoureux transi, le torrero avec sa cape rouge ou le taureau qui fonce dans le vide. Finalement, même si les surprises ont été rares, même si l’on a vu beaucoup de choses connues et peu de nouvelles, le public de Lucerne s’est montré enthousiasmé par la performance du Canadian Brass. Les cinq musiciens ont déclenché des applaudissements tonitruants ainsi qu’un standing ovation. Ils ont récompensé cet accueil en interprétant deux bis. Martin Scheidegger
UNISONO 20 •2005 Revue des musiques et de Luzerner Hinterland (Christoph Bangerter), ex aequo à l’avant-dernière place. Des transcriptions Pour cette 16 e édition, le Swiss Open – qui avait perdu sa composante européenne – Les solistes du Sousa Band (6) – Herman Bellstedt, cornet Curieux destin d’un Allemand qui fera carrière aux Etats-Unis et devra une bonne part de sa réputation à l’interprétation d’une mélodie italienne. Jean-Raphaël Fontannaz Herman Bellstedt est né en Allemagne, à Brême, le 12 février 1858. Il n’avait que neuf ans lorsque sa famille décide d’émigrer. C’est ainsi qu’il débarque aux Etats-Unis en 1867. Sa famille s’établit à Cincinnati en 1872 où l’enfant commence à apprendre le cornet tout d’abord avec son père, ensuite avec Mylius Weigand. Immédiatement, le petit Herman montre un don particulier pour cet instrument. Il en reçoit bien vite l’étiquette d’enfant prodige («boy wonder») et fait sa première production en public le 18 mai 1873, à tout juste quinze ans. Gilmore puis Sousa Intégré dans la formation d’Arctic Gardens, Herman Bellstedt commence par occuper la chaise de second cornet. Mais bien vite, il passe au premier rang et au statut de soliste. L’année suivante, il occupe la position de solo cornet au sein du Cincinnati Reed Band que dirige Michael Brand. Il va tenir ce rôle pendant cinq ans. En 1879, il est engagé comme solo cornet par le Red Hussar Band de Manhattan Beach avant de rejoindre sa formation originale à Cincinnati. Sa carrière prend vraiment son envol en 1889 lorsqu’il devient membre du Gilmore’s Band où Sousa puisera plusieurs de ses instrumentistes. Après avoir passé trois ans dans cette formation professionnelle, Herman Bellstedt bourlinguera un peu et travaillera aussi comme trompettiste dans divers orchestres symphoniques. Il va aussi avoir à une époque son propre band. Une production de ce dernier est documentée le 25 août 1902. Aux côtés d’Herbert L. Clarke En 1904, Herman Bellstedt intègre le Sousa Band où il remplace un autre cornettiste fameux, Walter B. Rogers. Pendant les deux ans qu’il passera avec Sousa, Herman Bellstedt aura la chance de jouer aux côtés de Herbert L. Clarke, la légende vivante du cornet à pratiquait une nouvelle fois les transcriptions de grandes pièces classiques. Au choix des neuf participants, il y avait en majorité des ouvertures: «Carnaval» de Dvorak, «Le Roi d’Ys» de Lalo, «Tannhäuser», «Rienzi», «Le Vaisseau fantôme» et les «Maîtres l’époque (cf. UNISONO n°15/2005). Il aura d’ailleurs l’occasion de faire plusieurs enregistrements avec ces deux cornettistes, mais – apparemment – sans interpréter lui-même un solo. Décidément peu engagé à se fixer, Herman Bellstedt ne fait donc qu’un court passage au sein du Sousa Band. En 1906, il s’engage dans la grande formation de Frederick N. Innes où, une fois encore, il va succéder à un instrumentiste célèbre, Bohumir Kryl. Mais, à nouveau, son engagement n’est pas de très longue durée et, en 1909, il devient directeur du Denver Municipal Band qu’il conduira pendant trois saisons. Compositeur de solos pour cornet En 1912, Herman Bellstedt va donner un cours plus régulier et plus calme à son existence. Il est nommé comme professeur responsable des instruments de vent au Conservatoire de Cincinnati. Désormais, il va consacrer l’essentiel de son activité à l’enseignement et à la composition. Dans ce registre, il écrira en priorité des solos pour son instrument de prédilection, le cornet, mais aussi pour le piano et le violon. Parmi ses œuvres les plus connues, il faut bien sûr citer: «Napoli», «Fantasia n° 1», «Capriccio Brilliante» ou ses fameuses «Variations sur le thème du Carnaval de Venise». D’autres, comme «La Coquette» ou «La Mandolinata», mériteraient d’être redécouvertes. La remarque vaut aussi pour un certain nombre de pièces écrites pour harmonie comme «Indian War Dance», «Pettibone’s Compliments», «Joke on Bodelia», «The Everett», «The Zoo», «Royal Arcanum», «Victory Day», «The Elk’s Reunion», «Los Angeles Pilgrimage», «Chelton Hills», «Friendly Greeting» ou «West End». «Napoli», son œuvre fétiche Les variations sur le thème de «Napoli» sont certainement l’œuvre qui reste indissociablement liée au nom de Bellstedt. Cette pièce est constituée d’une série de variations très virtuoses basées sur une chanson populaire ita- chanteurs» de Wagner, mais aussi: «L’apprenti sorcier» de Dukas, «Les Pins de Rome» de Respighi et les «Tableaux d’une exposition» de Moussorgski. Les formations devaient également interpréter une marche de leur choix. L’inoubliable interprète de «Napoli» lienne parue vers 1920, «Funiculi Funicula». Comme instrumentiste, Herman Bellstedt a toujours impressionné par sa capacité à monter dans l’aigu et son incroyable finesse dans le coup de langue. Des qualités que «Napoli» permet de particulièrement mettre en évidence. Pendant longtemps, ce solo est resté manuscrit. Un des élèves d’Herman Bellstedt, Frank Simon, en a acquis l’original en 1932 auprès du fils du compositeur, Irwin Bellstedt. Il en a ensuite publié la version aujourd’hui très célèbre. Un professeur émérite Comme enseignant, «il était un professeur très strict, épris d’exactitude, mais en même temps extraordinaire», se souvient Frank Simon qui fut l’un de ses élèves le plus fameux. «Quand il jouait pour me faire une démonstration, j’étais emporté dans un autre monde… Je crois que je n’aurais pas connu la moitié du succès que j’ai eu la chance de connaître si je n’avais pas été guidé par son enseignement magistral et par sa conduite empreinte d’amitié», témoigne encore Frank Simon. Frank Simon est d’ailleurs la preuve de l’amitié avec laquelle Herman Bellstedt entourait ses élèves. En 1917, Herbert L. Clark a annoncé qu’il prenait sa retraite du Sousa Band. Sur les conseils de son ancien collègue Bellstedt, le roi du cornet a proposé à John Philip Sousa de prendre le jeune Frank Simon – tout juste âgé de 25 ans – pour le remplacer. Et ce double avis a suffi pour convaincre le chef. Archives conservées Herman Bellstedt est décédé le 8 juin 1926 à San Francisco. A noter que la bibliothèque musicale et les archives d’Herman Bellstedt sont conservées à l’Université de l’Illinois à Urbana-Champaign. Elles consistent en trois boîtes d’archives qui contiennent les compositions et les arrangements que Bellstedt a écrits. Elles renferment aussi des documents sur sa carrière de cornettiste solo, de directeur, de compositeur et d’arrangeur, couvrant la période de 1895 à 1926. 19
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