Abbildung 6: Ernst Benedikt Kietz, Richard Wagner als Gross-Wesir, 1850,Sepia und Wasserfarbe auf Papier. Auffallend bei dieser Karikatur sind diefarbenfrohe Kopfbedeckung und Gewänder Wagners. (Richard Wagner NationalarchivBayreuth)Illustration 6: Ernst Benedikt Kietz, Richard Wagner as Grand Vizier, 1850,sepia and watercolour on paper. Here the <strong>com</strong>poser‘s colourful head coveringand garments are especially remarkable. (Richard Wagner NationalarchivBayreuth)Illustration 6 : Ernst Benedikt Kietz, Richard Wagner en grand vizir, 1850,sépia et gouache sur papier. Cette caricature figure Wagner en habit orientalavec une remarquable coiffe colorée. (Richard Wagner NationalarchivBayreuth)– 56 –
de cette page du journal. 23 L’aménagement rose de ce cabinet présenteune analogie frappante avec l’un des tableaux dits de « Roses trémières »peint par la jeune Isolde en 1880 pour son père Richard Wagner et figurantune scène intime de la vie privée : on y voit le <strong>com</strong>positeur allongé dansune chaise longue garnie d’étoffe verte tachetée lilas dans le décor rosesoutenu de son cabinet privé de Naples (ill. 5). 24Si ce coloris peut paraître assez insolite <strong>com</strong>me revêtement mural dans unepièce, il est pour le moins raffiné dans un habillement masculin. Comme ila déjà été mentionné, ces couleurs sont récurrentes dans les <strong>com</strong>mandesd’étoffes transmises à Bertha Goldwag, qui se chargeait aussi de coudredes vêtements pour Wagner. Goldwag décrit ainsi les préférences vestimentairesde Wagner : « Il portait des bas de satin, mais des pantalons entissu usuel avec la veste assortie. » 25 La correspondance révèle des détailsprécis qui indiquent que Wagner portait en effet occasionnellement durose en privé, ce que confirment certaines notes dans le journal de Cosima.À propos de son habillement rose, Wagner disait : « C’est ce dans quoi jeme sens bien » 26 ; ailleurs, il parle du rouge-violet de sa redingote, couleurdes rois de France, qu’il souhaitait en outre faire border de broderies d’or. 27Les lettres de Wagner à Bertha Goldwag constituent les sources les plusfécondes sur ce thème de la couleur, du moins dans les années tardives, oùla palette s’enrichit de multiples couleurs. On rencontre alors une gamme<strong>com</strong>plète de coloris, même si la préférence pour les tons du rose au violetet du lilas au bleu reste évidente. Ceci ne ressort pas seulement du choixdes coloris, mais aussi des quantités requises. Wagner <strong>com</strong>mandait toujoursen grandes quantités « un lourd satin dans un ton rose soutenusombre » 28 , ou encore 100 coudées de coton rose. 29 Il avait, semble-t-il,grand souci d’harmoniser les couleurs de la raie de ses cheveux jusqu’à lapointe de ses chaussures, puisqu’il <strong>com</strong>mandait les mêmes étoffes et couleurspour ses vestes, ses pantalons et même ses chaussures. Citonsl’exemple d’une <strong>com</strong>mande faite à Bertha Goldwag en 1865 : « 1. Une robede chambre – rose / idem en bleu / idem en vert / une robe de chambresurpiquée vert sombre. 2. Vestes : 1 rose / 1 jaune très pâle et une grisclair [...] 3. Pantalons : 1 rose. 1 jaune pâle, 1 gris clair. – Et aussi 1 vertsombre de la couleur de la robe de chambre surpiquée. 4. Bottes : 1 paireen blanc / 1 en rose / 1 en bleu. 1 en jaune. 1 en gris. 1 en vert. Deuxpaires en fourrure (gris ou jaune). 5. Couvertures : 1 blanche – brodée –bordée de rose et doublée de lourd satin rose / 1 bleu – bordée de bleu –doublée de blanc / 1 rose – bordée de rose – doublée de rose / 1 courtepointebleue. 6. Coussins : 2 grands coussins blancs et brodés :<strong>com</strong>plètement bordés de rose pour l’un, de jaune pour l’autre … Apportezencore un bon métrage du beau et épais satin rose – 20 à 30 coudées – eten outre des jolies fleurs et dentelles. » 30 Un somptueux bouquet de couleurs,de motifs et de roses, qu’il décrit avec précision : « un bleu plutôtclair que sombre », « un jaune pâle, pas criant » ou « un rose sombre, à nepas confondre avec l’ancien rose-violet ».Wagner était une personnalité chatoyante et gaie, qui jouissait de la vieet aimait les couleurs, ce qu’il a très explicitement formulé dans une lettreà son ami Theodor Uhlig en 1850 : « Si tu veux une vie faite de noir et deblanc, tu pourras l’avoir, et aussi longtemps que tu veux ; mais si tu y veuxde véritables couleurs, alors n’aie plus souci de sa longueur. » 31 Il s’estmontré toute sa vie fasciné par les couleurs et voulait ainsi présenter auregard du « lecteur de la p<strong>art</strong>ition » de sa première ouverture en si bémolmajeur un « jeu de couleurs énergique », choisissant de noter les cuivresà l’encre noire, les instruments à cordes en rouge et les instruments à ventà l’encre verte. 32 Il aimait la fantaisie, les rubans, les décors fleuris, lesrosettes et autres éléments décoratifs, les couvre-lits aux motifs exubé-– 57 –
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