unisono - Schweizer Blasmusikverband
unisono - Schweizer Blasmusikverband
unisono - Schweizer Blasmusikverband
Erfolgreiche ePaper selbst erstellen
Machen Sie aus Ihren PDF Publikationen ein blätterbares Flipbook mit unserer einzigartigen Google optimierten e-Paper Software.
Trompettiste au Canadian Brass de 1996 à 2001<br />
Jens Lindemann: des lèvres d’or…<br />
A 35 ans, soufflant dans ses<br />
trompettes avec une insolente<br />
aisance et dans les genres les plus<br />
divers, il gravit quatre à quatre les<br />
marches de la notoriété.<br />
Remplaçant Fred Mills au<br />
sein du Canadian Brass de 1996 à<br />
2001, il reprend aujourd’hui sa<br />
carrière de soliste et placarde<br />
crânement ses ambitions.<br />
Un destin de voyageur<br />
Jens a juste le temps de naître<br />
en Allemagne en 1966 avant que<br />
ses parents n’émigrent à Edmonton<br />
au Canada. A douze ans, Jens<br />
rêvait de devenir percussionniste,<br />
mais c’est une trompette que le<br />
responsable de l’orchestre à vent<br />
de son école lui mit dans les<br />
mains.<br />
De 1979 à 1984, Jens prend<br />
des leçons privées avec Alwin<br />
Lowry, trompette solo de l’Edmonton<br />
Symphony Orchestra et<br />
son second, William Dimmer,<br />
deux excellents musiciens, et<br />
joue partout où il peut: orchestre<br />
à vent de l’école, orchestre symphonique<br />
des jeunes, big band ou<br />
petites formations. Il s’initie ainsi<br />
aux styles les plus divers et<br />
acquiert une solide expérience<br />
pratique.<br />
L’influence de<br />
James Thompson<br />
A 18 ans, Jens va écouter<br />
James Thompson, qui joue en soliste<br />
avec le Montréal Symphony<br />
Orchestra dirigé par Charles Dutoit.<br />
Après le concert, il se précipite<br />
dans les coulisses et harcèle<br />
Thompson de questions. Ce dernier<br />
lui suggère de venir travailler<br />
avec lui à la McGill University de<br />
Montréal où il obtient une bourse<br />
d’étude. Jens se souvient de sa<br />
première leçon: «Trompette en<br />
main, j’étais en face de Thompson,<br />
qui me dit tout de go: ‹Je ne<br />
suis pas ici pour t’inculquer<br />
quelque chose, mais pour t’apprendre<br />
à apprendre…›. J’ai mis<br />
un moment à tourner la phrase<br />
dans ma tête jusqu’à ce que j’en<br />
comprenne le sens. Elle est restée<br />
gravée dans ma mémoire.<br />
Thompson est passé maître pour<br />
stimuler la réflexion chez ses<br />
élèves en posant les bonnes<br />
Jens Lindemann<br />
questions. Pour lui, il est capital<br />
que les étudiants découvrent les<br />
réponses aux problèmes par euxmêmes.»<br />
A McGill, Jens joue à nouveau<br />
tous les genres de musique dans<br />
toutes les formations (le jazz<br />
étant un des points forts de cette<br />
institution). En 1986, il se présente<br />
au Concours international<br />
de Munich mais trébuche dès le<br />
premier tour.<br />
Trois ans plus tard, titre de<br />
«Bachelier ès musique, avec distinction»<br />
en poche, il part à Los<br />
Angeles pour y savourer une année<br />
libre de toute école, prenant<br />
juste quelques leçons privées à<br />
gauche et à droite, histoire de<br />
faire le point.<br />
«La chose la plus importante<br />
que j’ai constatée durant cette<br />
année en «point d’orgue», c’est<br />
que mon savoir était bien plus<br />
maigre que je ne le pensais. J’ai<br />
compris qu’il était temps que je<br />
me mette vraiment au travail…»,<br />
explique-t-il.<br />
New York, Juilliard,<br />
Mark Gould<br />
En 1990, Jens se présente au<br />
«Canadian Music Competition»,<br />
un concours prestigieux ouvert à<br />
tous les instruments, remporte le<br />
Grand Prix (seul trompettiste a<br />
l’avoir gagné sur les 40 ans<br />
qu’existe cette manifestation) et<br />
devient boursier de la prestigieuse<br />
Juilliard School of Music de<br />
New York. Commence le travail<br />
avec Mark Gould (*1947, élève de<br />
Joseph Albright, William Vacciano,<br />
Gerard Schwarz et Ted Weis),<br />
co-soliste du Metropolitan Opera<br />
Orchestra depuis 1974 et personnalité<br />
très originale du milieu<br />
musical newyorkais.<br />
«La terminologie pédagogique<br />
de Mark m’a beaucoup influencée.<br />
Il parlait de «couleurs<br />
du son», de «climats musicaux» et<br />
m’invitait à «chanter» les phrases<br />
à jouer.»<br />
En mai 1992 il obtient son<br />
Master of Music de la Juilliard et se<br />
prépare pour les grands concours<br />
internationaux et à sa carrière de<br />
soliste, en se perfectionnant au<br />
Banff Center. En mai il remporte le<br />
Premier Prix au concours de<br />
Praque (2 e Prix à Wolfgang Bauer),<br />
puis à celui du «Canadian Concerto<br />
Competition» et, en octobre,<br />
à celui de l’Ellsworth Smith International<br />
Trumpet Competition<br />
(ITG). En septembre 1993 il se présente<br />
au Concours international<br />
de Munich où il obtient un 3 e Prix,<br />
derrière Wolfgang Bauer (2 e Prix),<br />
le premier prix n’ayant pas été<br />
décerné.<br />
«Ce fut mon dernier concours.<br />
A partir de là, j’ai vécu<br />
entre New York et Edmonton,<br />
donnant des récitals et jouant en<br />
soliste avec de nombreux<br />
orchestres canadiens. Je faisais<br />
également beaucoup de musique<br />
de chambre avec mon ami tromboniste<br />
Alain Trudel, avec lequel<br />
je vais d’ailleurs recommencer à<br />
jouer», déclare Jens Lindemann.<br />
Avec le Canadian Brass<br />
Le processus de sélection lors<br />
du remplacement de Fred Mills<br />
fut extrêmement sévère et dura<br />
quatre mois. Douze candidats s’y<br />
sont frottés… Il fallait jouer<br />
quatre heures par jour durant<br />
trois jours, passant en revue tout<br />
le répertoire des Canadiens.<br />
Lorsque la décision définitive<br />
est tombée en avril, on m’a dit:<br />
Revue des musiques<br />
«Voilà, dans dix jours tu joues ton<br />
premier concert avec nous. Ça<br />
dure 60 minutes et nous jouons<br />
tout par coeur…»<br />
Et c’est parti pour Jens: 100<br />
concerts par an, enregistrements<br />
(huit CD en cinq ans), séminaires<br />
et cours de maîtres pour Yamaha,<br />
TV, avions, trains, bus, voitures,<br />
hôtels. Pas le temps de s’ennuyer<br />
dans ce tourbillonnement euphorique.<br />
«Il a fallu apprendre à gérer<br />
mes énergies (sommeil, nourriture<br />
et condition physique). J’ai<br />
vécu cinq ans d’une intensité<br />
exceptionnelle face à des publics<br />
très variés et très différents. J’avais<br />
parfois de la peine à réaliser<br />
que je faisais maintenant partie<br />
de ce groupe que j’admirais tant<br />
et que j’imaginais inaccessible<br />
encore peu de temps avant. Au<br />
niveau de l’équipement c’était facile:<br />
dès mes débuts, j’ai toujours<br />
joué des instruments Yamaha qui<br />
me conviennent parfaitement, et<br />
comme les Canadiens jouaient<br />
cette marque, je n’ai pas eu à<br />
changer. Et puis, je découvrais les<br />
idées de Gene Watt, sa philosophie<br />
d’exécution et sa connaissance<br />
aiguisée des effets interactifs<br />
entre musiciens et public, qui<br />
m’ont fortement influencé. J’ai<br />
eu de grandes satisfactions et<br />
beaucoup de plaisir à jouer avec<br />
ce magnifique musicien qu’est<br />
Ronni Rom, puis avec l’éblouissant<br />
Ryan Anthony, qui l’a remplacé<br />
l’an dernier.»<br />
A la croisée des chemins<br />
Alors, après cinq ans d’une<br />
épopée exaltante avec l’ensemble<br />
de cuivres le plus célèbre du<br />
monde, pourquoi cette surprenante<br />
décision de le quitter?<br />
«A 34 ans, je voulais reprendre<br />
mon propre chemin en main.<br />
Reprendre ma vie de soliste, jouer<br />
avec d’autres musiciens, partager<br />
de nouvelles expériences musicales.<br />
Je ressentais le besoin de lancer<br />
de nouveaux défis, de recevoir<br />
de nouvelles impulsions et de<br />
remettre sur mon lutrin le large<br />
répertoire de la trompette. J’avais<br />
aussi envie de transmettre mon<br />
expérience en enseignant dans<br />
une bonne institution et de sortir<br />
UNISONO 8 •2002 21