EDUCATION 4.17

Thema | Dossier
Bernhard Pulver: « Le canton a déjà énormément investi dans l’équité des chances, mais il a encore des carences. »
rentes passerelles et garantit la perméabilité.
Ces possibilités ne sont
cependant pas assez utilisées.
En exagérant un peu, on peut
dire qu’on prend aux plus faibles le
peu qu’il leur reste.
Ce serait une grosse exagération,
mais on attend de l’école qu’elle
compense les différences entre les
élèves. La question est donc de savoir
quels moyens, notamment en
matière de temps, sont mis à disposition
de la formation et du développement
étatique.
Le vécu des enfants se forme
avant le début de la scolarité ; le développement
de la petite enfance est
donc primordial. En Suisse, les gens
ne sont pas prêts à donner plus de
responsabilités à l’Etat en matière de
formation de la petite enfance. Souvenez-vous
des discussions âpres
qui ont eu lieu au sujet des deux années
d’école enfantine obligatoires
prévues par le concordat HarmoS.
La sélection aussi accentue l’écart
entre les élèves, mais aucune majorité
politique dans le canton ne s’engage
pour sa suppression.
Mais ce sont bien les attentes des
parents et des enseignants et enseignantes
qui ont la plus grande influence
sur la réussite scolaire des enfants.
Des études scientifiques reprochent
au système éducatif suisse de
ne pas proposer suffisamment de
possibilités de développement aux
personnes qui en ont le plus besoin.
En fait, notre système éducatif
fonctionne extrêmement bien. Le
taux de chômage des jeunes est très
bas et des études ont montré que
nos jeunes sont heureux. De plus,
nous avons un des taux de formation
au degré secondaire II les plus élevés
du monde. Dans notre canton, ce
taux se situe actuellement à 95 pour
cent chez les jeunes de 21 ans.
Il faut donc se poser deux questions
: y a-t-il des jeunes qui auraient
souhaité suivre une formation supérieure,
mais dont les origines les ont
empêchés d’accéder à l’université ?
Y a-t-il des gymnasiens et gymnasiennes
qui ont choisi d’aller à l’université
à cause de leurs origines,
mais qui s’y trouvent dépassés ?
Quelles pourraient être les
conséquences négatives de cette
situation ? En quoi est-elle
inquiétante ?
Paradoxalement, les conséquences
ne sont pas que négatives. La formation
professionnelle profite de gens
doués qui auraient pu s’attaquer à
une formation universitaire. C’est une
des raisons qui expliquent le succès
de notre économie. Le talent de
jeunes intelligents n’est pas perdu
dans la formation professionnelle.
D’un autre côté, nous avons des gymnasiens
et gymnasiennes qui n’atteignent
pas les résultats académiques
que d’autres jeunes, peut-être
plus compétents, auraient pu atteindre.
La question essentielle est
donc de savoir si nous avons placé
les bonnes personnes au bon endroit.
Mais si une personne issue de l’immigration
a bien moins de chances
d’arriver jusqu’au gymnase, c’est
aussi tout simplement un problème
des droits de l’homme et de l’équité
des chances.
Faut-il abolir le système sélectif ?
Le système sélectif n’est qu’une
partie du problème. Les causes se
trouvent plus souvent au niveau du
développement de la petite enfance
et des attentes et des origines des
parents. Des études ont toutefois démontré
qu’un système scolaire sélectif
accroît davantage les différences
de savoir et d’aptitudes entre les
élèves qu’il ne les diminue. Les écoles
à classe unique semblent plus à
même de compenser ces différences.
Il est important qu’on puisse
mettre en discussion la sélection. On
pense communément qu’elle développe
les aptitudes individuelles
d’une personne de façon optimale.
Une célèbre étude menée par
Winfried Kronig a cependant montré
que les résultats n’étaient de loin pas ▶
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