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8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013
8 e <strong>art</strong> est une publication bimestrielle<br />
des Editions Bagatelle<br />
19, avenue de Delphes 13006 Marseille<br />
09 81 80 63 79<br />
Numéro ISSN : En cours d’attribution<br />
Dépôt légal : Mars 2013<br />
Directeur général : Nicolas M<strong>art</strong>in<br />
n.m<strong>art</strong>in@8e-<strong>art</strong>-magazine.fr<br />
Directeur de la publication :<br />
Frédéric Guerini<br />
f.guerini@8e-<strong>art</strong>-magazine.fr<br />
Rédactrice en chef : Emmanuelle Gall<br />
e.gall@8e-<strong>art</strong>-magazine.fr<br />
Direction <strong>art</strong>istique : Jonathan Azeroual<br />
j.azeroual@8e-<strong>art</strong>-magazine.fr<br />
Logistique, diffusion et p<strong>art</strong>enariats :<br />
Romuald Protin<br />
r.protin@8e-<strong>art</strong>-magazine.fr<br />
04 91 41 63 79<br />
MARSEILLE-PROVENCE<br />
ART&CULTURE FREEMAGAZINE<br />
Retrouvez toutes nos actus sur :<br />
WWW.8E-ART-MAGAZINE.FR<br />
# 25<br />
mai - juin 2013<br />
Webmaster éditorial : Léa Coste<br />
l.coste@8e-<strong>art</strong>-magazine.fr<br />
Ont collaboré à ce numéro :<br />
Joël Assuied, Léa Coste, Marco Jeanson,<br />
Fred Kahn, Olivier Levallois, Marie-Line<br />
Lybrecht, Jean-Pierre Vallorani.<br />
Service commercial : 09 81 80 63 79<br />
Tirage : 20.000 exemplaires<br />
Impression :<br />
ZAC St M<strong>art</strong>in - 23, rue Benjamin Franklin<br />
84120 PERTUIS<br />
Tél. 04 90 68 65 56<br />
La reproduction même p<strong>art</strong>ielle des <strong>art</strong>icles et illustrations<br />
sans autorisation est interdite. 8 e <strong>art</strong> décline toute<br />
responsabilité pour les documents et <strong>art</strong>icles remis par les<br />
annonceurs. Dépôt légal à parution.<br />
En couverture.<br />
Centaure-Camargue<br />
© Philippe Praliaud<br />
MARSEILLE ACCUEILLE<br />
(TOUT) LE MONDE<br />
Par<br />
Emmanuelle Gall<br />
Rédactrice en chef<br />
Le 25 avril dernier, l’Hôtel Intercontinental était inauguré en<br />
grande pompe. Installé dans l’ancien Hôtel-Dieu, le troisième<br />
cinq étoiles de Marseille ne manque pas d’arguments : une<br />
façade classée « Monument Historique », une localisation idéale et Lionel<br />
Lévy, l’un des plus grands chefs marseillais, aux fourneaux. Sur 23<br />
000 m 2 , le bâtiment compte 194 chambres, dont 22 suites, deux restaurants,<br />
une salle de réception, une piscine intérieure et un spa. Pour y<br />
passer la nuit, il faut compter entre 265 € (la chambre « Deluxe ») et<br />
2182 € (la suite « Prestige »).<br />
Le même jour, au port de la Lave, une équipe de jeunes gens torses nus,<br />
armés de rouleaux d’adhésif orange, fabriquaient l’enseigne de Yes, we<br />
camp. Le camping éphémère imaginé par Marseille 2013 off a failli<br />
capoter jusqu’au dernier moment, faute de réussir à obtenir toutes les<br />
autorisations. Mais c’est du passé, et toutes les bonnes volontés sont désormais<br />
les bienvenues pour p<strong>art</strong>iciper à l’aménagement du site. Au programme<br />
: construction de cabanons, relookage de caravanes et bateaux<br />
à sec, fabrication de « mobilier urbain de convivialité »… Yes, we camp<br />
est un village écolo (toilettes sèches, douches solaires, vélo-laveurs…) et<br />
<strong>art</strong>y (ateliers, résidences d’<strong>art</strong>istes, spectacles…). À terme, les organisateurs<br />
espèrent proposer 180 places et plusieurs types d’hébergement, de<br />
la formule « bivouac » ou « hamac » (13 €) à la « suite » (80 €).<br />
Alors que les professionnels du tourisme ne cachent pas leur déception,<br />
l’arrivée sur le marché de ces deux nouveaux venus ne devrait pas arranger<br />
leurs affaires ni changer la donne. Elle témoigne néanmoins d’une<br />
vitalité et d’un dynamisme inédit, engendrés par la capitale. Entre l’Intercontinental<br />
et Yes, we camp, le Panier et l’Estaque, les touristes n’ont<br />
plus qu’à choisir leur camp…
SOMMAIRE<br />
MARSEILLE-PROVENCE ART&CULTURE FREEMAGAZINE<br />
#25<br />
mai - juin 2013<br />
07<br />
08<br />
14<br />
LA PHOTO<br />
On a marché sur le Rhône.<br />
ACTUS<br />
LA RENCONTRE<br />
Jean-Pierre Vincent<br />
et les cinquante amateurs<br />
24<br />
18<br />
20<br />
L’OEUVRE<br />
Coiffe de danse olok, MAAO<br />
L’ENDROIT<br />
Le MasToc,<br />
Les Pas perdus investissent Arles<br />
44<br />
22<br />
L’ARTISTE<br />
Xavier-Adrien Laurent,<br />
l’acteur studieux<br />
24<br />
L’OBJET<br />
La kalachnikov<br />
26<br />
LE MUR<br />
Œil pour œil<br />
28<br />
30<br />
33<br />
L’ASSOCIATION<br />
Lieux fictifs,<br />
l’<strong>art</strong> pour ouvrir la prison à la société<br />
LA GALERIE<br />
La Non-Maison,<br />
Art à tous les étages<br />
L’ALBUM<br />
Mixatac<br />
40<br />
42<br />
44<br />
LA FOLLE HISTOIRE<br />
DES ARTS DE LA RUE<br />
Au commencement était Karwan<br />
Le sage et le fou<br />
34<br />
LE VILLAGE DE<br />
Fred Sathal<br />
47<br />
La folle histoire du sport<br />
36<br />
LE RESTAURANT<br />
Le Ventre de l’architecte<br />
50<br />
54<br />
Générik Vapeur construit au J4<br />
Le ballet mécanique de Motionhouse<br />
38<br />
LA BALLADE<br />
Le MIAM croque les Philippines<br />
56<br />
L’Estaque, qu<strong>art</strong>ier de rêve<br />
4<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013
60<br />
84<br />
MP 2013<br />
passe<br />
à table ! p.60<br />
62<br />
Un chef pour la capitale<br />
66<br />
Un péché, sept festins<br />
108<br />
69<br />
Six pique-niques sur le GR ® 2013<br />
72<br />
Douze bivouacs pour suivre TransHumance<br />
76<br />
Un pain 2013 et une vigne of Marseille<br />
81<br />
Six amuse-bouches<br />
86<br />
PORTFOLIO<br />
Les Animaglyphes de TransHumance<br />
98<br />
L’ÉVÉNEMENT<br />
Le MuCEM enfin !<br />
100<br />
SCÈNES<br />
106<br />
MUSIQUES<br />
110<br />
EXPOS<br />
116<br />
ENFANTS<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013 5
LA PHOTO<br />
Révélations, I, Arles © Thierry Nava – Groupe F<br />
ON A MARCHÉ<br />
SUR LE RHÔNE<br />
Ces extra-terrestres, les Révélateurs, sont les membres du<br />
Groupe F, des <strong>art</strong>istes <strong>art</strong>ificiers basés au Mas Thibert (en<br />
Camargue). Habitués à parcourir le monde et à mettre le feu<br />
aux monuments les plus prestigieux, ils ont joué à domicile,<br />
le 13 janvier dernier, pour le coup d’envoi de Marseille-Provence<br />
2013 sur les berges du Rhône à Arles. Ils reviennent<br />
le 18 mai, avec le deuxième épisode de Révélations, dans les<br />
calanques de Cassis. Et les fans pourront suivre tout l’été<br />
cette saga au fil des eaux : le long des canaux de M<strong>art</strong>igues<br />
(le 6 juillet), à l’embouchure du Grand Rhône à Port-Saint-<br />
Louis (du 7 au 10 août), au Château d’If (du 4 au 7 septembre)…<br />
Et le 30 décembre, le Groupe F signera la conclusion<br />
de Marseille-Provence 2013 à Istres.<br />
6<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013 7
ACTUS<br />
CINÉMA<br />
© Agnès b<br />
REDÉCOUVRIR<br />
PASOLINI<br />
Quarante ans après sa mort, l’œuvre de Pier Paolo Pasolini<br />
demeure atemporelle, nourrie par les mythes littéraires et<br />
l’inconscient collectif. Son audace et sa liberté formelle,<br />
le mystère de sa signification inépuisée et sa radicalité lui<br />
confèrent un caractère irréductible, celui d’un tempérament<br />
frondeur et novateur. Plusieurs structures se sont associées<br />
pour rendre à l’<strong>art</strong>iste un hommage à la hauteur de son<br />
génie. Temps forts de la manifestation : une exposition au<br />
CIPM et la rétrospective intégrale de l’œuvre cinématographique<br />
de Pasolini. De 1961 à 1973, date de sa mort brutale,<br />
le cinéma marque un tournant créatif dans sa carrière. Avec<br />
la caméra pour nouvelle plume, Pasolini réalise des films<br />
de fictions sur des scénarios originaux (Accatone, Mamma<br />
Roma, La Ricotta, Théorème…), des adaptations de chefsd’œuvre<br />
littéraires (Les Mille et une nuits, Œdipe roi, Médée,<br />
Le Décaméron…), ainsi que des documentaires et journaux<br />
filmés (Repérages en Palestine, Enquête sur la sexualité…).<br />
Sa filmographie compte ainsi une vingtaine de films, courts<br />
et de longs métrages. Des lectures, performances, conférences,<br />
débats, expositions, et diffusion de documentaires<br />
viennent compléter la (re)découverte de celui qui écrivait :<br />
« La mort, ce n’est pas de ne plus communiquer, c’est de ne<br />
plus être compris. »<br />
Du 14 mai au 8 juillet, CRDP, CIPM, FID, Centre de La Vieille-<br />
Charité, Friche de La Belle de Mai, MuCEM, Villa Méditerranée,<br />
Marseille, Institut de l’Image, Aix.<br />
www.mp2013.fr<br />
PREMIÈRES RENCONTRES<br />
INTERNATIONALES<br />
DES CINÉMAS ARABES<br />
Un festival des cinémas arabes à Marseille semble, a posteriori, une<br />
évidence. L’association AFLAM, qui diffuse depuis douze ans des<br />
films arabes dans la région, a pourtant dû attendre cette année – et<br />
le soutien de MP 2013 – pour voir naitre ces premières rencontres.<br />
Durant six jours, une cinquantaine d’œuvres vont être projetées dans<br />
cinq salles. Certaines sont déjà reconnues (Wadjda, Rengaine), mais<br />
la plup<strong>art</strong> restent inédites. Rép<strong>art</strong>ie en cinq sections (« À la une »,<br />
« Jeunes talents », « Un cinéaste, un parcours », « Un critique, deux<br />
regards », « Le cousin de… »), la manifestation accueille soixante invités<br />
venus d’une quinzaine de pays. Elle met également à l’honneur<br />
l’Égyptien Ibrahim Batout (Winter of discontent), primé en 2012 à<br />
la Mostra de Venise. Préférant parler de « rencontres » plutôt que<br />
de « festival », les organisateurs entendent mettre l’accent sur les<br />
échanges et débats entre le public et les professionnels (réalisateurs,<br />
producteurs, comédiens, critiques…), autour des questions et des<br />
éclairages portés par ces films.<br />
Loin du fantasme d’un monde arabe homogène, la programmation démontre<br />
que, du Maghreb au Moyen-Orient, les réalités géographiques,<br />
Chroniques d’une cour de récré, Brahim Fritah, 2013.<br />
sociales et culturelles, à l’image des conditions de productions et de<br />
diffusion des films, sont extrêmement variées. De la puissante industrie<br />
du cinéma commercial égyptien aux réalisations indépendantes<br />
de jeunes auteurs saoudiens, s’il existe un cinéma arabe, il se conjugue<br />
nécessairement au pluriel.<br />
Du 28 mai au 2 juin, Villa Méditerranée, Cinéma Les Variétés,<br />
Maison de la Région et CRDP, Marseille.<br />
04 91 47 73 94. 5 € la séance (+ formules d’abonnement et tarifs réduits)<br />
www.lesrencontresdaflam.fr<br />
© MMXII Futurikon<br />
8<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013 9
ACTUS<br />
EN BREF<br />
LA PUB<br />
SE MÊLE D’ART<br />
Quel publicitaire ne s’est pas rêvé en Maurice Saatchi,<br />
publicitaire anglo-irakien, devenu, dans les années 80,<br />
un galeriste londonien de réputation mondiale capable<br />
de faire et défaire des réputations ? Quand les quatre<br />
associés de l’agence de publicité marseillaise MarsatWork<br />
ont décidé de confier un rhinocéros du Funny<br />
Zoo à l’<strong>art</strong>iste Jonone, ils y pensaient bien un peu. À<br />
leur mesure. « Ça nous a permis, déjà pour nous-mêmes,<br />
de passer à une autre dimension », raconte Alexandre<br />
Contencin, directeur associé. Jonone, classé au 496 e<br />
rang mondial par Artprice, les a obligés à casser leur<br />
tirelire : « Au final, c’est plus cher qu’une campagne d’autopromotion<br />
dans les médias, mais nous nous sommes<br />
fait un beau cadeau », avoue-t-il. Qu’on se rassure,<br />
l’<strong>art</strong>iste américain n’a pas été choisi sur sa seule réputation<br />
: « il correspond à notre sensibilité <strong>art</strong>istique et nous<br />
avions déjà travaillé avec lui pour un catalogue ». Une<br />
performance a été organisée à l’agence en mars, et les<br />
cordonniers n’étant pas toujours les plus mal chaussés,<br />
avec opération de relations publiques auprès des clients<br />
à la clé. Les webmasters maison ont filmé et rediffusé le<br />
travail de l’<strong>art</strong>iste sur un site, You tube et Twitter. En<br />
attendant que l’animal soit installé en belle place, entre<br />
le Pavillon M et l’Hôtel de Ville. Une autre agence marseillaise,<br />
Culture de Marque, a aussi profité de MP 2013<br />
pour se jeter à l’eau, en créant dès avril, et dans ses murs,<br />
les Apér’<strong>art</strong> : des miniexpositions d’œuvres collectives<br />
« associant des talents qui travaillent pour l’agence et les<br />
invités qui le souhaitent, sur un thème précis », précise<br />
François Cadiergue, le patron. L’amour était celui du<br />
premier épisode. À suivre.<br />
ANIMAL<br />
DESIGN<br />
Le Centre Design Marseille<br />
Provence transforme la galerie<br />
Montgrand en zoo. À travers<br />
une quarantaine d’objets,<br />
l’exposition rappelle combien le<br />
règne animal inspire aussi les designers.<br />
Comme référent esthétique (les flacons<br />
Baccarat Zoo en forme de singe,<br />
ours ou canard, les tabourets « ailes<br />
de papillon » Butterfly Stool), comme<br />
réminiscence de l’enfance (le lapin<br />
Usagi, le coussin doudou CO9 XS),<br />
comme modèle de technicité ou de texture<br />
(les structures en nid d’abeille, les<br />
surfaces en peaux d’éléphant de matériO’),<br />
comme symbole de la nature (le<br />
mobilier d’Ibride)… Autant de manières<br />
d’insuffler une p<strong>art</strong> de vivant aux objets<br />
qui nous entourent.<br />
Jusqu’au 29 juin. Galerie Montgrand,<br />
41, rue Montgrand, Marseille, 6 e .<br />
04 91 33 11 99. Entrée libre.<br />
www.designmarseille.org.<br />
10<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013 11
ACTUS<br />
MP2013<br />
© Reza /Webistan<br />
© DR<br />
FELICE VARINI<br />
À SALON-DE-PROVENCE<br />
L’atelier de Felice Varini, c’est la ville, et en l’occurrence, Salonde-Provence<br />
où l’<strong>art</strong>iste franco-suisse est en résidence depuis<br />
le mois d’avril. Revendiquant une pratique de l’« ici et maintenant<br />
», il crée des formes peintes qui viennent s’inscrire dans les<br />
perspectives des paysages urbains, et que le spectateur est invité<br />
à découvrir depuis un point de vue p<strong>art</strong>iculier. À Salon, Felice<br />
Varini a jeté son dévolu sur la terrasse nord du château de l’Empéri.<br />
De là, il sera possible d’appréhender dans sa totalité Deux<br />
cercles évidés par les toits : une monumentale fresque réalisée<br />
au moyen de bandes d’aluminium adhésives apposées sur les<br />
façades et cheminées du centre ancien. Pendant le mois de mai,<br />
le public pourra assister à l’installation de la pièce, nécessitant<br />
l’assistance de dix techniciens.<br />
Du 24 mai au 1 er décembre. Point de vue du Château de l’Emperi,<br />
Montée du Puech, Salon-de-Provence.<br />
Accès libre.<br />
www.mp2013.fr<br />
REZA À CASSIS<br />
Pour la troisième année consécutive, entre les calanques<br />
et le Cap Canaille, la falaise du château<br />
se transforme, le temps d’une soirée, en un monumental<br />
écran de quarante mètres sur cinquante.<br />
Après Peter Beard, Yann-Arthus Bertrand, Nicolas<br />
Henry et Titouan Lamazou, l’association Wallfor<br />
a choisi d’inviter cette année Reza. Une quarantaine<br />
de ses images surplomberont la plage, commentées<br />
en direct par ce voyageur infatigable,<br />
récompensé par les prix les plus prestigieux.<br />
Qu’il photographie la guerre, les enfants, l’exil<br />
économique, c’est toujours avec empathie et sans<br />
misérabilisme. On pourra également écouter sa<br />
conférence, dès 19h30 à L’Oustau Calendal, puis<br />
assister à un concert des solistes de l’Orchestre<br />
National de Paris et terminer la soirée avec Orange<br />
Blossom (électro orientale) sur la plage.<br />
Le 29 juin, à p<strong>art</strong>ir de 19h30. Cassis.<br />
Entrée libre.<br />
www.wallfor.fr<br />
© Daniel Buren<br />
DANIEL BUREN À ISTRES<br />
Après le Grand-Palais à Paris ou le parc archéologique de Scolacium<br />
en Italie (photo) l’année dernière, Daniel Buren est invité à investir la<br />
Pyramide à Istres. Cet ancien complexe de loisirs nautiques, fermé<br />
depuis 2008, a été réaménagé suivant les recommandations de<br />
l’<strong>art</strong>iste : comblement du bassin et installation d’un plateau de 1400<br />
m 2 . Et si aucun obstacle de dernière minute ne se présente, le public<br />
pourra découvrir à p<strong>art</strong>ir du 5 juillet le site métamorphosé par Daniel<br />
Buren. Une autre de ses œuvres, pérenne celle-là, devrait être installée<br />
sur le parvis du nouvel hôtel de ville.<br />
Du 5 juillet au 31 décembre, La Pyramide,<br />
place Champollion, Istres.<br />
www.mp2013.fr<br />
12<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013 13
LA RENCONTRE<br />
JEAN-PIERRE VINCENT<br />
ET LES CINQUANTE AMATEURS<br />
Propos recueillis par Emmanuelle Gall • Photos : Vincent Lucas<br />
14<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013
LA RENCONTRE<br />
JEAN-PIERRE VINCENT<br />
epuis plus d’un an,<br />
Jean-Pierre Vincent<br />
dirige une troupe<br />
de cinquante comédiens amateurs<br />
en vue de monter Les Suppliantes<br />
d’Eschyle au Gymnase. À soixantedix<br />
ans, le metteur en scène multiplie<br />
les projets et milite pour un théâtre<br />
humaniste, opérant un retour aux<br />
fondamentaux et élargissant « le cercles<br />
des spécialistes ».<br />
Iphis et Iante en janvier, Les Suppliantes en juin,<br />
Marseille-Provence 2013 vous gâte !<br />
J’étais même censé créer un troisième spectacle.<br />
À Toulon, je devais monter un petit opéra de Karl<br />
Maria von Weber, Abu Hassan. Un très beau conte<br />
des Mille et une nuits écrit en hommage à Moz<strong>art</strong>.<br />
Mais Toulon s’est retiré de la course. Ma présence<br />
dans Marseille-Provence 2013 est le fruit de l’amitié<br />
qui me lie à Dominique Bluzet, le directeur des<br />
Trois théâtres. Nous nous sommes battus pendant<br />
deux ans pour monter Iphis et Iante : un pari difficile<br />
compte tenu du titre imprononçable de la<br />
pièce et de son auteur inconnu. Dans l’intervalle,<br />
Dominique Bluzet a eu d’autres idées et notamment<br />
celle d’une collaboration avec des amateurs. J’étais<br />
évidemment d’accord, tout en sachant que ce n’est<br />
pas un petit engagement. Il a fallu trouver et réunir<br />
les comédiens, puis les faire travailler, à raison d’un<br />
rendez-vous hebdomadaire pendant un an et demi.<br />
Heureusement, j’ai deux coadjutrices formidables :<br />
Marie Provence et Caroline Ruiz.<br />
Pourquoi avoir choisi Les Suppliantes ?<br />
J’ai souvent travaillé cette tragédie dans le passé,<br />
notamment à l’occasion de stages organisés pour<br />
les enseignants, et je voulais la monter à Marseille.<br />
J’ai toujours pensé que cette ville était le point de<br />
rencontre, d’aboutissement, de tous les peuples<br />
méditerranéens, plus encore que Barcelone, Gênes<br />
ou Athènes. La variété de sa population est exceptionnelle.<br />
Et il me semblait intéressant de monter<br />
ici l’histoire de ces cinquante femmes, les Danaïdes,<br />
qui arrivent d’Égypte pour demander asile et protection<br />
à Argos. Elles sont les descendantes d’Io,<br />
originaire de cette cité grecque. Transformée en<br />
vache par Zeus et, poursuivie par un taon, Io est<br />
allée jusque sur les bords du Nil pour accoucher. Les<br />
Danaïdes veulent échapper à un mariage forcé avec<br />
leurs cousins. Le roi d’Argos ne peut refuser de les<br />
accueillir, mais il sait que cette décision entraînera<br />
une guerre. Il consulte son peuple qui opte pour<br />
l’asile… et la guerre.<br />
« CEUX QUI NE SE SOUVIENNENT<br />
PAS DU PASSÉ SONT APPELÉS<br />
À LE REVIVRE. »<br />
Comment adapter une tragédie vieille de vingtcinq<br />
siècles au public contemporain et à cinquante<br />
comédiens amateurs ?<br />
Chez Eschyle, il y a vingt-quatre femmes et un mystère.<br />
Car, à la fin de la pièce, le chœur est divisé en<br />
deux : les suppliantes et leurs esclaves. On ne sait<br />
pas si à l’époque, il y avait sur scène vingt-quatre ou<br />
quarante-huit comédiens. Au Gymnase, elles seront<br />
trente et c’est déjà bien. Par ailleurs, dans l’Antiquité,<br />
il n’y avait, outre le chœur, que deux acteurs :<br />
le protagoniste et le deutéragoniste, qui jouait tous<br />
les autres rôles. Comme nous avons gardé une cinquantaine<br />
de comédiens sur les cent soixante-dix<br />
candidats qui nous ont écrit, nous avons choisi de<br />
dédoubler certains rôles. Quant au texte, que j’ai<br />
traduit avec l’aide de Bernard Ch<strong>art</strong>reux, il est très<br />
respectueux de la lettre. J’ai très peu coupé, beaucoup<br />
moins que pour Iphis et Iante. Il s’agit de comprendre<br />
et faire comprendre la logique de l’œuvre.<br />
Revenir à la tragédie grecque, c’est renouer avec les<br />
fondamentaux pour savoir où nous en sommes. Les<br />
Grecs anciens eux-mêmes utilisaient le passé pour<br />
soigner leur présent. Aujourd’hui, le lien avec l’histoire<br />
s’est affaibli, alors que nous sommes des êtres<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013 15
LA RENCONTRE<br />
JEAN-PIERRE VINCENT<br />
© Vincent Lucas<br />
TROIS QUESTIONS À<br />
Marion Sallée<br />
Cette jeune néphrologue, actuellement engagée dans un<br />
programme de recherche, a su trouver le temps de p<strong>art</strong>iciper<br />
à l’aventure des Suppliantes.<br />
historiques. Comme le rappelle l’avertissement en<br />
exergue du film Lacombe Lucien, « ceux qui ne se<br />
souviennent pas du passé sont appelés à le revivre. »<br />
Cela dit, nous avons ajouté un prologue contemporain,<br />
inspiré d’Œdipe à Colonne. Il agit comme un<br />
sas qui permet d’entrer dans le spectacle et fait que<br />
la pièce semble sans âge.<br />
Quel est l’intérêt, pour un metteur en scène de<br />
votre envergure, de travailler avec des amateurs ?<br />
Parce qu’à quinze ans, en entrant dans le théâtre du<br />
lycée, j’ai compris que j’y passerais ma vie, je ne refuse<br />
jamais de rencontre ou d’intervention dans des<br />
établissements scolaires ou des écoles de formation<br />
d’acteurs. C’est le monde ! Le théâtre me semble indispensable<br />
à l’humanité, donc il faut trouver toutes<br />
les formes pour permettre au théâtre – et à l’humanité<br />
– de survivre. C’est une question à l’ordre<br />
du jour, dans un monde découragé, où l’homme<br />
semble de plus en plus réduit à l’état d’animal ou de<br />
robot. Je suis cependant conscient de n’être qu’une<br />
petite goutte d’eau dans le tonneau des Danaïdes, je<br />
me considère comme le Stéphane Hessel du théâtre.<br />
Et puis, je pense comme Brecht qu’il faut « élargir le<br />
cercle des spécialistes ». Ce projet est une entreprise<br />
de dignification du théâtre amateur.<br />
LES SUPPLIANTES<br />
Du 10 au 13 juin, 20h30, le 12, 19h.<br />
Théâtre du Gymnase,<br />
4, rue du Théâtre-Français, Marseille 1er.<br />
08 20 13 20 13. 5 €.<br />
WWW.<br />
lestheatres.net.fr<br />
Comment avez-vous découvert le projet de Jean-Pierre<br />
Vincent et quelle a été votre motivation pour vous engager ?<br />
J’ai découvert le projet dans la Lettre du Gymnase. Je faisais du<br />
théâtre depuis quelques mois avec un réel plaisir et l’idée de pouvoir<br />
m’inscrire dans un groupe et de vivre une nouvelle expérience m’a<br />
séduite. Ce n’est ni le metteur en scène ni la pièce choisie qui ont<br />
guidé ma décision, mais le fait de faire p<strong>art</strong>ie d’un projet théâtral<br />
d’envergure dans un projet pour Marseille 2013.<br />
Après une année passée à travailler sur la pièce, quel bilan<br />
dressez-vous de cette aventure ?<br />
Il y a certes eu quelques déceptions, mais le bilan est franchement<br />
positif. Quand nous avons travaillé pour la première fois avec Jean-<br />
Pierre Vincent, c’était un moment de grâce. Pendant quatre jours,<br />
nous avons fait du théâtre non-stop, et quelque chose est né entre<br />
lui et nous, mais aussi avec Marie Provence et Caroline Ruiz qui<br />
nous encadrent depuis le début. Ensuite, il y a eu la distribution des<br />
rôles et les déceptions de certains, une coupure de trois mois et<br />
une baisse de motivation pour d’autres. Le retour à la réalité et aux<br />
aléas de la vie a modifié le groupe : une bonne dizaine de personnes<br />
a abandonné. Il a fallu un certain temps pour qu’une nouvelle<br />
dynamique se crée. Elle est moins magique, mais probablement<br />
plus réelle. C’est un travail de longue haleine, astreignant, et le<br />
texte est ardu. Au fil du temps, on arrive à se l’approprier et à<br />
l’aimer. Chaque jeudi, j’ai l’impression d’avoir avancé, même si je<br />
ne me rends pas compte de ce que ça donnera… Si c’était à refaire,<br />
je resignerais. On apprend sur soi, on rencontre des gens, on prend<br />
des risques. Et puis, il est très facile de travailler avec Jean-Pierre<br />
Vincent. Il prend son temps, il est prêt à remettre en question ses<br />
idées pour nous écouter.<br />
Cette expérience a-t-elle modifié votre approche du théâtre<br />
et vous donne-t-elle envie de vous y consacrer davantage ?<br />
Cette expérience a modifié ma façon de faire du théâtre, mais<br />
aussi ma façon d’y aller et a développé mon sens critique. De là<br />
à me consacrer pleinement au théâtre… Il est vrai que quand on<br />
s’engage dans ce genre de projet, on a cette espèce de rêve « d’être<br />
découverte », de devenir la « nouvelle star »… Mais j’adore mon<br />
travail dans la vie réelle et je vois bien que je ne « mange pas<br />
théâtre », que je ne « suis pas théâtre » au point de tout remettre en<br />
question et de me lancer.<br />
16<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013 17
L’OEUVRE<br />
COIFFE DE DANSE OLOK<br />
LEUR TRUC EN PLUME<br />
Texte : Emmanuelle Gall • Photo : David Giancatarina<br />
© 2011 Musées de Marseille<br />
Elément d’une coiffe de plumes olok, Wayana, Rio Jari, Para, Brésil.Don Marcel Heckenroth. Coton, plumes, 75 x 50 cm.<br />
U<br />
Une parure à faire pâlir de jalousie les plumassiers<br />
du Lido ou du Moulin rouge ! Tellement<br />
moderne dans sa sobriété et pourtant éclatante, loin du kitch<br />
souvent indissociable de l’<strong>art</strong> de la plume occidental ! Cette<br />
coiffe olok, conservée au Musée d’Arts Africains, Océaniens,<br />
Amérindiens (M.A.A.O.A), raconte à qui veut bien les<br />
entendre, une foule d’histoires. À commencer par celle des<br />
Cassiques à huppe noire, Toucans de Cuvier et autres Aras<br />
rouges : ces oiseaux fabuleux qui p<strong>art</strong>agent la forêt amazonienne<br />
avec les Wayana et les Wayampi. Excellents chasseurs,<br />
les Amérindiens ont un double usage des volatiles : alimentaire<br />
et <strong>art</strong>istique. Chaque plume devient, entre leurs mains,<br />
une parure possible : empenne de flèche, boucle d’oreille,<br />
couronne, coiffe... Nettoyées et séchées, les plumules, duvets,<br />
caudales ou rémiges sont conservés dans des coffrets de vannerie<br />
jusqu’au jour de leur assemblage, à l’aide de liens de<br />
coton. Constituées d’un casque, d’un hauban et de deux plastrons<br />
suspendus dans le dos du danseur, les coiffes de danse<br />
olok figurent parmi les parures les plus sophistiquées. Elles<br />
sont utilisées lors de cérémonies nommées maraké : rituels de<br />
passage d’une classe d’âge à une autre, de purification et de<br />
régénération. Ainsi parés, les individus incarnent leur propre<br />
métamorphose pendant de longues danses accompagnées de<br />
chants et d’épreuves. La fête terminée, les parures démontées<br />
retrouvent leur coffret.<br />
C’est sous cette forme que certaines sont parvenues au<br />
M.A.A.O.A, obligeant Marianne Pourtal Sourrieu et son<br />
équipe à un long travail de reconstitution. Un vrai cassetête,<br />
en même temps qu’une émotion certaine car leur état<br />
de conservation est exceptionnel. En 2007, lorsque le docteur<br />
Marcel Heckenroth invite l’historienne à venir voir la<br />
collection qu’il s’apprête à donner au musée, il ouvre, pour<br />
la première fois depuis 1942, la boîte contenant ces trésors.<br />
L’homme, qui a exercé les fonctions de médecin colonial en<br />
Guyane, entre 1939 et 1942, l’a reçue, en cadeau, de la p<strong>art</strong> du<br />
chef wayampi Eugène Inamou. Par sa valeur, ce présent en dit<br />
long sur l’implication et l’humanisme de Marcel Heckenroth.<br />
Aujourd’hui, ces parures trônent dans la salle des Amériques<br />
du M.A.A.O.A., aux côtés des collections – tout aussi extraordinaires<br />
– de Pierre Guerre, Henri Gastaut et François Reichenbach.<br />
MUSÉE D’ARTS AFRICAINS, OCÉANIENS, AMÉRINDIENS<br />
Centre de la Vieille Charité<br />
2, rue de la Charité, Marseille, 2e.<br />
04 91 14 58 38<br />
WWW.<br />
maaoa.marseille.fr<br />
18<br />
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20<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013
L’ENDROIT<br />
LE MASTOC<br />
LES PAS PERDUS<br />
INVESTISSENT ARLES<br />
Le seul Qu<strong>art</strong>ier créatif arlésien a été confié par l’association MP 2013 aux Pas Perdus.<br />
À Griffeuille, le collectif marseillais a construit un « bâtiment décoiffé » et semé cent rochers<br />
qu’il transforme avec des « occasionnels de l’<strong>art</strong> » du qu<strong>art</strong>ier.<br />
Texte : Emmanuelle Gall • Image : Les Pas-perdus<br />
À<br />
« LA POLITIQUE CADRE<br />
LES INDIVIDUS, NOUS LEUR<br />
OFFRONS UN ESPACE<br />
POUR DÉBORDER… »<br />
p<strong>art</strong>ir du 31 mai, les Arlésiens vont pouvoir ajouter<br />
un mas à la longue liste de leur patrimoine : il<br />
s’agit du MasToc, situé à Griffeuille, un qu<strong>art</strong>ier pas vraiment<br />
réputé pour la qualité de son architecture. « Les larges<br />
avenues bordées de larges trottoirs donnent le sentiment d’un<br />
lieu presque vide, désert. On a l’impression que les gens ont<br />
été happés par une force centripète vers l’intérieur de leurs<br />
habitations », diagnostique Guy-André Lagesse, le fondateur<br />
des Pas Perdus. Avec ses deux collègues, Nicolas B<strong>art</strong>hélémy<br />
et Jérôme Rigaut, il vit à mi-temps dans un app<strong>art</strong>ement<br />
vacant du qu<strong>art</strong>ier depuis plus d’un an. Dès l’été<br />
dernier, ils ont signalé leur arrivée en plantant une foule de<br />
panneaux le long du boulevard des Lices et de l’avenue Victor<br />
Hugo. Sur chacun était photographié un(e) Arlésien(ne)<br />
portant un rocher, à sa façon. Ces Atlas achevaient leur<br />
course sur l’esplanade Jules Vallès, inconnue des touristes<br />
et peu fréquentée par la population locale. Baptisée De César<br />
à Griffeuille, on a trouvé un raccourci, l’exposition à ciel<br />
ouvert entendait « replacer Griffeuille au centre du monde »<br />
et rappeler que, bien avant d’être occupé par des logements<br />
sociaux, le site abritait des carrières.<br />
Depuis le mois de septembre − et le retour symbolique des<br />
rochers −, l’esplanade Jules Vallès est devenue le théâtre<br />
d’une installation baroque. Les <strong>art</strong>istes ont déposé, en son<br />
centre, un bâtiment fait de containers recouverts de portes,<br />
fenêtres et autres éléments de mobilier, lui donnant l’apparence<br />
d’un « app<strong>art</strong>ement retourné comme une chaussette ».<br />
Comme si « tous les imaginaires contenus dans les app<strong>art</strong>ements,<br />
les souvenirs, les fantaisies, les coquetteries étaient<br />
offerts, exposés aux yeux de tous, au soleil et au mistral »,<br />
explique Guy-André Lagesse. Bientôt, le MasToc émettra<br />
aussi des sons : des témoignages, des bruits de la ville, enregistrés<br />
par les Pas Perdus et leur équipe d’« occasionnels de<br />
l’<strong>art</strong> ». C’est le nom donné à tous ceux qui, depuis une quinzaine<br />
d’années, p<strong>art</strong>agent les aventures créatives du collectif,<br />
à Marseille, en Afrique ou, plus récemment, à la Cité des<br />
Électriciens de Bruay-La-Buissière (Nord). À Griffeuille, ils<br />
sont une petite centaine. Des enfants, des mères de famille,<br />
des anciens…, qui ont eu envie de répondre à l’invitation<br />
des Pas Perdus. Toutes les collaborations étant les bienvenues,<br />
certains ont choisi leur rocher, parmi les cent qui<br />
entourent le MasToc, tel un labyrinthe ou les moutons d’un<br />
drôle de troupeau. Jérôme Rigaut, qui accompagne les habitants<br />
depuis le choix du rocher jusqu’à sa transformation,<br />
les connaît tous. « On choisit un rocher, comme un ermite : à<br />
sa convenance, selon sa personnalité… Denise s’est assise sur<br />
ce rocher, et a constaté, en l’essayant, qu’il lui manquait juste<br />
des accoudoirs ». L’<strong>art</strong>iste a donc fiché dans la pierre deux<br />
beaux accoudoirs de bois. En suivant le guide, on découvre<br />
successivement le « rocher à emporter » avec ses bretelles de<br />
sac à dos, le « rocher pour danser », entouré de percussions,<br />
le « rocher à rien faire », le « rocher barbecue », le « rocher<br />
tank » destiné par son locataire à bombarder l’école. Chacun<br />
a son histoire et ses raisons. « On ne vient pas enseigner,<br />
on vient p<strong>art</strong>ager et recevoir, précise Guy-André Lagesse.<br />
La politique cadre les individus, nous leur offrons un espace<br />
pour déborder, exprimer leurs désirs et leurs angoisses ». Et la<br />
réponse des Pas Perdus aux oiseaux de mauvais augure qui<br />
leur prédisaient un échec est sans appel : l’été sera beau à<br />
Griffeuille, son mas et sa bergerie.<br />
LE MASTOC<br />
Du 1er juin au 29 septembre, esplanade Jules Vallès,<br />
qu<strong>art</strong>ier Griffeuille, Arles. Entrée libre.<br />
Programme complet :<br />
www.facebook.com/pages/Les-Pas-Perdus<br />
WWW.<br />
lespasperdus.com<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013 21
L’ARTISTE<br />
XAL<br />
© Didier D.Daarwin<br />
« À travers mon travail,<br />
je mets en lumière celui<br />
des autres et celui des<br />
<strong>art</strong>istes en général. »<br />
LE P’TIT M. Des <strong>art</strong>istes présentés chaque samedi au<br />
Pavillon M par un duo improbable de prétendus théoriciens<br />
de l’<strong>art</strong>, censés nous éclairer sur le sens du travail de leurs<br />
invités. Interprétés par Géraldine Loup et Xavier-Adrien Laurent,<br />
ces deux « passeurs» aux propos volontiers digressifs nous<br />
interpellent d’une manière décalée sur la relation de l’<strong>art</strong> dans la<br />
société. Les invités accueillis, musiciens, poètes, beatboxeurs,<br />
danseurs, peintres, clowns… réalisent alors une prestation de<br />
vingt minutes sur une scène mobile, tantôt sur le parvis, tantôt à<br />
l’intérieur du pavillon, au gré du climat.<br />
Xavier-Adrien Laurent<br />
L’ACTEUR<br />
STUDIEUX<br />
Comédien, auteur, metteur en scène, Xavier-<br />
Adrien Laurent, alias XAL, présente tous les<br />
samedis, au Pavillon M, des <strong>art</strong>istes locaux.<br />
Texte : Olivier Levallois • Photo : Olivier Allard<br />
S<br />
on entrée en scène tient de la farce. Né un 17 août,<br />
déclaré le 25, la naissance de Xavier-Adrien sera<br />
finalement officialisée le 23. Le décalage restera chez lui une<br />
seconde nature. Sa famille compte des <strong>art</strong>istes de cœur : une<br />
mère pianiste, un père comédien qui écrit, un grand-père<br />
peintre avec qui il dessine. Enfant renfermé, ne brillant ni à<br />
l’école, ni en sport, sa mère a une intuition. « Elle me traîne dans<br />
un cours de théâtre à onze ans, en me disant que de toute façon,<br />
si ça ne me plaît pas, je n’y retournerai pas… » Ça lui a plu.<br />
Le cours d’Irène Lamberton, une légende du milieu, lui révèle<br />
sa place : « Là, je me suis senti bien et on m’appréciait pour ce que<br />
je savais faire ». Entré au conservatoire à seize ans, il annonce<br />
à ses parents que l’incitation maternelle a sans doute dépassé<br />
l’intention initiale : il abandonne l’école pour vivre pleinement<br />
sa vocation. Au conservatoire, son second foyer, il côtoie des<br />
apprentis comédiens prometteurs, dont Sam Khebizi et Hervé<br />
Lavigne, les futurs coauteurs de son solo Artiste dramatique.<br />
Trente ans après son tout premier cours de théâtre, son actualité<br />
est riche. Outre ses prestations au Pavillon M, il tourne avec son<br />
spectacle solo, collabore aux randonnées théâtres de Maurin des<br />
Maures et reste activement impliqué dans La Réplique (centre de<br />
ressources régional destiné aux comédiens). Pour lui, le métier<br />
de comédien ce n’est pas seulement une carrière : « L’<strong>art</strong>iste est<br />
vraiment un outil de compréhension et de développement de<br />
l’humanité. Si la société perd la notion de cette fonction, elle se<br />
perd elle-même de vue. »<br />
XAL AU P’TIT M<br />
Tous les samedis jusqu’au 28 décembre, 11h30, 15h00,<br />
16h30. Pavillon M,<br />
Place Villeneuve-Bargemon, Marseille, 2e. Entrée libre.<br />
WWW.<br />
leptit-m.com<br />
22<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013 23
L’OBJET<br />
LA KALACHNIKOV<br />
LA KALACHNIKOV<br />
Souvent associée à Marseille, à l’occasion de faits divers récents abondamment<br />
relayés par la presse, la kalachnikov sévit sur la planète depuis près<br />
de soixante-dix ans. Pour le pire, sauf quand les <strong>art</strong>istes s’en emparent.<br />
Texte : Marco Jeanson • Photo : Bran Symondson<br />
L<br />
a (ou le) kalachnikov, objet marseillais ? Au même<br />
titre que le « costume marseillais » (survêtement<br />
de l’OM), l’iPhone ou la gourmette ? Objet culte à défaut<br />
d’être strictement culturel, il faut bien dire que la kalachnikov<br />
s’est imposée ces dernières années avec violence dans<br />
l’imaginaire autant que dans la réalité de Marseille. Sur les<br />
vingt derniers règlements de compte, seize sont à mettre à<br />
l’actif de l’Automat Kalachnikova, modèle 1947, avec mort<br />
d’homme à l’arrivée. Arme fétiche des talibans, des enfantssoldats<br />
africains, des guérilleros, l’AK 47 a été inventé il y a<br />
soixante-six ans par Mikhail Kalachnikov, homme le plus<br />
décoré de la Russie et involontairement le plus grand serialkiller<br />
de tous les temps. Sa créature est toujours en production<br />
sous sa forme la plus récente (AK 12) et, tous modèles<br />
confondus, il en circule une centaine de millions d’exemplaires<br />
dans le monde, soit une « kalach » pour 70 êtres<br />
humains… Combien y en a-t-il à Marseille ? « Personne ne<br />
sait, dit l’ancien patron de la PJ de Marseille. Mais s’il y en a<br />
une cinquantaine, c’est déjà suffisant pour faire beaucoup de<br />
dégâts. » D’autant que, à 2000 € pièce, elles sont en général<br />
Laïla Shawa, Where Souls Dwell, 2012,<br />
(cristal Swarovski, pierres du Rhin, poudre d’or japonaise, plumes,<br />
aimants et résine), 87 x 30 x 7 cm.<br />
mutualisées... Certes, il y a des kalachnikovs ailleurs que<br />
dans le 13. Mais, comme le dit un policier, « la violence est<br />
inscrite dans l’ADN de Marseille ». Comme la vendetta en<br />
Corse. S’ajoute à cela le fait qu’ici, les banlieues sont dans<br />
la ville. A Paris, ce qui se passe « de l’autre côté du périphérique<br />
» a plus de mal à se faire entendre, à tous les niveaux.<br />
Et si la « kalach » accroche bien chez les jeunes des cités,<br />
c’est aussi parce qu’elle représente, dans le grand foutoir de<br />
l’inconscient collectif et de la culture pop, le symbole de<br />
l’arme révolutionnaire et de l’anti-américanisme. Reste que<br />
ce joujou est une arme de guerre au pouvoir destructeur<br />
phénoménal, totalement disproportionné en milieu urbain.<br />
Les policiers ne sont ni préparés ni équipés pour en affronter<br />
ses rafales : « Même derrière une voiture avec un gilet<br />
pare-balles, ça transperce », dit l’un d’eux. Peut-on rêver<br />
qu’un jour toutes les kalachnikovs trouvent un usage plus<br />
<strong>art</strong>istique et inspirent d’autres musiques que des requiems ?<br />
Telles l’icône pacifique imaginée par l’<strong>art</strong>iste palestinienne<br />
Laïla Shawa pour le projet AKA Peace, ou bien la Kalachcaster<br />
de Claire Diterzi ? Ra-tata-tata !<br />
24<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013
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LE MUR<br />
ŒIL POUR ŒIL<br />
6 RUE CRUDÈRE, 26 AVRIL 2013<br />
Photo : Olivier Levallois<br />
26<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013 27
L’ASSOCIATION<br />
LIEUX FICTIFS<br />
L’ART, POUR OUVRIR<br />
LA PRISON À LA SOCIÉTÉ<br />
Fondée en 1994, l’association Lieux Fictifs a fait entrer l’<strong>art</strong> aux Baumettes.<br />
Il en ressort des films, des œuvres et des expériences... À découvrir.<br />
Texte : Fred Kahn • Photo : Joseph Césarini<br />
E<br />
n 2008, le jury chargé de la candidature de Marseille<br />
au titre de Capitale européenne de la culture<br />
a d’abord été emmené aux Baumettes. C’est Bernard Latarjet,<br />
alors directeur de Marseille-Provence 2013, qui avait<br />
fait ce choix. Ce jour-là, le jury a vu une étape de Frontières<br />
dedans/dehors : un long processus de création et de coopération<br />
européenne qui aboutira, en juin, à La Friche. L’association<br />
Lieux Fictifs y proposera une installation cinématographique,<br />
construite autour de la pièce de Bernard Marie<br />
Koltès, Dans la Solitude des champs de coton. Cette œuvre<br />
« immersive » (les spectateurs sont placés au centre d’un<br />
dispositif de multidiffusion) met en scène dix-huit détenus<br />
et neuf habitants de Marseille. Parallèlement, l’association<br />
va présenter une exposition de films courts réalisés dans le<br />
cadre d’ateliers de création p<strong>art</strong>agée en France, en Europe et<br />
en Méditerranée. Toujours dans le cadre de cet événement,<br />
un forum européen réunira professionnels de la culture et<br />
de la justice afin d’interroger les conditions de la création<br />
<strong>art</strong>istique en détention.<br />
Un dispositif aussi ambitieux n’advient pas par hasard. Caroline<br />
Caccavale et Joseph Césarini, les deux fondateurs de<br />
Lieux Fictifs, se battent depuis plus de vingt-cinq ans pour<br />
transformer la prison en un territoire <strong>art</strong>istique comme les<br />
autres. Ils ont commencé par créer des ateliers de production<br />
avec le canal vidéo interne des Baumettes. Puis, ils ont<br />
réalisé une série de films sur la vie en détention, notamment<br />
9m 2 (coproduit et diffusé par Arte en 2004). Enfin, ils<br />
ont obtenu de l’administration pénitentiaire que l’ancien<br />
qu<strong>art</strong>ier de haute sécurité soit transformé en laboratoire<br />
de recherche cinématographique. Désormais, Lieux Fictifs<br />
dispose donc, dans Les Baumettes, d’une salle de cinéma de<br />
vingt places, de deux salles de montage et d’un plateau de<br />
tournage. L’enjeu ? Pousser les murs de la prison, bien sûr.<br />
Mais sans misérabilisme ni victimisation. « Certains détenus<br />
retrouvent une dignité parce qu’ils la risquent, explique<br />
Caroline Caccavale. Elle n’est jamais donnée. Mais encore<br />
faut-il avoir la possibilité de prendre ce risque ».<br />
FRONTIÈRES DEDANS/DEHORS<br />
Du 13 au 30 juin. Friche la Belle de Mai,<br />
41 rue Jobin, Marseille, 3e.<br />
04 95 04 96 37. Entrée libre.<br />
WWW.<br />
lieuxfictifs.org<br />
28<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013 29
LA GALERIE<br />
LA NON-MAISON<br />
ART À TOUS LES ÉTAGES<br />
Créée en 2007 par Michèle Cohen, la Non-Maison est tout entière habitée<br />
par des œuvres et des <strong>art</strong>istes. Le temps d’une exposition,<br />
d’une conférence ou d’une résidence…<br />
Texte : Emmanuelle Gall • Photo : Yvan Boccara<br />
C<br />
hez les Incas, selon Anaïs Nin, on appelle « nonmaison<br />
», ou nanankepichu, un jardin secret relié à<br />
une demeure par un passage souterrain. À Aix-en-Provence,<br />
il s’agit d’une maison de ville, transformée en « micro centre<br />
d’<strong>art</strong> ». Michèle Cohen tient à cette désignation, pour affirmer<br />
la dimension réflexive et créative de son projet, mais aussi une<br />
certaine prise de risque. En effet, loin d’être une simple galerie,<br />
la Non-Maison propose, en plus des expositions mensuelles,<br />
une École du Regard et une résidence de recherche. Pendant<br />
deux à trois mois, les <strong>art</strong>istes sont chez eux à la Non-Maison,<br />
disposant de l’app<strong>art</strong>ement situé au-dessus de la galerie pour y<br />
travailler, à leur rythme et sans contrainte. Chacun vient avec<br />
son projet et crée son propre cadre : le dernier en date, Yvan<br />
Boccara est arrivé de Tanger à la fin du mois de mars, avec<br />
les archives de vingt-cinq ans de photographie pour bagages.<br />
L’invitation faite à cet <strong>art</strong>iste, comme aux autres habitants<br />
de cette année 2013, est liée au projet que Michèle Cohen a<br />
baptisé « Jo le rouge », en hommage au Marin de Gibraltar de<br />
Marguerite Duras. C’est sa p<strong>art</strong>icipation au colossal itinéraire<br />
d’<strong>art</strong> contemporain Ulysses, initié sur le territoire de Marseille-<br />
Provence 2013 par le FRAC (Fonds Régional d’Art Contemporain).<br />
Parmi les nombreuses structures associées, la Non-<br />
Maison est la seule à proposer une programmation de douze<br />
expositions. Michèle Cohen voit dans Le Marin de Gibraltar,<br />
« une version contemporaine du mythe d’Ulysse, revisité par<br />
une femme, où l’errance et la peur du retour sont des thèmes<br />
centraux ». Elle a donné le livre à chacun des <strong>art</strong>istes. En mai,<br />
le photographe Jose Ramon Bas en livrera sa vision, suivi par<br />
le plasticien Patrick Sainton, en juin. Ce dernier est, avec Bernard<br />
Plossu, Yves Schemoul et Serge Kantorowicz, un des<br />
piliers de la Non-Maison. Comme l’écrivain et poète Renaud<br />
Ego, qui a fondé l’École du Regard avec Michèle Cohen et l’a<br />
inaugurée avec une conférence sur l’<strong>art</strong> paléolithique. « C’est<br />
une école sauvage, libre et gratuite qui propose une conférence<br />
par mois », explique sa directrice. Pour répondre à la question<br />
« qu’est-ce que voir ? », elle a choisi d’inviter des critiques et des<br />
philosophes, mais aussi des scientifiques. Dès le mois de septembre,<br />
elle prolongera cette proposition par l’ouverture du<br />
programme Critiques d’Art en Herbe. Ou comment initier les<br />
enfants et les adolescents à l’<strong>art</strong>, en leur apprenant à regarder,<br />
exprimer et p<strong>art</strong>ager, grâce à des rencontres avec les <strong>art</strong>istes et<br />
leurs œuvres.<br />
LA NON-MAISON<br />
22, rue Pavillon, Aix-en-Provence.<br />
06 29 46 33 98<br />
WWW.<br />
lanonmaison.fr<br />
30<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013 31
32<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013
L’ALBUM<br />
MIXATAC<br />
A<br />
MARSATAC EN VOYAGE<br />
Bamako, Beyrouth, Essaouira… Trois villes, pour trois albums réunissant<br />
les scènes musicales marseillaises et locales.<br />
ttention, malgré son titre en forme de mix, ceci<br />
n’est pas une compil, mais bien une création !<br />
Mixatac #1 Bamako est le premier volet d’une collection de<br />
quatre albums initiée par le festival Marsatac, et qui se veut<br />
en quelque sorte la bande-son de Marseille-Provence 2013.<br />
L’origine du projet remonte à 2008, année où Dro, le programmateur<br />
du festival se lance dans l’organisation, à Bamako,<br />
d’une résidence entre <strong>art</strong>istes marseillais (Alif Tree,<br />
David Walters) et maliens (Issa Bagayogo, Ahmed Fofana,<br />
Neba solo...). Ces échanges aboutissent à la création d’un répertoire<br />
inédit et à une série de concerts à Bamako, Amiens,<br />
Paris et Marseille. Dans la foulée, un album est enregistré<br />
au mythique studio Bogolan en mars 2009. Y p<strong>art</strong>icipent<br />
plusieurs <strong>art</strong>istes incontournables de la scène malienne,<br />
avec lesquels il a fallu longuement palabrer pour qu’ils<br />
acceptent d’« électronifier » les instruments traditionnels.<br />
Mélange d’inspiration mandingue et d’énergie marseillaise<br />
électro et hip-hop, le cocktail semble réussi. Du coup, entre<br />
Texte : Marco Jeanson<br />
2009 et 2012, l’équipe de Marsatac récidive en proposant à<br />
Rodolphe Burger et Fred Nevchehirlian de p<strong>art</strong>ir à la rencontre<br />
de la scène beyrouthine (Wael Koudaih, Fadi Tabbal,<br />
Youmna Saba). Puis ce sera Essaouira pour un troisième<br />
volet (placé finalement en deuxième position dans la collection),<br />
avec le trio Nasser, Hassan Boussou et Komy. En<br />
2013 : retour au port dans le cadre de Marseille-Provence<br />
2013, avec un quatrième album de remix et un concert exceptionnel<br />
qui réunira le 29 septembre, en clôture du festival<br />
Marsatac et au théâtre de la Criée, tous les <strong>art</strong>istes de<br />
cette aventure au long cours.<br />
MIXATAC #1 BAMAKO<br />
MIXATAC #2 ESSAOUIRA (27 mai)<br />
MIXATAX #3 BEYROUTH (9 septembre)<br />
MIXATAC #4 REMIXATAC (19 septembre)<br />
Orane - L’Autre distribution/Idol<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013 33
LE VILLAGE DE<br />
FRED<br />
SATHAL<br />
Par Emmanuelle Gall<br />
© Malika Mokadem<br />
Depuis sa double exposition, au Musée de<br />
la Mode et au FRAC, en 2009, Fred Sathal<br />
n’a pas cessé de travailler et de voyager. En<br />
Afrique du Sud notamment, où elle a conçu<br />
une exposition suivie d’un défilé de mode, à<br />
l’automne dernier. Inclassable, revendiquant<br />
le droit à la diversité des médiums, l’<strong>art</strong>iste<br />
aux mains d’argent est de retour dans sa ville<br />
natale. En juin, elle présente ses derniers<br />
travaux à L’American Gallery, comme douze<br />
autres <strong>art</strong>istes marseillais mis à l’honneur par<br />
La Planque, l’ouvrage édité par l’association<br />
L’Art prend l’air en 2011. Elle p<strong>art</strong>icipe<br />
également à l’une des expositions inaugurales<br />
du MUCEM, Au Bazar du genre, avec une<br />
installation baptisée Aphrodite : « un autel<br />
voué au rite magique de la création et des forces<br />
reproductrices ». Le Marseille de Fred Sathal<br />
est nature, gourmand et un brin nostalgique.<br />
FRANÇOIS<br />
COQUILLAGES<br />
« De la cuisine méditerranéenne et des fruits de mer. Un lieu,<br />
ouvert midi et soir, à la décoration de navire un peu kitch, mais<br />
rétro à souhait. De grands miroirs en oblique plaqués sur les<br />
murs permettent de contempler les opulents plateaux de coquillages<br />
disposés sur les tables. Ambiance simple et agréable.<br />
Il ne faut pas rater les supions frits ! »<br />
Une maison familiale, fondée en 1972, qui met l’accent sur la<br />
qualité des produits et une préparation sans fioritures. Moules<br />
en tous genres et coquillages, poissons, pâtes aux fruits de<br />
mer… pour un budget d’environ 45 € à la c<strong>art</strong>e.<br />
> 25, avenue du Prado, Marseille 8e.<br />
DROMEL AINÉ<br />
« Une institution où tout est délice et gourmandise. Les<br />
marrons glacés sont extraordinaires. Ambiance et<br />
décor à l’ancienne. Un émerveillement de douceurs en<br />
tous genres. »<br />
On ne présente plus ce « chocolatier confiseur depuis<br />
1760 », qui collectionne les prix et les récompenses,<br />
réputé pour la qualité de ses chocolats (pur beurre de<br />
cacao), mais aussi de ses marrons glacés, pâtes de<br />
fruits et biscuits.<br />
> 19, avenue du Prado, Marseille, 6e<br />
34<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013
LE VILLAGE DE<br />
FRED SATHAL<br />
« J’AIME LA PROXIMITÉ<br />
DE MARSEILLE AVEC LA<br />
NATURE, SON CIEL BLEU<br />
COMME SON ACCENT,<br />
INIMITABLES. »<br />
MERCERIE CAT<br />
« Véritable institution à Marseille depuis cent<br />
cinquante ans, c’est le lieu idéal pour dégoter des boutons<br />
anciens, des fils p<strong>art</strong>iculiers pour la broderie et<br />
la couture. Un univers où les idées trouvent souvent<br />
une réponse. Un comptoir ou le passé et le présent se<br />
mélangent à travers un vaste choix et des fournitures<br />
de qualité. »<br />
En la matière, on peut faire confiance à une <strong>art</strong>iste qui a<br />
plusieurs défilés de haute couture à son actif.<br />
> 9, cours Saint-Louis, Marseille 1er.<br />
AU MÉSO<br />
« Dans le qu<strong>art</strong>ier de la Plaine, aux murs couverts<br />
de graffiti, un lieu nocturne, ouvert le dimanche soir.<br />
J’aime cet endroit pour la bonne humeur communicative<br />
de son patron, Christophe, et pour sa clientèle<br />
souvent effervescente. Une c<strong>art</strong>e faite pour les gros<br />
appétits. »<br />
Un bar à vin, aux tarifs raisonnables, qui propose des expositions,<br />
des concerts et des soirées très très festives.<br />
> 15, rue des Trois mages, Marseille, 1er.<br />
Du 9 au 23 juin,<br />
American Gallery,<br />
10 bis, rue des Flots bleus,<br />
Marseille, 7e.<br />
06 27 28 28 60<br />
AU BAZAR DU GENRE,<br />
FÉMININ/MASCULIN,<br />
Du 7 juin au 6 janvier 2014,<br />
MUCEM, 201, quai du Port,<br />
Marseille, 2e.<br />
04 91 59 06 88<br />
WWW.<br />
mucem.org<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013 35
LE RESTAURANT<br />
LE VENTRE DE L’ARCHITECTE<br />
L’AUTRE ARTISTE<br />
DU CORBU<br />
Depuis trois ans, la Cité Radieuse compte dans ses murs un chef<br />
qui cuisine en <strong>art</strong>iste : Alexandre Mazzia.<br />
Texte et photos : Marco Jeanson<br />
L’ASSIETTE<br />
Au Ventre de l’Architecte, la c<strong>art</strong>e<br />
ne cite que les ingrédients et change<br />
tous les jours. Ce soir, il y aura peutêtre<br />
un « Tourteau, Raifort, Pomme Verte,<br />
Concombre » ou un « Langoustine, Condiment<br />
Datte, Manioc-Herbacé », ou les deux, ou encore autre<br />
chose. « Je cuisine ce que je suis, à l’instant présent, dit le<br />
chef Alexandre Mazzia. Parfois, quand je regarde un plat<br />
que j’ai fait il y a trois mois, je me déteste. Et puis quand<br />
je fais trois assiettes pareilles, je m’ennuie… » Savourer les<br />
mets de ce fan d’<strong>art</strong> contemporain est une expérience assez<br />
inédite : c’est un peu comme si on mangeait un Miro ou un<br />
Kandinsky… ça se laisse déguster.<br />
LE CHEF<br />
Parce qu’Alexandre Mazzia (34 ans, 1 mètre 95) emploie<br />
des termes comme « crocofondant » ou « salinité ferreuse »,<br />
on évoque souvent à son sujet les associations à priori<br />
antinomiques. « Je ne cherche pas à heurter, se défend-il. J’ai<br />
une bibliothèque de goût dans ma tête, je pars d’une matière<br />
brute pour essayer d’arriver à quelque chose d’élégant, de<br />
soyeux. Il y a des plats qui mûrissent, qui mettent parfois<br />
plus d’un an à voir le jour. » De ses douze premières années<br />
LE VENTRE DE L’ARCHITECTE<br />
280, boulevard Michelet, Marseille, 8e.<br />
04 91 16 78 23. 32-75 €.<br />
Fermé dimanche et lundi.<br />
WWW.<br />
leventredelarchitecte.com<br />
passées sur la côte sauvage du Congo,<br />
il lui reste un côté à la fois farouche<br />
et naïf, et le besoin de proximité avec<br />
la mer. « Mais ici, dit-il, je ne suis pas à<br />
Marseille, je suis au Corbu. Je n’ai pas le<br />
poids de la tradition. »<br />
LE CADRE<br />
Effectivement, il y a quelque chose d’étranger à Marseille<br />
ici. C’est avant tout « Le Corbu ». Bien assez occupé aux<br />
fourneaux, le chef ne s’est pas mêlé de la décoration depuis<br />
son arrivée, il ya trois ans. Le Ventre de l’architecte semble se<br />
suffire à lui-même et baigne éternellement « dans son jus ».<br />
Dominique et Alban Gérardin, les propriétaires des lieux et<br />
collectionneurs, l’ont restauré en gardiens du temple.<br />
36<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013 37
LE MIAM CROQUE<br />
LES PHILIPPINES<br />
Créé par deux <strong>art</strong>istes en 2000, le Musée International des Arts Modestes (MIAM)<br />
est unique, parce que dédié à des formes <strong>art</strong>istiques méprisées ou ignorées par les<br />
institutions. Et chaque nouvelle exposition ressemble à un voyage en terre méconnue.<br />
Texte : Emmanuelle Gall • Photo : Pierre Schw<strong>art</strong>z<br />
L<br />
e MIAM, c’est le musée que l’on envie<br />
aux Sétois, à plus d’un titre. Son bâtiment<br />
d’abord, installé depuis 2000 dans un<br />
chai réaménagé par Patrick Bouchain, un des<br />
maîtres d’œuvre de la Friche à Marseille. À taille<br />
humaine, et doté d’un sympathique jardin de<br />
« mauvaises herbes », le lieu est au service de l’<strong>art</strong>.<br />
Modeste donc, comme son contenu. Il accueille,<br />
outre les collections des <strong>art</strong>istes Hervé Di Rosa<br />
et Bernard Belluc, ses fondateurs, des expositions<br />
temporaires (à un rythme à peu près trimestriel).<br />
Depuis son ouverture en 2000, nombreuses<br />
ont fait date : de Mexico ! Mexico !, l’exposition<br />
inaugurale, jusqu’aux Vingt ans de Groland, à<br />
l’automne dernier, en passant par Kitsch Catch,<br />
en 2009. Le dénominateur commun de ces manifestations<br />
est un concept qui n’a rien de dogmatique<br />
: l’<strong>art</strong> modeste. Une catégorie susceptible,<br />
selon ses créateurs, d’accueillir tout « objet extrait<br />
du quotidien, qui n’est pas vraiment utilitaire,<br />
mais sollicite fortement l’imaginaire et suscite un<br />
plaisir esthétique ». Pour s’initier à l’<strong>art</strong> modeste,<br />
rien ne vaut la visite des vitrines réjouissantes de<br />
Bernard Belluc au deuxième étage du musée !<br />
On peut, selon l’humeur, commencer ou terminer<br />
sa visite du musée par là. Car l’exposition du<br />
moment, Manila Vice – Un regard sur la création<br />
contemporaine philippine, n’est pas qu’une p<strong>art</strong>ie<br />
de plaisir.<br />
Orchestrée par Manuel Ocampo, un des très<br />
rares <strong>art</strong>istes philippins à connaître une carrière<br />
internationale, elle est introduite par une fresque<br />
38<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013
LA BALADE<br />
LE MIAM<br />
+<br />
LE DÉNOMINATEUR COMMUN<br />
DE CES MANIFESTATIONS<br />
EST UN CONCEPT QUI<br />
N’A RIEN DE DOGMATIQUE :<br />
L’ART MODESTE.<br />
de sa composition, peinte in situ, qui en dit long<br />
sur l’état du pays. Le peintre, qui a grandi aux<br />
États-Unis avant d’imposer sur le marché de l’<strong>art</strong><br />
son iconographie à la fois punk et religieuse, a<br />
décidé de s’installer à Manille et d’y œuvrer pour<br />
la promotion de l’<strong>art</strong> contemporain. Parmi les<br />
vingt-trois <strong>art</strong>istes sélectionnés, nombreux sont<br />
également des peintres. L’un d’eux, Romeo Lee,<br />
excelle lui aussi dans l’<strong>art</strong> de la fresque. La majorité<br />
des œuvres exposées, « pleines, selon Hervé<br />
Di Rosa, d’un humour noir désespéré et débordant<br />
de matières foudroyantes », témoignent davantage<br />
de la pauvreté et la violence de leur environnement<br />
que d’un quelconque exotisme. À l’exception<br />
peut-être des sculptures à la tronçonneuse<br />
anonymes, à l’effigie de Jean-Paul II ou Cory<br />
Aquino, ou des Jeepneys, les anciens véhicules de<br />
l’armée américaine customisés et transformés en<br />
taxis collectifs. Mais comment pourrait-il en être<br />
autrement dans cet archipel de 7000 îles, passé du<br />
joug – catholique – des Espagnols à l’occupation<br />
américaine puis la dictature de Marcos ? Pour<br />
prolonger (ou introduire) cette expérience passionnante,<br />
il faut se rendre au Carré Sainte-Anne<br />
de Montpellier. L’église désacralisée, dédiée à<br />
l’<strong>art</strong> contemporain, présente, au même moment<br />
et en collaboration avec le MIAM, une exposition<br />
personnelle de Manuel Ocampo.<br />
À SÈTE<br />
Au bout du quai, une terrasse<br />
tranche sur ses très nombreuses<br />
voisines. Guirlande d’ampoules<br />
multicolores, enseignes peintes<br />
à la main, assiettes à coquillages<br />
kitsch et dépareillées… En sortant<br />
du MIAM, on ne peut qu’apprécier<br />
ce petit air de bohème. Et il serait<br />
dommage de ne pas se laisser<br />
séduire, car ces « Demoiselles<br />
Dupuy » sont ostréicultrices. Le<br />
fondateur du restaurant, Gilles-Marie<br />
Dupuy a renoncé à l’architecture<br />
(mais pas à la<br />
peinture, qui<br />
décore la salle<br />
du restaurant)<br />
pour s’installer au bord de l’étang<br />
de Thau. Ainsi, ses huîtres sont<br />
fraîches, comme les poissons servis<br />
ici, selon l’arrivage du jour. Et si la<br />
macaronade est au menu, il ne faut<br />
pas hésiter une seconde !<br />
Les Demoiselles Dupuy,<br />
4, quai Maximin Licciardi, Sète.<br />
04 67 74 03 46. 30 €.<br />
www.lesdemoisellesdupuy.fr<br />
OÙ MANGER ?<br />
À MONTPELLIER<br />
Adossée au Carré Sainte-Anne, la<br />
terrasse acidulée du Pré vert est<br />
p<strong>art</strong>iculièrement accueillante et il<br />
suffit de jeter un œil sur les assiettes<br />
servies aux clients pour avoir envie<br />
de s’y attarder. Ces fameuses assiettes<br />
s’appellent, « Marguerite »,<br />
« Coquelicot », « Nénuphar » et ont<br />
chacune leur spécialité<br />
: chèvre<br />
à l’abricot, foie<br />
gras, carpaccio<br />
de Saint-Jacques… Les brunchs proposés<br />
le week-end sont à l’avenant :<br />
assortiments de t<strong>art</strong>es salées et<br />
sucrées, œuf coque, salade de<br />
saison… « La fraîcheur est la base<br />
de notre cuisine. Cela demande un<br />
peu plus de temps, mais l’attente en<br />
vaut la peine », lit-on sur la c<strong>art</strong>e. Ça<br />
tombe bien, car une fois installé à<br />
l’ombre des grands arbres, on n’est<br />
pas pressé de rep<strong>art</strong>ir.<br />
Le Pré vert,<br />
10, rue Sainte-Anne, Montpellier.<br />
04 67 02 72 81. 15-20 €<br />
MANILA VICE – UN REGARD SUR LA CRÉATION<br />
CONTEMPORAINE PHILIPPINE<br />
Jusqu’au 22 septembre, MIAM,<br />
23, quai Maréchal de Lattre de Tassigny, Sète.<br />
04 99 04 76 44. 2-5 €<br />
www.miam.org<br />
MANUEL OCAMPO<br />
Jusqu’au 15 septembre, Carré Saint-Anne,<br />
2, rue Philippy, Montpellier.<br />
04 67 60 82 11. Entrée libre.<br />
www.montpellier.fr<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013 39
40<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013
La Folle<br />
Histoire<br />
des<br />
Arts<br />
de la Rue<br />
Initiée en 2008, La Folle Histoire est devenue dans la région<br />
LE rendez-vous des <strong>art</strong>s de la rue et du cirque. Musclée par<br />
un p<strong>art</strong>enariat avec Marseille-Provence 2013, l’édition qui se déroule<br />
du 3 au 20 mai prend une ampleur inédite. Après avoir mis le feu<br />
au Vieux-Port, en guise d’introduction, elle propose<br />
une cinquantaine de spectacles, gratuits, dans six villes du territoire.<br />
En voici une sélection, à l’image de la programmation,<br />
c’est-à-dire ouverte à toutes les disciplines et euroméditerranéenne.<br />
Où l’on croise, aux côtés des ténors – Générik Vapeur et T<strong>art</strong>ar(e)–<br />
de nouveaux venus en France, tels les Anglais de la compagnie<br />
Motionhouse et Dream City, la biennale made in Tunis.<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013 41
Au commencement<br />
était Karwan<br />
Au sein de La Cité des Arts de la Rue, l’association Karwan œuvre pour le développement<br />
des <strong>art</strong>s de la rue et du cirque sur le territoire des Bouches-du-Rhône.<br />
La Folle Histoire des Arts de la Rue est leur réalisation phare.<br />
Texte : Olivier Levallois • Photo : Karwan<br />
Le vieux port de Marseille qui s’enflamme,<br />
des vendeurs cyniques qui bradent une<br />
commune au plus offrant, des mousquetaires<br />
de Dumas s’escrimant sur nos places… Phénomène<br />
d’hallucination collective ? Non, juste La Folle Histoire des<br />
Arts de la Rue qui se réinvite sur le territoire en cette année<br />
capitale. Coïncidence heureuse, la première édition de cette<br />
manifestation a vu le jour en<br />
2008, l’année de la nomination<br />
de Marseille. Deux destins<br />
qui s’annonçaient déjà<br />
concomitants. L’association<br />
s’était fixé deux objectifs :<br />
promouvoir la notion encore<br />
inédite de répertoire pour<br />
cette catégorie de création<br />
<strong>art</strong>istique, mais aussi, révéler<br />
à un territoire qui les héberge sans bien les connaître, la<br />
compétence de ces compagnies, comme la qualité de leurs<br />
œuvres.<br />
Sans rompre avec ces vœux originels, la cuvée 2013 se présente<br />
comme une édition spéciale, reflétant la diversité en<br />
Europe et en Méditerranée de ces <strong>art</strong>s dits de la rue. Depuis<br />
le 3 mai, cette Folle Histoire investit six villes (Marseille, Marignane,<br />
Lambesc, Charleval, Port-Saint-Louis-du-Rhône,<br />
Aureille), avec une cinquantaine de représentations, données<br />
par deux cents <strong>art</strong>istes, issus de compagnies locales,<br />
nationales, européennes et méditerranéennes. L’ampleur de<br />
« Le public s’est rendu compte<br />
que cet <strong>art</strong> peut être exigeant<br />
<strong>art</strong>istiquement, mais aussi<br />
politiquement. »<br />
l’événement est assez rare pour être soulignée, non seulement<br />
par le nombre de représentations, par la diversité des<br />
modalités d’expression (chanteurs de rue, déambulation,<br />
danse, parcours, transformation urbaine, résidence…), par<br />
le large panorama culturel et géographique présenté (Finlande,<br />
Suisse, Royaume-Uni, France, Chili, Grèce, Tunisie…),<br />
mais aussi par cette volonté de proposer des œuvres<br />
qui, pour la plup<strong>art</strong>, sont des<br />
créations in situ ou des premières.<br />
Outre la promotion des<br />
compagnies et la diffusion<br />
des œuvres, l’information<br />
auprès des collectivités et<br />
du public constitue un autre<br />
pan d’action de Karwan. Fer<br />
de lance de cette communication<br />
pour 2013 : Le Porte-Folie, une semi-remorque d’exposition<br />
de 55 m 2 d’un rouge rutilant. Après avoir sillonné<br />
le Maroc l’année passée, l’engin accompagne aujourd’hui<br />
chacune des représentations dans les six villes d’accueil du<br />
territoire. Moyen de liaison autant qu’outil pédagogique, il<br />
présente à travers un parcours multimédia (en français en<br />
anglais et en arabe), un panorama témoignant de la grande<br />
diversité des <strong>art</strong>istes de rue euroméditerranéens. Et, au fil<br />
des années, la pédagogie paie. Anne Guiot, la directrice de<br />
Karwan, constate que la perception sur les <strong>art</strong>s de la rue a<br />
évolué. « On commence vraiment à comprendre que c’est une<br />
42<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013
LA FOLLE HISTOIRE DES ARTS DE LA RUE<br />
KARWAN<br />
© Sud Side, les ateliers spectaculaires<br />
Le Porte-Folie, en tournée au Maroc.<br />
forme <strong>art</strong>istique et pas seulement animatoire. Le public s’est<br />
rendu compte que cet <strong>art</strong> peut être exigeant <strong>art</strong>istiquement,<br />
mais aussi politiquement. » Autre constat d’évolution : ces<br />
<strong>art</strong>s au nomadisme naturel s’avèrent de plus en plus transnationaux.<br />
Si les répertoires, à de très rares exceptions près,<br />
ne s’échangent pas encore d’une compagnie à une autre, en<br />
revanche le métissage culturel s’accentue entre la modernité<br />
et la tradition et entre les pays, au gré des rencontres. Anne<br />
Guiot souligne aussi la dimension politique des <strong>art</strong>s de la rue,<br />
comme action citoyenne et baromètre de la démocratie. « Par<br />
leur gratuité, leur interpellation du public et leurs enjeux avec<br />
les pouvoirs publics, les <strong>art</strong>s de la rue révèlent les limites, voire<br />
l’absence de démocratie dans les espaces où ils ont la possibilité<br />
de s’exprimer.» La rue est à nous, aux <strong>art</strong>s citoyens !<br />
LA FOLLE HISTOIRE DES ARTS DE LA RUE<br />
Jusqu’au 20 mai, Marseille, Marignane, Lambesc, Charleval,<br />
Port-St-Louis-Du-Rhône, Aureille.<br />
04 96 15 76 30. Entrée libre.<br />
WWW.<br />
karwan.info<br />
MOTEURS !<br />
Il a fallu quinze années pour que le projet de La Cité des<br />
Arts de la Rue devienne réalité en 2010. Karwan nous<br />
invite à y découvrir une création collective de quelquesuns<br />
de ses résidents : Gardens, La Fai-AR, Générik Vapeur,<br />
Lézarap’<strong>art</strong>, et Sud Side en capitaine de soirée. Se référant<br />
à l’univers graphique et sociétal des stations-services<br />
comme espace de vie, Moteurs ! investit les 35 000 m 2 de<br />
la Cité, pour présenter des créations poético-mécaniques.<br />
Des hommes et des machines, au sol et dans les airs, une<br />
armada de mobylettes bleues, des stations aux enseignes<br />
lumineuses telles des oasis urbaines, et de l’énergie…<br />
physique, mécanique et créative, sur fond de rock garage.<br />
Philippe Moutte l’un des responsables des ateliers<br />
spectaculaires parle pour cette soirée inédite « d’<strong>art</strong>s de<br />
la route ».<br />
Le 17 mai, de 21h30 à 2h00. Cité des <strong>art</strong>s de la rue,<br />
225, avenue des Aygalades, Marseille, 15 e .<br />
04 96 15 76 30. Entrée libre sur réservation.<br />
www.karwan.info<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013 43
Le sage et le fou<br />
Invité de La Folle Histoire, T<strong>art</strong>ar(e) invente sa vie, puis nous la fait p<strong>art</strong>ager.<br />
L’écrivain voyageur se contente de très peu, mais sait devenir généreux quand il se donne<br />
en spectacle et s’attache à dépeindre une humanité aussi attachante que désespérante.<br />
Texte : Fred Kahn • Photo : MO Lo cicero<br />
Pour faire le portrait de T<strong>art</strong>ar(e), il faut<br />
d’abord s’armer de patience. Car, en ce début<br />
de printemps frileux, notre homme est au<br />
fin fond du Burkina Faso, sous un soleil avoisinant les 40°.<br />
Pourtant, grâce aux technologies de la communication, la<br />
distance n’est plus un problème. Nous avons donc rendezvous,<br />
via Skype, à onze heures du matin… Il est un peu plus<br />
de 15 heures quand, enfin, il se connecte. Mais impossible<br />
de lui faire remarquer le<br />
« léger » retard. Son sourire<br />
désarmant vaut toutes les<br />
excuses du monde. Qu’il soit<br />
à des milliers de kilomètres,<br />
en Afrique, en Amazonie, en<br />
Inde, ou juste devant vous<br />
sur la scène d’un festival<br />
européen, impossible de ne<br />
pas sentir à quel point les contingences matérielles ont peu<br />
de prise sur lui. Ce jour-là, il est hébergé chez un ami, dans<br />
un village africain dont on n’arrivera pas à retenir le nom.<br />
Il est face à l’écran, vêtu d’un slip. Autres signes distinctifs<br />
de pauvreté revendiquée : la tignasse grisonnante tombante<br />
sur les épaules et, surtout, une barbe d’une longueur<br />
impressionnante. Attribut de la sagesse ou de la folie ? Les<br />
deux évidemment.<br />
L’être là<br />
T<strong>art</strong>ar(e) est avant tout auteur de sa vie. Ne lui dites pas qu’il<br />
est conteur, il vous répondra avec un grand éclat de rire qu’il<br />
« Aller toujours plus vers<br />
l’économie de moyen et de mots…<br />
Jusqu’au silence »<br />
déteste ce mot. « Dans mon dernier spectacle, je les insulte<br />
pendant trente minutes. Jean-Claude Carrière dit qu’un<br />
conteur ne parle jamais de lui. Or, je ne parle que de moi ».<br />
S’il faut à tout prix lui mettre une étiquette, il choisit celle<br />
d’écrivain : « J’écris comme une petite fille tient son journal<br />
intime. J’ai des kilos de cahiers à p<strong>art</strong>ir desquels je fabrique<br />
ma confiture ». Au commencement était donc le verbe.<br />
T<strong>art</strong>ar(e) écrit des histoires inspirées de la « vie du monde »<br />
et il les transforme en<br />
spectacle. Il a ainsi commis,<br />
entre autres, une série<br />
intitulée AAAA, Afrique,<br />
Asie, Amérique, Ailleurs. Du<br />
bout du monde ou du coin<br />
de la rue, il assemble des<br />
bouts de conversation, mixe<br />
des émotions, entremêle le<br />
discours politique, la pensée philosophique et la fulgurance<br />
poétique. Il est passionné par le comment de l’existence,<br />
mais se fout de savoir le pourquoi des choses : « On se<br />
cherche une destination, alors que c’est la vie qui nous porte<br />
à agir ». Déraciné depuis l’enfance, T<strong>art</strong>ar(e) est un enfant<br />
de la DASS : « Les gens qui se sont occupés de moi m’ont<br />
donné énormément d’amour et m’ont appris que rien ne<br />
m’app<strong>art</strong>enait sauf le monde ». Il revendique d’ailleurs ses<br />
origines éminemment populaires. Avec son sens inimitable<br />
de la formule, il résume son CV en trois phrases : « J’ai<br />
toujours vu des tracteurs, j’ai rêvé d’être acteur, je suis devenu<br />
détracteur ». On pourrait alors croire que notre personnage<br />
44<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013
LA FOLLE HISTOIRE DES ARTS DE LA RUE<br />
TARTARE<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013 45
LA FOLLE HISTOIRE DES ARTS DE LA RUE<br />
TARTAR(E)<br />
T<strong>art</strong>ar(e) est l’invité de Générik Vapeur, le 11 mai.<br />
TARTAR(E) + GARI GRÈU<br />
La Folle Histoire des Arts de la Rue organise une rencontre<br />
improbable entre T<strong>art</strong>ar(e) et Gari Grèu. Le chanteur compositeur<br />
du Massilia Sound System va s’emparer des mots du poète. « Je<br />
lui livre du bois et lui il fait des meubles », résume T<strong>art</strong>ar(e). La<br />
sonorité et le rythme qui sont le propre du barde à la longue<br />
barbe vont être nourris par le sens de la mélodie du musicien. Un<br />
spectacle de « danse consciente » qui entend faire bouger autant<br />
le corps que les neurones. Ce concert se déroulera au J4 dans le<br />
cadre du 17 e arrondissement de Générik Vapeur.<br />
n’a été qu’à l’école de la rue. Faux. Il est passé par l’Institut<br />
de théâtre de la Sorbonne. « Pas pour les diplômes, mais<br />
pour piller le savoir universitaire et construire ma propre<br />
boîte à outils ». Et quand il doit faire un stage, il choisit le<br />
plus grand praticien : Antoine Vitez. « Ce fut une belle gifle,<br />
c’est-à-dire une caresse qui se trompe de vitesse ». T<strong>art</strong>ar(e)<br />
poursuivra ensuite ses classes à Marseille. Les bistrots<br />
remplis d’Arméniens, de Sénégalais, de Maghrébins,<br />
d’Italiens et de Grecs lui offrent ses premiers voyages autour<br />
du monde. Puis, il croise la route de la compagnie Générik<br />
Vapeur. C’est le coup de foudre réciproque et, pendant sept<br />
ans, T<strong>art</strong>ar(e) p<strong>art</strong>icipera à presque toutes les créations de la<br />
troupe dirigée par Pierre Berthelot et Caty Avram. De tels<br />
liens sont inusables. Pour preuve, la prochaine création de<br />
Tarata(e) intervient dans le cadre du 17 e arrondissement de<br />
Générik vapeur (lire ci-dessus).<br />
Le dénuement lui va bien<br />
Mais le climat, même très ensoleillé, du sud de la France<br />
est encore trop rude pour cet homme profondément épris<br />
de chaleur humaine. T<strong>art</strong>ar(e) n’a pas de maison, seulement<br />
des cabanes éparpillées sur quelques continents. Dans l’un<br />
de ses spectacles, il explique d’ailleurs comment il a financé<br />
son premier voyage en Inde. « J’ai vendu ma télé et avec<br />
l’argent j’ai pu vivre cinq mois dans un pays où je dépense<br />
difficilement plus de cinq euros par jour ». T<strong>art</strong>ar(e) n’est pas<br />
le genre à prétendre transformer le monde. Il le prend tel<br />
qu’il est. Et il le commente : « J’ai une nature de procureur,<br />
de journaliste, d’avocat, de clown... » Il s’empare de la langue<br />
et adore provoquer « des courts-circuits linguistiques ».<br />
Dernièrement, il a écrit un ambitieux Fictionnaire du<br />
Théâtre de la rue et des Boniments contemporains. Dans ce<br />
livre de plus de trois cents pages, il démonte la mécanique<br />
perverse du langage culturel. Ce FDM (Fouteur de merde)<br />
ridiculise ainsi le jargon des professionnels de la profession<br />
qui « pour faire plaisir au pouvoir s’enlisent dans la<br />
phraséologie ». Dans les années quatre-vingt-dix, son agence<br />
T<strong>art</strong>ar(e) s’était déjà attaquée et avec le même bonheur<br />
aux discours médiatiques. Derrière un simple cadre en<br />
bois, il dynamitait « l’actualité en direct ». Un dispositif de<br />
communication minimal et donc diablement efficace. Ses<br />
projets ? « Aller toujours plus vers l’économie de moyen et<br />
de mots… Jusqu’au silence ». En attendant cette sagesse<br />
suprême, il écrit actuellement sur l’erreur de Bouddha « qui<br />
a cueilli des fleurs alors qu’il aurait dû se contenter de les<br />
humer ».<br />
TARTAR(E) + GARI GRÈU<br />
Le 11 mai, 21h30. J4,<br />
Marseille, 2e.<br />
04 96 15 76 30. Entrée libre.<br />
WWW.<br />
folle.histoire.fr<br />
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8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013
LA FOLLE HISTOIRE DES ARTS DE LA RUE<br />
BNM<br />
La folle histoire<br />
du sport<br />
Le Ballet National de Marseille prend des risques : s’installer sur l’esplanade<br />
de la gare Saint-Charles, en haut des marches, et livrer un spectacle gratuit, au milieu<br />
du trafic des passagers. Baptisé Sport Fiction, le show porte un titre en forme<br />
de définition de la danse.<br />
Texte : Marco Jeanson<br />
Une vingtaine de danseurs pivotent sur des<br />
axes, dans une imitation de babyfoot grandeur<br />
nature, sur une scène de 17 mètres de<br />
large et 10 de profondeur, équipée d’écrans géants translucides<br />
et sillonnée de lignes tels les couloirs de piscines ou les<br />
stades d’athlétisme. Les corps évoluent devant et derrière les<br />
images projetées sur les écrans : un mélange de captations<br />
live, de vieux footage de Buster Keaton, d’archives de l’OM,<br />
de chronophotographies, zoopraxiscopes et autres phénakistiscopes<br />
de Marey et Muybridge. Ces précurseurs du<br />
cinéma furent les premiers à mettre en évidence la décomposition<br />
du mouvement chez les animaux et les sportifs. On<br />
l’aura compris, la dernière création du Ballet National de<br />
Marseille explore les relations entre la danse et le sport.<br />
Selon Frédéric Flamand,<br />
chorégraphe belge installé<br />
« J’essaie d’amener d’autres<br />
spectateurs à la danse avec les<br />
risques que cela comporte. »<br />
© Faculté d’architecture et d’urbanisme UMONS<br />
à Marseille depuis 2004, le<br />
sport est p<strong>art</strong>out, il a infiltré<br />
tous les recoins de notre<br />
existence. « Regardez, dit-il<br />
au journaliste venu l’interviewer,<br />
vous-même portez<br />
une veste de sport et des baskets<br />
! Nous sommes tous des sportifs en devenir ! » Le phénomène<br />
aurait débuté dans le courant du XX e siècle avec<br />
la « sportivisation » de la société. Comme l’écrivent Jean-<br />
Pierre Escriva et Henri Vaugrand dans un livre intitulé<br />
L’Opium sportif : « Le corps doit servir de véhicule sportif<br />
dans la vie de chaque individu. Tous les lieux de passage<br />
du corps sont investis par la sportivisation ambiante. » Ou<br />
le sociologue Alain Ehrenberg dans Le Culte de la performance<br />
: « Le sport est devenu<br />
un état d’esprit, un mode<br />
de formation du lien social,<br />
du rapport à soi et à autrui<br />
pour l’homme compétitif que<br />
nous sommes tous enjoints<br />
de devenir au sein d’une société de compétition généralisée.<br />
» En effet, quel genre de has been adipeux et déconnecté<br />
sommes-nous, si nous ne portons pas au moins un<br />
vêtement Nike, Adidas ou Quiksilver ou ne pratiquons pas<br />
au moins une activité physique ?<br />
Non content d’être p<strong>art</strong>out, le sport est également, aux<br />
yeux du chorégraphe, beau. « Je suis fasciné par l’esthétique<br />
sportive, par la beauté et la précision du geste. Je regarde<br />
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8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013
LA FOLLE HISTOIRE DES ARTS DE LA RUE<br />
SPORT FICTION<br />
©J.-C. Verchère<br />
LE BNM EN MAI<br />
Très impliqué dans Marseille-Provence 2013 depuis la<br />
soirée d’ouverture, Le Ballet National de Marseille a<br />
un mois de mai chargé. Après la création de Sport Fiction,<br />
qui sera repris à La Criée du 18 au 21 décembre,<br />
il p<strong>art</strong>icipera au Festival des <strong>art</strong>s éphémères au Parc<br />
de Maison Blanche. Le 23 mai à 18h30, à l’occasion<br />
du vernissage, le danseur Gabor Halasz présentera<br />
un solo intitulé That’s how we cry, qui a remporté le<br />
Prix du Public aux Hivernales d’Avignon en 2011. Et,<br />
pour la 22 e édition de ses Ouvertures, le Ballet invite<br />
le public dans ses murs, du 23 au 25 mai, à 20h30. Au<br />
programme : un solo de la danseuse indienne Hemabharathy<br />
Palani et une pièce pour douze danseurs chorégraphiée<br />
par Emio Greco et Pieter C.Scholten. Créée<br />
en 2012 à l’opéra de Marseille, Double Points : Extremalism<br />
puise dans les registres classiques et contemporains,<br />
comme dans le répertoire du duo.<br />
les matchs de foot comme des chorégraphies. Ce qui m’intéresse<br />
c’est la spatialité du ballet orchestré par l’équipe, qui se<br />
distend puis se regroupe… » C’est tout cela que le spectacle<br />
aura envie d’interroger. « Mais pas de manière didactique et<br />
ennuyeuse, précise le chorégraphe, plutôt avec une certaine<br />
ironie et une certaine légèreté. » Le spectacle aborde de nombreux<br />
sports, comme la natation, l’athlétisme, l’escrime,<br />
avec une chorégraphie opposant une danseuse et un escrimeur<br />
– pointe versus pointe… Les débordements du sport<br />
sont aussi évoqués (dopage, violence) comme les aspects<br />
positifs : convivialité autour du sport, esprit d’équipe... Et<br />
bien sûr, le foot… « Forcément, dit malicieusement Frédéric<br />
Flamand, nous sommes à Marseille, noblesse oblige ! »<br />
Une manière aussi peut-être de séduire un public plus large.<br />
« J’essaie d’amener d’autres spectateurs à la danse, explique<br />
Frédéric Flamand, avec les risques que cela comporte. Mais<br />
Marseille est une ville qui a besoin de cela. »<br />
SPORT FICTION<br />
Les 10 et 11 mai, 21h30. Square Narvik,<br />
Esplanade Saint-Charles, Marseille 1er.<br />
Entrée libre.<br />
WWW.<br />
ballet-de-marseille.com<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013 49
Générik Vapeur<br />
construit au J4<br />
Jusqu’au 15 mai, Marseille gagne un arrondissement. La compagnie de théâtre de rue<br />
Générik Vapeur est l’architecte de ce 17e arrondissement – qu<strong>art</strong>ier utopique :<br />
une micro-cité faite de containers installée au J4, à deux pas du MuCEM.<br />
Texte : Olivier Levallois<br />
Comme le David au Prado ou la Vieille Charité au<br />
Panier, ce nouvel arrondissement marseillais a<br />
son monument : l’Omni Idéal X. Constitué de<br />
huit containers, le totem de fer surplombe l’esplanade du<br />
haut de ses 19 mètres. Symbole démesuré d’une nouvelle religion<br />
vouée au commerce ? Gardien bienveillant d’un monde<br />
d’échanges ? Phare ou vigie portant avec espoir ou crainte son<br />
regard sur l’horizon ? Sans doute un peu tout cela à la fois.<br />
À l’image de son emblème,<br />
l’éphémère qu<strong>art</strong>ier est<br />
constitué de containers servant<br />
d’habitats, de lieux publics,<br />
d’ateliers, de sculpture,<br />
de salle de spectacle… On y<br />
entre par une grande arche<br />
surmontée d’une « Horloge<br />
parlante du monde » menant<br />
à l’Agora, la place centrale. À<br />
chaque « heure capitale » indiquée<br />
par l’horloge, ont lieu des rendez-vous, des événements<br />
et autres phénomènes impromptus et singuliers, comme Les<br />
Tables-longues pour mettre sur le tapis nos questions, ou La<br />
Traque des étoiles filantes.<br />
Dans une ville portuaire comme Marseille, où le premier<br />
employeur privé est le transporteur maritime CMA-CGM,<br />
les containers font p<strong>art</strong>ie du paysage. On a l’habitude de voir<br />
empilés ces blocs multicolores, semblables à des Legos pour<br />
« Pour tous nos spectacles, on<br />
prend un objet du quotidien pour<br />
le légender, le métamorphoser<br />
et en tirer un sens, une<br />
signification. »<br />
géants, sur les cargos ou en transit le long du port. Mais<br />
jusque-là, rien ne les prédestinait à la fonction d’éléments de<br />
construction d’une cité utopique. Reste que l’univers industriel<br />
a toujours eu sa place dans l’histoire et les œuvres de la<br />
compagnie Générik Vapeur, créée par Caty Avram et Pierre<br />
Berthelot en 1983. Arrivés à Marseille en 1986 pour trois mois,<br />
ils y sont restés et y vivent désormais depuis vingt-sept ans. La<br />
troupe, alors constituée d’une vingtaine de personnes, y trouve<br />
un environnement propice à<br />
ses désirs et ses projets : une<br />
ville portuaire avec son esthétique<br />
industrielle, des qu<strong>art</strong>iers<br />
populaires criblés de<br />
friches, un réseau <strong>art</strong>istique<br />
underground actif. Un terrain<br />
de jeu à investir, raconte Caty<br />
Avram. « Le théâtre de rue<br />
vise naturellement l’émancipation<br />
du public. Créer de la<br />
rencontre par un spectacle dans l’espace public est une façon de<br />
rendre aux gens leur territoire, de ne pas laisser se refermer la<br />
rue. » C’est pourquoi Générik Vapeur s’attache volontiers à des<br />
lieux atypiques de la ville. Dès l’origine, leur identité est affirmée.<br />
Leur mode d’expression privilégié est la déambulation,<br />
et ils ont pour médiums : les sons et objets du quotidien, la<br />
musique jouée en direct, l’esthétique industrielle, les engins du<br />
quotidien ou professionnels, la récupération de matériaux et la<br />
50<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013
LA FOLLE HISTOIRE DES ARTS DE LA RUE<br />
GÉNÉRIK<br />
© Claire Lamri<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013 51
LA FOLLE HISTOIRE DES ARTS DE LA RUE<br />
GÉNÉRIK VAPEUR<br />
© Carlos Ormazabal<br />
El reloj parlante à Valpairaso, préfiguration du 17 e Arrondissement.<br />
pyrotechnie. Après avoir créé une fausse caravane publicitaire<br />
du tour de France (La petite Reine, 1992), mené une colonie de<br />
taxis hétéroclites (Taxi, 1997), transformé une roue foraine en<br />
couronne mortuaire sur les Champs-Élysées pour le passage<br />
à l’an 2000, Générik Vapeur ne cesse de questionner nos rites<br />
et rituels modernes, pour mieux en révéler les significations<br />
cachées. L’univers marchand et les containers p<strong>art</strong>icipent eux<br />
aussi de longue date à leur univers. L’idée d’aménager différents<br />
containers comme un qu<strong>art</strong>ier a commencé à faire son<br />
chemin en novembre 2011, lors d’une collaboration avec le<br />
Festival Teatro Container à Valparaiso au Chili. Cette collaboration<br />
a donné lieu à une première création, El Reloj Parlante<br />
(l’horloge parlante), qui peut être considéré comme la<br />
première étape de l’œuvre actuelle.<br />
Mythologies<br />
L’utilisation du container comme objet-symbole du 17 e arrondissement<br />
s’inscrit pour Caty Avram dans la continuité de la<br />
démarche habituelle de la compagnie. « Pour tous nos spectacles,<br />
on prend un objet du quotidien, la voiture, des bidons<br />
alimentaires, des vélos, pour le légender, le métamorphoser et<br />
en tirer un sens, une signification. » Une démarche dans la<br />
lignée de Roland B<strong>art</strong>hes et ses Mythologies. « On reconnait<br />
dans l’usage d’un objet le symptôme d’un fait de société », enchaîne<br />
Pierre Berthelot. « Les containers n’ont que cinquante<br />
ans et ont changé la face du monde. Petit à petit les paysages<br />
portuaires sont kidnappés par des murs de containers. Avant, on<br />
pouvait voir et vivre cette relation des ports au reste du monde.<br />
Aujourd’hui, le monde rentre à Marseille, mais complètement<br />
plombé, sans odeur, sans forme. » Le container comme objet<br />
de soustraction et de désenchantement du monde ! D’où l’idée<br />
de se le réapproprier, de le sortir des zones marchandes et de<br />
le mettre au cœur de la cité pour un usage plus familier. Une<br />
volonté de montrer que l’homme n’a pas dit son dernier mot<br />
face à l’objet.<br />
LE 17E ARRONDISSEMENT – QUARTIER UTOPIQUE<br />
Jusqu’au 15 mai, à p<strong>art</strong>ir de 11h00. Esplanade du J4,<br />
Marseille, 2e. 04 91 69 00 06. Entrée libre.<br />
WWW.<br />
generikvapeur.com<br />
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8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013
© Jacques Nicolas<br />
WATERLITZ<br />
Proposé par Générik Vapeur dans le cadre de La Folle Histoire<br />
des Arts de la Rue, Waterlitz, compression lexicale de Waterloo<br />
et Austerlitz, a pour héros L’Omni idéal X, le totem-containers de<br />
38 tonnes. Son nom, il le doit à L’idéal X, bateau qui a transporté,<br />
en 1956, 58 prototypes de containers (il en existe aujourd’hui 12<br />
millions). En p<strong>art</strong>ant du support de ce grand corps métallique et<br />
cubique, un certain nombre d’images sont mises en scène, à travers<br />
des projections vidéo à même sa surface, des performancesballets<br />
aériens, de la musique jouée en direct, des effets spéciaux,<br />
de la projection de matière, de la pyrotechnie. Une heure d’un<br />
récit multisensoriel, qui invite le spectateur à redresser la tête<br />
pour scruter le monde dans sa verticalité, et rester vigilant face<br />
à une mise en boite planétaire. Le titre, qui associe deux batailles<br />
opposant les Anglais et les Français, traduit l’une des démarches<br />
symboliques de Générik Vapeur. « On cherche à libérer les gens<br />
d’une chose qui les fait ou les a fait souffrir. On appuie là où ça<br />
fait mal dans l’histoire, mais pour proposer un dépassement de<br />
cette souffrance, une ouverture », explique Caty Avram. Utiliser le<br />
container dans une mise en scène p<strong>art</strong>icipe aussi de cette volonté<br />
de dépassement. « On prend un objet sérieux, et on joue aux cubes<br />
avec, comme dans un grand bac à sable », ajoute Pierre Berthelot.<br />
Le duo défend l’idée d’un spectacle poétiquement politique : « À la<br />
fois un éloge et une dénonciation du monde, mais de la façon la<br />
plus créative possible ».<br />
Le 19 mai, à 21h30. Esplanade du J4,<br />
Marseille, 2 e .<br />
04 91 69 00 06. Entrée libre.<br />
www.generikvapeur.com<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013 53
Le ballet mécanique<br />
de Motionhouse<br />
Les plages du Prado n’avaient jamais vu ça : six danseurs et trois tractopelles réunis<br />
le temps d’une chorégraphie de vingt minutes. Traction est l’œuvre d’une compagnie<br />
anglaise, Motionhouse, qui fait danser les machines.<br />
Texte : Marco Jeanson • Photo : Stephen Tanner & Morgan Lowndes<br />
Qu’est-ce qui est jaune, pèse huit tonnes et<br />
danse ? Un JCB digger de Motionhouse.<br />
Traduction : un JCB digger, du nom de<br />
son inventeur Joseph Cyril Bamford, plus connu en France<br />
sous les sobriquets féminins de tractopelle ou rétrocaveuse. Et<br />
Motionhouse est le nom de la compagnie de danse anglaise<br />
qui fait son débarquement<br />
ce mois-ci sur les plages du<br />
Prado avec un spectacle tiré<br />
de son répertoire « Machine<br />
Dance » et intitulé Traction.<br />
Six danseurs et trois tractopelles<br />
dans une célébration –<br />
à haute tension– des rapports<br />
entre l’homme et la machine.<br />
Qui est le maître, qui est l’esclave<br />
? Créé par le directeur<br />
<strong>art</strong>istique de la compagnie, Kevin Finnan, Traction est un<br />
objet théâtral non identifié, défiant la gravité et les forces de<br />
la nature, délivrant une animalité mécanique et une émotion<br />
inédite. « Chaque fois que nous pensons à la façon dont notre<br />
corps va évoluer dans l’avenir, dit Kevin Finnan, nous pensons<br />
aux puces électroniques implantées dans le cerveau. Mais pour<br />
moi, la chose étonnante à propos du corps humain est sa capacité<br />
à s’inventer des excroissances, à s’incarner dans des objets<br />
animés et inanimés. Les grands joueurs de tennis se prolongent<br />
dans leur raquette, le pilote de Formule 1 ne fait plus qu’un avec<br />
sa voiture. C’est la même chose pour les conducteurs d’engins. Je<br />
voulais explorer ces rapports entre l’homme et la machine, tout<br />
en questionnant les limites du corps et de la danse. »<br />
Si les six danseuses et danseurs du show font (très bien) leur<br />
boulot de danseurs, la performance semble presque plus extraordinaire<br />
de la p<strong>art</strong> des opérateurs de tractopelle, dont la vraie<br />
« La chose étonnante à propos<br />
du corps humain est sa capacité<br />
à s’inventer des excroissances, à<br />
s’incarner dans des objets animés<br />
et inanimés. »<br />
vie se passe le reste du temps sur des chantiers. « Une machine<br />
garée dans un entrepôt n’a aucun intérêt, dit Kevin Finnan.<br />
Mais lorsqu’elle se met en mouvement comme une extension du<br />
corps de son conducteur, elle devient un esprit vivant capable<br />
d’émotions. » Il émane ainsi une tendresse inattendue de la<br />
p<strong>art</strong> de ces monstres mécaniques, doués d’une déroutante<br />
capacité expressive. « Nos machines<br />
dansantes présentent<br />
un point de vue inédit sur ce<br />
qu’est l’être humain et posent<br />
des questions, poursuit Kevin<br />
Finnan. Sommes-nous nés<br />
avec une forme biologique déterminée<br />
? Jusqu’à quel point<br />
sommes-nous capables de<br />
ramifier notre propre corps ? »<br />
Entre esthétique de chantier<br />
et univers « Transfomers », Traction a tout du spectacle urbain<br />
tendance. Cette fois-ci, il sera pourtant adapté au décor<br />
balnéaire qu’offrent les plages du Prado, avec quatre jours de<br />
répétition pour vingt minutes de spectacle. Comme le dit un<br />
spectateur anglais ravi : « Traction est peut-être la fusion la<br />
plus parfaite entre l’homme et la machine depuis les premières<br />
greffes de chair sur un exosquelette métallique ! »<br />
TRACTION<br />
Les 10 et 11 mai, 15h et 21h30, Plage du Prado nord,<br />
Marseille, 8e. Entrée libre.<br />
WWW.<br />
motionhouse.co.uk<br />
54<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013
LA FOLLE HISTOIRE DES ARTS DE LA RUE<br />
MOTIONHOUSE<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013 55
L’Estaque,<br />
qu<strong>art</strong>ier de rêve<br />
Biennale d’<strong>art</strong> contemporain créée en 2007 dans la Médina de Tunis, Dream City débarque<br />
à l’Estaque. Née comme une utopie défiant le régime de Ben Ali, la manifestation invite<br />
les <strong>art</strong>istes à s’emparer de l’espace public pour penser autrement leur rapport au territoire,<br />
à sa population et à la démocratie. Béatrice Dunoyer, un des piliers de l’association tunisienne<br />
L’Art Rue, qui fait vivre la biennale, retrace l’histoire douloureuse d’une émergence <strong>art</strong>istique.<br />
Propos recueillis par Jean-Pierre Vallorani • Photo : Orkhan Turki<br />
Quelle est la genèse de Dream City ?<br />
Le premier Dream City a eu lieu en 2007, à l’initiative des<br />
danseurs chorégraphes Selma et Sofiane Ouissi, qui se sont<br />
retrouvés un jour à la radio tunisienne pour déplorer, en<br />
pleine dictature, le fait que le statut d’<strong>art</strong>iste n’existait pas<br />
en Tunisie. Suite à leur appel aux <strong>art</strong>istes pour une marche<br />
pacifique, la radio a aussitôt<br />
été censurée par le pouvoir.<br />
Mais la réflexion a débouché<br />
sur la volonté de s’emparer<br />
de l’espace public. L’idée<br />
de cette première édition<br />
est née, sans autorisation<br />
aucune, rassemblant des<br />
<strong>art</strong>istes qui étaient jusquelà<br />
tenus à la marge, sans<br />
moyens ni lieux pour travailler. Ils ont investi la Médina,<br />
le cœur historique et <strong>art</strong>istique de Tunis, avec ses maisons<br />
splendides et délaissées. À p<strong>art</strong>ir de là, les choses ont pu<br />
s’installer politiquement : tout d’abord la mise en place d’un<br />
travail dans la durée avec les <strong>art</strong>istes, des spécialistes de<br />
l’espace public et surtout la population de la Médina, qui a<br />
été sollicitée pour héberger les œuvres.<br />
Dream City a vite regardé au-delà des frontières tunisiennes...<br />
Les deux premières éditions ont eu lieu sous le régime de Ben<br />
Ali, elles ont permis aux <strong>art</strong>istes de respirer et de se fédérer.<br />
« Les deux premières éditions<br />
ont eu lieu sous le régime de Ben<br />
Ali, elles ont permis aux <strong>art</strong>istes<br />
de respirer et de se fédérer. »<br />
Le seul moyen de vaincre ce non-statut de l’<strong>art</strong>iste, c’était<br />
de se serrer les coudes et d’apprendre à travailler ensemble,<br />
y compris <strong>art</strong>istiquement. C’est ce qui a fait la magie et l’essor<br />
des <strong>art</strong>s de la rue aux USA et en Europe : les disciplines<br />
explosent, l’amalgame et l’osmose deviennent possibles. En<br />
Tunisie, le régime voulait absolument isoler les <strong>art</strong>istes, il<br />
s’agissait bien de créer un<br />
contre-pouvoir. Dès la deuxième<br />
édition, Dream City<br />
s’est appuyé sur la présence<br />
d’<strong>art</strong>istes méditerranéens et<br />
de compagnies européennes<br />
pour mettre en lumière les<br />
<strong>art</strong>istes tunisiens qui étaient<br />
très peu connus à l’étranger,<br />
puisqu’ils n’avaient pas de<br />
passeport pour voyager ! Certains ont réellement une fatwa<br />
sur la tête. Pouvoir être montrés ou vivre à l’étranger leur<br />
donne une force en Tunisie, même si elle n’est que psychologique,<br />
et peut-être un semblant de protection pour eux et<br />
leur famille.<br />
Pourquoi cette installation à l’Estaque ?<br />
Les premiers contacts avec l’équipe de MP2013 ont eu lieu dès<br />
2010. Plusieurs idées ont été lancées, jusqu’à ce que Karwan<br />
vienne assister à l’édition 2012, et propose d’accueillir Dream<br />
City au sein de La Folle Histoire des Arts de la rue. Dream<br />
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8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013
LA FOLLE HISTOIRE DES ARTS DE LA RUE<br />
DREAM CITY<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013 57
LA FOLLE HISTOIRE DES ARTS DE LA RUE<br />
DREAM CITY<br />
© M.Maffioli<br />
Collages urbains, lors de la dernière édition de Dream City à Tunis.<br />
City, c’est un festival qui s’est fait avec les citoyens, il n’était<br />
pas évident de le délocaliser. Selma et Sofiane Ouissi ont<br />
choisi l’Estaque pour ses points communs avec la Médina,<br />
un cœur ouvrier et <strong>art</strong>isanal en train de changer, ses ruelles,<br />
le regard sur la mer. Avec l’association Rio, ils ont pu repérer<br />
les lieux, rencontrer les Marseillais et choisir les œuvres<br />
qui avaient un sens dans les espaces offerts, commerces,<br />
places, écoles, maisons de qu<strong>art</strong>ier... Le but n’était pas de<br />
débarquer avec une édition toute faite, ni de travailler sans<br />
les habitants, les associations, les <strong>art</strong>istes installés sur ce<br />
territoire. Tout en continuant à faire connaître les <strong>art</strong>istes<br />
tunisiens, le festival s’est donc enrichi d’une programmation<br />
marseillaise.<br />
Que vient-on voir les 18 et 19 mai ?<br />
Le voyage à l’Estaque se déroule en trois parcours, à travers<br />
les espaces publics ou privés du village. On y trouvera<br />
une vingtaine d’œuvres en vidéo, <strong>art</strong>s plastiques, théâtre,<br />
danse, architecture, mais aussi des performances, des lectures...<br />
La pièce de Souad Ben Slimane, Fin de série, sera<br />
jouée dans la vitrine d’une boutique de fripes, le groupe<br />
Chabbouba investit le Bar des sports pour un concert de<br />
Stambeli urbain. Marianne Catzaras présente au Chaudron<br />
une installation photographique intitulée Babel, suite et fin.<br />
L’Ensemble Télémaque et les marins-pompiers de Saumaty<br />
interprèteront la pièce écrite par la compositrice italienne<br />
en résidence, Alice Berni. Les élèves de trois classes de<br />
L’ANTILIVRE<br />
Mustapha Benfodil, journaliste, romancier, auteur de théâtre algérien,<br />
a animé avec la bibliothèque de l’Université d’Aix-Marseille<br />
un Atelier de l’EuroMéditerranée sur le thème du pilon et de la<br />
destruction des livres. Il en a tiré un « objet littéraire farfelu, subversif<br />
et impubliable, comme un pied de nez au marché qui nous<br />
impose ses livres et sa gamme de goûts ». L’AntiLivre est une réflexion<br />
cyclonique autour de l’acte de création, de la censure et du<br />
pouvoir qui pilonne, en amont, les auteurs persécutés. Sur les pas<br />
de Borges et sa Bibliothèque de Babel, sa lecture-performance<br />
pour Dream City est un cri d’amour à la littérature.<br />
Le 18 mai, 12h et le 19 mai, 14h.<br />
l’école primaire vont réaliser deux des projets de cabanes<br />
en c<strong>art</strong>ons qu’ils ont conçus avec les étudiants de l’École<br />
d’architecture de Luminy... Pour les visiteurs qui chemineront,<br />
le plan à la main, dans les ruelles de L’Estaque, ce sont<br />
autant de graines semées pour créer des sociétés rêvées.<br />
DREAM CITY, VOYAGE À L’ESTAQUE, DE TUNIS À MARSEILLE.<br />
3 parcours d’<strong>art</strong> contemporain en espace public.<br />
Les 18 et 19 mai, 12h-19h, à L’Estaque.<br />
WWW.<br />
follehistoire.fr<br />
58<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013 59
MP 2013<br />
passe<br />
à table !<br />
Dossier réalisé par<br />
Emmanuelle Gall, Marco Jeanson, Fred Kahn, Marie-Line Lybrecht et Jean-Pierre Vallorani<br />
© Les Jnoun Factory ® Nadia Lagati & Philippe Ivanez<br />
60<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013
Si l’on en croit le succès des émissions culinaires à la télévision,<br />
les Français aiment la gastronomie. Les Marseillais aussi, même si<br />
leur ville accuse, en la matière, un certain retard. Marseille-Provence<br />
2013 pourrait bien être l’occasion de changer un peu la donne,<br />
de permettre aux chefs locaux de s’exprimer et de montrer, aux yeux<br />
du monde, de quoi ils sont capables. Avec l’arrivée des beaux jours,<br />
des légumes et des fruits, le territoire se transforme en un gigantesque<br />
restaurant. Une manière, pour les organisateurs de MP 2013, d’associer<br />
le maximum de villes et villages, comme d’attirer un large public.<br />
Il est vrai que les propositions sont alléchantes : des festins ou<br />
des pique-niques orchestrés par des chefs pour le prix d’une cantine,<br />
mais aussi des dinettes, des « déambulations gustatives »… Les chefs<br />
ne sont pas les seuls <strong>art</strong>istes de l’aventure. De plus en plus de plasticiens<br />
ou de comédiens s’emparent des aliments comme médiums.<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013 61
© Richard Haughton<br />
62<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013
MP2013 PASSE À TABLE<br />
GÉRALD PASSÉDAT<br />
Si ce printemps met à l’honneur<br />
la gastronomie locale, Gérald Passédat<br />
n’y est pas pour rien. Le chef aux trois<br />
étoiles, président de la jeune association<br />
Gourméditerranée et bientôt aux fourneaux<br />
du MuCEM, entend mettre sa notoriété et<br />
son franc-parler au service d’une profession<br />
qui veut sortir des clichés.<br />
chef<br />
Un<br />
Propos recueillis par Marie-Line Lybrecht • Photo : Richard Haughton<br />
capitale<br />
pour la<br />
Quel est, d’une façon générale, votre rapport à l’<strong>art</strong> ?<br />
Je m’intéresse à l’<strong>art</strong> contemporain, je voyage, je visite les<br />
musées, mais sans démarche intellectuelle précise, comme<br />
ce que je fais en cuisine. C’est instinctif, presque animal.<br />
Je côtoie des <strong>art</strong>istes que j’aime comme le peintre Gérard<br />
Traquandi, l’architecte Rudy Ricciotti et la designer-styliste<br />
Fred Sathal. Ils m’apportent beaucoup, nous avons la même<br />
démarche.<br />
On vous décrit comme ombrageux. Vous êtes un peu<br />
comme eux, finalement ?<br />
Oui, on me décrit comme tel. Nous p<strong>art</strong>ageons probablement<br />
la même sensibilité.<br />
Qu’est-ce qui vous a poussé à créer Gourméditerranée il<br />
y a deux ans ?<br />
Depuis longtemps, les cuisiniers et les instances touristiques<br />
régionales discutaient de l’opportunité de créer une<br />
structure de promotion de la gastronomie. Au moment<br />
du préprogramme de Marseille-Provence 2013, j’ai appris<br />
que les organisateurs entendaient faire appel pour la gastronomie<br />
à des talents hors du territoire. Ça m’a beaucoup<br />
énervé, c’était inconcevable. J’ai tapé du poing sur la table à<br />
la chambre de commerce. J’ai donc réuni les copains, Dominique<br />
Frérard, Lionel Levy… et Thierry Huck que je connais<br />
bien à la Chambre de Commerce, et nous avons créé l’association.<br />
Cela a, de toute façon, été une bonne initiative. Je<br />
me devais d’ouvrir mon carnet d’adresses aux jeunes qui<br />
s’installent. Il faut les aider. C’est d’autant plus difficile à<br />
Marseille que nous sommes dans une ville pauvre.<br />
« Nous ne sommes pas au plus haut niveau,<br />
mais nous y travaillons, et la prise de<br />
conscience est là. »<br />
Avez-vous aussi voulu lutter contre cette imagine réductrice<br />
de la gastronomie marseillaise cantonnée à la<br />
bouillabaisse et à l’aïoli ?<br />
Oui, même si nous travaillons tous la bouillabaisse et l’aïoli<br />
qui n’ont rien de péjoratifs. Cette ville a été un désert gastronomique<br />
pendant des décennies, ça doit changer. Nous<br />
ne sommes pas au plus haut niveau, mais nous y travaillons<br />
et la prise de conscience est là. Nous devons nous préparer<br />
et utiliser le fait que la cuisine méditerranéenne sera bientôt<br />
la plus demandée dans le monde, car c’est une cuisine de<br />
mâche (du verbe mâcher, ndlr) et de digestibilité.<br />
Quel bilan tirez-vous deux ans après sa création ?<br />
L’association compte désormais quarante-quatre membres<br />
et couvre toute la Provence puisqu’elle va jusqu’à Menton.<br />
Elle nous a donné un statut, a aplani nos relations avec<br />
les institutions. Nous sommes d’ailleurs cofondateurs des<br />
Tables 2013 (Cf. encadré) et non de simples p<strong>art</strong>enaires.<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013<br />
63
MP2013 PASSE À TABLE<br />
GÉRALD PASSÉDAT<br />
© DR Gourméditerranée<br />
Gérald Passédat, entouré de ses collègues, lors du premier festival Gourméditerranée, en septembre 2012.<br />
Quels sont vos projets ?<br />
Nous avons encore une belle surprise à présenter à l’automne<br />
prochain. Il s’agira d’un événement de retentissement<br />
mondial, créé à Marseille et signé Passédat. Je n’en<br />
dirai pas plus à ce sujet.<br />
Que vous a apporté MP 2013 ?<br />
En tant que restaurateur, rien, et je n’ai pas le temps de profiter<br />
de la programmation étant déjà très occupé et de surcroît<br />
organisateur. J’ai surtout trouvé honteux que les travaux<br />
du Vieux-Port n’aient pas permis de mettre en valeur<br />
les pêcheurs, laissés au bout d’un quai. C’est à la fois catastrophique<br />
et alarmant. Il aurait suffi qu’on nous questionne.<br />
Il est aussi catastrophique, et je pèse mes mots, qu’il n’y ait<br />
pas de marché couvert à Marseille, des halles. Ici, on pense<br />
avant tout à faire des ronds-points.<br />
« Au MuCEM, Il y aura un bar central<br />
et la cuisine sera entièrement ouverte sur<br />
la salle, sans aucune cloison. »<br />
Vous avez été choisi pour gérer les restaurants du Mu-<br />
CEM qui ouvrent début juin. Qu’allez-vous y faire précisément<br />
?<br />
Il va y avoir deux restaurants en un : un light et rapide,<br />
l’autre style bistrot chic, et un café plus populaire installé<br />
au fort Saint-Jean, le tout fera environ 1000 m 2 . J’ai recruté<br />
Marie Lamy, ex-directrice du développement international<br />
au sein du groupe Pourcel (qui gère une vingtaine de restaurants,<br />
dont le Jardin des Sens à Montpellier, ndlr), pour<br />
diriger ces établissements.<br />
64<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013
LES TABLES 2013<br />
N’EN RESTERONT PAS LÀ<br />
La Bastide d’Eygalières a été le premier établissement à répondre<br />
présent quand Bouches-du-Rhône Tourisme, entité du<br />
Conseil général, a entamé le référencement de 253 établissements,<br />
sur les 2 500 que compte le territoire, pour l’opération<br />
« Les tables 2013 ». « Nous voulions absolument en être »,<br />
précisent les propriétaires. Utilisation de produits frais et locaux,<br />
cuisine élaborée sur place, accueil professionnel, relais<br />
d’information de la programmation MP 2013,…, les critères de<br />
sélection pour figurer sur la liste des élus étaient précis, même<br />
sil ne s’agit pas d’un label au sens strict du terme. Un guide<br />
papier a été édité, mais la promotion de ces « ambassadeurs »<br />
de l’année capitale associés à différentes manifestations (Festins<br />
en Méditerranée, Cuisine en Friche…), se fait aussi via les<br />
réseaux sociaux et une application mobile dédiée. Et pour que<br />
la dynamique ne s’essouffle pas, une fois l’année échue, des<br />
projets sont dans les c<strong>art</strong>ons, comme la création d’un club des<br />
restaurateurs ou d’une démarche de labellisation identique<br />
pour la filière vitivinicole.<br />
www.mp2013.fr/le-theatre-des-cuisines/les-tables-2013/<br />
Combien y aura-t-il de couverts, quels seront les tarifs proposés<br />
et l’offre gastronomique ?<br />
Tout n’est pas encore arrêté. Je ne sais pas précisément combien<br />
il y aura de couverts, mais je sais juste que j’ai acheté<br />
beaucoup de chaises. Les prix iront de 5 à 70 €. Ce sera surtout<br />
un lieu très différent de ce que l’on peut connaître, très<br />
ouvert à tous les sens du terme. Il y aura un bar central et<br />
la cuisine sera entièrement ouverte sur la salle, sans aucune<br />
cloison. La c<strong>art</strong>e changera sans cesse, selon une véritable interactivité<br />
entre les expositions et les propositions culinaires.<br />
Des échanges avec des cuisiniers de la Méditerranée se feront<br />
par le biais de Gourméditerranée. La cuisine proposée sera<br />
radicalement différente de celle proposée au Petit Nice.<br />
Comment vivez-vous cette aventure ?<br />
J’ai des doutes sur le bien-fondé de ce restaurant, au regard<br />
du rapport que les gens ont, en France et à Marseille, avec la<br />
nourriture. Je ne supporte plus la critique française face aux<br />
propositions culinaires et <strong>art</strong>istiques en général. Les étrangers<br />
sont heureux et tellement plus simples dans l’expression<br />
des critiques. L’enjeu financier est de taille, il est donc normal<br />
que je sois inquiet.<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013 65
Un<br />
péché,<br />
sept festins<br />
Texte : Jean-Pierre Vallorani<br />
De mai à octobre, le péché<br />
de gourmandise se décline<br />
en sept « festins », dans sept villes<br />
du territoire. Le défi : réunir<br />
jusqu’à six cents convives autour<br />
de menus élaborés par des chefs,<br />
pour une addition raisonnable.<br />
Si l’évocation de la cuisine méditerranéenne amène<br />
immédiatement le parfum du thym, de l’huile<br />
d’olive, la recette simple d’une grand-mère autour<br />
de laquelle se réunit le petit cercle de la famille ou bien<br />
quelques amis, on s’intéressera ici à sa version king size.<br />
Celle qui n‘a cours qu’en de rares occasions, comme la cérémonie<br />
du mariage, la fête du saint patron ou la célébration<br />
de la récolte : le banquet, le festin, la ripaille, le bon gros<br />
repas inoubliable qui fait saliver des années plus tard, qui<br />
fait revenir, en même temps que le souvenir des trognes<br />
réjouies, les fumets de plats rares et généreusement arrosés.<br />
La Provence agricole cultive depuis toujours cette tradition<br />
conviviale autour d’une production : vendanges, moissons,<br />
fêtes du riz, aïolis et autres sardinades. Les différentes<br />
immigrations venues de tout le Bassin méditerranéen ont<br />
enrichi la p<strong>art</strong>ition. À tel point que les rendez-vous gustatifs<br />
des Festins de Méditerranée seront plus proches de la symphonie<br />
que de la musique de chambre, sous les baguettes<br />
expertes de cuisiniers locaux enchantés de p<strong>art</strong>ager leur<br />
passion avec le plus grand nombre.<br />
Exigence et p<strong>art</strong>age<br />
Parmi les virtuoses sollicités, Fabien Morréale, chef au<br />
Garage à M<strong>art</strong>igues, qui officiera à Port-de-Bouc ainsi qu’à<br />
Istres, s’est jeté dans le bouillon sans hésiter. « Il est important<br />
de montrer qu’il y a des chefs ici, qu’il y a une façon<br />
de travailler, un savoir-faire... Ça me fait vraiment plaisir<br />
d’en être, et puis c’est un gros défi pour nous qui faisons<br />
habituellement trente couverts par jour. On va accueillir six<br />
cents personnes le vendredi soir... ça fait quand même un peu<br />
La Provence agricole cultive depuis toujours<br />
cette tradition conviviale autour d’une<br />
production : vendanges, moissons, fêtes du riz…<br />
peur ! Il nous faudra beaucoup de concentration, mais notre<br />
réputation est en jeu, on ne lâchera rien ! » Même enthousiasme<br />
chez Alexandre Mazzia, du Ventre de l’architecte<br />
à Marseille, qui dirigera le second festin à Port-de-Bouc :<br />
« Quand on fait appel à vous pour un projet tel que celui-là,<br />
on se sent privilégié. Pour moi, c’est un projet de cœur, un<br />
grand moment de p<strong>art</strong>age, on n’est pas dans la démonstration,<br />
ni dans le côté guindé, ce sera une fête de la mer et du<br />
poisson. » Car, chaque festin aura son imaginaire et sa scénographie,<br />
du « déjeuner sur l’herbe » à Aubagne (le 4 mai),<br />
jusqu’au « dimanche sous les oliviers » à Saint-Rémy-de-<br />
Provence (le 13 octobre), en passant par « la guinguette des<br />
deltas » ou le « retour de pêche »... À chaque chef sa conception<br />
du banquet. Pour Georgiana, qui a installé son atelier<br />
rue Saint-Jacques à Marseille, la grand-mère initiatrice a<br />
joué un grand rôle : « Dans mon enfance au Bénin, il arrivait<br />
souvent qu’elle reçoive plus de deux cents personnes. J’ai<br />
toujours baigné dans cette ambiance : ma grand-mère était<br />
chef d’entreprise, avec un boulot très sérieux, toute une boîte<br />
66<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013
MP2013 PASSE À TABLE<br />
FESTINS DE MÉDITERRANÉE<br />
À chaque ville sa thématique et ses ingrédients, accommodés par le graphiste marseillais Tabas.<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013 67
MP2013 PASSE À TABLE<br />
SEPT FESTINS<br />
© Jean-Pierre Vallorani<br />
LE PETIT PLUS D’AUBAGNE<br />
Le 4 mai, les six cents hôtes du Festin d’Aubagne sont rep<strong>art</strong>is<br />
avec l’assiette dans laquelle leur ont été servies les entrées.<br />
En forme d’écuelle traditionnelle, d’un vert anis printanier, elle a<br />
été choisie spécialement par le cuisinier étoilé Christophe Dufau.<br />
C’est l’œuvre de Nicolas Veneziano, céramiste de L’Atelier 16-27,<br />
qui utilise une technique à la fois simple et élégante : l’engobe<br />
coloré aux oxydes est passé au pinceau, séché, puis frotté à<br />
l’éponge sur les bords de façon à faire ressortir la couleur naturelle<br />
de la terre, avant d’être cuit et verni.<br />
à diriger, mais à côté de ça, elle recevait beaucoup chez nous,<br />
pour ses fournisseurs, des gens qui venaient de l’étranger,<br />
ou bien des occasions comme les baptêmes et les mariages.<br />
Tout le monde était mis à contribution, on pouvait avoir<br />
dans la maison trente moutons qu’il fallait abattre, dépecer,<br />
plus cinquante poulets à égorger et plumer ! » À Gardanne,<br />
Georgiana construira son menu autour d’un plat d’agneau<br />
confit, réservant ses notes plus exotiques à l’entrée et au<br />
dessert : « Ma cuisine est simple. Je ne la définis pas, c’est la<br />
mienne ! Elle est comme moi, instinctive, pas du tout préparée,<br />
ni étudiée... Je n’ai pas une formation classique, je suis<br />
autodidacte. Ce qui m’importe c’est le goût : en cuisine, on<br />
mélange des choses, on les goûte, si c’est bon, ça passe et peu<br />
importe alors comment on a moulu, écrasé ou coupé ! » Une<br />
sensualité que revendique aussi Alexandre Mazzia, même si<br />
son parcours espagnol lui a apporté un solide bagage technique<br />
et une patte très contemporaine : « Il faut s’inspirer du<br />
site, créer une histoire autour d’un petit port où ont eu lieu<br />
les premières arrivées d’épices. Notre thème, c’est la pêche,<br />
la mer, c’est complètement mon univers... On m’a demandé<br />
de créer six touches de goût, six mets différents, quatre salés<br />
et deux sucrés, dans un esprit de tapas. Pour retrouver les<br />
effluves iodés du bord de mer, j’ai proposé au scénographe<br />
d’utiliser à l’entrée des convives des sprays d’eau de mer aux<br />
parfums d’huître... »<br />
Valoriser le territoire<br />
Aux <strong>art</strong>istes, les sept villes vont offrir logistique, compétences<br />
et la bonne volonté de leur personnel. Comme à<br />
Aubagne, où Régis Boschiero, le directeur de la cuisine centrale<br />
municipale, supporte sans ciller toute la pression d’un<br />
festin d’ouverture. Se mettre au service d’une grande toque,<br />
c’est un sacré moment dans sa carrière : « Christophe Dufau<br />
est chef étoilé à Vence, mais il a gardé son côté humain, en<br />
proximité avec ses hôtes. Il recherche les produits du terroir,<br />
il aime sa région. L’idée de travailler en complicité avec les<br />
producteurs locaux et les agents de la ville l’a vraiment motivé<br />
et il s’est investi d’autant plus dans le projet. Pour nous<br />
qui avons déjà goûté son menu, ça va être une soirée magnifique<br />
! » Fabien Morréale est sur la même longueur d’onde :<br />
« Les élèves du lycée hôtelier de Bonneveine sont présents, la<br />
mairie me confie ses locaux et son équipe pour pouvoir produire<br />
mon menu. Sans eux je ne pouvais rien faire, ce qui me<br />
fait plaisir c’est que le public et le privé se mélangent. Ça casse<br />
des barrières, on se bat ensemble pour la commune. » Dans<br />
chacune des villes, les festins seront aussi l’occasion d’apéros<br />
musicaux, de débats autour de l’alimentation ou d’ateliers<br />
en direction des enfants. Un petit dessert en guise de<br />
conclusion, c’est Georgiana qui régale : « J’ai prévu une salade<br />
de fruits, sans doute pêches, brugnons, fraises, accompagnés<br />
d’un sirop, peut-être au safran, ou bien des épices comme de<br />
la badiane, cannelle, vanille, gingembre... Une fois chauffé, le<br />
sirop est versé sur les fruits et va les cuire légèrement... c’est<br />
servi tiède, avec des petites meringues au citron vert ! »<br />
LES FESTINS DE MÉDITERRANÉE<br />
Du 18 au 20 mai à Gardanne, le 25 mai à Istres, les 21 et<br />
22 juin à Port-de-Bouc, le 7 juillet à Salon-de-Provence, le 3<br />
août à Arles et le 13 octobre à Saint-Rémy-de-Provence.<br />
15 € (réservation conseillée).<br />
WWW.<br />
mp2013.fr/le-theatre-des-cuisines/festins-de-mediterranee<br />
68<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013
MP2013 PASSE À TABLE<br />
GR®2013<br />
Six<br />
pique-niques<br />
sur le<br />
GR ® 2013<br />
Avec le Collectif Safi les pratiques les plus<br />
quotidiennes, marcher, manger, parler,<br />
peuvent devenir des matériaux <strong>art</strong>istiques.<br />
Le GR®2013 va ainsi accueillir des « Piqueniques<br />
de point de vue », invitant à goûter<br />
le paysage avec tous nos sens.<br />
Texte : Fred Kahn • Photo : Estelle Pierson<br />
P<br />
our le collectif Safi, l’<strong>art</strong> est une nourriture autant<br />
pour l’esprit que pour le corps et cet aliment n’a<br />
rien d’immatériel. Dalila Ladjal et Stéphane Brisset<br />
sont des scénographes et des plasticiens de formation.<br />
Ils travaillaient comme les autres <strong>art</strong>istes dans un atelier.<br />
Mais, petit à petit, ils ont éprouvé le besoin de se frotter<br />
beaucoup plus directement au monde et aux autres. La ville<br />
est alors devenue leur terrain de jeu. Ils ont créé le collectif<br />
Safi et développé des projets avec et pour les habitants. Ces<br />
<strong>art</strong>istes ne proposent pas des spectacles ou des œuvres dans<br />
une galerie. Ils préfèrent créer à p<strong>art</strong>ir des compétences, des<br />
savoirs faire, mais aussi des désirs des gens. Ainsi, marcher<br />
dans la nature et échanger sur ce que l’on voit, entend, sent<br />
et goûte représente, à leurs yeux, une fantastique expérience<br />
sensible. Tout naturellement, ils se sont embarqués dans<br />
l’aventure du GR®2013 et ont p<strong>art</strong>icipé au tracé du sentier<br />
de grande randonnée. Ils ont longuement arpentés ces chemins<br />
de traverse qui permettent de découvrir autrement les<br />
Bouches-du-Rhône. Ils en connaissent toutes les saveurs.<br />
Safi a même imaginé de nous faire déguster ce paysage. Le<br />
collectif a ainsi concocté six pique-niques de point de vue.<br />
Gastronomie sur l’herbe<br />
Le principe est simple : inviter des chefs cuisiniers en résidence<br />
et leur demander de créer des recettes en utilisant, les<br />
plantes et les essences récoltées sur place. « Chaque fois, le<br />
déjeuner s’inscrit dans un propos, déclare Dalila Ladjal. Le<br />
choix des ingrédients, le fait de travailler avec des plantes et<br />
des produits locaux instaure une relation p<strong>art</strong>iculière avec le<br />
lieu. Nous avons également fabriqué un Comptoir des saveurs<br />
« Charbon de Merlu noir fumé aux bourgeons<br />
de pin, chips de poisson, pommade de pistache,<br />
pain de seigle au beurre clarifié de genièvres et<br />
pousses de Jeunes brocolis…. »<br />
dont les tiroirs sont remplis d’éléments issus du paysage.<br />
Autant de choses à voir, à sentir, à toucher... ». Des guides<br />
proposeront également des micros-balades pour nous permettre<br />
de toujours mieux mettre en relation la nourriture<br />
et l’environnement. Les chefs ont, paraît-il, été d’abord un<br />
peu inquiets. « Les plantes sauvages sont coriaces, explique<br />
Dalila Ladjal, avec des goûts souvent très prononcés. Avec<br />
l’équipe de Marseille-Provence 2013, nous avons donc choisi<br />
des chefs qui comme des <strong>art</strong>istes, aiment l’expérimentation.<br />
Nous avons réalisés des binômes. Ils ne se connaissaient pas<br />
forcément avant. Cet esprit d’aventure est essentiel, car il génère<br />
de l’émulation ». En tout cas, le casting est p<strong>art</strong>iculièrement<br />
alléchant. Quelques-unes des meilleures tables de la<br />
région ont joué le jeu : Le Grain de sel, Les Pieds dans le plat,<br />
l’Atelier, le Salon de gourmandises, La Table de Beaurecueil,<br />
L’Abbaye de Sainte-Croix à Salon-de-Provence... Que vontils<br />
mijoter ? Voici, en guise de mise en bouche, un aperçu<br />
d’un des six menus : charbon de Merlu noir fumé aux bourgeons<br />
de pin, chips de poisson, pommade de pistache, pain<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013 69
70<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013
MP2013 PASSE À TABLE<br />
GR®2013<br />
Dalila Ladjal est devenue<br />
une experte en botanique.<br />
À CHACUN SA PART<br />
Cet <strong>art</strong>, on ne peut plus contextuel car obéissant aux lois dictées<br />
par l’environnement, demande une extrême délicatesse<br />
et beaucoup de temps de préparation. Safi travaille depuis des<br />
années sur de tels projets atypiques. Le collectif s’est plus p<strong>art</strong>iculièrement<br />
implanté dans le 14 e arrondissement de Marseille,<br />
au Grand Saint-B<strong>art</strong>hélémy. Avec le Théâtre du Merlan, il initie,<br />
depuis plusieurs années, des aventures <strong>art</strong>istiques improbables.<br />
Safi a ainsi fait pousser un jardin collectif, à deux pas du centre<br />
social Agora et au cœur de la cité de la Busserine. Un Qu<strong>art</strong>ier<br />
créatif était même en chantier. Ce projet p<strong>art</strong>icipatif porté par<br />
la Capitale européenne de la culture ne verra finalement pas<br />
le jour. Les cités du Grand Saint-B<strong>art</strong>hélémy sont dans un tel<br />
état d’abandon qu’une initiative aussi institutionnelle ne pouvait<br />
que générer beaucoup de malentendus. « Nous ne voulions<br />
surtout pas nous imposer, explique Dalila Ladjal. Or, les conditions<br />
n’étaient pas réunies pour susciter l’adhésion de tous.<br />
Mais nous continuons à travailler avec beaucoup d’habitants<br />
du qu<strong>art</strong>ier ». Et, en effet, les guides qui accompagneront les<br />
pique-niqueurs dans la découverte des Paysages gustatifs sont<br />
pour la plup<strong>art</strong> issus des qu<strong>art</strong>iers nord.<br />
de seigle au beurre clarifié de genièvres et pousses de Jeunes<br />
brocolis… Pour autant, l’ambiance sera détendue au possible,<br />
familiale. D’ailleurs, les prix (15 € par personne) se<br />
veulent vraiment tout public.<br />
L’<strong>art</strong> des lieux<br />
Les sites des pique-niques n’ont bien sûr pas été choisis au<br />
hasard. À Vitrolles, par exemple, les convives prendront<br />
place sur le plateau qui surplombe la ville. Le regard sera<br />
face à un tableau étonnant : les constructions urbaines<br />
servent de cadre à de vastes étendues naturelles. Et, en cette<br />
saison, le béton et le bitume semblent sertis dans les couleurs<br />
du printemps. À Istres, la Coline du Castellan, havre<br />
de paix situé au-dessus des rives de l’Étang de l’Olivier,<br />
accueillera les invités. À Aubagne, au cœur du Garlaban,<br />
le pique-nique s’annonce chromatique, avec un jeu entre les<br />
tons et les saveurs. Baudelaire a été le premier à évoquer les<br />
multiples correspondances possibles entre les sens. La vue,<br />
l’ouïe, l’odorat et le goût sont nos principaux outils pour reconfigurer<br />
et nous approprier le réel. Encore faut-il prendre<br />
l’habitude de les solliciter. En écoutant Dalila Ladjal, on<br />
prend conscience de la richesse insoupçonnée du moindre<br />
bout de terre. Là où nous ne percevons que du bitume ou<br />
des mauvaises herbes, elle voit des écosystèmes extrêmement<br />
divers et complexes. Cette passionnée de botanique<br />
énumère ainsi un nombre incroyable de plantes sauvages<br />
comestibles qui poussent au bord des routes. « La bette<br />
maritime, l’oxalis, la népéta, la rue, le cade, la santoline, la<br />
mauve... étaient très utilisés avant par les gens simples. J’utilise<br />
ces savoir-faire populaires. En parlant avec les habitants,<br />
des pratiques de repas refont surface ». Cette quête d’une<br />
plus grande symbiose avec l’environnement représente l’un<br />
des éléments moteurs de ces Pique-niques de point de vue.<br />
« Mieux connaître les écosystèmes permet de les apprécier et<br />
donc de devenir plus respectueux avec ce qui nous entoure<br />
». Ici l’approche écologique ne consiste pas à mettre sous<br />
cloche la nature, mais à trouver un point d’équilibre avec<br />
elle. Il serait suicidaire de ne pas aimer la terre qui nous<br />
nourrit.<br />
PIQUE-NIQUES POINT DE VUE<br />
Le 12 mai, à Aubagne : Alexandre Mazzia (Le Ventre de<br />
l’architecte, Marseille) / Laurent Favre-Mot (Le salon de<br />
Gourmandises, Marseille)<br />
Le 26 mai, à Vitrolles : René Bergès (La table de Beaurecueil,<br />
Beaurecueil)<br />
Le 30 juin, à Istres : Sébastien Richard (La table de Sébastien,<br />
Istres) / Georgiana Viou (L’Atelier, Marseille)<br />
Le 15 septembre, à Marseille : Arnaud C<strong>art</strong>on de Grammont<br />
(Le café des épices, Marseille) / Laurent Favre-Mot (Le salon de<br />
Gourmandises.<br />
Sur réservation uniquement.15€.<br />
WWW.<br />
mp2013.fr/le-theatre-des-cuisines/paysages-gustatifs<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013 71
Douze<br />
pour<br />
bivouacs<br />
suivre<br />
TransHumance<br />
Imaginé par Camille et Manolo, les fondateurs du Théâtre du Centaure,<br />
TransHumance est un projet itinérant pharaonique. Hommes et bêtes vont marcher<br />
de concert pendant trois semaines et rencontrer le public<br />
à l’occasion de bivouacs festifs.<br />
Texte : Jean-Pierre Vallorani • Photo : Philippe Praliaud<br />
« Le Centaure incarne la réunion de l’Homme<br />
et de l’Animal, du Social et du Sauvage,<br />
de l’Humain et de la Nature. »<br />
Au commencement était le Centaure… Depuis la<br />
création de leur compagnie de théâtre équestre<br />
en 1989, Camille et Manolo ont fait de cette créature<br />
issue de la mythologie grecque leur totem. Elle reste<br />
au centre de TransHumance : « Le Centaure sera le guide<br />
de cette mythologie contemporaine, car il incarne la réunion<br />
de l’Homme et de l’Animal, du Social et du Sauvage, de<br />
l’Humain et de la Nature. » Le projet, en préparation depuis<br />
trois ans, tient en effet de l’épopée : deux convois, venus<br />
d’Italie et de Provence, s’apprêtent à parcourir cinq cents<br />
kilomètres, traverser trente-cinq communes et six parcs<br />
ou réserves naturelles, avant de se rejoindre à l’Étang des<br />
Aulnes puis de marcher vers Marseille.<br />
Pendant trois semaines, marcheurs et cavaliers sont conviés<br />
à prendre p<strong>art</strong> à un événement qui se veut avant tout p<strong>art</strong>icipatif.<br />
« On invite les gens à quitter leur poste de télévision<br />
et à venir nous rejoindre, à marcher dans la poussière<br />
des chemins, les pieds dans la boue, la tête dans les étoiles »,<br />
explique Camille. Le pari de TransHumance est un pari<br />
sur le temps : briser le rythme frénétique de l’urbanisation<br />
pour reposer ses pas dans les foulées de l’animal, laisser<br />
s’épanouir son regard sur le paysage, consentir au hasard.<br />
Du reste, des étendues désertiques de la Crau aux sentiers<br />
escarpés de la Sainte-Baume, l’homme a longtemps suivi le<br />
pas de son chien, de son âne ou son cheval, de ses moutons<br />
ou de ses vaches, balisant son environnement à leur échelle,<br />
tissant une sociabilité à l’aune de son bras et de son coup<br />
d’œil. TransHumance renoue avec cette tradition, tout en<br />
lui conférant une dimension <strong>art</strong>istique et festive. Car, de<br />
Cuges-les-Pins (pour le premier convoi), ou de Châteaurenard<br />
(pour le second) à l’Étang des Aulnes puis à Marseille,<br />
le chemin sera ponctué d’Anymaglyphes (voir portfolio,<br />
page 86) et de bivouacs, conçus comme autant de rendezvous<br />
avec le public. Échanges, performances, spectacles et<br />
autres manifestations vont s’enchaîner dans les villes d’accueil,<br />
au gré de leur dimension et de leurs possibilités.<br />
Saveurs provençales et italiennes<br />
Les bivouacs de TransHumance, prévus pour accueillir les<br />
deux cents cavaliers et leurs animaux, s’ouvrent également<br />
aux habitants et producteurs des communes traversées,<br />
mais aussi aux visiteurs. Composés de tentes identiques en<br />
toile blanche, d’une hauteur suffisante pour accueillir trois<br />
lits de camp, les campements sont installés de manière à ce<br />
que les chevaux passent la nuit autour et à proximité des<br />
dormeurs. Les pauses de midi sont animées par des piqueniques<br />
en pleine nature, tandis que le matin et le soir, un<br />
espace de restauration prépare les produits fournis par la<br />
Chambre régionale d’agriculture. Selon la durée des étapes<br />
72<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013
MP2013 PASSE À TABLE<br />
TRANSHUMANCE<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013 73
MP2013 PASSE À TABLE<br />
TRANSHUMANCE<br />
QUELQUES TEMPS FORTS<br />
- Les 17 et 18 mai à Cuges-les-Pins. Accueil des butteri. Démonstrations,<br />
marché, concerts, expositions et grand baleti.<br />
- Le 23 mai à Saint-Antonin-sur Bayon. Journée « entre ciel et<br />
terre », en compagnie d’astrophysiciens.<br />
- Le 25 mai à Châtaurenard. Course Camarguaise dans les<br />
arènes, banquet provençal, bal (réservation à l’Office du Tourisme<br />
de Châteaurenard : 04 90 24 25 50).<br />
- Le 26 mai à Lambesc . Soirée Contes en bivouac, dans le cadre<br />
du festival Paroles à suivre.<br />
-Le 28 mai aux Baux-de-Provence. Expositions, projection, soirée<br />
musicale avec le jazzman Raphaël Imbert et Michel Marcelin,<br />
astrophysicien.<br />
- Le 29 mai à Salon-de-Provence (Domaine du Merle). Animations<br />
à p<strong>art</strong>ir de 9h30, puis concert à 19h.<br />
- Les 1 er et 2 juin au Domaine dép<strong>art</strong>emental de l’Étang des<br />
Aulnes. « Ré-union » de la Provence et de l’Italie : Animaglyphe,<br />
démonstration, marché <strong>art</strong>isanal… Le 1 er au soir, le BalBêtes réunit<br />
Lo Cor de La Plana, El maya el Asilah et Assurd.<br />
- Les 7 et 9 juin à la Campagne Pastré. Dernier bivouac, avec<br />
tous les p<strong>art</strong>icipants, et inauguration de l’Observatoire du bout du<br />
monde.<br />
et les villes étapes, celles-ci peuvent prendre en charge des<br />
grands repas, comme à Châteaurenard, le 25 mai. Dès le<br />
matin, les charretiers offriront le petit déjeuner, qu’on<br />
pressent copieux et revigorant, et à midi, est prévu un grand<br />
banquet autour du taureau A.O.C. Les Grandes Carrioles<br />
de la Friche sont aussi de la p<strong>art</strong>ie, aux Baux-de-Provence<br />
(le 27 mai), ou à Saint-M<strong>art</strong>in-de-Crau (le 1er juin). Il va<br />
en outre flotter, autour des bivouacs, la délicieuse odeur<br />
de l’Italie, et plus précisément de la Toscane. Venu de la<br />
Maremme, territoire d’élevage réputé, le groupe de trente<br />
butteri s’apprête à conduire jusqu’à Marseille trente vaches<br />
reconnaissables à leurs hautes cornes en forme de lyre, ainsi<br />
que trente juments et poulains en liberté. Dès leur arrivée<br />
à Cuges-les-Pins, ces « gardians » toscans vont p<strong>art</strong>ager<br />
leur culture et leur savoir-faire. Sur les grands bivouacs, ils<br />
installent leur village de cabanes traditionnelles et le restaurateur<br />
Lodovichi propose ses spécialités de Toscane. Au<br />
menu : acquacotta maremmana e casentinese, une recette<br />
à base de pain, œuf et « herbes spontanées », le spezzatino<br />
de viandes Chianina, les salumi et fromages de Toscane,<br />
arrosés de Chianti Ruffino, Rosatello, et autres blancs de<br />
cépages vermentino et pinot...<br />
L’installation du dernier bivouac à la Campagne Pastré, le<br />
7 juin, précèdera l’apogée de TransHumance : la traversée<br />
de Marseille, le surlendemain, depuis le Vieux-Port jusqu’à<br />
la Campagne Pastré en passant par la Corniche. Aboutissement<br />
du parcours, il rassemblera tous les cavaliers, butteri<br />
italiens, provençaux, camarguais et toutes leurs bêtes,<br />
vaches, moutons, chevaux, autour du village nomade. Dès<br />
lors et durant les trois mois qui suivront, L’Observatoire<br />
du Bout du Monde, installation <strong>art</strong>istique multimédia,<br />
accueillera toutes les images récoltées pour un retour sur<br />
expérience avec l’ensemble des acteurs associés à cette incroyable<br />
aventure.<br />
TRANSHUMANCE<br />
Du 17 mai au 9 juin, 3 parcours à travers le territoire.<br />
WWW.<br />
mp2013.fr/transhumance<br />
74<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013 75
Un<br />
pain 2013<br />
et une<br />
vigne of<br />
Parmi la soixantaine d’Ateliers<br />
de l’EuroMéditerranée initiés par MP 2013<br />
dans des entreprises locales,<br />
il y a évidemment à boire et à manger.<br />
Et justement, deux d’entre eux,<br />
ont élu domicile dans la boulangerie<br />
du Farinoman fou et la vigne du New hôtel<br />
of Marseille. La messe peut être dite…<br />
Marseille<br />
Texte et photos : Marco Jeanson<br />
Voici le Pain 2013, baptisé le « Bouton » : deux petites<br />
fougasses liées entre elles par un ruban, une de<br />
couleur jaune doré au safran et romarin et l’autre<br />
brune aux olives et au thym. Il est l’œuvre conjointe d’un<br />
<strong>art</strong>iste et d’un boulanger : Zareh Sarabian et Benoît Fradette.<br />
Le premier vient du Liban et le second du Québec. Et,<br />
non content d’être le seul boulanger québécois de France,<br />
l’homme est un <strong>art</strong>iste. « Double Alpha et Triple Oméga »,<br />
« Chair d’Aphrodite et puissance d’Eros », « Maître Goji et<br />
ses deux épeautres », « Manomin des Anoshinobegs »… tels<br />
sont les noms dont Benoît Fradette, alias le Farinoman Fou,<br />
baptise ses pains. « Les boulangers, dit-il en guise de préambule<br />
avec son accent à couper au couteau, faut qu’ils se forcent<br />
pour être intelligents… » En France depuis 8 ans, Benoît<br />
Fradette est venu « à cause du vélo » et des pentes du Mont<br />
Ventoux. Grimpeur émérite, il était chez lui un spécialiste<br />
du Mount Washington dans les Appalaches, une des grimpées<br />
à vélo les plus dures au monde. « J’avais 600 mètres<br />
carré de boulangerie et vingt employés, raconte-t-il. Ici j’ai<br />
quatre personnes sur 42 mètres carré, et je paye presque autant<br />
de charges. » Situé en plein centre d’Aix-en-Provence,<br />
sa minuscule boutique ne désemplit pas. « Les gens rentrent<br />
et me demandent ce qu’ils n’ont pas encore goûté », confie-til.<br />
Pourtant, selon lui, Il y avait plus de créativité au Québec<br />
dans le pain. Quand il débarque à Buis-les-Baronnies à ses<br />
débuts en France, il trouve une clientèle très conservatrice.<br />
« Est-ce le vin qui aide à la création ?<br />
Je crois que dans le cas qui nous intéresse,<br />
la création va aider le vin. »<br />
« Moi, je ne sais pas faire une baguette, même avec le CAP<br />
qu’il a fallu que je passe ici pour ouvrir mon commerce. »<br />
Quant aux faiseurs de pain… « La plup<strong>art</strong> des boulangers,<br />
dit-il, ne font pas du pain, ils font du prix. » Tous ses produits<br />
viennent de ses voisins : le safran, l’épeautre, les olives, la<br />
crème d’ail, les abricots. Mais pour lui, pas question d’être<br />
identifié au bio, il n’a pas besoin de ça. Il est serein, même<br />
en dormant cinq heures par nuit. « C’est le stress qui nous<br />
bouffe, qui nous fatigue, je fais un boulot que j’aime, j’ai une<br />
vie que j’aime. La boulangerie pour moi c’est les vacances,<br />
c’est quand je suis chez moi que je commence à travailler<br />
vraiment, j’ai deux hectares à planter ! » Quel est donc<br />
son secret pour cuire ces petits pains que tous les Aixois<br />
– et bientôt les Marseillais – s’arrachent ? « Je ne pétris pas,<br />
explique-t-il. Pétrir, c’est faire rentrer de l’air, donc oxyder,<br />
76<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013
MP2013 PASSE À TABLE<br />
AEM<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013 77
MP2013 PASSE À TABLE<br />
AEM<br />
Le « Bouton » : deux petites fougasses, une de couleur jaune doré au safran et romarin et l’autre brune aux olives et au thym.<br />
donc enlever à la pâte ce qui est porteur d’arôme, ça neutralise<br />
le goût. Les gens pétrissent pour développer, pour gagner<br />
en volume, moi je rabats, je tourne, j’évacue le gaz et ensuite<br />
la pâte recommence à fermenter. Et j’hydrate beaucoup…<br />
Les céréales, c’est comme les vins, elles ont leur propre univers<br />
d’arôme. Tout le monde me demande si je mets du miel<br />
dans mon pain. » Mais Benoît Fradette n’a pas fait le Pain<br />
2013 tout seul. Les concepteurs de MP2013 lui ont envoyé<br />
en résidence, pendant quatre jours entre Noël et le jour de<br />
l’an, un designer venu du Liban. Zareh Sarabian est professeur<br />
à l’Académie Libanaise des Beaux Arts (ALBA) dans la<br />
section Design de Produit. « Au début, je n’ai pas bien compris,<br />
confie le Farinoman, mais je me suis dit, ça doit être ça<br />
la Méditerranée, toutes ces émotions en pagaille… Cela été<br />
épique, dantesque et diplomatique. Il voulait mettre du thym<br />
p<strong>art</strong>out, j’ai été obligé d’être doux, de faire de la politique.<br />
C’était effrayant au début mais comme c’est quelqu’un qui<br />
a un caractère très fort et beaucoup de sens critique, finalement<br />
on est arrivés à quelque chose. »<br />
La cuvée Simarik<br />
Après le pain, on espère le vin. L’idée est p<strong>art</strong>ie du New<br />
Hôtel of Marseille, qui possède 120 pieds de vignes d’ornement<br />
de cépage syrah sur 600 mètres carré de terrain, juste<br />
en-dessous des non moins anecdotiques vignes de Saint-<br />
Victor. Les responsables de l’hôtel en ont parlé à l’association<br />
MP2013, qui leur a envoyé un <strong>art</strong>iste « spécialiste du<br />
détournement. » Nicolas Simarik, Picard surréaliste de 35<br />
ans, a écrit un Que sais-je ? sur lui même, publié un catalogue<br />
de La Déroute (versus la Redoute) avec les habitants<br />
d’un qu<strong>art</strong>ier difficile de Toulouse, promène les chaises et<br />
les cafetières, sillonne la Bourgogne au volant d’un Ford<br />
Transit ou construit des cuisines dans des troncs d’arbres.<br />
Lui-même se définit comme un <strong>art</strong>iste engagé. L’une de ces<br />
performances consiste d’ailleurs à se faire embaucher par<br />
de grands chefs d’entreprise, pour des CDD allant de 3 à<br />
10 minutes ! Et ça marche ! Entre lui et la vigne, c’est une<br />
longue histoire. « J’ai dix-sept ans de vendanges, dit-il, j’ai<br />
construit beaucoup de projets culinaires associés au vin. J’ai<br />
même rencontré ma femme aux vendanges ! » Et il ajoute, espiègle<br />
: « Est-ce le vin qui aide à la création ? Je crois que dans<br />
le cas qui nous intéresse, la création va aider le vin.» Son<br />
questionnement est le suivant : « Que faire avec une vigne,<br />
qui ne sera pas du vin, ni du jus de raisin ? » Il s’agit donc de<br />
réfléchir à un liquide, un contenant, une scénographie de la<br />
vigne. L’<strong>art</strong>iste est en résidence au New Hôtel of Marseille<br />
depuis le mois de septembre, au rythme de trois jours par<br />
mois, ce qui lui a permis de s’imprégner de l’esprit du lieu,<br />
de la vigne, des cuisines… Il y a fait des mini-vendanges au<br />
terme desquelles, après une heure et demie de pressage et de<br />
78<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013
« Les céréales, c’est comme les vins,<br />
elles ont leur propre univers d’arôme.<br />
Tout le monde me demande si je mets<br />
du miel dans mon pain. »<br />
filtration, il a extrait un demi-litre de liquide rép<strong>art</strong>i dans<br />
quatre petits flacons testeurs gardés précieusement dans<br />
les congélateurs de l’hôtel. Avec l’aide d’un vigneron de la<br />
région, Matthieu Négrel du Mas de Cadenet, ils ont analysé<br />
le breuvage et l’ont soumis à une batterie de tests œnologiques.<br />
« Pour savoir jusqu’à quel point je pouvais malmener<br />
cette vigne, la triturer, lui rajouter du sol, des arbres… »,<br />
précise-t-il. La véritable aventure se jouera au mois de<br />
septembre prochain : « C’est aussi une histoire et, comme<br />
toutes les histoires, elle demande un personnage principal. »<br />
Premier chapitre : créer les vendanges 2013, des vendanges<br />
p<strong>art</strong>icipatives, et organiser une scénographie autour de cet<br />
événement. « Je n’ai pas les mêmes angoisses que celles d’un<br />
vigneron, précise l’<strong>art</strong>iste, plutôt celles de savoir ce que sera<br />
la réception du public. » Deuxième chapitre : la transformation<br />
du raisin – en liquide ou en autre chose. « L’idée sera<br />
de faire un objet plus qu’un vin », annonce Nicolas Simarik.<br />
Sera-t-il dilué, coloré, photosensible, lyophilisé, béni,<br />
défendu ? Nul ne le sait aujourd’hui, sauf peut-être l’<strong>art</strong>iste<br />
lui-même. Troisième chapitre et épilogue de l’aventure :<br />
restitution de l’objet dans son contenant, avec étiquetage<br />
et création éventuelle d’un coffret collector. Que sera ce<br />
contenant ? « J’aimerais faire une œuvre majeure », conclut<br />
l’<strong>art</strong>iste-vigneron, l’œil malicieux.<br />
LE FARINOMAN FOU,<br />
5 rue Mignet, Aix-en-Provence<br />
NEW HOTEL OF MARSEILLE<br />
71, boulevard Charles Livon, Marseille, 7e.<br />
WWW.<br />
new-hotel.com/fr/hotels-marseille/marseille<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013 79
80<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013
MP2013 PASSE À TABLE<br />
AMUSE-BOUCHES<br />
Six<br />
Tout au long de cette année capitale, les<br />
occasions d’associer <strong>art</strong> et cuisine ne<br />
manquent pas. Musicales, plastiques,<br />
cinématographiques, les expériences<br />
proposées par Fotokino, Mix en bouche,<br />
Les Grandes Tables se veulent avant tout<br />
créatives et conviviales.<br />
Par Emmanuelle Gall<br />
amuse -bouches<br />
Les Grandes Carrioles<br />
Sur les treize carrioles initialement prévues, sept<br />
ont finalement été inaugurées le 13 avril dernier,<br />
à l’occasion de la quatrième édition des weekends<br />
Made in Friche. Conçues par des <strong>art</strong>istes autour<br />
d’une recette de chef et d’un type de cuisson,<br />
elles vont parcourir le territoire de Marseille-Provence<br />
2013, au gré des temps forts. Évidemment<br />
présentes lors des Festins de Méditerranée, sur le<br />
parcours du GR 2013 et de TransHumance, elles<br />
accompagnent également plusieurs spectacles et<br />
événements : l’opération Anapos, cité lacustre (du<br />
31 mai au 9 juin, à M<strong>art</strong>igues), Phèdre (du 26 au<br />
29 juin à Aix), L’intégrale Guédiguian (du 19 au 30<br />
juin à la La Criée), le Charlie Jazz festival (du 5 au<br />
7 juillet à Vitrolles), les séances de Cinéma sous<br />
les étoiles (en juillet et août à Marseille)…<br />
Carriole “A tout’ vapeur”,<br />
conception Jean-Pierre<br />
LARROCHE / Cie Les<br />
ateliers du spectacle &<br />
Christophe DUFAU, chef<br />
étoilé / restaurant “Les<br />
Bacchanales” à Vence<br />
©Ludovic Alussi<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013 81
©Vincent Lucas<br />
La Faim des apôtres, un spectacle de la compagnie Ilotopie<br />
Valérie Moureaux et Jacques<br />
Livchine en action,<br />
Les gourmandises<br />
de la Folle Histoire<br />
La cuisine est également au programme de l’édition 2013<br />
de La Folle Histoire des Arts de la Rue. Elle est présente<br />
dans deux spectacles, comme un médium à p<strong>art</strong> entière –<br />
questionné et questionnant notre rapport à l’alimentation.<br />
Le 15 mai, une « déambulation gustative », imaginée par<br />
la compagnie Ilotopie dans un square de Port-Saint-Louis,<br />
invite les spectateurs à « manger sur le dos » de douze<br />
comédiens transformés en aliments vivants. L’expérience<br />
se veut moins gastronomique qu’existentielle, abordant<br />
aussi les problèmes de consommation et de malnutrition.<br />
Plus « sexy », la proposition du Théâtre de l’Unité, baptisée<br />
Gourmandisiaque, offre au public les plats d’un repas<br />
de chef, préparé en temps réel. Les deux comédiens-cuisiniers,<br />
Valérie Moureaux et Jacques Livchine, travaillent<br />
en bavardant. Leurs sujets de prédilection : l’amour et le<br />
pouvoir aphrodisiaque de leurs recettes coquines.<br />
La faim des apôtres,<br />
Le 15 mai, 20h, Square,<br />
Angle rue Henri Leroy et avenue du Port, Port-Saint-<br />
Louis-du-Rhône.Gratuit sans réservation.<br />
Gourmandisiaque<br />
le 17 mai, 19h, Descours et Cabaud,<br />
45, avenue des Aygalades, Marseille, 15e.<br />
Gratuit sur réservation.<br />
www.follehistoire.fr<br />
© Université de Mons.<br />
82<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013
MP2013 PASSE À TABLE<br />
AMUSE-BOUCHES<br />
Les dinettes de Fotokino<br />
au WAAW<br />
Bricoler en buvant de la potion magique, fabriquer un<br />
kaakku (gâteau, en finnois) à base de formes géométriques<br />
comestibles… Dans la tradition des manifestations imaginées<br />
par l’association Fotokino, les enfants (et leur famille)<br />
sont les invités privilégiés de ces « dinettes », conçues à leur<br />
mesure, dans un esprit ludique et gourmand. Organisés en<br />
collaboration avec l’équipe du WAAW (What A Wonderful<br />
World), chargée du volet gastronomique, ces goûters-ateliers<br />
ont lieu chaque premier dimanche du mois, en écho<br />
au vernissage de la veille. Cette année, le studio Fotokino<br />
a en effet décidé de donner c<strong>art</strong>e blanche à dix <strong>art</strong>istes. En<br />
juin, le dessinateur Jochen Gerner, amateur de détournement<br />
et de recouvrement d’images, propose de « Perdre le<br />
nord ». Ainsi, la dinette prévue au Parc Borély, pendant le<br />
festival Aires Libres, prendra la forme d’un parcours sensoriel<br />
entre chasse au trésors et blind test. Anaïs Tonelli, une<br />
jeune illustratrice italienne, a imaginé pour chacun de ces<br />
rendez-vous une image sur mesure, inspirée des paper dolls,<br />
combinant des éléments animaux, humains et culinaires.<br />
Le 2 juin. Parc Borély,<br />
Avenue du Prado, Marseille 8 e .<br />
www.fotokino.org<br />
www.waaw.fr<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013 83
MP2013 PASSE À TABLE<br />
AMUSE-BOUCHES<br />
Mix en Bouche<br />
et en mer<br />
La recette est simple et très efficace : deux chefs<br />
+ deux DJs dans un bateau. Et, a priori, personne<br />
ne tombe à l’eau ! Depuis cinq ans, les soirées<br />
festives et gastronomiques organisées par Benoît<br />
Chevalier et ses acolytes font un tabac. À Marseille<br />
et à Paris, aux Grandes Tables, à La Bergerie,<br />
dans une villa d’architecte…, les soirées Mix<br />
en Bouche se succèdent et attirent les foules. Au<br />
point qu’il faut surveiller leur site Internet régulièrement<br />
pour avoir une chance de faire p<strong>art</strong>ie<br />
des happy few qui embarqueront à bord de L’Ilienne<br />
cet été.<br />
Les 1er et 29 juin, 20 juillet, 7 et 8 septembre.<br />
L’Ilienne, dép<strong>art</strong> du Vieux-Port. 30 €.<br />
www.mixenbouche.com<br />
Aires Libres<br />
Après quelques années de nomadisme, le festival<br />
gratuit, éco-responsable et solidaire rentre au<br />
bercail. Le Parc Borély, qui a vu la création d’Aires<br />
Libres en 2005, accueillera l’édition 2013 les 1 er<br />
et 2 juin. Pas encore révélée, la programmation<br />
musicale reste tournée vers « l’électro familiale ».<br />
Car, rappelons-le, les enfants sont les bienvenus<br />
à Aires Libres. Outre la dinette proposée par<br />
Fotokino, ils auront droit à 48 heures d’ateliers en<br />
tous genres. Et la cuisine ? Bio souvent, en tout<br />
cas légère, champêtre et <strong>art</strong>isanale.<br />
Les 1er et 2 juin. Parc Borély,<br />
Avenue du Prado, Marseille, 8e.<br />
www.aireslibres.wordpress.com<br />
84<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013 85
PORTFOLIO<br />
LES ANIMAGLYPHES<br />
DE TRANSHUMANCE<br />
Photos : Lionel Roux<br />
A<br />
près les bivouacs (voir page 73), voici les<br />
Animaglyphes. Comme la racine grecque du<br />
néologisme l’indique, il s’agit de dessiner dans le paysage,<br />
avec des animaux. Le volet plastique de TransHumance se<br />
situe donc à la croisée du Land <strong>art</strong> et du spectacle vivant.<br />
Le long du parcours, Camille et Manolo invitent le public<br />
à venir p<strong>art</strong>iciper à la création de huit fresques géantes,<br />
qui feront l’objet de prises de vue aériennes. Inspirés par<br />
la constellation du Centaure, leur totem, ou la Croix du<br />
Sud, ils ont imaginé un répertoire de formes géométriques<br />
– point, cercle, spirale, idéogramme chinois représentant<br />
l’homme… – à reproduire collectivement sur le terrain. Les<br />
photographies de Lionel Roux, prises lors des précédents<br />
animaglyphes réalisés dans la région et ailleurs, vont<br />
être exposées aux Baux-de-Provence, mais aussi, avec les<br />
images collectées pendant l’opération, lors de sa restitution<br />
à L’Observatoire du bout du monde, à Marseille. Pendant<br />
TransHumance, il sera également possible de découvrir le<br />
film réalisé par le Théâtre du Centaure pour les soixantedix<br />
vidéoprojecteurs des Carrières de Lumière.<br />
Pour p<strong>art</strong>iciper aux animaglyphes, il est nécessaire de remplir<br />
un formulaire d’inscription disponible sur le site du Théâtre du<br />
Centaure : www.theatreducentaure.com<br />
PHOTOGRAPHIES DE LIONEL ROUX<br />
Du 27 mai au 15 octobre, Îlot Post Tenebras Lux, Cour de<br />
Porcelet et La Citerne, Les Baux-de-Provence.<br />
04 90 54 34 39. Entrée libre.<br />
TRANSHUMANCE, LE FILM<br />
Du 28 mai au 11 juin, 19h, Carrières de Lumière,<br />
Route de Maillane, Les Baux-de-Provence.<br />
04 90 54 47 37. 7,50-9,50 €<br />
WWW.<br />
carrieres-lumieres.com<br />
86<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013
© Lionel Roux<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013 87
© Lionel Roux<br />
88<br />
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© Lionel Roux<br />
90<br />
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92<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013
© Lionel Roux<br />
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© Lionel Roux<br />
94<br />
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96<br />
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SORTIR<br />
100 106<br />
Scènes Musiques<br />
110<br />
Expos<br />
116<br />
Enfants<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013 97
SORTIR<br />
L’ÉVÈNEMENT<br />
LE MUCEM, ENFIN !<br />
Si tout se passe comme prévu, le 7 juin, le MuCEM ouvrira enfin ses portes au public, avec<br />
pas moins de six expositions, rép<strong>art</strong>ies sur les trois sites occupés par le musée : sur le J4, au<br />
fort Saint-Jean et à la Belle de Mai.<br />
Sandra Dukic, Enfante !, tableau textile (2006) exposé dans Au Bazar du genre. © Christophe Fouin - Mucem<br />
Rarement ouverture de musée aura suscité une<br />
telle expectative ! Il faut reconnaître que la création,<br />
à Marseille, d’un musée national, le premier<br />
consacré aux cultures de la Méditerranée, construit de<br />
surcroît par Rudy Ricciotti, est un événement de taille. Et<br />
tous ceux qui ont visité le lieu, lors des portes ouvertes du<br />
mois de janvier, attendent son inauguration avec d’autant<br />
plus d’impatience. À quoi va ressembler le chef-d’œuvre,<br />
une fois rempli de cimaises, vitrines et autres socles ? N’en<br />
déplaise à son architecte, le bâtiment, si beau dans sa nudité,<br />
va accueillir, dès le 7 juin, trois expositions. Auxquelles vont<br />
s’ajouter trois autres expositions : deux au Fort-Saint-Jean et<br />
une au CCR, les réserves du musée situées à La Belle-de-Mai.<br />
On a tendance à l’oublier : le MuCEM se déploie sur trois<br />
sites et offre une surface totale d’exposition de 40 000 m 2 .<br />
Un espace suffisant pour accueillir, en alternance, une collection<br />
estimée à près d’un million de pièces, de natures très<br />
diverses. Deux tiers sont issus des anciens fonds du musée<br />
des Arts et traditions populaires et du musée de l’Homme,<br />
N’EN DÉPLAISE À SON ARCHITECTE,<br />
LE BÂTIMENT, SI BEAU DANS SA NUDITÉ,<br />
VA ACCUEILLIR, DÈS LE 7 JUIN,<br />
TROIS EXPOSITIONS.<br />
le reste consistant en des dizaines de milliers d’acquisitions<br />
récentes, centrées sur le Bassin méditerranéen. En juin, une<br />
p<strong>art</strong>ie de cette collection permanente sera présentée dans La<br />
Galerie de la Méditerranée, au rez-de-chaussée du bâtiment<br />
de Rudy Ricciotti. L’enjeu de cet accrochage : écrire une histoire<br />
de la région en quatre temps – naissance des dieux,<br />
monothéismes, démocratie et grandes découvertes. Autre<br />
ambiance au fort Saint-Jean, où Le Temps des loisirs réunit<br />
des objets associés aux fêtes, rituels et spectacles populaires,<br />
des origines à nos jours. Toujours au fort Saint-Jean, le bâtiment<br />
de la Légion étrangère abrite une exposition de pho-<br />
98 8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013
SORTIR<br />
La Méditerranée, d’Aristide Maillol, 1902-1905, exposée dans Le Noir et le bleu. © Jean Alex Brunelle<br />
tographies en quatre volets. Le premier, baptisé Les Choses<br />
de ce côté du monde (jusqu’au 29 juillet), réunit huit <strong>art</strong>istes<br />
contemporains de renom, parmi lesquels Ange Leccia, Stéphane<br />
Couturier et Waël Shawky, une des révélations de MP<br />
2013. Retour au J4, avec deux expositions temporaires aux<br />
thématiques séduisantes. La première, intitulée Le Noir et<br />
le Bleu, un rêve méditerranéen a été imaginée par Thierry<br />
Fabre, le fondateur des Rencontres d’Averroès devenu l’un<br />
des responsables du MuCEM. Débutant au XVIII e siècle,<br />
avec l’expédition de Bonap<strong>art</strong>e en Égypte, l’exposition entend<br />
retracer les différentes représentations de la Méditerranée,<br />
d’une rive à l’autre, d’une époque à l’autre. On y verra,<br />
outre des archives et documents originaux, des œuvres de<br />
Goya, Miro, Maillol, Pistoletto… Au même étage, une autre<br />
exposition interroge la notion de genre dans les sociétés méditerranéennes<br />
contemporaines. Le commissaire de l’exposition<br />
Au Bazar du genre, féminin / masculin est Denis Chevallier,<br />
ethnologue et directeur adjoint du Mucem. Il a réuni<br />
des objets du quotidien, des œuvres et des films témoignant<br />
des mutations identitaires et sexuelles de notre époque. Le<br />
panorama ne serait pas complet si l’on omettait l’exposition<br />
proposée au CCR. Présentée vivante propose une sélection<br />
d’objets sortis des réserves par Jean Blaise et Patricia Buck<br />
autour d’un texte de l’écrivaine Joy Sorman. Plusieurs visites<br />
sont donc à prévoir ! E.G.<br />
MUCEM,<br />
201, quai du Port, Marseille, 2e.<br />
04 91 59 06 88. 5-8 €. Entrée libre du 7 au 9 juin (9h-22h).<br />
www.mucem.org<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013<br />
99
SORTIR<br />
SCÈNES<br />
FESTIVAL DE MARSEILLE<br />
La 18 e édition du Festival de Marseille s’ouvre sur<br />
Bill T. Jones. Un événement en soi, puisque le chorégraphe<br />
noir américain ne s’était encore jamais produit<br />
à Marseille. Pourtant, avec plus de cent quarante<br />
œuvres à son actif, Bill T. Jones est considéré comme<br />
l’un des <strong>art</strong>istes les plus doués de sa génération. Il développe<br />
depuis trente ans une danse au style unique,<br />
à la fois narrative et militante. En effet, il s’estime<br />
triplement rejeté (noir, homosexuel et séropositif) et<br />
ce sentiment d’exclusion obsède ses œuvres. Mais,<br />
le programme concocté par le Festival de Marseille<br />
permettra également de saisir d’autres facettes de ce<br />
parcours atypique. Les trois pièces proposées (Ravel<br />
: Landscape or portrait ?, Continuous Replay, D-Man<br />
in the Waters) nous font ainsi découvrir un Bill T.<br />
Jones malicieux et bourré d’humour. Comme dans<br />
beaucoup de ses œuvres, la musique joue un rôle<br />
prépondérant. Mais ici, le chorégraphe semble beaucoup<br />
plus apaisé. Du coup, sa danse, toujours aussi<br />
expressive, se teinte d’une intensité formelle fascinante.<br />
Autre première à Marseille : la venue de la<br />
compagnie israélienne d’Ohad Naharin, la Batsheva<br />
Dance Company, les 2 et 3 juillet, au Silo. Le reste de<br />
la programmation alternera propositions internationales<br />
et créations d’<strong>art</strong>istes marseillais (en coproduction<br />
avec Marseille-Provence 2013). Avec notamment<br />
Hubert Colas, Georges Appaix, la chorégraphe berlinoise<br />
Sasha Waltz et le plasticien sonore japonais<br />
Ryoji Ikeda... F.K.<br />
Du 19 juin au 12 juillet. Plusieurs lieux à Marseille.<br />
04 91 99 02 50. 10-31 €.<br />
www.festivaldemarseille.com<br />
© Paul B.Goode<br />
100 8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013
SORTIR<br />
© Chantal Dépagne<br />
© Daniel Angeli<br />
À LA FRANÇAISE<br />
Édouard Baer est chargé, par le ministère<br />
des Affaires étrangères, du spectacle<br />
d’ouverture du G20, censé témoigner<br />
de la grandeur de la nation. Comment<br />
présenter la France au monde ? Par<br />
sa culture ? Son histoire ? Son sens de<br />
l’humour ou de l’amour ? Ses idéaux ?<br />
Flanqué d’une équipe de « théâtreux »<br />
plus ou moins coopératifs, il tâtonne et<br />
improvise sous le parrainage d’un émissaire<br />
du ministère (Lionel Abelansky),<br />
circonspect ou franchement atterré. On<br />
suit donc un work in progress surréaliste,<br />
mu par l’humeur et les caprices de son<br />
auteur. Invoquant les clichés sociaux ou<br />
culturels du pays pour mieux en révéler<br />
les à-côtés, la dérision du ton croise les<br />
débats identitaires actuels. Si la France<br />
finit par s’incarner quelque p<strong>art</strong>, c’est<br />
dans la langue, joueuse, pleine de vitalité,<br />
élégante jusque dans ses vulgarités,<br />
servie par un fildefériste du verbe, très<br />
bien accompagné. O.L.<br />
Du 21 au 25 mai, 20h30, le 22, 19h. Théâtre du Gymnase,<br />
4, rue du Théâtre-Français, Marseille 1er. 08 20 13 20 13. 8-34 €. www.lestheatres.net.fr<br />
EN V’LÀ<br />
UNE DRÔLE<br />
D’AFFAIRE<br />
La comédienne et chanteuse Nathalie<br />
Joly redonne vie à Yvette Guilbert qui<br />
fut l’une grande figure des cabarets parisiens<br />
des années 1900. Cette plongée<br />
dans le passé a tout d’un bain de jouvence.<br />
Les chansons sonnent comme<br />
de véritables petits bijoux d’émotion.<br />
Les réflexions sur le métier et la posture<br />
d’engagement féministe sont<br />
d’une étonnante modernité. Jusqu’au<br />
style « parler-chanter » totalement en<br />
phase avec ce qu’aujourd’hui on appelle<br />
le slam. En un peu plus d’une<br />
heure, on est traversé par différents<br />
états : coquin, comique, dramatique,<br />
douloureux... Jusqu’aux larmes d’une<br />
hallucinante Morphinée : poignant<br />
portrait de femme aux prises avec le<br />
manque. F.K.<br />
Du 21 au 25 mai, 20h30, les 22 et 23,<br />
19h. Théâtre de Lenche,<br />
4, place de Lenche, Marseille, 2e.<br />
04 91 91 52 22. 8-16 €.<br />
www.theatredelenche.info<br />
© Herman Sorgeloos<br />
À LOUER<br />
En quelques spectacles, le groupe belge<br />
Peeping Tom, constitué autour des chorégraphes<br />
Gabriela Carrizo et Franck Ch<strong>art</strong>ier,<br />
s’est taillé une belle réputation que vient<br />
confirmer leur dernière création, À louer.<br />
Dans une écriture imprévisible, mêlant la<br />
danse, le théâtre et le chant, ils imaginent<br />
une étrange demeure, peuplée de personnages<br />
burlesques, piégés autant que les<br />
spectateurs entre rêve et réalité. Une cantatrice<br />
fantasque, un mari et son fils, un valet<br />
attentionné… tous évoluent sans repère ni<br />
boussole dans un décor baroque, où le geste<br />
s’inscrit dans un espace aux références cinématographiques.<br />
F.K.<br />
Les 15 et 16 mai, 20h30. Pavillon Noir,<br />
530, Avenue Moz<strong>art</strong>, Aix-en-Provence.<br />
08 11 02 01 11. 10-25 €.<br />
www.preljocaj.org<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013<br />
101
SORTIR<br />
SCÈNES<br />
© Christophe Raynaud de Lage<br />
UN, DEUX, CINQ…<br />
CERVANTES<br />
L’auteur et metteur en scène de théâtre<br />
basé à Marseille, François Cervantes, a<br />
inventé une figure de clown qui pourrait<br />
être la symbiose entre le Godot de<br />
Beckett et le Charlot de Chaplin. Et la<br />
comédienne Catherine Germain s’est<br />
littéralement glissée dans la peau de ce<br />
personnage absurde, fragile, maladroit<br />
et terriblement humain. Le Théâtre de<br />
la Criée programme quatre spectacles<br />
emblématiques de cette aventure <strong>art</strong>istique.<br />
La Curiosité des anges, créée en<br />
1987, s’est bonifiée avec les ans, comme<br />
les grands vins. Deux clochards célestes<br />
relativisent le monde et c’est terriblement<br />
drôle. Dans Le sixième jour (1995), le<br />
clown Arletti réinvente la Genèse et nous<br />
fait oublier que Dieu n’existe pas. Avec<br />
Le Concert (2005), la farce métaphysique<br />
devient musicale. Enfin, Carnages, qui a<br />
été créé cet hiver à la Friche la Belle de<br />
Mai, relève d’un travail de troupe. Les<br />
clowns, en assumant leur indéfectible<br />
solitude, forment la plus belle communauté<br />
qui soit. F.K.<br />
Les 4 et 5 juin, 19h, les 6 et 7 juin, 18h et 21h. Théâtre de la Criée,<br />
30, quai Rive neuve, Marseille, 7e.04 91 54 70 54. 9 à 24 €. www.theatre-lacriee.com<br />
LE JEU<br />
DE L’AMOUR<br />
ET DU HASARD<br />
Deux nobles demandent à leurs valets de<br />
se faire passer pour eux, afin de découvrir<br />
la vérité des sentiments de l’autre. Le<br />
Jeu de l’amour et du hasard est la pièce<br />
de Marivaux la plus représentée, tant en<br />
France qu’à l’étranger. Selon Jean-Claude<br />
Carrière, la tradition du conte la plus difficile,<br />
est l’<strong>art</strong> de raconter une histoire à<br />
des gens qui la connaissent déjà. Comme<br />
l’intrigue est connue, le metteur en scène<br />
bulgare Galin Stoev s’est donc surtout<br />
intéressé aux personnages. Bien lui en a<br />
pris : la direction d’acteurs est remarquable.<br />
Chaque rôle trouve dans cette troupe<br />
de la Comédie française, un interprète<br />
parfait pour faire entendre, par des tonalités<br />
de caractère diverses, les fragiles nuances<br />
des sentiments se jouant sous les<br />
masques de la comédie sociale. O.L.<br />
Le 29 mai, 19h, du 30 mai au 1er<br />
juin, 20h. Théâtre de la Criée,<br />
30, quai Rive neuve, Marseille, 7e.<br />
04 91 54 70 54. 12-34 à 24 €.<br />
www.theatre-lacriee.com<br />
© Brigitte Enguerand<br />
© Alain Fonteray<br />
TRILOGIE ESCHYLE<br />
Olivier Py possède une qualité inestimable :<br />
il sait rendre limpides les histoires les plus<br />
alambiquées. Son dernier projet nous ramène<br />
aux fondements même du théâtre. Le metteur<br />
en scène et dramaturge s’est en effet attaqué<br />
à la trilogie d’Eschyle. Les Suppliantes,<br />
Les Sept contre Thèbes, Les Perses, composent<br />
une tragédie implacable, une œuvre<br />
de la démesure, fondatrice pour le théâtre<br />
occidental. Mais ce retour aux sources est<br />
avant tout un bain de jouvence. Un « théâtre<br />
d’intervention » qui, sans aucune fioriture inutile,<br />
touche directement nos sens. Le spectacle<br />
proposé par les Amis du Théâtre Populaire<br />
(ATP) est programmé dans différents lieux du<br />
Pays d’Aix. F.K.<br />
Du 5 au 14 juin. Pays d’Aix,plusieurs villes.<br />
04 42 26 83 98. 5 à 10 €.<br />
www.atpaix.com<br />
102 8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013
©Alain Fonteray<br />
PHÈDRE<br />
LES OISEAUX<br />
Phèdre, la scandaleuse, arrive sur notre territoire après<br />
avoir traversé bien des langues « étrangères ». Ce projet <strong>art</strong>istique<br />
est porté par Jean-Baptiste Sastre, metteur en scène,<br />
et Frédéric Boyer, écrivain. Le texte traduit et travaillé dans<br />
plusieurs langues a déjà été présenté sur des scènes théâtrales<br />
en Espagne, en Amérique du Sud, aux États-Unis, en<br />
Allemagne, en Angleterre, en Inde. Les représentations au<br />
Bois de l’Aune à Aix, dans le cadre de Marseille-Provence<br />
2013, marquent l’achèvement de l’aventure. Nous sommes<br />
en effet invités à circuler à travers les différentes adaptations<br />
de cette œuvre. Et, en écho à l’infinie solitude de<br />
l’héroïne, le chœur « p<strong>art</strong>icipatif » sera constitué d’hommes<br />
et de femmes compagnons d’Emmaüs d’un peu p<strong>art</strong>out en<br />
France et en Europe. F.K.<br />
Les 28 et 29 juin, 1er et 2 juillet. Bois de L’Aune,<br />
1, place Victor Schoelcher, Aix-en-Provence.<br />
04 42 93 85 40. Entrée libre.<br />
www.agglo-paysdaix.fr<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013<br />
103
SORTIR<br />
SCÈNES<br />
© DR<br />
JULES ET MARCEL<br />
Depuis ce jour de 1929, où l’inconnu<br />
Marcel Pagnol apporte sa pièce Marius<br />
à Raimu, jusqu’au décès du comédien<br />
en 1946, les deux hommes ont beaucoup<br />
échangé, notamment par lettres. De<br />
cette correspondance, Pierre Tré-Hardy<br />
a tiré un spectacle. En un peu plus d’une<br />
heure, Jules et Marcel relate cette amitié<br />
méridionale, nourrie de querelles,<br />
de bons mots, de mauvaise fois et d’une<br />
grande admiration réciproque. D’une<br />
lettre à l’autre, on découvre l’influence<br />
mutuelle de l’auteur et du comédien.<br />
Raimu, intuitif, roublard, truculent et<br />
cabot est campé par un Michel Galabru<br />
tonitruant. Philipe Caubère, déjà familier<br />
du personnage, tempère l’humeur<br />
de son complice en jouant un Marcel<br />
Pagnol à la diplomatie malicieuse. Sur<br />
scène, cela donne une réjouissante joute<br />
verbale à quatre voix, éclairant cette<br />
amitié unique nourrie de la même passion<br />
pour leur <strong>art</strong>. O.L.<br />
Le 18 juin, 21h30. Théâtre Silvain, Chemin du pont de la fausse monnaie,<br />
Corniche Kennedy, Marseille, 7e. 04 91 31 40 17. 25 €. www.capsur2013.fr<br />
CIRQUONS<br />
FLEX<br />
Un acrobate, un musicien, un danseur.<br />
Au centre de l’espace de jeu, un mât<br />
chinois de six mètres de haut. Le<br />
corps est bien sûr engagé dans une<br />
conquête de la verticalité. La chute<br />
est alors interdite. Mais la rencontre<br />
intervient aussi à terre, par la danse,<br />
la capoeira et le hip-hop. Et quand les<br />
mots résonnent, ce sont ceux de la<br />
poésie créole. Tous ces échanges se<br />
font au son d’une contrebasse et d’une<br />
guitare rock. La compagnie Cirquons<br />
Flex crée ainsi un étonnant alliage, au<br />
croisement des <strong>art</strong>s réunionnais et du<br />
cirque contemporain. Les stratégies<br />
qui sont mises en œuvre ici assurent la<br />
sauvegarde de notre dignité humaine.<br />
Dobout an bout pose une question<br />
universelle : comment rétablir un<br />
rapport poétique avec un monde qui<br />
perd son humanité ? F.K.<br />
Du 14 au 21 juin, 21h30. Pays d’Aix,<br />
plusieurs villes.<br />
04 42 93 85 40. Entrée libre.<br />
www.mp2013.fr<br />
© Vincent « c@ctus » Vanheck<br />
© DR<br />
INTÉGRALE GUÉDIGUIAN<br />
Après la Cinémathèque française en février<br />
dernier, c’est dans sa ville natale qu’a lieu<br />
la rétrospective intégrale de l’œuvre du plus<br />
marseillais des cinéastes, Robert Guédiguian.<br />
Décor de prédilection des premiers comme du<br />
dernier de ses films (Dernier été, Marius et<br />
Jeannette, Les Neiges du Kilimandjaro…), la<br />
citée phocéenne s’offre à lui pour présenter<br />
ses dix-sept œuvres, en salle et en extérieur.<br />
Au théâtre de la Criée, dans l’escalier<br />
de la gare St-Charles, au Plan d’Aou, et bien<br />
évidemment dans son fief, à L’Estaque, sur la<br />
plage et dans la salle de L’Alhambra, centre<br />
névralgique et affectif de sa passion pour sa<br />
ville et le cinéma. O.L.<br />
Du 19 au 30 juin. Théâtre de la Criée,<br />
Cinéma L’Alhambra, L’Estaque, Plan d’Aou<br />
Marseille.<br />
www.mp2013.fr<br />
104 8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013<br />
105
SORTIR<br />
MUSIQUES<br />
©Mathieu-Mangaretto<br />
FESTIVAL MIMI<br />
En juillet, pendant trois jours, comme<br />
chaque année depuis vingt-huit ans, l’A.M.I.<br />
(Aide aux Musiques Innovatrices) installe<br />
son festival à l’hôpital Caroline, sur les îles<br />
du Frioul. L’insularité du lieu s’accorde avec<br />
la singularité des propositions privilégiant la<br />
création. Coproduit par Marseille-Provence<br />
2013, l’opus de cette année, tout en présentant<br />
un certain nombre d’<strong>art</strong>istes reconnus<br />
ne déroge pas à son credo d’innovation.<br />
Shadoks Beforever, crée en résidence par<br />
le Théâtre de Ajmer s’inspire des Shadoks<br />
de Jacques Rouxel. En trente fragments<br />
de deux minutes, la musique créée par<br />
eRikm (coproduite, en duo, avec Catherine<br />
Jauniaux) fait référence à l’univers sonore des<br />
célèbres créatures télévisées. Improvisations<br />
musicales, cris, mélopées accompagnent cinq<br />
acteurs-performeurs, revisitant les relations<br />
complexes des Shadoks et de leurs ennemis<br />
héréditaires les Gibis. Avec Jeff Mills et sa<br />
création inédite Th e G a t e w , a y on p<strong>art</strong> dans<br />
un autre univers, la galaxie techno. Jeff<br />
Mills est tout simplement une légende de la<br />
scène originelle de Detroit. Depuis ces temps<br />
héroïques, le DJ a voyagé de par le monde,<br />
pratiquant sa musique sur d’autres terrains<br />
de jeu, comme le cinéma muet, le VJ (v pour<br />
vidéo), ou les compositions orchestrales. Féru<br />
de science-fiction, admirateur inconditionnel<br />
du 2001 de Stanley Kubrick, Jeff Mills ouvre<br />
au Frioul, une « porte » des étoiles sonores<br />
et visuelles (installation de projections<br />
vidéo en mapping 3D). Une performance<br />
transformant, pour une heure, l’île en<br />
vaisseau spatial. O.L.<br />
Du 4 au 7 juillet, 20 h. Hôpital Caroline,<br />
île Ratonneau, Archipel du Frioul, Marseille, 7e.<br />
04 95 04 95 50. 18-25 € la soirée, 49 € pass trois<br />
jours (traversée incluse).<br />
www.amicentre.biz<br />
106 8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013
SORTIR<br />
©David Ignaszewski<br />
JORDI SAVALL<br />
Le Catalan Jordi Savall, violiste, violoncelliste,<br />
et compositeur réputé, est considéré<br />
comme un maître dans l’univers des<br />
musiques anciennes (médiévale, de la<br />
Renaissance et baroque). Archéologue de<br />
p<strong>art</strong>itions oubliées, il est connu du grand<br />
public par ses dix années de recherches<br />
tenaces sur la viole de gambe. Un instrument<br />
disparu qu’il a fait renaître, lui<br />
offrant une consécration publique par<br />
son interprétation des œuvres de Marin<br />
Marais dans Tous les matins du monde<br />
d’Alain Corneau. Pour cette Sublime<br />
Porte, accompagné de son ensemble Hespèrion<br />
XXI (voix, flute, instruments à<br />
cordes pincées, percussions), il redonne<br />
vie à des œuvres ottomanes, grecques,<br />
sépharades ou arméniennes. Istanbul,<br />
ville frontière mythique sert de trait<br />
d’union – et de brassage – entre Orient<br />
et Occident. Les instruments anciens<br />
d’Hespèrion XXI, avec leurs cordes à la<br />
fois âpres et sensuelles jouant des mélodies<br />
oubliées, et leurs percussions lancinantes,<br />
sont de voluptueuses machines à<br />
voyager dans l’histoire et les géographies.<br />
Cette musique s’offre à nous tel l’écho<br />
d’un passé mystérieux. Sublime. O.L.<br />
Le 16 mai, 20h30. Grand théâtre de Provence, 380, avenue Max Juvénal, Aix-en-Provence.<br />
08 20 13 20 13. 10-42 €. www.lestheatres.net<br />
BILLIES’S BLUES<br />
Se confronter au répertoire de Billie<br />
Hollyday est toujours une gageure intimidante.<br />
Peu s’y risquent. C’est que<br />
la voix seule, aussi belle et émouvante<br />
fût-elle, ne suffit pas. Il y faut un supplément<br />
d’âme. Laure Donnat et son<br />
compagnon contrebassiste Lilian<br />
Bencini ont su trouver cette voix de<br />
l’âme. Et comme interpréter n’est pas<br />
imiter, ils la portent dans une autre tonalité,<br />
moins torturée, plus lumineuse.<br />
C’est un dialogue entre la chanteuse<br />
d’aujourd’hui et celle d’hier auquel on<br />
assiste, où le bouleversant Strange<br />
Fruits réplique à celui de 1939, comme<br />
un chant de consolation. Les arrangements<br />
mélodiques jazz de la contrebasse<br />
modernisent la forme sans nuire<br />
au fond. Un bel hommage à la grande<br />
dame du blues. O.L.<br />
Le 1er juin, 20h30. Médiathèque<br />
Municipale, 2, chemin de la glacière,<br />
Barbentane. 04 32 60 16 21. Entrée<br />
libre. www.barbentane.fr<br />
© DR<br />
© Benoit Peverenni<br />
STEPHAN EICHER<br />
Stephan Eicher n’avait pas sorti<br />
d’album depuis cinq ans. Tout l’univers<br />
d’Eicher est là, dans son petit dernier,<br />
L’Envolée, sorti à la fin de l’année<br />
dernière. Un univers fait de nouvelles<br />
rencontres (le folkeux Mark Daumail<br />
de Cocoon, l’inclassable bidouilleur<br />
electro-pop Fred Avril, William Tyler de<br />
Lambchop) et de collaborations avec<br />
les vieilles connaissances : Miossec,<br />
M<strong>art</strong>in Wenk de Calexico, M<strong>art</strong>in Suter<br />
pour trois textes fiévreux chantés en<br />
bernois, et bien sûr son alter ego littéraire,<br />
Philippe Djian, qui cosigne même<br />
la musique d’un titre ! M.J.<br />
Le 16 mai, 20h. Salle de l’Étoile,<br />
10, avenue Léo Lagrange, Châteaurenard.<br />
04 90 95 34 39. 27 €<br />
www.etoile-chateaurenard.com<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013<br />
107
SORTIR<br />
MUSIQUES<br />
© DR © Jean-Baptiste Mondino<br />
LUZ CASAL<br />
Les Espagnols ont de la chance, ils ont<br />
encore leur Barbara. Mais les Espagnols<br />
sont p<strong>art</strong>ageurs et ils nous la prêtent de<br />
temps en temps. Pour la plup<strong>art</strong>, Luz<br />
Casal reste cette voix envoutante de la<br />
chanson Piensa en mí du film Talons<br />
aiguilles de Pedro Almodovar. Plus de<br />
vingt ans après cette révélation, le plaisir<br />
d’entendre ce timbre à la fois chaud<br />
et rocailleux ne s’est pas épuisé. « Je ne<br />
fais pas de chanson que je pourrais détester<br />
dans vingt ans. Ce n’est pas juste<br />
une formule, c’est un propos rationnel »,<br />
revendique la chanteuse. Elle a bien raison,<br />
nous sommes toujours là à écouter<br />
ses tubes intemporels et à les savourer<br />
comme des madeleines… Un Ramo<br />
de rosas est son dernier album : une<br />
compilation de ses plus grands succès<br />
internationaux (Piensa en mi, un Año<br />
de amor…) et de quelques inédits. Un<br />
autoportrait musical de la diva, classique,<br />
élégant et sensuel, tel un bouquet<br />
de roses ! M.J.<br />
Le 30 mai, 20h30. Le Pasino, 21, avenue de l’Europe, Aix-en-Provence. 04 91 80 10 89.<br />
39-44 €. www.casinoaix.com<br />
ANTONIO<br />
ZAMBUJO<br />
Quinto, comme les cinq doigts de la<br />
main qu’il tend sur la pochette de son<br />
dernier album, remplaçant les lignes de<br />
son destin par son nom fièrement affirmé.<br />
Enfant de l’Alentejo, le sud profond<br />
du Portugal, Antonio Zambujo a très<br />
tôt vibré aux chants polyphoniques<br />
des hommes de son pays. Évoluant<br />
naturellement vers le fado, qui le<br />
pousse à Lisbonne où il attire très vite<br />
les projecteurs, Zambujo ne restreint<br />
pas son inspiration aux grands noms<br />
qui l’ont fait grandir. Amalia bien sûr,<br />
mais aussi Tom Waits, Chet Baker, et<br />
le grand Caetano, qui lui fait franchir<br />
l’Atlantique et séduire le public brésilien.<br />
Les deux pieds dans son Portugal<br />
en pleine crise, il reste avant tout<br />
musicien, perfectionniste, intimiste et<br />
chaleureux. J.-P.V.<br />
Le 25 juin, 20h. La Criée,<br />
30, quai de Rive Neuve, Marseille,<br />
7e. 04 91 54 70 54. 6-34€.<br />
www.theatre-lacriee.com<br />
MARSEILLE ROCK ISLAND<br />
Fort de son succès de l’année passée, le festival « des musiques mixées » va retrouver<br />
le fort d’Entrecasteaux pour trois soirées résolument festives. Des pionniers de la scène<br />
électroniques comme Laurent Garnier ou Sébastien Tellier aux révélations comme Kavinski<br />
(Bo de Drive) ou Breakbot et ses mixes très funky, le festival affirme son identité<br />
sonore entre électro-pop et pop-électro. En tout, une vingtaine de prestations de DJ et<br />
de musiciens confirmés, d’ici ou d’ailleurs, se produiront dans ce site magique, entre ciel<br />
étoilé et bord de mer. Une entrée musicale dans l’été. O.L.<br />
Du 27 au 29 juin, 19 h. Fort d’Entrecasteaux, 2, Boulevard Charles Livon, Marseille,<br />
7e. 35 € (soirée) ou 95 € (pass 3 soirs). www.marseille-rockisland.fr<br />
© Goncalo F. Santos<br />
108 8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013
©Pieter M. van Hattern<br />
CHARLIE FREE<br />
FESTIVAL<br />
Au fil des ans, le Charlie Free festival a su imposer sa programmation<br />
à la fois fédératrice et audacieuse. Et l’édition<br />
2013 s’annonce comme un excellent cru, avec notamment<br />
Ibrahim Maalouf, Kellylee Evans et son quintet, le Roy<br />
Hargrove Quintet... La soirée d’ouverture de cet événement<br />
jazz vitrollais nous permettra de découvrir un ensemble<br />
créé spécialement pour la Capitale européenne de<br />
la Culture. Prenez des jazzmen accomplis, mélangez-les<br />
avec vingt-quatre musiciens de l’Orchestre des Jeunes de la<br />
Méditerranée, et vous obtiendrez le Mediterranean Charlie<br />
Orchestra. Cette création, imaginée par Raphaël Imbert,<br />
rendra hommage aux grands « Charlies » de l’histoire de<br />
la musique américaine : Mingus, Parker, Haden, Ives. Puis<br />
Raphaël Imbert nous entraînera dans une création très free,<br />
inspirée des récits de Joseph Conrad. F.K.<br />
Du 5 au 7 juillet. Domaine de Fontblanche, Allées des <strong>art</strong>istes,<br />
Vitrolles. 04 42 79 63 60. 17 € (soirée) - 65 € (pass).<br />
www.charliefree.com<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013<br />
109
SORTIR<br />
EXPOS<br />
PRINTEMPS DE L’ART CONTEMPORAIN<br />
Rien de tel que le désormais traditionnel<br />
P.A.C. pour prendre le pouls de l’<strong>art</strong><br />
contemporain à Marseille. Avec plus de<br />
14 000 visiteurs l’année dernière, la manifestation<br />
créée en 2009 par le réseau<br />
Marseille expos se porte bien et peut se<br />
targuer de fédérer toutes les forces vives<br />
locales. 2013 oblige, la cinquième édition<br />
espère faire encore mieux et annonce 41<br />
expositions, un colloque autour des Ateliers<br />
de l’EuroMéditerranée (au Palais de<br />
la Bourse, les 15 et 16 mai), ainsi que deux<br />
soirées. La première se tiendra à la Maison<br />
de Ventes Damien Leclère (le 17) et la<br />
seconde à La Friche (le 18), en p<strong>art</strong>enariat<br />
avec 48h chrono. Rép<strong>art</strong>is sur trois jours,<br />
les trois parcours proposés permettent de<br />
faire un tour complet des lieux dévolus à<br />
l’<strong>art</strong> à Marseille : galeries évidemment,<br />
mais aussi écoles, associations, institutions…<br />
L’expérience le prouve : en la<br />
matière, le mélange des genres est aussi<br />
dynamique que profitable. Le coup d’envoi<br />
sera donné le 17 mai à 11 h, dans les<br />
qu<strong>art</strong>iers de La Plaine, du Cours Julien et<br />
de Préfecture, et la manifestation s’achèvera<br />
le 19 mai, à 22 h, entre Longchamp<br />
et Belle de Mai. Le public est invité à<br />
emprunter les parcours proposés, plan<br />
à la main (disponible dans les lieux p<strong>art</strong>enaires),<br />
ou en suivant, chaque soir, la<br />
fanfare. Il pourra également emprunter<br />
gratuitement des pousse-pousse entre le<br />
Palais Longchamp, La Friche et le Château<br />
de Servières. À moins d’avoir envie<br />
d’arpenter la ville à « contre-temps ».<br />
C’est le titre choisi pour cette édition, et<br />
c’est possible, car tous les lieux p<strong>art</strong>icipants<br />
ouvrent dès le 17 mai. E.G.<br />
Le 17 mai, La Plaine - Cours Julien –<br />
Préfecture<br />
Le 18 mai, Vieux-Port – Panier - Belzunce<br />
Le 19 mai, Longchamp - Belle de Mai<br />
www.marseilleexpos.com<br />
110 8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013
SORTIR<br />
© Laurent Perbos © Serge Assier<br />
SERGE ASSIER<br />
On ne devrait plus avoir à présenter<br />
Serge Assier. À soixante-sept ans, le<br />
photographe signe deux expositions, en<br />
forme d’hommages. La première revient<br />
sur son amitié et ses collaborations avec<br />
le poète René Char. La seconde investit<br />
quatre conteneurs, en face du Pavillon<br />
M. Anvers, Barcelone, Marseille, Rabat :<br />
Serge Astier a photographié ces quatre<br />
ports, avec toute l’humanité acquise au<br />
fil de son histoire. Cet autodidacte, tour<br />
à tour berger, docker, mécanicien, clochard…<br />
a eu le temps d’exercer son regard<br />
avant d’entrer dans la presse. Pour<br />
accompagner les clichés noir et blanc,<br />
Fernando Arrabal a écrit des « Arrabalesques<br />
» et Michel Butor quatre-vingts<br />
quatrains. Encore des poètes – et des<br />
amis. E.G.<br />
Travaux communs, Jusqu’au 27 mai. Espace Culture, 42, la Canebière, Marseille, 1er.<br />
04 96 11 04 60. Entrée libre.<br />
Quatre rives et un regard, Jusqu’au 31 mai. Esplanade Villeneuve-Bargemon,<br />
Face au Pavillon M, Marseille, 2e. Entrée libre. www.sergeassier.com<br />
NUAGE<br />
Ancré dans la courbure du Rhône qu’il<br />
contemple de ses larges baies, le musée<br />
Réattu a décidé de lever les yeux<br />
plus haut, vers les nuages. Dans la<br />
tradition de ses accrochages mêlant<br />
les genres et exploitant, au mieux,<br />
tous ses recoins, il présente cent vingt<br />
œuvres, d’une cinquantaine d’<strong>art</strong>istes.<br />
De Marina Abramovic à Yohji Yamamoto,<br />
en passant par Jean Arp, Brassaï,<br />
Piero Manzoni, Jacqueline Salmon<br />
ou Andy Warhol, tous ont interrogé la<br />
fascination universelle qui s’attache au<br />
nuage. Objet métaphysique par excellence,<br />
à la fois messager de l’infini et<br />
projection de nos émotions les plus<br />
intimes. Nuage-cacahuète, nuagepoussette,<br />
nuage-oreiller, nuage-microsillon…<br />
Même lesté de plomb il reste<br />
insaisissable. J.-P.V.<br />
Du 16 mai au 31 octobre.<br />
Musée Réattu,<br />
10, rue du Grand Prieuré, Arles.<br />
04 90 49 37 58. 6-8 €.<br />
www.museereattu.arles.fr<br />
FESTIVAL<br />
DES ARTS ÉPHÉMÈRES<br />
Pour la cinquième année consécutive, le parc et la bastide de Maison<br />
Blanche sont investis par une vingtaine d’<strong>art</strong>istes professionnels et des<br />
amateurs des ateliers publics de l’ESADMM (Beaux-Arts de Marseille).<br />
Un « mélange des genres » judicieux, auquel s’ajoute un mélange des<br />
<strong>art</strong>s, puisque la musique et la danse sont également au rendez-vous.<br />
Au programme cette année, un best of des éditions précédentes, trois<br />
<strong>art</strong>istes engagés dans des Ateliers de l’EuroMéditerranée (Ilana Salama<br />
Ortar, Anne-Valérie Gasc, Karine Rougier) et une dizaine d’<strong>art</strong>istes<br />
dont l’excellent duo Gethan&Miles. E.G.<br />
© Francoise Coutant<br />
Du 23 mai au 13 juin, Jardin et salons de Maison Blanche.<br />
150, boulevard Paul Claudel, Marseille, 9e.<br />
04 91 14 63 50. Entrée libre. www.marseille9-10.fr<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013<br />
111
SORTIR<br />
EXPOS<br />
EXPOS<br />
© Daniel Knorr<br />
LE PONT<br />
Du 25 mai au 31 octobre. MAC,69, avenue d’Haïfa, Marseille 8e.<br />
04 91 25 01 07. 4-8 €. www.marseille.fr<br />
Si le MAC a dû fermer ses portes pendant<br />
deux mois pour préparer cette<br />
exposition, c’est qu’elle est d’une ampleur<br />
inédite. Comme les hellénistes<br />
l’ont compris, le « pont » (de pontos,<br />
la mer), dont il est question ici, c’est<br />
la Méditerranée, envisagée comme<br />
un lien et non un obstacle. Pour en<br />
convaincre le public, le MAC reçoit<br />
cent quarante-cinq <strong>art</strong>istes internationaux<br />
et s’associe à vingt-sept autres<br />
lieux marseillais pour présenter certaines<br />
œuvres. On pourra ainsi voir<br />
une pièce d’Absalon à l’hôtel de la<br />
Cité radieuse, de Yan Pei Ming sur la<br />
Corniche, ou de William Kentridge<br />
à l’église Notre-Dame du Rosaire…<br />
L’exposition se prolonge également à<br />
travers une programmation cinématographique<br />
en collaboration avec le<br />
FID, et une série de performances et<br />
conférences dans le musée. La suite<br />
dans notre prochain numéro. M.J.<br />
« VOUS AUSSI<br />
VOUS AVEZ L’AIR<br />
CONDITIONNÉ »<br />
Certains l’ont sans doute déjà remarqué<br />
en visitant la galerie du 5 e : il est<br />
difficile de faire abstraction du système<br />
de climatisation. La curatrice<br />
Camille Videcoq a décidé de prendre<br />
au mot ce contexte et d’en tirer p<strong>art</strong>i.<br />
De l’air conditionné à la notion de conditionnement<br />
– physique, psychique et<br />
culturel –, il n’y a qu’un pas. Franchi allègrement<br />
grâce aux œuvres de treize<br />
<strong>art</strong>istes, marseillais pour la plup<strong>art</strong>, sélectionnées<br />
dans les galeries du réseau<br />
Marseille expos. Walldrawings, sculptures,<br />
installations, textes et vidéos<br />
s’attaquent avec humour et/ou gravité<br />
à nos conditionnements. E.G.<br />
Jusqu’au 15 juin, Galerie du 5e,<br />
Galeries Lafayette, 40, rue saint-<br />
Férréol, Marseille, 1er.<br />
Entrée libre.<br />
www.marseilleexpos.com<br />
© Alexandre Gérard<br />
© François Morellet<br />
FRANÇOIS MORELLET, 5 X 3<br />
Une star de l’abstraction géométrique et du minimalisme dans les qu<strong>art</strong>iers<br />
nord ! Le phénomène n’est pas fréquent. Dans les anciens abattoirs de la<br />
ville de Marseille, le fonds de dotation M-ARCO a transformé l’ancien box<br />
d’assommage en une galerie d’<strong>art</strong> contemporain, où se succèdent depuis<br />
2011 des <strong>art</strong>istes abstraits. Pour l’occasion, François Morellet a choisi de<br />
montrer trois œuvres issues de cinq séries différentes, soit quinze œuvres,<br />
dont neuf inédites. Dans la tradition « mathématique » de sa production, 5<br />
x 3 est constituée de variations autour de médiums divers : peinture et néon,<br />
plaques de tôle noire et ruban adhésif. E.G.<br />
Du 24 mai au 20 septembre, Le Box, Anse de Saumaty, 765, chemin du<br />
Littoral, Marseille, 16e. 3-5 €. www. m-arco.org<br />
112 8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013
PARC<br />
Camp de transit de sinistre mémoire, puis bidonville, Zone<br />
Urbaine Sensible, la Cayolle a tout connu. Terrain de jeu<br />
idéal pour un <strong>art</strong>iste comme Stefan Shankland, qui conçoit<br />
et réalise des projets intégrés aux processus de transformation<br />
dans des contextes urbains ou industriels. Invité à<br />
Marseille dans le cadre des Qu<strong>art</strong>iers créatifs, il a vu là un<br />
croisement entre Pagnol et le western, un genre de « Cayolliwood<br />
». L’<strong>art</strong>iste et son équipe ont découvert qu’il existait<br />
ici une légende urbaine locale autour d’un gros rocher bien<br />
réel appelé la « pierre tombée », poussée par une sorcière<br />
pour écraser une maison avec ses habitants. Ils ont décidé<br />
de rendre hommage à ce qu<strong>art</strong>ier en déshérence en lui offrant<br />
le temps d’un été un monument : une reproduction<br />
à l’identique de cette « pierre tombée », érigée juste après<br />
le rond-point de l’hypermarché. Les <strong>art</strong>istes siègeront au<br />
« Bar du rond-point » (construction temporaire), avec une<br />
liste de propositions pour l’avenir du qu<strong>art</strong>ier, autour de<br />
projections de films, de débats conviviaux, d’ateliers de fabrication<br />
d’idées et de parcours imaginés par les enfants de<br />
l’école des Calanques encadrés par un <strong>art</strong>iste marcheur. M.J.<br />
Du 7 au 16 juin 2013, Bar du Rond-Point,<br />
Rond-point chemin de Sormiou / avenue Colgate, Marseille, 9e.<br />
www.mp2013.fr<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013<br />
113
SORTIR<br />
EXPOS<br />
© Sam Mertens<br />
LES TERRASSES<br />
DE KADER ATTIA<br />
Fermée au public depuis une quinzaine<br />
d’années, la digue du large est en<br />
p<strong>art</strong>ie rendue aux Marseillais, le temps<br />
d’un été et d’une installation. Devant<br />
l’entrée du Vieux-Port, à l’endroit où<br />
la jetée fait un angle et prend le nom<br />
de digue Sainte-Marie, l’<strong>art</strong>iste multimédia<br />
franco-algérien établi à Berlin,<br />
Kader Attia, installe une « sculpture-architecture<br />
» évoquant un petit<br />
coin d’Alger ou un village grec. La<br />
hauteur de chaque terrasse varie pour<br />
offrir au spectateur des points de vue<br />
aussi bien sur le large que sur la ville<br />
de Marseille, des espaces où s’asseoir,<br />
se détendre, s’allonger en regardant<br />
le ciel, en famille, seul ou en couple.<br />
« Le visiteur est invité à s’approprier<br />
ces Terrasses en les explorant, précise<br />
l’<strong>art</strong>iste. Elles proposent au public de<br />
vivre une expérience : celle d’un cheminement<br />
dans l’œuvre, qui s’apparente à<br />
une promenade sur les toits d’une ville<br />
méditerranéenne. » M.J.<br />
Du 25 mai au 29 septembre, Digue du large,<br />
Accès par navettes maritimes gratuites. Dép<strong>art</strong>s toutes les 20 minutes depuis la darse<br />
du J4, quai de la Tourette, Marseille 2e. www.mp2013.fr<br />
LES ARCHIPELS<br />
RÉINVENTÉS / 2<br />
Pour un jeune <strong>art</strong>iste, remporter le Prix<br />
Fondation d’entreprise Ricard équivaut à<br />
un billet d’entrée dans le plus prestigieux<br />
des musées français : le Centre Georges<br />
Pompidou. Chaque année, depuis 1999,<br />
un jury de critiques et de collectionneurs<br />
décerne ce prix à un <strong>art</strong>iste exposé par<br />
un commissaire indépendant et lui achète<br />
une œuvre, ensuite offerte puis exposée<br />
au Centre. En 2009, ce dernier présentait<br />
Les Archipels réinventés : une rétrospective<br />
des dix premiers lauréats. La deuxième<br />
édition se déroule à Marseille, à la<br />
Vieille-Charité et réunit les quinze <strong>art</strong>istes<br />
récompensés. On notera la présence, parmi<br />
eux, de Boris Achour et du duo Berdaguer<br />
& Péjus, marseillais d’origine et en<br />
pleine ascension <strong>art</strong>istique. E.G.<br />
Du 28 mai au 22 septembre,<br />
Centre de la Vieille-Charité<br />
2, rue de la Charité, Marseille, 2e.<br />
04 91 14 59 18. 5-8 €.<br />
www.culture.marseille.fr<br />
© Didier Marcel<br />
© Jochen Gerner<br />
JOCHEN GERNER<br />
« Imaginons que je suis quelqu’un qui découvre un pays. Je vais plutôt aller vers<br />
la zone qui n’a pas encore été explorée, m’éc<strong>art</strong>er des chemins qui me semblent<br />
déjà balisés », confie Jochen Gerner. Pour un homme du nord, le sud peut se<br />
révéler une expérience p<strong>art</strong>iculière. L’<strong>art</strong>iste vit et travaille à Nancy. Il vient<br />
confronter ses dessins à l’expérience du soleil, du mistral et des embruns.<br />
Bande dessinée, illustration, dessin de presse ou décor d’opéra, Jochen Gerner<br />
déconstruit tout ce qu’il touche et s’affranchit de toutes les contraintes en<br />
préservant l’acuité de son regard analytique et radicalement poétique. J.-P.V.<br />
Du 1er au 23 juin, Studio Fotokino , 33, allées Léon Gambetta, Marseille, 1er.<br />
09 81 65 26 44. Entrée libre.<br />
www.fotokino.org<br />
114 8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013<br />
115
SORTIR<br />
ENFANTS<br />
© Karine Barbier<br />
L’ENFANT SAUVAGE<br />
Qui n’a pas trébuché sur l’apprentissage,<br />
le rapport à la norme et plus simplement<br />
la différence ? L’Enfant sauvage<br />
de Bruno Castan, que Marie Provence a<br />
choisi de mettre en scène avec sa compagnie<br />
7 e ciel, entre au cœur de tout cela.<br />
« La vie m’a amenée à rencontrer des<br />
parents d’enfants différents en détresse,<br />
confie-t-elle, cette pièce est comme une<br />
reconnaissance pour eux ». Elle est ainsi<br />
menée de bout en bout avec un autre<br />
langage, dans une volonté de décalage<br />
avec la réalité qui la rend ouverte à<br />
tous à p<strong>art</strong>ir de neuf ans. Si le film de<br />
François Truffaut est présent dans les<br />
mémoires, Marie Provence a tenu à s’en<br />
éloigner, pour travailler plutôt la relation<br />
corporelle entre les acteurs. Et ce,<br />
dans un décor épuré, propre à l’imagination,<br />
pour incarner ce « langage parallèle<br />
» qu’elle veut faire entendre. Petit<br />
à petit, son Victor à elle trouve sa place<br />
et « entre dans la lumière ». Un Victor<br />
renversant, joué par Flavio Franciulli,<br />
brésilien, comédien et acrobate. La<br />
pièce sera ensuite au festival d’Avignon<br />
(Théâtre du Petit Chien). M.-L.L.<br />
Les 14 et 15 mai, 19h. Théâtre du Jeu de paume, 17-21, rue de l’Opéra, Aix-en-Provence.<br />
08 20 13 20 13. 6-20 €. www.lestheatres.net<br />
L’APRÈS-MIDI<br />
D’UN FOEHN<br />
Les enfants, c’est bien connu, jouent<br />
avec des bouts de ficelle. Phia Ménard<br />
qui s’est plu à jongler avec des boules<br />
de glace, s’entoure maintenant de sacs<br />
plastiques qui s’enflent et volent. Elle<br />
leur donne vie grâce au vent. Invisible,<br />
toujours en mouvement, seul son déplacement<br />
permet de le sentir. Et ce<br />
sont ici ces sacs plastiques qui viennent<br />
lui donner corps en devenant marionnettes.<br />
Tout au long de cet étrange<br />
ballet sur les notes de Claude Debussy,<br />
les corps de plastique traversent l’air<br />
avec fluidité et créent des rencontres<br />
fortuites au gré des phénomènes thermiques.<br />
Objets de moins que rien, ils<br />
sont alors transfigurés en danseuse<br />
étoile ou en monstre, avec le brio d’un<br />
esprit d’enfant. M.-L.L.<br />
Du 25 au 27 juin, 10h et 14h30.<br />
Théâtre de La Criée,<br />
30, quai de Rive neuve, Marseille, 7e.<br />
04 91 54 70 54. 6 à 12 €.<br />
www.theatre-lacriee.com<br />
© Jean-Luc Beaujault<br />
© Leo Ballani<br />
GRENADE, LES VINGT ANS<br />
Il n’est pas trop tard pour découvrir<br />
ce spectacle créé par Josette Baïz<br />
pour ses danseurs, petits et grands,<br />
à l’occasion des vingt ans de la compagnie<br />
Grenade, en 2012. Les sept<br />
pièces offertes par les plus grands<br />
chorégraphes français (Bel, Découflé,<br />
Gallotta, Kelemenis, Lagraa,<br />
Maillot, Preljocaj) sont dansées par<br />
les enfants et leurs aînés avec une<br />
virtuosité, une énergie et un humour<br />
qui enthousiasment tous les publics.<br />
Une formidable initiation à la danse<br />
contemporaine ! E.G.<br />
Le 31 mai, 20h30. Théâtre de Fos,<br />
Avenue René Cassin, Fos-sur-Mer.<br />
04 42 11 01 99. 3-15 €.<br />
www.scenesetcines.fr<br />
116 8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013
SORTIR<br />
© Helico-fascination<br />
MUSÉE DE L’AVIATION<br />
Ce n’est pas le Musée de l’air et de l’espace<br />
du Bourget, mais le musée aéronautique<br />
de Saint-Victoret n’a pas à rougir. Inauguré<br />
en grande pompe en mars dernier,<br />
ce musée est pourtant né en 2006, après<br />
que la commune a décidé d’acquérir une<br />
cabine désossée de Canadair et un Pélican<br />
46. Une association portée par un<br />
bataillon de bénévoles, souvent retraités<br />
de l’aéronautique voisine, a depuis porté<br />
l’envol de ce musée avec une mission :<br />
sauvegarder, acquérir et mettre en valeur<br />
le patrimoine aéronautique et technologique<br />
régional. Depuis, dans un<br />
ancien gymnase, mirages, hélicoptères,<br />
broussard, soit une vingtaine d’aéronefs<br />
fièrement retapés, exposent leurs carlingues<br />
rutilantes. Fabriqués pour la plup<strong>art</strong><br />
dans l’usine Eurocopter voisine,<br />
ils côtoient, à l’étage, une escadrille de<br />
2 500 maquettes à faire rêver plus d’un.<br />
M.-L.L.<br />
147, boulevard Abbadie, Saint-Victoret. 04 42 34 59 16. 2 €.<br />
www.saintvictoret.fr/Histoire-et-patrimoine/Le-Musee-de-l-aviation<br />
WESTERN<br />
Quel enfant n’a pas inventé ses héros,<br />
reproduit ses propres drames ? Hier,<br />
on coloriait des châteaux de c<strong>art</strong>on,<br />
aujourd’hui on agite Playmobils et autres<br />
personnages de plastique. Massimo<br />
Schuster a ainsi choisi de revenir<br />
au décor léger et éphémère du théâtre<br />
de papier pour donner plus d’ampleur<br />
à sa verve de conteur autour de cette<br />
grande mythologie contemporaine<br />
qu’est le Western. Pas un ingrédient ne<br />
manque : des cow-boys, des Indiens,<br />
un saloon, un ranch, une guitare, des<br />
bottes, des chevaux, des amours, des<br />
coups tordus, des coups de feu, du<br />
courage, des trahisons et la justice qui<br />
triomphe, enfin. M.-L.L.<br />
Le 18 mai, 19h. Théâtre des Salins,<br />
19, quai Paul Doumer, M<strong>art</strong>igues.<br />
04 42 49 02 00. 5-10 €.<br />
www.theatre-des-salins.fr<br />
© Daniela Nieri<br />
WAGON JEUX<br />
En juin, la Friche de la Belle de mai inaugure<br />
une aire de jeux. Le collectif Encore Heureux,<br />
mandaté pour cette création intégrée dans l’un<br />
des Qu<strong>art</strong>iers créatifs de Marseille-Provence<br />
2013, n’a pas hésité longtemps avant de<br />
choisir cette thématique, en lien direct avec<br />
l’histoire industrielle du lieu. C’est donc un vrai<br />
wagon de marchandises que l’on a transporté<br />
là, sur les rails encore présents. Il a été « habillé<br />
» d’une plateforme à deux niveaux, dont p<strong>art</strong>ent<br />
des toboggans. On circule dessus, devant<br />
et autour, en toute sécurité, grâce aux filets de<br />
protection et au sol en caoutchouc. M.-L.L.<br />
Friche de la Belle de mai,<br />
41 Rue Jobin, Marseille, 3e.<br />
04 95 04 95 04. Entrée libre.<br />
www.lafriche.org<br />
©Encore Heureux<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013<br />
117
DESTINATION - TEL AVIV<br />
TEL-AVIV, CAPITALE ORIENTALE<br />
DE LA (GAY) CULTURE<br />
Chaque année, pendant le premier week-end du mois de juin, la capitale culturelle et<br />
économique d’Israël accueille la seule Gay Pride du Moyen-Orient.<br />
© DR<br />
DE TEL-AVIV À MARSEILLE, LES<br />
GAY PRIDE VONT MILITER POUR LA<br />
RECONNAISSANCE DU DROIT À LA<br />
DIVERSITÉ SEXUELLE ET À LA DIVERSITÉ<br />
DE GENRE EN MÉDITERRANÉE.<br />
Plus de 100 000 personnes étaient au rendez-vous, l’année<br />
dernière, pour parader fièrement à travers la ville blanche,<br />
célébrer la culture gay et applaudir une performance remarquée<br />
de Madonna, mettant en scène la présidente du Front<br />
National. Cette année, et pour sa quinzième édition, la<br />
parade israélienne promet d’être un nouveau rendez-vous<br />
incontournable pour la communauté homosexuelle. Une<br />
communauté dynamique et qui a d’ores et déjà acquis de<br />
nombreux droits : reconnaissance des mariages homosexuels<br />
contractés en dehors du pays, légalisation des adoptions<br />
par des couples de même sexe, entre autres. La parade<br />
israélienne p<strong>art</strong>ira du Gan Meir Park, lieu emblématique<br />
de la communauté gay, puis cheminera vers Gordon Beach<br />
où le défilé se transformera en carnaval jusque tard dans la<br />
nuit.<br />
Un mois plus tard, c’est l’Europride marseillaise qui rassemblera,<br />
du 10 au 20 juillet, la communauté gay internationale<br />
pour un évènement militant, <strong>art</strong>istique, culturel et<br />
festif organisé à travers la ville. En devenant capitale européenne<br />
de la culture et capitale européenne LGBT, la ville<br />
promet d’être sous le feu des projecteurs. Alors que le débat<br />
sur le mariage pour tous se radicalise, la cérémonie d’ouverture<br />
pourrait bien faire grand bruit, avec la célébration du<br />
mariage de 2013 couples sur le parvis du MuCEM. De Tel-<br />
Aviv à Marseille, les Gay Pride vont militer pour la reconnaissance<br />
du droit à la diversité sexuelle et à la diversité de<br />
genre en Méditerranée. L.C.<br />
www.gaytelaviv.fr<br />
www.europride2013.com<br />
Vol au dép<strong>art</strong> de l’Aéroport Marseille Provence<br />
à p<strong>art</strong>ir de 139 €<br />
www.airfrance.fr<br />
118 8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013<br />
119
LES<br />
ADRESSES<br />
MARSEILLAISES<br />
120<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013
PUBLICITÉS<br />
RESTAURANT<br />
LE PÉRON<br />
Là, nous avons affaire à une véritable institution<br />
datant de 1880 ! Depuis la réouverture en 2001<br />
avec une décoration très années 40 (teck, cuivres,<br />
acajou et marbre), Peron est resté un lieu d’exception<br />
que l’on savoure de génération en génération.<br />
Le point fort étant évidemment une vue merveilleuse<br />
sur la baie. L’endroit romantique par définition.<br />
La c<strong>art</strong>e, haut de gamme, fait évidemment la<br />
p<strong>art</strong> belle aux poissons. Un établissement étoilé au<br />
guide Michelin en 2008.<br />
56, Corniche Kennedy 13007 Marseille<br />
04 91 52 15 22<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013 121
PUBLICITÉS<br />
122<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013
PUBLICITÉS<br />
© Francis Amiand<br />
HÔTEL RESTAURANT<br />
MAMA SHELTER<br />
Plus qu’un endroit où dormir, le Mama Shelter est un centre de vie, un lieu où l’on se rassemble autour d’un « Live » de musique ou<br />
d’un plat à p<strong>art</strong>ager sur les tables d’hôtes. Une cuisine simple, conçue par les chefs Alain Senderens et Jérôme Banctel en hommage<br />
à la cuisine moderne de la Méditérranée. Au menu, Burrata fougasse aux olives, Beignets de Calamars, Cabillaud en croute de café<br />
poids gourmands goma sésame, grand baba de la Mama..pour le plaisir de tous !<br />
Pour les aficionados de l’apéritif une dégustation s’impose au bar à anis : Une Boukha, un Raki, un Pastis, un Gambetta avec de la<br />
Poutargue coupée finement sont, entre autres, le moyen d’échapper un instant à la tourmente de la vie moderne afin de prendre le<br />
temps de ne rien faire tout simplement.<br />
Et après le repas, le ton est donné très vite avec un baby-foot de 4 mètres de long pour jouer à 8 ou 16, près de la scène « Live » et<br />
ses instruments de musique suspendus dans le vide. Mama loves you!<br />
Réservation restaurant 04 84 35 21 00 ou sur mamashelter.com<br />
64 Rue de la Loubière 13006 Marseille<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013 123
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RESTAURANT -PLAGE PRIVÉE<br />
L’ACAPULCO<br />
Élue plus belle plage de l’année 2010-2011, cette plage privée est réputée pour son cadre de rêve, son restaurant et... ses jolies filles<br />
qui s’y retrouvent le vendredi soir pour des apéros devenus célèbres des Lecques à Saint Cyr ! Depuis 1963, on vient tous «chez<br />
Nono» pour commencer l’été, le prolonger, et même plus... Ouvert tous les jours du 15 avril au 15 octobre.<br />
Infos & Réservation 06 09 51 64 30<br />
Les Lecques<br />
RESTAURANT<br />
LA VILLA<br />
L’établissement chic et reconnu logé rue Jean Mermoz s’affirme comme le lieu de rendez vous pour les habitués<br />
du qu<strong>art</strong>ier. Restaurant au charme atypique, lieu de quiétude, une vaste terrasse jardin, ombragée l’été et<br />
chauffée aux jours frisquets. Sa cuisine offre un large choix avec une mention spéciale pour les poissons grillés<br />
au feu de bois. Une touche originale pour la présence d’un kiosque à coquillages de l’automne au printemps<br />
ainsi qu’une sushi women japonaise à demeure. Une large c<strong>art</strong>e des desserts permet de terminer ce moment<br />
agréable par une touche sucrée.<br />
Infos & Réservation 04 91 71 21 11<br />
113 Rue Jean Mermoz • 13008 Marseille<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013 125
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RESTAURANT<br />
ALBERT CAFÉ<br />
PASSEZ À TABLE DANS UN JARDIN À BOMPARD...<br />
Au déjeuner comme au dîner, venez profiter du calme du jardin du Newhotel Bompard où oeuvres d’<strong>art</strong> et végétation méditerranéenne<br />
vous dépayseront. Dans une ambiance cosy l’hiver ou aux beaux jours sur la terrasse du jardin, le restaurant Albert Café vous accueille<br />
dans une ambiance détendue autour d’une cuisine de saison. Parking privé gratuit - Ouvert tous les jours - déjeuner et dîner<br />
Infos & Réservation 04 91 99 22 22<br />
2 rue des Flots Bleus • 13007 Marseille • info@albertcafe.com • www.albertcafe.com<br />
RESTAURANT<br />
L’ENTRECÔTE DU HUITIÈME<br />
Après vingt ans passés sur le port, L’Entrecôte du huitieme vous accueille tous les jours, à l exception du dimanche soir,<br />
pour déguster sa pièce de bœuf et sa fameuse sauce accompagnée de frites maison.<br />
Infos & Réservation 04 91 25 07 06<br />
386 Avenue du Prado • 13008 Marseille<br />
126<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013
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SALON DE THÉ - BOUTIQUE DE DÉCORATION<br />
AD CAFÉ<br />
Installez-vous une seule fois ici, et l’AD café deviendra votre seconde maison… Un lieu idéal pour se ressourcer quelques heures et<br />
oublier ainsi le chaos de la ville le temps d’un déjeuner, d’un thé ou d’une pâtisserie maison… le tout dans une ambiance jazzy.<br />
L’AD Café est aussi une véritable malle aux trésors, un endroit remplit d’idées déco : horloges, lampes, miroirs, bougies, fioles,<br />
boites… etc. sélectionnés avec soin par Céline dont la décoration est à l’origine le métier. Il est aussi possible d’organiser une<br />
séance coaching-déco à domicile pour les plus séduits par l’originalité de l’endroit.<br />
Ouvert du lundi au vendredi de 8h à 18h • Infos & Réservation 09 82 39 14 42<br />
7 Boulevard Notre Dame 13006 Marseille<br />
RESTAURANT<br />
LE COMPTOIR MARSEILLAIS<br />
Installé sur la Corniche avec vue sur la mer de la terrasse ou de la salle, Le Comptoir Marseillais, vous reçoit pour déguster une<br />
cuisine Bourgeoise. Les c<strong>art</strong>es évoluent au gré des saisons pour vous proposer à midi un déjeuner simple et rapide et le soir un diner<br />
plus élaboré, des vins à choisir dans une magnifique cave en verre. Le dimanche le brunch vient compléter la c<strong>art</strong>e. Et tous les soirs<br />
des apéritifs ou digestifs dans notre espace bar.<br />
Si vous avez besoin d’un lieu pour vos évènements : www.lecomptoirmarseillais.com<br />
Infos & Réservation 04 91 32 92 54 • www.lecomptoirmarseillais.com<br />
5 Promenade Georges Pompidou • 13007 Marseille<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013 127
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HÔTEL & RESTAURANT<br />
CHÂTEAU DE LA PIOLINE<br />
Cessez de cherchez un lieu différent...Venez !<br />
Aujourd’hui, la mémoire du passé subsiste dans cette élégante demeure, au sein de l’hôtellerie de luxe<br />
et traditionnelle de la ville d’Aix en Provence.<br />
Hôtel 4*, Restaurants, bar et évènementiel<br />
260 rue Guillaume Du Vair 13546 Aix en Provence • 04 42 52 27 27<br />
contact@chateaudelapioline.com • www.chateaudelapioline.com<br />
128<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013
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RESTAURANT<br />
VAPIANO<br />
Entre l’ambiance décontractée d’un restaurant de qu<strong>art</strong>ier et le cadre soigné d’un lieu où il fait bon dîner, VAPIANO conquiert le territoire<br />
marseillais à un rapport qualité-prix imbattable. Voici donc un nouveau concept en France, déjà présent en Europe et en Amérique<br />
du Nord avec plus de 100 établissements VAPIANO au décor italien à la fois moderne et chaleureux.<br />
Venez découvrir la fraîcheur des produits, la préparation sous vos yeux par nos Vapianisti – avec le sourire! - de la composition que vous<br />
avez choisie, que ce soit une pizza, une sélection parmi onze types de pâtes fraîches et vingt recettes différentes, ou encore votre grande<br />
salade garnie. Tout ceci en totale liberté, vous pouvez prendre votre temps, manger rapidement, ou emporter votre repas. Votre c<strong>art</strong>e<br />
individuelle VAPIANO consignera ce que vous avez dégusté, que ce soit au bar, ou sur les pôles de restauration Pizzas, Pâtes, et Salades.<br />
Infos & Réservation 04 91 48 83 35<br />
20 Avenue du Prado • 13006 Marseille<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013 129
Juin<br />
2013<br />
130<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013<br />
urbanisme / Architecture / Design<br />
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8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013 131
132<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013