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L’ASSOCIATION<br />
LIEUX FICTIFS<br />
L’ART, POUR OUVRIR<br />
LA PRISON À LA SOCIÉTÉ<br />
Fondée en 1994, l’association Lieux Fictifs a fait entrer l’<strong>art</strong> aux Baumettes.<br />
Il en ressort des films, des œuvres et des expériences... À découvrir.<br />
Texte : Fred Kahn • Photo : Joseph Césarini<br />
E<br />
n 2008, le jury chargé de la candidature de Marseille<br />
au titre de Capitale européenne de la culture<br />
a d’abord été emmené aux Baumettes. C’est Bernard Latarjet,<br />
alors directeur de Marseille-Provence 2013, qui avait<br />
fait ce choix. Ce jour-là, le jury a vu une étape de Frontières<br />
dedans/dehors : un long processus de création et de coopération<br />
européenne qui aboutira, en juin, à La Friche. L’association<br />
Lieux Fictifs y proposera une installation cinématographique,<br />
construite autour de la pièce de Bernard Marie<br />
Koltès, Dans la Solitude des champs de coton. Cette œuvre<br />
« immersive » (les spectateurs sont placés au centre d’un<br />
dispositif de multidiffusion) met en scène dix-huit détenus<br />
et neuf habitants de Marseille. Parallèlement, l’association<br />
va présenter une exposition de films courts réalisés dans le<br />
cadre d’ateliers de création p<strong>art</strong>agée en France, en Europe et<br />
en Méditerranée. Toujours dans le cadre de cet événement,<br />
un forum européen réunira professionnels de la culture et<br />
de la justice afin d’interroger les conditions de la création<br />
<strong>art</strong>istique en détention.<br />
Un dispositif aussi ambitieux n’advient pas par hasard. Caroline<br />
Caccavale et Joseph Césarini, les deux fondateurs de<br />
Lieux Fictifs, se battent depuis plus de vingt-cinq ans pour<br />
transformer la prison en un territoire <strong>art</strong>istique comme les<br />
autres. Ils ont commencé par créer des ateliers de production<br />
avec le canal vidéo interne des Baumettes. Puis, ils ont<br />
réalisé une série de films sur la vie en détention, notamment<br />
9m 2 (coproduit et diffusé par Arte en 2004). Enfin, ils<br />
ont obtenu de l’administration pénitentiaire que l’ancien<br />
qu<strong>art</strong>ier de haute sécurité soit transformé en laboratoire<br />
de recherche cinématographique. Désormais, Lieux Fictifs<br />
dispose donc, dans Les Baumettes, d’une salle de cinéma de<br />
vingt places, de deux salles de montage et d’un plateau de<br />
tournage. L’enjeu ? Pousser les murs de la prison, bien sûr.<br />
Mais sans misérabilisme ni victimisation. « Certains détenus<br />
retrouvent une dignité parce qu’ils la risquent, explique<br />
Caroline Caccavale. Elle n’est jamais donnée. Mais encore<br />
faut-il avoir la possibilité de prendre ce risque ».<br />
FRONTIÈRES DEDANS/DEHORS<br />
Du 13 au 30 juin. Friche la Belle de Mai,<br />
41 rue Jobin, Marseille, 3e.<br />
04 95 04 96 37. Entrée libre.<br />
WWW.<br />
lieuxfictifs.org<br />
28<br />
8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013