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8 art

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MP2013 PASSE À TABLE<br />

GÉRALD PASSÉDAT<br />

Si ce printemps met à l’honneur<br />

la gastronomie locale, Gérald Passédat<br />

n’y est pas pour rien. Le chef aux trois<br />

étoiles, président de la jeune association<br />

Gourméditerranée et bientôt aux fourneaux<br />

du MuCEM, entend mettre sa notoriété et<br />

son franc-parler au service d’une profession<br />

qui veut sortir des clichés.<br />

chef<br />

Un<br />

Propos recueillis par Marie-Line Lybrecht • Photo : Richard Haughton<br />

capitale<br />

pour la<br />

Quel est, d’une façon générale, votre rapport à l’<strong>art</strong> ?<br />

Je m’intéresse à l’<strong>art</strong> contemporain, je voyage, je visite les<br />

musées, mais sans démarche intellectuelle précise, comme<br />

ce que je fais en cuisine. C’est instinctif, presque animal.<br />

Je côtoie des <strong>art</strong>istes que j’aime comme le peintre Gérard<br />

Traquandi, l’architecte Rudy Ricciotti et la designer-styliste<br />

Fred Sathal. Ils m’apportent beaucoup, nous avons la même<br />

démarche.<br />

On vous décrit comme ombrageux. Vous êtes un peu<br />

comme eux, finalement ?<br />

Oui, on me décrit comme tel. Nous p<strong>art</strong>ageons probablement<br />

la même sensibilité.<br />

Qu’est-ce qui vous a poussé à créer Gourméditerranée il<br />

y a deux ans ?<br />

Depuis longtemps, les cuisiniers et les instances touristiques<br />

régionales discutaient de l’opportunité de créer une<br />

structure de promotion de la gastronomie. Au moment<br />

du préprogramme de Marseille-Provence 2013, j’ai appris<br />

que les organisateurs entendaient faire appel pour la gastronomie<br />

à des talents hors du territoire. Ça m’a beaucoup<br />

énervé, c’était inconcevable. J’ai tapé du poing sur la table à<br />

la chambre de commerce. J’ai donc réuni les copains, Dominique<br />

Frérard, Lionel Levy… et Thierry Huck que je connais<br />

bien à la Chambre de Commerce, et nous avons créé l’association.<br />

Cela a, de toute façon, été une bonne initiative. Je<br />

me devais d’ouvrir mon carnet d’adresses aux jeunes qui<br />

s’installent. Il faut les aider. C’est d’autant plus difficile à<br />

Marseille que nous sommes dans une ville pauvre.<br />

« Nous ne sommes pas au plus haut niveau,<br />

mais nous y travaillons, et la prise de<br />

conscience est là. »<br />

Avez-vous aussi voulu lutter contre cette imagine réductrice<br />

de la gastronomie marseillaise cantonnée à la<br />

bouillabaisse et à l’aïoli ?<br />

Oui, même si nous travaillons tous la bouillabaisse et l’aïoli<br />

qui n’ont rien de péjoratifs. Cette ville a été un désert gastronomique<br />

pendant des décennies, ça doit changer. Nous<br />

ne sommes pas au plus haut niveau, mais nous y travaillons<br />

et la prise de conscience est là. Nous devons nous préparer<br />

et utiliser le fait que la cuisine méditerranéenne sera bientôt<br />

la plus demandée dans le monde, car c’est une cuisine de<br />

mâche (du verbe mâcher, ndlr) et de digestibilité.<br />

Quel bilan tirez-vous deux ans après sa création ?<br />

L’association compte désormais quarante-quatre membres<br />

et couvre toute la Provence puisqu’elle va jusqu’à Menton.<br />

Elle nous a donné un statut, a aplani nos relations avec<br />

les institutions. Nous sommes d’ailleurs cofondateurs des<br />

Tables 2013 (Cf. encadré) et non de simples p<strong>art</strong>enaires.<br />

8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013<br />

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