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Un<br />
péché,<br />
sept festins<br />
Texte : Jean-Pierre Vallorani<br />
De mai à octobre, le péché<br />
de gourmandise se décline<br />
en sept « festins », dans sept villes<br />
du territoire. Le défi : réunir<br />
jusqu’à six cents convives autour<br />
de menus élaborés par des chefs,<br />
pour une addition raisonnable.<br />
Si l’évocation de la cuisine méditerranéenne amène<br />
immédiatement le parfum du thym, de l’huile<br />
d’olive, la recette simple d’une grand-mère autour<br />
de laquelle se réunit le petit cercle de la famille ou bien<br />
quelques amis, on s’intéressera ici à sa version king size.<br />
Celle qui n‘a cours qu’en de rares occasions, comme la cérémonie<br />
du mariage, la fête du saint patron ou la célébration<br />
de la récolte : le banquet, le festin, la ripaille, le bon gros<br />
repas inoubliable qui fait saliver des années plus tard, qui<br />
fait revenir, en même temps que le souvenir des trognes<br />
réjouies, les fumets de plats rares et généreusement arrosés.<br />
La Provence agricole cultive depuis toujours cette tradition<br />
conviviale autour d’une production : vendanges, moissons,<br />
fêtes du riz, aïolis et autres sardinades. Les différentes<br />
immigrations venues de tout le Bassin méditerranéen ont<br />
enrichi la p<strong>art</strong>ition. À tel point que les rendez-vous gustatifs<br />
des Festins de Méditerranée seront plus proches de la symphonie<br />
que de la musique de chambre, sous les baguettes<br />
expertes de cuisiniers locaux enchantés de p<strong>art</strong>ager leur<br />
passion avec le plus grand nombre.<br />
Exigence et p<strong>art</strong>age<br />
Parmi les virtuoses sollicités, Fabien Morréale, chef au<br />
Garage à M<strong>art</strong>igues, qui officiera à Port-de-Bouc ainsi qu’à<br />
Istres, s’est jeté dans le bouillon sans hésiter. « Il est important<br />
de montrer qu’il y a des chefs ici, qu’il y a une façon<br />
de travailler, un savoir-faire... Ça me fait vraiment plaisir<br />
d’en être, et puis c’est un gros défi pour nous qui faisons<br />
habituellement trente couverts par jour. On va accueillir six<br />
cents personnes le vendredi soir... ça fait quand même un peu<br />
La Provence agricole cultive depuis toujours<br />
cette tradition conviviale autour d’une<br />
production : vendanges, moissons, fêtes du riz…<br />
peur ! Il nous faudra beaucoup de concentration, mais notre<br />
réputation est en jeu, on ne lâchera rien ! » Même enthousiasme<br />
chez Alexandre Mazzia, du Ventre de l’architecte<br />
à Marseille, qui dirigera le second festin à Port-de-Bouc :<br />
« Quand on fait appel à vous pour un projet tel que celui-là,<br />
on se sent privilégié. Pour moi, c’est un projet de cœur, un<br />
grand moment de p<strong>art</strong>age, on n’est pas dans la démonstration,<br />
ni dans le côté guindé, ce sera une fête de la mer et du<br />
poisson. » Car, chaque festin aura son imaginaire et sa scénographie,<br />
du « déjeuner sur l’herbe » à Aubagne (le 4 mai),<br />
jusqu’au « dimanche sous les oliviers » à Saint-Rémy-de-<br />
Provence (le 13 octobre), en passant par « la guinguette des<br />
deltas » ou le « retour de pêche »... À chaque chef sa conception<br />
du banquet. Pour Georgiana, qui a installé son atelier<br />
rue Saint-Jacques à Marseille, la grand-mère initiatrice a<br />
joué un grand rôle : « Dans mon enfance au Bénin, il arrivait<br />
souvent qu’elle reçoive plus de deux cents personnes. J’ai<br />
toujours baigné dans cette ambiance : ma grand-mère était<br />
chef d’entreprise, avec un boulot très sérieux, toute une boîte<br />
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8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013