Douze pour bivouacs suivre TransHumance Imaginé par Camille et Manolo, les fondateurs du Théâtre du Centaure, TransHumance est un projet itinérant pharaonique. Hommes et bêtes vont marcher de concert pendant trois semaines et rencontrer le public à l’occasion de bivouacs festifs. Texte : Jean-Pierre Vallorani • Photo : Philippe Praliaud « Le Centaure incarne la réunion de l’Homme et de l’Animal, du Social et du Sauvage, de l’Humain et de la Nature. » Au commencement était le Centaure… Depuis la création de leur compagnie de théâtre équestre en 1989, Camille et Manolo ont fait de cette créature issue de la mythologie grecque leur totem. Elle reste au centre de TransHumance : « Le Centaure sera le guide de cette mythologie contemporaine, car il incarne la réunion de l’Homme et de l’Animal, du Social et du Sauvage, de l’Humain et de la Nature. » Le projet, en préparation depuis trois ans, tient en effet de l’épopée : deux convois, venus d’Italie et de Provence, s’apprêtent à parcourir cinq cents kilomètres, traverser trente-cinq communes et six parcs ou réserves naturelles, avant de se rejoindre à l’Étang des Aulnes puis de marcher vers Marseille. Pendant trois semaines, marcheurs et cavaliers sont conviés à prendre p<strong>art</strong> à un événement qui se veut avant tout p<strong>art</strong>icipatif. « On invite les gens à quitter leur poste de télévision et à venir nous rejoindre, à marcher dans la poussière des chemins, les pieds dans la boue, la tête dans les étoiles », explique Camille. Le pari de TransHumance est un pari sur le temps : briser le rythme frénétique de l’urbanisation pour reposer ses pas dans les foulées de l’animal, laisser s’épanouir son regard sur le paysage, consentir au hasard. Du reste, des étendues désertiques de la Crau aux sentiers escarpés de la Sainte-Baume, l’homme a longtemps suivi le pas de son chien, de son âne ou son cheval, de ses moutons ou de ses vaches, balisant son environnement à leur échelle, tissant une sociabilité à l’aune de son bras et de son coup d’œil. TransHumance renoue avec cette tradition, tout en lui conférant une dimension <strong>art</strong>istique et festive. Car, de Cuges-les-Pins (pour le premier convoi), ou de Châteaurenard (pour le second) à l’Étang des Aulnes puis à Marseille, le chemin sera ponctué d’Anymaglyphes (voir portfolio, page 86) et de bivouacs, conçus comme autant de rendezvous avec le public. Échanges, performances, spectacles et autres manifestations vont s’enchaîner dans les villes d’accueil, au gré de leur dimension et de leurs possibilités. Saveurs provençales et italiennes Les bivouacs de TransHumance, prévus pour accueillir les deux cents cavaliers et leurs animaux, s’ouvrent également aux habitants et producteurs des communes traversées, mais aussi aux visiteurs. Composés de tentes identiques en toile blanche, d’une hauteur suffisante pour accueillir trois lits de camp, les campements sont installés de manière à ce que les chevaux passent la nuit autour et à proximité des dormeurs. Les pauses de midi sont animées par des piqueniques en pleine nature, tandis que le matin et le soir, un espace de restauration prépare les produits fournis par la Chambre régionale d’agriculture. Selon la durée des étapes 72 8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013
MP2013 PASSE À TABLE TRANSHUMANCE 8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013 73