LA GALERIE LA NON-MAISON ART À TOUS LES ÉTAGES Créée en 2007 par Michèle Cohen, la Non-Maison est tout entière habitée par des œuvres et des <strong>art</strong>istes. Le temps d’une exposition, d’une conférence ou d’une résidence… Texte : Emmanuelle Gall • Photo : Yvan Boccara C hez les Incas, selon Anaïs Nin, on appelle « nonmaison », ou nanankepichu, un jardin secret relié à une demeure par un passage souterrain. À Aix-en-Provence, il s’agit d’une maison de ville, transformée en « micro centre d’<strong>art</strong> ». Michèle Cohen tient à cette désignation, pour affirmer la dimension réflexive et créative de son projet, mais aussi une certaine prise de risque. En effet, loin d’être une simple galerie, la Non-Maison propose, en plus des expositions mensuelles, une École du Regard et une résidence de recherche. Pendant deux à trois mois, les <strong>art</strong>istes sont chez eux à la Non-Maison, disposant de l’app<strong>art</strong>ement situé au-dessus de la galerie pour y travailler, à leur rythme et sans contrainte. Chacun vient avec son projet et crée son propre cadre : le dernier en date, Yvan Boccara est arrivé de Tanger à la fin du mois de mars, avec les archives de vingt-cinq ans de photographie pour bagages. L’invitation faite à cet <strong>art</strong>iste, comme aux autres habitants de cette année 2013, est liée au projet que Michèle Cohen a baptisé « Jo le rouge », en hommage au Marin de Gibraltar de Marguerite Duras. C’est sa p<strong>art</strong>icipation au colossal itinéraire d’<strong>art</strong> contemporain Ulysses, initié sur le territoire de Marseille- Provence 2013 par le FRAC (Fonds Régional d’Art Contemporain). Parmi les nombreuses structures associées, la Non- Maison est la seule à proposer une programmation de douze expositions. Michèle Cohen voit dans Le Marin de Gibraltar, « une version contemporaine du mythe d’Ulysse, revisité par une femme, où l’errance et la peur du retour sont des thèmes centraux ». Elle a donné le livre à chacun des <strong>art</strong>istes. En mai, le photographe Jose Ramon Bas en livrera sa vision, suivi par le plasticien Patrick Sainton, en juin. Ce dernier est, avec Bernard Plossu, Yves Schemoul et Serge Kantorowicz, un des piliers de la Non-Maison. Comme l’écrivain et poète Renaud Ego, qui a fondé l’École du Regard avec Michèle Cohen et l’a inaugurée avec une conférence sur l’<strong>art</strong> paléolithique. « C’est une école sauvage, libre et gratuite qui propose une conférence par mois », explique sa directrice. Pour répondre à la question « qu’est-ce que voir ? », elle a choisi d’inviter des critiques et des philosophes, mais aussi des scientifiques. Dès le mois de septembre, elle prolongera cette proposition par l’ouverture du programme Critiques d’Art en Herbe. Ou comment initier les enfants et les adolescents à l’<strong>art</strong>, en leur apprenant à regarder, exprimer et p<strong>art</strong>ager, grâce à des rencontres avec les <strong>art</strong>istes et leurs œuvres. LA NON-MAISON 22, rue Pavillon, Aix-en-Provence. 06 29 46 33 98 WWW. lanonmaison.fr 30 8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013
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