L’OEUVRE COIFFE DE DANSE OLOK LEUR TRUC EN PLUME Texte : Emmanuelle Gall • Photo : David Giancatarina © 2011 Musées de Marseille Elément d’une coiffe de plumes olok, Wayana, Rio Jari, Para, Brésil.Don Marcel Heckenroth. Coton, plumes, 75 x 50 cm. U Une parure à faire pâlir de jalousie les plumassiers du Lido ou du Moulin rouge ! Tellement moderne dans sa sobriété et pourtant éclatante, loin du kitch souvent indissociable de l’<strong>art</strong> de la plume occidental ! Cette coiffe olok, conservée au Musée d’Arts Africains, Océaniens, Amérindiens (M.A.A.O.A), raconte à qui veut bien les entendre, une foule d’histoires. À commencer par celle des Cassiques à huppe noire, Toucans de Cuvier et autres Aras rouges : ces oiseaux fabuleux qui p<strong>art</strong>agent la forêt amazonienne avec les Wayana et les Wayampi. Excellents chasseurs, les Amérindiens ont un double usage des volatiles : alimentaire et <strong>art</strong>istique. Chaque plume devient, entre leurs mains, une parure possible : empenne de flèche, boucle d’oreille, couronne, coiffe... Nettoyées et séchées, les plumules, duvets, caudales ou rémiges sont conservés dans des coffrets de vannerie jusqu’au jour de leur assemblage, à l’aide de liens de coton. Constituées d’un casque, d’un hauban et de deux plastrons suspendus dans le dos du danseur, les coiffes de danse olok figurent parmi les parures les plus sophistiquées. Elles sont utilisées lors de cérémonies nommées maraké : rituels de passage d’une classe d’âge à une autre, de purification et de régénération. Ainsi parés, les individus incarnent leur propre métamorphose pendant de longues danses accompagnées de chants et d’épreuves. La fête terminée, les parures démontées retrouvent leur coffret. C’est sous cette forme que certaines sont parvenues au M.A.A.O.A, obligeant Marianne Pourtal Sourrieu et son équipe à un long travail de reconstitution. Un vrai cassetête, en même temps qu’une émotion certaine car leur état de conservation est exceptionnel. En 2007, lorsque le docteur Marcel Heckenroth invite l’historienne à venir voir la collection qu’il s’apprête à donner au musée, il ouvre, pour la première fois depuis 1942, la boîte contenant ces trésors. L’homme, qui a exercé les fonctions de médecin colonial en Guyane, entre 1939 et 1942, l’a reçue, en cadeau, de la p<strong>art</strong> du chef wayampi Eugène Inamou. Par sa valeur, ce présent en dit long sur l’implication et l’humanisme de Marcel Heckenroth. Aujourd’hui, ces parures trônent dans la salle des Amériques du M.A.A.O.A., aux côtés des collections – tout aussi extraordinaires – de Pierre Guerre, Henri Gastaut et François Reichenbach. MUSÉE D’ARTS AFRICAINS, OCÉANIENS, AMÉRINDIENS Centre de la Vieille Charité 2, rue de la Charité, Marseille, 2e. 04 91 14 58 38 WWW. maaoa.marseille.fr 18 8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013
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