LE RESTAURANT LE VENTRE DE L’ARCHITECTE L’AUTRE ARTISTE DU CORBU Depuis trois ans, la Cité Radieuse compte dans ses murs un chef qui cuisine en <strong>art</strong>iste : Alexandre Mazzia. Texte et photos : Marco Jeanson L’ASSIETTE Au Ventre de l’Architecte, la c<strong>art</strong>e ne cite que les ingrédients et change tous les jours. Ce soir, il y aura peutêtre un « Tourteau, Raifort, Pomme Verte, Concombre » ou un « Langoustine, Condiment Datte, Manioc-Herbacé », ou les deux, ou encore autre chose. « Je cuisine ce que je suis, à l’instant présent, dit le chef Alexandre Mazzia. Parfois, quand je regarde un plat que j’ai fait il y a trois mois, je me déteste. Et puis quand je fais trois assiettes pareilles, je m’ennuie… » Savourer les mets de ce fan d’<strong>art</strong> contemporain est une expérience assez inédite : c’est un peu comme si on mangeait un Miro ou un Kandinsky… ça se laisse déguster. LE CHEF Parce qu’Alexandre Mazzia (34 ans, 1 mètre 95) emploie des termes comme « crocofondant » ou « salinité ferreuse », on évoque souvent à son sujet les associations à priori antinomiques. « Je ne cherche pas à heurter, se défend-il. J’ai une bibliothèque de goût dans ma tête, je pars d’une matière brute pour essayer d’arriver à quelque chose d’élégant, de soyeux. Il y a des plats qui mûrissent, qui mettent parfois plus d’un an à voir le jour. » De ses douze premières années LE VENTRE DE L’ARCHITECTE 280, boulevard Michelet, Marseille, 8e. 04 91 16 78 23. 32-75 €. Fermé dimanche et lundi. WWW. leventredelarchitecte.com passées sur la côte sauvage du Congo, il lui reste un côté à la fois farouche et naïf, et le besoin de proximité avec la mer. « Mais ici, dit-il, je ne suis pas à Marseille, je suis au Corbu. Je n’ai pas le poids de la tradition. » LE CADRE Effectivement, il y a quelque chose d’étranger à Marseille ici. C’est avant tout « Le Corbu ». Bien assez occupé aux fourneaux, le chef ne s’est pas mêlé de la décoration depuis son arrivée, il ya trois ans. Le Ventre de l’architecte semble se suffire à lui-même et baigne éternellement « dans son jus ». Dominique et Alban Gérardin, les propriétaires des lieux et collectionneurs, l’ont restauré en gardiens du temple. 36 8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013
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