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8 art

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Un<br />

pain 2013<br />

et une<br />

vigne of<br />

Parmi la soixantaine d’Ateliers<br />

de l’EuroMéditerranée initiés par MP 2013<br />

dans des entreprises locales,<br />

il y a évidemment à boire et à manger.<br />

Et justement, deux d’entre eux,<br />

ont élu domicile dans la boulangerie<br />

du Farinoman fou et la vigne du New hôtel<br />

of Marseille. La messe peut être dite…<br />

Marseille<br />

Texte et photos : Marco Jeanson<br />

Voici le Pain 2013, baptisé le « Bouton » : deux petites<br />

fougasses liées entre elles par un ruban, une de<br />

couleur jaune doré au safran et romarin et l’autre<br />

brune aux olives et au thym. Il est l’œuvre conjointe d’un<br />

<strong>art</strong>iste et d’un boulanger : Zareh Sarabian et Benoît Fradette.<br />

Le premier vient du Liban et le second du Québec. Et,<br />

non content d’être le seul boulanger québécois de France,<br />

l’homme est un <strong>art</strong>iste. « Double Alpha et Triple Oméga »,<br />

« Chair d’Aphrodite et puissance d’Eros », « Maître Goji et<br />

ses deux épeautres », « Manomin des Anoshinobegs »… tels<br />

sont les noms dont Benoît Fradette, alias le Farinoman Fou,<br />

baptise ses pains. « Les boulangers, dit-il en guise de préambule<br />

avec son accent à couper au couteau, faut qu’ils se forcent<br />

pour être intelligents… » En France depuis 8 ans, Benoît<br />

Fradette est venu « à cause du vélo » et des pentes du Mont<br />

Ventoux. Grimpeur émérite, il était chez lui un spécialiste<br />

du Mount Washington dans les Appalaches, une des grimpées<br />

à vélo les plus dures au monde. « J’avais 600 mètres<br />

carré de boulangerie et vingt employés, raconte-t-il. Ici j’ai<br />

quatre personnes sur 42 mètres carré, et je paye presque autant<br />

de charges. » Situé en plein centre d’Aix-en-Provence,<br />

sa minuscule boutique ne désemplit pas. « Les gens rentrent<br />

et me demandent ce qu’ils n’ont pas encore goûté », confie-til.<br />

Pourtant, selon lui, Il y avait plus de créativité au Québec<br />

dans le pain. Quand il débarque à Buis-les-Baronnies à ses<br />

débuts en France, il trouve une clientèle très conservatrice.<br />

« Est-ce le vin qui aide à la création ?<br />

Je crois que dans le cas qui nous intéresse,<br />

la création va aider le vin. »<br />

« Moi, je ne sais pas faire une baguette, même avec le CAP<br />

qu’il a fallu que je passe ici pour ouvrir mon commerce. »<br />

Quant aux faiseurs de pain… « La plup<strong>art</strong> des boulangers,<br />

dit-il, ne font pas du pain, ils font du prix. » Tous ses produits<br />

viennent de ses voisins : le safran, l’épeautre, les olives, la<br />

crème d’ail, les abricots. Mais pour lui, pas question d’être<br />

identifié au bio, il n’a pas besoin de ça. Il est serein, même<br />

en dormant cinq heures par nuit. « C’est le stress qui nous<br />

bouffe, qui nous fatigue, je fais un boulot que j’aime, j’ai une<br />

vie que j’aime. La boulangerie pour moi c’est les vacances,<br />

c’est quand je suis chez moi que je commence à travailler<br />

vraiment, j’ai deux hectares à planter ! » Quel est donc<br />

son secret pour cuire ces petits pains que tous les Aixois<br />

– et bientôt les Marseillais – s’arrachent ? « Je ne pétris pas,<br />

explique-t-il. Pétrir, c’est faire rentrer de l’air, donc oxyder,<br />

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8 e <strong>art</strong> magazine • mai-juin 2013

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