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48 <br />

Au fond d’une cale, à pied, ou caché dans la soute d’un avion, <br />

A la nage, à la rame, ou planqué à l’arrière d’un camion, <br />

J’irai au bout, j’irai, coûte que coûte même si j’y trouve ma fin <br />

La mort, au fond, n’est-­‐elle pas le début d’un meilleur lendemain ? <br />

Une vie juste, douce et paisible pour l’éternité, <br />

La Mort devant qui Dieu nous a tous mis à égalité. <br />

De route en route, les kilomètres défilent dans le rétroviseur, <br />

Cachés dans des tonneaux, on attend le signal du chauffeur. <br />

Tous différents, mais poursuivant le même objectif : <br />

Atteindre l’autre rive, ne pas finir mort sur un récif. <br />

Chaque chose en son temps, pour l’instant c’est la frontière <br />

algérienne <br />

Traversée du désert, puis vers la mer méditerranéenne <br />

Ma bouteille d’eau est terminée, mes forces exterminées, <br />

On compte les heures, on espère tous en être au terminus. <br />

Le chauffeur s’arrête et donne une liasse au garde frontière <br />

Reprend la piste et se gare un peu plus loin dans une clairière… <br />

Les tonneaux découverts, on trouve les corps sans vie de nos <br />

frères, <br />

Des ecchymoses sur leur corps, un dernier espoir dans leurs yeux <br />

ouverts. <br />

Comment l’accepter, tant sont partis mais si peu revenus, <br />

Tant de vies gâchées, de rêves assassinés, d’espoirs perdus… <br />

Encore sous le choc, on enterre les corps à la hâte, <br />

Une dernière prière pour nos frères qui gisent sous cette terre <br />

écarlate. <br />

Leur seul tort : être nés la peau mate sur le sol africain ? <br />

Au moins, ils n’auront pas à supporter la suite du chemin… <br />

Ces mots, je les ai entendus de la bouche d’hommes venus <br />

d’Afrique à plusieurs reprises, qui m’ont livré une part de ce qu’ils <br />

avaient de plus cher : leur histoire. Ils restent dans mon cœur, <br />

comme un rappel de tous les instants, et je prie Dieu de ne jamais <br />

les en faire disparaître, pour ne pas que j’oublie la réelle précarité <br />

de ce que je vis, malgré l’impression de sécurité que le confort <br />

matériel peut procurer. Tout ce monde dans lequel nous vivons

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