Bonjour de Corée
Présentation - Korea.net
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<strong>Bonjour</strong><br />
<strong>de</strong> <strong>Corée</strong><br />
Le Service coréen d’Information pour l’Étranger<br />
www.korea.net
<strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> <strong>Corée</strong><br />
Édition 2003<br />
Copyright 2004<br />
Tous droits réservés<br />
Publié par<br />
Le Service coréen d'Information pour l'Étranger<br />
Séoul, République <strong>de</strong> <strong>Corée</strong><br />
Imprimé à Séoul, <strong>Corée</strong><br />
Ce livre a été publié pour promouvoir la connaissance <strong>de</strong> la <strong>Corée</strong>.<br />
ISBN 89-7375-006-2-43910
Mongolie<br />
Russie<br />
Chine<br />
Vladivostok<br />
Pyongyang<br />
Mer <strong>de</strong> l’ Est<br />
Séoul<br />
CORÉE<br />
Ulleungdo<br />
Dokdo<br />
Japon<br />
Mer Jaune<br />
Détroit<br />
<strong>de</strong> <strong>Corée</strong><br />
Fukuoka<br />
Jejudo<br />
Shanghaï
Sommaire<br />
07 Présentation<br />
19 Histoire<br />
La culture 35<br />
Visiter la <strong>Corée</strong> 65<br />
83 Sports et loisirs<br />
101 Fêtes et gastronomie
Le mythe <strong>de</strong> Dangun<br />
Il était une fois un prince qui s'appelait<br />
Hwanung. C'était le fils <strong>de</strong><br />
Hwanin, le roi du ciel. Hwanung,<br />
désireux <strong>de</strong> vivre parmi les humains,<br />
<strong>de</strong>manda à son père <strong>de</strong> l'envoyer sur<br />
terre. Celui-ci accepta et Hwanung<br />
<strong>de</strong>scendit un jour sur la péninsule<br />
coréenne suivi <strong>de</strong> trois mille sujets.<br />
Il fit son apparition près <strong>de</strong> l'Arbre<br />
divin, sur un <strong>de</strong>s versants du mont<br />
Taebaek. C'est là que Hwanung fonda<br />
la ville <strong>de</strong> Sinsi – la cité <strong>de</strong>s dieux – et<br />
prit le titre <strong>de</strong> Cheon-wang, roi<br />
céleste. Il nomma alors trois ministres<br />
qu'il chargea <strong>de</strong> comman<strong>de</strong>r au vent,<br />
à la pluie et aux nuages. Hwanung<br />
enseigna à son peuple 360 arts et<br />
techniques : l'agriculture, la menuiserie,<br />
le tissage, la pêche... Il lui apprit<br />
également à distinguer le bien du mal<br />
et instaura <strong>de</strong>s lois.<br />
En ce temps-là, non loin <strong>de</strong> Sinsi,<br />
vivaient dans une grotte une ourse et<br />
un tigre. Les <strong>de</strong>ux animaux se<br />
rendaient tous les jours sous l'Arbre<br />
divin et priaient le roi pour qu'il leur<br />
donnât forme humaine.<br />
Ému par leur <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, Hwanung<br />
appela l'ourse et le tigre auprès <strong>de</strong> lui,<br />
leur donna vingt gousses d'ail et un<br />
bouquet d'armoise. Puis il leur dit :<br />
«Mangez ceci et évitez le soleil pendant<br />
cent jours. Si vous y parvenez,<br />
vous vous transformerez en<br />
humains.››<br />
L'ourse et le tigre mangèrent l'ail et<br />
l'armoise et retournèrent au fond <strong>de</strong><br />
leur grotte. Le tigre perdit vite<br />
patience et sortit à la lumière du jour<br />
alors que l'ourse suivit les instructions<br />
du roi. Vingt et un jours passèrent<br />
et elle se transforma en une magnifique<br />
jeune femme qu'on appela<br />
Ungnyeo.<br />
Plus tard, se sentant seule,<br />
Ungnyeo implora Hwanung <strong>de</strong> lui donner<br />
un enfant. L'empereur eut pitié<br />
d'elle et <strong>de</strong> leur union naquit un<br />
garçon qu'ils baptisèrent Dangun. Un<br />
jour, Dangun <strong>de</strong>vint à son tour roi <strong>de</strong><br />
la péninsule. Il donna à son royaume<br />
le nom <strong>de</strong> Joseon et établit la capitale<br />
à Pyeongyang, puis à Asadal, sur les<br />
flancs du mont Taebaek. Le règne <strong>de</strong><br />
Dangun, le père fondateur <strong>de</strong> la<br />
<strong>Corée</strong>, dura 1 500 ans. Ensuite, il abdiqua<br />
et <strong>de</strong>vint un dieu <strong>de</strong> la montagne.
Présentation<br />
7 _ Présentation<br />
Géographie et climat<br />
La péninsule coréenne se situe dans la partie nord-est du continent asiatique.<br />
Divisée en <strong>de</strong>ux États, elle comprend la République populaire<br />
démocratique <strong>de</strong> <strong>Corée</strong>, au nord, et la République <strong>de</strong> <strong>Corée</strong>, au sud. À<br />
l'ouest <strong>de</strong> la péninsule s'étend la mer Jaune, qui la sépare <strong>de</strong> la Chine. À<br />
l'est se trouve la mer <strong>de</strong> l'Est et au sud, l'océan Pacifique. Le territoire est<br />
occupé à 70 % par <strong>de</strong>s montagnes, avec en particulier une gran<strong>de</strong> chaîne<br />
tout le long <strong>de</strong> la côte est, rectiligne. Les côtes ouest et sud sont au contraire<br />
très découpées et abritent plus <strong>de</strong> 3 000 îles et îlots ainsi que <strong>de</strong><br />
nombreux ports. Les principaux fleuves <strong>de</strong> <strong>Corée</strong> sont, au Nord, le Yalu<br />
(790 km) et le Tuman (521 km). Au Sud coulent le Nakdong (525 km) et<br />
la Han (514 km). Le plus haut sommet <strong>de</strong> la péninsule est le mont Baekdu<br />
(2 744 m), au Nord. Les monts Halla (1 950 m) – sur l'île <strong>de</strong> Jeju – et<br />
Seorak (1 708 m) sont les plus célèbres montagnes du Sud.<br />
Le climat coréen est variable et le passage d'une saison à l'autre est très<br />
marqué. Le printemps et l'automne sont relativement courts et se<br />
caractérisent par un air vif et un ciel ensoleillé. Dès la fin du mois <strong>de</strong> juin,<br />
la péninsule est soumise à la mousson d'été et à ses nombreuses averses ;<br />
le temps est très chaud et très humi<strong>de</strong>. L'hiver est froid et sec, avec <strong>de</strong>s<br />
chutes <strong>de</strong> neige, mais les pério<strong>de</strong>s d'adoucissement alternent avec les<br />
pério<strong>de</strong>s glaciales.<br />
En bref<br />
Nom officiel : République <strong>de</strong> <strong>Corée</strong><br />
Superficie totale : 222 154 - <strong>Corée</strong> du Sud : 99 460<br />
Localisation : entre le 33 e et le 43 e parallèle - entre 124 et 131 <strong>de</strong> longitu<strong>de</strong><br />
est<br />
Population : 47,9 millions d’habitants (2003)<br />
Capitale : Séoul<br />
Autres gran<strong>de</strong>s villes : Busan, Daegu, Incheon, Gwangju, Daejeon et Ulsan<br />
Unité monétaire : le won(un dollar américain équivaut à environ 1 150 wons)
10 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />
Population<br />
Les <strong>Corée</strong>ns constituent une famille ethnique qui partage la même<br />
langue. Physiquement, ils se distinguent <strong>de</strong>s autres peuples asiatiques, y<br />
compris <strong>de</strong>s Chinois et <strong>de</strong>s Japonais, et ont un sentiment d'i<strong>de</strong>ntité très<br />
fort. Les <strong>Corée</strong>ns seraient les <strong>de</strong>scendants <strong>de</strong>s diverses tribus mongoles<br />
qui, venues d'Asie centrale, colonisèrent la péninsule au néolithique (5000-<br />
1000 av. J.-C.) et à l'âge du bronze (1000-300 av. J.-C.). Au commencement<br />
<strong>de</strong> l'ère chrétienne, les <strong>Corée</strong>ns constituaient un peuple homogène,<br />
même si le pays ne trouva son unité politique qu'à partir du VII e siècle.<br />
En 2002, la République <strong>de</strong> <strong>Corée</strong> comptait 47,9 millions d'habitants. La<br />
<strong>de</strong>nsité <strong>de</strong> population y est parmi les plus élevées du globe et Séoul, la<br />
capitale, compte à elle seule plus <strong>de</strong> dix millions <strong>de</strong> personnes. Les autres<br />
gran<strong>de</strong>s villes du pays sont : Busan, Daegu, Incheon, Gwangju, Daejeon<br />
et Ulsan. Depuis quelques années – et malgré les efforts du gouvernement<br />
pour infléchir la tendance – l'urbanisation se développe fortement. La cel-
La langue<br />
Le coréen est parlé du nord au sud<br />
<strong>de</strong> la péninsule par plus <strong>de</strong> 70 millions<br />
<strong>de</strong> personnes, sans compter<br />
les 5,7 millions <strong>de</strong> <strong>Corée</strong>ns vivant à<br />
l'étranger. Outre le coréen standard<br />
parlé à Séoul, il existe <strong>de</strong>s dialectes<br />
régionaux qui sont toutefois très<br />
proches et empêchent nullement la<br />
communication entre gens <strong>de</strong><br />
différentes provinces.<br />
Des étu<strong>de</strong>s linguistiques et ethnologiques<br />
ont établi l'appartenance<br />
du coréen au groupe <strong>de</strong>s<br />
langues ouralo-altaïques au même<br />
titre que le turc, le hongrois et le<br />
finnois. Si certaines langues<br />
européennes trouvent leurs racines<br />
dans le latin et le grec, le coréen –<br />
tout comme le japonais – a, lui,<br />
emprunté directement au chinois et<br />
s'est ainsi enrichi <strong>de</strong> nombreux<br />
mots.<br />
L'alphabet coréen – le hangeul<br />
(originellement hunminjeongeum) –<br />
fut inventé en 1446 par un groupe<br />
<strong>de</strong> savants mandatés par le roi<br />
Sejong. Il compte 10 voyelles et 14<br />
consonnes qui se combinent pour<br />
former <strong>de</strong> nombreuses syllabes.<br />
Très facile à apprendre et à écrire, le<br />
hangeul a gran<strong>de</strong>ment contribué à<br />
l'alphabétisation <strong>de</strong> la population.<br />
11 _ Présentation<br />
(<strong>Bonjour</strong>!)
12 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />
Célébration <strong>de</strong> l'anniversaire du Bouddha<br />
Rituel confucéen<br />
lule familiale traditionnelle abritant trois générations a par ailleurs laissé<br />
place à la famille nucléaire.<br />
La Constitution coréenne garantit la liberté <strong>de</strong> culte et les <strong>Corée</strong>ns sont<br />
51 % à pratiquer une religion, un chiffre qui augmente régulièrement. Les<br />
principales religions sont le bouddhisme, le protestantisme et le catholicisme.<br />
Constitution et gouvernement<br />
La République <strong>de</strong> <strong>Corée</strong> fut officiellement établie le 15 août 1948. Elle<br />
jouit d'une forme <strong>de</strong> gouvernement démocratique fonctionnant sur les<br />
principes <strong>de</strong> séparation et d'équilibre <strong>de</strong>s pouvoirs mentionnés par la<br />
Constitution. Promulguée le 17 juillet 1948, elle prévoit trois pouvoirs :<br />
exécutif, législatif et judiciaire.<br />
Au sommet du pouvoir exécutif se trouve le prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la<br />
République, élu au suffrage universel direct pour un mandat non renouvelable<br />
<strong>de</strong> cinq ans.<br />
Il exerce ses fonctions par l'intermédiaire du Conseil <strong>de</strong>s ministres,
13 _ Présentation<br />
La cathédrale <strong>de</strong> Myeong Dong<br />
Église presbytérienne <strong>de</strong> Yeongnak<br />
qu'il prési<strong>de</strong>, et au sein duquel siègent le premier ministre et dix-neuf<br />
ministres. Le premier ministre est nommé par le prési<strong>de</strong>nt avec l'approbation<br />
<strong>de</strong> l'Assemblée nationale.<br />
Le pouvoir législatif appartient à l'Assemblée nationale, chambre unique du<br />
Parlement, où siègent 243 députés élus au suffrage universel pour un mandat <strong>de</strong><br />
quatre ans. Les sièges restants, au nombre <strong>de</strong> 56, sont attribués proportionnellement<br />
aux partis qui ont obtenu cinq sièges ou plus lors <strong>de</strong> l'élection directe.<br />
Le système judiciaire, à trois niveaux, possè<strong>de</strong> à sa tête la Cour<br />
suprême. Il existe par ailleurs cinq cours d'appel et <strong>de</strong>s tribunaux <strong>de</strong><br />
première instance établis dans les gran<strong>de</strong>s villes. La Cour suprême<br />
examine et juge en <strong>de</strong>rnier ressort les pourvois formés suite aux décisions<br />
<strong>de</strong>s cours d'appel dans les affaires civiles et pénales. Les décisions <strong>de</strong> la<br />
Cour suprême, définitives et sans appel, font jurispru<strong>de</strong>nce.
14 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />
Économie<br />
La <strong>Corée</strong> possè<strong>de</strong> <strong>de</strong> nombreuses industries <strong>de</strong> niveau international<br />
telles que l'électronique, le textile, la pétrochimie, l'acier, l'automobile, le<br />
BTP et la construction navale.<br />
D’un pays proche <strong>de</strong> la faillite, la <strong>Corée</strong> s’est transformée en une nation<br />
créancière <strong>de</strong>venant la 4 e<br />
puissance mondiale<br />
détentrice <strong>de</strong> <strong>de</strong>vises<br />
étrangères avec 160 milliards<br />
<strong>de</strong> dollars. Malgré<br />
le ralentissement mondial<br />
général, la <strong>Corée</strong> affiche<br />
une croissance <strong>de</strong> 5 à 6 %.<br />
Le pays a fait <strong>de</strong> la<br />
technologie <strong>de</strong> l'information<br />
son moteur économique.<br />
Les établissements<br />
d'évaluation <strong>de</strong> crédit mondiaux, qui autrefois avaient rétrogradé la<br />
crédibilité <strong>de</strong> la <strong>Corée</strong> au niveau <strong>de</strong> non-investissement, ont rétabli le<br />
rang <strong>de</strong> la <strong>Corée</strong> au niveau A.<br />
Le gouvernement a mis en œuvre <strong>de</strong>s réformes radicales dans les quatre<br />
secteurs clefs <strong>de</strong> la finance, <strong>de</strong>s sociétés, du travail et du public.<br />
Convaincu que la réforme est un processus continu, les mesures <strong>de</strong><br />
réforme ont été institutionalisées grâce à <strong>de</strong> nouvelles lois.<br />
L'infrastructure <strong>de</strong> l'information, comme Internet, a été étendue à tout<br />
le pays, faisant <strong>de</strong> la <strong>Corée</strong> une nouvelle superpuissance dans le domaine<br />
<strong>de</strong> la technologie <strong>de</strong> l'information.<br />
La <strong>Corée</strong> continue d'améliorer l'environnement <strong>de</strong>s affaires afin <strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>venir un nouveau centre d'affaires <strong>de</strong> l'Asie du Nord-Est. Grâce à sa<br />
proximité avec la Chine, la région <strong>de</strong> l'Asie du Nord-Est est en voie <strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>venir un <strong>de</strong>s principaux pôles économiques. Bénéficiant <strong>de</strong> facteurs<br />
géopolitiques, la <strong>Corée</strong> emploie tous ses efforts pour <strong>de</strong>venir le centre<br />
logistique et financer <strong>de</strong> la région <strong>de</strong> l'Asie du Nord-Est.
15 _ Présentation
16 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />
Éducation<br />
Le système éducatif coréen comprend six années d'enseignement primaire,<br />
trois années <strong>de</strong> collège et trois années <strong>de</strong> lycée. L'Université offre<br />
ensuite <strong>de</strong>s formations supérieures <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ou quatre ans pouvant<br />
déboucher sur un doctorat. L'école primaire est obligatoire pour les<br />
enfants âgés <strong>de</strong> six à onze ans. Les neuf matières principales qui y sont<br />
enseignées sont : le coréen, l'anglais, les mathématiques, l'initiation<br />
économique et sociale, les sciences, l'éthique, l'éducation physique, la<br />
musique et les beaux-arts. Au collège, d'autres matières sont enseignées,<br />
comme l'anglais, et <strong>de</strong>s cours facultatifs peuvent être suivis dans <strong>de</strong>s<br />
domaines techniques ou à finalité professionnelle. Au sortir du collège,<br />
les élèves choisissent entre la poursuite d'un enseignement général et l'entrée<br />
dans un lycée professionnel. Quant à l'accès à l'Université, il est<br />
réputé difficile car la compétition est forte, rendant les années <strong>de</strong> lycée<br />
particulièrement éprouvantes.
Emploi du temps d'un collégien<br />
17 _ Présentation<br />
Nom: Yi Jeong-won Classe: 3-17<br />
Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi<br />
8:20<br />
-9:15<br />
Permannence<br />
1<br />
9:15<br />
-10:00<br />
Réunion<br />
avec le<br />
professeur<br />
principal<br />
<strong>Corée</strong>n<br />
Technologie<br />
-Économie<br />
domestique<br />
<strong>Corée</strong>n<br />
Éducation<br />
physique<br />
Anglais<br />
2<br />
10:10<br />
-10:55<br />
Maths Éthique Maths<br />
Technologie<br />
-Économie<br />
domestique<br />
Musique<br />
Sciences<br />
physiques<br />
3<br />
11:05<br />
-11:50<br />
<strong>Corée</strong>n<br />
Sciences<br />
physiques<br />
<strong>Corée</strong>n<br />
Histoire<br />
Initiation<br />
économique<br />
et sociale<br />
<strong>Corée</strong>n<br />
4<br />
12:00<br />
-12:45<br />
Éducation<br />
physique<br />
Anglais<br />
Éducation<br />
physique<br />
Sciences<br />
physiques<br />
Biologie<br />
12:45<br />
-1:30<br />
Déjeuner<br />
5<br />
12:45<br />
-1:30<br />
Anglais<br />
Technologie<br />
-Économie<br />
domestique<br />
Beaux-arts<br />
Anglais<br />
Caractères<br />
chinois<br />
6<br />
2:25<br />
-3:10<br />
Éthique<br />
Initiation<br />
économique<br />
et sociale<br />
Option Maths Maths<br />
7<br />
3:20<br />
-4:05<br />
Histoire<br />
Réunion<br />
avec le<br />
professeur<br />
principal<br />
Technologie<br />
-Économie<br />
domestique
18 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée
Histoire<br />
19 _ Histoire<br />
Selon la légen<strong>de</strong>, un <strong>de</strong>mi-dieu du nom <strong>de</strong> Dangun fonda sur la péninsule<br />
coréenne le royaume <strong>de</strong> Gojoseon, en 2333 av. J.-C., année que les<br />
<strong>Corée</strong>ns considèrent comme l'année <strong>de</strong> naissance <strong>de</strong> leur nation. Ainsi<br />
pendant plus <strong>de</strong> 4 000 ans, le peuple coréen s'est forgé <strong>de</strong>s traditions et<br />
<strong>de</strong>s valeurs qu'il essaie <strong>de</strong> préserver tout en s'adaptant aux évolutions du<br />
mon<strong>de</strong>. Si ce chapitre est trop court pour vous permettre d'apprécier à sa<br />
juste valeur toute la richesse du passé <strong>de</strong> la <strong>Corée</strong>, il vous permettra toutefois<br />
<strong>de</strong> connaître les gran<strong>de</strong>s étapes qui ont jalonné la construction <strong>de</strong> la<br />
nation coréenne.<br />
Origines du peuplement<br />
D'après les historiens, les premiers royaumes et les premières cités-<br />
États à s'être implantés sur la péninsule coréenne remontent à l'âge du<br />
bronze (1000-300 av. J.-C.). Parmi ces royaumes, celui fondé par Dangun<br />
<strong>de</strong>vint le plus puissant <strong>de</strong> tous et se développa jusqu'au début du IV e<br />
siècle av. J.-C.<br />
Devant cette montée en puissance <strong>de</strong> Gojoseon, la Chine, <strong>de</strong> plus en<br />
plus inquiète, envahit le royaume en 109 av. J.-C., une invasion menée<br />
par l'empereur Han Wuti qui se solda par l'anéantissement <strong>de</strong> Gojoseon<br />
l'année suivante. Afin d'administrer les territoires conquis, quatre comman<strong>de</strong>ries<br />
chinoises furent alors établies dans la moitié nord du pays.<br />
En l'espace d'un siècle, un nouveau royaume appelé Goguryeo (37 av.<br />
J.-C. – 668) se mit à prospérer dans cette même moitié nord. Nation <strong>de</strong><br />
guerriers, emmenée par <strong>de</strong>s rois aussi braves que belliqueux, à l'image <strong>de</strong><br />
Gwanggaeto (règne : 391-410), Goguryeo réussit à conquérir une à une<br />
toutes les tribus voisines et étendit progressivement son territoire. En 313,<br />
les soldats <strong>de</strong> Goguryeo chassèrent les <strong>de</strong>rniers Chinois encore en poste à<br />
la comman<strong>de</strong>rie <strong>de</strong> Nangnang (Lolang en chinois). Au faîte <strong>de</strong> sa puis-
20 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />
sance, Goguryeo s'étendait du sud <strong>de</strong> la<br />
péninsule aux confins <strong>de</strong> la Mandchourie.<br />
À la même époque, un autre royaume,<br />
Baekje (18 av. J.-C. – 660), se forma au<br />
sud du fleuve Han, aux environs <strong>de</strong><br />
l'actuelle capitale, Séoul. Plus pacifiques<br />
que leurs féroces voisins du nord, les gens<br />
<strong>de</strong> Baekje émigrèrent dans le sud <strong>de</strong> la<br />
péninsule pour éviter la menace que constituait<br />
Goguryeo. Au IV e<br />
siècle, Baekje<br />
était un État très évolué qui prospérait en<br />
commerçant avec ses voisins chinois et<br />
japonais. C'est par son intermédiaire que le<br />
bouddhisme, les caractères chinois et certaines<br />
institutions furent introduits au<br />
Japon (dont l'un <strong>de</strong>s princes eut même<br />
pour précepteur un lettré <strong>de</strong> Baekje<br />
nommé Wang In).<br />
En comparaison <strong>de</strong> Goguryeo et <strong>de</strong><br />
Baekje, le royaume <strong>de</strong> Silla (57 av. J.-C.<br />
Stèle funéraire du roi Gwanggaeto<br />
(règne : 391-413) : érigée en 414 à<br />
Tong-gou, à Jian, dans la province <strong>de</strong><br />
Jilin, dans le nord-est <strong>de</strong> la Chine,<br />
elle atteste <strong>de</strong> l'étendue du territoire<br />
<strong>de</strong> Goguryeo (37 av. J.-C.– 668).<br />
– 668) était à l'origine plus faible et moins développé. Dernier <strong>de</strong>s trois<br />
royaumes à s'imprégner <strong>de</strong>s croyances et <strong>de</strong>s idées venues <strong>de</strong> l'étranger, et<br />
notamment <strong>de</strong> Chine, sa société avait une structure <strong>de</strong> classes très<br />
marquée dans laquelle se distinguait l'ordre <strong>de</strong>s fameux hwarang (« les<br />
fleurs <strong>de</strong> la jeunesse ››).<br />
Bien que politiquement séparés, les trois royaumes – Goguryeo, Baekje<br />
et Silla – étaient proches d'un point <strong>de</strong> vue ethnique et linguistique.<br />
Chacun d'eux développa un système politique et judiciaire avancé, et<br />
adopta les préceptes confucéens ainsi que les croyances bouddhistes.<br />
Au milieu du VI e<br />
siècle, Silla, <strong>de</strong>venu puissant, conclut une alliance<br />
avec la dynastie chinoise <strong>de</strong>s Tang afin d'assujettir Goguryeo et Baekje,<br />
une entreprise qui s'acheva avec succès en 668. Rapi<strong>de</strong>ment cependant, la<br />
Chine <strong>de</strong>s Tang constitua une menace, et Silla dut affronter et chasser ses<br />
anciens alliés. Des rescapés <strong>de</strong> Goguryeo parvinrent à refouler les
<strong>de</strong>rniers Tang, basés en<br />
Mandchourie et dans le nord <strong>de</strong><br />
la péninsule, établirent le royaume<br />
<strong>de</strong> Balhae en 698. La<br />
suprématie <strong>de</strong> Silla fut finalement<br />
reconnue par les Chinois et<br />
la moitié sud <strong>de</strong> la péninsule se<br />
trouva unifiée pour la première<br />
fois.<br />
Silla unifié et Balhae<br />
Pendant <strong>de</strong>ux siècles et <strong>de</strong>mi,<br />
Silla connut la paix et la<br />
prospérité. N'ayant<br />
Tombes royales à Gyeongju, capitale <strong>de</strong> Silla<br />
(57 av. J.-C. – 935) (ci-<strong>de</strong>ssus)<br />
Encensoir en bronze, époque Baekje (ci-<strong>de</strong>ssous)<br />
plus à faire face ni aux conflits internes ni aux agressions<br />
extérieures, le pays s'épanouit rapi<strong>de</strong>ment dans les arts, la<br />
religion, le commerce, l'éducation et dans bien d'autres<br />
domaines encore. La capitale du royaume, actuellement<br />
Gyeongju, comptait plus d'un million d'habitants<br />
et s'enorgueillissait <strong>de</strong> ses magnifiques palais<br />
royaux et <strong>de</strong> ses temples bouddhiques.<br />
Le bouddhisme connut une expansion florissante<br />
grâce au soutien <strong>de</strong>s aristocrates et <strong>de</strong> la<br />
cour ; il exerça une influence considérable sur<br />
les affaires <strong>de</strong> l'État, la création artistique et les<br />
principes moraux. Parmi les plus remarquables<br />
monuments historiques <strong>de</strong> <strong>Corée</strong>, certains sont le<br />
fruit du génie inventif et <strong>de</strong> la ferveur religieuse <strong>de</strong>s<br />
artisans <strong>de</strong> cette époque. Le temple <strong>de</strong> Bulguk et<br />
la grotte <strong>de</strong> Seokguram, tous <strong>de</strong>ux situés dans<br />
les environs <strong>de</strong> Gyeongju, sont les exemples<br />
les plus représentatifs <strong>de</strong> l'art religieux <strong>de</strong> cette<br />
pério<strong>de</strong>.
22 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />
Kim Yu-sin<br />
(595-673)<br />
Au royaume <strong>de</strong> Silla, les jeunes hommes<br />
pleins <strong>de</strong> talents étaient recrutés pour entrer<br />
dans l'ordre <strong>de</strong>s hwarang (les fleurs <strong>de</strong> la<br />
jeunesse). Ils suivaient alors un enseignement<br />
à la fois spirituel (philosophie,<br />
littérature, éthique), militaire<br />
(équitation, maniement du<br />
sabre, tir à l'arc, stratégie) et<br />
artistique (poésie, peinture,<br />
musique, danse). Ils <strong>de</strong>vaient<br />
en outre suivre les cinq règles<br />
édictées par le moine bouddhiste<br />
Won-gwang : 1) être<br />
loyal envers le roi ; 2)<br />
respecter ses parents ; 3) être<br />
fidèle en amitié ; 4) ne jamais<br />
battre en retraite au cours<br />
d'une bataille ; 5) ne tuer qu'en cas <strong>de</strong><br />
nécessité. Le courage <strong>de</strong>s hwarang joua un<br />
rôle déterminant dans l'unification <strong>de</strong> la<br />
péninsule et parmi eux, l'un <strong>de</strong>s plus vaillants,<br />
Kim Yu-sin.<br />
Reconnu comme le plus grand général <strong>de</strong><br />
son époque, Kim Yu-sin remporta <strong>de</strong>s victoires<br />
spectaculaires qui permirent à Silla <strong>de</strong><br />
conquérir le pays. Né d'une famille d'aristocrates,<br />
Kim Yu-sin rêvait <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir un grand<br />
soldat et commença très jeune son apprentissage<br />
militaire. Il rejoignit les hwarang à<br />
l'âge <strong>de</strong> 15 ans et était déjà à 18 ans un<br />
expert dans l'art <strong>de</strong> manier le sabre. Il tomba<br />
amoureux d'une gisaeng (l'équivalent <strong>de</strong> la<br />
geisha japonaise) qui connut une fin tragique.<br />
Incapable <strong>de</strong> se consacrer pleinement<br />
à sa formation <strong>de</strong> hwarang, Kim Yu-sin<br />
rendait tous les soirs visite à sa bien-aimée.<br />
Sa mère eut connaissance <strong>de</strong> cette relation<br />
et le réprimanda si sévèrement qu'il décida<br />
<strong>de</strong> ne plus revoir la <strong>de</strong>moiselle et <strong>de</strong> se concentrer<br />
sur son apprentissage. Un jour,<br />
revenant d'une séance<br />
d'entraînement, Kim Yusin<br />
s'endormit sur son<br />
cheval. L'animal, habitué à<br />
se rendre à la maison <strong>de</strong> la<br />
gisaeng, emmena le cavalier<br />
chez elle. En se réveillant,<br />
Kim Yu-sin entra dans<br />
une colère noire et tua son<br />
cheval. Désespérée, la<br />
jeune femme se suicida et<br />
notre héros se retira dans<br />
les montagnes où il forgea son corps et son<br />
esprit, seul, pendant sept ans.<br />
Quand il revint à la civilisation, on remarqua<br />
tout <strong>de</strong> suite son adresse et il <strong>de</strong>vint<br />
rapi<strong>de</strong>ment un <strong>de</strong>s chefs militaires du royaume.<br />
Au moment <strong>de</strong> l'alliance entre Silla et<br />
les Tang, en 655, Kim Yu-sin était le général<br />
en chef <strong>de</strong>s armées <strong>de</strong> Silla. En 660, il fit<br />
tomber le royaume <strong>de</strong> Baekje avant <strong>de</strong><br />
défaire Goguryeo huit ans plus tard.<br />
Pour le remercier et le féliciter <strong>de</strong> ses brillants<br />
états <strong>de</strong> services, le roi récompensa<br />
Kim Yu-sin qui vécut confortablement<br />
jusqu'à l'âge <strong>de</strong> 78 ans.<br />
La puissance et la prospérité <strong>de</strong> Silla atteignirent leur apogée au milieu<br />
du VIII e siècle. Le royaume commença ensuite à s'affaiblir : les conflits au<br />
sein <strong>de</strong> l'aristocratie s'intensifièrent et <strong>de</strong>s chefs rebelles se proclamèrent<br />
les successeurs <strong>de</strong> Goguryeo et <strong>de</strong> Baekje. En 935, le roi céda le pouvoir<br />
à Wang Geon, le futur fondateur <strong>de</strong> la dynastie Goryeo.<br />
Le système politique <strong>de</strong> Balhae était semblable à celui en place chez les
Tang ; la capitale du royaume,<br />
Sanggyeong, fut également construite<br />
et organisée sur le modèle<br />
<strong>de</strong> Changan, la capitale chinoise.<br />
La culture même<br />
empruntait à Goguryeo et aux<br />
Tang. Quand le royaume <strong>de</strong><br />
Balhae fut conquis par les<br />
Khitan, au début du X e siècle, la<br />
classe dirigeante se réfugia dans<br />
un État nouvellement créé :<br />
Goryeo.<br />
23 _ Histoire<br />
Goryeo<br />
Le monarque fondateur <strong>de</strong><br />
Goryeo (918-1392), Wang<br />
Geon, était un général qui avait Pago<strong>de</strong> Dabotap du temple <strong>de</strong> Bulguk, époque Silla<br />
servi un prince rebelle <strong>de</strong> Silla.<br />
Il choisit Songdo, sa ville natale (<strong>de</strong>venue Gaeseong), comme capitale et<br />
lança une campagne <strong>de</strong> reconquête <strong>de</strong>s territoires perdus par Goguryeo en<br />
Mandchourie. C'est pour cette raison qu'il baptisa son royaume Goryeo,<br />
dont est dérivé le nom mo<strong>de</strong>rne <strong>Corée</strong>.<br />
Très tôt, la cour <strong>de</strong> Goryeo adopta le bouddhisme comme religion officielle.<br />
Son développement remarquable s'accompagna d'une prolifération<br />
<strong>de</strong> temples mais aussi <strong>de</strong> sculptures et <strong>de</strong> peintures à l'effigie du Bouddha.<br />
Cependant le pouvoir excessif <strong>de</strong>s moines suscita, durant les <strong>de</strong>rnières<br />
années du royaume, <strong>de</strong>s rivalités avec les confucianistes, rivalités auxquelles<br />
se greffèrent <strong>de</strong>s conflits entre lettrés et militaires. Cette situation<br />
entraîna un affaiblissement du royaume et les incursions mongoles qui<br />
débutèrent en 1231 eurent raison <strong>de</strong> Goryeo qui fut occupé pendant près<br />
d'un siècle.
24 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />
Geunjeongjeon, pavillon du trône du palais Gyeongbok<br />
Joseon<br />
Le confucianisme fut introduit en <strong>Corée</strong> au début <strong>de</strong> l'ère chrétienne,<br />
presque en même temps que l'arrivée <strong>de</strong>s premiers écrits chinois. Il fallut<br />
cependant attendre l'avènement <strong>de</strong> la dynastie Joseon (1392-1910) pour<br />
voir le confucianisme se développer et finir par dominer toute la société<br />
coréenne.<br />
En effet, Yi Seong-gye, le fondateur <strong>de</strong> Joseon, et ses successeurs<br />
luttèrent contre le bouddhisme et s'inspirèrent <strong>de</strong>s valeurs confucéennes<br />
pour restructurer la société et réorganiser l'État. En 1394, le siège du<br />
royaume <strong>de</strong>vint Hanyang, actuellement Séoul, ce qui fait d'elle aujourd'hui<br />
une <strong>de</strong>s plus anciennes capitales du mon<strong>de</strong>.<br />
Les dirigeants <strong>de</strong> Joseon gouvernèrent en s'appuyant sur un système<br />
politique sophistiqué et équilibré respectant à la lettre les valeurs confucéennes.<br />
Ceux qui aspiraient à <strong>de</strong>venir hauts fonctionnaires <strong>de</strong>vaient<br />
passer un examen d'État, le gwageo, au cours duquel était notamment<br />
testé leur connaissance <strong>de</strong>s classiques chinois.<br />
Le confucianisme régissait <strong>de</strong> façon très rigi<strong>de</strong> la structure et le fonctionnement<br />
<strong>de</strong> la société qui, dans son ensemble, accordait <strong>de</strong> l'importance<br />
au savoir et méprisait le commerce et l'artisanat. En haut <strong>de</strong>
Sejong le Grand<br />
(1397-1450)<br />
Au cours <strong>de</strong> l'histoire <strong>de</strong> la <strong>Corée</strong>, un seul<br />
souverain a pleinement mérité le surnom <strong>de</strong><br />
«Grand Roi››. C'était le quatrième monarque<br />
<strong>de</strong> la dynastie Joseon : le roi Sejong.<br />
Considéré comme le plus avisé et le plus<br />
sage <strong>de</strong> tous ceux ayant régné sur la péninsule,<br />
ses réalisations ont été inégalées et<br />
nul ne s'est montré aussi<br />
humaniste et inspiré que lui.<br />
Enfant, Sejong était calme,<br />
studieux et avait soif <strong>de</strong> connaissances.<br />
Il avait 21 ans<br />
lorsque son père, le roi<br />
Taejong, lui céda sa place sur<br />
le trône. Commença alors,<br />
dans les arts, la littérature et<br />
les sciences, l'âge d'or <strong>de</strong> la<br />
<strong>Corée</strong>.<br />
Il se fit le protecteur <strong>de</strong>s<br />
plus grands esprits <strong>de</strong> l'époque et créa dès<br />
le début <strong>de</strong> son règne un institut <strong>de</strong><br />
recherche : le Jiphyeonjeon. C'est là que les<br />
plus grands savants du pays se rassemblaient<br />
pour poursuivre leurs travaux et <strong>de</strong><br />
nombreuses inventions virent le jour grâce à<br />
une étroite collaboration entre le souverain<br />
et ces chercheurs.<br />
Le roi Sejong était un homme pragmatique<br />
qui s'intéressait <strong>de</strong> près aux affaires<br />
gouvernementales et désirait améliorer les<br />
conditions <strong>de</strong> vie <strong>de</strong> ses sujets. Pour ce<br />
faire, il réforma la fiscalité du pays et essaya<br />
constamment <strong>de</strong> perfectionner le fonctionnement<br />
du gouvernement. Pendant son<br />
règne, <strong>de</strong> nombreux progrès furent enregistrés<br />
dans presque tous les domaines :<br />
agriculture, astronomie, défense, diplomatie,<br />
géographie, arts, mé<strong>de</strong>cine,<br />
imprimerie...<br />
Mais le chef-d'œuvre du roi Sejong reste<br />
l'invention du hangeul, l'alphabet coréen.<br />
Conscient <strong>de</strong>s besoins du peuple d'un<br />
système d'écriture plus simple que l'utilisation<br />
<strong>de</strong>s caractères chinois, le souverain et<br />
ses conseillers mirent au point un alphabet<br />
facile à apprendre.<br />
Baptisé au départ hunminjeongeum –<br />
«sons exacts pour l'instruction<br />
du peuple›› – le hangeul<br />
comprenait à l'origine 28 lettres<br />
(24 <strong>de</strong> nos jours)<br />
<strong>de</strong>ssinées d'après la position<br />
<strong>de</strong>s organes phonatoires<br />
(bouche, langue, gorge) lors<br />
<strong>de</strong> l'émission <strong>de</strong>s sons. Cet<br />
alphabet est reconnu comme<br />
un <strong>de</strong>s plus astucieux du<br />
mon<strong>de</strong> et fait encore aujourd'hui<br />
la fierté <strong>de</strong>s <strong>Corée</strong>ns.<br />
Autres inventions importantes : le calendrier,<br />
le pluviomètre, l'anémomètre, le cadran<br />
solaire, l'horloge à eau, <strong>de</strong>s instruments<br />
pour observer les corps célestes, la carte<br />
astronomique, l'atlas, les caractères d'imprimerie...<br />
Grâce à ces réalisations et aux progrès<br />
effectués dans <strong>de</strong> nombreux domaines, le<br />
roi Sejong renforça la puissance du pays et<br />
lui apporta paix et prospérité. C'est également<br />
lui qui façonna la société et la culture<br />
coréennes telles qu'on peut les apprécier<br />
aujourd'hui. Son influence sur la politique,<br />
l'éthique, la littérature et les sciences – en<br />
particulier celles du langage –, fut<br />
considérable. Le roi Sejong mourut en 1450,<br />
après un règne glorieux <strong>de</strong> 32 ans.<br />
25 _ Histoire<br />
l'échelle sociale se trouvaient <strong>de</strong>s aristocrates érudits, les yangban, qui<br />
constituaient une classe dominant aussi bien le gouvernement, l'armée<br />
que le reste <strong>de</strong> la société. Venaient ensuite les jungin auxquels apparte-
26 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />
naient les hauts fonctionnaires, les mé<strong>de</strong>cins, les hommes <strong>de</strong> loi et les<br />
artistes. La classe la plus nombreuse était celle <strong>de</strong>s sangmin, <strong>de</strong>s roturiers :<br />
paysans, marchands et artisans. Enfin, au bas <strong>de</strong> l'échelle sociale, les<br />
cheonmin : serviteurs, domestiques et esclaves, considérés comme <strong>de</strong>s<br />
parias.<br />
Sous le règne du roi Sejong (règne : 1418-50), quatrième monarque <strong>de</strong><br />
la dynastie, la <strong>Corée</strong> connut un rayonnement culturel et artistique sans<br />
précé<strong>de</strong>nt. C'est à cette époque que fut créé l'alphabet coréen, le hangeul,<br />
et que <strong>de</strong> nombreuses inventions et d'idées nouvelles virent le jour dans<br />
les domaines <strong>de</strong> l'administration, <strong>de</strong> l'économie, <strong>de</strong>s sciences humaines,<br />
<strong>de</strong> la musique et <strong>de</strong> la mé<strong>de</strong>cine.<br />
À la fin du XVI e siècle, les Japonais et le seigneur <strong>de</strong> guerre Toyotomi<br />
Hi<strong>de</strong>yoshi, sur le point d'envahir la Chine, déferlèrent sur Joseon. Presque<br />
toute la péninsule fut dévastée et pillée. De nombreux trésors furent<br />
emmenés au Japon, ainsi que <strong>de</strong>s artisans, en particulier les potiers, grâce<br />
auxquels la céramique japonaise prit son essor.<br />
Des patriotes coréens opposèrent cependant une résistance farouche à<br />
l'envahisseur nippon, comme l'amiral Yi Sun-sin qui coupa les lignes <strong>de</strong><br />
ravitaillement ennemies au cours d'une bataille décisive. À la mort <strong>de</strong><br />
Hi<strong>de</strong>yoshi, les Japonais se retirèrent. La guerre prit fin en 1598, laissant<br />
un pays en ruine.<br />
En 1627 et 1636, ce fut au tour <strong>de</strong>s Mandchous d'envahir la péninsule.<br />
Ils eurent même plus tard raison <strong>de</strong>s Ming, en Chine, et y établirent la<br />
dynastie <strong>de</strong>s Ching (1644-1911). À la même époque, en <strong>Corée</strong>, le mouvement<br />
Silhak – «École <strong>de</strong>s sciences pratiques›› – vit le jour grâce aux plus<br />
libéraux <strong>de</strong>s lettrés officiels, désireux <strong>de</strong> construire un État mo<strong>de</strong>rne. Ils<br />
proposaient <strong>de</strong> réformer l'agriculture et les moyens <strong>de</strong> production du pays<br />
tout en réorganisant le système <strong>de</strong> partage <strong>de</strong>s terres. Malheureusement,<br />
ces individus éclairés avaient très peu <strong>de</strong> pouvoir : ils échouèrent dans<br />
leur tentative <strong>de</strong> diffuser leurs idées auprès du gouvernement conservateur.<br />
La <strong>Corée</strong> <strong>de</strong>meura alors un «royaume ermite››, imperméable à tout ce<br />
que pouvait proposer l'Occi<strong>de</strong>nt : les idées, la technologie, les relations<br />
diplomatiques et commerciales. Il en résulta une incapacité à faire face
L'amiral Yi Sun-sin<br />
(1545 ~ 1598)<br />
«Celui qui côtoie la mort vivra, celui qui<br />
cherche à vivre mourra.›› Yi Sun-sin.<br />
Yi Sun-sin restera comme un <strong>de</strong>s plus<br />
illustres amiraux <strong>de</strong> l'histoire <strong>de</strong> la marine. Il<br />
est même très probablement le plus grand<br />
héros <strong>de</strong> toute l'histoire <strong>de</strong> la <strong>Corée</strong>.<br />
Il s'engagea dans l'armée à l'âge <strong>de</strong> 31<br />
ans et fit montre d'aptitu<strong>de</strong>s remarquables<br />
dans un domaine qui allait plus tard le rendre<br />
célèbre : la stratégie.<br />
Après avoir été affecté à <strong>de</strong>s postes <strong>de</strong><br />
second ordre, il prit en 1591 le comman<strong>de</strong>ment<br />
<strong>de</strong> Jwasuyeong (actuellement Yeosu),<br />
dans la province du Jollanam-do. Yi Sun-sin<br />
organisa alors méthodiquement la défense<br />
<strong>de</strong> la région, apprêtant les arsenaux, construisant<br />
<strong>de</strong>s navires <strong>de</strong> guerre et entraînant<br />
les troupes. Il mit surtout au point le fameux<br />
geobukseon (bateau-tortue), un navire<br />
datant déjà du XV e siècle mais dont la<br />
vitesse et la puissance <strong>de</strong> feu furent nettement<br />
améliorées.<br />
Caractéristique principale du geobukseon<br />
: il était recouvert <strong>de</strong> plaques <strong>de</strong> métal<br />
hérissées <strong>de</strong> pics qui formaient comme une<br />
carapace et rendaient l'abordage <strong>de</strong>s ennemis<br />
particulièrement périlleux. La proue du<br />
navire représentait une tête <strong>de</strong> dragon dans<br />
laquelle étaient installés <strong>de</strong>s canons ainsi<br />
qu'un système crachant <strong>de</strong> la fumée, créant<br />
un écran protecteur qui dissimulait le<br />
bateau lors <strong>de</strong> ses déplacements. D'autres<br />
canons étaient placés tout autour du navire,<br />
ainsi que <strong>de</strong>s postes <strong>de</strong> tir pour les archers.<br />
En plus d'être rapi<strong>de</strong>, facilement<br />
manœuvrable et très difficile à accoster, le<br />
bateau-tortue, grâce à sa cuirasse,<br />
protégeait efficacement l'équipage <strong>de</strong>s<br />
flèches et <strong>de</strong>s balles <strong>de</strong><br />
mousquets adverses.<br />
Le quatrième mois<br />
lunaire <strong>de</strong> l'an<br />
1592, les<br />
Japonais<br />
envahirent<br />
la <strong>Corée</strong> et<br />
parvinrent<br />
rapi<strong>de</strong>ment<br />
aux portes<br />
<strong>de</strong> Séoul. Le roi et la cour furent obligés <strong>de</strong><br />
fuir. Pendant ce temps, dans le sud du pays,<br />
Yi Sun-sin et sa flotte s'engagèrent dans une<br />
série <strong>de</strong> batailles navales qui allait aboutir à<br />
la <strong>de</strong>struction <strong>de</strong> presque tous les bateaux<br />
japonais.<br />
Le 18 e jour du 11e mois lunaire, 500<br />
navires ennemis s'étaient regroupés dans le<br />
détroit <strong>de</strong> Noryang; ils s'apprêtaient à<br />
regagner le Japon quand ils furent attaqués<br />
par les <strong>Corée</strong>ns auxquels s'étaient jointe la<br />
flotte chinoise <strong>de</strong>s Ming. Au plus fort <strong>de</strong> la<br />
bataille, l'amiral Yi fut frappé par une balle<br />
ennemie. Il appela auprès <strong>de</strong> lui son fils et<br />
son neveu, qui servaient sous ses ordres, et<br />
leur dit : «Ne versez pas <strong>de</strong> larmes.<br />
N'annoncez pas ma mort. Faites raisonner<br />
tambours et trompettes. Brandissez vos drapeaux<br />
et avancez. Nous continuons à nous<br />
battre. Exterminez l'ennemi jusqu'au <strong>de</strong>rnier<br />
! ››. Ce jour-là, plus <strong>de</strong> 200 navires<br />
japonais sombrèrent dans les flots.<br />
Les <strong>Corée</strong>ns sont fiers <strong>de</strong> Yi Sun-sin non<br />
seulement parce que c'était un grand marin<br />
et un grand stratège, mais aussi parce que<br />
c'était un homme droit et d'une loyauté<br />
sans faille envers son pays. Il reçut après sa<br />
mort tous les honneurs et en 1643 le roi Injo<br />
lui donna le titre <strong>de</strong> Chungmugong :<br />
Seigneur <strong>de</strong> la loyauté.<br />
27 _ Histoire
28 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />
Geobukseon (bateau-tortue)<br />
aux changements <strong>de</strong> la fin du XIX e<br />
siècle et notamment à la montée du<br />
Japon – <strong>de</strong>venu une puissance<br />
industrielle en Asie – qui, après<br />
avoir vaincu la Chine, annexa la<br />
<strong>Corée</strong> en 1905 et en fit une colonie<br />
cinq ans plus tard, mettant ainsi fin<br />
à la dynastie Joseon.<br />
Le saviez-vous ?<br />
Yi Sun-sin était doté <strong>de</strong> multiples<br />
talents. C'était avant tout un militaire<br />
mais il appréciait beaucoup la<br />
littérature et faisait preuve <strong>de</strong><br />
beaucoup d'éloquence et <strong>de</strong> style,<br />
comme l'attestent ses carnets et<br />
ses sijo (poème).<br />
Sous le clair <strong>de</strong> lune<br />
embrassant l'île <strong>de</strong><br />
Hansan,<br />
je suis la vigie solitaire.<br />
J'étreins la lour<strong>de</strong> épée<br />
qui bat mon côté,<br />
mes pensées se per<strong>de</strong>nt.<br />
Venue <strong>de</strong> je ne sais où,<br />
la plainte d'une flûte<br />
me perce le cœur.
L'occupation japonaise<br />
et le Mouvement d'Indépendance<br />
Le gouvernement général japonais en place à Séoul s'attacha essentiellement<br />
au pillage économique du pays. De nombreux paysans et<br />
pêcheurs nippons émigrèrent en <strong>Corée</strong> où on leur céda <strong>de</strong>s terres, gratuitement<br />
ou à bas prix. Par ailleurs, <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s quantités <strong>de</strong> riz furent<br />
acheminées vers le Japon et les <strong>Corée</strong>ns firent face à une grave pénurie<br />
alimentaire. Leur condition <strong>de</strong> vie se détériora <strong>de</strong> façon dramatique, les<br />
obligeant à gagner la Mandchourie ou le Japon par centaines <strong>de</strong> milliers<br />
pour, finalement, vivre là-bas dans <strong>de</strong>s conditions tout aussi précaires.<br />
Le joug colonial japonais attisa cependant le nationalisme chez les<br />
<strong>Corée</strong>ns. Le 1 er mars 1919, trente-trois patriotes, signataires d'une déclaration<br />
d'indépendance, se rassemblèrent au Parc <strong>de</strong> la pago<strong>de</strong>, à Séoul,<br />
pour lire leur manifeste. S'ensuivit un mouvement anti-japonais qui<br />
toucha le pays tout entier mais fut durement réprimé par l'occupant,<br />
faisant <strong>de</strong>s milliers <strong>de</strong> victimes.<br />
29 _ Histoire<br />
En 1907, le Japon, exigeant l'abdication du roi Gojong (règne : 1863-1907), déploya en guise <strong>de</strong><br />
menace son artillerie sur le mont Nam, à Séoul. Le Japon colonisa la <strong>Corée</strong> en 1910.
30 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />
Le 1 er mars 1919 <strong>de</strong> nombreux <strong>Corée</strong>ns manifestèrent dans les<br />
rues du cenyre <strong>de</strong> Séoul contre l'occupation coloniale japonaise.<br />
Cet acte <strong>de</strong> résistance non-violente est désormais<br />
connu sous le nom <strong>de</strong> Mouvement <strong>de</strong> l'indépendance Samil.<br />
An Jung-geun (1879-1910), militant<br />
pour l'indépendance<br />
Ce mouvement d'indépendance, baptisé plus<br />
tard Samilundong (Mouvement du 1 er<br />
mars),<br />
allait faire date dans la lutte <strong>de</strong> la <strong>Corée</strong> pour<br />
son indépendance. Même s'il échoua dans sa<br />
tentative <strong>de</strong> renverser le gouvernement japonais,<br />
il renforça néanmoins le patriotisme et le<br />
sentiment d'i<strong>de</strong>ntité nationale <strong>de</strong>s <strong>Corée</strong>ns. Il<br />
entraîna également la création d'un gouvernement<br />
provisoire à Shanghaï et d'une lutte<br />
armée organisée contre le colonialisme japonais<br />
en Mandchourie.<br />
Le Japon mit par ailleurs en œuvre une politique<br />
d'assimilation <strong>de</strong>s <strong>Corée</strong>ns à sa culture.<br />
La langue japonaise fut enseignée dans les<br />
écoles et les <strong>Corée</strong>ns furent obligés d'adopter<br />
<strong>de</strong>s noms japonais. Malgré cela, ils réussirent<br />
à maintenir leur i<strong>de</strong>ntité. Pendant cette<br />
pério<strong>de</strong>, <strong>de</strong>s trésors nationaux furent comme<br />
jadis ramenés au Japon et n'ont toujours pas<br />
été restitués.<br />
Yu Gwan-sun (1902-1920),<br />
patriote<br />
Yun Bong-gil (1908-1932),<br />
militant pour l'indépendance
La fondation <strong>de</strong> la République<br />
Le 15 août 1945, le Japon se rendit sans condition aux Forces alliées,<br />
peu <strong>de</strong> temps après les bombar<strong>de</strong>ments d'Hiroshima et <strong>de</strong> Nagasaki. La<br />
<strong>Corée</strong> fut enfin libérée et retrouva son indépendance après 35 ans <strong>de</strong><br />
colonisation. Le peuple était en liesse, mais cette joie fut <strong>de</strong> courte durée.<br />
Les divergences idéologiques entre l'URSS, et les États-Unis tournèrent<br />
en effet à la confrontation. Suite à l'accord trouvé lors <strong>de</strong> la Conférence <strong>de</strong><br />
Potsdam en juillet 1945, les forces soviétiques occupèrent finalement le<br />
nord <strong>de</strong> la péninsule et les troupes américaines s'établirent au sud.<br />
Le 10 mai 1948, <strong>de</strong>s élections générales eurent lieu au Sud et le 15<br />
août naquit la Daehanminguk – la République <strong>de</strong> <strong>Corée</strong> – dont le premier<br />
prési<strong>de</strong>nt fut Syng-man Rhee. Au même moment un régime communiste<br />
s'établissait au Nord avec à sa tête un homme jouissant <strong>de</strong> tous les pouvoirs<br />
: Kim Il-sung. Le 9 septembre 1948 naissait la Joseon Minjujuui<br />
Inmin Gongwhaguk – la République populaire démocratique <strong>de</strong> <strong>Corée</strong> –<br />
avec pour capitale Pyeongyang.<br />
Le 25 juin 1950, la <strong>Corée</strong> du Nord lança une offensive contre le Sud.<br />
Après plusieurs succès, les troupes nord-coréennes furent finalement<br />
repoussées jusqu'au fleuve Yalu par les forces <strong>de</strong>s Nations Unies. C'est alors<br />
que la Chine intervint dans le conflit et la ligne <strong>de</strong>s combats se stabilisa au<br />
niveau du 38 e parallèle. Un accord d'armistice fut signé le 27 juillet 1953.<br />
Pendant ces trois ans <strong>de</strong> guerre, le pays tout entier fut dévasté et ruiné. Des<br />
millions <strong>de</strong> personnes se retrouvèrent sans abri et séparées <strong>de</strong> leurs familles.<br />
Plus grave encore, le conflit fratrici<strong>de</strong> accentua la division entre le Nord et le<br />
Sud et provoqua <strong>de</strong>s blessures qui ne se sont toujours pas cicatrisées.<br />
Au len<strong>de</strong>main <strong>de</strong> la guerre, la <strong>Corée</strong> du Sud dut faire face à <strong>de</strong> nombreux<br />
problèmes. Le régime <strong>de</strong> Syng-man Rhee <strong>de</strong>vint <strong>de</strong> plus en plus<br />
autoritaire. À la fin <strong>de</strong>s années 1950, lui seul dominait la scène politique<br />
sud-coréenne. Des manifestations éclatèrent et le 19 avril 1960, <strong>de</strong>s<br />
étudiants conduisirent un mouvement baptisé plus tard «Révolution<br />
Sailgu (19 avril)›› qui entraîna la <strong>de</strong>stitution <strong>de</strong> Syng-man Rhee.<br />
La Constitution fut amendée. En août 1960, Yun Po-sun <strong>de</strong>vint le premier<br />
prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la II e République et Chang Myon son premier ministre.<br />
31 _ Histoire
32 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />
Une accession au pouvoir<br />
<strong>de</strong> courte durée, puisque<br />
le 16 mai 1961 un coup<br />
d'État dirigé par le<br />
général Park Chung-hee<br />
renversa le gouvernement.<br />
C'est sous la III e<br />
République, conduite par<br />
Park Chung-hee luimême,<br />
que le pays allait<br />
enfin connaître son essor<br />
économique.<br />
En 1972, le chef <strong>de</strong><br />
l'État procéda à une<br />
révision <strong>de</strong> la Constitution :<br />
la Constitution Yusin<br />
(Réformes revitalisantes),<br />
approuvée par référedum,<br />
donna naissance à la IV e<br />
République et attribua les<br />
Soldats coréens reprenant Séoul en septembre 1950<br />
pleins pouvoirs à Park<br />
Chung-hee. La radicalisation du régime, les manifestations et la répression<br />
rendirent le prési<strong>de</strong>nt très impopulaire. Il mourut assassiné le 26<br />
octobre 1979. Le premier ministre Choi Kyu-hah prit alors ses fonctions.<br />
Sa prési<strong>de</strong>nce fut brève : le 12 décembre 1979, le général Chun Doohwan<br />
accéda au pouvoir et fut élu prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la République le 27 août<br />
1980.<br />
L'autoritarisme dont fit preuve le nouveau dirigeant <strong>de</strong> la <strong>Corée</strong> du Sud<br />
donna notamment naissance, à Gwangju, au Mouvement pour la démocratisation.<br />
Pour rétablir le calme, l'armée fut envoyée contre les manifestants.<br />
La brutalité <strong>de</strong> la répression marqua profondément les esprits. Au<br />
milieu <strong>de</strong>s années 1980, <strong>de</strong>s étudiants, <strong>de</strong>s ouvriers et <strong>de</strong>s opposants politiques<br />
<strong>de</strong>scendirent dans la rue pour fustiger le régime <strong>de</strong> Chun Doo-
hwan. Leurs appels pour <strong>de</strong>s élections prési<strong>de</strong>ntielles directes et pour la<br />
démocratie ne pouvaient plus longtemps être ignorés.<br />
Le 29 juin 1987, une révision constitutionnelle permit que se tiennent<br />
les premières élections prési<strong>de</strong>ntielles directes <strong>de</strong>puis 16 ans. Des dissensions<br />
dans l'opposition provoquèrent son éclatement et Roh Tae-woo, le<br />
chef du Parti démocrate pour la justice, au pouvoir, fut élu à la tête <strong>de</strong> la<br />
VI e République.<br />
Le nouveau prési<strong>de</strong>nt prit alors <strong>de</strong>s mesures pour mettre en place un<br />
gouvernement moins autoritaire. Du 17 septembre au 2 octobre 1988,<br />
furent organisés à Séoul les XXIV es<br />
Jeux olympiques, <strong>de</strong>s jeux dont le<br />
succès permit à la République <strong>de</strong> <strong>Corée</strong> <strong>de</strong> faire une entrée remarquée sur<br />
la scène internationale.<br />
Le 25 février 1993, Kim Young-sam prit officiellement ses fonctions<br />
en tant que premier prési<strong>de</strong>nt civil <strong>de</strong>puis 30 ans.<br />
Élu en décembre 1997, Kim Dae-jung inaugura son administration le<br />
25 février 1998. L'établissement <strong>de</strong> son «gouvernement pour le peuple››<br />
marqua le premier accès pacifique au pouvoir d'un parti d'opposition<br />
<strong>de</strong>puis la Libération.<br />
Depuis son arrivée au pouvoir, l'administration du prési<strong>de</strong>nt Kim Daejung<br />
a tenté d'engager la <strong>Corée</strong> du Nord dans une politique dite d'ensoleillement.<br />
En accord avec cette démarche, le prési<strong>de</strong>nt Kim a pu rencontrer<br />
à Pyongyang, du 13 au 15 juin 2000, le lea<strong>de</strong>r nord-coréen Kim<br />
Jong-il, dans le cadre d'un sommet intercoréen sans précé<strong>de</strong>nt.<br />
Le gouvernement <strong>de</strong> Roh Moo-hyun, ou le « gouvernement direct », a<br />
démarré le 25 février 2003. L'administration <strong>de</strong> Roh, la 16 e <strong>de</strong> l'histoire<br />
<strong>de</strong> la République <strong>de</strong> <strong>Corée</strong>, s'est fixée trois objectifs : « la démocratie<br />
avec le peuple », « le développement d'une société équilibrée », et « l'ère<br />
<strong>de</strong> paix et <strong>de</strong> prospérité en Asie du Nord-Est ». Elle a aussi établi quatre<br />
principes fondamentaux : « principes et confiance », « équité et transparence<br />
», « dialogue et compromis » et « décentralisation et atonomie ».<br />
33 _ Histoire
34 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée
La culture<br />
35 _ La culture<br />
Tout au long <strong>de</strong>s milliers d'années <strong>de</strong> son histoire, la <strong>Corée</strong> a développé<br />
<strong>de</strong> nombreuses formes d'expressions culturelles et artistiques. Elle a <strong>de</strong><br />
plus marié les influences étrangères et plus spécialement chinoises aux<br />
éléments nationaux, créant ainsi un ensemble unique <strong>de</strong> croyances et<br />
d'aspirations, à travers la littérature et l'artisanat. Aux époques mo<strong>de</strong>rnes,<br />
les influences occi<strong>de</strong>ntales ont également été incorporées, ce qui est à l'origine<br />
d'un mélange saisissant d'ancien et <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rne, <strong>de</strong> contrastes et <strong>de</strong><br />
juxtapositions, qui constituent toute la richesse <strong>de</strong> la vie coréenne.<br />
L'artisanat<br />
Parmi les créations artistiques coréennes ayant survécu au temps, beaucoup<br />
sont le reflet du quotidien <strong>de</strong>s <strong>Corée</strong>ns qui peuplaient jadis la péninsule<br />
et témoignent du talent <strong>de</strong>s artisans d'alors. De nos jours, certaines<br />
créations artisanales sont encore réalisées selon les normes traditionnelles<br />
d'antan et sont fabriquées avec la même application et la même<br />
passion. Grâce à la qualité <strong>de</strong> leur confection et à l'élégance <strong>de</strong> leurs<br />
lignes, les produits artisanaux coréens sont aujourd'hui très prisés et ceux<br />
ayant une certaine ancienneté ont une grâce et une valeur immenses.<br />
Le travail du bois et le laquage coréens sont très réputés. Il est à noter<br />
que les meubles doivent certaines <strong>de</strong> leurs qualités esthétiques à l'organisation<br />
<strong>de</strong> l'habitat traditionnel. En effet, les <strong>Corée</strong>ns avaient l'habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
s'asseoir et <strong>de</strong> dormir par terre (et continuent <strong>de</strong> le faire pour la majeure<br />
partie d'entre eux) et la fabrication <strong>de</strong>s meubles <strong>de</strong>vait donc suivre <strong>de</strong>s<br />
règles très strictes afin d'économiser l'espace. Les meilleures essences<br />
étaient utilisées, même si les meubles à confectionner étaient purement<br />
fonctionnels. Les différentes pièces <strong>de</strong> bois intervenant dans la fabrica-
36 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />
tion étaient le plus souvent emboîtées ou<br />
chevillées : on évitait au maximum l'utilisation<br />
<strong>de</strong> la colle ou <strong>de</strong>s pointes. De<br />
même, la peinture était rarement utilisée<br />
pour la finition : on enduisait <strong>de</strong><br />
préférence le bois d'huile ou <strong>de</strong> laque<br />
transparente.<br />
Les ouvrages en bois façonnés sous la<br />
dynastie Joseon (1392-1910) étaient<br />
aussi bien <strong>de</strong>s armoires, <strong>de</strong>s coffres, <strong>de</strong>s<br />
tables, <strong>de</strong>s bibliothèques et <strong>de</strong>s buffets<br />
que les objets moins volumineux utilisés<br />
dans la vie quotidienne. Les pièces <strong>de</strong><br />
métal qui ornaient les meubles, comme<br />
Couronne d'or, pério<strong>de</strong> Silla : trésor national n 87<br />
les charnières et les ca<strong>de</strong>nas,<br />
étaient en bronze<br />
blanc, à forte teneur en<br />
étain, en bronze ordinaire,<br />
en cuivre ou en fer .<br />
La plus remarquable <strong>de</strong>s<br />
décorations <strong>de</strong> meubles<br />
procédait <strong>de</strong> la technique<br />
d'incrustation <strong>de</strong> la nacre,<br />
une maîtrise que les<br />
<strong>Corée</strong>ns possè<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>puis<br />
l'époque Silla (57 av. J.-C. –<br />
668). Pour ce faire, <strong>de</strong><br />
minuscules coquilles <strong>de</strong><br />
nacre sont d'abord ciselées<br />
avant d'être disposées et<br />
collées sur le bois. Lorsque<br />
le motif désiré est obtenu, on
passe le meuble à la laque noire ou rouge,<br />
en prenant soin <strong>de</strong> ne pas tacher les<br />
morceaux <strong>de</strong> nacre incrustés. Cette technique<br />
a connu son <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> perfection<br />
pendant la pério<strong>de</strong> Goryeo (918-1392).<br />
Sous Joseon, les <strong>de</strong>ssins sont <strong>de</strong>venus<br />
moins délicats et plus réalistes.<br />
Autre activité artisanale millénaire en<br />
<strong>Corée</strong> : le travail du métal. Les objets en<br />
or, en argent, en bronze et en fer datant<br />
<strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong>s Trois Royaumes<br />
témoignent <strong>de</strong> l'habileté <strong>de</strong>s orfèvres <strong>de</strong><br />
l'époque. C'est en fait sous Silla unifié<br />
(668-935) que les plus beaux bijoux ont<br />
37 _ La culture<br />
Animaux symboles <strong>de</strong> longévité :<br />
détails d'un coffre (ci-<strong>de</strong>ssus)<br />
Le saviez-vous ?<br />
L'imprimerie coréenne a<br />
une longue et prestigieuse<br />
histoire.<br />
Les caractères d'imprimerie<br />
mobiles en métal<br />
furent en effet utilisés en<br />
<strong>Corée</strong> dès 1234, soit plus<br />
<strong>de</strong> 200 ans avant la parution<br />
<strong>de</strong> la Bible <strong>de</strong><br />
Gutenberg.<br />
Le plus ancien texte<br />
imprimé faisant appel à<br />
cette technique est une<br />
collection <strong>de</strong> sermons du<br />
bouddhisme zen datant<br />
<strong>de</strong> 1377 (Goryeo). Un<br />
exemplaire est actuellement<br />
conservé à la<br />
Bibliothèque nationale <strong>de</strong><br />
Paris.
38 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />
La cloche Emille, la plus gran<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>Corée</strong>, date <strong>de</strong> la fin du VIII e<br />
siècle<br />
été confectionnés.<br />
Boucles d'oreilles et<br />
bracelets étaient travaillés<br />
à partir d'un<br />
métal précieux (or,<br />
argent...) avant d'être<br />
revêtus <strong>de</strong> filigrane ;<br />
le procédé <strong>de</strong> granulation<br />
aussi était<br />
connu. Même les<br />
ceintures pouvaient<br />
être entièrement en or<br />
et décorées <strong>de</strong> petits<br />
pendants <strong>de</strong> ja<strong>de</strong> en<br />
forme <strong>de</strong> virgule<br />
oscillant gracieusement<br />
à chaque mouvement<br />
du corps.<br />
Avec l'introduction<br />
du bouddhisme, <strong>de</strong><br />
nouveaux objets,<br />
principalement en<br />
bronze, firent leur<br />
apparition durant la pério<strong>de</strong> Silla : gongs, encensoirs et autres instruments<br />
pour le culte, notamment les urnes funéraires <strong>de</strong>stinées à recueillir<br />
les cendres <strong>de</strong>s moines incinérés ; ces urnes, qui servaient donc <strong>de</strong><br />
châsse, avaient souvent la forme <strong>de</strong> pago<strong>de</strong>s.<br />
De nombreuses cloches <strong>de</strong> bronze furent produites, dont la plupart<br />
étaient <strong>de</strong> belle taille. Les plus petites ne mesuraient que 30 cm mais certaines<br />
faisaient plusieurs mètres <strong>de</strong> hauteur. En les faisant sonner à l'ai<strong>de</strong><br />
d'une pièce <strong>de</strong> bois accrochée au plafond par une chaîne, elles rendaient<br />
un son à la fois long et pénétrant. Unique par leur forme, leur <strong>de</strong>ssin et<br />
leur sonorité, ces cloches expriment l'essence <strong>de</strong> l'art coréen <strong>de</strong> la<br />
fon<strong>de</strong>rie. Une légen<strong>de</strong> raconte que la cloche Emille, haute <strong>de</strong> trois
Le hanbok<br />
(habit traditionnel coréen)<br />
Il constitue finalement pour les étrangers le<br />
témoignage le plus vivant et le plus accessible<br />
<strong>de</strong> la tradition coréenne : on peut même en voir<br />
dans les vitrines <strong>de</strong> certains magasins parisiens<br />
! Le hanbok peut être confectionné à partir <strong>de</strong><br />
différents matériaux et présenter <strong>de</strong>s couleurs<br />
variées, selon l'âge <strong>de</strong> la personne qui le porte<br />
et selon le type <strong>de</strong> cérémonie auquel elle<br />
assiste.<br />
Les jeunes filles portent <strong>de</strong>s jupes (chima)<br />
rouge vif et <strong>de</strong>s vestes (jeogori) jaunes aux<br />
manches multicolores, vestes qu'elles<br />
porteront vertes une fois mariées. Les femmes<br />
plus âgées sont en revanche plus libres quant<br />
au choix du matériau et <strong>de</strong>s couleurs ; leur hanbok<br />
est en général orné <strong>de</strong> brocart pour les<br />
gran<strong>de</strong>s occasions. Qu'on soit homme ou<br />
femme, le hanbok porté l'hiver est en soie<br />
épaisse ou en satin, alors que celui que l'on<br />
met pendant les saisons chau<strong>de</strong>s est taillé dans<br />
une soie plus légère.<br />
Influencés par les Chinois <strong>de</strong> la dynastie<br />
Tang, les aristocrates coréens portaient <strong>de</strong>s<br />
pantalons bouffants et <strong>de</strong>s vestes fermées par<br />
<strong>de</strong>s cordons. Leurs femmes, elles, jusqu'à la fin<br />
<strong>de</strong>s Trois Royaumes, mettaient <strong>de</strong> longues<br />
jupes et <strong>de</strong>s vestes amples leur tombant sur les<br />
hanches. Plus tard, sous l'influence <strong>de</strong>s<br />
Mongols, elles portèrent <strong>de</strong>s vestes plus courtes<br />
et <strong>de</strong>s jupes, toujours aussi longues,<br />
remontant très haut au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> la taille. Aux<br />
alentours du XV e siècle, la jupe se portait<br />
encore plus haut, jusque sous les bras, et la<br />
veste fut <strong>de</strong> nouveau raccourcie pour donner à<br />
peu près l'apparence définitive du hanbok.<br />
La beauté du hanbok <strong>de</strong> la femme se juge<br />
d'après ses courbes, notamment celles <strong>de</strong>s<br />
manches, et la forme du col blanc.<br />
L'habit traditionnel coréen n'est pas complet<br />
sans les accessoires. Les dames <strong>de</strong> l'aristocratie<br />
<strong>de</strong> Joseon passaient <strong>de</strong>s centaines<br />
d'heures à bro<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s rubans pour leur coiffure,<br />
<strong>de</strong>s bourses en soie (bokjumeoni) – pour<br />
elles ou leurs maris – ou encore <strong>de</strong>s norigae.<br />
Les norigae sont <strong>de</strong>s ornements que les<br />
femmes accrochaient au ruban d'attache <strong>de</strong><br />
leur veste. Le corps du norigae pouvait être un<br />
bijou (métal précieux, pierre fine...) ou un petit<br />
couteau ; il était attaché à <strong>de</strong>s franges multicolores<br />
et surmonté d'une boucle.<br />
Les accessoires <strong>de</strong>s hommes <strong>de</strong> la noblesse<br />
était essentiellement le gat – chapeau noir en<br />
crin <strong>de</strong> cheval porté du commencement <strong>de</strong> la<br />
pério<strong>de</strong> Silla jusqu'au début <strong>de</strong> ce siècle – et la<br />
cor<strong>de</strong> <strong>de</strong> soie qui leur ceignait la taille. De nos<br />
jours, excepté à l'occasion <strong>de</strong> certaines<br />
cérémonies, les hommes ne portent plus ces<br />
accessoires avec leur hanbok.<br />
En fait, les citadins ne revêtent plus l'habit<br />
traditionnel qu'à l'occasion <strong>de</strong>s mariages, du<br />
Nouvel An lunaire et <strong>de</strong> certains anniversaires.<br />
Il reste toutefois possible <strong>de</strong> voir dans la rue<br />
ou le métro <strong>de</strong>s personnes âgées en hanbok.<br />
On observerait même, grâce à certains<br />
créateurs, à un regain <strong>de</strong> faveur <strong>de</strong> cet habit<br />
traditionnel : les hommes en particulier<br />
apprécient les hanbok mo<strong>de</strong>rnes, plus confortables<br />
et plus faciles à entretenir.<br />
39 _ La culture
40 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée
mètres, qui fut fondue en 771 et dont le son peut être entendu à plus <strong>de</strong><br />
soixante kilomètres par une nuit claire, tire la beauté <strong>de</strong> sa tonalité du cri<br />
d'un bébé sacrifié qui fut précipité dans la fonte au moment <strong>de</strong> la fabrication.<br />
De nombreuses techniques artisanales continuent d'être pratiquées et<br />
transmises aux nouvelles générations, spécialement par l'intermédiaire<br />
<strong>de</strong>s trésors culturels humains, dont l'adresse est très appréciée par les<br />
institutions culturelles du gouvernement coréen qui les encouragent et les<br />
soutiennent, les considérant comme <strong>de</strong>s éléments importants du patrimoine<br />
national. Même si certaines techniques ne sont plus guère essentielles<br />
à la vie quotidienne contemporaine, nombreuses sont celles qui<br />
sont pourtant toujours pratiquées et qui influencent le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s<br />
<strong>Corée</strong>ns d'aujourd'hui.<br />
41 _ La culture<br />
La céramique<br />
La <strong>Corée</strong> a été remarquée<br />
<strong>de</strong>puis longtemps dans le<br />
mon<strong>de</strong> entier pour la<br />
qualité <strong>de</strong> sa céramique,<br />
laquelle peut être<br />
considérée comme l'une <strong>de</strong>s<br />
formes artistiques les plus<br />
achevées. Il semble que<br />
<strong>de</strong>puis que les <strong>Corée</strong>ns ont<br />
peuplé la péninsule, ils se<br />
sont intéressés à la poterie.<br />
Après la réunification <strong>de</strong> la<br />
péninsule par Silla, en 668,<br />
les artisans commençèrent<br />
à couvrir leurs pièces, principalement<br />
avec <strong>de</strong>s<br />
glaçures aux tons jaunes et<br />
verts. Ces objets – urnes<br />
Céladon <strong>de</strong> Goryeo avec motifs incrustés (XII e siècle)
42 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />
funéraires, bols, tasses et<br />
pots – étaient parfois<br />
décorés <strong>de</strong> motifs estampés<br />
ou encore <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssins<br />
réalisés à l'encre. Même les<br />
tuiles <strong>de</strong>s toits étaient<br />
décorées. C'est au cours <strong>de</strong><br />
cette pério<strong>de</strong> que les<br />
glaçures <strong>de</strong> type céladon,<br />
pour lequelle la <strong>Corée</strong> reste<br />
si fameuse, commença à se<br />
développer.<br />
Le céladon est le nom<br />
donné à une glaçure claire<br />
et délicate, dans les tons<br />
bleu-vert, qui fut affinée et<br />
développée jusqu'à<br />
l'époque Goryeo, pério<strong>de</strong><br />
où il prit ses formes les<br />
Des poteries buncheong<br />
plus parfaites. Les objets<br />
en céladon les plus courants sont <strong>de</strong> la vaisselle, <strong>de</strong>s tasses, <strong>de</strong>s vases,<br />
<strong>de</strong>s bols, <strong>de</strong>s cruches et <strong>de</strong> petits récipients contenant l'eau que l'on<br />
ajoutte à l'encre pour la calligraphie. Des techniques très variées furent<br />
pratiquées pour décorer ces pièces, dont l'incrustation, métho<strong>de</strong> qui se<br />
développa au XII e siècle.<br />
D'autres techniques furent mises au<br />
point, tels les motifs gravés dans l'argile,<br />
les incrustations inversées, les pièces<br />
entièrement recouvertes d'argile <strong>de</strong><br />
différentes couleurs, principalement<br />
blanche, qui étaient ensuite gravées.<br />
Certaines étaient décorées <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssins<br />
réalisés à l'oxy<strong>de</strong> <strong>de</strong> fer en sous-glaçure,<br />
qui <strong>de</strong>venaient noirs au moment <strong>de</strong> la cuis-<br />
Le saviez-vous ?<br />
En 1994, au cours d'une vente<br />
aux enchères chez Christie's,<br />
la plus ancienne salle <strong>de</strong>s<br />
ventes du mon<strong>de</strong>, un plat<br />
datant <strong>de</strong> l'époque Joseon fut<br />
attribué pour la somme <strong>de</strong><br />
3,08 millions <strong>de</strong> dollars.<br />
C'était la première fois qu'une<br />
céramique coréenne<br />
atteignait un tel prix.
son, ou encore <strong>de</strong> motifs à l'oxy<strong>de</strong> <strong>de</strong> cuivre qui <strong>de</strong>venaient ensuite<br />
rouges, bruns ou verts.<br />
Les céladons, qui avaient été si populaires à l'époque Goryeo, furent<br />
remplacés peu à peu pendant la pério<strong>de</strong> Joseon par les buncheong et la<br />
porcelaine blanche.<br />
Contrastant avec l'élégance et la délicatesse <strong>de</strong> l'ornementation <strong>de</strong>s<br />
céladons, les buncheong, décorés <strong>de</strong> coups <strong>de</strong> pinceaux libres avec <strong>de</strong><br />
l'engobe (argile liqui<strong>de</strong>) blanc, offrent un charme plus libre et bien plus<br />
spontané. Ils étaient agrémentés <strong>de</strong> motifs par estampage ou <strong>de</strong> gravures,<br />
et certains étaient peints avec une glaçure à l'oxy<strong>de</strong> <strong>de</strong> fer. Les Japonais<br />
aimaient tellement ces buncheong qu'ils emmenèrent <strong>de</strong> force chez eux<br />
après l'invasion du XVI e siècle les potiers coréens, afin qu'ils poursuivent<br />
leur travail au Japon.<br />
Plus tard, les céramistes coréens commencèrent à décorer la porcelaine<br />
blanche avec <strong>de</strong>s glaçures d'oxy<strong>de</strong> <strong>de</strong> fer ou <strong>de</strong> cuivre. La technique du<br />
XV e siècle par laquelle les pièces étaient peintes avec du bleu <strong>de</strong> cobalt<br />
fut développée et obtint un grand succès. Ces céramiques bleues et<br />
blanches, sous la forme <strong>de</strong> pots, <strong>de</strong> bols,<br />
<strong>de</strong> vaisselle, <strong>de</strong> portes pinceaux ou <strong>de</strong><br />
récipients à eau, développèrent <strong>de</strong>s<br />
motifs clairs et frais.<br />
De nos jours, l'art <strong>de</strong> la céramique est<br />
toujours développé en <strong>Corée</strong> par <strong>de</strong><br />
jeunes artistes, lesquels exposent et<br />
ven<strong>de</strong>nt leurs œuvres dans <strong>de</strong>s galeries<br />
et <strong>de</strong>s boutiques, comme le font les<br />
autres créateurs.<br />
43 _ La culture<br />
Calligraphie : l'art <strong>de</strong>s lettrés<br />
Écrire sur du papier avec un stylo ou<br />
un crayon, comme on le fait chaque jour,<br />
ne <strong>de</strong>man<strong>de</strong> pas vraiment d'efforts. Du
44 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />
moment que notre écriture<br />
est lisible, nous ne nous<br />
soucions guère <strong>de</strong> l'apparence<br />
<strong>de</strong>s lettres que nous<br />
formons. L'art coréen <strong>de</strong> la<br />
calligraphie est quant à lui<br />
extrêmement exigeant :<br />
même les calligraphes qui<br />
écrivaient jadis en<br />
caractères gothiques ou<br />
cyrilliques n'étaient pas<br />
astreints à une discipline<br />
aussi sévère.<br />
Traditionnellement, les<br />
caractères utilisés dans la<br />
calligraphie en <strong>Corée</strong> tout<br />
autant qu'au Japon sont les<br />
caractères chinois, la seule<br />
forme d'écriture en Asie <strong>de</strong><br />
l'Est pendant <strong>de</strong>s milliers d'années. Malgré l'invention du hangeul, l'alphabet<br />
coréen, en 1446, le chinois <strong>de</strong>meura la langue officielle écrite<br />
jusqu'au XIX e siècle. Or, le chinois utilisant <strong>de</strong>s milliers <strong>de</strong> caractères se<br />
combinant les uns les autres, écrire et parler cette langue n'était pas possible<br />
pour tout le mon<strong>de</strong>. La connaissance du chinois était en fait le privilège<br />
<strong>de</strong>s aristocrates et, sous Joseon, l'art <strong>de</strong> la calligraphie <strong>de</strong>vint un art<br />
noble essentiellement pratiqué par les lettrés. On évaluait leur niveau<br />
d'éducation, leur spiritualité et leur personnalité à la qualité <strong>de</strong>s signes<br />
qu'ils traçaient.<br />
Pour pratiquer le butgeulssi, écriture au pinceau, il faut disposer <strong>de</strong> ce<br />
qu'on appelle les « Quatre amis du lettré ›› : l'encre, la pierre à encre, le<br />
pinceau et le papier. Tous les quatre doivent être <strong>de</strong> qualité irréprochable.<br />
L'encre se présente sous forme <strong>de</strong> bâtonnets soli<strong>de</strong>s, mélange <strong>de</strong> carbone<br />
et <strong>de</strong> colle. La pierre à encre est taillée dans une roche à grain très fin,<br />
souvent <strong>de</strong> couleur bleue, légèrement creuse, dans laquelle on verse<br />
quelques gouttes d'eau pour la dilution <strong>de</strong>s particules d'encre obtenues en
frottant les bâtonnets sur la pierre.<br />
Tout l'art du butgeulssi est <strong>de</strong> parvenir à tracer <strong>de</strong>s signes parfaits, bien<br />
disposés les uns par rapport aux autres, dans un ensemble harmonieux.<br />
Les caractères sont <strong>de</strong>ssinés à main levée et sans possibilité <strong>de</strong> retouche.<br />
Il existe plusieurs styles <strong>de</strong> calligraphie, plusieurs écoles, chacune<br />
ayant sa tradition et ses règles esthétiques établies jadis par d'éminents<br />
calligraphes.<br />
Cet art a fortement influencé la vie sociale et culturelle du peuple<br />
coréen. En effet, sous la dynastie Goryeo, les rois coréens adoptèrent le<br />
système chinois <strong>de</strong> recrutement <strong>de</strong>s fonctionnaires. Au cours <strong>de</strong> l'examen<br />
(gwageo), les candidats étaient entre autres évalués sur leur connaissance<br />
<strong>de</strong>s classiques chinois et la qualité <strong>de</strong> leur calligraphie. Pendant <strong>de</strong>s<br />
siècles, l'ascension <strong>de</strong> l'échelle sociale en <strong>Corée</strong> a donc largement<br />
dépendu <strong>de</strong> l'écriture <strong>de</strong>s individus.<br />
Dans certains cas, coucher <strong>de</strong>s lettres ou <strong>de</strong>s signes sur le papier n'est<br />
donc pas chose aisée. La plupart <strong>de</strong>s professionnels <strong>de</strong> la calligraphie<br />
doivent aujourd'hui suivre une formation longue et rigoureuse qui ne<br />
mène pas forcément au succès. Même les amateurs étudient pendant dix,<br />
vingt, voire trente ans. C'est un <strong>de</strong>s arts les plus exigeants et les plus<br />
respectés <strong>de</strong> <strong>Corée</strong> : il <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à la fois beaucoup <strong>de</strong> discipline, <strong>de</strong> la<br />
créativité et une certaine gran<strong>de</strong>ur d'âme.<br />
Les calligraphes accomplis étaient souvent peintres, à l'image <strong>de</strong> Kim<br />
Jeong-hui. Avec leur pinceau ils pouvaient aussi bien <strong>de</strong>ssiner une<br />
orchidée ou une pousse <strong>de</strong> bambou qu'exprimer en un court poème les<br />
émotions procurées par la peinture. Malgré cela, la peinture coréenne<br />
possè<strong>de</strong> une riche tradition.<br />
45 _ La culture<br />
La peinture<br />
Les <strong>Corée</strong>ns peignent <strong>de</strong>puis la nuit <strong>de</strong>s temps. Les plus anciennes<br />
fresques murales ont été découvertes dans <strong>de</strong>s tombes <strong>de</strong> l'époque <strong>de</strong><br />
Goguryeo, datant du IV e siècle. Les peintures <strong>de</strong> cette pério<strong>de</strong> démontrent<br />
l'influence du bouddhisme et utilisent déjà la technique <strong>de</strong> l'ombres.<br />
Une Académie <strong>de</strong> peinture fut créée au tout début <strong>de</strong> la dynastie
46 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />
Peintures <strong>de</strong> Kim Hong-do : Jeune danseur et musiciens (à g.) ; Lutteurs (à dr.)<br />
Kim Hong-do<br />
(1745-1806)<br />
La peinture coréenne a connu <strong>de</strong> nombreux<br />
talents parmi lesquels Kim Hong-do.<br />
Ses paysages sont considérés comme les<br />
meilleurs du courant dit réaliste et ses portraits<br />
sont admirés comme nul autre pareil.<br />
C'est – avec Sin Yun-bok – le pionnier incontestable<br />
<strong>de</strong> la peinture <strong>de</strong> genre grâce à<br />
laquelle nous savons quelle était la vie <strong>de</strong>s<br />
<strong>Corée</strong>ns durant les <strong>de</strong>rnières années <strong>de</strong><br />
Joseon. Aux côtés <strong>de</strong> Jang Seung-eop et An<br />
Kyeon, Kim Hong-do est un <strong>de</strong>s trois maîtres<br />
<strong>de</strong> la dynastie Joseon.<br />
On dit qu'étant jeune il était non seulement<br />
talentueux mais qu'il avait également<br />
beaucoup <strong>de</strong> charisme : il était paraît-il plein<br />
<strong>de</strong> charme, très ouvert et plaisait beaucoup<br />
à ses contemporains, en particulier au roi.<br />
À l'âge <strong>de</strong> 29 ans, il fit un portrait du<br />
prince héritier et une quinzaine d'années<br />
plus tard il se mit à parcourir le pays pour<br />
fixer à jamais le quotidien <strong>de</strong> ses contemporains.<br />
Plus tard, il s'intéressa davantage aux<br />
paysages <strong>de</strong> montagnes, à la nature en<br />
général, ce dans un style et suivant une<br />
technique uniques. Kim Hong-do peignait<br />
par à-coups, créant <strong>de</strong>s lignes cursives et<br />
épaisses qu'ils remplissaient ensuite <strong>de</strong><br />
couleurs douces. Il parvenait ainsi à<br />
exprimer parfaitement le tempérament<br />
coréen tout en accordant <strong>de</strong> l'importance au<br />
mouvement et à l'espace.<br />
À la fin <strong>de</strong> sa vie, Kim Hong-do se consacra<br />
entièrement à la peinture <strong>de</strong> genre et<br />
décrivit mieux que quiconque la vie <strong>de</strong>s<br />
gens ordinaires. Son art et sa technique<br />
firent école. Ses tableaux étaient une<br />
réaction, parfois une critique, <strong>de</strong>s yangban<br />
(les aristocrates), <strong>de</strong> leurs goûts artistiques<br />
conservateurs et <strong>de</strong> l'académisme ambiant.<br />
Son œuvre a marqué à jamais l'histoire <strong>de</strong><br />
l'art coréen et a influencé <strong>de</strong> nombreux peintres.<br />
Elle constitue par ailleurs un<br />
témoignage précieux <strong>de</strong> la vie <strong>de</strong>s <strong>Corée</strong>ns<br />
durant cette pério<strong>de</strong>. Les peintures <strong>de</strong> Kim<br />
Hong-do sont aujourd'hui classées trésors<br />
nationaux et exposées dans les principaux<br />
musées du pays.<br />
Comme beaucoup <strong>de</strong> génies, Kim Hong-do<br />
mourut oublié <strong>de</strong> tous, affaibli par la maladie<br />
et la pauvreté.
Peinture populaire : Tigre et pie<br />
47 _ La culture
48 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />
Goryeo. Les lettrés <strong>de</strong> l'aristocratie tout autant que les peintres professionnels<br />
s'y retrouvaient pour s'exercer à partir d'une très gran<strong>de</strong> variété<br />
<strong>de</strong> thèmes, en plus <strong>de</strong> ceux engendrés par les influences bouddhistes <strong>de</strong> la<br />
pério<strong>de</strong> précé<strong>de</strong>nte : portraits, animaux ainsi que les «quatre gentilshommes»<br />
(sagunja) que sont le prunier, l'orchidée, le chrysanthème et le<br />
bambou, représentant chacun un symbole <strong>de</strong> vertu. Comme la calligraphie,<br />
les peintures étaient exécutées à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> pinceaux et d'encre noire<br />
sur du papier ou <strong>de</strong> la soie, créant leur effet en mettant l'accent sur la<br />
ligne, la texture et les proportions.<br />
Différents styles continuèrent à se développer pendant la pério<strong>de</strong><br />
Joseon, alors que furent introduites <strong>de</strong>s techniques chinoises puis occi<strong>de</strong>ntales.<br />
Les couleurs furent aussi utilisées dans <strong>de</strong>s teintes fraîches et<br />
délicates pour <strong>de</strong>s portraits et <strong>de</strong>s tableaux représentant <strong>de</strong>s nobles au<br />
repos ou participant à <strong>de</strong>s fêtes.<br />
La tradition prestigieuse <strong>de</strong> la peinture ancienne déclina à la fin du<br />
XIX e siècle, au moment où les styles mo<strong>de</strong>rnes <strong>de</strong> la peinture occi<strong>de</strong>ntale
49 _ La culture<br />
Visage <strong>de</strong> Byon Chong-ha (ci-<strong>de</strong>ssus)<br />
Gouttes d'eau <strong>de</strong> Kim Tschang-yeul (à g.)<br />
furent introduits. De nombreux artistes coréens partirent alors pour le<br />
Japon, la France et d'autres pays, dans le tout début du XX e siècle, afin<br />
d'étudier la peinture et les autres formes <strong>de</strong> l'art occi<strong>de</strong>ntal. Des artistes<br />
comme Go Hui-dong animèrent les premiers temps <strong>de</strong> cette nouvelle<br />
recherche artistique. Après la guerre <strong>de</strong> <strong>Corée</strong> (1950-1953), les artistes<br />
coréens, principalement les plus jeunes, adoptèrent l'expressionnisme<br />
abstrait qui était alors très populaire en Europe et dans le reste du mon<strong>de</strong><br />
après la secon<strong>de</strong> guerre mondiale.<br />
Depuis cette époque, la peinture mo<strong>de</strong>rne n'a cessé <strong>de</strong> se développer en<br />
<strong>Corée</strong>. Les peintres ont pu faire l'expérience <strong>de</strong> différents courants artistiques,<br />
<strong>de</strong>puis le mo<strong>de</strong>rnisme jusqu'au minimalisme, alors que parallèlement<br />
se <strong>de</strong>ssine un mouvement <strong>de</strong> redécouverte <strong>de</strong> l'esprit <strong>de</strong> l'art traditionnel.<br />
Aujourd'hui, la <strong>Corée</strong> s'enorgueillit d'un grand nombre d'artistes <strong>de</strong> premier<br />
plan, actifs tout à la fois dans le pays et à l'étranger. De son côté, la peinture<br />
traditionnelle a pu s'enrichir d'importante transformations, à travers la prise<br />
en compte <strong>de</strong>s perspectives et <strong>de</strong>s techniques <strong>de</strong> l'art contemporain.
50 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />
Paik Namjune<br />
(1932~)<br />
De quelle manière regar<strong>de</strong>z-vous votre<br />
poste <strong>de</strong> télévision ?<br />
Cette question, le vidéaste coréen Paik<br />
Namjune la pose à son public <strong>de</strong>puis près <strong>de</strong><br />
trente ans. La plupart <strong>de</strong>s critiques d'art et<br />
<strong>de</strong>s artistes le considèrent comme le pionnier<br />
<strong>de</strong>s arts électroniques et comme l'un <strong>de</strong>s<br />
plus importants créateurs <strong>de</strong> ce siècle.<br />
Le travail <strong>de</strong> Paik Namjune s'attache entre<br />
autres à reconsidérer notre relation à la<br />
télévision. Lors d’une <strong>de</strong> ses premières<br />
expositions, à New-York, en 1965, il permit<br />
au public présent <strong>de</strong> jouer avec les<br />
images d'une télévision grâce à <strong>de</strong>s<br />
aimants géants. Plus tard, il utilisa<br />
d'autres techniques pour déformer<br />
les images retrans-mises pendant<br />
on objectif : détourner l'écran <strong>de</strong><br />
télévision <strong>de</strong> son usage premier et<br />
nous permettre <strong>de</strong> voir «la boîte<br />
sacrée›› du foyer <strong>de</strong> manière<br />
différente.<br />
À propos <strong>de</strong> sacré, Paik<br />
Namjune n'a jamais hésité à le<br />
malmener : dans les années<br />
1950, alors qu'il étudiait la<br />
musique en Allemagne, il joua sur<br />
un piano dit «préparé›› qu'il avait<br />
recouvert <strong>de</strong> toutes sortes d'objets (pendules,<br />
objets ménagers...). Il lui est également<br />
arrivé <strong>de</strong> transformer son piano pour en tirer<br />
<strong>de</strong>s sons différents et tenter <strong>de</strong> montrer<br />
l’importance <strong>de</strong> l’improvisation. Il s'agissait<br />
aussi <strong>de</strong> provoquer l’audience et la faire réagir.<br />
Avant <strong>de</strong> s'établir aux États-Unis, il participa<br />
à la création du groupe avant-gardiste<br />
Fluxus, un <strong>de</strong>s mouvements décidés à «sortir<br />
l'art <strong>de</strong>s musées›› et à en faire le quotidien<br />
<strong>de</strong>s gens grâce à <strong>de</strong>s expériences sur certains<br />
matériaux et à <strong>de</strong>s techniques nouvelles.<br />
Paik Namjune décida alors <strong>de</strong> se consacrer<br />
essentiellement à l'art vidéo. Dans les années<br />
1970, il mit au point avec Shuya Abe un moniteur<br />
vidéo, branché sur <strong>de</strong>s générateurs <strong>de</strong><br />
fréquences, qui donnait <strong>de</strong>s images<br />
abstraites en fonction <strong>de</strong>s sons produits. Lors<br />
<strong>de</strong> la première exposition, l'appareil diffusa<br />
<strong>de</strong>s zébrures et <strong>de</strong>s striures multicolores au<br />
rythme d'une chanson <strong>de</strong>s Beatles. Fasciné<br />
par les possibilités offertes par la vidéo, Paik<br />
Namjune annonça un jour que l'écran <strong>de</strong><br />
télévision remplacerait tôt ou tard la toile <strong>de</strong>s<br />
peintres.<br />
Pour que cette prédiction s'accomplisse,<br />
l'artiste coréen se lança dans <strong>de</strong>s projets<br />
<strong>de</strong> plus en plus importants, <strong>de</strong> plus<br />
en plus élaborés. Après V-ramid (1982)<br />
et Tricolor vi<strong>de</strong>o (1982), Paik<br />
Namjune réalisa en 1984 Good morning<br />
Mr. Orwell , la première émission<br />
interactive retransmise en direct par<br />
satellite. Dans ce programme <strong>de</strong><br />
néo-télévision, le vidéaste<br />
s'adressait aux artistes du<br />
mon<strong>de</strong> entier, les invitant à se<br />
joindre à ce qu'il appelait le<br />
« Global Groove ››. À l'occasion<br />
<strong>de</strong>s Jeux olympiques <strong>de</strong><br />
Séoul, en 1988, il construisit<br />
un assemblage <strong>de</strong> plus <strong>de</strong><br />
mille écrans <strong>de</strong> télévision<br />
<strong>de</strong> toutes tailles, une<br />
sculpture vidéo qu'il baptisa<br />
The More the Better.<br />
À soixante ans passés, Paik<br />
Namjune est <strong>de</strong>venu ce qu'on appelle<br />
parfois un citoyen du mon<strong>de</strong>. Formé à Tokyo<br />
et à Munich, il travaille aujourd’hui aux États-<br />
Unis et ses installations vidéo peuvent être<br />
appréciées dans les plus gran<strong>de</strong>s villes. Ses<br />
voyages et ses expériences continuent <strong>de</strong> lui<br />
donner une vision unique <strong>de</strong> notre mon<strong>de</strong>.<br />
Mieux encore, Paik Namjune, à travers ses<br />
œuvres, nous transmet une image différente<br />
<strong>de</strong>s autres et <strong>de</strong> nous-mêmes. Ce précurseur<br />
et infatigable créateur n'a pas fini <strong>de</strong> faire<br />
parler <strong>de</strong> lui : ses yeux et ses écrans continuent<br />
d'être braqués sur le futur.
La sculpture<br />
Contrairement à la peinture sur papier ou<br />
sur soie, les premières sculptures coréennes,<br />
qu'elles soient en pierre ou en métal, témoignent<br />
<strong>de</strong> l'importance capitale du<br />
bouddhisme dans l'histoire et la culture<br />
coréennes. Les principaux sujets traités<br />
sont bien sûr le Bouddha lui-même, les<br />
saints bouddhistes et les autres<br />
divinités.<br />
Les premiers bouddhas<br />
coréens, faits <strong>de</strong> bronze doré<br />
et d'argile, datent du VI e siècle<br />
(Goguryeo) mais sous Baekje<br />
et Silla les artisans sculptèrent<br />
également <strong>de</strong>s images <strong>de</strong> la<br />
divinité, dans <strong>de</strong>s styles<br />
légèrement différents. Ainsi,<br />
les bouddhas <strong>de</strong> Goguryeo<br />
ont <strong>de</strong>s postures rigi<strong>de</strong>s, <strong>de</strong><br />
larges mains, <strong>de</strong> grands<br />
usnisa (protubérance crânienne<br />
symbolisant la sagesse) et un<br />
léger sourire sur une figure<br />
longue et fine. À l'inverse, les<br />
bouddhas <strong>de</strong> Baekje ont <strong>de</strong>s visages<br />
pleins et inspirent chaleur et<br />
bonté. Les bouddhas <strong>de</strong> Silla sont<br />
quant à eux plus empreints <strong>de</strong> réalisme<br />
: visage rond, formes stylisées et<br />
sourire subtil. La plus belle sculpture<br />
du Bouddha <strong>de</strong> <strong>Corée</strong> date du Silla<br />
unifié et se trouve dans la grotte<br />
<strong>de</strong> Seokguram.<br />
Maitreya assis en<br />
bronze doré (début<br />
du VII e siècle)<br />
51 _ La culture
52 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />
Installation du vidéaste Paik Namjune – Biennale <strong>de</strong> Gwangju, 1995<br />
Plus tard, sous la dynastie Goryeo, la forme <strong>de</strong>s yeux et <strong>de</strong>s pommettes<br />
du Bouddha lui donnèrent un visage très coréen. Sa silhouette <strong>de</strong>vint par<br />
ailleurs relativement rai<strong>de</strong> et figée par rapport aux époques précé<strong>de</strong>ntes.<br />
Sous Joseon, la suppression du bouddhisme en tant que religion d'État et<br />
l'avènement du confucianisme entraînèrent un déclin rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> la sculpture<br />
bouddhique.<br />
La sculpture coréenne connut un renouveau avec l'introduction <strong>de</strong>s<br />
techniques et <strong>de</strong>s traditions occi<strong>de</strong>ntales. Si un certain académisme marqua<br />
le début du XX e<br />
siècle, les années 1960 permirent aux sculpteurs<br />
coréens <strong>de</strong> s'intéresser aux écoles réalistes, abstraites et avant-gardistes.<br />
Aujourd'hui, <strong>de</strong> nombreuses œuvres ont <strong>de</strong>s particularités qui ne sont pas<br />
sans évoquer les images traditionnelles du Bouddha.
L'architecture<br />
Dans quel type d'habitat vivaient autrefois les <strong>Corée</strong>ns ? Précisons tout<br />
d'abord que l'environnement naturel était considéré comme très important<br />
et déterminait l'emplacement <strong>de</strong>s maisons et <strong>de</strong>s temples. L'endroit idéal<br />
<strong>de</strong>vait permettre d'orienter le bâtiment au sud, avec une vue sur les montagnes,<br />
une autre sur l'eau. Hanyang, baptisée <strong>de</strong>puis Séoul, <strong>de</strong>vint justement<br />
la capitale car sa situation géographique permettait <strong>de</strong> respecter les<br />
lois <strong>de</strong> la géomancie.<br />
La construction <strong>de</strong> temples commença avec l'introduction du bouddhisme,<br />
venu <strong>de</strong> Chine, et s'imprégna fortement du style chinois. Une <strong>de</strong>s contributions<br />
coréennes à l'architecture bouddhique <strong>de</strong> l'Asie <strong>de</strong> l'Est fut toutefois les<br />
pago<strong>de</strong>s <strong>de</strong> pierre construites à l'époque <strong>de</strong>s Trois Royaumes. De base carrée,<br />
elles possè<strong>de</strong>nt en général trois étages, <strong>de</strong> taille décroissante, élevés sur un<br />
53 _ La culture
54 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />
pié<strong>de</strong>stal. Parmi les nombreux temples coréens, le Bulguksa – dont la grotte<br />
<strong>de</strong> Seokguram constitue une annexe – est un <strong>de</strong>s plus beaux édifices construits<br />
durant le Silla unifié.<br />
Le bois utilisé pour la construction <strong>de</strong>s temples était le plus souvent<br />
décoré <strong>de</strong> motifs flamboyants peints selon la technique, toujours en vigueur,<br />
du dancheong. Utilisée dans les motifs et les symboles traditionnels, chaque<br />
couleur possè<strong>de</strong> une signification particulière : bleu = printemps, rouge = été,<br />
blanc = automne, noir = hiver, jaune = changement <strong>de</strong> saison, rouge marron =<br />
harmonie.<br />
À côté <strong>de</strong> ces temples pittoresques multicolores, les habitations traditionnelles<br />
<strong>de</strong>s paysans étaient bien mo<strong>de</strong>stes. Bâties <strong>de</strong> plain-pied, en<br />
forme <strong>de</strong> L ou <strong>de</strong> U, avec une cour intérieure, ces maisons possédaient<br />
<strong>de</strong>s toitures <strong>de</strong> chaume et <strong>de</strong>s murs en torchis.<br />
Le saviez-vous ?<br />
Les maisons traditionnelles<br />
coréennes ont toujours<br />
été pourvues du chauffage<br />
central ! En effet, le foyer <strong>de</strong><br />
la cuisine, située à une <strong>de</strong>s<br />
extrémités <strong>de</strong> l'habitation,<br />
communiquait avec <strong>de</strong>s<br />
conduits placés sous le sol<br />
qui acheminaient la chaleur<br />
dans toute la maison. Ce<br />
système ingénieux, qui<br />
rendait les habitations très<br />
confortables, est connu sous<br />
le nom d'ondol. Il continue <strong>de</strong><br />
nos jours <strong>de</strong> chauffer les<br />
maisons et les appartements mo<strong>de</strong>rnes,<br />
même si le gaz, le fioul et l'eau ont remplacé le<br />
feu <strong>de</strong> bois.
55 _ La culture<br />
La musique<br />
Les pages <strong>de</strong> ce livre vous font voir la <strong>Corée</strong>, mais vous ne pouvez<br />
l'entendre. Comment réussir à la connaître pourtant sans la pouvoir<br />
entendre? Malheureusement, ce livre n'est pas équipé du son et vous ne<br />
pouvez donc abor<strong>de</strong>r la musique coréenne que par la seule lecture, avant<br />
<strong>de</strong> venir l'écouter sur place.<br />
La musique traditionnelle coréenne, comme l'art et l'histoire du pays,<br />
recouvre un domaine trop vaste pour être briévement présenté. Avec une<br />
soixantaine d'instruments distincts, dont quarante-cinq sont encore joués<br />
aujourd'hui, cette musique possè<strong>de</strong> un répertoire et une forme musicale<br />
uniques et caratéristiques. La plus ancienne forme coréenne instrumentale<br />
encore interprétée aujourd'hui, le sujecheon, musique <strong>de</strong> cour ayant<br />
plus d'un millier d'années, est jouée par un ensemble comprenant le<br />
daegum, (flûte traversière en bambou), le piri (hautbois cylindrique), le<br />
gayageum (cithare à douze cor<strong>de</strong>s), et une variété <strong>de</strong> tambours et d'autres<br />
instruments à percussion. La musique <strong>de</strong> cour comprenait également <strong>de</strong>s<br />
musiques militaires et <strong>de</strong>s compositions <strong>de</strong>stinées aux rites, qui accom-
56 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />
Danse <strong>de</strong> cour<br />
pagnaient les rituels confucéens et les cérémonies tenues dans le sanctuaire<br />
royal. Ce <strong>de</strong>rnier type <strong>de</strong> musique est encore interprété à Séoul<br />
chaque année.<br />
La noblesse affectionnait également la musique vocale comme les<br />
gagok, chansons en vers <strong>de</strong> 16 et 10 pieds, interprétées par un petit<br />
ensemble, et les sijo, courts poèmes chantés sur différentes variations<br />
d'une mélodie assez simple.<br />
La forme musicale la plus souvent écoutée <strong>de</strong> nos jours est sans nul<br />
doute l'ancienne musique populaire : les musiques paysannes,<br />
chamaniques ou bouddhiques. La musique paysanne est par exemple <strong>de</strong>s<br />
plus enjouée, grâce notamment au son stri<strong>de</strong>nt du petit gong, le kkwaenggwari,<br />
qui accompagne habituellement les danseurs.<br />
Les chants folkloriques étaient communément basés sur une échelle<br />
quadritonale ou pentatonale, à la différence <strong>de</strong> l'échelle occi<strong>de</strong>ntale<br />
reposant sur douze tons, ce qui signifie qu'au lieu d'obéir à la combinaison<br />
: do, re, mi, fa, sol, la, si, on se trouve en présence <strong>de</strong>s notes : sol, la,<br />
do, re, mi. L'une <strong>de</strong>s caractéristiques qui distinguent les chants coréens
populaires est l'utilisation d'une mesure à trois temps (un, <strong>de</strong>ux, trois, un,<br />
<strong>de</strong>ux, trois), au lieu <strong>de</strong> la mesure à <strong>de</strong>ux temps (un, <strong>de</strong>ux, un, <strong>de</strong>ux) ayant<br />
cour au Japon et en Chine. Une autre forme <strong>de</strong> musique vocale d'origine<br />
populaire est le pansori. C'est à la fois une forme musicale et dramatique.<br />
Il alterne en effet les passages narratifs, le chant et l'action, dans un jeu<br />
<strong>de</strong> scène particulier à chaque interprète, une représentation <strong>de</strong> pansori<br />
met en scène l'une <strong>de</strong>s cinq histoires originales anciennement tirées <strong>de</strong>s<br />
légen<strong>de</strong>s coréennes.<br />
Les instruments traditionnels comme le tambour sablier (janggo) et le<br />
kkwaenggwari connaissent un regain <strong>de</strong> popularité. Il est facile <strong>de</strong> trouver<br />
ces jours-ci <strong>de</strong>s centres culturels ou <strong>de</strong>s instituts privés qui enseignent<br />
aux amateurs – spécialement aux étudiants – l'art <strong>de</strong> les pratiquer.<br />
Cela ne veut pas dire pour autant que le choix <strong>de</strong>s jeunes et <strong>de</strong>s moins<br />
jeunes se porte uniquement sur l'apprentissage <strong>de</strong> la musique coréenne<br />
traditionnelle. La musique classique occi<strong>de</strong>ntale est en effet implantée<br />
<strong>de</strong>puis longtemps en <strong>Corée</strong>, raison pour laquelle un grand nombre <strong>de</strong><br />
jeunes <strong>Corée</strong>ns l'étudient. Depuis le premier orchestre symphonique du<br />
pays, l'Orchestre philarmonique <strong>de</strong> <strong>Corée</strong>, créé en 1945, un grand nombre<br />
<strong>de</strong> musiciens <strong>de</strong> classe internationale se sont fait remarquer, comme<br />
le Trio Chung, la violoniste Chang Hanna ou <strong>de</strong>s chanteurs comme Choi<br />
Hans et Jo Sumi, pour ne citer qu'eux.<br />
De nombreuses stations <strong>de</strong> radio diffusent sur les on<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s musiques<br />
populaires produites par les nouveaux groupes qui naissent chaque jour.<br />
Du reggae au heavy metal, <strong>de</strong>s sons flui<strong>de</strong>s à la Lionel Richie au rap (en<br />
coréen!), presque tous les genres <strong>de</strong> musiques populaires sont aujourd'hui<br />
enregistrés par les artistes pop coréens, lesquels composent leurs propres<br />
arrangements tout en allant à la découverte <strong>de</strong> styles empruntés ailleurs.<br />
Quelle que soit la musique qu'ils écoutent, tous les <strong>Corée</strong>ns vous diront<br />
qu'ils vivent dans un pays <strong>de</strong> musiciens.<br />
57 _ La culture
58 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />
Le Trio Chung :<br />
Myung-hwa, Kyung-hwa<br />
et Myung-whun<br />
(1944~), (1948~), (1953~)<br />
C'est indéniable : les <strong>Corée</strong>ns<br />
adorent la musique et la chanson. Non<br />
seulement le pays est riche d'une tradition<br />
musicale ancienne, mais ses habitants,<br />
encore aujourd'hui, affectionnent<br />
cet art et le vivent intensément.<br />
De nombreux parents par exemple<br />
envoient leurs enfants apprendre le<br />
piano ou le violon : les affaires <strong>de</strong>s<br />
écoles <strong>de</strong> musique sont florissantes.<br />
La chanson est encore plus populaire<br />
que la musique. Tous les soirs,<br />
les noraebang (karaoké) du pays<br />
accueillent jeunes et moins jeunes,<br />
venus fredonner les airs d'autrefois<br />
ou hurler les paroles <strong>de</strong>s tubes du<br />
moment. Beaucoup <strong>de</strong> <strong>Corée</strong>ns rêvent<br />
également <strong>de</strong> participer au célèbre<br />
radio-crochet télévisé du dimanche et<br />
<strong>de</strong>venir les stars d'un jour.<br />
Cette passion pour le chant et la<br />
musique s'observe même à l'étranger :<br />
les communautés coréennes <strong>de</strong> Los<br />
Angeles et d'ailleurs organisent<br />
régulièrement <strong>de</strong>s festivals et bon<br />
nombre <strong>de</strong> conservatoires d'Amérique<br />
et d'Europe ont <strong>de</strong>s élèves ayant pour<br />
nom <strong>de</strong> famille Kim, Park ou Lee...<br />
Pas étonnant donc que le Trio<br />
Chung matérialise le rêve secret <strong>de</strong><br />
toute mère coréenne. Si ces trois frère<br />
et sœurs ont en fait rarement la possibilité<br />
<strong>de</strong> se produire ensemble, c'est<br />
qu'ils mènent avec succès une<br />
carrière artistique individuelle aux<br />
quatre coins du mon<strong>de</strong>. Ils ont été<br />
récemment récompensés aux États-<br />
Unis pour leur contribution en faveur<br />
<strong>de</strong> la musique (Excellence 2000<br />
Award) et ont parrainé en juin 1992 le<br />
Programme <strong>de</strong>s Nations Unies pour le<br />
contrôle international <strong>de</strong>s drogues.<br />
L'aînée du trio, Chung Myung-hwa,<br />
est née à Séoul en 1944. Elle fait l'apprentissage<br />
du piano dès l'âge <strong>de</strong><br />
quatre ans mais se consacre quelques<br />
années plus tard au violoncelle. À<br />
l'âge <strong>de</strong> treize ans, elle reçoit son premier<br />
prix lors d'un concours national<br />
et, après <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s secondaires à la<br />
Seoul Art School, elle poursuit sa formation<br />
à la Julliard School of Music <strong>de</strong><br />
New-York. Une fois diplômée, elle<br />
entre à l'Université <strong>de</strong> Californie du<br />
Sud et donne en 1969 un concert à la<br />
Maison Blanche avant <strong>de</strong> recevoir, en<br />
1971, le premier prix <strong>de</strong> violoncelle au<br />
Concours <strong>de</strong> Genève. Elle s'est produite<br />
sous la direction <strong>de</strong> chefs<br />
d'orchestre réputés comme Zubin<br />
Mehta et Carlo Maria Guilini.<br />
Chung Kyung-hwa, sa sœur, commence<br />
elle aussi le piano à l'âge <strong>de</strong><br />
quatre ans et s'initie au violon <strong>de</strong>ux<br />
ans après. C'est cet instrument<br />
qu'elle finira par adopter. En 1960, à<br />
douze ans, elle fait partie d'une<br />
délégation invitée au Japon pour une<br />
représentation. L'année qui suit, elle<br />
s'inscrit à la Julliard School of Music
<strong>de</strong> New-York et se perfectionne sous<br />
la conduite du virtuose Ivan Galamian.<br />
En 1965, elle <strong>de</strong>vient la secon<strong>de</strong> personne<br />
d'origine asiatique à se produire<br />
au Miami Concert Hall. Deux ans<br />
plus tard, elle reçoit à New-York le<br />
premier prix au Concours Leventritt.<br />
Elle s'est à ce jour produite plus d'une<br />
centaine <strong>de</strong> fois – au sein du New-<br />
York Philharmonic Orchestra et du<br />
London Symphony Orchestra notamment<br />
– et a été dirigée par André<br />
Prévin et Léopold Stokowski.<br />
Chung Myung-whun débute comme<br />
ses <strong>de</strong>ux sœurs par le piano. Il<br />
persévère dans cette discipline et joue<br />
en 1960 avec l'Orchestre philharmonique<br />
<strong>de</strong> Séoul – il a alors sept ans<br />
– et l'année suivante avec celui <strong>de</strong><br />
Seattle. Il suit alors à New-York les<br />
cours <strong>de</strong> la Julliard School of Music et<br />
<strong>de</strong> la Mannes School of Music avant<br />
<strong>de</strong> <strong>de</strong>venir un pianiste émérite et <strong>de</strong><br />
décrocher à Moscou en 1974 le second<br />
prix au Concours Tchaïkovski.<br />
Chung Myung-whun retourne ensuite<br />
à l'école Julliard pour compléter sa<br />
formation <strong>de</strong> chef d'orchestre et<br />
<strong>de</strong>vient en 1978 «assistant conductor››<br />
du Los Angeles Philharmonic<br />
Orchestra. En 1983, il s'installe en<br />
Europe et prend la direction <strong>de</strong><br />
l'Orchestre symphonique <strong>de</strong> la Radio<br />
<strong>de</strong> Sarrebruck puis celle <strong>de</strong> l'Opéra <strong>de</strong><br />
Florence, l'année suivante. Il est à<br />
cette époque également invité à<br />
diriger les plus prestigieuses formations<br />
: l'Orchestre philharmonique <strong>de</strong><br />
Berlin, l'Orchestre philharmonique <strong>de</strong><br />
New-York ainsi que le Royal<br />
Philharmonic Orchestra. En 1989,<br />
Chung Myung-whun est nommé<br />
directeur musical <strong>de</strong> l'Opéra Bastille,<br />
à Paris. La même année, il se voit<br />
attribuer à 36 ans le prestigieux Prix<br />
Arturo Toscanini.<br />
En 1994, Chung Myung-whun fut au<br />
centre d'une polémique le mettant<br />
aux prises avec le nouvel administrateur<br />
<strong>de</strong> l'Opéra Bastille. Après une<br />
courte bataille juridique tournant<br />
autour <strong>de</strong> la renégociation du contrat<br />
du chef d'orchestre, il quitta ses fonctions<br />
juste après avoir donné la<br />
première représentation <strong>de</strong> la saison<br />
d’automne 1994.<br />
Il a été récemment désigné<br />
directeur musical et chef d’orchestre<br />
permanent <strong>de</strong> l’Orchestre national <strong>de</strong><br />
France (ONF), l’un <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux orchestres<br />
dirigés par Radio France. Chung est<br />
aussi le chef d’orchestre permanent<br />
<strong>de</strong> l’Orchestre Santa Cecilla <strong>de</strong> Rome<br />
<strong>de</strong>puis 1997.<br />
59 _ La culture
60 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />
Seungmu (danse bouddhique)<br />
Danse <strong>de</strong> cour<br />
La danse<br />
Depuis les musiques les plus anciennes jusqu'aux actuels battements<br />
rythmiques <strong>de</strong>s discothèques, la danse va généralement main dans la<br />
main avec la musique. Ainsi, à l'instar <strong>de</strong> celle-ci, la danse coréenne<br />
provient d'un large éventail contrasté <strong>de</strong> styles et d'origines.<br />
La plupart <strong>de</strong>s mouvements <strong>de</strong> danse qui accompagnent les rituels confucéens<br />
sont à la fois sobres et majestueux, à l'exemple <strong>de</strong>s soixante-quatre<br />
danseurs disposés sur huit rangs, qui se prosternent lentement au son<br />
<strong>de</strong> la musique qui rythme aujourd'hui encore les cérémonies<br />
confucéennes. La représentation <strong>de</strong>s rites aux ancêtres en l'honneur <strong>de</strong> la<br />
vingtaine <strong>de</strong> souverains <strong>de</strong> la dynastie Joseon, implique un grand nombre<br />
<strong>de</strong> figures au cours <strong>de</strong>squelles les danseurs, alignés sur huit rangs <strong>de</strong> huit<br />
personnes et habillés <strong>de</strong> costumes pourpres, forment un cercle avec leurs<br />
bras et soulèvent leurs pieds, tout en se prosternant à l'occasion d'une<br />
révérence.<br />
La danse <strong>de</strong> cour s'est développée plus librement sous l'influence du<br />
bouddhisme que sous celle du confucianisme. Pendant la pério<strong>de</strong><br />
Goryeo, <strong>de</strong>s danses très élaborées étaient représentées par <strong>de</strong>s femmes
munies d'accessoires <strong>de</strong> scène et magnifiquement vêtues. Il existait par<br />
ailleurs <strong>de</strong>s danses permettant <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r au Bouddha la libre entrée<br />
<strong>de</strong>s âmes dans le Nirvana. Ainsi la danse du papillon, exécutée par une<br />
bonzesse, la danse <strong>de</strong>s cymbales, effectuée par <strong>de</strong>s moines, ou encore la<br />
danse du «tambour <strong>de</strong> la loi» que représentait un seul danseur.<br />
La plupart <strong>de</strong>s costumes <strong>de</strong> danse couvraient entièrement le corps et<br />
les jambes étaient dissimulées sous <strong>de</strong> nombreuses robes et jupes. Que<br />
pouvait donc ressentir le public face aux mouvements <strong>de</strong> ces danses?<br />
Manifestement, l'accent n'était pas mis sur l'expression pleine et<br />
athlétique <strong>de</strong>s membres ni dans <strong>de</strong>s sauts marqués. La beauté résidait<br />
plutôt dans la subtilité d'expression <strong>de</strong> certains gestes, dans la souplesse<br />
<strong>de</strong>s mouvements, dans une intensité spirituelle aussi, ininterrompue et<br />
presque insaisissable.<br />
Même si l'on rencontre <strong>de</strong>s influences bouddhiques et confucianistes<br />
dans la plupart <strong>de</strong>s danses coréennes, parmi celles que l'on exécute<br />
encore aujourd'hui les plus appréciées sont les danses populaires : il s'agit<br />
61 _ La culture<br />
Geommu <strong>de</strong> Jinju (danse du sabre)<br />
Talchum (danse masquée)
62 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />
Salpuri (danse chamanique)<br />
principalement <strong>de</strong>s danses <strong>de</strong> chamans et <strong>de</strong>s danses paysannes, dans<br />
lesquelles les danseurs suivent le rythme et improvisent sur <strong>de</strong>s mouvements<br />
<strong>de</strong> base. Les chamans, ou mudang, qui établissaient un lien <strong>de</strong><br />
communication entre le commun <strong>de</strong>s mortels et les esprits, exécutaient<br />
<strong>de</strong>s rituels dansés dans le but <strong>de</strong> se concilier l'âme <strong>de</strong>s morts et afin d'invoquer<br />
la chance. Que nous assistions aux mouvements hypnotiques et<br />
exubérants d'un rituel chamanique ou aux gestes élégants du salpuri, ce<br />
type <strong>de</strong> danse est très rythmique et chargé d'une émotion telle qu'il est<br />
impossible <strong>de</strong> ne pas se laisser entraîner. De nombreuses danses inspirées<br />
par cette forme <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt une gran<strong>de</strong> <strong>de</strong>xtérité d'expression, reposant<br />
sur <strong>de</strong>s rythmes complexes et tout à la fois subtiles.<br />
Alors que ces danses avaient lieu autrefois dans les villages,<br />
aujourd’hui on peut les voir dans les salles <strong>de</strong> spectacles mo<strong>de</strong>rnes.<br />
Accompagnant ces changements <strong>de</strong> lieux, les danseurs ont pu développer<br />
<strong>de</strong> nouvelles formes et traditions.
63 _ La culture<br />
Danse <strong>de</strong> l'éventail<br />
Les danseurs coréens ont commencé à étudier à l’étranger, introduisant<br />
<strong>de</strong> nouvelles techniques une fois <strong>de</strong> retour. La première compagnie <strong>de</strong><br />
ballet a vu le jour dans les années 1940 après la libération <strong>de</strong> la <strong>Corée</strong> <strong>de</strong><br />
la colonisation japonaise. Aujourd’hui encore, les techniques du ballet<br />
continuent <strong>de</strong> jouer une gran<strong>de</strong> influence chez les danseurs. Des écoles<br />
<strong>de</strong> danse contemporaine se sont aussi établies en <strong>Corée</strong>, introduisant pour<br />
la premiére fois la technique <strong>de</strong> Martha Graham. Il est intéressant <strong>de</strong><br />
noter que les tendances les plus nouvelles et les plus saisissantes <strong>de</strong> la<br />
danse contemporaine coréenne mélange les nouveaux styles avec <strong>de</strong>s<br />
mouvements <strong>de</strong> danse traditionnelle, créant <strong>de</strong>s mouvements originaux<br />
uniques en <strong>Corée</strong>.
64 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée
Visiter la <strong>Corée</strong><br />
65 _ Visiter la <strong>Corée</strong><br />
Malgré un territoire restreint, la <strong>Corée</strong> regorge <strong>de</strong> paysages fascinants<br />
et <strong>de</strong> sites historiques du plus grand intérêt. Ils participent à ces merveilles<br />
<strong>de</strong> la nature qui défient jusqu'aux explications les plus<br />
rationnelles.<br />
Le massif <strong>de</strong>s Seorak<br />
Prolongés par les monts Geumgang, situés <strong>de</strong> l'autre côté <strong>de</strong> la<br />
frontière, le massif <strong>de</strong>s monts Seorak (les «collines enneigées») présente<br />
à chaque saison un aspect incroyable. D'autres sommets en <strong>Corée</strong> peuvent<br />
se vanter d'être plus hauts, mais aucun ne peut mettre comme lui en<br />
avant une formation rocheuse aussi remarquable, composée <strong>de</strong> ravins, <strong>de</strong><br />
vallées profon<strong>de</strong>s, <strong>de</strong> lacs et <strong>de</strong> casca<strong>de</strong>s.
66 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />
La Liste du Patrimoine<br />
culturel mondial<br />
Trois <strong>de</strong>s trésors nationaux coréens parmi<br />
les plus appréciés furent classés pour la<br />
première fois sur la liste <strong>de</strong> l'Unesco pour le<br />
patrimoine mondial le 9 décembre 1995, aux<br />
côtés <strong>de</strong> 469 autres<br />
biens culturels et<br />
naturels représetant<br />
105 pays. Les trésors<br />
qui furent ainsi<br />
honorés sont le temple<br />
<strong>de</strong> Bulguk et la<br />
grotte toute proche <strong>de</strong><br />
Seokguram, à Gyeongju,<br />
dans la province du Gyeongsangnamdo,<br />
ainsi que le Tripitaka Koreana datant<br />
du XIII e siècle, conservé dans le temple <strong>de</strong><br />
Haein, dans la province du Gyeongsangnam-do.<br />
Tous <strong>de</strong>ux se trouvent dans la partie<br />
sud du pays. L'autre trésor national<br />
coréen classé est le sanctuaire royal<br />
Jongmyeo <strong>de</strong> la dynastie Joseon (1392-1910),<br />
situé à Séoul. Le palais Chang<strong>de</strong>ok et la<br />
forteresse Hwaseong, à Suwon, furent<br />
ajoutés à la liste en 1997.<br />
La <strong>Corée</strong> a signé en 1988 la Convention<br />
pour la Protection du Patrimoine culturel et<br />
naturel mondial. Son objectif est <strong>de</strong> protéger<br />
les monuments et les sites contre les<br />
<strong>de</strong>structions et les dégradations. La liste<br />
considère les sites<br />
comme faisant partie du<br />
patrimoine culturel <strong>de</strong><br />
l'ensemble <strong>de</strong> l'humanité.<br />
La <strong>Corée</strong> est particulièrement<br />
fière <strong>de</strong> voir<br />
ses trésors reconnus<br />
par la communauté<br />
internationale et inscrits<br />
sur la liste du patrimoine mondial. En 2000,<br />
<strong>de</strong>ux trésors nationaux ont été ajoutés à la<br />
liste avec les dolmens préhistoriques <strong>de</strong><br />
Gochang, Hwasun et Ganghwa, et le site<br />
historique <strong>de</strong> Gyeongju, la capitale <strong>de</strong><br />
l’ancien royaume <strong>de</strong> Silla, où d’innombrables<br />
trésors culturels et historiques ont<br />
été parfaitement préservés.<br />
De nombreux sites y présentent un grand intérêt : Heun<strong>de</strong>ulbawi, un<br />
rocher en équilibre qui oscille au grès <strong>de</strong>s secousses provoquées par les<br />
visiteurs sans pourtant quitter sa place ; la vallée <strong>de</strong> Cheonbuldong («les<br />
mille Bouddhas») où l'on rencontre <strong>de</strong> nombreuses formations rocheuses<br />
qui ont pris <strong>de</strong>s aspects <strong>de</strong> formes humaines ou animales ; la casca<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
Daeseung, qui aurait jadis servi <strong>de</strong> refuge à un esprit <strong>de</strong> la montagne<br />
poursuivi par un monstre que la foudre aurait alors terrassé.<br />
Le parc national <strong>de</strong> 354 km 2 est aussi un véritable sanctuaire pour <strong>de</strong><br />
nombreux monastères bouddhistes et hermitages : le plus connu est le<br />
temple <strong>de</strong> Sinheung.<br />
Le palais Chang<strong>de</strong>ok et le Huwon<br />
Des quatre palais royaux <strong>de</strong> Séoul datant <strong>de</strong> Joseon, peu distants les<br />
uns <strong>de</strong>s autres, le Chang<strong>de</strong>okgung est certainement le plus beau et le
67 _ Visiter la <strong>Corée</strong><br />
Palais Chang<strong>de</strong>ok<br />
mieux préservé <strong>de</strong> tous. Construit en 1405 sous le règne du roi Taejong, il<br />
était à l'origine une annexe <strong>de</strong> la rési<strong>de</strong>nce officielle du souverain : le<br />
Gyeongbokgung (palais Gyeongbok). Détruit lors <strong>de</strong> l'invasion japonaise<br />
menée par Hi<strong>de</strong>yoshi en 1592, il fut reconstruit à l'initiative <strong>de</strong>s rois<br />
Seonjo et Gwanghaegun qui régnèrent entre 1567 et 1623.<br />
Malheureusement, les édifices furent ensuite à plusieurs reprises la proie<br />
<strong>de</strong>s flammes, notamment en 1623. Le palais Chang<strong>de</strong>ok <strong>de</strong>vint rési<strong>de</strong>nce<br />
officielle <strong>de</strong>s rois la dynastie Joseon <strong>de</strong> 1611 à 1872, puis à nouveau à<br />
partir <strong>de</strong> 1907.<br />
La <strong>de</strong>rnière <strong>de</strong>scendante <strong>de</strong> la famille royale, la princesse Yi Bang-ja –<br />
témoin ultime et privilégié <strong>de</strong>s turbulences <strong>de</strong> l'histoire <strong>de</strong> la <strong>Corée</strong> du<br />
début du siècle – y vécut jusqu'en 1989, année où elle mourut à l'âge <strong>de</strong><br />
87 ans.<br />
Une curiosité du Chang<strong>de</strong>okgung est le «garage royal››. On peut y voir<br />
encore aujourd'hui la première voiture introduite en <strong>Corée</strong>, en 1903 : une<br />
Cadillac dont le propriétaire était le roi Sunjong.<br />
Le palais doit aussi sa réputation au Huwon, «le Jardin <strong>de</strong> <strong>de</strong>rrière››.<br />
Ravagé à la fin du XVI e siècle, il fut réaménagé dès 1623 par le roi Injo<br />
(souverain jusqu'en 1648) et ses successeurs. Les membres <strong>de</strong> la famille<br />
royale venaient s'y détendre ou festoyer. D'une superficie <strong>de</strong> 32 hectares,
68 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />
Gyeongbokgung Le<br />
plus grand <strong>de</strong> tous<br />
(il eut jusqu'à 500<br />
bâtiments) et le plus<br />
important d'un point <strong>de</strong><br />
vue historique. Pendant<br />
l'occupation, le gouvernement<br />
colonial<br />
japonais installa ses<br />
services administratifs –<br />
connus sous le nom <strong>de</strong><br />
Jungangcheong – au<br />
milieu <strong>de</strong> l'enceinte<br />
pour, selon les spécialistes<br />
<strong>de</strong> géomancie,<br />
étouffer le ki (énergie)<br />
coréen.<br />
Les autr es palais <strong>de</strong> Séoul<br />
C hanggyeongg<br />
ung Construit<br />
durant le règne du<br />
roi Seongjong<br />
(1469-1494) <strong>de</strong> la<br />
dynastie Joseon, il<br />
était <strong>de</strong>stiné aux<br />
membres <strong>de</strong> la<br />
famille royal. La<br />
porte principale,<br />
Honghwa-mun, fut<br />
construite en 1616.<br />
Doksugung, tout près<br />
<strong>de</strong> l’Hôtel <strong>de</strong> Ville,<br />
était à l’origine la <strong>de</strong>meure<br />
<strong>de</strong>s princes mais<br />
servit <strong>de</strong> palais royal temporaire.<br />
Il <strong>de</strong>vint un<br />
palais royal à part entière<br />
pendant le règne du roi<br />
Kojong (1863-1907), qui y<br />
fit construire <strong>de</strong> nombreux<br />
nouveaux bâtiments<br />
dont Seokjo-jeon,<br />
le plus grand bâtiment en<br />
pierre <strong>de</strong> <strong>Corée</strong>. Il servit<br />
autrefois <strong>de</strong> musée d’art<br />
contemporain mais abrite<br />
aujourd’hui les archives<br />
royales.<br />
Huwon (Jardin <strong>de</strong> <strong>de</strong>rrière) au palais Chang<strong>de</strong>ok<br />
avec ses arbres rouge sombre, ses étangs tranquilles et ses gracieux pavillons,<br />
le Huwon atteste <strong>de</strong> la splen<strong>de</strong>ur <strong>de</strong>s jardins traditionnels coréens.
69 _ Visiter la <strong>Corée</strong><br />
Maisan et colonnes <strong>de</strong> pierre<br />
Près <strong>de</strong> Jeonju, dans la province du Jeollabuk-do se trouve un paysage<br />
étrange duquel émergent <strong>de</strong>ux pics jumeaux que les <strong>Corée</strong>ns ont baptisés<br />
« Oreilles <strong>de</strong> cheval ››.<br />
La légen<strong>de</strong> raconte qu'autrefois vivaient dans la montagne <strong>de</strong>ux esprits :<br />
un homme et une femme. Quand ils désiraient gagner le ciel, ils étaient<br />
obligés d'entamer leur ascension avant l'aurore, afin <strong>de</strong> ne pas être vus<br />
par les humains. Un matin, alors qu'ils se précipitaient pour atteindre le<br />
sommet, la femme sentit une présence. En effet, une villageoise était là,<br />
en train <strong>de</strong> puiser <strong>de</strong> l'eau. Entendant les appels désespérés <strong>de</strong> son épouse<br />
qui le suppliait <strong>de</strong> prendre gar<strong>de</strong>, l'esprit mâle se retourna avec dédain<br />
puis poursuivit sa route en redoublant <strong>de</strong> vitesse. La paysanne les aperçut<br />
et le couple fut aussitôt puni et transformé en pierre.<br />
En <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> cette curiosité géologique, l'autre endroit incontournable<br />
<strong>de</strong> la région est <strong>de</strong>venu célèbre grâce à un ermite nommé Yi Gap-ryong,<br />
qui vécut il y a environ un siècle. Pendant plus <strong>de</strong> dix ans, ce moine<br />
excentrique empila <strong>de</strong>s pierres, nuit après nuit, construisant ainsi <strong>de</strong>s<br />
sortes <strong>de</strong> colonnes aux formes surprenantes. Malgré l'absence <strong>de</strong> mortier,
70 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />
Colonnes <strong>de</strong> pierre <strong>de</strong> Maisan<br />
ces drôles <strong>de</strong> structures – dont la plus gran<strong>de</strong> dépasse dix mètres – ont<br />
résisté aux caprices <strong>de</strong> la nature et créent une atmosphère quelque peu<br />
surréaliste.<br />
À une personne qui lui <strong>de</strong>mandait un jour comment il était parvenu à<br />
un tel résultat, le moine répondit qu'il n'avait pas travaillé seul : un esprit<br />
bienfaisant l'avait rejoint toutes les nuits pour l'ai<strong>de</strong>r dans sa tâche. Les<br />
colonnes <strong>de</strong> Yi Gap-ryong étaient censées sauver l'humanité. Pour renforcer<br />
leur pouvoir, le bonze fit venir <strong>de</strong>s pierres <strong>de</strong> tout le pays, et ne se<br />
nourrissait, dit-on, que d'aiguilles <strong>de</strong> pin. Peu avant <strong>de</strong> mourir, à l'âge <strong>de</strong><br />
98 ans, il écrivit un livre sacré que malheureusement personne à ce jour<br />
n'est parvenu à déchiffrer.
71 _ Visiter la <strong>Corée</strong><br />
Moines bouddhistes pratiquant le tapdori (marche rituelle autour d'une pago<strong>de</strong>)<br />
Le saviez-vous ?<br />
Une <strong>de</strong>s plus étonnantes collections<br />
<strong>de</strong> textes bouddhiques<br />
d'Asie est conservée au temple<br />
<strong>de</strong> Haein, dans la province du<br />
Gyeongsangnam-do. Connus<br />
sous le nom <strong>de</strong> Tripitaka<br />
Koreana, ces textes sacrés ont<br />
été gravés sur plus <strong>de</strong> 80 000<br />
planches en bois et sont en<br />
parfait état <strong>de</strong> conservation.<br />
Une première série ayant<br />
été détruite lors <strong>de</strong>s invasions<br />
mongoles <strong>de</strong> 1236, il fallut<br />
recommencer ce travail<br />
titanesque qui s'acheva en<br />
1252. Les planches, rangées<br />
aujourd'hui dans la bibliothèque<br />
du temple, comme <strong>de</strong>s<br />
livres, constituent un ouvrage<br />
unique au mon<strong>de</strong>. Ils ont été<br />
ajoutés à la Liste <strong>de</strong> l’Héritage<br />
culturel mondial <strong>de</strong> l’Unesco.<br />
Monuments funéraires<br />
Il en existe une multitu<strong>de</strong> à travers tout le<br />
pays. Tous n'ont pas été construits à la<br />
gloire <strong>de</strong>s héros qui ont fait l'histoire <strong>de</strong> la<br />
péninsule. Certains l'ont été à la mémoire<br />
d'un fils ou d'une fille dévoués, la piété filiale<br />
(hyodosasang) étant considérée en<br />
<strong>Corée</strong> comme une <strong>de</strong>s plus gran<strong>de</strong>s vertus.<br />
Même les animaux n'ont pas été oubliés.<br />
Dans le village d'Osu, dans la province du<br />
Jeollanam-do, une stèle a été dressée à la<br />
mémoire d'un chien fidèle qui se sacrifia<br />
pour sauver <strong>de</strong>s flammes son maître<br />
évanoui.<br />
À Gyeongju, c'est un tigre qui est à l'honneur.<br />
Tantôt assimilé à un personnage un
72 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />
peu sot, tantôt présenté comme féroce<br />
et rusé, le tigre est très présent dans le<br />
folklore coréen. Le Howonsa (Temple<br />
du vœu du tigre) doit son nom à une<br />
légen<strong>de</strong> mettant en scène un homme<br />
ambitieux, Kim Hyeon, qui rencontra un<br />
jour une magnifique jeune fille, au cours<br />
d'une fête célébrant le huitième mois<br />
du calendrier lunaire. On disait<br />
autrefois qu'à cette pério<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
l'année, celui ou celle qui fréquentait<br />
un temple pendant<br />
huit jours, jusqu'à la<br />
pleine lune, pouvait voir<br />
son vœu exaucé. C'est<br />
ainsi que les jeunes gens se rencontrèrent<br />
au temple tous les soirs et finirent par<br />
tomber amoureux l'un <strong>de</strong> l'autre.<br />
La <strong>de</strong>rnière nuit, Hyeon supplia la jeune<br />
fille <strong>de</strong> l'emmener chez elle. Il ne comprit<br />
ses réticences qu'après être parvenu à la<br />
maison <strong>de</strong> sa bien-aimée. En effet, sa mère<br />
et les autres membres <strong>de</strong> sa famille étaient<br />
<strong>de</strong>s tigres ! C'est alors qu'arrivèrent les trois<br />
frères <strong>de</strong> la <strong>de</strong>moiselle qui sentirent aussitôt<br />
la présence <strong>de</strong> l'intrus. Leur sœur les<br />
supplia d'épargner la vie <strong>de</strong> Hyon et se<br />
proposa en échange <strong>de</strong> subir la punition<br />
divine : être à son tour métamorphosée en<br />
tigre.<br />
Hyeon, épouvanté, refusa qu'elle se sa-
crifiât pour le sauver mais ses<br />
protestations n'y changèrent<br />
rien. Le len<strong>de</strong>main matin, il fut<br />
appelé à la rescousse par les<br />
villageois : une femelle tigre<br />
était en train <strong>de</strong> terroriser la<br />
population.<br />
Hyeon comprit tout <strong>de</strong> suite<br />
qui était réellement l'animal :<br />
il fut incapable <strong>de</strong> faire le<br />
moindre mal au félin. La<br />
tigresse reprit alors<br />
momentanément une<br />
apparence humaine.<br />
Elle expliqua à Hyeon<br />
73 _ Visiter la <strong>Corée</strong><br />
Sacheonwang (rois gardiens <strong>de</strong>s points cardinaux) (ci<strong>de</strong>ssus)<br />
; Moines bouddhistes pratiquant le chamseon<br />
(méditation zen) (à g.)<br />
qu'elle ne pouvait échapper à son <strong>de</strong>stin.<br />
En revanche, s'il faisait construire un temple<br />
en son nom, elle pourrait un jour, dans<br />
une vie ultérieure, renaître sous les traits<br />
d'un humain. Sur ces mots, elle s'empala<br />
sur l'épée du jeune homme et mourut.<br />
Kim Hyeon <strong>de</strong>vint bien plus tard un<br />
homme riche et puissant. Il fit bâtir un temple<br />
en l'honneur <strong>de</strong> celle qu'il chérissait et<br />
s'y rendit chaque jour. Mais rien ni personne<br />
ne parvint à soulager sa tristesse d'avoir<br />
perdu l'être aimé.
74 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />
L'île <strong>de</strong> Jeju<br />
Au large <strong>de</strong> la côte sud, l'île <strong>de</strong> Jeju est à plus d'un titre un phénomène.<br />
Jadis lieu d'exile pour les fonctionnaires disgraciés, elle est aujourd'hui<br />
<strong>de</strong>venue un site touristique surnommée l'Hawaii <strong>de</strong> l'Orient, <strong>de</strong>stination<br />
favorite <strong>de</strong>s voyages <strong>de</strong> noces et <strong>de</strong>s passionnés japonais <strong>de</strong> golf.<br />
C'est la plus gran<strong>de</strong> <strong>de</strong>s milliers d'îles <strong>de</strong> la côte coréenne. Ses 1 845 km 2<br />
abritent <strong>de</strong>s volcans éteints, <strong>de</strong>s plages claires et <strong>de</strong>s villages <strong>de</strong> pêcheurs qui<br />
sont à l'origine d'un autre surnom <strong>de</strong> l'île : l'émerau<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'Orient.<br />
Elle est située dans une ceinture semi-tropicale qui lui permet <strong>de</strong>s cultures<br />
variées tout au long <strong>de</strong> l'année. Les températures moyennes sont <strong>de</strong><br />
24° en été et <strong>de</strong> 6° en hiver. Il y a <strong>de</strong> la neige sur ses pics montagneux et<br />
1 700 variétés <strong>de</strong> plantes s'y développent, <strong>de</strong>puis les espèces semi-tropicales<br />
jusqu'aux familles <strong>de</strong>s zones plus froi<strong>de</strong>s. L'île est aussi un important<br />
producteur d'oranges et <strong>de</strong> bananes.<br />
Quand on évoque Jejudo, trois choses viennent à l'esprit <strong>de</strong>s <strong>Corée</strong>ns :<br />
le vent, les pierres et les poneys. Les <strong>de</strong>ux premiers éléments sont en fait<br />
étroitement liés : l'île, volcanique – on y trouve le mont Halla, un ancien<br />
volcan <strong>de</strong> 1 950 m <strong>de</strong> hauteur – regorge <strong>de</strong> basalte qui fait <strong>de</strong>puis
longtemps partie du paysage; on se sert <strong>de</strong> ces roches noires pour construire<br />
<strong>de</strong>s murets qui protègent les plantations contre les vents souvent<br />
très violents. Par ailleurs, le basalte sert à la fabrication <strong>de</strong>s dolharubang<br />
(grands-pères <strong>de</strong> pierre), statues grimaçantes disséminées dans l'île et<br />
<strong>de</strong>stinées à l'origine à protéger les villages contre les mauvais esprits.<br />
Quant aux poneys, ils sont l'héritage <strong>de</strong>s invasions du XIII e siècle. En<br />
effet les Mongols, pendant qu'ils préparaient leur débarquement au<br />
Japon, organisèrent l'élevage <strong>de</strong> ces petits chevaux robustes qui sont<br />
<strong>de</strong>venus <strong>de</strong>puis un <strong>de</strong>s symboles <strong>de</strong> Jejudo et <strong>de</strong> ses particularités.<br />
Jejudo, c'est également l'océan et tout ce qu'il offre aux insulaires. Ce<br />
sont les femmes – autre caractéristique <strong>de</strong> l'île – qui font vivre la famille<br />
et plongent en apnée, toute l'année, pour récolter et vendre ormeaux,<br />
huîtres et autres coquillages ou crustacés. Reconnaissables à leur combinaison<br />
d'homme-grenouille, ces haenyeo (femmes <strong>de</strong> la mer) constituent<br />
un cas exceptionnel dans la société coréenne, confucéenne et patriarcale.<br />
Jejudo se distingue aussi du reste du pays par le langage qu'on y parle.<br />
Non pas que les habitants <strong>de</strong> l'île ignorent le coréen, mais leur accent est<br />
si prononcé qu'il est incompréhensible pour les rési<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> Séoul et<br />
d'ailleurs. En outre, contrairement aux continentaux, le kimchi «nation-<br />
75 _ Visiter la <strong>Corée</strong>
Bulguksa<br />
al›› – légumes saumurés à base <strong>de</strong> piment et d'ail – n'est pas indispensable<br />
aux habitants <strong>de</strong> Jejudo : le climat, trop doux, ne s'est jamais vraiment<br />
prêté à sa préparation.<br />
Malgré sa proximité (100 km du continent), Jejudo est bel et bien une<br />
région à part en <strong>Corée</strong> du Sud. Elle reste toutefois extrêmement chère au<br />
cœur <strong>de</strong>s <strong>Corée</strong>ns qui la considèrent comme un véritable joyau.<br />
Gyeongju<br />
Gyeongju fut pendant dix siècles la ville où résidaient les rois <strong>de</strong> Silla<br />
et l'une <strong>de</strong>s cités les plus florissantes du mon<strong>de</strong>. On y trouve encore<br />
aujourd'hui une telle concentration <strong>de</strong> temples, <strong>de</strong> tombes et <strong>de</strong> pago<strong>de</strong>s<br />
que les <strong>Corée</strong>ns lui ont donné le surnom <strong>de</strong> «Musée à ciel ouvert››. En<br />
1979, l'Unesco, réalisant combien le passé <strong>de</strong> la ville était riche, la classa<br />
parmi les dix plus anciennes cités du mon<strong>de</strong>.<br />
Il y a un peu plus <strong>de</strong> 1 000 ans, avant que Silla ne soumette les royau-
Pago<strong>de</strong>s Dabotap et Seokgatap (Bulguksa)<br />
mes <strong>de</strong> Baekje et <strong>de</strong> Goguryeo (cf. Origines du peuplement), Gyeongju<br />
était une ville <strong>de</strong> province paisible. Après l'unification, elle <strong>de</strong>vint petit à<br />
petit le centre <strong>de</strong> la vie culturelle et religieuse du royaume. Le bouddhisme,<br />
religion d'État sous Silla unifié, contribua par ailleurs gran<strong>de</strong>ment<br />
au développement <strong>de</strong>s arts et à la prospérité <strong>de</strong> la ville et <strong>de</strong> la dynastie.<br />
Au IX e siècle cependant, les querelles au sein <strong>de</strong> la cour et les défections<br />
<strong>de</strong> la noblesse eurent raison <strong>de</strong> ce millénaire flamboyant et<br />
entraînèrent le déclin <strong>de</strong> Gyeongju puis la chute <strong>de</strong> Silla. Aujourd'hui, la<br />
ville n'a pas l'importance qu'elle avait jadis mais elle reste incontestablement<br />
le berceau <strong>de</strong> l'âge d'or du premier millénaire coréen.<br />
Parmi les trésors <strong>de</strong> Gyeongju, le Bulguksa, bâti en 535 et agrandi en<br />
751, est l'un <strong>de</strong>s plus anciens temples <strong>de</strong> <strong>Corée</strong> et assurément le plus<br />
célèbre. Il comptait environ 80 bâtiments avant que les souverains <strong>de</strong><br />
Goryeo, et surtout <strong>de</strong> Joseon, le considérant comme une offense faite au<br />
confucianisme, détruisent une partie <strong>de</strong>s édifices. Enfin, l'invasion japonaise<br />
<strong>de</strong> 1592 endommagea énormément les constructions restantes, à
78 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />
Boucles d'oreilles en or (Silla – V e ou VI e siècle) Observatoire <strong>de</strong> Cheomseongdae<br />
l'exception <strong>de</strong>s fondations. On tenta au fil <strong>de</strong>s ans <strong>de</strong> redonner au<br />
Bulguksa son aspect original mais ce n'est que <strong>de</strong> 1969 à 1973 qu'une<br />
véritable entreprise <strong>de</strong> restauration fut menée. L'ensemble actuel est, si<br />
on se réfère aux textes, nettement moins imposant qu'à l'origine mais<br />
<strong>de</strong>meure impressionnant.<br />
À proximité du Parc national <strong>de</strong> Gyeongju se trouve l'observatoire <strong>de</strong><br />
Cheomseongdae, considéré comme la plus vieille structure d'observation<br />
astronomique d'Asie, sinon du mon<strong>de</strong>. Construit entre 632 et 647, son<br />
aspect rappelle celle d'une bouteille difforme mais serait le résultat <strong>de</strong><br />
calculs extrêmement complexes. Les douze pierres qui constituent le<br />
socle correspondraient aux douze mois <strong>de</strong> l'année et les trente couches <strong>de</strong><br />
pierre qui forment la totalité <strong>de</strong> la tour aux trente jours du mois. L'édifice<br />
comporte au total 366 pierres, un nombre qui concor<strong>de</strong> avec le nombre<br />
<strong>de</strong> jours compris dans une année.<br />
Le joyau <strong>de</strong> l'art bouddhique sous Silla est probablement la grotte artificielle<br />
Seokguram et son Amitabul <strong>de</strong> granit blanc. Orienté plein est, d'une<br />
gran<strong>de</strong> sérénité, il est entouré <strong>de</strong> quinze personnages (cinq bodhisattvas et
79 _ Visiter la <strong>Corée</strong><br />
Grotte <strong>de</strong> Seokguram : trésor national n 24<br />
dix disciples) sculptés en bas-relief sur le mur <strong>de</strong> la roton<strong>de</strong> qui l'abrite.<br />
Annexe du Bulguksa, la grotte <strong>de</strong> Seokguram fut construite à l'intiative<br />
du premier ministre Kim Dae-seong en 751, sous le règne du roi<br />
Gyeong<strong>de</strong>ok. Si l'on en croit le Samgungnyusa (Histoire <strong>de</strong>s Trois<br />
Royaumes), la ferveur religieuse n'était pas forcément la motivation<br />
première <strong>de</strong> Kim Dae-seong : Seokguram – initialement Seokbulsa<br />
(Lumière <strong>de</strong> vérité) – était dédié aux parents du premier ministre.<br />
Une légen<strong>de</strong> existe autour <strong>de</strong> Kim Dae-seong : né d'une famille pauvre,<br />
il serait <strong>de</strong>venu par réincarnation le fils d'un noble nommé Kim<br />
Mun-ryang, ce suite à une offran<strong>de</strong> faite dans un temple. Un jour, alors<br />
qu'il chassait l'ours sur les pentes du mont Toham, le jeune homme eut<br />
une révélation à la suite <strong>de</strong> laquelle il promit <strong>de</strong> construire le Bulguksa<br />
pour sa nouvelle famille et <strong>de</strong> bâtir un autre temple, le Seokbulsa, pour<br />
ses premiers parents. Quelle que soit la légen<strong>de</strong>, l'ouvrage est impressionnant<br />
et la beauté <strong>de</strong> ces lieux saints est admirable.
80 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />
Le saviez-vous ?<br />
La DMZ est un sanctuaire pour <strong>de</strong> nombreuses variétés d'animaux et <strong>de</strong><br />
plantes. En effet l'absence totale d'activité humaine dans la zone a fait <strong>de</strong> ce<br />
no man's land un havre <strong>de</strong> paix pour les oiseaux migrateurs, les sangliers,<br />
les ours et les cerfs. Des scientifiques du mon<strong>de</strong> entier viennent aux abords<br />
<strong>de</strong> la DMZ pour tenter d'observer ces animaux, dont certaines espèces sont<br />
ailleurs menacées d'extinction.
La DMZ et Panmunjeom<br />
À 44 km <strong>de</strong> Séoul, la<br />
DMZ est la Zone démilitarisée<br />
qui sépare la<br />
République <strong>de</strong> <strong>Corée</strong> <strong>de</strong> son<br />
frère ennemi la République<br />
populaire démocratique <strong>de</strong><br />
<strong>Corée</strong>. Coupant la péninsule<br />
en <strong>de</strong>ux, elle est bien plus<br />
qu'une simple frontière sur<br />
une carte géographique :<br />
c'est une plaie dont souffrent<br />
tous les <strong>Corée</strong>ns, un vestige<br />
<strong>de</strong> la guerre froi<strong>de</strong>, un lieu<br />
<strong>de</strong> tension permanente entre<br />
le Nord et le Sud.<br />
La zone s'étire sur 250<br />
km d'est en ouest, pour une<br />
largeur <strong>de</strong> 4 km. La DMZ<br />
est supposée <strong>de</strong>meurer inviolée<br />
mais en 1974, <strong>de</strong>s<br />
inspecteurs <strong>de</strong>s Nations Unies découvrirent <strong>de</strong>s tunnels débouchant au<br />
Sud et permettant le passage <strong>de</strong>s troupes nord-coréennes. Ceux qui visitent<br />
ces galeries se ren<strong>de</strong>nt compte aisément du travail inouï – et finalement<br />
vain – qu'a nécessité le forage <strong>de</strong> ces passages souterrains.<br />
Il est relativement facile <strong>de</strong> se rendre à la DMZ. Des bus font la<br />
navette et empruntent la Jayuro (Route <strong>de</strong> la liberté) avant <strong>de</strong> franchir le<br />
Pont <strong>de</strong> la liberté jusqu'au village <strong>de</strong> trêve <strong>de</strong> Panmunjeom. C'est là que<br />
fut signé l'armistice en 1953 – la paix n'a pas été conclue, Nord et Sud<br />
observent simplement une trêve – et qu'ont lieu <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s rencontres<br />
régulières entre les <strong>de</strong>ux <strong>Corée</strong>s.<br />
81 _ Visiter la <strong>Corée</strong>
82 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée
Sports et loisirs<br />
83 _ Sports et loisirs<br />
Les sports et les loisirs prennent<br />
une part importante dans la<br />
vie quotidienne <strong>de</strong> beaucoup <strong>de</strong><br />
<strong>Corée</strong>ns, particulièrement <strong>de</strong>puis<br />
quelques années. Peut-être que<br />
les nombreuses difficultés rencontrées<br />
par le pays ont amené la<br />
population à apprécier fortement<br />
les sports et les divertissements.<br />
Nombreux sont ceux qui disent<br />
que les <strong>Corée</strong>ns sont <strong>de</strong>s gens<br />
Taekkyeon, art martial coréen<br />
passionnés : plus ils travaillent<br />
dur, plus ensuite ils aiment s'amuser. Pendant les pique-niques organisés<br />
par les entreprises, vous pouvez voir se dégager une intensité et une<br />
énergie rarement égalée au bureau. Les jeunes veulent montrer leurs<br />
capacités, alors que les plus lents tentent <strong>de</strong> redonner vie à leur jeunesse,<br />
tout en éprouvant leur âge. Au fur et à mesure que la <strong>Corée</strong> se développe,<br />
<strong>de</strong>s athlètes <strong>de</strong> tous les niveaux <strong>de</strong>viennent <strong>de</strong> plus en plus compétitifs.<br />
De plus, <strong>de</strong>puis que le niveau <strong>de</strong> vie s'est amélioré, les gens ont trouvé<br />
une gran<strong>de</strong> variété d'activités sportives et <strong>de</strong>s divertissements qui leur<br />
font plaisir et pour lesquelles ils ont désormais les moyens.<br />
Les sports populaires<br />
L'intérêt pour les sports populaires s'est largement développé en <strong>Corée</strong><br />
tout au long <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières décennies. Depuis le tir à l'arc jusqu'à la voile,<br />
les <strong>Corée</strong>ns se sont lancés dans la compétition à la fois au niveau national<br />
et international, réussissant dans certaines disciplines et moins bien dans<br />
d'autres. Faisons le tour d'horizon <strong>de</strong>s sports populaires préférés.
84 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />
Le base-ball<br />
Comme dans beaucoup d'autres pays, le base-ball est un sport très populaire<br />
en <strong>Corée</strong>. Recevoir son premier gant ou sa première batte comme<br />
ca<strong>de</strong>au d'anniversaire reste un plaisir inégalé pour un petit garçon coréen, et<br />
la plupart ont leurs joueurs et leurs équipes préférés. On peut facilement se<br />
rendre compte <strong>de</strong> la popularité du base-ball à travers le pays. Depuis les<br />
enfants portant <strong>de</strong>s casquettes où lisant <strong>de</strong>s ban<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ssinées consacrées à<br />
ce sport, jusqu'aux hommes d'affaires assis dans le métro et lisant les journaux<br />
sportifs afin <strong>de</strong> connaître les résultats et les pronostiques, le base-ball<br />
est visiblement une gran<strong>de</strong> affaire en <strong>Corée</strong>.<br />
Le base-ball a été introduit en <strong>Corée</strong> en 1906. Le premier championnat<br />
date <strong>de</strong> 1982 et comptait au départ six équipes. Deux équipes supplémen-
taires sont venues plus tard rejoindre la compétition en 1986 et 1989.<br />
Chaque équipe est sponsorisée par une entreprise coréenne et joue 133<br />
matches au cours <strong>de</strong> la saison.<br />
La ligue est actuellement composée <strong>de</strong> 8 équipes. La ligue a été<br />
ouverte aux joueurs étrangers <strong>de</strong>puis la saison 1998. Aujourd'hui, 24<br />
joueurs <strong>de</strong> nationalité étrangère originaires <strong>de</strong>s États-Unis, du Vénézuéla<br />
et <strong>de</strong> la République dominicaine évoluent dans la ligue nationale.<br />
Les jeunes se distinguent régulièrement lors<br />
<strong>de</strong>s compétitions internationales : la <strong>Corée</strong> a<br />
remporté par <strong>de</strong>ux fois (en 1984 et<br />
1985) la Little League World<br />
Series qui se tient annuellement<br />
à Williamsport, État <strong>de</strong> Pennsylvanie,<br />
aux États-Unis.<br />
Aux AAA World Youth Baseball<br />
Championships, réservés aux<br />
16-18 ans, la <strong>Corée</strong> s'est classée<br />
six fois parmi les cinq premières<br />
équipes, remportant même la<br />
compétition en 1981 et 1994.<br />
Récemment, les stars du baseball<br />
coréen ont commencé à se<br />
faire une réputation dans les<br />
ligues américaine et japonaise.<br />
Park Chan-ho, après <strong>de</strong>s débuts<br />
difficiles dans les Ligues majeures,<br />
est <strong>de</strong>venu le lanceur ve<strong>de</strong>tte <strong>de</strong>s<br />
Texas Rangers et Kim Byung-hyun<br />
accumule <strong>de</strong>s srikeouts dans le<br />
Bostone Red Sox. Choi Hee-sup<br />
est l'un <strong>de</strong>s joueurs ve<strong>de</strong>ttes occupant<br />
la première base <strong>de</strong> l'une <strong>de</strong>s<br />
principales équipes <strong>de</strong> la Ligue <strong>de</strong><br />
base-ball américain, les Florida<br />
Marlins.<br />
85 _ Sports et loisirs
86 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />
Le football<br />
Par tradition, les <strong>Corée</strong>ns aiment le football. Alors que le base-ball est<br />
plus populaire chez les plus jeunes, le football fait quant à lui l'unanimité.<br />
Certains l'aiment car c'est un sport simple à apprendre et à jouer et qu'il<br />
ne nécessite pas d'équipement particulier ; d'autres parce que pour être<br />
bon il faut un incroyable équilibre entre vitesse, résistance, coordination<br />
et conscience. Les autres l'apprécient parce qu'ils aiment juste taper dans<br />
un ballon.<br />
La <strong>Corée</strong> a été en fait le premier pays asiatique à se doter d'une équipe<br />
professionnelle. La ligue professionnelle, qui a été établie en 1983 et a pris<br />
le nom <strong>de</strong> Ligue coréenne en 1998 comprend actuellement dix équipes.<br />
Elle a donné du pays une image <strong>de</strong> lea<strong>de</strong>r pour le football asiatique.<br />
La <strong>Corée</strong> s'est qualifiée cinq fois <strong>de</strong> suite aux phases finales <strong>de</strong> la<br />
Coupe du Mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> la FIFA <strong>de</strong>puis la Coupe du Mon<strong>de</strong> du Mexique en<br />
1986 à la Coupe du Mon<strong>de</strong> <strong>Corée</strong>-Japon en 2002. La <strong>Corée</strong> est ainsi <strong>de</strong>venue<br />
le pays asiatique comptant le plus grand nombre d'accès aux phases<br />
finales <strong>de</strong> la Coupe du Mon<strong>de</strong> avec 6 participations. L'équipe <strong>de</strong> football<br />
coréenne a surpris le mon<strong>de</strong> en se qualifiant pour les matchs <strong>de</strong> la<br />
<strong>de</strong>mi-finale.
En 1983, la <strong>Corée</strong> termina à la 4 e place au Championnat du Mon<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
Football Juniors organisé au Mexique, montrant <strong>de</strong>s signes prometteurs<br />
aux amateurs <strong>de</strong> football à travers le mon<strong>de</strong>. L'esprit combatif, la résistance<br />
et l'endurance sont <strong>de</strong>venus les symboles du football coréen.<br />
L'uniforme rouge <strong>de</strong> l'équipe coréenne est <strong>de</strong>venue le fétiche <strong>de</strong>s jeunes<br />
rêvant <strong>de</strong> fouler un jour la pelouse d'un terrain <strong>de</strong> football.<br />
L'équipe nationale a pris toute son importance grâce à la direction <strong>de</strong><br />
l'entraîneur hollandais Guus Hidink, menant l'équipe coréenne jusqu'aux<br />
<strong>de</strong>mi-finales <strong>de</strong> la Coupe du Mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> Football <strong>Corée</strong>-Japon 2002, en<br />
battant la Pologne, le Portugal, l'Italie et l'Espagne avant <strong>de</strong> perdre contre<br />
l'Allemagne en <strong>de</strong>mi-finale. La <strong>Corée</strong> a atteint ce jour sa meilleure performance<br />
<strong>de</strong> l'histoire du football coréen.<br />
La Coupe du Mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> Football n'a pas seulement permis <strong>de</strong> propulser<br />
la <strong>Corée</strong> au rang <strong>de</strong>s équipes les plus redoutées mais aussi d'améliorer<br />
son infrastructure avec la construction <strong>de</strong> 10 nouveaux sta<strong>de</strong>s <strong>de</strong> niveau<br />
international et un terrain d'entraînement spécialement dédié à l'équipe<br />
nationale. L'amour du football <strong>de</strong>s <strong>Corée</strong>ns et l'esprit combatif <strong>de</strong>s<br />
joueurs ainsi que leur courage face aux traditionnelles gran<strong>de</strong>s équipes<br />
mondiales ont été les moteurs <strong>de</strong> leur réussite. Certains joueurs coréens<br />
évoluent <strong>de</strong>puis à l'étranger, jouant aux États-Unis, au Pays-Bas, au<br />
Japon, en Allemagne et en Belgique.<br />
87 _ Sports et loisirs<br />
La Coupe <strong>de</strong> Mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> Football Coree-Japon 2002<br />
La Coupe du Mon<strong>de</strong> 2002, organisée pour la première fois en Asie, est<br />
considérée comme un événement réussi ayant dissipé les soucis soulevés<br />
avant la compétition alors qu’il s'agit <strong>de</strong> la première Coupe du Mon<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
l'histoire <strong>de</strong> la FIFA à avoir été co-organisée par <strong>de</strong>ux pays.<br />
Les officiels <strong>de</strong> la FIFA et les organisateurs ont reconnu que la Coupe<br />
du Mon<strong>de</strong> 2002 a été une réussite affranchie <strong>de</strong> la peur du terrorisme et<br />
du hooliganisme.<br />
La <strong>Corée</strong> a ouvert un nouveau chapitre dans l'histoire du football du pays<br />
en accédant jusqu'à la <strong>de</strong>mi-finale après avoir vaincu les pays tels que le<br />
Portugal, l'Espagne et l'Italie, déjà trois fois champion du mon<strong>de</strong>. La <strong>Corée</strong><br />
est le premier pays asiatique à avoir atteint un tel niveau <strong>de</strong> la compétition.
88 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />
La performance <strong>de</strong>s joueurs coréens a étonné le mon<strong>de</strong> entier et les<br />
débor<strong>de</strong>ments <strong>de</strong> joie <strong>de</strong>s «Diables rouges» se sont répandus dans tout le<br />
pays, illustrant l'unité du peuple coréen.<br />
Alors que l'on a pu voir par le passé le dynamisme <strong>de</strong> la <strong>Corée</strong> dans
divers domaines, le pays est aujourd’hui au seuil d'un nouveau décollage<br />
économique. Cette occasion représente certainement un tournant aussi<br />
bien pour le gouvernement que pour les entreprises privées.<br />
89 _ Sports et loisirs
90 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />
Le taekwondo<br />
C'est un art martial <strong>de</strong> défense développé par les <strong>Corée</strong>ns il y a plus <strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>ux mille ans. Comme au kung-fu et au karaté, les coups sont portés<br />
avec les poings et les pieds. Les démonstrations <strong>de</strong> taekwondo sont très<br />
impressionnantes : les spécialistes <strong>de</strong> la discipline sont capables <strong>de</strong> faire<br />
<strong>de</strong>s acrobaties spectaculaires, brisant avec le pied <strong>de</strong>s planches situées à<br />
trois mètres <strong>de</strong> hauteur. Devenu obligatoire dans la formation <strong>de</strong>s jeunes<br />
<strong>Corée</strong>ns appelés sous le drapeau, ce sport nécessite un entraînement<br />
physique intense ainsi qu'une préparation mentale très poussée.<br />
Actuellement, 40 millions <strong>de</strong> personnes pratiquent ce sport dans plus <strong>de</strong><br />
160 pays.<br />
Le taekwondo a été adopté à l'occasion <strong>de</strong>s X es<br />
Jeux asiatiques, au<br />
cours <strong>de</strong>squels les athlètes coréens dominèrent largement la compétition,<br />
remportant sept <strong>de</strong>s huit médailles d'or. Sport <strong>de</strong> démonstration aux Jeux<br />
olympiques d'été <strong>de</strong> 1988 et 1992, le taekwondo est <strong>de</strong>venu une<br />
compétition officielle aux Jeux <strong>de</strong> Sydney, en 2000.
91 _ Sports et loisirs<br />
Autres<br />
Le basket-ball est certainement<br />
aujourd’hui un <strong>de</strong>s sports les plus en<br />
vogue chez les jeunes générations en<br />
<strong>Corée</strong>. Il n'est pas difficile <strong>de</strong> voir <strong>de</strong>s<br />
groupes <strong>de</strong> jeunes s'adonner à leur sport<br />
favori après les heures <strong>de</strong> classe ou les<br />
week-ends, vêtus <strong>de</strong> tenus propres aux<br />
joueurs <strong>de</strong> basket-ball. L'enthousiasme<br />
pour le basket-ball est présent partout :<br />
<strong>de</strong> la ligue professionnelle <strong>de</strong> basketball<br />
coréen aux jeux par équipes <strong>de</strong> trois<br />
sur les terrains au bord du fleuve Han.<br />
Un tournoi professionnel avait été organisé<br />
en <strong>Corée</strong> en 1997. Actuellement, 10<br />
équipes évoluent au championnat<br />
national.<br />
Le saviez-vous ?<br />
L'homme le plus fort du mon<strong>de</strong><br />
est un <strong>Corée</strong>n ! Même s'il est<br />
exagéré d'affirmer cela, les amateurs<br />
<strong>de</strong> ssireum aiment à le<br />
croire. Le ssireum, c'est la lutte<br />
coréenne, un sport qui naquit il y<br />
a environ 1 500 ans. Dans un cercle<br />
<strong>de</strong> sept mètres <strong>de</strong> diamètre,<br />
<strong>de</strong>ux hommes s'agrippent par une<br />
ceinture attachée autour <strong>de</strong> leur<br />
taille et tentent <strong>de</strong> faire basculer<br />
leur adversaire dans le sable. Un<br />
championnat professionnel existe<br />
<strong>de</strong>puis 1983 et les compétitions<br />
sont organisées par catégories <strong>de</strong><br />
poids. Un tournoi national a lieu<br />
huit fois par an : le vainqueur <strong>de</strong><br />
l'épreuve toutes catégories se voit<br />
attribuer le titre d'«Homme le plus<br />
fort du mon<strong>de</strong>››. En 2001, Lee<br />
Bong-ju remporta le 105 e<br />
Marathon <strong>de</strong> Boston.
92 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée
Au golf, la <strong>Corée</strong> a produit <strong>de</strong> nombreux joueurs <strong>de</strong> niveau mondial.<br />
En particulier, <strong>de</strong>s joueuses professionnelles telles que Park Seri, Kim<br />
Mi-hyun et Grace Park se sont distinguées en remportant plusieurs titres<br />
du LPGA ou US Open féminin. Le joueur Choi Kyung-ju a remporté<br />
<strong>de</strong>ux titres du PGA en 2002.<br />
Au tennis, Lee Hyung-taik est<br />
<strong>de</strong>venu le premier joueur coréen à<br />
avoir remporté un tournoi majeur<br />
au Tournoi international Addidas à<br />
Sydney en Australie en janvier<br />
2003.<br />
Les <strong>Corée</strong>ns sont aussi très<br />
présents dans les compétitions <strong>de</strong><br />
haut niveau comme aux Jeux<br />
olympiques dans les domaines du<br />
tir-à-l'arc, le tir, le ping-pong, le<br />
patinage <strong>de</strong> vitesse sur courte piste<br />
et le saut à ski.<br />
93 _ Sports et loisirs
94 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée
Les Jeux olympiques<br />
Les Jeux olympiques ont une signification<br />
toute particulière pour les <strong>Corée</strong>ns.<br />
Outre l'anecdote amère liée au marathon<br />
<strong>de</strong> Berlin (cf. Le saviez-vous ?), la<br />
première participation <strong>de</strong> la <strong>Corée</strong>, en tant<br />
que pays libre, à un événement d'envergure<br />
internationale, eut lieu aux Jeux <strong>de</strong><br />
Londres, en 1948. Cette année-là, la<br />
République <strong>de</strong> <strong>Corée</strong> ne remporta que<br />
<strong>de</strong>ux médailles <strong>de</strong> bronze. Depuis, les<br />
performances <strong>de</strong>s athlètes sud-coréens se<br />
sont améliorées et, pour un petit pays, les<br />
résultats sont plutôt satisfaisants. Enfin,<br />
<strong>de</strong>rnière raison qui fait que les Jeux<br />
olympiques représentent beaucoup pour<br />
les <strong>Corée</strong>ns, Séoul a elle-même été le<br />
théâtre <strong>de</strong> ces JO, en 1988.<br />
La meilleure prestation <strong>de</strong> la <strong>Corée</strong> a<br />
Le saviez-vous ?<br />
La <strong>Corée</strong> a eu <strong>de</strong> grands<br />
marathoniens. Aux Jeux<br />
olympiques <strong>de</strong> Berlin, en 1936,<br />
Sohn Kee-chung et Nam Sungyong<br />
ont remporté les médailles<br />
d'or et <strong>de</strong> bronze, le premier<br />
établis-sant même un nouveau<br />
record olympique. À cette<br />
époque malheureusement la<br />
<strong>Corée</strong> était colonisée par le<br />
Japon et les <strong>de</strong>ux coureurs<br />
franchirent la ligne d'arrivée<br />
avec le drapeau japonais<br />
accroché à leur maillot.<br />
En 1947, So Yun-bok a remporté<br />
quant à lui le prestigieux<br />
marathon <strong>de</strong> Boston et<br />
en 1950, trois <strong>Corée</strong>ns ont fini<br />
en tête <strong>de</strong> la course, le premier<br />
ayant pour nom Ham Kiyong.<br />
Enfin en 1992, aux Jeux<br />
olympiques <strong>de</strong> Barcelone,<br />
Hwang Young-cho a terminé<br />
premier <strong>de</strong> l'épreuve.<br />
95 _ Sports et loisirs<br />
Sohn Kee-chung Hwang Young-cho Lee Bong-ju
96 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />
d'ailleurs eu lieu cette année-là : avec un total <strong>de</strong> 33 médailles, dont 12<br />
d'or, la <strong>Corée</strong> du Sud s'est classée sixième. Quatre ans plus tard, à<br />
Barcelone, elle a rétrogradé d'une place, se classant septième (12<br />
médailles d'or, 5 d'argent, 12 <strong>de</strong> bronze) parmi les 172 nations participantes.<br />
En 1996, les athlètes sud-coréens ont ramené d'Atlanta 27<br />
médailles (7 d'or, 15 d'argent, 5 <strong>de</strong> bronze), un total qui les a classés à la<br />
huitième place.<br />
Les loisirs<br />
Les loisirs en <strong>Corée</strong> ont évolué parallèlement à l'enrichissement du<br />
pays. Les gens ont eu petit à petit plus <strong>de</strong> temps et plus d'argent à consacrer<br />
à leurs loisirs, à leur santé, à leur forme physique. Aujourd'hui,<br />
pour peu que vous soyez un peu fortuné, les possibilités sont gran<strong>de</strong>s.<br />
La <strong>Corée</strong> étant recouverte à 70 % <strong>de</strong> collines et <strong>de</strong> montagnes, la randonnée<br />
a toujours été une <strong>de</strong>s activités favorites <strong>de</strong> la population. Quelle<br />
que soit la distance à parcourir, l'enthousiasme est au ren<strong>de</strong>z-vous. Peu<br />
importe si l'excursion ne dure qu'une <strong>de</strong>mi-journée, les <strong>Corée</strong>ns<br />
s'équipent : chaussures <strong>de</strong> marche, sac à dos, gour<strong>de</strong>, grosses chaussettes
<strong>de</strong> laine... Tous les week-ends, les chemins <strong>de</strong> montagnes sont ainsi pris<br />
d'assaut par les citadins venus en famille oublier quelque temps l'atmosphère<br />
<strong>de</strong> la ville. Mais tout le mon<strong>de</strong> ne vient pas forcément pour faire<br />
<strong>de</strong> l'exercice : certains vont se recueillir dans les temples, d'autres remplir<br />
leurs jerricanes d'eau <strong>de</strong> source. Pour tous cependant l'objectif est le<br />
même : se détendre et respirer l'air frais <strong>de</strong> la montagne.<br />
Dans tout le pays vous pouvez également faire <strong>de</strong> la natation, du bowling,<br />
<strong>de</strong> l'aérobic ou <strong>de</strong> la musculation. Les équipements ne manquent pas<br />
et <strong>de</strong>s navettes <strong>de</strong> bus sont organisées dans les grands ensembles mo<strong>de</strong>rnes<br />
pour emmener les enfants à la piscine ou leurs mamans à la salle<br />
<strong>de</strong> gymnastique. Dans les centres <strong>de</strong> remise en forme, les cadres essaient<br />
<strong>de</strong> retrouver leur silhouette ou faire passer les excès <strong>de</strong> boisson <strong>de</strong> la<br />
veille en se délassant au sauna ou dans un jacuzzi. Le soir, <strong>de</strong>s gens <strong>de</strong><br />
tous âges s'attar<strong>de</strong>nt dans les bowling : on y vient bien sûr pour se<br />
défouler sur les quilles, entre amis, mais aussi pour voir du mon<strong>de</strong>, faire<br />
<strong>de</strong>s rencontres...<br />
Plus traditionnels, les dojang, salles <strong>de</strong> sports où sont enseignés le<br />
taekwondo, le judo, le kung-fu, etc. Les parents aiment envoyer leurs fils<br />
– et <strong>de</strong> plus en plus leurs filles – apprendre ces sports, moins pour faire<br />
d'eux <strong>de</strong>s garçons forts que pour la discipline <strong>de</strong> l'esprit qui est exigée.<br />
97 _ Sports et loisirs
98 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />
Les dojang, ce sont aussi <strong>de</strong>s endroits où la notion <strong>de</strong> camara<strong>de</strong>rie est<br />
importante.<br />
Comme vous le savez, les années <strong>de</strong> lycée sont particulièrement difficiles<br />
en <strong>Corée</strong>. Qu'on parvienne à entrer à l'université ou non, la fin <strong>de</strong>s<br />
étu<strong>de</strong>s secondaires est un grand moment <strong>de</strong> soulagement dont on profite<br />
pour sortir et s'amuser. La jeune génération apprécie tout<br />
particulièrement les cafés <strong>de</strong> type occi<strong>de</strong>ntal, le cinéma mais aussi le<br />
sport : basket-ball, football, tennis <strong>de</strong> table, base-ball, jokgu (tennis-ballon),<br />
ski et même parapente.<br />
Au bord <strong>de</strong> la mer ou <strong>de</strong>s lacs, la pêche reste un passe-temps très<br />
apprécié <strong>de</strong>s <strong>Corée</strong>ns. La planche à voile et le ski nautique ont également<br />
leurs a<strong>de</strong>ptes. Si vous désirez rester en ville et faire un peu d'exercice<br />
sans pour autant aller dans un club ou un sta<strong>de</strong>, vous pouvez entrer dans<br />
une batting cage (espace clos dans lequel une machine automatique lance<br />
<strong>de</strong>s balles <strong>de</strong> base-ball que l'on doit frapper avec une batte) ou une salle<br />
<strong>de</strong> jeux électroniques.<br />
Le billard (américain, anglais, pool) est également très populaire,<br />
notamment auprès <strong>de</strong>s étudiants. Les salles sont nombreuses et leurs<br />
enseignes facilement reconnaissables à leurs cercles rouges, bleus et<br />
verts.
Les moins jeunes ne sont pas en reste et affectionnent eux aussi les<br />
moments <strong>de</strong> détente. Le badminton a leur faveur : avec ou sans filet,<br />
frapper dans un volant est une activité très prisée. La marche, le jogging<br />
et le vélo sont également <strong>de</strong>s moyens courants <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r la forme. Le<br />
tennis et le golf sont toutefois les activités les plus en vogue. Les<br />
quartiers rési<strong>de</strong>ntiels, les écoles et les complexes d'appartements construits<br />
récemment possè<strong>de</strong>nt tous leurs courts <strong>de</strong> tennis. Les clubs sont également<br />
<strong>de</strong> plus en plus nombreux, mais il reste très difficile <strong>de</strong> pouvoir<br />
jouer le soir ou le week-end, la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> étant très forte. Le golf quant à<br />
lui est comme ailleurs réservé à un petit nombre <strong>de</strong> gens, le plus souvent<br />
désireux <strong>de</strong> se retrouver au calme pour parler affaires. À toutes ces occupations<br />
plus ou moins physiques, les plus âgés et les plus calmes leur<br />
préfèrent le baduk ou le janggi, version coréenne <strong>de</strong>s échecs.<br />
99 _ Sports et loisirs
100 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />
Chajeonnori ou comment se<br />
divertir tout en renforçant la<br />
solidarité <strong>de</strong>s villageois
Fêtes et gastronomie<br />
101 _ Fêtes et gastronomie<br />
Les vacances<br />
Les <strong>Corée</strong>ns, réputés pour leur endurance, apprécient bien sûr les jours <strong>de</strong><br />
repos, qu'ils passent généralement en famille. Les calendriers solaire et<br />
lunaire servent tous <strong>de</strong>ux <strong>de</strong> référence pour l'établissement <strong>de</strong>s jours fériés.<br />
Si on compte les anniversaires, chaque mois <strong>de</strong> l'année offre aux familles <strong>de</strong><br />
nombreuses occasions <strong>de</strong> faire la fête.<br />
Toutefois, les <strong>Corée</strong>ns d'aujourd'hui, du moins les citadins, marquent<br />
moins ces événements que ne le faisaient leurs ancêtres. Certes, les <strong>de</strong>ux<br />
gran<strong>de</strong>s fêtes du pays, Seollal (Nouvel An lunaire) et Chuseok (Fête <strong>de</strong>s<br />
récoltes), sont encore célébrées selon la tradition, mais les autres<br />
événements <strong>de</strong> l'année sont plus rappelés que réellement fêtés.<br />
Heureusement que <strong>de</strong>s anciens sont encore là pour raconter avec nostalgie<br />
les journées passées à festoyer avec les autres villageois.<br />
Le calendrier lunaire<br />
Depuis l'époque <strong>de</strong>s Trois Royaumes, les paysans coréens se réfèrent à un<br />
calendrier établi à partir <strong>de</strong> la révolution <strong>de</strong> la lune autour <strong>de</strong> la terre. Les<br />
douze mois <strong>de</strong> l'année comptent 29 ou 30 jours, soit au total 354 jours par<br />
an, contre 365 dans le calendrier solaire. L'introduction tous les 33 mois<br />
d'un mois supplémentaire dans le calendrier lunaire permet cependant<br />
d'éviter un trop grand décalage entre les <strong>de</strong>ux systèmes. Ce mois intercalaire<br />
<strong>de</strong> 30 jours, appelé yundal, est censé être exempt <strong>de</strong> malchance et c'est souvent<br />
au cours <strong>de</strong> ce mois que sont organisés les mariages et les cérémonies<br />
importantes. Même si le calendrier solaire occi<strong>de</strong>ntal est la référence officielle<br />
<strong>de</strong>puis le XIX e siècle, les phases <strong>de</strong> la lune continuent d'influencer le<br />
rythme <strong>de</strong> vie <strong>de</strong> beaucoup <strong>de</strong> <strong>Corée</strong>ns.<br />
Difficile <strong>de</strong> dresser une liste exhaustive <strong>de</strong> toutes les fêtes célébrées en<br />
<strong>Corée</strong>; en effet les événements qui marquent l'année sont très nombreux et<br />
surtout très différents d'une province à l'autre : chaque région, chaque village<br />
possè<strong>de</strong> ses traditions et son folklore. Bon nombre <strong>de</strong> coutumes locales
102 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />
sont même totalement ignorées du reste du pays. Un point commun cependant<br />
: au cours <strong>de</strong>s cérémonies, beaucoup d'importance est donnée à la<br />
nature, au village, à la famille, sans parler <strong>de</strong>s vœux <strong>de</strong> prospérité et <strong>de</strong><br />
chance qui sont systématiquement formulés.<br />
Aujourd’hui encore, les familles coréennes se réunissent au moins <strong>de</strong>ux<br />
fois par an (créant d’importants embouteillages !) généralement chez l’aîné<br />
mâle. Toutes les femmes préparent les banquets alors que les enfants<br />
s’amusent et les hommes discutent entre eux.<br />
Fêtes traditionnelles<br />
Réveillon du Nouvel An<br />
Autrefois, le Jour <strong>de</strong> l'An, dès l'aube, les femmes se précipitaient vers le<br />
puits pour être les premières à remonter ce qu'on appelait «l'eau <strong>de</strong> la<br />
chance››. La veille, elles préparaient le repas et notamment la traditionnelle<br />
tteokguk (soupe <strong>de</strong> gâteaux <strong>de</strong> riz préparée avec du bouillon <strong>de</strong> faisan).<br />
Autre tradition – à caractère moins festif celle-là – : s'acquitter <strong>de</strong> ses<br />
<strong>de</strong>ttes avant les douze coups <strong>de</strong> minuit. Toute la famille restait ensuite<br />
veiller tard et les jeunes enfants savouraient le plaisir rare <strong>de</strong> passer la nuit<br />
avec leurs parents.<br />
Seollal (Nouvel An) – Le premier jour du premier mois lunaire<br />
C'est l'une <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux principales fêtes en <strong>Corée</strong>, où le Nouvel An est célébré<br />
<strong>de</strong>ux fois. Bien que le 1 er janvier soit tout <strong>de</strong> même un jour ferié, la plupart <strong>de</strong>s<br />
familles choisissent <strong>de</strong> traverser le pays pour retourner dans leur ville natale à<br />
l'occasion du Nouvel An lunaire, qui a lieu fin janvier ou début février.<br />
Comme en Occi<strong>de</strong>nt, ce jour termine l'année précé<strong>de</strong>nte et commence la<br />
nouvelle année.<br />
Pendant la semaine qui précè<strong>de</strong> cette fête, les amis échangent <strong>de</strong>s cartes<br />
pour se remercier et pour se souhaiter une heureuse nouvelle année. De nos<br />
jours, les <strong>Corée</strong>ns <strong>de</strong> religion chrétienne envoient aussi <strong>de</strong>s cartes <strong>de</strong> Noël.<br />
Pour Seollal les enfants s'habillent <strong>de</strong> hanbok <strong>de</strong> soie aux couleurs <strong>de</strong><br />
l'arc-en-ciel puis s'agenouillent et s'inclinent en une révérence du Nouvel<br />
An (sebae) <strong>de</strong>vant les personnes âgées <strong>de</strong> la famille, en leur souhaitant bonheur<br />
et chance (bok) pour l'année à venir. En retour, ils reçoivent <strong>de</strong><br />
précieux conseils et une petite somme d'argent, calculée selon leur âge et
103 _ Fêtes et gastronomie<br />
Sebae, vœux du Nouvel An lunaire présentés aux aînés<br />
leur position dans la famille. Il s'agit d'une coutume qui n'est pas prête <strong>de</strong><br />
disparaître malgré l'industrialisation et l'urbanisation du pays.<br />
Certains jeux sont pratiqués spécialement pendant ce jour tels que la lutte, le<br />
cerf-volant, la balançoire et le yunnori, un jeu <strong>de</strong> société utilisant <strong>de</strong>s batônnets,<br />
mais sont <strong>de</strong> plus en plus délaissés en faveur <strong>de</strong>s jeux électroniques.<br />
La lutte est plus qu’un jeu <strong>de</strong> force pure. Les cor<strong>de</strong>s sont liées <strong>de</strong> telle<br />
façon qu’elles symbolisent l’union <strong>de</strong> l’homme et <strong>de</strong> la femme, la<br />
compétition étant un signe <strong>de</strong> fertilité et <strong>de</strong> productivité à l’équipe gagnante,<br />
essentiellement dans les milieux agricoles et les communautés <strong>de</strong> la pêche.<br />
En <strong>Corée</strong>, le cerf-volant est bien plus qu'un loisir. C'est aussi le médium<br />
par lequel la mauvaise chance et les maladies <strong>de</strong> l'année passée disparaissent<br />
dans le ciel. On connaît plus <strong>de</strong> soixante dix sortes <strong>de</strong> cerfs-volants,<br />
dont le cerf-volant bouclier, le cerf-volant baduk (motif en damier <strong>de</strong> jeu <strong>de</strong><br />
go), le cerf-volant plat, le cerf-volant en tissus et le cerf-volant en forme <strong>de</strong><br />
raie. Le plus populaire est le cerf-volant bouclier, avec sa partie centrale<br />
évidée qui permet <strong>de</strong> contrôler la vitesse et la direction <strong>de</strong> l'objet. Ces<br />
qualités sont nécessaires pour les batailles, dans lesquelles les concurrents<br />
tentent <strong>de</strong> sectionner la ficelle tenant le cerf-volant <strong>de</strong> leur adversaire. Les<br />
ficelles sont enduites <strong>de</strong> verre pilé.
104 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />
Yunnori, une sorte <strong>de</strong> jeu <strong>de</strong> panneau<br />
Le jeu <strong>de</strong> bascule est lui typiquement féminin. Deux joueuses sautent<br />
chacune leur tour aux extrémités d'une planche posée sur une pierre. Ces<br />
bonds en l'air étaient autrefois pour les jeunes filles le seul moyen <strong>de</strong><br />
regar<strong>de</strong>r par <strong>de</strong>ssus l'enceinte <strong>de</strong> la maison et <strong>de</strong> découvrir ainsi le mon<strong>de</strong><br />
extérieur. Sauter <strong>de</strong> la sorte sur une planche est bien plus difficile qu'il n'y<br />
paraît : étant donné l'absence <strong>de</strong> véritable pivot, la qualité <strong>de</strong>s bonds dépend<br />
entièrement <strong>de</strong> l'adresse <strong>de</strong> la partenaire et <strong>de</strong> la puissance <strong>de</strong> ses sauts.<br />
Le repas traditionnel du Nouvel An lunaire varie d'une région à l'autre,<br />
voire d'une famille à l'autre. Cependant certaines préparations typiques se<br />
retrouvent sur toutes les tables : la tteokguk, soupe à base <strong>de</strong> gâteaux <strong>de</strong> riz<br />
en forme <strong>de</strong> bâtonnets et <strong>de</strong> bouillon <strong>de</strong> faisan, <strong>de</strong> bœuf ou <strong>de</strong> poulet. (Les<br />
<strong>Corée</strong>ns disent que prendre <strong>de</strong> la tteokguk revient à «avaler›› une année).<br />
Les autres préparations traditionnelles sont les mandu (sortes <strong>de</strong> raviolis) et<br />
les bindaetteok (crêpes <strong>de</strong> légumes), le tout étant servi avec du sujeonggwa<br />
(thé à la cannelle) ou du sikhye, une boisson fraîche très sucrée à base <strong>de</strong> riz.<br />
Ces spécialités sont également déposées sur les tombes <strong>de</strong>s ancêtres en<br />
guise d'offran<strong>de</strong>s.
Yunnori<br />
Au moment <strong>de</strong>s fêtes, ce jeu relativement<br />
simple ravit les enfants auxquels se joignent<br />
souvent les parents, désireux eux aussi <strong>de</strong><br />
montrer leur adresse.<br />
Le yunnori se joue à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> quatre<br />
bâtonnets comportant chacun une face<br />
arrondie et une face plane. Ils servent en<br />
quelque sorte <strong>de</strong> dés pour la comptabilisation<br />
<strong>de</strong>s points et l'avancée <strong>de</strong>s<br />
pions noirs et blancs sur le<br />
plateau <strong>de</strong> jeu (qui peut<br />
être tracé sur n'importe<br />
quelle surface). Chaque<br />
joueur possè<strong>de</strong> quatre<br />
pions et celui qui<br />
parvient le premier à faire<br />
un tour complet du plateau<br />
avec ses pions remporte la partie.<br />
On lance les bâtonnets en l'air et, une fois<br />
retombés, on compte le nombre <strong>de</strong> bâtonnets<br />
présentant un côté plat. S'il n'y en a<br />
qu'un seul, le nombre <strong>de</strong> points marqués est<br />
do, ce qui correspond à une progression<br />
d'une case sur le plateau. Quand <strong>de</strong>ux côtés<br />
plats sont visibles, le joueur marque un gae<br />
et avance <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux cases. Trois faces plates<br />
permettent <strong>de</strong> marquer un geol et d'avancer<br />
<strong>de</strong> trois cases. Si tous les bâtonnets au sol<br />
présentent un côté arrondi, le nombre <strong>de</strong><br />
points marqués est yut : le joueur avance<br />
son pion <strong>de</strong> quatre cases. Enfin, le maximum<br />
<strong>de</strong> points est obtenu quand les quatre<br />
bâtonnets sont retombés sur leur face<br />
arrondie et présentent donc un côté plat : le<br />
joueur marque alors un mo et avance <strong>de</strong><br />
cinq cases. Par ailleurs, un <strong>de</strong>s quatre<br />
bâtonnets porte sur sa face aplatie une marque<br />
appelée backdo. Si cette marque apparaît<br />
et que les trois autres bâtonnets présentent<br />
un côté arrondi, le joueur recule d'une<br />
case.<br />
La progression d'un pion est indépedante<br />
<strong>de</strong> l'avancée <strong>de</strong>s trois autres, sauf<br />
si <strong>de</strong>ux pions occupent la même<br />
case, auquel cas, lors du<br />
prochain lancer <strong>de</strong> bâtonnets,<br />
il sera possible <strong>de</strong><br />
déplacer les <strong>de</strong>ux pions<br />
en même temps. Si le<br />
pion d'un joueur atterrit<br />
sur une case occupée par<br />
un pion adverse, ce <strong>de</strong>rnier<br />
retourne à la case départ alors<br />
que l'autre gagne le droit <strong>de</strong> rejouer une<br />
fois.<br />
Comme le montre le <strong>de</strong>ssin, le parcours,<br />
qui s'effectue dans le sens <strong>de</strong>s aiguilles<br />
d'une montre, possè<strong>de</strong> <strong>de</strong>s raccourcis que<br />
l'on peut emprunter si on tombe sur un <strong>de</strong>s<br />
quatre grands cercles extérieurs.<br />
En cas <strong>de</strong> jeu par équipe, un capitaine<br />
déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> la stratégie à adopter pour<br />
avancer, attaquer et amener les quatre<br />
pions <strong>de</strong> l'équipe le plus rapi<strong>de</strong>ment possible<br />
à l'arrivée. Aucune somme d'argent n'est<br />
mise en jeu au yunnori mais le vainqueur ou<br />
l'équipe gagnante a généralement droit à<br />
quelques gâteaux <strong>de</strong> riz supplémentaires !<br />
105 _ Fêtes et gastronomie<br />
Dano (le cinquième jour du cinquième mois lunaire)<br />
Afin <strong>de</strong> fêter le début <strong>de</strong> l'été, <strong>de</strong>s rites en la mémoire <strong>de</strong>s ancêtres étaient<br />
autrefois célébrés, après lesquels les réjouissances pouvaient commencer.<br />
Les femmes lavaient alors leurs cheveux dans <strong>de</strong> l'eau où <strong>de</strong>s racines d'iris<br />
avaient été bouillies puis les séchaient ensuite avec <strong>de</strong> l'herbe fraîche. C'était<br />
le seul jour <strong>de</strong> l'année au cours duquel les femmes mariées pouvaient rendre<br />
visite à leurs parents. Elles aimaient aussi jouer avec <strong>de</strong> hautes balançoires,<br />
alors que les hommes s'affrontaient dans <strong>de</strong>s rencontres <strong>de</strong> ssireum, la lutte<br />
coréenne traditionnelle.<br />
En prévision <strong>de</strong> la chaleur, le roi faisait envoyer <strong>de</strong>s éventails aux hauts dig-
106 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />
nitaires, alors que les campagnes en expédiaient à Séoul. La clinique royale<br />
préparait le jehotang, soupe médicinale spécialement <strong>de</strong>stinée au souverain. Le<br />
menu traditionnel comprenait également <strong>de</strong> la soupe d'alose, <strong>de</strong> la carpe cuite à<br />
la vapeur et un punch <strong>de</strong> cerises. Des gâteaux <strong>de</strong> riz ronds parfumés aux herbes<br />
<strong>de</strong> montagnes sont encore préparés <strong>de</strong> nos jours dans certains foyers.<br />
La ville <strong>de</strong> Gangneung, dans la province du Gangwon-do, est connue pour<br />
son fameux festival <strong>de</strong> dano, lequel dure cinq jours. Le gouvernement a officiellement<br />
désigné cette manifestation «bien immatériel n° 13». En plus <strong>de</strong><br />
tous les autres jeux folkloriques pratiqués les autres jours <strong>de</strong> l'année, le festival<br />
présente un rite confucéen, un exorcisme chamanique, <strong>de</strong>s danses masquées,<br />
une danse <strong>de</strong> paysans et <strong>de</strong>s acrobaties. Une fois ces spectacles terminés, les<br />
festivaliers boivent un alcool très fort spécialement préparé pour l'occasion.<br />
Chilseok (le septième jour du septième mois lunaire)<br />
On célèbre ce jour-là la rencontre <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux étoiles, Vega et Altaïr, dans<br />
lesquelles se seraient réincarnés <strong>de</strong>ux jeunes gens : Jingnyeo la tisseran<strong>de</strong><br />
et Gyeonu le pâtre.<br />
La légen<strong>de</strong> raconte qu'un roi céleste et sa fille vivaient sur la partie la<br />
plus à l'est <strong>de</strong> la Voie lactée. Toutes les nuits, Jingnyeo tissait et brodait <strong>de</strong><br />
magnifiques étoffes. Afin d'apaiser la solitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> son enfant, le roi la maria<br />
un jour à un beau gardien <strong>de</strong> troupeaux qui vivait à l'autre bout <strong>de</strong> la<br />
Galaxie. Il créa un chemin <strong>de</strong> coton que les jeunes gens empruntèrent pour<br />
se rejoindre. Ils tombèrent si éperdument amoureux l'un <strong>de</strong> l'autre que<br />
Jingnyeo en oublia son ouvrage, ce qui provoqua la colère <strong>de</strong> son père qui<br />
rappela alors sa fille auprès <strong>de</strong> lui. Les <strong>de</strong>ux amoureux pleurèrent beaucoup<br />
et le roi eut pitié d'eux : il leur permit <strong>de</strong> se rencontrer une seule fois par an<br />
sur un pont magique formé par le plumage <strong>de</strong> pies et <strong>de</strong> corbeaux.<br />
S'il pleut le soir <strong>de</strong> Chilseok, on dit que ce sont les larmes <strong>de</strong>s retrouvailles <strong>de</strong><br />
Jingnyeo et Gyeonu. Si la pluie tombe le len<strong>de</strong>main matin, ce sont les larmes <strong>de</strong><br />
leurs adieux. Le repas traditionnel <strong>de</strong> Chilseok est composé <strong>de</strong> gâteaux <strong>de</strong> riz, <strong>de</strong><br />
crêpes <strong>de</strong> courgettes, <strong>de</strong> nouilles et <strong>de</strong> kimchi <strong>de</strong> concombres.<br />
Chuseok, la Fête <strong>de</strong>s récoltes<br />
(le quinzième jour du huitième mois lunaire)<br />
C'est avec Seollal la plus importante fête <strong>de</strong> <strong>Corée</strong> et sans doute la plus
attendue. Connue également sous le nom <strong>de</strong> Hangawi, c'est une journée<br />
d'action <strong>de</strong> grâces qui permet aux familles coréennes <strong>de</strong> se retrouver à travers<br />
tout le pays.<br />
Autrefois, <strong>de</strong>s vêtements neufs étaient offerts à Chuseok. Cette coutume<br />
est tombée en désuétu<strong>de</strong> mais chaque <strong>Corée</strong>n revêt le hanbok pour aller se<br />
recueillir sur la tombe <strong>de</strong>s ancêtres et faire <strong>de</strong>s offran<strong>de</strong>s : vin traditionnel,<br />
châtaignes, jujubes, kakis, pommes, poires et autres fruits <strong>de</strong> saison, sans<br />
oublier les indispensables songpyeon (gâteaux <strong>de</strong> riz en forme <strong>de</strong> <strong>de</strong>mi-lune).<br />
De nombreux jeux sont bien sûr organisés le jour <strong>de</strong> Chuseok, ce d'autant<br />
plus que le temps est magnifique à cette pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'année.<br />
107 _ Fêtes et gastronomie<br />
Le jour <strong>de</strong> Hansik, au<br />
mois d’avril, et Chuseok, en<br />
automne, <strong>de</strong> nombreuses<br />
familles coréennes se ren<strong>de</strong>nt<br />
sur les tombes familiales<br />
pour exprimer leur<br />
respect aux aînés<br />
Femmes en costume<br />
traditionnel préparant<br />
<strong>de</strong>s songpyeon
108 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />
Importantes fêtes <strong>de</strong> <strong>Corée</strong><br />
Jour <strong>de</strong> l'an (1 er janvier) : certains <strong>Corée</strong>ns célèbrent le Nouvel An ce jour-là,<br />
alors que la plupart préfèrent maintenant fêter le Nouvel An lunaire,<br />
Seollal.<br />
Seollal (1 er jour du 1 er mois lunaire) : comme Noël en Occi<strong>de</strong>nt, c'est en <strong>Corée</strong><br />
l'une <strong>de</strong>s célébrations les plus importantes <strong>de</strong> l'année. Les membres <strong>de</strong><br />
chaque famille, dispersés à travers le pays se réunissent pour passer les<br />
fêtes ensemble. C'est l'occasion d'un rite familial en l'honneur <strong>de</strong>s<br />
ancêtres mais aussi un moment privilégié pour s'amuser ensemble à <strong>de</strong><br />
nombreux jeux traditionnels.<br />
Jour <strong>de</strong> l'indépendance (Samil, le 1 er mars) : ce jour marque le début du mouvement<br />
d'indépendance contre le pouvoir japonais. Le 1 er mars 1919, <strong>de</strong>s<br />
lea<strong>de</strong>rs <strong>de</strong> groupes sociaux et religieux se réunirent dans un parc du<br />
centre <strong>de</strong> Séoul et déclarèrent l'indépendance <strong>de</strong> la <strong>Corée</strong> par rapport à<br />
la colonisation japonaise.<br />
Anniversaire du Bouddha (8 e jour du 4 e mois lumaire) : <strong>de</strong>s rituels ont lieu à<br />
cette occasion dans les temples bouddhiques du pays. Le clou <strong>de</strong>s festivités<br />
est certainement la procession <strong>de</strong>s moines et <strong>de</strong>s porteurs,<br />
lesquels traversent les rues <strong>de</strong> la ville avec <strong>de</strong> splendi<strong>de</strong>s lanternes en<br />
papier.
Jour <strong>de</strong>s enfants (5 mai) : en ce jour, les enfants sont au centre <strong>de</strong> l'attention <strong>de</strong><br />
tous, alors que leurs parents leur offrent <strong>de</strong> nombreux ca<strong>de</strong>aux et sortent<br />
avec eux.<br />
Jour <strong>de</strong> la Constitution (17 juillet) : ce jour national célèbre l'établissement <strong>de</strong> la<br />
première Constitution coréenne, le 17 juillet 1948. La République <strong>de</strong><br />
<strong>Corée</strong> fut établie un mois plus tard.<br />
Jour <strong>de</strong> la Libération (15 août) : le drapeau coréen (taegeukgi) est accroché aux<br />
murs <strong>de</strong>s maisons par tous les habitants du pays pour célébrer l'anniversaire<br />
<strong>de</strong> la libération <strong>de</strong> la <strong>Corée</strong> du joug colonial japonais en août 1945.<br />
Chuseok ou la Fête <strong>de</strong>s récoltes (le 15 e jour du 8 e mois lunaire) : la Fête <strong>de</strong>s<br />
récoltes est la plus importante fête coréenne. Les familles festoient et se<br />
ren<strong>de</strong>nt sur les tombes <strong>de</strong>s ancêtres pour leur rendre hommage. À cette<br />
époque <strong>de</strong> l'année, le spectacle <strong>de</strong> la pleine lune est attendu par <strong>de</strong>s<br />
millions <strong>de</strong> <strong>Corée</strong>ns.<br />
Fête <strong>de</strong> la fondation <strong>de</strong> la nation (3 octobre) : ce jour-là, appelé Gaecheonjeol,<br />
on célèbre l'anniversaire <strong>de</strong> la fondation du pays par Dangun.<br />
Noël (25 décembre) : le christianisme n'est apparu en <strong>Corée</strong> qu'au XIX e siècle et<br />
l'aspect religieux <strong>de</strong> la fête <strong>de</strong> Noël n'est pas très important. Cela reste<br />
toutefois l'occasion <strong>de</strong> festoyer et d'offrir <strong>de</strong>s ca<strong>de</strong>aux.<br />
109 _ Fêtes et gastronomie
110 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />
Nourriture<br />
Le moyen le plus simple et le plus agréable pour découvrir une nouvelle<br />
culture est <strong>de</strong> toute évi<strong>de</strong>nce la gastronomie. Vous ne pouvez pas<br />
mémoriser le nom <strong>de</strong> tous les ministres du gouvernement d'un pays, mais<br />
vous pouvez en revanche donner le nom <strong>de</strong> son plat le plus fameux.<br />
Certaines associations d'images, comme les stéréotypes, nous permettent<br />
ainsi d'i<strong>de</strong>ntifier un peuple bien plus que tout autre aspect <strong>de</strong> sa culture.<br />
C'est peut être le fait que nous avons à travers le mon<strong>de</strong> entier un intérêt<br />
tout particulier pour les associations gastronomiques.<br />
Le plat coréen le plus fameux est le kimchi, et il n'est pas faux <strong>de</strong> dire<br />
que les <strong>Corée</strong>ns mangent tous les jours du kimchi sous l'une ou l'autre <strong>de</strong><br />
ses formes. Il s'agit d'un terme général désignant <strong>de</strong>s préparations <strong>de</strong><br />
légumes fermentés, faites <strong>de</strong> chou chinois, <strong>de</strong> navet, <strong>de</strong> concombre et <strong>de</strong><br />
piment rouge. Les spécialistes ont recensé 170 variétés mais la plus commune<br />
est celle à base <strong>de</strong> choux.<br />
Le kimchi n'est que l'un <strong>de</strong>s nombreux plats qui accompagnent le riz.<br />
Tous étant présentés ensemble sur la table, l'etiquette coréenne ne néces-
Le kimchi<br />
Il est omniprésent sur les tables<br />
coréennes. De nos jours il n'accompagne<br />
pas uniquement le riz et la soupe : on le<br />
retrouve parfois dans les pizzas et les hamburgers<br />
! N'importe qui en <strong>Corée</strong> sait comment<br />
transformer un reste <strong>de</strong> kimchi et un<br />
reste <strong>de</strong> riz en délicieux riz sauté ou en<br />
potage revigorant.<br />
Quelle est la recette du kimchi<br />
? Précisons tout d'abord<br />
que ce sont les femmes<br />
qui le préparent : les<br />
hommes n'étant jamais<br />
aux fourneaux, la jeune<br />
mariée apprend en<br />
général à cuisiner avec sa<br />
belle-mère. Les ustensiles<br />
nécessaires ? Une bassine... et<br />
les mains, protégées si possible.<br />
L'assaisonnement – une saumure très<br />
pimentée – est en effet appliqué avec les<br />
doigts sur chacune <strong>de</strong>s feuilles <strong>de</strong> choux chinois<br />
(le légume le plus souvent utilisé pour<br />
la préparation du kimchi).<br />
Bien entendu, l'expérience est très importante<br />
et aucun livre <strong>de</strong> recettes ne peut remplacer<br />
le savoir-faire. Le goût du kimchi varie<br />
d'un restaurant à l'autre, d'une famille à<br />
l'autre car les femmes se transmettent leurs<br />
propres techniques <strong>de</strong> génération en<br />
génération.<br />
Elles sont malheureusement <strong>de</strong> moins en<br />
moins nombreuses à savoir préparer le kimchi.<br />
Une raison toute simple est l'éclatement<br />
<strong>de</strong> la famille traditionnelle : les enfants<br />
vivent plus rarement avec leurs parents et<br />
les belles-filles n'ont plus l'occasion d'apprendre<br />
à cuisiner avec la mère <strong>de</strong> leur mari.<br />
Par ailleurs, les appartements mo<strong>de</strong>rnes ne<br />
permettent pas toujours le stockage au<br />
moment du gimjang. Le gimjang est la<br />
préparation du kimchi d'hiver, à<br />
la mi-novembre. Les feuilles<br />
<strong>de</strong> chou assaisonnées<br />
sont mises à fermenter<br />
dans <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s jarres<br />
qui passeront tout l'hiver<br />
<strong>de</strong>hors. Autrefois ces jarres<br />
étaient enfouies sous<br />
terre, mais <strong>de</strong> nos jours elles<br />
restent dans les cours <strong>de</strong>s habitations.<br />
Il existe même <strong>de</strong>s réfrigérateurs<br />
spéciaux permettant aux citadins <strong>de</strong><br />
préparer leur kimchi.<br />
Le kimchi le plus simple à faire est totalement<br />
différent <strong>de</strong>s autres variétés <strong>de</strong> kimchi.<br />
Tout d'abord, comme son nom l'indique, le<br />
mul kimchi (kimchi à l'eau) est liqui<strong>de</strong>.<br />
Ensuite, il n'est pas pimenté et possè<strong>de</strong><br />
même au contraire un goût légèrement<br />
sucré. Très rafraîchissant, c'est le<br />
complément idéal <strong>de</strong>s repas riches et<br />
copieux.<br />
111 _ Fêtes et gastronomie<br />
site aucun ordre <strong>de</strong> présentation au cours du repas. L'importance tient<br />
donc plutôt dans le nombre <strong>de</strong>s mets.<br />
Traditionnellement, le nombre <strong>de</strong> plats servis révélait à la fois la position<br />
sociale <strong>de</strong> l'hôte et celle <strong>de</strong> ses invités. Durant la pério<strong>de</strong> Joseon, en<br />
<strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s festivités, il y avait cinq sortes <strong>de</strong> préparations pour chaque<br />
repas. Seuls le souverain et la cour pouvaient avoir droit à douze plats<br />
différents et les yangban (aristocrates) <strong>de</strong> neuf à sept. Les gens du commun<br />
se limitaient quant à eux à trois ou cinq mets d'accompagnement.
112 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />
Trois mets ne représentent pas beaucoup,<br />
mais un menu était tout <strong>de</strong> même constitué<br />
<strong>de</strong> riz, <strong>de</strong> soupe, <strong>de</strong> kimchi, <strong>de</strong> trois plats <strong>de</strong><br />
légumes, <strong>de</strong> trois plats d'aliments grillés et<br />
<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux plats <strong>de</strong> condiments. Imaginez<br />
alors le menu quotidien <strong>de</strong> la Cour et l'activité<br />
<strong>de</strong>s cuisines royales qui se <strong>de</strong>vaient<br />
<strong>de</strong> le préparer trois fois par jour.<br />
Bien sûr, <strong>de</strong> nos jours les gens se contentent<br />
d'un repas plus simple. Mais même<br />
un plat courant comme les nouilles est<br />
accompagné <strong>de</strong> ces petits plats relevés pour<br />
lesquels la nourriture coréenne est si réputée.<br />
Ceux qui ont déjà fait l'expérience d'un<br />
restaurant coréen savent combien le repas est<br />
une manière <strong>de</strong> rituel commun. Les réchauds<br />
posés sur chaque table servent à la cuisson <strong>de</strong><br />
ragoûts ou encore <strong>de</strong> vian<strong>de</strong>s et <strong>de</strong> poissons
grillés que l'on se partage. L'amitié c'est aussi l'échange <strong>de</strong>s verres, lorsqu'un<br />
convive finit son verre il le passe parfois à un autre et le sert. Cela semble<br />
peu hygiénique mais beaucoup <strong>de</strong> <strong>Corée</strong>ns pensent que partager un verre ou<br />
une coupe est le meilleur moyen d'exprimer son sentiment d'amitié.<br />
113 _ Fêtes et gastronomie<br />
Recettes<br />
Bulgogi : bœuf émincé, mariné et grillé sur un brasero.<br />
Bibimbap : riz blanc et légumes.<br />
Gimbap : rouleau <strong>de</strong> riz froid, farci, entouré d'algue.<br />
Outre le riz, les légumes et la soupe, on trouve sur les tables coréennes<br />
du poisson, du tofu (pâté <strong>de</strong> soja) et, plus rarement, <strong>de</strong> la vian<strong>de</strong>.<br />
Étant donné que beaucoup d'ingrédients utilisés pour la cuisine coréenne<br />
sont difficiles à trouver en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s épiceries orientales, nous avons<br />
sélectionné trois recettes qui ne nécessitent pas trop <strong>de</strong> produits typiques.<br />
Les quantités mentionnées sont indicatives. En <strong>Corée</strong> on cuisine beaucoup<br />
au jugé et vous pouvez vous permettre <strong>de</strong> faire varier les proportions<br />
selon votre goût. Prenez soin toutefois <strong>de</strong> lire entièrement la recette<br />
avant <strong>de</strong> commencer.<br />
Les ingrédients le plus souvent utilisés comme condiments ou pour la<br />
préparation <strong>de</strong>s sauces sont l'ail, le sel, la sauce <strong>de</strong> soja, le sucre, les<br />
oignons verts, la poudre <strong>de</strong> piment rouge, le vinaigre et l'huile <strong>de</strong> sésame.<br />
La sauce la plus commune consiste en une cuillerée à soupe <strong>de</strong> sauce <strong>de</strong><br />
soja dans laquelle vous mettez <strong>de</strong>s oignons verts et <strong>de</strong> l'ail finement<br />
coupés. Ajoutez du vinaigre, <strong>de</strong>s graines <strong>de</strong> sésame, <strong>de</strong> l'huile <strong>de</strong> sésame<br />
et juste ce qu'il faut <strong>de</strong> paprika. Il ne vous reste plus qu'à mélanger le tout<br />
et à servir dans une soucoupe.<br />
Le riz<br />
Pour obtenir un riz semblable à celui qu'affectionnent les <strong>Corée</strong>ns, il<br />
vous faut acheter la variété <strong>de</strong> grains qui s'agglutinent facilement à la<br />
cuisson. Afin <strong>de</strong> les débarrasser <strong>de</strong>s impuretés, lavez-en <strong>de</strong>ux tasses<br />
(pour 2 ou 3 personnes) jusqu'à ce que l'eau soit parfaitement claire.
114 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />
Versez le riz dans un récipient et étalez-le au fond. Ajoutez suffisamment<br />
d'eau pour que le <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> votre main soit recouvert.<br />
Laissez cuire à petit feu jusqu'à ébullition. Réduisez alors le feu au<br />
minimum et laissez mijoter pendant dix minutes ou un quart d'heure. Une<br />
fois que l'eau a été entièrement absorbée et que le riz est parfaitement<br />
cuit, vous pouvez servir. En <strong>Corée</strong>, le riz est parfois cuit dans un récipient<br />
<strong>de</strong> pierre au fond duquel, en cuisant, il finit par coller et roussir. En<br />
fin <strong>de</strong> repas, ces restants <strong>de</strong> riz légèrement brûlés et appelés nurungji sont<br />
très appréciés, notamment <strong>de</strong>s enfants.<br />
Bulgogi<br />
La vian<strong>de</strong> <strong>de</strong> bœuf était autrefois une <strong>de</strong>nrée extrêmement rare : le bulgogi<br />
et le galbi (travers <strong>de</strong> porc ou <strong>de</strong> bœuf marinés et grillés sur un brasero)<br />
étaient <strong>de</strong>s repas <strong>de</strong> fête. Aujourd'hui, ils ne constituent pas le quotidien <strong>de</strong>s<br />
<strong>Corée</strong>ns mais les restaurants spécialisés sont quand même très nombreux.<br />
Le bulgogi est très facile à faire chez soi. Pour 4 personnes, il vous faut 2,5<br />
kg d'aloyau, 3 cuillerées à soupe <strong>de</strong> sucre, 2 cuillerées à soupe <strong>de</strong> vin <strong>de</strong> riz,<br />
4 cuillerées à soupe <strong>de</strong> sauce <strong>de</strong> soja, du poivre, 1 cuillerée à soupe et <strong>de</strong>mie
115 _ Fêtes et gastronomie<br />
Bibimbap, mélange <strong>de</strong> riz blanc, <strong>de</strong> légumes et <strong>de</strong> vian<strong>de</strong><br />
d'ail émincé, 3 cuillerées à soupe d'oignons verts émincés, 2 cuillerées à<br />
soupe d'huile <strong>de</strong> sésame et 1 cuillerée à soupe <strong>de</strong> graines <strong>de</strong> sésame.<br />
Le secret d'un bon bulgogi rési<strong>de</strong> dans la marina<strong>de</strong> avec laquelle on va<br />
attendrir la vian<strong>de</strong>. Mélangez le vin et le sucre et laissez tremper pendant<br />
une <strong>de</strong>mi-heure la vian<strong>de</strong> découpée en fines tranches. (Si vous ne disposez<br />
pas <strong>de</strong> vin <strong>de</strong> riz, une boisson sucrée à base <strong>de</strong> cerise ou du cola<br />
feront l'affaire). Mélangez ensuite tous les autres ingrédients et incorporez<br />
délicatement la sauce ainsi obtenue à chaque morceau <strong>de</strong> vian<strong>de</strong>.<br />
Laissez mariner au réfrigérateur pendant au moins une heure. C'est prêt !<br />
Dans les restaurants coréens, un plat légèrement arrondi sert à la cuisson<br />
du bulgogi. Le jus <strong>de</strong> vian<strong>de</strong>, gras, est récolté sur les bords du plat et<br />
continue à cuire jusqu'à <strong>de</strong>venir soli<strong>de</strong> : mélangé au riz, c'est un régal.<br />
Bibimbap<br />
C'est un repas complet servi dans un grand bol. Une julienne multicolore<br />
accompagnée d'un œuf, <strong>de</strong> quelques lamelles <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> et <strong>de</strong> sauce <strong>de</strong><br />
piment rouge, est savamment disposée sur une petite montagne <strong>de</strong> riz<br />
blanc : à chaque convive <strong>de</strong> mélanger le tout au fond <strong>de</strong> son bol ! C'est
116 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />
certes un peu dommage <strong>de</strong> défaire cet<br />
appétissant tableau, mais le<br />
délicieux résultat que vous<br />
obtenez ensuite est à ce prix-là !<br />
Le bibimbap est une<br />
spécialité <strong>de</strong>s provinces <strong>de</strong><br />
Jolla, dans le sud-ouest <strong>de</strong> la<br />
péninsule, célèbres pour leurs<br />
artistes, leur culture et leurs<br />
spécialités régionales. Il existe<br />
certes d'autres endroits en <strong>Corée</strong><br />
où la cuisine est aussi bonne, mais la<br />
gastronomie du Jeollanam-do et du<br />
Jeolla buk-do est <strong>de</strong> loin la plus généreuse au<br />
palais et la plus conviviale.<br />
Le bibimbap vous apporte ce qu'il y a <strong>de</strong> mieux dans la cuisine<br />
coréenne : saveur et équilibre. Peut-être aurez-vous <strong>de</strong>s difficultés à vous<br />
procurer certains ingrédients en <strong>de</strong>hors d'une épicerie orientale. Les<br />
racines <strong>de</strong> campanules (doraji) et les jeunes pousses <strong>de</strong> fougère (gosari)<br />
ne sont pas faciles à trouver si ce n'est sous forme <strong>de</strong>sséchée, auquel cas<br />
il ne vous reste qu'à les plonger dans <strong>de</strong> l'eau avant l'utilisation. Il est<br />
conseillé <strong>de</strong> placer les doraji dans <strong>de</strong> l'eau salée pour les débarrasser <strong>de</strong><br />
leur goût amer.<br />
Vous pouvez ajouter <strong>de</strong>s concombres, <strong>de</strong>s épinards, <strong>de</strong>s carottes, <strong>de</strong>s<br />
daikon (radis géants), du cresson ou tout autre légume qui vous semble<br />
suffisamment bon et coloré.<br />
Après avoir lavé les légumes, découpez-les en julienne et faites-les<br />
revenir séparément dans un peu d'huile. Salez, poivrez. Si vous utilisez<br />
<strong>de</strong>s épinards, faites-les bouillir dans <strong>de</strong> l'eau, et essorez-les avant <strong>de</strong> les<br />
sauter. Pour les concombres, mettez-les au préalable à macérer dans du<br />
sel afin d'en éliminer l'eau. Les légumes à feuille, comme la sala<strong>de</strong>,<br />
seront quant à eux simplement lavés et découpés.<br />
L'œuf, disposé au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>s légumes, peut être servi cru ou au plat.<br />
Passez les lamelles <strong>de</strong> bœuf à la poêle avec <strong>de</strong> l'ail, <strong>de</strong>s oignons verts
émincés, une pincée <strong>de</strong> sucre et quelques gouttes <strong>de</strong> sauce <strong>de</strong> soja.<br />
Il ne vous reste plus qu'à agencer le tout. Tapissez tout d'abord un<br />
grand bol d'une couche <strong>de</strong> riz blanc. Disposez les légumes en étoile,<br />
recouvrez avec la vian<strong>de</strong> puis l'œuf. Mettez <strong>de</strong> la sauce pimentée sur le<br />
bord et servez.<br />
Vos invités, après avoir apprécié vos talents d'artiste, <strong>de</strong>vront donc<br />
mélanger vigoureusement le tout. Un peu d'huile <strong>de</strong> sésame peut être<br />
ajoutée pour parfumer le bibimbap et éviter que ce ne soit trop sec. Bon<br />
appétit !<br />
117 _ Fêtes et gastronomie<br />
Gimbap<br />
Il s'agit plus d'un en-cas que d'un véritable plat. C'est typiquement ce que<br />
les enfants emmènent avec eux pour pique-niquer lors <strong>de</strong>s sorties scolaires.<br />
Comme le bibimbap, il s'agit d'une préparation faite avec un peu <strong>de</strong> tout.<br />
Gimbap signifie algues (gim) et riz cuit (bap) : ce sont les ingrédients<br />
principaux pour la confection <strong>de</strong> ces rouleaux que vous connaissez peutêtre<br />
sous leur nom japonais norimaki. La forme cylindrique du gimbap<br />
est obtenue grâce à une petite natte <strong>de</strong> bambou dans laquelle on dispose<br />
et roule une feuille d'algue, le riz et la garniture. Si vous ne possé<strong>de</strong>z pas<br />
cet ustensile, découpez plusieurs feuilles <strong>de</strong> papier d'aluminium et superposez-les.<br />
Pour préparer la garniture, il vous faut : un danmuji (gros radis ayant<br />
macéré dans du vinaigre), <strong>de</strong> l'huile <strong>de</strong> sésame (ou du vinaigre <strong>de</strong> riz),<br />
<strong>de</strong>ux carottes, <strong>de</strong>s épinards en branche (ou <strong>de</strong>ux concombres), trois œufs,<br />
<strong>de</strong> la vian<strong>de</strong> <strong>de</strong> bœuf hachée (ou un talon <strong>de</strong> jambon, ou du surimi).
118 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />
Commencez par faire bouillir les épinards dans <strong>de</strong> l'eau puis essorezles.<br />
Lavez et découpez les carottes plusieurs fois dans le sens <strong>de</strong> la<br />
longueur <strong>de</strong> façon à obtenir <strong>de</strong> longs filaments que vous cuirez ensuite<br />
très légèrement. Même chose avec le danmuji et les concombres (si vous<br />
n'utilisez pas d'épinards) qui par contre resteront crus. (Si vous préférez<br />
le jambon ou le surimi à la vian<strong>de</strong> <strong>de</strong> bœuf, découpez-les <strong>de</strong> manière à<br />
obtenir <strong>de</strong> fines ban<strong>de</strong>lettes).<br />
Cassez les œufs dans un bol, battez-les et versez-en la moitié dans une<br />
poêle légèrement huilée. Vous <strong>de</strong>vez obtenir une omelette <strong>de</strong> l'épaisseur<br />
d'une crêpe. Cuisez les <strong>de</strong>ux côtés <strong>de</strong> l'omelette puis renouvelez l'opération<br />
avec le reste du bol. Découpez ensuite le tout en longues lamelles.<br />
Versez la vian<strong>de</strong> hachée dans la poêle qui vient <strong>de</strong> vous servir à<br />
préparer l'omelette. Faites-la cuire en y ajoutant du sel et du poivre.<br />
Pendant ce temps, assaisonnez votre riz chaud avec du vinaigre <strong>de</strong> riz<br />
(mo<strong>de</strong> japonaise) ou <strong>de</strong> l'huile <strong>de</strong> sésame. Dans le premier cas, le riz<br />
prendra un goût légèrement sucré, dans l'autre il sera plus parfumé.<br />
Notez que l'huile <strong>de</strong> sésame est un produit relativement cher.<br />
Prenez une feuille <strong>de</strong> gim, débarrassez-la <strong>de</strong>s brisures éventuelles et<br />
disposez-la sur la natte. Étalez sur toute la surface une couche <strong>de</strong> riz d'environ<br />
un centimètre d'épaisseur. Garnissez-en le milieu avec la vian<strong>de</strong><br />
hachée (ou du jambon, ou du surimi), <strong>de</strong>s tranches d'omelette, <strong>de</strong>s<br />
carottes, <strong>de</strong>s lamelles <strong>de</strong> danmuji et <strong>de</strong>s épinards. Pliez la petite natte en<br />
<strong>de</strong>ux en faisant très attention à ce que la garniture reste bien en place.<br />
Pressez à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux mains la base <strong>de</strong> la natte et faites-la rouler entre<br />
vos doigts tout en lui donnant une forme cylindrique. Le riz glutineux<br />
permet <strong>de</strong> maintenir le rouleau <strong>de</strong> façon compacte : il n'y a donc pas <strong>de</strong><br />
risque <strong>de</strong> voir toute la «structure›› se défaire. Répétez l'opération autant<br />
<strong>de</strong> fois qu'il y a <strong>de</strong> gimbap à confectionner.<br />
Pour conclure, un mot sur les <strong>de</strong>sserts en <strong>Corée</strong> : ils sont le plus souvent<br />
absents <strong>de</strong>s repas, sauf quand la saison permet <strong>de</strong> servir <strong>de</strong>s fruits. Il<br />
s'agit alors le plus souvent <strong>de</strong> tranches <strong>de</strong> pommes ou <strong>de</strong> poires.
119 _ Fêtes et gastronomie<br />
Café ou thé ?<br />
Le thé a toujours occupé une place<br />
importante dans la tradition coréenne.<br />
La fameuse cérémonie japonaise du<br />
thé trouverait même ses origines dans le<br />
bouddhisme coréen. Plus tard cependant,<br />
le confucianisme s'est imposé et le<br />
rituel <strong>de</strong> la préparation et <strong>de</strong> la dégustation<br />
du thé vert a été délaissé : on continue<br />
toutefois <strong>de</strong> servir systématiquement<br />
dans les restaurants un thé à base<br />
d'orge grillé appelé bori-cha.<br />
Même si cette tradition s'est perdue,<br />
le thé vert, qui est un stimulant plus fort<br />
que le café, continue d'être apprécié<br />
par bon nombre <strong>de</strong> <strong>Corée</strong>ns. On le sert<br />
dans les dabang (maison <strong>de</strong> thé) où les<br />
gens aiment se retrouver pour discuter,<br />
au calme. Le ssangwha-cha est également<br />
très populaire grâce aux vertus<br />
<strong>de</strong>s plantes qui entrent dans sa<br />
préparation. On y ajoute toujours un<br />
œuf cru avant <strong>de</strong> le servir. Les autres<br />
boissons chau<strong>de</strong>s tonifiantes sont le<br />
thé <strong>de</strong> ginseng (insam-cha), le thé «aux<br />
cinq parfums›› (omija-cha), le thé d'oranges<br />
amères (yuja-cha) et le thé <strong>de</strong><br />
gingembre (saenggang-cha).<br />
Le café est <strong>de</strong>venu très familier <strong>de</strong>s<br />
<strong>Corée</strong>ns qui le dégustent en général<br />
sucré et additionné <strong>de</strong> crème en<br />
poudre. C'est la boisson instantanée<br />
que l'on sert quand on accueille<br />
quelqu'un chez soi, au bureau, etc.<br />
Depuis peu cependant, les <strong>Corée</strong>ns<br />
apprécient les cafés <strong>de</strong> qualité, et les<br />
établissements spécialisés dans ces<br />
produits haut <strong>de</strong> gamme sont aujourd'hui<br />
très nombreux.
120 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />
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