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Bonjour de Corée

Présentation - Korea.net

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<strong>Bonjour</strong><br />

<strong>de</strong> <strong>Corée</strong><br />

Le Service coréen d’Information pour l’Étranger<br />

www.korea.net


<strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> <strong>Corée</strong><br />

Édition 2003<br />

Copyright 2004<br />

Tous droits réservés<br />

Publié par<br />

Le Service coréen d'Information pour l'Étranger<br />

Séoul, République <strong>de</strong> <strong>Corée</strong><br />

Imprimé à Séoul, <strong>Corée</strong><br />

Ce livre a été publié pour promouvoir la connaissance <strong>de</strong> la <strong>Corée</strong>.<br />

ISBN 89-7375-006-2-43910


Mongolie<br />

Russie<br />

Chine<br />

Vladivostok<br />

Pyongyang<br />

Mer <strong>de</strong> l’ Est<br />

Séoul<br />

CORÉE<br />

Ulleungdo<br />

Dokdo<br />

Japon<br />

Mer Jaune<br />

Détroit<br />

<strong>de</strong> <strong>Corée</strong><br />

Fukuoka<br />

Jejudo<br />

Shanghaï


Sommaire<br />

07 Présentation<br />

19 Histoire<br />

La culture 35<br />

Visiter la <strong>Corée</strong> 65<br />

83 Sports et loisirs<br />

101 Fêtes et gastronomie


Le mythe <strong>de</strong> Dangun<br />

Il était une fois un prince qui s'appelait<br />

Hwanung. C'était le fils <strong>de</strong><br />

Hwanin, le roi du ciel. Hwanung,<br />

désireux <strong>de</strong> vivre parmi les humains,<br />

<strong>de</strong>manda à son père <strong>de</strong> l'envoyer sur<br />

terre. Celui-ci accepta et Hwanung<br />

<strong>de</strong>scendit un jour sur la péninsule<br />

coréenne suivi <strong>de</strong> trois mille sujets.<br />

Il fit son apparition près <strong>de</strong> l'Arbre<br />

divin, sur un <strong>de</strong>s versants du mont<br />

Taebaek. C'est là que Hwanung fonda<br />

la ville <strong>de</strong> Sinsi – la cité <strong>de</strong>s dieux – et<br />

prit le titre <strong>de</strong> Cheon-wang, roi<br />

céleste. Il nomma alors trois ministres<br />

qu'il chargea <strong>de</strong> comman<strong>de</strong>r au vent,<br />

à la pluie et aux nuages. Hwanung<br />

enseigna à son peuple 360 arts et<br />

techniques : l'agriculture, la menuiserie,<br />

le tissage, la pêche... Il lui apprit<br />

également à distinguer le bien du mal<br />

et instaura <strong>de</strong>s lois.<br />

En ce temps-là, non loin <strong>de</strong> Sinsi,<br />

vivaient dans une grotte une ourse et<br />

un tigre. Les <strong>de</strong>ux animaux se<br />

rendaient tous les jours sous l'Arbre<br />

divin et priaient le roi pour qu'il leur<br />

donnât forme humaine.<br />

Ému par leur <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, Hwanung<br />

appela l'ourse et le tigre auprès <strong>de</strong> lui,<br />

leur donna vingt gousses d'ail et un<br />

bouquet d'armoise. Puis il leur dit :<br />

«Mangez ceci et évitez le soleil pendant<br />

cent jours. Si vous y parvenez,<br />

vous vous transformerez en<br />

humains.››<br />

L'ourse et le tigre mangèrent l'ail et<br />

l'armoise et retournèrent au fond <strong>de</strong><br />

leur grotte. Le tigre perdit vite<br />

patience et sortit à la lumière du jour<br />

alors que l'ourse suivit les instructions<br />

du roi. Vingt et un jours passèrent<br />

et elle se transforma en une magnifique<br />

jeune femme qu'on appela<br />

Ungnyeo.<br />

Plus tard, se sentant seule,<br />

Ungnyeo implora Hwanung <strong>de</strong> lui donner<br />

un enfant. L'empereur eut pitié<br />

d'elle et <strong>de</strong> leur union naquit un<br />

garçon qu'ils baptisèrent Dangun. Un<br />

jour, Dangun <strong>de</strong>vint à son tour roi <strong>de</strong><br />

la péninsule. Il donna à son royaume<br />

le nom <strong>de</strong> Joseon et établit la capitale<br />

à Pyeongyang, puis à Asadal, sur les<br />

flancs du mont Taebaek. Le règne <strong>de</strong><br />

Dangun, le père fondateur <strong>de</strong> la<br />

<strong>Corée</strong>, dura 1 500 ans. Ensuite, il abdiqua<br />

et <strong>de</strong>vint un dieu <strong>de</strong> la montagne.


Présentation<br />

7 _ Présentation<br />

Géographie et climat<br />

La péninsule coréenne se situe dans la partie nord-est du continent asiatique.<br />

Divisée en <strong>de</strong>ux États, elle comprend la République populaire<br />

démocratique <strong>de</strong> <strong>Corée</strong>, au nord, et la République <strong>de</strong> <strong>Corée</strong>, au sud. À<br />

l'ouest <strong>de</strong> la péninsule s'étend la mer Jaune, qui la sépare <strong>de</strong> la Chine. À<br />

l'est se trouve la mer <strong>de</strong> l'Est et au sud, l'océan Pacifique. Le territoire est<br />

occupé à 70 % par <strong>de</strong>s montagnes, avec en particulier une gran<strong>de</strong> chaîne<br />

tout le long <strong>de</strong> la côte est, rectiligne. Les côtes ouest et sud sont au contraire<br />

très découpées et abritent plus <strong>de</strong> 3 000 îles et îlots ainsi que <strong>de</strong><br />

nombreux ports. Les principaux fleuves <strong>de</strong> <strong>Corée</strong> sont, au Nord, le Yalu<br />

(790 km) et le Tuman (521 km). Au Sud coulent le Nakdong (525 km) et<br />

la Han (514 km). Le plus haut sommet <strong>de</strong> la péninsule est le mont Baekdu<br />

(2 744 m), au Nord. Les monts Halla (1 950 m) – sur l'île <strong>de</strong> Jeju – et<br />

Seorak (1 708 m) sont les plus célèbres montagnes du Sud.<br />

Le climat coréen est variable et le passage d'une saison à l'autre est très<br />

marqué. Le printemps et l'automne sont relativement courts et se<br />

caractérisent par un air vif et un ciel ensoleillé. Dès la fin du mois <strong>de</strong> juin,<br />

la péninsule est soumise à la mousson d'été et à ses nombreuses averses ;<br />

le temps est très chaud et très humi<strong>de</strong>. L'hiver est froid et sec, avec <strong>de</strong>s<br />

chutes <strong>de</strong> neige, mais les pério<strong>de</strong>s d'adoucissement alternent avec les<br />

pério<strong>de</strong>s glaciales.<br />

En bref<br />

Nom officiel : République <strong>de</strong> <strong>Corée</strong><br />

Superficie totale : 222 154 - <strong>Corée</strong> du Sud : 99 460<br />

Localisation : entre le 33 e et le 43 e parallèle - entre 124 et 131 <strong>de</strong> longitu<strong>de</strong><br />

est<br />

Population : 47,9 millions d’habitants (2003)<br />

Capitale : Séoul<br />

Autres gran<strong>de</strong>s villes : Busan, Daegu, Incheon, Gwangju, Daejeon et Ulsan<br />

Unité monétaire : le won(un dollar américain équivaut à environ 1 150 wons)


10 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />

Population<br />

Les <strong>Corée</strong>ns constituent une famille ethnique qui partage la même<br />

langue. Physiquement, ils se distinguent <strong>de</strong>s autres peuples asiatiques, y<br />

compris <strong>de</strong>s Chinois et <strong>de</strong>s Japonais, et ont un sentiment d'i<strong>de</strong>ntité très<br />

fort. Les <strong>Corée</strong>ns seraient les <strong>de</strong>scendants <strong>de</strong>s diverses tribus mongoles<br />

qui, venues d'Asie centrale, colonisèrent la péninsule au néolithique (5000-<br />

1000 av. J.-C.) et à l'âge du bronze (1000-300 av. J.-C.). Au commencement<br />

<strong>de</strong> l'ère chrétienne, les <strong>Corée</strong>ns constituaient un peuple homogène,<br />

même si le pays ne trouva son unité politique qu'à partir du VII e siècle.<br />

En 2002, la République <strong>de</strong> <strong>Corée</strong> comptait 47,9 millions d'habitants. La<br />

<strong>de</strong>nsité <strong>de</strong> population y est parmi les plus élevées du globe et Séoul, la<br />

capitale, compte à elle seule plus <strong>de</strong> dix millions <strong>de</strong> personnes. Les autres<br />

gran<strong>de</strong>s villes du pays sont : Busan, Daegu, Incheon, Gwangju, Daejeon<br />

et Ulsan. Depuis quelques années – et malgré les efforts du gouvernement<br />

pour infléchir la tendance – l'urbanisation se développe fortement. La cel-


La langue<br />

Le coréen est parlé du nord au sud<br />

<strong>de</strong> la péninsule par plus <strong>de</strong> 70 millions<br />

<strong>de</strong> personnes, sans compter<br />

les 5,7 millions <strong>de</strong> <strong>Corée</strong>ns vivant à<br />

l'étranger. Outre le coréen standard<br />

parlé à Séoul, il existe <strong>de</strong>s dialectes<br />

régionaux qui sont toutefois très<br />

proches et empêchent nullement la<br />

communication entre gens <strong>de</strong><br />

différentes provinces.<br />

Des étu<strong>de</strong>s linguistiques et ethnologiques<br />

ont établi l'appartenance<br />

du coréen au groupe <strong>de</strong>s<br />

langues ouralo-altaïques au même<br />

titre que le turc, le hongrois et le<br />

finnois. Si certaines langues<br />

européennes trouvent leurs racines<br />

dans le latin et le grec, le coréen –<br />

tout comme le japonais – a, lui,<br />

emprunté directement au chinois et<br />

s'est ainsi enrichi <strong>de</strong> nombreux<br />

mots.<br />

L'alphabet coréen – le hangeul<br />

(originellement hunminjeongeum) –<br />

fut inventé en 1446 par un groupe<br />

<strong>de</strong> savants mandatés par le roi<br />

Sejong. Il compte 10 voyelles et 14<br />

consonnes qui se combinent pour<br />

former <strong>de</strong> nombreuses syllabes.<br />

Très facile à apprendre et à écrire, le<br />

hangeul a gran<strong>de</strong>ment contribué à<br />

l'alphabétisation <strong>de</strong> la population.<br />

11 _ Présentation<br />

(<strong>Bonjour</strong>!)


12 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />

Célébration <strong>de</strong> l'anniversaire du Bouddha<br />

Rituel confucéen<br />

lule familiale traditionnelle abritant trois générations a par ailleurs laissé<br />

place à la famille nucléaire.<br />

La Constitution coréenne garantit la liberté <strong>de</strong> culte et les <strong>Corée</strong>ns sont<br />

51 % à pratiquer une religion, un chiffre qui augmente régulièrement. Les<br />

principales religions sont le bouddhisme, le protestantisme et le catholicisme.<br />

Constitution et gouvernement<br />

La République <strong>de</strong> <strong>Corée</strong> fut officiellement établie le 15 août 1948. Elle<br />

jouit d'une forme <strong>de</strong> gouvernement démocratique fonctionnant sur les<br />

principes <strong>de</strong> séparation et d'équilibre <strong>de</strong>s pouvoirs mentionnés par la<br />

Constitution. Promulguée le 17 juillet 1948, elle prévoit trois pouvoirs :<br />

exécutif, législatif et judiciaire.<br />

Au sommet du pouvoir exécutif se trouve le prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la<br />

République, élu au suffrage universel direct pour un mandat non renouvelable<br />

<strong>de</strong> cinq ans.<br />

Il exerce ses fonctions par l'intermédiaire du Conseil <strong>de</strong>s ministres,


13 _ Présentation<br />

La cathédrale <strong>de</strong> Myeong Dong<br />

Église presbytérienne <strong>de</strong> Yeongnak<br />

qu'il prési<strong>de</strong>, et au sein duquel siègent le premier ministre et dix-neuf<br />

ministres. Le premier ministre est nommé par le prési<strong>de</strong>nt avec l'approbation<br />

<strong>de</strong> l'Assemblée nationale.<br />

Le pouvoir législatif appartient à l'Assemblée nationale, chambre unique du<br />

Parlement, où siègent 243 députés élus au suffrage universel pour un mandat <strong>de</strong><br />

quatre ans. Les sièges restants, au nombre <strong>de</strong> 56, sont attribués proportionnellement<br />

aux partis qui ont obtenu cinq sièges ou plus lors <strong>de</strong> l'élection directe.<br />

Le système judiciaire, à trois niveaux, possè<strong>de</strong> à sa tête la Cour<br />

suprême. Il existe par ailleurs cinq cours d'appel et <strong>de</strong>s tribunaux <strong>de</strong><br />

première instance établis dans les gran<strong>de</strong>s villes. La Cour suprême<br />

examine et juge en <strong>de</strong>rnier ressort les pourvois formés suite aux décisions<br />

<strong>de</strong>s cours d'appel dans les affaires civiles et pénales. Les décisions <strong>de</strong> la<br />

Cour suprême, définitives et sans appel, font jurispru<strong>de</strong>nce.


14 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />

Économie<br />

La <strong>Corée</strong> possè<strong>de</strong> <strong>de</strong> nombreuses industries <strong>de</strong> niveau international<br />

telles que l'électronique, le textile, la pétrochimie, l'acier, l'automobile, le<br />

BTP et la construction navale.<br />

D’un pays proche <strong>de</strong> la faillite, la <strong>Corée</strong> s’est transformée en une nation<br />

créancière <strong>de</strong>venant la 4 e<br />

puissance mondiale<br />

détentrice <strong>de</strong> <strong>de</strong>vises<br />

étrangères avec 160 milliards<br />

<strong>de</strong> dollars. Malgré<br />

le ralentissement mondial<br />

général, la <strong>Corée</strong> affiche<br />

une croissance <strong>de</strong> 5 à 6 %.<br />

Le pays a fait <strong>de</strong> la<br />

technologie <strong>de</strong> l'information<br />

son moteur économique.<br />

Les établissements<br />

d'évaluation <strong>de</strong> crédit mondiaux, qui autrefois avaient rétrogradé la<br />

crédibilité <strong>de</strong> la <strong>Corée</strong> au niveau <strong>de</strong> non-investissement, ont rétabli le<br />

rang <strong>de</strong> la <strong>Corée</strong> au niveau A.<br />

Le gouvernement a mis en œuvre <strong>de</strong>s réformes radicales dans les quatre<br />

secteurs clefs <strong>de</strong> la finance, <strong>de</strong>s sociétés, du travail et du public.<br />

Convaincu que la réforme est un processus continu, les mesures <strong>de</strong><br />

réforme ont été institutionalisées grâce à <strong>de</strong> nouvelles lois.<br />

L'infrastructure <strong>de</strong> l'information, comme Internet, a été étendue à tout<br />

le pays, faisant <strong>de</strong> la <strong>Corée</strong> une nouvelle superpuissance dans le domaine<br />

<strong>de</strong> la technologie <strong>de</strong> l'information.<br />

La <strong>Corée</strong> continue d'améliorer l'environnement <strong>de</strong>s affaires afin <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>venir un nouveau centre d'affaires <strong>de</strong> l'Asie du Nord-Est. Grâce à sa<br />

proximité avec la Chine, la région <strong>de</strong> l'Asie du Nord-Est est en voie <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>venir un <strong>de</strong>s principaux pôles économiques. Bénéficiant <strong>de</strong> facteurs<br />

géopolitiques, la <strong>Corée</strong> emploie tous ses efforts pour <strong>de</strong>venir le centre<br />

logistique et financer <strong>de</strong> la région <strong>de</strong> l'Asie du Nord-Est.


15 _ Présentation


16 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />

Éducation<br />

Le système éducatif coréen comprend six années d'enseignement primaire,<br />

trois années <strong>de</strong> collège et trois années <strong>de</strong> lycée. L'Université offre<br />

ensuite <strong>de</strong>s formations supérieures <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ou quatre ans pouvant<br />

déboucher sur un doctorat. L'école primaire est obligatoire pour les<br />

enfants âgés <strong>de</strong> six à onze ans. Les neuf matières principales qui y sont<br />

enseignées sont : le coréen, l'anglais, les mathématiques, l'initiation<br />

économique et sociale, les sciences, l'éthique, l'éducation physique, la<br />

musique et les beaux-arts. Au collège, d'autres matières sont enseignées,<br />

comme l'anglais, et <strong>de</strong>s cours facultatifs peuvent être suivis dans <strong>de</strong>s<br />

domaines techniques ou à finalité professionnelle. Au sortir du collège,<br />

les élèves choisissent entre la poursuite d'un enseignement général et l'entrée<br />

dans un lycée professionnel. Quant à l'accès à l'Université, il est<br />

réputé difficile car la compétition est forte, rendant les années <strong>de</strong> lycée<br />

particulièrement éprouvantes.


Emploi du temps d'un collégien<br />

17 _ Présentation<br />

Nom: Yi Jeong-won Classe: 3-17<br />

Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi<br />

8:20<br />

-9:15<br />

Permannence<br />

1<br />

9:15<br />

-10:00<br />

Réunion<br />

avec le<br />

professeur<br />

principal<br />

<strong>Corée</strong>n<br />

Technologie<br />

-Économie<br />

domestique<br />

<strong>Corée</strong>n<br />

Éducation<br />

physique<br />

Anglais<br />

2<br />

10:10<br />

-10:55<br />

Maths Éthique Maths<br />

Technologie<br />

-Économie<br />

domestique<br />

Musique<br />

Sciences<br />

physiques<br />

3<br />

11:05<br />

-11:50<br />

<strong>Corée</strong>n<br />

Sciences<br />

physiques<br />

<strong>Corée</strong>n<br />

Histoire<br />

Initiation<br />

économique<br />

et sociale<br />

<strong>Corée</strong>n<br />

4<br />

12:00<br />

-12:45<br />

Éducation<br />

physique<br />

Anglais<br />

Éducation<br />

physique<br />

Sciences<br />

physiques<br />

Biologie<br />

12:45<br />

-1:30<br />

Déjeuner<br />

5<br />

12:45<br />

-1:30<br />

Anglais<br />

Technologie<br />

-Économie<br />

domestique<br />

Beaux-arts<br />

Anglais<br />

Caractères<br />

chinois<br />

6<br />

2:25<br />

-3:10<br />

Éthique<br />

Initiation<br />

économique<br />

et sociale<br />

Option Maths Maths<br />

7<br />

3:20<br />

-4:05<br />

Histoire<br />

Réunion<br />

avec le<br />

professeur<br />

principal<br />

Technologie<br />

-Économie<br />

domestique


18 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée


Histoire<br />

19 _ Histoire<br />

Selon la légen<strong>de</strong>, un <strong>de</strong>mi-dieu du nom <strong>de</strong> Dangun fonda sur la péninsule<br />

coréenne le royaume <strong>de</strong> Gojoseon, en 2333 av. J.-C., année que les<br />

<strong>Corée</strong>ns considèrent comme l'année <strong>de</strong> naissance <strong>de</strong> leur nation. Ainsi<br />

pendant plus <strong>de</strong> 4 000 ans, le peuple coréen s'est forgé <strong>de</strong>s traditions et<br />

<strong>de</strong>s valeurs qu'il essaie <strong>de</strong> préserver tout en s'adaptant aux évolutions du<br />

mon<strong>de</strong>. Si ce chapitre est trop court pour vous permettre d'apprécier à sa<br />

juste valeur toute la richesse du passé <strong>de</strong> la <strong>Corée</strong>, il vous permettra toutefois<br />

<strong>de</strong> connaître les gran<strong>de</strong>s étapes qui ont jalonné la construction <strong>de</strong> la<br />

nation coréenne.<br />

Origines du peuplement<br />

D'après les historiens, les premiers royaumes et les premières cités-<br />

États à s'être implantés sur la péninsule coréenne remontent à l'âge du<br />

bronze (1000-300 av. J.-C.). Parmi ces royaumes, celui fondé par Dangun<br />

<strong>de</strong>vint le plus puissant <strong>de</strong> tous et se développa jusqu'au début du IV e<br />

siècle av. J.-C.<br />

Devant cette montée en puissance <strong>de</strong> Gojoseon, la Chine, <strong>de</strong> plus en<br />

plus inquiète, envahit le royaume en 109 av. J.-C., une invasion menée<br />

par l'empereur Han Wuti qui se solda par l'anéantissement <strong>de</strong> Gojoseon<br />

l'année suivante. Afin d'administrer les territoires conquis, quatre comman<strong>de</strong>ries<br />

chinoises furent alors établies dans la moitié nord du pays.<br />

En l'espace d'un siècle, un nouveau royaume appelé Goguryeo (37 av.<br />

J.-C. – 668) se mit à prospérer dans cette même moitié nord. Nation <strong>de</strong><br />

guerriers, emmenée par <strong>de</strong>s rois aussi braves que belliqueux, à l'image <strong>de</strong><br />

Gwanggaeto (règne : 391-410), Goguryeo réussit à conquérir une à une<br />

toutes les tribus voisines et étendit progressivement son territoire. En 313,<br />

les soldats <strong>de</strong> Goguryeo chassèrent les <strong>de</strong>rniers Chinois encore en poste à<br />

la comman<strong>de</strong>rie <strong>de</strong> Nangnang (Lolang en chinois). Au faîte <strong>de</strong> sa puis-


20 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />

sance, Goguryeo s'étendait du sud <strong>de</strong> la<br />

péninsule aux confins <strong>de</strong> la Mandchourie.<br />

À la même époque, un autre royaume,<br />

Baekje (18 av. J.-C. – 660), se forma au<br />

sud du fleuve Han, aux environs <strong>de</strong><br />

l'actuelle capitale, Séoul. Plus pacifiques<br />

que leurs féroces voisins du nord, les gens<br />

<strong>de</strong> Baekje émigrèrent dans le sud <strong>de</strong> la<br />

péninsule pour éviter la menace que constituait<br />

Goguryeo. Au IV e<br />

siècle, Baekje<br />

était un État très évolué qui prospérait en<br />

commerçant avec ses voisins chinois et<br />

japonais. C'est par son intermédiaire que le<br />

bouddhisme, les caractères chinois et certaines<br />

institutions furent introduits au<br />

Japon (dont l'un <strong>de</strong>s princes eut même<br />

pour précepteur un lettré <strong>de</strong> Baekje<br />

nommé Wang In).<br />

En comparaison <strong>de</strong> Goguryeo et <strong>de</strong><br />

Baekje, le royaume <strong>de</strong> Silla (57 av. J.-C.<br />

Stèle funéraire du roi Gwanggaeto<br />

(règne : 391-413) : érigée en 414 à<br />

Tong-gou, à Jian, dans la province <strong>de</strong><br />

Jilin, dans le nord-est <strong>de</strong> la Chine,<br />

elle atteste <strong>de</strong> l'étendue du territoire<br />

<strong>de</strong> Goguryeo (37 av. J.-C.– 668).<br />

– 668) était à l'origine plus faible et moins développé. Dernier <strong>de</strong>s trois<br />

royaumes à s'imprégner <strong>de</strong>s croyances et <strong>de</strong>s idées venues <strong>de</strong> l'étranger, et<br />

notamment <strong>de</strong> Chine, sa société avait une structure <strong>de</strong> classes très<br />

marquée dans laquelle se distinguait l'ordre <strong>de</strong>s fameux hwarang (« les<br />

fleurs <strong>de</strong> la jeunesse ››).<br />

Bien que politiquement séparés, les trois royaumes – Goguryeo, Baekje<br />

et Silla – étaient proches d'un point <strong>de</strong> vue ethnique et linguistique.<br />

Chacun d'eux développa un système politique et judiciaire avancé, et<br />

adopta les préceptes confucéens ainsi que les croyances bouddhistes.<br />

Au milieu du VI e<br />

siècle, Silla, <strong>de</strong>venu puissant, conclut une alliance<br />

avec la dynastie chinoise <strong>de</strong>s Tang afin d'assujettir Goguryeo et Baekje,<br />

une entreprise qui s'acheva avec succès en 668. Rapi<strong>de</strong>ment cependant, la<br />

Chine <strong>de</strong>s Tang constitua une menace, et Silla dut affronter et chasser ses<br />

anciens alliés. Des rescapés <strong>de</strong> Goguryeo parvinrent à refouler les


<strong>de</strong>rniers Tang, basés en<br />

Mandchourie et dans le nord <strong>de</strong><br />

la péninsule, établirent le royaume<br />

<strong>de</strong> Balhae en 698. La<br />

suprématie <strong>de</strong> Silla fut finalement<br />

reconnue par les Chinois et<br />

la moitié sud <strong>de</strong> la péninsule se<br />

trouva unifiée pour la première<br />

fois.<br />

Silla unifié et Balhae<br />

Pendant <strong>de</strong>ux siècles et <strong>de</strong>mi,<br />

Silla connut la paix et la<br />

prospérité. N'ayant<br />

Tombes royales à Gyeongju, capitale <strong>de</strong> Silla<br />

(57 av. J.-C. – 935) (ci-<strong>de</strong>ssus)<br />

Encensoir en bronze, époque Baekje (ci-<strong>de</strong>ssous)<br />

plus à faire face ni aux conflits internes ni aux agressions<br />

extérieures, le pays s'épanouit rapi<strong>de</strong>ment dans les arts, la<br />

religion, le commerce, l'éducation et dans bien d'autres<br />

domaines encore. La capitale du royaume, actuellement<br />

Gyeongju, comptait plus d'un million d'habitants<br />

et s'enorgueillissait <strong>de</strong> ses magnifiques palais<br />

royaux et <strong>de</strong> ses temples bouddhiques.<br />

Le bouddhisme connut une expansion florissante<br />

grâce au soutien <strong>de</strong>s aristocrates et <strong>de</strong> la<br />

cour ; il exerça une influence considérable sur<br />

les affaires <strong>de</strong> l'État, la création artistique et les<br />

principes moraux. Parmi les plus remarquables<br />

monuments historiques <strong>de</strong> <strong>Corée</strong>, certains sont le<br />

fruit du génie inventif et <strong>de</strong> la ferveur religieuse <strong>de</strong>s<br />

artisans <strong>de</strong> cette époque. Le temple <strong>de</strong> Bulguk et<br />

la grotte <strong>de</strong> Seokguram, tous <strong>de</strong>ux situés dans<br />

les environs <strong>de</strong> Gyeongju, sont les exemples<br />

les plus représentatifs <strong>de</strong> l'art religieux <strong>de</strong> cette<br />

pério<strong>de</strong>.


22 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />

Kim Yu-sin<br />

(595-673)<br />

Au royaume <strong>de</strong> Silla, les jeunes hommes<br />

pleins <strong>de</strong> talents étaient recrutés pour entrer<br />

dans l'ordre <strong>de</strong>s hwarang (les fleurs <strong>de</strong> la<br />

jeunesse). Ils suivaient alors un enseignement<br />

à la fois spirituel (philosophie,<br />

littérature, éthique), militaire<br />

(équitation, maniement du<br />

sabre, tir à l'arc, stratégie) et<br />

artistique (poésie, peinture,<br />

musique, danse). Ils <strong>de</strong>vaient<br />

en outre suivre les cinq règles<br />

édictées par le moine bouddhiste<br />

Won-gwang : 1) être<br />

loyal envers le roi ; 2)<br />

respecter ses parents ; 3) être<br />

fidèle en amitié ; 4) ne jamais<br />

battre en retraite au cours<br />

d'une bataille ; 5) ne tuer qu'en cas <strong>de</strong><br />

nécessité. Le courage <strong>de</strong>s hwarang joua un<br />

rôle déterminant dans l'unification <strong>de</strong> la<br />

péninsule et parmi eux, l'un <strong>de</strong>s plus vaillants,<br />

Kim Yu-sin.<br />

Reconnu comme le plus grand général <strong>de</strong><br />

son époque, Kim Yu-sin remporta <strong>de</strong>s victoires<br />

spectaculaires qui permirent à Silla <strong>de</strong><br />

conquérir le pays. Né d'une famille d'aristocrates,<br />

Kim Yu-sin rêvait <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir un grand<br />

soldat et commença très jeune son apprentissage<br />

militaire. Il rejoignit les hwarang à<br />

l'âge <strong>de</strong> 15 ans et était déjà à 18 ans un<br />

expert dans l'art <strong>de</strong> manier le sabre. Il tomba<br />

amoureux d'une gisaeng (l'équivalent <strong>de</strong> la<br />

geisha japonaise) qui connut une fin tragique.<br />

Incapable <strong>de</strong> se consacrer pleinement<br />

à sa formation <strong>de</strong> hwarang, Kim Yu-sin<br />

rendait tous les soirs visite à sa bien-aimée.<br />

Sa mère eut connaissance <strong>de</strong> cette relation<br />

et le réprimanda si sévèrement qu'il décida<br />

<strong>de</strong> ne plus revoir la <strong>de</strong>moiselle et <strong>de</strong> se concentrer<br />

sur son apprentissage. Un jour,<br />

revenant d'une séance<br />

d'entraînement, Kim Yusin<br />

s'endormit sur son<br />

cheval. L'animal, habitué à<br />

se rendre à la maison <strong>de</strong> la<br />

gisaeng, emmena le cavalier<br />

chez elle. En se réveillant,<br />

Kim Yu-sin entra dans<br />

une colère noire et tua son<br />

cheval. Désespérée, la<br />

jeune femme se suicida et<br />

notre héros se retira dans<br />

les montagnes où il forgea son corps et son<br />

esprit, seul, pendant sept ans.<br />

Quand il revint à la civilisation, on remarqua<br />

tout <strong>de</strong> suite son adresse et il <strong>de</strong>vint<br />

rapi<strong>de</strong>ment un <strong>de</strong>s chefs militaires du royaume.<br />

Au moment <strong>de</strong> l'alliance entre Silla et<br />

les Tang, en 655, Kim Yu-sin était le général<br />

en chef <strong>de</strong>s armées <strong>de</strong> Silla. En 660, il fit<br />

tomber le royaume <strong>de</strong> Baekje avant <strong>de</strong><br />

défaire Goguryeo huit ans plus tard.<br />

Pour le remercier et le féliciter <strong>de</strong> ses brillants<br />

états <strong>de</strong> services, le roi récompensa<br />

Kim Yu-sin qui vécut confortablement<br />

jusqu'à l'âge <strong>de</strong> 78 ans.<br />

La puissance et la prospérité <strong>de</strong> Silla atteignirent leur apogée au milieu<br />

du VIII e siècle. Le royaume commença ensuite à s'affaiblir : les conflits au<br />

sein <strong>de</strong> l'aristocratie s'intensifièrent et <strong>de</strong>s chefs rebelles se proclamèrent<br />

les successeurs <strong>de</strong> Goguryeo et <strong>de</strong> Baekje. En 935, le roi céda le pouvoir<br />

à Wang Geon, le futur fondateur <strong>de</strong> la dynastie Goryeo.<br />

Le système politique <strong>de</strong> Balhae était semblable à celui en place chez les


Tang ; la capitale du royaume,<br />

Sanggyeong, fut également construite<br />

et organisée sur le modèle<br />

<strong>de</strong> Changan, la capitale chinoise.<br />

La culture même<br />

empruntait à Goguryeo et aux<br />

Tang. Quand le royaume <strong>de</strong><br />

Balhae fut conquis par les<br />

Khitan, au début du X e siècle, la<br />

classe dirigeante se réfugia dans<br />

un État nouvellement créé :<br />

Goryeo.<br />

23 _ Histoire<br />

Goryeo<br />

Le monarque fondateur <strong>de</strong><br />

Goryeo (918-1392), Wang<br />

Geon, était un général qui avait Pago<strong>de</strong> Dabotap du temple <strong>de</strong> Bulguk, époque Silla<br />

servi un prince rebelle <strong>de</strong> Silla.<br />

Il choisit Songdo, sa ville natale (<strong>de</strong>venue Gaeseong), comme capitale et<br />

lança une campagne <strong>de</strong> reconquête <strong>de</strong>s territoires perdus par Goguryeo en<br />

Mandchourie. C'est pour cette raison qu'il baptisa son royaume Goryeo,<br />

dont est dérivé le nom mo<strong>de</strong>rne <strong>Corée</strong>.<br />

Très tôt, la cour <strong>de</strong> Goryeo adopta le bouddhisme comme religion officielle.<br />

Son développement remarquable s'accompagna d'une prolifération<br />

<strong>de</strong> temples mais aussi <strong>de</strong> sculptures et <strong>de</strong> peintures à l'effigie du Bouddha.<br />

Cependant le pouvoir excessif <strong>de</strong>s moines suscita, durant les <strong>de</strong>rnières<br />

années du royaume, <strong>de</strong>s rivalités avec les confucianistes, rivalités auxquelles<br />

se greffèrent <strong>de</strong>s conflits entre lettrés et militaires. Cette situation<br />

entraîna un affaiblissement du royaume et les incursions mongoles qui<br />

débutèrent en 1231 eurent raison <strong>de</strong> Goryeo qui fut occupé pendant près<br />

d'un siècle.


24 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />

Geunjeongjeon, pavillon du trône du palais Gyeongbok<br />

Joseon<br />

Le confucianisme fut introduit en <strong>Corée</strong> au début <strong>de</strong> l'ère chrétienne,<br />

presque en même temps que l'arrivée <strong>de</strong>s premiers écrits chinois. Il fallut<br />

cependant attendre l'avènement <strong>de</strong> la dynastie Joseon (1392-1910) pour<br />

voir le confucianisme se développer et finir par dominer toute la société<br />

coréenne.<br />

En effet, Yi Seong-gye, le fondateur <strong>de</strong> Joseon, et ses successeurs<br />

luttèrent contre le bouddhisme et s'inspirèrent <strong>de</strong>s valeurs confucéennes<br />

pour restructurer la société et réorganiser l'État. En 1394, le siège du<br />

royaume <strong>de</strong>vint Hanyang, actuellement Séoul, ce qui fait d'elle aujourd'hui<br />

une <strong>de</strong>s plus anciennes capitales du mon<strong>de</strong>.<br />

Les dirigeants <strong>de</strong> Joseon gouvernèrent en s'appuyant sur un système<br />

politique sophistiqué et équilibré respectant à la lettre les valeurs confucéennes.<br />

Ceux qui aspiraient à <strong>de</strong>venir hauts fonctionnaires <strong>de</strong>vaient<br />

passer un examen d'État, le gwageo, au cours duquel était notamment<br />

testé leur connaissance <strong>de</strong>s classiques chinois.<br />

Le confucianisme régissait <strong>de</strong> façon très rigi<strong>de</strong> la structure et le fonctionnement<br />

<strong>de</strong> la société qui, dans son ensemble, accordait <strong>de</strong> l'importance<br />

au savoir et méprisait le commerce et l'artisanat. En haut <strong>de</strong>


Sejong le Grand<br />

(1397-1450)<br />

Au cours <strong>de</strong> l'histoire <strong>de</strong> la <strong>Corée</strong>, un seul<br />

souverain a pleinement mérité le surnom <strong>de</strong><br />

«Grand Roi››. C'était le quatrième monarque<br />

<strong>de</strong> la dynastie Joseon : le roi Sejong.<br />

Considéré comme le plus avisé et le plus<br />

sage <strong>de</strong> tous ceux ayant régné sur la péninsule,<br />

ses réalisations ont été inégalées et<br />

nul ne s'est montré aussi<br />

humaniste et inspiré que lui.<br />

Enfant, Sejong était calme,<br />

studieux et avait soif <strong>de</strong> connaissances.<br />

Il avait 21 ans<br />

lorsque son père, le roi<br />

Taejong, lui céda sa place sur<br />

le trône. Commença alors,<br />

dans les arts, la littérature et<br />

les sciences, l'âge d'or <strong>de</strong> la<br />

<strong>Corée</strong>.<br />

Il se fit le protecteur <strong>de</strong>s<br />

plus grands esprits <strong>de</strong> l'époque et créa dès<br />

le début <strong>de</strong> son règne un institut <strong>de</strong><br />

recherche : le Jiphyeonjeon. C'est là que les<br />

plus grands savants du pays se rassemblaient<br />

pour poursuivre leurs travaux et <strong>de</strong><br />

nombreuses inventions virent le jour grâce à<br />

une étroite collaboration entre le souverain<br />

et ces chercheurs.<br />

Le roi Sejong était un homme pragmatique<br />

qui s'intéressait <strong>de</strong> près aux affaires<br />

gouvernementales et désirait améliorer les<br />

conditions <strong>de</strong> vie <strong>de</strong> ses sujets. Pour ce<br />

faire, il réforma la fiscalité du pays et essaya<br />

constamment <strong>de</strong> perfectionner le fonctionnement<br />

du gouvernement. Pendant son<br />

règne, <strong>de</strong> nombreux progrès furent enregistrés<br />

dans presque tous les domaines :<br />

agriculture, astronomie, défense, diplomatie,<br />

géographie, arts, mé<strong>de</strong>cine,<br />

imprimerie...<br />

Mais le chef-d'œuvre du roi Sejong reste<br />

l'invention du hangeul, l'alphabet coréen.<br />

Conscient <strong>de</strong>s besoins du peuple d'un<br />

système d'écriture plus simple que l'utilisation<br />

<strong>de</strong>s caractères chinois, le souverain et<br />

ses conseillers mirent au point un alphabet<br />

facile à apprendre.<br />

Baptisé au départ hunminjeongeum –<br />

«sons exacts pour l'instruction<br />

du peuple›› – le hangeul<br />

comprenait à l'origine 28 lettres<br />

(24 <strong>de</strong> nos jours)<br />

<strong>de</strong>ssinées d'après la position<br />

<strong>de</strong>s organes phonatoires<br />

(bouche, langue, gorge) lors<br />

<strong>de</strong> l'émission <strong>de</strong>s sons. Cet<br />

alphabet est reconnu comme<br />

un <strong>de</strong>s plus astucieux du<br />

mon<strong>de</strong> et fait encore aujourd'hui<br />

la fierté <strong>de</strong>s <strong>Corée</strong>ns.<br />

Autres inventions importantes : le calendrier,<br />

le pluviomètre, l'anémomètre, le cadran<br />

solaire, l'horloge à eau, <strong>de</strong>s instruments<br />

pour observer les corps célestes, la carte<br />

astronomique, l'atlas, les caractères d'imprimerie...<br />

Grâce à ces réalisations et aux progrès<br />

effectués dans <strong>de</strong> nombreux domaines, le<br />

roi Sejong renforça la puissance du pays et<br />

lui apporta paix et prospérité. C'est également<br />

lui qui façonna la société et la culture<br />

coréennes telles qu'on peut les apprécier<br />

aujourd'hui. Son influence sur la politique,<br />

l'éthique, la littérature et les sciences – en<br />

particulier celles du langage –, fut<br />

considérable. Le roi Sejong mourut en 1450,<br />

après un règne glorieux <strong>de</strong> 32 ans.<br />

25 _ Histoire<br />

l'échelle sociale se trouvaient <strong>de</strong>s aristocrates érudits, les yangban, qui<br />

constituaient une classe dominant aussi bien le gouvernement, l'armée<br />

que le reste <strong>de</strong> la société. Venaient ensuite les jungin auxquels apparte-


26 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />

naient les hauts fonctionnaires, les mé<strong>de</strong>cins, les hommes <strong>de</strong> loi et les<br />

artistes. La classe la plus nombreuse était celle <strong>de</strong>s sangmin, <strong>de</strong>s roturiers :<br />

paysans, marchands et artisans. Enfin, au bas <strong>de</strong> l'échelle sociale, les<br />

cheonmin : serviteurs, domestiques et esclaves, considérés comme <strong>de</strong>s<br />

parias.<br />

Sous le règne du roi Sejong (règne : 1418-50), quatrième monarque <strong>de</strong><br />

la dynastie, la <strong>Corée</strong> connut un rayonnement culturel et artistique sans<br />

précé<strong>de</strong>nt. C'est à cette époque que fut créé l'alphabet coréen, le hangeul,<br />

et que <strong>de</strong> nombreuses inventions et d'idées nouvelles virent le jour dans<br />

les domaines <strong>de</strong> l'administration, <strong>de</strong> l'économie, <strong>de</strong>s sciences humaines,<br />

<strong>de</strong> la musique et <strong>de</strong> la mé<strong>de</strong>cine.<br />

À la fin du XVI e siècle, les Japonais et le seigneur <strong>de</strong> guerre Toyotomi<br />

Hi<strong>de</strong>yoshi, sur le point d'envahir la Chine, déferlèrent sur Joseon. Presque<br />

toute la péninsule fut dévastée et pillée. De nombreux trésors furent<br />

emmenés au Japon, ainsi que <strong>de</strong>s artisans, en particulier les potiers, grâce<br />

auxquels la céramique japonaise prit son essor.<br />

Des patriotes coréens opposèrent cependant une résistance farouche à<br />

l'envahisseur nippon, comme l'amiral Yi Sun-sin qui coupa les lignes <strong>de</strong><br />

ravitaillement ennemies au cours d'une bataille décisive. À la mort <strong>de</strong><br />

Hi<strong>de</strong>yoshi, les Japonais se retirèrent. La guerre prit fin en 1598, laissant<br />

un pays en ruine.<br />

En 1627 et 1636, ce fut au tour <strong>de</strong>s Mandchous d'envahir la péninsule.<br />

Ils eurent même plus tard raison <strong>de</strong>s Ming, en Chine, et y établirent la<br />

dynastie <strong>de</strong>s Ching (1644-1911). À la même époque, en <strong>Corée</strong>, le mouvement<br />

Silhak – «École <strong>de</strong>s sciences pratiques›› – vit le jour grâce aux plus<br />

libéraux <strong>de</strong>s lettrés officiels, désireux <strong>de</strong> construire un État mo<strong>de</strong>rne. Ils<br />

proposaient <strong>de</strong> réformer l'agriculture et les moyens <strong>de</strong> production du pays<br />

tout en réorganisant le système <strong>de</strong> partage <strong>de</strong>s terres. Malheureusement,<br />

ces individus éclairés avaient très peu <strong>de</strong> pouvoir : ils échouèrent dans<br />

leur tentative <strong>de</strong> diffuser leurs idées auprès du gouvernement conservateur.<br />

La <strong>Corée</strong> <strong>de</strong>meura alors un «royaume ermite››, imperméable à tout ce<br />

que pouvait proposer l'Occi<strong>de</strong>nt : les idées, la technologie, les relations<br />

diplomatiques et commerciales. Il en résulta une incapacité à faire face


L'amiral Yi Sun-sin<br />

(1545 ~ 1598)<br />

«Celui qui côtoie la mort vivra, celui qui<br />

cherche à vivre mourra.›› Yi Sun-sin.<br />

Yi Sun-sin restera comme un <strong>de</strong>s plus<br />

illustres amiraux <strong>de</strong> l'histoire <strong>de</strong> la marine. Il<br />

est même très probablement le plus grand<br />

héros <strong>de</strong> toute l'histoire <strong>de</strong> la <strong>Corée</strong>.<br />

Il s'engagea dans l'armée à l'âge <strong>de</strong> 31<br />

ans et fit montre d'aptitu<strong>de</strong>s remarquables<br />

dans un domaine qui allait plus tard le rendre<br />

célèbre : la stratégie.<br />

Après avoir été affecté à <strong>de</strong>s postes <strong>de</strong><br />

second ordre, il prit en 1591 le comman<strong>de</strong>ment<br />

<strong>de</strong> Jwasuyeong (actuellement Yeosu),<br />

dans la province du Jollanam-do. Yi Sun-sin<br />

organisa alors méthodiquement la défense<br />

<strong>de</strong> la région, apprêtant les arsenaux, construisant<br />

<strong>de</strong>s navires <strong>de</strong> guerre et entraînant<br />

les troupes. Il mit surtout au point le fameux<br />

geobukseon (bateau-tortue), un navire<br />

datant déjà du XV e siècle mais dont la<br />

vitesse et la puissance <strong>de</strong> feu furent nettement<br />

améliorées.<br />

Caractéristique principale du geobukseon<br />

: il était recouvert <strong>de</strong> plaques <strong>de</strong> métal<br />

hérissées <strong>de</strong> pics qui formaient comme une<br />

carapace et rendaient l'abordage <strong>de</strong>s ennemis<br />

particulièrement périlleux. La proue du<br />

navire représentait une tête <strong>de</strong> dragon dans<br />

laquelle étaient installés <strong>de</strong>s canons ainsi<br />

qu'un système crachant <strong>de</strong> la fumée, créant<br />

un écran protecteur qui dissimulait le<br />

bateau lors <strong>de</strong> ses déplacements. D'autres<br />

canons étaient placés tout autour du navire,<br />

ainsi que <strong>de</strong>s postes <strong>de</strong> tir pour les archers.<br />

En plus d'être rapi<strong>de</strong>, facilement<br />

manœuvrable et très difficile à accoster, le<br />

bateau-tortue, grâce à sa cuirasse,<br />

protégeait efficacement l'équipage <strong>de</strong>s<br />

flèches et <strong>de</strong>s balles <strong>de</strong><br />

mousquets adverses.<br />

Le quatrième mois<br />

lunaire <strong>de</strong> l'an<br />

1592, les<br />

Japonais<br />

envahirent<br />

la <strong>Corée</strong> et<br />

parvinrent<br />

rapi<strong>de</strong>ment<br />

aux portes<br />

<strong>de</strong> Séoul. Le roi et la cour furent obligés <strong>de</strong><br />

fuir. Pendant ce temps, dans le sud du pays,<br />

Yi Sun-sin et sa flotte s'engagèrent dans une<br />

série <strong>de</strong> batailles navales qui allait aboutir à<br />

la <strong>de</strong>struction <strong>de</strong> presque tous les bateaux<br />

japonais.<br />

Le 18 e jour du 11e mois lunaire, 500<br />

navires ennemis s'étaient regroupés dans le<br />

détroit <strong>de</strong> Noryang; ils s'apprêtaient à<br />

regagner le Japon quand ils furent attaqués<br />

par les <strong>Corée</strong>ns auxquels s'étaient jointe la<br />

flotte chinoise <strong>de</strong>s Ming. Au plus fort <strong>de</strong> la<br />

bataille, l'amiral Yi fut frappé par une balle<br />

ennemie. Il appela auprès <strong>de</strong> lui son fils et<br />

son neveu, qui servaient sous ses ordres, et<br />

leur dit : «Ne versez pas <strong>de</strong> larmes.<br />

N'annoncez pas ma mort. Faites raisonner<br />

tambours et trompettes. Brandissez vos drapeaux<br />

et avancez. Nous continuons à nous<br />

battre. Exterminez l'ennemi jusqu'au <strong>de</strong>rnier<br />

! ››. Ce jour-là, plus <strong>de</strong> 200 navires<br />

japonais sombrèrent dans les flots.<br />

Les <strong>Corée</strong>ns sont fiers <strong>de</strong> Yi Sun-sin non<br />

seulement parce que c'était un grand marin<br />

et un grand stratège, mais aussi parce que<br />

c'était un homme droit et d'une loyauté<br />

sans faille envers son pays. Il reçut après sa<br />

mort tous les honneurs et en 1643 le roi Injo<br />

lui donna le titre <strong>de</strong> Chungmugong :<br />

Seigneur <strong>de</strong> la loyauté.<br />

27 _ Histoire


28 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />

Geobukseon (bateau-tortue)<br />

aux changements <strong>de</strong> la fin du XIX e<br />

siècle et notamment à la montée du<br />

Japon – <strong>de</strong>venu une puissance<br />

industrielle en Asie – qui, après<br />

avoir vaincu la Chine, annexa la<br />

<strong>Corée</strong> en 1905 et en fit une colonie<br />

cinq ans plus tard, mettant ainsi fin<br />

à la dynastie Joseon.<br />

Le saviez-vous ?<br />

Yi Sun-sin était doté <strong>de</strong> multiples<br />

talents. C'était avant tout un militaire<br />

mais il appréciait beaucoup la<br />

littérature et faisait preuve <strong>de</strong><br />

beaucoup d'éloquence et <strong>de</strong> style,<br />

comme l'attestent ses carnets et<br />

ses sijo (poème).<br />

Sous le clair <strong>de</strong> lune<br />

embrassant l'île <strong>de</strong><br />

Hansan,<br />

je suis la vigie solitaire.<br />

J'étreins la lour<strong>de</strong> épée<br />

qui bat mon côté,<br />

mes pensées se per<strong>de</strong>nt.<br />

Venue <strong>de</strong> je ne sais où,<br />

la plainte d'une flûte<br />

me perce le cœur.


L'occupation japonaise<br />

et le Mouvement d'Indépendance<br />

Le gouvernement général japonais en place à Séoul s'attacha essentiellement<br />

au pillage économique du pays. De nombreux paysans et<br />

pêcheurs nippons émigrèrent en <strong>Corée</strong> où on leur céda <strong>de</strong>s terres, gratuitement<br />

ou à bas prix. Par ailleurs, <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s quantités <strong>de</strong> riz furent<br />

acheminées vers le Japon et les <strong>Corée</strong>ns firent face à une grave pénurie<br />

alimentaire. Leur condition <strong>de</strong> vie se détériora <strong>de</strong> façon dramatique, les<br />

obligeant à gagner la Mandchourie ou le Japon par centaines <strong>de</strong> milliers<br />

pour, finalement, vivre là-bas dans <strong>de</strong>s conditions tout aussi précaires.<br />

Le joug colonial japonais attisa cependant le nationalisme chez les<br />

<strong>Corée</strong>ns. Le 1 er mars 1919, trente-trois patriotes, signataires d'une déclaration<br />

d'indépendance, se rassemblèrent au Parc <strong>de</strong> la pago<strong>de</strong>, à Séoul,<br />

pour lire leur manifeste. S'ensuivit un mouvement anti-japonais qui<br />

toucha le pays tout entier mais fut durement réprimé par l'occupant,<br />

faisant <strong>de</strong>s milliers <strong>de</strong> victimes.<br />

29 _ Histoire<br />

En 1907, le Japon, exigeant l'abdication du roi Gojong (règne : 1863-1907), déploya en guise <strong>de</strong><br />

menace son artillerie sur le mont Nam, à Séoul. Le Japon colonisa la <strong>Corée</strong> en 1910.


30 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />

Le 1 er mars 1919 <strong>de</strong> nombreux <strong>Corée</strong>ns manifestèrent dans les<br />

rues du cenyre <strong>de</strong> Séoul contre l'occupation coloniale japonaise.<br />

Cet acte <strong>de</strong> résistance non-violente est désormais<br />

connu sous le nom <strong>de</strong> Mouvement <strong>de</strong> l'indépendance Samil.<br />

An Jung-geun (1879-1910), militant<br />

pour l'indépendance<br />

Ce mouvement d'indépendance, baptisé plus<br />

tard Samilundong (Mouvement du 1 er<br />

mars),<br />

allait faire date dans la lutte <strong>de</strong> la <strong>Corée</strong> pour<br />

son indépendance. Même s'il échoua dans sa<br />

tentative <strong>de</strong> renverser le gouvernement japonais,<br />

il renforça néanmoins le patriotisme et le<br />

sentiment d'i<strong>de</strong>ntité nationale <strong>de</strong>s <strong>Corée</strong>ns. Il<br />

entraîna également la création d'un gouvernement<br />

provisoire à Shanghaï et d'une lutte<br />

armée organisée contre le colonialisme japonais<br />

en Mandchourie.<br />

Le Japon mit par ailleurs en œuvre une politique<br />

d'assimilation <strong>de</strong>s <strong>Corée</strong>ns à sa culture.<br />

La langue japonaise fut enseignée dans les<br />

écoles et les <strong>Corée</strong>ns furent obligés d'adopter<br />

<strong>de</strong>s noms japonais. Malgré cela, ils réussirent<br />

à maintenir leur i<strong>de</strong>ntité. Pendant cette<br />

pério<strong>de</strong>, <strong>de</strong>s trésors nationaux furent comme<br />

jadis ramenés au Japon et n'ont toujours pas<br />

été restitués.<br />

Yu Gwan-sun (1902-1920),<br />

patriote<br />

Yun Bong-gil (1908-1932),<br />

militant pour l'indépendance


La fondation <strong>de</strong> la République<br />

Le 15 août 1945, le Japon se rendit sans condition aux Forces alliées,<br />

peu <strong>de</strong> temps après les bombar<strong>de</strong>ments d'Hiroshima et <strong>de</strong> Nagasaki. La<br />

<strong>Corée</strong> fut enfin libérée et retrouva son indépendance après 35 ans <strong>de</strong><br />

colonisation. Le peuple était en liesse, mais cette joie fut <strong>de</strong> courte durée.<br />

Les divergences idéologiques entre l'URSS, et les États-Unis tournèrent<br />

en effet à la confrontation. Suite à l'accord trouvé lors <strong>de</strong> la Conférence <strong>de</strong><br />

Potsdam en juillet 1945, les forces soviétiques occupèrent finalement le<br />

nord <strong>de</strong> la péninsule et les troupes américaines s'établirent au sud.<br />

Le 10 mai 1948, <strong>de</strong>s élections générales eurent lieu au Sud et le 15<br />

août naquit la Daehanminguk – la République <strong>de</strong> <strong>Corée</strong> – dont le premier<br />

prési<strong>de</strong>nt fut Syng-man Rhee. Au même moment un régime communiste<br />

s'établissait au Nord avec à sa tête un homme jouissant <strong>de</strong> tous les pouvoirs<br />

: Kim Il-sung. Le 9 septembre 1948 naissait la Joseon Minjujuui<br />

Inmin Gongwhaguk – la République populaire démocratique <strong>de</strong> <strong>Corée</strong> –<br />

avec pour capitale Pyeongyang.<br />

Le 25 juin 1950, la <strong>Corée</strong> du Nord lança une offensive contre le Sud.<br />

Après plusieurs succès, les troupes nord-coréennes furent finalement<br />

repoussées jusqu'au fleuve Yalu par les forces <strong>de</strong>s Nations Unies. C'est alors<br />

que la Chine intervint dans le conflit et la ligne <strong>de</strong>s combats se stabilisa au<br />

niveau du 38 e parallèle. Un accord d'armistice fut signé le 27 juillet 1953.<br />

Pendant ces trois ans <strong>de</strong> guerre, le pays tout entier fut dévasté et ruiné. Des<br />

millions <strong>de</strong> personnes se retrouvèrent sans abri et séparées <strong>de</strong> leurs familles.<br />

Plus grave encore, le conflit fratrici<strong>de</strong> accentua la division entre le Nord et le<br />

Sud et provoqua <strong>de</strong>s blessures qui ne se sont toujours pas cicatrisées.<br />

Au len<strong>de</strong>main <strong>de</strong> la guerre, la <strong>Corée</strong> du Sud dut faire face à <strong>de</strong> nombreux<br />

problèmes. Le régime <strong>de</strong> Syng-man Rhee <strong>de</strong>vint <strong>de</strong> plus en plus<br />

autoritaire. À la fin <strong>de</strong>s années 1950, lui seul dominait la scène politique<br />

sud-coréenne. Des manifestations éclatèrent et le 19 avril 1960, <strong>de</strong>s<br />

étudiants conduisirent un mouvement baptisé plus tard «Révolution<br />

Sailgu (19 avril)›› qui entraîna la <strong>de</strong>stitution <strong>de</strong> Syng-man Rhee.<br />

La Constitution fut amendée. En août 1960, Yun Po-sun <strong>de</strong>vint le premier<br />

prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la II e République et Chang Myon son premier ministre.<br />

31 _ Histoire


32 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />

Une accession au pouvoir<br />

<strong>de</strong> courte durée, puisque<br />

le 16 mai 1961 un coup<br />

d'État dirigé par le<br />

général Park Chung-hee<br />

renversa le gouvernement.<br />

C'est sous la III e<br />

République, conduite par<br />

Park Chung-hee luimême,<br />

que le pays allait<br />

enfin connaître son essor<br />

économique.<br />

En 1972, le chef <strong>de</strong><br />

l'État procéda à une<br />

révision <strong>de</strong> la Constitution :<br />

la Constitution Yusin<br />

(Réformes revitalisantes),<br />

approuvée par référedum,<br />

donna naissance à la IV e<br />

République et attribua les<br />

Soldats coréens reprenant Séoul en septembre 1950<br />

pleins pouvoirs à Park<br />

Chung-hee. La radicalisation du régime, les manifestations et la répression<br />

rendirent le prési<strong>de</strong>nt très impopulaire. Il mourut assassiné le 26<br />

octobre 1979. Le premier ministre Choi Kyu-hah prit alors ses fonctions.<br />

Sa prési<strong>de</strong>nce fut brève : le 12 décembre 1979, le général Chun Doohwan<br />

accéda au pouvoir et fut élu prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la République le 27 août<br />

1980.<br />

L'autoritarisme dont fit preuve le nouveau dirigeant <strong>de</strong> la <strong>Corée</strong> du Sud<br />

donna notamment naissance, à Gwangju, au Mouvement pour la démocratisation.<br />

Pour rétablir le calme, l'armée fut envoyée contre les manifestants.<br />

La brutalité <strong>de</strong> la répression marqua profondément les esprits. Au<br />

milieu <strong>de</strong>s années 1980, <strong>de</strong>s étudiants, <strong>de</strong>s ouvriers et <strong>de</strong>s opposants politiques<br />

<strong>de</strong>scendirent dans la rue pour fustiger le régime <strong>de</strong> Chun Doo-


hwan. Leurs appels pour <strong>de</strong>s élections prési<strong>de</strong>ntielles directes et pour la<br />

démocratie ne pouvaient plus longtemps être ignorés.<br />

Le 29 juin 1987, une révision constitutionnelle permit que se tiennent<br />

les premières élections prési<strong>de</strong>ntielles directes <strong>de</strong>puis 16 ans. Des dissensions<br />

dans l'opposition provoquèrent son éclatement et Roh Tae-woo, le<br />

chef du Parti démocrate pour la justice, au pouvoir, fut élu à la tête <strong>de</strong> la<br />

VI e République.<br />

Le nouveau prési<strong>de</strong>nt prit alors <strong>de</strong>s mesures pour mettre en place un<br />

gouvernement moins autoritaire. Du 17 septembre au 2 octobre 1988,<br />

furent organisés à Séoul les XXIV es<br />

Jeux olympiques, <strong>de</strong>s jeux dont le<br />

succès permit à la République <strong>de</strong> <strong>Corée</strong> <strong>de</strong> faire une entrée remarquée sur<br />

la scène internationale.<br />

Le 25 février 1993, Kim Young-sam prit officiellement ses fonctions<br />

en tant que premier prési<strong>de</strong>nt civil <strong>de</strong>puis 30 ans.<br />

Élu en décembre 1997, Kim Dae-jung inaugura son administration le<br />

25 février 1998. L'établissement <strong>de</strong> son «gouvernement pour le peuple››<br />

marqua le premier accès pacifique au pouvoir d'un parti d'opposition<br />

<strong>de</strong>puis la Libération.<br />

Depuis son arrivée au pouvoir, l'administration du prési<strong>de</strong>nt Kim Daejung<br />

a tenté d'engager la <strong>Corée</strong> du Nord dans une politique dite d'ensoleillement.<br />

En accord avec cette démarche, le prési<strong>de</strong>nt Kim a pu rencontrer<br />

à Pyongyang, du 13 au 15 juin 2000, le lea<strong>de</strong>r nord-coréen Kim<br />

Jong-il, dans le cadre d'un sommet intercoréen sans précé<strong>de</strong>nt.<br />

Le gouvernement <strong>de</strong> Roh Moo-hyun, ou le « gouvernement direct », a<br />

démarré le 25 février 2003. L'administration <strong>de</strong> Roh, la 16 e <strong>de</strong> l'histoire<br />

<strong>de</strong> la République <strong>de</strong> <strong>Corée</strong>, s'est fixée trois objectifs : « la démocratie<br />

avec le peuple », « le développement d'une société équilibrée », et « l'ère<br />

<strong>de</strong> paix et <strong>de</strong> prospérité en Asie du Nord-Est ». Elle a aussi établi quatre<br />

principes fondamentaux : « principes et confiance », « équité et transparence<br />

», « dialogue et compromis » et « décentralisation et atonomie ».<br />

33 _ Histoire


34 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée


La culture<br />

35 _ La culture<br />

Tout au long <strong>de</strong>s milliers d'années <strong>de</strong> son histoire, la <strong>Corée</strong> a développé<br />

<strong>de</strong> nombreuses formes d'expressions culturelles et artistiques. Elle a <strong>de</strong><br />

plus marié les influences étrangères et plus spécialement chinoises aux<br />

éléments nationaux, créant ainsi un ensemble unique <strong>de</strong> croyances et<br />

d'aspirations, à travers la littérature et l'artisanat. Aux époques mo<strong>de</strong>rnes,<br />

les influences occi<strong>de</strong>ntales ont également été incorporées, ce qui est à l'origine<br />

d'un mélange saisissant d'ancien et <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rne, <strong>de</strong> contrastes et <strong>de</strong><br />

juxtapositions, qui constituent toute la richesse <strong>de</strong> la vie coréenne.<br />

L'artisanat<br />

Parmi les créations artistiques coréennes ayant survécu au temps, beaucoup<br />

sont le reflet du quotidien <strong>de</strong>s <strong>Corée</strong>ns qui peuplaient jadis la péninsule<br />

et témoignent du talent <strong>de</strong>s artisans d'alors. De nos jours, certaines<br />

créations artisanales sont encore réalisées selon les normes traditionnelles<br />

d'antan et sont fabriquées avec la même application et la même<br />

passion. Grâce à la qualité <strong>de</strong> leur confection et à l'élégance <strong>de</strong> leurs<br />

lignes, les produits artisanaux coréens sont aujourd'hui très prisés et ceux<br />

ayant une certaine ancienneté ont une grâce et une valeur immenses.<br />

Le travail du bois et le laquage coréens sont très réputés. Il est à noter<br />

que les meubles doivent certaines <strong>de</strong> leurs qualités esthétiques à l'organisation<br />

<strong>de</strong> l'habitat traditionnel. En effet, les <strong>Corée</strong>ns avaient l'habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

s'asseoir et <strong>de</strong> dormir par terre (et continuent <strong>de</strong> le faire pour la majeure<br />

partie d'entre eux) et la fabrication <strong>de</strong>s meubles <strong>de</strong>vait donc suivre <strong>de</strong>s<br />

règles très strictes afin d'économiser l'espace. Les meilleures essences<br />

étaient utilisées, même si les meubles à confectionner étaient purement<br />

fonctionnels. Les différentes pièces <strong>de</strong> bois intervenant dans la fabrica-


36 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />

tion étaient le plus souvent emboîtées ou<br />

chevillées : on évitait au maximum l'utilisation<br />

<strong>de</strong> la colle ou <strong>de</strong>s pointes. De<br />

même, la peinture était rarement utilisée<br />

pour la finition : on enduisait <strong>de</strong><br />

préférence le bois d'huile ou <strong>de</strong> laque<br />

transparente.<br />

Les ouvrages en bois façonnés sous la<br />

dynastie Joseon (1392-1910) étaient<br />

aussi bien <strong>de</strong>s armoires, <strong>de</strong>s coffres, <strong>de</strong>s<br />

tables, <strong>de</strong>s bibliothèques et <strong>de</strong>s buffets<br />

que les objets moins volumineux utilisés<br />

dans la vie quotidienne. Les pièces <strong>de</strong><br />

métal qui ornaient les meubles, comme<br />

Couronne d'or, pério<strong>de</strong> Silla : trésor national n 87<br />

les charnières et les ca<strong>de</strong>nas,<br />

étaient en bronze<br />

blanc, à forte teneur en<br />

étain, en bronze ordinaire,<br />

en cuivre ou en fer .<br />

La plus remarquable <strong>de</strong>s<br />

décorations <strong>de</strong> meubles<br />

procédait <strong>de</strong> la technique<br />

d'incrustation <strong>de</strong> la nacre,<br />

une maîtrise que les<br />

<strong>Corée</strong>ns possè<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>puis<br />

l'époque Silla (57 av. J.-C. –<br />

668). Pour ce faire, <strong>de</strong><br />

minuscules coquilles <strong>de</strong><br />

nacre sont d'abord ciselées<br />

avant d'être disposées et<br />

collées sur le bois. Lorsque<br />

le motif désiré est obtenu, on


passe le meuble à la laque noire ou rouge,<br />

en prenant soin <strong>de</strong> ne pas tacher les<br />

morceaux <strong>de</strong> nacre incrustés. Cette technique<br />

a connu son <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> perfection<br />

pendant la pério<strong>de</strong> Goryeo (918-1392).<br />

Sous Joseon, les <strong>de</strong>ssins sont <strong>de</strong>venus<br />

moins délicats et plus réalistes.<br />

Autre activité artisanale millénaire en<br />

<strong>Corée</strong> : le travail du métal. Les objets en<br />

or, en argent, en bronze et en fer datant<br />

<strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong>s Trois Royaumes<br />

témoignent <strong>de</strong> l'habileté <strong>de</strong>s orfèvres <strong>de</strong><br />

l'époque. C'est en fait sous Silla unifié<br />

(668-935) que les plus beaux bijoux ont<br />

37 _ La culture<br />

Animaux symboles <strong>de</strong> longévité :<br />

détails d'un coffre (ci-<strong>de</strong>ssus)<br />

Le saviez-vous ?<br />

L'imprimerie coréenne a<br />

une longue et prestigieuse<br />

histoire.<br />

Les caractères d'imprimerie<br />

mobiles en métal<br />

furent en effet utilisés en<br />

<strong>Corée</strong> dès 1234, soit plus<br />

<strong>de</strong> 200 ans avant la parution<br />

<strong>de</strong> la Bible <strong>de</strong><br />

Gutenberg.<br />

Le plus ancien texte<br />

imprimé faisant appel à<br />

cette technique est une<br />

collection <strong>de</strong> sermons du<br />

bouddhisme zen datant<br />

<strong>de</strong> 1377 (Goryeo). Un<br />

exemplaire est actuellement<br />

conservé à la<br />

Bibliothèque nationale <strong>de</strong><br />

Paris.


38 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />

La cloche Emille, la plus gran<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>Corée</strong>, date <strong>de</strong> la fin du VIII e<br />

siècle<br />

été confectionnés.<br />

Boucles d'oreilles et<br />

bracelets étaient travaillés<br />

à partir d'un<br />

métal précieux (or,<br />

argent...) avant d'être<br />

revêtus <strong>de</strong> filigrane ;<br />

le procédé <strong>de</strong> granulation<br />

aussi était<br />

connu. Même les<br />

ceintures pouvaient<br />

être entièrement en or<br />

et décorées <strong>de</strong> petits<br />

pendants <strong>de</strong> ja<strong>de</strong> en<br />

forme <strong>de</strong> virgule<br />

oscillant gracieusement<br />

à chaque mouvement<br />

du corps.<br />

Avec l'introduction<br />

du bouddhisme, <strong>de</strong><br />

nouveaux objets,<br />

principalement en<br />

bronze, firent leur<br />

apparition durant la pério<strong>de</strong> Silla : gongs, encensoirs et autres instruments<br />

pour le culte, notamment les urnes funéraires <strong>de</strong>stinées à recueillir<br />

les cendres <strong>de</strong>s moines incinérés ; ces urnes, qui servaient donc <strong>de</strong><br />

châsse, avaient souvent la forme <strong>de</strong> pago<strong>de</strong>s.<br />

De nombreuses cloches <strong>de</strong> bronze furent produites, dont la plupart<br />

étaient <strong>de</strong> belle taille. Les plus petites ne mesuraient que 30 cm mais certaines<br />

faisaient plusieurs mètres <strong>de</strong> hauteur. En les faisant sonner à l'ai<strong>de</strong><br />

d'une pièce <strong>de</strong> bois accrochée au plafond par une chaîne, elles rendaient<br />

un son à la fois long et pénétrant. Unique par leur forme, leur <strong>de</strong>ssin et<br />

leur sonorité, ces cloches expriment l'essence <strong>de</strong> l'art coréen <strong>de</strong> la<br />

fon<strong>de</strong>rie. Une légen<strong>de</strong> raconte que la cloche Emille, haute <strong>de</strong> trois


Le hanbok<br />

(habit traditionnel coréen)<br />

Il constitue finalement pour les étrangers le<br />

témoignage le plus vivant et le plus accessible<br />

<strong>de</strong> la tradition coréenne : on peut même en voir<br />

dans les vitrines <strong>de</strong> certains magasins parisiens<br />

! Le hanbok peut être confectionné à partir <strong>de</strong><br />

différents matériaux et présenter <strong>de</strong>s couleurs<br />

variées, selon l'âge <strong>de</strong> la personne qui le porte<br />

et selon le type <strong>de</strong> cérémonie auquel elle<br />

assiste.<br />

Les jeunes filles portent <strong>de</strong>s jupes (chima)<br />

rouge vif et <strong>de</strong>s vestes (jeogori) jaunes aux<br />

manches multicolores, vestes qu'elles<br />

porteront vertes une fois mariées. Les femmes<br />

plus âgées sont en revanche plus libres quant<br />

au choix du matériau et <strong>de</strong>s couleurs ; leur hanbok<br />

est en général orné <strong>de</strong> brocart pour les<br />

gran<strong>de</strong>s occasions. Qu'on soit homme ou<br />

femme, le hanbok porté l'hiver est en soie<br />

épaisse ou en satin, alors que celui que l'on<br />

met pendant les saisons chau<strong>de</strong>s est taillé dans<br />

une soie plus légère.<br />

Influencés par les Chinois <strong>de</strong> la dynastie<br />

Tang, les aristocrates coréens portaient <strong>de</strong>s<br />

pantalons bouffants et <strong>de</strong>s vestes fermées par<br />

<strong>de</strong>s cordons. Leurs femmes, elles, jusqu'à la fin<br />

<strong>de</strong>s Trois Royaumes, mettaient <strong>de</strong> longues<br />

jupes et <strong>de</strong>s vestes amples leur tombant sur les<br />

hanches. Plus tard, sous l'influence <strong>de</strong>s<br />

Mongols, elles portèrent <strong>de</strong>s vestes plus courtes<br />

et <strong>de</strong>s jupes, toujours aussi longues,<br />

remontant très haut au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> la taille. Aux<br />

alentours du XV e siècle, la jupe se portait<br />

encore plus haut, jusque sous les bras, et la<br />

veste fut <strong>de</strong> nouveau raccourcie pour donner à<br />

peu près l'apparence définitive du hanbok.<br />

La beauté du hanbok <strong>de</strong> la femme se juge<br />

d'après ses courbes, notamment celles <strong>de</strong>s<br />

manches, et la forme du col blanc.<br />

L'habit traditionnel coréen n'est pas complet<br />

sans les accessoires. Les dames <strong>de</strong> l'aristocratie<br />

<strong>de</strong> Joseon passaient <strong>de</strong>s centaines<br />

d'heures à bro<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s rubans pour leur coiffure,<br />

<strong>de</strong>s bourses en soie (bokjumeoni) – pour<br />

elles ou leurs maris – ou encore <strong>de</strong>s norigae.<br />

Les norigae sont <strong>de</strong>s ornements que les<br />

femmes accrochaient au ruban d'attache <strong>de</strong><br />

leur veste. Le corps du norigae pouvait être un<br />

bijou (métal précieux, pierre fine...) ou un petit<br />

couteau ; il était attaché à <strong>de</strong>s franges multicolores<br />

et surmonté d'une boucle.<br />

Les accessoires <strong>de</strong>s hommes <strong>de</strong> la noblesse<br />

était essentiellement le gat – chapeau noir en<br />

crin <strong>de</strong> cheval porté du commencement <strong>de</strong> la<br />

pério<strong>de</strong> Silla jusqu'au début <strong>de</strong> ce siècle – et la<br />

cor<strong>de</strong> <strong>de</strong> soie qui leur ceignait la taille. De nos<br />

jours, excepté à l'occasion <strong>de</strong> certaines<br />

cérémonies, les hommes ne portent plus ces<br />

accessoires avec leur hanbok.<br />

En fait, les citadins ne revêtent plus l'habit<br />

traditionnel qu'à l'occasion <strong>de</strong>s mariages, du<br />

Nouvel An lunaire et <strong>de</strong> certains anniversaires.<br />

Il reste toutefois possible <strong>de</strong> voir dans la rue<br />

ou le métro <strong>de</strong>s personnes âgées en hanbok.<br />

On observerait même, grâce à certains<br />

créateurs, à un regain <strong>de</strong> faveur <strong>de</strong> cet habit<br />

traditionnel : les hommes en particulier<br />

apprécient les hanbok mo<strong>de</strong>rnes, plus confortables<br />

et plus faciles à entretenir.<br />

39 _ La culture


40 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée


mètres, qui fut fondue en 771 et dont le son peut être entendu à plus <strong>de</strong><br />

soixante kilomètres par une nuit claire, tire la beauté <strong>de</strong> sa tonalité du cri<br />

d'un bébé sacrifié qui fut précipité dans la fonte au moment <strong>de</strong> la fabrication.<br />

De nombreuses techniques artisanales continuent d'être pratiquées et<br />

transmises aux nouvelles générations, spécialement par l'intermédiaire<br />

<strong>de</strong>s trésors culturels humains, dont l'adresse est très appréciée par les<br />

institutions culturelles du gouvernement coréen qui les encouragent et les<br />

soutiennent, les considérant comme <strong>de</strong>s éléments importants du patrimoine<br />

national. Même si certaines techniques ne sont plus guère essentielles<br />

à la vie quotidienne contemporaine, nombreuses sont celles qui<br />

sont pourtant toujours pratiquées et qui influencent le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s<br />

<strong>Corée</strong>ns d'aujourd'hui.<br />

41 _ La culture<br />

La céramique<br />

La <strong>Corée</strong> a été remarquée<br />

<strong>de</strong>puis longtemps dans le<br />

mon<strong>de</strong> entier pour la<br />

qualité <strong>de</strong> sa céramique,<br />

laquelle peut être<br />

considérée comme l'une <strong>de</strong>s<br />

formes artistiques les plus<br />

achevées. Il semble que<br />

<strong>de</strong>puis que les <strong>Corée</strong>ns ont<br />

peuplé la péninsule, ils se<br />

sont intéressés à la poterie.<br />

Après la réunification <strong>de</strong> la<br />

péninsule par Silla, en 668,<br />

les artisans commençèrent<br />

à couvrir leurs pièces, principalement<br />

avec <strong>de</strong>s<br />

glaçures aux tons jaunes et<br />

verts. Ces objets – urnes<br />

Céladon <strong>de</strong> Goryeo avec motifs incrustés (XII e siècle)


42 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />

funéraires, bols, tasses et<br />

pots – étaient parfois<br />

décorés <strong>de</strong> motifs estampés<br />

ou encore <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssins<br />

réalisés à l'encre. Même les<br />

tuiles <strong>de</strong>s toits étaient<br />

décorées. C'est au cours <strong>de</strong><br />

cette pério<strong>de</strong> que les<br />

glaçures <strong>de</strong> type céladon,<br />

pour lequelle la <strong>Corée</strong> reste<br />

si fameuse, commença à se<br />

développer.<br />

Le céladon est le nom<br />

donné à une glaçure claire<br />

et délicate, dans les tons<br />

bleu-vert, qui fut affinée et<br />

développée jusqu'à<br />

l'époque Goryeo, pério<strong>de</strong><br />

où il prit ses formes les<br />

Des poteries buncheong<br />

plus parfaites. Les objets<br />

en céladon les plus courants sont <strong>de</strong> la vaisselle, <strong>de</strong>s tasses, <strong>de</strong>s vases,<br />

<strong>de</strong>s bols, <strong>de</strong>s cruches et <strong>de</strong> petits récipients contenant l'eau que l'on<br />

ajoutte à l'encre pour la calligraphie. Des techniques très variées furent<br />

pratiquées pour décorer ces pièces, dont l'incrustation, métho<strong>de</strong> qui se<br />

développa au XII e siècle.<br />

D'autres techniques furent mises au<br />

point, tels les motifs gravés dans l'argile,<br />

les incrustations inversées, les pièces<br />

entièrement recouvertes d'argile <strong>de</strong><br />

différentes couleurs, principalement<br />

blanche, qui étaient ensuite gravées.<br />

Certaines étaient décorées <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssins<br />

réalisés à l'oxy<strong>de</strong> <strong>de</strong> fer en sous-glaçure,<br />

qui <strong>de</strong>venaient noirs au moment <strong>de</strong> la cuis-<br />

Le saviez-vous ?<br />

En 1994, au cours d'une vente<br />

aux enchères chez Christie's,<br />

la plus ancienne salle <strong>de</strong>s<br />

ventes du mon<strong>de</strong>, un plat<br />

datant <strong>de</strong> l'époque Joseon fut<br />

attribué pour la somme <strong>de</strong><br />

3,08 millions <strong>de</strong> dollars.<br />

C'était la première fois qu'une<br />

céramique coréenne<br />

atteignait un tel prix.


son, ou encore <strong>de</strong> motifs à l'oxy<strong>de</strong> <strong>de</strong> cuivre qui <strong>de</strong>venaient ensuite<br />

rouges, bruns ou verts.<br />

Les céladons, qui avaient été si populaires à l'époque Goryeo, furent<br />

remplacés peu à peu pendant la pério<strong>de</strong> Joseon par les buncheong et la<br />

porcelaine blanche.<br />

Contrastant avec l'élégance et la délicatesse <strong>de</strong> l'ornementation <strong>de</strong>s<br />

céladons, les buncheong, décorés <strong>de</strong> coups <strong>de</strong> pinceaux libres avec <strong>de</strong><br />

l'engobe (argile liqui<strong>de</strong>) blanc, offrent un charme plus libre et bien plus<br />

spontané. Ils étaient agrémentés <strong>de</strong> motifs par estampage ou <strong>de</strong> gravures,<br />

et certains étaient peints avec une glaçure à l'oxy<strong>de</strong> <strong>de</strong> fer. Les Japonais<br />

aimaient tellement ces buncheong qu'ils emmenèrent <strong>de</strong> force chez eux<br />

après l'invasion du XVI e siècle les potiers coréens, afin qu'ils poursuivent<br />

leur travail au Japon.<br />

Plus tard, les céramistes coréens commencèrent à décorer la porcelaine<br />

blanche avec <strong>de</strong>s glaçures d'oxy<strong>de</strong> <strong>de</strong> fer ou <strong>de</strong> cuivre. La technique du<br />

XV e siècle par laquelle les pièces étaient peintes avec du bleu <strong>de</strong> cobalt<br />

fut développée et obtint un grand succès. Ces céramiques bleues et<br />

blanches, sous la forme <strong>de</strong> pots, <strong>de</strong> bols,<br />

<strong>de</strong> vaisselle, <strong>de</strong> portes pinceaux ou <strong>de</strong><br />

récipients à eau, développèrent <strong>de</strong>s<br />

motifs clairs et frais.<br />

De nos jours, l'art <strong>de</strong> la céramique est<br />

toujours développé en <strong>Corée</strong> par <strong>de</strong><br />

jeunes artistes, lesquels exposent et<br />

ven<strong>de</strong>nt leurs œuvres dans <strong>de</strong>s galeries<br />

et <strong>de</strong>s boutiques, comme le font les<br />

autres créateurs.<br />

43 _ La culture<br />

Calligraphie : l'art <strong>de</strong>s lettrés<br />

Écrire sur du papier avec un stylo ou<br />

un crayon, comme on le fait chaque jour,<br />

ne <strong>de</strong>man<strong>de</strong> pas vraiment d'efforts. Du


44 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />

moment que notre écriture<br />

est lisible, nous ne nous<br />

soucions guère <strong>de</strong> l'apparence<br />

<strong>de</strong>s lettres que nous<br />

formons. L'art coréen <strong>de</strong> la<br />

calligraphie est quant à lui<br />

extrêmement exigeant :<br />

même les calligraphes qui<br />

écrivaient jadis en<br />

caractères gothiques ou<br />

cyrilliques n'étaient pas<br />

astreints à une discipline<br />

aussi sévère.<br />

Traditionnellement, les<br />

caractères utilisés dans la<br />

calligraphie en <strong>Corée</strong> tout<br />

autant qu'au Japon sont les<br />

caractères chinois, la seule<br />

forme d'écriture en Asie <strong>de</strong><br />

l'Est pendant <strong>de</strong>s milliers d'années. Malgré l'invention du hangeul, l'alphabet<br />

coréen, en 1446, le chinois <strong>de</strong>meura la langue officielle écrite<br />

jusqu'au XIX e siècle. Or, le chinois utilisant <strong>de</strong>s milliers <strong>de</strong> caractères se<br />

combinant les uns les autres, écrire et parler cette langue n'était pas possible<br />

pour tout le mon<strong>de</strong>. La connaissance du chinois était en fait le privilège<br />

<strong>de</strong>s aristocrates et, sous Joseon, l'art <strong>de</strong> la calligraphie <strong>de</strong>vint un art<br />

noble essentiellement pratiqué par les lettrés. On évaluait leur niveau<br />

d'éducation, leur spiritualité et leur personnalité à la qualité <strong>de</strong>s signes<br />

qu'ils traçaient.<br />

Pour pratiquer le butgeulssi, écriture au pinceau, il faut disposer <strong>de</strong> ce<br />

qu'on appelle les « Quatre amis du lettré ›› : l'encre, la pierre à encre, le<br />

pinceau et le papier. Tous les quatre doivent être <strong>de</strong> qualité irréprochable.<br />

L'encre se présente sous forme <strong>de</strong> bâtonnets soli<strong>de</strong>s, mélange <strong>de</strong> carbone<br />

et <strong>de</strong> colle. La pierre à encre est taillée dans une roche à grain très fin,<br />

souvent <strong>de</strong> couleur bleue, légèrement creuse, dans laquelle on verse<br />

quelques gouttes d'eau pour la dilution <strong>de</strong>s particules d'encre obtenues en


frottant les bâtonnets sur la pierre.<br />

Tout l'art du butgeulssi est <strong>de</strong> parvenir à tracer <strong>de</strong>s signes parfaits, bien<br />

disposés les uns par rapport aux autres, dans un ensemble harmonieux.<br />

Les caractères sont <strong>de</strong>ssinés à main levée et sans possibilité <strong>de</strong> retouche.<br />

Il existe plusieurs styles <strong>de</strong> calligraphie, plusieurs écoles, chacune<br />

ayant sa tradition et ses règles esthétiques établies jadis par d'éminents<br />

calligraphes.<br />

Cet art a fortement influencé la vie sociale et culturelle du peuple<br />

coréen. En effet, sous la dynastie Goryeo, les rois coréens adoptèrent le<br />

système chinois <strong>de</strong> recrutement <strong>de</strong>s fonctionnaires. Au cours <strong>de</strong> l'examen<br />

(gwageo), les candidats étaient entre autres évalués sur leur connaissance<br />

<strong>de</strong>s classiques chinois et la qualité <strong>de</strong> leur calligraphie. Pendant <strong>de</strong>s<br />

siècles, l'ascension <strong>de</strong> l'échelle sociale en <strong>Corée</strong> a donc largement<br />

dépendu <strong>de</strong> l'écriture <strong>de</strong>s individus.<br />

Dans certains cas, coucher <strong>de</strong>s lettres ou <strong>de</strong>s signes sur le papier n'est<br />

donc pas chose aisée. La plupart <strong>de</strong>s professionnels <strong>de</strong> la calligraphie<br />

doivent aujourd'hui suivre une formation longue et rigoureuse qui ne<br />

mène pas forcément au succès. Même les amateurs étudient pendant dix,<br />

vingt, voire trente ans. C'est un <strong>de</strong>s arts les plus exigeants et les plus<br />

respectés <strong>de</strong> <strong>Corée</strong> : il <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à la fois beaucoup <strong>de</strong> discipline, <strong>de</strong> la<br />

créativité et une certaine gran<strong>de</strong>ur d'âme.<br />

Les calligraphes accomplis étaient souvent peintres, à l'image <strong>de</strong> Kim<br />

Jeong-hui. Avec leur pinceau ils pouvaient aussi bien <strong>de</strong>ssiner une<br />

orchidée ou une pousse <strong>de</strong> bambou qu'exprimer en un court poème les<br />

émotions procurées par la peinture. Malgré cela, la peinture coréenne<br />

possè<strong>de</strong> une riche tradition.<br />

45 _ La culture<br />

La peinture<br />

Les <strong>Corée</strong>ns peignent <strong>de</strong>puis la nuit <strong>de</strong>s temps. Les plus anciennes<br />

fresques murales ont été découvertes dans <strong>de</strong>s tombes <strong>de</strong> l'époque <strong>de</strong><br />

Goguryeo, datant du IV e siècle. Les peintures <strong>de</strong> cette pério<strong>de</strong> démontrent<br />

l'influence du bouddhisme et utilisent déjà la technique <strong>de</strong> l'ombres.<br />

Une Académie <strong>de</strong> peinture fut créée au tout début <strong>de</strong> la dynastie


46 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />

Peintures <strong>de</strong> Kim Hong-do : Jeune danseur et musiciens (à g.) ; Lutteurs (à dr.)<br />

Kim Hong-do<br />

(1745-1806)<br />

La peinture coréenne a connu <strong>de</strong> nombreux<br />

talents parmi lesquels Kim Hong-do.<br />

Ses paysages sont considérés comme les<br />

meilleurs du courant dit réaliste et ses portraits<br />

sont admirés comme nul autre pareil.<br />

C'est – avec Sin Yun-bok – le pionnier incontestable<br />

<strong>de</strong> la peinture <strong>de</strong> genre grâce à<br />

laquelle nous savons quelle était la vie <strong>de</strong>s<br />

<strong>Corée</strong>ns durant les <strong>de</strong>rnières années <strong>de</strong><br />

Joseon. Aux côtés <strong>de</strong> Jang Seung-eop et An<br />

Kyeon, Kim Hong-do est un <strong>de</strong>s trois maîtres<br />

<strong>de</strong> la dynastie Joseon.<br />

On dit qu'étant jeune il était non seulement<br />

talentueux mais qu'il avait également<br />

beaucoup <strong>de</strong> charisme : il était paraît-il plein<br />

<strong>de</strong> charme, très ouvert et plaisait beaucoup<br />

à ses contemporains, en particulier au roi.<br />

À l'âge <strong>de</strong> 29 ans, il fit un portrait du<br />

prince héritier et une quinzaine d'années<br />

plus tard il se mit à parcourir le pays pour<br />

fixer à jamais le quotidien <strong>de</strong> ses contemporains.<br />

Plus tard, il s'intéressa davantage aux<br />

paysages <strong>de</strong> montagnes, à la nature en<br />

général, ce dans un style et suivant une<br />

technique uniques. Kim Hong-do peignait<br />

par à-coups, créant <strong>de</strong>s lignes cursives et<br />

épaisses qu'ils remplissaient ensuite <strong>de</strong><br />

couleurs douces. Il parvenait ainsi à<br />

exprimer parfaitement le tempérament<br />

coréen tout en accordant <strong>de</strong> l'importance au<br />

mouvement et à l'espace.<br />

À la fin <strong>de</strong> sa vie, Kim Hong-do se consacra<br />

entièrement à la peinture <strong>de</strong> genre et<br />

décrivit mieux que quiconque la vie <strong>de</strong>s<br />

gens ordinaires. Son art et sa technique<br />

firent école. Ses tableaux étaient une<br />

réaction, parfois une critique, <strong>de</strong>s yangban<br />

(les aristocrates), <strong>de</strong> leurs goûts artistiques<br />

conservateurs et <strong>de</strong> l'académisme ambiant.<br />

Son œuvre a marqué à jamais l'histoire <strong>de</strong><br />

l'art coréen et a influencé <strong>de</strong> nombreux peintres.<br />

Elle constitue par ailleurs un<br />

témoignage précieux <strong>de</strong> la vie <strong>de</strong>s <strong>Corée</strong>ns<br />

durant cette pério<strong>de</strong>. Les peintures <strong>de</strong> Kim<br />

Hong-do sont aujourd'hui classées trésors<br />

nationaux et exposées dans les principaux<br />

musées du pays.<br />

Comme beaucoup <strong>de</strong> génies, Kim Hong-do<br />

mourut oublié <strong>de</strong> tous, affaibli par la maladie<br />

et la pauvreté.


Peinture populaire : Tigre et pie<br />

47 _ La culture


48 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />

Goryeo. Les lettrés <strong>de</strong> l'aristocratie tout autant que les peintres professionnels<br />

s'y retrouvaient pour s'exercer à partir d'une très gran<strong>de</strong> variété<br />

<strong>de</strong> thèmes, en plus <strong>de</strong> ceux engendrés par les influences bouddhistes <strong>de</strong> la<br />

pério<strong>de</strong> précé<strong>de</strong>nte : portraits, animaux ainsi que les «quatre gentilshommes»<br />

(sagunja) que sont le prunier, l'orchidée, le chrysanthème et le<br />

bambou, représentant chacun un symbole <strong>de</strong> vertu. Comme la calligraphie,<br />

les peintures étaient exécutées à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> pinceaux et d'encre noire<br />

sur du papier ou <strong>de</strong> la soie, créant leur effet en mettant l'accent sur la<br />

ligne, la texture et les proportions.<br />

Différents styles continuèrent à se développer pendant la pério<strong>de</strong><br />

Joseon, alors que furent introduites <strong>de</strong>s techniques chinoises puis occi<strong>de</strong>ntales.<br />

Les couleurs furent aussi utilisées dans <strong>de</strong>s teintes fraîches et<br />

délicates pour <strong>de</strong>s portraits et <strong>de</strong>s tableaux représentant <strong>de</strong>s nobles au<br />

repos ou participant à <strong>de</strong>s fêtes.<br />

La tradition prestigieuse <strong>de</strong> la peinture ancienne déclina à la fin du<br />

XIX e siècle, au moment où les styles mo<strong>de</strong>rnes <strong>de</strong> la peinture occi<strong>de</strong>ntale


49 _ La culture<br />

Visage <strong>de</strong> Byon Chong-ha (ci-<strong>de</strong>ssus)<br />

Gouttes d'eau <strong>de</strong> Kim Tschang-yeul (à g.)<br />

furent introduits. De nombreux artistes coréens partirent alors pour le<br />

Japon, la France et d'autres pays, dans le tout début du XX e siècle, afin<br />

d'étudier la peinture et les autres formes <strong>de</strong> l'art occi<strong>de</strong>ntal. Des artistes<br />

comme Go Hui-dong animèrent les premiers temps <strong>de</strong> cette nouvelle<br />

recherche artistique. Après la guerre <strong>de</strong> <strong>Corée</strong> (1950-1953), les artistes<br />

coréens, principalement les plus jeunes, adoptèrent l'expressionnisme<br />

abstrait qui était alors très populaire en Europe et dans le reste du mon<strong>de</strong><br />

après la secon<strong>de</strong> guerre mondiale.<br />

Depuis cette époque, la peinture mo<strong>de</strong>rne n'a cessé <strong>de</strong> se développer en<br />

<strong>Corée</strong>. Les peintres ont pu faire l'expérience <strong>de</strong> différents courants artistiques,<br />

<strong>de</strong>puis le mo<strong>de</strong>rnisme jusqu'au minimalisme, alors que parallèlement<br />

se <strong>de</strong>ssine un mouvement <strong>de</strong> redécouverte <strong>de</strong> l'esprit <strong>de</strong> l'art traditionnel.<br />

Aujourd'hui, la <strong>Corée</strong> s'enorgueillit d'un grand nombre d'artistes <strong>de</strong> premier<br />

plan, actifs tout à la fois dans le pays et à l'étranger. De son côté, la peinture<br />

traditionnelle a pu s'enrichir d'importante transformations, à travers la prise<br />

en compte <strong>de</strong>s perspectives et <strong>de</strong>s techniques <strong>de</strong> l'art contemporain.


50 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />

Paik Namjune<br />

(1932~)<br />

De quelle manière regar<strong>de</strong>z-vous votre<br />

poste <strong>de</strong> télévision ?<br />

Cette question, le vidéaste coréen Paik<br />

Namjune la pose à son public <strong>de</strong>puis près <strong>de</strong><br />

trente ans. La plupart <strong>de</strong>s critiques d'art et<br />

<strong>de</strong>s artistes le considèrent comme le pionnier<br />

<strong>de</strong>s arts électroniques et comme l'un <strong>de</strong>s<br />

plus importants créateurs <strong>de</strong> ce siècle.<br />

Le travail <strong>de</strong> Paik Namjune s'attache entre<br />

autres à reconsidérer notre relation à la<br />

télévision. Lors d’une <strong>de</strong> ses premières<br />

expositions, à New-York, en 1965, il permit<br />

au public présent <strong>de</strong> jouer avec les<br />

images d'une télévision grâce à <strong>de</strong>s<br />

aimants géants. Plus tard, il utilisa<br />

d'autres techniques pour déformer<br />

les images retrans-mises pendant<br />

on objectif : détourner l'écran <strong>de</strong><br />

télévision <strong>de</strong> son usage premier et<br />

nous permettre <strong>de</strong> voir «la boîte<br />

sacrée›› du foyer <strong>de</strong> manière<br />

différente.<br />

À propos <strong>de</strong> sacré, Paik<br />

Namjune n'a jamais hésité à le<br />

malmener : dans les années<br />

1950, alors qu'il étudiait la<br />

musique en Allemagne, il joua sur<br />

un piano dit «préparé›› qu'il avait<br />

recouvert <strong>de</strong> toutes sortes d'objets (pendules,<br />

objets ménagers...). Il lui est également<br />

arrivé <strong>de</strong> transformer son piano pour en tirer<br />

<strong>de</strong>s sons différents et tenter <strong>de</strong> montrer<br />

l’importance <strong>de</strong> l’improvisation. Il s'agissait<br />

aussi <strong>de</strong> provoquer l’audience et la faire réagir.<br />

Avant <strong>de</strong> s'établir aux États-Unis, il participa<br />

à la création du groupe avant-gardiste<br />

Fluxus, un <strong>de</strong>s mouvements décidés à «sortir<br />

l'art <strong>de</strong>s musées›› et à en faire le quotidien<br />

<strong>de</strong>s gens grâce à <strong>de</strong>s expériences sur certains<br />

matériaux et à <strong>de</strong>s techniques nouvelles.<br />

Paik Namjune décida alors <strong>de</strong> se consacrer<br />

essentiellement à l'art vidéo. Dans les années<br />

1970, il mit au point avec Shuya Abe un moniteur<br />

vidéo, branché sur <strong>de</strong>s générateurs <strong>de</strong><br />

fréquences, qui donnait <strong>de</strong>s images<br />

abstraites en fonction <strong>de</strong>s sons produits. Lors<br />

<strong>de</strong> la première exposition, l'appareil diffusa<br />

<strong>de</strong>s zébrures et <strong>de</strong>s striures multicolores au<br />

rythme d'une chanson <strong>de</strong>s Beatles. Fasciné<br />

par les possibilités offertes par la vidéo, Paik<br />

Namjune annonça un jour que l'écran <strong>de</strong><br />

télévision remplacerait tôt ou tard la toile <strong>de</strong>s<br />

peintres.<br />

Pour que cette prédiction s'accomplisse,<br />

l'artiste coréen se lança dans <strong>de</strong>s projets<br />

<strong>de</strong> plus en plus importants, <strong>de</strong> plus<br />

en plus élaborés. Après V-ramid (1982)<br />

et Tricolor vi<strong>de</strong>o (1982), Paik<br />

Namjune réalisa en 1984 Good morning<br />

Mr. Orwell , la première émission<br />

interactive retransmise en direct par<br />

satellite. Dans ce programme <strong>de</strong><br />

néo-télévision, le vidéaste<br />

s'adressait aux artistes du<br />

mon<strong>de</strong> entier, les invitant à se<br />

joindre à ce qu'il appelait le<br />

« Global Groove ››. À l'occasion<br />

<strong>de</strong>s Jeux olympiques <strong>de</strong><br />

Séoul, en 1988, il construisit<br />

un assemblage <strong>de</strong> plus <strong>de</strong><br />

mille écrans <strong>de</strong> télévision<br />

<strong>de</strong> toutes tailles, une<br />

sculpture vidéo qu'il baptisa<br />

The More the Better.<br />

À soixante ans passés, Paik<br />

Namjune est <strong>de</strong>venu ce qu'on appelle<br />

parfois un citoyen du mon<strong>de</strong>. Formé à Tokyo<br />

et à Munich, il travaille aujourd’hui aux États-<br />

Unis et ses installations vidéo peuvent être<br />

appréciées dans les plus gran<strong>de</strong>s villes. Ses<br />

voyages et ses expériences continuent <strong>de</strong> lui<br />

donner une vision unique <strong>de</strong> notre mon<strong>de</strong>.<br />

Mieux encore, Paik Namjune, à travers ses<br />

œuvres, nous transmet une image différente<br />

<strong>de</strong>s autres et <strong>de</strong> nous-mêmes. Ce précurseur<br />

et infatigable créateur n'a pas fini <strong>de</strong> faire<br />

parler <strong>de</strong> lui : ses yeux et ses écrans continuent<br />

d'être braqués sur le futur.


La sculpture<br />

Contrairement à la peinture sur papier ou<br />

sur soie, les premières sculptures coréennes,<br />

qu'elles soient en pierre ou en métal, témoignent<br />

<strong>de</strong> l'importance capitale du<br />

bouddhisme dans l'histoire et la culture<br />

coréennes. Les principaux sujets traités<br />

sont bien sûr le Bouddha lui-même, les<br />

saints bouddhistes et les autres<br />

divinités.<br />

Les premiers bouddhas<br />

coréens, faits <strong>de</strong> bronze doré<br />

et d'argile, datent du VI e siècle<br />

(Goguryeo) mais sous Baekje<br />

et Silla les artisans sculptèrent<br />

également <strong>de</strong>s images <strong>de</strong> la<br />

divinité, dans <strong>de</strong>s styles<br />

légèrement différents. Ainsi,<br />

les bouddhas <strong>de</strong> Goguryeo<br />

ont <strong>de</strong>s postures rigi<strong>de</strong>s, <strong>de</strong><br />

larges mains, <strong>de</strong> grands<br />

usnisa (protubérance crânienne<br />

symbolisant la sagesse) et un<br />

léger sourire sur une figure<br />

longue et fine. À l'inverse, les<br />

bouddhas <strong>de</strong> Baekje ont <strong>de</strong>s visages<br />

pleins et inspirent chaleur et<br />

bonté. Les bouddhas <strong>de</strong> Silla sont<br />

quant à eux plus empreints <strong>de</strong> réalisme<br />

: visage rond, formes stylisées et<br />

sourire subtil. La plus belle sculpture<br />

du Bouddha <strong>de</strong> <strong>Corée</strong> date du Silla<br />

unifié et se trouve dans la grotte<br />

<strong>de</strong> Seokguram.<br />

Maitreya assis en<br />

bronze doré (début<br />

du VII e siècle)<br />

51 _ La culture


52 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />

Installation du vidéaste Paik Namjune – Biennale <strong>de</strong> Gwangju, 1995<br />

Plus tard, sous la dynastie Goryeo, la forme <strong>de</strong>s yeux et <strong>de</strong>s pommettes<br />

du Bouddha lui donnèrent un visage très coréen. Sa silhouette <strong>de</strong>vint par<br />

ailleurs relativement rai<strong>de</strong> et figée par rapport aux époques précé<strong>de</strong>ntes.<br />

Sous Joseon, la suppression du bouddhisme en tant que religion d'État et<br />

l'avènement du confucianisme entraînèrent un déclin rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> la sculpture<br />

bouddhique.<br />

La sculpture coréenne connut un renouveau avec l'introduction <strong>de</strong>s<br />

techniques et <strong>de</strong>s traditions occi<strong>de</strong>ntales. Si un certain académisme marqua<br />

le début du XX e<br />

siècle, les années 1960 permirent aux sculpteurs<br />

coréens <strong>de</strong> s'intéresser aux écoles réalistes, abstraites et avant-gardistes.<br />

Aujourd'hui, <strong>de</strong> nombreuses œuvres ont <strong>de</strong>s particularités qui ne sont pas<br />

sans évoquer les images traditionnelles du Bouddha.


L'architecture<br />

Dans quel type d'habitat vivaient autrefois les <strong>Corée</strong>ns ? Précisons tout<br />

d'abord que l'environnement naturel était considéré comme très important<br />

et déterminait l'emplacement <strong>de</strong>s maisons et <strong>de</strong>s temples. L'endroit idéal<br />

<strong>de</strong>vait permettre d'orienter le bâtiment au sud, avec une vue sur les montagnes,<br />

une autre sur l'eau. Hanyang, baptisée <strong>de</strong>puis Séoul, <strong>de</strong>vint justement<br />

la capitale car sa situation géographique permettait <strong>de</strong> respecter les<br />

lois <strong>de</strong> la géomancie.<br />

La construction <strong>de</strong> temples commença avec l'introduction du bouddhisme,<br />

venu <strong>de</strong> Chine, et s'imprégna fortement du style chinois. Une <strong>de</strong>s contributions<br />

coréennes à l'architecture bouddhique <strong>de</strong> l'Asie <strong>de</strong> l'Est fut toutefois les<br />

pago<strong>de</strong>s <strong>de</strong> pierre construites à l'époque <strong>de</strong>s Trois Royaumes. De base carrée,<br />

elles possè<strong>de</strong>nt en général trois étages, <strong>de</strong> taille décroissante, élevés sur un<br />

53 _ La culture


54 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />

pié<strong>de</strong>stal. Parmi les nombreux temples coréens, le Bulguksa – dont la grotte<br />

<strong>de</strong> Seokguram constitue une annexe – est un <strong>de</strong>s plus beaux édifices construits<br />

durant le Silla unifié.<br />

Le bois utilisé pour la construction <strong>de</strong>s temples était le plus souvent<br />

décoré <strong>de</strong> motifs flamboyants peints selon la technique, toujours en vigueur,<br />

du dancheong. Utilisée dans les motifs et les symboles traditionnels, chaque<br />

couleur possè<strong>de</strong> une signification particulière : bleu = printemps, rouge = été,<br />

blanc = automne, noir = hiver, jaune = changement <strong>de</strong> saison, rouge marron =<br />

harmonie.<br />

À côté <strong>de</strong> ces temples pittoresques multicolores, les habitations traditionnelles<br />

<strong>de</strong>s paysans étaient bien mo<strong>de</strong>stes. Bâties <strong>de</strong> plain-pied, en<br />

forme <strong>de</strong> L ou <strong>de</strong> U, avec une cour intérieure, ces maisons possédaient<br />

<strong>de</strong>s toitures <strong>de</strong> chaume et <strong>de</strong>s murs en torchis.<br />

Le saviez-vous ?<br />

Les maisons traditionnelles<br />

coréennes ont toujours<br />

été pourvues du chauffage<br />

central ! En effet, le foyer <strong>de</strong><br />

la cuisine, située à une <strong>de</strong>s<br />

extrémités <strong>de</strong> l'habitation,<br />

communiquait avec <strong>de</strong>s<br />

conduits placés sous le sol<br />

qui acheminaient la chaleur<br />

dans toute la maison. Ce<br />

système ingénieux, qui<br />

rendait les habitations très<br />

confortables, est connu sous<br />

le nom d'ondol. Il continue <strong>de</strong><br />

nos jours <strong>de</strong> chauffer les<br />

maisons et les appartements mo<strong>de</strong>rnes,<br />

même si le gaz, le fioul et l'eau ont remplacé le<br />

feu <strong>de</strong> bois.


55 _ La culture<br />

La musique<br />

Les pages <strong>de</strong> ce livre vous font voir la <strong>Corée</strong>, mais vous ne pouvez<br />

l'entendre. Comment réussir à la connaître pourtant sans la pouvoir<br />

entendre? Malheureusement, ce livre n'est pas équipé du son et vous ne<br />

pouvez donc abor<strong>de</strong>r la musique coréenne que par la seule lecture, avant<br />

<strong>de</strong> venir l'écouter sur place.<br />

La musique traditionnelle coréenne, comme l'art et l'histoire du pays,<br />

recouvre un domaine trop vaste pour être briévement présenté. Avec une<br />

soixantaine d'instruments distincts, dont quarante-cinq sont encore joués<br />

aujourd'hui, cette musique possè<strong>de</strong> un répertoire et une forme musicale<br />

uniques et caratéristiques. La plus ancienne forme coréenne instrumentale<br />

encore interprétée aujourd'hui, le sujecheon, musique <strong>de</strong> cour ayant<br />

plus d'un millier d'années, est jouée par un ensemble comprenant le<br />

daegum, (flûte traversière en bambou), le piri (hautbois cylindrique), le<br />

gayageum (cithare à douze cor<strong>de</strong>s), et une variété <strong>de</strong> tambours et d'autres<br />

instruments à percussion. La musique <strong>de</strong> cour comprenait également <strong>de</strong>s<br />

musiques militaires et <strong>de</strong>s compositions <strong>de</strong>stinées aux rites, qui accom-


56 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />

Danse <strong>de</strong> cour<br />

pagnaient les rituels confucéens et les cérémonies tenues dans le sanctuaire<br />

royal. Ce <strong>de</strong>rnier type <strong>de</strong> musique est encore interprété à Séoul<br />

chaque année.<br />

La noblesse affectionnait également la musique vocale comme les<br />

gagok, chansons en vers <strong>de</strong> 16 et 10 pieds, interprétées par un petit<br />

ensemble, et les sijo, courts poèmes chantés sur différentes variations<br />

d'une mélodie assez simple.<br />

La forme musicale la plus souvent écoutée <strong>de</strong> nos jours est sans nul<br />

doute l'ancienne musique populaire : les musiques paysannes,<br />

chamaniques ou bouddhiques. La musique paysanne est par exemple <strong>de</strong>s<br />

plus enjouée, grâce notamment au son stri<strong>de</strong>nt du petit gong, le kkwaenggwari,<br />

qui accompagne habituellement les danseurs.<br />

Les chants folkloriques étaient communément basés sur une échelle<br />

quadritonale ou pentatonale, à la différence <strong>de</strong> l'échelle occi<strong>de</strong>ntale<br />

reposant sur douze tons, ce qui signifie qu'au lieu d'obéir à la combinaison<br />

: do, re, mi, fa, sol, la, si, on se trouve en présence <strong>de</strong>s notes : sol, la,<br />

do, re, mi. L'une <strong>de</strong>s caractéristiques qui distinguent les chants coréens


populaires est l'utilisation d'une mesure à trois temps (un, <strong>de</strong>ux, trois, un,<br />

<strong>de</strong>ux, trois), au lieu <strong>de</strong> la mesure à <strong>de</strong>ux temps (un, <strong>de</strong>ux, un, <strong>de</strong>ux) ayant<br />

cour au Japon et en Chine. Une autre forme <strong>de</strong> musique vocale d'origine<br />

populaire est le pansori. C'est à la fois une forme musicale et dramatique.<br />

Il alterne en effet les passages narratifs, le chant et l'action, dans un jeu<br />

<strong>de</strong> scène particulier à chaque interprète, une représentation <strong>de</strong> pansori<br />

met en scène l'une <strong>de</strong>s cinq histoires originales anciennement tirées <strong>de</strong>s<br />

légen<strong>de</strong>s coréennes.<br />

Les instruments traditionnels comme le tambour sablier (janggo) et le<br />

kkwaenggwari connaissent un regain <strong>de</strong> popularité. Il est facile <strong>de</strong> trouver<br />

ces jours-ci <strong>de</strong>s centres culturels ou <strong>de</strong>s instituts privés qui enseignent<br />

aux amateurs – spécialement aux étudiants – l'art <strong>de</strong> les pratiquer.<br />

Cela ne veut pas dire pour autant que le choix <strong>de</strong>s jeunes et <strong>de</strong>s moins<br />

jeunes se porte uniquement sur l'apprentissage <strong>de</strong> la musique coréenne<br />

traditionnelle. La musique classique occi<strong>de</strong>ntale est en effet implantée<br />

<strong>de</strong>puis longtemps en <strong>Corée</strong>, raison pour laquelle un grand nombre <strong>de</strong><br />

jeunes <strong>Corée</strong>ns l'étudient. Depuis le premier orchestre symphonique du<br />

pays, l'Orchestre philarmonique <strong>de</strong> <strong>Corée</strong>, créé en 1945, un grand nombre<br />

<strong>de</strong> musiciens <strong>de</strong> classe internationale se sont fait remarquer, comme<br />

le Trio Chung, la violoniste Chang Hanna ou <strong>de</strong>s chanteurs comme Choi<br />

Hans et Jo Sumi, pour ne citer qu'eux.<br />

De nombreuses stations <strong>de</strong> radio diffusent sur les on<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s musiques<br />

populaires produites par les nouveaux groupes qui naissent chaque jour.<br />

Du reggae au heavy metal, <strong>de</strong>s sons flui<strong>de</strong>s à la Lionel Richie au rap (en<br />

coréen!), presque tous les genres <strong>de</strong> musiques populaires sont aujourd'hui<br />

enregistrés par les artistes pop coréens, lesquels composent leurs propres<br />

arrangements tout en allant à la découverte <strong>de</strong> styles empruntés ailleurs.<br />

Quelle que soit la musique qu'ils écoutent, tous les <strong>Corée</strong>ns vous diront<br />

qu'ils vivent dans un pays <strong>de</strong> musiciens.<br />

57 _ La culture


58 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />

Le Trio Chung :<br />

Myung-hwa, Kyung-hwa<br />

et Myung-whun<br />

(1944~), (1948~), (1953~)<br />

C'est indéniable : les <strong>Corée</strong>ns<br />

adorent la musique et la chanson. Non<br />

seulement le pays est riche d'une tradition<br />

musicale ancienne, mais ses habitants,<br />

encore aujourd'hui, affectionnent<br />

cet art et le vivent intensément.<br />

De nombreux parents par exemple<br />

envoient leurs enfants apprendre le<br />

piano ou le violon : les affaires <strong>de</strong>s<br />

écoles <strong>de</strong> musique sont florissantes.<br />

La chanson est encore plus populaire<br />

que la musique. Tous les soirs,<br />

les noraebang (karaoké) du pays<br />

accueillent jeunes et moins jeunes,<br />

venus fredonner les airs d'autrefois<br />

ou hurler les paroles <strong>de</strong>s tubes du<br />

moment. Beaucoup <strong>de</strong> <strong>Corée</strong>ns rêvent<br />

également <strong>de</strong> participer au célèbre<br />

radio-crochet télévisé du dimanche et<br />

<strong>de</strong>venir les stars d'un jour.<br />

Cette passion pour le chant et la<br />

musique s'observe même à l'étranger :<br />

les communautés coréennes <strong>de</strong> Los<br />

Angeles et d'ailleurs organisent<br />

régulièrement <strong>de</strong>s festivals et bon<br />

nombre <strong>de</strong> conservatoires d'Amérique<br />

et d'Europe ont <strong>de</strong>s élèves ayant pour<br />

nom <strong>de</strong> famille Kim, Park ou Lee...<br />

Pas étonnant donc que le Trio<br />

Chung matérialise le rêve secret <strong>de</strong><br />

toute mère coréenne. Si ces trois frère<br />

et sœurs ont en fait rarement la possibilité<br />

<strong>de</strong> se produire ensemble, c'est<br />

qu'ils mènent avec succès une<br />

carrière artistique individuelle aux<br />

quatre coins du mon<strong>de</strong>. Ils ont été<br />

récemment récompensés aux États-<br />

Unis pour leur contribution en faveur<br />

<strong>de</strong> la musique (Excellence 2000<br />

Award) et ont parrainé en juin 1992 le<br />

Programme <strong>de</strong>s Nations Unies pour le<br />

contrôle international <strong>de</strong>s drogues.<br />

L'aînée du trio, Chung Myung-hwa,<br />

est née à Séoul en 1944. Elle fait l'apprentissage<br />

du piano dès l'âge <strong>de</strong><br />

quatre ans mais se consacre quelques<br />

années plus tard au violoncelle. À<br />

l'âge <strong>de</strong> treize ans, elle reçoit son premier<br />

prix lors d'un concours national<br />

et, après <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s secondaires à la<br />

Seoul Art School, elle poursuit sa formation<br />

à la Julliard School of Music <strong>de</strong><br />

New-York. Une fois diplômée, elle<br />

entre à l'Université <strong>de</strong> Californie du<br />

Sud et donne en 1969 un concert à la<br />

Maison Blanche avant <strong>de</strong> recevoir, en<br />

1971, le premier prix <strong>de</strong> violoncelle au<br />

Concours <strong>de</strong> Genève. Elle s'est produite<br />

sous la direction <strong>de</strong> chefs<br />

d'orchestre réputés comme Zubin<br />

Mehta et Carlo Maria Guilini.<br />

Chung Kyung-hwa, sa sœur, commence<br />

elle aussi le piano à l'âge <strong>de</strong><br />

quatre ans et s'initie au violon <strong>de</strong>ux<br />

ans après. C'est cet instrument<br />

qu'elle finira par adopter. En 1960, à<br />

douze ans, elle fait partie d'une<br />

délégation invitée au Japon pour une<br />

représentation. L'année qui suit, elle<br />

s'inscrit à la Julliard School of Music


<strong>de</strong> New-York et se perfectionne sous<br />

la conduite du virtuose Ivan Galamian.<br />

En 1965, elle <strong>de</strong>vient la secon<strong>de</strong> personne<br />

d'origine asiatique à se produire<br />

au Miami Concert Hall. Deux ans<br />

plus tard, elle reçoit à New-York le<br />

premier prix au Concours Leventritt.<br />

Elle s'est à ce jour produite plus d'une<br />

centaine <strong>de</strong> fois – au sein du New-<br />

York Philharmonic Orchestra et du<br />

London Symphony Orchestra notamment<br />

– et a été dirigée par André<br />

Prévin et Léopold Stokowski.<br />

Chung Myung-whun débute comme<br />

ses <strong>de</strong>ux sœurs par le piano. Il<br />

persévère dans cette discipline et joue<br />

en 1960 avec l'Orchestre philharmonique<br />

<strong>de</strong> Séoul – il a alors sept ans<br />

– et l'année suivante avec celui <strong>de</strong><br />

Seattle. Il suit alors à New-York les<br />

cours <strong>de</strong> la Julliard School of Music et<br />

<strong>de</strong> la Mannes School of Music avant<br />

<strong>de</strong> <strong>de</strong>venir un pianiste émérite et <strong>de</strong><br />

décrocher à Moscou en 1974 le second<br />

prix au Concours Tchaïkovski.<br />

Chung Myung-whun retourne ensuite<br />

à l'école Julliard pour compléter sa<br />

formation <strong>de</strong> chef d'orchestre et<br />

<strong>de</strong>vient en 1978 «assistant conductor››<br />

du Los Angeles Philharmonic<br />

Orchestra. En 1983, il s'installe en<br />

Europe et prend la direction <strong>de</strong><br />

l'Orchestre symphonique <strong>de</strong> la Radio<br />

<strong>de</strong> Sarrebruck puis celle <strong>de</strong> l'Opéra <strong>de</strong><br />

Florence, l'année suivante. Il est à<br />

cette époque également invité à<br />

diriger les plus prestigieuses formations<br />

: l'Orchestre philharmonique <strong>de</strong><br />

Berlin, l'Orchestre philharmonique <strong>de</strong><br />

New-York ainsi que le Royal<br />

Philharmonic Orchestra. En 1989,<br />

Chung Myung-whun est nommé<br />

directeur musical <strong>de</strong> l'Opéra Bastille,<br />

à Paris. La même année, il se voit<br />

attribuer à 36 ans le prestigieux Prix<br />

Arturo Toscanini.<br />

En 1994, Chung Myung-whun fut au<br />

centre d'une polémique le mettant<br />

aux prises avec le nouvel administrateur<br />

<strong>de</strong> l'Opéra Bastille. Après une<br />

courte bataille juridique tournant<br />

autour <strong>de</strong> la renégociation du contrat<br />

du chef d'orchestre, il quitta ses fonctions<br />

juste après avoir donné la<br />

première représentation <strong>de</strong> la saison<br />

d’automne 1994.<br />

Il a été récemment désigné<br />

directeur musical et chef d’orchestre<br />

permanent <strong>de</strong> l’Orchestre national <strong>de</strong><br />

France (ONF), l’un <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux orchestres<br />

dirigés par Radio France. Chung est<br />

aussi le chef d’orchestre permanent<br />

<strong>de</strong> l’Orchestre Santa Cecilla <strong>de</strong> Rome<br />

<strong>de</strong>puis 1997.<br />

59 _ La culture


60 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />

Seungmu (danse bouddhique)<br />

Danse <strong>de</strong> cour<br />

La danse<br />

Depuis les musiques les plus anciennes jusqu'aux actuels battements<br />

rythmiques <strong>de</strong>s discothèques, la danse va généralement main dans la<br />

main avec la musique. Ainsi, à l'instar <strong>de</strong> celle-ci, la danse coréenne<br />

provient d'un large éventail contrasté <strong>de</strong> styles et d'origines.<br />

La plupart <strong>de</strong>s mouvements <strong>de</strong> danse qui accompagnent les rituels confucéens<br />

sont à la fois sobres et majestueux, à l'exemple <strong>de</strong>s soixante-quatre<br />

danseurs disposés sur huit rangs, qui se prosternent lentement au son<br />

<strong>de</strong> la musique qui rythme aujourd'hui encore les cérémonies<br />

confucéennes. La représentation <strong>de</strong>s rites aux ancêtres en l'honneur <strong>de</strong> la<br />

vingtaine <strong>de</strong> souverains <strong>de</strong> la dynastie Joseon, implique un grand nombre<br />

<strong>de</strong> figures au cours <strong>de</strong>squelles les danseurs, alignés sur huit rangs <strong>de</strong> huit<br />

personnes et habillés <strong>de</strong> costumes pourpres, forment un cercle avec leurs<br />

bras et soulèvent leurs pieds, tout en se prosternant à l'occasion d'une<br />

révérence.<br />

La danse <strong>de</strong> cour s'est développée plus librement sous l'influence du<br />

bouddhisme que sous celle du confucianisme. Pendant la pério<strong>de</strong><br />

Goryeo, <strong>de</strong>s danses très élaborées étaient représentées par <strong>de</strong>s femmes


munies d'accessoires <strong>de</strong> scène et magnifiquement vêtues. Il existait par<br />

ailleurs <strong>de</strong>s danses permettant <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r au Bouddha la libre entrée<br />

<strong>de</strong>s âmes dans le Nirvana. Ainsi la danse du papillon, exécutée par une<br />

bonzesse, la danse <strong>de</strong>s cymbales, effectuée par <strong>de</strong>s moines, ou encore la<br />

danse du «tambour <strong>de</strong> la loi» que représentait un seul danseur.<br />

La plupart <strong>de</strong>s costumes <strong>de</strong> danse couvraient entièrement le corps et<br />

les jambes étaient dissimulées sous <strong>de</strong> nombreuses robes et jupes. Que<br />

pouvait donc ressentir le public face aux mouvements <strong>de</strong> ces danses?<br />

Manifestement, l'accent n'était pas mis sur l'expression pleine et<br />

athlétique <strong>de</strong>s membres ni dans <strong>de</strong>s sauts marqués. La beauté résidait<br />

plutôt dans la subtilité d'expression <strong>de</strong> certains gestes, dans la souplesse<br />

<strong>de</strong>s mouvements, dans une intensité spirituelle aussi, ininterrompue et<br />

presque insaisissable.<br />

Même si l'on rencontre <strong>de</strong>s influences bouddhiques et confucianistes<br />

dans la plupart <strong>de</strong>s danses coréennes, parmi celles que l'on exécute<br />

encore aujourd'hui les plus appréciées sont les danses populaires : il s'agit<br />

61 _ La culture<br />

Geommu <strong>de</strong> Jinju (danse du sabre)<br />

Talchum (danse masquée)


62 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />

Salpuri (danse chamanique)<br />

principalement <strong>de</strong>s danses <strong>de</strong> chamans et <strong>de</strong>s danses paysannes, dans<br />

lesquelles les danseurs suivent le rythme et improvisent sur <strong>de</strong>s mouvements<br />

<strong>de</strong> base. Les chamans, ou mudang, qui établissaient un lien <strong>de</strong><br />

communication entre le commun <strong>de</strong>s mortels et les esprits, exécutaient<br />

<strong>de</strong>s rituels dansés dans le but <strong>de</strong> se concilier l'âme <strong>de</strong>s morts et afin d'invoquer<br />

la chance. Que nous assistions aux mouvements hypnotiques et<br />

exubérants d'un rituel chamanique ou aux gestes élégants du salpuri, ce<br />

type <strong>de</strong> danse est très rythmique et chargé d'une émotion telle qu'il est<br />

impossible <strong>de</strong> ne pas se laisser entraîner. De nombreuses danses inspirées<br />

par cette forme <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt une gran<strong>de</strong> <strong>de</strong>xtérité d'expression, reposant<br />

sur <strong>de</strong>s rythmes complexes et tout à la fois subtiles.<br />

Alors que ces danses avaient lieu autrefois dans les villages,<br />

aujourd’hui on peut les voir dans les salles <strong>de</strong> spectacles mo<strong>de</strong>rnes.<br />

Accompagnant ces changements <strong>de</strong> lieux, les danseurs ont pu développer<br />

<strong>de</strong> nouvelles formes et traditions.


63 _ La culture<br />

Danse <strong>de</strong> l'éventail<br />

Les danseurs coréens ont commencé à étudier à l’étranger, introduisant<br />

<strong>de</strong> nouvelles techniques une fois <strong>de</strong> retour. La première compagnie <strong>de</strong><br />

ballet a vu le jour dans les années 1940 après la libération <strong>de</strong> la <strong>Corée</strong> <strong>de</strong><br />

la colonisation japonaise. Aujourd’hui encore, les techniques du ballet<br />

continuent <strong>de</strong> jouer une gran<strong>de</strong> influence chez les danseurs. Des écoles<br />

<strong>de</strong> danse contemporaine se sont aussi établies en <strong>Corée</strong>, introduisant pour<br />

la premiére fois la technique <strong>de</strong> Martha Graham. Il est intéressant <strong>de</strong><br />

noter que les tendances les plus nouvelles et les plus saisissantes <strong>de</strong> la<br />

danse contemporaine coréenne mélange les nouveaux styles avec <strong>de</strong>s<br />

mouvements <strong>de</strong> danse traditionnelle, créant <strong>de</strong>s mouvements originaux<br />

uniques en <strong>Corée</strong>.


64 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée


Visiter la <strong>Corée</strong><br />

65 _ Visiter la <strong>Corée</strong><br />

Malgré un territoire restreint, la <strong>Corée</strong> regorge <strong>de</strong> paysages fascinants<br />

et <strong>de</strong> sites historiques du plus grand intérêt. Ils participent à ces merveilles<br />

<strong>de</strong> la nature qui défient jusqu'aux explications les plus<br />

rationnelles.<br />

Le massif <strong>de</strong>s Seorak<br />

Prolongés par les monts Geumgang, situés <strong>de</strong> l'autre côté <strong>de</strong> la<br />

frontière, le massif <strong>de</strong>s monts Seorak (les «collines enneigées») présente<br />

à chaque saison un aspect incroyable. D'autres sommets en <strong>Corée</strong> peuvent<br />

se vanter d'être plus hauts, mais aucun ne peut mettre comme lui en<br />

avant une formation rocheuse aussi remarquable, composée <strong>de</strong> ravins, <strong>de</strong><br />

vallées profon<strong>de</strong>s, <strong>de</strong> lacs et <strong>de</strong> casca<strong>de</strong>s.


66 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />

La Liste du Patrimoine<br />

culturel mondial<br />

Trois <strong>de</strong>s trésors nationaux coréens parmi<br />

les plus appréciés furent classés pour la<br />

première fois sur la liste <strong>de</strong> l'Unesco pour le<br />

patrimoine mondial le 9 décembre 1995, aux<br />

côtés <strong>de</strong> 469 autres<br />

biens culturels et<br />

naturels représetant<br />

105 pays. Les trésors<br />

qui furent ainsi<br />

honorés sont le temple<br />

<strong>de</strong> Bulguk et la<br />

grotte toute proche <strong>de</strong><br />

Seokguram, à Gyeongju,<br />

dans la province du Gyeongsangnamdo,<br />

ainsi que le Tripitaka Koreana datant<br />

du XIII e siècle, conservé dans le temple <strong>de</strong><br />

Haein, dans la province du Gyeongsangnam-do.<br />

Tous <strong>de</strong>ux se trouvent dans la partie<br />

sud du pays. L'autre trésor national<br />

coréen classé est le sanctuaire royal<br />

Jongmyeo <strong>de</strong> la dynastie Joseon (1392-1910),<br />

situé à Séoul. Le palais Chang<strong>de</strong>ok et la<br />

forteresse Hwaseong, à Suwon, furent<br />

ajoutés à la liste en 1997.<br />

La <strong>Corée</strong> a signé en 1988 la Convention<br />

pour la Protection du Patrimoine culturel et<br />

naturel mondial. Son objectif est <strong>de</strong> protéger<br />

les monuments et les sites contre les<br />

<strong>de</strong>structions et les dégradations. La liste<br />

considère les sites<br />

comme faisant partie du<br />

patrimoine culturel <strong>de</strong><br />

l'ensemble <strong>de</strong> l'humanité.<br />

La <strong>Corée</strong> est particulièrement<br />

fière <strong>de</strong> voir<br />

ses trésors reconnus<br />

par la communauté<br />

internationale et inscrits<br />

sur la liste du patrimoine mondial. En 2000,<br />

<strong>de</strong>ux trésors nationaux ont été ajoutés à la<br />

liste avec les dolmens préhistoriques <strong>de</strong><br />

Gochang, Hwasun et Ganghwa, et le site<br />

historique <strong>de</strong> Gyeongju, la capitale <strong>de</strong><br />

l’ancien royaume <strong>de</strong> Silla, où d’innombrables<br />

trésors culturels et historiques ont<br />

été parfaitement préservés.<br />

De nombreux sites y présentent un grand intérêt : Heun<strong>de</strong>ulbawi, un<br />

rocher en équilibre qui oscille au grès <strong>de</strong>s secousses provoquées par les<br />

visiteurs sans pourtant quitter sa place ; la vallée <strong>de</strong> Cheonbuldong («les<br />

mille Bouddhas») où l'on rencontre <strong>de</strong> nombreuses formations rocheuses<br />

qui ont pris <strong>de</strong>s aspects <strong>de</strong> formes humaines ou animales ; la casca<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

Daeseung, qui aurait jadis servi <strong>de</strong> refuge à un esprit <strong>de</strong> la montagne<br />

poursuivi par un monstre que la foudre aurait alors terrassé.<br />

Le parc national <strong>de</strong> 354 km 2 est aussi un véritable sanctuaire pour <strong>de</strong><br />

nombreux monastères bouddhistes et hermitages : le plus connu est le<br />

temple <strong>de</strong> Sinheung.<br />

Le palais Chang<strong>de</strong>ok et le Huwon<br />

Des quatre palais royaux <strong>de</strong> Séoul datant <strong>de</strong> Joseon, peu distants les<br />

uns <strong>de</strong>s autres, le Chang<strong>de</strong>okgung est certainement le plus beau et le


67 _ Visiter la <strong>Corée</strong><br />

Palais Chang<strong>de</strong>ok<br />

mieux préservé <strong>de</strong> tous. Construit en 1405 sous le règne du roi Taejong, il<br />

était à l'origine une annexe <strong>de</strong> la rési<strong>de</strong>nce officielle du souverain : le<br />

Gyeongbokgung (palais Gyeongbok). Détruit lors <strong>de</strong> l'invasion japonaise<br />

menée par Hi<strong>de</strong>yoshi en 1592, il fut reconstruit à l'initiative <strong>de</strong>s rois<br />

Seonjo et Gwanghaegun qui régnèrent entre 1567 et 1623.<br />

Malheureusement, les édifices furent ensuite à plusieurs reprises la proie<br />

<strong>de</strong>s flammes, notamment en 1623. Le palais Chang<strong>de</strong>ok <strong>de</strong>vint rési<strong>de</strong>nce<br />

officielle <strong>de</strong>s rois la dynastie Joseon <strong>de</strong> 1611 à 1872, puis à nouveau à<br />

partir <strong>de</strong> 1907.<br />

La <strong>de</strong>rnière <strong>de</strong>scendante <strong>de</strong> la famille royale, la princesse Yi Bang-ja –<br />

témoin ultime et privilégié <strong>de</strong>s turbulences <strong>de</strong> l'histoire <strong>de</strong> la <strong>Corée</strong> du<br />

début du siècle – y vécut jusqu'en 1989, année où elle mourut à l'âge <strong>de</strong><br />

87 ans.<br />

Une curiosité du Chang<strong>de</strong>okgung est le «garage royal››. On peut y voir<br />

encore aujourd'hui la première voiture introduite en <strong>Corée</strong>, en 1903 : une<br />

Cadillac dont le propriétaire était le roi Sunjong.<br />

Le palais doit aussi sa réputation au Huwon, «le Jardin <strong>de</strong> <strong>de</strong>rrière››.<br />

Ravagé à la fin du XVI e siècle, il fut réaménagé dès 1623 par le roi Injo<br />

(souverain jusqu'en 1648) et ses successeurs. Les membres <strong>de</strong> la famille<br />

royale venaient s'y détendre ou festoyer. D'une superficie <strong>de</strong> 32 hectares,


68 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />

Gyeongbokgung Le<br />

plus grand <strong>de</strong> tous<br />

(il eut jusqu'à 500<br />

bâtiments) et le plus<br />

important d'un point <strong>de</strong><br />

vue historique. Pendant<br />

l'occupation, le gouvernement<br />

colonial<br />

japonais installa ses<br />

services administratifs –<br />

connus sous le nom <strong>de</strong><br />

Jungangcheong – au<br />

milieu <strong>de</strong> l'enceinte<br />

pour, selon les spécialistes<br />

<strong>de</strong> géomancie,<br />

étouffer le ki (énergie)<br />

coréen.<br />

Les autr es palais <strong>de</strong> Séoul<br />

C hanggyeongg<br />

ung Construit<br />

durant le règne du<br />

roi Seongjong<br />

(1469-1494) <strong>de</strong> la<br />

dynastie Joseon, il<br />

était <strong>de</strong>stiné aux<br />

membres <strong>de</strong> la<br />

famille royal. La<br />

porte principale,<br />

Honghwa-mun, fut<br />

construite en 1616.<br />

Doksugung, tout près<br />

<strong>de</strong> l’Hôtel <strong>de</strong> Ville,<br />

était à l’origine la <strong>de</strong>meure<br />

<strong>de</strong>s princes mais<br />

servit <strong>de</strong> palais royal temporaire.<br />

Il <strong>de</strong>vint un<br />

palais royal à part entière<br />

pendant le règne du roi<br />

Kojong (1863-1907), qui y<br />

fit construire <strong>de</strong> nombreux<br />

nouveaux bâtiments<br />

dont Seokjo-jeon,<br />

le plus grand bâtiment en<br />

pierre <strong>de</strong> <strong>Corée</strong>. Il servit<br />

autrefois <strong>de</strong> musée d’art<br />

contemporain mais abrite<br />

aujourd’hui les archives<br />

royales.<br />

Huwon (Jardin <strong>de</strong> <strong>de</strong>rrière) au palais Chang<strong>de</strong>ok<br />

avec ses arbres rouge sombre, ses étangs tranquilles et ses gracieux pavillons,<br />

le Huwon atteste <strong>de</strong> la splen<strong>de</strong>ur <strong>de</strong>s jardins traditionnels coréens.


69 _ Visiter la <strong>Corée</strong><br />

Maisan et colonnes <strong>de</strong> pierre<br />

Près <strong>de</strong> Jeonju, dans la province du Jeollabuk-do se trouve un paysage<br />

étrange duquel émergent <strong>de</strong>ux pics jumeaux que les <strong>Corée</strong>ns ont baptisés<br />

« Oreilles <strong>de</strong> cheval ››.<br />

La légen<strong>de</strong> raconte qu'autrefois vivaient dans la montagne <strong>de</strong>ux esprits :<br />

un homme et une femme. Quand ils désiraient gagner le ciel, ils étaient<br />

obligés d'entamer leur ascension avant l'aurore, afin <strong>de</strong> ne pas être vus<br />

par les humains. Un matin, alors qu'ils se précipitaient pour atteindre le<br />

sommet, la femme sentit une présence. En effet, une villageoise était là,<br />

en train <strong>de</strong> puiser <strong>de</strong> l'eau. Entendant les appels désespérés <strong>de</strong> son épouse<br />

qui le suppliait <strong>de</strong> prendre gar<strong>de</strong>, l'esprit mâle se retourna avec dédain<br />

puis poursuivit sa route en redoublant <strong>de</strong> vitesse. La paysanne les aperçut<br />

et le couple fut aussitôt puni et transformé en pierre.<br />

En <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> cette curiosité géologique, l'autre endroit incontournable<br />

<strong>de</strong> la région est <strong>de</strong>venu célèbre grâce à un ermite nommé Yi Gap-ryong,<br />

qui vécut il y a environ un siècle. Pendant plus <strong>de</strong> dix ans, ce moine<br />

excentrique empila <strong>de</strong>s pierres, nuit après nuit, construisant ainsi <strong>de</strong>s<br />

sortes <strong>de</strong> colonnes aux formes surprenantes. Malgré l'absence <strong>de</strong> mortier,


70 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />

Colonnes <strong>de</strong> pierre <strong>de</strong> Maisan<br />

ces drôles <strong>de</strong> structures – dont la plus gran<strong>de</strong> dépasse dix mètres – ont<br />

résisté aux caprices <strong>de</strong> la nature et créent une atmosphère quelque peu<br />

surréaliste.<br />

À une personne qui lui <strong>de</strong>mandait un jour comment il était parvenu à<br />

un tel résultat, le moine répondit qu'il n'avait pas travaillé seul : un esprit<br />

bienfaisant l'avait rejoint toutes les nuits pour l'ai<strong>de</strong>r dans sa tâche. Les<br />

colonnes <strong>de</strong> Yi Gap-ryong étaient censées sauver l'humanité. Pour renforcer<br />

leur pouvoir, le bonze fit venir <strong>de</strong>s pierres <strong>de</strong> tout le pays, et ne se<br />

nourrissait, dit-on, que d'aiguilles <strong>de</strong> pin. Peu avant <strong>de</strong> mourir, à l'âge <strong>de</strong><br />

98 ans, il écrivit un livre sacré que malheureusement personne à ce jour<br />

n'est parvenu à déchiffrer.


71 _ Visiter la <strong>Corée</strong><br />

Moines bouddhistes pratiquant le tapdori (marche rituelle autour d'une pago<strong>de</strong>)<br />

Le saviez-vous ?<br />

Une <strong>de</strong>s plus étonnantes collections<br />

<strong>de</strong> textes bouddhiques<br />

d'Asie est conservée au temple<br />

<strong>de</strong> Haein, dans la province du<br />

Gyeongsangnam-do. Connus<br />

sous le nom <strong>de</strong> Tripitaka<br />

Koreana, ces textes sacrés ont<br />

été gravés sur plus <strong>de</strong> 80 000<br />

planches en bois et sont en<br />

parfait état <strong>de</strong> conservation.<br />

Une première série ayant<br />

été détruite lors <strong>de</strong>s invasions<br />

mongoles <strong>de</strong> 1236, il fallut<br />

recommencer ce travail<br />

titanesque qui s'acheva en<br />

1252. Les planches, rangées<br />

aujourd'hui dans la bibliothèque<br />

du temple, comme <strong>de</strong>s<br />

livres, constituent un ouvrage<br />

unique au mon<strong>de</strong>. Ils ont été<br />

ajoutés à la Liste <strong>de</strong> l’Héritage<br />

culturel mondial <strong>de</strong> l’Unesco.<br />

Monuments funéraires<br />

Il en existe une multitu<strong>de</strong> à travers tout le<br />

pays. Tous n'ont pas été construits à la<br />

gloire <strong>de</strong>s héros qui ont fait l'histoire <strong>de</strong> la<br />

péninsule. Certains l'ont été à la mémoire<br />

d'un fils ou d'une fille dévoués, la piété filiale<br />

(hyodosasang) étant considérée en<br />

<strong>Corée</strong> comme une <strong>de</strong>s plus gran<strong>de</strong>s vertus.<br />

Même les animaux n'ont pas été oubliés.<br />

Dans le village d'Osu, dans la province du<br />

Jeollanam-do, une stèle a été dressée à la<br />

mémoire d'un chien fidèle qui se sacrifia<br />

pour sauver <strong>de</strong>s flammes son maître<br />

évanoui.<br />

À Gyeongju, c'est un tigre qui est à l'honneur.<br />

Tantôt assimilé à un personnage un


72 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />

peu sot, tantôt présenté comme féroce<br />

et rusé, le tigre est très présent dans le<br />

folklore coréen. Le Howonsa (Temple<br />

du vœu du tigre) doit son nom à une<br />

légen<strong>de</strong> mettant en scène un homme<br />

ambitieux, Kim Hyeon, qui rencontra un<br />

jour une magnifique jeune fille, au cours<br />

d'une fête célébrant le huitième mois<br />

du calendrier lunaire. On disait<br />

autrefois qu'à cette pério<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

l'année, celui ou celle qui fréquentait<br />

un temple pendant<br />

huit jours, jusqu'à la<br />

pleine lune, pouvait voir<br />

son vœu exaucé. C'est<br />

ainsi que les jeunes gens se rencontrèrent<br />

au temple tous les soirs et finirent par<br />

tomber amoureux l'un <strong>de</strong> l'autre.<br />

La <strong>de</strong>rnière nuit, Hyeon supplia la jeune<br />

fille <strong>de</strong> l'emmener chez elle. Il ne comprit<br />

ses réticences qu'après être parvenu à la<br />

maison <strong>de</strong> sa bien-aimée. En effet, sa mère<br />

et les autres membres <strong>de</strong> sa famille étaient<br />

<strong>de</strong>s tigres ! C'est alors qu'arrivèrent les trois<br />

frères <strong>de</strong> la <strong>de</strong>moiselle qui sentirent aussitôt<br />

la présence <strong>de</strong> l'intrus. Leur sœur les<br />

supplia d'épargner la vie <strong>de</strong> Hyon et se<br />

proposa en échange <strong>de</strong> subir la punition<br />

divine : être à son tour métamorphosée en<br />

tigre.<br />

Hyeon, épouvanté, refusa qu'elle se sa-


crifiât pour le sauver mais ses<br />

protestations n'y changèrent<br />

rien. Le len<strong>de</strong>main matin, il fut<br />

appelé à la rescousse par les<br />

villageois : une femelle tigre<br />

était en train <strong>de</strong> terroriser la<br />

population.<br />

Hyeon comprit tout <strong>de</strong> suite<br />

qui était réellement l'animal :<br />

il fut incapable <strong>de</strong> faire le<br />

moindre mal au félin. La<br />

tigresse reprit alors<br />

momentanément une<br />

apparence humaine.<br />

Elle expliqua à Hyeon<br />

73 _ Visiter la <strong>Corée</strong><br />

Sacheonwang (rois gardiens <strong>de</strong>s points cardinaux) (ci<strong>de</strong>ssus)<br />

; Moines bouddhistes pratiquant le chamseon<br />

(méditation zen) (à g.)<br />

qu'elle ne pouvait échapper à son <strong>de</strong>stin.<br />

En revanche, s'il faisait construire un temple<br />

en son nom, elle pourrait un jour, dans<br />

une vie ultérieure, renaître sous les traits<br />

d'un humain. Sur ces mots, elle s'empala<br />

sur l'épée du jeune homme et mourut.<br />

Kim Hyeon <strong>de</strong>vint bien plus tard un<br />

homme riche et puissant. Il fit bâtir un temple<br />

en l'honneur <strong>de</strong> celle qu'il chérissait et<br />

s'y rendit chaque jour. Mais rien ni personne<br />

ne parvint à soulager sa tristesse d'avoir<br />

perdu l'être aimé.


74 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />

L'île <strong>de</strong> Jeju<br />

Au large <strong>de</strong> la côte sud, l'île <strong>de</strong> Jeju est à plus d'un titre un phénomène.<br />

Jadis lieu d'exile pour les fonctionnaires disgraciés, elle est aujourd'hui<br />

<strong>de</strong>venue un site touristique surnommée l'Hawaii <strong>de</strong> l'Orient, <strong>de</strong>stination<br />

favorite <strong>de</strong>s voyages <strong>de</strong> noces et <strong>de</strong>s passionnés japonais <strong>de</strong> golf.<br />

C'est la plus gran<strong>de</strong> <strong>de</strong>s milliers d'îles <strong>de</strong> la côte coréenne. Ses 1 845 km 2<br />

abritent <strong>de</strong>s volcans éteints, <strong>de</strong>s plages claires et <strong>de</strong>s villages <strong>de</strong> pêcheurs qui<br />

sont à l'origine d'un autre surnom <strong>de</strong> l'île : l'émerau<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'Orient.<br />

Elle est située dans une ceinture semi-tropicale qui lui permet <strong>de</strong>s cultures<br />

variées tout au long <strong>de</strong> l'année. Les températures moyennes sont <strong>de</strong><br />

24° en été et <strong>de</strong> 6° en hiver. Il y a <strong>de</strong> la neige sur ses pics montagneux et<br />

1 700 variétés <strong>de</strong> plantes s'y développent, <strong>de</strong>puis les espèces semi-tropicales<br />

jusqu'aux familles <strong>de</strong>s zones plus froi<strong>de</strong>s. L'île est aussi un important<br />

producteur d'oranges et <strong>de</strong> bananes.<br />

Quand on évoque Jejudo, trois choses viennent à l'esprit <strong>de</strong>s <strong>Corée</strong>ns :<br />

le vent, les pierres et les poneys. Les <strong>de</strong>ux premiers éléments sont en fait<br />

étroitement liés : l'île, volcanique – on y trouve le mont Halla, un ancien<br />

volcan <strong>de</strong> 1 950 m <strong>de</strong> hauteur – regorge <strong>de</strong> basalte qui fait <strong>de</strong>puis


longtemps partie du paysage; on se sert <strong>de</strong> ces roches noires pour construire<br />

<strong>de</strong>s murets qui protègent les plantations contre les vents souvent<br />

très violents. Par ailleurs, le basalte sert à la fabrication <strong>de</strong>s dolharubang<br />

(grands-pères <strong>de</strong> pierre), statues grimaçantes disséminées dans l'île et<br />

<strong>de</strong>stinées à l'origine à protéger les villages contre les mauvais esprits.<br />

Quant aux poneys, ils sont l'héritage <strong>de</strong>s invasions du XIII e siècle. En<br />

effet les Mongols, pendant qu'ils préparaient leur débarquement au<br />

Japon, organisèrent l'élevage <strong>de</strong> ces petits chevaux robustes qui sont<br />

<strong>de</strong>venus <strong>de</strong>puis un <strong>de</strong>s symboles <strong>de</strong> Jejudo et <strong>de</strong> ses particularités.<br />

Jejudo, c'est également l'océan et tout ce qu'il offre aux insulaires. Ce<br />

sont les femmes – autre caractéristique <strong>de</strong> l'île – qui font vivre la famille<br />

et plongent en apnée, toute l'année, pour récolter et vendre ormeaux,<br />

huîtres et autres coquillages ou crustacés. Reconnaissables à leur combinaison<br />

d'homme-grenouille, ces haenyeo (femmes <strong>de</strong> la mer) constituent<br />

un cas exceptionnel dans la société coréenne, confucéenne et patriarcale.<br />

Jejudo se distingue aussi du reste du pays par le langage qu'on y parle.<br />

Non pas que les habitants <strong>de</strong> l'île ignorent le coréen, mais leur accent est<br />

si prononcé qu'il est incompréhensible pour les rési<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> Séoul et<br />

d'ailleurs. En outre, contrairement aux continentaux, le kimchi «nation-<br />

75 _ Visiter la <strong>Corée</strong>


Bulguksa<br />

al›› – légumes saumurés à base <strong>de</strong> piment et d'ail – n'est pas indispensable<br />

aux habitants <strong>de</strong> Jejudo : le climat, trop doux, ne s'est jamais vraiment<br />

prêté à sa préparation.<br />

Malgré sa proximité (100 km du continent), Jejudo est bel et bien une<br />

région à part en <strong>Corée</strong> du Sud. Elle reste toutefois extrêmement chère au<br />

cœur <strong>de</strong>s <strong>Corée</strong>ns qui la considèrent comme un véritable joyau.<br />

Gyeongju<br />

Gyeongju fut pendant dix siècles la ville où résidaient les rois <strong>de</strong> Silla<br />

et l'une <strong>de</strong>s cités les plus florissantes du mon<strong>de</strong>. On y trouve encore<br />

aujourd'hui une telle concentration <strong>de</strong> temples, <strong>de</strong> tombes et <strong>de</strong> pago<strong>de</strong>s<br />

que les <strong>Corée</strong>ns lui ont donné le surnom <strong>de</strong> «Musée à ciel ouvert››. En<br />

1979, l'Unesco, réalisant combien le passé <strong>de</strong> la ville était riche, la classa<br />

parmi les dix plus anciennes cités du mon<strong>de</strong>.<br />

Il y a un peu plus <strong>de</strong> 1 000 ans, avant que Silla ne soumette les royau-


Pago<strong>de</strong>s Dabotap et Seokgatap (Bulguksa)<br />

mes <strong>de</strong> Baekje et <strong>de</strong> Goguryeo (cf. Origines du peuplement), Gyeongju<br />

était une ville <strong>de</strong> province paisible. Après l'unification, elle <strong>de</strong>vint petit à<br />

petit le centre <strong>de</strong> la vie culturelle et religieuse du royaume. Le bouddhisme,<br />

religion d'État sous Silla unifié, contribua par ailleurs gran<strong>de</strong>ment<br />

au développement <strong>de</strong>s arts et à la prospérité <strong>de</strong> la ville et <strong>de</strong> la dynastie.<br />

Au IX e siècle cependant, les querelles au sein <strong>de</strong> la cour et les défections<br />

<strong>de</strong> la noblesse eurent raison <strong>de</strong> ce millénaire flamboyant et<br />

entraînèrent le déclin <strong>de</strong> Gyeongju puis la chute <strong>de</strong> Silla. Aujourd'hui, la<br />

ville n'a pas l'importance qu'elle avait jadis mais elle reste incontestablement<br />

le berceau <strong>de</strong> l'âge d'or du premier millénaire coréen.<br />

Parmi les trésors <strong>de</strong> Gyeongju, le Bulguksa, bâti en 535 et agrandi en<br />

751, est l'un <strong>de</strong>s plus anciens temples <strong>de</strong> <strong>Corée</strong> et assurément le plus<br />

célèbre. Il comptait environ 80 bâtiments avant que les souverains <strong>de</strong><br />

Goryeo, et surtout <strong>de</strong> Joseon, le considérant comme une offense faite au<br />

confucianisme, détruisent une partie <strong>de</strong>s édifices. Enfin, l'invasion japonaise<br />

<strong>de</strong> 1592 endommagea énormément les constructions restantes, à


78 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />

Boucles d'oreilles en or (Silla – V e ou VI e siècle) Observatoire <strong>de</strong> Cheomseongdae<br />

l'exception <strong>de</strong>s fondations. On tenta au fil <strong>de</strong>s ans <strong>de</strong> redonner au<br />

Bulguksa son aspect original mais ce n'est que <strong>de</strong> 1969 à 1973 qu'une<br />

véritable entreprise <strong>de</strong> restauration fut menée. L'ensemble actuel est, si<br />

on se réfère aux textes, nettement moins imposant qu'à l'origine mais<br />

<strong>de</strong>meure impressionnant.<br />

À proximité du Parc national <strong>de</strong> Gyeongju se trouve l'observatoire <strong>de</strong><br />

Cheomseongdae, considéré comme la plus vieille structure d'observation<br />

astronomique d'Asie, sinon du mon<strong>de</strong>. Construit entre 632 et 647, son<br />

aspect rappelle celle d'une bouteille difforme mais serait le résultat <strong>de</strong><br />

calculs extrêmement complexes. Les douze pierres qui constituent le<br />

socle correspondraient aux douze mois <strong>de</strong> l'année et les trente couches <strong>de</strong><br />

pierre qui forment la totalité <strong>de</strong> la tour aux trente jours du mois. L'édifice<br />

comporte au total 366 pierres, un nombre qui concor<strong>de</strong> avec le nombre<br />

<strong>de</strong> jours compris dans une année.<br />

Le joyau <strong>de</strong> l'art bouddhique sous Silla est probablement la grotte artificielle<br />

Seokguram et son Amitabul <strong>de</strong> granit blanc. Orienté plein est, d'une<br />

gran<strong>de</strong> sérénité, il est entouré <strong>de</strong> quinze personnages (cinq bodhisattvas et


79 _ Visiter la <strong>Corée</strong><br />

Grotte <strong>de</strong> Seokguram : trésor national n 24<br />

dix disciples) sculptés en bas-relief sur le mur <strong>de</strong> la roton<strong>de</strong> qui l'abrite.<br />

Annexe du Bulguksa, la grotte <strong>de</strong> Seokguram fut construite à l'intiative<br />

du premier ministre Kim Dae-seong en 751, sous le règne du roi<br />

Gyeong<strong>de</strong>ok. Si l'on en croit le Samgungnyusa (Histoire <strong>de</strong>s Trois<br />

Royaumes), la ferveur religieuse n'était pas forcément la motivation<br />

première <strong>de</strong> Kim Dae-seong : Seokguram – initialement Seokbulsa<br />

(Lumière <strong>de</strong> vérité) – était dédié aux parents du premier ministre.<br />

Une légen<strong>de</strong> existe autour <strong>de</strong> Kim Dae-seong : né d'une famille pauvre,<br />

il serait <strong>de</strong>venu par réincarnation le fils d'un noble nommé Kim<br />

Mun-ryang, ce suite à une offran<strong>de</strong> faite dans un temple. Un jour, alors<br />

qu'il chassait l'ours sur les pentes du mont Toham, le jeune homme eut<br />

une révélation à la suite <strong>de</strong> laquelle il promit <strong>de</strong> construire le Bulguksa<br />

pour sa nouvelle famille et <strong>de</strong> bâtir un autre temple, le Seokbulsa, pour<br />

ses premiers parents. Quelle que soit la légen<strong>de</strong>, l'ouvrage est impressionnant<br />

et la beauté <strong>de</strong> ces lieux saints est admirable.


80 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />

Le saviez-vous ?<br />

La DMZ est un sanctuaire pour <strong>de</strong> nombreuses variétés d'animaux et <strong>de</strong><br />

plantes. En effet l'absence totale d'activité humaine dans la zone a fait <strong>de</strong> ce<br />

no man's land un havre <strong>de</strong> paix pour les oiseaux migrateurs, les sangliers,<br />

les ours et les cerfs. Des scientifiques du mon<strong>de</strong> entier viennent aux abords<br />

<strong>de</strong> la DMZ pour tenter d'observer ces animaux, dont certaines espèces sont<br />

ailleurs menacées d'extinction.


La DMZ et Panmunjeom<br />

À 44 km <strong>de</strong> Séoul, la<br />

DMZ est la Zone démilitarisée<br />

qui sépare la<br />

République <strong>de</strong> <strong>Corée</strong> <strong>de</strong> son<br />

frère ennemi la République<br />

populaire démocratique <strong>de</strong><br />

<strong>Corée</strong>. Coupant la péninsule<br />

en <strong>de</strong>ux, elle est bien plus<br />

qu'une simple frontière sur<br />

une carte géographique :<br />

c'est une plaie dont souffrent<br />

tous les <strong>Corée</strong>ns, un vestige<br />

<strong>de</strong> la guerre froi<strong>de</strong>, un lieu<br />

<strong>de</strong> tension permanente entre<br />

le Nord et le Sud.<br />

La zone s'étire sur 250<br />

km d'est en ouest, pour une<br />

largeur <strong>de</strong> 4 km. La DMZ<br />

est supposée <strong>de</strong>meurer inviolée<br />

mais en 1974, <strong>de</strong>s<br />

inspecteurs <strong>de</strong>s Nations Unies découvrirent <strong>de</strong>s tunnels débouchant au<br />

Sud et permettant le passage <strong>de</strong>s troupes nord-coréennes. Ceux qui visitent<br />

ces galeries se ren<strong>de</strong>nt compte aisément du travail inouï – et finalement<br />

vain – qu'a nécessité le forage <strong>de</strong> ces passages souterrains.<br />

Il est relativement facile <strong>de</strong> se rendre à la DMZ. Des bus font la<br />

navette et empruntent la Jayuro (Route <strong>de</strong> la liberté) avant <strong>de</strong> franchir le<br />

Pont <strong>de</strong> la liberté jusqu'au village <strong>de</strong> trêve <strong>de</strong> Panmunjeom. C'est là que<br />

fut signé l'armistice en 1953 – la paix n'a pas été conclue, Nord et Sud<br />

observent simplement une trêve – et qu'ont lieu <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s rencontres<br />

régulières entre les <strong>de</strong>ux <strong>Corée</strong>s.<br />

81 _ Visiter la <strong>Corée</strong>


82 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée


Sports et loisirs<br />

83 _ Sports et loisirs<br />

Les sports et les loisirs prennent<br />

une part importante dans la<br />

vie quotidienne <strong>de</strong> beaucoup <strong>de</strong><br />

<strong>Corée</strong>ns, particulièrement <strong>de</strong>puis<br />

quelques années. Peut-être que<br />

les nombreuses difficultés rencontrées<br />

par le pays ont amené la<br />

population à apprécier fortement<br />

les sports et les divertissements.<br />

Nombreux sont ceux qui disent<br />

que les <strong>Corée</strong>ns sont <strong>de</strong>s gens<br />

Taekkyeon, art martial coréen<br />

passionnés : plus ils travaillent<br />

dur, plus ensuite ils aiment s'amuser. Pendant les pique-niques organisés<br />

par les entreprises, vous pouvez voir se dégager une intensité et une<br />

énergie rarement égalée au bureau. Les jeunes veulent montrer leurs<br />

capacités, alors que les plus lents tentent <strong>de</strong> redonner vie à leur jeunesse,<br />

tout en éprouvant leur âge. Au fur et à mesure que la <strong>Corée</strong> se développe,<br />

<strong>de</strong>s athlètes <strong>de</strong> tous les niveaux <strong>de</strong>viennent <strong>de</strong> plus en plus compétitifs.<br />

De plus, <strong>de</strong>puis que le niveau <strong>de</strong> vie s'est amélioré, les gens ont trouvé<br />

une gran<strong>de</strong> variété d'activités sportives et <strong>de</strong>s divertissements qui leur<br />

font plaisir et pour lesquelles ils ont désormais les moyens.<br />

Les sports populaires<br />

L'intérêt pour les sports populaires s'est largement développé en <strong>Corée</strong><br />

tout au long <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières décennies. Depuis le tir à l'arc jusqu'à la voile,<br />

les <strong>Corée</strong>ns se sont lancés dans la compétition à la fois au niveau national<br />

et international, réussissant dans certaines disciplines et moins bien dans<br />

d'autres. Faisons le tour d'horizon <strong>de</strong>s sports populaires préférés.


84 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />

Le base-ball<br />

Comme dans beaucoup d'autres pays, le base-ball est un sport très populaire<br />

en <strong>Corée</strong>. Recevoir son premier gant ou sa première batte comme<br />

ca<strong>de</strong>au d'anniversaire reste un plaisir inégalé pour un petit garçon coréen, et<br />

la plupart ont leurs joueurs et leurs équipes préférés. On peut facilement se<br />

rendre compte <strong>de</strong> la popularité du base-ball à travers le pays. Depuis les<br />

enfants portant <strong>de</strong>s casquettes où lisant <strong>de</strong>s ban<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ssinées consacrées à<br />

ce sport, jusqu'aux hommes d'affaires assis dans le métro et lisant les journaux<br />

sportifs afin <strong>de</strong> connaître les résultats et les pronostiques, le base-ball<br />

est visiblement une gran<strong>de</strong> affaire en <strong>Corée</strong>.<br />

Le base-ball a été introduit en <strong>Corée</strong> en 1906. Le premier championnat<br />

date <strong>de</strong> 1982 et comptait au départ six équipes. Deux équipes supplémen-


taires sont venues plus tard rejoindre la compétition en 1986 et 1989.<br />

Chaque équipe est sponsorisée par une entreprise coréenne et joue 133<br />

matches au cours <strong>de</strong> la saison.<br />

La ligue est actuellement composée <strong>de</strong> 8 équipes. La ligue a été<br />

ouverte aux joueurs étrangers <strong>de</strong>puis la saison 1998. Aujourd'hui, 24<br />

joueurs <strong>de</strong> nationalité étrangère originaires <strong>de</strong>s États-Unis, du Vénézuéla<br />

et <strong>de</strong> la République dominicaine évoluent dans la ligue nationale.<br />

Les jeunes se distinguent régulièrement lors<br />

<strong>de</strong>s compétitions internationales : la <strong>Corée</strong> a<br />

remporté par <strong>de</strong>ux fois (en 1984 et<br />

1985) la Little League World<br />

Series qui se tient annuellement<br />

à Williamsport, État <strong>de</strong> Pennsylvanie,<br />

aux États-Unis.<br />

Aux AAA World Youth Baseball<br />

Championships, réservés aux<br />

16-18 ans, la <strong>Corée</strong> s'est classée<br />

six fois parmi les cinq premières<br />

équipes, remportant même la<br />

compétition en 1981 et 1994.<br />

Récemment, les stars du baseball<br />

coréen ont commencé à se<br />

faire une réputation dans les<br />

ligues américaine et japonaise.<br />

Park Chan-ho, après <strong>de</strong>s débuts<br />

difficiles dans les Ligues majeures,<br />

est <strong>de</strong>venu le lanceur ve<strong>de</strong>tte <strong>de</strong>s<br />

Texas Rangers et Kim Byung-hyun<br />

accumule <strong>de</strong>s srikeouts dans le<br />

Bostone Red Sox. Choi Hee-sup<br />

est l'un <strong>de</strong>s joueurs ve<strong>de</strong>ttes occupant<br />

la première base <strong>de</strong> l'une <strong>de</strong>s<br />

principales équipes <strong>de</strong> la Ligue <strong>de</strong><br />

base-ball américain, les Florida<br />

Marlins.<br />

85 _ Sports et loisirs


86 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />

Le football<br />

Par tradition, les <strong>Corée</strong>ns aiment le football. Alors que le base-ball est<br />

plus populaire chez les plus jeunes, le football fait quant à lui l'unanimité.<br />

Certains l'aiment car c'est un sport simple à apprendre et à jouer et qu'il<br />

ne nécessite pas d'équipement particulier ; d'autres parce que pour être<br />

bon il faut un incroyable équilibre entre vitesse, résistance, coordination<br />

et conscience. Les autres l'apprécient parce qu'ils aiment juste taper dans<br />

un ballon.<br />

La <strong>Corée</strong> a été en fait le premier pays asiatique à se doter d'une équipe<br />

professionnelle. La ligue professionnelle, qui a été établie en 1983 et a pris<br />

le nom <strong>de</strong> Ligue coréenne en 1998 comprend actuellement dix équipes.<br />

Elle a donné du pays une image <strong>de</strong> lea<strong>de</strong>r pour le football asiatique.<br />

La <strong>Corée</strong> s'est qualifiée cinq fois <strong>de</strong> suite aux phases finales <strong>de</strong> la<br />

Coupe du Mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> la FIFA <strong>de</strong>puis la Coupe du Mon<strong>de</strong> du Mexique en<br />

1986 à la Coupe du Mon<strong>de</strong> <strong>Corée</strong>-Japon en 2002. La <strong>Corée</strong> est ainsi <strong>de</strong>venue<br />

le pays asiatique comptant le plus grand nombre d'accès aux phases<br />

finales <strong>de</strong> la Coupe du Mon<strong>de</strong> avec 6 participations. L'équipe <strong>de</strong> football<br />

coréenne a surpris le mon<strong>de</strong> en se qualifiant pour les matchs <strong>de</strong> la<br />

<strong>de</strong>mi-finale.


En 1983, la <strong>Corée</strong> termina à la 4 e place au Championnat du Mon<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

Football Juniors organisé au Mexique, montrant <strong>de</strong>s signes prometteurs<br />

aux amateurs <strong>de</strong> football à travers le mon<strong>de</strong>. L'esprit combatif, la résistance<br />

et l'endurance sont <strong>de</strong>venus les symboles du football coréen.<br />

L'uniforme rouge <strong>de</strong> l'équipe coréenne est <strong>de</strong>venue le fétiche <strong>de</strong>s jeunes<br />

rêvant <strong>de</strong> fouler un jour la pelouse d'un terrain <strong>de</strong> football.<br />

L'équipe nationale a pris toute son importance grâce à la direction <strong>de</strong><br />

l'entraîneur hollandais Guus Hidink, menant l'équipe coréenne jusqu'aux<br />

<strong>de</strong>mi-finales <strong>de</strong> la Coupe du Mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> Football <strong>Corée</strong>-Japon 2002, en<br />

battant la Pologne, le Portugal, l'Italie et l'Espagne avant <strong>de</strong> perdre contre<br />

l'Allemagne en <strong>de</strong>mi-finale. La <strong>Corée</strong> a atteint ce jour sa meilleure performance<br />

<strong>de</strong> l'histoire du football coréen.<br />

La Coupe du Mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> Football n'a pas seulement permis <strong>de</strong> propulser<br />

la <strong>Corée</strong> au rang <strong>de</strong>s équipes les plus redoutées mais aussi d'améliorer<br />

son infrastructure avec la construction <strong>de</strong> 10 nouveaux sta<strong>de</strong>s <strong>de</strong> niveau<br />

international et un terrain d'entraînement spécialement dédié à l'équipe<br />

nationale. L'amour du football <strong>de</strong>s <strong>Corée</strong>ns et l'esprit combatif <strong>de</strong>s<br />

joueurs ainsi que leur courage face aux traditionnelles gran<strong>de</strong>s équipes<br />

mondiales ont été les moteurs <strong>de</strong> leur réussite. Certains joueurs coréens<br />

évoluent <strong>de</strong>puis à l'étranger, jouant aux États-Unis, au Pays-Bas, au<br />

Japon, en Allemagne et en Belgique.<br />

87 _ Sports et loisirs<br />

La Coupe <strong>de</strong> Mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> Football Coree-Japon 2002<br />

La Coupe du Mon<strong>de</strong> 2002, organisée pour la première fois en Asie, est<br />

considérée comme un événement réussi ayant dissipé les soucis soulevés<br />

avant la compétition alors qu’il s'agit <strong>de</strong> la première Coupe du Mon<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

l'histoire <strong>de</strong> la FIFA à avoir été co-organisée par <strong>de</strong>ux pays.<br />

Les officiels <strong>de</strong> la FIFA et les organisateurs ont reconnu que la Coupe<br />

du Mon<strong>de</strong> 2002 a été une réussite affranchie <strong>de</strong> la peur du terrorisme et<br />

du hooliganisme.<br />

La <strong>Corée</strong> a ouvert un nouveau chapitre dans l'histoire du football du pays<br />

en accédant jusqu'à la <strong>de</strong>mi-finale après avoir vaincu les pays tels que le<br />

Portugal, l'Espagne et l'Italie, déjà trois fois champion du mon<strong>de</strong>. La <strong>Corée</strong><br />

est le premier pays asiatique à avoir atteint un tel niveau <strong>de</strong> la compétition.


88 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />

La performance <strong>de</strong>s joueurs coréens a étonné le mon<strong>de</strong> entier et les<br />

débor<strong>de</strong>ments <strong>de</strong> joie <strong>de</strong>s «Diables rouges» se sont répandus dans tout le<br />

pays, illustrant l'unité du peuple coréen.<br />

Alors que l'on a pu voir par le passé le dynamisme <strong>de</strong> la <strong>Corée</strong> dans


divers domaines, le pays est aujourd’hui au seuil d'un nouveau décollage<br />

économique. Cette occasion représente certainement un tournant aussi<br />

bien pour le gouvernement que pour les entreprises privées.<br />

89 _ Sports et loisirs


90 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />

Le taekwondo<br />

C'est un art martial <strong>de</strong> défense développé par les <strong>Corée</strong>ns il y a plus <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>ux mille ans. Comme au kung-fu et au karaté, les coups sont portés<br />

avec les poings et les pieds. Les démonstrations <strong>de</strong> taekwondo sont très<br />

impressionnantes : les spécialistes <strong>de</strong> la discipline sont capables <strong>de</strong> faire<br />

<strong>de</strong>s acrobaties spectaculaires, brisant avec le pied <strong>de</strong>s planches situées à<br />

trois mètres <strong>de</strong> hauteur. Devenu obligatoire dans la formation <strong>de</strong>s jeunes<br />

<strong>Corée</strong>ns appelés sous le drapeau, ce sport nécessite un entraînement<br />

physique intense ainsi qu'une préparation mentale très poussée.<br />

Actuellement, 40 millions <strong>de</strong> personnes pratiquent ce sport dans plus <strong>de</strong><br />

160 pays.<br />

Le taekwondo a été adopté à l'occasion <strong>de</strong>s X es<br />

Jeux asiatiques, au<br />

cours <strong>de</strong>squels les athlètes coréens dominèrent largement la compétition,<br />

remportant sept <strong>de</strong>s huit médailles d'or. Sport <strong>de</strong> démonstration aux Jeux<br />

olympiques d'été <strong>de</strong> 1988 et 1992, le taekwondo est <strong>de</strong>venu une<br />

compétition officielle aux Jeux <strong>de</strong> Sydney, en 2000.


91 _ Sports et loisirs<br />

Autres<br />

Le basket-ball est certainement<br />

aujourd’hui un <strong>de</strong>s sports les plus en<br />

vogue chez les jeunes générations en<br />

<strong>Corée</strong>. Il n'est pas difficile <strong>de</strong> voir <strong>de</strong>s<br />

groupes <strong>de</strong> jeunes s'adonner à leur sport<br />

favori après les heures <strong>de</strong> classe ou les<br />

week-ends, vêtus <strong>de</strong> tenus propres aux<br />

joueurs <strong>de</strong> basket-ball. L'enthousiasme<br />

pour le basket-ball est présent partout :<br />

<strong>de</strong> la ligue professionnelle <strong>de</strong> basketball<br />

coréen aux jeux par équipes <strong>de</strong> trois<br />

sur les terrains au bord du fleuve Han.<br />

Un tournoi professionnel avait été organisé<br />

en <strong>Corée</strong> en 1997. Actuellement, 10<br />

équipes évoluent au championnat<br />

national.<br />

Le saviez-vous ?<br />

L'homme le plus fort du mon<strong>de</strong><br />

est un <strong>Corée</strong>n ! Même s'il est<br />

exagéré d'affirmer cela, les amateurs<br />

<strong>de</strong> ssireum aiment à le<br />

croire. Le ssireum, c'est la lutte<br />

coréenne, un sport qui naquit il y<br />

a environ 1 500 ans. Dans un cercle<br />

<strong>de</strong> sept mètres <strong>de</strong> diamètre,<br />

<strong>de</strong>ux hommes s'agrippent par une<br />

ceinture attachée autour <strong>de</strong> leur<br />

taille et tentent <strong>de</strong> faire basculer<br />

leur adversaire dans le sable. Un<br />

championnat professionnel existe<br />

<strong>de</strong>puis 1983 et les compétitions<br />

sont organisées par catégories <strong>de</strong><br />

poids. Un tournoi national a lieu<br />

huit fois par an : le vainqueur <strong>de</strong><br />

l'épreuve toutes catégories se voit<br />

attribuer le titre d'«Homme le plus<br />

fort du mon<strong>de</strong>››. En 2001, Lee<br />

Bong-ju remporta le 105 e<br />

Marathon <strong>de</strong> Boston.


92 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée


Au golf, la <strong>Corée</strong> a produit <strong>de</strong> nombreux joueurs <strong>de</strong> niveau mondial.<br />

En particulier, <strong>de</strong>s joueuses professionnelles telles que Park Seri, Kim<br />

Mi-hyun et Grace Park se sont distinguées en remportant plusieurs titres<br />

du LPGA ou US Open féminin. Le joueur Choi Kyung-ju a remporté<br />

<strong>de</strong>ux titres du PGA en 2002.<br />

Au tennis, Lee Hyung-taik est<br />

<strong>de</strong>venu le premier joueur coréen à<br />

avoir remporté un tournoi majeur<br />

au Tournoi international Addidas à<br />

Sydney en Australie en janvier<br />

2003.<br />

Les <strong>Corée</strong>ns sont aussi très<br />

présents dans les compétitions <strong>de</strong><br />

haut niveau comme aux Jeux<br />

olympiques dans les domaines du<br />

tir-à-l'arc, le tir, le ping-pong, le<br />

patinage <strong>de</strong> vitesse sur courte piste<br />

et le saut à ski.<br />

93 _ Sports et loisirs


94 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée


Les Jeux olympiques<br />

Les Jeux olympiques ont une signification<br />

toute particulière pour les <strong>Corée</strong>ns.<br />

Outre l'anecdote amère liée au marathon<br />

<strong>de</strong> Berlin (cf. Le saviez-vous ?), la<br />

première participation <strong>de</strong> la <strong>Corée</strong>, en tant<br />

que pays libre, à un événement d'envergure<br />

internationale, eut lieu aux Jeux <strong>de</strong><br />

Londres, en 1948. Cette année-là, la<br />

République <strong>de</strong> <strong>Corée</strong> ne remporta que<br />

<strong>de</strong>ux médailles <strong>de</strong> bronze. Depuis, les<br />

performances <strong>de</strong>s athlètes sud-coréens se<br />

sont améliorées et, pour un petit pays, les<br />

résultats sont plutôt satisfaisants. Enfin,<br />

<strong>de</strong>rnière raison qui fait que les Jeux<br />

olympiques représentent beaucoup pour<br />

les <strong>Corée</strong>ns, Séoul a elle-même été le<br />

théâtre <strong>de</strong> ces JO, en 1988.<br />

La meilleure prestation <strong>de</strong> la <strong>Corée</strong> a<br />

Le saviez-vous ?<br />

La <strong>Corée</strong> a eu <strong>de</strong> grands<br />

marathoniens. Aux Jeux<br />

olympiques <strong>de</strong> Berlin, en 1936,<br />

Sohn Kee-chung et Nam Sungyong<br />

ont remporté les médailles<br />

d'or et <strong>de</strong> bronze, le premier<br />

établis-sant même un nouveau<br />

record olympique. À cette<br />

époque malheureusement la<br />

<strong>Corée</strong> était colonisée par le<br />

Japon et les <strong>de</strong>ux coureurs<br />

franchirent la ligne d'arrivée<br />

avec le drapeau japonais<br />

accroché à leur maillot.<br />

En 1947, So Yun-bok a remporté<br />

quant à lui le prestigieux<br />

marathon <strong>de</strong> Boston et<br />

en 1950, trois <strong>Corée</strong>ns ont fini<br />

en tête <strong>de</strong> la course, le premier<br />

ayant pour nom Ham Kiyong.<br />

Enfin en 1992, aux Jeux<br />

olympiques <strong>de</strong> Barcelone,<br />

Hwang Young-cho a terminé<br />

premier <strong>de</strong> l'épreuve.<br />

95 _ Sports et loisirs<br />

Sohn Kee-chung Hwang Young-cho Lee Bong-ju


96 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />

d'ailleurs eu lieu cette année-là : avec un total <strong>de</strong> 33 médailles, dont 12<br />

d'or, la <strong>Corée</strong> du Sud s'est classée sixième. Quatre ans plus tard, à<br />

Barcelone, elle a rétrogradé d'une place, se classant septième (12<br />

médailles d'or, 5 d'argent, 12 <strong>de</strong> bronze) parmi les 172 nations participantes.<br />

En 1996, les athlètes sud-coréens ont ramené d'Atlanta 27<br />

médailles (7 d'or, 15 d'argent, 5 <strong>de</strong> bronze), un total qui les a classés à la<br />

huitième place.<br />

Les loisirs<br />

Les loisirs en <strong>Corée</strong> ont évolué parallèlement à l'enrichissement du<br />

pays. Les gens ont eu petit à petit plus <strong>de</strong> temps et plus d'argent à consacrer<br />

à leurs loisirs, à leur santé, à leur forme physique. Aujourd'hui,<br />

pour peu que vous soyez un peu fortuné, les possibilités sont gran<strong>de</strong>s.<br />

La <strong>Corée</strong> étant recouverte à 70 % <strong>de</strong> collines et <strong>de</strong> montagnes, la randonnée<br />

a toujours été une <strong>de</strong>s activités favorites <strong>de</strong> la population. Quelle<br />

que soit la distance à parcourir, l'enthousiasme est au ren<strong>de</strong>z-vous. Peu<br />

importe si l'excursion ne dure qu'une <strong>de</strong>mi-journée, les <strong>Corée</strong>ns<br />

s'équipent : chaussures <strong>de</strong> marche, sac à dos, gour<strong>de</strong>, grosses chaussettes


<strong>de</strong> laine... Tous les week-ends, les chemins <strong>de</strong> montagnes sont ainsi pris<br />

d'assaut par les citadins venus en famille oublier quelque temps l'atmosphère<br />

<strong>de</strong> la ville. Mais tout le mon<strong>de</strong> ne vient pas forcément pour faire<br />

<strong>de</strong> l'exercice : certains vont se recueillir dans les temples, d'autres remplir<br />

leurs jerricanes d'eau <strong>de</strong> source. Pour tous cependant l'objectif est le<br />

même : se détendre et respirer l'air frais <strong>de</strong> la montagne.<br />

Dans tout le pays vous pouvez également faire <strong>de</strong> la natation, du bowling,<br />

<strong>de</strong> l'aérobic ou <strong>de</strong> la musculation. Les équipements ne manquent pas<br />

et <strong>de</strong>s navettes <strong>de</strong> bus sont organisées dans les grands ensembles mo<strong>de</strong>rnes<br />

pour emmener les enfants à la piscine ou leurs mamans à la salle<br />

<strong>de</strong> gymnastique. Dans les centres <strong>de</strong> remise en forme, les cadres essaient<br />

<strong>de</strong> retrouver leur silhouette ou faire passer les excès <strong>de</strong> boisson <strong>de</strong> la<br />

veille en se délassant au sauna ou dans un jacuzzi. Le soir, <strong>de</strong>s gens <strong>de</strong><br />

tous âges s'attar<strong>de</strong>nt dans les bowling : on y vient bien sûr pour se<br />

défouler sur les quilles, entre amis, mais aussi pour voir du mon<strong>de</strong>, faire<br />

<strong>de</strong>s rencontres...<br />

Plus traditionnels, les dojang, salles <strong>de</strong> sports où sont enseignés le<br />

taekwondo, le judo, le kung-fu, etc. Les parents aiment envoyer leurs fils<br />

– et <strong>de</strong> plus en plus leurs filles – apprendre ces sports, moins pour faire<br />

d'eux <strong>de</strong>s garçons forts que pour la discipline <strong>de</strong> l'esprit qui est exigée.<br />

97 _ Sports et loisirs


98 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />

Les dojang, ce sont aussi <strong>de</strong>s endroits où la notion <strong>de</strong> camara<strong>de</strong>rie est<br />

importante.<br />

Comme vous le savez, les années <strong>de</strong> lycée sont particulièrement difficiles<br />

en <strong>Corée</strong>. Qu'on parvienne à entrer à l'université ou non, la fin <strong>de</strong>s<br />

étu<strong>de</strong>s secondaires est un grand moment <strong>de</strong> soulagement dont on profite<br />

pour sortir et s'amuser. La jeune génération apprécie tout<br />

particulièrement les cafés <strong>de</strong> type occi<strong>de</strong>ntal, le cinéma mais aussi le<br />

sport : basket-ball, football, tennis <strong>de</strong> table, base-ball, jokgu (tennis-ballon),<br />

ski et même parapente.<br />

Au bord <strong>de</strong> la mer ou <strong>de</strong>s lacs, la pêche reste un passe-temps très<br />

apprécié <strong>de</strong>s <strong>Corée</strong>ns. La planche à voile et le ski nautique ont également<br />

leurs a<strong>de</strong>ptes. Si vous désirez rester en ville et faire un peu d'exercice<br />

sans pour autant aller dans un club ou un sta<strong>de</strong>, vous pouvez entrer dans<br />

une batting cage (espace clos dans lequel une machine automatique lance<br />

<strong>de</strong>s balles <strong>de</strong> base-ball que l'on doit frapper avec une batte) ou une salle<br />

<strong>de</strong> jeux électroniques.<br />

Le billard (américain, anglais, pool) est également très populaire,<br />

notamment auprès <strong>de</strong>s étudiants. Les salles sont nombreuses et leurs<br />

enseignes facilement reconnaissables à leurs cercles rouges, bleus et<br />

verts.


Les moins jeunes ne sont pas en reste et affectionnent eux aussi les<br />

moments <strong>de</strong> détente. Le badminton a leur faveur : avec ou sans filet,<br />

frapper dans un volant est une activité très prisée. La marche, le jogging<br />

et le vélo sont également <strong>de</strong>s moyens courants <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r la forme. Le<br />

tennis et le golf sont toutefois les activités les plus en vogue. Les<br />

quartiers rési<strong>de</strong>ntiels, les écoles et les complexes d'appartements construits<br />

récemment possè<strong>de</strong>nt tous leurs courts <strong>de</strong> tennis. Les clubs sont également<br />

<strong>de</strong> plus en plus nombreux, mais il reste très difficile <strong>de</strong> pouvoir<br />

jouer le soir ou le week-end, la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> étant très forte. Le golf quant à<br />

lui est comme ailleurs réservé à un petit nombre <strong>de</strong> gens, le plus souvent<br />

désireux <strong>de</strong> se retrouver au calme pour parler affaires. À toutes ces occupations<br />

plus ou moins physiques, les plus âgés et les plus calmes leur<br />

préfèrent le baduk ou le janggi, version coréenne <strong>de</strong>s échecs.<br />

99 _ Sports et loisirs


100 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />

Chajeonnori ou comment se<br />

divertir tout en renforçant la<br />

solidarité <strong>de</strong>s villageois


Fêtes et gastronomie<br />

101 _ Fêtes et gastronomie<br />

Les vacances<br />

Les <strong>Corée</strong>ns, réputés pour leur endurance, apprécient bien sûr les jours <strong>de</strong><br />

repos, qu'ils passent généralement en famille. Les calendriers solaire et<br />

lunaire servent tous <strong>de</strong>ux <strong>de</strong> référence pour l'établissement <strong>de</strong>s jours fériés.<br />

Si on compte les anniversaires, chaque mois <strong>de</strong> l'année offre aux familles <strong>de</strong><br />

nombreuses occasions <strong>de</strong> faire la fête.<br />

Toutefois, les <strong>Corée</strong>ns d'aujourd'hui, du moins les citadins, marquent<br />

moins ces événements que ne le faisaient leurs ancêtres. Certes, les <strong>de</strong>ux<br />

gran<strong>de</strong>s fêtes du pays, Seollal (Nouvel An lunaire) et Chuseok (Fête <strong>de</strong>s<br />

récoltes), sont encore célébrées selon la tradition, mais les autres<br />

événements <strong>de</strong> l'année sont plus rappelés que réellement fêtés.<br />

Heureusement que <strong>de</strong>s anciens sont encore là pour raconter avec nostalgie<br />

les journées passées à festoyer avec les autres villageois.<br />

Le calendrier lunaire<br />

Depuis l'époque <strong>de</strong>s Trois Royaumes, les paysans coréens se réfèrent à un<br />

calendrier établi à partir <strong>de</strong> la révolution <strong>de</strong> la lune autour <strong>de</strong> la terre. Les<br />

douze mois <strong>de</strong> l'année comptent 29 ou 30 jours, soit au total 354 jours par<br />

an, contre 365 dans le calendrier solaire. L'introduction tous les 33 mois<br />

d'un mois supplémentaire dans le calendrier lunaire permet cependant<br />

d'éviter un trop grand décalage entre les <strong>de</strong>ux systèmes. Ce mois intercalaire<br />

<strong>de</strong> 30 jours, appelé yundal, est censé être exempt <strong>de</strong> malchance et c'est souvent<br />

au cours <strong>de</strong> ce mois que sont organisés les mariages et les cérémonies<br />

importantes. Même si le calendrier solaire occi<strong>de</strong>ntal est la référence officielle<br />

<strong>de</strong>puis le XIX e siècle, les phases <strong>de</strong> la lune continuent d'influencer le<br />

rythme <strong>de</strong> vie <strong>de</strong> beaucoup <strong>de</strong> <strong>Corée</strong>ns.<br />

Difficile <strong>de</strong> dresser une liste exhaustive <strong>de</strong> toutes les fêtes célébrées en<br />

<strong>Corée</strong>; en effet les événements qui marquent l'année sont très nombreux et<br />

surtout très différents d'une province à l'autre : chaque région, chaque village<br />

possè<strong>de</strong> ses traditions et son folklore. Bon nombre <strong>de</strong> coutumes locales


102 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />

sont même totalement ignorées du reste du pays. Un point commun cependant<br />

: au cours <strong>de</strong>s cérémonies, beaucoup d'importance est donnée à la<br />

nature, au village, à la famille, sans parler <strong>de</strong>s vœux <strong>de</strong> prospérité et <strong>de</strong><br />

chance qui sont systématiquement formulés.<br />

Aujourd’hui encore, les familles coréennes se réunissent au moins <strong>de</strong>ux<br />

fois par an (créant d’importants embouteillages !) généralement chez l’aîné<br />

mâle. Toutes les femmes préparent les banquets alors que les enfants<br />

s’amusent et les hommes discutent entre eux.<br />

Fêtes traditionnelles<br />

Réveillon du Nouvel An<br />

Autrefois, le Jour <strong>de</strong> l'An, dès l'aube, les femmes se précipitaient vers le<br />

puits pour être les premières à remonter ce qu'on appelait «l'eau <strong>de</strong> la<br />

chance››. La veille, elles préparaient le repas et notamment la traditionnelle<br />

tteokguk (soupe <strong>de</strong> gâteaux <strong>de</strong> riz préparée avec du bouillon <strong>de</strong> faisan).<br />

Autre tradition – à caractère moins festif celle-là – : s'acquitter <strong>de</strong> ses<br />

<strong>de</strong>ttes avant les douze coups <strong>de</strong> minuit. Toute la famille restait ensuite<br />

veiller tard et les jeunes enfants savouraient le plaisir rare <strong>de</strong> passer la nuit<br />

avec leurs parents.<br />

Seollal (Nouvel An) – Le premier jour du premier mois lunaire<br />

C'est l'une <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux principales fêtes en <strong>Corée</strong>, où le Nouvel An est célébré<br />

<strong>de</strong>ux fois. Bien que le 1 er janvier soit tout <strong>de</strong> même un jour ferié, la plupart <strong>de</strong>s<br />

familles choisissent <strong>de</strong> traverser le pays pour retourner dans leur ville natale à<br />

l'occasion du Nouvel An lunaire, qui a lieu fin janvier ou début février.<br />

Comme en Occi<strong>de</strong>nt, ce jour termine l'année précé<strong>de</strong>nte et commence la<br />

nouvelle année.<br />

Pendant la semaine qui précè<strong>de</strong> cette fête, les amis échangent <strong>de</strong>s cartes<br />

pour se remercier et pour se souhaiter une heureuse nouvelle année. De nos<br />

jours, les <strong>Corée</strong>ns <strong>de</strong> religion chrétienne envoient aussi <strong>de</strong>s cartes <strong>de</strong> Noël.<br />

Pour Seollal les enfants s'habillent <strong>de</strong> hanbok <strong>de</strong> soie aux couleurs <strong>de</strong><br />

l'arc-en-ciel puis s'agenouillent et s'inclinent en une révérence du Nouvel<br />

An (sebae) <strong>de</strong>vant les personnes âgées <strong>de</strong> la famille, en leur souhaitant bonheur<br />

et chance (bok) pour l'année à venir. En retour, ils reçoivent <strong>de</strong><br />

précieux conseils et une petite somme d'argent, calculée selon leur âge et


103 _ Fêtes et gastronomie<br />

Sebae, vœux du Nouvel An lunaire présentés aux aînés<br />

leur position dans la famille. Il s'agit d'une coutume qui n'est pas prête <strong>de</strong><br />

disparaître malgré l'industrialisation et l'urbanisation du pays.<br />

Certains jeux sont pratiqués spécialement pendant ce jour tels que la lutte, le<br />

cerf-volant, la balançoire et le yunnori, un jeu <strong>de</strong> société utilisant <strong>de</strong>s batônnets,<br />

mais sont <strong>de</strong> plus en plus délaissés en faveur <strong>de</strong>s jeux électroniques.<br />

La lutte est plus qu’un jeu <strong>de</strong> force pure. Les cor<strong>de</strong>s sont liées <strong>de</strong> telle<br />

façon qu’elles symbolisent l’union <strong>de</strong> l’homme et <strong>de</strong> la femme, la<br />

compétition étant un signe <strong>de</strong> fertilité et <strong>de</strong> productivité à l’équipe gagnante,<br />

essentiellement dans les milieux agricoles et les communautés <strong>de</strong> la pêche.<br />

En <strong>Corée</strong>, le cerf-volant est bien plus qu'un loisir. C'est aussi le médium<br />

par lequel la mauvaise chance et les maladies <strong>de</strong> l'année passée disparaissent<br />

dans le ciel. On connaît plus <strong>de</strong> soixante dix sortes <strong>de</strong> cerfs-volants,<br />

dont le cerf-volant bouclier, le cerf-volant baduk (motif en damier <strong>de</strong> jeu <strong>de</strong><br />

go), le cerf-volant plat, le cerf-volant en tissus et le cerf-volant en forme <strong>de</strong><br />

raie. Le plus populaire est le cerf-volant bouclier, avec sa partie centrale<br />

évidée qui permet <strong>de</strong> contrôler la vitesse et la direction <strong>de</strong> l'objet. Ces<br />

qualités sont nécessaires pour les batailles, dans lesquelles les concurrents<br />

tentent <strong>de</strong> sectionner la ficelle tenant le cerf-volant <strong>de</strong> leur adversaire. Les<br />

ficelles sont enduites <strong>de</strong> verre pilé.


104 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />

Yunnori, une sorte <strong>de</strong> jeu <strong>de</strong> panneau<br />

Le jeu <strong>de</strong> bascule est lui typiquement féminin. Deux joueuses sautent<br />

chacune leur tour aux extrémités d'une planche posée sur une pierre. Ces<br />

bonds en l'air étaient autrefois pour les jeunes filles le seul moyen <strong>de</strong><br />

regar<strong>de</strong>r par <strong>de</strong>ssus l'enceinte <strong>de</strong> la maison et <strong>de</strong> découvrir ainsi le mon<strong>de</strong><br />

extérieur. Sauter <strong>de</strong> la sorte sur une planche est bien plus difficile qu'il n'y<br />

paraît : étant donné l'absence <strong>de</strong> véritable pivot, la qualité <strong>de</strong>s bonds dépend<br />

entièrement <strong>de</strong> l'adresse <strong>de</strong> la partenaire et <strong>de</strong> la puissance <strong>de</strong> ses sauts.<br />

Le repas traditionnel du Nouvel An lunaire varie d'une région à l'autre,<br />

voire d'une famille à l'autre. Cependant certaines préparations typiques se<br />

retrouvent sur toutes les tables : la tteokguk, soupe à base <strong>de</strong> gâteaux <strong>de</strong> riz<br />

en forme <strong>de</strong> bâtonnets et <strong>de</strong> bouillon <strong>de</strong> faisan, <strong>de</strong> bœuf ou <strong>de</strong> poulet. (Les<br />

<strong>Corée</strong>ns disent que prendre <strong>de</strong> la tteokguk revient à «avaler›› une année).<br />

Les autres préparations traditionnelles sont les mandu (sortes <strong>de</strong> raviolis) et<br />

les bindaetteok (crêpes <strong>de</strong> légumes), le tout étant servi avec du sujeonggwa<br />

(thé à la cannelle) ou du sikhye, une boisson fraîche très sucrée à base <strong>de</strong> riz.<br />

Ces spécialités sont également déposées sur les tombes <strong>de</strong>s ancêtres en<br />

guise d'offran<strong>de</strong>s.


Yunnori<br />

Au moment <strong>de</strong>s fêtes, ce jeu relativement<br />

simple ravit les enfants auxquels se joignent<br />

souvent les parents, désireux eux aussi <strong>de</strong><br />

montrer leur adresse.<br />

Le yunnori se joue à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> quatre<br />

bâtonnets comportant chacun une face<br />

arrondie et une face plane. Ils servent en<br />

quelque sorte <strong>de</strong> dés pour la comptabilisation<br />

<strong>de</strong>s points et l'avancée <strong>de</strong>s<br />

pions noirs et blancs sur le<br />

plateau <strong>de</strong> jeu (qui peut<br />

être tracé sur n'importe<br />

quelle surface). Chaque<br />

joueur possè<strong>de</strong> quatre<br />

pions et celui qui<br />

parvient le premier à faire<br />

un tour complet du plateau<br />

avec ses pions remporte la partie.<br />

On lance les bâtonnets en l'air et, une fois<br />

retombés, on compte le nombre <strong>de</strong> bâtonnets<br />

présentant un côté plat. S'il n'y en a<br />

qu'un seul, le nombre <strong>de</strong> points marqués est<br />

do, ce qui correspond à une progression<br />

d'une case sur le plateau. Quand <strong>de</strong>ux côtés<br />

plats sont visibles, le joueur marque un gae<br />

et avance <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux cases. Trois faces plates<br />

permettent <strong>de</strong> marquer un geol et d'avancer<br />

<strong>de</strong> trois cases. Si tous les bâtonnets au sol<br />

présentent un côté arrondi, le nombre <strong>de</strong><br />

points marqués est yut : le joueur avance<br />

son pion <strong>de</strong> quatre cases. Enfin, le maximum<br />

<strong>de</strong> points est obtenu quand les quatre<br />

bâtonnets sont retombés sur leur face<br />

arrondie et présentent donc un côté plat : le<br />

joueur marque alors un mo et avance <strong>de</strong><br />

cinq cases. Par ailleurs, un <strong>de</strong>s quatre<br />

bâtonnets porte sur sa face aplatie une marque<br />

appelée backdo. Si cette marque apparaît<br />

et que les trois autres bâtonnets présentent<br />

un côté arrondi, le joueur recule d'une<br />

case.<br />

La progression d'un pion est indépedante<br />

<strong>de</strong> l'avancée <strong>de</strong>s trois autres, sauf<br />

si <strong>de</strong>ux pions occupent la même<br />

case, auquel cas, lors du<br />

prochain lancer <strong>de</strong> bâtonnets,<br />

il sera possible <strong>de</strong><br />

déplacer les <strong>de</strong>ux pions<br />

en même temps. Si le<br />

pion d'un joueur atterrit<br />

sur une case occupée par<br />

un pion adverse, ce <strong>de</strong>rnier<br />

retourne à la case départ alors<br />

que l'autre gagne le droit <strong>de</strong> rejouer une<br />

fois.<br />

Comme le montre le <strong>de</strong>ssin, le parcours,<br />

qui s'effectue dans le sens <strong>de</strong>s aiguilles<br />

d'une montre, possè<strong>de</strong> <strong>de</strong>s raccourcis que<br />

l'on peut emprunter si on tombe sur un <strong>de</strong>s<br />

quatre grands cercles extérieurs.<br />

En cas <strong>de</strong> jeu par équipe, un capitaine<br />

déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> la stratégie à adopter pour<br />

avancer, attaquer et amener les quatre<br />

pions <strong>de</strong> l'équipe le plus rapi<strong>de</strong>ment possible<br />

à l'arrivée. Aucune somme d'argent n'est<br />

mise en jeu au yunnori mais le vainqueur ou<br />

l'équipe gagnante a généralement droit à<br />

quelques gâteaux <strong>de</strong> riz supplémentaires !<br />

105 _ Fêtes et gastronomie<br />

Dano (le cinquième jour du cinquième mois lunaire)<br />

Afin <strong>de</strong> fêter le début <strong>de</strong> l'été, <strong>de</strong>s rites en la mémoire <strong>de</strong>s ancêtres étaient<br />

autrefois célébrés, après lesquels les réjouissances pouvaient commencer.<br />

Les femmes lavaient alors leurs cheveux dans <strong>de</strong> l'eau où <strong>de</strong>s racines d'iris<br />

avaient été bouillies puis les séchaient ensuite avec <strong>de</strong> l'herbe fraîche. C'était<br />

le seul jour <strong>de</strong> l'année au cours duquel les femmes mariées pouvaient rendre<br />

visite à leurs parents. Elles aimaient aussi jouer avec <strong>de</strong> hautes balançoires,<br />

alors que les hommes s'affrontaient dans <strong>de</strong>s rencontres <strong>de</strong> ssireum, la lutte<br />

coréenne traditionnelle.<br />

En prévision <strong>de</strong> la chaleur, le roi faisait envoyer <strong>de</strong>s éventails aux hauts dig-


106 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />

nitaires, alors que les campagnes en expédiaient à Séoul. La clinique royale<br />

préparait le jehotang, soupe médicinale spécialement <strong>de</strong>stinée au souverain. Le<br />

menu traditionnel comprenait également <strong>de</strong> la soupe d'alose, <strong>de</strong> la carpe cuite à<br />

la vapeur et un punch <strong>de</strong> cerises. Des gâteaux <strong>de</strong> riz ronds parfumés aux herbes<br />

<strong>de</strong> montagnes sont encore préparés <strong>de</strong> nos jours dans certains foyers.<br />

La ville <strong>de</strong> Gangneung, dans la province du Gangwon-do, est connue pour<br />

son fameux festival <strong>de</strong> dano, lequel dure cinq jours. Le gouvernement a officiellement<br />

désigné cette manifestation «bien immatériel n° 13». En plus <strong>de</strong><br />

tous les autres jeux folkloriques pratiqués les autres jours <strong>de</strong> l'année, le festival<br />

présente un rite confucéen, un exorcisme chamanique, <strong>de</strong>s danses masquées,<br />

une danse <strong>de</strong> paysans et <strong>de</strong>s acrobaties. Une fois ces spectacles terminés, les<br />

festivaliers boivent un alcool très fort spécialement préparé pour l'occasion.<br />

Chilseok (le septième jour du septième mois lunaire)<br />

On célèbre ce jour-là la rencontre <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux étoiles, Vega et Altaïr, dans<br />

lesquelles se seraient réincarnés <strong>de</strong>ux jeunes gens : Jingnyeo la tisseran<strong>de</strong><br />

et Gyeonu le pâtre.<br />

La légen<strong>de</strong> raconte qu'un roi céleste et sa fille vivaient sur la partie la<br />

plus à l'est <strong>de</strong> la Voie lactée. Toutes les nuits, Jingnyeo tissait et brodait <strong>de</strong><br />

magnifiques étoffes. Afin d'apaiser la solitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> son enfant, le roi la maria<br />

un jour à un beau gardien <strong>de</strong> troupeaux qui vivait à l'autre bout <strong>de</strong> la<br />

Galaxie. Il créa un chemin <strong>de</strong> coton que les jeunes gens empruntèrent pour<br />

se rejoindre. Ils tombèrent si éperdument amoureux l'un <strong>de</strong> l'autre que<br />

Jingnyeo en oublia son ouvrage, ce qui provoqua la colère <strong>de</strong> son père qui<br />

rappela alors sa fille auprès <strong>de</strong> lui. Les <strong>de</strong>ux amoureux pleurèrent beaucoup<br />

et le roi eut pitié d'eux : il leur permit <strong>de</strong> se rencontrer une seule fois par an<br />

sur un pont magique formé par le plumage <strong>de</strong> pies et <strong>de</strong> corbeaux.<br />

S'il pleut le soir <strong>de</strong> Chilseok, on dit que ce sont les larmes <strong>de</strong>s retrouvailles <strong>de</strong><br />

Jingnyeo et Gyeonu. Si la pluie tombe le len<strong>de</strong>main matin, ce sont les larmes <strong>de</strong><br />

leurs adieux. Le repas traditionnel <strong>de</strong> Chilseok est composé <strong>de</strong> gâteaux <strong>de</strong> riz, <strong>de</strong><br />

crêpes <strong>de</strong> courgettes, <strong>de</strong> nouilles et <strong>de</strong> kimchi <strong>de</strong> concombres.<br />

Chuseok, la Fête <strong>de</strong>s récoltes<br />

(le quinzième jour du huitième mois lunaire)<br />

C'est avec Seollal la plus importante fête <strong>de</strong> <strong>Corée</strong> et sans doute la plus


attendue. Connue également sous le nom <strong>de</strong> Hangawi, c'est une journée<br />

d'action <strong>de</strong> grâces qui permet aux familles coréennes <strong>de</strong> se retrouver à travers<br />

tout le pays.<br />

Autrefois, <strong>de</strong>s vêtements neufs étaient offerts à Chuseok. Cette coutume<br />

est tombée en désuétu<strong>de</strong> mais chaque <strong>Corée</strong>n revêt le hanbok pour aller se<br />

recueillir sur la tombe <strong>de</strong>s ancêtres et faire <strong>de</strong>s offran<strong>de</strong>s : vin traditionnel,<br />

châtaignes, jujubes, kakis, pommes, poires et autres fruits <strong>de</strong> saison, sans<br />

oublier les indispensables songpyeon (gâteaux <strong>de</strong> riz en forme <strong>de</strong> <strong>de</strong>mi-lune).<br />

De nombreux jeux sont bien sûr organisés le jour <strong>de</strong> Chuseok, ce d'autant<br />

plus que le temps est magnifique à cette pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'année.<br />

107 _ Fêtes et gastronomie<br />

Le jour <strong>de</strong> Hansik, au<br />

mois d’avril, et Chuseok, en<br />

automne, <strong>de</strong> nombreuses<br />

familles coréennes se ren<strong>de</strong>nt<br />

sur les tombes familiales<br />

pour exprimer leur<br />

respect aux aînés<br />

Femmes en costume<br />

traditionnel préparant<br />

<strong>de</strong>s songpyeon


108 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />

Importantes fêtes <strong>de</strong> <strong>Corée</strong><br />

Jour <strong>de</strong> l'an (1 er janvier) : certains <strong>Corée</strong>ns célèbrent le Nouvel An ce jour-là,<br />

alors que la plupart préfèrent maintenant fêter le Nouvel An lunaire,<br />

Seollal.<br />

Seollal (1 er jour du 1 er mois lunaire) : comme Noël en Occi<strong>de</strong>nt, c'est en <strong>Corée</strong><br />

l'une <strong>de</strong>s célébrations les plus importantes <strong>de</strong> l'année. Les membres <strong>de</strong><br />

chaque famille, dispersés à travers le pays se réunissent pour passer les<br />

fêtes ensemble. C'est l'occasion d'un rite familial en l'honneur <strong>de</strong>s<br />

ancêtres mais aussi un moment privilégié pour s'amuser ensemble à <strong>de</strong><br />

nombreux jeux traditionnels.<br />

Jour <strong>de</strong> l'indépendance (Samil, le 1 er mars) : ce jour marque le début du mouvement<br />

d'indépendance contre le pouvoir japonais. Le 1 er mars 1919, <strong>de</strong>s<br />

lea<strong>de</strong>rs <strong>de</strong> groupes sociaux et religieux se réunirent dans un parc du<br />

centre <strong>de</strong> Séoul et déclarèrent l'indépendance <strong>de</strong> la <strong>Corée</strong> par rapport à<br />

la colonisation japonaise.<br />

Anniversaire du Bouddha (8 e jour du 4 e mois lumaire) : <strong>de</strong>s rituels ont lieu à<br />

cette occasion dans les temples bouddhiques du pays. Le clou <strong>de</strong>s festivités<br />

est certainement la procession <strong>de</strong>s moines et <strong>de</strong>s porteurs,<br />

lesquels traversent les rues <strong>de</strong> la ville avec <strong>de</strong> splendi<strong>de</strong>s lanternes en<br />

papier.


Jour <strong>de</strong>s enfants (5 mai) : en ce jour, les enfants sont au centre <strong>de</strong> l'attention <strong>de</strong><br />

tous, alors que leurs parents leur offrent <strong>de</strong> nombreux ca<strong>de</strong>aux et sortent<br />

avec eux.<br />

Jour <strong>de</strong> la Constitution (17 juillet) : ce jour national célèbre l'établissement <strong>de</strong> la<br />

première Constitution coréenne, le 17 juillet 1948. La République <strong>de</strong><br />

<strong>Corée</strong> fut établie un mois plus tard.<br />

Jour <strong>de</strong> la Libération (15 août) : le drapeau coréen (taegeukgi) est accroché aux<br />

murs <strong>de</strong>s maisons par tous les habitants du pays pour célébrer l'anniversaire<br />

<strong>de</strong> la libération <strong>de</strong> la <strong>Corée</strong> du joug colonial japonais en août 1945.<br />

Chuseok ou la Fête <strong>de</strong>s récoltes (le 15 e jour du 8 e mois lunaire) : la Fête <strong>de</strong>s<br />

récoltes est la plus importante fête coréenne. Les familles festoient et se<br />

ren<strong>de</strong>nt sur les tombes <strong>de</strong>s ancêtres pour leur rendre hommage. À cette<br />

époque <strong>de</strong> l'année, le spectacle <strong>de</strong> la pleine lune est attendu par <strong>de</strong>s<br />

millions <strong>de</strong> <strong>Corée</strong>ns.<br />

Fête <strong>de</strong> la fondation <strong>de</strong> la nation (3 octobre) : ce jour-là, appelé Gaecheonjeol,<br />

on célèbre l'anniversaire <strong>de</strong> la fondation du pays par Dangun.<br />

Noël (25 décembre) : le christianisme n'est apparu en <strong>Corée</strong> qu'au XIX e siècle et<br />

l'aspect religieux <strong>de</strong> la fête <strong>de</strong> Noël n'est pas très important. Cela reste<br />

toutefois l'occasion <strong>de</strong> festoyer et d'offrir <strong>de</strong>s ca<strong>de</strong>aux.<br />

109 _ Fêtes et gastronomie


110 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />

Nourriture<br />

Le moyen le plus simple et le plus agréable pour découvrir une nouvelle<br />

culture est <strong>de</strong> toute évi<strong>de</strong>nce la gastronomie. Vous ne pouvez pas<br />

mémoriser le nom <strong>de</strong> tous les ministres du gouvernement d'un pays, mais<br />

vous pouvez en revanche donner le nom <strong>de</strong> son plat le plus fameux.<br />

Certaines associations d'images, comme les stéréotypes, nous permettent<br />

ainsi d'i<strong>de</strong>ntifier un peuple bien plus que tout autre aspect <strong>de</strong> sa culture.<br />

C'est peut être le fait que nous avons à travers le mon<strong>de</strong> entier un intérêt<br />

tout particulier pour les associations gastronomiques.<br />

Le plat coréen le plus fameux est le kimchi, et il n'est pas faux <strong>de</strong> dire<br />

que les <strong>Corée</strong>ns mangent tous les jours du kimchi sous l'une ou l'autre <strong>de</strong><br />

ses formes. Il s'agit d'un terme général désignant <strong>de</strong>s préparations <strong>de</strong><br />

légumes fermentés, faites <strong>de</strong> chou chinois, <strong>de</strong> navet, <strong>de</strong> concombre et <strong>de</strong><br />

piment rouge. Les spécialistes ont recensé 170 variétés mais la plus commune<br />

est celle à base <strong>de</strong> choux.<br />

Le kimchi n'est que l'un <strong>de</strong>s nombreux plats qui accompagnent le riz.<br />

Tous étant présentés ensemble sur la table, l'etiquette coréenne ne néces-


Le kimchi<br />

Il est omniprésent sur les tables<br />

coréennes. De nos jours il n'accompagne<br />

pas uniquement le riz et la soupe : on le<br />

retrouve parfois dans les pizzas et les hamburgers<br />

! N'importe qui en <strong>Corée</strong> sait comment<br />

transformer un reste <strong>de</strong> kimchi et un<br />

reste <strong>de</strong> riz en délicieux riz sauté ou en<br />

potage revigorant.<br />

Quelle est la recette du kimchi<br />

? Précisons tout d'abord<br />

que ce sont les femmes<br />

qui le préparent : les<br />

hommes n'étant jamais<br />

aux fourneaux, la jeune<br />

mariée apprend en<br />

général à cuisiner avec sa<br />

belle-mère. Les ustensiles<br />

nécessaires ? Une bassine... et<br />

les mains, protégées si possible.<br />

L'assaisonnement – une saumure très<br />

pimentée – est en effet appliqué avec les<br />

doigts sur chacune <strong>de</strong>s feuilles <strong>de</strong> choux chinois<br />

(le légume le plus souvent utilisé pour<br />

la préparation du kimchi).<br />

Bien entendu, l'expérience est très importante<br />

et aucun livre <strong>de</strong> recettes ne peut remplacer<br />

le savoir-faire. Le goût du kimchi varie<br />

d'un restaurant à l'autre, d'une famille à<br />

l'autre car les femmes se transmettent leurs<br />

propres techniques <strong>de</strong> génération en<br />

génération.<br />

Elles sont malheureusement <strong>de</strong> moins en<br />

moins nombreuses à savoir préparer le kimchi.<br />

Une raison toute simple est l'éclatement<br />

<strong>de</strong> la famille traditionnelle : les enfants<br />

vivent plus rarement avec leurs parents et<br />

les belles-filles n'ont plus l'occasion d'apprendre<br />

à cuisiner avec la mère <strong>de</strong> leur mari.<br />

Par ailleurs, les appartements mo<strong>de</strong>rnes ne<br />

permettent pas toujours le stockage au<br />

moment du gimjang. Le gimjang est la<br />

préparation du kimchi d'hiver, à<br />

la mi-novembre. Les feuilles<br />

<strong>de</strong> chou assaisonnées<br />

sont mises à fermenter<br />

dans <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s jarres<br />

qui passeront tout l'hiver<br />

<strong>de</strong>hors. Autrefois ces jarres<br />

étaient enfouies sous<br />

terre, mais <strong>de</strong> nos jours elles<br />

restent dans les cours <strong>de</strong>s habitations.<br />

Il existe même <strong>de</strong>s réfrigérateurs<br />

spéciaux permettant aux citadins <strong>de</strong><br />

préparer leur kimchi.<br />

Le kimchi le plus simple à faire est totalement<br />

différent <strong>de</strong>s autres variétés <strong>de</strong> kimchi.<br />

Tout d'abord, comme son nom l'indique, le<br />

mul kimchi (kimchi à l'eau) est liqui<strong>de</strong>.<br />

Ensuite, il n'est pas pimenté et possè<strong>de</strong><br />

même au contraire un goût légèrement<br />

sucré. Très rafraîchissant, c'est le<br />

complément idéal <strong>de</strong>s repas riches et<br />

copieux.<br />

111 _ Fêtes et gastronomie<br />

site aucun ordre <strong>de</strong> présentation au cours du repas. L'importance tient<br />

donc plutôt dans le nombre <strong>de</strong>s mets.<br />

Traditionnellement, le nombre <strong>de</strong> plats servis révélait à la fois la position<br />

sociale <strong>de</strong> l'hôte et celle <strong>de</strong> ses invités. Durant la pério<strong>de</strong> Joseon, en<br />

<strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s festivités, il y avait cinq sortes <strong>de</strong> préparations pour chaque<br />

repas. Seuls le souverain et la cour pouvaient avoir droit à douze plats<br />

différents et les yangban (aristocrates) <strong>de</strong> neuf à sept. Les gens du commun<br />

se limitaient quant à eux à trois ou cinq mets d'accompagnement.


112 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />

Trois mets ne représentent pas beaucoup,<br />

mais un menu était tout <strong>de</strong> même constitué<br />

<strong>de</strong> riz, <strong>de</strong> soupe, <strong>de</strong> kimchi, <strong>de</strong> trois plats <strong>de</strong><br />

légumes, <strong>de</strong> trois plats d'aliments grillés et<br />

<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux plats <strong>de</strong> condiments. Imaginez<br />

alors le menu quotidien <strong>de</strong> la Cour et l'activité<br />

<strong>de</strong>s cuisines royales qui se <strong>de</strong>vaient<br />

<strong>de</strong> le préparer trois fois par jour.<br />

Bien sûr, <strong>de</strong> nos jours les gens se contentent<br />

d'un repas plus simple. Mais même<br />

un plat courant comme les nouilles est<br />

accompagné <strong>de</strong> ces petits plats relevés pour<br />

lesquels la nourriture coréenne est si réputée.<br />

Ceux qui ont déjà fait l'expérience d'un<br />

restaurant coréen savent combien le repas est<br />

une manière <strong>de</strong> rituel commun. Les réchauds<br />

posés sur chaque table servent à la cuisson <strong>de</strong><br />

ragoûts ou encore <strong>de</strong> vian<strong>de</strong>s et <strong>de</strong> poissons


grillés que l'on se partage. L'amitié c'est aussi l'échange <strong>de</strong>s verres, lorsqu'un<br />

convive finit son verre il le passe parfois à un autre et le sert. Cela semble<br />

peu hygiénique mais beaucoup <strong>de</strong> <strong>Corée</strong>ns pensent que partager un verre ou<br />

une coupe est le meilleur moyen d'exprimer son sentiment d'amitié.<br />

113 _ Fêtes et gastronomie<br />

Recettes<br />

Bulgogi : bœuf émincé, mariné et grillé sur un brasero.<br />

Bibimbap : riz blanc et légumes.<br />

Gimbap : rouleau <strong>de</strong> riz froid, farci, entouré d'algue.<br />

Outre le riz, les légumes et la soupe, on trouve sur les tables coréennes<br />

du poisson, du tofu (pâté <strong>de</strong> soja) et, plus rarement, <strong>de</strong> la vian<strong>de</strong>.<br />

Étant donné que beaucoup d'ingrédients utilisés pour la cuisine coréenne<br />

sont difficiles à trouver en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s épiceries orientales, nous avons<br />

sélectionné trois recettes qui ne nécessitent pas trop <strong>de</strong> produits typiques.<br />

Les quantités mentionnées sont indicatives. En <strong>Corée</strong> on cuisine beaucoup<br />

au jugé et vous pouvez vous permettre <strong>de</strong> faire varier les proportions<br />

selon votre goût. Prenez soin toutefois <strong>de</strong> lire entièrement la recette<br />

avant <strong>de</strong> commencer.<br />

Les ingrédients le plus souvent utilisés comme condiments ou pour la<br />

préparation <strong>de</strong>s sauces sont l'ail, le sel, la sauce <strong>de</strong> soja, le sucre, les<br />

oignons verts, la poudre <strong>de</strong> piment rouge, le vinaigre et l'huile <strong>de</strong> sésame.<br />

La sauce la plus commune consiste en une cuillerée à soupe <strong>de</strong> sauce <strong>de</strong><br />

soja dans laquelle vous mettez <strong>de</strong>s oignons verts et <strong>de</strong> l'ail finement<br />

coupés. Ajoutez du vinaigre, <strong>de</strong>s graines <strong>de</strong> sésame, <strong>de</strong> l'huile <strong>de</strong> sésame<br />

et juste ce qu'il faut <strong>de</strong> paprika. Il ne vous reste plus qu'à mélanger le tout<br />

et à servir dans une soucoupe.<br />

Le riz<br />

Pour obtenir un riz semblable à celui qu'affectionnent les <strong>Corée</strong>ns, il<br />

vous faut acheter la variété <strong>de</strong> grains qui s'agglutinent facilement à la<br />

cuisson. Afin <strong>de</strong> les débarrasser <strong>de</strong>s impuretés, lavez-en <strong>de</strong>ux tasses<br />

(pour 2 ou 3 personnes) jusqu'à ce que l'eau soit parfaitement claire.


114 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />

Versez le riz dans un récipient et étalez-le au fond. Ajoutez suffisamment<br />

d'eau pour que le <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> votre main soit recouvert.<br />

Laissez cuire à petit feu jusqu'à ébullition. Réduisez alors le feu au<br />

minimum et laissez mijoter pendant dix minutes ou un quart d'heure. Une<br />

fois que l'eau a été entièrement absorbée et que le riz est parfaitement<br />

cuit, vous pouvez servir. En <strong>Corée</strong>, le riz est parfois cuit dans un récipient<br />

<strong>de</strong> pierre au fond duquel, en cuisant, il finit par coller et roussir. En<br />

fin <strong>de</strong> repas, ces restants <strong>de</strong> riz légèrement brûlés et appelés nurungji sont<br />

très appréciés, notamment <strong>de</strong>s enfants.<br />

Bulgogi<br />

La vian<strong>de</strong> <strong>de</strong> bœuf était autrefois une <strong>de</strong>nrée extrêmement rare : le bulgogi<br />

et le galbi (travers <strong>de</strong> porc ou <strong>de</strong> bœuf marinés et grillés sur un brasero)<br />

étaient <strong>de</strong>s repas <strong>de</strong> fête. Aujourd'hui, ils ne constituent pas le quotidien <strong>de</strong>s<br />

<strong>Corée</strong>ns mais les restaurants spécialisés sont quand même très nombreux.<br />

Le bulgogi est très facile à faire chez soi. Pour 4 personnes, il vous faut 2,5<br />

kg d'aloyau, 3 cuillerées à soupe <strong>de</strong> sucre, 2 cuillerées à soupe <strong>de</strong> vin <strong>de</strong> riz,<br />

4 cuillerées à soupe <strong>de</strong> sauce <strong>de</strong> soja, du poivre, 1 cuillerée à soupe et <strong>de</strong>mie


115 _ Fêtes et gastronomie<br />

Bibimbap, mélange <strong>de</strong> riz blanc, <strong>de</strong> légumes et <strong>de</strong> vian<strong>de</strong><br />

d'ail émincé, 3 cuillerées à soupe d'oignons verts émincés, 2 cuillerées à<br />

soupe d'huile <strong>de</strong> sésame et 1 cuillerée à soupe <strong>de</strong> graines <strong>de</strong> sésame.<br />

Le secret d'un bon bulgogi rési<strong>de</strong> dans la marina<strong>de</strong> avec laquelle on va<br />

attendrir la vian<strong>de</strong>. Mélangez le vin et le sucre et laissez tremper pendant<br />

une <strong>de</strong>mi-heure la vian<strong>de</strong> découpée en fines tranches. (Si vous ne disposez<br />

pas <strong>de</strong> vin <strong>de</strong> riz, une boisson sucrée à base <strong>de</strong> cerise ou du cola<br />

feront l'affaire). Mélangez ensuite tous les autres ingrédients et incorporez<br />

délicatement la sauce ainsi obtenue à chaque morceau <strong>de</strong> vian<strong>de</strong>.<br />

Laissez mariner au réfrigérateur pendant au moins une heure. C'est prêt !<br />

Dans les restaurants coréens, un plat légèrement arrondi sert à la cuisson<br />

du bulgogi. Le jus <strong>de</strong> vian<strong>de</strong>, gras, est récolté sur les bords du plat et<br />

continue à cuire jusqu'à <strong>de</strong>venir soli<strong>de</strong> : mélangé au riz, c'est un régal.<br />

Bibimbap<br />

C'est un repas complet servi dans un grand bol. Une julienne multicolore<br />

accompagnée d'un œuf, <strong>de</strong> quelques lamelles <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> et <strong>de</strong> sauce <strong>de</strong><br />

piment rouge, est savamment disposée sur une petite montagne <strong>de</strong> riz<br />

blanc : à chaque convive <strong>de</strong> mélanger le tout au fond <strong>de</strong> son bol ! C'est


116 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />

certes un peu dommage <strong>de</strong> défaire cet<br />

appétissant tableau, mais le<br />

délicieux résultat que vous<br />

obtenez ensuite est à ce prix-là !<br />

Le bibimbap est une<br />

spécialité <strong>de</strong>s provinces <strong>de</strong><br />

Jolla, dans le sud-ouest <strong>de</strong> la<br />

péninsule, célèbres pour leurs<br />

artistes, leur culture et leurs<br />

spécialités régionales. Il existe<br />

certes d'autres endroits en <strong>Corée</strong><br />

où la cuisine est aussi bonne, mais la<br />

gastronomie du Jeollanam-do et du<br />

Jeolla buk-do est <strong>de</strong> loin la plus généreuse au<br />

palais et la plus conviviale.<br />

Le bibimbap vous apporte ce qu'il y a <strong>de</strong> mieux dans la cuisine<br />

coréenne : saveur et équilibre. Peut-être aurez-vous <strong>de</strong>s difficultés à vous<br />

procurer certains ingrédients en <strong>de</strong>hors d'une épicerie orientale. Les<br />

racines <strong>de</strong> campanules (doraji) et les jeunes pousses <strong>de</strong> fougère (gosari)<br />

ne sont pas faciles à trouver si ce n'est sous forme <strong>de</strong>sséchée, auquel cas<br />

il ne vous reste qu'à les plonger dans <strong>de</strong> l'eau avant l'utilisation. Il est<br />

conseillé <strong>de</strong> placer les doraji dans <strong>de</strong> l'eau salée pour les débarrasser <strong>de</strong><br />

leur goût amer.<br />

Vous pouvez ajouter <strong>de</strong>s concombres, <strong>de</strong>s épinards, <strong>de</strong>s carottes, <strong>de</strong>s<br />

daikon (radis géants), du cresson ou tout autre légume qui vous semble<br />

suffisamment bon et coloré.<br />

Après avoir lavé les légumes, découpez-les en julienne et faites-les<br />

revenir séparément dans un peu d'huile. Salez, poivrez. Si vous utilisez<br />

<strong>de</strong>s épinards, faites-les bouillir dans <strong>de</strong> l'eau, et essorez-les avant <strong>de</strong> les<br />

sauter. Pour les concombres, mettez-les au préalable à macérer dans du<br />

sel afin d'en éliminer l'eau. Les légumes à feuille, comme la sala<strong>de</strong>,<br />

seront quant à eux simplement lavés et découpés.<br />

L'œuf, disposé au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>s légumes, peut être servi cru ou au plat.<br />

Passez les lamelles <strong>de</strong> bœuf à la poêle avec <strong>de</strong> l'ail, <strong>de</strong>s oignons verts


émincés, une pincée <strong>de</strong> sucre et quelques gouttes <strong>de</strong> sauce <strong>de</strong> soja.<br />

Il ne vous reste plus qu'à agencer le tout. Tapissez tout d'abord un<br />

grand bol d'une couche <strong>de</strong> riz blanc. Disposez les légumes en étoile,<br />

recouvrez avec la vian<strong>de</strong> puis l'œuf. Mettez <strong>de</strong> la sauce pimentée sur le<br />

bord et servez.<br />

Vos invités, après avoir apprécié vos talents d'artiste, <strong>de</strong>vront donc<br />

mélanger vigoureusement le tout. Un peu d'huile <strong>de</strong> sésame peut être<br />

ajoutée pour parfumer le bibimbap et éviter que ce ne soit trop sec. Bon<br />

appétit !<br />

117 _ Fêtes et gastronomie<br />

Gimbap<br />

Il s'agit plus d'un en-cas que d'un véritable plat. C'est typiquement ce que<br />

les enfants emmènent avec eux pour pique-niquer lors <strong>de</strong>s sorties scolaires.<br />

Comme le bibimbap, il s'agit d'une préparation faite avec un peu <strong>de</strong> tout.<br />

Gimbap signifie algues (gim) et riz cuit (bap) : ce sont les ingrédients<br />

principaux pour la confection <strong>de</strong> ces rouleaux que vous connaissez peutêtre<br />

sous leur nom japonais norimaki. La forme cylindrique du gimbap<br />

est obtenue grâce à une petite natte <strong>de</strong> bambou dans laquelle on dispose<br />

et roule une feuille d'algue, le riz et la garniture. Si vous ne possé<strong>de</strong>z pas<br />

cet ustensile, découpez plusieurs feuilles <strong>de</strong> papier d'aluminium et superposez-les.<br />

Pour préparer la garniture, il vous faut : un danmuji (gros radis ayant<br />

macéré dans du vinaigre), <strong>de</strong> l'huile <strong>de</strong> sésame (ou du vinaigre <strong>de</strong> riz),<br />

<strong>de</strong>ux carottes, <strong>de</strong>s épinards en branche (ou <strong>de</strong>ux concombres), trois œufs,<br />

<strong>de</strong> la vian<strong>de</strong> <strong>de</strong> bœuf hachée (ou un talon <strong>de</strong> jambon, ou du surimi).


118 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />

Commencez par faire bouillir les épinards dans <strong>de</strong> l'eau puis essorezles.<br />

Lavez et découpez les carottes plusieurs fois dans le sens <strong>de</strong> la<br />

longueur <strong>de</strong> façon à obtenir <strong>de</strong> longs filaments que vous cuirez ensuite<br />

très légèrement. Même chose avec le danmuji et les concombres (si vous<br />

n'utilisez pas d'épinards) qui par contre resteront crus. (Si vous préférez<br />

le jambon ou le surimi à la vian<strong>de</strong> <strong>de</strong> bœuf, découpez-les <strong>de</strong> manière à<br />

obtenir <strong>de</strong> fines ban<strong>de</strong>lettes).<br />

Cassez les œufs dans un bol, battez-les et versez-en la moitié dans une<br />

poêle légèrement huilée. Vous <strong>de</strong>vez obtenir une omelette <strong>de</strong> l'épaisseur<br />

d'une crêpe. Cuisez les <strong>de</strong>ux côtés <strong>de</strong> l'omelette puis renouvelez l'opération<br />

avec le reste du bol. Découpez ensuite le tout en longues lamelles.<br />

Versez la vian<strong>de</strong> hachée dans la poêle qui vient <strong>de</strong> vous servir à<br />

préparer l'omelette. Faites-la cuire en y ajoutant du sel et du poivre.<br />

Pendant ce temps, assaisonnez votre riz chaud avec du vinaigre <strong>de</strong> riz<br />

(mo<strong>de</strong> japonaise) ou <strong>de</strong> l'huile <strong>de</strong> sésame. Dans le premier cas, le riz<br />

prendra un goût légèrement sucré, dans l'autre il sera plus parfumé.<br />

Notez que l'huile <strong>de</strong> sésame est un produit relativement cher.<br />

Prenez une feuille <strong>de</strong> gim, débarrassez-la <strong>de</strong>s brisures éventuelles et<br />

disposez-la sur la natte. Étalez sur toute la surface une couche <strong>de</strong> riz d'environ<br />

un centimètre d'épaisseur. Garnissez-en le milieu avec la vian<strong>de</strong><br />

hachée (ou du jambon, ou du surimi), <strong>de</strong>s tranches d'omelette, <strong>de</strong>s<br />

carottes, <strong>de</strong>s lamelles <strong>de</strong> danmuji et <strong>de</strong>s épinards. Pliez la petite natte en<br />

<strong>de</strong>ux en faisant très attention à ce que la garniture reste bien en place.<br />

Pressez à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux mains la base <strong>de</strong> la natte et faites-la rouler entre<br />

vos doigts tout en lui donnant une forme cylindrique. Le riz glutineux<br />

permet <strong>de</strong> maintenir le rouleau <strong>de</strong> façon compacte : il n'y a donc pas <strong>de</strong><br />

risque <strong>de</strong> voir toute la «structure›› se défaire. Répétez l'opération autant<br />

<strong>de</strong> fois qu'il y a <strong>de</strong> gimbap à confectionner.<br />

Pour conclure, un mot sur les <strong>de</strong>sserts en <strong>Corée</strong> : ils sont le plus souvent<br />

absents <strong>de</strong>s repas, sauf quand la saison permet <strong>de</strong> servir <strong>de</strong>s fruits. Il<br />

s'agit alors le plus souvent <strong>de</strong> tranches <strong>de</strong> pommes ou <strong>de</strong> poires.


119 _ Fêtes et gastronomie<br />

Café ou thé ?<br />

Le thé a toujours occupé une place<br />

importante dans la tradition coréenne.<br />

La fameuse cérémonie japonaise du<br />

thé trouverait même ses origines dans le<br />

bouddhisme coréen. Plus tard cependant,<br />

le confucianisme s'est imposé et le<br />

rituel <strong>de</strong> la préparation et <strong>de</strong> la dégustation<br />

du thé vert a été délaissé : on continue<br />

toutefois <strong>de</strong> servir systématiquement<br />

dans les restaurants un thé à base<br />

d'orge grillé appelé bori-cha.<br />

Même si cette tradition s'est perdue,<br />

le thé vert, qui est un stimulant plus fort<br />

que le café, continue d'être apprécié<br />

par bon nombre <strong>de</strong> <strong>Corée</strong>ns. On le sert<br />

dans les dabang (maison <strong>de</strong> thé) où les<br />

gens aiment se retrouver pour discuter,<br />

au calme. Le ssangwha-cha est également<br />

très populaire grâce aux vertus<br />

<strong>de</strong>s plantes qui entrent dans sa<br />

préparation. On y ajoute toujours un<br />

œuf cru avant <strong>de</strong> le servir. Les autres<br />

boissons chau<strong>de</strong>s tonifiantes sont le<br />

thé <strong>de</strong> ginseng (insam-cha), le thé «aux<br />

cinq parfums›› (omija-cha), le thé d'oranges<br />

amères (yuja-cha) et le thé <strong>de</strong><br />

gingembre (saenggang-cha).<br />

Le café est <strong>de</strong>venu très familier <strong>de</strong>s<br />

<strong>Corée</strong>ns qui le dégustent en général<br />

sucré et additionné <strong>de</strong> crème en<br />

poudre. C'est la boisson instantanée<br />

que l'on sert quand on accueille<br />

quelqu'un chez soi, au bureau, etc.<br />

Depuis peu cependant, les <strong>Corée</strong>ns<br />

apprécient les cafés <strong>de</strong> qualité, et les<br />

établissements spécialisés dans ces<br />

produits haut <strong>de</strong> gamme sont aujourd'hui<br />

très nombreux.


120 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />

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