Bonjour de Corée
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50 _ <strong>Bonjour</strong> <strong>de</strong> Corrée<br />
Paik Namjune<br />
(1932~)<br />
De quelle manière regar<strong>de</strong>z-vous votre<br />
poste <strong>de</strong> télévision ?<br />
Cette question, le vidéaste coréen Paik<br />
Namjune la pose à son public <strong>de</strong>puis près <strong>de</strong><br />
trente ans. La plupart <strong>de</strong>s critiques d'art et<br />
<strong>de</strong>s artistes le considèrent comme le pionnier<br />
<strong>de</strong>s arts électroniques et comme l'un <strong>de</strong>s<br />
plus importants créateurs <strong>de</strong> ce siècle.<br />
Le travail <strong>de</strong> Paik Namjune s'attache entre<br />
autres à reconsidérer notre relation à la<br />
télévision. Lors d’une <strong>de</strong> ses premières<br />
expositions, à New-York, en 1965, il permit<br />
au public présent <strong>de</strong> jouer avec les<br />
images d'une télévision grâce à <strong>de</strong>s<br />
aimants géants. Plus tard, il utilisa<br />
d'autres techniques pour déformer<br />
les images retrans-mises pendant<br />
on objectif : détourner l'écran <strong>de</strong><br />
télévision <strong>de</strong> son usage premier et<br />
nous permettre <strong>de</strong> voir «la boîte<br />
sacrée›› du foyer <strong>de</strong> manière<br />
différente.<br />
À propos <strong>de</strong> sacré, Paik<br />
Namjune n'a jamais hésité à le<br />
malmener : dans les années<br />
1950, alors qu'il étudiait la<br />
musique en Allemagne, il joua sur<br />
un piano dit «préparé›› qu'il avait<br />
recouvert <strong>de</strong> toutes sortes d'objets (pendules,<br />
objets ménagers...). Il lui est également<br />
arrivé <strong>de</strong> transformer son piano pour en tirer<br />
<strong>de</strong>s sons différents et tenter <strong>de</strong> montrer<br />
l’importance <strong>de</strong> l’improvisation. Il s'agissait<br />
aussi <strong>de</strong> provoquer l’audience et la faire réagir.<br />
Avant <strong>de</strong> s'établir aux États-Unis, il participa<br />
à la création du groupe avant-gardiste<br />
Fluxus, un <strong>de</strong>s mouvements décidés à «sortir<br />
l'art <strong>de</strong>s musées›› et à en faire le quotidien<br />
<strong>de</strong>s gens grâce à <strong>de</strong>s expériences sur certains<br />
matériaux et à <strong>de</strong>s techniques nouvelles.<br />
Paik Namjune décida alors <strong>de</strong> se consacrer<br />
essentiellement à l'art vidéo. Dans les années<br />
1970, il mit au point avec Shuya Abe un moniteur<br />
vidéo, branché sur <strong>de</strong>s générateurs <strong>de</strong><br />
fréquences, qui donnait <strong>de</strong>s images<br />
abstraites en fonction <strong>de</strong>s sons produits. Lors<br />
<strong>de</strong> la première exposition, l'appareil diffusa<br />
<strong>de</strong>s zébrures et <strong>de</strong>s striures multicolores au<br />
rythme d'une chanson <strong>de</strong>s Beatles. Fasciné<br />
par les possibilités offertes par la vidéo, Paik<br />
Namjune annonça un jour que l'écran <strong>de</strong><br />
télévision remplacerait tôt ou tard la toile <strong>de</strong>s<br />
peintres.<br />
Pour que cette prédiction s'accomplisse,<br />
l'artiste coréen se lança dans <strong>de</strong>s projets<br />
<strong>de</strong> plus en plus importants, <strong>de</strong> plus<br />
en plus élaborés. Après V-ramid (1982)<br />
et Tricolor vi<strong>de</strong>o (1982), Paik<br />
Namjune réalisa en 1984 Good morning<br />
Mr. Orwell , la première émission<br />
interactive retransmise en direct par<br />
satellite. Dans ce programme <strong>de</strong><br />
néo-télévision, le vidéaste<br />
s'adressait aux artistes du<br />
mon<strong>de</strong> entier, les invitant à se<br />
joindre à ce qu'il appelait le<br />
« Global Groove ››. À l'occasion<br />
<strong>de</strong>s Jeux olympiques <strong>de</strong><br />
Séoul, en 1988, il construisit<br />
un assemblage <strong>de</strong> plus <strong>de</strong><br />
mille écrans <strong>de</strong> télévision<br />
<strong>de</strong> toutes tailles, une<br />
sculpture vidéo qu'il baptisa<br />
The More the Better.<br />
À soixante ans passés, Paik<br />
Namjune est <strong>de</strong>venu ce qu'on appelle<br />
parfois un citoyen du mon<strong>de</strong>. Formé à Tokyo<br />
et à Munich, il travaille aujourd’hui aux États-<br />
Unis et ses installations vidéo peuvent être<br />
appréciées dans les plus gran<strong>de</strong>s villes. Ses<br />
voyages et ses expériences continuent <strong>de</strong> lui<br />
donner une vision unique <strong>de</strong> notre mon<strong>de</strong>.<br />
Mieux encore, Paik Namjune, à travers ses<br />
œuvres, nous transmet une image différente<br />
<strong>de</strong>s autres et <strong>de</strong> nous-mêmes. Ce précurseur<br />
et infatigable créateur n'a pas fini <strong>de</strong> faire<br />
parler <strong>de</strong> lui : ses yeux et ses écrans continuent<br />
d'être braqués sur le futur.