UIT EN THUIS AMICALEMENT VOTRE

courage de lire mon discours de fin de carrière, le jour de mon départ.
(Partiellement, sinon il aurait duré quarante cinq minutes.)
Est‐ce le signe d’un changement favorable dans les mœurs du temps : il ne
me fut adressé jusqu’ici, à propos dudit laïus, qu’une unique réponse,
épistolaire, détractrice, pamphlétaire, courte (dans tous les sens du terme),
inexacte, réductrice, simpliste, et, injuste. Heureusement que je n’ai récolté
par ailleurs que des réactions enthousiastes et spontanées du côté
francophone et des réactions allant de la neutralité à l’admiration du côté
flamand, sans la moindre remarque négative venant de ces derniers. Les
Flamands, par conséquent, ne s’étaient pas senti visés en tant que tels par
mon texte, et ils ne l’étaient pas non plus ; mais je craignais qu’ils ne se
sentissent blessés quand même, malgré tous mes efforts pour bien
m’exprimer. Bien s’exprimer ne suffit pas encore pour être bien compris !
N’est‐ ce pas ?
Cependant, s’il est vrai que j’ai connu beaucoup de souffrances à M, j’y ai
connu beaucoup de joies aussi. À cause de la chance formidable de pouvoir
travailler au même endroit pendant toute une carrière, en contact avec un
grand nombre de mes semblables, avec, parmi eux, ceux qui sont plus
humains que les autres : les malades. Il ne faut pas oublier non plus que ces
derniers déteignent sur les bien portants ; j’ai donc eu la chance et la joie de
travailler dans un paradis d’humanité.
Cerise sur le gâteau : mon ancien chef de service, un des fils (à la hauteur
du père) du vénéré et regretté fondateur de la clinique, le docteur Charles
Joseph Ketelaer, m’a adressé une lettre d’éloges (exagérés) qu’il a introduite
par un « Cher Yvon ».
Jubilation ! Maintenant vous comprenez pourquoi j’ai intitulé ainsi les
présentes effusions et réflexions. Et ce substantif convient pour exprimer
l’état dans lequel je suis. D’autre part, les Espagnols emploient ce mot pour
dire : pension.
Yvon. Octobre 2007.
IMSO 2008/2 42