&Armées
&Arm;ées - Ãcole du Val-de-Grâce
&Arm;ées - Ãcole du Val-de-Grâce
- No tags were found...
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
Embarquement des blessés dans le train sanitaire.<br />
De fait, il faudra attendre la succession des désastres<br />
sanitaires (en contraste saisissant, à la même époque,<br />
avec l'envolée des progrès techniques majeurs<br />
auxquels la médecine et la chirurgie militaires apportent<br />
une contribution exemplaire) que seront les campagnes<br />
de Crimée , d'Italie puis de France en 1871, pour<br />
que les réformes profondes de 1882 puis de 1889,<br />
tirant les enseignements de ces évènements, accordent<br />
l'autonomie technique puis administrative au Service<br />
de santé, l'exonérant enfin de la tutelle de l'Intendance<br />
et libérant son propre potentiel d'innovation et<br />
de réalisation.<br />
IV. LE XX E SIÈCLE ET LA RECONNAISSANCE<br />
DES BESOINS DU SOUTIEN SANITAIRE.<br />
Bégin, Gama, Keraudren, entre autres, seront autant<br />
d’artisans farouches de cette autonomie qui permettra<br />
au Service de santé d'aborder la Grande guerre avec les<br />
capacités techniques de qualité dont il a pu se doter grâce<br />
à cette toute jeune liberté décisionnelle.<br />
Seule ombre au tableau, mais majeure, l'inadaptation<br />
totale aux conditions de la guerre qui s'engage, du<br />
règlement d'emploi du soutien sanitaire de 1910.<br />
Delorme, homme intègre et rigoureux, qui en fut<br />
largement l'inspirateur, a reconnu avec une très grande<br />
honnêteté son inadéquation dès la fin de 1914.<br />
Ce règlement privilégiait l'évacuation systématique<br />
avant traitement des blessés transportables, les autres<br />
étant considérés comme « inévacuables », soit parce<br />
que trop gravement atteints pour supporter un transport,<br />
ils mourront alors au poste de secours central, soit parce<br />
que leur état était estimé pouvoir relever de moyens<br />
thérapeutiques limités, disponibles sur place. Pour les<br />
« transportables », le traitement s'effectuera loin du<br />
front: on emballe, on étiquette et on expédie au loin, sans<br />
surveillance. C'est ainsi que l'on aboutit à ce qui fut<br />
qualifié de « Charleroi sanitaire ».<br />
Heureusement, la leçon porte aussitôt : il faut traiter les<br />
blessés, et d'abord les plus graves, le plus précocement<br />
possible. Un tri est donc indispensable conduisant à<br />
conserver les blessés les plus atteints dans les hôpitaux<br />
les plus avancés et permettant d'évacuer plus loin les<br />
blessés dont on jugeait que l'état permettait l'attente<br />
de la durée du transport. On conserve au maximum<br />
les blessés en zone d'armée. Seuls ceux qui ne peuvent<br />
récupérer rapidement, et ils sont légion, sont envoyés<br />
dans les hôpitaux de l'intérieur, hôpitaux militaires<br />
d'infrastructure ou hôpitaux complémentaires créés<br />
pour la guerre.<br />
Le triage médico-chirurgical venait de naître et d’emblée<br />
il s’impose. Il sera adopté par toutes les armées, avec<br />
des modulations dans ses modalités, mais toujours<br />
conçu comme un acte de diagnostic médical majeur<br />
et difficile, aboutissant à une catégorisation des<br />
blessés en fonction du degré d’urgence du traitement<br />
chirurgical qui détermine la priorité du traitement et<br />
celle de l'évacuation.<br />
Il offre également un moment privilégié pour compléter<br />
la mise en condition de survie réalisée au premier échelon<br />
et effectuer les gestes chirurgicaux salvateurs, rapides<br />
et déterminants.<br />
Il va permettre d’adapter aux circonstances et aux choix<br />
tactiques, les moyens de soutien médical à déployer<br />
dans la zone des combats en les échelonnant dans la<br />
profondeur avec rigueur, qu’ils soient destinés au<br />
traitement ou aux évacuations sanitaires.<br />
Outre l'optimisation du dispositif de soutien, il apporte<br />
enfin l'assurance aux blessés d’être pris en charge dans<br />
les meilleures conditions.<br />
Ce concept de triage deviendra une caractéristique<br />
majeure du soutien sanitaire des forces en opérations et<br />
ce n'est pas l'effet du hasard si cet esprit se retrouve,<br />
aujourd'hui, dans la pratique civile des services d'aide<br />
le service de santé des armées au centre du champ de bataille<br />
415