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&Arm;ées - École du Val-de-Grâce

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Hôpital d’instruction des armées Sainte-Anne.<br />

qui en viendra à bout : la dégradation financière du<br />

Royaume. L'Ordonnance du 22 juillet 1788 dispose dans<br />

son article premier : « À dater du premier du mois de<br />

janvier prochain, l'ancienne administration des<br />

hôpitaux, désignés sous les noms d'hôpitaux militaires<br />

sera et demeurera supprimée. » Mais la Révolution<br />

proche empêchera une exécution complète de cette<br />

mesure. Toutefois, il faudra attendre la première<br />

Restauration et une Ordonnance du 25 novembre 1814<br />

pour enlever aux hôpitaux de charité la charge du<br />

traitement des militaires.<br />

Au terme de cette très longue période au cours de laquelle<br />

l'hôpital est essentiellement religieux, interrogeons-nous<br />

sur la triangulation « Homme/Temps/Espace » et nous<br />

remarquons qu'elle s'établit de la façon suivante:<br />

– l’Homme est dominé corps et âme par le clergé, le corps<br />

doit souffrir pour assurer à l'âme le salut éternel;<br />

– le Temps est rythmé par le découpage chrétien, prièreoffice-communion-actions<br />

de grâces… constituant<br />

autant de temps forts de la vie hospitalière;<br />

– l’Espace est divisé en intra et extra-hospitalier. À<br />

l'extérieur, au domicile des malades, règnent les<br />

inciseurs, sorciers, rebouteux et ceux que l'on appelle les<br />

barbiers, ancêtres des chirurgiens. Le médecin formé à<br />

l'université demeure un théoricien détaché de toute<br />

pratique. À l'intérieur, l'État contrôle l'administration,<br />

vérifie les recettes et les dépenses et s'assure de la qualité<br />

de la population recluse, abandonnant à l'église les soins<br />

des âmes et du corps.<br />

Notons enfin que durant cette période l'architecture<br />

hospitalière est marquée par l'eau, élément indispensable<br />

pour faire fonctionner les établissements recevant<br />

pauvres et malades. La proximité des fleuves ou des<br />

sources était indispensable pour le nettoyage et le lavage<br />

de ces établissements hébergeant pauvres, malades et<br />

indigents et où fièvres et parasites de toutes sortes<br />

proliféraient et se propageaient.<br />

IV. L'AVÈNEMENT D'UN HÔPITAL LAÏC DE<br />

PLUS EN PLUS MÉDICALISÉ.<br />

Le siècle des Lumières marque la fin de l'ancien régime<br />

et sa philosophie influence fortement l'opinion publique<br />

qui s'ouvre aux réalités sociales, à la liberté, à l'égalité et<br />

à la fraternité. La foi en l'homme est forte, le pouvoir ne<br />

vient plus du Roi représentant Dieu sur terre, mais de la<br />

Nation émanation du citoyen. Une nouvelle conception<br />

naît avec l'esprit des Lumières, la société crée la misère,<br />

elle en est donc redevable envers l'individu. Nous<br />

assistons au passage d'une politique de charité à une<br />

politique de prévoyance. Les hôpitaux passent ainsi<br />

lentement d'une exigence de charité à une obligation<br />

d'assistance. Cependant, jusqu'à la III e République, les<br />

conceptions de l'ancien régime demeurent prégnantes et<br />

c'est ainsi qu'à titre d'exemple, les hôpitaux conservent<br />

leur appellation « d'établissements de bienfaisance ».<br />

Ces idéaux révolutionnaires sont repris dans les<br />

cahiers de doléances en 1789 et adoptés dans un plan<br />

d'ensemble de réformes sociales présenté par le comité<br />

de mendicité de l'Assemblée Constituante présidée par<br />

La Rochefoucault-Liancourt. Les rapports qui y sont<br />

présentés en 1790 et 1791 remplacent la charité par<br />

l'assistance et considèrent comme nécessaire la<br />

nationalisation de tous les biens hospitaliers. L'assistance<br />

ne doit pas relever de la charité privée ni de l'aumône, elle<br />

est un devoir de la société envers les indigents. L'ordre<br />

social est détruit, les congrégations religieuses dissoutes<br />

et les privilèges abolis : c'est la « grande peur » sur<br />

l'ensemble du pays.<br />

Pour les hôpitaux, les moyens financiers relevaient<br />

jusqu'alors essentiellement de la charité privée constituée<br />

par des rentes, dons, aumônes, que l'on désignait sous<br />

l'ancien régime par l'expression de la « comptabilité de<br />

l'au-delà ». Les moyens humains étaient fournis en<br />

très grande majorité par l'Église. Aussi, la mutation de<br />

l'hôpital religieux vers l'hôpital laïc est-elle vécue<br />

de façon dramatique, car les établissements manquent<br />

cruellement de tout: moyens financiers et humains.<br />

Les caisses de l'État sont vides et le gouvernement<br />

révolutionnaire proclame alors le principe de la<br />

responsabilité communale. Il appartient désormais<br />

à chacune des communes françaises de prendre en<br />

charge sa propre misère et de gérer ses établissements<br />

de bienfaisance. Cette mesure ne connaît pas plus<br />

de résultat, les caisses des communes n'étant pas plus<br />

remplies que celles de l'État.<br />

Napoléon Bonaparte, en devenant le sauveur de la Patrie,<br />

renfloue les caisses avec l'argent pris à l'étranger et<br />

engage une politique de centralisation des pouvoirs.<br />

Dorénavant, les médecins sont nommés par le ministre de<br />

l'Intérieur. Le XIX e siècle, qui débute avec une volonté de<br />

paix exacerbée par les années de trouble, voit Napoléon<br />

reprendre les œuvres de la Révolution avec plus d'autorité<br />

et de contrôle. La toute puissance de l'Église est maîtrisée<br />

par la signature du concordat avec Pie VII autorisant,<br />

notamment, le retour des religieuses dans les structures<br />

hospitalières. L'enseignement médical devient<br />

le service de santé des armées et l’évolution du concept hospitalier en france<br />

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