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NIMBUS OUI, LA CHAISE ELECTRI<strong>QUE</strong> EST PRÉFÉRABLE AU SURMENAGE a prison d'Atmore, on Alabama, a reçu pour le mois d'avril un compte d'électricité plus élevé que d'habitude. C'est que le samedi 23 avril, il a fallu trois décharges de 1900 volts pour griller un condamné particulièrement coriace, John Lewis Evans. Pourtant, comme tous les condamnés, John Lewis Evans aimait bien sa mère. La chaise électrique a tout de même prouvé que c'était un dur à cuire. Normalement, il~n'aurait fallu qu'une seule décharge pour venir à bout du condamné ; 1900 volts, c'est plus de 8 poêles électriques en même temps, c'est presque trois fois ce qu'il faut pour faire rouler le métro. Après 30 secondes de ce traitement (prenez votre montre et calculez 30 secondes à 1900 volts), le type était toujours vivant : c'est l'électrode placée sur la jambe gauche qui avait flanché. Je connais un électricien qui va se faire parler ! Alors, nouvelle décharge ! Même force, même durée. Le type vivait-il toujours ? Nuance. Les médecins de service, qui sont sans doute là pour la beauté du geste, ont dit que «le condamné n'avait pas encore cessé de vivre». Est-on vivant quand on n'a pas encore «cessé de vivre» ? Peut-être que oui. Pour ne pas prendre de chance, l'avocat du condamné a fait suspendre l'exécution et a téléphoné au gouverneur de I'Alabama, George Wallace. George a refusé d'intervenir, dit la dépêche qui ne précise pas s'il s'est fait venir un bassin d'eau et une serviette. Pendant ce temps-là, l'exécution n'était que suspendue et le type qui n'avait pas «cessé de vivre» attendait sur sa chaise. Apparemment il n'a pas dit un mot et, raisonnable, n'a pas demandé de fraises pour dessert. Il fallut donc une troisième décharge. Encore 1900 volts pendant 30 secondes. L'éclairage de la prison a dû vaciller une troisième fois. C'était la bonne. Les médecins, dont on ne saurait se passer, ont constaté le décès. Cette histoire pourrait jeter un doute sur l'efficacité de la chaise électrique. Pourtant, ce serait juger un peu vite. Selon Ron Tate, porte-parole du service des pénitenciers de l'État de l'Alabama, «l'autopsie permettra peut-être de constater qu'Evans est particulièrement fort. C'est peut-être comme la tolérance à l'alcool». Les résultats de l'autopsie n'ont pas été rendus publics, à ce qu'on sache. On aurait aimé savoir si Evans était particulièrement fort. Sa mère va dire que oui, mais ce n'est pas très scientifique. La chaise électrique, elle, a été mise hors de cause par Ron Tate. «A première vue, a dit Ron, je ne pense pas que la chaise ait un défaut. Certains peuvent être saouls après seulement un verre. Pour d'autres, il leur faut toute la bouteille.» Pour Evans, il aurait pu dire «toute la caisse». Je pensais vous arriver avec des nouvelles fraîches sur cette chaise électrique, car une nouvelle exécution devait avoir lieu le 13 mai. Cette fois, ce devait être le tour du complice d'Evans. Nous sommes le 16 mai (au moment où j'écris ces lignes) et on est sans nouvelles de la prison d'Atmore. Que se passe-t-il ? L'autopsie aurait-elle révélé qu'Evans est mort de peur ? La chaise électrique est-elle en question ? A-t-on découvert une nouvelle méthode à base de microondes ? Le public a le droit de savoir ! Bientôt, d'ailleurs, on en saura plus sur la mort du Christ que sur la chaise électrique. Une dépêche de Vienne, cellelà, nous apprenait récemment que «Jésus-Christ a succombé à des difficultés circulatoires, à des pertes de sang et de lymphe dues à des blessures, ainsi qu'à un état de choc irrémédiable consécutif à son surmenage psychique». Voilà où conduit le surmenage ! Selon les savants de Vienne, «le supplice de la croix est un processus complexe aboutissant à un état de choc irréversible». Vous avez bien lu «irréversible». Pas besoin de crucifier trois fois ! Pas question de remettre en cause le clou du pied gauche ou de s'interroger sur la qualité du bois. Surmenage et choc irréversible ! Peut-être la croix est-elle plus sûre que l'électricité ? Peut-être. Mais c'est plus barbare. D'abord parce que c'était dans l'ancien temps, ensuite parce qu'aujourd'hui des médecins assistent à l'exécution et donnent leur opinion. Sans elle, l'exécution d'Atmore n'aurait pas été la même. Jésus est mort entouré de soldats et non de médecins. Sombre époque ! CLU6 E£) JEUNESSE Circuits pour tous Liberté d'action compagnie agréab; dépenses partagé' demandez notre broçf)! chez votre Club Voyàgi ou au Club Jeunesse 1 RELANCE i| Détenteur d'un permis du Québec CROC <strong>NUMÉRO</strong> <strong>47</strong>
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