C'EST PAS PARCE QU'ON RIT QUE C'EST DRÔLE MENSUEL NUMÉRO 47 2,50$

enfants de bleu de méthylène. Juste pour
dire, han ? jusqu'où le patriotisme peut
nous inspirer parfois.
Le soir, les fêtes de rues, au son des
haut-parleurs un peu fêlés qui rappellent
les vieux violons, feront danser les vieux et
rire les jeunes, pendant que sur la montagne,
essoufflés de s'être rendus à pied avec
de la bière, des chips et des fanions en
masse, les gens s'écraseront pour écouter
chanter notre fierté de peuple dynamique.
À Québec, ce sera sur les Plaines d'Abraham,
mais comme les fonctionnaires ne
sont pas habitués à marcher le monde sera
tout aussi délicieusement épuisé et lâché
lousse.
Et la nuit se poursuivra sur l'écho des
«Bonne Fête Québécois» que, dans une
lancée d'amour, les patriotes revigorés
d'avoir retrouvé leur identité dans une Mol
s'échangeront.
EN PROVINCE
Le même scénario se déroulera en province
mais en plus petit et plus terroir. Le
costume de vieux colon remplacera la
cape en drapeau du Québec, les hautparleurs
seront juste un petit peu plus fêlés
et les artistes locaux remplaceront les
Vigneault et Plume qui seront québécois
en ville. Le folklore remplacera les tounes
de Michael Jackson pour la danse, mais
c'est pas grave pour les jeunes de la
campagne puisqu'ils seront tous en ville.
AILLEURS
Plusieurs compatriotes dans le Maine en
profiteront pour faire un feu de camp
illégal sur le bord de l'eau ou bien feront
comme si de rien n'était À Paris, les Québécois
se réuniront à la Délégation pour
prendre l'apéro, puis se disperseront dans
les bistros. À Provincetown, ce sera une
raison de plus pour fraterniser.
ET MOI
Et moi, je ne sais pas encore trop trop où
je fêterai ni avec qui. Mais j'ai pas peur.
Parce que ce jour-là, c'est le seul de
l'année où je peux aborder et embrasser
un frère de nationalité sans que par hasard
il me tourne le dos aussitôt...
I sexe i
Mes excuses, messieurs lecteurs, mais
cette crocnique s'adresse exclusivement
aux femmes.
Mesdames, je viens vous assurer que la
sexualité est en plein essor dans les banlieues.
Il s'agit de connaître quelques simples
règles d'étiquette pour vivre une
sexualité turgescente au sein d'une banlieue
tranquille.
Mais attention, en banlieue, tout se saitou
s'apprend. Vous voulez couvrir de
honte votre famille ? Que votre mari sache
que vous faites entrer le vendeur pour
vraiment acheter des brosses ? Vous aimeriez
qu'on agace vos enfants parce que
vous ne savez pas baiser? Surtout pas.
Donc, il faut faire ça avec de la classe.
Premièrement, le port d'une robe de
maison est à déconseiller. Pensez au jeune
homme qui vient lire le compteur à gaz, aux
techniciens du Bell, du câble, de l'Hydro,
aux colporteurs d'encyclopédies, d'assurances
et de vitamines... Choisissez plutôt
une tenue dans laquelle vous serez à l'aise,
un p'tit rien, dans une couleur qui vous
convient.
C'est gentil d'ouvrir la porte en déshabillé
noir transparent, mais attention, mesdames,
un peu de classe, de la discrétion
dans vos paroles. Il ne faut jamais accueillir
le laitier en disant, mettons : «Salut ! Beaublanc,
fveux de la crème.» Versez-lui plutôt
une bonne rasade de Scotch en placotant
de l'avenir économique de l'industrie laitière
au Québec. Il comprendra tout de
suite. En banlieue, seules les relations
sexuelles avec son propre conjoint ou
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avec la dame Avon sont considérées anormales.
La femme de banlieue peut même se
libérer entièrement du ménage et de la
préparation des repas. Le truc : la synchronisation.
Recevez le vendeur d'aspirateurs dans
la matinée. Vous lui demandez une démonstration...
«Ah oui? Est-ce que ça
passe là, dans le coin... ?» Ne lui dites pas
que l'aspirateur suce mieux que lui, et
n'achetez jamais. Avec un bon système de
vendeurs (et /en a quatre marques) votre
maison sera toujours propre. Pour le dîner,
le vendeur de chaudrons se fera un plaisir
de vous démontrer que sa poêle à omelettes
ne colle pas. Vous voulez du dessert ?
Dites : «Et ça, pour les gâteaux, comment
on fait ?» Plus tard, faites faire l'époussetage
et la salle de bains par le vendeur de
brosses. Voilà, vous avez dîné, le ménage
est fait. Rien de plus simple.
Vous vous ennuyez seule? Va une
façon de rencontrer, chez vous, des tas de
gens intéressants... Surchauffez les éléments
du poêle et appelez l'électricien.
Votre plombier vous est tombé dans l'oeil ?
Échappez une fourchette dans le renvoi
d'eau. Vous voulez l'inspecteur municipal ?
Un bon coup de pelle sur la conduite d'eau
principale (d'habitude, c'est au milieu de
votre parterre). Ce messieurs se feront un
plaisir de vous rendre service. Regardez
dans les pages jaunes tous les commerces
qui font des estimations à domicile... et ça
vous engage à rien, hein ?
À noter que les facteurs sont des fonctionnaires,
donc ils n'aiment pas travailler
fort à quoi que ce soit... Mais il vous reste
beaucoup d'autres occasions... Soyez persévérante
; rappelez souvent la même compagnie
jusqu'à ce qu'ils envoient quelqu'un
qui vous plaît.
Bientôt, ça ne vous dérangera plus que
votre mari rentre si tard tous les soirs.
Vous serez une femme comblée, vivant
pleinement les joies de la banlieue.