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VII - Neapolitan Drawings 1550-1800 - Marty deCambiaire

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6<br />

ANIELLO FALCONE<br />

Naples 1607 – 1665<br />

Étude de soldat (recto) ; Soldat penché en avant (verso)<br />

Pierre noire<br />

320 x 235 mm (12 5 /8 x 9 1 /4 in.)<br />

PROVENANCE<br />

Yvonne Tan Bunzl, Londres<br />

Collection privée, Paris<br />

Anciennement dans une collection privée, le dessin<br />

avait été attribué à Andrea De Leone ou De Lione<br />

(1610-1685) sur la base d’un rapprochement entre le<br />

soldat esquissé au verso de la feuille et une figure<br />

peinte au centre de la Rencontre entre les cavaliers<br />

chrétiens et les Turcs (fig. 1), autrefois sur le marché<br />

de l’art italien 1 .<br />

Si le style du tableau, d’autant que l’on peut en juger<br />

par la photographie, est en effet typique des peintures<br />

de bataille d’Andrea vers 1645, on ne peut en dire<br />

autant du dessin. Son trait est plus délicat et moins<br />

anguleux que celui de toutes les feuilles sûres du<br />

maître. D’autre part, le dessin en question, par ses<br />

différences dans l’habillement et dans la pose du<br />

personnage, ne peut être relié avec certitude à la toile<br />

seule : le soldat soulève un carquois au lieu de traîner<br />

un cadavre par le bras, sa tête est complètement<br />

penchée vers l’avant, ses jambes sont bottées plutôt<br />

que nues et chaussées de sandales à l’antique.<br />

Il s’agit plus probablement de l’étude d’une pose<br />

observée d’après nature, puis épurée, qui, avec des<br />

modifications possibles, se retrouve facilement dans<br />

plusieurs scènes de guerre peintes par Andrea De<br />

Leone comme par Aniello Falcone.<br />

Bien qu’Andrea ait été un peintre de bataille prolifique,<br />

il n’existe pas, en tout cas jusqu’à présent,<br />

d’études dessinées de soldats comparables et peu<br />

d’exemples de dessins à la pierre noire, technique peu<br />

employée par l’artiste 2 , qui utilise plutôt la sanguine<br />

et l’encre, éventuellement enrichie d’aquarelle.<br />

Dans le sillage de Ribera en effet, la sanguine fut très<br />

utilisée, par Falcone notamment et par Andrea, qui<br />

à peine plus jeune devient certainement son élève<br />

vers 1630, après son apprentissage dans l’entourage<br />

de Belisario Corenzio, suivant l’exemple de son frère<br />

Onofrio De Leone (né vers 1608).<br />

Le nom de Falcone n’est donc pas ici évoqué par<br />

hasard. Son rôle fut décisif dans la production des<br />

tableaux de bataille d’Andrea, devenu son véritable<br />

associé d’affaires après avoir été son élève. En outre,<br />

le trait délicat mais précis et incisé qui délimite<br />

sans interruption les contours de la silhouette du<br />

soldat, le dessin des mains et surtout du visage, dont<br />

l’expression est fixée dans un cri, rappelle l’œuvre<br />

aux accents classicisants caractéristique de la pleine<br />

maturité d’Aniello, alors que le naturalisme recule<br />

sous l’influence du Bolonais Domenichino, actif à<br />

Naples pendant près d’une décennie.<br />

Le lien entre le verso de l’Étude de soldat avec la<br />

toile d’Andrea De Leone citée au début s’explique<br />

donc par l’étroite relation entre les deux maîtres, qui<br />

avaient l’habitude d’échanger dessins et cartons dans<br />

le contexte de leur atelier commun. On peut citer à<br />

titre de modèle l’Étude d’un Turc à cheval et deux<br />

autres études de buste du même (Londres, collection<br />

Dr. M. Phelan), extraordinaire et indiscutable<br />

exemple graphique d’Aniello, qui ne semble pas<br />

avoir été transcrit sur la toile, mais que l’on retrouve<br />

pourtant, avec des variantes minimes, sur le côté droit<br />

et au second plan de la Bataille entre les chrétiens et<br />

les Turcs du musée du Louvre, signée « Andrea de<br />

Lione f./1641 », époque de la pleine convergence<br />

stylistique avec Aniello 3 .<br />

Bien qu’aucune œuvre à la pierre noire ne puisse être<br />

apportée à titre de comparaison, la manière du dessin<br />

présente de toute façon de nombreux parallèles qui<br />

permettent de l’attribuer à « L’Oracle des batailles ».<br />

La tête de l’homme d’armes rappelle celles de la belle<br />

Étude de deux têtes de soldats dialoguant (Stuttgart,<br />

Staatsgalerie, Sammlung König Fachsenfeld, inv. n o II,<br />

1968), publiée par Vitzthum 4 , qui ne l’avait pas reliée<br />

18<br />

DESSINS NAPOLITAINS

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