VII - Neapolitan Drawings 1550-1800 - Marty deCambiaire
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MATTIA PRETI<br />
Taverna 1613 – La Valette 1699<br />
Études de figures pour un plafond (recto) ; Études de figures (verso)<br />
Sanguine et lavis de sanguine<br />
228 x 198 mm (9 x 7 3 /4 in.)<br />
L’usage de la sanguine et du lavis de sanguine<br />
est typique de Mattia Preti, artiste de première<br />
importance pour la ville de Naples bien qu’il n’y<br />
travaille réellement que de 1653 à 1660. Après un<br />
premier apprentissage auprès de Caracciolo, l’artiste<br />
se rend en effet à Rome, où il reste à peu près vingttrois<br />
ans et reçoit le titre de Cavaliere par Urbain <strong>VII</strong>I.<br />
En 1651-1652, il peint le dôme de Modène puis se<br />
rend à Naples où il est influencé par Luca Giordano.<br />
Après un bref séjour à Rome, il s’établit à Malte, où il<br />
travaille et demeure jusqu’à sa mort.<br />
Nous n’avons pas réussi à identifier le sujet. Sur le<br />
recto, une figure, retenue en arrière par une sorte<br />
de chimère, semble approcher la paire d’ailes d’une<br />
autre figure assise et tenant une trompette. L’usage de<br />
Verso<br />
ces personnages vus da sotto in su, resserrés autour<br />
d’une scène centrale, à la gestuelle éloquente mais à<br />
l’expression douce, reste bien sûr inspiré par Corrège<br />
et son Assomption de la Vierge dans le Duomo<br />
de Parme (1526-1530). Corrège dessinateur était<br />
d’ailleurs lui aussi très adepte de la sanguine.<br />
Un personnage assis, renversé, au verso de notre<br />
dessin rappelle un ange utilisé à deux reprises par<br />
l’artiste dans son décor pour Saint-Jean de La Valette, à<br />
Malte (1660). Bien qu’il ne s’agisse pas à proprement<br />
parler d’une étude préparatoire à cette figure d’ange,<br />
la proximité de postures, le style très libre, très rapide<br />
du dessin pourraient confirmer la datation de la feuille<br />
vers les années 1660. Les feuilles de cette époque,<br />
comme une Figure féminine sur son char tiré par deux<br />
chevaux (collection Ferretti, Toronto), préparatoire pour<br />
la chambre de l’air du palais Pamphilj de Valmontone<br />
à Rome, ou une Vénus contemplant le corps d’Adonis<br />
mort (collection privée), démontrent les mêmes<br />
qualités. Mais des dessins plus tôt, comme ceux qui<br />
sont préparatoires à la coupole de Modène, ont déjà<br />
cette manière synthétique et brillante d’évoquer la<br />
forme et le volume simplement par du lavis souligné<br />
de quelques traits de sanguine évocateurs 1 . C’est<br />
aussi une manière qui sera utilisée avec succès par le<br />
dessinateur protéiforme que fut Giordano – mais plutôt<br />
avec la pierre noire et le lavis brun –, les deux artistes<br />
s’influençant mutuellement lors du séjour de Preti à<br />
Naples. Ce dernier aurait même dit, selon Bernardo<br />
De Dominici, que Preti détenait la « vraie manière de<br />
dessiner, par l’exactitude de ses contours parfaits, et<br />
pour la parfaite compréhension du clair-obscur 2 ».<br />
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DESSINS NAPOLITAINS