VII - Neapolitan Drawings 1550-1800 - Marty deCambiaire
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CORRADO GIAQUINTO<br />
Molfetta 1703 – Naples 1765<br />
Vierge en gloire entre saint Luc et saint Jean-Baptiste<br />
Plume et encre brune lavis gris sur traits de pierre noire<br />
256 x 188 mm (10 1 /8 x 7 7 /16 in.)<br />
PROVENANCE<br />
Collection privée, Londres<br />
BIBLIOGRAPHIE<br />
Atti del convegno di studi su Corrado Giaquinto,<br />
Molfetta, 3-5 janvier 1969, fig. 11<br />
Yvonne Tan Bunzl, Old Master <strong>Drawings</strong>, 11-29 mars<br />
1969, n° 21<br />
« L’un des plus élégants dessinateurs de l’école<br />
napolitaine », selon Walter Vitzthum, Corrado<br />
Giaquinto fut l’élève de Francesco Solimena dont il<br />
retint parfaitement la leçon, avant de mener une belle<br />
carrière à Turin (1733 et 1735), à Rome, où il établit<br />
son atelier et devient le professeur des jeunes artistes<br />
espagnols, puis en Espagne (1753-1762), où il cumule<br />
les fonctions de premier peintre du roi, directeur<br />
de l’académie de San Fernando et directeur de la<br />
Manufacture royale de tapisseries de Santa Barbara.<br />
Quatre ans avant sa mort, il laisse derrière lui ses<br />
œuvres les plus impressionnantes, celles du Palais<br />
royal et retourne enfin à Naples.<br />
Typique de la graphie de l’artiste, à la fois vigoureuse<br />
et fluide, d’une grande élégance, cette feuille rappelle<br />
celles qui sont conservées au Museo di San Martino<br />
et à la bibliothèque du Palais royal de Madrid, qui<br />
sont préparatoires à des sculptures pour ce palais.<br />
Pour le sujet, on peut la comparer avec une Sainte<br />
Famille du Museo di San Martino, datant également<br />
de la période espagnole. Toutes ces feuilles présentent<br />
la même schématisation légèrement anguleuse des<br />
formes humaines, qui n’enlève rien à la grâce du<br />
dessin. Leurs personnages ont les yeux en amande, et<br />
Giaquinto utilise avec fluidité le lavis gris qui permet<br />
d’exploiter la lumière. Surtout, l’artiste s’est débarrassé<br />
de petites fioritures qui provenaient de l’influence<br />
romaine de Trevisani par exemple pour se concentrer<br />
sur la forme, le volume, l’efficacité conjointe de la<br />
ligne et de la lumière. C’est une évolution qui touche<br />
aussi sa peinture, et il est intéressant de noter qu’elle<br />
intervient à une époque où l’artiste, à l’apogée de sa<br />
carrière, est en charge non seulement de la peinture<br />
mais de toute la décoration du Palais royal. À la<br />
manière de Charles Lebrun à Versailles, il dessine les<br />
sculptures, les stucs, il occupe aussi de lourdes charges<br />
administratives. Bien que naturellement prolifique,<br />
Giaquinto n’eut certainement pas d’autre choix<br />
que d’épurer sa manière, de trouver dans le dessin<br />
l’essentiel de la forme et de la lumière, nécessaires au<br />
bon fonctionnement du décor.<br />
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DESSINS NAPOLITAINS