VII - Neapolitan Drawings 1550-1800 - Marty deCambiaire
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FRANCESCO FRACANZANO<br />
Monopoli 1612 – Naples 1656<br />
Scène de triomphe romain<br />
Plume et encre brune, pierre noire, ovale<br />
Avec inscription 87 en haut à gauche<br />
230 x 305 mm (9 1 /16 x 12 in.)<br />
L’attribution de ce Triomphe romain à Francesco<br />
Fracanzano est due à Viviana Farina, qui a su<br />
reconnaître dans la graphie sèche et nerveuse de ce<br />
dessin, de toute évidence liée au milieu napolitain du<br />
X<strong>VII</strong> e siècle, la main de l’artiste Francesco Fracanzano 1 .<br />
Connu et loué par Bernardo De Dominici, Francesco<br />
Fracanzano, dont on peut voir les incontestables chefsd’œuvre<br />
de la peinture napolitaine à San Gregorio<br />
Armeno, est un dessinateur rare ; il est possible<br />
qu’après sa mort, son atelier ait été détruit à cause de<br />
l’épidémie de peste qui ravageait la ville. Quelques<br />
feuilles portant des inscriptions Fracanzano ont été<br />
repérées dans les musées 2 , mais il a fallu attendre ces<br />
dernières années et les travaux récents d’historiens de<br />
l’art napolitain 3 pour commencer à reconstituer un<br />
corpus cohérent, en se fondant, en plus des sources<br />
biographiques habituelles, sur les inventaires des<br />
collections anciennes 4 . On trouve mention des dessins<br />
de Fracanzano dans certains inventaires de collection<br />
de l’époque, par exemple dans le Libro dei disegni de<br />
De Dominici, ou dans l’album du Padre Resta. Il en va<br />
de même pour son frère aîné Cesare, peintre lui aussi,<br />
dont les dessins réapparaissent progressivement.<br />
Viviana Farina a mis en évidence les points communs<br />
entre notre dessin et les tableaux de l’artiste ainsi que<br />
la similitude de sa graphie avec les feuilles qui lui<br />
reviennent aujourd’hui. Il est en premier lieu évident<br />
que la physionomie massive des personnages, leurs<br />
expressions renfrognées, leurs poses mouvementées,<br />
notamment celles de ceux qui sont en train de<br />
marcher ainsi que le détail des costumes antiques,<br />
sont très proches de ce que l’on observe dans ses<br />
tableaux. La posture des jambes du joueur de lyre<br />
par exemple est absolument typique de l’artiste et<br />
s’observe dans presque toutes ses œuvres. Dans le<br />
dessin, comme dans ses tableaux, le même vent, la<br />
même énergie interne anime draperies, cheveux et<br />
crinières. Une attention semblable est portée aux<br />
visages, qui bien que schématiques ne manquent pas<br />
de structure, grâce aux petites virgules qui forment les<br />
pommettes et les cernes, que l’on observe d’ailleurs<br />
sur d’autres feuilles de l’artiste, par exemple dans Le<br />
Poète couronné (British Museum).<br />
Enfin, comme le remarque Viviana Farina, le sujet<br />
du triomphe romain, mis à la mode à Naples dans<br />
les années 1630 par la commande du comte de<br />
Monterey, vice-roi de Naples, pour le Buen Retiro<br />
de tableaux de ce thème, était certainement un sujet<br />
d’intérêt naturel pour Fracanzano, « homme bien<br />
connu pour être le maître et connaisseur des choses<br />
antiques », selon Giuseppe Campanile.<br />
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DESSINS NAPOLITAINS