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VII - Neapolitan Drawings 1550-1800 - Marty deCambiaire

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24<br />

FRANCESCO CAMPORA<br />

Rivarolo vers 1693 – Gênes 1753<br />

Figure allégorique représentant la foi catholique<br />

Plume et encre brune, lavis et brun, pierre noire (recto) ; pierre noire (verso)<br />

Avec inscription N o 11. Collezione Santo Varni et del Campora en bas<br />

272 x 391 mm (10 x 15 3 /8 in.)<br />

PROVENANCE<br />

Collection Santo Varni, Gênes<br />

Peintre d’origine génoise, Francesco Campora fut<br />

largement actif en Ligurie, mais Carlo Giuseppe Ratti,<br />

le biographe des peintres génois, signale son passage<br />

dans l’atelier de Francesco Solimena après avoir peint<br />

un plafond dans le palais du Signor Pietro Maria<br />

Giustiniani. « Mais parce qu’il n’était pas bien satisfait<br />

de ce qu’il avait fait, il partit à Naples ; et là il s’appliqua<br />

encore à étudier avec ardeur dans l’atelier de Solimena,<br />

avec lequel il apprit le bon coloris. À cette occasion,<br />

Campora se forma un style qui s’approche beaucoup<br />

de la vue coloriste de Solimena 1 . » Travaillant pour la<br />

famille Giustiniani, le jeune artiste avait dû assister à<br />

l’arrivée si célébrée de trois grandes œuvres exécutées<br />

par Solimena entre 1715 et 1717 : Le Massacre des<br />

Giustiniani à Scio, L’Arrivée des ceneri de saint Jean<br />

Battiste à Gênes et L’Embarquement de Christophe<br />

Colomb pour les Indes 2 , toutes commandées par les<br />

gouverneurs Giustiniani, Orazio et Pietro Maria pour<br />

la salle du conseil mineur de Gênes. L’admiration<br />

générale provoquée par les toiles explique sans doute<br />

la motivation de l’artiste génois à aller compléter sa<br />

formation auprès d’un des maîtres les plus en vue de<br />

l’époque.<br />

Campora passa quelques années à Naples dans<br />

l’atelier de Solimena, pour lequel, toujours selon<br />

Ratti, il exécutait de très bonnes copies, comme tous<br />

ses meilleurs élèves, puis se rendit à Rome. Ratti<br />

énumère un certain nombre de ses œuvres et évoque<br />

notamment des fresques dans l’église San Martino<br />

de Sampierdarena. Cette église a malheureusement<br />

été détruite en 1942, mais l’on sait que Campora en<br />

avait peint la voûte et les parois. David Dellepiane<br />

écrit : « Au milieu d’ornementations élégantes, fines,<br />

capricieuses, de fuites de perspectives, de sinueuses<br />

corniches architecturales, dans la voûte centrale de<br />

l’oratoire, dans un mouvement tournoyant, il a peint la<br />

grande fresque de la gloire de saint Martin. Les fresques<br />

allégoriques du chœur, des évangélistes dans les<br />

pendants de la voûte et la gloire des anges du plafond<br />

qui surplombe l’autel sur lequel repose le retable<br />

de saint Martin, lui aussi de Campora, s’accordent<br />

parfaitement avec l’œuvre principale par la justesse<br />

du dessin et de la clarté de l’échelle chromatique 3 . »<br />

Le type de décor décrit ici rappelle, dans son mélange<br />

d’architectures feintes et de fresques narratives et<br />

allégoriques, les grands décors génois et napolitains<br />

traditionnels. Notre dessin, projet d’un pendentif<br />

qui peut être pour le chœur comme pour l’abside,<br />

rappelle ceux de Solimena pour l’église du Gesù<br />

Nuovo à Naples et représente la foi catholique telle<br />

que la décrit Cesare Ripa 4 .<br />

« Il est bien pour lui qu’il ait su déjà dessiner ;<br />

autrement il aurait peu appris d’un tel maître », écrit<br />

encore Ratti – ce qui prouve le peu d’estime dans<br />

lequel on tenait à l’époque le dessin de l’école<br />

napolitaine. Paradoxalement, l’œuvre de Campora<br />

est imprégnée de la manière de Solimena, aussi bien<br />

dans la technique qui allie plume et lavis gris que<br />

dans l’usage des drapés amples et expressifs. Elle<br />

montre comment s’exporta et s’étendit l’influence<br />

du maître napolitain par le biais d’artistes formés par<br />

d’autres écoles mais passant provisoirement dans son<br />

atelier, et qui adoptèrent sa méthode de travail.<br />

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DESSINS NAPOLITAINS

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