Dons de la Fondation Clarence Westbury - Nîmes

A partir des années 90, dans le contexte qui a suivi la guerre civile, apparaissent au Liban des
œuvres qui empruntent leur forme au réel : photos d’archives, films, interviews, ou pour être plus
exact aux modes d’interprétation du réel tels qu’ils sont utilisés par les historiens, experts,
journalistes… L’artiste sort de son domaine « réservé », s’empare d’une parole d’autorité, qui
normalement n’est pas la sienne. Bien longtemps auparavant, à l’issue de la Première Guerre
mondiale, les surréalistes, les constructivistes, les abstraits, tous, sous des formes différentes, avaient
reconnu à l’art la mission d’informer la vie. Ici, au contraire, c’est l’art qui prend la forme de la vie
avec pour évident corollaire un doute sur la véracité de ce qui est présenté, mais aussi l’absolue
liberté de qui échappe aux contrôles sociaux accompagnant d’ordinaire l’information politique et
historique.
L’Atlas Group remplace l’identité de l’artiste par le groupe Il se constitue non plus autour de la
création de l’œuvre mais autour de sa constitution en tant qu’archive. L’activité du groupe peut
aussi bien prendre la forme de photos, de vidéos que de conférences ou d’essais. Au sein de
l’archive se différencient les œuvres : fichiers avec auteurs, fichiers trouvés, production de l’Atlas
Group. Ces deux œuvres rentrent dans la première catégorie et font partie de l’ensemble The
Fakhouri File, 1996/2002, constitué à partir des carnets laissés par le Dr Fakhouri à sa mort et par
des photos prises par lui en 58-59.
Note book Volume 72 : Missing Lebanese
Wars ( plate 142), 2004
Impression Jet d’encre, edition 3/3
111,8 x 127 cm
Don Fondation Clarence Westbury, 2007
Acquisition auprès de la Galerie Paula
Cooper, New York
Texte d’introduction rédigé par l’artiste : « Chaque feuillet réunit une photo de presse découpée
dans l’édition du journal Annahar parue le lendemain de la course hippique, les indications de
Fakhouri sur la longueur du parcours, la durée de la compétition, le meilleur temps et les
différentes statistiques, ainsi que les initiales des historiens accompagnées de leurs paris respectifs
et l’écart de temps anticipé par l’historien gagnant. À cela s’ajoute un petit paragraphe manuscrit
en anglais. La veuve de M. Fakhouri, Zainab Fakhouri, explique que son mari avait l’habitude de
noter dans ses carnets des descriptions rapides des historiens gagnants. »
Let’s be Honest, the Weather Helped (Lybia, Venezuela, Romania, Italy, Iraq), 1984–2007
5 tirages archive Impression jet d’encre édition 5/7 + 2 épreuves d’artiste
46,4 x 71,8 cm
Don Fondation Clarence Westbury, 2008
Acquisition auprès de la Galerie Paula Cooper, New York
Le travail de Raad de manière générale engage la tension qui existe entre la conscience subjective
dispersée de multitudes d’événements vécus individuellement à la conscience historique des mêmes
événements pensés et organisé dans le travail de mémoire. Raad relate volontiers qu’à l’origine de
son travail artistique sont les photos prises avec son premier appareil à 15 ans lors de
bombardements de Beyrouth pendant l’invasion israélienne de 1982. Recouvrant les traces
d’impact des projectiles par des cercles de couleur selon le code couleur porté sur les munitions,
Raad élabore avec ironie une trace pour le traumatisme. « Comme de nombreuses personnes à
Beyrouth au début des années 80, je collectionnais les balles et les éclats d’obus. Je parcourais les
rues après un jour ou une nuit de tir pour prendre les balles dans les murs, les voitures ou les
arbres. J’ai gardé des notes détaillées de l’endroit où j’ai trouvé chaque balle en photographiant