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agenda - 491

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© Vincent Jolfre<br />

spectacles vivants<br />

FAIRE CONNAISSANCE<br />

AVEC JOHANNY BERT<br />

Par Étienne Faye<br />

En avril et juin, pas moins de 4 mises en scène signées<br />

Johanny Bert, tout nouveau directeur du Centre<br />

dramatique national de Montluçon, seront présentées<br />

dans la région. Le metteur en scène du Théâtre de<br />

Romette est reconnu, depuis quelques années<br />

maintenant, lui qui n’est pourtant âgé que de 30 ans,<br />

pour ses œuvres avec des masques ou des marionnettes.<br />

D’abord, le 13 avril à Saint-Fons, le retour d’un<br />

spectacle qui cartonne au point d’avoir séduit des<br />

programmateurs de plusieurs pays d’Afrique et en<br />

Inde, Krafff, avec 3 f. Il s’agit d’un échange entre<br />

un danseur, Yan Raballand, et une marionnette<br />

de papier kraft, comme un dialogue entre le corps<br />

et la poupée, elle-même construite en direct par<br />

les comédiens-manipulateurs. Selon l’aveu de<br />

Johanny Bert, “cette confrontation entre le corps de<br />

l’acteur et la matière” permet de “décoller de la<br />

réalité” ou même de fabriquer “une forme théâtrale<br />

sans réalité”. Pour cette histoire d’une éphémère<br />

rencontre, après que le papier ait pris forme, avant qu’il<br />

ne retourne au néant, le metteur en scène a collaboré<br />

avec Yan Raballand, chargé de la chorégraphie.<br />

Autre pièce, jouée le 24 avril à Bourg-en-Bresse,<br />

L’Opéra du dragon est signé d’un grand auteur, Heiner<br />

Müller, sur la question du pouvoir. Un peuple se<br />

soumet à la tyrannie d’un homme politique-dragon,<br />

qui exige que lui soit sacrifiée régulièrement une<br />

pucelle. Le peuple ne rechigne pas, par reconnaissance<br />

envers le tyran qui, autrefois, avait vaincu le choléra.<br />

C’est alors qu’arrive un preux chevalier, le plus preux,<br />

Lancelot. Celui-ci, bien sûr, n’accepte pas le sacrifice<br />

des jeunes femmes, ni l’asservissement du peuple.<br />

Sous son impulsion, le peuple, alors, balance, entre<br />

sa fidélité au dictateur et le désir de liberté (mais<br />

Le festival Regards d’avril revient comme un printemps<br />

au Nouveau Théâtre du 8 e (le NTH8). Il s’agit<br />

pour ce théâtre toujours curieux et militant de donner<br />

une visibilité, et c’est le cas de le dire, aux spectacles<br />

en langue des signes française (la LSF). Des pièces<br />

sans le son, ou plutôt sans l’obligation d’entendre,<br />

puisque l’ensemble des 5 soirées présentées, ainsi<br />

que les ateliers ou le spectacle pour les jeunes enfants,<br />

en après-midi, est ouvert aux 2 publics, sourd et<br />

entendant. La 1 re soirée commence avec un duo :<br />

Double moi, initié et porté par la superbe comédienne<br />

Anne de Boissy et sa comparse danseuse Géraldine<br />

Berger, spécialiste de la LSF. Il s’agit de mettre en<br />

conversation ces 2 langues françaises qui ne se<br />

comprennent pas, de les mettre en écho l’une de l’autre,<br />

pour raconter une seule histoire… Le lendemain,<br />

c’est à une soirée de poésie que seront conviés tous les<br />

publics, puisque les mêmes comédiennes, augmentées<br />

du comédien sourd Anthony Guyon et des élèves<br />

le sauveur n’est-il pas un futur tyran ?). Johanny Bert<br />

a choisi de créer, pour ce spectacle, “des marionnettes<br />

sans corps, pour traduire l’oppression dont elles<br />

sont victimes”, avec des têtes blanches identiques,<br />

inquiétantes, de longs tissus qui doivent fonctionner<br />

comme des uniformes. Et, ajoute-t-il, “quand la main<br />

du comédien-manipulateur surgit depuis ce vêtement,<br />

elle doit prendre beaucoup de place.” La foule des<br />

marionnettes cohabite avec 3 comédiens-manipulateurs,<br />

toujours visibles et muets, un musicien, et une<br />

récitante qui prend toutes les voix des personnages.<br />

Une autre date jugée très importante pour Johanny<br />

Bert, c’est le 8 juin, son retour au Polaris, pour marquer<br />

la fin de 3 ans de résidence du Théâtre de Romette.<br />

Il montrera, pour la dernière fois, 2 spectacles<br />

créés en 2004 et 2007, Les Pieds dans les nuages,<br />

où il joue lui-même le rôle d’un bricoleur génial et<br />

bougonnant, et Ceux d’ailleurs. Dans ce dernier<br />

spectacle, on devine certains thèmes de la compagnie,<br />

la condition humaine, l’organisation de la société, que<br />

L’Opéra du dragon continuera. Il s’agit de personnages<br />

masqués, un peu à l’image des débuts du théâtre,<br />

le grec, enfermés dans une volière. Ils agissent en<br />

ignorant le regard, que Johanny Bert qualifie<br />

d’“anthropologique”, du public. Ils réalisent<br />

devant nous, donc, les rituels de leur quotidien.<br />

Les artistes développent ainsi, par le burlesque<br />

des situations et de leurs petites actions, une<br />

réflexion sur la différence.<br />

Krafff, le 13 avril au Théâtre Jean Marais de Saint-Fons<br />

L’Opéra du dragon, le 24 avril<br />

au Théâtre de Bourg-en-Bresse<br />

Les Pieds dans les nuages et Ceux d’ailleurs,<br />

le 8 juin au Polaris de Corbas<br />

LA LSF SE MONTRE<br />

EN SPECTACLES<br />

Par Étienne Faye<br />

10 N° 180 AVRIL 2012<br />

Ceux d’ailleurs<br />

sourds de son atelier théâtral, s’empareront du Traité<br />

du silence, signé Michel Thion (éd. Color Gang).<br />

Le poète fera d’ailleurs lui-même la lecture, en<br />

compagnie de Brigitte Baumié… Le soir suivant,<br />

c’est un spectacle de la compagnie Danse des signes<br />

qui est programmé. Les Survivants s’inspire de poésies<br />

de Boris Vian prises dans le recueil Je voudrais pas<br />

crever, mises en signes par les comédiens sourds et<br />

chorégraphiées par Lucie Lataste, avec cette ambition<br />

de mettre en lumière la fragilité de l’existence…<br />

Le festival Regards d’avril se terminera ensuite par<br />

une soirée intitulée Tu as pris tes talons ? proposée<br />

par la compagnie On/Off d’Anthony Guyon, apéro,<br />

musique, jeux d’improvisation théâtrale autour du mot<br />

“talon”, puis soirée dansante entrecoupée de formes<br />

courtes… Histoire, bien entendu, ou mal entendant,<br />

que les publics sympathisent et se mêlent…<br />

Du 24 au 28 avril au NTH8

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