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Agrégation de peptides amyloïdes par des simulations numériques

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U.F.R <strong>de</strong> Biologie Laboratoire <strong>de</strong> Biochimie Théorique<br />

Tour 54, couloir 54-53 CNRS UPR 9080, IBPC<br />

2, place Jussieu 13, rue Pierre et Marie Curie<br />

75251 PARIS ce<strong>de</strong>x 05 75005 PARIS<br />

THÈSE DE DOCTORAT<br />

Université Paris 7 - Denis Di<strong>de</strong>rot<br />

École Doctorale B2M - Biochimie et Biologie Moléculaire<br />

Spécialité : Analyse <strong>de</strong> Génome et Modélisation Moléculaire<br />

présentée <strong>par</strong><br />

Adrien MELQUIOND<br />

pour obtenir le titre <strong>de</strong> Docteur <strong>de</strong> l’Université Paris 7<br />

<strong>Agrégation</strong> <strong>de</strong> pepti<strong>de</strong>s amyloï<strong>de</strong>s <strong>par</strong> <strong>de</strong>s<br />

<strong>simulations</strong> <strong>numériques</strong><br />

Soutenue le mardi 18 septembre 2007, <strong>de</strong>vant le jury composé <strong>de</strong> :<br />

Pr. Philippe RÉGNIER Université Paris 7 prési<strong>de</strong>nt<br />

Dr. Martine PRÉVOST Université Libre <strong>de</strong> Bruxelles rapporteur<br />

Pr. Pierre AUCOUTURIER Université Pierre et Marie Curie rapporteur<br />

Dr. David PÉRAHIA CNRS, Orsay examinateur<br />

Dr. Human REZAEI INRA, Jouy en Josas examinateur<br />

Pr. Philippe DERREUMAUX Université Paris 7 directeur <strong>de</strong> thèse


Remerciements<br />

[La] curiosité animale est le moteur. Celui qui en est dépourvu<br />

pourra toujours consulter <strong>de</strong>s livres et <strong>de</strong>s livres, bourrer sa<br />

mémoire, il ne promènera ensuite sur le mon<strong>de</strong> que l’œil d’un<br />

veau gonflé aux hormones.<br />

Robert Doisneau, A l’im<strong>par</strong>fait <strong>de</strong> l’objectif.<br />

En guise <strong>de</strong> remerciements, je vous livre la photo souvenir <strong>de</strong> ma thèse. Le cadre est trop<br />

petit pour contenir toutes les rencontres et les amitiés réalisées <strong>de</strong>puis mon arrivée au<br />

LBT, il y a presque quatre ans déjà. Que les absents se consolent, il me reste quelques<br />

clichés à prendre.<br />

Dans un premier temps, le choix du sujet est essentiel. Il convient <strong>de</strong> le prendre plutôt<br />

large, si possible panoramique, et <strong>de</strong> préférence inédit, voire même légèrement ambitieux.<br />

Si le sujet <strong>par</strong>aît folklorique à votre entourage, considérez leurs remarques pusillanimes<br />

comme la preuve manifeste <strong>de</strong> votre talent artistique, injustement incompris.<br />

Le secret <strong>de</strong> l’art photographique est la lumière. J’ai eu la chance d’être éclairé <strong>par</strong><br />

Philippe Derreumaux qui <strong>par</strong> sa compétence et son attention a fini <strong>par</strong> lever les zones<br />

d’ombres <strong>de</strong> ma composition. Je tiens également à exprimer toute mon admiration à Nor-<br />

mand Mousseau pour son esprit brillant et ses billets savoureux qui m’ont autant instruit<br />

que diverti. Je remercie enfin Richard Lavery qui m’a permis <strong>de</strong> développer cette photo<br />

dans son laboratoire.<br />

Ensuite, il s’agit <strong>de</strong> trouver une belle harmonie dans votre composition photographique.<br />

Au premier plan, <strong>de</strong>man<strong>de</strong>z à vos collègues les plus jeunes <strong>de</strong> se tenir bien droit (Karine,<br />

Fabien, Cyril R., Pierre, Claire, Sylvia, Yasmine, Adrien Jr., Alexis, Mi-Ran, Joséphine,<br />

Brahim, Nicolas, Paul, Marie-Pierre, Dragana, Cyril D., Flore, Sophie). Si certains ne<br />

tiennent pas en place, n’hésitez pas à leur proposer une bière pour les ai<strong>de</strong>r à retrouver<br />

leur calme et prévoyez plusieurs séances au ✭ Pantalon ✮ pour les plus agités.<br />

iii


Au centre, faites un peu <strong>de</strong> place pour les divers membres <strong>de</strong> l’équipe (Brigitte, Marc,<br />

Jean-Christophe, Alexey, Chantal, Isabelle) et profitez <strong>de</strong> leur expérience pour faire la<br />

mise au point. Si malgré tout la photo reste floue, n’hésitez pas à <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r un regard<br />

extérieur comme ceux clairvoyants <strong>de</strong> Cathy, Patrick ou Sébastien.<br />

Enfin, j’ai choisi <strong>de</strong> mettre en arrière plan tous les étudiants <strong>de</strong> L3, M1 et M2 en<br />

bioinformatique qui pendant trois ans ont gentiment manifesté <strong>de</strong> l’intérêt pour mes en-<br />

seignements. J’ai beaucoup appris sur moi à leur contact et j’ai pris énormément <strong>de</strong> plaisir<br />

à leur transmettre mon enthousiasme pour cette discipline.<br />

Quand l’épreuve photographique est enfin terminée, soumettez là à vos rapporteurs<br />

Mme. Prévost et M. Aucouturier. Ces professionnels <strong>de</strong> la retouche savent tirer le meilleur<br />

<strong>de</strong> votre travail ; je les remercie donc sincèrement pour leur compréhension et pour le<br />

temps qu’ils m’ont accordé. Quelques amateurs se sont aussi essayés à la délicate mission<br />

<strong>de</strong> rapporteur, je leur suis très reconnaissant pour leurs nombreuses relectures (Pierre,<br />

Yasmine, Fabien, Nicolas).<br />

Vient enfin le jour <strong>de</strong> l’exposition où vous présentez la photo <strong>de</strong>vant un jury savam-<br />

ment composé. Merci à Philippe Régnier, Martine Prévost, Pierre Aucouturier, Human<br />

Rezaei et David Perahia pour leur intérêt et pour la justesse avec laquelle ils ont évalué<br />

mon travail.<br />

Pour que la photo soit complète, il reste à ajouter tous ceux qui colorent votre vie, la<br />

famille évi<strong>de</strong>mment (je m’expose à <strong>de</strong> graves conséquences si je ne cite pas explicitement<br />

ma mère), les amis <strong>par</strong>isiens, hennebontais, an<strong>de</strong>rnosiens, barcelonais, clermontois, cha-<br />

telleraudais (j’en oublie) toujours prêts à vous acceuillir pour un week-end ou à vous faire<br />

transpirer sur un terrain <strong>de</strong> squash, les AGM2 2003–2004 pour leur touche <strong>de</strong> folie et leur<br />

bonne humeur contagieuse, mon chat Pito pour son cirque incessant ...<br />

J’ai mis beaucoup d’amour dans cette photo et j’en ai reçu beaucoup en retour, c’est<br />

donc avec émotion que vient le moment <strong>de</strong> refermer l’album <strong>de</strong> cette thèse. Mon <strong>de</strong>rnier<br />

regard se pose avec douceur sur Céline, mais il est temps d’ouvrir un nouvel album ...<br />

Maintenant, souriez !<br />

iv


Table <strong>de</strong>s matières<br />

Remerciements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . iii<br />

1 Introduction 1<br />

1.1 Structures <strong>de</strong>s protéines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2<br />

1.2 Propriétés génériques <strong>de</strong>s fibres amyloï<strong>de</strong>s . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6<br />

1.3 Structure <strong>de</strong>s fibres amyloï<strong>de</strong>s . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9<br />

1.4 Mécanismes <strong>de</strong> formation <strong>de</strong>s fibres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12<br />

1.5 Toxicité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16<br />

1.6 Objectifs <strong>de</strong> la thèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17<br />

2 Matériel et métho<strong>de</strong>s 19<br />

2.1 Le champ <strong>de</strong> force OPEP . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19<br />

2.2 La technique d’activation relaxation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21<br />

2.3 Dynamique moléculaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23<br />

2.3.1 Gromacs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23<br />

2.3.2 MD-OPEP . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24<br />

2.3.3 La métho<strong>de</strong> d’échange <strong>de</strong> répliques (REMD-OPEP) . . . . . . . . . 24<br />

2.4 Optimisation <strong>de</strong> géométrie ab initio . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25<br />

3 Les petits pepti<strong>de</strong>s amyloï<strong>de</strong>s 27<br />

3.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27<br />

3.1.1 Le pepti<strong>de</strong> KFFE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27<br />

3.1.2 Le fragment 22–27 du pepti<strong>de</strong> IAPP humain . . . . . . . . . . . . . 28<br />

3.2 Objectifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29<br />

3.3 Following the aggregation of amyloid-forming pepti<strong>de</strong>s by computer simu-<br />

lations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30<br />

3.4 Structures of soluble amyloid oligomers from computer <strong>simulations</strong> . . . . . 40<br />

3.5 Probing amyloid fibril formation of the NFGAIL pepti<strong>de</strong> by computer si-<br />

mulations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54<br />

v


Table <strong>de</strong>s matières<br />

4 Les pepti<strong>de</strong>s amyloï<strong>de</strong>s Aβ40 et Aβ42 impliqués dans la maladie d’Alzhei-<br />

mer 65<br />

4.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66<br />

4.2 Conformations en équilibre du pepti<strong>de</strong> Aβ21−30 en solution . . . . . . . . . 67<br />

4.3 Structure <strong>de</strong> la région 23–28 dans les monomères Aβ40 et Aβ42 . . . . . . . 70<br />

4.4 Structure <strong>de</strong> la région 23–28 dans les dimères Aβ40 et Aβ42 . . . . . . . . . 73<br />

4.5 Conclusions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75<br />

5 Les mécanismes d’inhibition <strong>par</strong> <strong>de</strong>s pepti<strong>de</strong>s N-méthylés 79<br />

5.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80<br />

5.1.1 Les différentes stratégies pour bloquer la formation <strong>de</strong>s fibres amy-<br />

loï<strong>de</strong>s . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80<br />

5.1.2 La N-méthylation : comment piéger le processus d’agrégation . . . . 81<br />

5.2 La N-méthylation rigidifie le pepti<strong>de</strong> Aβ16−22 . . . . . . . . . . . . . . . . . 82<br />

5.3 Stabilité <strong>de</strong> l’hexamère Aβ16−22 en présence ou en absence d’inhibiteurs . . 84<br />

5.4 Analyse structurale <strong>de</strong>s chaînes N-méthylées . . . . . . . . . . . . . . . . . 93<br />

5.5 Mécanismes proposés pour la déstabilisation <strong>de</strong>s fibres . . . . . . . . . . . 95<br />

5.6 Conclusions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99<br />

6 Conclusions et perspectives 101<br />

Bibliographie 105<br />

vi


Chapitre 1<br />

Introduction<br />

Sommaire<br />

1.1 Structures <strong>de</strong>s protéines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2<br />

1.2 Propriétés génériques <strong>de</strong>s fibres amyloï<strong>de</strong>s . . . . . . . . . . . 6<br />

1.3 Structure <strong>de</strong>s fibres amyloï<strong>de</strong>s . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9<br />

1.4 Mécanismes <strong>de</strong> formation <strong>de</strong>s fibres . . . . . . . . . . . . . . . 12<br />

1.5 Toxicité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16<br />

1.6 Objectifs <strong>de</strong> la thèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17<br />

Les protéines occupent une place centrale dans le fonctionnement <strong>de</strong>s cellules <strong>de</strong>s êtres<br />

vivants. Elles y jouent en effet tous les rôles imaginables, <strong>de</strong>puis la catalyse <strong>de</strong>s réactions<br />

chimiques jusqu’à la défense contre les infections. Notre capacité à nous déplacer dépend<br />

<strong>de</strong> protéines présentes sous la forme <strong>de</strong> muscles ; les os qui constituent l’architecture in-<br />

terne <strong>de</strong> l’organisme doivent leur résistance à une matrice <strong>de</strong> protéines collagènes ; qu’une<br />

cellule se divise ou qu’elle <strong>de</strong>vienne cancéreuse dépend <strong>de</strong> l’activité régulatrice <strong>de</strong> pro-<br />

téines, etc. Le secret <strong>de</strong> cette remarquable variété <strong>de</strong> fonctions tient à la très large gamme<br />

<strong>de</strong> conformations que les protéines peuvent adopter et aux propriétés chimiques très dif-<br />

férentes qui en résultent.<br />

Les protéines sont constituées d’une succession d’aci<strong>de</strong>s aminés (vingts types différents<br />

chez l’homme) ; la chaîne ainsi formée se replie pour aboutir à la forme active <strong>de</strong> la protéine.<br />

Cette conformation totalement repliée correspond à la forme la plus stable <strong>de</strong> la protéine<br />

dans <strong>de</strong>s conditions normales. On distingue quatre niveaux d’organisation structurale<br />

pour une protéine, respectivement appelés structures primaire, secondaire, tertiaire et<br />

quaternaire.<br />

1


2 1 Introduction<br />

1.1 Structures <strong>de</strong>s protéines<br />

La structure primaire est l’enchaînement linéaire <strong>de</strong>s aci<strong>de</strong>s aminés dans un pepti<strong>de</strong>,<br />

cette structure est aussi appelée séquence.<br />

La structure secondaire résulte d’un repliement local <strong>de</strong> la protéine créé <strong>par</strong> <strong>de</strong>s in-<br />

teractions stériques et électrostatiques et stabilisé <strong>par</strong> <strong>de</strong>s liaisons hydrogène. On distingue<br />

<strong>de</strong>ux angles <strong>de</strong> torsion principaux dans un résidu (figure 1.1) :<br />

– Φ, angle C-N-Cα-C ;<br />

– Ψ, angle N-Cα-C-N.<br />

La liaison peptidique étant plane, l’angle Ω (Cα-C-N-Cα) est bloqué la plu<strong>par</strong>t du temps<br />

sur une valeur proche <strong>de</strong> 180˚, ce qui maintient la liaison peptidique dans la conformation<br />

trans. L’angle χ définit la rotation <strong>de</strong> la chaîne latérale du résidu.<br />

C<br />

N<br />

H<br />

R<br />

H H<br />

Φ<br />

C α<br />

Ψ<br />

Fig. 1.1 – Angles <strong>de</strong> torsion dans un pepti<strong>de</strong>.<br />

χ<br />

Ainsi, les liaisons N-Cα et Cα-C effectuent librement <strong>de</strong>s mouvements <strong>de</strong> rotation, mais<br />

seules quelques conformations <strong>par</strong>viennent à minimiser la gêne stérique. On peut ré<strong>par</strong>tir<br />

ces structures secondaires en catégories représentées dans le tableau 1.1.<br />

Conformation Φ [˚] Ψ [˚] Résidus/tour Translation/résidu [ ˚ A]<br />

Hélice α droite -57 -47 3,6 1,50<br />

Hélice α gauche +57 +47 3,6 1,50<br />

Hélice 310 droite -49 -26 3,0 2,50<br />

Hélice π droite -57 -70 4,4 1,15<br />

Hélice gauche du collagène -51 +153 3,0 3,13<br />

Feuillet plissé β anti<strong>par</strong>allèle -139 +135 2,0 3,40<br />

Feuillet plissé β <strong>par</strong>allèle -119 +113 2,0 3,20<br />

Chaîne étirée ±180 ±180<br />

Tab. 1.1 – Paramètres angulaires <strong>de</strong>s différentes structures secondaires (tiré <strong>de</strong> Weinman<br />

et Méhul, 2000). La 4 e colonne représente le nombre <strong>de</strong> résidus nécessaires pour faire un<br />

tour, autrement dit l’inclinaison d’un résidu. La <strong>de</strong>rnière colonne permet <strong>de</strong> connaître la<br />

longueur du pepti<strong>de</strong> suivant la structure secondaire considérée et le nombre <strong>de</strong> résidus.<br />

C<br />

O<br />

Ω<br />

N


1.1 Structures <strong>de</strong>s protéines 3<br />

Les <strong>de</strong>ux structures secondaires majoritaires sont les hélices α (∼ 30 % <strong>de</strong>s résidus<br />

<strong>de</strong>s protéines) et les feuillets β (∼ 20 % <strong>de</strong>s résidus dans les protéines) (Weinman et<br />

Méhul, 2000). Les fibres amyloï<strong>de</strong>s sont caractérisées <strong>par</strong> un motif en croix-β composé<br />

exclusivement <strong>de</strong> feuillets β. Cette structure est constituée <strong>de</strong> chaînes polypeptidiques<br />

très étirées (<strong>par</strong> exemple, Φ = -139˚ et Ψ = +135˚pour le feuillet β anti<strong>par</strong>allèle). Un<br />

seul brin β n’est pas <strong>par</strong>ticulièrement stable, <strong>par</strong> contre plusieurs brins le sont grâce aux<br />

liaisons hydrogène existantes entre les groupes CO et NH <strong>de</strong>s brins voisins (figure 1.2).<br />

Fig. 1.2 – Feuillets β anti<strong>par</strong>allèles. Les atomes <strong>de</strong> carbone sont en vert, d’hydrogène en<br />

blanc, d’azote en bleu et d’oxygène en rouge. Les chaînes latérales sont représentées en<br />

orange. Les liaisons hydrogène sont en pointillés noirs.<br />

Les feuillets β <strong>par</strong>allèles et anti<strong>par</strong>allèles se distinguent <strong>par</strong> l’alternance <strong>de</strong>s brins au<br />

sein du feuillet (figure 1.3). La connexion <strong>de</strong>s différents brins se fait <strong>par</strong> quelques aci<strong>de</strong>s<br />

aminés qui n’ont pas <strong>de</strong> structure secondaire <strong>par</strong>ticulière ; on nomme ces éléments tours β<br />

(β-turns).<br />

Après une succession <strong>de</strong> repliements locaux, la protéine subit un repliement global<br />

qui lui donne sa structure tertiaire et son activité biologique. Ce repliement conduit<br />

à l’enfouissement <strong>de</strong>s aci<strong>de</strong>s aminés hydrophobes <strong>de</strong> la protéine. La forme finale d’une<br />

protéine peut contenir plusieurs motifs structuraux secondaires comme <strong>de</strong>s hélices α ou<br />

<strong>de</strong>s feuillets β (figure 1.4).<br />

Enfin, la structure quaternaire concerne un petit nombre <strong>de</strong> protéines <strong>de</strong> gran<strong>de</strong><br />

taille issues <strong>de</strong> l’assemblage <strong>de</strong> plusieurs chaînes protéiques et <strong>par</strong>fois même d’autres mo-<br />

lécules organiques ou d’atomes métalliques.<br />

Le repliement <strong>de</strong>s protéines est donc la transformation <strong>de</strong> la structure primaire (sé-<br />

quence) en structure tertaire (voire quaternaire). D’un point <strong>de</strong> vue thermodynamique,<br />

toute l’information nécessaire au repliement d’une protéine vers sa structure fonction-<br />

nelle (native) se retrouve a priori dans sa séquence (principe d’Anfinsen (Anfinsen et al.,<br />

1954)). D’un point <strong>de</strong> vue cinétique, le repliement d’une protéine aboutit à un <strong>par</strong>adoxe,<br />

dit <strong>de</strong> Levinthal (Levinthal, 1968). En effet, pour une simple protéine <strong>de</strong> 100 aci<strong>de</strong>s aminés


4 1 Introduction<br />

O<br />

O<br />

O<br />

H<br />

N<br />

O<br />

O<br />

H<br />

N<br />

H<br />

N<br />

H<br />

N<br />

O<br />

H<br />

N<br />

H<br />

N<br />

R<br />

R<br />

R<br />

R<br />

R<br />

R<br />

O<br />

O<br />

O<br />

N<br />

H<br />

O<br />

O<br />

N<br />

H<br />

N<br />

H<br />

N<br />

H<br />

O<br />

N<br />

H<br />

N<br />

H<br />

R<br />

R<br />

R<br />

R<br />

R<br />

R<br />

O<br />

O<br />

O<br />

O<br />

H<br />

N<br />

O<br />

H<br />

N<br />

H<br />

N<br />

(a)<br />

H<br />

N<br />

H<br />

N<br />

O<br />

H<br />

N<br />

(b)<br />

Fig. 1.3 – Deux types <strong>de</strong> feuillets β, (a) <strong>par</strong>allèles et (b) anti<strong>par</strong>allèles.<br />

R<br />

R<br />

R<br />

R<br />

R<br />

R<br />

O<br />

O<br />

O<br />

O<br />

N<br />

H<br />

O<br />

N<br />

H<br />

N<br />

H<br />

N<br />

H<br />

N<br />

H<br />

O<br />

N<br />

H<br />

R<br />

R<br />

R<br />

R<br />

R<br />

R<br />

O<br />

O<br />

Fig. 1.4 – Structure tertiaire <strong>de</strong> la cystatine C.<br />

L’hélice α est représentée en couleur verte, les<br />

feuillets β en flèches rouge et les boucles en blanc.<br />

O<br />

O<br />

H<br />

N<br />

O<br />

H<br />

N<br />

H<br />

N<br />

H<br />

N<br />

H<br />

N<br />

O<br />

H<br />

N


1.1 Structures <strong>de</strong>s protéines 5<br />

et en considérant uniquement trois états (Φ, Ψ) possibles, la protéine peut adopter 3 100<br />

conformations ce qui représente plus que l’âge <strong>de</strong> l’univers pour une exploration exhaus-<br />

tive. In vivo, la majorité <strong>de</strong>s protéines se replient dans une échelle <strong>de</strong> temps inférieure à<br />

la secon<strong>de</strong> (<strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> la millisecon<strong>de</strong> pour la majorité). Il existe donc <strong>de</strong>s mécanismes<br />

coopératifs qui favorisent le repliement protéique. Plusieurs modèles ont été proposés : le<br />

modèle framework (Ptitsyn, 1991), le modèle d’effondrement (ou collapse) hydrophobe<br />

(Dill, 1990), le mécanisme <strong>de</strong> nucléation-con<strong>de</strong>nsation (Wetlaufer, 1973 ; Shakhnovich<br />

et al., 1991 ; Sali et al., 1994 ; Fersht, 1995), le modèle <strong>de</strong> diffusion-collision (Karplus et<br />

Weaver, 1976, 1994), le repliement séquenciel et hiérarchique (Baldwin, 1975), le modèle<br />

du Jigsaw-Puzzle (Harrison et Durbin, 1985), etc. Tous convergent vers la forme entonnoir<br />

(funnel) <strong>de</strong> la surface d’énergie libre (<strong>par</strong>tie bleue claire sur la figure 1.5) et diffèrent <strong>par</strong><br />

le rapport <strong>de</strong> forces entre la formation <strong>de</strong> structures secondaires et le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> coopération<br />

entre structures secondaires et tertiaires.<br />

Cette surface (cf. figure 1.5) montre que le système peut converger vers l’état natif<br />

s’il est guidé <strong>par</strong> la formation <strong>de</strong> contacts intramoléculaires ou bien basculer dans <strong>de</strong>s<br />

✭ puits ✮ d’agrégation via <strong>de</strong>s contacts intermoléculaires. Des expériences récentes (Ro-<br />

chet et Lansbury, 2000 ; Vendruscolo et Dobson, 2005) ont permis <strong>de</strong> mettre en évi<strong>de</strong>nce<br />

différents intermédiaires pour ces <strong>de</strong>ux voies (<strong>par</strong> exemple, pour les agrégats amorphes ou<br />

pour la voie d’agrégation <strong>de</strong>s protofibres), sans que l’on dispose <strong>de</strong> modèles structuraux<br />

détaillés. Par ailleurs, les intermédiaires impliqués dans le passage d’un état où les struc-<br />

tures globulaires sont stabilisées <strong>par</strong> cinétique vers un état fibre amyloï<strong>de</strong> qui correspond à<br />

un minimum global d’énergie libre (favorisé thermodynamiquement) restent à déterminer.<br />

Fig. 1.5 – Représentation<br />

schématique du paysage énergétique<br />

pour le repliement et<br />

l’agrégation protéique (tiré <strong>de</strong><br />

Jahn et Radford, 2005).


6 1 Introduction<br />

1.2 Propriétés génériques <strong>de</strong>s fibres amyloï<strong>de</strong>s<br />

La majorité <strong>de</strong> nos connaissances concernant le repliement <strong>de</strong>s protéines est le résultat<br />

d’expériences in vitro réalisées dans <strong>de</strong>s conditions hautement contrôlées ou <strong>de</strong> simula-<br />

tions in silico. En com<strong>par</strong>aison, l’environnement in vivo <strong>de</strong>s protéines est complexe 1 et<br />

extraordinairement variable, les protéines peuvent y rencontrer <strong>de</strong> nombreux obstacles du-<br />

rant le processus <strong>de</strong> repliement. Des protéines <strong>par</strong>tiellement repliées ont <strong>de</strong>s surfaces non<br />

protégées ✭ collantes ✮. Si ces protéines mal repliées s’agrégent, les conséquences peuvent<br />

conduire à la mort <strong>de</strong> la cellule. Heureusement, il existe <strong>de</strong>s ✭ gardiens cellulaires ✮ dont<br />

le rôle est <strong>de</strong> contrôler et <strong>de</strong> garantir le bon repliement <strong>de</strong>s protéines. Ces chaperons 2<br />

moléculaires, empêchent les interactions déplacées. Ils constituent une classe <strong>de</strong> protéines<br />

communes à tous les organismes vivants <strong>de</strong>puis les bactéries jusqu’aux êtres humains et<br />

sont essentiels au bon fonctionnement <strong>de</strong> la cellule. Ces protéines jouent un rôle primor-<br />

dial lorsque la cellule est soumise à un stress (choc thermique, osmotique, modification<br />

du pH, etc). Certains chaperons maintiennent la protéine non repliée jusqu’à ce que sa<br />

synthèse soit terminée ou jusqu’à ce que la protéine ait été transférée au travers d’une<br />

membrane vers le com<strong>par</strong>timent cellulaire auquel elle est <strong>de</strong>stinée. D’autres enfin sont<br />

impliqués dans la dégradation et le recyclage <strong>de</strong>s protéines vieillies ou mal-conformées.<br />

Malgré ce système <strong>de</strong> veille, il existe <strong>de</strong> nombreuses maladies associées à un mauvais<br />

repliement protéique. Les causes peuvent être multiples : mutations dans la protéine,<br />

stress, dérèglement d’une protéine chaperon, changement <strong>de</strong> concentration, etc (Dobson<br />

et Ellis, 1998 ; Ellis et Pinheiro, 2002). Chez l’Homme, près d’une trentaine <strong>de</strong> maladies<br />

(Sun<strong>de</strong> et al., 1997 ; Huff et al., 2003 ; Selkoe, 2003 ; Stefani et Dobson, 2003 ; Westermark,<br />

2005) sont associées au dépôt extracellulaire sous forme fibrillaire <strong>de</strong> matériel protéique<br />

(cf. table 1.6). Ces dépôts, dits amyloï<strong>de</strong>s, peuvent être observés dans tous les tissus<br />

et les organes, ils sont caractérisés <strong>par</strong> leur insolubilité et leur très gran<strong>de</strong> stabilité. Leur<br />

composition est hétérogène avec la présence <strong>par</strong>fois prédominante <strong>de</strong> glyco-amino-glycanes<br />

(GAG), d’anticorps et <strong>de</strong> chaînes polypeptidiques <strong>de</strong> faible poids moléculaire (Glenner<br />

et al., 1971). Leur fixation conduit le plus souvent à la mort <strong>de</strong>s cellules.<br />

1 Par exemple, l’encombrement moléculaire (molecular crowding effect) observé dans les cellules n’est<br />

pas pris en compte dans les <strong>simulations</strong>. In vitro, il accélère l’agrégation et stabilise la protéine dans sa<br />

forme native avant qu’elle ne bascule dans la voie agrégative (Kinjo et Takada, 2002a,b ; Munishkina<br />

et al., 2004)<br />

2 Au 19 e siècle, on désigne <strong>par</strong> ✭ chaperon ✮ un adulte qui accompagne les jeunes hommes ou femmes<br />

non mariés au cours d’événements mondains. Leur principale intention était d’empêcher toutes interactions<br />

inconvenantes et d’interdire tout comportement illicite.


1.2 Propriétés génériques <strong>de</strong>s fibres amyloï<strong>de</strong>s 7<br />

Plusieurs pathologies sont <strong>par</strong> ailleurs associées à une agrégation intracellulaire <strong>de</strong><br />

protéines (tau, α-synucléine, amyline, insuline ...) avec les mêmes conséquences pour les<br />

tissus concernés.<br />

Fig. 1.6 – Principales maladies amyloï<strong>de</strong>s (tiré <strong>de</strong> Sun<strong>de</strong> et al., 1997). Légen<strong>de</strong> : ⋆ ou †,<br />

structure en croix-β ; ‡, pas d’évi<strong>de</strong>nce <strong>par</strong> diffraction ; (α/β), prédiction <strong>de</strong> la structure<br />

secondaire.<br />

Le terme ✭ amyloï<strong>de</strong> ✮ a été introduit en 1854 <strong>par</strong> le physicien Rudolph Virchow qui<br />

avait constaté qu’un tissu cérébral d’ap<strong>par</strong>ence anormale prenait une coloration bleue pâle<br />

en présence d’io<strong>de</strong> puis violette <strong>par</strong> ajout d’aci<strong>de</strong> sulfurique (Sipe et Cohen, 2000). Cette<br />

analogie avec la réaction amidon-io<strong>de</strong> (qui présente une coloration violette en milieu aci<strong>de</strong>)<br />

lui fit penser que ce tissu cérébral mala<strong>de</strong> contenait <strong>de</strong> la cellulose ; il lui donna ainsi le<br />

nom d’amyloï<strong>de</strong> (dérivé du latin amylum et du grec amylon). Dès 1859, Friedreich et Ke-<br />

kule (Cohen, 1986) mirent en évi<strong>de</strong>nce à la fois la présence <strong>de</strong> protéines mais également<br />

l’absence <strong>de</strong> carbohydrates dans une masse amyloï<strong>de</strong> (en raison d’un taux élevé d’azote).<br />

Cette observation déterminante orienta très vite les travaux sur les maladies amyloï<strong>de</strong>s<br />

vers l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> protéines capables <strong>de</strong> changer <strong>de</strong> conformation pour adopter une forme<br />

fibrillaire. Au 19 e siècle et au début du 20 e siècle, les maladies amyloï<strong>de</strong>s furent classées<br />

selon les symptomes cliniques et les caractéristiques macroscopiques <strong>de</strong>s organes et <strong>de</strong>s<br />

tissus mala<strong>de</strong>s relevées pendant l’autopsie. La compréhension <strong>de</strong> la structure <strong>de</strong>s masses


8 1 Introduction<br />

amyloï<strong>de</strong>s progressa avec l’utilisation du miscroscope optique et <strong>de</strong>s colorants histologiques<br />

(comme la thioflavine ou le rouge Congo) qui permirent <strong>de</strong> marquer in situ la présence<br />

<strong>de</strong>s dépôts. Au milieu du 20 e siècle, les avancées <strong>de</strong>s techniques expérimentales permirent<br />

la première observation <strong>de</strong> la forme <strong>par</strong>ticulière en ✭ croix-β ✮ <strong>de</strong>s fibres amyloï<strong>de</strong>s, <strong>par</strong><br />

microscopie électronique (Shirahama et Cohen, 1967) et <strong>par</strong> cristallographie aux rayons X<br />

(Eanes et Glenner, 1968).<br />

De nombreuses étu<strong>de</strong>s soulignent que la capacité à former <strong>de</strong>s fibres amyloï<strong>de</strong>s est<br />

indépendante <strong>de</strong> la séquence <strong>de</strong>s chaînes polypeptidiques (Chiti et al., 1999, 2003 ; Dob-<br />

son, 2003). Certaines protéines globulaires telles que le lysozyme (Booth et al., 1997) ou<br />

encore la myoglobine (Fändrich et al., 2001) sont connues pour former <strong>de</strong>s fibres amy-<br />

loï<strong>de</strong>s in vivo et être responsables <strong>de</strong> maladies graves. Si la formation <strong>de</strong>s fibres semble<br />

être une propriété générique, sa propension peut varier remarquablement d’une séquence<br />

à une autre sous <strong>de</strong>s conditions expérimentales données. En effet, les vitesses d’agrégation<br />

<strong>de</strong>s chaînes polypeptidiques sont corrélées avec leurs caractéristiques physico-chimiques :<br />

charge électrique (Chiti et al., 2002), pourcentage <strong>de</strong> structures secondaires et hydropho-<br />

bicité (Dobson, 2003).<br />

Des étu<strong>de</strong>s théoriques ont également été menées pour compléter nos connaissances sur<br />

les processus responsables <strong>de</strong> l’agrégation (DuBay et al., 2004 ; Cellmer et al., 2005 ;<br />

Gsponer et Vendruscolo, 2006 ; Zibaee et al., 2007) ou prédire les séquences protéiques<br />

succeptibles <strong>de</strong> favoriser la formation <strong>de</strong>s fibres (Pawar et al., 2005). Enfin, l’observation<br />

d’éléments <strong>de</strong> structure secondaire ✭ frustrés ✮ (discordance entre la prédiction et la dé-<br />

termination expérimentale <strong>de</strong> la structure secondaire déterminée expérimentalement pour<br />

un résidu) signale généralement une tendance à la polymérisation (Kallberg et al., 2001 ;<br />

Dima et Thirumalai, 2002b ; Thirumalai et al., 2003).<br />

La recherche amyloï<strong>de</strong> est extrémement large et couvre presque tous les domaines<br />

scientifiques <strong>de</strong> la physique <strong>de</strong>s matières con<strong>de</strong>nsées jusqu’à la mé<strong>de</strong>cine, <strong>de</strong> la biologie<br />

à la chimie. Puisqu’il est impossible d’introduire le problème sous tous ses aspects, nous<br />

limiterons maintenant l’introduction <strong>de</strong>s fibres amyloï<strong>de</strong>s à leurs propriétés structurales<br />

et aux mécanismes sous-jacents à leur formation.


1.3 Structure <strong>de</strong>s fibres amyloï<strong>de</strong>s 9<br />

1.3 Structure <strong>de</strong>s fibres amyloï<strong>de</strong>s<br />

À cause <strong>de</strong> leur caractère insoluble, la structure fine <strong>de</strong>s fibres amyloï<strong>de</strong>s est longtemps<br />

restée un mystère. La figure 1.7 résume les différentes métho<strong>de</strong>s expérimentales appliquées<br />

à l’étu<strong>de</strong> du repliement <strong>de</strong>s protéines et classées <strong>par</strong> ordre croissant <strong>de</strong> résolution. Derniè-<br />

rement, la situation a complètement changée avec les progrès majeurs <strong>de</strong> la spectroscopie<br />

RMN <strong>de</strong> l’état soli<strong>de</strong> et la pré<strong>par</strong>ation <strong>de</strong> nano ou microcristaux <strong>de</strong> petits fragments pep-<br />

tidiques qui possè<strong>de</strong>nt les caractéristiques <strong>de</strong>s fibres amyloï<strong>de</strong>s et peuvent être résolus <strong>par</strong><br />

analyse <strong>de</strong> diffraction aux rayons X.<br />

Fig. 1.7 – Métho<strong>de</strong>s expérimentales pour étudier le repliement <strong>de</strong>s protéines (tiré <strong>de</strong> Dobson,<br />

2004).<br />

Les fibres amyloï<strong>de</strong>s sont caractérisées <strong>par</strong> la conversion <strong>de</strong> la structure tridimension-<br />

nelle native d’une protéine vers une structure riche en feuillets β (voir <strong>par</strong>tie 1.1). Les<br />

fibres amyloï<strong>de</strong>s <strong>par</strong>tagent une forme commune et <strong>de</strong>s propriétés physico-chimiques si-<br />

milaires. On désigne <strong>par</strong> structure en croix-β le motif constitutif <strong>de</strong> ces fibres qui décrit<br />

l’empilement <strong>de</strong>s brins β perpendiculairement à l’axe d’élongation <strong>de</strong> la fibre (voir fig. 1.8).


10 1 Introduction<br />

Cette structure est remarquable, non seulement <strong>par</strong> sa singularité, sa stabilité et son inso-<br />

lubilité, mais aussi <strong>par</strong>ce que les protéines à l’origine <strong>de</strong> ces fibres n’ont pas <strong>de</strong> similarité<br />

<strong>de</strong> séquences et possè<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s structures très variées : <strong>de</strong>s petits pepti<strong>de</strong>s (Aβ, amyline,<br />

insuline), <strong>de</strong>s protéines nativement dépliées (α-synucléine), <strong>de</strong>s protéines monomériques<br />

repliées (lysozyme, β2-microglobuline) et même <strong>de</strong>s assemblages multimériques (trans-<br />

thyrétine). Par ailleurs, on observe une gran<strong>de</strong> variété <strong>de</strong>s structures <strong>de</strong>s monomères en<br />

solution (Prp et myoglobine sont en hélice α, Aβ est désordonné, etc).<br />

(a) (b)<br />

Fig. 1.8 – a) Vue latérale d’une section <strong>de</strong> fibre, les protofilaments correspon<strong>de</strong>nt aux<br />

cylindres gris et les brins β aux flèches blanches ; b) Structure en croix-β caractéristique<br />

<strong>de</strong>s fibres amyloï<strong>de</strong>s (tiré <strong>de</strong> Nelson et Eisenberg, 2006)<br />

À la fin du 20 e siècle, la connaissance <strong>de</strong> la structure <strong>de</strong>s fibres se résume à la <strong>de</strong>scription<br />

<strong>de</strong> ce motif en croix-β et à quelques modèles à basse résolution obtenus <strong>par</strong> microscopie<br />

électronique à transmission (MET), plus récemment <strong>par</strong> microscopie à force atomique<br />

(MFA), et <strong>par</strong> diffraction aux rayons X sur les fibres (Sun<strong>de</strong> et al., 1997). À titre d’exemple,<br />

Jiménez et collaborateurs présente un modèle <strong>de</strong> fibres pour la protéine SH3 résolu <strong>par</strong><br />

microscopie cryo-électronique avec une précision <strong>de</strong> 25 ˚ A.<br />

Les clichés <strong>de</strong> diffraction aux rayons X révèlent <strong>de</strong>ux pics, l’un à 4.5 ˚ A environ qui<br />

correspond à la distance entre <strong>de</strong>ux brins β à l’intérieur <strong>de</strong>s feuillets, l’autre <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong><br />

10 ˚ A qui correspond à la distance interfeuillets. Chaque fibre est constituée <strong>de</strong> plusieurs<br />

filaments, chacun composé <strong>de</strong> 4 à 8 protofilaments (4 feuillets β), et son diamètre est <strong>de</strong><br />

l’ordre <strong>de</strong> 100 ˚ A pour une longueur qui peut atteindre 20–25 nm.<br />

Par une étu<strong>de</strong> RMN <strong>de</strong> l’état soli<strong>de</strong>, combinée à <strong>de</strong>s procédures <strong>de</strong> minimisation d’éner-<br />

gie, Tycko et collaborateurs ont proposé un modèle structural pour la fibre amyloï<strong>de</strong><br />

Aβ1−40 à pH 7,4 et T = 24˚(Antzutkin et al., 2000 ; Balbach et al., 2002 ; Petkova et al.,


1.3 Structure <strong>de</strong>s fibres amyloï<strong>de</strong>s 11<br />

2002). Dans cette structure, chaque pepti<strong>de</strong> Aβ constitue une paire <strong>de</strong> brins β, entre les<br />

résidus 12–24 et 30–40, qui recouvre le cœur <strong>de</strong> la fibre (voir figure 1.9 (a)). Ces brins,<br />

connectés <strong>par</strong> une boucle 25–29, n’ap<strong>par</strong>tiennent pas au même feuillet β mais <strong>par</strong>ticipent<br />

à la formation <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux feuillets β à l’intérieur du même protofilament (figure 1.9 (a)). Les<br />

différentes molécules Aβ sont ✭ empilées ✮ les unes sur les autres <strong>de</strong> manière <strong>par</strong>allèle et en<br />

registre, au moins pour la région 9–39 (Antzutkin et al., 2000 ; Balbach et al., 2002). Par<br />

analyse <strong>de</strong> contraintes expérimentales, telles que le diamètre <strong>de</strong>s protofilaments mesuré<br />

<strong>par</strong> MET ou encore la masse <strong>par</strong> unité <strong>de</strong> longueur mesurée <strong>par</strong> microscopie électronique<br />

à balayage (MEB) (Petkova et al., 2002), les auteurs ont suggéré que chaque protofila-<br />

ment était constitué <strong>de</strong> quatre feuillets β sé<strong>par</strong>és d’environ 10 ˚ A (figure 1.9 (a)). Pour<br />

finir, différentes techniques indiquent que la fibre Aβ1−42 s’organise <strong>de</strong> manière i<strong>de</strong>ntique<br />

(feuillets <strong>par</strong>allèles et en registre) avec <strong>de</strong>s brins β entre les résidus 13–21 et 30–39.<br />

(a) (b)<br />

(c) (d)<br />

Fig. 1.9 – Modèles structuraux <strong>de</strong>s motifs amyloï<strong>de</strong>s. (a) Modèle RMN <strong>de</strong> l’état soli<strong>de</strong><br />

du pepti<strong>de</strong> Aβ1−40 (tiré <strong>de</strong> Petkova et al., 2002) ; (b) Modèle en hélice β proposé pour<br />

PrP Sc (tiré <strong>de</strong> Govaerts et al., 2004) ; (c) Structure cristallographique du pepti<strong>de</strong> GNNQQNY<br />

provenant <strong>de</strong> la protéine prion <strong>de</strong> levure Sup-35 (tiré <strong>de</strong> Nelson et al., 2005) ; (d) Modèle<br />

RMN <strong>de</strong> l’état soli<strong>de</strong> du prion HET provenant du champignon Podospora anserina (tiré<br />

<strong>de</strong> Ritter et al., 2005).


12 1 Introduction<br />

Une <strong>de</strong>uxième étu<strong>de</strong> RMN <strong>de</strong> l’état soli<strong>de</strong>, couplée à un marquage <strong>par</strong> fluorescence,<br />

a permis d’i<strong>de</strong>ntifier les régions C-terminales du fragment HET prion impliquées dans le<br />

cœur <strong>de</strong> la fibre (Ritter et al., 2005). Dans la structure proposée, chaque molécule contri-<br />

bue <strong>par</strong> quatre brins β, avec les brins 1 et 3 qui définissent un premier feuillet β <strong>par</strong>allèle,<br />

et les brins 2 et 4 un <strong>de</strong>uxième feuillet β <strong>par</strong>allèle à une distance d’environ 10 ˚ A (fi-<br />

gure 1.9 (d)).<br />

Enfin, l’émergence d’une nouvelle métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> pré<strong>par</strong>ation <strong>de</strong>s cristaux pour l’étu<strong>de</strong><br />

cristallographique <strong>de</strong>s fibres amyloï<strong>de</strong>s a permis d’obtenir un cristal tridimensionnel du<br />

pepti<strong>de</strong> GNNQQNY dérivé <strong>de</strong> la protéine prion Sup-35 <strong>de</strong> levure. La compaction <strong>de</strong>s molécules<br />

dans le cristal est telle que les auteurs ont pu atteindre une résolution sans précé<strong>de</strong>nte<br />

(Nelson et al., 2005). Dans cette structure ouverte, chaque pepti<strong>de</strong> GNNQQNY est étendu et<br />

forme un brin d’un feuillet β <strong>par</strong>allèle et en registre qui s’étend dans tout le nanocristal<br />

(figure 1.9 (c)). Chaque feuillet β interagit avec un <strong>de</strong>uxième feuillet autour d’une interface<br />

complètement ✭ sèche ✮ dite steric zipper <strong>de</strong> l’épine β. Ces <strong>de</strong>ux feuillets sont reliés <strong>par</strong><br />

l’axe indiqué sur la figure 1.9 (c) et un feuillet peut être superposé sur un autre <strong>par</strong> une<br />

rotation <strong>de</strong> 180˚autour <strong>de</strong> cet axe et une légère translation le long <strong>de</strong> cet axe. L’interdi-<br />

gitation compacte <strong>de</strong>s chaînes latérales <strong>de</strong>s résidus glutamine et as<strong>par</strong>agine aux positions<br />

2, 4 et 6 <strong>de</strong> chaque brin, qui font face aux mêmes résidus sur l’autre feuillet, crée cette<br />

structure <strong>par</strong>ticulière très serrée et lui confère son nom <strong>de</strong> steric zipper (figure 1.9 (c)).<br />

Par cristallographie électronique, Govaerts et collaborateurs ont résolu la forme patho-<br />

logique <strong>de</strong> la protéine prion PrP(Sc) tronquée à l’extrémité N-terminale (Govaerts et al.,<br />

2004). Ce modèle en hélice β (figure 1.9 (b)) illustre le polymorphisme <strong>de</strong>s fibres amyloï<strong>de</strong>s<br />

(Tycko, 2004 ; Meredith, 2005) et les progrès dans la caractérisation structurale <strong>de</strong> ces<br />

fibres qu’ont permis les <strong>de</strong>rnières avancées technologiques.<br />

1.4 Mécanismes <strong>de</strong> formation <strong>de</strong>s fibres<br />

L’étu<strong>de</strong> expérimentale du processus d’agrégation est complexe car les intermédiaires<br />

sont transitoires, en équilibre dynamique, en faible concentration, présentent plusieurs<br />

niveaux d’oligomérisation et une gran<strong>de</strong> variabilité conformationnelle. De plus, l’oligomé-<br />

risation est dépendante <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> pH, température, agitation, etc (Munishkina<br />

et al., 2004). La figure 1.10 résume les différentes techniques utilisées pour suivre les<br />

différentes étapes <strong>de</strong> l’agrégation protéique.


1.4 Mécanismes <strong>de</strong> formation <strong>de</strong>s fibres 13<br />

Fig. 1.10 – Approches expérimentales pour suivre l’agrégation <strong>de</strong>s protéines (tiré <strong>de</strong> Jahn<br />

et Radford, 2005). A, fibre amyloï<strong>de</strong> ; N, structure native ; O, oligomères solubles ; U, états<br />

dépliés ou <strong>par</strong>tiellement repliés. Les techniques <strong>de</strong> spectroscopie sont multiples (mélange<br />

manuel, flux stoppé, flux continu, techniques <strong>de</strong> relaxation), le choix dépend <strong>de</strong> l’échelle<br />

<strong>de</strong> temps que l’on cherche à mesurer.<br />

Actuellement, trois modèles mécaniques sont largement repris pour décrire la formation<br />

<strong>de</strong>s fibres amyloï<strong>de</strong>s.<br />

Le plus populaire, le modèle <strong>de</strong> nucléation-polymérisation proposé <strong>par</strong> Jarett et Lans-<br />

bury, est caractérisé <strong>par</strong> un temps <strong>de</strong> latence qui aboutit à la formation d’un noyau stable<br />

(Jarrett et Lansbury, 1993). Une fois ce noyau formé , la propagation <strong>par</strong> addition suc-<br />

cessive <strong>de</strong> nouveaux monomères <strong>de</strong>vient thermodynamiquement favorable et la fibre croît<br />

rapi<strong>de</strong>ment. L’étape limitante est donc la formation du noyau. La figure 1.11 illustre ce<br />

mécanisme, avec un équilibre bidirectionnel entre monomères, dimères, trimères, etc qui<br />

n’ont pas encore acquis leur propriété ✭ amyloï<strong>de</strong> compétente ✮. Une fois le noyau formé,<br />

tous ces petits oligomères <strong>de</strong>viennent agrégatifs et s’assemblent sur les <strong>de</strong>ux extrémités<br />

<strong>de</strong> la graine amyloï<strong>de</strong> (croissance longitudinale). Cette figure montre également la dispa-<br />

rition <strong>de</strong> la phase <strong>de</strong> latence si on ajoute dans la solution initiale <strong>de</strong>s noyaux préformés<br />

(figure 1.11). Ce processus est aussi décrit sur la figure 1.12 (c).<br />

Un <strong>de</strong>uxième modèle, dit d’assemblage assisté d’une matrice (Templated Assembly),<br />

suggère l’association rapi<strong>de</strong> d’un pepti<strong>de</strong> soluble (S) en conformation random coil sur un<br />

noyau pré-formé. Cet assemblage est suivi d’une étape d’adaptation structurale (étape


14 1 Introduction<br />

Fig. 1.11 – Modèle <strong>de</strong> nucléation-polymérisation (tiré <strong>de</strong> Nilsson, 2004). L’agrégation<br />

<strong>de</strong>s pepti<strong>de</strong>s P est précédée d’une phase <strong>de</strong> latence. Une fois que le noyau est formé, la<br />

propagation est très rapi<strong>de</strong> vers la structure finale fibrillaire. La cinétique <strong>de</strong> ce processus<br />

est indiquée <strong>par</strong> la courbe épaisse sur la <strong>par</strong>tie basse <strong>de</strong> l’image. La courbe fine décrit la<br />

cinétique observée lors <strong>de</strong> l’ajout initial <strong>de</strong> noyaux pré-formés, la phase <strong>de</strong> latence dis<strong>par</strong>aît<br />

alors complètement.<br />

limitante) pendant laquelle le pepti<strong>de</strong> s’accomo<strong>de</strong> à la surface <strong>de</strong> la graine amyloï<strong>de</strong> pour<br />

poursuivre l’élongation. Ce mécanisme est décrit sur la figure 1.12 (a).<br />

Le troisième modèle proposé est le modèle <strong>de</strong> conversion monomère-dirigée (Monomer-<br />

directed conversion) qui implique qu’un pepti<strong>de</strong> monomérique puisse présenter un carac-<br />

tère amyloï<strong>de</strong> (A) analogue à la conformation adoptée dans la fibre. Ce monomère struc-<br />

turé est alors capable <strong>de</strong> convertir un pepti<strong>de</strong> soluble (S) pour former un dimère avec un<br />

profil amyloï<strong>de</strong> (A) (cf. figure 1.12 (b)). Cette étape du mécanisme est l’étape limitante.<br />

Ensuite, le dimère se dissocie et les monomères structurés s’assemblent rapi<strong>de</strong>ment sur les<br />

fibres en formation (figure 1.12 (b)).<br />

Enfin, un <strong>de</strong>rnier modèle combine l’information <strong>de</strong>s modèles Templated Assembly et<br />

Nucleated polymerization. Ce modèle dit <strong>de</strong> ✭ conversion conformationnelle nucléée ✮ (Nu-<br />

cleated conformational conversion) s’appuie sur <strong>de</strong>s observations faites sur la protéine<br />

prion Sup-35 <strong>de</strong> levure. Dans ce processus, la conversion conformationnelle est initiée<br />

<strong>par</strong> un complexe <strong>de</strong> protéines sous forme agrégée et dynamique (pas <strong>de</strong> structure qua-<br />

ternaire établie). D’autres moins structurées vont alors former un noyau à leur contact<br />

(figure 1.12 (d)). Une fois que ces noyaux sont formés, la propagation a lieu rapi<strong>de</strong>ment


1.4 Mécanismes <strong>de</strong> formation <strong>de</strong>s fibres 15<br />

Fig. 1.12 – Modèles envisagés pour la conversion <strong>de</strong>s pepti<strong>de</strong>s amyloïdogéniques en fibres<br />

amyloï<strong>de</strong>s (tiré <strong>de</strong> Kelly, 2000). (a) Templated Assembly (TA) ; (b) Monomer-directed<br />

conversion (MDC) ; (c) Nucleated polymerization (NP) ; (d) Nucleated conformational<br />

conversion (NCC).<br />

<strong>par</strong> un mécanisme <strong>de</strong> matrices qui induisent le changement conformationnel <strong>de</strong> noyaux<br />

entiers (figure 1.12 (d)). Les auteurs suggèrent que ces oligomères ont une structure annu-<br />

laire, sous forme <strong>de</strong> micelle (Serio et al., 2000). La première étape est l’étape limitante <strong>de</strong><br />

ce modèle ; il faut noter que sa probabilité varie en fonction <strong>de</strong> la concentration protéique,<br />

<strong>de</strong>s charges et <strong>de</strong> l’agitation.<br />

D’autres modèles spécifiques à certaines protéines sont également discutés comme<br />

l’échange <strong>de</strong> domaine (domain swapping) pour former un dimère cystatine C (Janowski<br />

et al., 2001) mais ceux-ci sont difficilement généralisables.


16 1 Introduction<br />

1.5 Toxicité<br />

S’il existe assez peu d’informations sur les mécanismes <strong>de</strong> propagation, les phénomènes<br />

impliqués dans la toxicité <strong>de</strong>s fibres sont encore mal connus et en premier lieu quelles sont<br />

les espèces responsables <strong>de</strong> cette cytotoxicité. Il faut préalablement distinguer la toxicité<br />

<strong>de</strong> la pathogénie.<br />

Ainsi, si toutes les fibres ne sont pas toxiques, leur formation peut indirectement être la<br />

cause d’une pathologie. Par exemple l’emphysème, une maladie <strong>de</strong>s poumons, est <strong>par</strong>fois<br />

provoquée <strong>par</strong> <strong>de</strong>s mutations dans la protéine α-1-antitrypsine qui est fabriquée <strong>par</strong> <strong>de</strong>s<br />

cellules du foie. La protéine défectueuse reste dans le foie dans une conformation anormale<br />

au lieu d’être emportée <strong>par</strong> la circulation sanguine. Elle n’est alors plus disponible pour<br />

assurer sa fonction protectrice normale dans les poumons. La forme mutée <strong>de</strong> cette pro-<br />

téine se replie beaucoup plus lentement que la protéine sauvage, en passant <strong>par</strong> un état<br />

intermédiaire <strong>de</strong> longue durée <strong>de</strong> vie. Cet intermédiaire <strong>par</strong>tiellement replié a tendance à<br />

s’agglomérer, ce que la protéine totalement repliée ne fait pas. Si l’accumulation dans le<br />

foie <strong>de</strong> l’α-1-antitrypsine ne se fait pas sans dommages, l’agent pathogène responsable <strong>de</strong><br />

l’emphysème pulmonaire n’est pas <strong>de</strong> nature amyloï<strong>de</strong>.<br />

La toxicité peut être acquise <strong>par</strong> l’exposition d’aci<strong>de</strong>s aminés qui ne <strong>de</strong>vraient pas<br />

l’être et qui favorisent la polymérisation (c’est le cas <strong>de</strong> l’amylose cardiaque héréditaire<br />

qui est dûe à la mutation Ile122 sur la transthyrétine). Elle peut également être provo-<br />

quée <strong>par</strong> la perte du repliement natif. Par exemple, la fibrose cystique est due à une seule<br />

mutation dans une protéine qui transporte normalement <strong>de</strong>s ions à travers la membrane<br />

cellulaire. La fonction normale est perdue <strong>par</strong>ce que la mutation affecte le repliement <strong>de</strong><br />

la protéine <strong>de</strong> sorte que celle-ci <strong>de</strong>vient incapable d’occuper sa place requise dans la cellule.<br />

Récemment, il a été montré que la toxicité n’est pas uniquement le fait <strong>de</strong>s fibres mais<br />

qu’elle est également portée <strong>par</strong> les oligomères rencontrés très tôt durant le processus<br />

<strong>de</strong> fibrillogénèse (Ellis et Pinheiro, 2002 ; Kirkitadze et al., 2002). Cleary et collabora-<br />

teurs montrent que <strong>de</strong>s trimères et <strong>de</strong>s dimères solubles d’Aβ sont ensemble nécessaires<br />

et suffisants pour détruire les fonctions cognitives (Cleary et al., 2005). La toxicité <strong>de</strong>s<br />

oligomères peut même être observée pour <strong>de</strong>s protéines qui ne sont pas connues pour<br />

être responsables <strong>de</strong> maladies amyloï<strong>de</strong>s (Bucciantini et al., 2002 ; Baglioni et al., 2006).<br />

Enfin, la fonction native d’une protéine chaperon, l’αB cristalline, peut <strong>par</strong>adoxalement<br />

augmenter le pouvoir cytotoxique du pepti<strong>de</strong> Aβ amyloï<strong>de</strong> en empêchant la formation <strong>de</strong>s<br />

fibres et en le maintenant dans une forme oligomérique encore plus nocive pour la cellule<br />

(Stege et al., 1999). La toxicité accrue <strong>de</strong>s formes oligomériques pourrait s’expliquer <strong>par</strong><br />

leur fort pouvoir d’interaction avec les membranes cellulaires (Stefani et Dobson, 2003).<br />

La création non dirigée <strong>de</strong> pores dans la membrane ou leurs liaisons spécifiques avec cer-<br />

tains constituants membranaires aurait pour conséquence la perte <strong>de</strong> l’activité cellulaire.


1.6 Objectifs <strong>de</strong> la thèse 17<br />

Les oligomères solubles <strong>de</strong> Aβ, <strong>de</strong> l’α-synucléine et du fragment 106–126 <strong>de</strong> la pro-<br />

téine prion <strong>par</strong>tagent une organisation similaire ce qui suggère un mo<strong>de</strong> d’action commun<br />

<strong>de</strong> toxicité pour tous ces intermédiaires (Kayed et al., 2003). Ils représentent donc tout<br />

naturellement <strong>de</strong> nouvelles cibles thérapeutiques et la compréhension <strong>de</strong>s mécanismes qui<br />

gouvernent leur formation pourrait être déterminante pour lutter efficacement contre le<br />

processus d’amyloïdogénèse.<br />

1.6 Objectifs <strong>de</strong> la thèse<br />

La formation <strong>de</strong>s fibres amyloï<strong>de</strong>s à <strong>par</strong>tir <strong>de</strong> monomères, qui requiert plusieurs jours<br />

in vitro, est hors d’atteinte <strong>de</strong>s techniques <strong>de</strong> simulation numérique classiques qui reposent<br />

sur <strong>de</strong>s champs <strong>de</strong> force <strong>de</strong> mécanique moléculaire avec une représentation explicite du<br />

solvant. La dynamique moléculaire, qui intègre les équations <strong>de</strong> Newton avec un pas <strong>de</strong><br />

l’ordre <strong>de</strong> la femtosecon<strong>de</strong>, offre le plus d’information dynamique et thermodynamique<br />

mais est couramment limitée à <strong>de</strong>s trajectoires <strong>de</strong> 1 µs, typiquement 100 ns. Une telle<br />

échelle <strong>de</strong> temps peut être suffisante pour tester la stabilité d’édifices moléculaires préfor-<br />

més (Armen et al., 2004 ; Ma et Nussinov, 2002 ; Zanuy et Nussinov, 2003 ; Tsai et al.,<br />

2004 ; Haspel et al., 2005 ; Stork et al., 2005 ; Tarus et al., 2005 ; <strong>de</strong> la Paz et al., 2005),<br />

appréhen<strong>de</strong>r les premiers événements <strong>de</strong> la dynamique d’un pepti<strong>de</strong> amyloï<strong>de</strong> (en favori-<br />

sant les contacts entre centres <strong>de</strong> masse (Klimov et Thirumalai, 2003) ou en ajoutant <strong>de</strong>s<br />

contraintes sur les déplacements chimiques (Paci et al., 2004)) ou l’amarrage d’un mo-<br />

nomère désordonné sur un petit oligomère préformé (Nguyen et al., 2007), mais d’autres<br />

métho<strong>de</strong>s sont nécessaires pour couvrir le régime d’agrégation.<br />

Une première approche est la simulation <strong>de</strong> dynamique moléculaire discontinue (DMD)<br />

(Jang et al., 2004 ; Nguyen et Hall, 2004 ; Urbanc et al., 2004b) qui représente chaque<br />

aci<strong>de</strong> aminé <strong>par</strong> une à quatre <strong>par</strong>ticules et s’appuie sur <strong>de</strong>s potentiels <strong>de</strong> formes carrées<br />

(square-well potentials). Cette approche utilisée sur <strong>de</strong>s oligomères Aβ1−40 et Aβ1−42 n’a<br />

pas été calibrée sur <strong>de</strong>s protéines dont les propriétés structurales et thermodynamiques<br />

sont connues.<br />

Enfin, secon<strong>de</strong> possibilité consiste à utiliser à un potentiel effectif ✭ gros-grain ✮ dé-<br />

veloppé au laboratoire (OPEP 3 , voir <strong>par</strong>tie 2.1) associé à <strong>de</strong>s outils efficaces pour ex-<br />

plorer l’espace <strong>de</strong>s conformations (technique d’activation-relaxation, ART) et étudier la<br />

dynamique (dynamique moléculaire, MD) ou la thermodynamique d’assemblage (métho<strong>de</strong><br />

d’échange <strong>de</strong> répliques, REMD). Ces métho<strong>de</strong>s sont décrites au chapitre 2.<br />

3 Optimized Potential for Efficient pepti<strong>de</strong>-structure Prediction


18 1 Introduction<br />

Idéalement, nous aimerions attaquer <strong>de</strong> front la détermination <strong>de</strong>s structures du do-<br />

décamère <strong>de</strong> Aβ1−40 ou Aβ1−42 car ces oligomères sont liés à une toxicité très importante.<br />

Dans le cadre <strong>de</strong> cette thèse, nos objectifs sont au nombre <strong>de</strong> trois.<br />

Le premier objectif est <strong>de</strong> caractériser les mécanismes d’agrégation <strong>de</strong> petits pepti<strong>de</strong>s<br />

connus pour former <strong>de</strong>s fibres amyloï<strong>de</strong>s in vitro. Le chapitre 3 présente trois articles<br />

publiés sur les pepti<strong>de</strong>s KFFE et NFGAIL et qui s’appuient sur la technique ART-OPEP.<br />

À <strong>par</strong>tir <strong>de</strong> ces <strong>simulations</strong>, nous sommes capables d’extraire une vision structurale <strong>de</strong>s<br />

oligomères en équilibre pour <strong>de</strong>s systèmes allant du tétramère au dodécamère. Bien que<br />

ART offre la possibilité d’extraire <strong>de</strong>s informations pertinentes en regard <strong>de</strong>s mécanismes<br />

d’agrégation, cette technique s’approche mais ne tend pas vers la distribution d’équilibre.<br />

De plus, ART ne fournit pas d’information temporelle (pas d’échelle <strong>de</strong> temps).<br />

Le second objectif <strong>de</strong> cette thèse est <strong>de</strong> caractériser la surface d’énergie libre du dimère<br />

Aβ1−42 pour tenter d’apporter <strong>de</strong>s informations supplémentaires en regard du facteur limi-<br />

tant contribuant au temps <strong>de</strong> latence. De nombreuses étu<strong>de</strong>s ont suggéré le rôle essentiel<br />

<strong>de</strong> la région 21–30 dans le repliement du monomère et l’oligomérisation. Les résultats ob-<br />

tenus à <strong>par</strong>tir <strong>de</strong> <strong>simulations</strong> REMD-OPEP sont décrits au chapitre 4, qui a été soumis<br />

début juin pour publication dans Current Alzheimer Disease.<br />

Notre troisième objectif est <strong>de</strong> comprendre les premières étapes <strong>de</strong> la dynamique d’in-<br />

teraction entre <strong>de</strong>s fibres et <strong>de</strong>s pepti<strong>de</strong>s N-méthylés, connus pour inhibiter la formation<br />

<strong>de</strong>s fibres ou désintégrer <strong>de</strong>s agrégats déjà formés. Pour ce faire, nous avons réalisé plu-<br />

sieurs <strong>simulations</strong> <strong>de</strong> dynamique moléculaire MD-OPEP d’un modèle fibrillaire <strong>de</strong> Aβ et<br />

plusieurs copies d’un inhibiteur. Les résultats décrits chapitre 5 permettent <strong>de</strong> dégager<br />

certains sites préférentiels d’interaction et indiquent que le processus <strong>de</strong> déstabilisation<br />

est un phénomène extrêmement lent.<br />

Enfin, les conclusions générales et les perspectives <strong>de</strong> ce travail <strong>de</strong> thèse sont présentées<br />

au chapitre 6.


Chapitre 2<br />

Matériel et métho<strong>de</strong>s<br />

Sommaire<br />

2.1 Le champ <strong>de</strong> force OPEP . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19<br />

2.2 La technique d’activation relaxation . . . . . . . . . . . . . . . 21<br />

2.3 Dynamique moléculaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23<br />

2.3.1 Gromacs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23<br />

2.3.2 MD-OPEP . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24<br />

2.3.3 La métho<strong>de</strong> d’échange <strong>de</strong> répliques (REMD-OPEP) . . . . . . 24<br />

2.4 Optimisation <strong>de</strong> géométrie ab initio . . . . . . . . . . . . . . . 25<br />

2.1 Le champ <strong>de</strong> force OPEP<br />

Afin <strong>de</strong> dépasser les échelles <strong>de</strong> temps accessibles <strong>par</strong> les techniques classiques <strong>de</strong> si-<br />

mulation tout-atome en solvant explicite, nous utilisons un champ <strong>de</strong> force gros-grains qui<br />

inclut implicitement les effets du solvant. Le champ <strong>de</strong> force OPEP (Optimized Poten-<br />

tial for Efficient pepti<strong>de</strong>-structure Prediction) permet <strong>de</strong> décrire les interactions courte et<br />

longue portée <strong>de</strong>s protéines. Initialement optimisé pour minimiser l’énergie d’une struc-<br />

ture native <strong>par</strong>mi un ensemble <strong>de</strong> conformations non natives pour six pepti<strong>de</strong>s tests <strong>de</strong> 12<br />

à 38 aci<strong>de</strong>s aminés présentant <strong>de</strong>s motifs β-hairpin, hélice α, αβ, ββα (Derreumaux, 1999,<br />

2000b), ce champ <strong>de</strong> force a récemment été re<strong>par</strong>amétré sur un ensemble <strong>de</strong> 23 protéines<br />

et environ 30000 leurres (Maupetit et al., 2007). Ce modèle d’énergie simplifiée a déjà été<br />

utilisé avec succès pour une gamme étendue <strong>de</strong> petites protéines présentant <strong>de</strong>s topolo-<br />

gies variées (Derreumaux, 1999, 2000b ; Forcellino et Derreumaux, 2001 ; Wei et al., 2003).<br />

À la différence <strong>de</strong>s modèles gros-grains à forte simplification utilisés pour les simu-<br />

lations <strong>de</strong> dynamique moléculaire discontinue (Jang et al., 2004 ; Ding et al., 2005), le<br />

champ <strong>de</strong> force OPEP bénéficie d’une meilleure résolution qui lui permet <strong>de</strong> capturer <strong>de</strong>s<br />

19


20 2 Matériel et métho<strong>de</strong>s<br />

détails au niveau atomique avec une bonne fiabilité. OPEP repose sur une représentation<br />

simplifiée <strong>de</strong> la chaîne peptidique où la chaîne principale <strong>de</strong>s aci<strong>de</strong>s aminés est développée<br />

explicitement tandis que les chaînes latérales sont réduites à <strong>de</strong>s centroï<strong>de</strong>s 1 (Derreu-<br />

maux, 1999) (cf. figure 2.1). Ces pseudo-atomes sont positionnés aux centres <strong>de</strong> masse <strong>de</strong>s<br />

chaînes latérales tout-atome et respectent leurs caractéristiques physico-chimiques (rayon<br />

d’occupation, charge, hydrophobicité ...) (Derreumaux, 2000b).<br />

Fig. 2.1 – Représentation schématique <strong>de</strong>s aci<strong>de</strong>s<br />

aminés selon le champ <strong>de</strong> force gros-grains OPEP.<br />

La formule analytique du potentiel se décompose en trois termes :<br />

EOPEP = Elocal + Enon bon<strong>de</strong>d + EH bond<br />

• Les interactions à courte portée sont définies <strong>par</strong> <strong>de</strong>s potentiels harmoniques pour<br />

conserver la stéréochimie <strong>de</strong> la protéine :<br />

Elocal = <br />

Kkb(r − req) 2 + <br />

kα(α − αeq) 2 +<br />

bonds<br />

angles<br />

+ <br />

kΦ(Φ − Φ0) 2 + <br />

kΨ(Ψ − Ψ0) 2<br />

Φ<br />

Ψ<br />

<br />

improper angles<br />

kΩ(Ω − Ωeq) 2<br />

où req, αeq et Ωeq sont tirés du champ <strong>de</strong> force AMBER <strong>par</strong>m94 (Cornell et al., 1995) ; Φ0 = Φ<br />

dans l’intervalle [Φlower, Φupper] 2 , sinon Φ0 = min(Φ-Φlower, Φ-Φupper).<br />

• Les interactions non liées sont définies <strong>par</strong> :<br />

Enon bon<strong>de</strong>d = <br />

ELJ + <br />

1,4<br />

Cα,Cα<br />

ELJ + <br />

M ′ ,M ′<br />

ELJ + <br />

ELJ + <br />

où M’ représente les atomes <strong>de</strong> la chaîne principale M à l’exception <strong>de</strong>s Cα ; Sc désigne la<br />

chaîne latérale et ELJ, le potentiel <strong>de</strong> Lennard-Jones avec <strong>de</strong>s termes attractif et répulsif :<br />

ELJ = ɛij<br />

r 0 ij<br />

rij<br />

12<br />

− 2<br />

r 0 ij<br />

rij<br />

6 <br />

H(ɛij) − ɛij<br />

M,Sc<br />

r 0 ij<br />

rij<br />

Sc,Sc<br />

6<br />

H(−ɛij)<br />

1 Hormis les chaînes latérales <strong>de</strong> l’alanine et <strong>de</strong> la proline qui sont représentées tout-atome.<br />

2 On utilise (Φlower = -160˚, Φupper = -60˚) et (Φlower = -60˚, Φupper = -160˚)<br />

ELJ


2.2 La technique d’activation relaxation 21<br />

La fonction H(x) vaut 1 si x ≥ 0 et 0 si x < 0 ; ainsi, ELJ sera du type 6/12 ou seulement 6.<br />

Pour toutes les interactions autres que Sc-Sc, H(x) est fixé à 1 et un potentiel 6/12 est<br />

donc utilisé. En revanche, pour les interactions entre <strong>de</strong>ux chaînes latérales, H(x) vaut 1<br />

si l’interaction est attractive (résidus présentant un caractère hydrophobe ou <strong>de</strong>s charges<br />

opposées) et H(x) = 0 si l’interaction est répulsive, un potentiel 6 est alors utilisé.<br />

où<br />

et<br />

• Enfin, le potentiel <strong>de</strong> liaison hydrogène est exprimé <strong>par</strong> :<br />

EH bond = <br />

ij,j=i+4<br />

ɛhb1−4µ(rij)ν(αij) + <br />

ij,j>i+4<br />

ɛhb1>4µ(rij)ν(αij)<br />

+ ɛhb−αexp(−(rij − σ) 2 /2)exp(−(rkl − σ) 2 /2)∆(ijkl)<br />

+ ɛhb−βexp(−(rij − σ) 2 /2)exp(−(rkl − σ) 2 /2)∆ ′ (ijkl)<br />

12 10 σ σ<br />

µ(rij) = 5 − 6<br />

rij rij<br />

ν(αij) =<br />

<br />

cos 2 αij si αij > 90˚<br />

0 sinon<br />

Les <strong>de</strong>ux premiers termes <strong>de</strong> l’équation décrivent les interactions à <strong>de</strong>ux corps (ij ) qui<br />

dépen<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la géométrie <strong>de</strong>s angles NHO et <strong>de</strong> la distance O - - - H. Les termes suivants<br />

définissent les interactions à quatre corps et représentent l’effet <strong>de</strong> coopérativité entre les<br />

liaisons ij et kl.<br />

La version d’OPEP 3.2 a été utilisée pour les <strong>simulations</strong> <strong>de</strong> dynamique moléculaire<br />

et d’échange <strong>de</strong> répliques.<br />

2.2 La technique d’activation relaxation<br />

La technique d’activation-relaxation est une métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> simulation numérique qui<br />

permet d’explorer la surface d’énergie libre d’une molécule dans <strong>de</strong>s temps accessibles<br />

tout en respectant son espace conformationnel (Mousseau et al., 2001 ; Wei et al., 2002).<br />

ART nouveau utilise une métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> diagonalisation directe <strong>de</strong> la matrice Hessienne (<strong>par</strong><br />

l’algorithme <strong>de</strong> Lanczos) et ap<strong>par</strong>tient à une famille d’algorithmes qui inclut la métho<strong>de</strong><br />

dimère <strong>de</strong> Henkelman et Jónsson (Henkelman et Jónsson, 1999) et l’approche hybri<strong>de</strong> du<br />

suivi <strong>de</strong> vecteur propre (eigenvector-following) (Cerjan et Miller, 1981 ; Doye et Wales,<br />

1997).


22 2 Matériel et métho<strong>de</strong>s<br />

Un événement ART consiste en quatre étapes :<br />

1.<br />

À <strong>par</strong>tir d’une structure d’énergie minimale, la conformation est déformée dans<br />

une direction choisie aléatoirement dans l’espace <strong>de</strong> dimension 3N. La déformation<br />

augmente progressivement jusqu’à ce qu’une direction <strong>de</strong>vienne instable, c’est-à-dire<br />

jusqu’à ce que la plus petite valeur propre <strong>de</strong> la matrice Hessienne, qui représente<br />

l’inflexion <strong>de</strong> la surface d’énergie, <strong>de</strong>vienne négative.<br />

2. La configuration est ensuite poussée le long <strong>de</strong> cette direction (on suit le vecteur<br />

propre associé à la valeur propre négative) tout en minimisant les forces perpendi-<br />

culaires au mouvement et ce, tant que le total <strong>de</strong>s forces sur l’ensemble <strong>de</strong>s atomes<br />

est supérieur à un certain seuil. Une fois atteinte, cette valeur indique la conver-<br />

gence du système vers un état <strong>de</strong> transition 3 . Ces <strong>de</strong>ux premières étapes constituent<br />

la phase d’activation.<br />

3. La configuration est alors déplacée légèrement <strong>de</strong> manière à franchir ce point <strong>de</strong><br />

selle, puis est relaxée dans un nouveau minimum local en utilisant une technique <strong>de</strong><br />

minimisation classique (dynamique amortie).<br />

4. Enfin, la nouvelle conformation est acceptée ou rejetée selon le critère <strong>de</strong> Metropolis<br />

(équation 2.1) qui prend en compte la différence d’énergie entre les minima initial<br />

et final à la température désirée (à titre d’exemple, 71,9 % <strong>de</strong>s conformations finales<br />

ont été acceptées pour les <strong>simulations</strong> réalisées sur le tétramère KFFE, cf. <strong>par</strong>tie 3.3).<br />

Précisons que cette température n’a pas <strong>de</strong> sens physique (pas d’entropie dans le<br />

système) mais qu’elle traduit un <strong>par</strong>amètre énergétique. En effet, plus T sera grand<br />

plus nous accepterons <strong>de</strong> conformations, y compris <strong>de</strong>s états défavorables à 300 K.<br />

L’acceptation ou non <strong>de</strong>s géométries est donnée <strong>par</strong> le critère <strong>de</strong> Metropolis,<br />

∆E<br />

− k<br />

paccept = e B T (2.1)<br />

où ∆E est la différence d’énergie entre les <strong>de</strong>ux états, T la température et kB la<br />

constante <strong>de</strong> Boltzmann.<br />

Un événement ART est illustré sur la figure 2.2, les flèches pleines représentent un<br />

chemin possible d’activation-relaxation. ART-OPEP a déjà permis <strong>de</strong> mettre en évi<strong>de</strong>nce<br />

les mécanismes déterminants du repliement du β-hairpin <strong>de</strong> la région C-terminale <strong>de</strong> la<br />

protéine G (Wei et al., 2004b) et plus récemment, les mécanismes d’agrégation d’un dimère<br />

et d’un trimère du pepti<strong>de</strong> Aβ16−22 (Santini et al., 2004b,a). L’analyse <strong>de</strong> ces <strong>simulations</strong><br />

sur l’épingle β <strong>de</strong> la protéine G est en adéquation avec les données expérimentales et les<br />

<strong>simulations</strong> classiques (dynamique moléculaire à haute température, métho<strong>de</strong> d’échange<br />

<strong>de</strong> répliques, dynamique d’ensemble) et suggèrent le caractère physique <strong>de</strong>s trajectoires.<br />

3 point <strong>de</strong> selle d’ordre 1


2.3 Dynamique moléculaire 23<br />

En outre, nos <strong>simulations</strong> montrent que toutes les régions <strong>de</strong> l’espace conformationnel sont<br />

accessibles en un nombre fini d’événements indépendamment du point <strong>de</strong> dé<strong>par</strong>t et que<br />

les événements sont réversibles.<br />

Fig. 2.2 – Représentation schématique d’un événement<br />

ART sur la surface d’énergie.<br />

En pratique, ART limite l’échantillonnage <strong>de</strong> l’espace conformationnel aux minima<br />

locaux. Par conséquent, les trajectoires ART ne ten<strong>de</strong>nt pas exactement vers une distri-<br />

bution d’équilibre <strong>de</strong> Boltzmann mais s’en approchent. Dans la suite <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong>, nous<br />

utiliserons <strong>par</strong>fois la fonction <strong>de</strong> <strong>par</strong>tition <strong>de</strong> Boltzmann pour calculer les probabilités<br />

<strong>de</strong> chaque état, mais les valeurs données n’auront qu’un sens qualitatif, pour la raison<br />

évoquée précé<strong>de</strong>mment.<br />

2.3 Dynamique moléculaire<br />

2.3.1 Gromacs<br />

Les <strong>simulations</strong> à l’échelle atomique, avec une représentation explicite du solvant, ont<br />

été réalisées avec le programme GROMACS 3.1.4 en utilisant le champ <strong>de</strong> force Gro-<br />

mos96 (van Gunsteren et al., 1996 ; Scott et al., 1999). Les systèmes ont été simulés dans<br />

l’ensemble isobare-isotherme NPT à la pression <strong>de</strong> 1 atm (algorithme <strong>de</strong> Berendsen (Be-<br />

rendsen et al., 1984)). Les <strong>simulations</strong> sont réalisées en conditions périodiques à pH 7,<br />

avec un modèle d’eau SPC (Single Point Charge), sans ajout <strong>de</strong> contre-ion car le système<br />

est déjà équilibré électriquement (la somme <strong>de</strong>s charges sur le pepti<strong>de</strong> est nulle). Les in-<br />

teractions électrostatiques ont été calculées avec la métho<strong>de</strong> PME (Particle Mesh Evald)<br />

(Ewald, 1921 ; Allen et Til<strong>de</strong>slley, 1987) en utilisant un rayon <strong>de</strong> coupure <strong>de</strong> 12 ˚ A, la<br />

liste <strong>de</strong>s voisins étant mise à jour toutes les 10 fs. L’utilisation <strong>de</strong>s algorithmes SHAKE<br />

(Ryckaert et al., 1977), puis LINCS (Hess et al., 1997), pour contraindre les longueurs <strong>de</strong><br />

liaisons à leur valeur d’équilibre, nous a permis d’utiliser un pas d’intégration <strong>de</strong> 2 fs.<br />

Le premier système (tétramère <strong>de</strong> KFFE) a été solvaté dans une boîte rectangulaire <strong>de</strong><br />

45 × 45 × 32 ˚ A contenant 1995 molécules d’eau SPC et <strong>de</strong>s <strong>simulations</strong> ont été lancées<br />

aux températures constantes <strong>de</strong> 298 K et 330 K avec <strong>de</strong>s constantes <strong>de</strong> couplage <strong>de</strong> 0,1 et<br />

0,5 ps respectivement (algorithme <strong>de</strong> Berendsen (Berendsen et al., 1984)). L’heptamère<br />

<strong>de</strong> KFFE a été solvaté dans une boîte dodécahédrique <strong>de</strong> 60 ˚ A <strong>de</strong> côté avec 3650 molécules


24 2 Matériel et métho<strong>de</strong>s<br />

d’eau SPC pour les structures double-couches et 5633 pour le feuillet β monocouche idéal.<br />

La <strong>de</strong>nsité pour toutes les trajectoires est équilibrée à une valeur <strong>de</strong> 1,0 g/mL.<br />

2.3.2 MD-OPEP<br />

Les <strong>simulations</strong> <strong>de</strong> dynamique moléculaire gros-grains en solvant implicite sont réalisées<br />

avec le programme MD-OPEP (Derreumaux et Mousseau, 2007) qui utilise un algorithme<br />

<strong>de</strong> Verlet (Swope et al., 1982) pour l’intégration <strong>de</strong>s équations du mouvement <strong>de</strong> Newton.<br />

Les phases <strong>de</strong> production sont effectuées à température constante (thermostat <strong>de</strong> Berend-<br />

sen (Berendsen et al., 1984)) avec un temps <strong>de</strong> couplage <strong>de</strong> 0,1 ps.<br />

L’algorithme RATTLE (An<strong>de</strong>rsen, 1983) a été utilisé pour nous affranchir <strong>de</strong>s vibra-<br />

tions <strong>de</strong> liaison <strong>de</strong> plus hautes fréquences, ce qui autorise un pas d’intégration <strong>de</strong> 1,5 fs.<br />

Les <strong>simulations</strong> sont réalisées avec un modèle <strong>de</strong> solvant implicite et une représentation<br />

gros-grain <strong>de</strong> la chaîne latérale (cf. <strong>par</strong>tie 2.1), l’échelle <strong>de</strong> temps simulée n’a donc pas <strong>de</strong><br />

réalité physique. En effet, <strong>de</strong> <strong>par</strong>t la représentation gros-grain du système et l’utilisation<br />

d’un continuum diélectrique pour représenter l’effet du solvant, l’espace conformationnel<br />

est considérablement lissé ce qui accélère fortement son exploration.<br />

2.3.3 La métho<strong>de</strong> d’échange <strong>de</strong> répliques (REMD-OPEP)<br />

Pour éviter d’attendre l’événement rare qui permettra <strong>de</strong> franchir une barrière d’éner-<br />

gie en dynamique moléculaire classique à T=300K, il est possible d’utiliser la métho<strong>de</strong><br />

d’échange <strong>de</strong> répliques (Replica Exchange Molecular Dynamics) (Hansmann, 1997 ; Su-<br />

gita et Okamoto, 1999) qui permet d’explorer plus efficacement le paysage énergétique,<br />

mais également l’espace <strong>de</strong>s températures. Cette technique combine les principes <strong>de</strong> la<br />

dynamique moléculaire et <strong>de</strong> la métho<strong>de</strong> d’umbrella sampling (Boczko et Brooks, 1995).<br />

La simulation <strong>par</strong>allèle <strong>de</strong> plusieurs trajectoires, où la température <strong>de</strong>vient une variable<br />

dynamique au cours <strong>de</strong> la simulation, a initialement été implémentée avec la métho<strong>de</strong><br />

Monte Carlo <strong>par</strong> Swendsen et Wang pour étudier <strong>de</strong>s verres <strong>de</strong> spins (Swendsen et Wang,<br />

1986). Le Monte Carlo d’échange, ou REM (Replica Exchange Method), a été introduit<br />

pour la première fois <strong>par</strong> Hansmann sur un petit pepti<strong>de</strong> <strong>de</strong> séquence Tyr-Gly-Gly-Phe-<br />

Met (Hansmann, 1997). Couplée à la dynamique moléculaire, cette métho<strong>de</strong> d’échange<br />

s’est démocratisée et est, aujourd’hui, très utilisée pour l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s biomolécules (Sugita<br />

et Okamoto, 1999 ; Gront et al., 2000 ; Sugita et al., 2000 ; García et Sanbonmatsu, 2002 ;<br />

Kinnear et al., 2004 ; Schug et al., 2004 ; Kokubo et Okamoto, 2004)


2.4 Optimisation <strong>de</strong> géométrie ab initio 25<br />

De la même manière, la technique REMD-OPEP consiste à réaliser plusieurs trajec-<br />

toires (répliques) <strong>de</strong> dynamique moléculaire avec le champ <strong>de</strong> force OPEP et à autoriser<br />

<strong>de</strong>s échanges entre <strong>de</strong>ux copies du système i et j tous les texch avec la probabilité suivante :<br />

<br />

1<br />

P (i ↔ j) = min 1, exp −<br />

kBTi<br />

1<br />

<br />

(Ui − Uj)<br />

kBTj<br />

où kB est la constante <strong>de</strong> Boltzmann, Ui et Uj les énergies potentielles <strong>de</strong>s copies à l’instant<br />

texch, et Ti et Tj les températures <strong>de</strong>s répliques i et j.<br />

Les températures sont contrôlées <strong>par</strong> l’algorithme <strong>de</strong> Berendsen (Berendsen et al.,<br />

1984) et sont distribuées exponentiellement : Tn = T0e (n×k) , avec T0 et k constantes, et n<br />

le nombre <strong>de</strong> répliques. Pour chaque simulation <strong>de</strong> REMD, nous avons contrôlé les taux<br />

d’échange ainsi que le bon recouvrement <strong>de</strong>s trajectoires.<br />

2.4 Optimisation <strong>de</strong> géométrie ab initio<br />

Nous souhaitons réaliser <strong>de</strong>s <strong>simulations</strong> en présence d’un inhibiteur N-méthylé. Il a<br />

donc été nécessaire d’implémenter cette liaison -NCH3 dans le champ <strong>de</strong> force OPEP,<br />

c’est-à-dire obtenir les charges et les <strong>par</strong>amètres <strong>de</strong> géométrie locale : angles <strong>de</strong> valence,<br />

angles dihèdres, longueurs <strong>de</strong> liaison ... Nous avons donc effectué une optimisation <strong>de</strong><br />

géométrie ab initio pour le pepti<strong>de</strong> modifié Ace-Pro-Phe ⋆ -Nhe où l’hydrogène porté <strong>par</strong><br />

l’azote <strong>de</strong> la liaison peptidique marquée <strong>par</strong> une étoile a été substitué <strong>par</strong> un groupement<br />

méthyl. Cette optimisation <strong>de</strong> géométrie a été réalisée avec le programme Gaussian03<br />

(Frisch et al., 2004) en utilisant le jeu <strong>de</strong> base 6-31G(d,p) et la métho<strong>de</strong> B3LYP 4 hybri<strong>de</strong><br />

DFT/Hartree-Fock. Plusieurs étu<strong>de</strong>s (Wiberg, 2004 ; Martin et Zipse, 2005) vali<strong>de</strong>nt ce<br />

protocole qui semble être le plus performant pour réaliser une bonne optimisation <strong>de</strong><br />

géométrie sur un système <strong>de</strong> cette taille. Les charges atomiques sont déterminées <strong>par</strong><br />

l’analyse <strong>de</strong> population <strong>de</strong> Mulliken.<br />

4 métho<strong>de</strong> hybri<strong>de</strong> <strong>de</strong> Becke (Becke, 1993) à trois <strong>par</strong>amètres utilisant la corrélation fonctionnelle <strong>de</strong><br />

Lee-Yang-Parr (Lee et al., 1988)


Chapitre 3<br />

Les petits pepti<strong>de</strong>s amyloï<strong>de</strong>s<br />

Sommaire<br />

3.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27<br />

3.1.1 Le pepti<strong>de</strong> KFFE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27<br />

3.1.2 Le fragment 22–27 du pepti<strong>de</strong> IAPP humain . . . . . . . . . . 28<br />

3.2 Objectifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29<br />

3.3 Following the aggregation of amyloid-forming pepti<strong>de</strong>s by<br />

computer <strong>simulations</strong> . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30<br />

3.4 Structures of soluble amyloid oligomers from computer si-<br />

mulations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40<br />

3.5 Probing amyloid fibril formation of the NFGAIL pepti<strong>de</strong> by<br />

computer <strong>simulations</strong> . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54<br />

3.1 Introduction<br />

3.1.1 Le pepti<strong>de</strong> KFFE<br />

À ce jour, KFFE est le plus petit pepti<strong>de</strong> connu pour former, in vitro, <strong>de</strong>s fibres amy-<br />

loï<strong>de</strong>s com<strong>par</strong>ables à celles retrouvées dans les différentes maladies évoquées précé<strong>de</strong>m-<br />

ment (Tjernberg et al., 2002) (cf. figure 3.1). Dans leur étu<strong>de</strong>, Tjernberg et collaborateurs<br />

cherchent à déterminer les conditions minimales pour la formation <strong>de</strong> fibres in vitro à<br />

<strong>par</strong>tir <strong>de</strong> pepti<strong>de</strong>s très courts. D’après <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s précé<strong>de</strong>ntes, les résidus lysine (K) et<br />

glutamate (E) sont généralement observés sur <strong>de</strong>s brins voisins à l’intérieur <strong>de</strong>s feuillets β<br />

(Wouters et Curmi, 1995) et les pepti<strong>de</strong>s riches en KE forment <strong>de</strong>s fibres (Zhang et al.,<br />

1993) ; <strong>par</strong> ailleurs, les résidus phénylalanine (F) et valine (V) sont fréquents dans les<br />

brins β tandis que les résidus leucine (L) et alanine (A) sont surexprimés dans les hélices α<br />

(Kallberg et al., 2001). Les analyses <strong>de</strong> Tjernberg et collaborateurs <strong>par</strong> miscroscopie élec-<br />

27


28 3 Les petits pepti<strong>de</strong>s amyloï<strong>de</strong>s<br />

tronique, dichroïsme circulaire et coloration au rouge Congo vont vali<strong>de</strong>r ces observations.<br />

En effet, il ap<strong>par</strong>aît que KFFE et KVVE sont capables d’induire la formation <strong>de</strong> fibres amy-<br />

loï<strong>de</strong>s contrairement à KLLE et KAAE. Ces résultats suggèrent que les résidus hydrophobes<br />

avec une forte propension à former <strong>de</strong>s brins β et les résidus avec <strong>de</strong>s complémentarités<br />

<strong>de</strong> charge favorisent la formation <strong>de</strong>s fibres. À noter qu’un autre tétrapepti<strong>de</strong> <strong>de</strong> séquence<br />

DNFK est également capable <strong>de</strong> former <strong>de</strong>s fibres (Reches et al., 2002) mais moins ordonnées<br />

que celles observées pour KFFE ou KVVE.<br />

Fig. 3.1 – a. Miscroscopie électronique<br />

<strong>de</strong>s fibres obtenues avec KFFE (300 µM,<br />

10 jours d’incubation à 37˚C, échelle<br />

50 nm) ; b. Coloration <strong>de</strong>s fibres au<br />

rouge Congo et vue sous lumière polarisée<br />

(échelle 25 µm).<br />

Tjernberg propose pour KFFE un modèle d’assemblage en feuillet β anti<strong>par</strong>allèle (cf.<br />

figure 3.2) fondé sur un principe d’énergie minimale. Cet arrangement est stabilisé <strong>par</strong><br />

la distribution <strong>de</strong>s charges et les interactions <strong>de</strong> van <strong>de</strong>r Waals entre les chaînes latérales<br />

(interaction π entre les phénylalanines <strong>de</strong>s brins adjacents (Gazit, 2002)). Le motif KFFE<br />

a également été utilisé pour générer un dodécamère du pepti<strong>de</strong> KFFEAAAKKFFE capable<br />

également <strong>de</strong> former <strong>de</strong>s feuillets β arrangés en croix β (Hosia et al., 2004).<br />

Fig. 3.2 – Modèle d’un feuillet β composé <strong>de</strong> quatre tétrapepti<strong>de</strong>s<br />

anti<strong>par</strong>allèles <strong>de</strong> séquence KFFE. K est représenté en bleu,<br />

F en noir et E en rouge.<br />

3.1.2 Le fragment 22–27 du pepti<strong>de</strong> IAPP humain<br />

Le pepti<strong>de</strong> IAPP (Islet Amyloid PolyPepti<strong>de</strong>), ou amyline, est un pepti<strong>de</strong> <strong>de</strong> 37 aci<strong>de</strong>s<br />

aminés sécrété dans la circulation sanguine <strong>par</strong> les cellules β du pancréas (îlots <strong>de</strong> Lange-<br />

rhans) en même temps que l’insuline. L’amyline inhibe la sécrétion <strong>de</strong> glucagon, retar<strong>de</strong><br />

la vidange gastrique, réduit la sensation <strong>de</strong> faim et a, sur le métabolisme glucidique, <strong>de</strong>s


3.2 Objectifs 29<br />

effets complexes, <strong>par</strong>fois opposés à ceux <strong>de</strong> l’insuline. Par ailleurs, l’amyline a un effet<br />

vasodilatateur <strong>de</strong> type calcitonine.<br />

La forme humaine <strong>de</strong> l’amyline est associée sous forme <strong>de</strong> fibres amyloï<strong>de</strong>s au diabète<br />

<strong>de</strong> type II mellitus (Hay<strong>de</strong>n et al., 2005). Ces fibres se forment dans les îlots chez plus <strong>de</strong><br />

90 % <strong>de</strong>s patients diabétiques (72 % ayant plus <strong>de</strong> 40 ans) et chez 18 % <strong>de</strong>s sujets normaux<br />

représentant un état prédiabétique. Bien qu’une expression accrue du gène IAPP entraîne<br />

une surproduction d’IAPP caractéristique <strong>de</strong> l’aggravation <strong>de</strong> l’état diabétique, le gène <strong>de</strong><br />

l’IAPP est exprimé normalement chez les diabétiques. La formation <strong>de</strong>s dépôts amyloï<strong>de</strong>s<br />

est donc liée à un dysfonctionnement post-transcriptionnel.<br />

Par <strong>de</strong>s expériences <strong>de</strong> fluorescence couplées à <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> dichroïsme circulaire et <strong>de</strong><br />

RMN, L. Khemtémourian ( ✭ communication personnelle ✮) montre que la forme oligomé-<br />

rique provoque l’endommagement <strong>de</strong> la membrane. Hay<strong>de</strong>n et collaborateurs ont montré<br />

que la région 22–27 <strong>de</strong> l’amyline, <strong>de</strong> séquence NFGAIL, est responsable <strong>de</strong> la formation <strong>de</strong><br />

fibres amyloï<strong>de</strong>s (Hay<strong>de</strong>n et al., 2005). En solution, <strong>de</strong>s expériences <strong>de</strong> spectroscopie IR<br />

(Petty et Decatur, 2005) indiquent que NFGAIL forme <strong>de</strong>s feuillets β ordonnés et <strong>par</strong>allèles.<br />

Enfin, <strong>de</strong>s <strong>simulations</strong> <strong>de</strong> dynamique moléculaire sur le fragment NFGAIL et son variant<br />

NAGAIL révèlent l’importance <strong>de</strong>s interactions hydrophobes entre les chaînes latérales <strong>de</strong>s<br />

phénylalanines dans les premières étapes <strong>de</strong> l’agrégation (Wu et al., 2004, 2005b) et leur<br />

rôle dans l’élongation <strong>de</strong> la fibres, car le stacking <strong>de</strong>s cycles aromatiques dirige la formation<br />

ordonnée <strong>de</strong>s protofilaments (Wu et al., 2005a ; Colombo et al., 2005).<br />

3.2 Objectifs<br />

De nombreuses étu<strong>de</strong>s suggèrent que la toxicité <strong>de</strong>s maladies neurodégénératives telles<br />

que la maladie d’Alzheimer ou la maladie <strong>de</strong> Parkinson sont le fait <strong>de</strong>s intermédiaires<br />

oligomériques solubles formés très tôt dans le processus <strong>de</strong> fibrillogénèse. Il est donc im-<br />

portant <strong>de</strong> caractériser précisemment les premières étapes <strong>de</strong> la formation <strong>de</strong>s oligomères<br />

au niveau atomique. Puisque ces structures sont métastables et ont une durée <strong>de</strong> vie<br />

très courte, leur caractérisation expérimentale est difficile et doit être complétée <strong>par</strong> <strong>de</strong>s<br />

<strong>simulations</strong> <strong>numériques</strong>.<br />

Dans ce chapitre, je présente les résultats obtenus <strong>par</strong> l’approche ART-OPEP sur <strong>de</strong>s<br />

systèmes composés <strong>de</strong> 4 et 7 tétrapepti<strong>de</strong>s KFFE puis sur un ensemble <strong>de</strong> 12 hexapepti<strong>de</strong>s<br />

NFGAIL. Nous essayerons <strong>de</strong> répondre aux questions suivantes pour chacun <strong>de</strong>s systèmes.<br />

Quelles sont les structures <strong>de</strong>s intermédiaires qui précè<strong>de</strong>nt la formation du noyau ? Com-<br />

ment se réalise la conversion structurale <strong>de</strong> la forme native vers un état amyloï<strong>de</strong> dit<br />

✭ amyloï<strong>de</strong> compétent ✮ ? Quelles sont les bases <strong>de</strong> la complémentarité protéique ? Quels<br />

sont les <strong>par</strong>amètres déterminants pour la formation <strong>de</strong>s fibres ? Peut-on estimer la taille<br />

du noyau pour ces <strong>de</strong>ux séquences amyloïdogéniques ?


30 3 Les petits pepti<strong>de</strong>s amyloï<strong>de</strong>s<br />

3.3 Following the aggregation of amyloid-forming pep-<br />

ti<strong>de</strong>s by computer <strong>simulations</strong><br />

Adrien Melquiond, Geneviève Boucher, Normand Mousseau & Philippe Derreumaux<br />

J. Chem. Phys., 122 : 174904, 2005<br />

Les rares données expérimentales sur les intermédiaires amyloï<strong>de</strong>s solubles concernent<br />

le pepti<strong>de</strong> Aβ amyloï<strong>de</strong>. Des expériences PICUP 1 couplées à SDS-PAGE 2 menées sur Aβ40<br />

révèlent que les intermédiaires oligomériques se présentent sous forme d’un mélange <strong>de</strong><br />

monomères, dimères, trimères et tétramères en équilibre rapi<strong>de</strong> (Bitan et al., 2003b). Au<br />

contraire, Aβ42 forme préférentiellement <strong>de</strong>s pentamères et <strong>de</strong>s hexamères (<strong>par</strong>anuclei)<br />

qui s’assemblent pour former <strong>de</strong>s superstructures com<strong>par</strong>ables aux protofibrilles (Walsh<br />

et al., 1997 ; Bitan et al., 2003a). Cette étu<strong>de</strong> montre également que la polymérisation<br />

<strong>de</strong>s pepti<strong>de</strong>s β-amyloï<strong>de</strong> suit un mécanisme <strong>de</strong> nucléation-polymérisation avec l’existence<br />

d’une phase <strong>de</strong> latence peuplée <strong>par</strong> <strong>de</strong>s intermédiaires solubles, jusqu’à la formation d’un<br />

assemblage préférentiel stable (noyau) à <strong>par</strong>tir duquel le processus d’agrégation s’accèlère<br />

(élongation <strong>de</strong> la fibre).<br />

Bien que le motif KFFE ne soit pas présent dans la séquence du pepti<strong>de</strong> Aβ amyloï<strong>de</strong><br />

responsable <strong>de</strong> la maladie d’Alzheimer, sa simplicité en fait un modèle attractif pour<br />

comprendre les états conformationnels explorés lors <strong>de</strong> l’agrégation amyloï<strong>de</strong>. En effet,<br />

le fragment Aβ16−22 est anti<strong>par</strong>allèle (Petkova et al., 2004) tandis que le pepti<strong>de</strong> entier<br />

forme <strong>de</strong>s feuillets β <strong>par</strong>allèles (Balbach et al., 2002 ; Petkova et al., 2002). Il a ainsi été<br />

montré que l’arrangement <strong>par</strong>allèle ou anti<strong>par</strong>allèle pour le pepti<strong>de</strong> Aβ varie en fonction<br />

<strong>de</strong> la longueur du pepti<strong>de</strong> mais est également contrôlé <strong>par</strong> son amphiphilicité puisque le<br />

pepti<strong>de</strong> octanoyl-Aβ16−22 forme <strong>de</strong>s feuillets <strong>par</strong>allèles (Gordon et al., 2004).<br />

Comme nous l’avons évoqué précé<strong>de</strong>mment (cf. <strong>par</strong>tie 1.6), la simulation numérique <strong>de</strong><br />

la formation d’agrégats ordonnés n’est pas une tâche facile. Une alternative est offerte <strong>par</strong><br />

la technique d’activation-relaxation (ART), couplée à un modèle d’énergie simplifiée avec<br />

une <strong>de</strong>scription implicite du solvant (OPEP). Cette technique présente <strong>de</strong>ux avantages<br />

majeurs <strong>par</strong> rapport aux métho<strong>de</strong>s classiques que sont le Monte Carlo (MC) et la dyna-<br />

mique moléculaire (MD). Les événements ART sont déterminés directement dans l’espace<br />

<strong>de</strong>s configurations ce qui permet <strong>de</strong>s changements conformationnels <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> complexité<br />

(en com<strong>par</strong>aison avec les déplacements MC). Par ailleurs, cette approche n’est pas limi-<br />

tée <strong>par</strong> la hauteur <strong>de</strong>s barrières d’énergie à franchir ce qui autorise le système à évoluer<br />

rapi<strong>de</strong>ment à travers l’espace conformationnel sans avoir à attendre qu’une fluctuation<br />

thermique efficace se produise (comme dans les <strong>simulations</strong> <strong>de</strong> dynamique moléculaire).<br />

1 Photo-Induced Cross-Linking of Unmodified Proteins.<br />

2 Sodium Do<strong>de</strong>cyl Sulfate-PolyAcrylmi<strong>de</strong> Gel Electrophoresis


3.3 Following the aggregation of amyloid-forming pepti<strong>de</strong>s by computer <strong>simulations</strong> 31<br />

Des <strong>simulations</strong> ART-OPEP ont déjà été réalisées sur <strong>de</strong>s hexamères <strong>de</strong> KFFE (Wei<br />

et al., 2004c). Les résultats montrent que le pepti<strong>de</strong> KFFE est non structuré en solution et<br />

que six pepti<strong>de</strong>s KFFE peuvent adopter trois arrangements préférentiels en solution : <strong>de</strong>ux<br />

organisations en feuillets β double-couche qui satisfont la structure générique <strong>de</strong>s fibres<br />

amyloï<strong>de</strong>s observée <strong>par</strong> diffraction aux rayons X et un hexamère mono-couche courbé (Wei<br />

et al., 2004c). Dans ce chapitre, nous poursuivons notre étu<strong>de</strong> du pepti<strong>de</strong> KFFE, bloqué<br />

aux extrémités <strong>par</strong> <strong>de</strong>ux groupements acétyl et amine. L’expérience montre que cette<br />

manipulation ne perturbe pas l’agrégation <strong>de</strong> ces pepti<strong>de</strong>s (Tjernberg et al., 2002). Nous<br />

analyserons en détail les mécanismes d’agrégation <strong>de</strong> quatre pepti<strong>de</strong>s KFFE et l’effet <strong>de</strong>s va-<br />

riations <strong>de</strong> séquence sur les structures solubles <strong>de</strong> plus basses énergies. Pour ce faire, nous<br />

avons simulé 30 trajectoires ART d’agrégation (T = 300 K pour le critère <strong>de</strong> Metropolis,<br />

voir <strong>par</strong>tie 2.2) pour le tétramère <strong>de</strong> KFFE en <strong>par</strong>tant d’états initiaux choisis aléatoirement.<br />

Dans une secon<strong>de</strong> série <strong>de</strong> <strong>simulations</strong>, nous nous sommes intéressés au variant KPGE qui,<br />

conformément aux données expérimentales (Chiti et al., 2003), ne converge jamais vers<br />

la formation <strong>de</strong> feuillet β. Enfin, nous avons réalisé <strong>de</strong>ux <strong>simulations</strong> ✭ tout-atome ✮ <strong>de</strong><br />

dynamique moléculaire en solvant explicite à 298 K et 330 K pour un total cumulé <strong>de</strong><br />

50 ns (cf. <strong>par</strong>tie 2.3.1) afin <strong>de</strong> déterminer la stabilité du tétramère <strong>de</strong> KFFE ordonné en un<br />

seul feuillet β anti<strong>par</strong>allèle.<br />

Nous examinons dans un premier temps la stabilité <strong>de</strong> la conformation tétramérique<br />

proposée <strong>par</strong> Tjernberg et collaborateurs (Tjernberg et al., 2002). L’analyse <strong>de</strong> l’écart qua-<br />

dratique moyen, ou RMSD 3 , calculé sur les Cα le long <strong>de</strong> la trajectoire permet d’évaluer<br />

rapi<strong>de</strong>ment la stabilité <strong>de</strong> notre système. Cette distance traduit la déviation du système à<br />

l’instant t <strong>par</strong> rapport à la conformation initiale. Les calculs <strong>de</strong> RMSD sont reportés sur<br />

la figure 3.3 pour les trajectoires <strong>de</strong> 20 ns à 298 K et <strong>de</strong> 30 ns à 330 K. Les figures 3.4 et<br />

3.5 montrent le détail <strong>de</strong> ces trajectoires.<br />

Sur la figure 3.3 (a), nous observons que les quatre chaînes se désolidarisent puis se<br />

rassemblent <strong>de</strong>ux fois au cours <strong>de</strong>s 20 ns <strong>de</strong> la simulation à 298 K (cf. les maxima atteints<br />

après 7,4 et 15,4 ns où le RMSD est <strong>de</strong> 4,8 et 5,2 ˚ A, et les minima rencontrés après 11,6 et<br />

19,8 ns où le RMSD vaut 0,8 et 1,8 ˚A respectivement). À 330 K, température expérimen-<br />

tale commune pour l’incubation <strong>de</strong>s fibres amyloï<strong>de</strong>s, le tétramère se défait après 8,1 ns<br />

jusqu’à atteindre un RMSD maximal <strong>de</strong> 8,2 ˚ A, puis se réassocie dans sa conformation<br />

initiale au bout <strong>de</strong> 15,3 ns (RMSD <strong>de</strong> 1,5 ˚ A). Ensuite, les pepti<strong>de</strong>s fluctuent entre <strong>de</strong>s<br />

valeurs <strong>de</strong> RMSD comprises entre 1,5 et 4,5 ˚ A pendant près <strong>de</strong> 5 ns et finalement explorent<br />

<strong>de</strong> nouveaux états en fin <strong>de</strong> simulation (RMSD <strong>de</strong> 7 ˚ A après 25 ns).<br />

3 Root Mean Square Deviation


32 3 Les petits pepti<strong>de</strong>s amyloï<strong>de</strong>s<br />

RMSD (Å)<br />

0 4 8<br />

H−bonds<br />

0 6 12<br />

RMSD (Å)<br />

0 4 8<br />

(a) (b)<br />

0 10 20<br />

Time (ns)<br />

H−bonds<br />

0 6 12<br />

(c) (d)<br />

0 10 20 30<br />

Time (ns)<br />

Fig. 3.3 – Simulations <strong>de</strong> dynamique moléculaire atomique en solvant explicite, la configuration<br />

<strong>de</strong> dé<strong>par</strong>t est un feuillet β constitué <strong>de</strong> 4 brins anti<strong>par</strong>allèles, en accord avec<br />

le modèle proposé <strong>par</strong> Tjernberg et collaborateurs (Tjernberg et al., 2002). Évolution <strong>de</strong>s<br />

RMSDs calculés sur les Cα (en ˚ A) à 298 K (a) et 330 K (b) ; évolution du nombre <strong>de</strong><br />

liaisons hydrogène natives (en gris) et non natives (en pointillés) à 298 K (c) et 330 K (d).<br />

Pour aller plus loin dans l’analyse <strong>de</strong> ces trajectoires, nous avons également classé les<br />

structures en différents groupes en utilisant une valeur seuil <strong>de</strong> RMSD <strong>de</strong> 2,5 ˚ A. L’analyse<br />

<strong>de</strong> cette classification à 298 K met en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>ux topologies en équilibre, une archi-<br />

tecture tétramérique avec <strong>de</strong>s brins β anti<strong>par</strong>allèles (76 % <strong>de</strong> la population durant ces<br />

20 ns, cf. structures à 11,6 et 19,8 ns sur la figure 3.4) et <strong>de</strong>ux dimères perpendiculaires<br />

avec <strong>de</strong>s brins β anti<strong>par</strong>allèles (16 % <strong>de</strong> la population, cf. structures à 7,2 et 14,3 ns sur<br />

la figure 3.4). La rotation d’un dimère <strong>par</strong> rapport à l’autre est donc accessible du point<br />

<strong>de</strong> vue thermodynamique à la température <strong>de</strong> 298 K. Comme nous pouvions le penser,<br />

l’analyse <strong>de</strong>s groupes pour la trajectoire <strong>de</strong> 30 ns à 330 K révèle plus d’arrangements en<br />

équilibre : <strong>de</strong>s trimère-monomères (21 % <strong>de</strong> la population, cf. structures à 8,1 et 24,5 ns<br />

sur la figure 3.5) où le monomère peut adopter différentes conformations et orientations<br />

<strong>par</strong> rapport au trimère, <strong>de</strong>s dimères-monomères (8 % <strong>de</strong> la population, cf. structures à 5,8<br />

et 22,3 ns sur la figure 3.5) et <strong>de</strong>s tétramères avec <strong>de</strong>s brins β anti<strong>par</strong>allèles (cf. structure<br />

à 15,3 ns) ou mélangeant <strong>de</strong>s orientations <strong>par</strong>allèle-anti<strong>par</strong>allèle (cf. structures à 10,6 et<br />

28,8 ns sur la figure 3.5), la population totale <strong>de</strong> ces tétramères représentant 71 % <strong>de</strong> la<br />

trajectoire.


3.3 Following the aggregation of amyloid-forming pepti<strong>de</strong>s by computer <strong>simulations</strong> 33<br />

Fig. 3.4 – Détail <strong>de</strong> la trajectoire <strong>de</strong> dynamique moléculaire tout-atome à 298 K en solvant<br />

explicite.<br />

Nous nous sommes enfin intéressés à l’évolution du nombre <strong>de</strong> liaisons hydrogène au<br />

cours <strong>de</strong> la simulation pour chacune <strong>de</strong> ces trajectoires <strong>de</strong> dynamique moléculaire (voir<br />

figure 3.3 (c,d)). Ces analyses montrent que les arrangements dominants ne contiennent pas<br />

<strong>de</strong> liaisons hydrogène non natives, c’est-à-dire hors du registre 4 initial. Les changements<br />

<strong>de</strong> conformation ont lieu rapi<strong>de</strong>ment pour les <strong>de</strong>ux températures, même si cela ne nous<br />

permet pas <strong>de</strong> conclure que les <strong>simulations</strong> ont atteint leur équilibre en 20 ou 30 ns. Par<br />

ailleurs, les populations calculées le long <strong>de</strong> ces trajectoires <strong>de</strong> dynamique moléculaire en<br />

solvant explicite n’ont qu’une signification qualitative, il nous aurait fallu réaliser plusieurs<br />

<strong>simulations</strong> avec différentes vitesses initiales pour pouvoir faire <strong>de</strong>s statistiques. Ceci peut<br />

également expliquer pourquoi la conformation à <strong>de</strong>ux dimères n’a pas été détectée à 330 K.<br />

4 La notion <strong>de</strong> ✭ registre ✮ fait référence au réseau <strong>de</strong> liaisons hydrogène établi dans le feuillet β. Si<br />

celui-ci correspond à une interaction entre résidus du type 1+k ⇔ 1+k, alors on considère que le feuillet<br />

β est ✭ en registre ✮ <strong>par</strong>allèle. Si l’on observe une interaction entre résidus du type 1+k ⇔ 4-k, alors le<br />

feuillet β est ✭ en registre ✮ anti<strong>par</strong>allèle. Toute autre association (<strong>par</strong> exemple, 1+k ⇔ 3-k) est considérée<br />

comme ✭ hors registre ✮ (Petkova et al., 2004).


34 3 Les petits pepti<strong>de</strong>s amyloï<strong>de</strong>s<br />

Fig. 3.5 – Détail <strong>de</strong> la trajectoire <strong>de</strong> dynamique moléculaire tout-atome à 330K en solvant<br />

explicite. Les notations AP et P désignent respectivement les orientations anti<strong>par</strong>allèles et<br />

<strong>par</strong>allèles <strong>de</strong>s chaînes. L’extrémité N-terminale <strong>de</strong> chaque chaîne est représentée <strong>par</strong> une<br />

sphère.


3.3 Following the aggregation of amyloid-forming pepti<strong>de</strong>s by computer <strong>simulations</strong> 35<br />

Comme nous l’avons précisé en introduction 3.1.1, l’organisation tétramérique pro-<br />

posée <strong>par</strong> les expérimentateurs n’est fondée que sur un calcul <strong>de</strong> minimisation d’énergie<br />

et ne présuppose en aucun cas qu’elle soit la seule conformation visitée. Afin d’explorer<br />

plus en avant l’espace conformationnel pour ce système composé <strong>de</strong> quatre pepti<strong>de</strong>s KFFE,<br />

nous utilisons maintenant la technique ART-OPEP (détaillée <strong>par</strong>tie 2.2). Nous avons ef-<br />

fectué 30 <strong>simulations</strong> (notées <strong>de</strong> R1 à R30) <strong>de</strong> 8000 événements d’activation-relaxation à<br />

300 K en utilisant différentes graines aléatoires et <strong>de</strong>ux états initiaux différents avec <strong>de</strong>s<br />

chaînes aléatoirement disposées dans une sphère <strong>de</strong> telle manière que la distance entre<br />

<strong>de</strong>ux brins soit comprise entre 6 et 10 ˚ A (cf. figure 3.6 (a,b)). Nos résultats mettent en<br />

évi<strong>de</strong>nce quatre arrangements possibles <strong>de</strong> basse énergie qui possè<strong>de</strong>nt les propriétés sui-<br />

vantes : <strong>de</strong>s tétramères avec une orientation <strong>par</strong>faitement anti<strong>par</strong>allèle entre les brins β<br />

(voir figure 3.6 (d) ; 9 <strong>simulations</strong>, soit 30 % <strong>de</strong>s trajectoires, avec une énergie associée <strong>de</strong><br />

-45 kcal/mol) ; <strong>de</strong>s tétramères avec <strong>de</strong>s orientations mixtes entre les brins β ou <strong>de</strong>s trimères<br />

<strong>par</strong>allèle-anti<strong>par</strong>allèle associés à un monomère (voir figure 3.6 (c) ; 30 % <strong>de</strong>s trajectoires ;<br />

énergie associée <strong>de</strong> -43 kcal/mol) ; <strong>de</strong>ux dimères perpendiculaires dont les chaînes sont<br />

orientées <strong>de</strong> façon anti<strong>par</strong>allèle (voir figure 3.6 (e) ; 10 % <strong>de</strong>s trajectoires ; énergie associée<br />

<strong>de</strong> -42,6 kcal/mol) ; enfin, <strong>de</strong>s états métastables qui sont <strong>de</strong>s arrangements désordonnés<br />

<strong>de</strong> dimères-monomères et trimères-monomère (30 % <strong>de</strong>s <strong>simulations</strong> ; énergies entre -32 et<br />

-39 kcal/mol).<br />

Notre structure <strong>de</strong> plus basse énergie concor<strong>de</strong> avec la prédiction <strong>de</strong> Tjernberg et<br />

collaborateurs (Tjernberg et al., 2002) s’appuyant sur une simple minimisation d’éner-<br />

gie <strong>de</strong> quatre brins β KFFE associés selon une orientation <strong>par</strong>allèle ou anti<strong>par</strong>allèle. De<br />

plus, nos <strong>simulations</strong> laissent entrevoir d’autres états oligomériques d’énergies com<strong>par</strong>ables<br />

(trimères-monomère et <strong>de</strong>ux dimères perpendiculaires). Pour chacune <strong>de</strong> ces topologies,<br />

il existe plusieurs variations qui diffèrent principalement <strong>par</strong> leur réseau <strong>de</strong> liaisons hy-<br />

drogène. La stabilité marginale <strong>de</strong>s structures ordonnées explique la large distribution<br />

conformationnelle observée lors d’une courte simulation <strong>de</strong> MD à 298 K. Ces résultats<br />

s’inscrivent dans la lignée <strong>de</strong> <strong>simulations</strong> antérieures d’agrégation et <strong>de</strong> dissociation <strong>de</strong><br />

pepti<strong>de</strong>s <strong>par</strong> dynamique moléculaire en utilisant différentes représentations <strong>de</strong> solvant<br />

(Paci et al., 2004 ; Hwang et al., 2004).<br />

Afin <strong>de</strong> déterminer les effets <strong>de</strong>s variations <strong>de</strong> séquence sur les structures <strong>de</strong> plus<br />

basses énergies, nous avons également réalisé une série <strong>de</strong> <strong>simulations</strong> ART-OPEP sur un<br />

ensemble <strong>de</strong> quatre pepti<strong>de</strong>s KPGE. Dans ce cas, conformément à la propriété <strong>de</strong> ✭ cassure ✮<br />

<strong>de</strong>s brins β du résidu proline 5 , nous n’avons constaté que <strong>de</strong>s arrangements désordonnés<br />

5 Cette propriété β-sheet breaker du résidu proline est largement utilisée dans le développement d’agents<br />

chimiques antiamyloï<strong>de</strong>s capables <strong>de</strong> réduire le formation <strong>de</strong>s plaques et <strong>de</strong> lutter contre les dommages<br />

cérébraux dans <strong>de</strong>s modèles <strong>de</strong> souris transgéniques (Permanne et al., 2002)


36 3 Les petits pepti<strong>de</strong>s amyloï<strong>de</strong>s<br />

(a) (b)<br />

(c) (d)<br />

(e) (f)<br />

Fig. 3.6 – (a,b) Structures initiales<br />

utilisées pour les <strong>simulations</strong> ART ;<br />

(c,d,e) Structures <strong>de</strong> plus basses énergies<br />

prédites <strong>par</strong> ART pour 4 chaînes<br />

KFFE ; (f) Structure <strong>de</strong> plus basse<br />

énergie obtenue pour un tétramère <strong>de</strong><br />

KPGE. Les extrémités N-terminales <strong>de</strong>s<br />

chaînes sont marquées <strong>par</strong> <strong>de</strong>s sphères.<br />

(cf. figure 3.6 (f)). Ce résultat montre que l’algorithme ART-OPEP n’est pas biaisé vers<br />

un assemblage type feuillet β riche en liaisons hydrogène.<br />

Afin <strong>de</strong> mieux comprendre les mécanismes d’agrégation <strong>de</strong> KFFE prédits <strong>par</strong> ART, nous<br />

allons maintenant suivre la formation <strong>de</strong>s structures <strong>de</strong> plus basses énergies en analysant<br />

l’énergie totale le long <strong>de</strong> la simulation, le nombre <strong>de</strong> liaisons hydrogène natives et non na-<br />

tives calculé selon les critères DSSP (Kabsch et San<strong>de</strong>r, 1983), l’orientation <strong>de</strong>s chaînes en<br />

calculant le produit scalaire <strong>de</strong> leurs vecteurs directeurs (<strong>de</strong> l’extrémité N-terminale vers<br />

l’extrémité C-terminale), la distance entre les Cα <strong>de</strong>s extrémités pour les quatre chaînes<br />

et enfin le pourcentage <strong>de</strong> contacts 6 natifs chaîne latérale-chaîne latérale. La structure<br />

native est la conformation <strong>de</strong> plus basse énergie pour chaque trajectoire. Enfin, nous<br />

considérons que <strong>de</strong>ux pepti<strong>de</strong>s sont engagés dans la formation d’un dimère s’ils <strong>par</strong>tagent<br />

6 Deux chaînes latérales k et l, <strong>de</strong> rayons <strong>de</strong> Van Der Waals Rk et Rl, sont en contact si la distance<br />

qui les sé<strong>par</strong>e est inférieure à (Rk + Rl + 1) ˚ A.


3.3 Following the aggregation of amyloid-forming pepti<strong>de</strong>s by computer <strong>simulations</strong> 37<br />

au moins trois liaisons hydrogène et qu’ils sont dans une configuration étendue (distance<br />

Cα1-Cα4 > 8 ˚ A). Par extension, nous considérons la formation d’un trimère (et <strong>de</strong> la même<br />

manière un tétramère) si <strong>de</strong>ux dimères respectent ces conditions et ont un brin en commun.<br />

Energy<br />

−45 −35 −25<br />

H−bonds<br />

0 6 12<br />

End−to−end distance<br />

0 5 10<br />

1<br />

2<br />

3<br />

4<br />

Oligomeric state<br />

1−3 1−4 2−4<br />

(a) (b)<br />

Orientation<br />

−1 0 1<br />

3−1<br />

1−4<br />

4−2<br />

(c) (d)<br />

0 2000 4000 5679<br />

Event Number<br />

Qc<br />

0 50 100<br />

(e) (f)<br />

0 2000 4000 5679<br />

Event Number<br />

Fig. 3.7 – Analyse<br />

détaillée <strong>de</strong> la trajectoire<br />

ART d’agrégation<br />

R2. (a) Énergie en<br />

kcal/mol ; (b) Évolution<br />

<strong>de</strong>s états oligomériques<br />

formés ; (c) Nombre<br />

<strong>de</strong> liaisons hydrogène<br />

natives (en gris) et non<br />

natives (en pointillés) ;<br />

(d) Orientations entre<br />

les chaînes 3 et 1,<br />

1 et 4, 4 et 2 ; (e)<br />

Distances entre les extrémités<br />

pour les 4 brins<br />

(en ˚ A) ; (f) pourcentage<br />

<strong>de</strong> contacts natifs<br />

chaîne latérale-chaîne<br />

latérale. Par souci <strong>de</strong><br />

clarté, les résultats sont<br />

donnés jusqu’à ce que la<br />

structure <strong>de</strong> plus basse<br />

énergie soit atteinte.<br />

La figure 3.7 décrit la trajectoire R2 qui aboutit à la formation d’un feuillet β an-<br />

ti<strong>par</strong>allèle <strong>de</strong> quatre chaînes (cf. figure 3.6 (d)). Nous observons que pendant les 500<br />

premiers événements le système consiste en <strong>de</strong>ux dimères étendus (chaînes 1-3 et 2-4, cf.<br />

figure 3.7 (b,e)) <strong>de</strong> très basse énergie (∼ -40 kcal/mol, cf. figure 3.7 (a)) où les liaisons hy-<br />

drogène sont dans un registre non natif (cf. figure 3.7 (c)). À <strong>par</strong>tir <strong>de</strong> l’événement 1400,<br />

le système s’organise en un tétramère non natif où les chaînes 1 et 4 s’assemblent (cf.<br />

figure 3.7 (b) ; tétramère 3-1-4-2). Une fois ce tétramère non natif ordonné assemblé, les<br />

pepti<strong>de</strong>s fluctuent autour <strong>de</strong> ce minimum local <strong>par</strong> mouvements <strong>de</strong> reptation (Gennes,<br />

1971) jusqu’à former le tétramère natif. Ceci est indiqué <strong>par</strong> l’augmentation soudaine du<br />

nombre <strong>de</strong> liaisons hydrogène natives à l’événement 3899 ( ✭ glissement ✮ <strong>de</strong> la chaîne 2<br />

sur la chaîne 4) et à l’événement 4388 (déplacement <strong>de</strong> la chaîne 3 sur la chaîne 1) sur la<br />

figure 3.7 (c). On note également une augmentation coopérative du nombre <strong>de</strong> contacts<br />

natifs sur la figure 3.7 (f). Le chemin qui mène à la structure finale est donc en réalité


38 3 Les petits pepti<strong>de</strong>s amyloï<strong>de</strong>s<br />

faiblement déterminé <strong>par</strong> l’énergie totale du système qui décroît seulement <strong>de</strong> 2 kcal/mol<br />

entre les événements 3000 et 4388. La figure 3.7 (d) souligne que les chaînes explorent es-<br />

sentiellement <strong>de</strong>s arrangements anti<strong>par</strong>allèles durant cette trajectoire. Pour conclure, les<br />

<strong>simulations</strong> qui convergent vers un état tétramérique en feuillet β révèlent néanmoins <strong>de</strong>s<br />

différences importantes d’une trajectoire à l’autre (en <strong>par</strong>tant <strong>de</strong> la même conformation<br />

initiale). Par exemple dans les trajectoires R12 et R25, la région proche <strong>de</strong> -40 kcal/mol<br />

est explorée après plus <strong>de</strong> 5000 événements, certaines chaînes alternent entre une orienta-<br />

tion <strong>par</strong>allèle ou anti<strong>par</strong>allèle et l’intermédiaire oligomérique qui précè<strong>de</strong> la formation du<br />

tétramère natif n’est pas un double dimère mais une conformation trimère-monomère.<br />

Fig. 3.8 – Analyse<br />

détaillée <strong>de</strong> la trajectoire<br />

ART d’agrégation<br />

R6. (a) Énergie en<br />

kcal/mol ; (b) Evolution<br />

<strong>de</strong>s états oligomériques<br />

formés ; (c) Nombre<br />

<strong>de</strong> liaisons hydrogène<br />

natives (en gris) et non<br />

natives (en pointillés) ;<br />

(d) Orientations entre<br />

les chaînes 3 et 1,<br />

1 et 4, 4 et 2 ; (e)<br />

Distances entre les extrémités<br />

pour les 4 brins<br />

(en ˚ A) ; (f) pourcentage<br />

<strong>de</strong> contacts natifs<br />

chaîne latérale-chaîne<br />

latérale. Par souci <strong>de</strong><br />

clarté, les résultats sont<br />

donnés jusqu’à ce que la<br />

structure <strong>de</strong> plus basse<br />

énergie soit atteinte.<br />

Energy<br />

−45 −30 −15<br />

H−bonds<br />

0 6 12<br />

End−to−end distance<br />

0 5 10<br />

1<br />

2<br />

3<br />

4<br />

Oligomeric state<br />

1−2 1−3 2−4 3−4<br />

(a) (b)<br />

Orientation<br />

−1 0 1<br />

(c) (d)<br />

0 2000 4000 6000 7850<br />

Event Number<br />

Qc<br />

0 50 100<br />

(e) (f)<br />

Event Number<br />

1−2<br />

1−3<br />

2−4<br />

0 2000 4000 6000 7850<br />

La figure 3.8 illustre les mécanismes mis en jeu pour former l’état <strong>de</strong>ux dimères perpen-<br />

diculaire (cf. figure 3.6 (e)) observé pour la trajectoire R6. L’analyse <strong>de</strong> la figure 3.8 (b)<br />

met en évi<strong>de</strong>nce un intermédiaire trimère-monomère (trimère 1-2-4 et monomère 3) durant<br />

les 1800 premiers événements ; puis le brin 1 se défait et le système reste dans une organisa-<br />

tion dimère-monomères (dimère 2-4 et <strong>de</strong>ux monomères 1 et 3) entre les événements 1800<br />

et 3200. Ensuite, le système explore transitoirement un nouvel état trimère-monomère<br />

(trimère 3-4-2 et monomère 1) avant <strong>de</strong> former <strong>de</strong>ux dimères (chaînes 1-3 et 2-4) à <strong>par</strong>-


3.3 Following the aggregation of amyloid-forming pepti<strong>de</strong>s by computer <strong>simulations</strong> 39<br />

tir <strong>de</strong> l’événement 5000 qui finit <strong>par</strong> se stabiliser dans une orientation perpendiculaire<br />

(cf. figure 3.8 (d)). L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s distances aux extrémités (figure 3.8 (e)) montre que la<br />

trajectoire R6 fait intervenir <strong>de</strong>s intermédiaires où la chaîne 1 est repliée. Nous observons<br />

également sur la figure 3.8 (d) <strong>de</strong>s transitions <strong>par</strong>allèle-anti<strong>par</strong>allèle pour les chaînes 2<br />

et 4 (pourtant associées dans la formation d’un dimère dès le début <strong>de</strong> la trajectoire) et<br />

un basculement du registre <strong>de</strong> liaisons hydrogène non natif vers un registre natif (cf. fi-<br />

gure 3.8 (c)). De la même manière que pour la trajectoire d’agrégation R2, le chemin final<br />

qui gui<strong>de</strong> vers la formation <strong>de</strong> l’état natif (entre les événements 6000 et 7850) est associé<br />

à une très faible décroissance <strong>de</strong> l’énergie totale du système.<br />

L’ensemble <strong>de</strong>s mécanismes d’agrégation est reporté figure 3.9. Ces chemins sont ren-<br />

contrés avec différentes probabilités : le chemin (a) est observé pour 5/30 trajectoires, le<br />

chemin (b) dans 9/30 trajectoires, les chemins (c) dans 4/30 trajectoires et (d) dans 3/30<br />

trajectoires. Nous avons décrit en détail <strong>de</strong>ux <strong>simulations</strong> qui empruntent les chemins (c)<br />

pour R2 et (b) pour R6. Ces résultats sont cohérents avec <strong>de</strong>s <strong>simulations</strong> <strong>de</strong> dynamique<br />

moléculaire discontinue (Jang et al., 2004) qui utilisent un modèle <strong>de</strong> protéine simplifiée<br />

avec un potentiel <strong>de</strong> Gō (énergies biaisées pour favoriser l’état natif). Cependant, nos<br />

travaux révèlent un processus d’agrégation plus complexe qui peut être réversible (comme<br />

l’attestent les trois trajectoires qui suivent le chemin (d)), qui peut présenter <strong>de</strong>s transi-<br />

tions trimère-monomère vers dimère-dimère et vice versa (observées pour 7/13 trajectoires<br />

qui suivent le chemin (b) ou (c)) ou impliquer la formation d’intermédiaires transitoires.<br />

Les limitations <strong>de</strong>s <strong>simulations</strong> Gō pour explorer les mécanismes <strong>de</strong> repliement ont déjà<br />

été discutées pour une épingle β <strong>de</strong> 16 résidus (Wei et al., 2004b). Récemment, Baumket-<br />

ner et Shea ont suivi l’oligomérisation <strong>de</strong> quatres pepti<strong>de</strong>s KFFE, et <strong>de</strong> ses variants KAAE,<br />

KLLE et KVVE, <strong>par</strong> <strong>de</strong>s <strong>simulations</strong> <strong>de</strong> REMD (Baumketner et Shea, 2005). Cette étu<strong>de</strong><br />

a confirmé la stabilité thermodynamique <strong>de</strong>s formes dimériques et le polymorphisme <strong>de</strong>s<br />

oligomères obtenus.<br />

Fig. 3.9 – Schéma récapitulatif <strong>de</strong>s<br />

mécanismes d’agrégation prédits <strong>par</strong><br />

ART. Les nombres 1, 2, 3 et 4 renvoient<br />

aux formes monomérique, dimérique,<br />

trimérique et tétramérique pour<br />

le pepti<strong>de</strong> KFFE.<br />

Dans cette étu<strong>de</strong>, 30 % <strong>de</strong>s trajectoires n’ont pas convergé en 8000 événements ART<br />

et sont restées dans <strong>de</strong>s états désordonnés et métastables. Ce comportement avait déjà<br />

été observé pour <strong>de</strong>s <strong>simulations</strong> ART sur <strong>de</strong>s dimères et <strong>de</strong>s trimères <strong>de</strong> Aβ16−22 (San-


40 3 Les petits pepti<strong>de</strong>s amyloï<strong>de</strong>s<br />

tini et al., 2004b,a) et suggère que le réarrangement <strong>de</strong>s alignements non natifs vers les<br />

alignements natifs <strong>de</strong>s brins β constitue le facteur limitant pour le processus d’agrégation.<br />

L’ensemble <strong>de</strong>s <strong>simulations</strong> ART et MD démontre que quatre pepti<strong>de</strong>s KFFE existent<br />

sous différents états oligomériques en équilibre rapi<strong>de</strong> avec <strong>de</strong>s orientations variées <strong>de</strong>s<br />

brins et du réseau <strong>de</strong> liaisons hydrogène. Il ap<strong>par</strong>aît ainsi que le processus d’agrégation<br />

pour ce tétrapepti<strong>de</strong> est complexe et ne peut se résumer à la simple addition successive<br />

<strong>de</strong> brins sur un assemblage déjà formé. Nos résulats montrent également qu’un tétramère<br />

d’un pepti<strong>de</strong> court ne peut pas former <strong>de</strong>ux couches <strong>par</strong>allèles ou anti<strong>par</strong>allèles.<br />

3.4 Structures of soluble amyloid oligomers from com-<br />

puter <strong>simulations</strong><br />

Adrien Melquiond, Normand Mousseau & Philippe Derreumaux<br />

Proteins, 65 : 180–191, 2006<br />

Pour approfondir notre étu<strong>de</strong> sur l’agrégation du pepti<strong>de</strong> KFFE, nous essayons mainte-<br />

nant <strong>de</strong> déterminer comment les états <strong>de</strong> plus basses énergies et les processus d’assemblage<br />

varient avec le nombre <strong>de</strong> monomères présents initialement dans le système. Nous ana-<br />

lysons ainsi en détail les mécanismes d’agrégation prédits <strong>par</strong> la métho<strong>de</strong> ART-OPEP<br />

pour sept pepti<strong>de</strong>s KFFE (bloqués aux extrémités <strong>par</strong> <strong>de</strong>s groupements acétyl et amine)<br />

à <strong>par</strong>tir <strong>de</strong> conformations initiales aléatoires. Nos <strong>simulations</strong> montrent que sept chaînes<br />

désordonnées KFFE peuvent atteindre trois arrangements d’énergies similaires : <strong>de</strong>s oligo-<br />

mères amorphes, <strong>de</strong>s conformations ✭ annulaires ✮ ouvertes qui présentent <strong>de</strong>s caractères<br />

<strong>de</strong> tonneau β et enfin <strong>de</strong>s structures avec <strong>de</strong>s feuillets en croix-β qui respectent les dis-<br />

tances caractéristiques <strong>de</strong>s fibres mesurées sur les clichés <strong>de</strong> diffraction aux rayons X. Ces<br />

<strong>simulations</strong> lèvent également le voile sur les chemins qui permettent le passage <strong>de</strong>s états<br />

dépliés vers un état ✭ amyloï<strong>de</strong> compétent ✮. Enfin, nous avons également testé la sta-<br />

bilité <strong>par</strong> MD en solvant explicite (nos <strong>simulations</strong> couvrent une durée totale <strong>de</strong> 50 ns)<br />

<strong>de</strong> conformations à <strong>de</strong>ux feuillets β (tétramère-trimère) <strong>par</strong>allèles ou anti<strong>par</strong>allèles ainsi<br />

qu’un feuillet β monocouche <strong>par</strong>fait (cf. <strong>par</strong>tie 2.3.1 pour le protocole). Les brins β à<br />

l’intérieur <strong>de</strong>s feuillets sont disposés <strong>de</strong> manière anti<strong>par</strong>allèle.<br />

Dans cette étu<strong>de</strong>, 13 <strong>simulations</strong> ART ont été effectuées à <strong>par</strong>tir <strong>de</strong> conformations<br />

initiales différentes en utilisant <strong>de</strong>s graines aléatoires pour les déplacements et une tem-<br />

pérature <strong>de</strong> Metropolis <strong>de</strong> 600 K afin <strong>de</strong> mieux explorer l’espace conformationnel. Onze<br />

trajectoires (notées R1 à R11) <strong>de</strong> 9000 événements ART ont été démarrées à <strong>par</strong>tir <strong>de</strong>s<br />

sept chaînes dépliées dans une orientation aléatoire (<strong>de</strong>ux points <strong>de</strong> dé<strong>par</strong>t différents, le<br />

diamètre <strong>de</strong> la sphère minimale contenant tous les pepti<strong>de</strong>s est <strong>de</strong> 50 ˚ A). Deux trajec-


3.4 Structures of soluble amyloid oligomers from computer <strong>simulations</strong> 41<br />

toires <strong>de</strong> 12000 événements ont également été réalisées pour vérifier que les <strong>simulations</strong><br />

ne restent pas piégées dans <strong>de</strong>s états métastables : la première (R12) a été initiée à <strong>par</strong>tir<br />

<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux dimères <strong>par</strong>allèles (les brins β à l’intérieur <strong>de</strong> chaque dimère sont anti<strong>par</strong>allèles)<br />

espacés <strong>de</strong> 10 ˚ A et trois monomères libres ; tandis que la <strong>de</strong>uxième (R13) commence à<br />

<strong>par</strong>tir <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux feuillets <strong>par</strong>allèles en croix-β (un tétramère et un trimère avec <strong>de</strong>s brins β<br />

anti<strong>par</strong>allèles).<br />

La figure 3.10 met en avant toutes les structures <strong>de</strong> plus basses énergies prédites <strong>par</strong><br />

ART ainsi que leur probabilité (cf. équation 3.1) pi,<br />

pi = e− E i<br />

k B T<br />

Z<br />

(3.1)<br />

où kb désigne la constante <strong>de</strong> Boltzmann, Ei l’énergie <strong>de</strong> la structure i, et Z la fonction <strong>de</strong><br />

<strong>par</strong>tition calculée en utilisant les structures <strong>de</strong> plus basses énergies pour les 13 <strong>simulations</strong>.<br />

Ces probabilités n’ont qu’une signification qualitative puisque la contribution entropique<br />

n’est pas prise en compte <strong>par</strong> la métho<strong>de</strong> ART.<br />

Les conformations <strong>de</strong> plus basses énergies obtenues pour les trajectoires <strong>de</strong> contrôle<br />

(R12 et R13) ainsi que pour la majorité <strong>de</strong>s <strong>simulations</strong> R1 à R11 sont d’énergies similaires.<br />

En revanche, trois trajectoires (R1, R2 et R10) n’ont pas atteint leur équilibre en 9000<br />

événements. L’énergie <strong>de</strong> ces états métastables varie entre -63,7 et -67,2 kcal/mol. Les dix<br />

autres prédictions, avec <strong>de</strong>s énergies comprises entre -78,5 (R6) et -82,0 (R7, R12 et R13)<br />

kcal/mol, peuvent être regroupées en trois topologies principales, malgré une fluctuation<br />

importante au niveau atomique.<br />

Le premier arrangement (probabilité <strong>de</strong> 75 %), observé indépendamment du point<br />

<strong>de</strong> dé<strong>par</strong>t (R3, R4, R5, R6, R7, R12 et R13 d’énergies respectives -80,5 ; -78,5 ; -80,0 ;<br />

-78,5 ; -82,0 ; -82,0 ; -82,0 kcal/mol), consiste en une structure cross-β-sheet-like avec <strong>de</strong>ux<br />

feuillets <strong>de</strong> brins β désordonnés avec une distance moyenne Cα-Cα intra-feuillet <strong>de</strong> 4,5 ˚ A.<br />

Cette conformation diffère néanmoins <strong>de</strong> la structure classique proposée <strong>par</strong> diffraction<br />

aux rayons X et RMN <strong>de</strong> l’état soli<strong>de</strong> puisque les feuillets β que nous avons mis en évi<strong>de</strong>nce<br />

ne sont pas <strong>par</strong>allèles ou anti<strong>par</strong>allèles l’un <strong>par</strong> rapport à l’autre mais présente plutôt une<br />

orientation perpendiculaire. En conséquence, la distance moyenne Cα-Cα inter-feuillets est<br />

<strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 12 ˚ A, supérieure à la distance <strong>de</strong> 10 ˚ A générique, et le réseau prédit <strong>de</strong> liaisons<br />

hydrogène n’est pas <strong>par</strong>allèle à l’axe <strong>de</strong> la fibre. Des analyses supplémentaires montrent<br />

que les brins β anti<strong>par</strong>allèles à l’intérieur <strong>de</strong>s feuillets sont privilégiés (R12 et R13) mais<br />

<strong>de</strong>s orientations mixtes <strong>par</strong>allèle-anti<strong>par</strong>allèles sont également possibles (R3, R4 et R7 ont<br />

<strong>de</strong>ux brins <strong>par</strong>allèles). Ce résultat est cohérent avec les <strong>simulations</strong> <strong>de</strong> dynamique molécu-<br />

laire tout-atome sur quatre pepti<strong>de</strong>s KFFE en solution où les chaînes anti<strong>par</strong>allèles avaient


42 3 Les petits pepti<strong>de</strong>s amyloï<strong>de</strong>s<br />

R1 R2 R3<br />

R4 R5 R6<br />

R7 R8 R9<br />

R10 R11 R12<br />

R13<br />

Fig. 3.10 – Représentation du squelette peptidique <strong>de</strong>s structures prédites <strong>par</strong> ART. L’extrémité<br />

N-terminale <strong>de</strong> chaque chaîne est indiquée <strong>par</strong> une sphère.


3.4 Structures of soluble amyloid oligomers from computer <strong>simulations</strong> 43<br />

été observées en équilibre avec <strong>de</strong>s chaînes mixtes anti<strong>par</strong>allèle-<strong>par</strong>allèles. La <strong>de</strong>uxième<br />

topologie d’énergie -81,5 kcal/mol et <strong>de</strong> probabilité 11 %, observée pour la trajectoire<br />

R5, correspond à une organisation mono-couche présentant les caractéristiques d’un ton-<br />

neau β. Cet arrangement est trouvé en équilibre avec une forme cross-β-sheet à <strong>de</strong>ux<br />

couches. La troisième topologie d’énergie -81,0 kcal/mol (probabilité 13 %) est observée<br />

pour les <strong>simulations</strong> R8, R9 et R11 et consiste en oligomères amorphes.<br />

Des oligomères amorphes transitoires sont retrouvés dans les premières étapes d’agré-<br />

gation pour toutes les <strong>simulations</strong>, en <strong>par</strong>tant d’une organisation et <strong>de</strong> conformations<br />

aléatoires <strong>de</strong>s pepti<strong>de</strong>s. Parmi les onze trajectoires non biaisées, trois d’entre elles (R8, R9<br />

et R11) convergent vers <strong>de</strong>s oligomères amorphes <strong>de</strong> basses énergies avec <strong>de</strong>s morpholo-<br />

gies distinctes : un feuillet β <strong>par</strong>tiellement formé composé <strong>de</strong> quatre brins β qui interagit<br />

avec un dimère et un monomère (R8), <strong>de</strong>ux dimères arrimés à un trimère pour R9 et<br />

enfin un pentamère désordonné en interaction avec un dimère pour la trajectoire R11 (cf.<br />

figure 3.10). Nos <strong>simulations</strong> montrent que ces agrégats peuvent être la résultante d’une<br />

addition <strong>de</strong> monomères, dimères, trimères ou même tétramères sur <strong>de</strong>s structures prééta-<br />

blies. D’après nos résultats sur cinq autres trajectoires, il est évi<strong>de</strong>nt que ces oligomères<br />

amorphes <strong>de</strong> très basses énergies pourraient évoluer vers la formation <strong>de</strong> structures avec<br />

<strong>de</strong>s caractéristiques <strong>de</strong> fibres β si nous avions poursuivi les <strong>simulations</strong>.<br />

La figure 3.11 montre l’analyse détaillée <strong>de</strong> la trajectoire R7 complétée <strong>par</strong> une <strong>de</strong>s-<br />

cription sous forme d’instantanés <strong>de</strong>s principales étapes <strong>de</strong> l’agrégation (cf. figure 3.12), <strong>de</strong><br />

la conformation initiale (figure 3.12 (A)) jusqu’à l’état cross-β-sheet-like (figure 3.12 (F)).<br />

L’assemblage commence <strong>par</strong> la formation d’un agrégat amorphe qui consiste en un penta-<br />

mère désordonné et un feuillet β double brin (fig. 3.12 (B)) qui diffuse et s’organise en<br />

heptamères désordonnés sous différentes formes (fig. 3.12 (C)). Ainsi que le montre la fi-<br />

gure 3.11 (F), les premiers événements d’agrégation sont gouvernés <strong>par</strong> les contacts entre<br />

chaînes latérales <strong>de</strong>s phénylalanines. En quelques centaines d’événements, le système passe<br />

d’un état oligomère amorphe à une conformation à <strong>de</strong>ux feuillets (figure 3.12 (D), évé-<br />

nement 738) composée d’un tétramère mixte <strong>par</strong>allèle-anti<strong>par</strong>allèle (chaînes 2-3-5-7) et<br />

d’un dimère anti<strong>par</strong>allèle (chaînes 6-4) ; la chaîne 1 en bleue reste quant à elle très mobile.<br />

Une fois formées, les <strong>de</strong>ux couches sont dynamiques et explorent <strong>de</strong>s orientations variées,<br />

la chaîne 1 se déplaçant d’une couche à l’autre. À l’événement 2010, la chaîne 1 est per-<br />

pendiculaire au tétramère (fig. 3.12 (E)) jusqu’à ce qu’elle soit finalement recrutée <strong>par</strong> le<br />

dimère à l’événement 6815 (cf. la baisse d’énergie <strong>de</strong> 8 kcal/mol sur la figure 3.11 (A)) ce<br />

qui aboutit à la structure <strong>de</strong> plus basse énergie à l’événement 7238 (fig. 3.12 (F)).


44 3 Les petits pepti<strong>de</strong>s amyloï<strong>de</strong>s<br />

Energy<br />

−85 −65 −45<br />

Orientation<br />

Orientation<br />

End−to−end distance<br />

−1 0 1<br />

−1 0 1<br />

0 5 10<br />

A)<br />

C)<br />

E)<br />

G)<br />

0 2000 4000 6000 7238<br />

Event Number<br />

2−3<br />

3−5<br />

5−7<br />

6−4<br />

4−1<br />

5−4<br />

1<br />

2<br />

3<br />

4<br />

5<br />

6<br />

7<br />

HB nat<br />

0 4 8 12<br />

HB nonnat<br />

0 3 6<br />

Qc<br />

0 50 100<br />

F−F contacts<br />

0 10 20 30<br />

B)<br />

D)<br />

F)<br />

H)<br />

0 2000 4000 6000 7238<br />

Event Number<br />

Fig. 3.11 – Analyse détaillée <strong>de</strong> la trajectoire d’agrégation R7 en fonction du nombre<br />

d’événements ART. (A) Énergie en kcal/mol. (B) Nombre <strong>de</strong> liaisons hydrogène natives<br />

pour le tétramère (en bleu) et le trimère (en rouge). (C) Orientation <strong>de</strong>s chaînes du tétramère<br />

(2-3-5-7). (D) Nombre <strong>de</strong> liaisons hydrogène non natives à l’intérieur du tétramère<br />

(en bleu), du trimère (en rouge) et entre les <strong>de</strong>ux feuillets (pointillés noirs). (E) Orientation<br />

<strong>de</strong>s chaînes du trimère (6-4-1) et entre les <strong>de</strong>ux feuillets (5-4). (F) Pourcentage <strong>de</strong><br />

contacts natifs chaîne latérale-chaîne latérale pour le tétramère (en bleu), le trimère (en<br />

rouge) et entre les <strong>de</strong>ux couches (pointillés noirs). (G) Distance entre les Cα terminaux<br />

pour chaque brin β en ˚ A. (H) Nombre <strong>de</strong> contacts entre chaînes latérales phénylalaninephénylalanine<br />

(F-F) (en noir), les lignes horizontales correspon<strong>de</strong>nt respectivement au<br />

nombre <strong>de</strong> contacts F-F attendus dans un feuillet β monochouche <strong>par</strong>fait (en bleu) et<br />

pour une structure en croix-β idéale constituée <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux feuillets β <strong>par</strong>allèles (en rouge).<br />

Par souci <strong>de</strong> clarté, les résultats sont donnés jusqu’à ce que la structure <strong>de</strong> plus basse<br />

énergie soit atteinte.


3.4 Structures of soluble amyloid oligomers from computer <strong>simulations</strong> 45<br />

(A) (B) (C)<br />

(D) (E) (F)<br />

Fig. 3.12 – Illustration <strong>de</strong> la trajectoire d’agrégation R7 sous forme d’instantanés. (A)<br />

État initial ; (B) événement 311 ; (C) événement 335 ; (D) événement 738 ; (E) événement<br />

2010 ; (F) événement 7238, conformation <strong>de</strong> plus basse énergie. Les lignes en pointillés<br />

noirs indiquent les liaisons hydrogène.<br />

Une analyse approfondie montre une réorientation très importante <strong>de</strong> tous les pepti<strong>de</strong>s<br />

durant les premières étapes <strong>de</strong> l’agrégation, ainsi que l’atteste la fluctuation <strong>de</strong>s produits<br />

scalaires entre vecteurs directeurs sur les figures 3.11 (C,E) durant les 1000 premiers évé-<br />

nements. L’évolution <strong>de</strong>s nombres <strong>de</strong> liaisons hydrogène natives (fig. 3.11 (B)) et non<br />

natives (fig. 3.11 (D)) met en évi<strong>de</strong>nce que le feuillet composé <strong>de</strong> quatre brins β est main-<br />

tenu <strong>par</strong> un réseau <strong>de</strong> liaisons hydrogène non natives durant les 2100 premiers événements<br />

puis passe progressivement dans son registre natif <strong>par</strong> <strong>de</strong>s mouvements <strong>de</strong> reptation <strong>de</strong>s<br />

chaînes les unes <strong>par</strong> rapport aux autres. Ceci est confirmé <strong>par</strong> la hausse rapi<strong>de</strong> du nombre<br />

<strong>de</strong> liaisons hydrogène natives d’une amplitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> 5 à l’événement 2310 (fig. 3.11 (B)),<br />

associée à une chute <strong>de</strong>s liaisons hydrogène non natives (<strong>de</strong> 5 à 0, fig. 3.11 (D)) et à l’aug-<br />

mentation coopérative <strong>de</strong>s contacts natifs (<strong>de</strong> 70 à 100 %, fig. 3.11 (F)). Pour le trimère,<br />

le passage d’un registre non natif au registre natif <strong>par</strong> mouvements <strong>de</strong> reptation a lieu à<br />

<strong>par</strong>tir <strong>de</strong> l’événement 6775.


46 3 Les petits pepti<strong>de</strong>s amyloï<strong>de</strong>s<br />

La com<strong>par</strong>aison <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s trajectoires qui convergent vers un état à <strong>de</strong>ux<br />

couches en feuillets β révèle qu’il n’existe pas qu’un seul chemin d’agrégation possible.<br />

Dans la trajectoire R7, toutes les distances aux extrémités varient entre 6 et 8 ˚ A<br />

(fig. 3.11 (G)), hormis pour la chaîne 7 (10 ˚ A), tandis que dans les <strong>simulations</strong> R12<br />

et R13 les brins fluctuent entre 7 et 10 ˚ A. Des agrégats désordonnés pentamère-dimère<br />

sont formés très tôt dans les trajectoires R6 et R7 alors qu’un heptamère désordonné est<br />

observé dans les premiers pas d’agrégation <strong>de</strong> R3. Dans leur ensemble, ces résultats sug-<br />

gèrent un nombre important d’oligomères amorphes distincts durant les premières étapes<br />

<strong>de</strong> la fibrillogénèse. La complexité <strong>de</strong> ce processus d’agrégation est également illustrée <strong>par</strong><br />

la présence d’un intermédiaire en tonneau β ✭ ouvert ✮ dans la simulation R5, en équilibre<br />

avec une structure en croix-β avec <strong>de</strong>ux couches <strong>par</strong>allèles. Il est important <strong>de</strong> souligner<br />

que cet arrangement <strong>de</strong> forte énergie (feuillet β monocouche replié en tonneau β) est éga-<br />

lement détecté le long <strong>de</strong> la trajectoire R6. La trajectoire d’agrégation R5 est détaillée sur<br />

la figure 3.13.<br />

(A) (B) (C)<br />

(D) (E) (F)<br />

Fig. 3.13 – Illustration <strong>de</strong> la trajectoire d’agrégation R5 sous forme d’instantanés. (A)<br />

Événement 308. (B) événement 351. (C) événement 398. (D) événement 2805. (E) événement<br />

5790, arrangement en tonneau β. (F) événement 7932, structure cross-β-sheet-like.<br />

Les lignes en pointillés noirs indiquent les liaisons hydrogène.


3.4 Structures of soluble amyloid oligomers from computer <strong>simulations</strong> 47<br />

En <strong>par</strong>tant d’une orientation aléatoire <strong>de</strong>s sept pepti<strong>de</strong>s (fig. 3.12 (A)), le replie-<br />

ment explore <strong>de</strong>s agrégats <strong>de</strong> différentes complexités : trimère (chaînes 2-3-4) → dimère<br />

(chaînes 5-7) → <strong>de</strong>ux monomères immédiatement suivis <strong>par</strong> la formation d’un tétramère<br />

(chaînes 2-3-4-6) → dimère (chaînes 5-7) → un monomère libre (chaîne 1) + trois di-<br />

mères (chaînes 5-7, 2-3, 4-6) ; le tout durant les 308 premiers événements ART (voir<br />

figure 3.13 (A)). En outre, les pepti<strong>de</strong>s sont <strong>par</strong>faitement alignés dans les dimères mais<br />

désordonnés dans le tétramère. Un nouveau trimère est alors créé <strong>par</strong> association du<br />

dimère 2-3 avec la chaîne 1 ; le système forme maintenant un oligomère amorphe tran-<br />

sitoire qui consiste en un feuillet β désordonné composé <strong>de</strong>s brins 1-2-3 et <strong>de</strong>ux di-<br />

mères désordonnés (chaînes 4-6 et 5-7) stabilisé <strong>par</strong> <strong>de</strong>s interctions entre chaînes laté-<br />

rales (événement 351, fig. 3.13 (B)). Une fois que cet intermédiaire amorphe est formé,<br />

ART trouve <strong>de</strong>s états <strong>de</strong> transtion successifs qui favorisent l’exploration d’un feuillet β <strong>de</strong><br />

cinq brins (chaînes 1-2-3-4-6) avec un réseau im<strong>par</strong>fait <strong>de</strong> liaisons hydrogène + un dimère<br />

(chaînes 5-7) perpendiculaire (événement 398, fig. 3.13 (C)). La chaîne 2 (en rouge) reste<br />

cependant très dynamique et se déplace d’un feuillet à l’autre. Le trimère alors formé<br />

(chaîne 2-5-7) commence à se tourner <strong>par</strong> rapport au tétramère (événement 2805,<br />

fig. 3.13 (D)) ce qui facilite la formation <strong>de</strong> liaisons hydrogène entre les chaînes 2 et 3<br />

aux extrémités <strong>de</strong>s feuillets. Cette interaction aboutit à la création d’une structure en<br />

tonneau β (fig. 3.13 (E), événement 5790), d’énergie -81,5 kcal/mol, qui sera notée R5-B 7<br />

dans la suite <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong>. Enfin, cette conformation converge en 2200 événements en<br />

une structure isoénergétique composée <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux feuillets β <strong>par</strong>allèles qui respecte les carac-<br />

téristiques du motif en croix-β (cette structure sera maintenant référencée R5-C 8 ). Cette<br />

conformation d’énergie -80,7 kcal/mol consiste en un trimère anti<strong>par</strong>allèle <strong>par</strong>fait et un<br />

tétramère moins régulier avec <strong>de</strong>s brins anti<strong>par</strong>allèles et <strong>par</strong>allèles. Les <strong>de</strong>ux couches sont<br />

<strong>par</strong>allèles et sé<strong>par</strong>ées <strong>par</strong> une distance moyenne Cα-Cα inter-feuillets <strong>de</strong> 10 ˚ A (fig. 3.13 (F),<br />

événement 7932).<br />

Afin <strong>de</strong> vali<strong>de</strong>r les oligomères solubles prédits <strong>par</strong> la métho<strong>de</strong> ART-OPEP, nous avons<br />

réalisé <strong>de</strong>s <strong>simulations</strong> <strong>de</strong> dynamique moléculaire tout-atome en solvant explicite. En effet,<br />

nous avons mis en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s structures en croix-β avec <strong>de</strong>s feuillets perpendiculaires<br />

plutôt que <strong>par</strong>allèles ou anti<strong>par</strong>allèles entre eux. De plus, aucun feuillet β monocouche<br />

idéal n’est observé dans nos <strong>simulations</strong>, alors que <strong>de</strong>s <strong>simulations</strong> <strong>de</strong> dynamique molé-<br />

culaire révèlent que le fragment DFNKF <strong>de</strong> la calcitonine humaine est stable sous forme<br />

d’un unique feuillet β <strong>de</strong> neuf brins <strong>par</strong>allèles (Haspel et al., 2005). Est-ce <strong>par</strong>ce que nos<br />

<strong>simulations</strong> ART-OPEP n’étaient pas assez longues, <strong>par</strong>ce que le système étudié est trop<br />

petit, ou bien est-ce un artefact du champ <strong>de</strong> force ou <strong>de</strong> la technique utilisée ? En fait,<br />

7 B pour barrel<br />

8 C pour cross


48 3 Les petits pepti<strong>de</strong>s amyloï<strong>de</strong>s<br />

à cause du caractère gros-grains <strong>de</strong>s chaînes latérales et <strong>de</strong> la représentation implicite du<br />

solvant, OPEP ne peut pas rapporter toute la complexité <strong>de</strong>s interactions hydrophobes et<br />

électrostatiques entre chaînes latérales tout-atome et ne prend pas en compte les liaisons<br />

hydrogène entre les pepti<strong>de</strong>s et le solvant. Par ailleurs, cette version <strong>de</strong> ART n’inclue pas<br />

la contribution entropique.<br />

Puisqu’aucune évi<strong>de</strong>nce expérimentale n’indique une orientation <strong>par</strong>allèle ou antipa-<br />

rallèle <strong>de</strong>s feuillets dans les fibres complètes, nous avons entrepris d’examiner la stabilité<br />

<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux feuillets β idéaux composés <strong>de</strong> brins anti<strong>par</strong>allèles (tétramère-trimère) avec une<br />

orientation soit <strong>par</strong>allèle soit anti<strong>par</strong>allèle entre les couches. Pour cela, nous avons réa-<br />

lisé <strong>de</strong>ux séries <strong>de</strong> <strong>simulations</strong> <strong>de</strong> dynamique moléculaire tout-atome en solvant explicite<br />

à 310 K pendant 20 ns. Les figures 3.14 (A,B) représentent l’écart quadratique moyen<br />

(RMSD) calculé sur les Cα pour chaque modèle <strong>par</strong> rapport à leurs structures minimisées.<br />

Cette analyse montre que l’orientation <strong>par</strong>allèle stabilise chaque feuillet avec une dévia-<br />

tion moyenne qui fluctue autour <strong>de</strong> 1,0 à 1,5 ˚ A pour le tétramère et le trimère durant<br />

l’échelle <strong>de</strong> temps <strong>de</strong> 20 ns (fig. 3.14 (A)). En revanche, la structure en croix-β <strong>par</strong>faite<br />

ne reste stable que pendant 5,9 ns (RMSD < 4 ˚ A), après 6 ns le RMSD <strong>de</strong> l’heptamère<br />

oscille autour <strong>de</strong> 7,2 ˚ A et est associé à un mouvement <strong>de</strong> rotation d’un feuillet <strong>par</strong> rapport<br />

à l’autre. La figure 3.14 (C) montre la conformation initiale et le centre du groupe le plus<br />

peuplé après 10 ns (37 % <strong>de</strong> la trajectoire entre 10 et 20 ns). De manière surprenante, le<br />

représentant <strong>de</strong> ce groupe dévie <strong>de</strong> 2,9 ˚ A <strong>par</strong> rapport à la structure <strong>de</strong> plus basse énergie<br />

obtenue pour la trajectoire ART R12 (même arrangement que dans R7 sauf que les feuillets<br />

sont étendus). Cet écart <strong>de</strong>scend même à 2,2 ˚ A si on omet une chaîne. Dans l’ensemble,<br />

ces résultats sont confirmés <strong>par</strong> la <strong>de</strong>uxième simulation <strong>de</strong> dynamique moléculaire, bien<br />

que le trimère et le tétramère soient beaucoup plus flexibles en <strong>par</strong>tant d’une orientation<br />

anti<strong>par</strong>allèle entre les feuillets (RMSD compris entre 2,5 et 4,0 ˚ A en moyenne <strong>par</strong> rapport<br />

à leurs structures minimisées, cf. figure 3.14 (B)). La figure 3.14 (D) montre <strong>de</strong> nouveau<br />

une conformation très peuplée où un feuillet a subi une rotation <strong>par</strong> rapport à l’autre. Ces<br />

résultats vali<strong>de</strong>nt les structures prédites <strong>par</strong> ART avec un arrangement perpendiculaire<br />

entre les feuillets et écartent l’éventualité que nos <strong>simulations</strong> ART soient trop courtes ou<br />

que le champ <strong>de</strong> force OPEP soit inadéquat.<br />

La figure 3.14 (E) montre l’évolution du RMSD calculé sur les Cα en <strong>par</strong>tant d’un<br />

feuillet β monocouche idéal à 310 K. Nous observons après 11,5 ns un dépliement <strong>par</strong>tiel<br />

du feuillet avec la dissociation <strong>de</strong> trois chaînes (fig. 3.14 (F)). Ce résultat explique pour-<br />

quoi cette conformation monocouche <strong>par</strong>faite n’est pas retrouvée dans nos <strong>simulations</strong><br />

ART.


3.4 Structures of soluble amyloid oligomers from computer <strong>simulations</strong> 49<br />

RMSD (Å)<br />

RMSD (Å)<br />

0 2 4 6<br />

0 4 8<br />

Time (ns)<br />

Heptamer<br />

Tetramer<br />

Trimer<br />

0 10 20<br />

RMSD (Å)<br />

0 4 8<br />

Time (ns)<br />

Heptamer<br />

Tetramer<br />

Trimer<br />

0 10 20<br />

(A) (B)<br />

→ →<br />

(C) (D)<br />

0 4 8 11.5<br />

Time (ns)<br />

(E) (F)<br />

Fig. 3.14 – Simulations <strong>de</strong> dynamique moléculaire tout-atome en solvant explicite. La<br />

première <strong>par</strong>tie (A,B,C et D) renvoie aux <strong>simulations</strong> <strong>de</strong> 20 ns à 310 K en <strong>par</strong>tant <strong>de</strong><br />

structures en croix-β idéales avec une orientation <strong>par</strong>allèle (A,C) et anti<strong>par</strong>allèle (B,D)<br />

entre les feuillets. Les figures A et B montrent l’évolution du Cα RMSD (en ˚ A) pour l’heptamère<br />

(soli<strong>de</strong>), le tétramère (tirets) et le trimère (pointillés). La conformation initiale et<br />

le représentant du groupe le plus peuplé sont reportés sur les figures C et D. La <strong>de</strong>uxième<br />

<strong>par</strong>tie (E,F) illustre la simulation <strong>de</strong> 11,5 ns à 310 K réalisée à <strong>par</strong>tir d’un feuillet β monocouche<br />

<strong>par</strong>fait. L’évolution du Cα RMSD (en ˚ A) pour l’heptamère est montrée figure E.<br />

La structure initiale et celle générée après 11,5 ns sont présentées figure F.<br />

Afin <strong>de</strong> mieux comprendre le processus d’agrégation et <strong>de</strong> caractériser les forces qui<br />

conduisent aux oligomères <strong>de</strong> plus basses énergies, nous avons suivi la formation <strong>de</strong>s liai-<br />

sons hydrogène natives et non natives ainsi que les interactions chaîne latérale-chaîne<br />

latérale en fonction <strong>de</strong>s événements ART. Nous rappelons que la liste <strong>de</strong>s interactions<br />

natives varie d’une trajectoire à l’autre à cause <strong>de</strong> la dégénérescence <strong>de</strong> ces différents<br />


50 3 Les petits pepti<strong>de</strong>s amyloï<strong>de</strong>s<br />

états isoénergétiques. L’analyse <strong>de</strong> la trajectoire R7 (figure 3.11) montre que les premières<br />

étapes <strong>de</strong> l’agrégation résultent <strong>de</strong> la formation simultanée <strong>de</strong> liaisons hydrogène na-<br />

tives et non natives et essentiellement d’interactions entre chaînes latérales phénylalanine-<br />

phénylalanine (F-F). À l’événement 600, les premiers intermédiaires formés dans R7 pos-<br />

sè<strong>de</strong>nt 25 contacts entre chaînes latérales F-F et 78 % <strong>de</strong> ces contacts sont natifs (voir<br />

figure 3.15). Toutes les autres <strong>simulations</strong> présentent le même comportement ; à l’événe-<br />

ment 600, les agrégats <strong>de</strong>s trajectoires R5, R8 et R9 possè<strong>de</strong>nt entre 10 et 14 contacts<br />

entre chaînes latérales F-F (fig. 3.15) et 43–63 % d’entre eux sont natifs.<br />

F−F contacts<br />

F−F contacts<br />

0 10 20 30<br />

0 10 20 30<br />

0 2000 4000 6000 7932<br />

Event Number<br />

F−F contacts<br />

0 10 20 30<br />

0 2000 4000 6000 7238<br />

Event Number<br />

R5 R7<br />

0 2000 4000 7001<br />

Event Number<br />

F−F contacts<br />

0 10 20 30<br />

0 1000 2000 3473<br />

Event Number<br />

R8 R9<br />

Fig. 3.15 – Évolution du nombre <strong>de</strong> contacts entre chaînes latérales phénylalaninephénylalanine<br />

(F-F) dans les <strong>simulations</strong> ART R5, R7, R8 et R9. En com<strong>par</strong>aison, le<br />

nombre <strong>de</strong> ces contacts dans un feuillet β monocouche idéal (pointillés) et dans une structure<br />

feuillet β double couche <strong>par</strong>faite (tirets) est également indiqué. La ligne verticale<br />

(tirets) dans la trajectoire R5 localise la conformation R5-B.<br />

Bien que le nombre d’interactions entre chaînes latérales F-F reste relativement constant<br />

durant la simulation, nous observons un réarrangement considérable <strong>de</strong>s chaînes en re-<br />

gardant l’évolution du pourcentage <strong>de</strong> contacts chaîne latérale-chaîne latérale natifs en<br />

fonction <strong>de</strong>s événements ART (voir figure 3.16). Dans plusieurs trajectoires (R5 ou R7<br />

<strong>par</strong> exemple), les contacts natifs se forment rapi<strong>de</strong>ment avec environ 60 % d’interactions


3.4 Structures of soluble amyloid oligomers from computer <strong>simulations</strong> 51<br />

finales déjà formées dès l’événement 500. Le reste <strong>de</strong> la simulation consiste en une série <strong>de</strong><br />

mouvements locaux d’optimisation, <strong>de</strong> manière à satisfaire les autres forces concurencielles<br />

telles que les liaisons hydrogène. Dans les autres <strong>simulations</strong> (R8 et R9), l’effondrement hy-<br />

drophobe entraîne la formation d’un nombre important <strong>de</strong> contacts chaîne latérale-chaîne<br />

latérale (cf. figure 3.15) principalement non natifs (fig. 3.16). L’agrégation se poursuit<br />

<strong>par</strong> association-dissociation <strong>de</strong>s chaînes et mouvements <strong>de</strong> reptation (comme nous l’avons<br />

décrit figure 3.11 (B,D)). Ce processus peut être suivi sur la figure 3.16 où les ✭ sauts ✮<br />

<strong>de</strong> Qc révèlent que les chaînes ont trouvé leur registre natif. Ce résultat est cohérent avec<br />

<strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s récentes <strong>de</strong> spectroscopie IR (Petty et Decatur, 2005) et <strong>de</strong>s <strong>simulations</strong> ART-<br />

OPEP réalisées sur le pepti<strong>de</strong> Aβ16−22 (Santini et al., 2004b,a).<br />

Qc<br />

Qc<br />

0 50 100<br />

0 50 100<br />

0 2000 4000 6000 7932<br />

Event Number<br />

Qc<br />

0 50 100<br />

0 2000 4000 6000 7238<br />

Event Number<br />

R5 R7<br />

0 2000 4000 7001<br />

Event Number<br />

Qc<br />

0 50 100<br />

0 1000 2000 3473<br />

Event Number<br />

R8 R9<br />

Fig. 3.16 – Évolution <strong>de</strong> la fraction <strong>de</strong> contacts chaîne latérale-chaîne latérale pour les<br />

trajectoires ART R5, R7, R8 et R9. La ligne verticale (tirets) dans la trajectoire R5 localise<br />

la conformation R5-B.<br />

Dans cet article, nous avons revisité les chemins d’agrégation du plus petit pepti<strong>de</strong><br />

connu à ce jour pour former <strong>de</strong>s fibres amyloï<strong>de</strong>s, en utilisant la technique d’activation<br />

relaxation et un modèle d’énergie simplifiée avec une représentation implicite du solvant.<br />

Nous avons également étudié la stabilité <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux produits finaux <strong>de</strong> la fibrillogénèse in vi-<br />

tro <strong>par</strong> <strong>de</strong>s <strong>simulations</strong> <strong>de</strong> dynamique moléculaire en solvant explicite. La technique ART,


52 3 Les petits pepti<strong>de</strong>s amyloï<strong>de</strong>s<br />

choisie pour explorer la durée très longue du processus d’agrégation et dépasser ainsi les<br />

premières étapes auxquelles peut uniquement accé<strong>de</strong>r la dynamique moléculaire (Colombo<br />

et al., 2005 ; Klimov et Thirumalai, 2003 ; Wu et al., 2005b), permet une caractérisation<br />

structurale <strong>de</strong>s premiers agrégats qui ne peuvent pas être déterminés facilement <strong>par</strong> <strong>de</strong>s<br />

métho<strong>de</strong>s biophysiques. De plus, <strong>par</strong> rapport aux nombreuses étu<strong>de</strong>s précé<strong>de</strong>ntes <strong>de</strong>s mé-<br />

canismes d’agrégation <strong>par</strong> MD ou nos travaux ART-OPEP précé<strong>de</strong>nts sur un octamère,<br />

les pepti<strong>de</strong>s ne sont pas biaisés vers une formation <strong>de</strong> feuillets β (Paci et al., 2004 ; Wu<br />

et al., 2005b,a) et sont libres <strong>de</strong> toutes contraintes interchaînes (Klimov et Thirumalai,<br />

2003 ; Wu et al., 2005b ; Gsponer et al., 2003 ; Wei et al., 2004a).<br />

Les <strong>simulations</strong> présentées dans ce travail montrent, en accord avec d’autres étu<strong>de</strong>s<br />

réalisées sur le phénomène <strong>de</strong> nucléation (Moroni et al., 2005), que les structures <strong>de</strong>s<br />

intermédiaires proches du noyau stable sont variées et complexes. En <strong>par</strong>tant <strong>de</strong> confor-<br />

mations aléatoires <strong>de</strong>s pepti<strong>de</strong>s, KFFE s’assemble dans <strong>de</strong> multiples structures en équilibre.<br />

Bien que les fluctuations atomiques soient très importantes, ces structures peuvent être<br />

regroupées en trois topologies majeures d’énergies similaires, qui peuvent être liées à <strong>de</strong>s<br />

assemblages i<strong>de</strong>ntifiés expérimentalement dans le cas <strong>de</strong> protéines formant <strong>de</strong> longues<br />

fibres amyloï<strong>de</strong>s.<br />

La topologie 1 est une structure en croix-β qui diffère <strong>de</strong> l’expérience et d’une étu<strong>de</strong><br />

précé<strong>de</strong>nte sur un hexamère <strong>de</strong> KFFE (Wei et al., 2004c) <strong>par</strong> <strong>de</strong>s feuillets β qui adoptent<br />

une orientation perpendiculaire entre eux, plutôt qu’une orientation <strong>par</strong>allèle ou antipa-<br />

rallèle. Ce résultat est confirmé <strong>par</strong> nos <strong>simulations</strong> <strong>de</strong> dynamique moléculaire en solvant<br />

explicite réalisées à <strong>par</strong>tir <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux arrangements idéaux. Cette organisation en feuillets β<br />

orthogonaux a également été mise en évi<strong>de</strong>nce dans <strong>de</strong>s <strong>simulations</strong> ART-OPEP menées<br />

sur <strong>de</strong>s octomères préformés (Wei et al., 2004a) et dans <strong>de</strong>s <strong>simulations</strong> <strong>de</strong> dynamique<br />

moléculaire pour <strong>de</strong>ux hexapepti<strong>de</strong>s initialement organisés en un feuillet β monocouche<br />

(Colombo et al., 2005) ou à <strong>par</strong>tir <strong>de</strong> dimères orientés aléatoirement (Wu et al., 2005b).<br />

Dans cette topologie en croix-β, les brins β qui composent les feuillets sont majoritai-<br />

rement anti<strong>par</strong>allèles, mais <strong>de</strong>s orientations mixtes <strong>par</strong>allèle-anti<strong>par</strong>allèle sont également<br />

possibles. Ces observations sont cohérentes avec <strong>de</strong>s <strong>simulations</strong> précé<strong>de</strong>ntes d’agrégation<br />

ou <strong>de</strong> dissociation (MD) sur <strong>de</strong>s pepti<strong>de</strong>s similaires (Paci et al., 2004 ; Gsponer et al.,<br />

2003 ; Santini et al., 2004a).<br />

La topologie 2 consiste en agrégats amorphes avec un taux important <strong>de</strong> liaisons hy-<br />

drogène (∼ 50 %) et <strong>de</strong>s diamètres qui varient entre 3,1 et 3,8 nm. Bien que ces agrégats<br />

soient retrouvés dans l’ensemble <strong>de</strong> nos <strong>simulations</strong> ART, leur population est presque né-<br />

gligeable pour <strong>de</strong>s systèmes variant <strong>de</strong> 4 à 6 pepti<strong>de</strong>s KFFE (Melquiond et al., 2005 ; Wei<br />

et al., 2004c). Ces agrégats correspon<strong>de</strong>nt aux intermédiaires en forme <strong>de</strong> micelle mis en


3.4 Structures of soluble amyloid oligomers from computer <strong>simulations</strong> 53<br />

évi<strong>de</strong>nce <strong>par</strong> diffusion <strong>de</strong> neutrons aux petits angles pour le pepti<strong>de</strong> Aβ amyloï<strong>de</strong> (Yong<br />

et al., 2002).<br />

La topologie 3 est un feuillet β monocouche non régulier replié en tonneau β. Cette<br />

structure, également discutée dans une étu<strong>de</strong> ART-OPEP <strong>de</strong> six pepti<strong>de</strong>s KFFE à <strong>par</strong>tir<br />

d’assemblages préformés (Wei et al., 2004c) mais jamais reportée <strong>par</strong> d’autres techniques<br />

<strong>de</strong> <strong>simulations</strong>, rappelle les anneaux incomplets <strong>de</strong> la protéine α-synucléine découverts<br />

<strong>par</strong> Lashuel et collaborateurs <strong>par</strong> microscopie électronique à transmission (Lashuel et al.,<br />

2002). Si cette topologie n’a pas pu être observée dans nos <strong>simulations</strong> sur un octomère<br />

<strong>de</strong> KFFE (Wei et al., 2004a), c’est <strong>par</strong>ce que ces <strong>de</strong>rnières étaient trop courtes pour un tel<br />

système.<br />

Un résultat supplémentaire est que les chemins générés <strong>par</strong> ART pour un heptamère,<br />

en <strong>par</strong>tant d’une distribution aléatoire <strong>de</strong>s chaînes, sont plus complexes que ceux obser-<br />

vés pour un hexamère en <strong>par</strong>tant d’une distribution équivalente. Les premières étapes<br />

<strong>de</strong> l’agrégation sont dominées <strong>par</strong> <strong>de</strong>s interactions chaîne latérale-chaîne latérale qui au-<br />

torisent <strong>de</strong>s assemblages <strong>par</strong>tiels <strong>de</strong> feuillets β désordonnés hors registre. Ces agrégats<br />

existent sous différentes organisations : <strong>de</strong>ux ou trois dimères, un tétramère désordonné<br />

en interaction avec un dimère ou un trimère, un pentamère irrégulier ... Le repliement pro-<br />

gresse <strong>par</strong> optimisation simultanée <strong>de</strong>s interactions hydrogène et hydrophobes dans <strong>de</strong>s<br />

agrégats amorphes. Pendant cette phase, les feuillets peuvent se dissocier, se réassocier et<br />

se réorienter les uns <strong>par</strong> rapport aux autres, ces réarrangements interchaînes s’opérant <strong>par</strong><br />

mouvements <strong>de</strong> reptation. Cela souligne la diversité <strong>de</strong>s agrégats précoces qui forment <strong>de</strong>s<br />

blocs constitutifs capables d’interagir avec le noyau pour permettre l’élongation rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

la fibre. Enfin, ces agrégats amorphes peuvent évoluer soit directement (haute probabi-<br />

lité) soit indirectement (faible probabilité, en explorant la topologie en tonneau β) vers<br />

<strong>de</strong>s structures en croix-β. Les mécanismes d’agrégation prédits <strong>par</strong> ART sont cohérents<br />

avec <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s biophysiques menées sur la protéine prion Sup35 (Serio et al., 2000) et<br />

avec <strong>de</strong>s <strong>simulations</strong> <strong>de</strong> dynamique moléculaire discontinue sur <strong>de</strong>s chaînes <strong>de</strong> polyalanine<br />

(Nguyen et Hall, 2004) bien que les anneaux ouverts avec <strong>de</strong>s caractères <strong>de</strong> tonneau β ne<br />

soient pas décrits.<br />

En résumé, les <strong>simulations</strong> ART réalisées sur un heptamère <strong>de</strong> KFFE, ainsi que nos<br />

étu<strong>de</strong>s précé<strong>de</strong>ntes sur <strong>de</strong>s hexamères (Wei et al., 2004c) et <strong>de</strong>s octamères (Wei et al.,<br />

2004a) <strong>de</strong> ce pepti<strong>de</strong>, démontrent qu’il existe <strong>de</strong>s limites (nombre <strong>de</strong> brins) pour la sta-<br />

bilisation <strong>de</strong>s agrégats amorphes et <strong>de</strong>s limites (cinétiques) pour accé<strong>de</strong>r à un feuillet β<br />

monocouche à <strong>par</strong>tir d’un état amorphe. Nos <strong>simulations</strong> gros-grains et <strong>de</strong> dynamique<br />

moléculaire indiquent clairement que la taille <strong>de</strong>s systèmes étudiés est trop petite pour<br />

stabiliser les pepti<strong>de</strong>s KFFE dans <strong>de</strong>s arrangements cohérents avec les données <strong>de</strong> fibrillo-


54 3 Les petits pepti<strong>de</strong>s amyloï<strong>de</strong>s<br />

génèse in vitro. En outre, nos modèles suggèrent qu’une orientation perpendiculaire entre<br />

les feuillets β pourrait être prédominante dans les premières étapes <strong>de</strong> l’agrégation pour<br />

un système composé <strong>de</strong> sept chaînes KFFE. La population <strong>de</strong> ces états ✭ amyloï<strong>de</strong> compé-<br />

tents ✮ reste cependant à déterminer en condition physiologique. De plus, nos <strong>simulations</strong><br />

ne nous permettent pas <strong>de</strong> différencier les oligomères solubles les plus cytotoxiques. Néan-<br />

moins, ces travaux apportent une contribution originale qui peut permettre <strong>de</strong> progresser<br />

dans la caractérisation atomique <strong>de</strong> ces intermédiaires solubles et d’envisager le dévelop-<br />

pement d’agents anti-amyloï<strong>de</strong>s.<br />

3.5 Probing amyloid fibril formation of the NFGAIL<br />

pepti<strong>de</strong> by computer <strong>simulations</strong><br />

Adrien Melquiond, Jean-Christophe Gelly, Normand Mousseau & Philippe Derreumaux<br />

J. Chem. Phys., 126 : 065101, 2007<br />

La formation <strong>de</strong>s fibres amyloï<strong>de</strong>s, telle qu’elle est observée dans la maladie d’Alz-<br />

heimer et le diabète <strong>de</strong> type II, est couramment décrite <strong>par</strong> un mécanisme <strong>de</strong> nucléation-<br />

polymérisation. Cependant, les détails <strong>de</strong>s processus précédant la formation du noyau sont<br />

toujours inconnus. Dans cette étu<strong>de</strong>, en utilisant la technique d’activation-relaxation cou-<br />

plée à un modèle d’énergie générique, nous explorons les chemins d’agrégation <strong>de</strong> douze<br />

chaînes <strong>de</strong> l’hexapepti<strong>de</strong> NFGAIL. Nos <strong>simulations</strong> montrent, en <strong>par</strong>tant d’un dimère pa-<br />

rallèle préformé et <strong>de</strong> dix chaînes désordonnées, que ces pepti<strong>de</strong>s forment essentiellement<br />

<strong>de</strong>s oligomères amorphes ou plus rarement <strong>de</strong>s stuctures en feuillets β où les pepti<strong>de</strong>s<br />

adoptent une orientation <strong>par</strong>allèle à l’intérieur <strong>de</strong>s feuillets. La com<strong>par</strong>aison entre les si-<br />

mulations indique qu’un dimère n’est pas une entité suffisante pour prévenir la formation<br />

d’agrégats amorphes et qu’il existe un seuil critique du nombre <strong>de</strong> connexions entre les<br />

chaînes au-<strong>de</strong>là duquel l’exploration d’agrégats amorphes est favorisée.<br />

Pour dépasser les limites rencontrées <strong>par</strong> les modèles protéiques <strong>de</strong> faible résolution<br />

(Jang et al., 2004 ; Pellarin et Caflisch, 2006) et <strong>par</strong> la métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> dynamique molécu-<br />

laire (Ma et Nussinov, 2002 ; Klimov et Thirumalai, 2003), nous avons utilisé la technique<br />

d’activation-relaxation (ART) nouveau (Malek et Mousseau, 2000) combinée au champ <strong>de</strong><br />

force OPEP (Derreumaux, 2000b) pour étudier l’agrégation du fragment 22–27 (NFGAIL)<br />

du pepti<strong>de</strong> islet amyloid humain. Les agrégats du pepti<strong>de</strong> entier sont retrouvés dans les<br />

cellules pancréatiques (îlots <strong>de</strong> Langerhans) <strong>de</strong>s patients qui présentent un diabète <strong>de</strong><br />

type II. Par ailleurs, le fragment NFGAIL forme in vitro <strong>de</strong>s fibres amyloï<strong>de</strong>s et est une<br />

cible moléculaire pour le développement d’inhibiteurs. Le pepti<strong>de</strong> NFGAIL a été l’objet <strong>de</strong><br />

<strong>simulations</strong> <strong>de</strong> dynamique moléculaire tout-atome en solvant explicite, mais les auteurs


3.5 Probing amyloid fibril formation of the NFGAIL pepti<strong>de</strong> by computer <strong>simulations</strong>55<br />

exploraient seulement <strong>de</strong>s fluctuations locales autour d’assemblages pré-établis (Zanuy<br />

et al., 2004 ; Wu et al., 2005a) ou <strong>de</strong> structures aléatoirement choisies (Colombo et al.,<br />

2005).<br />

À notre connaissance, ce système correspond à l’oligomère le plus grand jamais<br />

étudié <strong>par</strong> <strong>de</strong>s <strong>simulations</strong> non biaisées, en utilisant une représentation atomique du sque-<br />

lette peptidique, pour découvrir les chemins qui lient les formes dépliées et les stuctures<br />

fibrillaires.<br />

Pour suivre les mécanismes d’agrégation prédits <strong>par</strong> ART, nous analyserons l’énergie<br />

totale le long <strong>de</strong> la simulation, l’orientation <strong>de</strong>s chaînes i et j en calculant le produit<br />

scalaire <strong>de</strong> leurs vecteurs directeurs, le rayon <strong>de</strong> giration (Rg), la distance aux extrémi-<br />

tés Cα-Cα pour chaque chaîne et le nombre <strong>de</strong> liaisons hydrogène calculé selon les critères<br />

DSSP (Kabsch et San<strong>de</strong>r, 1983). Nous avons également suivi le nombre <strong>de</strong> contacts chaîne<br />

latérale-chaîne latérale entre <strong>de</strong>ux chaînes et le nombre <strong>de</strong> connections entre une ✭ graine ✮<br />

(ici, un dimère) et les chaînes restantes. Le nombre <strong>de</strong> connections est défini comme le<br />

nombre total <strong>de</strong> chaînes en interaction avec les chaînes i et j qui constituent la graine<br />

dimérique. Ce <strong>par</strong>amètre est différent du <strong>par</strong>amètre η utilisé <strong>par</strong> Jang et collaborateurs<br />

(Jang et al., 2004) qui mesurait le taux <strong>de</strong> contacts natifs intermoléculaires vers intramo-<br />

léculaires. L’assignation <strong>de</strong>s stuctures secondaires a été réalisée avec le programme STRIDE<br />

(Frishman et Argos, 1995).<br />

Nous avons simulé douze chaînes Ace-NFGAIL-NH2, c’est-à-dire bloquées aux extrémi-<br />

tés <strong>par</strong> <strong>de</strong>s groupements acétyl et amine, à haute concentration. Toutes les <strong>simulations</strong><br />

sont initiées à <strong>par</strong>tir <strong>de</strong> la même conformation <strong>de</strong> dé<strong>par</strong>t mais en utilisant <strong>de</strong>s nombres<br />

aléatoires différents. Cet état initial consiste en un dimère <strong>par</strong>allèle préformé et dix chaînes<br />

désordonnées aléatoirement disposées et orientées dans une sphère <strong>de</strong> 70 ˚ A <strong>de</strong> diamètre.<br />

Des résultats i<strong>de</strong>ntiques ont été obtenus sans le dimère préformé. Chaque trajectoire est<br />

générée pour 12000 événements ART à une température <strong>de</strong> Metropolis <strong>de</strong> 330 K, ce qui<br />

correspond à un taux d’acceptation d’environ 75 %, et dure huit semaines sur un unique<br />

processeur IBM Power4 ca<strong>de</strong>ncé à 1,3 GHz.<br />

Parmi ces douze <strong>simulations</strong>, une trajectoire conduit à une structure bien ordonnée<br />

alors que les onze autres convergent vers <strong>de</strong>s agrégats amorphes. L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s structures<br />

<strong>de</strong> plus basses énergies prédites pour chacune <strong>de</strong>s douze trajectoires met en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>ux<br />

topologies principales, notées T1 et T2, et reportées figure 3.17. La topologie T1, associée<br />

à la trajectoire R1, ne compte qu’un seul représentant ; cet arrangement présente une<br />

énergie <strong>de</strong> -279,7 kcal/mol et 67 % <strong>de</strong> brins β. T1 est caractérisée <strong>par</strong> un feuillet β com-<br />

posé <strong>de</strong> cinq brins <strong>par</strong>allèles en interaction avec un trimère mixte <strong>par</strong>allèle-anti<strong>par</strong>allèle,<br />

un dimère <strong>par</strong>allèle et <strong>de</strong>ux chaînes étendues (fig. 3.17 (a)). Contrairement à T1, T2 est


56 3 Les petits pepti<strong>de</strong>s amyloï<strong>de</strong>s<br />

obtenue pour les trajectoires R2 à R12 et présente un caractère amorphe. Cet arrange-<br />

ment révèle un pourcentage <strong>de</strong> brins β variant entre 0 % et 12 % et une énergie comprise<br />

entre -256,0 kcal/mol (R2) et -271,0 kcal/mol (R9) (fig. 3.17 (b,c,d)).<br />

Fig. 3.17 – Topologies <strong>de</strong> plus<br />

basses énergies. La topologie T1<br />

est obtenue pour la trajectoire<br />

R1 (a) ; la topologie T2 est obtenue<br />

pour les trajectoires R2 (b),<br />

R7 (c) et R8 (d). Cette figure<br />

illustre le pourcentage important<br />

<strong>de</strong> brins β pour T1 tandis que T2<br />

présente un caractère amorphe.<br />

De façon remarquable, Rg vaut 11,4 ˚ A pour T1 et est compris entre 10,6 et 11,1 ˚ A pour<br />

tous les représentants T2, ce qui indique que la <strong>de</strong>nsité <strong>de</strong>s oligomères varie très peu entre<br />

T1 et T2. La différence d’énergie enre T1 et T2 n’est pas liée aux interactions chaîne<br />

latérale-chaîne latérale mais plutôt au nombre <strong>de</strong> liaisons hydrogène : T1 possè<strong>de</strong> près <strong>de</strong><br />

1,7 fois plus <strong>de</strong> liaisons H que les stuctures représentatives <strong>de</strong> T2 présentées figures 3.17<br />

(c,d).<br />

La figure 3.17 (a) montre clairement que la topologie T1 ne satisfait pas toutes les<br />

caractéristiques <strong>de</strong>s structures en croix-β : la distance Cα-Cα interfeuillet <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong><br />

10,5 ˚ A mise en évi<strong>de</strong>nce <strong>par</strong> diffraction aux rayons X et RMN du soli<strong>de</strong> (Sun<strong>de</strong> et al.,<br />

1997 ; Petkova et al., 2002) n’est pas retrouvée, mais la distance Cα-Cα intrafeuillet <strong>de</strong><br />

4,5 ˚ A est bien observée. Pour T2, cette <strong>de</strong>rnière vaut en moyenne 5,5 ˚ A. Par ailleurs, T1<br />

montre une préférence très nette pour une orientation <strong>par</strong>allèle entre les brins avec <strong>de</strong>s<br />

interactions en registre, en accord avec le modèle <strong>de</strong> fibres amyloï<strong>de</strong>s d’amyline humaine<br />

proposé <strong>par</strong> Kajava et collaborateurs (Kajava et al., 2005) ainsi qu’avec les premières<br />

étapes d’agrégation observées <strong>par</strong> <strong>simulations</strong> <strong>de</strong> dynamique moléculaire tout-atome <strong>de</strong>


3.5 Probing amyloid fibril formation of the NFGAIL pepti<strong>de</strong> by computer <strong>simulations</strong>57<br />

50 ns en solvant explicite (Colombo et al., 2005). En revanche, cette inclination <strong>par</strong>allèle<br />

n’est pas constatée pour <strong>de</strong>s courtes <strong>simulations</strong> <strong>de</strong> dynamique moléculaire où les brins<br />

peuvent s’orienter indifféremment <strong>de</strong> manière <strong>par</strong>allèle ou anti<strong>par</strong>allèle (Wu et al., 2005a)<br />

ou même préférer une orientation anti<strong>par</strong>allèle à l’intérieur <strong>de</strong>s feuillets (Zanuy et al.,<br />

2004). Il reste à savoir si cette discordance est associée au champ <strong>de</strong> force utilisé ou au<br />

temps d’échantillonnage.<br />

Analysons maintenant les mécanismes d’agrégation observés dans la trajectoire R1 et<br />

responsables <strong>de</strong> la formation rapi<strong>de</strong>, en terme <strong>de</strong> nombre d’événements ART, d’une struc-<br />

ture riche en brins β (T1, voir figure 3.17 (a)). L’énergie totale et le nombre <strong>de</strong> liaisons<br />

hydrogène en fonction du nombre d’événements ART sont reportés sur figures 3.18 (a,b).<br />

La relaxation d’énergie est réalisée en trois étapes. Tout d’abord, une diminution rapi<strong>de</strong><br />

durant les 1400 premiers événements avec une chute <strong>de</strong> -50 kcal/mol à -228 kcal/mol<br />

qui s’accompagne durant la même pério<strong>de</strong> d’une augmentation du nombre <strong>de</strong> liaisons hy-<br />

drogène <strong>de</strong> 6 à 27. La diminution d’énergie se ralentit ensuite progressivement jusqu’à<br />

l’événement 7100 (E = -251 kcal/mol) puis la dynamique entraîne le système vers sa<br />

conformation <strong>de</strong> plus basse énergie (-279,7 kcal/mol à l’événement 8537).<br />

Les principales étapes d’assemblage qui aboutissent à la topologie T1 sont résumées<br />

sur la figure 3.19.<br />

À <strong>par</strong>tir <strong>de</strong> 10 pepti<strong>de</strong>s d’orientations et <strong>de</strong> conformations aléatoires<br />

(fig. 3.19 (a)), l’agrégation débute <strong>par</strong> la formation simultanée d’un nouveau dimère pa-<br />

rallèle (chaînes 3-6) et d’un feuillet déformé composé <strong>de</strong> trois brins β (chaînes 9-1-2) qui<br />

résulte <strong>de</strong> l’addition <strong>de</strong> la chaîne 9 sur le dimère pré-établi (événement 1138, fig. 3.19 (b)).<br />

L’agrégation se poursuit <strong>par</strong> association <strong>de</strong>s chaînes 4 et 9, ce qui conduit à la création<br />

d’un feuillet β <strong>de</strong> quatre brins (chaînes 4-9-1-2) (événement 2056, fig. 3.19 (c)). Après cela,<br />

les pepti<strong>de</strong>s restant (non engagés dans la formation d’un feuillet β) diffusent autour du<br />

complexe tétramère-dimère (événement 3700, fig. 3.19 (d)) jusqu’à permettre la formation<br />

d’un pentamère (chaînes 7-4-9-1-2) et d’un dimère (chaînes 11-12) en étroite interaction<br />

avec un feuillet β composé <strong>de</strong> trois brins (chaînes 3-6-10) (cf. événement 8029, fig. 3.19 (e)).<br />

Enfin, la chaîne 10 stabilise le trimère dans une conformation mixte anti<strong>par</strong>allèle-<strong>par</strong>allèle<br />

tandis que les chaînes 5 et 8, qui ne <strong>par</strong>ticipent pas à la formation <strong>de</strong>s feuillets, explorent<br />

l’espace conformationnel jusqu’à ce que la structure <strong>de</strong> plus basse énergie soit localisée<br />

(événement 8537, fig. 3.19 (f)). A cet événement, les chaînes 5 et 8 sont <strong>par</strong>faitement éten-<br />

dues au-<strong>de</strong>ssus du plan formé <strong>par</strong> les couches pentamériques et trimériques respectivement.<br />

Alors que cette <strong>de</strong>scription sous forme d’instantanés ai<strong>de</strong> à comprendre les mécanismes<br />

à l’origine d’une structure aux caractéristiques <strong>de</strong> fibre, l’analyse détaillée <strong>de</strong>s trajectoires<br />

est plus complexe. L’évolution <strong>de</strong>s orientations et <strong>de</strong>s distances aux extrémités pour les


58 3 Les petits pepti<strong>de</strong>s amyloï<strong>de</strong>s<br />

Fig. 3.18 – Analyse détaillée <strong>de</strong> la trajectoire d’agrégation R1 en fonction <strong>de</strong>s événements<br />

ART. (a) Energie totale en kcal/mol, (b) nombre <strong>de</strong> liaisons H, (c) orientation entre les<br />

chaînes 9 et 4, (d) orientation entre les chaînes 7 et 2, (e) distances aux extrémités pour<br />

la chaîne 4 (trait plein) et la chaîne 9 (pointillés) et (f) distances aux extrémités pour<br />

la chaîne 5 (trait plein) et la chaîne 8 (pointillés). Par souci <strong>de</strong> clarté, les résultats sont<br />

donnés jusqu’à ce que la structure <strong>de</strong> plus basse énergie soit atteinte à l’événement 8537.<br />

chaînes qui composent le feuillet β pentamérique montrent que, au voisinage du dimère<br />

<strong>par</strong>allèle préformé (chaînes 1-2), les chaînes 9 et 4 <strong>de</strong>viennent <strong>par</strong>allèles (fig. 3.17.c) et<br />

étendues (fig. 3.17.e) après ∼ 1000 événements et 3000 événements respectivement. A<br />

contrario, la chaîne 7, initialement anti<strong>par</strong>allèle, change très lentement son orientation<br />

jusqu’à former un arrangement <strong>par</strong>faitement <strong>par</strong>allèle avec la chaîne 2 à l’événement 8000


3.5 Probing amyloid fibril formation of the NFGAIL pepti<strong>de</strong> by computer <strong>simulations</strong>59<br />

Fig. 3.19 – Vue discrète du processus d’auto-assemblage menant à la topologie T1. (a)<br />

État initial, (b) événement 1138, (c) événement 2056, (d) événement 3700, (e) événement<br />

8029 et (f) événement 8537 où la structure <strong>de</strong> plus basse énergie est rencontrée.<br />

(fig. 3.17 (d)). De même, les longueurs <strong>de</strong>s chaînes 5 et 8 varient considérablement le long<br />

<strong>de</strong> la trajectoire. La distance aux extrémités <strong>de</strong> la chaîne 5 varie entre 10 et 12 ˚ A et celle <strong>de</strong><br />

la chaîne 8 est inférieure à 6 ˚ A durant les 6000 premiers événements ART, et s’achemine<br />

vers une conformation étendue pendant les 2000 événements restants.<br />

Onze trajectoires (R2 à R12) ne retrouvent pas <strong>de</strong> structure ordonnée en feuillet β<br />

après 12000 événements ART et correspon<strong>de</strong>nt ainsi aux voies lentes d’agrégation. Pour<br />

caractériser ces chemins d’agrégation rapi<strong>de</strong> et lent, il convient d’analyser sé<strong>par</strong>ément R1<br />

et R2, dont les comportements sont très similaires, et <strong>de</strong> regrouper les 10 autres simula-<br />

tions pour notre étu<strong>de</strong>.<br />

La figure 3.20 affiche l’évolution <strong>de</strong> l’énergie, du nombre <strong>de</strong> liaisons hydrogène ainsi<br />

que le poucentage <strong>de</strong> chaînes étendues pour R1, R2 et le groupe constitué <strong>de</strong>s trajectoire<br />

R3 à R12. Toutes les <strong>simulations</strong> montrent une diminution rapi<strong>de</strong> d’énergie (<strong>de</strong> -50 à<br />

-250 kcal/mol) mais les <strong>simulations</strong> R3 à R12, qui conduisent à <strong>de</strong>s agrégats amorphes,<br />

présentent une relaxation significativement plus rapi<strong>de</strong> qu’en R1, atteignant un plateau<br />

énergétique en 1000 événements (figs. 3.20 (a,b)). La <strong>de</strong>rnière simulation (R2) présente le<br />

même profil que R1 avec un plateau atteint après l’événement 2000. Comme nous l’atten-


60 3 Les petits pepti<strong>de</strong>s amyloï<strong>de</strong>s<br />

Fig. 3.20 – Com<strong>par</strong>aison entre les trajectoires R1 et R2, et l’ensemble R3 à R12. (a,b)<br />

Énergie totale en kcal/mol ; (c,d) nombre <strong>de</strong> liaisons H ; (e,f) pourcentage <strong>de</strong> chaînes étendues<br />

(distance aux extrémités > 12 ˚ A) ; (g,h) Évolution du rayon <strong>de</strong> giration en ˚ A durant<br />

les 2500 premiers événements. Hormis pour l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Rg, les résultats sont donnés jusqu’à<br />

ce que la structure <strong>de</strong> plus basse énergie pour chaque trajectoire soit localisée. La <strong>par</strong>tie<br />

gauche <strong>de</strong> la figure correspond à l’analyse com<strong>par</strong>ée <strong>de</strong>s trajectoires R1 (train plein) et R2<br />

(pointillés) ; la <strong>par</strong>tie droite s’intéresse à l’ensemble <strong>de</strong>s <strong>simulations</strong> R3 à R12 (les barres<br />

d’erreurs représente la déviation standard).


3.5 Probing amyloid fibril formation of the NFGAIL pepti<strong>de</strong> by computer <strong>simulations</strong>61<br />

dions, le nombre <strong>de</strong> liaisons hydrogène augmente rapi<strong>de</strong>ment dans toutes les <strong>simulations</strong>.<br />

Cependant, tandis que le nombre <strong>de</strong> liaisons H se stabilise autour <strong>de</strong> 17 pour les trajectoires<br />

R3-R12 (fig. 3.20 (d)), celui-ci continue à augmenter jusqu’à atteindre 36 interactions hy-<br />

drogène pour R1 et 30 pour R2 (fig. 3.20 (c)). R3 à R12 sont ainsi piégées très tôt dans <strong>de</strong>s<br />

assemblages amorphes, alors que R1 et R2 continuent à évoluer. Toutefois, les structures<br />

R3 à R12 ne sont pas figées comme l’attestent les variations importantes <strong>de</strong> leurs réseaux<br />

<strong>de</strong> liaisons hydrogène.<br />

Nous avons pu i<strong>de</strong>ntifier <strong>de</strong>s différences entre les voies rapi<strong>de</strong>s et lentes d’agrégation<br />

en com<strong>par</strong>ant les profils <strong>de</strong> relaxation d’énergie et l’évolution du nombre <strong>de</strong> liaisons hy-<br />

drogène ; en revanche, les figures 3.20 (e,f) indiquent qu’à l’événement 1000, toutes les<br />

<strong>simulations</strong> contiennent environ 50 % <strong>de</strong> pepti<strong>de</strong>s étendus 9 , c’est-à-dire favorables à une<br />

association en feuillet β. De manière surprenante, le pourcentage <strong>de</strong> brins étendus dans R1<br />

est supérieur à celui <strong>de</strong> toutes les autres trajectoires au <strong>de</strong>là <strong>de</strong> l’événement 2000 (ie. une<br />

fois que les <strong>de</strong>ux feuillets tétramérique et dimérique sont déjà formés, voir figure 3.19 (c)).<br />

La figure 3.20 (f) montre également que les agrégats amorphes sont <strong>de</strong>s structures dy-<br />

namiques qui évoluent progressivement, avec une augmentation légère mais notable du<br />

pourcentage <strong>de</strong> chaînes étendues.<br />

Quels sont donc les mécanismes qui entraînent l’exploration <strong>de</strong>s voies d’agrégation ra-<br />

pi<strong>de</strong>s ou lentes ? Une première réponse est apportée <strong>par</strong> l’évolution du rayon <strong>de</strong> giration.<br />

Dans les <strong>simulations</strong> R1 et R2, Rg diminue <strong>de</strong> 26 à 11 ˚ A au cours <strong>de</strong>s 2500 premiers évé-<br />

nements avec une valeur <strong>de</strong> 17 ˚ A après 1000 événements (fig. 3.20 (g)). La figure 3.20 (h)<br />

montre que le Rg moyen pour les trajectoire R3 à R12 décroît également <strong>de</strong> 26 à 11 ˚ A au<br />

cours <strong>de</strong>s 2500 premiers événements, mais sa valeur minimale est rencontrée dès l’événe-<br />

ment 1000. Ainsi, un effondrement trop rapi<strong>de</strong> du système durant les premières étapes <strong>de</strong><br />

repliement augmente la probabilité d’emprunter une voie lente avec la formation d’assem-<br />

blages amorphes. Cependant, une décroissance plus douce du rayon <strong>de</strong> giration n’est pas<br />

une condition suffisante pour garantir l’exploration <strong>de</strong> structure en feuillets β.<br />

Pour comprendre les différences entre les trajectoires R1 et R2, qui présentent <strong>de</strong>s<br />

évolutions similaires <strong>de</strong> l’énergie totale, du nombre <strong>de</strong> liaisons hydrogène et du rayon <strong>de</strong><br />

giration, nous suivons maintenant le nombre <strong>de</strong> contacts entre certaines chaînes spécifiques<br />

et le nombre <strong>de</strong> connexions entre un dimère et les chaînes environnantes (voir fig. 3.21).<br />

Nous faisons l’hypothèse qu’un dimère est capable d’initier la propagation β si le nombre<br />

<strong>de</strong> connexions entre ce ✭ noyau ✮ et les chaînes restantes augmente lentement et n’est<br />

12 ˚ A.<br />

9 Un pepti<strong>de</strong> est considéré comme étendu si la distance entre ses Cα-Cα terminaux est supérieure à


62 3 Les petits pepti<strong>de</strong>s amyloï<strong>de</strong>s<br />

pas trop grand, évitant ainsi que que la réorganisation <strong>de</strong>s monomères alentour ne soit<br />

bloquée <strong>par</strong> <strong>de</strong>s barrières d’énergie trop hautes.<br />

Fig. 3.21 – Nombre <strong>de</strong> contacts et nombre <strong>de</strong> connexions. Le nombre d’interactions chaîne<br />

latérale-chaîne latérale à l’intérieur du dimère étudié est indiqué en pointillés ; le nombre<br />

<strong>de</strong> connexions interchaînes (entre le dimère étudié et les monomères restants) est représenté<br />

en trait plein. (a) trajectoire R1, noyau composé <strong>de</strong>s chaînes 1-2 ; (b) R2, noyau<br />

1-2 ; (c) R11, noyau 1-2 ; (d) R12, noyau 1-2 ; (e) R1, noyau 1-9 ; (f) R2, noyau 1-9.<br />

Pour chaque trajectoire, les résultats sont donnés juqu’à ce leur structure <strong>de</strong> plus basse<br />

énergie soit localisée.


3.5 Probing amyloid fibril formation of the NFGAIL pepti<strong>de</strong> by computer <strong>simulations</strong>63<br />

Dans un premier temps, nous concentrons notre étu<strong>de</strong> sur le dimère 1-2 initialement<br />

formé pour toutes les <strong>simulations</strong>. La figure 3.21 (a) montre que, pour R1, le nombre <strong>de</strong><br />

connexions vaut 12 à l’événement 1000, puis augmente provisoirement jusqu’à 15 à l’évé-<br />

nement 1900 (à cette étape, <strong>de</strong>ux feuillets β sont déjà formés ; cf. fig. 3.19 (c)), avant <strong>de</strong><br />

s’établir autour <strong>de</strong> 10 connexions dès l’événement 3000 et ce, jusqu’à ce que la structure<br />

<strong>de</strong> plus basse énergie soit localisée. Les figures 3.21 (b,c,d) décrivent respectivement l’évo-<br />

lution du nombre <strong>de</strong> connexions pour les trajectoires R2, R11 et R12 qui explorent toutes<br />

<strong>de</strong>s états amorphes T2 (<strong>de</strong>s résultats i<strong>de</strong>ntiques ont été obtenus pour toutes les autres<br />

trajectoires (non montrés ici)). Pour l’ensemble <strong>de</strong>s trajectoires R2 à R12, l’évolution du<br />

nombre <strong>de</strong> connexions présente est similaire avec une valeur <strong>de</strong> 14–15 connexions obser-<br />

vées dès l’événement 1000 (contre 12 pour R1), puis une augmentation continue dans les<br />

7000 événements suivants jusqu’à atteindre 17 connexions (trajectoire R2, R7, R8 et R12).<br />

Alors que le nombre <strong>de</strong> connexions entre le dimère préformé (chaînes 1-2) et les autres<br />

chaînes permet <strong>de</strong> discriminer efficacement les voies lentes et rapi<strong>de</strong>s d’agrégation, nous<br />

n’observons pas <strong>de</strong> corrélation avec le nombre <strong>de</strong> contacts intradimérique. Précisément, le<br />

nombre d’interactions entre les chaînes 1 et 2 est équivalent dans les premiers pas pour les<br />

trajectoire R1, R2 et R11 (∼ 7, figs. 3.21 (a,b,c)) et légèrement plus faible pour R12 (∼ 4,<br />

fig. 3.21 (d)). Le dimère initial reste <strong>par</strong> conséquent très conforme entre les différentes<br />

<strong>simulations</strong> R1, R2 er R11.<br />

Les figures 3.21 (e) et 3.21 (f) décrivent la même analyse mais centrée sur les chaînes 1 et<br />

9 pour les trajectoires R1 et R2. Ces chaînes sont impliquées dans la formation précoce<br />

d’un feuillet β à trois brins (chaînes 9-1-2) qui évolue ensuite en un pentamère pour la<br />

trajectoire R1. La distribution du nombre <strong>de</strong> connexions dans ces <strong>de</strong>ux graphes montre<br />

une nouvelle fois que le nombre <strong>de</strong> connexions ne doit pas dépasser une certaine limite<br />

(∼ 10 connexions pour ce système) pour permettre un assemblage rapi<strong>de</strong> vers <strong>de</strong>s struc-<br />

tures ✭ amyloï<strong>de</strong> compétentes ✮. Un nombre <strong>de</strong> connexions supérieur à ∼ 10 entrave le<br />

rôle <strong>de</strong> ✭ support pour l’élongation ✮ joué <strong>par</strong> le dimère.<br />

En conclusion, la technique ART-OPEP a une nouvelle fois été utilisée pour suivre<br />

le processus d’agrégation d’un petit pepti<strong>de</strong>, ici le fragment NFGAIL du pepti<strong>de</strong> IAPP<br />

humain, et caractériser les étapes élémentaires à l’origine <strong>de</strong> la formation <strong>de</strong>s fibres amy-<br />

loï<strong>de</strong>s. Toutes nos <strong>simulations</strong> sont réalisées à <strong>par</strong>tir du même état initial, qui consiste en<br />

un dimère préformé et dix pepti<strong>de</strong>s désordonnés. Parmi un ensemble <strong>de</strong> douze <strong>simulations</strong>,<br />

une trajectoire aboutit à la formation <strong>de</strong> feuillets β orthogonaux, où les brins présentent<br />

une orientation principalement <strong>par</strong>allèle à l’intérieur <strong>de</strong>s feuillets. Cet alignement <strong>par</strong>al-<br />

lèle est cohérent avec <strong>de</strong>s données expérimentales (Azriel et Gazit, 2001) et confirme que


64 3 Les petits pepti<strong>de</strong>s amyloï<strong>de</strong>s<br />

la métho<strong>de</strong> ART-OPEP n’est pas biaisée vers la formation <strong>de</strong> feuillets β anti<strong>par</strong>allèles<br />

comme observée pour KFFE. Cette <strong>simulations</strong> montre que le dimère préformé joue le rôle<br />

<strong>de</strong> support pour l’élongation d’un feuillet β mais un autre dimère est également formé dans<br />

les premières étapes <strong>de</strong> l’agrégation. L’agrégation directe vers une structure qui présente<br />

les caractéristiques <strong>de</strong>s fibres amyloï<strong>de</strong>s, sans intermédiaire <strong>de</strong> type amorphe, est observée.<br />

Ce processus d’agrégation a été décrit expérimentalement pour <strong>de</strong> nombreuses protéines<br />

telles que la transthyrétine (Hurshman et al., 2004), sous <strong>de</strong>s conditions dénaturantes, ou<br />

encore le domaine SH3 (Ba<strong>de</strong>r et al., 2006).<br />

La plu<strong>par</strong>t <strong>de</strong>s <strong>simulations</strong> montrent cependant que les pepti<strong>de</strong>s s’assemblent en agré-<br />

gats amorphes métastables, en équilibre dynamique durant les 12000 événements ART.<br />

D’après notre étu<strong>de</strong> sur le pepti<strong>de</strong> KFFE, ces agrégats sont capables d’évoluer vers <strong>de</strong>s<br />

structures en croix-β si l’on prolonge suffisamment les <strong>simulations</strong>. Néanmoins, le nombre<br />

d’événements nécessaires pour détacher/réattacher les pepti<strong>de</strong>s et permettre les mou-<br />

vements <strong>de</strong> reptation est certainement très important pour un tel système (Mousseau<br />

et Derreumaux, 2005). Ces voies lentes d’agrégation qui entraînent l’exploration d’états<br />

amorphes sont en accord avec le modèle <strong>de</strong> conversion conformationnelle nucléée (NCC<br />

mo<strong>de</strong>l) proposé <strong>par</strong> Serio et collaborateurs (Serio et al., 2000). L’observation <strong>de</strong> voies<br />

d’agrégation rapi<strong>de</strong>s et lentes pour ce dodécamère concor<strong>de</strong> avec plusieurs étu<strong>de</strong>s com-<br />

putationnelles, en <strong>par</strong>ticulier <strong>de</strong>s <strong>simulations</strong> Monte Carlo pour <strong>de</strong>s dimères (Harrison<br />

et al., 2001) et <strong>de</strong>s trimères (Dima et Thirumalai, 2002a) sur grille (on-lattice), ainsi que<br />

<strong>de</strong>s <strong>simulations</strong> <strong>de</strong> dynamique moléculaire discontinue pour <strong>de</strong>s tétramères (Jang et al.,<br />

2004). Bien que les premières étapes <strong>de</strong> l’auto-assemblage impliquent un effondrement<br />

hydrophobe dans toutes les trajectoires, il est possible <strong>de</strong> caractériser les spécificités <strong>de</strong>s<br />

voies rapi<strong>de</strong>s d’agrégation. Nous avons en effet mis en évi<strong>de</strong>nce qu’une variation lente<br />

<strong>de</strong> la <strong>de</strong>nsité <strong>de</strong>s pepti<strong>de</strong>s est une condition nécessaire, mais pas suffisante, pour former<br />

<strong>de</strong>s structures riches en brins β. En fait, nos résultats montrent qu’il est essentiel que<br />

l’effondrement initial ne s’accompagne pas d’un nombre d’interactions interchaînes trop<br />

important, c’est-à-dire que chaque chaîne ne doit pas possè<strong>de</strong>r plus d’une certaine limite <strong>de</strong><br />

connexions avec les autres chaînes, afin que le coût énergétique associé au réarrangement<br />

et à l’élongation d’un feuillet soit suffisamment bas. Cela suggère, <strong>de</strong> manière analogue<br />

au repliement d’une protéine ou à la formation d’un cristal (Onuchic et al., 1997), que<br />

l’oligomérisation en feuillets β nécessite une frustration minimale et donc une entropie<br />

conformationnelle faible.


Chapitre 4<br />

Les pepti<strong>de</strong>s amyloï<strong>de</strong>s Aβ40 et Aβ42<br />

impliqués dans la maladie<br />

d’Alzheimer<br />

Sommaire<br />

4.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66<br />

4.2 Conformations en équilibre du pepti<strong>de</strong> Aβ21−30 en solution . 67<br />

4.3 Structure <strong>de</strong> la région 23–28 dans les monomères Aβ40 et Aβ42 70<br />

4.4 Structure <strong>de</strong> la région 23–28 dans les dimères Aβ40 et Aβ42 . 73<br />

4.5 Conclusions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75<br />

Role of the region 23–28 in Aβ fibril formation : In-<br />

sights from <strong>simulations</strong> of the monomers and dimers<br />

of Alzheimer’s pepti<strong>de</strong>s Aβ40 et Aβ42<br />

Adrien Melquiond, Xiao Dong, Normand Mousseau & Philippe Derreumaux<br />

soumis à Curr. Alzheimer Res., 2007<br />

L’auto-assemblage <strong>de</strong>s pepti<strong>de</strong>s Aβ40 et Aβ42 joue un rôle déterminant dans la maladie<br />

d’Alzheimer. Aβ40 est l’espèce la plus répandue, tandis que Aβ42 est la plus toxique. Il a<br />

été suggéré que les aci<strong>de</strong>s aminés 21–30 pouvaient initier le repliement du monomère Aβ<br />

et la formation d’une courbure dans cette région pourrait être l’étape limitante dans la<br />

formation <strong>de</strong> la fibre Aβ. Dans cette étu<strong>de</strong>, nous apportons un regard nouveau sur la pré-<br />

diction conformationnelle <strong>de</strong> la région 23–28 du monomère Aβ21−30 et <strong>de</strong>s monomères Aβ40<br />

et Aβ42. En nous appuyant sur <strong>de</strong> nouvelles <strong>simulations</strong> <strong>de</strong> dimères Aβ, nous proposons<br />

65


66 4 Les pepti<strong>de</strong>s amyloï<strong>de</strong>s Aβ40 et Aβ42 impliqués dans la maladie d’Alzheimer<br />

que l’étape limitante implique la formation d’un feuillet β multimérique qui comprend le<br />

cœur hydrophobe central (résidus 17–21).<br />

4.1 Introduction<br />

L’agrégation du pepti<strong>de</strong> Aβ occupe un rôle majeur dans le développement <strong>de</strong> la<br />

maladie d’Alzheimer (Selkoe, 1998). Le pepti<strong>de</strong> Aβ, qui est produit <strong>de</strong> l’endoprotéo-<br />

lyse du précurseur <strong>de</strong> la protéine transmembranaire β-amyloï<strong>de</strong> <strong>par</strong> <strong>de</strong>s β et γ pro-<br />

téases (Kang et al., 1987), existe essentiellement sous <strong>de</strong>ux formes : Aβ40 (majoritaire)<br />

et Aβ42 (la plus toxique). La séquence du pepti<strong>de</strong> Aβ42 est définie <strong>par</strong> DAEFRHD-<br />

SGY EVHHQKLVFFAEDV GSNKGAIIGLMVGGVVIA, où les aci<strong>de</strong>s aminés 1–10 sont<br />

indiqués en italique, 22–28 soulignés et 41–42 en gras. Les <strong>de</strong>ux pepti<strong>de</strong>s Aβ sont organisés<br />

en pelote statistique (random coil) en solution (Hou et al., 2004 ; Danielsson et al., 2005)<br />

et s’assemblent en espèces <strong>de</strong> faibles poids moléculaires, en équilibre dynamique jusqu’à la<br />

formation d’un noyau critique qui entraîne l’élongation rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong>s fibres amyloï<strong>de</strong>s (Lesné<br />

et al., 2006).<br />

À cause <strong>de</strong> leur caractère transitoire, les intermédiaires formés très tôt durant le pro-<br />

cessus d’agrégation, potentiellement les plus toxiques (Walsh et al., 2002 ; Lesné et al.,<br />

2006), sont difficiles à caractériser au niveau atomique à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong>s outils standards <strong>de</strong><br />

biologie structurale. Néanmoins, une étu<strong>de</strong> <strong>par</strong> microscopie à effet tunnel sur une surface<br />

atomiquement plate d’or a montré que le pepti<strong>de</strong> Aβ40 mesure 3 à 4 micromètres à faible<br />

concentration et présente une conformation repliée en 3 ou 4 domaines (Losic et al., 2006).<br />

De plus, la technique <strong>de</strong> transfert d’énergie entre molécules fluorescentes indique que Aβ40<br />

et Aβ42 forment <strong>de</strong>s dimères stables (Garzon-Rodriguez et al., 2000) et que le pepti<strong>de</strong><br />

Aβ42 s’assemble en trimères et tétramères stables, au contraire <strong>de</strong> Aβ40 (Chen et Glabe,<br />

2006). Des travaux <strong>de</strong> dichroïsme circulaire et <strong>de</strong> résonnance magnétique nucléaire (RMN)<br />

sur <strong>de</strong>s espèces Aβ <strong>de</strong> faibles poids moléculaires (un mélange dynamique <strong>de</strong> monomères,<br />

dimères et multimères, jusqu’à l’heptamère) indiquent 60–80 % <strong>de</strong> random coils, 10–20 %<br />

<strong>de</strong> feuillet β et moins <strong>de</strong> 10 % d’hélices α (Bitan et al., 2003b ; Huang et al., 2000). Bien<br />

que ces étu<strong>de</strong>s fournissent <strong>de</strong>s informations précises sur la structure moyenne <strong>de</strong> ces inter-<br />

médiaires, elles résultent d’un signal provenant d’un spectre large d’espèces oligomériques.<br />

Ainsi, ces observations n’apportent pas d’information directe sur l’organisation <strong>de</strong> chaque<br />

espèce spécifique.<br />

La connaissance atomique <strong>de</strong>s structures <strong>de</strong>s monomères et <strong>de</strong>s dimères Aβ40 et Aβ42<br />

est un pas essentiel dans la compréhension du processus d’agrégation car ils constituent<br />

<strong>de</strong>s blocs élémentaires pour la construction d’oligomères plus grands. Récemment, <strong>de</strong>s


4.2 Conformations en équilibre du pepti<strong>de</strong> Aβ21−30 en solution 67<br />

protéolyses <strong>par</strong>tielles couplées à la spectrométrie <strong>de</strong> masse montrent que la région 21–30<br />

est résistante aux protéases dans les monomères Aβ40 et Aβ42 (Lazo et al., 2005). L’étu<strong>de</strong><br />

RMN révèle que le fragment Aβ21−30 est capable d’adopter <strong>de</strong>ux conformations majori-<br />

taires qui présentent l’une et l’autre un cou<strong>de</strong> formé <strong>par</strong> les résidus Val24–Lys28 (Lazo<br />

et al., 2005). En combinant ce résultat à l’observation RMN <strong>de</strong> la propension, pour la<br />

région 21–30, à former <strong>de</strong>s cou<strong>de</strong>s ou <strong>de</strong>s structures courbées dans les monomères Aβ40 et<br />

Aβ42 (Hou et al., 2004), Lazo et collaborateurs suggèrent que la région 21–30 peut initier<br />

le repliement du pepti<strong>de</strong> entier Aβ (Lazo et al., 2005). En ajoutant un pont lactame entre<br />

les résidus Asp23 et Lys28, Meredith et collaborateurs ont augmenté <strong>de</strong> trois ordres <strong>de</strong><br />

magnitu<strong>de</strong> le taux <strong>de</strong> fibrillogénèse du pepti<strong>de</strong> Aβ40 et ont proposé que l’ap<strong>par</strong>ition d’une<br />

structure courbée entre les aci<strong>de</strong>s aminés 23–29 <strong>de</strong>vait être l’étape critique dans la forma-<br />

tion <strong>de</strong> la fibre Aβ amyloï<strong>de</strong> (Sciarretta et al., 2005). Cette hypothèse est très attrayante<br />

car <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> RMN <strong>de</strong> l’état soli<strong>de</strong> ainsi que <strong>de</strong>s travaux in silico avancent un modèle<br />

<strong>de</strong> fibre où chaque chaîne s’organise en <strong>de</strong>ux brins β connectés <strong>par</strong> une boucle qui s’étend<br />

approximativement sur les résidus 24–29 (Petkova et al., 2002 ; Ma et Nussinov, 2006 ;<br />

Lührs et al., 2005 ; Petkova et al., 2006). Il reste toutefois à déterminer si le pont salin<br />

entre les résidus Asp23 et Lys28 est intramoléculaire ou intermoléculaire, les modèles <strong>de</strong><br />

Ma-Nussinov (Ma et Nussinov, 2006) et Petkova-Tycko (Petkova et al., 2002) en 2002 revè-<br />

lant une interaction intramoléculaire tandis que les modèles <strong>de</strong> Lührs (Lührs et al., 2005)<br />

et Petkova-Tycko (Petkova et al., 2006) en 2006 suggèrent une interaction intermoléculaire.<br />

Dans ce travail, nous revisons la compréhension actuelle <strong>de</strong>s conformations prédites<br />

<strong>par</strong> simulation pour la région 22–28 du monomère Aβ21−30 et <strong>de</strong>s monomères et dimères<br />

Aβ40 et Aβ42. En <strong>par</strong>ticulier, nous approfondissons l’hypothèse que la formation d’une<br />

courbure dans la région 21–30 soit l’étape fondamentale dans la propagation <strong>de</strong> la fibre<br />

Aβ amyloï<strong>de</strong>. L’analyse in silico <strong>de</strong> l’agrégation protéique en général, ou <strong>de</strong> l’assemblage<br />

<strong>de</strong> petits pepti<strong>de</strong>s amyloï<strong>de</strong>s Aβ, progresse <strong>de</strong>puis quelques années (Mousseau et Derreu-<br />

maux, 2005 ; Ma et Nussinov, 2006 ; Urbanc et al., 2006 ; Hall et Wagoner, 2006 ; Colombo<br />

et al., 2007 ; Wei et al., 2007).<br />

4.2 Conformations en équilibre du pepti<strong>de</strong> Aβ21−30 en<br />

solution<br />

La spectroscopie RMN indique que le monomère <strong>de</strong> Aβ21−30 visite préférentiellement<br />

<strong>de</strong>ux ensembles <strong>de</strong> conformations qui <strong>par</strong>tagent un motif structural commun : un cou<strong>de</strong><br />

entre les aci<strong>de</strong>s aminés Val24–Lys28 en solution (Lazo et al., 2005). Ce résultat est intéres-<br />

sant pour <strong>de</strong>ux raisons. Premièrement, à la différence <strong>de</strong>s pepti<strong>de</strong>s <strong>de</strong> longueur similaire qui<br />

sont généralement désordonnés (Derreumaux, 2000a), Aβ21−30 est stable et bien structuré.


68 4 Les pepti<strong>de</strong>s amyloï<strong>de</strong>s Aβ40 et Aβ42 impliqués dans la maladie d’Alzheimer<br />

Deuxièmement, l’existence <strong>de</strong> conformations bien définies permet d’éprouver la qualité <strong>de</strong><br />

prédiction <strong>de</strong>s différentes métho<strong>de</strong>s utilisées pour l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’agrégation <strong>de</strong>s protéines.<br />

Quatre séries <strong>de</strong> <strong>simulations</strong> ont été réalisées sur Aβ21−30, la dynamique moléculaire<br />

classique (MD) (Cruz et al., 2005), la métho<strong>de</strong> d’échange <strong>de</strong> répliques (REMD) (Baumket-<br />

ner et al., 2006b), la dynamique moléculaire discontinue (DMD) (Nguyen et Hall, 2004 ;<br />

Borreguero et al., 2005) et la technique ART-OPEP (Chen et al., 2006). La dynamique<br />

moléculaire, qui repose sur l’intégration <strong>de</strong>s équations <strong>de</strong> mouvement <strong>de</strong> Newton avec<br />

un pas <strong>de</strong> temps <strong>de</strong> 2 fs, a été effectuée avec le champ <strong>de</strong> force tout-atome CHARMM et<br />

le modèle d’eau TIP3P à 283 K pendant 100 ns (Cruz et al., 2005). Les <strong>simulations</strong> <strong>de</strong><br />

REMD consistent en une série <strong>de</strong> trajectoires <strong>de</strong> MD (répliques) réalisées en <strong>par</strong>allèle<br />

à différentes températures et qui peuvent s’échanger périodiquement selon le critère <strong>de</strong><br />

Metropolis. L’étu<strong>de</strong> REMD a été appliquée au fragment Aβ21−30 avec le champ <strong>de</strong> force<br />

atomique GROMOS et le modèle d’eau TIP3P, en utilisant 36 répliques (chacune <strong>de</strong> 20 ns)<br />

qui couvraient <strong>de</strong>s températures comprises entre 300 et 600 K (Baumketner et al., 2006b).<br />

La dynamique moléculaire discontinue utilise un champ <strong>de</strong> force plus simplifié avec une<br />

représentation implicite du solvant et réduit les interactions entre <strong>par</strong>ticules à <strong>de</strong>s puits<br />

<strong>de</strong> potentiels carré qui reproduisent les temps <strong>de</strong> collision. Les trajectoires DMD ont été<br />

réalisées à 300 K pendant 50 ns en utilisant tous les atomes lourds <strong>de</strong> la chaîne polypep-<br />

tidique et en simplifiant les chaînes latérales <strong>par</strong> une ou <strong>de</strong>ux billes (Borreguero et al.,<br />

2005). La technique DMD, associée à un puits <strong>de</strong> potentiel carré, a permis <strong>de</strong> replier le<br />

pepti<strong>de</strong> <strong>de</strong> 20 aci<strong>de</strong>s aminés Trp-cage dans sa forme native (hélice α - cou<strong>de</strong> - brin β) ;<br />

toutefois ce résultat ne garantit pas sa transférabilité aux autres protéines (Ding et al.,<br />

2005). Enfin, les <strong>simulations</strong> ART-OPEP sont discutées ci-après.<br />

Comme premier résultat, les <strong>simulations</strong> <strong>de</strong> MD, REMD et DMD confirment l’existence<br />

d’un cou<strong>de</strong> entre les résidus Val24–Lys28 stabilisé <strong>par</strong> <strong>de</strong>s interactions entre les chaînes<br />

latérales du résidu Glu22 (ou Asp23) chargé négativement et Lys28, chargé positivement.<br />

Cependant, les structures générées <strong>par</strong> la technique d’échange <strong>de</strong> répliques diffèrent <strong>de</strong>s<br />

données RMN. Le tableau 4.1 décrit en détail les observations RMN (Lazo et al., 2005),<br />

avec les groupes dominants C1 (population 30 %) et C2 (population 10 %) i<strong>de</strong>ntifiés <strong>par</strong><br />

les <strong>simulations</strong> REMD (Baumketner et al., 2006b). Deux et trois distances inter-proton<br />

sont violées <strong>par</strong> plus <strong>de</strong> 1,5 ˚ A dans les groupes C1-REMD et C2-REMD respectivement ;<br />

les <strong>simulations</strong> REMD ne respectent donc pas les contraintes RMN.<br />

Nous avons également analysé la conformation du fragment Aβ21−30 avec la technique<br />

ART-OPEP (Mousseau et al., 2001 ; Wei et al., 2002, 2003). Cette métho<strong>de</strong> associe la<br />

version ART nouveau (Malek et Mousseau, 2000) <strong>de</strong> la technique d’activation-relaxation


4.2 Conformations en équilibre du pepti<strong>de</strong> Aβ21−30 en solution 69<br />

ROEs 21α-23N 22α-24N 24α-26N 28α-30N 22α-30N<br />

NMR-1 4.8 3.6 4.6 4.5 5.0<br />

NMR-2 4.9 3.5 4.3 5.0 4.8<br />

C1-REMD 5.0 6.4 5.4 4.4 6.5<br />

C2-REMD 6.3 5.9 4.8 6.5 14.5<br />

SC1-ART 3.1 4.0 4.5 4.4 4.8<br />

SC2-ART 3.3 3.6 4.6 4.9 7.4<br />

SC3-ART 4.1 5.0 4.7 4.7 4.2<br />

Tab. 4.1 – Structures monomériques du fragment Aβ21−30 en solution. Distances interproton<br />

entre les <strong>de</strong>ux structures RMN (Lazo et al., 2005), les groupes principaux C1 et<br />

C2 sont générés <strong>par</strong> REMD (Baumketner et al., 2006b) et les trois supergroupes SC1–SC3<br />

sont générés <strong>par</strong> ART-OPEP (Chen et al., 2006). En gras, les distances supérieures à 5<br />

˚A qui ne respectent pas les contraintes RMN.<br />

(Barkema et Mousseau, 1996) au champ <strong>de</strong> force OPEP (Derreumaux, 1997, 1998, 1999,<br />

2000b). À chaque événement, ART nouveau déplace le système d’un état relaxé à un autre<br />

en franchissant une barrière d’énergie et accepte ou rejette le déplacement selon le critère<br />

<strong>de</strong> Metropolis. ART permet ainsi un échantillonnage rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong>s conformations <strong>de</strong> plus<br />

basses énergies, bien que son principe ne permette pas d’extraire avec précision la ther-<br />

modynamique du système. OPEP se différencie <strong>de</strong>s champs <strong>de</strong> force atomiques GROMOS et<br />

CHARMM car il repose sur une représentation ✭ gros-grains ✮ du système, avec une <strong>de</strong>scrip-<br />

tion explicite <strong>de</strong>s atomes <strong>de</strong> la chaîne principale (y compris l’hydrogène et l’oxygène <strong>de</strong> la<br />

liaison peptidique) et un grain pour chaque chaîne latérale. En revanche, si la solvatation<br />

est traitée <strong>de</strong> manière implicite comme en DMD, le potentiel utilisé est considérablement<br />

plus exhaustif : interactions chaîne latérale-chaîne latérale et liaisons hydrogène à <strong>de</strong>ux<br />

corps, terme <strong>de</strong> coopérativité à quatre corps pour les liaisons hydrogène, potentiels à<br />

courte portée. Enfin, à la différence <strong>de</strong> la dynamique moléculaire discrète, OPEP a été<br />

testé sur plusieurs protéines non-amyloïdogéniques en solution et est capable <strong>de</strong> retrou-<br />

ver avec une forte précision les structures natives à <strong>par</strong>tir d’états initiaux aléatoires. Par<br />

exemple, l’écart quadratique moyen entre les structures expérimentales et prédites est<br />

comprise entre 1 et 3 ˚ A pour une épingle β <strong>de</strong> 16 résidus, un motif à doigt <strong>de</strong> zinc <strong>de</strong><br />

24 résidus, un faisceau à trois hélices (46 aci<strong>de</strong>s aminés) ou encore le domaine B1 <strong>de</strong> la<br />

protéine G qui comprend 56 résidus (Wei et al., 2003 ; Derreumaux, 1999, 2000b ; Floquet<br />

et al., 2004 ; Derreumaux, 2002 ; Wei et al., 2004b). ART-OPEP a également été ca-<br />

pable <strong>de</strong> caractériser les mouvements <strong>de</strong> reptation dans les <strong>de</strong>rnières étapes du processus<br />

d’agrégation amyloï<strong>de</strong> pour <strong>de</strong>s systèmes variant du dimère à l’heptamère (Santini et al.,<br />

2004b,a ; Melquiond et al., 2006 ; Mousseau et Derreumaux, 2005). Cette observation a<br />

aussi été confirmée <strong>par</strong> spectroscopie infrarouge (Petty et Decatur, 2005).


70 4 Les pepti<strong>de</strong>s amyloï<strong>de</strong>s Aβ40 et Aβ42 impliqués dans la maladie d’Alzheimer<br />

En utilisant les <strong>par</strong>amètres récemment optimisés sur un jeu <strong>de</strong> 30 protéines (OPEP<br />

version 3.0) (Maupetit et al., 2007), nos <strong>simulations</strong> montrent que les structures d’équilibre<br />

du pepti<strong>de</strong> Aβ21−30 peuvent être représentées <strong>par</strong> trois supergroupes (SC-ART). Alors que<br />

les structures SC1-ART et SC3-ART satisfont les contraintes RMN (voir tableau 4.1) et<br />

se superposent correctement avec les structures NMR-1 et NMR-2, nous i<strong>de</strong>ntifions un<br />

nouveau groupe SC2-ART (Chen et al., 2006). Ce groupe révèle une boucle qui couvre<br />

les résidus Val24–Lys28 comme dans les structures SC1-ART et SC3-ART, mais elle est<br />

légèrement plus étendue, avec une distance inter-proton entre 22α-30N <strong>de</strong> 7,4 ˚ A qui ne<br />

peut pas être déterminée <strong>par</strong> RMN. Il reste à déterminer si SC2-ART correspond à un<br />

bassin important mais la persistence <strong>de</strong> cette boucle en position 24–28 dans tous les états<br />

fortement peuplés est certainement responsable <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> stabilité du pepti<strong>de</strong> Aβ21−30<br />

en solution. Ce résultat est cohérent avec l’analyse REMD (Baumketner et al., 2006b)<br />

et nous trouvons <strong>de</strong>s structures qui diffèrent <strong>de</strong> 1,2 ˚ A <strong>par</strong> rapport à la conformation <strong>de</strong>s<br />

résidus 22–28 dans le modèle <strong>de</strong> fibre amyloï<strong>de</strong>. Cependant, cet état proche du modèle<br />

RMN <strong>de</strong> l’état soli<strong>de</strong> <strong>de</strong> la fibre est déstabilisé <strong>de</strong> 5 kcal/mol <strong>par</strong> rapport à la conformation<br />

SC1-ART <strong>de</strong> plus basse énergie, ce qui souligne l’importance <strong>de</strong>s résidus adjacents ou l’effet<br />

<strong>de</strong> la polymérisation pour la stabilisation <strong>de</strong> la boucle dans la structure <strong>de</strong> la fibre.<br />

4.3 Structure <strong>de</strong> la région 23–28 dans les monomères<br />

Aβ40 et Aβ42<br />

Il existe plusieurs étu<strong>de</strong>s sur différents fragments du pepti<strong>de</strong> Aβ qui renferment la<br />

région 22–28, et notamment le pepti<strong>de</strong> Aβ10−35. Il n’est pas clair que l’on puisse extrapo-<br />

ler au pepti<strong>de</strong> Aβ entier les observations réalisées sur le fragment Aβ10−35. En effet, les<br />

fibres Aβ1−40 et Aβ10−35 ont en commun un arrangement <strong>par</strong>allèle <strong>de</strong>s brins (Petkova et al.,<br />

2002 ; Benzinger et al., 2000). La suppression <strong>de</strong>s résidus 1–9 est sans conséquence puisque<br />

Aβ10−40 forme <strong>de</strong>s fibres <strong>de</strong> même morphologie que celles obtenues pour le pepti<strong>de</strong> Aβ<br />

entier (Paravastu et al., 2006). En revanche, il <strong>par</strong>aît plus problématique <strong>de</strong> négliger l’ef-<br />

fet <strong>de</strong> la région hydrophobe VGGVVIA composée <strong>de</strong>s résidus 36–42 car l’analyse RMN du<br />

monomère Aβ42 montre une propension au brin β plus forte que pour le monomère Aβ40<br />

(Hou et al., 2004) et les chemins <strong>de</strong> polymérisation sont différents entre ces <strong>de</strong>ux espèces<br />

(Chen et Glabe, 2006 ; Bitan et al., 2003b).<br />

La structure du fragment Aβ10−35 a été explorée <strong>par</strong> <strong>de</strong>s <strong>simulations</strong> <strong>de</strong> REMD (Baum-<br />

ketner et Shea, 2007) et MD (Tarus et al., 2006) en condition <strong>de</strong> solvatation explicite.<br />

L’étu<strong>de</strong> REMD utilise le champ <strong>de</strong> force OPLS-TIP3P, 72 répliques <strong>de</strong> 7 ns chacune avec<br />

<strong>de</strong>s températures variant entre 280 et 580 K. L’analyse <strong>par</strong> dynamique moléculaire stan-<br />

dard repose sur cinq trajectoires indépendantes à 300 K pour une durée totale <strong>de</strong> 100 ns


4.3 Structure <strong>de</strong> la région 23–28 dans les monomères Aβ40 et Aβ42<br />

avec le champ <strong>de</strong> force CHARMM-TIP3P. Pour vali<strong>de</strong>r leurs résultats, Baumketner et Shea<br />

ont extrait les contraintes NOE à longue portée <strong>de</strong> leur <strong>simulations</strong> REMD et les ont<br />

com<strong>par</strong>é avec les données RMN (Zhang et al., 2000) : quatre contraintes sur trente sont<br />

violées <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 2 ˚ A. Au contraire, Tarus et collaborateurs observent un bon accord<br />

entre <strong>de</strong>s mesures expérimentales et les valeurs <strong>de</strong> pKa calculées sur <strong>de</strong>s groupes titrables<br />

dans leurs trajectoires <strong>de</strong> MD. Les <strong>de</strong>ux étu<strong>de</strong>s suggèrent que Aβ10−35 est majoritairement<br />

sous forme <strong>de</strong> structures random coil en équilibre dynamique. Ce résultat est confirmé <strong>par</strong><br />

une trajectoire <strong>de</strong> MD <strong>de</strong> 1,2 µs avec le champ <strong>de</strong> force GROMOS-SPC, malgré l’observation<br />

d’une faible proportion <strong>de</strong> conformations brin-hélice-brin (avec une boucle qui comprend<br />

les résidus 23–28) (Han et Wus, 2005). Néanmoins, ces <strong>simulations</strong> ne sont pas en ac-<br />

cord avec la présence du pont salin entre les résidus Asp23 et Lys28 qui est observé dans<br />

60 % <strong>de</strong>s structures <strong>par</strong> REMD (Baumketner et Shea, 2007) et dans 25 % <strong>de</strong>s structures<br />

<strong>de</strong> MD (Tarus et al., 2006).<br />

Les pepti<strong>de</strong>s Aβ40 et Aβ42 ont été simulés sur <strong>de</strong>s échelles <strong>de</strong> temps plus ou moins<br />

longues. Les trajectoires <strong>de</strong> courtes durées couvrent généralement 10 à 70 ns. Par exemple,<br />

Xu et collaborateurs ont réalisés 12 <strong>simulations</strong> indépendantes <strong>de</strong> MD ✭ tout-atome ✮ en<br />

solvant explicite à 300 K en <strong>par</strong>tant <strong>de</strong> la structure RMN du pepti<strong>de</strong> Aβ40 déterminée à<br />

pH 5,1 dans <strong>de</strong>s micelles acqueuses <strong>de</strong> SDS (motif coil-hélice α) (Xu et al., 2005). De la<br />

même manière, Flöck et collaborateurs (Flöck et al., 2006), Luttman et Fels (Luttmann<br />

et Fels, 2006) ou encore Tomaselli et collaborateurs (Tomaselli et al., 2006) ont réalisé <strong>de</strong>s<br />

<strong>simulations</strong> <strong>de</strong> MD atomique pour le pepti<strong>de</strong> Aβ42 en utilisant différents pH et tempéra-<br />

tures (300-350 K), à <strong>par</strong>tir <strong>de</strong> la structure RMN résolue en environnement apolaire (<strong>de</strong>ux<br />

hélices α). Toutes ces courtes étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> dépliement révèlent <strong>de</strong>s transitions à <strong>par</strong>tir d’états<br />

riches en hélices α vers <strong>de</strong>s conformations riches en brins β mais elles ne permettent pas<br />

d’obtenir les structures d’équilibre visitées <strong>par</strong> le monomère.<br />

Des échantillonnages plus longs <strong>de</strong> l’espace conformationnel ont également été réalisés.<br />

Raffa et Rauk ont étudié la structure <strong>de</strong> Aβ42 en solution durant une MD <strong>de</strong> 790 ns, en<br />

utilisant le champ <strong>de</strong> force GROMOS-SPC (Raffa et Rauk, 2007). Ils ont montré qu’après<br />

350 ns, le pepti<strong>de</strong> Aβ42 se stabilise dans une conformation coil repliée avec un pont sa-<br />

lin Asp23–Lys28 et trois brins β en registre anti<strong>par</strong>allèle : Glu3–Arg5, Asp7–Glu11 et<br />

Gly33–Gly37. Cependant, rien ne permet d’exclure que cet état n’est pas métastable.<br />

Enfin, grâce à un modèle protéique composé <strong>de</strong> quatre grains, avec <strong>de</strong>s termes d’énergie<br />

spécifiques pour chaque aci<strong>de</strong> aminé et pour les liaisons hydrogène, Lam et collaborateurs<br />

ont étudié le repliement du pepti<strong>de</strong> Aβ42 pour une gran<strong>de</strong> variété <strong>de</strong> températures (Lam<br />

et al., 2006). Ils observent que Aβ1−42 adopte <strong>de</strong>s conformations coil repliées avec un faible<br />

poucentage d’hélices α à faible température et <strong>de</strong>s structures riches en éléments β à hautes<br />

71


72 4 Les pepti<strong>de</strong>s amyloï<strong>de</strong>s Aβ40 et Aβ42 impliqués dans la maladie d’Alzheimer<br />

température. Ils détectent notamment une structure courbée stable Asp23–Lys28 avec un<br />

cou<strong>de</strong> à la position Gly37–Gly38. Baumketner et collaborateurs ont com<strong>par</strong>é leurs struc-<br />

tures Aβ42 générées <strong>par</strong> REMD à pH 7 avec <strong>de</strong>s expériences <strong>de</strong> spectrométrie <strong>de</strong> mobilité<br />

ionique (Baumketner et al., 2006a). Deux <strong>simulations</strong> ont été effectuées avec le champ <strong>de</strong><br />

force CHARMM et 20 répliques <strong>de</strong> 20 ns chacune avec une température comprise entre 250<br />

et 650 K, l’une avec le modèle <strong>de</strong> solvatation GBSA, l’autre dans le vi<strong>de</strong>. La com<strong>par</strong>aison<br />

<strong>de</strong>s distributions expérimentale et prédite met en évi<strong>de</strong>nce quatre topologies distinctes qui<br />

contiennent plusieurs cou<strong>de</strong>s et boucles, une petite hélice α dans la région C-terminale et<br />

différentes conformations <strong>de</strong> la région 23–28. Un doute plane cependant sur la convergence<br />

<strong>de</strong> ces <strong>simulations</strong> puisque Sgourakis et collaborateurs montrent en effet, en com<strong>par</strong>ant<br />

leurs structures prédites <strong>par</strong> OPLS-TIP3P REMD avec les constantes 3 JHNHα <strong>de</strong> couplage<br />

issues <strong>de</strong>s données RMN, qu’il faut au moins 60 ns <strong>par</strong> réplique pour équilibrer Aβ42<br />

(Sgourakis et al., 2007). Leurs <strong>simulations</strong> mettent en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s régions structurées<br />

<strong>par</strong>mi les autres pepti<strong>de</strong>s Aβ flexibles. Les <strong>de</strong>ux structures Aβ40 <strong>de</strong> plus haute probabilité<br />

à 300 K (21 % et 11 %) révèlent une petite hélice 310 à l’extrémité N-terminale et un<br />

feuillet β composé <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux brins anti<strong>par</strong>allèles qui couvre les aci<strong>de</strong>s aminés Val12–His13<br />

et Leu17–Val18. A l’opposé, les <strong>de</strong>ux structures dominantes pour Aβ42 (observées avec une<br />

probabilité <strong>de</strong> 21 % et 6 %) montrent une épingle β aux positions Ile31–Leu34 et Gly38–<br />

Ile41. Encore une fois, bien que les structures dominantes <strong>de</strong>s pepti<strong>de</strong>s Aβ40 et Aβ42 soient<br />

différentes, aucune ne retrouve <strong>de</strong> pont salin entre les résidus Glu22 (ou Asp23) et Lys28.<br />

Après nos <strong>simulations</strong> ART-OPEP sur le fragment Aβ21−30, nous avons étendu notre<br />

étu<strong>de</strong> au monomère Aβ42. Quinze <strong>simulations</strong> <strong>de</strong> 15 000 événements ont été lancées à <strong>par</strong>tir<br />

soit du monomère complètement étendu, soit du modèle <strong>de</strong> fibre <strong>de</strong> Tycko (2002) (avec les<br />

résidus 1–9 étendus). Nos résultats indiquent que le pepti<strong>de</strong> Aβ42 adopte quatre topologies<br />

<strong>de</strong> populations égales, qui se différencient <strong>par</strong> leurs réseaux <strong>de</strong> liaisons hydrogène et leurs<br />

conformations. Cette observation est <strong>par</strong>faitement cohérente avec les conclusions <strong>de</strong> don-<br />

nées RMN et <strong>de</strong> dichoïsme circulaire qui montrent que le pepti<strong>de</strong> Aβ entier est en équilibre<br />

entre <strong>de</strong>s formes déstructurées et <strong>de</strong>s états <strong>par</strong>tiellement structurés (Lim et al., 2007). La<br />

figure 4.1 décrit les conformations représentatives <strong>de</strong>s quatre topologies dominantes pré-<br />

dites <strong>par</strong> ART-OPEP. Trois structures (R3, R4 et R15) présentent principalement un<br />

profil random coil (70 % <strong>de</strong>s résidus) mais également <strong>de</strong>s brins β à différentes positions :<br />

3–4, 12–13, 16–19 et 25–28 pour R3 ; 8–12, 17–21 et 29–32 pour R4 ; et 3–6, 12–16, 31–32<br />

et 39–40 pour R15. En revanche, la conformation R7 est complètement sous forme <strong>de</strong><br />

pelote statistique. Les aci<strong>de</strong>s aminés 17–21, qui constituent le cœur hydrophobe central<br />

(CHC), ne révèlent pas une forte propension pour les feuillets β (25 %, cf. R4) ce qui est<br />

en accord avec les données RMN en solution (Hou et al., 2004). Nous notons également<br />

la signature évi<strong>de</strong>nte d’un cou<strong>de</strong> aux positions Gly37–Gly38 (75 %, cf. R3, R4 et R15)<br />

et la formation d’un pont salin entre Asp22 (ou Glu23) et Lys28 (75 %, cf. R4, R7 et R15).


4.4 Structure <strong>de</strong> la région 23–28 dans les dimères Aβ40 et Aβ42<br />

Fig. 4.1 – Structures représentatives <strong>de</strong>s quatre topologies dominantes pour le monomère<br />

Aβ42. Ces conformations sont prédites <strong>par</strong> ART-OPEP en <strong>par</strong>tant indifféremment <strong>de</strong> l’état<br />

complètement étendu ou du modèle <strong>de</strong> fibre proposé <strong>par</strong> Tycko en 2002. Le co<strong>de</strong> couleur<br />

pour les séquences est indiqué dans la <strong>par</strong>tie inférieure <strong>de</strong> la figure.<br />

4.4 Structure <strong>de</strong> la région 23–28 dans les dimères<br />

Aβ40 et Aβ42<br />

Peu <strong>de</strong> données, expérimentales ou in silico, sont disponibles sur les structures dimé-<br />

riques du pepti<strong>de</strong> Aβ entier, bien qu’il soit prouvé que ces dimères sont nécessaires et<br />

suffisants pour provoquer la perte <strong>de</strong> la fonction cognitive (Cleary et al., 2005). Comme<br />

pour le monomère, l’auto-assemblage <strong>de</strong> dimères Aβ10−35 a été analysé <strong>par</strong> <strong>de</strong>s simula-<br />

tions <strong>de</strong> dynamique moléculaire (Tarus et al., 2005 ; Jang et Shin, 2006). En utilisant<br />

le champ <strong>de</strong> force AMBER-GBSA pour <strong>de</strong>s <strong>simulations</strong> <strong>de</strong> REMD, 32 répliques <strong>de</strong> 146 ns<br />

chacune avec T compris entre 280 et 405 K, Jang et Shin mettent en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s topolo-<br />

gies dimériques variées avec un taux moyen <strong>de</strong> feuillet β d’environ 40 %. La com<strong>par</strong>aison<br />

73


74 4 Les pepti<strong>de</strong>s amyloï<strong>de</strong>s Aβ40 et Aβ42 impliqués dans la maladie d’Alzheimer<br />

avec le taux expérimental <strong>de</strong> feuillet β mesuré expérimentalement (∼ 10–20 %), pour un<br />

mélange d’espèces <strong>de</strong> faibles poids moléculaires, indique soit un biais dans le champ <strong>de</strong><br />

force AMBER-GBSA vers la formation <strong>de</strong> feuillets β, soit que leurs <strong>simulations</strong> n’avaient pas<br />

convergé vers leurs valeurs d’équilibre.<br />

La dimérisation <strong>de</strong> Aβ40 et Aβ42 a également été étudiée <strong>par</strong> DMD en utilisant un mo-<br />

dèle à quatre grains pour chaque aci<strong>de</strong> aminé et un modèle d’énergie simplifiée qui néglige<br />

le caractère polaire ou apolaire <strong>de</strong>s chaînes latérales (Urbanc et al., 2004a). Les monomères<br />

en épingle β sont ainsi capables <strong>de</strong> s’assembler en nombreux feuillets β dimériques plans,<br />

mais tous ces arrangements sont instables lorsqu’on les soumet à <strong>de</strong>s <strong>simulations</strong> <strong>de</strong> MD<br />

atomiques.<br />

Pour approfondir l’analyse conformationnelle <strong>de</strong>s dimères Aβ42, nous avons réalisé <strong>de</strong>ux<br />

séries <strong>de</strong> <strong>simulations</strong>. Tout d’abord, nous avons examiné l’impact <strong>de</strong> la mutation simple<br />

A21G (souche flaman<strong>de</strong> <strong>de</strong> la maladie d’Alzheimer) sur la structure <strong>de</strong>s dimères Aβ40<br />

et Aβ42 en étudiant leur dépliement <strong>par</strong> MD à 400 K pendant 10 ns avec le champ <strong>de</strong><br />

force GROMOS96 à pH neutre (Huet et Derreumaux, 2006). Les <strong>simulations</strong> ✭ tout-atome ✮<br />

en solvant explicite sont effectuées à <strong>par</strong>tir du modèle <strong>de</strong> fibre <strong>de</strong> Tycko (2002) avec un<br />

pont salin intramoléculaire Asp23–Lys28 (Petkova et al., 2002). Les trajectoires révèlent<br />

que ce pont salin est conservé dans 34 % <strong>de</strong>s structures pour les dimères Aβ42 sauvages,<br />

tandis que la mutation A21G réduit ce pourcentage à 22 % pour les dimères Aβ42-A21G.<br />

En com<strong>par</strong>aison, le pont salin intramoléculaire Glu22–Lys28 est peuplé <strong>de</strong> manière égale<br />

pour tous les modèles (entre 10 et 16 % selon les trajectoires). De façon intéressante,<br />

le pont salin intermoléculaire entre les résidus Asp23 et Lys28, qui est souligné dans le<br />

modèle <strong>de</strong> Lührs (Lührs et al., 2005) et le <strong>de</strong>rnier modèle <strong>de</strong> Tycko (Petkova et al., 2006),<br />

est également observé dans toutes les <strong>simulations</strong> : 3 % du temps pour Aβ42, 23 % pour<br />

Aβ40 et 13 % pour Aβ42-A21G. Bien que ces trois séries <strong>de</strong> <strong>simulations</strong> ne couvrent pas<br />

les structures d’équilibre, elles suggèrent que tous les ponts salins (intramoléculaires et<br />

intermoléculaires) entre les résidus Glu22 (ou Asp23) et Lys28 sont présents dans une<br />

certaine mesure au niveau dimérique, mais il est nécessaire d’atteindre <strong>de</strong>s niveaux d’oli-<br />

gomérisation supérieurs pour stabiliser ces ponts salins dans leur état fibrillaire.<br />

Dans un <strong>de</strong>uxième temps, nous avons exploré la surface d’énergie libre <strong>de</strong>s dimères Aβ42<br />

au voisinage du modèle proposé <strong>par</strong> Tycko en 2002 (avec les résidus 1–9 étendus) en uti-<br />

lisant le champ <strong>de</strong> force OPEP, <strong>par</strong> <strong>de</strong>s <strong>simulations</strong> <strong>de</strong> MD (Derreumaux et Mousseau,<br />

2007) et <strong>de</strong> REMD. Une étu<strong>de</strong> préalable sur le dimère Aβ16−22 avait montré une très bonne<br />

corrélation entre les surfaces d’énergie libre décrites <strong>par</strong> REMD-OPEP et celles générées<br />

<strong>par</strong> <strong>de</strong>s <strong>simulations</strong> REMD atomiques en condition <strong>de</strong> solvatation explicite (Wei et al.,


4.5 Conclusions 75<br />

2007). Les <strong>simulations</strong> <strong>de</strong> REMD sont réalisées en utilisant 32 répliques (T variant entre<br />

290 et 650 K) <strong>de</strong> 130 ns chacune. Pour l’analyse, les 30 premières ns sont écartées et la<br />

classification est exécutée uniquement sur les structures visitées à 300 K. En utilisant un<br />

seuil <strong>de</strong> coupure <strong>de</strong> 2,5 ˚ A, 5566 structures sont regroupées en 85 groupes dont le plus large<br />

représente 83 % <strong>de</strong> l’ensemble et les probabilités varient entre 10 et 1 %. En examinant leur<br />

pourcentage <strong>de</strong> structures secondaires, ces groupes révèlent <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong> 20 % <strong>de</strong> feuillet β<br />

et <strong>de</strong> 5 % d’hélice α à 300 K, ce qui est en accord avec les données expérimentales (Bitan<br />

et al., 2003b ; Huang et al., 2000). La figure 4.2 montre les quatre états les plus peuplés<br />

à 300 K avec <strong>de</strong>s probabilités <strong>de</strong> Boltzmann <strong>de</strong> 10 %, 8 %, 8 % et 7% respectivement.<br />

Sur l’ensemble <strong>de</strong>s 5566 structures, nous montrons que la région Glu22–Ser26 a une pro-<br />

babilité <strong>de</strong> 18 % <strong>de</strong> former une hélice (cf. groupes 1 et 4 sur les figures 4.2 (a) et 4.2 (d))<br />

tandis que les résidus Glu3–His6 et Tyr10–Val12 ont une probabilité <strong>de</strong> 80 % <strong>de</strong> former<br />

<strong>de</strong>s feuillets β étendus en registre <strong>par</strong>allèles. Nous trouvons également que la probabilité<br />

<strong>de</strong> former un contact intramoléculaire entre Asp23–Lys28 (42 %) est supérieure à celle<br />

<strong>de</strong> former un contact Glu22–Lys28 (36 %) et les interactions intermoléculaires entre les<br />

chaînes latérales Glu22–Lys28 et Asp23–Lys28 sont également peuplées : 14 % et 24 %,<br />

respectivement. Il est cependant très important <strong>de</strong> noter que toutes les probabilités <strong>de</strong><br />

ces ponts salins sont inférieures à 50 %, ce qui indique fortement que la région 23–28 ne<br />

constitue pas une région indépendante <strong>de</strong> repliement au contraire <strong>de</strong> ce qui était avancé<br />

pour les étu<strong>de</strong>s in silico pour Aβ10−35 (Baumketner et Shea, 2007).<br />

À notre suprise, la<br />

probabilité <strong>de</strong> former un brin β dans la région CHC (région 17–21) et aux positions hy-<br />

drophobes Ala30–Ile32, Leu34–Val36 et Val38–Ala42 est négligeable (inférieure à 1 %)<br />

bien que la probabilité d’interactions intermoléculaires entre <strong>de</strong>ux CHCs ou d’interactions<br />

intramoléculaires entre la région CHC et les résidus (Met35, Val40 et Ile41) ne puisse pas<br />

être négligée.<br />

4.5 Conclusions<br />

La formation d’une boucle dans la région 21–30 pourrait être l’étape limitante dans le<br />

processus d’agrégation du pepti<strong>de</strong> Aβ (Lazo et al., 2005 ; Sciarretta et al., 2005). Le princi-<br />

pal argument à cette théorie est que la formation d’un pont lactame entre les résidus Asp23<br />

et Lys28 augmente <strong>de</strong> trois ordres <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>ur le taux <strong>de</strong> fibrillogénèse du pepti<strong>de</strong> Aβ40 et<br />

qu’aucun oligomère n’est détecté <strong>par</strong> chromatographie d’exclusion (Sciarretta et al., 2005).<br />

La plu<strong>par</strong>t <strong>de</strong>s <strong>simulations</strong> réalisées sur les monomères <strong>de</strong> Aβ10−35, Aβ40 et Aβ42 sug-<br />

gèrent que le pont salin Asp23–Lys28 est formé avec une probabilité comprise entre 20 %<br />

et 100 % selon la métho<strong>de</strong> et le champ <strong>de</strong> force utilisés. Les nouvelles <strong>simulations</strong> présen-


76 4 Les pepti<strong>de</strong>s amyloï<strong>de</strong>s Aβ40 et Aβ42 impliqués dans la maladie d’Alzheimer<br />

(a) (b)<br />

(c) (d)<br />

Fig. 4.2 – Dimère Aβ42 : structures représentatives <strong>de</strong>s quatre groupes majoritaires, générées<br />

<strong>par</strong> REMD-OPEP. Ces conformations présentent essentiellement un caractère random<br />

coil avec localement quelques motifs secondaires : (a) petites hélices α aux positions<br />

Glu23–Asn27 et Asp22–Ser26 et feuillets β entre les résidus Ala2–Arg5 <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux chaînes ;<br />

(b) <strong>de</strong>ux brins β <strong>par</strong>allèles aux positions 11–14 ; (c) <strong>de</strong>ux petits feuillets β aux extrémités ;<br />

(d) une petite hélice α à la position Gly21–Ser26 (chaîne 1) et un feuillet β composé <strong>de</strong><br />

trois brins <strong>par</strong>allèles. La chaîne 1 est représentée en vert et la chaîne 2, en jaune. Les résidus<br />

2–5 sont coloriés en bleu, les résidus 17–21 en violet et 22–28 en rouge. La position <strong>de</strong>s<br />

chaînes latérales <strong>de</strong>s aci<strong>de</strong>s aminés Phe19, Glu22 et Lys28 sont indiquées <strong>par</strong> la position<br />

<strong>de</strong> leurs centroï<strong>de</strong>s.<br />

tées dans ce travail sur <strong>de</strong>s dimères Aβ40 et Aβ42 mettent en évi<strong>de</strong>nce que ce pont salin<br />

se forme dans une minorité <strong>de</strong> structures et peut permettre d’initier la propagation <strong>de</strong> la<br />

fibre pour <strong>de</strong>s oligomères <strong>de</strong> tailles plus importantes. La région 22–28 offre néanmoins un<br />

profil hydrophile (EDVGSNK) et la formation <strong>de</strong> la fibre requiert l’expulsion <strong>de</strong>s molécules<br />

d’eau pour enfouir la chaîne latérale <strong>de</strong> la lysine 28. La projection sur un arbre <strong>de</strong>s struc-


4.5 Conclusions 77<br />

tures selon leur énergie libre 1 permet à Tarus et collaborateurs d’évaluer le coût <strong>de</strong> cette<br />

désolvatation à 7 kcal/mol dans le monomère Aβ10−35 (Tarus et al., 2006). En utilisant la<br />

théorie <strong>de</strong> l’état <strong>de</strong> transition, le temps nécessaire pour franchir une telle barrière d’énergie<br />

est <strong>de</strong> l’échelle <strong>de</strong> la microsecon<strong>de</strong>, cela démontre que d’autres facteurs contribuent à cette<br />

étape limitante.<br />

Puisque Aβ14−23 forme <strong>de</strong>s fibres <strong>de</strong> morphologie similaire à celles obtenues pour le<br />

pepti<strong>de</strong> Aβ entier (Tjernberg et al., 1999) et que la région CHC (résidues 17–21) ne<br />

présente aucune inclination à être structurée en β dans les dimères Aβ40 et Aβ42 (confor-<br />

mément à nos observations REMD-OPEP), nous proposons que le pont lactame influe sur<br />

la flexibilité <strong>de</strong> la région CHC et augmente fortement sa propension à former <strong>de</strong>s brins β.<br />

Ceci entraînerait une forte préférence pour les interactions intermoléculaires natives vs.<br />

non natives entre CHCs (Melquiond et al., 2007) et un biais pour les interactions intramo-<br />

léculaires ✭ amyloï<strong>de</strong> compétentes ✮ entre le cœur hydrophobe central (CHC) et le résidu<br />

Met35 (Hou et al., 2002), ce qui abaisse alors sensiblement la barrière d’énergie entre les<br />

dimères et les fibres. En résumé, il pourrait être important <strong>de</strong> considérer que le facteur<br />

critique pour la propagation <strong>de</strong> la fibre n’est pas uniquement la formation d’une structure<br />

repliée mais plutôt la formation d’un feuillet β <strong>par</strong>allèle multimérique qui couvre les ré-<br />

sidus 17–21. Cette hypothèse s’accor<strong>de</strong> avec l’observation qu’une proline à la position 19<br />

bloque la formation <strong>de</strong>s fibres et la conception d’inhibiteurs dirigés contre la région CHC<br />

(Kokkoni et al., 2006).<br />

1 free energy disconnectivity graph


Chapitre 5<br />

Les mécanismes d’inhibition <strong>par</strong> <strong>de</strong>s<br />

pepti<strong>de</strong>s N-méthylés<br />

Sommaire<br />

5.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80<br />

5.1.1 Les différentes stratégies pour bloquer la formation <strong>de</strong>s fibres<br />

amyloï<strong>de</strong>s . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80<br />

5.1.2 La N-méthylation : comment piéger le processus d’agrégation . 81<br />

5.2 La N-méthylation rigidifie le pepti<strong>de</strong> Aβ16−22 . . . . . . . . . . 82<br />

5.3 Stabilité <strong>de</strong> l’hexamère Aβ16−22 en présence ou en absence<br />

d’inhibiteurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84<br />

5.4 Analyse structurale <strong>de</strong>s chaînes N-méthylées . . . . . . . . . . 93<br />

5.5 Mécanismes proposés pour la déstabilisation <strong>de</strong>s fibres . . . . 95<br />

5.6 Conclusions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99<br />

Conformation of N-methylated <strong>de</strong>rivatives of the amy-<br />

loid β-polypepti<strong>de</strong> : implications for mechanism of in-<br />

hibition<br />

79<br />

en pré<strong>par</strong>ation


80 5 Les mécanismes d’inhibition <strong>par</strong> <strong>de</strong>s pepti<strong>de</strong>s N-méthylés<br />

5.1 Introduction<br />

Le développement <strong>de</strong> médicaments pour lutter contre les maladies amyloï<strong>de</strong>s est un défi<br />

majeur et <strong>de</strong> nombreux groupes travaillent à bloquer certaines étapes clés <strong>de</strong> la fibrillogé-<br />

nèse (Felice et Ferreira, 2002 ; Conway et al., 2003 ; Lahiri et al., 2003). La conception <strong>de</strong><br />

petites molécules (anticorps, protéines dominante-négatives, hétéroprotéines ...) capables<br />

d’empêcher la formation <strong>de</strong>s fibres peut se faire autour <strong>de</strong> trois axes.<br />

5.1.1 Les différentes stratégies pour bloquer la formation <strong>de</strong>s<br />

fibres amyloï<strong>de</strong>s<br />

Réduire la production <strong>de</strong> la protéine amyloïdogénique. Soit indirectement, en<br />

développant <strong>par</strong> exemple <strong>de</strong>s inhibiteurs contre les β et γ secrétases (Kienlen-Cam<strong>par</strong>d<br />

et al., 2006 ; Hussain et al., 2007) qui clivent la protéine APP (Amyloid Protein Precursor)<br />

et libèrent le pepti<strong>de</strong> Aβ amyloï<strong>de</strong> associé à la maladie d’Alzheimer. Ces traitements dirigés<br />

contre les étapes précédant l’agrégation protéique sont très prometteurs mais impliquent la<br />

perte <strong>de</strong> la fonction associée à la forme native <strong>de</strong> la protéine (dans le cas <strong>de</strong> la protéine APP<br />

libre, un rôle <strong>de</strong> ré<strong>par</strong>ation et <strong>de</strong> régulation dans la croissance nerveuse), mais également<br />

<strong>de</strong>s protéines cibles (Barten et al., 2006) (ici les β et γ secrétases qui jouent un rôle<br />

biologique majeur (Haass et Strooper, 1999)) ce qui peut être très préjudiable pour la<br />

cellule, voire l’organisme dans son ensemble.<br />

Soit directement, en ciblant spécifiquement la forme amyloïdogénique <strong>de</strong> la protéine<br />

lorsque celle-ci est connue et distincte <strong>de</strong> sa forme native (mutation <strong>par</strong> exemple). Le<br />

groupe <strong>de</strong> Christopher M. Dobson a montré l’efficacité d’un fragment d’anticorps camé-<br />

lidé pour inhiber l’agrégation du variant amyloïdogénique D67H du lysozyme humain<br />

(Dumoulin et al., 2003). Mais cette approche reste spécifique à une protéine et n’est pas<br />

généralisable à toutes les fibres amyloï<strong>de</strong>s.<br />

Augmenter la vitesse <strong>de</strong> dégradation <strong>de</strong>s agrégats protéiques. Cette approche<br />

thérapeutique vise à détruire les agrégats protéiques une fois formés <strong>par</strong> l’action <strong>de</strong> petites<br />

molécules (enzymes (Dul et al., 2001), pepti<strong>de</strong>s modifiés (Bose et al., 2005), anticorps<br />

(Istrin et al., 2006)) qui favorisent l’adressage <strong>de</strong>s agrégats vers les voies <strong>de</strong> dégradation<br />

cellulaire. Toutefois, ces traitements ont leurs limites et seront vraisemblablement moins<br />

efficaces que ceux évoqués ci-avant et dirigés contre les étapes qui précé<strong>de</strong>nt l’agrégation<br />

protéique. En effet, une telle approche resterait inefficace contre les oligomères solubles<br />

pourtant hautement cytotoxiques (cf. <strong>par</strong>tie 1.5).


5.1 Introduction 81<br />

Augmenter la stabilité <strong>de</strong> la forme native ou accroître la barrière cinétique<br />

qui la sé<strong>par</strong>e <strong>de</strong> la forme agrégative. On distingue <strong>de</strong>ux approches différentes, les<br />

stratégies qui reposent sur l’utilisation du pepti<strong>de</strong> sauvage (entier ou fragment) et celles<br />

qui utilisent <strong>de</strong>s pepti<strong>de</strong>s modifiés. En effet, le pepti<strong>de</strong> sauvage est connu pour s’auto-<br />

assembler et représente donc une alternative au développement <strong>de</strong> nouveaux composés.<br />

L’équipe <strong>de</strong> Tjernberg a mis en évi<strong>de</strong>nce que le fragment Aβ16−20 était capable <strong>de</strong> lier le<br />

pepti<strong>de</strong> entier Aβ amyloï<strong>de</strong> et d’empêcher l’élongation <strong>de</strong> la fibre (Tjernberg et al., 1996).<br />

Néanmoins, ce fragment seul est capable <strong>de</strong> former <strong>de</strong>s fibres in vitro.<br />

La <strong>de</strong>rnière voie envisagée pour la création <strong>de</strong> produits pharmaceutiques dirigés contre<br />

les fibres amyloï<strong>de</strong>s consiste à développer <strong>de</strong>s molécules appelées β-breakers capables<br />

d’inhiber l’agrégation protéique. Plus spécialement, plusieurs groupes s’intéressent à <strong>de</strong>s<br />

pepti<strong>de</strong>s modifiés capables d’avoir un rôle dominant-négatif 1 sur l’agrégation. Citons <strong>par</strong><br />

exemple les travaux du groupe <strong>de</strong> Clau<strong>de</strong> Soto qui se concentre sur la région 17–21 (LVFFA)<br />

du pepti<strong>de</strong> Aβ amyloï<strong>de</strong> (Soto et al., 1996) et remplace certains résidus clés <strong>par</strong> <strong>de</strong>s pro-<br />

lines pour réduire la propension β du pepti<strong>de</strong> tout en conservant ses propriétés physico-<br />

chimiques (hydrophobicité, stabilité, perméabilité à la barrière hémato-encéphalique ...)<br />

(Soto et al., 1998 ; Poduslo et al., 1999 ; A<strong>de</strong>ssi et al., 2003). La limite <strong>de</strong> cette ap-<br />

proche est la faible résistance protéolytique <strong>de</strong> ces composés d’où l’utilisation d’analogues<br />

contenant <strong>de</strong>s aci<strong>de</strong>s aminés D pour augmenter leur résistance aux protéases (Soto et al.,<br />

1996). Ces analogues présentent une efficacité com<strong>par</strong>able à la forme L <strong>de</strong> ces β-breakers.<br />

D’autres étu<strong>de</strong>s mettent en jeu l’ajout d’une queue polyK (Gibson et Murphy, 2005) ou<br />

d’un groupe isobutyrique (Gilead et Gazit, 2004 ; Kumita et al., 2003) pour prévenir la<br />

formation <strong>de</strong>s fibres.<br />

5.1.2 La N-méthylation : comment piéger le processus d’agré-<br />

gation<br />

Dans cette étu<strong>de</strong>, nous nous intéresserons à <strong>de</strong>s pepti<strong>de</strong>s N-méthylés (mepti<strong>de</strong>s) pour<br />

bloquer la formation <strong>de</strong>s fibres amyloï<strong>de</strong>s. Cette approche <strong>par</strong>mi les plus prometteuses<br />

(Doig, 1997 ; Hughes et al., 2000 ; Kokkoni et al., 2006 ; Rijkers et al., 2002 ; Gordon<br />

et al., 2001, 2002 ; Sciarretta et al., 2006 ; Kapurniotu et al., 2002 ; Yan et al., 2006)<br />

consiste à substituer les hydrogènes <strong>de</strong> certains groupement amine (-NH) formant <strong>de</strong>s<br />

liaisons peptidiques <strong>par</strong> <strong>de</strong>s groupements méthyl (-NCH3). En fait, ces pepti<strong>de</strong>s sont N-<br />

méthylés tous les <strong>de</strong>ux résidus (i, i + 2, i + 4 ...) (figure 5.1). Ainsi, une <strong>de</strong>s ✭ faces ✮<br />

du pepti<strong>de</strong> modifié présente toujours <strong>de</strong>s groupements donneurs ou accepteurs <strong>de</strong> liaisons<br />

1 On <strong>par</strong>le <strong>de</strong> protéine dominante négative car elle est toujours capable d’excercer sa fonction dominante<br />

(ici, s’assembler avec le pepti<strong>de</strong> sauvage) mais son action est négative car elle empêche la fonction<br />

<strong>de</strong>s pepti<strong>de</strong>s sauvages (ie. leur agrégation). Attention, le terme <strong>de</strong> ✭ fonction ✮ n’est pas utilisé ici pour<br />

décrire la fonction biologique du pepti<strong>de</strong> mais l’effet phénotypique étudié (agrégé ou non).


82 5 Les mécanismes d’inhibition <strong>par</strong> <strong>de</strong>s pepti<strong>de</strong>s N-méthylés<br />

hydrogène et peut s’assembler avec les pepti<strong>de</strong>s sauvages (face ✭ collante ✮) tandis que<br />

l’autre face présente maintenant <strong>de</strong>s groupements (-NCH3) qui empêche la formation <strong>de</strong><br />

liaisons hydrogène et donc l’élongation <strong>de</strong> la fibre (face ✭ bloquante ✮). Ces pepti<strong>de</strong>s ont<br />

également <strong>de</strong> nombreux avantages : haute résistance protéolytique, solubilité, perméabilité<br />

aux membranes (Gordon et al., 2002) et haute propension à former <strong>de</strong>s brins β aux sites<br />

<strong>de</strong> N-méthylation (Kokkoni et al., 2006). Des pepti<strong>de</strong>s N-méthylés dérivés <strong>de</strong> la séquence<br />

du pepti<strong>de</strong> Aβ amyloï<strong>de</strong> (Gordon et al., 2001, 2002 ; Sciarretta et al., 2006) ou du pepti<strong>de</strong><br />

amyline IAPP (Kapurniotu et al., 2002 ; Yan et al., 2006) ont montré que ces molécules<br />

étaient <strong>de</strong>s inhibiteurs efficaces in vitro et dans <strong>de</strong>s modèles cellulaires.<br />

Fig. 5.1 – Représentation <strong>de</strong>s<br />

sites <strong>de</strong> N-méthylations pour le<br />

fragment 16–22 du pepti<strong>de</strong> Aβ<br />

amyloï<strong>de</strong>. Les chaînes latérales<br />

sont indiquées <strong>par</strong> <strong>de</strong>s grains<br />

(KLVFFAE) et les pepti<strong>de</strong>s sont<br />

bloqués aux extrémités <strong>par</strong> <strong>de</strong>s<br />

groupements acétyl et amine (Ace<br />

et NH2 respectivement). Les pepti<strong>de</strong>s<br />

N-méthylés sont synthétisés<br />

en substituant l’atome d’hydrogène<br />

<strong>par</strong> un groupement méthyl<br />

(CH3 en rouge) sur l’azote <strong>de</strong>s résidus<br />

Leu17, Phe19 et Ala21.<br />

L’effet inhibiteur <strong>de</strong> ces pepti<strong>de</strong>s est bien caractérisé mais leurs mécanismes d’action,<br />

ainsi que la structure <strong>de</strong>s complexes inhibiteurs-sauvages, restent à déterminer. Dans ce<br />

travail, nous étudierons les propriétés physico-chimiques d’un pepti<strong>de</strong> N-méthylé dérivé<br />

du fragment 16–22 du pepti<strong>de</strong> Aβ amyloï<strong>de</strong> (KLVFFAE) et les mécanismes d’inhibition <strong>par</strong><br />

<strong>simulations</strong> <strong>de</strong> dynamique moléculaire avec le champ <strong>de</strong> force gros-grains OPEP, pour<br />

un système composé <strong>de</strong> six chaînes Aβ16−22 sauvages et quatre pepti<strong>de</strong>s N-méthylés NMe-<br />

Aβ16−22.<br />

5.2 La N-méthylation rigidifie le pepti<strong>de</strong> Aβ16−22<br />

Le fragment Aβ16−22 constitue le cœur hydrophobe du pepti<strong>de</strong> Aβ amyloï<strong>de</strong> et forme<br />

<strong>de</strong>s fibres <strong>par</strong>faitement ordonnées en solution, avec une orientation anti<strong>par</strong>allèle <strong>de</strong>s brins β<br />

à l’intérieur <strong>de</strong>s feuillets (Balbach et al., 2000 ; Lu et al., 2003 ; Petty et Decatur, 2005). Le<br />

groupe <strong>de</strong> Stephen Meredith a révélé les propriétés inhibitrices <strong>de</strong>s dérivés N-méthylés du


5.2 La N-méthylation rigidifie le pepti<strong>de</strong> Aβ16−22<br />

fragment Aβ16−22, leurs expériences indiquent une efficacité maximale pour <strong>de</strong>s substitu-<br />

tions méthyl sur les résidus 17, 19 et 21 2 . Par ultracentrifugation et dichroïsme circulaire,<br />

les auteurs montrent que NMe-Aβ16−22 est monomérique et en brin β (Gordon et al., 2001).<br />

Ces β-breakers sont capables <strong>de</strong> prévenir la formation <strong>de</strong>s fibres mais également <strong>de</strong> dé-<br />

truire <strong>de</strong>s agrégats amyloï<strong>de</strong>s formés pour le pepti<strong>de</strong> Aβ amyloï<strong>de</strong> entier ou <strong>de</strong>s fragments<br />

plus grands (Gordon et al., 2002).<br />

La simulation numérique <strong>de</strong> pepti<strong>de</strong>s N-méthylés nécessite le <strong>par</strong>amétrage <strong>de</strong> cette liai-<br />

son peptidique ✭ non conforme ✮ dans le champ <strong>de</strong> force OPEP. Nous avons donc effectué<br />

<strong>de</strong>s calculs <strong>de</strong> mécanique quantique sur un pepti<strong>de</strong> modèle et son variant N-méthylé. L’op-<br />

timisation <strong>de</strong> géométrie ab initio et l’analyse <strong>de</strong> population <strong>de</strong> Mulliken sur les pepti<strong>de</strong>s<br />

Ace-Pro-Phe-NH2 et Ace-Pro-N(Me)Phe-NH2 révèle une préférence pour la liaison ami<strong>de</strong><br />

trans (la forme cis est déstabilisée <strong>de</strong> 5 kcal/mol) et une invariance <strong>de</strong> la géométrie et <strong>de</strong>s<br />

charges <strong>de</strong> la liaison ami<strong>de</strong> <strong>par</strong> N-méthylation en utilisant le jeu <strong>de</strong> base 6-31G(d,p) et la<br />

métho<strong>de</strong> fonctionnelle B3LYP (Becke, 1993 ; Lee et al., 1988 ; Stephens et al., 1994) avec<br />

le programme Gaussian03 (Frisch et al., 2004). Ainsi, les <strong>par</strong>amètres d’OPEP pour les ré-<br />

sidus N-méthylés sont i<strong>de</strong>ntiques à ceux utilisés pour les aci<strong>de</strong>s aminés naturels, exceptés<br />

pour les interactions impliquant les groupements N-méthyls qui sont traités comme <strong>de</strong>s<br />

groupes aliphatiques standards.<br />

Pour comprendre les effets <strong>de</strong> la N-méthylation à un niveau atomique, nous avons<br />

réalisé <strong>de</strong>s <strong>simulations</strong> <strong>de</strong> dynamique moléculaire MD-OPEP <strong>de</strong> 500 ns à 300 K sur une<br />

chaîne Aβ16−22 et sur une chaîne NMe-Aβ16−22. De nombreuses transitions dépliée-repliée<br />

sont observées pour chaque simulation. La figure 5.2 montre les distributions <strong>de</strong>s distances<br />

entre extremités pour le pepti<strong>de</strong> sauvage et pour le pepti<strong>de</strong> N-méthylé. Cette figure 5.2<br />

révèle que l’espace conformationnel accessible au pepti<strong>de</strong> NMe-Aβ16−22 est plus restreint<br />

que pour le pepti<strong>de</strong> non-méthylé. Contrairement aux données <strong>de</strong> dichroïsme circulaire<br />

(Gordon et al., 2001), la méthylation ne favorise pas l’état étendu (la distance aux ex-<br />

trémités <strong>de</strong>vrait être autour <strong>de</strong> 18–19 ˚ A pour une chaîne <strong>de</strong> sept aci<strong>de</strong>s aminés) mais<br />

diminue la population <strong>de</strong>s états compacts (inférieurs à 10 ˚ A) et fait ap<strong>par</strong>aître un pic à<br />

13–14 ˚ A. En revanche, la population est uniforme pour le pepti<strong>de</strong> sauvage (entre 6 et 17 ˚ A).<br />

Le pourcentage <strong>de</strong> structures secondaires calculé avec un critère d’assignation stan-<br />

dard 3 révèle une proportion (random coil, brin β) <strong>de</strong> (75%, 25%) pour le pepti<strong>de</strong> sauvage<br />

Aβ16−22 (10%, 90%) pour l’inhibiteur NMe-Aβ16−22. À titre <strong>de</strong> com<strong>par</strong>aison, le pourcentage<br />

<strong>de</strong> résidus assignés en ✭ pelote statistique ✮ pour le pepti<strong>de</strong> Aβ16−22 en utilisant le champ<br />

<strong>de</strong> force Gromos96 avec une représentation explicite du solvant est <strong>de</strong> 66 % (Nguyen et al.,<br />

2 K- ⋆ L-V- ⋆ F-F- ⋆ A-E, les liaisons peptidiques N-méthylées sont représentées <strong>par</strong> une étoile<br />

3 pour les brins β, φ > -50˚et ψ > 90˚(Muñoz et Serrano, 1994)<br />

83


84 5 Les mécanismes d’inhibition <strong>par</strong> <strong>de</strong>s pepti<strong>de</strong>s N-méthylés<br />

(a) (b)<br />

Fig. 5.2 – Distributions (en %) <strong>de</strong>s distances aux extrémités pour (a) le pepti<strong>de</strong> Aβ16−22<br />

sauvage et (b) le pepti<strong>de</strong> NMe-Aβ16−22.<br />

2007) et <strong>de</strong> 77 % avec une ancienne version d’OPEP (Santini et al., 2004b). Ces résultats<br />

indiquent que la N-méthylation a un <strong>de</strong>uxième impact sur l’équilibre <strong>de</strong>s structures en fa-<br />

vorisant le caractère brin β <strong>de</strong> tous les aci<strong>de</strong>s aminés, ce qui est en accord avec le spectre<br />

<strong>de</strong> dichroïsme circulaire 4 sur le pepti<strong>de</strong> N-méthylé (Gordon et al., 2001).<br />

Les figures 5.3 et 5.4 montrent les structures représentatives <strong>de</strong>s groupes majori-<br />

taires pour différentes valeurs <strong>de</strong> distances aux extrémités (De), entre les Cα <strong>de</strong>s résidus<br />

K16 et E22.<br />

5.3 Stabilité <strong>de</strong> l’hexamère Aβ16−22 en présence ou en<br />

absence d’inhibiteurs<br />

Nous avons réalisé <strong>de</strong>ux séries <strong>de</strong> quatre <strong>simulations</strong> MD-OPEP <strong>de</strong> 100 ns chacunes,<br />

à <strong>par</strong>tir soit d’un hexamère adapté du modèle <strong>de</strong> fibre Aβ16−22 proposé <strong>par</strong> le groupe<br />

<strong>de</strong> Tycko d’après une étu<strong>de</strong> RMN <strong>de</strong> l’état soli<strong>de</strong> (Balbach et al., 2000), soit d’un com-<br />

plexe Aβ16−22-inhibiteurs qui reprend l’hexamère Aβ16−22 sauvage et lui ajoute quatre<br />

pepti<strong>de</strong>s N-méthylés, aléatoirement disposés à une distance minimale <strong>de</strong> 10 ˚ A. Les confor-<br />

mations initiales sont représentées figure 5.5. L’hexamère Aβ16−22 est un assemblage <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>ux feuillets β <strong>par</strong>allèles, chaque feuillet étant composé <strong>de</strong> trois brins β en registre antipa-<br />

rallèle (figure 5.5 (a)). Les quatre pepti<strong>de</strong>s N-méthylés sont initialement en conformation<br />

quasi-étendue (figure 5.5 (b)), conformément à nos premières observations.<br />

Les analyses proposées figures 5.6–5.10 correspon<strong>de</strong>nt aux trajectoires WT, I1, I2 et<br />

I3 qui rassemblent l’ensemble <strong>de</strong>s phénomènes observés sur toutes nos <strong>simulations</strong>. La<br />

<strong>par</strong>tie gauche <strong>de</strong> la figure 5.6 renvoie à la trajectoire WT générée à <strong>par</strong>tir <strong>de</strong> l’hexamère<br />

4 Le dichroïsme circulaire ne donne qu’une valeur moyenne <strong>de</strong> structures secondaires.


5.3 Stabilité <strong>de</strong> l’hexamère Aβ16−22 en présence ou en absence d’inhibiteurs 85<br />

(a) De = 6 ˚ A (b) De = 9 ˚ A<br />

(c) De = 11 ˚ A (d) De = 14 ˚ A<br />

(e) De = 16 ˚ A (f) De = 18 ˚ A<br />

Fig. 5.3 – Structures représentatives du pepti<strong>de</strong> Aβ16−22 à 300 K pour différentes distances<br />

aux extrémités. La sphère indique l’extrémité N-terminale. Les chaînes latérales ont été<br />

reconstruites avec le programme AMBER8 (Case et al., 2004).


86 5 Les mécanismes d’inhibition <strong>par</strong> <strong>de</strong>s pepti<strong>de</strong>s N-méthylés<br />

(a) De = 6 ˚ A (b) De = 9 ˚ A<br />

(c) De = 11 ˚ A (d) De = 14 ˚ A<br />

(e) De = 16 ˚ A (f) De = 18 ˚ A<br />

Fig. 5.4 – Structures représentatives du pepti<strong>de</strong> NMe-Aβ16−22 à 300 K pour différentes<br />

distances aux extrémités. La gran<strong>de</strong> sphère indique l’extrémité N-terminale et les trois<br />

petites billes indiquent les positions <strong>de</strong>s groupements méthyls. Les chaînes latérales ont été<br />

reconstruites avec le programme AMBER8 (Case et al., 2004).


5.3 Stabilité <strong>de</strong> l’hexamère Aβ16−22 en présence ou en absence d’inhibiteurs 87<br />

(a) (b)<br />

Fig. 5.5 – Conformations initiales pour les <strong>simulations</strong> <strong>de</strong> dynamique moléculaire MD-<br />

OPEP. (a) Six chaînes Aβ16−22 organisées en <strong>de</strong>ux feuillets β anti<strong>par</strong>allèles ; (b) Six<br />

chaînes Aβ16−22 organisées en <strong>de</strong>ux feuillets β anti<strong>par</strong>allèles plus quatre pepti<strong>de</strong>s NMe-<br />

Aβ16−22 disposés aléatoirement autour du double feuillet déjà formé. Les pepti<strong>de</strong>s Nméthylés<br />

sont représentés en gris tandis que les extrémités N-terminales <strong>de</strong>s brins sont<br />

indiquées pas une bille rose.<br />

Aβ16−22 sauvage (figure 5.5 (a)) en absence <strong>de</strong> pepti<strong>de</strong>s N-méthylés. La <strong>par</strong>tie droite <strong>de</strong> la<br />

figure 5.6 et les <strong>de</strong>ux <strong>par</strong>ties (gauche et droite) <strong>de</strong> la figure 5.7 correspon<strong>de</strong>nt respective-<br />

ment à l’analyse <strong>de</strong>s <strong>simulations</strong> I1, I2 et I3 réalisées pour le complexe Aβ16−22-inhibiteurs<br />

(figure 5.5 (b)) ; ces trajectoires sont obtenues à <strong>par</strong>tir <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux états initiaux différents.<br />

Dans cette première <strong>par</strong>tie, nous nous concentrerons sur l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la stabilité <strong>de</strong>s brins β<br />

Aβ16−22 initialement organisés en feuillets β dans toutes les trajectoires, puis nous ferons<br />

le point sur le comportement <strong>de</strong>s pepti<strong>de</strong>s N-méthylés au voisinage <strong>de</strong> pepti<strong>de</strong>s sauvages,<br />

avant d’examiner, pour conclure, les mécanismes possibles <strong>de</strong> déstabilisation <strong>de</strong> l’oligo-<br />

mère Aβ16−22 <strong>par</strong> ces inhibiteurs.<br />

Pour suivre la stabilité <strong>de</strong>s pepti<strong>de</strong>s Aβ16−22, nous nous intéressons à l’évolution <strong>de</strong><br />

l’écart quadratique moyen (RMSD), calculé sur les Cα pour chaque feuillet β, <strong>par</strong> rapport à<br />

la structure minimisée (figs. 5.6 (a,b) et 5.7 (a,b)). Toutefois, cette mesure reste insuffisante<br />

pour décrire la déformation d’un système ; nous avons donc calculé le <strong>par</strong>amètre d’ordre<br />

nématique (P2) (Allen et Wilson, 1989 ; Cecchini et al., 2004) le long <strong>de</strong> la trajectoire<br />

pour chaque feuillet β (figs. 5.6 (c,d) et 5.7 (c,d)). Ce <strong>par</strong>amètre, développé initialement<br />

pour l’analyse computationnelle <strong>de</strong> polymères et <strong>de</strong> cristaux liqui<strong>de</strong>s, permet <strong>de</strong> décrire<br />

l’ordre orientationnel d’un système et <strong>de</strong> discriminer entre les conformations ordonnées


88 5 Les mécanismes d’inhibition <strong>par</strong> <strong>de</strong>s pepti<strong>de</strong>s N-méthylés<br />

(P2 = 1) et désordonnées (P2 ∼ 0). Son expression est donnée dans la formule suivante,<br />

son calcul requiert la diagonalisation <strong>de</strong> la matrice d’arrangement Qαβ,<br />

P2 = 1<br />

N<br />

Qαβ = 1<br />

N<br />

N<br />

i=1<br />

N<br />

i=1<br />

3<br />

2 (ˆzi · ˆ d) − 1<br />

2<br />

3<br />

2 eiα eiβ − 1<br />

2 δαβ<br />

(5.1)<br />

(5.2)<br />

où ˆ d est le vecteur directeur du système qui définit la direction privilégiée <strong>de</strong> l’alignement 5<br />

à l’instant t, ˆzi correspond au vecteur directeur <strong>de</strong> la chaîne i (ici, ˆzi = −−−−−−−→<br />

Nterm Cterm), N<br />

est le nombre <strong>de</strong> pepti<strong>de</strong>s dans le système, α et β décrivent les axes du systèmes (x, y,<br />

z), eiα est la composante en α du vecteur ˆzi et enfin δαβ est le symbole <strong>de</strong> Kronecker (si<br />

α = β alors δαβ vaut 1, sinon δαβ = 0).<br />

La distribution <strong>de</strong>s distances aux extrémités (figs. 5.6 (e,f) et 5.7 (e,f)) permet d’éva-<br />

luer la taille <strong>de</strong>s brins β dans les feuillets au cours <strong>de</strong> la trajectoire. La représentation<br />

✭ miroir ✮ choisie pour cette analyse permet <strong>de</strong> présenter simultanément les profils <strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong>ux feuillets, les distributions restent évi<strong>de</strong>mment positives (échelle variant <strong>de</strong> 0 à 60 %<br />

pour chaque feuillet). Enfin, nous avons suivi l’évolution du pourcentage <strong>de</strong> résidus en<br />

conformation β (à l’ai<strong>de</strong> du programme d’assignation <strong>de</strong>s structures secondaires STRIDE<br />

(Frishman et Argos, 1995)). Pour <strong>de</strong>s raisons <strong>de</strong> clarté, les résultats présentés sur les fi-<br />

gures 5.6 (g,h) et 5.7 (g,h) sont normalisés, 100 % faisant référence à la valeur maximale<br />

<strong>de</strong> résidus en β observés en un instant t <strong>de</strong> la trajectoire (généralement ce nombre est<br />

compris entre 15 et 18, <strong>par</strong>mi les 21 résidus qui constituent chaque feuillet). Toutes ces<br />

courbes sont également filtrées (lissées) à l’ai<strong>de</strong> d’une ✭ moyenne mobile ✮ pour minimiser<br />

l’impact <strong>de</strong>s événements rares. Nous cherchons en effet à analyser une tendance globale<br />

pour la stabilité <strong>de</strong> l’oligomère, or notre modèle gros-grains, associé à un modèle d’éner-<br />

gie simplifiée où le solvant est pris en compte implicitement, permet <strong>de</strong>s déplacements<br />

importants qui sur un petit système (heptapepti<strong>de</strong>) peuvent <strong>par</strong> exemple occasionner la<br />

perte <strong>de</strong> plusieurs liaisons hydrogène en quelques millièmes <strong>de</strong> nanosecon<strong>de</strong>s, mais aussi<br />

les créer à nouveau quelques centièmes <strong>de</strong> nanosecon<strong>de</strong>s plus tard. Ainsi nous utilisons<br />

une fenêtre glissante <strong>de</strong> 200 ps et à chaque pas <strong>de</strong> lissage, nous reportons la moyenne cal-<br />

culée pour cet échantillon. L’examen <strong>de</strong>s barres d’erreurs (écart type) indique une faible<br />

dis<strong>par</strong>ité <strong>de</strong>s données et montre que l’algorithme utilisé reproduit fidèlement la tendance<br />

générale observée.<br />

5 ˆ d est défini comme le vecteur propre <strong>de</strong> la matrice d’arrangement Qαβ associé à la plus gran<strong>de</strong> valeur<br />

propre positive.


5.3 Stabilité <strong>de</strong> l’hexamère Aβ16−22 en présence ou en absence d’inhibiteurs 89<br />

Nous remarquons que Aβ est beaucoup moins flexible dans les premiers instants <strong>de</strong><br />

l’interaction avec les pepti<strong>de</strong>s N-méthylés (dans l’échelle <strong>de</strong> temps <strong>de</strong> 100 ns avec MD-<br />

OPEP). Ainsi, en absence d’inhibiteur la déviation <strong>de</strong>s feuillets β passe immédiatement à<br />

3 ˚ A puis évolue rapi<strong>de</strong>ment autour <strong>de</strong> 5 à 6 ˚ A (en 8 ns pour le feuillet β 1 et 56 ns pour le<br />

feuillet β 2) jusqu’à atteindre 9 ˚ A pour le premier feuillet β à la fin <strong>de</strong> la simulation (cf.<br />

fig. 5.6 (a)). À l’inverse, les RMSDs calculés en présence <strong>de</strong> pepti<strong>de</strong>s N-méthylés fluctuent<br />

entre 1 et 3 ˚ A (cf. figs. 5.6 (b) et 5.7 (a)), à l’exception <strong>de</strong> la trajectoire I3 où le feuillet β 2<br />

passe progressivement, <strong>par</strong> paliers, d’une valeur <strong>de</strong> 1,5 ˚ A après 30 ns à 4,5 ˚ A pendant les<br />

40 <strong>de</strong>rnières ns <strong>de</strong> la trajectoire (fig. 5.7 (b)).<br />

En revanche, l’étu<strong>de</strong> minutieuse du <strong>par</strong>amètre d’ordre nématique laisse ap<strong>par</strong>aître <strong>de</strong>s<br />

différences entre les trajectoires I1 et I2. Ce <strong>par</strong>amètre confirme l’analyse RMSD pour la<br />

trajectoire WT avec une déstabilisation progressive <strong>de</strong> la structure en croix-β en absence<br />

d’inhibiteur (P2 fluctue entre 0,2 et 1,0 avec <strong>de</strong>s valeurs moyennes <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 0,5–0,7 ;<br />

fig. 5.6 (c)). Il vérifie également les observations relevées pour les trajectoires I1 et I3, à<br />

savoir la réduction <strong>de</strong> la flexibité <strong>de</strong>s feuillets β pour I1 (fig. 5.6 (d) avec ∼ 0,9) et<br />

la stabilisation effective <strong>de</strong> l’hexamère pendant près <strong>de</strong> 60 ns pour la simulation I3 avant<br />

qu’un événement, qui reste à déterminer, ne pertube la conformation initiale (fig. 5.7 (d)).<br />

Notons néanmoins que l’analyse du P2 apporte une information supplémentaire <strong>par</strong> rap-<br />

port aux données RMSD car cet événement <strong>de</strong> déstabilisation concerne les <strong>de</strong>ux feuillets<br />

et non pas uniquement le feuillet β 2, comme l’atteste la superposition <strong>de</strong>s courbes <strong>de</strong> P2<br />

pour les <strong>de</strong>ux feuillets entre 60 et 100 ns (fig. 5.7 (d)). Enfin, la trajectoire I2 présente un<br />

comportement différent pour les <strong>de</strong>ux feuillets β, le feuillet β 1 révèle un désordre signifi-<br />

catif ( ∼ 0,7) d’autant plus remarquable qu’il n’est pas détectable <strong>par</strong> l’analyse du<br />

RMSD, qu’il reste constant le long <strong>de</strong> la trajectoire et <strong>par</strong>faitement à l’opposé du profil<br />

affiché <strong>par</strong> le feuillet β 2 dont le P2 reste supérieur à 0,9 (fig. 5.7 (c)).<br />

La distribution <strong>de</strong>s brins β en fonction <strong>de</strong> leurs distances aux extrémités indique une<br />

ré<strong>par</strong>tition homogène pour le système composé uniquement <strong>de</strong> pepti<strong>de</strong>s Aβ16−22 (entre 5<br />

et 21 ˚ A, fig. 5.6 (e)) tandis que ces chaînes non méthylées restent dans une conformation<br />

étendue en présence d’inhibiteurs (∼ 80 % <strong>de</strong>s brins β avec De > 18 ˚ A, figs. 5.6 (f) et 5.7<br />

(e,f)). Nous avons donc un phénomène <strong>de</strong> structuration au contact <strong>de</strong>s brins inhibiteurs,<br />

plutôt que <strong>de</strong> déstructuration. Enfin, l’évolution du taux <strong>de</strong> résidus en β montre une dis-<br />

<strong>par</strong>ition très rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong>s feuillets β pour la trajectoire WT, avec une diminution <strong>de</strong> 50 %<br />

en 5 ns pour les <strong>de</strong>ux feuillets puis la perte complète <strong>de</strong>s résidus β pour le feuillet β 1<br />

après 10 ns (cf. fig. 5.6 (g)). Le pourcentage <strong>de</strong> brins β augmente ensuite légérement<br />

entre 20 et 50 ns avant <strong>de</strong> dis<strong>par</strong>aître complètement après 55 ns. Les trajectoires I1 et<br />

I2 montrent quant à elles un taux constant <strong>de</strong> résidus en β compris entre 75 et 100 %<br />

ce qui rejoint les observations précé<strong>de</strong>ntes : lorsqu’il interagit avec un pepti<strong>de</strong> N-méthylé,<br />

l’équilibre conformationnel du pepti<strong>de</strong> Aβ16−22 est déplacé vers les formes étendues et


90 5 Les mécanismes d’inhibition <strong>par</strong> <strong>de</strong>s pepti<strong>de</strong>s N-méthylés<br />

s’organise majoritairement en brin β (figs. 5.6 (h) et 5.7 (g)). La trajectoire I3 montre<br />

une réduction importante du pourcentage <strong>de</strong> structures β dans le feuillet β 2 après 55 ns,<br />

mais cet événement n’affecte pas le feuillet β 1 qui reste très riche en brins β (∼ 85 %<br />

pour le feuillet 1 et 40 % pour le feuillet 2 après 55 ns <strong>de</strong> simulation, fig. 5.7 (h)).<br />

De façon surprenante, ces résultats indiquent que l’hexamère Aβ16−22 peut être sta-<br />

bilisé pendant plusieurs dizaines <strong>de</strong> nanosecon<strong>de</strong>s <strong>par</strong> les interactions avec les chaînes N-<br />

méthylées et que la déstabilisation se situe dans une échelle <strong>de</strong> temps relativement longue,<br />

probablement supérieure à la durée <strong>de</strong> nos <strong>simulations</strong> (100 ns). Une étu<strong>de</strong> récente <strong>de</strong><br />

Takeda et Klimov s’intéresse à la dissociation <strong>de</strong> monomères Aβ16−22 sur <strong>de</strong>s fibres pré-<br />

formées 6 <strong>par</strong> <strong>de</strong>s <strong>simulations</strong> <strong>de</strong> dynamique moléculaire (Takeda et Klimov, 2007). Ils<br />

montrent que cette dissociation a lieu en <strong>de</strong>ux étapes cohérentes avec les données expé-<br />

rimentales : d’abord une phase dite ✭ vérouillée ✮ (locked) qui s’étend sur 0,5 µs dans<br />

les conditions physiologiques normales, suivie d’une phase ✭ d’amarrage ✮ (docked) où les<br />

pepti<strong>de</strong>s visitent <strong>de</strong>s conformations désordonnées (random coil). Cet état est majoritai-<br />

rement stabilisé <strong>par</strong> <strong>de</strong>s contacts hydrophobes entre les chaînes latérales, avec une faible<br />

contribution <strong>de</strong>s liaisons hydrogène, et s’étend sur une durée <strong>de</strong> 10 à 200 ns avant la dis-<br />

sociation complète. Nos observations réalisées sur les trajectoires I1 et I3 sont cohérentes<br />

avec ce schéma locked and docked :<br />

– la trajectoire I1 reste stable pendant 100 ns, ce qui caractérise l’état vérouillé dé-<br />

crit <strong>par</strong> les auteurs, le pourcentage <strong>de</strong> brins β est élevé et le système <strong>par</strong>faitement<br />

ordonné (P2 ∼ 1, figs. 5.6 (d,h))<br />

– la trajectoire I3 montre une stabilisation pendant 55 ns avec un taux <strong>de</strong> résidus en β<br />

supérieur à 80 % et un <strong>par</strong>amètre d’ordre nématique supérieur à 0,8 (figs. 5.7 (d,h)).<br />

Cette pério<strong>de</strong> correspond à la phase locked du processus <strong>de</strong> dissociation.<br />

Après 60 ns, le système se comporte différemment pour I3. On assiste à une baisse<br />

importante <strong>de</strong>s résidus en β pour le feuillet 2 (le taux passe brutalement <strong>de</strong> 80 à<br />

45 % au temps t = 56 ns, fig. 5.7 (h)) et l’évolution du P2 montre que cette dé-<br />

stabilisation affecte les <strong>de</strong>ux feuillets (le P2 passe <strong>de</strong> 0,85 à 0,70 à t = 58 ns, fig.<br />

5.7 (d)). Cette perturbation est également confirmée <strong>par</strong> l’analyse du critère RMSD<br />

qui augmente <strong>de</strong> 3 à 5 ˚ A pour le feuillet β 2 (fig. 5.7 (b)) et <strong>par</strong> la variation du<br />

pourcentage <strong>de</strong> β (∼ 50 %, fig. 5.7 (h)). Ce <strong>de</strong>uxième sta<strong>de</strong> correspond au début <strong>de</strong><br />

la phase docked du modèle <strong>de</strong> dissociation proposé <strong>par</strong> Takeda et Klimov (Takeda<br />

et Klimov, 2007). À noter que la phase locked est raccourcie (∼ µs → dizaine <strong>de</strong> ns)<br />

grâce à la technique utilisée (modèle gros grains, solvant implicite) mais également<br />

l’action <strong>de</strong>s inhibiteurs (discutée ci-après).<br />

Nous examinerons les <strong>par</strong>ticularités <strong>de</strong> la trajectoire I2 dans la <strong>de</strong>rnière <strong>par</strong>tie <strong>de</strong> ce travail.<br />

6 Hexamère double-couches préformé avec <strong>de</strong>s contraintes sur quatre chaînes pour ✭ imiter ✮ la structure<br />

stable <strong>de</strong> la fibre entière.


5.3 Stabilité <strong>de</strong> l’hexamère Aβ16−22 en présence ou en absence d’inhibiteurs 91<br />

(a) (b)<br />

(c) (d)<br />

(e) (f)<br />

(g) (h)<br />

Fig. 5.6 – Com<strong>par</strong>aison <strong>de</strong>s trajectoires MD-OPEP sans inhibiteur WT (gauche) et avec<br />

4 chaînes d’inhibiteur I1 (droite). Cette analyse décrit l’évolution <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux feuillets β<br />

initialement formés et constitués <strong>de</strong>s chaînes Aβ16−22 : (a,b) Évolution <strong>de</strong>s RMSDs calculés<br />

sur les Cα (en ˚ A) ; (c,d) Évolution du <strong>par</strong>amètre d’ordre nématique (P2) ; (e,f) Distribution<br />

(en %) <strong>de</strong>s brins β en fonction <strong>de</strong> leurs distances aux extrémités ; (g,h) Évolution du<br />

pourcentage <strong>de</strong> résidus en β. Pour chaque figure, le trait plein se rapporte au feuillet β 1<br />

et le trait en pointillés, au feuillet β 2.


92 5 Les mécanismes d’inhibition <strong>par</strong> <strong>de</strong>s pepti<strong>de</strong>s N-méthylés<br />

(a) (b)<br />

(c) (d)<br />

(e) (f)<br />

(g) (h)<br />

Fig. 5.7 – Com<strong>par</strong>aison <strong>de</strong>s trajectoires I2 (gauche) et I3 (droite) en présence d’inhibiteurs.<br />

Cette analyse décrit l’évolution <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux feuillets β initialement formés et constitués<br />

<strong>de</strong>s chaînes Aβ16−22 : (a,b) Évolution <strong>de</strong>s RMSDs calculés sur les Cα (en ˚ A) ; (c,d) Évolution<br />

du <strong>par</strong>amètre d’ordre nématique (P2) ; (e,f) Distribution (en %) <strong>de</strong>s brins β en<br />

fonction <strong>de</strong> leurs distances aux extrémités ; (g,h) Évolution du pourcentage <strong>de</strong> résidus en<br />

β. Pour chaque figure, le trait plein se rapporte au feuillet β 1 et le trait en pointillés, au<br />

feuillet β 2.


5.4 Analyse structurale <strong>de</strong>s chaînes N-méthylées 93<br />

5.4 Analyse structurale <strong>de</strong>s chaînes N-méthylées<br />

Nous avons caractérisé dans la première <strong>par</strong>tie <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong> l’effet, sur un hexa-<br />

mère préformé <strong>de</strong> pepti<strong>de</strong>s Aβ16−22, <strong>de</strong>s interactions avec quatre chaînes N-méthylées<br />

NMe-Aβ16−22. La figure 5.8 décrit maintenant les propriétés conformationnelles <strong>de</strong> ces in-<br />

hibiteurs et leurs évolutions au cours <strong>de</strong>s trajectoires I1, I2 et I3.<br />

Les distributions <strong>de</strong>s distances aux extrémités pour les trajectoires I1 et I3 montrent<br />

une sous-représentation <strong>de</strong>s états compacts (∼ 10 % <strong>de</strong>s brins présentent une distance aux<br />

extrémités inférieure à 14 ˚ A, fig. 5.8 (a,c)) et une proportion importante <strong>de</strong> conformations<br />

<strong>par</strong>tiellement étendues. En revanche, la figure 5.8 (b) révèle une proportion importante<br />

<strong>de</strong> chaînes N-méthylées repliées pour la trajectoire I2 (∼ 30 %, pour De < 14 ˚ A). Cette<br />

observation souligne que l’interaction entre les chaînes d’inhibiteurs et l’hexamère Aβ16−22<br />

est différente <strong>par</strong> rapport aux trajectoires I1 et I3.<br />

L’analyse <strong>de</strong> l’évolution du <strong>par</strong>amètre d’ordre nématique indique, pour les trois tra-<br />

jectoires, une organisation désordonnée pour ces pepti<strong>de</strong>s N-méthylés, avec <strong>de</strong>s valeurs<br />

moyennes <strong>de</strong> P2 comprises entre 0,1 et 0,5 (figs. 5.8 (d,e,f)). L’augmentation <strong>de</strong> 0,1 à 0,4<br />

après 55 ns pour la trajectoire I3 tend à confirmer l’hypothèse d’un amarrage <strong>de</strong>s brins N-<br />

méthylés sur l’hexamère préformé (phase docked) qui conduirait à leur ✭ arrangement ✮.<br />

Nous nous sommes donc intéressés à l’évolution du pourcentage <strong>de</strong> résidus en β dans ces<br />

brins inhibiteurs pour déterminer si ces pepti<strong>de</strong>s se structuraient au contact <strong>de</strong> l’oligomère.<br />

Les figures 5.8 (g,h,i) reportent l’évolution du taux <strong>de</strong> brins β au cours <strong>de</strong>s trajectoires<br />

I1, I2 et I3 ; à la différence <strong>de</strong>s autres analyses présentées jusqu’ici, ces valeurs ne sont pas<br />

filtrées (le pourcentage étant trop faible pour que l’erreur soit acceptable). On remarque<br />

que ces pourcentages fluctuent entre 0 et 15 %, ce qui représente au maximum 4 résidus<br />

en β sur 28, et que cette valeur est nulle après 55 ns pour la trajectoire I3 alors que le<br />

P2 augmente significativement. Ce résultat est en accord avec les conlusions <strong>de</strong> Takeda<br />

et Klimov (Takeda et Klimov, 2007) qui soulignent que les pepti<strong>de</strong>s adoptent <strong>de</strong>s confor-<br />

mations désordonnées et interagissent majoritairement avec l’oligomère amyloï<strong>de</strong> <strong>par</strong> <strong>de</strong>s<br />

contacts hydrophobes entre chaînes latérales (que nous observons pour la trajectoire I3).<br />

Enfin, l’évolution du nombre <strong>de</strong> liaisons hydrogène entre les chaînes N-méthylées et les<br />

pepti<strong>de</strong>s Aβ16−22 confirme que le processus <strong>de</strong> dissociation <strong>par</strong> <strong>de</strong>s pepti<strong>de</strong>s N-méthylés<br />

est un phénomène très lent. Les phases vérouillées (trajectoire I1 et les soixante premières<br />

nanosecon<strong>de</strong>s <strong>de</strong> la trajectoire I3) sont caractérisées <strong>par</strong> un nombre <strong>de</strong> liaisons hydrogène<br />

compris entre 1 et 2 (figs. 5.8 (j,l)). Ce nombre augmente très peu (<strong>de</strong> 2 à 3) lors <strong>de</strong>s 40<br />

<strong>de</strong>rnières nanosecon<strong>de</strong>s <strong>de</strong> la simulation I3 (fig. 5.8 (l)), ce qui confirme que la contribu-<br />

tion <strong>de</strong>s liaisons hydrogène est négligeable lors <strong>de</strong> la phase d’amarrage (Takeda et Klimov,<br />

2007). La trajectoire I2 présente cependant un profil légèrement différent avec un nombre


94 5 Les mécanismes d’inhibition <strong>par</strong> <strong>de</strong>s pepti<strong>de</strong>s N-méthylés<br />

<strong>de</strong> liaisons hydrogène entre les brins N-méthylés et les pepti<strong>de</strong>s sauvages qui fluctue autour<br />

<strong>de</strong> 2 pendant les 20 premières nanosecon<strong>de</strong>s <strong>de</strong> la simulation puis se stabilise autour <strong>de</strong> 5<br />

jusqu’à la fin <strong>de</strong> la trajectoire (fig. 5.8 (k)). Cette observation est à mettre en relation avec<br />

l’évolution du P2 pour le feuillet β 1 (qui diminue <strong>de</strong> 0,9 à 0,7 après 20 ns, fig. 5.7 (c)) et<br />

la distribution <strong>de</strong>s tailles <strong>de</strong>s pepti<strong>de</strong>s N-méthylés (fig. 5.8 (b)) qui peuvent explorer <strong>de</strong>s<br />

conformations beaucoup plus compactes que dans les <strong>simulations</strong> I1 et I2.<br />

(a) (b) (c)<br />

(d) (e) (f)<br />

(g) (h) (i)<br />

(j) (k) (l)<br />

Fig. 5.8 – Analyse <strong>de</strong>s propriétés <strong>de</strong>s chaînes N-méthylées pour les trajectoires I1 (gauche),<br />

I2 (centre) et I3 (droite) : (a,b,c) Distribution <strong>de</strong>s distances aux extrémités (en %) ; (d,e,f)<br />

Évolution du <strong>par</strong>amètre d’ordre nématique (P2) ; (g,h,i) Évolution du pourcentage <strong>de</strong> résidus<br />

en β ; (j,k,l) Évolution du nombre <strong>de</strong> liaisons hydrogène entre les chaînes N-méthylées<br />

et les pepti<strong>de</strong>s Aβ16−22.


5.5 Mécanismes proposés pour la déstabilisation <strong>de</strong>s fibres 95<br />

Le faible nombre <strong>de</strong> liaisons hydrogène formées entre les pepti<strong>de</strong>s N-méthylés et les<br />

pepti<strong>de</strong>s Aβ16−22 sauvages pour ces trois trajectoires I1–I3 (figs. 5.8 (j,k,l)) indique que<br />

l’association <strong>de</strong>s pepti<strong>de</strong>s inhibiteurs se fait principalement <strong>par</strong> <strong>de</strong>s contacts entre chaînes<br />

latérales. Pour information, une trajectoire notée I4 présente un processus d’interaction<br />

différent avec la formation progressive <strong>de</strong> liaisons hydrogènes entre l’oligomère sauvage<br />

préformé et les chaînes d’inhibiteurs. Les propriétés structurales <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rnières sont<br />

résumées sur la figure 5.9.<br />

Cette simulation I4, réalisée à <strong>par</strong>tir d’un état initial légèrement plus compact que ceux<br />

<strong>de</strong> I1–I3, révèle un mécanisme <strong>de</strong> stabilisation <strong>de</strong> l’oligomère préformé <strong>par</strong> les inhibiteurs<br />

similaire à celui décrit pour I1. La figure 5.9 (a) montre que les chaînes d’inhibiteurs<br />

explorent majoritairement <strong>de</strong>s conformations étendues et l’analyse du P2 souligne que<br />

leur arrangement est désordonné durant la simulation (∼ 0,4–0,5 ; fig. 5.9 (b)). L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

l’évolution du nombre <strong>de</strong> liaisons hydrogène entre les pepti<strong>de</strong>s sauvages et leurs variants<br />

N-méthylés montre une augmentation lente <strong>de</strong> 4 à 11 liaisons hydrogènes entre 25 et<br />

55 ns (fig. 5.9 (c)). Cette observation souligne que le processus d’interaction avec les<br />

chaînes N-méthylées est complexe et peut s’opérer <strong>par</strong> contacts entre chaînes latérales<br />

ou <strong>par</strong> formation lente <strong>de</strong> liaisons hydrogène entre l’oligomère préformé et les chaînes<br />

d’inhibiteurs.<br />

(a) (b) (c)<br />

Fig. 5.9 – Analyse <strong>de</strong>s propriétés <strong>de</strong>s chaînes N-méthylées pour la trajectoire I4 : (a) Distribution<br />

<strong>de</strong>s distances aux extrémités (en %) ; (b) Évolution du <strong>par</strong>amètre d’ordre nématique<br />

(P2) ; (c) Évolution du nombre <strong>de</strong> liaisons hydrogène entre les chaînes N-méthylées<br />

et les pepti<strong>de</strong>s Aβ16−22.<br />

5.5 Mécanismes proposés pour la déstabilisation <strong>de</strong>s<br />

fibres<br />

Afin <strong>de</strong> mieux comprendre les mécanismes <strong>de</strong> déformation <strong>de</strong> l’hexamère Aβ16−22 <strong>par</strong><br />

les pepti<strong>de</strong>s inhibiteurs, nous présentons figure 5.10 <strong>de</strong>ux analyses complémentaires pour<br />

les trajectoires I1, I2 et I3. Premièrement, l’évolution du nombre <strong>de</strong> liaisons hydrogène


96 5 Les mécanismes d’inhibition <strong>par</strong> <strong>de</strong>s pepti<strong>de</strong>s N-méthylés<br />

intra-feuillet et inter-feuillets et <strong>de</strong>uxièmement, l’évolution du produit scalaire entre les<br />

✭ directeurs ✮ ( ˆ d) <strong>de</strong> chaque feuillet, ˆ d étant défini comme le vecteur moyen du feuillet<br />

calculé à <strong>par</strong>tir <strong>de</strong>s vecteurs directeurs 7 <strong>de</strong> chacun <strong>de</strong>s brins qui le compose. Cette valeur<br />

reflète l’orientation entre les <strong>de</strong>ux feuillets β (initialement <strong>par</strong>allèle) : une valeur <strong>de</strong> 1<br />

indique que les couches sont <strong>par</strong>allèles ; 0, perpendiculaires et -1, anti<strong>par</strong>allèles.<br />

L’analyse <strong>de</strong>s figures 5.10 (a,b) confirme que les feuillets β ne sont pas déformés, dans<br />

l’échelle <strong>de</strong> temps <strong>de</strong> nos <strong>simulations</strong> (100 ns), pour les trajectoires I1 et I2. Le nombre <strong>de</strong><br />

liaisons hydrogène intra-feuillet reste constant (∼ 9–12 selon la trajectoire) et le nombre<br />

<strong>de</strong> liaisons hydrogène inter-feuillets est quasi nul. À l’opposé, la figure 5.10 (c) précise nos<br />

observations précé<strong>de</strong>ntes sur le processus <strong>de</strong> dissociation en <strong>de</strong>ux phases locked and docked.<br />

Pendant 55 ns, le système reste stable avec un profil com<strong>par</strong>able à ceux <strong>de</strong>s trajectoires<br />

I1 et I2 (∼ 9–12 liaisons hydrogène intra-feuillet et 0 liaison hydrogène inter-feuillets).<br />

Ensuite, le nombre <strong>de</strong> liaisons hydrogène dans le feuillet β 2 diminue spontanément (<strong>de</strong><br />

9 à 5) et on assiste à l’ap<strong>par</strong>ition simultanée <strong>de</strong> liaisons hydrogène inter-feuillets (<strong>de</strong> 0 à<br />

4, fig. 5.10 (c)). L’ensemble <strong>de</strong>s observations réalisées pour la trajectoire I3, à savoir une<br />

augmentation du RMSD associée à une diminution du nombre <strong>de</strong> résidus en β pour le<br />

feuillet 2 (figs. 5.7 (b,h)) et l’augmentation simultanée du nombre <strong>de</strong> liaisons hydrogène<br />

inter-feuillets combinée à la baisse du P2 pour les <strong>de</strong>ux feuillets β (figs. 5.7 (d) et 5.10 (c)),<br />

indique que l’interaction avec les pepti<strong>de</strong>s N-méthylés est responsable d’un changement<br />

conformationnel <strong>de</strong> l’hexamère. La visualisation <strong>de</strong>s trajectoires révèle le transfert d’un<br />

brin β du feuillet 2 vers le feuillet 1, ce processus ayant été décrit très récemment pour<br />

<strong>de</strong>s <strong>simulations</strong> <strong>de</strong> REMD sur le pepti<strong>de</strong> Aβ16−20 et son variant N-méthylé (Soto et al.,<br />

2007). Dans cette étu<strong>de</strong>, les auteurs révèlent que la dissociation peut être provoquée <strong>par</strong><br />

le désassemblage d’un brin et la perturbation <strong>de</strong> la périodicité du protofilament Aβ16−20.<br />

Pour finir, l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s figures 5.10 (c,e) montre que les systèmes stabilisés en phase<br />

locked (trajectoires I1 et I3 pendant 55 ns) maintiennent une orientation quasi-<strong>par</strong>allèle<br />

entre les feuillets (avec <strong>de</strong>s valeurs supérieures à 0,85 ; soit à un angle compris entre 0˚et<br />

30˚). En revanche, la figure 5.10 (d) indique une fluctuation importante (0,5–1,0) pen-<br />

dant 30 ns puis une stabilisation autour <strong>de</strong> 0,7 jusqu’à la fin <strong>de</strong> la trajectoire (ce qui<br />

représente un angle <strong>de</strong> 45˚entre les feuillets). Ce résultat est très important car il com-<br />

plète les observations précé<strong>de</strong>ntes : la diminution du P2 du feuillet 1 après 20 ns (fig. 5.7<br />

(c)) et l’augmentation du nombre <strong>de</strong> liaisons hydrogène entre l’inhibiteur et l’hexamère<br />

Aβ16−22 (fig. 5.8 (k)). Pour la trajectoire I2, les phases locked et docked sont donc in-<br />

versées, le système s’arrange pendant 20 à 30 ns pour accepter les chaînes d’inhibiteurs<br />

(phase d’accomodation) puis se stabilise dans une phase vérouillée com<strong>par</strong>able à celles<br />

7 le vecteur directeur d’un brin est défini entre les Cα <strong>de</strong>s extrémités N et C-terminales


5.5 Mécanismes proposés pour la déstabilisation <strong>de</strong>s fibres 97<br />

décrites précé<strong>de</strong>mment. La perturbation provoquée <strong>par</strong> l’inhibiteur correspond donc à un<br />

mouvement <strong>de</strong> rotation d’un feuillet <strong>par</strong> rapport à l’autre, sans perte <strong>de</strong>s structures se-<br />

condaires. Ce processus dock/lock a été décrit <strong>par</strong> Nguyen et collaborateurs lors <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong><br />

<strong>par</strong> dynamique moléculaire <strong>de</strong> l’ajout <strong>de</strong> monomères Aβ16−22 à un oligomère déjà formé<br />

(Nguyen et al., 2007). Dans leur étu<strong>de</strong>, la phase dock s’étend au maximum sur 50 ns et est<br />

caractérisée <strong>par</strong> <strong>de</strong> grands changements conformationnels au niveau <strong>de</strong> l’oligomère pré-<br />

formé pour ✭ accueillir ✮ les monomères supplémentaires. La perturbation <strong>de</strong> la symétrie<br />

latérale (l’orientation <strong>de</strong>s plans définis <strong>par</strong> les feuillets β) <strong>de</strong> l’oligomère amyloï<strong>de</strong> <strong>par</strong> les<br />

pepti<strong>de</strong>s N-méthylés pourrait donc être un mécanisme supplémentaire <strong>de</strong> déstabilisation<br />

<strong>de</strong>s fibres.<br />

I1 I2 I3<br />

(a) (b) (c)<br />

(d) (e) (f)<br />

Fig. 5.10 – Analyse <strong>de</strong> la dissociation <strong>de</strong> l’oligomère amyloï<strong>de</strong> <strong>par</strong> les pepti<strong>de</strong>s N-méthylés :<br />

(a,b,c) Évolution du nombre <strong>de</strong> liaisons hydrogène intra-feuillet et inter-feuillets pour<br />

l’hexamère Aβ16−22 (le trait plein fait référence au feuillet β 1 ; le trait en pointillés foncés,<br />

au feuillet β 2 ; et enfin le trait en pointillés clairs, aux liaisons hydrogène inter-feuillets) ;<br />

(d,e,f) Évolution <strong>de</strong> l’orientation entre les <strong>de</strong>ux feuillets β (calcul du produit scalaire entre<br />

les ✭ directeurs ✮ <strong>de</strong> chaque feuillet).<br />

Nos <strong>simulations</strong> ont permis <strong>de</strong> mettre en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s sites d’interaction priviligiés (fi-<br />

gure 5.11). On observe notamment figure 5.11 (d) l’association longitudinale qui empêche<br />

la propagation d’un protofilament β (à gauche, l’inhibiteur en gris s’associe au feuillet β<br />

dans le sens d’élongation <strong>de</strong> la fibre) et sur la figure 5.11 (b) l’association latérale qui em-<br />

pêche la formation <strong>de</strong> plusieurs protofilaments (à gauche, les <strong>de</strong>ux chaînes d’inhibiteurs qui


98 5 Les mécanismes d’inhibition <strong>par</strong> <strong>de</strong>s pepti<strong>de</strong>s N-méthylés<br />

forment une nouvelle couche capable d’envelopper la structure en croix-β préformée). Les<br />

figures 5.11 (a–d) montrent que les sites d’interaction entre les inhibiteurs et les chaînes<br />

Aβ16−22 sont variés avec à la fois <strong>de</strong>s associations longitudinales ou latérales et <strong>de</strong>s asso-<br />

ciations tranverses qui peuvent contacter les <strong>de</strong>ux feuillets.<br />

(a) (b)<br />

(c) (d)<br />

Fig. 5.11 – Sites d’interaction entre les chaînes N-méthylées et les pepti<strong>de</strong>s Aβ16−22. Les<br />

pepti<strong>de</strong>s inhibiteurs sont représentés en gris et les pepti<strong>de</strong>s Aβ16−22 en coloration atomique.<br />

(a) Complexe Aβ16−22-inhibiteurs observé pour I1 après 96 ns ; (b) I2 après 94 ns ; (c) I3<br />

après 98 ns ; (d) I4 après 100 ns. Le brin en rouge sur la figure (c) correspond au transfert<br />

décrit préce<strong>de</strong>mment.


5.6 Conclusions 99<br />

5.6 Conclusions<br />

L’ensemble <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong> est une première étape vers la caractérisation atomique <strong>de</strong>s<br />

complexes Aβ16−22-inhibiteurs. Nous avons pu montrer que la N-méthylation du pepti<strong>de</strong><br />

Aβ16−22 contrarie les formes compactes et favorise la propension <strong>de</strong>s résidus en brin β.<br />

Notre étu<strong>de</strong> com<strong>par</strong>ative d’un système modèle <strong>de</strong> fibre amyloï<strong>de</strong> Aβ16−22 en absence ou<br />

en présence d’inhibiteurs indique une interaction lente entre Aβ16−22 et son variant N-<br />

méthylé. En accord avec les conclusions <strong>de</strong> Takeda et Klimov, nous mettons en évi<strong>de</strong>nce<br />

l’existence d’un processus <strong>de</strong> dissociation en <strong>de</strong>ux étapes (locked and docked) qui peut<br />

conduire au transfert d’un brin β entre les <strong>de</strong>ux feuillets et à la perte <strong>de</strong> la périodicité lon-<br />

gitudinale du protofilament. Par un autre processus d’interaction, les pepti<strong>de</strong>s N-méthylés<br />

sont également capable <strong>de</strong> provoquer la rotation d’un feuillet β <strong>par</strong> rapport à l’autre dans<br />

l’agrégat amyloï<strong>de</strong>, ce qui constitue une voie supplémentaire <strong>de</strong> déstabilisation <strong>de</strong>s fibres.<br />

Ces pepti<strong>de</strong>s N-méthylés sont capables <strong>de</strong> s’associer selon les directions préférentielles <strong>de</strong><br />

propagation <strong>de</strong> la fibre ; ce qui est cohérent avec les données expérimentales (Gordon et al.,<br />

2001, 2002 ; Sciarretta et al., 2006 ; Kapurniotu et al., 2002 ; Yan et al., 2006).


Chapitre 6<br />

Conclusions et perspectives<br />

Les maladies amyloï<strong>de</strong>s sont causées <strong>par</strong> l’association <strong>de</strong> pepti<strong>de</strong>s ou <strong>de</strong> protéines<br />

mal repliées. Il a été clairement démontré que les oligomères rencontrés très tôt durant<br />

le processus d’agrégation sont également toxiques. Ces intermédiaires solubles sont donc<br />

tout désignés pour être <strong>de</strong>s cibles thérapeutiques et il est important <strong>de</strong> les caractériser<br />

d’un point <strong>de</strong> vue structural, dynamique et thermodynamique.<br />

Ces différentes caractérisations sont difficiles <strong>par</strong> les outils classiques <strong>de</strong> la biologie car<br />

les oligomères sont en équilibre dynamique et donc transitoires. Les étudier en dynamique<br />

moléculaire tout-atome en solvant explicite représenterait un véritable tour <strong>de</strong> force ! Pour<br />

tenter d’apporter <strong>de</strong>s éléments <strong>de</strong> réponse, nous avons utilisé <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s originales ba-<br />

sées sur le potentiel effectif gros-grain OPEP, <strong>par</strong>mi lesquelles les techniques ART, MD et<br />

REMD.<br />

La première <strong>par</strong>tie <strong>de</strong> ce travail <strong>de</strong> thèse s’est attachée à déterminer les mécanismes<br />

d’agrégation <strong>de</strong> trois systèmes : le tétramère et l’heptamère du pepti<strong>de</strong> amyloï<strong>de</strong> le plus<br />

court KFFE ainsi qu’un dodécamère du pepti<strong>de</strong> NFGAIL. Nos <strong>simulations</strong> ART-OPEP<br />

montrent très clairement que le processus d’agrégation est complexe et que les différents<br />

pepti<strong>de</strong>s sont en équilibre entre trois types essentiels <strong>de</strong> formes :<br />

1. une forme proche <strong>de</strong> la fibre amyloï<strong>de</strong> ou les brins sont plus perpendiculaires que<br />

<strong>par</strong>allèles ou anti<strong>par</strong>allèles,<br />

2. une forme tonneau β,<br />

3. <strong>de</strong>s agrégats amorphes qui se distinguent <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux formes précé<strong>de</strong>ntes <strong>par</strong> la nature<br />

du réseau <strong>de</strong> liaisons hydrogène.<br />

Elles montrent également que le processus d’agrégation est un phénomène à <strong>de</strong>ux<br />

étapes. La première, caractérisée <strong>par</strong> la formation d’agrégats amorphes, est dominée <strong>par</strong><br />

les interactions hydrophobes et électrostatiques, alors que la secon<strong>de</strong> est dominée <strong>par</strong> le<br />

réarrangement du réseau <strong>de</strong> liaisons hydrogène. Ceci est en accord avec les données <strong>de</strong><br />

101


102 6 Conclusions et perspectives<br />

spectroscopie infra-rouge <strong>de</strong> Sean Decatur et son groupe. La formation d’un tonneau β<br />

(conformation ouverte) entre les formes amorphes et croix-β était inattendue. Des simu-<br />

lations récentes MD-OPEP et REMD-OPEP réalisées <strong>par</strong> Derreumaux et collaborateurs<br />

ont montré que cette forme tonneau (conformations ouverte ou fermée) est également<br />

peuplée pour un heptamère <strong>de</strong> Aβ16−22 (Wei et al., 2007) et β2m83−89 1 (Song et al., 2007).<br />

Nos étu<strong>de</strong>s montrent également que la recherche d’une croix-β est <strong>de</strong> plus en plus difficile<br />

d’un point <strong>de</strong> vue entropique à mesure que l’on augmente le nombre <strong>de</strong> chaînes dans le<br />

système. Cet aspect est clairement un facteur contribuant au temps <strong>de</strong> latence observé<br />

expérimentalement.<br />

La secon<strong>de</strong> <strong>par</strong>tie <strong>de</strong> ce travail <strong>de</strong> thèse s’est attachée à l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la surface d’énergie<br />

libre du dimère Aβ1−40 et Aβ1−42 pour déterminer le rôle <strong>de</strong> la région 23–28 dans l’oli-<br />

gomérisation. C’est à notre connaissance la première fois qu’un système <strong>de</strong> 80 résidus est<br />

caractérisé d’un point <strong>de</strong> vue thermodynamique. Nos <strong>simulations</strong> REMD-OPEP montrent<br />

très clairement que la formation d’une boucle dans la région 23–28 ne peut être considérée<br />

comme le facteur limitant <strong>de</strong> l’agrégation. Elles suggèrent au contraire que la formation<br />

d’un multimère couvrant la région 16–22 est vraisemblablement le facteur limitant. Il est<br />

toujours dangereux d’extrapoler d’un dimère à un oligomère. Néanmoins, nous avons vé-<br />

rifié que nos résultats ou postulats restaient valables pour le trimère Aβ1−42 après 150 ns<br />

<strong>de</strong> REMD-OPEP.<br />

La troisième <strong>par</strong>tie <strong>de</strong> ce travail a consisté à étudier les premiers instants <strong>de</strong> la dyna-<br />

mique d’interaction entre le protofilament amyloï<strong>de</strong> et un inhibiteur. Pour ce faire, nous<br />

avons simplifié le problème : en ne considérant qu’un modèle préformé <strong>de</strong> fibre constitué<br />

<strong>de</strong> la seule région 16–22 (qui correspond au site d’interaction), en considérant une sto-<br />

chiométrie proche <strong>de</strong> 1:1 (ici 6 pepti<strong>de</strong>s sauvages et 4 copies <strong>de</strong> l’inhibiteur N-méthylés)<br />

et en élimiminant la compétition entre pepti<strong>de</strong> sauvage et inhibiteur.<br />

À <strong>par</strong>tir <strong>de</strong> plusieurs <strong>simulations</strong> MD-OPEP, trois résultats importants émergent. Pre-<br />

mièrement le monomère d’un inhibiteur méthylé n’adopte pas une conformation étendue<br />

comme pourrait le laisser penser les données <strong>de</strong> dichroïsme circulaire. L’effet <strong>de</strong> trois mé-<br />

thylations sur les conformations d’équilibre est <strong>de</strong> réduire les formes compactes. Deuxième-<br />

ment, dans les premiers instants <strong>de</strong> l’interaction entre Aβ et l’inhibiteur, Aβ est beaucoup<br />

moins flexible, les chaînes N-méthylées sont donc responsables d’une stabilisation <strong>de</strong> l’oli-<br />

gomère Aβ16−22. Ces résultats indiquent que la déstabilisation se situe dans une échelle<br />

<strong>de</strong> temps relativement longue, qui peut être supérieure à la microsecon<strong>de</strong>. Troisièmement,<br />

<strong>de</strong>s sites d’interaction priviligiés sont mis en évi<strong>de</strong>nce et notamment l’association lon-<br />

1 fragment 83–89 <strong>de</strong> la β2 microgloguline


gitudinale qui empêche la propagation d’un protofilament β et l’association latérale qui<br />

empêche la formation <strong>de</strong> plusieurs protofilaments. Nous sommes <strong>par</strong>faitement conscients<br />

que d’autres sites existent et <strong>de</strong>s agrégats totalement désordonnés <strong>de</strong>vraient émerger <strong>de</strong><br />

nos <strong>simulations</strong>, mais ceux-ci ne pourront être observés qu’en appliquant la technique<br />

REMD. Enfin, l’ensemble <strong>de</strong> nos analyses permet également d’avancer quelques hypo-<br />

thèses sur les processus <strong>de</strong> dissociation gouvernés <strong>par</strong> ces inhibiteurs : en perturbant la<br />

périodicité <strong>de</strong>s brins à l’intérieur <strong>de</strong>s feuillets β (transfert <strong>de</strong> brin <strong>par</strong> exemple) ou en<br />

pertubant la périodicité latérale <strong>de</strong>s feuillets β (ie. en modifiant l’orientation <strong>de</strong>s couches<br />

successives au sein d’un protofilament).<br />

103<br />

De très nombreuses étu<strong>de</strong>s sont nécessaires pour approfondir nos connaissances sur<br />

la dynamique et la thermodynamique d’association <strong>de</strong>s oligomères solubles et l’interac-<br />

tion avec <strong>de</strong>s drogues. Nous pensons que les différentes méthodologies utilisées pendant<br />

ce travail <strong>de</strong> thèse <strong>de</strong>vraient apporter <strong>de</strong>s informations pertinentes dans le champ <strong>de</strong><br />

l’agrégation protéique. L’optimisation récente du champ <strong>de</strong> force OPEP combinée au dé-<br />

veloppement <strong>de</strong>s techniques <strong>de</strong> dynamique moléculaire classique et d’échange <strong>de</strong> répliques<br />

va nous permettre d’évoluer vers <strong>de</strong>s systèmes protéiques <strong>de</strong> plus gran<strong>de</strong> taille, en <strong>par</strong>ti-<br />

culier <strong>de</strong> simuler <strong>de</strong>s niveaux importants d’oligomérisation du pepti<strong>de</strong> Aβ dans l’espoir<br />

d’approcher la taille critique du ✭ noyau ✮ ; ou encore la simulation <strong>de</strong> la protéine PrP<br />

humaine (104 résidus) pour <strong>de</strong>s systèmes allant du monomère à l’hexamère.


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Titre :<br />

<strong>Agrégation</strong> <strong>de</strong> pepti<strong>de</strong>s amyloï<strong>de</strong>s <strong>par</strong> <strong>de</strong>s <strong>simulations</strong> <strong>numériques</strong><br />

Résumé :<br />

Chez l’homme, plus <strong>de</strong> vingt maladies (telles que la maladie d’Alzheimer ou le diabète<br />

<strong>de</strong> type II) sont associées à l’auto-assemblage pathologique <strong>de</strong> protéines solubles dans <strong>de</strong>s<br />

oligomères cytotoxiques et <strong>de</strong>s fibres amyloï<strong>de</strong>s. Ce processus est complexe, ce qui rend<br />

difficile la caractérisation structurale <strong>de</strong> ces intermédiaires et la détermination <strong>de</strong>s chemins<br />

d’agrégation. Dans ce travail, nous examinons dans un premier temps la surface d’énergie<br />

libre et la dynamique d’assemblage pour <strong>de</strong>s petits pepti<strong>de</strong>s amyloï<strong>de</strong>s (KFFE et IAPP22−27)<br />

en utilisant un champ <strong>de</strong> force gros-grains (OPEP) associé à la technique d’activation-<br />

relaxation (ART) et à la dynamique moléculaire (MD). Ensuite, nous présentons <strong>de</strong>s<br />

<strong>simulations</strong> <strong>de</strong> dynamique moléculaire d’échange (REMD) sur les dimères <strong>de</strong>s pepti<strong>de</strong>s<br />

d’Alzheimer Aβ1−40 et Aβ1−42 et nous discutons le rôle <strong>de</strong> la région 23–28 dans la formation<br />

<strong>de</strong> la fibre. Enfin, nous suivons les premières étapes <strong>de</strong> la dissociation d’un oligomère<br />

Aβ16−22 en présence d’inhibiteurs N-méthylés <strong>par</strong> <strong>de</strong>s <strong>simulations</strong> <strong>de</strong> MD-OPEP.<br />

Mots-clés :<br />

fibres amyloï<strong>de</strong>s, oligomères solubles, agrégation, champ <strong>de</strong> force gros-grains, technique<br />

d’activation-relaxation, dynamique moléculaire, métho<strong>de</strong> d’échange <strong>de</strong>s répliques<br />

Title :<br />

Aggregation of amyloid pepti<strong>de</strong>s by computer <strong>simulations</strong><br />

Abstract :<br />

More than twenty human diseases, including Alzheimer’s disease and dialysis-related amy-<br />

loidosis, are associated with the pathological self-assembly of soluble proteins into transient<br />

cytotoxic oligomers and amyloid fibrils. Because this process is very complex, the <strong>de</strong>tailed<br />

aggregation paths and structural characterization of the intermediate species remain to be<br />

<strong>de</strong>termined. In this work, we first review our current un<strong>de</strong>rstanding of the dynamics and<br />

free energy surface of the assembly of small amyloid-forming pepti<strong>de</strong>s (KFFE and IAPP22−27)<br />

using coarse-grained protein force field (OPEP) coupled to the activation-relaxation tech-<br />

nique (ART) and molecular dynamics (MD). Next, we present replica exchange MD si-<br />

mulations (REMD) on the dimers of Alzheimer’s pepti<strong>de</strong>s Aβ1−40 and Aβ1−42 and discuss<br />

the role of amino acids 23–28 in fibril formation. Finally, we probe the first steps of<br />

Aβ16−22 oligomer dissociation in the presence of N-methylated inhibitors by MD-OPEP<br />

<strong>simulations</strong>.<br />

Keywords :<br />

amyloid fibril formation, soluble oligomers, aggregation, coarse-grained force field, activation-<br />

relaxation technique, molecular dynamics, replica exchange method

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