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Parler ou se taire ou le dilemme du salarié lanceur d'alerte. Analyse ...

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Artic<strong>le</strong> accepté en juin 2011 par la revue Economies et Societés – forthcoming en juin 2012.<br />

un intérêt tant théorique que pratique, dans un contexte encore de diffusion de cette pratique<br />

et dans une pha<strong>se</strong> inachevée de mi<strong>se</strong> en conformité avec l’esprit de la SOX.<br />

N<strong>ou</strong>s considérons que <strong>le</strong> rec<strong>ou</strong>rs à l’a<strong>le</strong>rte professionnel<strong>le</strong> suppo<strong>se</strong> la liberté <strong>du</strong> <strong>salarié</strong><br />

afin qu’il décide en conscience, sans contrainte, d’a<strong>le</strong>rter <strong>ou</strong> de ne pas a<strong>le</strong>rter. Le <strong>salarié</strong> est<br />

libre lorsqu’il détermine son action –rec<strong>ou</strong>rir <strong>ou</strong> non à l’a<strong>le</strong>rte- par l’exercice de son libre<br />

arbitre, <strong>se</strong>lon son propre entendement (Kant, 1786). Cependant, la liberté <strong>du</strong> <strong>salarié</strong>, au <strong>se</strong>in<br />

de l’entrepri<strong>se</strong>, comme cel<strong>le</strong> de t<strong>ou</strong>t indivi<strong>du</strong> dans un contexte social, est « bordée » par des<br />

règ<strong>le</strong>s. La liberté devient alors « <strong>le</strong> droit de faire t<strong>ou</strong>t ce que <strong>le</strong>s lois permettent »<br />

(Montesquieu, 1758). En France, p<strong>ou</strong>r <strong>le</strong> <strong>salarié</strong> <strong>lanceur</strong> d’a<strong>le</strong>rte, <strong>le</strong>s limites sont posées à la<br />

fois par la loi et par la norme (charte <strong>ou</strong> code de con<strong>du</strong>ite). En effet, si la loi françai<strong>se</strong> confère<br />

bien au <strong>salarié</strong> la liberté d’expression 1 dans l’entrepri<strong>se</strong> <strong>ou</strong> en dehors de cel<strong>le</strong>-ci, et autori<strong>se</strong><br />

ainsi <strong>le</strong> lancement de l’a<strong>le</strong>rte, el<strong>le</strong> en limite de facto <strong>le</strong> rec<strong>ou</strong>rs en prévoyant des « abus » qui<br />

viendraient en tempérer l’usage. De même, la charte (<strong>ou</strong> <strong>le</strong> code de con<strong>du</strong>ite), élaborée par<br />

l’entrepri<strong>se</strong>, marque <strong>le</strong>s cont<strong>ou</strong>rs de ce qui peut être dénoncé <strong>ou</strong> de ce qui ne peut pas l’être,<br />

s’attachant par la-même « priori<strong>taire</strong>ment à impo<strong>se</strong>r <strong>ou</strong> interdire des comportements aux<br />

<strong>salarié</strong>s » (Antonmattéi et Vivien, 2007). La liberté <strong>du</strong> <strong>salarié</strong> est encore circonscrite par sa<br />

capacité personnel<strong>le</strong> d’apprécier une situation et l’éventualité de son caractère frau<strong>du</strong><strong>le</strong>ux. En<br />

effet, <strong>se</strong>lon Sen (2005), la liberté suppo<strong>se</strong> que l’acteur (<strong>salarié</strong>) soit capab<strong>le</strong> d’identifier et de<br />

mobili<strong>se</strong>r <strong>le</strong>s ress<strong>ou</strong>rces nécessaires p<strong>ou</strong>r appréhender et évaluer <strong>le</strong>s faits et <strong>le</strong> contexte. Or,<br />

d’une part, <strong>le</strong> <strong>salarié</strong> ne perçoit s<strong>ou</strong>vent qu’une vision loca<strong>le</strong> des évènements et, il ne bénéficie<br />

pas, <strong>le</strong> plus s<strong>ou</strong>vent, des appuis qui lui permettraient de prendre <strong>le</strong> risque d’a<strong>le</strong>rter, d’autre<br />

part. P<strong>ou</strong>r autant, <strong>le</strong> rec<strong>ou</strong>rs à l’a<strong>le</strong>rte professionnel<strong>le</strong> implique bien la liberté <strong>du</strong> <strong>salarié</strong>,<br />

« considéré comme acteur [dans l’entrepri<strong>se</strong>]. C’est ce statut qui lui donne la possibilité<br />

d’exprimer <strong>se</strong>s convictions et de faire des choix dans son action quotidienne » (Antonmattéi et<br />

Vivien, 2007).<br />

P<strong>ou</strong>r interroger la pratique de l’a<strong>le</strong>rte professionnel<strong>le</strong> en France, n<strong>ou</strong>s choisissons la voie de<br />

l’exploration qualitative (Charreire Petit et Durieux, 2007), en prenant appui sur de nombreu<strong>se</strong>s<br />

données <strong>se</strong>condaires (voir Annexe 1). L’originalité méthodologique relève ici de la place consacrée à<br />

1 Artic<strong>le</strong> L1121-1 <strong>du</strong> code <strong>du</strong> travail : « Nul ne peut apporter aux droits des personnes et aux libertés<br />

indivi<strong>du</strong>el<strong>le</strong>s et col<strong>le</strong>ctives de restrictions qui ne <strong>se</strong>raient pas justifiées par la nature de la tâche à accomplir ni<br />

proportionnées au but recherché ».<br />

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