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— Tu vois, murmura-t-il en approchant la bouchée <strong>des</strong><br />
lèvres de Grace. C’est facile.<br />
Elle ouvrit la bouche et il laissa glisser les pâtes sur sa<br />
langue. Lorsqu’il retira lentement la fourchette d’entre ses<br />
lèvres, il se sentit mis au supplice, comme écartelé sur un<br />
chevalet, et son cœur se mit à battre frénétiquement tandis que<br />
son bon sens lui conseillait de s’éloigner d’elle. Or il en était<br />
proprement incapable – il y avait si longtemps qu’il n’avait eu<br />
de compagne, si longtemps qu’il n’avait eu d’amis… Il lui était<br />
impossible de lâcher prise ; il n’aurait pas su comment. Alors, il<br />
continua à lui donner la becquée.<br />
Grace s’était calée dans le creux <strong>des</strong> bras de Julien. Elle<br />
avala la première bouchée, puis prit un morceau de pain qu’elle<br />
approcha <strong>des</strong> lèvres de Julien. Il lui mordilla les doigts quand<br />
elle le déposa dans sa bouche. Lui souriant avec tendresse, elle<br />
passa sa main sur la mâchoire. Oh, la contraction <strong>des</strong> muscles<br />
sous sa paume… Jamais elle ne se lasserait de regarder cet<br />
homme, de le toucher.<br />
Tandis qu’elle buvait une petite gorgée de vin, Julien en<br />
profita pour lui voler une bouchée de spaghettis avant de lui<br />
présenter une nouvelle fourchette. Tout en mâchant les pâtes,<br />
elle voulut lui faire boire une gorgée, mais elle renversa un peu<br />
de vin sur son menton et sur sa chemise.<br />
— Je suis désolée, souffla-t-elle en lui essuyant le menton<br />
du revers de la main. Quelle maladroite je suis !<br />
Sans répondre, il lui prit la main pour sucer ses doigts<br />
mouillés. Parcourue de millions d’on<strong>des</strong> de plaisir, elle gémit<br />
lorsque Julien glissa sa langue le long de ses doigts, effleurant la<br />
chair de ses dents. Il les suça l’un après l’autre, lentement. Puis<br />
il lui leva le menton et captura ses lèvres. Ce n’était pas le baiser<br />
passionné auquel il l’avait habituée, celui-ci était plus lent, plus<br />
suave, et très doux. Aussi légères qu’un papillon, ses lèvres<br />
butinaient la bouche tremblante de Grace.<br />
Enfin, il s’écarta.<br />
— Tu as encore faim ?<br />
— Oui, souffla-t-elle, pensant à la brûlure qui enflammait<br />
ses reins.<br />
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