Version française - CRP Henri Tudor

que l'on attribue communément à la Commission Européenne. Nous lui devons
reconnaissance. Il faut applaudir quand la Commission appose son sceau sur les
démarches innovantes. Le sixième programme cadre R&D consacre, comme les
précédents, le deuxième mode de production du savoir et s'inscrit en plus dans une
logique d'espace commun. La notion d'espace commun découle également des
principes directeurs de l'innovation. Les nouveaux outils sont les réseaux d'excellence
et les projets intégrés qui consacrent le nouveau paradigme de l'innovation. Dans ce
contexte, nous sommes réellement fiers de capter l'attention sur nos recherches en
méthodologie des réseaux d'innovation et en gestion des connaissances.
INNOVER & ENTREPRENDRE
"- L’intégration de l’entreprise dans de nouveaux espaces et réseaux de Recherche et
Développement" est le premier des huit enjeux génériques identifiés dans une
réflexion prospective initiée par le Ministère de l'Economie ... de la Wallonie 4.
Je ne résiste pas au plaisir de vous livrer trois autres enjeux:
- De nouveaux repères de performance pour l’entreprise face à la montée en
puissance de l’immatériel.
- Une refonte globale de l’éducation et la formation comme vecteurs de la
créativité.
- Un accompagnement des entreprises multiplicateur d’entrepreneuriat et non
l’inverse."
Cet atelier de réflexion wallon évolue d'ailleurs dans une parfaite liberté de penser, ce
qui permet une bonne créativité, ce qui fut d'ailleurs aussi le cas du Rapport Info
2000. Il a été possible d'y développer deux autres arguments de grande portée
concernant l'un la capacité d'innovation de l'Etat et l'autre le mouvement des start-up.
Il faut souligner que ce dernier argument est une retombée directe de
l'expérimentation menée depuis 1998 au sein de l'incubateur high-tech
luxembourgeois. En effet, il est d'usage d'aborder le thème de la création d'entreprises
de technologies innovantes sous l'angle des aides et supports à prodiguer aux
entrepreneurs débutants. Ceci est en effet parfaitement légitime et nous nous battrons
aux côtés des start-up pour améliorer le climat entrepreneurial au Luxembourg. Mais
de là à considérer les entrepreneurs comme des quémandeurs et des assistés, il y a une
démarche parfaitement inacceptable et stupide, souvent blessante pour ceux qui
méritent avant tout notre estime et notre admiration. Au contraire, la vérité est que
le mouvement des start-up constitue une composante majeure, sinon essentielle, de tout
système d'innovation, à l'échelle nationale ou autre. La création récente d'un réseau
d'incubateurs ESINet 5 autour des technologies spatiales procède de la même
inspiration. ESINet se situe à l'intersection de l'Agence Spatiale Européenne et du 6e
programme-cadre de la Commission Européenne. Dans cet espace d'innovation, les
start-up sont censées apporter leurs vertus créatives et les industries aérospatiales
leurs forces établies. Au début des années '90, nous avions déjà qualifié
l'entrepreneuriat high-tech de "dimension manquante" de notre système d'innovation.
La réalité du Technoport confirme au quotidien cette thèse. Nos start-up sont à
l'origine d'un nombre croissant de projets internationaux de recherche, de synergies
4 Réflexion prospective sur les politiques d'entreprises en Wallonie, éléments de vision pour les politiques
d’entreprises à 2020, Premier rapport intermédiaire au 31 mars 2003
R&D et de grappage technologique. Dans un récent appel à idées lancé par le réseau
ESINet en vue d'un projet intégré européen autour des applications du futur système
de positionnement satellitaire Galileo, 3 idées sur un total de 19 idées retenues
émanaient de start-up du Technoport.
C'est peut-être le début d'un conte de fées, supposons qu'une seule start-up soit
valorisée pour une somme qui permettrait de construire un immeuble comme le 29JFK,
mais long de 700 mètres ou qui permettrait de réaliser un parc scientifique sans
intervention financière du public ...
Mon deuxième argument que je n'aurai pas le temps d'aborder en détail est que la
capacité d'innovation de l'Etat - pas seulement dans le sens passif, mais surtout actif
- représente un enjeu hors catégorie pour l'innovation dans nos pays. Il faudra
impérativement que l'exercice du pouvoir politique privilégie les résultats par rapport
aux moyens. Dans la gouvernance publique, l'innovation doit être la finalité, vers
laquelle les moyens doivent converger sans être entravés par des considérations de
pouvoirs domestiques et rivaux. À force d'être écouté, ce message finira par être
entendu!
Faut-il pour autant suivre ce nouveau révolutionnaire, ancien homme d'Etat modéré,
créateur politique d'un célèbre réseau de centres de transfert technologique, et grand
entrepreneur à succès 6? En janvier 2002, il a déclaré à la télévision luxembourgeoise
à peu près ceci: si l'on veut innover, il faut d'abord démolir ("zerschlagen") les vielles
structures. Honnêtement, je pense que dans sa maxime Lothar Spaeth ne vise pas
l'Etat, mais les organisations et entreprises. Mais elle a réveillé des souvenirs. Au
début des années '80, nous étions quelques-uns à vouloir activement la disparition du
Conseil Luxembourgeois pour la Recherche Scientifique qui à force d'occuper le terrain
en surface empêchait à l'époque toute démarche sérieuse pour la recherche publique
au Luxembourg. La toujours excellente loi-cadre de 1987 sur la recherche confirme la
thèse de Lothar Spaeth. Celle-ci pourrait être l'objet d'autres propos académiques.
Aujourd'hui, la politesse me commande de ne pas fouiller davantage dans mes
souvenirs.
Altesse Royale, Excellences, Mesdames, Messieurs, chers entrepreneurs et collègues,
"Mir trauen ons !" Telle sera la devise de toutes celles et de tous ceux qui s'engagent
pour l'innovation.
"Mir trauen ons !"
Audace et confiance.
Je vous remercie de votre attention.
5 ESINET, European Space Incubator Network, lancé en juillet 2002; le Technoport est membre de ce réseau depuis
novembre 2002
6 Il s'agit de Lothar Spaeth, ancien ministre-président du Land de Bade-Wurtemberg, à l'origine avec le Pr Loehn
de la Steinbeissstiftung
RAPPORT ANNUEL 2003 49