courrier international - Index of
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ART ON FILE/CORBIS<br />
28 Courrier <strong>international</strong> | n° 1040 | du 7 au 13 octobre 2010<br />
Amériques<br />
•<br />
Etats-Unis<br />
Un vent nouveau<br />
souffle sur Chicago<br />
Surnommée “le haricot”, cette sculpture monumentale de l’artiste britannique Anish Kapoor reflète la ville de jour comme de nuit.<br />
Située au cœur d’une région<br />
sinistrée, la ville de Chicago a su<br />
rebondir et attirer de nouveaux<br />
habitants. Les initiatives de son<br />
maire, aujourd’hui sur le départ,<br />
y sont pour beaucoup.<br />
MinnPost (extraits) Minneapolis<br />
Q<br />
uand Richard M. Daley a annoncé,<br />
le 7 septembre, qu’il ne se représenterait<br />
pas à la mairie de Chicago<br />
à l’expiration de son sixième mandat,<br />
en mai 2011, sa décision a ébranlé la ville<br />
comme une onde de choc. Lorsqu’il a pris<br />
ses fonctions, en 1989, Chicago se dirigeait<br />
tout droit vers le triste sort qui avait déjà<br />
frappé la plupart de ses voisines de la Rust<br />
Belt [la région industrielle qui s’étend des<br />
Grands Lacs à la côte Atlantique], comme<br />
Detroit, Cleveland ou Buffalo.<br />
L’industrie lourde était en pleine déliquescence<br />
et le népotisme à l’ancienne mis<br />
en place sous Daley père [Richard J. Daley,<br />
maire de Chicago de 1955 à 1976] accélérait<br />
le déclin de la ville. Daley fils, qui avait<br />
47 ans à l’époque de sa première élection,<br />
savait que Chicago avait de beaux restes.<br />
Il ne brillait certainement pas par son éloquence,<br />
mais il avait compris que la ville<br />
ne pouvait pas réussir sans se transformer.<br />
Il brisa donc la vieille machine du népotisme<br />
et invita les grandes entreprises à<br />
contribuer à la gestion et au financement<br />
des projets municipaux. Il s’employa à<br />
abattre les barrières raciales que son père<br />
avait contribué à dresser. Et il commença<br />
à considérer Chicago comme son projet<br />
de rénovation personnel.<br />
Tout en dressant ses plans, Daley gardait un<br />
petit secret qu’il ne révéla jamais explicitement<br />
par crainte des répercussions. Selon<br />
lui, il fallait avant tout attirer des habitants<br />
aisés ou, du moins, des représentants de la<br />
classe moyenne des environs. Sans une<br />
assiette fiscale plus élevée, la ville ne pourrait<br />
jamais rénover les écoles publiques ni<br />
soulager la pauvreté des légions de familles<br />
de cols bleus – en majorité noires – que l’industrie<br />
lourde avait laissées sur le carreau.<br />
Chicago avait à peu près le même problème<br />
que celui que connaissent encore aujourd’hui<br />
les villes jumelles de Minneapolis et<br />
St. Paul (Minnesota). Elle possédait beaucoup<br />
de jolies banlieues boisées au bord du<br />
lac susceptibles d’attirer les riches, mais,<br />
une fois installés, ceux-ci s’empresseraient<br />
de tourner le dos à la ville comme à ses problèmes.<br />
Daley savait qu’il devait regagner<br />
leur intérêt et leur loyauté. Il savait qu’il ne<br />
lui suffirait pas de diriger une ville qui<br />
marche. Chicago devait devenir une ville<br />
dont les gens aisés pourraient tomber<br />
amoureux, où ils pourraient faire leurs<br />
courses, investir et même habiter.<br />
Sa stratégie tint en un mot : la beauté.<br />
Si Chicago veut devenir une ville de classe<br />
<strong>international</strong>e, disait-il souvent, il faut<br />
qu’elle en ait l’air. Il s’efforça donc sans<br />
relâche et sans gêne de l’embellir. Quand<br />
les responsables des infrastructures routières<br />
de l’Illinois lui dirent qu’il ne pouvait<br />
pas retourner Michigan Avenue pour<br />
y planter des arbres et des fleurs, il le fit<br />
quand même. Quand le gouvernement