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8 Courrier international | n° 1040 | du 7 au 13 octobre 2010
Les gens
Hossein Derakhshan
Héros du web
iranien
Le blogueur irano-canadien Hossein
Derakhshan n’aurait pas dû rentrer
en Iran. Après avoir passé deux ans
en prison à Téhéran, celui qui est
considéré comme le pionnier du web
en langue persane vient en effet d’être
condamné à dix-neuf ans et demi de détention.
Il lui a été en outre interdit de s’affilier à toute
organisation politique et de travailler pour la
presse. Il devra enfin s’acquitter d’une amende
de plus de 30 000 euros. Il a en effet été reconnu
coupable d’espionnage au profit d’Israël mais
aussi d’insulte au guide suprême iranien Ali
Khamenei. Des crimes politiques pour lesquels
le procureur de Téhéran a requis la peine de mort
à la mi-septembre.
Hossein Derakhshan s’était rendu célèbre dès
2001 en créant un blog – le premier du monde
persanophone – sous le pseudonyme de Hoder.
Titre : Sardabir : khodam (Rédacteur en chef : moimême,
Editor : myself dans la version
anglophone). Dans la foulée, il avait publié sur
Internet un manuel en persan permettant aux
internautes iraniens de créer leur propre blog.
L’initiative avait rencontré un franc succès.
Et, près de dix ans plus tard, la blogosphère
iranienne est une des plus actives au monde.
Pendant plusieurs années, Hossein
Derakhshan blogua et voyaga hors des
frontières iraniennes, devenant un spécialiste
reconnu d’Internet dans son pays. En 2006,
il se rendit même en Israël pour une
conférence, utilisant pour cela son passeport
canadien [les ressortissants iraniens n’ont
pas le droit de se rendre en Israël].
Issu d’une famille aisée et proche des
conservateurs, Hossein Derakhshan se
rapprocha au fil du temps des réformateurs
iraniens [arrivés au pouvoir en 1997 avec
la victoire de Mohammad Khatami à la
présidentielle]. Depuis son exil, en 2001,
il n’hésita pas à critiquer ouvertement
le gouvernement iranien. Il changea
ensuite progressivement de camp,
jusqu’à soutenir le président
Ahmadinejad. “Derakshan est une
figure controversée de la blogosphère
iranienne”, commente le Los
Angeles Times. “Peu après
son voyage en Israël, il s’est
retourné contre ses anciens
amis réformateurs et est
devenu un fervent
supporteur du président
iranien Mahmoud
Ahmadinejad, suscitant
des spéculations sur le fait qu’il
ait été soit corrompu, soit menacé
par les autorités iraniennes.”
C’est à l’automne 2008, après
plusieurs années d’exil au Canada,
que Derakhshan décida de retourner
dans son pays d’origine. Il prit soin de
s’assurer auprès des autorités
iraniennes qu’il n’aurait pas de soucis
Les autorités ont refusé
d’infirmer ou de confirmer
son incarcération
en rentrant. Il prit même contact avec Press TV,
la chaîne de télévision iranienne en anglais,
qui semblait prête à lui offrir un emploi. Mais
les choses ne se déroulèrent pas comme prévu
et il fut appréhendé par la police le 18 novembre
2008. Sa famille resta sans nouvelles de lui
pendant plusieurs semaines, les autorités
iraniennes refusant d’infirmer ou de confirmer
son arrestation. Au bout de quatre mois, sa
famille apprit qu’il était en vie et placé en cellule
de confinement. C’est là qu’il aurait passé
la majeure partie de ces deux années de prison.
De nombreux blogueurs de toutes tendances
politiques se sont mobilisés pour appeler
à la libération de celui qui reste considéré
comme le blogfather, le père spirituel de tous les
blogueurs iraniens. Et plus de 10 000 personnes
ont déjà signé une pétition demandant
sa libération (www.freetheblogfather.org/).
Hossein
Derakhshan. Dessin
d’André Carrilho,
Lisbonne,
pour Courrier
international.
Ils et elles ont dit Demain célèbre
Silvio Berlusconi, président
du Conseil italien
“La gauche n’arrête pas de
me demander de rentrer
à la maison. Mais le problème,
c’est que j’en ai vingt, je ne
saurais pas laquelle
choisir”, a-t-il plaisanté lors
de la fête de son parti, le
Peuple de la liberté, à Milan.
(La Repubblica, Rome)
Barack Obama, président
des Etats-Unis
“Tu n’as pas envie qu’il soit
tout sourire et faux cul avec
toi. Tu as envie qu’il soit
un peu réticent devant cet
événement.” A propos
de l’attitude un peu blasée
du musicien Bob Dylan venu
chanter à la Maison-Blanche
en février dernier.
(The Independent, Londres)
Wen Jiabao, Premier
ministre chinois
“La Chine n’est pas une
superpuissance. C’est un
pays en voie de
développement”, a-il déclaré
lors de son interview accordée
DR
à CNN. Pour rassurer le public
américain, il a déclaré sa
volonté de coopération entre
les deux pays. Avec plus
de 800 milliards de dollars,
la Chine est la première
détentrice de bons du Trésor
américain. (CNN, Atlanta)
Walid Joumblatt, chef de la
communauté druze du Liban
“Si le sang commence
à couler, le tribunal ne nous
sera plus d’aucune utilité.”
Selon ce politicien jadis
antisyrien qui a changé de
bord, inutile de pointer
du doigt les responsables de
l’assassinat du président Rafic
Hariri, c’est-à-dire le Hezbollah
et la Syrie. Il a décidé “d’oublier
et d’effacer” l’assassinat
de son père Kamal Joumblatt,
imputé à Damas, “pour sauver
les intérêts supérieurs”.
(L’Orient-Le Jour, Beyrouth)
Tifatul Sembiring, ministre
de la Communication et de
l’Information indonésien
“SIDA est l’acronyme
indonésien de ‘causé par le
zizi enfoncé n’importe où’.”
Son post, publié sur Twitter,
a provoqué des protestations.
Il a ensuite expliqué que
chacun était libre d’exprimer
ses opinions et qu’il ne voulait
pas blesser les malades du sida.
(The Jakarta Post, Indonésie)
Son film ne sort aux Etats-Unis que
le 15 octobre, mais son nom circule déjà
à Hollywood et au-delà. Ray Griggs est la sensation
du moment, une sorte de Michael Moore de droite, dixit
The New York Times. Son fait d’armes est d’avoir
produit et réalisé un documentaire coup de poing intitulé
I Want Your Money (Je veux votre argent) pour dénoncer
la politique économique du président Obama. Le film,
dont la bande-annonce a été visionnée par plus de
2 millions d’internautes sur YouTube, alterne les images
chocs, les extraits d’interviews et les images animées.
On peut même y voir Ronald Reagan boxant Obama
sur un ring. Et pour cause : le documentariste préconise
de revenir aux bonnes vieilles recettes réganiennes,
le contrôle des dépenses et la baisse des impôts.
DR