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Quand Oliver fait son apparition au bout du couloir, Hadley est déjà étroitement sanglée dans son
siège, sa ceinture, attachée, et son sac, dûment rangé dans le casier au-dessus de sa tête. Ces sept
dernières minutes, elle les a passées à compter les avions par le hublot et à examiner les motifs sur le
dossier du fauteuil de devant, faisant celle qui ne se préoccupait pas – mais alors pas du tout – du moment
où il allait arriver. À vrai dire, elle l’attendait et, quand il atteint enfin leur rangée, elle se prend à rougir
sans autre raison que de le voir soudain penché au-dessus d’elle avec ce petit sourire en coin qui lui va si
bien. Rien que de le sentir tout près, elle en a des picotements bizarres à l’intérieur, comme de
l’électricité, et elle ne peut s’empêcher de se demander si ça lui fait le même effet.
— Je t’ai perdue avec cette cohue, lui dit-il.
Tout juste si elle réussit à hocher la tête, trop contente qu’il l’ait retrouvée.
Il balance son porte-habits dans le compartiment au-dessus d’eux avant de se glisser prestement dans le
siège du milieu, repliant ses interminables jambes du mieux qu’il peut et coinçant le reste entre des
accoudoirs pas franchement accommodants – pour les grands formats, la classe touriste, ça ne pardonne
pas. Elle le regarde, le cœur chahuté par cette soudaine proximité, tout palpitant de voir avec quel naturel
il s’installe à côté d’elle, se rapprochant sans complexe jusqu’à pratiquement la toucher.
— Je m’assieds juste une minute, la prévient-il, en s’adossant confortablement. Le temps qu’il vienne
quelqu’un.
Elle se rend alors compte que, tout en la vivant, une partie d’elle est déjà en train d’écrire l’histoire
pour ses copines, celle qui raconte comment elle a rencontré ce garçon craquant avec un super accent,
dans l’avion, et comment ils n’ont pas arrêté de parler. Mais l’autre partie, la plus pragmatique,
s’inquiète à l’idée d’arriver au mariage de son père sans avoir dormi. Parce que comment pourrait-elle
dormir avec un tel voisin, surtout quand il est si près ? Son coude frôle le sien et leurs genoux se touchent
presque. Et puis il y a cette odeur enivrante aussi, ce merveilleux mélange masculin de déo et de
shampooing…
Il tire un tas de trucs de sa poche, farfouillant parmi des pièces de monnaie pour finalement en extraire
un bonbon emballé d’un papier tout pelucheux qu’il lui offre poliment avant de le gober.
— Il date de quand, ce machin ? lui demande-t-elle, en fronçant le nez.
— Mathusalem. Je suis pratiquement sûr de l’avoir récupéré au fond d’un vieux bocal, la dernière fois
que je suis rentré à la maison.
— Laisse-moi deviner. Ça faisait partie d’une étude sur le processus de fermentation du sucre au fil du
temps.
Il se marre en silence.
— Quelque chose comme ça.
— Non, sans rire, c’est quoi ton sujet d’étude ?
— Secret Défense, lui répond-il avec le plus grand sérieux. Et, comme tu m’as l’air sympa, je ne