23.06.2013 Views

introduction. - Notes du mont Royal

introduction. - Notes du mont Royal

introduction. - Notes du mont Royal

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

<strong>Notes</strong> <strong>du</strong> <strong>mont</strong> <strong>Royal</strong><br />

www.notes<strong>du</strong><strong>mont</strong>royal.com<br />

Ceci est une œuvre tombée<br />

dans le domaine public, et<br />

hébergée sur « <strong>Notes</strong> <strong>du</strong> <strong>mont</strong><br />

<strong>Royal</strong> » dans le cadre d’un exposé<br />

gratuit sur la littérature.<br />

Source des images<br />

Google Livres


y f 9M,<br />

CONFUCIUS<br />

ET MRNCIUS.


CONFUCIUS<br />

ET MENCIUS.<br />

LES QUATRE LIVRES<br />

DE PHILOSOPHIE BORALE ET POLITIQDE DE LA CHINE<br />

TIADUITS DU CB1W01S<br />

wjtm m. m. PAUVHIBR.<br />

BIBUOTHÊQUESJ. /§ 4 â<br />

ies Fontaines L'i "1 ?i' l ''^' r ^<br />

60500 CHANTILLY U •'•»£$*• 5<br />

PAEIS v "" ;/ "<br />

CHARPENTIER, LIBRAIRE-ÉDITEUR,<br />

S9, RUE RE LILLE, FAIÏB0UEG SAÎNT-GE11AIN.


c. J4 n


INTRODUCTION.<br />

«Toute grande puissance qui apparaît sur la terre y<br />

laisse des traces plus ou inoins <strong>du</strong>rables de sou passade :<br />

des pyramides, des ares de triomphe, des colonnes, des<br />

temples, des cathédrales en portent féinoïgiafge a la pos­<br />

térité. Maïs k>, monuments les pins <strong>du</strong>raMrs. ceux qui<br />

exercent la plus puissante inlluenec sur les destinées des<br />

,lflfioîB ->


2 INTRODUCTION.<br />

Dans un moment où l'Orient semble se réveiller de son<br />

sommeil séculaire au bruit que font les puissances européennes<br />

qui convoitent déjà ses dépouilles^ il n'est peut-<br />

etre fias inutile de faire connaître les te livres <strong>du</strong> plus grand<br />

philosopha moraliste de eetfe nier veilleuse (•outrée. dont<br />

les souvenirs toiiehenl au berceau <strong>du</strong> monde, comme elle<br />

touche au berceau <strong>du</strong> soleil, (1 est le meilleur lia)yen de<br />

parvenir à l'intelligence de l'un des phénomènes le* plus<br />

e x I: r a o r d i n a î r es q ne p r ése 11 f e 1" 1 lî s I o i r e <strong>du</strong> ge 11 r e humain.<br />

En Orient, comme dans la plupart des contrées <strong>du</strong><br />

globe, mais en Orient sur tout, le sol a été sillon né par<br />

do nom b n aises ré v o I u t i ons, par des boule verse n ie 11 f s qui<br />

ont changé la face des empires. Ile grandes nations, de­<br />

puis quatre mille ans, ont paru avec éclat sur celle vaste<br />

scène <strong>du</strong> monde, La plu pari sont descen<strong>du</strong>es dans la<br />

tombe avec les monuments de leur civilisation, ou n oui<br />

laissé que de faibles traces de leur passage : tel est l'an­<br />

cien empire de Darius, dont l'antique législation nous a<br />

été en partie conservée dans les écrits de Zoroaslre, et<br />

dont on elle relie maintenant, à retrouver les curieux et un-<br />

p< )F 111 n t s vestiges d 11 n s I e s i i isc r i p t i o 11 s e u n é i i or n i. e s < le P»a<br />

hv<strong>du</strong>iie et de Perse polis. Tel est celui des Pharaons, qui,<br />

avant de s'ensevelir sous ses éternelles pyramides, a. va if<br />

jeté à la postérité, comme un déii, l'énigme de sa langui*<br />

figurative, dont le génie moderne, après deux mille ans<br />

i le t e n t a t i v e s i n f V rie l u e uses, e< > mm e ne e e n f î t ï à soi i ! e v e r le<br />

voile. Mais d'autres nations, contemporaines de ces grands<br />

empires, ont résisté;, depuis près de quarante siècles, à<br />

toutes les révolutions que la nature et l'homme leur ont


INTRODUCTION. m 3<br />

fait subir. Restées seules debout et immuables quand tout<br />

s'écroulait autour d'elles, elles ressemblent à ces rochers<br />

escarpés que les flots des mers battent depuis le jour de<br />

la création sans pouvoir les ébranler, portant ainsi témoignage<br />

de Fimpuissance <strong>du</strong> temps pour détruire ce qui<br />

n'est pas une œuvre de l'homme.<br />

En effet, c'est un phénomène, on peut le dire, extraordinaire,<br />

que celui de la nation chinoise et de la nation<br />

indienne se conservant immobiles, depuis l'origine la plus<br />

reculée des sociétés humaines, sur la scène si mobile et si<br />

changeante <strong>du</strong> monde ! On dirait que leurs premiers législateurs,<br />

saisissant de leurs bras de fer ces nations à<br />

leur berceau, leur ont imprimé une forme indélébile, et<br />

les ont coulées, pour ainsi dire, dans un moule d'airain,<br />

tant l'empreinte a été forte, tant la forme a été <strong>du</strong>rable !<br />

Assurément, il y a là quelques vestiges des lois éternelles<br />

qui gouvernent le monde.<br />

La civilisation chinoise est, sans aucun doute, la plus<br />

ancienne civilisation de la terre. Elle re<strong>mont</strong>e authentiquement,<br />

c'est-à-dire par les preuves de l'histoire chincîise f ,<br />

jusqu'à deux mille six cents ans avant notre ère. Les documents<br />

recueillis dans le Chou-king ou Livre par excellence<br />

2 , surtout dans les premiers chapitres, sont les do-<br />

1 On peut consulter à ce sujet notre Description historique, géogra -<br />

phique et littéraire de la Chine, t. I, p. 32 et suiv. F. Didot frères,<br />

1837.<br />

1 Voyez la tra<strong>du</strong>ction de ce livre dans les Livres sacrés de l'Orient<br />

que nous avons publiés chez MM. F. Didoî, en un fort vol. in-8°<br />

à deux colonnes, d'où la tra<strong>du</strong>ction que nous donnons ici des<br />

Quatre Livres a été tirée.


à INTRODUCTION.<br />

cuments les plus anciens de l'histoire des peuples, fl est<br />

vrai que leCkou-king fut coordonné par KHOUNG-FOU-TSEU<br />

(CoNFUctus) dans la seconde moitié <strong>du</strong> sixième siècle<br />

avant notre ère *; mais ce grand philosophe^ qui avait un<br />

si profond respect pour l'antiquité, n'altéra point les do­<br />

cuments qu'il mit en ordre. D'ailleurs, pour les sinolo­<br />

gues, le style de ces documents, qui diflére aillant <strong>du</strong> stvle<br />

moderne que le style des Douze Tables dill'ere de celui de<br />

Cicéron, est une preuve suffisante de leur ancienneté.<br />

€e qui doit profondément étonner à la lecture de ce<br />

beau monument de l antiquité, c'est la haute. raison, le<br />

sens éminemment moral qui y respirent. Les auteurs de<br />

ce livre, et les personnages dans la bouc lie desquels sont,<br />

places les discours qu'il contient, devaient, à une époque<br />

sï reculée, posséder une grande culture morale, qu'il se­<br />

rait di liic îie de. surpasser, nie nie de nos jours. (Jette<br />

grande culture morale, dégagée de tout antre mélange<br />

impur que celui de la croyance aux îndîees des sort s. est<br />

un lait ires-i ni portant pour i "histoire de l'humanité: car,<br />

ou cette grande culture morale était le fruit d'une civilisa­<br />

tion déjà avancée, ou c'était le pro<strong>du</strong>it spontané d'une<br />

nature éminemment droite et reliée!no : dans l'un et<br />

l'autre cas, le fait n'en est pas riioiris digne des méditations<br />

<strong>du</strong> philosophe et de l'historien.<br />

Les idées conte nues dans le Chou-kivg sur la Divinité.<br />

sur rînituence bienfaisante qu'elle exerce constamment<br />

dans les événements <strong>du</strong> monde, sont très-pures et dignes<br />

1 Voyez la Préface <strong>du</strong> P. Gaubil, p. 1 el suiv.


INTRODUCTION. 5<br />

en tout point de la plus saine philosophie. On y remarqua<br />

surtout l'intervention constante <strong>du</strong> Ciel ou de la Raison<br />

suprême dans les relations des princes avec les populations^<br />

ou des gouvernants avec les gouvernés; et cette interven­<br />

tion est toujours en faveur de ces derniers^ c'est-à-dire <strong>du</strong><br />

peu p 1 e » L'exe re i e e de I a sou v e ni i 11 e f é. c j 11 i < I an s n os so c t o f es<br />

modernes ir'est le plus souvent que l'exploitation <strong>du</strong> plus<br />

grand nombre au profit de quelques-uns. n'est, dans le<br />

Chou-king, que l'accoi Iï pli sse i t iei it re ! igieo x d'un i j ta m la t<br />

céleste au profit de tous, qu'une noble et grande mission<br />

con fi ée ai i pi u s 11 e v o u é e t a u plus d i gn e, c ! c j 11 i e f a U i v I i r ee d< • s<br />

1 a us l ai 11 q ne le i n a n d a t a i r e 111 a ncj 11 a î t h so n m a n d a t. N u lie<br />

part peut-être les droits et les devoirs respectifs des rois et<br />

des {>e u pies, c 1 \ i s gon ve r nan f s e I d es gon vernes, n "oi 11 é te e n -<br />

se ignés d'une manière aussi élevée, aussi digne, aussi con­<br />

forme à la raison. C'est bien la qu'est couramment mise<br />

en p ra t i q i i e e e fie grau c le 11i a x i rn e de la démocratie 111 o-<br />

deroe : vox populi^ ivx Lki> « la voix <strong>du</strong> peuple est la<br />

voix de Dieu. » Cette maxime se maniiez le parfont, mais<br />

on la trouve ainsi formulée à la lin <strong>du</strong> e lia pitre Kao-yao-<br />

trio, § T (p. eO (les Livrer sacrés de l'Orient ) :<br />

K Ce que le Ciel voit et en tend u est que ee que le<br />

« pe 11 p I e v y i t t. 1 1 e i î l e ri il, C < ' q n c J e 11 e u p I \ * j 11 g»» digne de<br />

« récompense et de punit ton est ee que le Ciel vent pti-<br />

« nir ut récompenser. 11 y a une eoimimni*silien infime<br />

a entre le Ciel et le peuple, y ne ceux qui go U.UTO eut les<br />

« pe u p le s so i e n t don e J I 1 te i 11 i î s i * t ré se r v é s. » 0 î i la I r u u v e<br />

aussi formulée, de cette manière dans le /.-.'-///o ou la<br />

Orand'.' f'Ju'l'.' , *b. s -. g :> 4 ! " "^ <strong>du</strong> pre-sit velues ; i<br />

t.


f» INTRODUCTION.<br />

« Obtiens l'affection <strong>du</strong> peuple, et tu obtiendras l'em-<br />

« pire;<br />

& Perds l'affection <strong>du</strong> peuple,, et tu perdras l'empire. ©<br />

On ferait plusieurs volumes si l'on voulait recueillir<br />

tous les axiomes semblables qui sont exprimés dans les<br />

livres chinois, depuis les plus anciens jusqu'aux plus modernes;<br />

et, rions devons le dire, on ne trouverait pas dans<br />

tous les écrivains politiques et moraux de la Chine, bien<br />

plus nombreux que partout ailleurs, un seul apôtre de la<br />

tyrannie et de l'oppression, un seul écrivain qui ait eu<br />

l'audace, pour ne pas dire l'impiété, de nier les droits de<br />

ton s aux dons d e 1H < ? 11, e est -à-d î re a u x a v a n f a ges qui résultent<br />

de la réunion de l'homme en société, et de les revendiquer<br />

au profit d'un seul ou d'un petit nombre. Le<br />

pouvoir le plus absolu que les écrivains politiques et les<br />

moralistes chinois aient reconnu aux chefs <strong>du</strong> gouvernement<br />

n'a jamais été qu'un pouvoir délégué par le Ciel on<br />

la Raison suprême absolue, ne pouvant s'exercer que dans<br />

fi n ter é t de f o us, pour le- bien < le toit s. t • t j a 111 a i s dan s 1 i n -<br />

téréf d'un seul et, pour le bien d'un seul. Des limites morales<br />

infranchissables sont posées à ee pouvoir absolu; et<br />

s'il lui arrivait de les dépasser, d'enfreindre ces lois morales,<br />

d'abuser de son mandat, alors, comme l'a dit un<br />

célèbre philosopbe chinois <strong>du</strong> douzième siècle de notre<br />

ère, Tciiou-iii, dans son Commentaire sur le premier<br />

des Quatre Livres classiques de la Chine (voyez p. 58 ),<br />

enseigné dans toutes les écoles et les collèges de l'empire,<br />

le peuple serait dégagé de tout respect et de tonte obéissauce<br />

envers ce mémo pouvoir, qui serait détruit hume-


INTRODUCTION. 7<br />

diatementj pour faire place à un autre pouvoir légitime,<br />

c'est-à-dire s'exerçant uniquement dans les intérêts de<br />

tous. v<br />

Ces doctrines sont enseignées dans le Chou-king ou le<br />

Livre sacré par excellence des Chinois, ainsi que dans les<br />

Quatre Livres classiques <strong>du</strong> grand philosophe KHOI-JNG-<br />

TSEU cl: de ses disciples, dont rions don rions dans ce volume<br />

il ne t rad nef ion coniplM:e et ai issï 1 i I îéral e (|ne pc>ssi hk*. Ces<br />

livres, révérés à l'égal des livres les pins révérés dans<br />

d'antres parties <strong>du</strong> monde, et qui ont reçu la sa ne lien de<br />

générations et de populations immenses, forment la hase<br />

tin droit publie; ils ont été expliqués et commentés par<br />

les philosophes et les moralistes les plus célèbres, et ïh<br />

sont continuellement clans les mains de tons ceux qui,<br />

tout en voulant orner leur intelligence, désirent encore<br />

posséder la connaissance de ces grandes vérités morales<br />

qui font seules la prospérité et la félicité des sociétés humaines.<br />

KHOUNG-FOU-TSEU [que les missionnaires européens, en<br />

le faisant connaître et admirer à l'Europe, nommèrent<br />

Confucius, en latinisant son nom] fut, non pas le premier,<br />

mais le plus grand législateur de la Chine. C'est lui quj<br />

recueillit et mit en ordre, dans la seconde moitié <strong>du</strong> sixième<br />

siècle avant notre ère, tous les documents religieux, philosophiques,<br />

politiques et moraux qui existaient de son<br />

temps, et en forma un corps de doctrines, sous le titre de<br />

Y-kingf ou Livre sacré des permutations; Chou-king, ou<br />

Livre sacré par excellence ; Cki-kingf ou Livre des Vers;<br />

Li-ki} ou Livre des Rites, Les Sse~chou, ou Quatre Livres


8 INTRODUCTION.<br />

classiques, sont ses dits et ses maximes recueillis par ses<br />

disciples. Si l'on peut juger de la valeur d'un homme et<br />

de la puissance de ses doctrines par l'influence qu'elles ont<br />

exercée sur les populations, on peut, avec les Chinois*<br />

appeler RBOUNG-TSEU le plus grand Instituteur <strong>du</strong> genre<br />

humain que les siècles aient jamais pro<strong>du</strong>it!<br />

En effet, il suffit de lire les ouvrages de ce philosophe,<br />

composés par lui ou recueillis par ses disciples, pour être<br />

de ravis des Chinois. Jamais la raison humaine n'a été<br />

plus dignement représentée. On est vraiment étonné de<br />

retrouver dans les écrits de KHOUNG-TSEU l'expression d'une<br />

si haute et si vertueuse intelligence, en même temps que<br />

celle d'une civilisation aussi avancée. C'est surtout dans le<br />

Lùn-yu ou les Entretiens philosophiques que se manifeste<br />

la belle âme de IHOUNG-TSEU. Où trouver, en effet, des<br />

maximes plus belles, des idées plus nobles et plus élevées<br />

que dans les livres dont nous publions la tra<strong>du</strong>ction? On<br />

ne doit pas être surpris si les missionnaires européens, qui<br />

les premiers firent connaître ces écrits à l'Europe, conçurent<br />

pour leur auteur un enthousiasme égal à celui des<br />

Chinois.<br />

Ses doctrines étaient simples et fondées sur la nature<br />

de l'homme. Aussi disait-il à ses disciples : « Ma doctrine<br />

est simple et facile à pénétrer *.» Sur quoi l'un d'eux ajoutait<br />

: « La doctrine de notre maître consiste uniquement<br />

« à posséder la droiture <strong>du</strong> cœur et à aimer son prochain<br />

s comme soi-même 2 . »<br />

1 Lûn-yù, chap. iv, § 15.<br />

1 Id„ | ÎC.


INTRODUCTION. 9<br />

Cette doctrine, il ne la donnait pas comme nouvelle,<br />

mais comme un dépôt traditionnel des sages de l'antiquité,<br />

qu'il s'était imposé la mission de transmettre à la postérité<br />

f . Cette mission, il l'accomplit avec courage, avec<br />

dignité, avec persévéranée. niais non sans éprouver de<br />

profonds découragements et de* mortelles Iriste.sses. I!<br />

faut donc fjiir* partout ceux qui se dévouent, an bonheur<br />

de l'humanité s'attendent à hein» le eaîiee d amertimio,<br />

le plus souvent jusqu'à la lie, connue s'ils devaient e\picr<br />

par ton les les sou lira nées lin mai ries les dons supérieurs<br />

dont leur àuieauiîf etedottêr pour ueeoinpiir leur mission<br />

divineî<br />

ilviie. mission (Vfustifutvi/r <strong>du</strong> genre humain, le philo­<br />

sophe chinois l'accomplit, disons-nous, dans toute son<br />

éten<strong>du</strong>e, et bien autrement qu'aucun philosophe de l'antiquité<br />

classique. Sa philosophie ne consistait pas en<br />

spéculations plus ou moins vaines, mais c'était une philosophie<br />

surtout pratique, qui s'étendait à toutes les conditions<br />

de la vie, à tous les rapports de l'existence sociale.<br />

Le grand but de cette philosophie, le but pour ainsi dire<br />

unique, était l'amélioration constante de soi-même et des<br />

autres hommes ; de soi-même d'abord, ensuite des autres.<br />

L'amélioration ou le perfectionnement de soi-même est<br />

d'une nécessité absolue pour arriver à l'amélioration et au<br />

perfectionnement des autres. Plus la personne est en évidence,<br />

plus elle occupe un rang élevé, plus ses devoirs<br />

d'amélioration de soi-même sont grands; aussi KHOUNG-<br />

1 Lûn~yù, chap. vu, § I, 19.


10 INTRODUCTION.<br />

TSEU considérait-il le gouvernement des hommes comme<br />

la plus haute et la plus importante mission qui puisse être<br />

conférée à un mortel, comme un véritable mandat céleste.<br />

L'étude <strong>du</strong> cœur humain ainsi que l'histoire lui avaient<br />

appris que le pouvoir pervertissait les hommes quand ils<br />

ne savaient pas se défendre de ses prestiges, que ses tendances<br />

permanentes étaient d'abuser de sa force et d'arriver<br />

à l'oppression. C'est ce qui donne aux écrits <strong>du</strong> philosophe<br />

chinois, comme à tous ceux de sa grande école, un<br />

caractère si éminemment politique et moral. La vie de<br />

KHOUNG-TSEU se consume en cherchant à donner des enseignements<br />

aux princes de son temps, à leur faire connaître<br />

leurs devoirs ainsi que la mission dont ils sont chargés<br />

pour gouverner les peuples et les rendre heureux.<br />

On le voit constamment plus occupé de prémunir les<br />

peuples contre les passions et la tyrannie des rois que les<br />

rois contre les passions et la turbulence des peuples; non<br />

pas qu'il regardât les derniers comme ayant moins besoin<br />

de connaître leurs devoirs et de les remplir, mais parce<br />

qu'il considérait les rois comme seuls responsables <strong>du</strong><br />

bien et <strong>du</strong> mal qui arrivaient dans l'empire, de la prospérité<br />

ou de la misère des populations qui leur étaient<br />

confiées. 11 attachait à l'exercice de la souveraineté des<br />

devoirs si éten<strong>du</strong>s et si obligatoires, une influence si vaste<br />

et si puissante, qu'il ne croyait pas pouvoir trop éclairer<br />

ceux qui en étaient revêtus des devoirs qu'ils avaient à<br />

remplir pour accomplir ' convenablement leur mandat.<br />

C'est ce qui lui faisait dire : « Gouverner son pays avec la<br />

« vertu et la capacité nécessaires, c'est ressembler à


INTRODUCTION. 1!<br />

ce Tétoile polaire, qui demeure immobile à sa place, tance<br />

dis que toutes les autres étoiles circulent autour d'elle<br />

« et la prennent pour guide *. »<br />

Il avait une foi si vive dans l'efficacité des doctrines<br />

qu'il enseignait aux princes de son temps, qu'il disait :<br />

« Si je possédais le mandat de la royauté, il ne me<br />

• ci faudrait pas plus d'une génération pour, faire régner<br />

« partout la vertu de l'humanité 2 . »<br />

Quoique la politique <strong>du</strong> premier philosophe et législateur<br />

chinois soit essentiellement démocratique, c'est-à-dire<br />

ayant pour but la culture morale et la félicité <strong>du</strong> peuple,<br />

il ne faudrait pas cependant prendre ce mot dans l'acception<br />

qu'on-lui donne habituellement. Rien ne s'éloigne<br />

peut-être plus de la conception moderne d'un gouvernement<br />

démocratique que la conception politique <strong>du</strong> philosophe<br />

chinois. Chez ce dernier, les lois morales et politiques<br />

qui. doivent régir le genre humain sous le triple rapport<br />

de l'homme considéré dans sa nature d'être moral perfectible,<br />

dausses relations de famille, et comme membre de<br />

la société, sont des lois éternelles, immuables, expression<br />

vraie de la véritable nature de l'homme, en harmonie<br />

avec toutes les lois <strong>du</strong> monde visible, transmises et<br />

enseignées par des hommes qui étaient eux-mêmes la<br />

% plus haute expression de la nature morale de l'homme,<br />

soit qu'ils aient dû cette perfection à une faveur spéciale<br />

<strong>du</strong> ciel, soit qu'ils l'aient acquise par leurs propres efforts<br />

-pour s'améliorer et se rendre dignes de devenir les insti-<br />

* Lûttryù, chap. H, j t.<br />

* M., chap. XIII, { 12. •


42 INTRODUCTION.<br />

tuteurs <strong>du</strong> genre humain. Dans tous les cas5 ces lois ne<br />

pouvaient être parfaitement connues et enseignées que<br />

par un très-petit nombre d'hommes* arrivés à la plus haute<br />

culture morale de l'intelligence à laquelle il soit donné à<br />

la nature humaint.» d atteindre» et qui aient dévoué lotir<br />

vif tout entière oi sans réserve a la mission noble et sainte<br />

do l'enseignement politique pour io bonheur do J lut nia-<br />

riite. Ces! donc la réalisation dos lois rt ion dos ot politiques<br />

qui peuvent constituer véritablement la société ot assurer<br />

la rt.*lic^t!


INTEODUCTION. 13<br />

et droit f . C'est la réalisation des lois éternelles qui doivent<br />

faire le bonheur de l'humanité, et que les plus hautes<br />

intelligences, par une application incessante de tous les in­<br />

stants de leur vie. sont seules capables de connaître et d'en­<br />

seigner ûiix hommes. Au contraire, le gouvernement,<br />

dans la conception moderne, n'est plus qu'un acte à I;<br />

portée de tout le monde, auquel (oui le monde vent pren­<br />

dre part, comme h la chose la pins triviale et la plus vul­<br />

gaire, et k laquelle on n'a pas besoin d'être préparé JKIî<br />

le moindre travail intellectuel et mur al.<br />

Pour faîro mieux comprendre les doctrines morales e<br />

politiques <strong>du</strong> philosophe chinois, nous pensons qu'il ne<br />

sera pas inutile de présenter ici un eourf aperçu des. {hjafre<br />

Livres classiques dont non* donnons la tra<strong>du</strong>ction.<br />

I » L ë T A-ii 10 o u i A G il A x DK En ' n K. -eu, Le texie,<br />

proprement dît, est fort court 11 est. nennmé A'in y ou<br />

L ivre par exeeilen ce ; î na i s t e l q i f i î est} cependant,


14 INTRODUCTION.<br />

morales, mais qui est déjà passée à l'état scientifique. L'art<br />

est ici trop évident pour que Ton puisse attribuer Tordre<br />

et l'enchaînement logique des propositions à la méthode<br />

naturelle d'un esprit droit qui n'aurait pas encore eu conscience<br />

d'elle-même. On peut donc établir que l'argument<br />

nommé sortie était déjà connu en Chine environ deux<br />

siècles avant Aristote, quoique les lois n'en aient peut-être<br />

jamais été formulées dans cette contrée par des traités<br />

spéciaux *.<br />

Toute la doctrine de ce premier traité repose sur un<br />

grand principe auquel tous les autres se rattachent et dont<br />

Ils découlent comme de leur source primitive et naturelle :<br />

le perfectionnement de soi-même» Ce principe fondamental,<br />

le philosophe chinois le déclare obligatoire pour tous les<br />

hommes, depuis celui qui est le plus élevé et le plus puissant<br />

jusqu'au plus obscur et au .plus faible ; et il établit<br />

que négliger ce grand devoir, c'est se mettre dans l'impossibilité<br />

d'arriver à aucun autre perfectionnement moral.<br />

Après avoir lu ce petit traité, on demeure convaincu<br />

que le but <strong>du</strong> philosophe chinois a été d'enseigner les devoirs<br />

<strong>du</strong> gouvernement politique comme ceux <strong>du</strong> perfectionnement<br />

de soi-même et de la pratique de la vertu par<br />

tous les hommes.<br />

2° LE TCHOUNG-YOUNG, OU L'INVARIABILITé DANS LE MI­<br />

LIEU. Le titre de cet ouvrage a été interprété de diverses<br />

manières par les commentateurs chinois. Les uns l'ont<br />

* Voyez l'Argument philosophique de l'édition ehinoise-iatim el<br />

française que nous avons donnée de cet ouvrage. Paris, 1837.<br />

Grand' in-8°.


INTRODUCTION. 15<br />

enten<strong>du</strong> comme signifiant la persévérance de la con<strong>du</strong>ite<br />

dans une ligne droite également éloignée des extrêmes,<br />

c'est-à-dire dans la voie de la vérité que Ton doit constamment<br />

suivre; les antres font considéré comme signifiant<br />

tenir le milieu en se conforma ni aux temps et aux circon­<br />

stances, ee qui nous paraît contraire à la doctrine expri­<br />

mée clans ee livre, qui est d'une nature aussi métaphy­<br />

sique que morale. 7We~ssc,qtu le rédigea, était petit.-lils et<br />

disciple de KiiorNG-TSi'X. Un vuiK à la lecture <strong>du</strong>re traité,<br />

que '/ seu-sse von lut exposer les principes mé lapin siques<br />

des doctrines de son maître, et <strong>mont</strong>rer que ecs doctrines<br />

11'é f a ï e n t pa s de simples // / v : eepi es do g m ai iq a es p n i se s d a i i s<br />

le senti nient et. la raison, et qui seraient par conséquent<br />

pinson moins obligatoires selon la manière de sentir et de<br />

rai so 11 n e r, mais b i e j i ûvs princ ipes moto plu/ s iq a es I < > n d es<br />

sur la nature de l'homme et les lois éternelles <strong>du</strong> nu an le.<br />

Ce c a r a e t è re é 1 e v é, c j n i domine tout 1 e 7 ):h au a g-y a ?/////, et<br />

que des écrivains modernes, ù\n\ mérite supérieur d'ail­<br />

leurs l ? n'ont pas voulu reconnaître dans les écrits des phi­<br />

losophes chinois, place ee traité de morale métaphysique<br />

au premier rang dos écrits de ee genre que nous a légués<br />

l'antiquité. On peut certainement le met Ire à coté, sinon<br />

au-dessus de tout ce que la philosophie ancienne nous<br />

a laissé de plus élevé et de plus pur. On sera même<br />

frappé, en le lisant, de l'analogie qu'il présente, sons cer­<br />

tains rapports, avec* les doctrines morales de la philo­<br />

sophie stoïque euseignéeN par Kpieièle et Marc-Aui'èle,<br />

i Voyez les Histoires de la philosophie ancienne de Uegcl el de<br />

H. Rittcr.


16 1NTE0DUCTI0N.<br />

en même temps qu'aiee la métaphysique d'Aristote.<br />

On peut se former une idée de son contenu par l'analyse<br />

sommaire que nous allons en donner d'après les commentateurs<br />

chinois.<br />

Dans le premier chapitre* Tseu-sse expose les idées<br />

principales de la doctrine de son maître -KHOUNG TSEU,<br />

qu'il veut transmettre à la postérité. D'mbord il fait voir<br />

que la voie droite, ou la règle de con<strong>du</strong>âe morale, qui<br />

oblige tous les hommes* a sa base fondamentale dans le<br />

ciel* d'où elle tire son origine* et qu'elle ne peut changer ;<br />

que sa substance véritable* son essence propre* existe<br />

complètement en nous* et qu'elle ne peut en être séparée;<br />

secondement* il parie <strong>du</strong> devoir "de conserver cette règle<br />

de con<strong>du</strong>ite morale•, de l'entretenir* de l'avoir sans cesse<br />

sous les yeux; enfin il dit que les saints hommes* ceux qui<br />

approchent le plus de l'intelligence divine* type parfait de<br />

notre imparfaite intelligence* l'ont portée par leurs œuvres<br />

à son dernier degré de perfection.<br />

Dans les dix chapitres qui suivent* Tseu-sse ne fait*<br />

pour ainsi dire* que des citations de paroles de son maître<br />

destinées à corroborer et à compléter le sens <strong>du</strong> premier<br />

chapitre. Le grand but de cette partie <strong>du</strong> livre est<br />

de <strong>mont</strong>rer que la prudence éclairée, Y humanité ou la bien-<br />

' veillance universelle pour tes hommes, la force d'âme, ces<br />

trois vertus universelles et capitales, sont comme la porte<br />

par laquelle on doit entrer dans la voie droite que doivent<br />

suivre tous les hommes; c'est pourquoi ces vertus ont été<br />

traitées dans la première partie de l'ouvrage (qui comprend<br />

les chapitres % 3* -4* 5* 6* 7, 8, 9, 10 et * I).


INTRODUCTION. 17<br />

Dans le douzième chapitre, Tseursse cherche à expli­<br />

quer le sens de cette expression <strong>du</strong> premier chapitre^ où<br />

•M est dit que la voie droite ou la règle de con<strong>du</strong>ite morale<br />

de Vhomme est tellement obligatoire^ que l'on ee peut s'en<br />

écarter d'un seul point un seul instant. Dans !


18 INTRODUCTION*<br />

« a dans le monde que les hommes souverainement parce<br />

faits qui puissent connaître à fond leur propre nature,<br />

« la loi de leur être et les devoirs qui en dérivent; pouce<br />

vant connaître à fond la loi de leur être et les devoirs qui<br />

« en dérivent, ils peuvent, par cela nié oie, connaître à fond<br />

« la nature des autres hommes, la loi de leur être, et leur<br />

« enseigner tous les devoirs qu'ils ont à observer pour ae-<br />

« euiupiir le mandat <strong>du</strong> eiel » Voilà les hommes parfaits,<br />

les saints, c'est-à-dire eenx. qui sont arrivés à la perfection,<br />

constitués les instituteurs des autre» bannies Jes seuls capa­<br />

bles de leur enseigner leurs devoirs et de les diriger dans la<br />

droite vuie, la voie de ia perfection morale. Mais Tseu-sse<br />

ne borne point là les facultés de eenx qui sont parvenus à<br />

Yà perfection. Suivant le procédé logique que nous avons<br />

signalé précédemment;, il <strong>mont</strong>re que les hommes arrivés à<br />

la pet 'feci t'oit 11 é v e I oppen1 leurs faeu 1 tes j usq u a 1 e u r pi us<br />

baille puissance^ assimilent aux pouvoirs supérieurs de la<br />

nature, et, s'absorbent finalement en eux. « Pouvantcon-<br />

« naître à foiai ajoute-t-il, la nature des autres hommes,<br />

« la loi de leur être, et leur enseigner les devoirs qu'ils<br />

« ont. à observer pour accomplir le mandat <strong>du</strong> ciel, ils<br />

« peuvent, par cela même, connaître à fond la nature des<br />

« antres êtres vivants et végétants,, et leur faire accomplir<br />

« leur loi de vitalité selon leur propre nature; pouvant<br />

M connaître à fond la. nature des êtres vivants et végé­<br />

ta lants, et leur faire accomplir leur loi de vitalité selon<br />

a leur propre nature, ils peuvent, par cela même, au<br />

a moyeu de leurs facultés intelligentes Mipérieures, aider<br />

a te eiel et la Icare dans la tran.-.aormation et lenircticn


• même, constituer un troisième pouvoir avec le ciel et<br />

; la terre, » Voilà la loi <strong>du</strong> ciel.<br />

Mais, selon Tseu-sse (chap. XXW-XXIV), il y a clïiïé-<br />

jrcnts degrés de perfection. Le plus haut degré est à peine<br />

compatible avec la nature humaine, ou plutôt ceux qui<br />

|font atteint sont devenus supérieurs à la nature humaine.<br />

Ils peuvent prévoir l'avenir, la destinée des nations, leur<br />

élévation, leur chute, et ils sont assimilés aux infellîgen-<br />

pes immatérielles, aux êtres supérieurs à Illumine. €e-<br />

bendant ceux qui atteignent un degré de perfection moins<br />

levé, plus accessible à la nat ère de l'homme (chap. XX1 II ),<br />

ipèrent un grand bien clans le inonde par la salutaire In—<br />

luence de leurs bons exemples. On doit donc s'efforcer<br />

l'atteindre à ce second degré de perfection.<br />

i..:.- parfait (chap. XXV) est par lui-même pariait, aie<br />

-\u: h loi <strong>du</strong> devoir est par elle-même loi <strong>du</strong> de-<br />

i,i- par fait est le comme née nient et la fin de tous les<br />

!é rc r 1 < i bien<br />


20 INTE0DUCT10N.<br />

ce mes. » Ici le philosophe chinois exalte tellement la puissance<br />

de l'homme parvenu à la perfection, qu'il l'assimile<br />

à celle <strong>du</strong> ciel et de la terre (chap. XXVI et XXVM). C'est<br />

un caractère propre à la philosophie de l'Orient*, et que<br />

l'on ne retrouve point dans la philosophie de l'antiquité<br />

classique, d'attribuer à l'homme parvenu à la perfection<br />

philosophique des pouvoirs surnaturels qui le placent au<br />

rang des puissances surhumaines.<br />

Tseu-sse, dans le vingt-neuvième chapitre de son livre,<br />

est amené, par la méthode de dé<strong>du</strong>ction, à établir que les<br />

lois qui doivent régir un empire ne peuvent pas être proposées<br />

par des sages qui ne seraient pas revêtus de la dignité<br />

souveraine, parce qu'autrement, quoique excellentes,<br />

elles n'obtiendraient pas <strong>du</strong> peuple le respect nécessaire à<br />

leur sanction, et ne seraient point observées. Il en conclut<br />

que cette haute mission est réservée au souverain, qui<br />

doit établir ses lois selon les lois <strong>du</strong> ciel et de la terre, et<br />

d'après les inspirations des intelligences supérieures. Mais<br />

voyez à quel rare et sublime condition il accorde le droit<br />

de donner des institutions aux hommes et de leur commander!<br />

ce Il n'y a* dans l'univers (chap. XXXI) que<br />

«l'homme souverainement saint qui, par la faculté de<br />

ce connaître à fond et de comprendre parfaitement les lois<br />

« primitives des êtres vivants, soit digne de posséder l'aucc<br />

torité souveraine et de commander aux hommes ; qui,<br />

ce par sa faculté d'avoir une âme grande, magnanime, affa-<br />

1 Voyez aussi notre tra<strong>du</strong>ction des Essais de Colebrooke sur la<br />

Philosophie des Hindous. î vol. in-8°.


-<br />

INTRODUCTION. 21<br />

ce ble et douce^ soit capable de posséder le pouvoir de ré-<br />

« pandre des bienfaits avec profusion; qui, par sa faculté<br />

s d'avoir une âme élevée, ferme^ imperturbable et con-<br />

« s tante, soit capable (k" faire régner la justice et l'équité;<br />

« qui, par sa faculté efrire toujours lic»iinc!c% simple,<br />

'( grave, droit et juste» soi* capable de s'attirer k* respect<br />

« et la v é n é n il km; qui, par sa I a i i i ! I < ; d * r 1i v e r e v è Un les<br />

u or nei iiei ils de 1 esprit et des talents q tu M Ion ne une élude,<br />

« assi<strong>du</strong>e, et de ees lainières que procure une exaete irt-<br />

« vestïgafîoii des choses les plus eue liées, des principes<br />

« I es pli i s su h 11 ! s, soit e a j >a 1 >1 e d e d i se e r i ) e r a v ce ( • x a«'lit n de<br />

es I e v raî d u la u x, 1 e 11 i e 11 d n n i a I. »><br />

Il ajoute : « Que cet hem nie souveraine! rient sain! ap~<br />

« paraisse avec ses vertus, ses facultés puissantes, et les<br />

i( peuples ne n i a n q u e n > n i pas 11 e lui ! é n i < > i e* net* leur v t ; 1i1 ; -<br />

« ration; qu'il parle, et ies peuples ne manqueront pas<br />

« d'avoir foi en ses paroles; qu'il agisse, ei les peuples ne<br />

e ïnonqlieront pas d'être dans la joie... Partout où les<br />

« vaisseaux, et les chars peuvent parvenu", on I -s loreosde<br />

« Un ci usf rie humaine peuvent tain: pénéirer, dans tous<br />

« les lieux que le ciel couvre de sou dais immense, sur<br />

« tons les points que la terre enserre, que le soleil et la<br />

« lune éclairent de leurs rayons, que la rusée cl les nua-<br />

« ges cl n matin fertilisent, fous les rires humains qui vi-<br />

u Yen t e t q 11 i re s p i r< : n 1.1 ï c » p e u v e n t m a n q u e r de ï a i 111 e r e I,<br />

« de le révérer. »<br />

Il a i s c e n *es I pas luit! «rétro se u v cru ï. 11 c m ^ < > u v e n t e i • : i I î a u i<br />

encore être somêrainement pur fait (chap. XXXII), pour


21 ' INTRODUCTION.<br />

pouvoir distinguer et fixer les devoirs des hommes entre<br />

eux. La loi de l'homme souverainement parfait ne peut<br />

être connue que par l'homme souverainement saint ; la<br />

vertu de l'homme souverainement saint ne peut être pratiquée<br />

que par l'homme souverainement parfait : il faut<br />

donc être l'un et l'autre pour être digne de posséder l'autorité<br />

souveraine.<br />

3° Le LUN-YU, ou les ENTIETIENS PHILOSOPHIQUES. La<br />

lecture de ces Entretiens philosophiques de RHOUNG-TSEU<br />

et de ses disciples rappelle^ sous quelques rapports, les<br />

dialogues de Platon, dans lesquels Socrate, son maître,<br />

occupe le premier plan, mais avec toute la différence des<br />

lieux et des civilisations. Il y a assurément beaucoup moins<br />

d'art, si toutefois il y a de Fart, dans les .entretiens <strong>du</strong><br />

philosophe chinois, recueillis par quelques-uns de ses<br />

disciples, que dans les dialogues poétiques <strong>du</strong> philosophe<br />

grec. On pourrait plutôt comparer les dits de RHOUNG-<br />

TSEU à ceux de Socrate, recueillis par son autre disciple<br />

Xénophon. Quoi qu'il en soit, l'impression que l'on<br />

éprouve à la lecture des Entretiens <strong>du</strong> philosophe chinois<br />

avec ses disciples n'en est pas moins grande et moins<br />

profonde, quoiqu'un peu monotone peut-être. Mais cette<br />

monotonie même a quelque chose de la sérénité et de la<br />

majesté d'un enseignement moral qui fait passer successivement<br />

sous les yeux les divers côtés de la nature humaine<br />

en la contemplant d'une région supérieure. Et<br />

après cette lecture on peut se dire comme le philosophe<br />

chinois : « Celui qui se livre à l'étude <strong>du</strong> vrai et<br />

« <strong>du</strong> bien, qui s'y applique avec persévérance et sans re-


INTBODl'CTION. 23<br />

ce lâche, n'en éprouve-t-il pas une grande satisfaction 1 ? »<br />

On peut dire que c'est dans ces Enirêtiem philosophiques •<br />

que se révèle à nous toute la belle âme de KHOUNG-TSBIJ,<br />

sa passion pour la vertu, son ardent ai nom' de 11 ut niant te<br />

et <strong>du</strong> bonheur des hou mit «s. A ne un sentiment de vanité<br />

ou dVirguel, de menace ou de crainte» ne ternit la pureté<br />

et l'autorité


24 INTRODUCTION.<br />

Avec quelle admiration il parle de l'un de ses disciples,<br />

qui, au sein de toutes les privations, ne s'en livrait pas<br />

moins avec- persévérance à Fétude de la sagesse !<br />

ce Oh ! qu'il était sage Hoeï 111 avait un vase de bambou<br />

« pour prendre sa nourriture/une simple coupe pour<br />

« boire, et il demeurait dans Fhumble ré<strong>du</strong>it d'une rue<br />

« étroite et abandonnée ; un autre homme que lui n'au-<br />

« rait pu supporter ses privations et ses souffrances. Cela<br />

« ne changeait pas cependant la sérénité de ffôeï ! Oh !<br />

« qu'il était sage Hoeï l ! »<br />

S'il savait honorer la pauvreté, il savait aussi flétrir<br />

énergiquement la vie matérielle, oisive et inutile, ce Ceux<br />

ce qui ne font que boire et que manger, disait-il, pendant<br />

« toute la journée, sans employer leur intelligence à<br />

« quelque objet digne d'elle, font pitié. N'y a-t-il pas le<br />

ce métier de bateleur ? Qu'ils le pratiquent; ils seront des<br />

« sages en comparaison 2 ! »<br />

• C'est une question résolue souvent par l'affirmative,<br />

que les anciens philosophes grecs avaient eu deux doctrines,<br />

Fune publique et Fautre secrète; l'une pour le<br />

vulgaire (profanum vulgus), et Fautre pour les initiés. La<br />

môme question ne peut s'élever à l'égard de KHOUNG-TSEU;<br />

car il déclare positivement qu'il n'a point de doctrine<br />

secrète, ce Vous, mes disciples, tous tant que vous êtes,<br />

ce croyez-vous que j'aie pour vous des doctrines cachées ?<br />

« Je n'ai point de doctrines cachées pour vous. Je n'ai<br />

« rien fait que je ne vous Faie communiqué, ô mes dis-<br />

1 Lùnryû, chap. vi, § 9.<br />

» Id., chap. XVII, | 22.


M<br />

INTEODUCTiON. 25<br />

ce ciples ! C'est la manière d'agir de Khieou (de iuio<br />

même *). »<br />

Il serait très-difficile de donner une idée sommaire <strong>du</strong><br />

Lfm-yk, à cause de la nature de l'ouvrage, qui présente,<br />

non pas un traité systématique sur un nu plusieurs sujets,<br />

mais des réflexions amenées à peu près sans ordre siir<br />

tontes sortes de sujets. Voici ee qu'a dit tm célèbre cun-<br />

ineiîtatenr chinois <strong>du</strong> Làn-yh et th^ autres livres clas­<br />

siques, Tchiny-tseu, qui vivait sur la fin <strong>du</strong> onzième siècle<br />

de notre ère ;<br />

« Le Lûn-yh iM un livre dans lequel sont déposées les<br />

« paroles destinées à transmettre la doctrine de ta raison *<br />


26 INTRODUCTION.<br />

natale de KHOUNG-TSEU, et la troisième fut trouvée cachée<br />

dans un mur après l'incendie des livres : cette dernière<br />

copie fut nommée Kou-lûn, c'est-à-dïre Y Ancien Lûn.<br />

La copie de T/tsi comprenait vingt-dnix chapitres; Lan-<br />

cienne copie (fïou-lûn), vingt et un ; et la coj)ïe de Lour<br />

celle qui est; iiuiinionant suivie, vingt. Les deux chapitres<br />

en plus de la copie de Thsi ont été per<strong>du</strong>s ; le chapitre en<br />

{il us de l'a ne ion ne copie vient seulement d'une division<br />

différente de la même matière.<br />

1° MENG-TSEU. Ce quatrième des livres classiques porte<br />

le nom de son auteur, qui est placé par les Chinois immé­<br />

diatement après KiioiNG-TSEiî, dont il a exposé et déve­<br />

loppé les doctrines. Plus vif, plus pétulant que ce dernier,<br />

pour lequel il avait la plus liante admiration, et qu'il<br />

regardait comme le plus grand instituteur <strong>du</strong> genre hu­<br />

main < pie les siec les ai en t j amais j irod u ï t > ï1 d îsa i t : « I )e-<br />

puis qu'il existe des hommes, il n'y en a jamais eu de<br />

comparables à KIIOVNG-TSEU *. » A l'exemple «le ce grand<br />

maître, il voyagea avec ses disciples (il en avait dix-sep!)<br />

dans les différents petits États de la Chine, se rendant à la<br />

cour des princes, avec lesquels il philosophait et auxquels<br />

ïl donnait souvent des leçons de politique et de sagesse<br />

dont ils ne profitaient pas toujours. Comme KIIOIîSG-TSEU<br />

(ainsi que nous lavons déjà dit ailleurs 3 ), il avait pour<br />

but le bonheur de ses compatriotes et de l'humanité tout<br />

* Meng-tseu, chap. m, p. 249 de notre tra<strong>du</strong>ction. Ce témoignage<br />

est corroboré dans Meng-tseu par celui de trois des plus illustres<br />

disciples <strong>du</strong> philosophe, que Meng-tseu rapporte au même endroit,<br />

t Description de la Chine, t. I, p. 187.


INTRODUCTION. 27<br />

entière. En communiquant la connaissance de ses principes<br />

d'abord aux princes et aux hommes qui occupaient<br />

un rang élevé dans la société, et ensuite à un p*and<br />

nombre de disciples que sa renommée attirail autour de<br />

lui, il sV{forçait. de propager le plus possible ces mêmes<br />

doctrines au sein de la multitude, H d*h ici tiquer dans<br />

l'esprit des grands, des princes, que la stabilité de leur<br />

puissance dépendait uniquement de l'amour et de la fiée -<br />

tion qu'ils auraient pour leurs peuples. Sa politique paraît<br />

avoir eu une expression plus décidée et plus hardie que<br />

celle de son înaître. En s'efibreant de faire comprendre,<br />

aux gouvernants et aux gouvernés leurs devoirs réci­<br />

proques, il tendait à soinilettre tout l'empire chinois à la<br />

domination de ses principes. D'un ente il enseignait aux<br />

peuples le droit divin que les rois avaient à régner, et de<br />

l'antre il enseignait aux rois que c'était leur devoir de<br />

consulter les désirs <strong>du</strong> peuple, et de mettre un frein à<br />

l'exercice de leur tyrannie; en un mot., de se rendre<br />

le père ci la mère <strong>du</strong> peuple. MENG-TSKU était un homme<br />

de principes indépendants, et, contrôle vivant et incor­<br />

ruptible <strong>du</strong> pouvoir, il ne laissait jamais passer un acte<br />

d oppression , dans Us Etats avec lesquels il avait des<br />

relations, sans le blâmer sévèrement.<br />

M EN G-TSE r possédait une connaissance prof ont le <strong>du</strong><br />

cet. air humain, et il a déployé dans son ouvrage une grande<br />

souplesse de talent, une. grande- habileté à découvrir les<br />

mesures arbitraires des princes régnants e! Us abu> des<br />

fonctionnaires publies. Sa manière de philosopher est<br />

celle de Socrate et de Haton , tuas avec phi> de vigueur


28 INTBODUCTtON.<br />

et de saillies spirituelles. Il prend son adversaire, quel<br />

qu'il soit, prince ou autre, corps à corps, et, de dé<strong>du</strong>c­<br />

tion en dé<strong>du</strong>ction, de conséquence en conséquence, il le<br />

mène droit à la sottise ou à l'absurde. II le serre de si<br />

près, qu'il ne peut lui échapper. Aucun écrivain oriental<br />

ne pourra il, peut être offrir plus <strong>du</strong> tirai (s à un lecteur<br />

européen, surtout à un lecteur français, que MENG-ISEI ; ,<br />

parce que (ceci n'est pas un paratloxe) ce q u ' i 1 y a d e p l u s<br />

saillant en lui;, quoique Chinois, c'est la vivacité de son<br />

esprit. 11 manie parfaitement l'ironie, et cette arme, dans<br />

ses mains, est plus dangereuse et plus a igné que dans<br />

celles <strong>du</strong> sage Soc rate.<br />

Voi < * i ce q ne d i t un ec r ï v ai n cl i i ooîs d u 1 i v re de M EN G -<br />

« TSE i: : Le s su j e I s ! r a i t es d a n s e e t. o u v r a ge son t d e d i v e r-<br />

« ses liâtures. Ici, les vertus de la vie indivi<strong>du</strong>elle et de<br />

« pa re nié sont e x a m i 11 ces ; I à , \\ > rdre des a I la î re s est<br />

« disent!». Ici, les devoirs des supérieurs, depuis le soin<br />

« verain jusqu'au magistrat <strong>du</strong> dernier degré, sont pres­<br />

te cr ï t s pou r i ? c x ère i e e d'un bo n gou v e ni e me n t ; I à , les<br />

« 11 *a v a 11 x d es e t u d i a n t s, des 1 a 1 )o 11 r eu r s, cl e s ar i t san s, des<br />

« n égoe i a n i s, son t e x posé s a u x re gar< 1s ; et, cl a ns le cou r s<br />

« de l * o u v ra ge, les lois <strong>du</strong> monde pli y s î q ne. d u ciel, d t:<br />

« la terre et des <strong>mont</strong>agnes, des rivières, des oiseaux, des<br />

« quadrupèdes, des poissons, des i usée tes, des plantes,<br />

« des ar lires ? sont occasionnellement décrites. Bon<br />

« nom lire des affaires que MENG-TSEI traita dans le cours<br />

« desa vie, clans son commerce avec les hommes; ses<br />

« discours d'occasion avec des personnes de tous rangs;<br />

« ses instructions à ses élèves : NOS vues ainsi que ses


1NT10DUCT10N. 29<br />

ci explications des livres anciens et modernes, toutes<br />

€ ces choses sont incorporées dans cette publication,<br />

ce 1 rappelle aussi les faits historiques/ les dits des an-<br />

ce tiens sages pour l'instruction de l'humanité. »<br />

M. AbelEémusat a-ainsi caractérisé les deux plus célè­<br />

bres philosophes de lit Cl une :<br />

« Le style de MEXO-ïSKI:, moins élevé et moins concis<br />

« cpie relui il » prince des lettres fj\iiooi>îsf;n, est aussi<br />

« noble, plus fleuri et plus élégant. La forme <strong>du</strong> dialogue,<br />

< q«Il a eoiîse s, il s * a l i a e h e. à c 4 î I t i r e r < l e s e o 11 s éq i. ï I * n c<br />

« absurdes qui les couvrent de confusion. Il ne ménage<br />


30 1NTB0DUCTI0N.<br />

« quant que les réponses qu'il leur fait en ces occasions;<br />

« rien surtout de plus opposé à ce caractère servile et<br />

ce bas qu'un préjugé trop répan<strong>du</strong> prête aux Orientaux, et<br />

« aux Chinois en particulier. Meng-tseu ne ressemble en<br />

« rien à Aristippe : c'est plutôt à Diogène, mais avec plus<br />

ce de dignité et de décence. On est quelquefois tenté de<br />

« blâmer sa vivacité, qui tient de l'aigreur; mais on l'ex-<br />

« cuse en le voyant toujours inspiré par le zèle <strong>du</strong> bien<br />

ce public*. »<br />

Quel que soit le jugement que l'on porte sur les deux<br />

plus célèbres philosophesde la Chine et sur leurs ouvrages,<br />

dont nous donnons la tra<strong>du</strong>ction dans ce volume, il n'en<br />

restera pas moins vrai qu'ils méritent au plus haut degré<br />

l'attention <strong>du</strong> philosophe et de l'historien, et qu'ils doivent<br />

occuper un des premiers rangs parmi les plus rares génies<br />

qui ont éclairé l'humanité et l'ont guidée dans le chemin<br />

de la civilisation. Bien plus, nous pensons que l'on ne trouverait<br />

pas dans l'histoire <strong>du</strong> monde une figure à opposer<br />

à celle <strong>du</strong> grand philosophe chinois, pour l'influence si<br />

longue et si puissante que ses doctrines et ses écrits ont<br />

exercée sur ce vaste empire qu'il a illustré par sa sagesse<br />

et son génie. Et tandis que les autres nations de la terre<br />

élevaient de toutes parts des temples à des êtres inintelligents<br />

ou à des dieux imaginaires, la nation chinoise en<br />

élevait à l'apôtre de la sagesse et de l'humanité, de la morale<br />

et de la vertu ; au grand missionnaire de l'intelligence<br />

humaine, dont les enseignements ses ôutiennent depuis<br />

1 Vie de Meng-tseu, Nouv. Mélanges asialiques, t. II, p. 119.


1NT10DUOTOM. 31<br />

plus de deux mille ans? et se concilient maintenant l'admiration<br />

et l'amour déplus de trois cent millions d'âmes 1 .<br />

Avant que de terminer, nous devons dire que ce n'est<br />

pas le désir d'une vaine gloire qui nous a fait entreprendre<br />

la tra<strong>du</strong>ction dont nous donnons aujourd'hui une édition<br />

nouvelle 2 , mais bien l'espérance de faire pari;tuer aux per­<br />

sonnes qui la liront une partie des impressions mondes<br />

fHPK<br />

de la (lune est la première Ira<strong>du</strong>-'laon fraoeiiM' qui ail «*t»' faite sur<br />

h- texte dtinois, »axt:epte t«uitekus es tï--u\ pn-mirr.- ii\r ; )


32 INTHODUCTlOIf.<br />

miers philosophes chinois sans se sentir meilleur, ou <strong>du</strong><br />

moins sans se sentir raffermi dans les principes <strong>du</strong> vrai<br />

comme dans la pratique <strong>du</strong> bien, et sans avoir une plus<br />

haute idée de la dignité de notre nature. Dam un temps<br />

où le sentiment moral semble se corrompre et se perdre,<br />

el la société marcher aveuglément dans la voie des seuls<br />

Instincts matériels, il ne sera peufrêtre pas inutile de ré-<br />

' péter les enseignements de haute et divine raison que le<br />

ptas grand philosophe de l'antiquité orientale a donnés au<br />

monde. Nous serons assez récompensé des peines que notre<br />

tra<strong>du</strong>ction nous a coÉrtâ» si nous avons atteint le but que<br />

nous nous sommes prtffcSsé en la composant.<br />

G, PAUTHIER.


LES SSE CHOU<br />

00<br />

LES QUATRE LIVRES DE PHILOSOPHIR<br />

MOBALE ET POLITIQUE<br />

DE LA CHINE.


LE TA HIO<br />

ou<br />

LA GRANDE ÉTUDE<br />

OUVRAGE DE<br />

KHOUNG-FOU-TSEU (CONFUC1US)<br />

ET DE SON DISCIPLE TMSÊHG-TSElî.<br />

PREMIER LI¥RE CLASSIQUE.<br />

PRÉFACE<br />

DU COMMENTAIRE SUR LE TA HIO,<br />

PAE LE DOCTEUR TCHOU-HI.<br />

Le livre de la Grande Étude est cette Grande Étude que dans l'antiquité<br />

on enseignait aux hommes, et qu'on leur proposait pour<br />

règle de con<strong>du</strong>ite ; or les hommes tirant <strong>du</strong> ciel leur origine, il en<br />

résulte qu'il n'en est aucun qui n'ait été doué par lui des sentiments<br />

de charité ou d'humanité, de justice, de convenance et de sagesse.<br />

Cependant, quoique tous les hommes possèdent certaines dispositions<br />

naturelles et constituées qu'ils ont reçues en naissant, il enest<br />

quelques-uns qui n'ont pas le pouvoir ou la faculté de les cultiver<br />

et de les bien diriger. C'est pourquoi ils ne peuvent pas tous avoir<br />

en eux les moyens de connaître les dispositions existantes de leur<br />

propre nature, et ceux de leur donner leur complet développement.


36 PRÉFACE DU COMMENTAIRE.<br />

Il en est qui, possédant une grande perspicacité, une intelligence<br />

pénétrante, une connaissance intuitive, une sagesse profonde, peuvent<br />

développer toutes les facultés de leur nature, et ils se distinguent<br />

au milieu de la foule qui les environne ; alors le ciel- leur a<br />

certainement donné le mandat d'être les chefs et les instituteurs des<br />

générations infinies ; il les a chargés de îa mission de les gouverner<br />

et de les instruire, afin de les faire retourner*à îa pureté primitive<br />

de leur nature.<br />

Voilà comment [les anciens empereurs] Fou-M, Chin^notmg^<br />

Hoang-ti, Yao et Chun occupèrent successivement les plus hautes<br />

dignités que confère le ciel ; comment les ministres d'État furent<br />

attentifs à suivre et à propager leurs instructions, et d'où les magistrats<br />

qui président aux lois civiles et à la musique # dérivèrent leurs<br />

enseignements.<br />

Après l'extinction des trois premières dynasties, les institutions<br />

qu'elles avaient fondées s'étendirent gra<strong>du</strong>ellement. Ain*i il arriva<br />

par la suite que dans les palais des rois, comme dans les grandes<br />

villes et même jusque dans les plus petits villages, il n'y avait aucun<br />

lieu où l'on ne se livrât à l'étude. Dès que les jeunes gens<br />

avaient atteint l'âge de huit ans, qu'ils fussent les fils des rois, des<br />

princes ou de la foule <strong>du</strong> peuple, ils entraient tous à la Petite<br />

École ! , et là'on leur enseignait à arroser, à balayer, à répondre<br />

promptement et avec soumission à ceux qui les appelaient ou les<br />

interrogeaient ; à entrer et à sortir selon les règles de la bienséance;<br />

à recevoir les hôtes avec politesse et à les recon<strong>du</strong>ire de même. On<br />

leur enseignait aussi les usages <strong>du</strong> monde et des cérénronies, la<br />

musique ; Fart de lancer des flèches, de diriger des chars, ainsi que<br />

celui d'écrire et de compter.<br />

Lorsqu'ils avaient atteint l'âge de quinze ans, alors, depuis l'héritier<br />

présomptif de la dignité impériale et tous les autres fils de<br />

l'empereur, jusqu'aux fils des princes, des premiers ministres, des<br />

gouverneurs de provinces, des lettrés ou docteurs de l'empire promus<br />

à des dignités, ainsi que tous ceux d'entre les enfants <strong>du</strong> peup)e<br />

qui brillaient par des talents supérieurs, entraient à la Grande<br />

École s , et on leur enseignait les moyens de pénétrer et d'approfondir<br />

les principes des choses, de rectifier les mouvements de leur<br />

cœur, de se corriger, de se perfectionner eux-mêmes, et de gouverner<br />

les hommes.. Voilà comment les doctrines que Ton enseignait<br />

dans les collèges étaient divisées en grandes et petites. Par cette<br />

division et cette composition des études, leur propagation s'étendit<br />

au loin, et le mode d'enseigner se maintint dans les limites précises<br />

de cet ordre de subordination ; c'est ce qui en fit un véritable enseignement<br />

En outre, toute la base de cette institution résidait dans<br />

* Siao hio.<br />

2 Ta hio.


F x-<br />

SOI LB TA BIO. 37<br />

Sa personne <strong>du</strong> prince, qui en pratiquait tous les devoirs. On ne<br />

demandait aucun salaire aux enfants <strong>du</strong> peuple, et on n'exigeait<br />

rien d'eux que ce dont ils riva h? ni besoin pour vivre journellement.<br />

C'est pourquoi, dansées âges passes, il n'y avait aucun homme ifïii<br />

ne se livra! à l'étude. Ceux qui étudiaient ain»i se gardaient l»i«-u do<br />

ne pas s'appliquer à connaître les dispositions naturelles que chacun<br />

d'eux possédad réellement, la con<strong>du</strong>ite qu'il devait suivre dans<br />

les fonctions qu'il avait à remplir; rt chacun d'eux faisait ainsi tous<br />

ses efforts, épuisait toutes ses facultés, pour atteindre à sa viafaide<br />

destination. Voilà comment il est arrive que, dans le< temps iîoriss<br />

1111 s de la h au te an I iqui le ,1e g< ?uve ni c ni • '• n t a é té si f\h »rieux dans<br />

ceux qui occupaient les emplois élevés, ies rmeiirs si belles, si pur«s<br />

dans les inférieurs, et pourquoi il a. été impossible aux siècles qui<br />

leur ont succédé d'atteindre à ce liant degré de perfection.<br />

Sur le déelin de la dynastie des ïchéeni, lorsqu'il ne paraissait<br />

plus de souverains doués de sainteté et de \ertu. les reniements<br />

de>. grandes et petites Écoles n'étaient plus observes ; les saines<br />

doctrines étaient déd a innées et foulées aux pieds : les une tirs publiques<br />

touillaient en dissolution. Ce fut à cette époque de dépravât!<br />

i) n }jé n é r a le qu'a p j i a ru t. a v e e é< • I a t la s a i n t e t é d e Ksi o t: N -lir<br />

Chao-ij JSeï-tse l concernent les devoirs des élevés, et appartiennent<br />

véritablement à la Pelile Élude . dont ils sont comme des ruis-<br />

>eaux détachés ou dies appendices; mais parce q m,- ha. instruction^<br />

concernant la P élite Etude 'ou Ylitmlr propre aux enfant-^ a\ aient.<br />

i ; t é c o m p 1 é t e m e n l d ê ve l o p p é e s dans le s o u \ r a ; ;a * s c i • d < • s s 11 «*, I e livre<br />

qui nous occupe a été destine à exposer e!_ rem Ire nia n îles le a Oms<br />

les lois claires, évidentes, de la Grande Étude "il Y É ht de propre<br />

aux esprits nïùr> : . lîn dehors <strong>du</strong> livre et e«.mme frontispice, sm»!<br />

posés les grands principe:- qui doivent servir de base a lais quoique dans une multitude<br />

de trois mille disciples il n';\ en ait >ai aucun qui n'eût >ouveut<br />

enten<strong>du</strong> les enseignements <strong>du</strong> maître, cependant le r-mienu<br />

de en livre fut transmis a. la posîérile par les seuls discip! -s de<br />

l'hseiuj-tsen. qui en avait reçu lui-mèum le- nia xi rocs de son osa lire<br />

K HO {'NG-TS {•;{', et qui, dans une exposition


38 PRÉFACE DU COMMENTAIRE<br />

Après la mort de Méng-tseu, il ne se trouva plus personne pour enseigner<br />

et propager cette doctrine des anciens ; alors, quoique îe livre qui<br />

la contenait continuât d'exister, ceux qui la comprenaient étaient fort<br />

rares. Ensuite il est arrivé de là que les lettrés dégénérés s'étant habitués<br />

à écrire des narrations, à compiler, à faire des discours élégante,<br />

leurs œuvres concernant la Petite Étude furent au moins doubles de<br />

celles de leurs prédécesseurs ; mais leurs préceptes différents furent<br />

d'un usage complètement nul.<br />

. Les doctrines <strong>du</strong> Vide et de la Non-entité *, <strong>du</strong> Repos absolu et<br />

é^-fExtimtion finale *, vinrent ensuite se placer bien au-dessus de<br />

«tUrde la Grande Etude; mais elles manquaient de base véritable<br />

et solide. Leur autorité, leurs prétentions, leurs artifices ténébreux,<br />

leurs fourberies, en un mot, les discours de ceux qui les prêchaient<br />

ptur s'attire? une renommée glorieuse et un vain nom, se sont répan<strong>du</strong>s<br />

Abmû&mm&m parmi les hommes, de sorte que Terreur, en<br />

envahissant-le' siècle, a abusé les peuples et a fermé toute voie à la<br />

charité et à la justice. Bien plus, le trouble et la confusion de toutes<br />

les notions morales sont sortis de leur sein, au point que les sages<br />

mêmes ne pouvaient être asses heureux pour obtenir d'entendre eî<br />

d'apprendre les devoirs les plus importants de la grande doctrine,<br />

et que les hommes <strong>du</strong> commun ne pouvaient également être asses<br />

heureux pour obtenir dans leur ignorance d'être éclairés sur les<br />

principes d'une bonne administration ; tant les ténèbres de l'ignorance<br />

s'étaient épaissies et avaient obscurci les esprits ! Cette maladie<br />

s'était tellement augmentée dans la succession des années, elle était<br />

devenue tellement invétérée, qu'à la fin de l'époque des cinq dynasties<br />

[vers 960 de notre ère] le désordre et la confusion étaient au<br />

comble.<br />

Mais il n'arrive ries sur cette terre que le ciel ne ramène de nouveau<br />

dans le cercle de ses révolutions : la dynastie des Soung s'éleva,<br />

et la vertu fut bientôt florissante ; les principes <strong>du</strong> bon gouvernement<br />

et l'é<strong>du</strong>cation reprirent leur éclat. A cette époque ,<br />

apparurent dans la province <strong>du</strong> Ho-nan deux docteurs de la famille<br />

Tching, lesquels, dans le dessein de transmettre à la postérité les<br />

écrits de Méng-tsm el de ses disciples, les réunirent et en formèrent<br />

un corps d'ouvrage. lis commencèrent d'abord par manifester une<br />

grande vénération pour ce livre [le Ta Mo ou la Grande Étude],<br />

et ils le remirent en lumière, afin qu'il frappât les yeux de tous. A<br />

cet effet, ils le retirèrent <strong>du</strong> rang secondaire où il était placé § , en<br />

mirent en ordre les matériaux, et lui rendirent ses beautés primitives.<br />

Ensuite la doctrine^qui avait été anciennement exposée dans le livre<br />

de la Grande Étude pour instruire les hommes, le véritable sens<br />

* Celle des Tao-sse, qui a Lao-tseu pour fondateur.<br />

2 Celle des Bouddhistes, qui a Fo ou Bouddha pour fondateur.<br />

s II formait ua des chapitres <strong>du</strong> Li-ki*


SUR LE TA H10. 39<br />

<strong>du</strong> saint texte original [de KHOUNG-TSEU] et de l'explication de son<br />

sage disciple furent de nouveau examinés et ren<strong>du</strong>s au siècle dans<br />

toute leur splendeur. Quoique moi Hi, je ne sois ni habile ni pénétrant,<br />

j'ai êt« ; assez lis iiieajje capable d'accomplir la tâche (juc je n'ai fait qii'eJUeurrr. Je<br />

sais parfaitement ifiie r». ! 1ilî qui entreprend plu- qu'il ne lui r..nvirnt<br />

n'est pas exempt d'encourir pour sa faute le ldàme de la post-Tito.<br />

«dépendant, en ce qui cm-'-rue /e f/oarerneuieel drs l : Ja!s, /«i eei?<br />

rrrai'tn des peuples, l'amélioration fies mu'urx, celui qtiï clan! ion<br />

mon travail >nr le mode* et les moyens j>in. onde la<br />

l*a ; .r tuutre'le rvuljfaiivihotit nommer U


AVERTISSEMENT<br />

DU DOCTEUR î€ilff€-1 Silî.<br />

Le docteur Tching-tsm a dit : Le Ta Mo [ou la Grande Étude]<br />

est un livre laissé par KHOUNG-TSEU et son disciple [Thséng-tseu],<br />

ain que ceux qui commencent à étudier les sciences morales et politiques<br />

s'en servent comme d'une porte pour entrer dans le sentier<br />

de la sagesse. On peut voir maintenant que les hommes de l'antiquité,<br />

qui faisaient leurs études dans un ordre méthodique, s'appuyaient<br />

uniquement sur le contenu de ce livre ; et ceux qui veulent<br />

étudier le Lun-yu et le Mêng-îseu doivent commencer leurs<br />

études par le Ta hio : alors ils ne courent pas le risque de s'égarer.


LA GRANDE ÉTUDE.<br />

^ i. La loi de la Grande Étude, ou de la philosophie pratique^<br />

consiste à développer et remettre en lumière le<br />

principe lumineux de la raison que nous avons reçu <strong>du</strong><br />

ciel, jk renouveler les hommes, et à placer sa destination<br />

définitive dans la perfection, ou le souverain bien.<br />

2. II. faut d'abord connaître le but auquel on doit tendre,<br />

ou sa destination définitive, et prendre ensuite une<br />

détermination; la détermination étant prise, on peut ensuite<br />

avoir l'esprit tranquille et calme; l'esprit étant tranquille<br />

et calme, on peut ensuite jouir de ce repos inaltérable<br />

que rien ne peut troubler; étant parvenu à jouir de<br />

ce repos Inaltérable que rien ne peut troubler, on peut<br />

ensuite méditer et se former un jugement sur l'essence<br />

des choses; ayant médité et s'étant formé un jugement<br />

sur l'essence des choses, on peut ensuite atteindre à l'état<br />

de perfectionnement désiré.<br />

3. Les êtres de la nature ont une cause et des effets;<br />

les actions humaines ont un principe et des conséquences<br />

: connaître les causes et les effets, les principes et les<br />

conséquences, c'est approcher très-près de la méthode<br />

rationnelle avec laquelle on parvient à la perfection.<br />

4. Les anciens princes qui désiraient développer et remettre<br />

en lumière dans leurs États le principe lumineux<br />

de la raison que nous recevons <strong>du</strong> ciel s'attachaient auparavant<br />

à bien gouverner leurs royaumes; ceux qui désiraient<br />

bien gouverner leurs royaumes s'attachaient auparavant<br />

à mettre le bon ordre dans leurs familles; ceux<br />

qui désiraient mettre le bon ordre dans leurs familles s'attachaient<br />

auparavant à se corriger eux-mêmes; ceux qui<br />

4,


4-2 TA 010,<br />

désiraient se corriger eux-mêmes s'attachaient auparavant<br />

à donner de la droiture à leur âme; ceux qui désiraient<br />

donner, de la droiture à leur âme s'attachaient auparavant<br />

à rendre leurs intentions pures et sincères; ceux<br />

qui désiraient rendre leurs intentions pures et sincères<br />

s'attachaient auparavant à perfectionner le plus possible<br />

leurs connaissances morales ; perfectionner le plus possible<br />

ses connaissances morales consiste à pénétrer et approfon-.<br />

dir les principes des actions»<br />

o. Les principes îles actions étant pénétrés et approfondis,<br />

les connaissances morales parviennent ensuite a<br />

leur cl e r nier c le gré t i e pe r fee t i on ; les eo n n a i ssa ne es ri 1 orales<br />

étant parvenues à leur dernier degré de perfection,<br />

les intentions sont ensuite ren<strong>du</strong>es pures et sincères; les<br />

in lent ions étant ren<strong>du</strong>es pures et sincères, laine se pénétre<br />

ensuite de probité et de droiture; lame étant pénétrée<br />

t le p r o 1 M t é e t d e d r o î t u r e, la | »e r su 11 ne est e n s u i t e e o ir<br />

i gee e t a i n é 1 i orée ; la pi * rso n i ic é tant eo r r i g ée et a riiéliurée,<br />

la famille est ensuite bien dirigée; la famille étant<br />

bien dirigée, le royaume est ensuite bien gouverné; le<br />

royaume étant bien gouverné, le monde ensuite jouit de<br />

la paix et de la bonne harmonie.<br />

îk Depuis l'homme le plus élevé en dignité jusqu'au<br />

plus humilie et au plus obscur, devoir égal pour loris :<br />

corriger et. améliorer sa personne, on le perfectionnement<br />

<strong>du</strong> soi-m/hne, est la base fondamentale de tout progrès et<br />

de lotit développement moral.<br />

7. il n'est pas dans la nature des choses que eo qui a<br />

sa base fondamentale en désordre et dans la e on fusion<br />

puisse avoir ee qui en dérive nécessairement dans un état<br />

convenable.<br />

Traiter logé renne ni ce qui est le principal on le plus<br />

important, et graveinent ce qui n'est que secondaire, est<br />

une met l'iode d'agir qu'il ne faut jamais suivre *.<br />

s Le texte entier de l'ouvrage consiste en quinze cent quarantesix<br />

caractères.


LA GiANDE ÉTUDE. 43<br />

Le King ou Livre par excellence, qui précède, ne forme<br />

qu'un chapitre ; il contient les propres paroles de KHOUNG-<br />

TSEU, que son disciple Thsêng-Ueu a commentées dans<br />

les dix sections" ou chapitres suivants,, composés de ses<br />

idées recueillies par ses disciples.<br />

Les tablettes en bambou des anciennes copies avaient<br />

été réunies d'une manière fautive et confuse; c'est pour<br />

cela que Tehing-tseu détermina leur place, et corrigea en<br />

l'examinant la composition <strong>du</strong> livre. Par la disposition<br />

-qu'il établit, l'ordre et l'arrangement ont été arrêtés<br />

comme il suit.<br />

EXPLICATION DE THSÊNG-TSEU.<br />

CHAPITRE PREMIER.<br />

Sur le devoir de développer ei de rendre à sa clarté primitive le priocif e<br />

lumineux de Qotre raison.<br />

* I. Le Khang-kao * dit : Le roi Wen parvint à développer<br />

el faire briller dam tout son éclat le principe lumineux<br />

de la raison que nom recevons <strong>du</strong> ciel.<br />

Toute l'Exposition [de Thséng-tseu] est composée de citations<br />

variées qui servent de commentaire au King [ou texte original de<br />

KHOUNO-TSBU], lorsqu'il n'est pas complètement narratif. Ainsi les<br />

principes posés dans le texte sont successivement développés dans<br />

un enchaînement logique. Le sang circule bien partout dans les<br />

veines. Depuis le commencement jusqu'à la fin, le grave et le léger<br />

sont employés avec beaucoup d'art et de finesse. La lecture de ce<br />

livre est agréable et pleine de suavité. On doit le méditer longtemps,<br />

el l'on ne parviendra même jamais à en épuiser le sens.<br />

(Note <strong>du</strong> Commentateur.)<br />

1 II forme aujourd'hui un des chapitres <strong>du</strong> Chou-king*


44 TA H10,<br />

2. Le Tai-kia} dit : Le roi Tching-êhang avait sans<br />

cesse les regards fixés sur ce dm brillant de f intelligence<br />

que nous recevons <strong>du</strong> ciel.<br />

3. Le Ti-tien â dit : Yao put développer et faire briller<br />

dam tout son éclat le principe mélime de fintelligence<br />

que nous recevons <strong>du</strong> ciel.<br />

4. Tous ces exemples indiquent que Ton doit cultiver<br />

sa nature rationnelle et morale.<br />

Voilà le premier chapitre <strong>du</strong> Commentaire. Il explique ce<br />

que Ton doit entendre par développer et remettre en lumière le<br />

principe lumineux de la raison que nous recevons <strong>du</strong> ciel.<br />

CHAPITM II.<br />

Sur le de?oir de reaoufeter ©a d'éclairer les peuples.<br />

1. Des caractères gravés sur la baignoire <strong>du</strong> roi Tchingthang<br />

disaient : Eenouvelle-toi complètement chaque<br />

jour; fais-le de nouveau, encore de nouveau, et toujours<br />

de nouveau.<br />

2. Le Khang-kao dit : Fais que le peuple se renouvelle.<br />

3. Le Livre des Vers dit :<br />

« Quoique la famille des Tcheou possédât depuis longce<br />

temps une principauté royale^<br />

« Elle obtint <strong>du</strong> ciel (dans la personne de Wen-wang)<br />

ce une investiture nouvelle. »<br />

4. Cela prouve qu'il n'y a rien que le sage ne pousse<br />

jusqu'au dernier degré de la perfection.<br />

Voilà le second chapitre <strong>du</strong> Commentaire. 11 explique ce<br />

que Ton doit entendre par renouveler les peuples.<br />

l , f Ils forment aujourd'hui des chapitres de Chou-king.


LA GRANDE ÉTUDE. 45<br />

CHAPITRE III.<br />

Sur le detetr de placer M desttsatios définitlte daat la perfection m le<br />

mmem'm biea.<br />

1. Le Livre des Vers dit :<br />

ce C'est dans un rayon de mille li (cent lieues) de la ré-<br />

« sidence royale<br />

« Que le peuple aime à fixer sa d&neure. 3<br />

2. Le Livre des Vers dit :<br />

« L'oiseau jaune au chant plaintif mtm-mân<br />

a Fixe sa demeure dans le creux touffu des moncc<br />

tagnes. »<br />

Le philosophe [KEOUNG-TSEU] a dit :<br />

En fixant là sa demeure, il prouve qu'il connaît le lieu<br />

de sa destination; et l'homme [Sa plus intelligente des<br />

créatures f ] ne pourrait pas en savoir autant que Foiseau!<br />

3. Le Livre des Vers dit :<br />

« Que la vertu de Wen-wang était vaste et profonde !<br />

« Comme il sut joindre la splendeur à la sollicitude la<br />

« plus grande pour l'accomplissement de. ses différentes<br />

destinations! s<br />

Comme prince, il plaçait sa destination dans la pratique<br />

de l'humanité ou de la bienveillance universelle pour<br />

les hommes; comme sujet, il plaçait sa destination dans<br />

les égards <strong>du</strong>s au souverain; comme fils, il plaçait sa destination<br />

dans la pratique de la piété filiale; comme père,<br />

il plaçait sa destination dans la tendresse paternelle;<br />

comme entretenant des relations ou contractant des en-<br />

1 C'est l'explication que donne le M-kùmgf en développant le<br />

commentaire laconique de Tchou-hi : « L'homme est de tous les êtres<br />

le plus intelligent ; s'il ne pouvait pas choisir Se souverain bien<br />

pour s'y fixer, c'est qu'il ne serait pas même aussi intelligent que<br />

l'oiseau. » •


46 TA MO,<br />

gagements avec les hommes, il plaçait sa destination dans<br />

la pratique de la sincérité et de la fidélité *.<br />

4. Le Livre des Vers dit :<br />

« Regarde là-bas sur les bords <strong>du</strong> KL<br />

« Oh! qu'ils sont beaux et abondants^ les verts bam-<br />

« bous!<br />

ce Nous avons un prince orné de science et de sagesse 2 ;<br />

ce II ressemble à l'artiste qui coupe et travaille Fivoire,<br />

« A celui qui taille et polit les pierres précieuses.<br />

« Oh ! qu'il parait grave et silencieux !<br />

« Comme sa con<strong>du</strong>ite est austère et digne !<br />

« Nous avons un prince orné de science et de sagesse;<br />

ce Nous ne pourrons jamais l'oublier ! »<br />

5. // ressemelé à l'artiste qui coupé et travaille l'ivoire,<br />

indique l'étude ou l'application de l'intelligence à la recherche<br />

des principes de nos actions; il ressemble à celui<br />

qui taille et polit les pierres précieuses, indique le perfectionnement<br />

de soi-même* L'expression Oh ! qu'il paraît<br />

grave et silencieux! indique la crainte^ la sollicitude qu'il<br />

éprouve pour atteindre à la perfection. Comme sa couéuite<br />

est austère et digne! exprime combien il mettait-de<br />

soin à rendre sa con<strong>du</strong>ite digne d'être imitée. Nous avons<br />

un prince orné de science et de sagesse; nous ne pourrons<br />

jamais f oublier! indique cette sagesse accomplie, cette<br />

perfection morale que le peuple ne peut oublier.<br />

6. Le Livre des Vers dit :<br />

« Comme la mémoire des anciens rois (Wenet Wou)<br />

ce est restée dans le souvenir des hommes ! »<br />

Les sages et les princes qui les suivirent imitèrent leur<br />

sagesse et leur sollicitude pour le bien-être de leur postérité.<br />

Les populations jouirent en paix, par la suite, de<br />

1 Le Ji-kiang s'exprime ainsi : « Tchou-t§eu dit : Chaque homme<br />

possède en soi le principe de sa destination obligatoire ou de ses<br />

devoirs de con<strong>du</strong>ite, el atteindre à sa destination est <strong>du</strong> devoir <strong>du</strong><br />

saint homme. »<br />

• Tcheou-koung, qui vivait en 1150. avant notre ère, l'un des plus<br />

sages et des plus savants hommes qu'ait eus la Chine.


LA GRANDE ÉTUDE. 47<br />

ce qu'ils avaient fait pour leur bonheur^ et elles mirent à<br />

profit ce qu'ils firent de bien et de profitable dans une<br />

division et une distribution équitable des terres 1 . C'est<br />

pour cela qu'ils ne seront point oubliés dans les siècles à<br />

venir. '<br />

Voilà le troisième chapitre <strong>du</strong> Commentaire. 11 explique ce<br />

que Ton doit entendre par placer sa destination définitive dans<br />

la perfection ou le souverain bien 1 .<br />

CHAPITRE IV.<br />

Sur le devoir .-* i'i-i = -urs c|»;>mp> hl.-imia.-s «a !• ur -letton<br />

vn jmrfioris dam e un drut'in- d>- hrua rnivr . h-> -'it% aiJe-- !.'•> aiM-a-hiii'-. rinan>-<br />

>HUt î';t»tiV0S ;t Vvt .'lulr-ll, ldi«- }iJarrSif


48 TA HIO,<br />

CHAPITRE V.<br />

Sur le devoir de perfectionner ses cosnaissaoees morales ea péaétrani les<br />

principes des actions.<br />

i. Cela s'appelle connaître ia racine ou ia came.<br />

2. Cela s'appelle ia perfection de ia connaissance.<br />

Voilà ce qui reste <strong>du</strong> cinquième chapitre <strong>du</strong> Commentaire.<br />

11 expliquait ce que Ton doit entendre par perfectionner ses<br />

connaissances morales m pénétrant les principes des actions; il<br />

est maintenant per<strong>du</strong>. 11 y a quelque temps, j'ai essayé de recourir<br />

aux idées de Tching-tseu [ autre commentateur <strong>du</strong> Ta<br />

Mo, un peu plus ancien que Tchou-hi ] pour suppléer à cette<br />

lacune, en disant :<br />

Les expressions suivantes <strong>du</strong> texte, perfectionner ses connaissances<br />

morales consiste à pénétrer le principe et la nature des<br />

actions, signifient que, si nous désirons perfectionner nos eemnaissances<br />

morales, nous devons nous livrer à une investigation<br />

profonde des actions, et scruter à fond leurs principes ou<br />

leur raison d'être ; car l'intelligence spirituelle de l'homme<br />

n'est pas évidemment incapable de connaître [ou est adéquate<br />

à la connaissance] ; et les êtres de ia nature, ainsi que les actions<br />

humaines, ne sont pas sans avoir un principe, une cause<br />

ou une raison d'être *. Seulement ces principes, ces causes, ces<br />

raisons d'être n'ont pas encore été soumis à d'assez profondes<br />

invesiigatioos. C'est pourquoi la science des hommes n'est pas<br />

complète, absolue ; c'est aussi pour cela que la Grande Étude<br />

commence par enseigner aux hommes que ceux d'entre eux<br />

qui étudient la philosophie morale doivent soumettre à une<br />

longue et profonde investigation les êtres de la nature et les<br />

actions humaines, afin qu'en paitant de ce qu'ils savent déjà<br />

des principes des actions ils puissent augmenter leurs con-<br />

» Le li-kiang s'exprime ainsi sur ce passage : « Le cœor ou le<br />

principe pensant de l'homme esî éminemment immatériel, éminemment<br />

intelligent ; il est bien loin d'êîre dépourvu de tout savoir<br />

naturel, et toutes les actions humaines sont bien loin de ne pas<br />

avoir une cause ou une raison d'êîre également naturelle. »


Là GRANDE ÉTUDE. 49<br />

naissances, et pénétrer dans leur nature la plus intime f .. En<br />

s'appliquant ainsi à exercer toute son énergie, toutes ses facultés<br />

intellect m «lies» pétulant longtemps, on arrive tin jour à<br />

a\oir une connaissance, une compréhension intime do> vrais<br />

p i ' î n e i pes < l e s a c t i o n s ; a lors la 11 a 111 re 11111 i 11 sèi p i e e t e x t r i i \ > e « \\ i e<br />

de tontes les actions humaines, leur essence la plus >uUile,<br />

comme leurs parties les plus i»rossieres, sont pénétrées; rt ,<br />

pour notre intelligence ainsi exercée et appliquée par dc< efforts<br />

soutenus, tous les principes des actions deviennent clairs<br />

et manifestes. Vuili ce qui e>t appelé la pénétration des principes<br />

des actions; voilà ce qui t,si appelé la perfection des amn<br />

a issan ces m o raies.<br />

CHAFMTRE Yl.<br />

Sur le devoir l'"ndêiiirn! U s pruM-ipos les eau-es,<br />

aj^rs on ooleiîne fanlenu'ia i'^prit dans un eji.-e» d imvi hoult-s<br />

!>!e\!iirahles : ru disant <br />

ï'.I.SI'îII n dit : •< f'/esl nue eu


50 TA BIO,<br />

qui veille sur soi-même, ils feignent de lui ressembler, en<br />

cachant leur con<strong>du</strong>ite vicieuse et en faisant parade d'une<br />

\'îTîti simulée. 1/hnifiîtït* qui les voit est eoniuie s'il peiiétrait<br />

leur l'oie e! leurs reins; alors à quoi leur a-Ml servi de<br />

dissimuler? ()Vsf la ri" qu'on ei/ifeial par h* proverbe :<br />

Le vrn(f' rsf fit i i i s /'//// (h * t ? •• u. / ' f (J / /er /// e // / Y. /. 7 ' V io ut\ ( Tt » s f<br />

pourquoi le saijv «Juif vriller attentivement sur ses intenta<br />

ai s ei ses pensées set lèios.<br />

"À. Th sert (/-(set.! m\\\ ; I h j e e t111 e < I i x y e 11 \ I e i 'eg; ml e ri f,<br />

de ee que dix mains le désignent, combien n"a-t-il pas à<br />

redouter. e»n à veiller sur lui-même !<br />

•f. Les rîebesses ornent et embellissent une maison, la<br />

vertu orra- eî embellit la personne; dans eel état de feliet!e<br />

pure. IVtme s'agrandit, et la substanee. matérielle qui<br />

lui est soimiise prnlilrMle même. (Test pourquoi le sage<br />

doit rendre ses întcntiatis pures ei sitwèrrs K<br />

Voilà le sixième chapitre <strong>du</strong> Commentaire, il explique ce<br />

que Ton doit entendre par rendre ses intentions pures ei<br />

sincères.<br />

1 « lî est dit dans le King : Désirant rendre ses intentions pures<br />

et sincères, ils s'attachaient d'abo.rd à perfectionner au plus haut<br />

degré leurs connaissances morales. Il est 'encore dit : Les connaissances<br />

moraks étant portées au plus haut degré, les intentions sont<br />

ensuite ren<strong>du</strong>es pures et sincères. Or l'essence propre de l'intelligence<br />

est d'être éclairée ; s'il existe en elle des facultés qui ne soient<br />

pas encore développées, alors ce sont ces facultés qui sont mises au<br />

jour par le perfectionnement des connaissances morales ; il doit<br />

donc y avoir des personnes qui ne peuvent pas véritablement faire<br />

usage de toutes leurs facultés, et qui, s'il en est ainsi, se trompent<br />

elles-mêmes. De cette manière, quelques hommes sont éclairés par<br />

eux-mêmes, et ne font aucun effort pour devenir tels ; alors ce sont<br />

ces hommes qui éclairent les autres ; en outre, ils ne cessent pas de<br />

l'être, et ils n'aperçoivent aucun obstacle qui puisse les empêcher<br />

d'approcher de la vertu. C'est pourquoi ce chapitre sert de développement<br />

au précédent, pour rendre cette vérité évidente. Ensuite il<br />

y aura à examiner le commencement et la fin de l'usage des facultés,<br />

et à établir que leur ordre ne peut pas être troublé, et que leurs<br />

opérations ne peuvent pas manquer de se manifester. C'est ainsi qua<br />

le philosophe raisonne. » (TCHOU-HI.)


LA GRANDE ÉTUDE. 51<br />

CHAPITRE Vit<br />

Sur Se de?©îr de se perfectionner soi-même en péoétrant §OB âme de probité<br />

et de droiture.<br />

1. Ces paroles, se corriger soi-même de toutes passions<br />

vicieuses consiste à donner de la droiture à son âme9 veulent<br />

dire : Si l'Ame est troublée par la passion de la colère,<br />

alors elle ne peut obtenir cette droiture; si fâme est<br />

livrée à la crainte, alors elle ne peut obtenir cette droiture<br />

; si Fâme est agitée par la passion de la joie et <strong>du</strong><br />

plaisir, alors elle ne peut obtenir cette droiture; si l'Ame<br />

est accablée par la douleur, alors elle ne peut obtenir<br />

cette droiture,<br />

2. L'Ame n'étant point maîtresse d'elle-même, on regarde,<br />

et on ne voit pas; on écoute, et on n'entend pas;<br />

on mange, et on ne connaît point la saveur des aliments.<br />

Cela explique pourquoi l'action de se corriger soi-même<br />

de toutes passions vicieuses consiste dans l'obligation de<br />

donner de la droiture à son âme.<br />

Voilà le septième chapitre <strong>du</strong> Commentaire. 11 explique ce<br />

que Ton 'doit entendre par se corriger soi-même de toute habitude<br />

y de toutes passions vicieusesf en donnant de la droiture à<br />

son âme *.<br />

1 Ce chapitre se rattache aussi au précédent, afin d'en lier le<br />

sens à celui <strong>du</strong> chapitre suivant. Or, les intentions étant ren<strong>du</strong>es<br />

pures et sincères, alors la vérité est sans mélange d'erreur, îe bien<br />

sans mélange de mal, et Ton possède véritablement la vertu. Ce qui<br />

peut la conserver dan», l'homme, c'est le cœor ou îa faculté intelligente<br />

dont il est doué pour dompter ou maintenir son corps. Quelques-uns<br />

ne savent-ils pas seulement rendre leurs intentions pures et<br />

sincères, sans pouvoir examiner soigneusement ies facultés de l'intelligence<br />

qui sait les conserver telles? alors ils ne possèdent pas encore<br />

la vérité intérieurement, et ils doivent continuer à améliorer,<br />

à perfectionner leurs personnes.<br />

Depuis ce chapitre jusqu'à la fin, tout est parfaitement conforme<br />

aux anciennes éditions. (TCIIOU-HI.)


52 TA HIO,<br />

CHAPITRE VIII.<br />

Sur le devoir de mettre le bon ordre daas ta famille, en se pêrîeetioiîiiaat<br />

sol-même.<br />

1. Ce que signifient ces mots, mettre le bon ordre dans<br />

sa famille consiste auparavant à se corriger soi-même de<br />

toutes passions vicieuses, le voici : Les hommes sont partiaux<br />

envers leurs parents et ceux qu'ils aiment; ils sont<br />

aussi partiaux ou injustes envere ceux qu'ils méprisent et<br />

qu'ils haïssent; envers ceux qu'ils respectent et qu'ils révèrent,<br />

ils sont également partiaux ou serviles; ils sont<br />

partiaux ou trop miséricordieux * envers ceux qui inspirent<br />

la compassion et la pitié ; ils sont aussi partiaux ou<br />

hautains envers ceux qu'ils traitent avec supériorité. C'est<br />

pourquoi aimer et reconnaître les défauts de ceux que Ton<br />

aime> haïr et reconnaître les bonnes qualités de ceux que<br />

l'on haitj est une chose bien rare sous le ciel 1 .<br />

2. De là vient le proverbe qui dit : Les pères memuimi<br />

1 C'est le sens que donnent les commentateurs chinois. UExplication<br />

<strong>du</strong> Kiang-i-pi-tthi dit : « Envers les hommes qui sont dans<br />

la peine et la misère, qui sont épuisés par la souffrance, quelquesuns<br />

s'abandonnent à une excessive in<strong>du</strong>lgence, et ils sont partiaux, »<br />

* Le li-kiang s'exprime ainsi sur ce chapitre : « Thséng-tseu dit :<br />

Ce que le saint Livre (le texte de KHOCJNG-TSEU) appelle mettre le bon<br />

ordre dans sa famille consiste auparavant à se corriger soi-même de<br />

toutes passions vicieuses, signifie : Que la personne étant le fondement,<br />

Sa base de la famille, celui qui veut mettre le bon ordre dans<br />

m famille doit savoir que tout consiste dans les sentiments d'amitié<br />

et d'aversion, d'amour et de haine qui sont en nous, et qu'il s'agit<br />

seulement de ne pas être partial et injuste dans l'expression de ces<br />

sentiments. L'homme se laisse toujours naturellement entraîner aux<br />

sentiments qui naissent en lui, et, s'il est dans le sein d'une famille,<br />

il perd promptement la règle de ses devoirs naturels. C'est pourquoi,<br />

dans ce qu'il aime et dans ce qu'il hait, il arrive aussitôt à la partialité<br />

et à l'injustice, et sa personne n'est point corrigée et améliorée.<br />

»


LA GRA1IDB ÉTUDE. 53<br />

pm reconnaître les défauts de leurs enfants % et les laboureurs<br />

la fertilité de leurs terres.<br />

3. Cela prouve qu'un homme qui ne s'est pas corrigé<br />

lui-même de ses penchants injustes est Incapable de mettre<br />

le km ordre dam sa famille.<br />

Voilà le huitième chapitre <strong>du</strong> Commentaire. Il explique ce<br />

que Ton doit entendre par mettre le bon ordre dans sa famille^<br />

en se corrigeant soi-même de toute habituée 9 de toutes passions<br />

mmemses»<br />

CHAPITRE IX.<br />

Sur te deroir de Mes goeiaraer mn Etat, ei mettant Se bon ordre dan<br />

sa famille.<br />

4. Les expressions <strong>du</strong> textes pour bien gouverner un<br />

royamme, il est nécessaire de s'attacher auparavant à mettre<br />

le bm ordre dam sa famille, peuvent s'expliquer ainsi :<br />

H est impossible qu'un homme qui ne peut pas instruire<br />

sa propre famille puisse instruire les hommes. C'est pourquoi<br />

le ils de prince l 9 sans sortir de sa famille, se perfectionne<br />

dans l'art d'instruire et de gouverner un<br />

royaume. La piété filiale est le principequi le dirige dans<br />

ses rapports avec le souverain; la déférence est le principe<br />

qui le dirige dans ses rapports avec ceux qui sont plus<br />

âgés que lui ; la bienveillance la plus tendre est le principe<br />

qui le dirige dans ses rapports avec la multitude a .<br />

1 Là glose <strong>du</strong> Kiang-i-pi-tchi dit que c'est le fils d'un prince possédant<br />

un royaume qui est ici désigné.<br />

1 En dégageant complètement la pensée <strong>du</strong> philosophe de sa<br />

forme chinoise, on voit qu'il assimile le gouvernement de l'État à<br />

celui de la famille, et qu'à ses yeux celui qui possède toutes les<br />

vertus exigées d'un chef de famille possède également toutes les<br />

vertus exigées d'un souverain. C'est aussi ce que dit le Commentaire<br />

impérial (Ji-kiang) : « Ces trois vertus : la piété filiale, la déférence<br />

envers les frères alpés, la bienveillance ou l'affection pour ses<br />

5.


M TA HIO,<br />

2. Le Kkang-km dit : II est comme une mère qui embrasse<br />

tendrement son nouveau-né *. Elle s'efforce de<br />

toute son âme à prévenir ses désirs naissants; si elle ne les<br />

devine pas entièrement, elle ne se méprend pas beaucoup<br />

sur l'objet de ses vœux. Il n'est pas dans la nature qu'une<br />

mère apprenne à nourrir un enfant pour se marier ensuite.<br />

parents, sont des vertus avec lesquelles le prince orne sa personne,<br />

tout en instruisant sa famille ; elles sont généralement la source des<br />

bonnes mœurs, et en les étendant, en en faisant une grande application,<br />

on en fait par conséquent la règle de toutes ses actions.<br />

Voilà comment le fils <strong>du</strong> prince, sans sortir de sa famille, se forme<br />

dans l'art d'instruire et de gouverner un royaume. »<br />

1 Le Commentaire impérial (Ji-kiang) s'exprime ainsi sur ce passage<br />

: « Autrefois Wou-wang écrivit un livre pour donner des<br />

avertissements à Kang-chou (son -frère cadet, qu'il envoyait gouverner<br />

un État dans la province <strong>du</strong> Ho-nan). Il dit : Si l'on exerce<br />

les fonctions de prince, il faut aimer, chérir les cent familles (tout<br />

le peuple chinois) comme une tendre- mère aime et chérit son jeune<br />

enfant au berceau. Or dans les premiers temps que son jeune enfanl<br />

vient de naître, chaque mère ne peut pas apprendre par des paroles<br />

sorties de sa bouche ce que l'enfant désire ; la mère, qui par sa nature<br />

est appelée à lui donner tous ses soins eî à ne le laisser manquer<br />

de rien, s'applique avec la plus grande sincérité <strong>du</strong> cœur, et beaucoup<br />

plus souvent qu'il est nécessaire, à chercher à savoir ce qu'il<br />

désire, et elle le trouve ensuite. Il faut qu'elle cherche à savoir ce<br />

que son enfant désire ; et quoiqu'elle ne puisse pas toujours réussir<br />

à deviner tous ses vœux, cependant son cœur est satisfait, et le cœur<br />

de son enfant doit aussi être satisfait : ils ne peuvent pas s'éloigner<br />

l'un de l'autre. Or le cœur de cette mère, qui chérit ainsi son<br />

jeune enfant au berceau, le fait naturellement et de lui-même :<br />

toutes les mères ont les mêmes sentiments maternels ; elles n'ont<br />

pas besoin d'attendre qu'on les instruise de leur devoir pour pouvoir<br />

ainsi aimer leurs enfants. Aussi n'a-t-on jamais vu dans îe<br />

monde qu'une jeune femme apprenne d'abord les règles des soins<br />

à donner à un jeune enfant au berceau, pour se marier ensuite. Si<br />

l'on sait une fois que les tendres soins qu'une mère prodigue à son<br />

jeune enfant lui sont ainsi inspirés par ses sentiments naturels, on<br />

peut savoir également que ce sont les mêmes sentiments de tendresse<br />

naturelle qui doivent diriger un prince dans ses rapports<br />

avec la multitude. N'en est-ii pas de même dans ses rapports avec le<br />

souverain et avec ses aînés f Alors c'est ce qui est dis, que sans sortir<br />

de sa famille on peut se perfectionner dans Fart d'instruire et d*<br />

gouverner un royaume. »


LA GRANDE ÉTUDE. " 55<br />

3. Une seule famille ayant de l'humanité et de la charité<br />

suffira pour faire naître dans la nation ces mêmes<br />

Yertus de charité et d'humanité ; une seule famille ayant<br />

tli* lu politesse eî do la condescendance suffira pour rendre<br />

une* nation condescendante H polie ; un seul homme, le<br />

prince l . étant avare et cupide, si if lira pour causer <strong>du</strong> désordre<br />

datu une rialion. Tel est le principe oit le mobile de<br />

cos vertus et île ees vices. (Yi*>t ce que dit le proverbe :<br />

l.'n moi perd l ' a //< c1 re ; un k ont m e dèt erai i ne le sue! d un<br />

empire.<br />

•4. Y m) et Chien «on ver lièrent l'en t pi ro avee humanité»,<br />

e f le pe n f île les iiiiîf a, Aïe * • î 7 '7/ cou - - o t1 \ e r n è r < a i ! i ' e 111 -<br />

pin; avee cruauté, et le peuple les imita. Ce que ees derniers<br />

ordonnaient était roi i Ira ire a ce qu'ils aimaient, et<br />

le peuple ne s'y soin ni f pas. (Test pour eeffe raison ipto<br />

le prince doit lui-même pratiquer tontes les vertus, et ensuite<br />

engager les autres hommes à les praliquer. SU ne<br />

les | K>$sè d e p as et n e I e s p r a t î q n e j:> a s lui-même, il ne doit<br />

pas 1 es e x i ge r des a 1i1 r e s 11 o mu les. Que n'ayant rien de<br />

bon, rien de vertueux dans le cœur, on puisse être ca-<br />

| va I île de coin mande r ai i x iionmi es ce qui est bon et \ < a •tueu\\<br />

cela est impossible et contraire a la nature des<br />

choses.<br />

Te Ces! pourquoi le bon ifoneei'nmicui if ce rot/nwtw<br />

e onsiste dans ('oùiifjafiem pré al ait le de m ci ire le Oun *>edee<br />

dans sa famille,<br />

le Le lÀ'ère des Vers dit :<br />

« Que le pêcher est beau et ra vissa ni f<br />

« Q11 e so n té u i 1 i a g e e s t Henri e t abondant!<br />

« Telle une jeune fiancé e se rendant a ia demeure de<br />

« son époux.<br />

1 Par au seul h o mm *' ou 111 « l i a a v 1 e / « r / n o \ , '.» /iuv..


m * TA H!Oj<br />

ci Et se con<strong>du</strong>isant convenablement envers les perce<br />

sonnes de sa famille ! »<br />

Con<strong>du</strong>isez-wm convenablement envers ks personnes de<br />

mire famille, ensuite vous pourrez instruire et diriger une<br />

nation d'hommes.<br />

7. Le Livre de$ Vers dit :<br />

« Faites ce qui est convenable entre frères et sœurs de<br />

s différents âges. ®<br />

Si vous faites ce qui est convenable entre frères de différents<br />

âges, alors vous pourrez instruire de leurs devoirs<br />

mutuels les frères aînés et les frères cadets d'un royaume 4 .<br />

8. Le Livre des Vers dit :<br />

« Le prince dont la con<strong>du</strong>ite est toujours pleine d'éo<br />

quité et de sagesse<br />

a Verra les hommes des quatre parties <strong>du</strong> monde<br />

« imiter sa droiture. »<br />

Il remplit ses devoirs de père, de fils, de frère aîné et<br />

de frère cadet, et ensuite le peuple limite.<br />

9. C'est ce qui est dit dans le texte : L'art de bien yon-<br />

1 Dans la politique de ces philosophes chinois, chaque famille<br />

est une nation ou État en petit, et toute nation ou tout État n'est<br />

qu'une grande famille : l'une et l'autre doivent être gouvernées par<br />

les mômes principes de sociabilité et soumises aux mêmes devoirs.<br />

Ainsi, comme un homme qui ne <strong>mont</strong>re pas de vertus dans sa con<strong>du</strong>ite<br />

et n'exerce point -d'empire sur ses passions n'est pas capable<br />

de bien administrer une famille, de même un prince qui n'a pas les<br />

qualités qu'il faut pour bien administrer une famille est également<br />

incapable de bien gouverner une nation. Ces doctrines ne sont<br />

point constitutionnelles, parce qu'elles sont en opposition avec la<br />

doctrine que le chef de Y État règne et ne gouverne pas, et qu'elles lui<br />

attribuent un pouvoir exorbitant sur ses sujeîs, celui d'un père sur<br />

ses enfants, pouvoir dont les princes, en Chine, sont aussi portés à<br />

abuser que partout ailleurs ; mais, d'un autre côté, ces caractère<br />

d'assimilation au père de famille leur impose des devoirs qu'ils<br />

trouvent quelquefois assez gênants pour se décider à les enfreindre :<br />

alors, d'après la même politique, les membres de la grande famille<br />

ont le droit, sinon toujours la force, de déposer les mauvais rois qui<br />

ne gouvernent pas en vrais pères de famille. On en a vu de*<br />

exemples.<br />

*


LA G1ANDE ÉTUDE. 57<br />

verner une nation consiste à mettre auparavant le bon ordre<br />

dans sa famille.<br />

Voilà le neuvième chapitre <strong>du</strong> Commentaire. 11 explique ce<br />

que Ton doit entendre par bien gouverner le royaume en mettant<br />

h bon ordre dans sa famille.<br />

CHAPITRE X.<br />

Sur le devoir d'entretenir la paii et la bonne harmonie dans le monde, en bien<br />

gouvernant les royaumes.<br />

1. Les expressions <strong>du</strong> texte* faire jouir le monde de la<br />

paix et de l'harmonie consiste à bien gouverner son royaume,<br />

doivent être ainsi expliquées : Que celui qui est dans une<br />

position supérieure* ou le prince* traite ses père et mère<br />

avec respect* et le peuple aura de la piété filiale; que le<br />

prince honore la supériorité d'âge entre les frères* et le<br />

peuple aura de la déférence fraternelle; que le prince ait<br />

de la commisération pour les orphelins* et le peuple n'agira<br />

pas d'une manière contraire. C'est pour cela que<br />

le prince a en lui la règle et la mesure de toutes les actions.<br />

2. Ce que vous réprouvez dans ceux qui sont au-dessus<br />

de vous* ne le pratiquez pas envers ceux qui sont au-dessous<br />

; ce que vous réprouvez dans vos inférieurs* ne le<br />

pratiquez pas envers vos supérieurs; ce que vous réprouvez<br />

dans ceux qui vous précèdent* ne le faites pas à ceux<br />

qui vous suivent; ce que vous réprouvez dans ceux qui<br />

vous suivent* ne le faites pas à ceux qui vous précèdent ;<br />

ce que vous réprouvez dans ceux qui sont à votre droite*<br />

ne le faites pas à ceux qui sont à votre gauche ; ce que<br />

¥Ous réprouvez dans ceux qui sont à votre gauche* ne le<br />

faites pas à ceux qui sont à votre droite : voilà ce qui est<br />

appelé la raison et la règle de toutes les actions.<br />

3. Le Livre des Vers dit :<br />

s Le seul prince qui inspire de la joie*


58 TA HIO,<br />

ce C'est celui qui est le père et la mère <strong>du</strong> peuple ! »<br />

Ce que le peuple aime, l'aimer; ce que le peuple hait,<br />

le haïr : voilà ce qui est appelé être le père et la mère <strong>du</strong><br />

peuple.<br />

4. Le Livre des Vers dit :<br />

« Yoyez au loin cette grande <strong>mont</strong>agne <strong>du</strong> Midi,<br />

« Avec ses rochers eacarpés et menaçants !<br />

ce Ainsi, ministre Yn, tu brillais dans ta fierté !<br />

c« Et le peuple te contemplait avec terreur ! »<br />

Celui qui possède un empire ne doit pas négliger de<br />

veiller attentivement sur lui-même, pour pratiquer le bien<br />

et éviter le mal ; s'il ne tient compte de ses principes, alors<br />

la ruine de son empire en sera la conséquence f .<br />

5. Le Livre des Vers dît :<br />

ce Avant que les princes de la dynastie de Yn [ou Chang]<br />

a eussent per<strong>du</strong> l'affection <strong>du</strong> peuple,<br />

« Ils pouvaient être comparés au Très-Haut. '<br />

ce Nous pouvons considérer dans eux<br />

ce Que le mandat <strong>du</strong> ciel n'est pas facile à conserver. »<br />

Ce qui veut dire :<br />

« Obtiens l'affection <strong>du</strong> peuple, et tu obtiendras remet<br />

pire;<br />

a Perds l'affection <strong>du</strong> peuple, et tu perdras l'empire 2 .<br />

1 On veut dire [dans ce paragraphe] que celui qui est dans la<br />

position la plus élevée de la société [le souverain] ne doit pas ne<br />

pas prendre en sérieuse considération ce que les hommes ou les<br />

populations demandent et attendent de lui ; s'il ne se conformait pas<br />

dans sa con<strong>du</strong>ite aux droites règles de la raison, et qu'il se livrât<br />

de préférence aux acles vicieux [aux actions contraires à l'intérêt <strong>du</strong><br />

peuple] en donnant un libre cours à ses passions d'amitié et de<br />

haine, alors sa propre personne serait exterminée et le gouvernement<br />

périrait; c'est là la grande ruine de l'empire [dont il est parlé<br />

dans le texte]. (TCHOU-HI.)<br />

8 Le Ho-kiang dit à ce sujet : « La fortune <strong>du</strong> prince dépend <strong>du</strong><br />

ciel, et la volonté <strong>du</strong> ciel existe dans le peuple. Si le prince obtient<br />

l'affection et l'amour <strong>du</strong> peuple, le Très-Haut le regardera avec<br />

complaisance et affermira son trône ; mais s'il perd l'affection et l'amour<br />

<strong>du</strong> peuple, le Très-Haut le regardera avec colère, et il perdra<br />

son royaume. »


LA GBANDE ÉTUDE. 59<br />

6. C'est pourquoi un prince doit> avant tout, veiller attentivement<br />

sur son principe rationnel et moral.. S'il possède<br />

les vertus qui en sont la conséquence, il possédera le<br />

cmur


60 TA HK>,<br />

« aucun objet précieux ; l'humanité et l'amitié pour ses<br />

ce parents sont ce que j'ai trouvé seulement de précieux, a<br />

13. Le Thsitirtchi dit :<br />

« Q ne 11'a i-j e u n m i n i si ro d ' u n e d ro i t u re | ta ri a i te, quand<br />

(( 111 è i î i e î 1 «aurait, d ' a 111 r t 1 11 ; il » i i t1 < ' à q u 'un f m O r si m pie e<br />

« sans passions : il serait connue s'il avait les plus grands<br />

u talents! Lorsqu'il verrait des hommes de liante capacité,<br />

« il 1rs pro<strong>du</strong>irait, et nVn serait pas plus jaloux que s'il<br />

n possédait leurs talents lui-même. SU venait à distinguer<br />

«< un h on une d'une vertu et d'une intelligence vastes, il<br />

« n e se bo i * n e r a il: pas à e 111 a i r e le I c ige <strong>du</strong> boi it tl e s le vres »<br />

« il le recherchera il avec sincérité et remploierait dans<br />

« les affaires» Je pourrais me reposer sur un tel ministre<br />

« <strong>du</strong> soin de protéger mes enfants» leurs enfants et le<br />

« peuple» Quel avantage n'en résulterait-il pas pour le<br />

« royaume ! !<br />

« M a i s s i i m ministre e st j a î o u x d. e s h < i ni 11 les (1 e t a 1 en t,<br />

« et que par envie il éloigne; on tienne à l'écart ceux qui<br />

« possî » 11 e nt un e v e r {u e l u n e h a h i I e t é é i n i ne n t es. e t i n e I e s<br />

te employant pas clans les charges importantes, et en leur<br />

« suscitant méebammeiit. toutes sortes d'obstacles, un tel<br />

« ministre, quoique possédant des talents, est incapable<br />

« de protéger mes enfants, leurs enfants et le peuple. No<br />

« pourrail-on pas dire alors, que ce serait un danger im-<br />

« mi ne ni, propre à causer la ruine de IV m pire? »<br />

M. 1/homme vertueux et plein d'humanité peut seul<br />

eloignea 1 i<br />

de lui de tels lions mes» et les rejeter parmi les<br />

barbares des quatre extrémilés de l'empire, ne leur permettant<br />

pas d'habiter dans le royaume <strong>du</strong> milieu.<br />

Cela veut dire que l'homme juste et plein d'humanité<br />

* On voit par ces instructions de Mou-koung, prince <strong>du</strong> petit<br />

royaume de Thsin, tirées <strong>du</strong> Chou-king, quelle importance on atta-"<br />

chait déjà en Chine, 660 ans avant notre ère, au bon choix des ministres,<br />

pour la prospérité et le bonheur d'un État. Partout l'expérience<br />

éclaire leâ hommes! Mais malheureusement ceux qui les<br />

gouvernent ne savent pas ou ne veulent pas toujours en profiter.


LA GRANDB ÉTUDE. 61<br />

seul est capable d'aimer et de haïr convenablement les<br />

hommes *.<br />

15. Voir un homme de bien et de talent, et ne pas lui<br />

donner de l'élévation ; lui donner de 1* élévation, et ne pas<br />

le traiter avec ton le* la déférence qu'il mérite, c'est loi<br />

laireïnjore. Voirun 11onJiJie {>erv e rs » e11te i pas 1 e i*ep«.»t1sst• r ;<br />

le repousser, et ne fias l'éloigner a une grandi* distance,<br />

e est une chose couda ni tiable pu ni: un prince.<br />

H», Vn prince qui aime ceux qui sont l'objet de la haine<br />

générale, et qui liait ceux qui sont aimés de huis, fait ce<br />

que l'on appelle ttn outragea la nature de l'homme. Iles<br />

calamités redoutables atteindront, certainement un tel<br />

prince »<br />

17. C'est en cela que les souverains ont une grande<br />

ivgle de con<strong>du</strong>ite à laquelle ils doivent se conformer; ils<br />

l'acquièrent, cette regle? par la sincérité et la fidélité, et<br />

ils la perdent par l'orgueil et la violence.<br />

•18. Il y a un grand principe pour accroître les revenus<br />

(de l'État ou de la famille }, tjue ceux qui pro<strong>du</strong>isent ces<br />

revenus soient nombreux, et ceux qui les dissipent, eu<br />

petit nom lire; que ceux qui les font croître par leur travail<br />

se donnent beaucoup de peine, et que ceux qui les<br />

consomment le fasse ni avec- modérai ion : alors, de celle<br />

i n a n i é re, les r e v e n 11 s se r o 111 toi y o u rs su f t i sa n t s -.<br />

1 v. Je n'admire put ut m» 1M muni', qui p«-»>sod«> une \»»rlu dan*<br />

tente sa peiieeiîoo, s'il ne possède «'n mène* temps dans un pareil<br />

i\i'(rfri' la vrrtii opposée, l*'l qu'Hait !:'paniin


62 TA MO,<br />

19. L'homme humain et charitable acquiert de la considération<br />

à sa personne, en usant généreusement de ses<br />

richesses ; l'homme sans humanité et sans charité augmente<br />

ses richesses aux dépens de sa considération.<br />

20. basque le pnnee aime ritnmaiiHe et pratique la<br />

vertu, il t j s! imposable que le peuple intime pas la jusiiee;<br />

et lorsque le peuple aime la juMie«\ il es! impossible<br />

qui 1 losallaires <strong>du</strong> pnnee n'aient pas une heuivuso iîn : il<br />

est exaltai a 1 ni impossible


LA GRANDE ÉTUDE. 113<br />

royaume oe doivent point faire leur richesse privée des<br />

revenus publics, niais qui 1s doivent faire delà justice et de<br />

l'équité leur seule richesse.<br />

22. Si ceux qui gouvernent les Etats ne pensent qu'à<br />

amasser des rie liesses pour leur Usage personnel, ils<br />

attireront in<strong>du</strong>bitablement auprès d'eux des hommes<br />

dépravés; ces hornm.es leur fer oui croire qu'ils sont des ministres<br />

bons et vertueux, el ees hounuesdépraves gouverneront<br />

le royaume. Mais r»idnnnist ration de. ees indignes<br />

ministres appellera .sur le goinertieuient les châtiments<br />

divins et k^ vengeances <strong>du</strong> peuple, fjiiand les a lia ires publiques<br />

sont arrivées à ce point, quels mniisfres, fussentils<br />

les plus justes et les pins vetlueux, détourneraient de<br />

tels malheurs? Ce qui veuf dire que ceux qui gouvernent<br />

un royaume ne doivent point faire leur richesse privée des<br />

revenus publies, mais qu'ils doivent faire de lu justice et<br />

cle I eq 11 i t é leur seule rie 11 essc j .<br />

\otl;i le dixième cljapilre <strong>du</strong> Gain neuf a ire. Il explique ce<br />

que l'un doit entendre par faîro jiutîr (e ?wea/r île la paix et e>><br />

fharniimie tn bien ffiHtc-eniant /Vm/eiv 1 .<br />

1/Explication tout entière c..n>i>le eu dix chapilies. j.cs<br />

qu.Jre premiers chapitres e.xp-iseul l'ensemble général de fme<br />

1 « Le sens de ce chapitre est qu'il faut faire tous ses efforts pour<br />

être d'accord avec le peuple dans son amour et son aversion, ou<br />

partager ses sympathies, et qu'il ne faut pas s'appliquer uniquement<br />

à faire son bien-être matériel. Tout cela est relatif % à la règle de<br />

con<strong>du</strong>ite la plus importante que l'on puisse s'imposer. Celui qui<br />

peut agir ainsi traite alors bien les sages, se plaît dans les avantages<br />

qui en résultent ; chacun obtient ce â quoi il peut prétendre,<br />

et le monde vit dans la paix et l'harmonie. » (Glose.)<br />

Thoung-yang-hiu-chi a dit : « Le grand but, le sens principal de<br />

ce chapitre signifie que le gouvernement d'un empire consiste dans<br />

l'application des régies de droiture et d'équité naturelles que nous<br />

avons en nous, à tous les actes <strong>du</strong> gouvernement ainsi qu'au choix<br />

des hommes que l'on emploie, qui, par leur bonne ou mauvaise<br />

administration, conservent ou perdent l'empire, il faut que, dans<br />

ce qu'ils aiment et dans ce qu'ils haïssent, ils se conforment toujours<br />

au sentiment <strong>du</strong> peuple. »


êê TA H10, LA GEANDE ÉTUDE.<br />

vrage, et en <strong>mont</strong>rent le but. Les six autres chapitres eîposent<br />

plus en détail les diverses branches <strong>du</strong> sujet de l'ouvrage. Le<br />

cinquième chapitre enseigne le devoir d'être vertueux et<br />

éclairé. Le sixième chapitre pose la base fondamentale <strong>du</strong> perfectionnement<br />

de soi-même. Ceux qui commencent l'étude de<br />

ce livre doivent faire tous leurs efforts pour sur<strong>mont</strong>er les difficultés<br />

que ce chapitre présente à sa parfaite intelligence ;<br />

ceui qui le lisent ne doivent pas lé regarder comme très-facile<br />

à comprendre et en faire peu de cas.


f<br />

TCHOMG-YOOTG<br />

L'INVARUBILITE DANS LE MILIEU<br />

RECUEILLI PAR TSÉU-SSE,<br />

PETIT-FILS ET DISCIPLE DE 1BOUHG-TSE U.<br />

DEUXIÈME LIVRE CLASSIQUE.<br />

AVERTISSEMENT<br />

DU DOCTEUR TC11NG-T8EU.<br />

Le docteur Tch&ng-tseu a dit : Ce qui ne dévie d'aucun côté<br />

est appelé milieu ( tchoung ) ; ce qui ne change pas est appelé<br />

invariable (young). Le milieu est la droite voie, ou la droite<br />

règle <strong>du</strong> monde; l'invariabilité en est la raison fixe. Ce livre<br />

comprend les règles de l'intelligence qui ont été transmises par<br />

les disciples de KHOUîSG-TSEU à leurs propres disciples. Tseu-sse<br />

(petit-fils de KHOONG-TSEU) craignit que, dans la suite des temps,<br />

ces règles de l'intelligence ne se corrompissent ; c'est pourquoi<br />

il les consigna dans ce livre pour les transmettre lui-même à<br />

Méng-tseu. Tseu-smf au commencement de son livre, parle de<br />

la raison qui est une pour tous les hommes; dans le milieu, il<br />

fait des digressions sur toutes sortes de sujets; et à la fin, il<br />

revient sur la raison unique, dont il réunit tous les éléments.<br />

S'étend-il dans des digressions variées, alors il parcourt les six


66 TCHOUNG-YÛUNG,<br />

points fixes <strong>du</strong> monde (l'est, l'ouest, le nord, le sud, le nadii;et<br />

le zénith); se resserre-t-il dans son exposition, alors il se concentre<br />

et s'enveloppe pour ainsi dire dans les voiles <strong>du</strong> mystère.<br />

La saveur de ce livre est inépuisable, tout est fruit dans<br />

son étude. Celui qui sait parfaitement le lire, s'il le médite avec<br />

une attention soutenue, et qu'il en saisisse le sens profond,<br />

alors, quand même il mettrait toute sa vie ses maximes en<br />

pratique, il ne parviendrait pas à les épuiser.<br />

CHAPITRE PREMIER.<br />

i. Le mandai <strong>du</strong> ciel ( ou le principe des opérations vitales<br />

et des actions intelligentes conférées par le ciel aux<br />

êtres vivants l ) s'appelle nature rationnelle ; le principe<br />

qui nous dirige dans la conformité de nos actions avec la<br />

nature rationnelle s'appelle règle de con<strong>du</strong>ite morale ou<br />

droite mie ; le système coordonné de la règle de con<strong>du</strong>ite<br />

morale ou droite voie s'appelle Doctrine des devoirs ou<br />

Institutions,<br />

2. La règle de con<strong>du</strong>ite morale qui doit diriger les actions<br />

est tellement obligatoire, que Ton ne peut s'en écarter<br />

d'un seul point, un seul instant. Si Ton pouvait s'en<br />

écarter, ce ne serait plus une règle de con<strong>du</strong>ite immuable.<br />

C'est pourquoi l'homme supérieur, ou celui qui s'est identifié<br />

avec la droite voie a , veille attentivement dans son<br />

cœur sur les principes qui ne sont pas encore discernés<br />

par tous les hommes, et il médite avec précaution sur ce<br />

qui n'est pas encore- proclamé et reconnu comme doctrine.<br />

3. Rien n'est plus évident pour le sage que les choses<br />

cachées dans le secret de la conscience; rien n'est plus manifeste<br />

pour lui que les causes les plus subtiles des actions.'<br />

C'est pourquoi l'homme supérieur veille attentivement sur<br />

les inspirations secrètes de sa conscience.<br />

* Commentaire.<br />

» Glose.


OU L'iNVABÎABlLlTÊ DA*IS LE MILIEU, G7<br />

4. Avant que la joie5 la satisfaction, la colère^ la tristesse<br />

se soient pro<strong>du</strong>ites dans l'âme (avec excès), l'état<br />

dans lequel on se trouve s'appelle milieu. Lorsqu'une fois<br />

elles se son! pro<strong>du</strong>ites dans l'àme, et qu'elles non! encore<br />

atteint qu'une écriai ne limite, l'état dans lequel un se<br />

troiue s appelle harmonique. Ce milieu es! la irrande hase<br />

fondamentale, <strong>du</strong> monde.; YfififinOtue eu es! la loi universelle<br />

eî permanente.<br />

o. Lorsque le 'milieu et l h art non/'.' sont portés an point<br />

de. pcifectioai,. le eîel et la (erre sont dans un et a! de tranquillité<br />

parfaite, et Unis les êtres reeoixenf leur complet<br />

développement.<br />

Voilà le premier chapitre ilu h\re dans lequel Ty it-***-v\p.i>e<br />

les niées prima pales de la *i*îcii lue fju'd \euî Ira usine lire<br />

a la postérité. D'abord il <strong>mont</strong>re clairement que la. eoie (Jrnih:<br />

au la rc'jlt* de cumb^r nerf a le lire sa racine fond aun.nl aie. -a<br />

source primitive, <strong>du</strong> ciel, eî qu'elle ne peu! chaina/te que sa<br />

-alliance véritable existe complètement en U les principes qui \ sont emei-.né-, es<br />

H'N attachent, âpre- Ir-avoirtreinés. atîn ùv repousser tout uVvr<br />

déprax é des objets extérieurs, et d'accomplir la- actes \ et Mieux<br />

que ei'k' It'ur uaiure originelle, x.aii ee que la/oe^/o<br />

appelai! la substance nécessaire ou le c«>rp* iaeMl. ! ure <strong>du</strong><br />

h\ re. Ictfïs le- dix chapitres qui sui\cnl. ï>cii->*r ne le!. pour<br />

ainsi dire, que des citations des paroles de


68 TCHOUNG-YOUIIG,<br />

CHAPITRE IL<br />

1. Le philosophe TCHOUNG-NI (RBOUNG-TSEU) dit :<br />

L'homme d'une vertu supérieure persévère invariablement<br />

dans le milieu ; l'homme vulgaire, ou sans principes* est<br />

constamment en opposition avec ce milieu invariable.<br />

2. L'homme d'une vertu supérieure persévère sans<br />

doute invariablement dans le milieu; par cela même qu'il<br />

est d'une vertu supérieure, il se conforme aux circonstances<br />

pour tenir le milieu. L'homme vulgaire et sans principes<br />

tient aussi quelquefois le milieu; mais, par cela<br />

même qu'il est un homme sans principes, il ne craint pas<br />

de le suivre témérairement en tout et partout (sans se<br />

conformer aux circonstances f ).<br />

Voilà le second chapitre.<br />

CHAPITRE III.<br />

I. Le Philosophe (KHOONIS-TSEU) disait : Oh ! que la limite<br />

de la persévérance dans le milieu est admirable ! Il<br />

y a bien peu d'hommes qui sachent s'y tenir longtemps!<br />

Voilà le troisième chapitre.<br />

CHAPITRE IV.-<br />

1. Le Philosophe disait : La voie droite n'est pas suivie<br />

; j'en connais la cause : les hommes instruits la dépassent;<br />

les ignorants ne l'atteignent pas, La voie droite<br />

n'est pas évidente pour tout le monde, je le sais : les<br />

* Glose.


ou L'INVARIABILITé DANS LE MILIEU. 69<br />

hommes d'une vertu forte vont au delà; ceux d'une vertu<br />

faible ne l'atteignent pas.<br />

2. De tous les hommes^ il n'en est aucun qui ne boive<br />

et ne mange; mais bien peu d'entre eux savent discerner<br />

les saveurs !<br />

Voilà le quatrième chapitre.<br />

IIHAPlTilE \\<br />

1. Le Philosophe disait : Qu'il est à déplorer que la voie<br />

iIroite ne si»it pas suivit* ï<br />

Voilà le cinquième chapitre. Ile rîiupiliv se m. I far lie au p recèdent,<br />

qu'il explique, et rexcî:una!i'>n sut* la nu> (//W/c qui<br />

n'est pas suivie sert de transition peur relier le sens «lu chapitre<br />

suivant. ffcjen'-itie<br />

CHAPITKE VI.<br />

I. Le Philosophe disait : Que la sagesse et la jienef ratio»<br />


70 TCHOUN6-YOUNG,<br />

distinguer les mobiles des actions humaines, présume trop<br />

de sa science ; entraîné par son orgueil* il tombe bientôt<br />

dans mille pièges, dans mille filets qu'il né sait pas éviter.<br />

Tout homme qui dit : Je sais distinguer les mobiles des<br />

actions humaines, choisit l'état de persévérance dans la<br />

voie droite également éloignée dès-extrêmes; mais il ne<br />

peut le conserver seulement l'espace d'une lune.<br />

Voilà le septième chapitre. 11 y est parlé indirectement <strong>du</strong><br />

grand sage <strong>du</strong> chapitre précédent. En outre, il y est question<br />

de la sagesse qui n'est point éclairée, pour servir de transition<br />

au chapitre suivant. (TCHOU-HI.)<br />

#<br />

CHAPITRE VIII.<br />

1. Le Philosophe disait : ffoeï % lui, était véritablement<br />

un homme ! Il choisit l'état de persévérance dans la voie<br />

droite également éloignée des extrêmes. Une fois qu'il avait<br />

acquis une vertu, il s'y attachait fortement, la cultivait<br />

dans son intérieur et ne la perdait jamais.<br />

Voilà le huitième chapitre.<br />

CHAPITRE IX.<br />

i. Le Philosophe disait : Les États peuvent être gou­<br />

v vernés avec justice; les dignités et les émoluments peuvent<br />

être refusés; les instruments de gains et de profits<br />

peuvent être foulés aux pieds : la persévérance dans la<br />

voie droite également éloignée des extrêmes ne peut être<br />

gardée !<br />

Voilà le neuvième chapitre. 11 se rattache au chapitre précédent,<br />

et il sert de transition au chapitre suivant. (TCHOU-HI.)<br />

1 Le pius aimé de ses disciples, dont le peiit nom étail Yan-youan.


OU L f INVARIABILITÉ BANS LE MILIEU. 71<br />

CHAPITRE X.<br />

1. Tscu'ltiU (disciple de Kiiorxi-îSEi'l interrogea son<br />

i naître sur la fort'» 1 <strong>du</strong> ï hou unis<br />

2. Le Philosophe répondil . EsN-esur la force virile des<br />

contrées méridionales, rai sur la force lîrîle ih:< contrées<br />

septentrionales? Parlez-vous de votre propre forée ?<br />

o. Avoir des nianitères bienveillantes el douées pour<br />

instruira les hommes ; avoir de la compassion pour les<br />

insensés qui se révolu»nf contre la raison : voilà la loree<br />

virile propre aux eoiîlrees méridionales; eVst à elle que<br />

s'attachent les sages.<br />

i. faire sa couche de laines de fer et de cuirasses de<br />

pe a i i \ d e 1 >è t es sa 11 vages ; e < ai I c ai i p 11 r r sa 11 s i r « 'a 11 i r les a 11proelles<br />

de la mort : voilà la forée virili 1 propre aux contrées<br />

septentrionales, el c'est a elle que s'attachent les<br />

braves,<br />

f>. dépendant? que la force d'âme <strong>du</strong> sage qui vit toujours<br />

en paix avec les lion unes et ne se laisse point corrompre<br />

par les passions est bien plus féal»» et huai plus<br />

grande ! Que la force cfàme de celui qui se tient sans de-<br />

\ier dans la voie droite également éloignée il^ extrêmes<br />

vé\ bien plus forte et bien plus grande! Une la force d'aine<br />

de celui qui. lorsque son pays joui i i l'une lu ame administration<br />

qui est si ai ouvrage, ne se laisse point corrompre<br />

«ai aveugler par un sol orgueil, es! bien plus forte et bien<br />

plus grande ! Otie la loree d aine de celui qui. lorsque son<br />

pavs sans lois manque (Tune bonn»* administration, reste<br />

immuable dans la vertu jusqu'à la mort, est bien plus forte<br />

et bien plus grande!<br />

Voilà le


72 TCHOURG-YOïnCG,<br />

CHAPITRE XI.<br />

i. Le Philosophe disait : Rechercher les principes des<br />

choses qui sont dérobées à l'intelligence humaine ; faire<br />

des actions extraordinaires qui paraissent en dehors de la<br />

nature de l'homme ; en un mot, opérer des prodiges pour<br />

se procurer des admirateurs et des sectateurs dans les siècles<br />

à venir : voilà ce que je ne voudrais pas faire,<br />

2. L'homme d'une vertu supérieure s'applique à suivre<br />

et à parcourir entièrement la voie droite. Faire la moitié<br />

<strong>du</strong> chemin, et défaillir ensuite, est une action que je ne<br />

voudrais pas imiter.<br />

3. L'homme d'une vertu supérieure persévère naturellement<br />

dans la pratique <strong>du</strong> milieu également éloigné des<br />

extrêmes. Fuir le monde, n'être ni vu ni connu des hommes,<br />

et cependant n'en éprouver aucune peine, tout cela<br />

n'est possible.qu'au saint.<br />

Voilà le onzième chapitre. Les citations des paroles de<br />

KHOCNG-TSEU par Tseu-sse, faites dans l'intention d'éclaircir le<br />

sens <strong>du</strong> premier chapitre, s'arrêtent ici. Or le grand but de<br />

cette partie <strong>du</strong> livre est de <strong>mont</strong>rer que la prudence éclairée,<br />

Yhumanitè ou la bienveillance universelle pour les hommes, la<br />

force d'âme, ces trois vertus universelles et capitales, sont la<br />

porte par où Ton entre dans la voie droite que doivent suivre<br />

tous les hommes. C'est pourquoi ces vertus ont été traitées<br />

dans la première partie de l'ouvrage, en les iEustrant par<br />

l'exemple des actions <strong>du</strong> grand Chun, de- Yan-youan (ou Hϕ,<br />

le disciple chéri de KHOUKG-TSEU), et de Tseu-lou (autre disciple<br />

<strong>du</strong> même philosophe). Dans Chun, c'est la prudence éclairée;<br />

dans Yan youan, c'est Vhumanité ou la bienveillance pour tous<br />

les hommes ; dans Tseu-lou, c'est la force d'âme ou la force virile.<br />

Si l'une de ces trois vertus manque, alors il n'est plus<br />

possible d'établir la règle de con<strong>du</strong>ite morale ou la voie droite,<br />

et de rendre la vertu parfaite. On verra le reste dans le vingtième<br />

chapitre. (TCHOU-HI.)


OU L INVARIABILITE DANS LE MILIEU. 73<br />

CHAPITRE XII.<br />

1. La voie droite [ou la règle de con<strong>du</strong>ite morale <strong>du</strong><br />

sage] est d'un usage si éten<strong>du</strong>, qu'elle peut, s'appliquer a<br />

foules les actions des hommes ; mais elle est d'une nature<br />

tel le nient subtile, qu'elle n'est pas manifeste pour tous.<br />

2. L es pers o n n es 1 es p lus i g ri or a n t es e 11 e s p 111 s g n m î ères<br />

d e I a m u i t i t u d e _. 11 o n un es e I f e m n ics, pe 11 v en I a f 11 • i 11 d n i<br />

à c • e 11 e se i e n ce s i m p I e d e se b i c n e o n cl 11 i r e ; m a i s i 1 n "e s t<br />

cl o n n t ; à pe r so n n e , pas i n è i n e à c e 11 x qui so n f par ve mis «m<br />

pi u s li an t ciegr* é de sa i 11 te 11 \ c F a 11 e i 11 cl r e à la pe r f e c t i o n de<br />

( • c» 11 e se ï e n ee n i o r a 1 e ; i l re sî e t o i.ij o u r s q u e 1 q 11 e chose d'inconnu<br />

jqnï dépasse les pins nobles intelligences sur celte<br />

terre r |. Les personnes les plus ignorantes et les plus grossières<br />

de la multitude, hommes et femmes, peuvent pratiquer<br />

cette règle de con<strong>du</strong>ite morale dans ce qu'elle a de<br />

pi 11 s gé né r a 1 e t de pi u s commun; niais il n'est donne» à<br />

p< • i'so n ne, pa s n i ê i n e à c e 11 x q u i so n t pa r v e n u s a u p 1 u s h a u t.<br />

deg n ; de sa i 11 te tendait e i n d r e à î a pe r fee t i o n de cette r e g I e<br />

de con<strong>du</strong>ite morale ; il y a encore quelque chose que l'on<br />

ne peut pratiquer. Le ciel et la terre sont grands sans<br />

cloute; cependant l'homme trouve encore en eux des imperfections.<br />

C'est pourquoi le sage, en considérant ce qn


^^ TCHOUKG-YOUNG,<br />

mine l'univers dans le plus haut des cieux comme dans les<br />

plus profonds abîmes!<br />

4. La règle de con<strong>du</strong>ite morale <strong>du</strong> sage a son principe<br />

dans le cœur de tous les hommes, d'où^elle s'élève à sa<br />

plus haute manifestation pour éclairer' le ciel et la terre<br />

de ses rayons éclatants !<br />

Voilà le douzième chapitre. Il renferme les paroles de Tseusse<br />

, destinées à eipliquer le sens de cette expression <strong>du</strong> premier<br />

chapitre, où il est dit que l'an ne peul s'écarter ée la<br />

règle de con<strong>du</strong>ite moràk de l'homme. Dans les huit chapitres<br />

suivants, Tseu-sse cite sans ordre les paroles de KHOUKG-TSEU<br />

pour éclaircir le même sujet, (TCHOU-HL)<br />

CHAPITRE XIII.<br />

1. Le Philosophe a dit : La voie droite ou la règle de<br />

con<strong>du</strong>ite que Ton doit suivre n'est pas éloignée des hommes.<br />

Si les hommes se font une règle de con<strong>du</strong>ite éloignée<br />

d'eux- [c'est-à-dire, qui ne soit pas conforme à leur propre<br />

nature], elle ne doit pas être considérée comme une règle<br />

de con<strong>du</strong>ite.<br />

%., Le Liore des Vers dit :<br />

c< L'artisan qui taille un manche de cognée sur un<br />

« autre manche<br />

- a N'a pas son modèle éloigné de lui. »<br />

Prenant le manche modèle pour tailler l'autre manche^<br />

il le regarde de côté et d'autre, et, après avoir confectionné<br />

le nouveau manche, il les examine bien " tous les<br />

deux pour voir s'ils diffèrent encore l'un de l'autre. De<br />

même le sage se sert de l'homme ou de l'humanité pour<br />

gouverner et diriger les hommes; une fois qu'il les a ramenés<br />

au bien, il s'arrête là f .<br />

s Livre Kouë-foung, ode Fa-ko*<br />

1 II ne lui impose pas une perfection contraire à sa nature.


OU L'INVABIABILITB DANS LE MILIEU. 75<br />

3 » ( le lui don f I e cœu r c l s i 11 roi t,


76 , TCHOUNG-YOUNG, .<br />

différente. Est-iL malheureux, accablé d'infortunes* il agit<br />

comme doit agir un malheureux accablé d'infortunes. Le<br />

sage qui s'est, idenlilieavec la loi morale conserve toujours<br />

assez d'empire sur lui-même pour aeeoiiipiir les devoirs<br />

de sou ri a t. dans quelque condition qu'il se trouve.<br />

3. S'il est dans un rang supérieur, il ne tourmente pus<br />

ses inférieurs; s'il es! dans un raug inférieur, il n'assiège<br />

pas de sollicitations basses et cupides ceux qui occupent<br />

un rang supérieur. 11 se tient, toujours dans la droiture, et<br />

ne demande rien aux hommes ; alors ta paix et la sérénité<br />

deson amené sont pasfrouhlées. 11 ne murmure pas contre<br />

le ciel, et il n'accuse pas les hommes de ses infortunes.<br />

\,


OU L'INVARIABILITÉ DAMS LE MILIEU. 77<br />

€ Sont comme les accords pro<strong>du</strong>its par le Khin et le<br />

« Che.<br />

a Q11 a n cl 1 es frères v i ve n f clan s ï 11 n i t > n e t tliarn i on î c\ 1 a<br />

« joïe et le bon lieu r régnent parmi eux. Si le bon ordre<br />

ce est é t abî ï «i ans vo f re fa 111 î 11 e, v o f r e i e i n 1i1 e e t v os en fa 11 f s<br />

« se ronf heure o x e t sa ti s fa î f s. »<br />

3. Le Philosophe a dit : Quel cou le nie ment et quelle<br />

j o i e d r i i ve n t é p ro u v e r un p è r e e t ui le i ne r e à la lè t e d ? ti ne<br />

semblable famille ï<br />

Voilà le quinzième e ha pitre.<br />

CHAPITRE XVI.<br />

1. Le Philosophe a dit : Que les facultés des puissauces<br />

subtiles <strong>du</strong> ciel et de la terre sont vastes et profondes<br />

!<br />

2. On cherche à les percevoir, et on ne les voit pas: on<br />

cherche à les entendre, et on ne les eut ta ni pas ; identifiées<br />

à la substance des choses, elles ne peuvent en être<br />

séparées.<br />

3. Elles font que, clans tout Funivers, les lion unes pur<br />

i fi e 111 e t sa n c t i fie n 11 e 11 r e œ 11 r, se re v é lent de 1 e u r s 11 a b î I s<br />

de fête pour offrir des sacrifiées et des oblattoits à leurs<br />

ancêtres. C'est un océan d'intelligences subtiles! Eîles<br />

sont partout au-dessus de nous, à noire gauche, à notre<br />

d roi t e ; ell es n ou s e n v i r o i î n e n t de t o 111 e s par t s !<br />

4% Le livre des Vers dit 1 :<br />

« L'arrivée des espr i t s M I h t i ls<br />

« Ne peut être déterminée ;<br />

« A plus forte raison si on les néglige». »<br />

S. Ces espr ï f s c e pend a n t, quelque su b t i l s e t ï i n p er e e ptibîes<br />

qu'ils soient, se manifestent clans tes for nies corporelles<br />

des êtres; leur essence étant une essence réelle,<br />

« Livre Ta-y


7g . TCBOCTfG-YOUTO,<br />

vraie, elle ne peut pas ne pas se manifester sous une forme<br />

quelconque.<br />

Voilà le seisième chapitre. On ne petd ni voir ni entendre<br />

ces esprits subtils; c'est-àndire, qu'ils sont dérobés-à nos regards<br />

par leur propre nature. Identifiés avec la substance des choses<br />

telles qu'elles existent, ils sont donc aussi d'un usage général.<br />

Dans les trois chapitres qui précèdent celui-ci, il est parlé de<br />

choses d'un usage restreint, particulier ; dans les trois chapitres<br />

suivants, il est parlé de choses d'un usage général ; ^lans<br />

ce chapitre-ci, il est parlé tout à la fois de choses d'un usage<br />

général,"obscures et abstraites; il comprend le générai et le<br />

particulier. (TCHOIHU.).<br />

CHAPITRE XW.<br />

1. Le Philosophe a dit : Qu'elle était grande la piété filiale<br />

de CkunI il fut un saint par sa vertu ; sa dignité fut<br />

la dignité impériale; ses possessions s'étendaient aux<br />

quatre mers l ; il offrit les sacrifices impériaux à ses ancêtres<br />

dans le temple qui leur était consacré ; ses fiîs et<br />

ses petits-fils conservèrent ses honneurs dans une suite de<br />

siècles 2 .<br />

2. C'est ainsi que sa grande vertu fut, sans aucun doute,<br />

le principe qui lui fit obtenir sa dignité impériale, ses revenus<br />

publics, sa renommée, et la longue <strong>du</strong>rée de sa<br />

vie.<br />

3. C'est ainsi que le ciel, dans la pro<strong>du</strong>ction continuelle<br />

des êtres, leur donne sans aucun doute leurs développements<br />

selon leurs propres natures, ou leurs tendances naturelles:<br />

l'arbre debout, il le fait croître, le développe;<br />

l'arbre tombé, mort, il le dessèche, le ré<strong>du</strong>it en poussière.<br />

1 C'est-à-dire, aux douze provinces (Tcheou) dans lesquelles était<br />

alors compris l'empire chinois. (Glose),<br />

1 Glose.


ou L'INVARIABILITé DANS LE MILIEU. 79<br />

4. Le Livre des Vers dit 1 :<br />

a Que le prince qui gouverne avec sagesse soit loué !<br />

ce Sa brillante vertu resplendit de toutes parts;<br />

ci II traite comme Ms le méritent les magistrats et le<br />

« peuple ; .<br />

« Il tient ses Mena et sa puissance <strong>du</strong> ciel;<br />

c< Il maintient la paix, la tranquillité et l'abondance- en<br />

« distribuant [les richesses qu'il a reçues];<br />

ce Et le ciel les lui rend de nouveau ! D<br />

5. Il est évident par là que la grande vertu des sagesleur<br />

fait #btenif le mandat <strong>du</strong> ciel pour gouverner les<br />

hommes*. '/ •<br />

Voilà, le-dix-septième chapitre. Ce chapitre tire son origine<br />

de la perséférance dans la voie droite^ de la constance dans les<br />

bonnes-œuvres; il a -été destiné à <strong>mont</strong>rer au plus haut degré<br />

leur dernier résultat; il fait voir que les eflets de la voie-<strong>du</strong><br />

devoir sont efiéctiveinent très~éten<strong>du</strong>s? et que ce par quoi ils<br />

sont pro<strong>du</strong>its est d ? une nature subtile et cachée. Les deux<br />

chapitres suivants présentent aussi de pareilles idées. "<br />

(Tcuou-m.)<br />

CHAPITRE XVIII.<br />

1. Le Philosophe a dit : Le seul d'entre les hommes qui<br />

n'ait pas éprouvé les chagrins de rame fut certainement<br />

Wen-wang. Il eut Wang-ki pour père> et Wou-wang fut<br />

son fils. Tout le bien que le père avait entrepris fut achevé<br />

par le fils.<br />

2. Wou-wang continua les bonnes œuvres de Taï-wang,<br />

de Wang-ki et de Wen-wang. Il ne revêtit qu'une fois ses<br />

habits de guerre^ et tout l'empire fut à lui. Sa personne ne<br />

perdit jamais sa haute renommée dans tout l'empire ; sa<br />

dignité fut celle de fils <strong>du</strong> Ciel [c'est-à-dire d'empereur] ;<br />

. * Livre Ta-yas ode Kia-te*


80 fC10ra6-YOON€f<br />

•ses possessions s'étendirent aux quatre mers. 11 offrit les<br />

sacrifices impériaux à ses ancêtres dans le temple qui leur<br />

était consacré; ses fils et ses petits-fils conservèrent ses<br />

honneurs et sa puissance dans une suite de siècles.<br />

: L II a H - w i i / ( ii i ' \\ t i î 11 • > j h t r è s- a v a n c é e n â g< 11 o rsq u<br />

< * e j > t a I e J11 a 11 < 1 a I c 111 {] t • » 1 q u i I o i c i > n ter a ï f J * e i n<br />

kou ng < u r i M 11 j >i i f h ! > i n t c n l ions vert y e o ses de 11'en-mm<br />

et de 11 ; ou-waïuj. U < » mon t an t. à ses ai ieè f res, il éleva I a iw.vî<br />

? i // et H \wj-k î a II r a n g cl e r o i, qu'ils n 'av a î e n t pas<br />

possède, et il leur offrit les sacrifices selon le rite i ni péri al.<br />

Ces rites lurent éten<strong>du</strong>s aux f ni nées tri but a ires, aux<br />

grands de, î " e n i p i r e r e Y è lus d e d i e: n î t es ^jusqu'aux 1 et t r e<br />

et aux hommes <strong>du</strong> peuple sans titres et dignités. Si le père<br />

a v a i t é {é u n gr a n d de l'e t n p i re, e I q 11 e le fi 1 s fù t u n lettré,<br />

celui-ci faisait des funérailles à son père selon l'usage des<br />

grands dt- l'empire, et il lui sacrifiait selon l'usage des let-<br />

I res ; si so n père a v a i t é t é u n 1 e 11 ré, e t q ne le fils fut u n<br />

grand de l'empire, celui-ci faisait des lu lierai lies à son<br />

père selon l'usage des lettrés, et il lui sacrifiait selon l'usage<br />

des grands de 1 empire. Le deuil d'une année s'étendait<br />

jusqu'aux grands ; le deuil de trois années s'étendait<br />

jusqu'à l'empereur. Le deuil <strong>du</strong> père et de la mère devait<br />

être porté trois années sans distinction de rang : il était le<br />

même pour tous.<br />

Voilà le dix-huitième chapitre.<br />

CHAPITRE XIX.<br />

1. Le Philosophe a dit : Oh ! que la piété filiale de<br />

Wou-wang et de Tcheou-koung s'étendit au loin !<br />

2. Cette même piété filiale sut heureusement suivre les<br />

intentions des anciens sages qui les avaient précédés, et<br />

transmettre à la postérité le récit de leurs grandes entreprises.<br />

3. Au printemps, à l'automne, ces deux princes déce-


OU L'INVARIABILITÉ DAIS LE MILIEU. 81<br />

raient avec soie le temple de leurs ancêtres; ils disposaient<br />

soigneusement les vases et ustensiles anciens les<br />

plus prédeux [au nombre desquels étalent le grand sabre<br />

à fourreau de pourpre, et k sphère céleste de Càun 1 ] ;<br />

ils exposaient aux regards les robes et les différents vêlements<br />

des ancêtres, et ils leur .offraient les mets de la<br />

saison.<br />

4. Ces rites étant ceux de la salle des ancêtres, c'est pour<br />

cette raison que les assistants étaient soigneusement placés<br />

à gauche ou à droite, selon que l'exigeait leur dignité<br />

ou leur rang; les dignités et les rangs étaient observés :<br />

c'est pour cette raison que les hauts dignitaires étaient distingués<br />

<strong>du</strong> commun des assistants; les fonctions cérémoniales<br />

étaient attribuées à ceux qui méritaient de les remplir<br />

: c'est pour cette raison que Ton savait distinguer les<br />

sages des autres hommes ; la foule s'étant retirée de la cérémonie,<br />

et la famille s'étant réunie dans le festin accoutumé,<br />

les jeunes gens servaient les plus âgés : c'est pour<br />

cette raison que la solennité atteignait les personnes les<br />

moins élevées en dignité. Pendant les festins, la couleur<br />

des cheveux était observée : c'est pour cette raison que<br />

les assistants étaient placés selon leur âge.<br />

5. Ces princes, Wou-wong et Tcheou-koung, succédaient<br />

à la dignité de leurs ancêtres ; ils pratiquaient leurs rites ;<br />

ils exécutaient leur musique ; ils respectaient ce qu'ils<br />

avaient respecté; ils chérissaient ce qu'ils avaient aimé ;<br />

ils les servaient morts comme ils les auraient servis vivants;<br />

ils les honoraient ensevelis dans la tombe comme<br />

s'ils avaient encore été près d'eux : n'est-ce pas là le comble<br />

de la piété filiale ?<br />

.6. Les rites <strong>du</strong> sacrifice au ciel et <strong>du</strong>- sacrifice à la terre<br />

étaient ceux qu'ils employaient pour rendre leurs hommages<br />

au suprême Seigneur 2 ; les rites <strong>du</strong> temple des ae-<br />

1 0n peut voir la gravure de celte sphère, et la description des<br />

' cérémonies indiquées ci-dessus, dans îa Description de la Chine,<br />

par le tra<strong>du</strong>cteur, tome 1, p. 89 et suiv.<br />

• « Le ciel et la terre qui est au milieu. » {Glose»)


82 TCHOUHG-YOUNG,<br />

cétres étaient ceux qu'ils employaient pour offrir des sacrifices<br />

à leurs prédécesseurs. Celui qui sera parfaitement<br />

instruit des rites <strong>du</strong> sacrifice au ciel et <strong>du</strong> sacrifice à la<br />

terre, et qui comprendra parfaitement le sens <strong>du</strong> grand<br />

sacrifice quinquennal nommé 7ï, et <strong>du</strong> grand sacrifice automnal<br />

nommé Tehung, gouvernera aussi facilement le<br />

royaume que s'il regardait dans la paume de sa main.<br />

Voilà le dix-neuvième chapitre.<br />

CHAPITRE XX.<br />

1. Ngat-koung interrogea KHOUNG-TSEU sur les principes<br />

constitutifs d'un bon gouvernement.<br />

2. Le Philosophe dit : Les lois gouvernementales des<br />

rois Wen et Weu sont consignées tout entières sur les tablettes<br />

de bambou. Si leurs ministres existaient encore*<br />

alors leurs lois administratives seraient en vigueur; leurs<br />

ministres ont cessé d'être* et leurs principes pour bien<br />

gouverner ne sont plus suivis?<br />

3. Ce sont les vertus* les qualités réunies des ministres<br />

d'un prince qui font la bonne administration d'un État;<br />

comme la vertu fertile de la terre* réunissant le mou et le<br />

<strong>du</strong>r* pro<strong>du</strong>it et fait croître les plantes qui couvrent sa surface.<br />

Cette bonne.administration dont vous me parlez ressemble<br />

aux roseaux qui bordent les fleuves; elle se pro<strong>du</strong>it<br />

naturellement sur un sol convenable.<br />

4. Ainsi la bonne administration d'un État dépend des<br />

ministres qui lui sont préposés. Un prince qui veut imiter la<br />

bonne administration des anciens rois doit choisir ses -ministres<br />

d'après ses propres sentiments* toujours inspirés<br />

parle bien public; pour que ses sentiments aient toujours<br />

le bien public pour mobile* il doit se conformer à la grande<br />

loi <strong>du</strong> devoir; et cette grande loi <strong>du</strong> devoir doit être<br />

cherchée dans l'humanité* cette belle vertu <strong>du</strong> cœur*


OU L INVARIABILITE DANS LE MILIEU. 83<br />

qui est le principe de l'amour pour tous les hommes.<br />

5. Cette humanité, c'est l'homme lui-même: l'amitié<br />

pour les parents en est le premier devoir. La justice, e'esf<br />

l'équité ; ees! rendre à charnu ce qui lus convient : honorer<br />

les hommes sages en l'orme le. premier de\oir. Larl<br />

de savoir dislinatter ce que l'on doil aux parejdsde dilîërents<br />

degrés, celui de savoir comment honorer les sages<br />

selon leurs mérites, ne s'apprennent que par les nies un<br />

principes de con<strong>du</strong>ite inspires par leeiel L<br />

0. Cest pourquoi le prince ne peut pas se dispenser de<br />

corriger et perfectionner sa personne, llans l'intention de<br />

corriger et perfectionner sa personne. 51 ne peut pas s* s dispensa<br />

de rendre à ses parents ce qui leur est dan Pans<br />

l'intention île rendre à >es parents ce qui leur est <strong>du</strong>, il ne<br />

peut pas se dispenser de connaître les hommes sages pour<br />

les honorer et. pour qu'ils puissesit I instruire de ses devoirs,<br />

llans l'intention de connaître tes hommes sages, il<br />

ne peu! pas se dispenser île connaître le ciel, ou la loi qui<br />

dirige dans la pratique des de\oirs prescrits.<br />

7, Les devoirs les plus universels pour le genre humain<br />

soit! au nombre de cinq, et Un a m ne possède trois facultés<br />

naturelles pour les pratiquer. Les cinq devoirs sont : les<br />

relations qui doivent exister en Ire le prince et ses ministres,<br />

le père et ses enfants, le mari et la femme, les frères<br />

aiuês et les frères cadets, et l'union des anus entre eux;<br />

lesquelles cinq relations constituent la loi naturelle <strong>du</strong> devoir<br />

la plus universelle pour les hommes. La conscience,<br />

qui est la lumière de. l'intelligence pour distinguer le bien<br />

et le mal; Hiinnanitê. qui eM l'equite <strong>du</strong> eu-ur ; fe courage<br />

moral, qui est la force d'au an sont les trois grandes et u inverse<br />

lies facultés morales de 11 a ni nue ; niais ce dont on<br />

1<br />

11 y ;i in ,Jaro |V« ,p. Tuiur ni un pan^a.}.:^ qni se<br />

fottive plus loin, H aie' injurt îles an!iv> ^lil.-urs dînais oui<br />

supprime, p;mv «ju'il un au«-»i« eaa m rt ;i\-v tv «pu prrecile


84 TCBOUKG-YOUKG,<br />

•doit-.se servir pour pratiquer les cinq grands-devoirs se ré<strong>du</strong>it<br />

à une seule et unique condition.<br />

8. Soit qu'il suffise de naître pour connaître ces devoirs<br />

universels, soit queFétude ait été nécessaire pour les apprendre,<br />

soit que leur connaissance ait exige rie grandes<br />

peines, lorsqu'on est p irverm à cette connaissance:, le résultai<br />

est le même; soit que Ion pratique naturellement<br />

et sans efforts ees devoirs universels, soit qu'on les pratique<br />

dansl*' bat


OU L INVARIABILITE DANS LE MILIEU. 85<br />

viennent de loin, les étrangers % et traiter avec amitié tons<br />

les grands vassaux.<br />

12 * 1 ) è s T i ris t a ri t q 1i e 1 o pri n c e ; t u r a b i e n r ég I é e I a m é -<br />

lioi'é sa personne, aussitôt les devoirs universels .seront<br />

accomplis envers lui-même; des l'instant qu'il aura rév<br />

é ré les sa ge s, a n s s î I o I i i 11 a 11 ra p 1 u s d e d o u t e s u r i e s p r i n -<br />

cipes <strong>du</strong> vrai et <strong>du</strong> taux, <strong>du</strong> bien et <strong>du</strong> mai ; des F instant<br />

que ses parents seront l'objet des a Élection.s qui leur sont<br />

ci lies, aussitôt i 1 n' y au ra pi us i le d i sse i is i oi es e î 11 re s« \s o i le 1 es,<br />

ses frères aines et ses frères cadets; ûi i s l'instant qu'il Iion<br />

o r'era e o n v e 11 a 1 >1 c a n e n t 1 es fo n c t i o n n a i r es s u j • é rieurs ou<br />

i n in i si res, aussi tôt il verra les a fiai res d li ta! i 1 11 b< nie rd re ;<br />

dès Uns! an t qu'il traitera comme il convient les fonctionna<br />

i r'es e t i n a g î st rat s se e o n da i res_? a u ss i t ô f 1 e s d oc t c 11 rs «les<br />

lettrés s'acquitteront avec zèle de leurs devoirs dans les<br />

c é r éi 11 on i es ; cl è s F i n st a n t q u * i 1 a i m e r a e ! traite r a 1 e j >e u p I < *<br />

c o ni 111 e n n I ï l s, a 11 ss i 1 ô t c e j n c u i e pc u j J I < : se r i t po r t c à imiter<br />

son supérieur; dès Fins tant qu'il aura attiré près de<br />

lui tous les savants et les artistes, aussitôt ses richesses<br />

seront suffisamment mises en usage: des Fiiisfanl qu'il<br />

ac en e i 11 e r a agréa 1)1 e i n en 11 es lie n m i e s q u i v i e n n c n t d c 1 o in,<br />

aussitôt les hommes des quatre extrémités de Feu q lire<br />

accourront en foule dans ses Etats pour prendre part a<br />

ses bienfaits; dès Finstanl qu'il traitera a ver amitié ses<br />

gra n cl s v assa t ix, a n ss i t ô t i 1 se t -are s p e e t c d a î i s t o u t Fc m p i re,<br />

•Kf. Se purifier de toutes souillures, avoir toujours un<br />

extérieur propre et décent; et des vè tel neufs distingués ;<br />

ne s«.* permettre aucun mouvement ai a'une action contrai<br />

renient aux rîtes prescrits - : voilà tes moyens qu'il faut<br />

employer pour bien réglée sa personne ; repousser loin<br />

de soi les flatteurs, fuir les sé<strong>du</strong>ctions de la beauté, nicpri-<br />

1 La Glose dit que '» >


86 TCBOUNG-YOUNG,<br />

ser les richesses, estijner à un haut prix la vertu et les<br />

hommes qui la pratiquent : voilà les moyens qu'il faut<br />

employer pour donner de l'émulation aux sages; honorer<br />

la dignité de ses parents, augmenter leurs revenus» ai mur<br />

et *'*\it«.*r ce


OU 1/INVARIABILITÉ DANS LE MILIEU. 87<br />

ont été résolus d^vance^ sont par cela même accomplis;<br />

s'ils ne sont pas résolus d'avance, ils son! par cela mènie<br />

dans un état d'infraction. Si Ion a déterminé d'avance les<br />

pa ro 11* s q u e l*o n <strong>du</strong> i t p r o 11 < .» n ce r, on n e j > r i m v e par eela<br />

i n é ï ne ai i ou n e hésitation. Si fo i \ a d e t e r n i i ri é. cl ' a va 11 e < ; si? s<br />

affaires, ses occupations clans le monde, par cela ! net ne<br />

elles s'accomplissent facilement. Si l'on a déterminé d'av<br />

a née sa e o 11 d u i t e rn o r a 1 e < .1 ai i s 1 a v s e, i •> 11 n 'é p r < » u v e ra p o i n t<br />

de pc » i n es de ! ' à t ne ». Si 1 on a < lcte riiïii i é d * a v a 11 e e I a 1 o i d t1<br />

devoir» elle ne faillira jamais.<br />

10. S» eeliti qui est dans un rang inférieur n'obtient pas<br />

la confiance de son supérieur, le peuple ne peut pas être<br />

bien administré; il y a un principe certain dans la détermination<br />

de ce rapport : Celui qui ri est pas sincère ei<br />

fidèle avec ses amis n obtiendra p


gg fCHotnra-YcwiiG,<br />

jiri\. Celui qui tend constamment à son perfectionnement<br />

est le sage qui sait distinguer le bien <strong>du</strong> mal., qui<br />

choisit le bien et s'y attache fortement pour ne jamais le<br />

perdre.<br />

18. Il doit beaucoup étudier pour apprendre tout ce<br />

qui est bien ; il doit interroger avec discernement, pour<br />

chercher à s'éclairer dans tout ce qui est bien ; il doit veiller<br />

soigneusement sur tout ce qui est bien, de crainte de<br />

le perdre, et le méditer dans son âme ; il doit s'efforcer<br />

toujours de connaître tout ce qui est bien, et avoir grand.<br />

soin de le distinguer de tout ce qui est mal; il doit ensuite<br />

fermement et constamment pratiquer ce bien.<br />

19. S'il y a des personnes qui n'étudient pas* ou qui* m<br />

elles étudient, ne profitent pas, qu'elles ne se découragent<br />

point, ne s'arrêtent point; s'il y a des personnes-qui n'interrogent<br />

pas les hommes instruits, pour s'éclairer surles<br />

choses douteuses ou quelles ignorent, ou si, en les interrogeant,<br />

elles ne peuvent devenir plus instruites, qu'elles<br />

ne se découragent point : s'il y a des personnes qui ne<br />

méditent pas,, ou qui, si elles méditent, ne parviennent<br />

pas à acquérir une connaissance claire <strong>du</strong> principe <strong>du</strong><br />

bien, qu'elles ne se découragept point; s'il y a des personnes<br />

qui ne distinguent pas le bien <strong>du</strong> mal, ou qui, si<br />

elles le distinguent, n'en ont pas cependant une perception<br />

claire et nette, qu'elles ne se découragent point ; s'a y a<br />

des personnes qui ne pratiquent pas le bien, ou qui, si<br />

elles le pratiquent, ne peuvent y employer toutes leurs<br />

forces, qu'elles ne se découragent point : ce que d'autres<br />

feraient en une fois, elles le feront en dix; ce que d'autres<br />

feraient en cent, elles le feront en mille.<br />

20. Celui qui suivra véritablement cette règle de persévérance,<br />

quelque ignorant qu'il soit, il -deviendra nécessairement<br />

éclairé ; quelque faible qu'il soit, il deviendra<br />

nécessairement fort.<br />

Voilà le vingtième chapitre. 11 contient les paroles de KHOUKG-<br />

TSEU, destinées à offrir les exemples de vertu <strong>du</strong> grand Chm,


ou L'INVARIABILITé DANS LE MILIEU.<br />

89<br />

de Wta-tray, de Wo^wamg et de Tchemi,koung, pour les<br />

commuer. Tse^se dans ce chapitre, éclairait cï quï cS<br />

t..*»..* PU,'),, (nul, ,ou; ii |(, rapporte ,,, |(; rai„ ,,?,„,, , °°<br />

ta.t mernephis, caril embrasse les devoir, d'un usace ,,,„•,:,<br />

•uns, que !ts devoirs moins acce^hles lU, h„mni(!S7 j L ,£<br />

f" 1 ". l Pf^"«"--e» «nèn.e temps que ceux qui cou nl<br />

les put.ls e les grands, afin de cmplelor le sen' <strong>du</strong> ,1,u '»,<br />


9§ TCBOUNG-YOUNG,<br />

fond la nature des autres hommes, la loi de leur être, et<br />

leur enseipier tous Ses devois qu'ils'ont à observer pour<br />

accomplir le mandat t.iti ciel ; pouvant connaître à<br />

loin 1 la nature des autres hommes la loi de leur être, et<br />

leur enseigner les deutirs qu'ils on! à observer pour accomplir<br />

le mandai


00 L'INVARIABILITÉ DANS LE MILIEU. 91<br />

dernières traces <strong>du</strong> vice : il n'y a dans le monde que les<br />

hommes souverainement parfaits qui puissent être capables<br />

d'effacer ainsi les dernières traces <strong>du</strong> vice dans le<br />

cœur des hommes.<br />

Voilà le vingt-troisième chapitre. 11 y est parlé de la loi de<br />

l'homme.<br />

CHAPITRE XXIV.<br />

•t. Les facilités de l'homme souverainement partait<br />

.sont si puissantes, qu'il pi-nf3 par leur moyen, prévoir les<br />

choses à venir. L'élévation des familles nnales s'annonce<br />

assurément par d'heureux présages; la chute des dynasties<br />

s annonce assurément aussi par «le funestes pré.-ages;<br />

ces présages heureux ou lunes les se manifestent dans la<br />

grande herbe nommée r/o, sur le dos de la (oriue, et<br />

excitent en elle de tels mouvements., qu'ils tout frissonner<br />

ses quatre membres. Quand des événements heureux<br />

on malheureux, sont proehains, l'homme souverainement<br />

parfait prévoit avee eertilud»* s'ilsseronl heureux ;<br />

il prévoit également avec certitude s'ils seront malheureux.;<br />

c'est pourquoi l'homme souverainement parlait<br />

ressemble aux intelligences surnaturelles.<br />

Voilà le vingt-quatrième chapitre. Il y est. parlé de la loi <strong>du</strong><br />

ciel.<br />

CHAPITRE XXV.<br />

1. Le parfait est par lui-même parfait absolu; la lut <strong>du</strong><br />

deuoir est par e 11e-même loi de devoir.<br />

2. Le parfaite leeommeneenien! e! la fui de Ions les<br />

êtres; sans le parfait ou la perlée!ion, les êtres ne seraient<br />

pas. C'est pourquoi le sage estime celte perfection audessus<br />

de tout.


99 TCHoraa-¥ouNGf<br />

3. L'homme parlait ne se borne pas à se perfectionner,<br />

lui-même et s'arrêter ensuite; c'est pour cette raison qu'il<br />

s'attache à perfectionner aussi les autres êtres. Se perfectionner<br />

soi-même est sans doute une vertu; perfectionner<br />

les autres êtres est une haute science ; ces deux perfectionnements<br />

sont des vertus de la nature ou de la faculté<br />

rationnelle pure. Réunir le perfectionnement extérieur<br />

et le perfectionnement intérieur constitue la règle <strong>du</strong><br />

devoir. C'est ainsi que l'on agit convenablement selon les<br />

circonstances.<br />

Voilà le vingt-cinquième chapitre. 111 est parlé de la loi de<br />

l'homme.<br />

CHAPITRE XXVI.<br />

1. C'est pour cela que l'homme souverainement parfait<br />

ne cesse jamais d'opérer le bien, ou de travailler au<br />

perfectionnement des autres hommes.<br />

% Ne cessant jamais de travailler au perfectionnement<br />

des autres hommes, alors il persévère toujours dans ses<br />

bonnes actions ; persévérant toujours dans ses bonnes actions^<br />

alors tous les êtres portent témoignage de lui.<br />

3. Tous les êtres portant témoignage de lui, alors l'influence<br />

de la vertu s'agrandit et s'étend au loin; étant<br />

agrandie et éten<strong>du</strong>e au loin, alors elle est vaste et profonde<br />

; étant vaste et profonde, alors elle est haute et resplendissante,<br />

&r La vertu de l'homme souverainement parfait est<br />

vaste et profonde : c'est pour cela qu'il a en lui la faculté<br />

de contribuer à l'entretien et au développement des êtres;<br />

elle est haute et resplendissante : c'est pour cela qu'il a<br />

en lui la faculté de les éclairer de sa lumière ; elle est<br />

grande et persévérante : c'est pour cela qu'il a en lui lt*<br />

faculté de contribuer à leur perfectionnement, et de s'idei\><br />

tifler par ses œuvres avec le ciel et la terre.<br />

i


OU L'iNYAlIÂlILIfÉ DANS LE MILIEU. 93<br />

5. Les hommes souverainement parfaits, par la grao*<br />

deur et la profondeur de leur verte* s'assimilent avec la<br />

terre; par sa hauteur et son éclat, ils s'assimilent avee le<br />

ciel; par son éten<strong>du</strong>e et sa <strong>du</strong>rée, ils s'assimilent avec<br />

l'espace ef le feinps sans 11 mite.<br />

IL Celui qui est dans cette liante condition do sainteté<br />

parfaite ne se <strong>mont</strong>re point, et cependant, comme la<br />

ferre, il se révèle par ses bienfaits ; îl ne se déplace point,<br />

et cependant, comme le ciel, il opère de nombreuses<br />

transformations; il n'agit point, et cependant, connue<br />

l'espace et le temps, îl arrive au perfectionnement de ses<br />

œuvres.<br />

T. La puissance on la loi pro<strong>du</strong>ctive <strong>du</strong> ciel et tic la<br />

terre peu t è t r< ; e \ p ri niée pa r un se ul 11 lot ; son a< 1 i e 11<br />

dans l'un et l'autre îfest pas double : c'est la perfection;<br />

mais alors sa pro<strong>du</strong>ction des êtres est incompréhensible.<br />

8. La raison d'être, ou la loi <strong>du</strong> ciel et de la terre, est<br />

vaste, en effet; elle est profonde! elle est su bit i ne! elle est<br />

éclatante! elle est immense! elle est éternelle!<br />

9. Si nous portons un instant nos regards vers le ciel.<br />

nous n'apercevons d abord qu'un petit espace scintillant<br />

de lumière; niais si nous pouvions nous élever jusqu'à cet<br />

espace lumineux, nous trouverions qu'il est d'une immensité<br />

sans limites; le soleil, la lune, les étoiles, les planètes<br />

y sont suspen<strong>du</strong>s comme à un lîl ; tous les êtres de<br />

lu ni vers en sont couverts comme d'un dais. Maintenant,<br />

si lions jetons un regard sur la terre, nous e roi nui s<br />

d'abord que nous pouvons la tenir dans Ja main: niais<br />

si nous la - parcourons, nous la trouverons éten<strong>du</strong>e, profonde;<br />

soutenant la liante <strong>mont</strong>agne fleurie l sans lîéehir<br />

sous son poids; enveloppant- les fleuves et les mers dans<br />

son sein, sans en être inondée, et contenant tons les êtres.<br />

Cette <strong>mont</strong>agne ne nous semble qu'un pi'!if fragment de<br />

rocher; niais si nous explorons son éten<strong>du</strong>e, nous la.<br />

J Mofita«>iic


M TCflOUWG-YOONG,<br />

trouverons vaste et élevée; les plantes et les arbres croissant<br />

à sa surface* des oiseaux et des' quadrupèdes y faisant<br />

leur cleiHeure, et renfermant elle-même dans son sein<br />

des trésors inexploités. Et cette eau que nous apercevons<br />

de loin nous semhle pouvoir à peine remplir une coupe<br />

légère; niais si nous parvenons à sa surface, nous ne<br />

pouvons en si in de r la profondeur; des énormes I or tues,<br />

des eroeodîles» des hydres, des dragons, des poissons de<br />

toute espèce \ iveiif dans son sein ; des richesses précieuses<br />

y prennent naissance.<br />

10. Le Livre des Vers dit ! :<br />

« Il n'y a que le mandat do ciel<br />

« Dont Faction éloignée ne cesse jamais.»<br />

Voulant dire par là que c'est celte action incessante qui<br />

te l'ait le mandai <strong>du</strong> ciel.<br />

« Oh! c o 111111 e ut n "a 11 r a i t-e 11 e p a s e t é éclat an te,<br />

« La pureté de la vertu de Woii-wang ? n<br />

Voulant dire aussi par là que c'est par cette nié nie pureté<br />

de verlu qu'il fut Wuu-wamj, car elle ne s éclipsa<br />

jamais.<br />

Voilà le vingt-sixième chapitre. Il y est parlé de la loi <strong>du</strong><br />

ciel.<br />

CHAPITRE XXVII.<br />

'1. 0 h ! q u e 1 a I o i d u il e voir < I e p h o m m e sa i n t est<br />

grande !<br />

2. il' e st n n oc éa n sans r i v a ges ! cl le pr


ou L'INVARIABILITé DANS LE MILIEU. 95<br />

5. C'est pour cela qu'il est dit : « Si l'on ne possède<br />

pas la suprême vertu des saints hommes, la suprême loi<br />

<strong>du</strong> devoir ne sent pas complètement prataqu.ee, »<br />

fi, (Tes! pour ee!a aussi que le sage, i< lent i lié a ver îa<br />

loi <strong>du</strong> devoir, enllîve avee respect sa nature wrlueuse,<br />

celle raison d rot le qu'il a récite <strong>du</strong> ciel, et qu'il s'attache<br />

à rechercher e! à chu lier al tend veine ut ce qu'elle lui<br />

prescrit. Dans ce but, il pënetre jusqu'aux dernieivs limites<br />

de sa profonde tu* et: de son éten<strong>du</strong>e, pour saisir ses<br />

préceptes les plus subtils et les plus inaccessibles aux intelligences<br />

vulgaires. 11 développe an plus haut degré les<br />

hautes et pures facultés de son intelligence, et il se lait<br />

une loi de suivre toujours les principes de la droite raison,<br />

11 se e on for nie aux lois déjà recta unies et pratiquées anciennement<br />

de la nature vertueuse de l'homme, et il<br />

cherche à en connaître de nouvelles, non encore déterminées<br />

: il s'attache avec force à tout ce qui est honnête et<br />

juste, afin de réunir eu lui la pratique de-, rites, qui sont<br />

l'expression de la loi céleste.<br />

7. € es! pour cela que s'il est revêtu de la d limité souveraine,<br />

il nVst point rempli d'un vain orgueil : s'il se<br />

trouve dans l'une (h'^ conditions inférieures, il ne se cutisfilue<br />

point en état de révolte. One l'administration <strong>du</strong><br />

royaumesoit équitable, sa parole suffira pour l'élever a la<br />

dignité qu'il mérite: qu'au contraire le royaume soit mal<br />

gouverne, qu'il y règne * des troubles et. des séditions, son<br />

silence suffira pour sauver sa personne.<br />

Le Livre des Vers dit ! :<br />

« Parce qu'il fut intelligent et prudent observateur îles<br />

« événenienls.<br />

« C'est pour cela qu'il conserva sa personne. »<br />

Cela s'accorde avec ce qen est dit précédemment.<br />

Vuilà le vin-t-sepUènu; chapitre. Il \ est parle de la loi de<br />

Tirai n ne.<br />

? Le iv Ta-ijo, .!e 'f< /e'/;f/- tnàuj.


96 ClOUNG-YOradj<br />

CHAPITRE XXY1IL •<br />

1. Le Philosophe a dit : L'homme ignorant et sans<br />

vertu* qui aime à ne se servir que de son propre jugement;<br />

l'homme sans fonctions publiques* qui aime à<br />

s'arroger un pouvoir qui ne lui appartient pas; l'homme<br />

né dans le siècle et soumis aux lois de ce siècle* qui re-<br />

. tourne à la pratique des lois anciennes* tombées en désuétude<br />

ou abolies* et tous ceux qui agissent d'une semblable<br />

manière* doivent s'attendre à éprouver de grands<br />

maux.<br />

2. Excepté le fils <strong>du</strong> Ciel* ou celui qui a reçu originairement<br />

un mandat pour être le chef de l'empire ** personne<br />

n'a le* droit d'établir de nouvelles cérémonies* personne<br />

n'a le droit de fixer de nouvelles lois somptuaires*<br />

•personne n'a le droit de changer ou de corriger la forme<br />

des caractères de l'écriture en vigueur. •<br />

3. Les chars de l'empire actuel suivent les mêmes ornières<br />

que ceux des temps passés ; les livres sont écrits<br />

avec les. mêmes caractères; et les moeurs .sont les mêmes<br />

qu'autrefois.<br />

4. Quand même 11 posséderait la dignité impériale des<br />

aqclens souverains* s'il n'a pas leurs vertus* personne ne<br />

doit oser établir de nouvelles cérémonies et une nouvelle<br />

musique. Quand même il posséderait leurs vertus* s'il n'est<br />

pas revêtu de leur dignité impériale* personne ne doit également<br />

oser établir de nouvelles cérémonies^ et une nouvelle<br />

musique.<br />

5. Le Philosophe a dit : J'aime à me reporter aux<br />

usages et coutumes de la dynastie des Hia; mais le petit<br />

État de Khi$ où cette dynastie s'est éteinte* ne les a pas<br />

•suffisamment conservés. J'ai étudié les usages et coutumes<br />

de la dynastie de Yin [ou Chang] ; ils sont encore<br />

1 C'est ainsi que s'exprime la Glo$e.


OU L'INVARIABILITÉ DANS LE MILIEU. 97<br />

•en Yigtteur dans l'État de Soûng. J'ai étudié les usages<br />

•et coutumes de la dynastie des Tcheou; et comme ce sont<br />

celles qui sont aujourd'hui en vigueur, je dois aussi les<br />

suivre.<br />

Voilà le vingt-huitième chapitre. 11 se rattache au chapitre<br />

précédent^ et il n'y a rien de contraire au suivant. 11 y est aussi<br />

question de la loi de l'homme. (TCIOU-HI.)<br />

CHAPITRE XXIX. •<br />

i. 11 y a trois affaires que l'on doit regarder comme de<br />

la plus haute importance dans le gouvernement d'un empire<br />

: rétablissement des rites ou cérémonies, la fixation<br />

des lois sompttmiresf et Valtération dans la forme des caractères<br />

de técriture; et ceux qui s'y conforment commettent<br />

peu de fautes.<br />

2. Les lois, les règles d'administration des anciens temps^<br />

quoique excellentes, n'ont pas une autorité suffisante,<br />

parce que l'ëloignement des temps ne permet pas d'établir<br />

convenablement leur authenticité ;• manquant d'authenticité,<br />

• elles ne peuvent obtenir la confiance <strong>du</strong> peuple ;<br />

le peuple ne pouvant accorder une confiance suffisante aux<br />

hommes qui les ont écrites, il ne les observe pas. Celles<br />

qui sont proposées par des sages non revêtus delà dignité<br />

impériale, quoique excellentes, n'obtiennent pas le respect<br />

nécessaire ; n'obtenant pas le respect qui est nécessaire<br />

à leur sanction, elles n'obtiennent pas également la<br />

confiance <strong>du</strong> peuple ; n'obtenant pas la confiance <strong>du</strong> peuple,<br />

le peuple ne les observe pas.<br />

3. C'est pourquoi la loi <strong>du</strong> devoir d'un prince sage,<br />

dans rétablissement des lois les plus importantes, a sa base<br />

fondamentale en lui-même; l'autorité de sa vertu et de<br />

sa haute dignité s'impose à tout le peuple ; il conforme<br />

son administration à celle des fondateurs des trois premières<br />

dynasties, et il ne se trompe point; il établit -ses lois<br />

9


98 TGHOOWÏ-YÛUtflï,<br />

selon celles <strong>du</strong> ciel et de la terre* et elles n'éprouvent aucune<br />

opposition; il cherche la preuve de la vérité daos<br />

les esprits et les intelligences supérieurs* et il est dégagé<br />

df no> doutes; il v>\ cent généra! ions à attendre le saint<br />

homme, ri il n'est pas sujet à nos erreurs.<br />

4.. // efandte /// preuve de le, crri!


OU L'iNVAEIABILITÉ DANS LE MILIEU. 99<br />

reîns pies récents Wên et WQU. Prenant pour exemple<br />

de ses actions les lois naturelles et immuables qui régissent<br />

les corps célestes au-dessus de nos tètes, il huilait la<br />

suceession régn I i ère des saise >ns qu i sVpen » dans le eîeI ;<br />

à n os p i e 1.1 s. ï I se c on fo rmait aux I u i s d e i a I


100 TCHOUNCMrOlWG,<br />

la justice et l'équité; qui5 par sa faculté d'être toujourshonnête,<br />

simple, ^rave, droit et juste, soit capable de s attirer<br />

le r ope et et la vénération ; qui. par sa faculté d'être<br />

revêt» des ornements de Fe-prif, et îles talents que procure<br />

H ne- étude assi<strong>du</strong>e, et de ces lumières que i loti ne une<br />

exacte investigation des choses les plus cachées, des prineipes<br />

les plus subtils, soit capahle de dise


ou L'INVARIABILITé DANS LE MILIEU. 101<br />

CHAPITRE XXXII.<br />

i. il n'y a dans l'univers que l'homme souverainement<br />

parfait par la pureté de son âme qui soit capable de distinguer<br />

et de fixer les devoirs des cinq grandes relations<br />

qui existent clans l'empire entre les hommes; d établir sur<br />

des principes fixes et conformes à la nature des êtres la<br />

grande base fondamentale des actions et des opérations<br />

qui s'exécutent dans le monde; de connaître parfaitement<br />

les créations et les annihilations <strong>du</strong> ciel et de la terre. Un<br />

tel homme souverainement parfait a en lui-même le principe<br />

de ses actions.<br />

2. Sa bienveillance envers tous les hommes est extrêmement<br />

vaste; ses facultés intimes sont extrêmement<br />

profondes; ses connaissances des choses célestes sont extrêmement<br />

éten<strong>du</strong>es.<br />

3. Maïs, à moins d'être véritablement trcs-éelairé, profondément<br />

intelligent, saint par ses œuvres, instruit, des<br />

lois divines, et pénétré des quatre grandes vertus célestes<br />

[C humanité, la justice, la bienséance et la science des devoirs],<br />

comment pourrait-on connaître ses mérites?<br />

Voilà le trente-deuxième chapitre. Il se rattache au chapitre<br />

précédent, et il y est parlé des grandes énergies ou tacuités de<br />

la nature clans la pro<strong>du</strong>ction des êtres ; il y est aussi question<br />

de la loi <strong>du</strong> ciel. Dans le chapitre qui précède celui-ci, il est<br />

parlé des vertus de rhomme souverainement saint; dans celui-ci,<br />

il est parlé de la loi de l'homme souverainement parfait.<br />

Ainsi la loi de l'homme souverainement parfait ne peut<br />

être connue que par r homme souverainement saint : îa vertu<br />

de riionime souverainement saint ne peut être pratiquée que<br />

par l'homme souverainement parlait; alors ce ne s; ait pas effort<br />

î ve rnen t ctei i x c h oses d t Hé rei 11 es. I)a us c e li v r c, i l es t pa ri é<br />

<strong>du</strong> saint hem me comme ayant atteint le point le plus extrême<br />

delà loi céleste; arrivé là, il est impossible d'y rien ajouter.<br />

• Tcjior-w.1


102 TCHOUNC-YOUNG,<br />

CHAPITRE XXXM.<br />

4. Le Livre des Vers dit 1 :<br />


OU L'INVARIABILITÉ DANS LE MILIEU. 103<br />

« Sols attentif sur toi-même jusque dans ta maison ;<br />

a Prends bien garde de ne rien faire, dans le lieu le<br />

« p] u s se e r e t, d o n 11 u pu i sse s r c > o gî r « »<br />

C'est ainsi que le sage s'ait in» encore le respect, lors<br />

même qu'il ne se pro<strong>du</strong>it pas eu publie; il est encore vrai<br />

e t si n e ère, 1 o r s m ê n i e q 11 ? i 1 g a r c1 e 1 e silence,<br />

4. Le Livre des Vers dit f :<br />

« Il se rend avec reçue il le ni eut et en silence au temple<br />

« des ancêtres,<br />

« Et pendant tout le temps <strong>du</strong> sacrifice il ne s'élève<br />

« a ne u ne d îscit ssî on s u r 1 a pr ésêai i c e des r a n gs et d e s de-<br />

« voirs. »<br />

C'est ainsi que le sage, sans faire de largesses, porte les<br />

h ouïmes à pratiquer la vertu ; il ne se livre point à des<br />

mouvements de colère, et il est craint <strong>du</strong> peuple à l'égal<br />

des haches et des coutelas.<br />

5» Le Livre des Vers dit 2 ;<br />

« Sa vertu recueillie ne se <strong>mont</strong>rait pas, tant elle était<br />

« profonde !<br />

a Cependant tous ses vassaux l'imitèrent ! »<br />

C'est pour cela qu'un homme plein de vertus s'attache<br />

fortement à pratiquer tout ce qui attire ie respect, et pur<br />

cela même il t'ait que tous les Etais jouissent, entre eux<br />

d ' u n t: » bonne 11 a r mon i e.<br />

(L Le Livre des l'ers* met dans la bouche <strong>du</strong> souverain<br />

suprême ces paroles ;<br />

a F m me e t j c e h é r i s c e 11 e v e r tu brillant e q 11 i es t l'a c -<br />

« corn pli ssernei it cl e la loi n at u rel le k < 1 e Y h o n 1111 e »<br />

« E t q ni ne se ré v e 1 e p oint \ > a r be ; n i e o 11 p c ! < • p o 111 pe e !:<br />

« de bruit. »<br />

E e P h i 1 oso ph e dî sa s t à c e s u j e t : E a p o m p r e \ t e i • i e 11 r e<br />

e 11 e h r u î t se r v e n 11 > i e n p ei i po 11 r 1 a e o n v • TS i i \ de s \ >e u -<br />

pies.<br />

1 Livre Chany-souny, o»!e Lm-tsoa.<br />

f Livre Tcheou-stnmfj.


104 * TClMMifiG-YÛUKa, RTC.<br />

Le Livre des Vers dît f :<br />

« La vertu est légère comme le <strong>du</strong>vet le plus fin. *<br />

Le <strong>du</strong>vet léger est aussi l'objet d'une comparaison-:<br />

.ce Les actions^ les opérations secrètes <strong>du</strong> xiel suprême<br />

« N'ont ni,son ni odeur. ©<br />

C'est le dernier degré de l'immatérialité.<br />

Voilà le trente-troisième chapitre* Tsen-sse ayant, dans les<br />

psôeédents chapitres, porté Fexposé de sa doctrine au dernier<br />

degré de l'évidence, revient sur son sujet pour en sonder la<br />

base. Ensuite il enseigne qu'il est de notre devoir de donner<br />

une attention sérieuse à nos actions et à nos pensées intérieures<br />

secrètes; il poursuit, et dit qu'il faut faire tous nos efforts pour<br />

atteindre à cette solide vertu qui attire le respect et la vénération<br />

de tous les hommes,.et procure une abondance de paix et<br />

de tranquillité dans tout l'empire. 11 exalte ses effets admir<br />

râbles, merveilleux, qui vont jusqu'à la rendre dénuée des attributs<br />

matériels <strong>du</strong> son et de l'odeur; et il s'arrête là. Ensuite<br />

il reprend les idées les plus importantes <strong>du</strong> Livre, et il les explique<br />

en les résumant. Son intention, en revenant ainsi sur<br />

les principes les plus essentiels pour les inculquer davantage<br />

dans l'esprit des hommes, est très-importante et très-profonde.<br />

L'étudiant ne doit-il pas épuiser tous les efforts de son esprit<br />

pour les comprendre? (TCHOU-HI.)<br />

* Livre Ta-ya, od@ Iching-min*<br />

1


PW RO<br />

LE LUN-YU<br />

LES ENTRETIENS PHILOSOPHIQUES.<br />

TROISIÈME LIVRE CLASSIQUE.<br />

CHANG-LUN,<br />

PREMIER LIVRE.<br />

CHAPITRE PREMIER,<br />

COMPOSÉ DE 16 AETÎCLES. •<br />

1. Le philosophe KHOUNG-TSEU a dit : Celui' qui se livre<br />

à l'étude <strong>du</strong> vrai et <strong>du</strong> bien, qui s'y applique avec persévérance<br />

et sans relâche, n'en éprouve-t-il pas une grande<br />

satisfaction?<br />

N'estrce pas aussi une grande satisfaction que de voir<br />

arriver près de soi, des contrées éloignées, des hommes<br />

attirés par une communauté d'idées et de sentiments?<br />

Être ignoré ou méconnu des hommes, et ne pas s'en<br />

indigner, n'est-ce pas le propre de Fhomme éminemment<br />

vertueux?<br />

2. Yem-tsem (disciple de KBOUNG-TSEU) dit : Il est rare<br />

que celui qui pratique les devoirs de la piété filiale et de<br />

la déférence fraternelle aime à se révolter contre ses supé-


1<br />

106 LE LUN-YU,<br />

rieurs; mais il n'arrive jamais que celui qui n'aime pas à<br />

se révolter contre ses supérieurs aime à susciter des<br />

troubles dans l'empire.<br />

L'homme supérieur ou le sage applique toutes les forces<br />

de son intelligence à l'étude des principes fondamentaux;<br />

les principes fondamentaux étant bien établis, les règles<br />

de con<strong>du</strong>ite, les devoirs moraux s'en dé<strong>du</strong>isent naturellement.<br />

La piété filiale, la déférence fraternelle, dont nous<br />

avons parlé, ne sont-elles pas le principe fondamental de<br />

l'humanité ou de la bienveillance universelle pour -les<br />

hommes?<br />

3. KHOUNG-TSEU dit : Des'expressions ornées et fleuries,<br />

un extérieur recherché et plein d'affectation, s'allient rarement<br />

avec une vertu sincère.<br />

4. Tàsêng-tseu dit : Je m'examine chaque jour sur trois<br />

points principaux : N'aurais-je pas géré les affaires d'autrui<br />

avec le môme zèle et la même intégrité que les miennes<br />

propres? n'aurais-je pas été sincère dans mes relations<br />

avec mes amis et mes condisciples? n'aurais-je pas conservé<br />

soigneusement et pratiqué la doctrine qui m'a été<br />

transmise par mes instituteurs?<br />

5. KBOUNG-TSEU dit : Celui qui gouverne un royaume<br />

de mille chars * doit obtenir la confiance <strong>du</strong> t peuple, en<br />

apportant toute sa sollicitude aux affaires de l'État; il doit<br />

prendre vivement à cœur les intérêts <strong>du</strong> peuple en modérant<br />

ses dépenses, et n'exiger les corvées des populations<br />

qu'en temps convenable.<br />

6. KHOUNG-TSEU dit : 11 faut que les enfants aient de la<br />

piété filiale dans la maison paternelle, et, de la déférence<br />

fraternelle au dehors. 11 faut qu'ils soient attentifs dans<br />

leurs actions, sincères -et vrais dans leurs paroles envers<br />

tous les hommes, qu'ils doivent aimer de toute la force<br />

et l'éten<strong>du</strong>e de leur affection, en s'attachant particulière-<br />

1 Un royaume de mille chars est un royaume feudalaire, dont<br />

le territoire esî assez éîentiu pour lever une armée de mille ehar$ dé<br />

guerre, » ~(Glote.)


OU LES EKTRElIbNS PHILOSOPHIQUES. 101<br />

ment .aux personnes vertueuses. Et si. après s'être bien<br />

acquit!«'s de leurs devoirs, ils ont encore des forces de<br />

reste, ils doivent Rappliquer à orner leur esprit par le!ude<br />

et à acquérir des eounaipanées et des talents.<br />

7. 7'seu-ftia {_ disciple de KnoiNti-rsicr > «lit : Lire épris<br />

de la vertu îles saares au point d ce!lancer puer elle tous<br />

les plaisirs ira aidai us ! ; servir se- prre et nicre autant<br />

qu'il est en son pouvoir de le faire : devoic-r sa personne<br />

au service de son prince; et, dans les relations que l'on<br />

entretient avec ses amis, porter toujours une ^ne-erifi- eî<br />

nue fidélité à toute épreuve : quoique celui qui agirait<br />

ainsi puisse être considère connue depoun n d'instruction,<br />

inoî je l'appellerai étala il ici lient un homme instruit.<br />

8. Kuoi NG-ISKI: dit : Si l'homme supérieur u"a point do<br />

gravité dans sa con<strong>du</strong>ite, il n'inspirera |•«eut de respect ; < t<br />

s'il étudie, seseonnaissances ne seront pas s aides. I observez<br />

constamment la sincérité et la iideiile ou la bonne foi; ne<br />

contractez pas des liaisons d'au a lie a\ec des personnes<br />

intérieures a vous-mêmes moralement et pour les connaissances;<br />

si vous comme! tez quelques taules, ne craignez<br />

jais de vous corriger.<br />

0. Tlteruj-isi'U dit ; Il tant être al a-ut if à accomplir<br />

dans toutes leurs parties les rites funéraires envers ses<br />

parents deeedes, et offrir les saerilices prescrits : al*as le<br />

peuple, qui se trouve dans \\in i coud i don inférieure, frappé<br />

de eet exemple, retournera a la pratique de cette veilu<br />

salutaire.<br />

10, Tseu-kin înlerrogea Tï»Hi-k(>;nuj. en disant : Ouand<br />

le philosophe voire mai Ire est. venu dans ce royaume,<br />

obîiae deiudier son {40m ornement, a-t-il lui-même demandé<br />

tics informations, ou, au conirauv. est-on \eint les<br />

lui donner? Tseu-ktnnHj répondit : Noire maître esi bienveillant,<br />

droit, respectueux, modeste et condescendant y<br />

ses qualités lui ont suffi pour obtenir Joutes les informations<br />

qu'il a pu désirer. La ma un re de prendre dj> inlor-<br />

i La Gtvsec\iU!h:\ par Ss(\ b* rhtisirs


108 ' LB LL'N-YU,<br />

mations de notre maître ne dififere-t-elle pas de celle de<br />

tous les autres hommes?<br />

41. KHOUMIS-TSEU dit : Pendant le vivant de votre père,<br />

observez avec soin sa volonté ; après sa mort, ayez toujours<br />

les yeux fixés sur ses actions; pendant les trois années qui<br />

suivent'la mort de son père* le fils qui, dans ses actions,<br />

ne s'écarte point de sa con<strong>du</strong>ite peut être appelé doué de<br />

piété filiale.<br />

12. Ymu-tmi dit : Bans la pratique usuelle de la politesse<br />

[ ou de cette é<strong>du</strong>cation distinguée qui est la loi <strong>du</strong> ciel f ],<br />

la déférence ou la condescendance envers les autres doit<br />

être placée au premier rang. C'était .la règle de con<strong>du</strong>ite<br />

des anciens rois, dont ils tirent vu si grand éclat; tout ce<br />

qu'ils firent* les.grandes comme les petites choses, en dérivent.<br />

Mais il est cependant une condescendance que Pon<br />

ne doit pas avoir quand on sait que ce n'est que de la condescendance<br />

; n'étant pas de l'essence même de la véritable<br />

politesse, il ne faut pas la pratiquer.<br />

13. Yeou-tseu dit : Celui qui né promet que ce qui est<br />

conforme à la justice peut tenir sa parole; celui dont la<br />

crainte et le respect sont conformes aux lois de la politesse<br />

éloigne de lui la honte et le déshonneur. Par la même<br />

raison, si Ton ne perd pas en même temps les personnes<br />

avec lesquelles on est uni par des liens étroits de parenté,<br />

on peut devenir un chef de famille.<br />

• 14. KHOUNG-TSEU dit : L'homme supérieur, quand il<br />

est à table, ne cherche pas à assouvir son appétit; lorsqu'il<br />

est dans sa maison, il ne cherche pas les jouissances<br />

de l'oisiveté et de la mollesse ;• il est attentif à ses devoirs et<br />

vigilant dans ses paroles;-il aime à fréquenter ceux qui<br />

ont des principes droits, afin de régler sur eux sa con<strong>du</strong>ite.<br />

Un tel homme peut être appelé pkilmophê, ou qui se plaît<br />

dans l'étude de la sagesse f .<br />

15. Tseu-koung dit : Comment trouvez-vous l'homme<br />

* Commentaire de Tchou-hi.<br />

* En chinois hao-hio, littéralement : aimant, chérissant l'élude.<br />

\


OU LES ENTE1TI11S PHILOSOPHIQUES. 109<br />

pauvre qui ne s'avilit point par une a<strong>du</strong>lation serviîe;<br />

Thomme riche qui ne s'enorgueillit point de sa richesse?<br />

KHOUNG-TSEC dit : Un homme peut encore être estimable<br />

sans leur ressembler; niais ce dernier ne sera jamais comparable<br />

à i''homme qui trouve <strong>du</strong> routent entent dans sa<br />

pauvreté, ou qui, étant riche, se plaît néanmoins dans la<br />

f ira t i q 11 e de s v i T 111 s sociales.<br />

Thou-koung dit : On lit dans le Livre des lérs l :<br />

« Comme l'artiste qui coupe et travaille l'ivoire,<br />

ce ( lu n i me e e I u t q u i t a i 11 o e t po! i I I e s pi e rre s p r ec i e u se s. » ><br />

Ce passage ni» lait-il pas allusion à eeux don! il vient<br />

d'être question?<br />

K u o r N G -TS E i ' r é pc nid i I : S se (surnom de T$t:u-kuuu m\rs <strong>du</strong><br />

1 (hje Khi-rttjait. st-riiun Vri-ft.>un]ïs îlfilVfMUlIn 1 W'.fC ivniiiv !«' Hliil «<br />

t va. 1 * * csfj tl *î 1. esî iso|»"«( Jrri'DO


HO Ll LUN-YU,<br />

Lim*e des Vers est contenu dans une seule de ses expressions<br />

: « Que vos pensées ne soient point perverses, s<br />

3. Le Philosophe dit : Si on gouverne le peuple selon<br />

les lois d'une bonne administration, et (piYm le maintienne<br />

dans l'ordre par la crainte des supplices, il sera circonspect<br />

dans sa con<strong>du</strong>ite, sans rougir de ses mauvaises actions.<br />

Mais si on le gouverne selon les principes de la vertu,<br />

et qu'on le maintienne dans Tordre par les seules lois de la<br />

politesse sociale (qui n est que la loi «lu eiel"U il éprouvera .<br />

de la honte d'une action coupable, et il avancera dans le<br />

chemin de la vertu.<br />

4. Le Philosophe dit. : A l'âge de quinze ans, mon esprit<br />

était continuellement occupé à l'étude; à trente ans,<br />

je m'étais arrêté dans des principes solides et fixes; à quarante,<br />

je n'éprouvais plus de doutes et d'hésitation; à cinquante,<br />

je connaissais la loi <strong>du</strong> ciel [c'est-à-dire la loi constitutive<br />

que le ciel a conférée à chaque être de la nature<br />

pour accomplir régulièrement sa destinée l \: h soixante,<br />

je saisissais facilement les causes (les événements; à<br />

'soixante et dix, je satisfaisais aux désirs de mon cœur,<br />

sans toutefois dépasser la mesure.<br />

ri. Mewf-i-tseu (grand <strong>du</strong> petit royaume de LOH) demanda<br />

ce cpie c'était que l'obéissance filiale.<br />

Le Philosophe dit quVlle consistait à ne pas s'opposer<br />

aux principes de la raison.<br />

b\in-ldù (un des disciples de Kuoi'NG-TSEr), en con<strong>du</strong>isant<br />

le char de son maître, fut interpellé par lui de cette<br />

manière : Meny-sun - nie questionnait un jour sur la piété<br />

filiale; je lui répondis qu'elle consistait à ne pas s'opposer<br />

aux principes de la raison.<br />

Fiw-tdti dit : Ou'entendez-vous par là! Le Philosophe<br />

répondit : Pendant la vie de ses père et mère, iNaut leur<br />

rendre» lesdexoirs qui leur sont, <strong>du</strong>s, selon les principes de<br />

la raison naturelle qui nous est inspirée par le ciel (/i);<br />

1 Commentaire.<br />

* Ceîoi dont il vient d'être question.


OU LES BUTORUNS PHILOSOPHIQUES. 111<br />

lorsqu'ils meurent, il faut aussi les ensevelir selon les cérémonies<br />

prescrites pur les rites jqui ne sont que l'expression<br />

social*» de la raison céleste], et ensuite leur offrir fies<br />

sae r î f i ees egaI e 111 et i i eo n f o r m es a u x ri t o s.<br />

fi. Meng-wou-pe demanda ee que c'était que la piété<br />

filiale. Le Philosophe dit : Il n'y a que les père*; et ]


112 Ll LUl-ïlî,<br />

jours de nouveau; vous pourrez alors devenir un instituteur<br />

des hommes.<br />

12. Le Philosophe dit : L'homme supérieur n'est pas<br />

un vain ustensile employé aux usages vulgaires,<br />

! 3. Tsêu-koung demanda quel était l'homme supérieur.<br />

Le Philosophe dit : C'est celui qui d'abord met ses paroles<br />

en pratique* et ensuite parle conformément à ses<br />

actions.<br />

"14. Le Philosophe dit : L'homme supérieur est celui<br />

qui a une bienveillance égale pour tous, et qui est sans<br />

égoïsme et sans partialité. L'homme vulgaire est celui qui<br />

n'a que des sentiments d'égoïsme* sans disposition bienveillante<br />

pour tous les hommes en général.<br />

15. Le Philosophe dit : Si vous étudiez sans que votre<br />

pensée soit appliquée, vous perdrez tout le fruit de votre<br />

étude; si* au contraire* vous vous abandonnez à vos pensées<br />

sans les diriger vers l'étude* vous vous exposez à de<br />

graves inconvénients.<br />

16. Le Philosophe dit : Opposez-vous aux principes<br />

différents des véritables * ; ils sont dangereux et portent à<br />

la perversité 2 .<br />

17. Le Philosophe dit : Yeou, savez-vous ce que c'est<br />

que la science? Savoir que Ton sait ce que l'on sait* et savoir<br />

que l'on ne sait pas ce que l'on ne sait pas : voilà la<br />

véritable science.<br />

18. Tseurtchang étudia dans le but d'obtenir les fonctions<br />

de gouverneur. Le Philosophe lui dit : Écoutez beaucoup*<br />

afin de diminuer vos doutes; soyez attentif à ce que<br />

vous dites* afin de ne rien dire de superflu : alors vous<br />

commettrez rarement des fautes. Voyez beaucoup* afin de<br />

diminuer les dangers que vous pourriez courir en n'étant<br />

1 Ce sont des principes, des doctrines contraires à ceux des saints<br />

hommes. (TCHOU-HI.)<br />

1 Le commentateur Tching-tseu dit que les paroles ou la doctrine<br />

de Fo, ainsi que celles de Yang et de Mé, ne sont pas conformes<br />

à la raison.


OU LES ENTRETIENS PHILOSOPHIQUES. 113<br />

pas informé de ce qui se passe. Veillez attentivement sur<br />

vos actions^ et vous aurez rarement <strong>du</strong> repentir. Si dans<br />

vos paroles il vous arrive rarement de commettre des<br />

fautes^ et si dans vos actions vous trouvez rarement-une<br />

cause de repentir, vous possédez déjà la charge à laquelle<br />

vous aspirez.<br />

II). S(juï-koung (prince de LotA tit la question suivante :<br />

Comment ferai-je pour assurer la soumission <strong>du</strong> peuple?<br />

KHOI'MG-'ISEI lui répondit : Llevez, honore/ les boni mes<br />

droits et intègres; abaissez, destituez les hommes corrompus<br />

et pervers : alors le peuple vous obéira. Elevé/, honorez<br />

les 1101 ïi mes e or rompus ef pet vers : abaissez, destitue/<br />

les hommes droits et intègres : et le peuple vous désobéira.<br />

20. Ki-hmg (grand <strong>du</strong> royaume de Loit\ demanda comment<br />

il faudra il faire pour rendre le pi ai pie respectueux»<br />

fidèle, et pour l'exciter h la pratique de la vertu. Le Philosophe<br />

dit : Surveillez-le avec «lignite et fermeté, et alors<br />

il sera respectueux ; avez de la piété filiale et de la commisération,<br />

et alors il sera fidèle; élevez aux charges publiques<br />

et aux honneurs les hommes vertueux, et donnez de<br />

l'instruction à ceux qui r.e peinent se la procurer par euxmêmes,<br />

alors il sera excite à ta vertu.<br />

"21. Quelqu'un parla ainsi à KHOI'NC.-TSF.I : Philosophe,<br />

pourquoi n"exercez-vous pas une feue!ion dans ! administration<br />

publique? Le Philosophe dit : On fil dans le i.htutkitî'j<br />

i : « S agit-il de la piété filiale? Il n'y a que la pieté<br />

filiale et la concorde entre les frères de di lièrent s âges<br />

qui doivent èttv principalement cultivées par ceux qui occupent<br />

des (onctions publiques; eeux qui pratiquent ces<br />

vertus remplissent par cela même des fonctions publiques<br />

d'ordre et d'administration. » Pourquoi considérer seulement<br />

eeux qui occupent des emplois publics comme rein<br />

[Hissa lit clés t or jetions publiques?<br />

22, Le PI lil ose plie dit : IVi lien urne dépourvu de sineé-<br />

1 Xt>\cy. la trat.hetfiii «le


114 LE LUN-YU,<br />

rite et de fidélité est un être incompréhensible à mes yeux.<br />

C'est un grand char sans flèche, un petit char sans timon ;<br />

comment peut-il se con<strong>du</strong>ire dans le chemin de la vie?<br />

23. Tseu-tchang demanda si les événements de dix généra!<br />

ions pou va Kiit vîrv connus d'avance.<br />

Le Philosophe dit : t'e que la dynastie des Yn (ou des<br />

(1HW


OU LES ENT1ETIENS PHILOSOPH1QIES. 115<br />

ce II n'y a que les princes qui assistent à la cérémonie;<br />

ce Le fils <strong>du</strong> Ciel (l'empereur) conserve un air profondé-<br />

« ment recueilli et réservé. » (Passage <strong>du</strong> Livre des Vers.)<br />

Comment ces paroles pourraient-elles s'appliquer à la<br />

salle des trois familles?<br />

3. Le Philosophe dit : Être homme, et ne pas pratiquer<br />

les vertus que comporte l'humanité, comment serait-ce<br />

se conformer aux rites? Être homme, et ne pas<br />

posséder les vertus que comporte l'humanité *, comment<br />

jouerait-on dignement de la musique?<br />

4. Limg-fang (habitant <strong>du</strong> royaume de Lou) demanda<br />

quel était le principe fondamental des rites [ou de la raison<br />

-céleste, formulé en diverses cérémonies sociales *].<br />

Le Philosophe dit : C'est là une grande question, assurément!<br />

En fait de rites, une stricte économie est préférable<br />

à l'extravagance; en fait de cérémonies funèbres,<br />

une douleur silencieuse est préférable à une pompe vaine<br />

et stérile.<br />

5. Le Philosophe dit : Les barbares <strong>du</strong> nord et de l'occident<br />

(les / et-les Joung) ont des princes qui les gouvernent;<br />

ils ne ressemblent pas à nous tous, hommes de H la<br />

(de l'empire des Hla), qui n'en avons point.<br />

6. Ki-ehl alla sacrifier au <strong>mont</strong> Taï-chan (dans le<br />

royaume de Lou). Le Philosophe interpella Yen-yéou 3 ,<br />

en lui disant : Ne pouvez-vous pas l'en empêcher? Ce dernier<br />

lui répondit respectueusement : Je ne le puis. Le<br />

Philosophe s'écria : Hélas ! hélas ! ce que vous avez dit<br />

relativement au <strong>mont</strong> Taï-chan me fait voir que vous êtes<br />

inférieur à Ling-fang (pour la connaissance des devoirs<br />

<strong>du</strong> cérémonial *).<br />

7. Le Philosophe dit : L'homme supérieur n'a de que-<br />

* Jin, îa droite raison <strong>du</strong> monde. [Comm.)<br />

* C'est ainsi que les commentateurs chinois entendent îe mot IL<br />

3 Disciple do Philosophe, et aide-assistant de Ki-chL<br />

k lî n'y avait que le chef de l'État qui avait le droit, d'aller sacrifier<br />

au <strong>mont</strong> Taï-ehan. -


116 LE UJN-YU,<br />

relies ou de contestations avec personne. S'il lui arrive<br />

d'en avoir, c'est quand il faut tirer au but. 11 cède la place<br />

à son antagoniste vaincu, et il <strong>mont</strong>e dans la salle; il en<br />

descend ensuite pour prendre une tasse avec lui (en signe<br />

de paix.) Voilà les seules contestations de l'homme<br />

supérieur.<br />

8. Tseu-hia fit une question en ces termes :<br />


OU LES ENTRETIENS PHILOSOPHIQUES. 417<br />

rémonies <strong>du</strong> sacrifice comme si ce n'était pas un sacrifice.<br />

43. Wang**un-kia demanda ce que Ton entendait en<br />

disant qu'il valait mieux adresser ses hommages au génie<br />

des grains qu'au génie <strong>du</strong> foyer. Le Philosophe dit : Il n'en<br />

est pas ainsi; dans cette supposition, celui qui a commis<br />

un* 1 faute envers le eie! l ne saurait pas à qui adresser sa<br />

prière.<br />

M. Le, Philosophe dit : Les fondateurs de la dynastie<br />

des Tclœou examinèrent les lois et la civilisation des deux<br />

dynasties qui les avaient précédés; quels progrès rit* iirentils<br />

pas l'aire à cette civilisation I Je suis peur les Vvheuu.<br />

lo. Quand le Philosophe entra dans le initial temple,<br />

il s'informa minutieusement de chaque chose; quelqu'un<br />

s'écria : Qui dira maintenant que le fils de l'homme de<br />

Ts'"(M - connaît les rites et les cérémonies'.' Lorsqu'il es!<br />

filtre dans le erand temple, il s Va informé minutieusement<br />

de chaque chose. Le Philosophe, a\ant enten<strong>du</strong> ces<br />

paroles, dit : Cela même est conforme aux ri les.<br />

11». Le Philosophe dit : lui tirant a la cible, il ne s'agit<br />

pas de dépasser le lait, mais de l'atteindre : toutes les Iurées<br />

ne sont pas égales; c'était la la tveje des anciens.<br />

17. Tst'u-khuny désira abolir le sacrilice <strong>du</strong> mouton, qui<br />

s offrait le premier jour de la douzième lu ne. Lr Philosophe<br />

dit : Sse, vous n'êtes occupés que <strong>du</strong> sac ri lier <strong>du</strong><br />

mouton ; moi. je ne le suis que de la cérémonie.<br />

•IN. Le Philosophe dit : Si quelqu'un sert t main tenant i<br />

le prince connue il doit letre, en accomplissant les ri les,<br />

les h on ni tes le considèrent connue un courtisan et un<br />

fiai leur.<br />

lit. Tittf/ i prince de !JIU > demanda comment, un prince<br />

doit, employer ses ministres, et les ministres servir* le<br />

prince. KtiorN'i-TSKi répondit avec déférence: t'a prince<br />

doit employer ses ministres selon qu'il est prescrit dans<br />

les rites ; les ministres doivent servir le prince avec iiddite.<br />

1 ' Kmres la laiv>n •(.( . f 'tttfn.<br />

i l.iieiisftir


118 U LTO-YU,<br />

20. Le Philosophe dit : Les mo<strong>du</strong>lations joyeuses de<br />

l'ode Kownrtseu n'excitent pas des désirs licencieux ; les<br />

mo<strong>du</strong>lations tristes ne blessent pas les sentiments.<br />

21. Nqat-koung (prince de Lou) cpiestionna T8at-ngof<br />

disciple de KimrN 11 m M I r des gê i ï i es. Tm ï-n go répondif<br />

a\ec déférence : Les familles prineières de la dynastie<br />

Ifi'fi érigèrent ees autels autour de l'arbre pin; les<br />

hommes de la dynastie J~?i. autour des ct/prca ; ceux de la<br />

dynasiie Trhnvt, autour <strong>du</strong> c/tôlvifpiior : car on dit que<br />

le chutai g n i er a la fa < a i ! ! i ; de i *e n d re le peu p 1 e e r a i 111 i f l .<br />

Le I * 11 i h >s< »| >l te, a va n t < • n I e u d u e es 1no î s ? d î t : 11 ne fa<br />

pas parler des choses accomplies, ni donner des avis conreniant<br />

eelle-s qui ne peuvent pas se taire convenable-<br />

Ment ; ee qui est passe cltfit être exempt de blâme.<br />

22. Le Philosophe dit : A'ouan-fr/wurtf/ ( grand ou tafou<br />

de LLlat de Tff.-a) est un vase de bien peu de capacité.<br />

\ J u e I q 11* u 11 dit : Kn u an-tcho u ng est d o n c a v are e I | >a r r • i i n < *<br />

nieux? | Le Philosophe i répliqua : Kowm-clti (le même)<br />

a trois grands corps de bâtiment nommés KOUCK et dans<br />

le service de ses palais il n'emploie pas plus d'un boni nie<br />

pour un oflïee : est-ce la de l'avarice et de la parcimonie 7<br />

Alors, s'il en est ainsi, liouon-teltowig non naît-il les<br />

rites?<br />

[Le Philosophe] repondit : Les princes d'un petit Etat<br />

ont leurs portes proférées par des palissades; Kuuan-chi<br />

a aussi ses portes protégées par îles palissades. Quand<br />

den\ princes d'un petit Kîat se rencontrent, pour fêter<br />

leur bienvenue, après avoir bu ensemble, ils renversent<br />

leurs roupes: Kamm-chi a aussi renversé sa coupe. Si<br />

Kourm-ehi cou liait les ri les ou usages prescrits, pourquoi<br />

vouloir qu'il rie les connaisse pas?<br />

2.1. Le Philosophe, sVnlrclenant un jour sur la musique<br />

avec le /W^sse, on inlendani de fa musique <strong>du</strong> royaume<br />

de Lmi% dit : ¥M fait de musique, vous devez vire parlai-<br />

1 Le nom même <strong>du</strong> châtaignier, U, signifie craindre.


OU LES ENTRETIENS PHILOSOPHIQUES. 119<br />

tement instruit; quand on compose un air, toutes les notes<br />

ne doivent-elles pas concourir à l'ouverture ? en avançant,<br />

ne doit-on pas chercher à pro<strong>du</strong>ire l'harmonie, la clarté,<br />

la régularité, dans le but de compléter le chant?<br />

v 2-1. 1 ..e résicl 1<br />

l'intro<strong>du</strong>isirent, et quand le résident sortit il leur dit ;<br />

Dise i pies do Philosophe, en quelque nombre que vous<br />

soyez, pourquoi gémissez-vous de ee que votre niai Ire a<br />

per<strong>du</strong> sa charge dans le gouverne oient ? I/empire * est<br />

sans lois, sans direction, depuis longtemps; le ciel va<br />

prendre ee i»'rand lion nue pour en faire nu héraut 2 rassemblant<br />

les populations sur son passade, et pour opérer<br />

un e gn 11 i de r e î on nation.<br />

2e. Le Philosophe appelait le chant rie musique nomme<br />

7 ch ao < e o ni j > osé pa r fJmn ) pa r f a i ! e nient î >ea u, e I même<br />

[>a r f a i t e i n e î I t p r< » p r e ai n s p i r e r I a v e r f u, 11 a p p e lait léchant<br />

de musique nommé Vou, fjuerrirr, parfaitement heau,<br />

niais nullement propre à inspirer la ver tri.<br />

20. Le Philosophe dit : Occuper le rang suprême, et<br />

ne pas exercer des bien! ail s envers ceux que l'on gouverne;<br />

pratiquer les rites et usa^v> prescrits sans aucune<br />

sorte de respect, et les cérémonies l'une lires sans douleur<br />

véritaille : voila ce (pie je ne puis me résigner à voir.<br />

1 Littéralement ; tout ce qui est sovs (•> rîcl "ih.inn h in, lv monde .<br />

1 ï»d t">st le sens «]».»rlriï! \v* i.r-u\ HfK rhinoii mou-tn.<br />

littéralement : clochette arec U>wtexte<br />

porte littéraharieiH : /e (v'


*20 LE LUK-YU.<br />

CHAPITRE IV.<br />

COMPOSÉ DE 26 ARTICLES.<br />

1. Le Philosophe dit : L'humanité ou les sentiments de<br />

bienveillance envers les autres sont admirablement prati^<br />

qués dans les campagnes; celui qui, choisissant sa rési-""<br />

denee, ne veut pas habiter parmi ceux qui possèdent si<br />

bien l'humanité ou les sentiments de bienveillance envers<br />

les autres, peut-il être considéré comme doué d ? intelli-<br />

-gence?<br />

2. Le Philosophe dit : Ceux qui sont dépourvus d'A«manité<br />

f ne peuvent se maintenir longtemps vertueux dans<br />

la pauvreté^ ne peuvent se maintenir longtemps vertueux<br />

dans Fabondance et les plaisirs. Ceux qui sont pleins d'humanité<br />

aiment à trouver le repos dans les vertus de l'humanité;<br />

et ceux qui possèdent la science trouvent leur<br />

profit dans l'humanité.<br />

3. Le Philosophe dit : 11 n'y a que l'homme plein d'humanité<br />

qui puisse aimer véritablement les hommes et les<br />

haïr d'une manièreconvenable 2 .<br />

4. Le Philosophe dit : Si la pensée est sincèrement dirigée<br />

vers les vertus de l'humanité, on ne commettra point<br />

d'actions vicieuses.<br />

5. Le Philosophe dit : Les richesses et les honneurs sont<br />

l'objet <strong>du</strong> désir des hommes; si on ne peut les obtenir par<br />

des voies honnêtes et droites, il faut y renoncer. La pauvreté<br />

et une position humble ou vile sont Fobjet de la<br />

haine et <strong>du</strong> mépris des hommes ; si on ne peut en sortir<br />

par des voies honnêtes et droites, il faut y rester. Si<br />

l'homme supérieur abandonne les vertus de l'humanité,<br />

! Nous emploierons désormais ce terme pour rendre le caractère<br />

chinois jin, qui comprend toutes les vertus attachées à l'humanité.<br />

2 La même idée est exprimée presque avec les mêmes termes dans<br />

le Ta-hio, chap. x, § 14.


OU LE8 ENTRETIENS PEILOSOPHIQUKS. 121<br />

comment pourrait-il rendre sa réputation de sagesse parfaite!<br />

L'homme supérieur ne doit pas un seul instant 1<br />

agir contrairement aux vertus de l'humanité. Dans les<br />

iiionietiU les plus presses» comme dans les plus confus, il<br />

doit s'y eonformer.<br />

as que les<br />

honnîtes sans humanité approchent de lui.<br />

Y a-t-il des personnes qui puissent faire un seul Jour<br />

usage de foules leurs foires pour la pratique des vertus<br />

de ITiumanité? jS"il s'en est trouvé! je n'ai jamais vu que<br />

leurs forces n'aient pas été sufiisantes jpour aeeomphr<br />

leur dessein], et, s'il en existe, je ne les ai pas eneore<br />

vues.<br />

7. Le Philosophe dit : Les fautes des hommes sont relatives<br />

à Tétai deeliaetfîi. En examinant attentivement ees<br />

fautes, on arrivera à eon naître si leur humanité était une<br />

véritable humanité.<br />

H. Le Philosophe dit : Si le matin vous avez enten<strong>du</strong> la<br />

voix de la raison céleste, le soir vous pourrez mourir-.<br />

u -<br />

gît de porter de mauvais vêtements et. de se nourrir de<br />

mauvais aliments, n'est pas encore apte à entendre la sainte<br />

parole de la justice.<br />

10. Le Philosophe dit • L'homme supérieur, dans<br />

ton les les circonstances de la vie. est exempt de préjuges<br />

et d obstination ; il ne se règle que d'après fa justice.<br />

* IJiîiîk'îst : iidftraUr d'ïij) f>-)ittx.<br />

ira.loif |Kir voix tir Itt fus^n >lit'in*\ ••>!


122 LB LCT-W,<br />

il. Le Philosophe dit • L'homme supérieur fixe ses<br />

pensées sur Sa vertu ; l'homme vulgaire les attache à la<br />

terre. L'homme supérieur ne se préoccupe que de l'observation<br />

des lois ; l'homme vulgaire ne pense qu'aux profits.<br />

12. Le Philosophe dit : Appliquez-vous uniquement<br />

aux gains et aux prolits, et vos actions vous feront recueillir<br />

heaucou\> de ressenI inienIs.<br />

13. Le Philosophe dit : L'on peut, par une réelle et<br />

sincère observation des rites, régir un royaume; et cela<br />

n'est pas difficile à obtenir. Si Ton ne pouvait pas, par une<br />

réelle et sine-ère observation des rites, régir un royaume,<br />

a quoi servirait de se conformer aux rites?<br />

41. Le Philosophe dit : Ne soyez point inquiets de no<br />

point occuper d'emplois publies ; mais soyez inquiets d'acquérir<br />

les talents nécessaires pour occuper ces emplois.<br />

Ne soyez point affligés de ne pas encore être connus; mais<br />

cherchez à devenir dignes de Ictre.<br />

•15. Le Philosophe dit : San! (nom de Tftsêng-tseu) ma<br />

doctrine est simple et facile à pénétrer. Thsêng-tseu répondît<br />

; (lela est certain.<br />

Le Philosophe étant sorti, ses disciples demandèrent c<br />

que leur maître avait voulu dire. Thsâng-tseu répondit :<br />

« La doctrine de notre maître consiste uniquement h<br />

« avoir la droiture <strong>du</strong> cœur et à aimer son prochain<br />

« comme soi-même l •e<br />

. »<br />

-1 CL Le Philosophe dit : L'homme supérieur est influencé<br />

par la justice ; l'homme vulgaire est intluencé par l'amour<br />

<strong>du</strong> gain.<br />

17. Le Philosophe dit ; Quand vous voyez un sage, réfléchissez<br />

en vous-mêmes si vous avez les mêmes vertus tpe<br />

lui. Quand vous voyez un pervers, rentrez en vous-mêmes,<br />

et examinez attentivement voire con<strong>du</strong>ite.<br />

18. Le Philosophe dit : En vous acquittant de vos de-<br />

1 En chinois, tchoung H chou. On n'uïni dîûkileiiieia tjiiû notre<br />

iradiK-tiou soit ewt»*:' «vpeiHfaist nous no pensons pas que l'on<br />

puisse en faire une pins iUlèl'*.


OU LES ENTRETIENS PHILOSOPHIQUES. 123<br />

volrs envers vos père et pére^ ne faites que très-peu d'observations;<br />

si voos voyez qu'ils ne sont pas disposés à<br />

suivre vos re<strong>mont</strong>ra ores, ayez pour eux les mêmes respect<br />

t s, e f n e v o u s o pp< ) se z p a s à I e u r v o ! o n f e ; M v o n s e prouvez<br />

de leur part de mauvais traitements, n en murmurez<br />

pas»<br />

49. Le Philosophe dit ; Tarif que voire père et votre<br />

i n ère su hsi st e 11 i:, 11 e v o 11 s é 1 o i g ri e z j > a s d * « » 11 x ; s i vu 11 -, vou<br />

éloignez, vous devez leur faire connu lire la contrée où vous<br />

allez vous rendre.<br />

20. Le Philosophe dit : Pendant trois années 'depuis<br />

sa Oïorl). ne vous écartez pas de la voie qifa suivie votre<br />

pè r e ; v o Ire e o i ïd u i t e j )0i1 r r a cire» alors a p j > e 1 e e de la piété<br />

filiale.<br />

f î. Le Philosophe dit : L'âge de votre père el de votre<br />

mère ne doit pa s è f re i a n oré < 1 e \ o m; il doit fa i re naître<br />

en v on s t a n f é f de I a j o î e, î a n t ô t d e î a e ra i n i e.<br />

ii. Le Philosophe dit : Les anciens ne laissa ici il point<br />

échapper de vaines paroles, craignant que leurs actions<br />

n ' y ré \ î o n d i ssc n t point.<br />

23. Le Philosophe dit : Ceux qui se perdent en restant<br />

sur leurs gardes sont bien rares!<br />

2-i. Le Philosoplie dit : I/honuue supérieur aime à<br />

être lent dans ses paroles, niais rapide dans >e> actions.<br />

2o. Le Philosophe dit : La vertu ne reste pas rumme<br />

une o r | >h e 1 i n e a ha i1 don 11 e c ; e 1 i o d o î t 11 e e e s sa i r e n i e 111 avoir<br />

des voisins.<br />

20. Tseu-yeou dit : Si dans le service d'un prince il<br />

arrive de le blâmer souvent, on tombe bientôt en disgrâce.<br />

Si dans k i h relations d amitié on blâme souvent bon anai^<br />

on é p r o u v e r a i > i c 1i1 o t son i n d i i î c r «. * n e e.<br />

CHAPITRE V.<br />

COMPOSÉ DE 27 ARTICLES.<br />

1. Le Philosophe dit que Kong-fehi-tehang (un de ses


H<br />

124 il LUK-YU,<br />

disciples) pouvait se marier, quoiqu'il fût dans les prisons,<br />

parce qu'il n'était pas criminel; et il s©.maria avec la ille<br />

<strong>du</strong> Philosophe.<br />

Le Philosophe dit à Nan-young (un de ses disciples)<br />

que si le royaume était gouverné selon les principes de la<br />

droite raison, il ne serait pas repoussé des emplois publics;<br />

que si, au contraire, il n'était pas gouverné par les principes<br />

de la droite raison, il ne subirait aucun châtiment :<br />

et il le maria avec la fille de son frère aîné. -• "<br />

2. Le Philosophe dit que Tseu-tsien (un de ses disciples)<br />

était un homme d'une vertu supérieure. Si le royaume de<br />

Lou ne possédait aucun homme supérieur, où celunei aurait-il<br />

pris sa vertu éminente?<br />

3. Tseu-koung fit une question en ces termes : Que<br />

pensez-vous de moi? Le Philosophe répondit : Vous êtes<br />

un vase. — Et quel vase? reprit le disciple. — Un vase<br />

chargé d'ornements *, dit le Philosophe.<br />

4. Quelqu'un dit que Young (un des disciples de<br />

KHOUNG-TSEU) était plein d'humanité, mais qu'il était dénué<br />

des talents de la parole. Le Philosophe dit : A quoi<br />

bon faire usage de la faculté de parler avec adresse? Les<br />

discussions de paroles que l'on a avec les hommes nous attirent<br />

souvent leur haine. Je ne sais pas s'il a les vertus de<br />

l'humanité; pourquoi m'informerais-je s'il sait parler avec<br />

adresse?<br />

5. Le Philosophe pensait à faire donner à T$i-tiao-kai<br />

(un de ses disciples) un emploi dans le gouvernement. Ce<br />

dernier dit respectueusement à son maître : Je suis encore<br />

tout à fait incapable de comprendre parfaitement les doctrines<br />

que vous nous enseignez. Le Philosophe fut ravi de<br />

ces paroles.<br />

* Vase how-lkn, richement orné, dont on faisait usage pour mettre<br />

îe grain dans le îempîe des'ancêtres. On peut voir les n« 21,<br />

22, 23 (43 e planche) des vases que Fauteur de cette tra<strong>du</strong>ction a fait<br />

graver, et publier dans le 1« volume de sa Description historique,<br />

géographique et littéraire de l'empire de la Chine. Paris, F. Didot.<br />

1837.


OU LES ENTRETIENS PHILOSOPBIQUES. 125<br />

6. Le Philosophe dit : La voie droite (sa doctrine) n'est<br />

point fréquentée. Si je me dipose à <strong>mont</strong>er un bateau<br />

pour aller I'ïI nier, cvlni qui me suivra. nV-f-re pas Iran<br />

(surnom do T$(:ti-lht,\? 'hru-li>u% entendant ces paroles,<br />

fol ravi de joie, Le Philosopha dit : IV-/e/. NOUS nie sur­<br />

passez en force el eu audace, niais non en ce qui consiste<br />

à saisir la raison iïvs actions humaines.<br />

7. i\fe)itf-i.rott-pf (premier ministre <strong>du</strong> royaume de IJM)<br />

demanda si Tseti-iun était humain. Le Philosophe dit : Je<br />

l'ignore. Ayant répété sa demande, le Philosophe repon­<br />

dit : SU s'agissait de commander les forces militaires d'un<br />

ro va un le d e m i 11 e c h ar s, 7 \t MHI humaniîe.<br />

8. Le Philosophe interpella Vtctt-htthi'f* en dî.sm! : Le­<br />

quel dé vous, ou de //o>7, surpasse I au ire en qiiahto?<br />

\T$i:u~Ji•i 'eiii I re d e snl f e f es d î x. pa r t ics ; t no i Ssr « d a \ o i r enten<strong>du</strong><br />

cette seule partie, je ne puis en comprendre que deux<br />

[sur dix].<br />

Le PI u ii isoplî e dit : Voi i s ne lui i ess»TU bl cz pa s ; j e \ o u s<br />

accorde que vous nt 1 lui ressemblez pas.<br />

îh TsnhifH se reposait ordinairement sur un \\\ pendant.<br />

le jour. Le Philosophe dit : Le bois pourri ne peut être<br />

sculpté : un mur de houe n


126 LE LUN-YU,<br />

lations avec les hommes. J'écoutais leurs paroles, et je<br />

croyais qu'ils s'y conformaient dans leurs actions. Maintenant^<br />

dans mes relations avec les hommes, j'écoute leurs<br />

paroles, maïs j'examine leurs actions. Tsaï-yu a opéré en<br />

moi ce changement.<br />

10. Le Philosophe dit : Je n'ai pas encore vu un homme<br />

qui fût inflexible dans ses principes. Quelqu'un lui répondit<br />

avec respect : Et Gkin-tchang ? Le Philosophe dit :<br />

Chang est adonné au plaisir : comment serait-il inflexible<br />

dans ses principes ?<br />

11. Tseu-koung dit : Ce que je ne désire pas que les<br />

hommes me fassent, je désire également ne pas le faire<br />

aux autres hommes. Le Philosophe dit : Sse, vous n'avez<br />

pas encore atteint ce point de perfection.<br />

12. Tseu-koung dit : On peut souvent entendre parler<br />

notre maître sur les qualités et les talents nécessaires pour<br />

faire un homme parfaitement distingué; mais il est bien<br />

rare de l'entendre discourir sur la nature de l'homme et<br />

sur la raison céleste.<br />

13. Tseu-lou avait enten<strong>du</strong> (dans les enseignements de<br />

son maître) quelque maxime morale qu'il n'avait pas encore<br />

pratiquée; il craignait d'en entendre encore de semblables.<br />

14. Tseu-koung fit une question en ces termes : Pourquoi<br />

Khoung-wen-tseu est-il appelé lettré, ou d'une é<strong>du</strong>cation<br />

distinguée (wenjl Le Philosophe dit : Il est intelligent,<br />

et il aime l'étude; il ne rougit pas d'interroger ses inférieurs<br />

(pour en recevoir d'utiles informations); c'est pour<br />

cela qu'il est appelé lettré, ou d'une é<strong>du</strong>cation distinguée.<br />

15. Le Philosophe dit que Tseu-tclian (grand de l'État<br />

de Tching) possédait les qualités, au nombre de quatre,<br />

d'un homme supérieur : ses actions étaient empreintes de<br />

gravité et de dignité; en servant son supérieur, il était<br />

respectueux ; dans les soins qu'il prenait pour la subsistance<br />

<strong>du</strong> peuple, il était plein de bienveillance et de sollicitude;<br />

dans la distribution des emplois publics, il était<br />

juste et équitable.


OU LES ENTEE11EN8 PHILOSOPHIQUES. 127<br />

16. Le Philosophe dit: Ngan-ping-tchoung (grand de<br />

TÉlat de Thsi) savait se con<strong>du</strong>ire parfaitement dans ses<br />

relations avec les hommes ; après un loog commerce avec<br />

lui, les hommes continuaient à le respecter, .<br />

11. L e I Mî i 11 m ) pli e d 51 : TclmHij-wni-tchounij ( g i -a n d <strong>du</strong><br />

royaume de Loin logea une grande t or lue dans nue demeure<br />

spéciale, dont k'.^ sommités représentaient des<br />

<strong>mont</strong>agnes, et les poutres dvs herbes marines. Hue doiton<br />

penser de sou intelligence?<br />

18. Tseu te/tan g fit une question eu ces termes : Le<br />

mandarin TSCU-IVCH fui trois lois promu aux fondions de<br />

premier ministre iling-jfim sans manifester de la joie,<br />

et il perdit par trois foi* celle charge sans <strong>mont</strong>rer aucun<br />

regret. Comme ancien premier ministre, il se lïi nu devoir<br />

d'instruire de ses fonctions le nouveau pi', niier ministre.<br />

Que doit-on penser de cette con<strong>du</strong>ite? Le Philosophe<br />

dît quelle fut droite et pariaitement honorable. \ Le disciplej<br />

reprit : Etait-ce de l'humanité? j Le Philosophe]<br />

répondit: Je ne lésais pas encore * pourquoi | dans sa<br />

co ri (11J i -t e t c > u t e n a t u r e I le i v o u 1 o i r t r o u v e r la grande vertu<br />

île i"î m inanité?<br />

Tsu u ï-i se u i g rai i c t d u r o y a u i n e île Ht s /1, ayant assa ss i n< *<br />

le prince de T/mi, Tdtin-icvn-ueu {également grand dignitaire,<br />

ia~f(M, de TElat de Thsi), qui possédait dix quadriges<br />

{ou quarante chevaux de guerre), s'en délit, et se retira<br />

dans un autre royaume. Lorsqu'il y lut arrivé, il dit : « Ici<br />

aussi il y a des grands comme notre Tsot/ï-f.


128 LB LUN-YU,<br />

20. Le Philosophe dit : Ning-wou-tseu (grand de l'État<br />

de Wet)f tant que le royaume fut gouverné selon les principes<br />

de la droite raison, affecta de <strong>mont</strong>rer sa science ;<br />

mais lorsque le royaume ne fut plus dirigé par les principes<br />

de la droite raison, alors il affecte une grande ignorance.<br />

Sa science peut être égalée; sa [feinte] ignorance<br />

ne peut pas l'être.<br />

21. Le Philosophe étant dans l'État de Tchin% s'écria :<br />

Je veux m'en retourner ! je veux m'en retourner! les disciples<br />

que j'ai dans mon pays ont de l'ardeur, de l'habileté,<br />

<strong>du</strong> savoir, des manières parfaites; mais ils ne savent<br />

pas de quelle façon ils doivent se maintenir dans la voie<br />

droite.<br />

22. Le Philosophe dit : Pe-4 et Chwi-isi 1 ne pensent<br />

point aux fautes que l'on a pu commettre autrefois [si<br />

l'on a changé de con<strong>du</strong>ite] ; aussi il est rare que le peuple<br />

éprouve des ressentiments contre eux.<br />

23. Le Philosophe dit : Qui peut dire que Weïsangkm<br />

était un homme droit? Quelqu'un lui ayant demandé<br />

<strong>du</strong> vinaigre, il alla en chercher chez son voisin pour le<br />

lui donner.<br />

24. Le Philosophe dit : Des paroles fleuries, des manières<br />

affectées, et un respect exagéré, voilà ce dont T§&~<br />

kieou-ming rougit. Moi KBIEOU (petit nom <strong>du</strong> Philosophe)<br />

j'en rougis également. Cacher dans son sein de la haine<br />

et des ressentiments en taisant des démonstrations d'amitié<br />

à quelqu'un, voilà ce dont Tso-kieou-ming rougit. Moi<br />

KHIEOU, j'en rougis également.<br />

• 25. Yen-youan et Ki-iou étant à ses côtés, le Philosophe<br />

leur dit : Pourquoi l'un et l'autre ne m'exprimez.vous<br />

pas votre pensée? Tseu-lou dit : Moi, je désire des<br />

chars, des chevaux, des pelisses fines et légères, pour les<br />

partager avec mes amis. Quand même ils me les prendraient,<br />

je n'en éprouverais aucun ressentiment.<br />

Yen-youan dit : Moi, je désire de ne pas m'cnorgueillir<br />

•<br />

t Deux fils <strong>du</strong> prince Kou-tchou.


OU LES ENTRETIENS PHILOSOPHIQUES. 129<br />

de ma vertu ou de mes talents, et de ne pas répandre le<br />

bruit de mes bonnes actions.<br />

Tseu-lou dit . Je désirerais entendre exprimer le pensée<br />

île notre maître. Le Philosophe dit : Je voudrai.s procurer<br />

aux vieillards un doux, repos; aux amis et a ceux atec<br />

lesquels on a des relations, conserver une fidélité cotisI<br />

anf e : at1x e11 f «inf s e t. a1.1x fai! >!csy t1o11 ner < 1 es soi 11s tout<br />

maternels 1 .<br />

20. Le Philosophe dit : Hélas! je n'ai pas encore vu<br />

un homme qui ait pu apercevoir ses défauts et qui s en<br />

soi! Iilâme intérieurement,<br />

27. Le Philosophe dit : Dans un village de dix maisons,<br />

il doit y avoir des hommes aussi droits, aussi sincères<br />

que KiiiEOt (lui-même) ; mais il n\ en a point qui aime<br />

Lé tude coin tue lui.<br />

CHAPITRE VI.<br />

COMPOSÉ DE 28 ARTICLES.<br />

•L Le P1 ï i losopî îe cl i t : 1 r u u n g pe « t- r e m p 1 i r les fon e -<br />

tiens de celui qui se place sur son siège, la face tournée<br />

vers le midi ('c'est-à-dire gouverner im Etat).<br />

Tchoxwg-kouug (Votai y) dit : Et Tsattg-pe-fseu ? Le<br />

Philosophe, dit : Il le peut ; il a le jugement, libre et pénétrant.<br />

Tehoung-koiwg dît . Se main tenir toujours clans une<br />

s> ï I n a t i o n ci i g n e de respect, et agir d'une manière grande<br />

et libérale clans la haute direction des peuples qui nous<br />

sont confiés, n''est-ce pas là aussi ce qui rend propre a<br />

go u v e r n e r ? Mais si o n n*a c j u e d e la 1 i ! ,u ; r a 111 e, et cj ne fontes<br />

ses actions répondent à celle disposition de caractère,<br />

11 '< 'St-ce pas i na nq uer des coi alitions nécessa i res et ne | x >sséder<br />

que IV x c è s d ' u n e q u a l i t é ?<br />

s « Laisses venir à moi îes petits enfants. » {Evangile.)


130 ' LE Ltm-YU,<br />

Le Philosophe dit : Les paroles de Young sont conformes<br />

à la raison.<br />

2. Ngaï-lumg'àGMaxiéà quel était celui des disciples<strong>du</strong><br />

Philosophe qui avait le plus grand amour de l'étude.<br />

KHOUNG-TSEU répondit avec déférence : Il y avait Yemhmi<br />

qui aimait l'étude avec passion ; il ne pouvait éloigner<br />

de lui Fardent désir de savoir ; il ne commettait pas deux<br />

fois la même faute. Malheureusement sa destinée a été<br />

courte* et il est mort jeune. Maintenant il n'est plus 1 1<br />

! je<br />

n'ai pas appris qu'un autre eût un aussi grand amour de<br />

l'étude.<br />

3. T$m-koa ayant été envoyé (par le Philosophe) dans<br />

le royaume de- Tchi, Yan-iseu demanda <strong>du</strong> riz pour la<br />

mère de Tseu-hoa, qui était momentanément privée de la<br />

présence de son fils. Le Philosophe dit : Donnez-lui-en<br />

une mesure. Le disciple en demanda davantage. Donnezlui-en<br />

une mesure et demie* répliqua-t-il. Ymn-tsm lui<br />

donna cinq ping de riz (ou huit mesures).<br />

Le Philosophe dit : Tchi (Tseu-hoa), en se rendant dans<br />

l'État de rhsi9 <strong>mont</strong>ait des chevaux fringants, portait des<br />

pelisses fines et légères ; j'ai toujours enten<strong>du</strong> dire que<br />

l'homme supérieur assistait les nécessiteux* et n'augmentait<br />

pas les richesses <strong>du</strong> riche.<br />

Yousn-sse (un des disciples <strong>du</strong> Philosophe) ayant été fait<br />

gouverneur d'une ville* on lui donna neuf cents mesures<br />

de riz pour ses appointements. Il les refusa.<br />

Le Philosophe dit : Ne les refusez pas; donnez-les aux<br />

habitants des villages voisins de votre demeure.<br />

4. Le Philosophe, interpellant Tehoung-koung, dit : Le<br />

petit d'une vache de couleur mêlée* qui aurait le poil<br />

jaune et des cornes sur la tête* quoiqu'on puisse désirer<br />

ne l'employer à aucun usage* [les génies] des <strong>mont</strong>agnes<br />

et des rivières le rejetteraient-ils?<br />

5. Le Philosophe dit : Quant à Hoeï,mn cœur pendant<br />

trois mois ne s'écarta point de la grande vertu de l'huma-<br />

1 Yan-hoëi mourut à trente-deux ans.


OU LES ENTHET1ENS PHILOSOPHIQUES. 131<br />

mité. Les antres hommes agissent ainsi pendant un jour<br />

ou un mois ; et voilà tout !<br />

6. Ki-kang-t$êu demanda si Tchoung-yeoM pourrait occuper<br />

un emploi supérieur dans l'administration publique.<br />

Le Philosophe dît * )'ron est certainement propre à<br />

occuper un t*mjilt.M dans l'administration publique: pourquoi<br />

ne le serait-il pas? — Il demanda ensuite : Lf S&*<br />

es(-il propre à occuper un emploi .supérieur dans l'administration<br />

publique? — Sxc'A unesprit pénétrant. Irés-propre<br />

à occuper un emploi supérieur dans I administration<br />

publique; pourquoi non? — H demanda encore I A e/ew<br />

est-il propre à occuper un emploi supérieur dans l'administration<br />

publique? — A'ivott, avec ses fait a il s nombreux<br />

et distingués, est très-propre à occuper un emploi supérieur<br />

dans l'administration publique; pourquoi non?<br />

7. Ki-c/ti envoya un messager a Mift-tsru-fcirtt {disciple<br />

île Kiinr.Mi-TSKr). pour lui demander s'il voudrait èlre<br />

gouverneur de/'/. Min-U


132 LE LUN-YU,<br />

s'arrêtent; mais vous, vous manquez de bonne volontéé<br />

11. Le Philosophe, interpellant Tseu-hia, lui dit : Que<br />

votre savoir soit le savoir d'un homme supérieur, et non<br />

celui d'un homme vulgaire.<br />

12. Lorsque Tseu-yeou était gouverneur de la ville de<br />

Wou9 îe Philosophe lui dit : Avez-vons des hommes de<br />

mérite ? 11 répondit : Nous avons Tan-tat, surnommé<br />

Mie-ming, lequel en voyageant ne prend point de chemin<br />

de traverse, et qui, excepté lorsqu'il s'agit d'affaires publiques,<br />

n'a jamais mis les pieds dans la demeure de Yen<br />

(Tseu-yeou).<br />

13. Le Philosophe dit : Mmg-icki-fan (grand de l'État<br />

de Lou) ne se vantait pas de ses belles actions. Lorsque<br />

l'armée battait en retraite, il était à l'arrière-garde ; mais<br />

lorsqu'on était près d'entrer en ville, il piquait son cheval<br />

et disait : Ce n'est pas que j'aie eu plus de courage<br />

que les autres pour rester en arrière ; mon cheval ne voulait<br />

pas avancer.<br />

44. Le Philosophe dit : Si l'on n'a pas l'adresse insinuante<br />

de 7b, • intendant <strong>du</strong> temple des ancêtres, et la<br />

beauté de Soung-tchao, il est difficile, hélas ! d'avancer<br />

dans le siècle où nous sommes.<br />

45. Le Philosophe dit : Comment sortir d'une maison<br />

sans passer par la porte? pourquoi donc les hommes no<br />

suivent-ils pas la droite voie ?<br />

16. Le Philosophe dit : Si les penchants naturels de<br />

l'homme dominent son é<strong>du</strong>cation, alors ce n'est qu'un<br />

rustre grossier ; si, au contraire, l'é<strong>du</strong>cation domine les<br />

penchants naturels de l'homme [dans lesquels sont comprises<br />

la droiture, la bonté de cœur, etc.], alors ce n'est<br />

qu'un homme politique. Mais lorsque l'é<strong>du</strong>cation et les<br />

penchants naturels sont dans d'égales proportions, ils forment<br />

l'homme supérieur.<br />

il. Le Philosophe dit : La nature de l'homme est .<br />

droite ; si cette droiture <strong>du</strong> naturel vient à se perdre pendant<br />

la vie, on a repoussé loin de soi tout bonheur.<br />

18. Le Philosophe dit : Celui qui connaît les principes


OU LES ENTRETIENS PHILOSOPHIQUES. 133<br />

de la droite raison n'égale-* pas celui qui les aime; celui<br />

qui les aime n'égale pas celui qui en fait ses délices et les<br />

pratique. •<br />

Iil. Le Philosophe dit : Los hommes atedcssti> tFinir<br />

intelligence moyenne peuvent être instruits dans les plus<br />

hautes coin laissa rires <strong>du</strong> savoir humain : les hommes<br />

au-dessous d'une intelligence moyenne ne pet tuait pas<br />

vtiv instruits des liantes connaissances dn sa\oir humain.<br />

20. Fan-ichi demanda ce que e Vf ail que le savoir. Le<br />

Philosophe, dit : Km ployer fontes ses forces peau* faire; ee<br />

qui est juste et convenable aux hommes: révérer les<br />

esprits et les génies, et s Vu tenir toujours a la distance<br />

qui leur est <strong>du</strong>e : voila ce que Ion peut appeler st/rnir. Il<br />

demanda ee que c'était que l'humanité. L'humanité [dit<br />

le Philosophe), C'est ce qui est d'abord difficile à pratiquer,<br />

et que Ton peut, cependant acquérir par beaucoup<br />

d VI fort s : voilà ee qui peut-être appelé hutnunit*'.<br />

21. Le Philosophe dit : L'homme instruit est [commeI<br />

nue eau limpide qui réjouit ; l'homme humain est,<br />

|eonnne| une <strong>mont</strong>agne qui réjouit. L'homme imannf a<br />

en lui un grand principe de mouvement ; I homme humain<br />

un principe de repos. L"hoinme instruit a en lui des motifs<br />

instantanés de joie ; l'homme humain a pour Ini l'éternité.<br />

22. Le Philosophe dit : LT'.tat de Ï7W, par un changement<br />

ou une révolution, arrivera a la puissance ciel Liât<br />

de fj)M ; LKiat de Lou, par une révolution, atrheraau<br />

Li'ouveiijemeut delà droite raison.<br />

23. Le Philosophe dit : Lorsqu'une coupe a anses a<br />

per<strong>du</strong> ses anses, es!-ce encore nnc coupe à anses, est-ce<br />

encore une coupe a anses ?<br />

21. Tsfiï-itfjù fît nue question en ces termes : Si un<br />

homme plein de la vertu de rhumaniie. se trouvait interpellé<br />

en ces mots : 'ahu>er


134 LE LUN-YU,<br />

sur réten<strong>du</strong>e <strong>du</strong> devoir, qui ne FoMige point à perdre la<br />

vie [pour agir contrairement aux principes de la raison].<br />

25. Le Philosophe dit : L'homme supérieur doit appliquer<br />

toute son étude à former son é<strong>du</strong>cation, àacqoérir<br />

des connaissances ; il doit attacher une grande importance<br />

aux ri les on usages prescrits. En agissant ainsi, il pourra<br />

ut» pas s'éeaiaVr tir la droite raison.<br />

w 2lî. Le Philosophe ayant lait une visito à IVan-tseu<br />

il ê i 11111 e 111 » /, in (/-/;< m e/;, | ni i H •« i < h • I ' Et a f < h. s 11 *eï), Tseu-lon<br />

nVn fut pas satisfait. KHOI'MJ-TSK!' s'inclina en signe de<br />

résignation, el dit : « Si jai mal a^î, (pie le ciel me re~<br />

jette, que If eîel me rejette. »<br />

% J7. Le Philosophe dit : l/invariabilité dans le milieu<br />

est re qui constitue la vertu ; n'eu est-ce pas le faite<br />

même ? Les lu mu nés rarement v persévèrent.<br />

2S. Tsi'ii-lHM'ny dit : S'il y a>ait un homme qui manifestât<br />

une extrême bien veilla née envers le peuple,, et ne<br />

s ueeupàt quedti bonheur de la multitude, qu'en faudraitil<br />

penser? pourrail-tm l'appeler homme doué de la vertu<br />

de l'humanité ? Le Philosophe dit : Pourquoi se servir<br />

Ipoiir le qualifier! <strong>du</strong> mot humnnUt ? ne serait-il pas<br />

plutôt un suînt? ïao et Chun sembleraient même bien<br />

au-dessous de lui.<br />

L'immme qui a la vertu de i'humanité désire s'établir<br />

lui-même, et eiistnfe établir les aulres lit Humes ; il désire<br />

connaître les principes des choses, et ensuite les faire connaître<br />

aux aulres hommes.<br />

Avoir assez d'empire sur soi-même pour ju^er îles autres<br />

par comparaison avec nims. el a^îr envers eux. comme<br />

nous voudrions que Loti ai»it envers nous-mêmes, c'est ee<br />

que Ion peut appeler la doctrine «le ïiacmanité ; il n'y a<br />

rien an delà.<br />

CHAPITRE VIL<br />

o>.Mi>o.M-: w


OU LES ENTRETIENS PHILOSOPHIQUES. t 133<br />

ciens ouvrages)^ mais je n'en compose pas de nouveaux.<br />

J'ai foi dans les anciens, et je les aime ; j'ai la plus haute<br />

est i 111e j>our ri ot re J, «o-/ mn?j § .<br />

2. Le Philosophe dit : Méditer en silence et rappeler a<br />

sa n i é n i o i re 1 es o b j e t s de ses ni éf I i I a t i o n s ; se I i v r e r à IV; -<br />

tut! e, e1 n e pas se r e 1 ) o t e r ; i 11 s I ri i i r t • i es 11 oi 11 n i es. e t n e p as<br />

se laisser abattre : coin <strong>mont</strong> parviendrai-je a. posséder ees<br />

vert os?<br />

3. I. e P h i 1 osoph e dit : L a v e il 11 i v e si pas e u I {i v ee ; let<br />

ride n 'est pa s recli ère h ée a v ee soi i ï ; si \\ > n e 111 e 11 d pi 'ofesser<br />

des principes do justice et d équité, en ne veut pas les<br />

s u i v re ; I es i ri ee î i a n t s e t I e s pe i * v e r s n e v o nient pas se < : o i • -<br />

r î ge r : v o i là c e q ni t a i I n i a d o 1i1 e u r !<br />

4. Lorsque le Philosophe se trouvait chez loi, saris<br />

préoccupât ion d'affaires, que ses manières étaient do» •<br />

ees et persuasives ! que son air était affable et prévenant !<br />

5 .Le P li î loso p 11 e dit : Û11 ! c o n i b i e n j e s u i s d « N- I n H ! e<br />

m o i -1 n é nie ! de p u i s l o n g t e n i ps, je n'ai pins vu e 11 se » 1i # i<br />

7 V/i eou-kn u n g 2 .<br />

t». Le Philosophe dit : (Jue la pensée soit constamment<br />

fixée* sur les principes de la droite voie ;<br />

U u e I ' o i ï t e n d « * sans e esse à la v e r t u d e Y11111 ri a n s f i ; ;<br />

Q ue I ' o n s'a p pi i r j ne _, d a n s 1 e s i n o n i e. t11 s d e I o i si r, à l a c u lture<br />

des arts { K<br />

1. L e P h i 1 osophe d i t : D c s T i n s t a n t q t \ 11 ri e pe r s o n n e es I.<br />

ve n u e n le v o î r, e t ni a o ! îè r t I e s {i r est- n I: s d ' 11 sa m > *, je 11 a i<br />

jamais manqué de l'instruire»<br />

H, Le Philosophe dit : Si un homme ne tait aucun effort<br />

pour développer son esprit, je ne le développerai<br />

point moi-même. Si un homme ne veut faire a ne un estes:<br />

cl e sa faculté de pa ri s<br />

expressions; si, après, avoir t'ait connaître langle d'un<br />

1 Sag


136 LE LUN-YU?<br />

carré, on ne sait pas la dimension des trois autres angles,<br />

alors je ne renouvelle pas la démonstration.<br />

9. Quand le Philosophe se trouvait à table avec une<br />

personne qui éprouvait des chagrins de ta perte fie quelqu'un,<br />

il ne pouvait inantir p« ait" satisfaire son appétit. Le<br />

Philosophe., dans ce jour (de deuil), se livrait lui-même à<br />

la douleur, e! il tir pouvait ehanfer.<br />

10. Le Philosophe, înterpeltanl Yeih-youar^ lui dit : Si<br />

on nous emploie dans les loue lions publiques, alors nous<br />

remplissons noire devoir : si on nous renvoie, alors nous<br />

nous reposons dans la vie privée. Il n'y a que vous el moi<br />

qui agissions ainsi.<br />

7s; tt-Iau dit ; Si vous con<strong>du</strong>isiez trois corps d armée ou<br />

hitai de douze mille einq eents hommes chacun» lequel<br />

de rions prendriez-vous pour lieutenant?<br />

Le Philosophe dit : Celui qui de ses seules mains nous<br />

engage rail au eoinhaf avec un fi^re : qui, sans motifs,<br />

voudrait passer tin fleuve à gué ; qui prodiguerait sa<br />

vie sans raison et sans remords : je ne voudrais pas le<br />

prendre pour lieutenant. Il me faudrait un homme qui<br />

portât une vigilance soutenue dans la direction des affaires<br />

; qui aimât a former des plans et à les mettre à exécution.<br />

11. Le Philosophe dit : Si, pour acquérir des richesses<br />

par des moyens honnêtes, il'me fallait faire un vil métier,<br />

je le ferais ; mais si les moyens n'étaient pas honnêtes*<br />

j'aimerais mieux m'appliquer à ce que j'aime.<br />

12. Le Philosophe portait la plus grande attention sur<br />

l'ordre, la guerre et la maladie.<br />

13. Le Philosophe, étant dans le royaume de Thsi, entendit<br />

la musique nommée Tchao (de Ckun). 11 en éprouva<br />

tant d'émotion, que pendant trois lunes il ne connut pas<br />

le goût des aliments. Il dit : Je ne me figure pas que depuis<br />

la composition de cette musique on soit jamais arrivé<br />

à ce point de perfection.<br />

14. Ycn-yeou dit : Notre maître âidera-t-il le prince de<br />

Weï? Tseu-koung dit : Pour cela, je le lui demanderai.


OU LES ENTRETIENS PHILOSOPHIQUES 137<br />

11 ta ï Ira (dans l'appartement de son natif ru a al dit : Q\w<br />

pensez-vous de î'i-i af <strong>du</strong> (.'/inu-ffii? la 1 Phiîo-ophu dif :<br />

Les hommes étaient <strong>du</strong> véritable;- saues <strong>du</strong> l'antiquité. 1!<br />

ajouta : S 'éprouvèrent-ils aiteun re^ru! 7 — Ils uhurehùrunl<br />

a aequurir la vertu d» 1 Hïitnuunîie et ils obtinrent uuffu<br />

\urlti : pourquoi auraient-ils éprouvé <strong>du</strong>s reureis'.' Kn sortant<br />

I Ttcu-kouwj i dit : Nohv mailru n"asslsfura pas de<br />

prinee <strong>du</strong> U eau<br />

f.'i. Lu Philosophe dit : Su 'nourrir d'un puis <strong>du</strong> ri/, boire<br />

dû beau, n'avoir que s«»n bras eourhé pour appuyer sa<br />

tùka ust tin état qui a aussi sa satisiartion. Kl ru rialiu uj<br />

honoré par <strong>du</strong>s inoyons iniques, e'usl pour saaa euu u nu lu<br />

iiuaue lîotlartf qui passe.<br />

il». Lu Philosophe dit : S'il m'était aeeordé d'ajouter<br />

a mon â^u <strong>du</strong> nombreuses annuus. j'en <strong>du</strong> ma n<strong>du</strong> rais cinquante<br />

pour efndiur lu ) -///////, atin quu ju pussu mu rendru<br />

exempt <strong>du</strong> fait lus graves,<br />

17. Lus sujets dont tu Philosophe j>arlaïl habituelleineut<br />

étaient le Livre


138 LE LUN-YU,<br />

tuteurs [ dans mes compagnons de voyage ] ; je choisirai<br />

l'homme de bien pour l'imiter, et l'homme pervers pour<br />

me corriger.<br />

22. Le Philosophe dit : Le ciel a fait naître la vertu en<br />

moi : que petit ftii'ir un' tain» Uoivi-toui''.'<br />

w 2*>. Nous, mes diM x i pies, tons fan! que vous êtes, erovezvous<br />

que j ait* pour vous


OU LES ENTRETIENS PHILOSOPHIQUES. 139<br />

nies cl Lsei pies) ; je ne lai pas admis à s'en aller. D'où vient<br />

t 'e 11e opposi f i on de vo t. re 1ia r 11 eeî homme s e s ( pu t• i ( î é ,<br />

sVst renouvelé lui-même afin d'entrer à inon école ; louez-<br />

I e cl e se t re a i 11 s i p urï t te ; j e ne ré pt nids j) as 11 e ses a e f î < ) t1 s<br />

passées ou fttflires.<br />

29. Le Philosophe dit : L'humanité est-elle si éloignée<br />

de nous ! je désire posséder l'humanité, et l'humanité<br />

vient à moi.<br />

30.1 a- j u ge <strong>du</strong> m y a 11 me d e f e/i. m d e manda s î Te h w> k ong<br />

connaissait les rites. KnorNCi-TsEcdit : Il eonnait les rites.<br />

Kftorxn-TSEï: s étant éloigne, |Ie jngej salua Qu-ma-ki\<br />

et, le faisant entrer, il lui dit : J'ai enten<strong>du</strong> dire que<br />

l'homme supérieur ne donnait pas son assentiment aux<br />

tantes des autres; cependant un homme supérieur y a<br />

donné son assentiment. Le prince s est marié avec nue<br />

Ce 111 ni e de 1 a fa n i i 11 e Ou, <strong>du</strong> même i ï o i n q 11 e I e s i c n, e t i I I a<br />

appelé"e Ou-meo.tj-fseu. Un prince doit connaître les rîtes<br />

et coutumes : pourquoi, lui, ne les cou naît-if pas?<br />

Ou-ma-ki averti t le Philosophe, qui s'érria •* Que KMIKOI.;<br />

est heureux ! s'il commet une tante, les hommes sont suis<br />

de la connaître.<br />

31. L o r sej 11 e I e P h î I o sopl i e se trou v ait a v e < : q n e ! q u 'i m<br />

qui savait Iiien chanter, il rengageait à chanter la même<br />

pièce une seconde fois, et il l'accompagnait de la voix.<br />

32. Le Philosophe dit : Lu littérature, je ne suis pas Légal<br />

d'autres hommes. Si je veux qui'» mes actions soient<br />

i h el 1 e s d * u 11 h o m m e su pé r î e ui\ ai o r s j e ne p u i s j a m a i s a I -<br />

teindre il la perfection.<br />

33. Le Philosophe dit : Si je pense à un homme qui<br />

réunisse la sainteté à la vertu de l'humanité, comment<br />

ose i'a ï s-j e me < • om pa r e r à 1 u i î T ou t e e c j ue j e sa i s, c'est q u e<br />

je m'efforce de pratiquer ces vertus sans me relut ter, el,<br />

de les enseigner aux autres sans nie décourager cl me.<br />

laisser a bal Ire. (/est là tout ce que je vous puis dire de<br />

moi. K


140 il «JH-YU,<br />

34. Le Philosophe étant très-malade, Tseu-lou le pria<br />

de jjt'iTiiHtiv à >si i z v< )s<br />

« hvif'rca au\ esprits et nus génies . Lr Philosophe dit : Si Fou est. prodigue rt adonne<br />

au luxe» alors on n'est pas soi unis. Si Ton est trop pareimonieiix,<br />

alors on os! vil el ahp-ei. La bassesse est cependant<br />

otieoiv préférable à la désobéissance.<br />

llil. Le Philosophe dit : Llionniie supérieur a de 1\><br />

i pian huile H de la tranquillité d/Ytiiie» 1 /hotmn


OU LES ENTRETIENS PHILOSOPHIQUES. 141<br />

ce n'est qu'une timidité outrée ; si le courage viril n'est<br />

pas tvulé par l'é<strong>du</strong>cation, alors ce n'est cjue de l'insubordination<br />

; si fa droiture n'est pas réidee par l'é<strong>du</strong>cation,<br />

alors die entraîne dans une grande confusion.<br />

Si ceux qui sont dans une rond i don supérieure traitent<br />

leurs parents connue ils doivent l'être, alors le peuple<br />

sVlèvera à la vertu de rhumanifé. Pour la in<strong>du</strong>e raison,<br />

s'ils ne riegiipvnf e! n'abandonnent pas leurs anciens amis,<br />

alors le peuple n'agira, pas d'une manière contraire.<br />

3. Tits*}n'j-!swt. étant dangereusement malade, ii( venir<br />

auprès de hii ses disciples, et leur dit : Decouvrez-moi les<br />

pieds, découvrez-moi les inains. Le tJrrp ///•>- I frs dit :<br />

« Ayez la même crainte et la même circonspee.îion<br />

« Otic si vous conlei n pliez sons \os yeux un abîme<br />

« profond,<br />

« One si vous marc liiez sur une idaee fragile ! » Maintenant<br />

ou plus tard, je sais que. je dois vous quitter, mes<br />

chers disciples.<br />

i, T h sèn {/-?$ e u étant malade. J le n g-h 11 / // -fs^n t g l'a n d <strong>du</strong><br />

royaume de IJJU ) demanda des nouvelles de >a sanle.<br />

Thsciifj-tscu prononça ces paroles : « Onaud boiseau est<br />

a près fie mourir, son c liant devient triste: quand i'I tomme<br />

«.< est près de mourir, ses paroles portent l'empreinte de<br />

« la vertu. «<br />

Les choses que Liiomme supérieur met au-dessus de<br />

tout, dans la pratique de la raison, son! au nombre de.<br />

trois: dans sa démarche H dans son attitude, il a soin<br />

d'éloigner tout ce qui sentirait, la brutalité et la rudesse :<br />

il l'ait en sorte que la ver if a h! e expression de sa ligure représente<br />

autant que possible la réalité et la sincérité de<br />

ses sentiments; que dans h i < paroles qui lm échappait de<br />

la bouche et flans l'intonation de sa voix, il éloigne ton!<br />

ce qui pourrait, être bas ou vulgaire et contraire a la raison.<br />

Quant à ce qui concerne |es vases en bamhou s choses<br />

moins importantes j. il faut que quelqu'un pré.dde à leur<br />

conservation.<br />

:i. TfiS'h-tg-tsvu dit : Posséder la capacité et les talents,


'


ou LES ENTRKIIENS PHILOSOPHIQUES. 143<br />

en même temps hautain et d'une avarice sordide^ ce qui<br />

lui reste de ses qualités ne vaut pas la peine qu'on y fasse<br />

attention.<br />

12. Le Philosophe dit : II n'est pus facile de trouver<br />

une personne qui pendant trois années se livre constamment<br />

à l'étude [île lu sagesse ] sans avoir ni vue les émoluments<br />

qu'elle peut en retirer.<br />

'13. Le Philosophe dit : Celui qui aune foi inéhranlahle<br />

dans la vérité, et qui ai nie l'élude avec passion, conserve<br />

jusqu'à la mort les principes de ta vertu, qui en son! ta<br />

conséquence.<br />

Si un Etat se trouve en danger de révolution j par suite<br />

de son mauvais gouvernement ], n'allez pas le visiter; un<br />

pays qui est livré an désordre ne peut pas y rester, Si no<br />

empire se trouve gouverné par les principes de la droiture<br />

et de la raison» allez le visiter: s'il n'est pas gouverné par<br />

les principes de la raison, restez ignores dans la retraite<br />

et la solitude»<br />

Si ne Etat est gouverné par les principes de la raison,<br />

1 i i pa u v ï'e t é et; la n i i se r e so n t 11 n su j c t de h on t e ; s i u n E1 n t<br />

n'est pas gouverné par les principes de la raison, la richesse<br />

et les honneurs sont, alors les sujets de honte l .<br />

il. Le Philosophe dit : Si vous n'occupez fias des foi tétions<br />

dans un gouverne nient, ne donnez pas votre avis sur<br />

son administrât ion.<br />

15. Le Philosophe dît : Comme Je chef de musique<br />

nommé 7 c///, flans son e liant qui commence par e^s mots :<br />

Kouan-tsiu-iclri-louan, avait su charmer l'oreille par la<br />

grâce et la mélodie !<br />

10. Le Philosophe dit : Etre courageux et hardi sans<br />

droiture, liébeté saais attention, inepte sans sincérité : je<br />

ne connais pas de tels caractères.<br />

17. Le Philosophe dît : Etudiez toujours comme si<br />

vous ne pouviez jamais atteindre [au sommet de la<br />

science |, comme si vous craigniez de perdre h- Iruil de<br />

vos études.<br />

1 Ct*s adimniblcs |»rinn|)«\> n'uni pas l).-«...u» «1 .•l»tiim>-nt:ii]>.'


144 LE LUN-YU?<br />

18. Le Philosophe dit : Oh! quelle élévation, quelle sublimité<br />

dans le gouvernement de Ckun et de Yu ! et cependant<br />

il n'était encore rien à leurs yeux.<br />

19. Le Philosophe dit : Oh! qu'elle était grande la con<strong>du</strong>ite<br />

de )ao dans l'administralion de l'empire! qu'elfe<br />

t:!aîl éle\év ol sublime! î! n'y a que le ciel qui pnu\ait<br />

begaler en grandeur ; îl n'y n que Ynn qui pouvait imiter<br />

ainsi le ciel ! Ses vertus et ait ait si vastes et si profondes,<br />

que le pou pie ne trouvait point de noms pour leur donner<br />

!<br />

Oh : quelle grande tir ! quelle su Illimité clans ses ae fions<br />

et ses mérites ! et que les monuments qu'il a laissés de sa<br />

sagesse sont admirables !<br />

iû. (lhun avait cinq ministres* ot l'empire était bien<br />

gouverné.<br />

\Yifit-tr/m(j disait : J ai pour ministres dix hou unes d'Etat<br />

habiles dans Fart de gouverner.<br />

Kfiot .xc«-TS!ophe dit : Je ne vois aucun défaut dans<br />

i n: il éiait sobre dans le boire et le mander, et souverainement<br />

pieux envers les esprits et les génies. Ses vêtements<br />

ordinaires liaient mauvais et grossiers ; mais<br />

comme aliène défaut daîH }'u.<br />

^~*3S»*f*>m


OU LES ENTRETIENS PHILOSOPHIQUES. 145<br />

CHAPITRE IX.<br />

COMPOSÉ DE 30 ARTICLES.<br />

4. Le Philosophe parlait rarement <strong>du</strong> gain, <strong>du</strong> destin<br />

fou mandat <strong>du</strong> ciel, ming] et de l'humanité |la plus grande<br />

des vertus],<br />

% A J11 h o m ni e d 11 v i 11 a ge d o 7 a-h ia n g d if : Que K11 c > r s G -<br />

TSEU est grand ! cependant ce n'est pas son vaste savoir<br />

qui a fait sa renommée.<br />

Le Philosophe, ayant enten<strong>du</strong> ces paroles, interpella ses<br />

disciples en leur disant : Que dols-je entreprendre» de<br />

faire? Prend rai-je l'état de voiturier, ou apprendrai-je<br />

celui d'archer? Je serai voiturier.<br />

3. Le Philosophe dît : A ut reluis on portait un ho n net<br />

d'étoffe de lin, pour se conformer aux rites ; maintenant<br />

on port e u n bon ne t de so ie, c * o m î n < * p lus é •. • o 11 o n i i q u e ; j e<br />

veux suivre la multitude. Autrefois on s'inclinait respectueusement<br />

au bas des degrés de la salle de réception pour<br />

sa! ne r son pri née, e n se eo n f< ni n a 111 aux r i î es ; n îaînt eliant<br />

on salue en haut des degrés. Ceci est de l'orgueil.<br />

Q u o î cju e j e i n 'él o i g n e e n e e 1 a de la m ul t i tuile, j e suivrai<br />

le mode ancien,<br />

4. Le Philosophe était, complètement exempt de quatre<br />

choses : il était sans amour-propre, sans préjugés, sans<br />

obstination et sans égoïsme.<br />

o. Le Philosophe éprouva des inquiétudes et des<br />

frayeurs à Kouany. 11 dit : Wen-wany n'est plus ; la mise<br />

en 1 u m iére de la pu re doc t ri n e ne < 1 épe nd-el le pas i oaï n t e -<br />

nant de moi !<br />

Si le ciel avait résolu de laisser périr cette doclrine,<br />

ceux qui ont succédé à Wen-?rnng. qui n'est plus, i Ta tiraient<br />

pas en la faculté de la foire revivre et de lui rendre<br />

son ancien éclat. Le ciel ne vent doue pas que cette doctrine<br />

péri sse. U ue m e ve u 1 en t d on c 1 e s h o m m es d e iïommg ?<br />

CL Un Tai-tsaïj ou grand fonctionnaire publie, interroge a<br />

. , 13


146 • LE IXN-YU,<br />

un jour Tseu-k'Qung en ces termes : Votre maître est-il un<br />

saint ? N'a-t-il pas un grand nombre de talents ?<br />

Tseu-koung dit : Certainement le ciel lui a départi<br />

presque tout ce qui constitue la sainteté; et, en outre^ un<br />

grand nombre de" talents.<br />

Le Philosophe, ayant enten<strong>du</strong> parler de ces propos, dit :<br />

Ce eraïuî it.netionnaire me connail-il ? Ûuand j'étais petit;,<br />

je 1111 - suis !roïi\ t ; dans des circonstances pénibles et dif-<br />

(ieilr> ; c'est pourquoi j'ai acquis un ^rand nombre de talent*<br />

pour la pratique \\vs affaires vuleaiies. L'homme<br />

supérieur possede-t ii un urand nombre de ces talents?<br />

rSon. il n Vu possède pas tin u. rai al nombre.<br />

./..aie uni des disciples de Kuoi M;-!SKI i dit : Le .Philosophe<br />

répétait s.oment : « Je ne .tus pas employé jeune<br />

(* dans les charges pu Iniques i c'est pourquoi je m'nppii-<br />

«• quai ft l'élude \y< arts. »<br />

7. Le Philosophe dit : Suis-«e véritablement en possesvsion<br />

de la science? je n'eu sais rien 1 . Mais s'il se rencontre<br />

un ignorant qui me lasse des questions, t,ml vides<br />

soient-elles, j'y ïaqunnf> de mon mieux, .MI épuisant le sujet<br />

sous toutes > ( *s iaees.<br />

H. Le Philosophe dit : L'oiseau nommé l'^mnif ou<br />

l'ottrtfj-lt!}}/ ne \ieiii pas, le fleuve ne tait pas sortir de soi]<br />

sein le ! tableau sur lequel esl figure le draii'onj. L'en est<br />

tail de moi,<br />

'J. Lorsque le Philosophé Voya.it quelqu'un en habits<br />

de deuiî. on portant le nonnel el la robe de magistrat» on<br />

aveugle, quanti même il en! e!e plus jeune que lui, il se<br />

levait a son approche «s'il se trouvai! assis;. S'il passait<br />

devant lui asus, le Philosophe accélérait le pas.<br />

10, ) en-}/oww seeiia eu soupirail! : Si je considère la<br />

doctrine de noire tuaiq-e. je ne voi> rien de plus élevé ;<br />

si je cherche a la pénétrer, je ne trouve rien de plus impénétrable<br />

: si je la regarde comme devant mes yeux et<br />

lue précédant, aussitôt elle m'échappe et nie luit<br />

1 Won-tchi-ye: non scio cquidoni.


CU LES ENTRETIENS PHILOSOPHIQUES. 1-47<br />

: "Mon maître m'a cependant con<strong>du</strong>it pas à pas ; il a développé<br />

gra<strong>du</strong>ellement mon esprit* car il savait admirablement<br />

captiver les hommes par ses paroles ; il a éten<strong>du</strong><br />

beaucoup me.*» connaissances dans les srîetire> qui / lui envoya<br />

un dmâple pour lui sera \v de uiui -ire.<br />

Dans on intervalle Me soulmmcel que lui laissa la maladie,<br />

le Philosophe dil : N'y a-i-ii pa.-» de ja longtemps qut?<br />

) *~'cu [Ts>- ïi-lutt) se i - « i n ? 1 n ï t d'un»' manière peu comornie.<br />

à la raison "f je ibat pas de minisires, et eependanl j'ai<br />

quelqu'un qui en fait les fonctions ; qui tmmpê-jm de moi<br />

ou <strong>du</strong> ciel ?<br />

IMuioi que de mourir entre* les mains d un ministre,<br />

n'aurait'i! pas mieux valu pour moi de momir cuire les<br />

mains de mes disciple-, 7 Qiqu


148 LB LON-YU, •<br />

musique. Les chants compris sous les noms de Ya et de<br />

Soung [deux divisions <strong>du</strong> Livre des Vers] forent remis<br />

chacun à k place qu'ils doivent occuper.<br />

45. Le Philosophe dit : Quand vous êtes hors de chei<br />

vous, rendez vos devoirs à vos magistrats supérieurs.<br />

Quand vous êtes chez vous, faites votre devoir envers vos<br />

père 'et mère et vos frères. Dans les cérémonies funèbres,<br />

ne vous permettez aucune négligence. Ne vous livrez à<br />

aucun excès dans l'usage <strong>du</strong> vin. Comment pourrais-je<br />

tolérer une con<strong>du</strong>ite contraire?<br />

16. Le Philosophe, étant sur le bord d'une rivière, dit :<br />

Comme elle coule avec majesté ! elle ne s'arrête ni Jour ni<br />

nuit î<br />

17. Le Philosophe dit : Je n'ai encore vu persopne<br />

qui aimât autant la vertu que Ton aime la beauté do<br />

corps.<br />

48. Le Philosophe dit : Soit une comparaison : je veux _<br />

former un <strong>mont</strong>icule de terre ; avant d'avoir rempM un<br />

panier, je puis m'arrêter ; je m'arrête. Soit une autre<br />

comparaison : je veux niveler un terrain ; quoique j'aie<br />

déjà transporté un panier de terre, j'ai toujours là liberté<br />

de discontinuer ou d'avancer ; je puis agir d'une façon ou<br />

«Fune autre.<br />

49. Le Philosophe dit : Dans le cours de nos entretiens,<br />

celui dont l'esprit ne se lassait point, ne s'engourdissait<br />

point, c'était Èœi.<br />

20. Le Philosophe, parlant de Yen-ymum (Hoet), disait<br />

: Hélas ! je le vis toujours avancer et jamais s'arrêter.<br />

24. Le Philosophe dit : L'herbe pousse, mais ne donne<br />

point de fleurs ; si eHe donne des fleurs, elle ne pro<strong>du</strong>it<br />

point de graines mûres. Voilà où en est le sage !<br />

22. Le Philosophe dit : Dès l'instant qu'un enfant est<br />

né, il faut respecter ses facultés ; la science qui lui viendra<br />

par la suite ne ressemble en rien à son état présent.<br />

S'il arrive à l'âge de quarante ou de cinquante ans<br />

avoir rien appris, il n'est plus digne d'aucun respect.


OU LES ENTIETIEM8 PHILOSOPHIQUES. 149<br />

23. Le Philosophe dit: Un langage sincère et conforme<br />

à la droite raison n'obtiendra-t-il pas l'assentiment<br />

universel? C'est un changement de con<strong>du</strong>ite, une conversion<br />

à la vertu, qui est honorable et bien par-dessus tout.<br />

Un langage insinuant et fini leur ne eausera-f-il pas de la<br />

satisfaction à celui qui t'entend: 1 c'est la recherche ittt<br />

vraî cjui est 11onoraI> 1 e et I>ittr-cIessns t111. Epr < >ti v . Le Philosophe dit : S'il y a quelqu'un qui, vetu<br />

d'habits tes plus humbles et les plus grossiers, puisse<br />

s assi M » i r sa n s r o u g i r à c o té d e e e u \ q u i po rient 1 e s vêt eluenis<br />

les plus précieux et les plus belles fourrures, c'est<br />

Y cou !<br />

n S< i ris e n v le de nui r e e t sa n s d es i r s a n i b i t i e u \,<br />

r é< v« lent e<br />

à la bouche. Le Philosophe dit : L'est à l'étude et à h pratique<br />

de la droite raison qu'il faut surtout s'appliquer;<br />

comment suftirait-il de faire te bien?<br />

27. Le Philosophe dit : Quand la saison de l'hiver arrive,<br />

e.Vst aU.Tsque Ion reconnaît le pin et le cyprès [dont<br />

1 Fatales fi ». Lirn:


450 LE LUN YU,<br />

les feuilles ne tombent pas], tandis que les autres feuilles<br />

tombent.<br />

. 28. Celui qui est instruit et éclairé par la raison n'hésite<br />

point; celui qt|i possède la vertu de l'humanité n'éprouve<br />

point de regret ; celui qui est fort et courageux<br />

n'a point de crainte.<br />

29. Le Philosophe dit : On peut s'appliquer de toutes<br />

ses forces à l'étude, sans pouvoir rencontrer les vrais<br />

principes de la raison, la véritable doctrine ; on peut<br />

rencontrer les vrais principes de la raison, sans pouvoir<br />

s'y établir d'une manière fixe ; on peut s'y établir d'une<br />

manière fixe, sans pouvoir déterminer leur valeur d'une<br />

-manière certaine, relativement aux temps et aux circonstances.<br />

30. « Les fleurs <strong>du</strong> prunier sont agitées de côté et<br />

. ce d'autre,<br />

ce Et je pense à leur porter un appui.<br />

« Comment ne penserais-je pas à toi.<br />

« 0 ma demeure, dont je suis si éloigné l ! »<br />

Le Philosophe dit : On ne doit jamais penser à la distance,<br />

quelle qu'elle soit, qui nous sépare [de la vertu].<br />

CHAPITRE X.<br />

COMPOSÉ DE 18 ARTICLES.<br />

4. KaocNG-TSEU, lorsqu'il résidait encore dans son<br />

•village, était extrêmement sincère et droit ; mais il avait<br />

tant de modestie, qu'il paraissait dépourvu de la faculté<br />

de parler.<br />

Lorsqu'il se trouva dans le temple des ancêtres et à la<br />

cour de son souverain, il parla clairement et distincte-<br />

1 Citation d'un ancien Livre des Versi Les deux premiers vers n'ont<br />

aucun sens, selon TGIIOU-HI ; ils serveni seulement d'exorde aux<br />

deux suivants.


OU LES ENTRETIENS PHILOSOPHIQUES. J5I<br />

ment; et tout ce qu'il dit portait l'empreinte de la réflexion<br />

et de la-maturité.<br />

2. A U cour* il parla aux officiers inférieurs avec fermeté<br />

et droiture ; aux-officiers supérieurs* avec une franchise<br />

polie.<br />

Lorsque le prince était présent* il conservait une attitude<br />

respectueuse et digne.<br />

3. Lorsque le prince le mandait à sa cour* et le chargeait<br />

de recevoir les hôtes 1 , son attitude changeait soudain.<br />

.Sa démarche était grave et mesurée* comme s'il<br />

avait eu des entraves aux pieds.<br />

S'il' venait à saluer les personnes qui se trouvaient<br />

auprès de lui* soit à droite* soit à gauche* sa robe* devant<br />

et derrière* tombait toujours droite et bien disposée.<br />

Son pas était accéléré en intro<strong>du</strong>isant les hôtes* et il<br />

tenait les bras éten<strong>du</strong>s comme les ailes d'un oiseau.<br />

Quand l'hôte était parti* il se faisait un devoir d'aller<br />

rendre compte [au prince] de sa mission en lui disant :<br />

et L'hôte n'est plus en votre présence. »<br />

4. Lorsqu'il entrait sous la porte <strong>du</strong> palais* il inclinait<br />

le corps* comme si la porte n'avait pas été assez haute<br />

pour le laisser passer.<br />

11 ne s'arrêtait point en passant sous la porte* et dans<br />

sa marche il ne foulait point le seuil de ses pieds.<br />

En passant devant le trône* sa contenance changeait<br />

tout à coup ; sa démarche était grave et mesurée* comme<br />

s'il avait eu des entraves.. Ses paroles semblaient aussi<br />

embarrassées que ses pieds.<br />

- Prenant sa robe avec les deux mains* il <strong>mont</strong>ait ainsi<br />

dans la salle <strong>du</strong> palais* le corps incliné* et retenait son haleine<br />

comme s'il n'eût pas osé respirer.<br />

En sortant* après avoir fait un pas* il se relâchait peu<br />

à peu de sa contenance,grave et respectueuse, et prenait<br />

un air riant; et quand il atteignait le bas de l'escalier,<br />

1 Les princes ou grands vassaux qui gouvernent le royaume.<br />

(TCHOU-HI.)


152 x LE LUN-YU,<br />

laissant retomber sa robe* il étendait'de nouveau les bras<br />

comme les ailes d'un oiseau ; et en repassant devant le<br />

trône, sa contenance changeait de nouveau, et sa démarche<br />

était grave et mesurée, comme s'il avait eu des entraves<br />

aux pieds.<br />

5* En recevant la marque distinctive de sa dignité<br />

[comme envoyé de son prince], il inclina profondément<br />

le corps comme s'il n'avait pu la supporter. Ensuite il<br />

réleva en haut avec les deux mains, comme s'il avait voulu<br />

la présenter à quelqu'un, et la baissa jusqu'à terre, comme<br />

pour la remettre à un autre ; présentant dans sa contenance<br />

et son attitude l'apparence de la crainte, et dans sa<br />

démarche tantôt lente, tantôt rapide, comme les diflé**<br />

rents mouvements de son âme.<br />

En offrant les présents royaux selon l'usage, il avait<br />

une contenance grave et attable; en offrant les autres présents,<br />

son air avait encore quelque chose de plus affable<br />

et de plus prévenant.<br />

6. Le Philosophe ne portait point de' vêtements avec<br />

des parements pourpre ou bleu foncé.<br />

Il ne faisait point ses habillements ordinaires d'étoffe<br />

rouge ou violette.<br />

Dans la saison chaude, il portait une robe d'étoffe de<br />

chanvre fine ou grossière, sous laquelle il en mettait toujours<br />

une autre pour faire ressortir la première.'<br />

Ses vêtements noirs (d'hiver) étaient fourrés de peaux<br />

d'agneau; ses vêtements blancs* de peaux de daim;<br />

ses vêtements jaunes, de peaux de renard.<br />

ta robe qu'il portait chez lui eut pendant longtemps la<br />

manche droite plus courte que l'autre.<br />

Son vêtement de nuit ou de repos était toujours une<br />

fois et demie aussi long que son corps.<br />

Il portait dans sa maison des vêtements épais faits de<br />

poil de renard.<br />

Excepté dans ies temps de deuil, aucun motif ne l'empêchait<br />

de porter attaché à ses vêtements tout ce qui était<br />

d'usage.'


OU LIS 1NT1ETIINS PHILOSOPHIQUES. 153<br />

S'il ne portait pas le vêtement propre aux sacrifices et<br />

aux cérémonies, nommé wei-chmg, sa robe était toujours<br />

un peu ouverte sur le côté.<br />

Il n'allait pas faire de visites cïe condoléance avec une<br />

robe gar n ï e d e pea u x d ? a g i te au et tin î >o n net 11 o î r.<br />

Le prem 1er jour de ch aque I u ne, il mettait, ses h abî f s<br />

de cour, et se rendait au palais [pour présenter ses devoirs<br />

an prince],<br />

7. Dans les jours d'abstinence, il se couvrait constamment<br />

d'une robe blanche de lin.<br />

Dans ces mêmes jours d'abstinence, il se faisait toujours<br />

un devoir de changer sa manière de vivre ; il se<br />

faisait aussi un devoir de changer le lieu où il avait l'habitude<br />

de reposer.<br />

8. Quant, à la nourriture, il ne rejetait pas le riz cuit à<br />

l'eau, ni les viandes de beeut ou de poisson découpées en<br />

petits morceaux.<br />

Il ne mangeait jamais de mets corrompus par la chaleur,<br />

ni de poisson ni des autres viandes déjà entrées en<br />

putrél action. Si la couleur en était altérée,, il n'en mangeait<br />

pas; si l'odeur en était mauvaise, il n'en mangeait<br />

pas ; s'ils a v a i e n t pe relu i e u r sa veu r, il n ' e n n i an ge a 11. pas ;<br />

si ce n'était pas des pro<strong>du</strong>its de la saison, il n'en mangeait<br />

pas.<br />

La viande qui n'était pas coupée en lignes droites» il<br />

ne la mangeait pas. Si un mets n'avait pas la sauce qui<br />

lui convenait, il n'en mangeaiI pas.<br />

Quand môme il aurait en beaucoup de viande à son repas,<br />

il faisait en sorte de n'en prendre jamais une quantité<br />

qui excédât celle de son pain ou de son riz. Il n'y avait<br />

que pour sa boisson qu'il n'était pas réglé ; maïs il n'en<br />

prenait jamais une quantité qui put porter le trouble clans<br />

son esprit.<br />

Si le vin était acheté sur nrt marché public, il n'en buvait<br />

pas; si on lui présentait de la viande sèche achetée<br />

sur les marchés, il iv'en .mangeait pas.<br />

11 ne s'abstenait pas de gingembre clans ses aliments,


154 LE LUN-YU,<br />

Il ne mangeait jamais beaucoup.<br />

• Quand on oftrait les sacrifices et les oblaiions dans les *<br />

palais <strong>du</strong> prince, il ne retenait pas pour lui, môme pour<br />

une nuit, la viande qu'il avait reçue. Quand il y offrait luimême<br />

les obial'mu^ <strong>du</strong> viande à ses ancêtres, il ite passait<br />

pas I rots jours >.ms la servir ; si les (rois jours étaient passés,<br />

nu uj" la mangeai I plus»<br />

Eu mangeant, il n "en i retenait point île conversation ;<br />

en prenait! sou repos au lit. il ne parlait point.<br />

Quand uirmr il nYùf pris que Ires-peu d'aliments, et<br />

dfs plus communs, soif <strong>du</strong>s végétaux, ou dn boni Mon, il<br />

en oflraiî haïr airs une petite quantité comme oblation ou<br />

libation; ei il taisait celte cérémonie avec le respect et fa<br />

iil'io ite eoU\éiiables.<br />

P. Si ta nalm sur laquelle il devait s'asseoir nVtait pas<br />

éten<strong>du</strong>e régulièrement, il ne s'asseyait pas dessus.<br />

10. Quand des habitants de son village l'invitaient à un<br />

festin, il ne sortait de table que lorsque les vieillards qui<br />

portaient des bâtons étaient eux-mêmes sortis.<br />

Quand les babilaislsde -on village faisaient la cérémonie<br />

nommée aô% peun* chasser 1rs esprits malins, il se revêtait<br />

de sa robe de cour, et allait s'asseoir parmi les assistants<br />

<strong>du</strong> cote oriental de la salle.<br />

11. Quand il envoyait quelqu'un prendre des informations<br />

dans d'au lie> Kl ai s. i! lui rusait deux Ibis la révérence,<br />

et l"a< comparait jusqu a une certaine dislanee.<br />

h~tw


OU LEg ENTRETIENS PDIIOSOPHIQUES. 155<br />

lièrement sur sa table et de les goûter. Lorsque le prince<br />

lui envoyait un présent de chair crue, il la faisait toujoors<br />

cuire, et il l'offrait ensuite [ aux mânes de ses ancêtres 1.<br />

Si le prince lui envoyait eu présent un animal \ivant. îl se<br />

taisait n11 devoir de le, nourrir et de l'entretenir avec soin.<br />

S'il était invite par le prince à dîner à ses coi es. lorsque<br />

celui-ci se disposait à l'aire une ylstation, le IMiilosophe en<br />

coûtait d a bord.<br />

SU était malade, et que le prince allât le voir, îl se taisait<br />

mettre la tète à l'orient, se revêtait de ses habits de cour.<br />

et se ceignait de sa pins belle ceinture.<br />

Lorsque le prinee le mandait près de lui. sans atten<strong>du</strong>*<br />

son attelage, qui le suivait, tl s\ rendait a pied.<br />

1 t. Lorsqu'il entrait dan> le grand temple des ancêtres,<br />

il s'in tonnait minutie use nie ut de chaque chose.<br />

ïÎK Sî quelqu'un de ses amis venait à mourir, n avant<br />

personne pour lui rendre les devoirs funèbres, îl disait :<br />

Le soin de ses funérailles m'appartient.<br />

Keee\ait-i! des présents de ses amis, quoique ce turent,<br />

des chars et des chevaux, s'il n'y avait pas de. viande qu'il<br />

put offrir comme obi a! ion a ses ancêtres, il ne les remerciait,<br />

par aucune ni arque de polite«..se.<br />

•!t.:é Quand il se livrait an .sommeil, il ne prenait [tas. la<br />

position d'un homme mort ; et lorsqu'il et ai! dans sa maison,<br />

il se dépouillait de sa gravite habituelle,<br />

Sî quelqu'un lui faisait une visite pendant qu il portait<br />

des habits de deuil, quand même c'en! été une personne<br />

de sa connaissance particulière, it ne manquait jamau «le<br />

changer de contenance et de prendre un aa- convenable ;<br />

s'il rencontrait quelqu'un en bonne! de cérémonie, ou qui<br />

fut aveugle, quoique lui-même ne portât que >e< \ H es ta-ni s<br />

ordinaires, il ne manquait jamais de lui témoigner de la<br />

deiérenec et (In respeei.<br />

Quand il rencontrait une personne portant. de* vèle-<br />

iioer.M'.- relation:<br />

{H-Teitr dr la CIïi!


ÎM LE LU1-YU?<br />

ments de deuil, il la saluait en descendant de son attelage ;<br />

il agissait de môme lorsqu'il renœntrait les personnes qui<br />

portaient les tablettes sur lesquelles étaient inscrits les<br />

noms des citoyens f .<br />

Si Ion avait préparé pour le recevoir un festin spientlide,<br />

il ne manquait jamais e à se s r t * ga rd s, e t î 1 va se n » pose r < 1 a 11<br />

un lieu sur.<br />

Il disait encore : « fjue le faisan qui habite là au soin-<br />

« met de la colline sait, bien choisir son temps Iponr prena<br />

dre sa nourriture] ! » Tseu-fou ayant vu le faisan* voulut<br />

le prendre ; mais celui-ci poussa trois cris, et s'envola.<br />

1<br />

Quels beaux sentiments, eî comme ils relèvent la dignité de<br />

l'homme !<br />

1<br />

Commentaire chîmîi*


OU LES ENTBETIENS PHILOSOPHIQUES. 157<br />

HIA-LUN,<br />

SECOND LIVRE.<br />

CHAPITRE XI.<br />

COMPOSÉ DE 25 ARTICLES.<br />

1. Le Philosophe dit : Ceux qui les premiers firent des<br />

progrès dans la connaissance des rites et dans fart de la<br />

musique sont 'regardés [aujourd'hui] comme des hommes<br />

grossiers. Ceux qui après eux et de notre temps ont fait<br />

de nouveaux progrès dans les rites et dans la musique sont<br />

regardés comme des hommes supérieurs.<br />

Pour mon propre psage, je suis les anciens.<br />

% Le Philosophe disait : De tous ceux qui me suivirent<br />

dans les États de Tchin et de Taaï, aucun ne vient maintenant<br />

à ma porte [-pour écouter mes leçons].<br />

Ceux qui <strong>mont</strong>raient le plus de vertu dans leur con<strong>du</strong>ite<br />

étaient Yan-youon, Min-tseu -kian, Jm-pê-nieou et<br />

Tcltoung-koyng; ceux qui brillaient par la parole et dans<br />

les discussions étaient Tsat-ngo et Tseu-koung; ceux -qui<br />

avaient le plus de talents pour l'administration «les affaires<br />

étaient Janryeou et Ki-lou; ceux qui excellaient dans<br />

les études philosophiques étaient Tseu-yeou&t Tmi~hia.<br />

3. Le Philosophe dit : Hoei ne m'aidait point [dans<br />

mes discussions] * ; dans tout ce que je disais, il ne trouvait<br />

rien dont il ne fût satisfait.<br />

4. Le Philosophe dit : Oh ! quelle piété filiale avait Miniseu-kian<br />

! Personne ne différait làniessus de sentiment<br />

* Parce qu'il élait toujours de l'avis de son maître.<br />

14


158 LE LUN-YU?<br />

avec le témoignage de ses père et mère et de ses frères.<br />

5. Nan-young trois fois par jour répétait l'ode Pekouez<br />

do Livre des Vers, KHOraG-TSiu lui donna la fiîîe de soo<br />

frère en mariage.<br />

i\. Ki-knutf-tmt demanda lequel dos disciples <strong>du</strong> Philosophe<br />

avait le plus d'application eî d'amour pour l'élude<br />

Kuoiwu-TSKr répondit avec déférence : Il était Ynn-huci<br />

qui aimait !


OU LES ENTBETIENS PHILOSOPHIQUES. 159<br />

mon fils : la cause n'en vient pas de moi^ mais de mes<br />

disciples.<br />

1 1. h'i-lon demanda comment il fallait senir les esprits<br />

et les avilies. Le Philosophe dit: Quand on nV>i pas eneore<br />

en elat de servir les h oit unes* comment pourrait-on<br />

servir les esprits et les ironies ? — Perinotte/.-nioL ajoutaf-il.<br />

ipie j'ose vous demander ce que c'est que la mort?<br />

[Le Philosophe] dît : Quand ou ne >ait pas encore ce que<br />

c'est que la vie, comment pourrait-on connaître la mort.<br />

12. \lni-h*-u se tenait près <strong>du</strong> Philosophe, Pair câline<br />

et serein; TSCU-IHH* Pair austère et. hardi; Jmi-ywtu et<br />

Ttrn-kifUïHj y Pair grave et digue. Le Philosophe cii était<br />

satisfait.<br />

En ce qui concerne V'vn ton 7>v«-A/?/, dit-il); îl ne lui<br />

arrivera pas de ruourir cIe s1rS Phinrhv :S


160 II IUI-YO,<br />

était le plus sage. Le Philosophe dit ; Ssê dépasse le but ;<br />

Cha»g ne l'atteint pas.<br />

— II ajouta : Cela étant ainsi* alors Sse est-il supérieur<br />

à Changf<br />

Le Philosophe dit : Dépasser* c'est comme ne pas<br />

atteindra.<br />

If». Ki-t:hi était plus riche que Tcheou-kovny, et cependant<br />

Kifcrn |< »vi;iit pour lui des tri huis plus considérables,<br />

et il ue faisait que de les augmenter sans cesse.<br />

Le Philosophe dit : Il n'est pas de eettx qui fréquentent<br />

mes leçons. Les petits enfants doivent publier ses<br />

crimes au bruit <strong>du</strong> lamhour, et il leur est permis de le<br />

poursuivre de leurs railleries.<br />

17. Teint i est sans intelligence.<br />

San a l'es prit lourd et peu pénétrant.<br />

S se est léger et inconstant.<br />

} von a les manières peu polies.<br />

18. la» Philosophe dit : fluct\ lui, approchait beaucoup<br />

de la voie droite' il fut souvent ré<strong>du</strong>it a îa plus extrême<br />

indigence.<br />

Sse ne voulait point admettre le mandat <strong>du</strong> ciel; mais<br />

il ne cherchait qu'a accumuler des richesses. Loin me il<br />

tentait beaucoup d'entreprises, alors il atteignait souvent<br />

sou ImL<br />

P.). T$a


OU LES ENTBETIENS PHILOSOPHIQUES. lÔf<br />

frère aîné qui existent encore [et qui sont vos précepteurs<br />

naturels] ; pourquoi donc, aussitôt que vous auriez enten<strong>du</strong><br />

une chose, la mettriez-vous immédiatement en praficjne!<br />

Yan-ypou (hmnmdii également si aussitôt qu'il avait<br />

en ten<strong>du</strong> une eh ose il devaîl la nie lire immédiatement en<br />

pratique. Le Philosophe dit : Aussitôt que vêtis lavez<br />

enten<strong>du</strong>e, mettez-la en pratique. Kony-si-ltna dit : Y mu<br />

11'seu-tou) a d e m ai 1 c 1 é si a u ss i t ù t qu'il avait en f en <strong>du</strong> une<br />

chose il devait la mettre immédiatement en pratique?<br />

Le maître a répon<strong>du</strong> : Vous avez un père et un livre aîné<br />

qui e x i st en t ei i cor e. Kh ieo u { } an -y eu u) a demandée a 11 ssitôt<br />

qu'il avait enten<strong>du</strong> une chose 1 il devait la mettre min<br />

i é ( 1 i a t e m e n t e n pn t t ï q u e. I A* mai t r e a répon<strong>du</strong> : Aussitot<br />

que vous Lavez enten<strong>du</strong>e, mettez-la en pratique. Moi,<br />

Te fit. (Kony-si-hori), j'hésite [sur le sens de ees deux réponses]<br />

; j e if ose fa î re u i ï e nouvelle question. Le Ph i 1 os< >plie<br />

dit : Quant à Kldeou^ il est toujours dispose à rem-<br />

I e r ; e "est po urq u oi j e L a i g 11 i 11 o n ne pour qu'il a v a i ie e ;<br />

} 'eou a i m e à su r pa sse r le s a 11 f res hommes; e "e s ! \ m i1 rquoi<br />

je le retiens.<br />

22, Le Philosophe éprouva un jour une alarme dans<br />

Kouang. Yan-youan était resté en arrière. (Lorsqu'il eut<br />

rejoint], le Philosophe lui dit ; Je vous croyais mort :<br />

[Le disciple] dit : Le mai ire étant vivant, comment iloeï<br />

(} e n-yo u a n ) osera i t- i 1 mon r i r ?<br />

23. Kï-iseu-jan 1 demanda si Tchouang-yeou et Yankh<br />

ieo u pou v ai e n t é t r e a p p e 1 es de grands m i n i st res.<br />

Le Philosophe répon<strong>du</strong> : Je pensais que ee serait sur<br />

des choses importantes et extraordinaires que vous me<br />

feriez une question, et vous êtes venu me parler de Y cou<br />

et de Kl d eou î<br />

Ceux que Ton appelle grands ministres servent leur<br />

prince selon les principes de la droite raison (et. non se-<br />

> Fils puîné de Ki-vhi. qui, par la ;jrawW puissiU'ice que >a famille<br />

avait acquise. a\aîî fait [j-jouiii-r -••?.- aVux lsï> njïiieftvs.


164 . LE LUN-YU,<br />

Ion les désirs <strong>du</strong> prince] 1 ; s'ils ne le peuvent pas* alors<br />

ils se retirent.<br />

Maintenant Yêou et Khieou peuvent être considérés<br />

comme ayant augmenté le nombre des ministres.<br />

II ajouta : Alors ils ne feront donc que suivre la volonté<br />

de leur maître?<br />

Le Philosophe dit : Faire périr son père ou son prince,<br />

ce ne serait pas même suivre sa volonté.<br />

24. Tseu-lou 2 fit nommer Tseu-kao gouverneur de Pi.<br />

Le Philosophe dit : Tous avez fait <strong>du</strong> tort à ce jeune<br />

homme.<br />

Tseu-lou dit : 11 aura des populations à gouverner* il<br />

aura les esprits de la terre et des grains à ménager ; qu'at-il<br />

besoin de lire des livres [en pratiquant les affaires<br />

comme il va le faire] ? il deviendra par la suite assez instruit.<br />

Le Philosophe dit : C'est là le motif pourquoi je hais<br />

les docteurs de cette sorte.<br />

25. Tseu-lou, Th$eng-ne z $<br />

Yûn-yeou, Kong-si-hoa<br />

étaient assis aux côtés <strong>du</strong> Philosophe.<br />

Le Philosophe, dit : Ne serais-je même que d'un jour<br />

plus âgé que vous, n'en tenez compte dans nos entretiens<br />

[n'ayez aucune réserve par rapport a mon âge]. . .<br />

Demeurant à i écart et dans L'isolement* alors vous dites<br />

: Nous ne sommes pas connus. Si quelqu'un vous connaissait*<br />

alors que feriez-vous ?<br />

Tseu-lou répondit avec un air léger* mais respectueux :<br />

Supposé un royaume de dix mille chars de guerre* pressé<br />

entre d'autres grands royaumes* ajoutez même* par des<br />

armées nombreuses* et qu'avec cela il souffre de Sa disette<br />

et de la famine; que Yeou (Tseu-lou) soit préposé à son<br />

administration* en moins de trois années je pourrais taire<br />

en sorte que le peuple de ce royaume reprit un courage<br />

1 Commentaire.<br />

• f Tseu-lou était gouverneur de Ki-chi.<br />

s Père de Thsêng-tseu, rédacteur <strong>du</strong> Ta-hio.


' OU LES ENTEBTIENS PHILOSOPHIQUES. 163<br />

viril et qu'il connût sa condition. Le Philosophe sourit à<br />

ces paroles.<br />

Et v î » u s, A h ieo e, que p o n se z - v o t1 >. *f<br />

Le disciple répondit respectueusement : Supposa une<br />

| îro v î ! î et.» d e t>o î x a n f e en i d< • soi x a n f e e ! dix // d V* f e nd i1 e, nu<br />

sue me de cinquante on de soixante //, et que /xhi'-nu Miit<br />

prépose a son administration.


'164 il LUM-YUj<br />

Les trois disciples partirent, et Thsmg-sie resta encore<br />

quelque temps. Theng-sie dit : Que doit-on penser des<br />

paroles de ces trois disciples? Lé Philosophe dit : Chacun<br />

d'eux a exprimé son opinion, et voilà tout. — Il<br />

ajouta : Maître* pourquoi aves-vous souri aux paroles de<br />

Yeoul<br />

[ Le Philosophe ] dit : On doit administrer un royaume<br />

selon les lois et coutumes établies ; les paroles de Yeou<br />

n'étaient-pas modestes, c'est pourquoi j'ai souri.<br />

Mais Khieou lui-même n'exprimait-il pas le désir d'administrer<br />

aussi un État? Comment voir cela dans une province<br />

de soixante à soixante et dix li9 et même de cinquante<br />

à soixante li d'éten<strong>du</strong>e? ce n'est pas là un royaume.<br />

Et ïchi> n'était-ce pas des choses d'un royaume dont il<br />

entendait parler? ces cérémonies <strong>du</strong> temple des ancêtres,<br />

ces assemblées publiques ne sont-elles pas le privilège des<br />

grands de tous les ordres? et comment Tchi pourrait-ïl y<br />

prendre part en qualité d'humble fonctionnaire? qui pourrait<br />

donc remplir les grandes fonctions?<br />

CHAPITRE XIL<br />

COMPOSÉ DE 24 ARTICLES.<br />

i. Yan-yomn demanda ce que c'était que la verlu de<br />

l'humanité. Le Philosophe dit : Avoir un empire absolu<br />

sur soi-même^ retourner aux rites [ ou aux lois primitives<br />

de la raison céleste manifestée dans les sages coutumes ],<br />

c'est pratiquer la vertu de l'humanité. Qu'un seul jour<br />

un homme dompte ses penchants et ses désirs déréglés,<br />

et qu'il retourne à la pratique des lois primitives^ tout<br />

l'empire s'accordera à dire qu'il a la vertu de l'humanité.<br />

Maïs la vertu de l'humanité dépend-elle de soi-même^ ou<br />

bien dépend-elle des autres hommes? Yan-youan dit :<br />

Permettez-moi de demander quelles sont les diverses ra-


OU LES ENTRETIENS PHILOSOPHIQUES. 165<br />

milications de cette vertu ? Le Philosophe dit : Ne regardez<br />

rien contrairement aux rites ; n'entendez rien contrairement<br />

aux rites; ne dîtes rien contrairement aux rites;<br />

ne faites rien contrairement aux rites. Yuu-gtumn dit :<br />

Quoique Ifoeï (lui«même) n'ait pas fait preuve jusqu'ici<br />

de pénétration, il demande à nie!Ire ces préceptes en<br />

pratique.<br />

2 » 1 eàoung-hmng demanda ce (pie c'était que la ve r111<br />

de Fhumanité. Le Philosophe dit : Quanti vous èfes sorti<br />

de chez vous, coin portez-vous comme si vous deviez<br />

voir un hôte d'une grande distinct ion ; en dirigeant le<br />

peuple, eornporfez-vous avec le même respeet que si<br />

¥ons offriez le grand sacrifiée. Ce que V«UH ne désirez<br />

pas qui vous soit fait à vous-même, ne le laites pas aux<br />

antres hommes, j En vous comportant ainsi j dans le<br />

royaume, personne n'aura contre vous de ressentiment ;<br />

dans votre famille, personne n'aura contre vous de ressentiment.<br />

Tchimng-kmmg dit: Quoique Vomi g (TvlKniug-koung)<br />

n'ai! pas fait preuve jusqu'ici de pénétration, il demande à<br />

nïetI re ces préeepfes en praI.îque,<br />

3. Sse-m a~n ie ou cl e m a n d a ce q u e c e t ai t q 11 e I a v e r f 11 d < *<br />

l'humanité.<br />

Le Philosophe dit : Celui qui est doué de la vertu de<br />

Fhumanité est sohre de paroles. — 11 ajouta : (lelui qui<br />

est sobre de paroles, c'est celui-là que Ion appelle doue<br />

de la vertu de Fini nia ni te. Le Philosophe dit : Pratiquer<br />

Fhumanité est une chose difficile : pour en parler, ne tanti<br />

1 pas é i n », sol i re de paroles?<br />

•i. $se-?na-nieou demanda ce qu'élail F homme supérieur.<br />

Le Philosophe dit : L'homme supérieur n'éprouve<br />

ni regrets ni crainte. [Sse-wn-iiiMrul ajoula : Celui qui n'éprouve<br />

ni regrets ni crainte, c'est celui-là que 1 on appelle<br />

l'homme supérieur. Le Philosophe dit : Celui qui, s'elant<br />

examiné intérieurement, ne trouve en lui aucun sujet de<br />

peine, celui-là qu'au rai t-il à regretter t «pi'aurait-il à<br />

craindre?


166 LE Ll'N-Yl T ,<br />

5. Sse-nuMiieou, affecté de tristesse^ dit ; Tous les<br />

hommes ont des frères ; moi seul je n'en ai point !<br />

Tseu-hia dit : Chang (lui-même) a enten<strong>du</strong> dire :<br />

Que la vie et la mort étaient soumises à une loi immuable<br />

lixee des routine, et que les richesses et les hoiiiit•in>.<br />

iltiutinées et polies, regardant<br />

Ion- le> hommes qui habitent dans l'intérieur dv> quatre<br />

mers [tout t univers; entente ses propres frères» El! agissant<br />

ainsi, pourquoi l'homme supérieur s'aflîigcntit-il<br />

doue ne n"a\oir pas de frères ?<br />

Ci. Tscn-trhuiuj demanda ee (pie c'était que la pénétration.<br />

Le Philosophe dit ; Ne pas écouter des calomnies<br />

qui s*fn.sinuetit a petit bruit et ai une une eau qui coule<br />

doucement, et des accusations dont les auteurs seraient<br />

prêts à se couper un morceau de chair pour les affirmer :<br />

ccîa peut être appelé de la pénétration, Ne pas tenir<br />

compte des calomnies qui s'insinuent a petit bruit comme<br />

une eau qu; coule douce meut, et des are usât ions dont les<br />

auteurs sont toujours prêts a se couper un morceau de<br />

chair pour les affirmer ; cela peut être aussi appelé de<br />

Lexliéme penf-tration.<br />

7, T*rti-/;t>>r'i


OU LES ENTRETIENS PIHLOSOPHIQL'ES. 1P>7<br />

de préférence? [Le Philosophe] dit : Écartez les -provisions.<br />

Depuis la plus haute antiquité, tous les hommes<br />

sont sujets à la mort ; mais un peuple qui n'aurait pas de<br />

confiance et de -fidélité dans ceux qui le gouvernent' ne<br />

pourrait subsister.<br />

H, A o-/.vvu-ich in(j < t»Ta11cl < Ie Y KI at < !< • IIV i > dit :<br />

L'homme supérieur est naturel, sincère; et. voila tout.<br />

À quoi sert-il de lui donner les ornements de Ic<strong>du</strong>-,<br />

cation?<br />

]seu-koumj dit : Oh ï que! discours avez-vous tenu,<br />

maître, sur Ilioiiiiïte supérieur! quatre chevaux atleles<br />

ne pourraieiif le ramener dans votre bouche, Les urnoirienls<br />

de I é<strong>du</strong>cation seul comme le naturel : le naturel',<br />

comme les ornements de l'é<strong>du</strong>cation. Les peaux de fbxe<br />

et de léopard, lorsqu'elles sont tannées, sont comme les<br />

pea 11 x (I e e ! J i en e t de m o u t o n 1a ri nées.<br />

il. jSynï-kounti questionna Yvou-jo en ces termes :<br />

L'année est stérile, et les revenus <strong>du</strong> royaume nesulliseut<br />

pas; que taire dans ces circonstances?<br />

) eon-jo répondit avec déférence: Pourquoi n'exi^ezvous<br />

pas la dime?| Le prince | dit : Les deux dixièmes<br />

ne me suffisent pas; d'après cela, que ferais-je <strong>du</strong><br />

dixième seul?<br />

I Yeau-jo | répondit de nouveau avec déférence : Si les<br />

cent familles [tout le peuple chinois! oui le suffisant,<br />

comment le prince ne l'aurait-il pas? les cent familles<br />

n ayant pas le suffisant» pourquoi le prince î exi^eraiMr'<br />

10. Twu-tchawj lit une question concernant la manicie<br />

dont y n pouvait accumuler des vertus el di>siper les erreurs<br />

de l'esprit. Le Philosophe dit : Mettre au premier<br />

rang la droiture et la fidélité à sa parole ; se livrer a tout<br />

ce qui est juste [en tachant de se perfectionner chaque<br />

jour]: c est accumuler des vertus. Lu aimant quelqu'un,<br />

désirer qu'il vive; en le détestant, désirer qu'il meure,<br />

c'est par conséquent désirer sa vie. el, en outre, désirer<br />

sa mort ; c'est la le trouble, l'erreur de l'espriL<br />

L'homme parlait ne recherché point je-». riehes>es: jj a


168 LE LtJN-YtJ,<br />

même^<strong>du</strong> respect pour les phénomènes extraordinaires *,<br />

•11. King-kong, prince de Thsi> questionna IHOUNG-<br />

TSEU sur le gouvernement.<br />

KHOUNG-TSEU lui répondit avec déférence : Que le<br />

prinee M»îI prière; le ministre, ministre; le père, père;<br />

Ii i fils, Mis. | Le prinee | ajouta : Fort tiien ! c'est la vérité. 1<br />

si te prinee n est pas prince, si le ministre n'est pas ministre,<br />

si le pi Te nesl pas père, si le fils n'est pas fils»<br />

quoique les revenus territoriaux soient abondants, comment<br />

parviendrais-je à en jouir et à les consommer?<br />

1 i. Le P h i hisi>j) 1 ïe dit : CeIui cjoi a\< i e la moitîé d*une<br />

parole peut terminer des di lié rends, n'est-ce pas Yeou<br />

(Tseu-Iou)?<br />

Tmi-lou ne met pas l'intervalle d'une nuit dans i'exéeulion<br />

de ses résolulions.<br />

I » \. L e 1 * 11 i 1 oso j ) 11 e d i t : J e p u ï s écoi iter de s p I ai d oîrî es<br />

et juger des procès comme les autres hommes; niais ne<br />

serait-il pas plus nécessaire de faire en sorte d'empêcher<br />

les procès -?<br />

•M. 7 seu - i ch cm g fît une q u e s I i on si t r 1 e go o v e me m e n I.<br />

Le Philosophe dit : lie liée hissez mûrement, ne vous lassez<br />

j a m a i s de fa ï r e 1 e h i e n et de trait er 1 es ch oses a ve c<br />

droiture.<br />

KL Le Philosophe dit : Celui qui a des études trèséten<strong>du</strong>es<br />

en littérature se fait un devoir de se conformer<br />

a n \ rites; il j >e ut m e m e p ré v e i ï i r 1 e s séd it i o ns.<br />

10. Le Philosophe dit : L'homme supérieur perfectionne<br />

on développe les bonnes qualités des autres<br />

hommes; il ne perfectionne pas ou ne développe pas<br />

leurs mauvais penchants: l'homme vulgaire est l'opposé.<br />

17. Ki-kong-tsfu questionna KIIOOG-TSEI: sur le gouv<br />

e r n e m e n L K ! i o r N c. -TS E r r e j >o 11 d il a Y e c cl é le re n c e : L e<br />

gouvernement, c'est ce qui est juste et droit. Si vousgou-<br />

1 Plusieurs n>{iirm:ïit;it


OU LES ENTRETIENS PHILOSOPHIQUES. 169<br />

wernez avec justice et droiture, qui oserait ne pas être<br />

juste et droit?<br />

•18. Al.-kmg-i$eu, ayant une grande craint*' des voleurs,<br />

questionna KIIOLNG-TSEU à leur sujet. Knor.\


170 LE LUN-YUj<br />

les provinces^ on entendra Men parier de soi ; si Ton réside<br />

dans sa famille, on entendra bien parler de soi.<br />

21. Fan-ichi ayant suivi le Philosophe dans la partie<br />

inférieure <strong>du</strong> lieu sacré où Ton faisait les sacrifices an<br />

ciel pour demander la pluie f!!W//«] dît ; Permettezmoi<br />

que j'ose voit s demander ce qu'il faut faire pour accumuler<br />

des vi-ri us. se corriger de ses défauts» et discerner<br />

les erreurs de l'esprit l .<br />

Le Philosophe dit ; Oh! c'est, là une grande et belle<br />

question î<br />

Il faut placer avant lout le devoir de faire ce que Lon<br />

doit faire | pour acquérir la vertu], et ne mettre qu'au<br />

seeoiid ran^ le fruit que l'on en obtient; u"est-ce pas là<br />

aeeuiiailer des vertus? coin bat Ire ses défauts ou ses mauvais<br />

penchants, ne pas combattre les défauts ou les mauvais<br />

penchants des autres: n'est-ce pas là se corriger de<br />

ses défauts? par un ressentiment ou une colère d'un seul<br />

nia tin perdre son corps, pour que le malheur atteigne ses<br />

parents : n'est-ce pas la un trouble de l'esprit!<br />

22, /''(tit-fcfti demanda ce que c'était que la vertu de<br />

l'humanité. Le Philosophe dit ; Aimer les hommes. — Il<br />

demanda ce que c'était que la science, 1-e Philosophe dit :<br />

C o u n a i t r e I es h o i n m e s, /• V/ « - / /.-// /11 e | le n é t r a pas 1 e sens (î e<br />

ces réponses.<br />

Le Philosophe dît : Elever aux honneurs les hommes<br />

j u s ! e s e f d i "o i t s, e t r e p o u sse r t ou s 1 e s | >e r v e r s : o n pe ni, e ri<br />

agissant ainsi, rendre les pen ers justes ei droits.<br />

f'\ni-t(/t*\ en s'en retournai!!, rencontra Tseit-hia, et lui<br />

dit : Je viens de faire une visite a notre maître, et je Lai<br />

questionné sur la science. Le maître m'a dit : Elever aux<br />

honneurs les h o i n m e s j u > t es e I droits, et re pousst * r t o u s<br />

les pervers: on peut, en agissant ainsi, rendre les pervers<br />

juste-, et droit*. Uu'a-l-il voulu dire?<br />

Tsf/t h in dit. : Oh î que ces paroles sont fertiles en appliquons<br />

î<br />

1 Y..\.-/. YÀfttfh 0.» ;»; lïi


OU LES ENTRETIENS PHILOSOPHIQUES. 171<br />

Chun. ayant obtenu l'empire, choisit parmi 1;< Ion h» et<br />

éleva aux plus grands honneurs A"//*>-////


172 LE LUff-YUj<br />

koung] ajouta : Comment connaître les hommes-de vertus<br />

et de talents afin de les élever aux dignités? [Le Philosophe<br />

] dit : Élevez aux dignités ceux que vous connaissez<br />

être tels ; ceux que vous ne connaissez pas, croyez-vous<br />

que les autres hommes les négligeront ?<br />

3. Tseurlou dit : Supposons que le prince de l'État de<br />

Mm vous désire, maître, pour diriger les affaires publiques;<br />

à quoi vous appliqueriez-vous d'abord de préférence<br />

?<br />

Le Philosophe dit : Ne serait-ce pas à rendre correctes<br />

les dénominations'mêmes des personnes et des choses?<br />

Tseurlou dit:"Est-ce véritablement cela? Maître, vous<br />

vous écartez de la question. A quoi bon- cette rectification?<br />

Le Philosophe dit : Vous êtes bien simple, Yêou ! '<br />

L'homme supérieur, dans ce qu'il ne connaît pas bien^<br />

éprouve une sorte d'hésitation et d'embarras.<br />

Si les dénominations ne sont pas exactes, correctes,<br />

alors les instructions qui les concernent n'y répondent pas<br />

comme il convient ; Jes instructions ne répondant pas aux<br />

dénominations des personnes et des choses, alors les • affaires<br />

ne peuvent être traitées comme il convient.<br />

Les affaires n'étant pas traitées comme il convient,<br />

alors les rites et la musique ne sont pas en honneur ; les<br />

rites et la musique n'étant pas en honneur, alors les peines<br />

et les supplices n'atteignent pas leur but d'équité et de<br />

justice ; les peines et les supplices n'atteignant pas leur<br />

but d'équité et de justice, alors le peuple ne sait où poser<br />

.sûrement ses pieds et tendre ses mains.<br />

C'est pourquoi l'homme supérieur, dans les noms qu'il<br />

donne, doit toujours taire en sorte que ses instructions y<br />

répondent exactement ; les instructions étant telles, elles<br />

devront être facilement exécutées. L'homme supérieur,<br />

dans ses instructions, n'est jamais inconsidéré ou futile.<br />

4. Fan-tchi pria son maître de l'instruire dans l'agriculture.<br />

Le Philosophe dit : Je n'ai pas les connaissances<br />

d'un vieil agriculteur. Il le pria (Je lui enseigner la culture


OU LES ENTRETIENS PHILOSOPHIQUES. 173<br />

des jardins. 11 répondit : Je n'ai pas les connaissances d'un<br />

vieux jardinier.<br />

Fm-tchi étant sorti, le Philosophe dit : Quel homme<br />

vulgaire que ce Ffut-sin !<br />

Si ceux qui occupent les rangs supérieurs dans la société<br />

aîilient à observer lis rites, alors le peuple i/osera<br />

pas ne pas les respecter; si les supérieurs se plaisent dans<br />

la pratique de la justice, alors lt* peuple n'osera pas ne<br />

pas être soumis; si les supérieurs chérissent la sincérité<br />

et la fidélité, alors le p* ai pie n os< ra pas ne pas pratiquer<br />

ces vertus. Si les elioses se passent ainsi, alors les peu|îles<br />

descpiatre régions, portant sur leurs épaules leurs en tant s<br />

enveloppes de langes, accourront se ranger sous vos lois.<br />

| Quand on peut faire do pareilles choses], à quoi bon s*oe~<br />

euper d'agriculture !<br />

o. Le Philosophe dit : Qu'un boni nie ait appris à réciter<br />

les trois cents odes <strong>du</strong> /Jrro *h'a lerx, s 11 reçoit un<br />

traitement pour exercer û\"> fondions dans l'administration<br />

publique,qu'il ne sait pas remplir; ou s'il est envoyé<br />

comme ambassadeur dans les quatre régions <strong>du</strong> monde.<br />

sans pouvoir par lui-même accomplir convenablement sa<br />

mission : quand même il aurait encore lu davantage, à<br />

quoi cela servirait-il ?<br />

Ci. Le Philosophe dit : Si la personne de celui qui commande,<br />

aux antres ou qui les gouverne i % >\ dirigée < la près<br />

la droiture et l'équité, il n a pas besoin d'en'don lier le bien<br />

pour qu'en le pratique ; si sa personne n'est pas dirigée<br />

pur la droiture et l'équité, quand même il ordonnerait le<br />

bien, il ne serait pas obéi.<br />

7. 1 J i ! :> 1 \ i ! oso p 1 î e dit: Le s go 11 ve r n e in e n I s < 1 e s E tais d. e<br />

Lou et de 11 Vï so11( frères.<br />

H. Le Philosophe disait de /t'ony-tsen-king. grand de<br />

11/îaf de Weï, qu'il s était parlai!ornent bien comporté<br />

dans sa famille. Quand il commença à posséder quelque<br />

chose, il disait : J'aurai un jour davantage : quand il eut<br />

un peu plus, il disait ; (Test bien : quand il eut de grandes<br />

richesses, il disait ; ('/est parlait.<br />

! 5.


174 LE LUN-YtJ?<br />

9. Le Philosophe ayant voulu se rendre dans l'État de<br />

Weï3 Yan-yeou con<strong>du</strong>isit son char.<br />

Le Philosophe dit.: Quelle multitude [quelle grande population!<br />

!<br />

Ynn-m'ouiX\\ : l'ne grande imiltitiiclc, en effet, Qu'y aurait-il<br />

à faire pour elle? Le Philosophe dit : La rendre<br />

riche et heureuse. [Le disciple] ajouta : Quand elle serait<br />

r î ( i i e e l ic i ! r e 11 se, c f u e fa 11 < ! l'a i I - i 1 f a i re encore pu u r e 1 le<br />

(Le Philosophe] dit: L'instruire.<br />

10. Le Philosophe dit : Si jttn gouvernement] voulait<br />

11 te i ï i p lo y e r ai i \ a 11 a i res p u I ili q i les, dans le eu tirs d'il ne douzaine<br />

de lunes je pourrais déjà reformer quelques abus;<br />

dans trois années, la réformai ion serait complète.<br />

11. lit* Philosophe dit: n Si des hommes sages et, ver-<br />

« tueux gouvernaient, un Llial pendant sept années, ils<br />

« pourraient dompter les hommes cruels (les convertir au<br />

». bien! et supprimer les supplices. » Qu'elles sont parfaites<br />

ces paroles jdes anciens sages) !<br />

M. Le Philosophe dit : Si je possédais le mandat de la<br />

royauté, il ne me. faudrait pas plus d'une génération 1 1<br />

pour<br />

faire regner partout la vertu de l'humanité.<br />

13. Le Philosophe dit : Si quelqu'un règle sa personne<br />

selon les principes (h* l'équité et de la droiture, quelle ditlienlte<br />

épî'oitvcra-t-il dans l'administration dit gouvernement?<br />

s'il ne règle passa personne selon les prineines de<br />

l'équité et de la droiture, comment pourrait-il rectifier la<br />

con<strong>du</strong>ite des antres hommes?<br />

U. ïtm-ijviM étant revenu de la cour, le Philosophe lui<br />

dit : Pourquoi si tard? [Le disciple] lui répondit respectueusement<br />

; Nous avons eu à traiter (ks aiîaires^eonecrnant<br />

l'administration. Le Philosophe dit : C'étaient des<br />

aflaiivs de famille, sans doute ; car s'il se tut agi des affaires<br />

d'administration publique, quoique je ne sois plus<br />

en fonctions^ je suis encore appelé à en prendre connaissauce.<br />

* Un laps de temps de trente années. (TCHOU-HI.)


OU LES ENTRETIENS PHILOSOPHIQUES. 175<br />

15. Ting-kùng (prince de Lou) demanda s'il y avait un<br />

mot qui eût Sa puissance de faire prospérer un État,<br />

Ki!orN


176 LE LUN-YU,<br />

nels, alors les grandes affaires ne se termineront pas convenablement.<br />

18. Ye-kong} s'entretenant avec KHOUNG - TSEU, dit :<br />

Bans mon village, il y a un homme d'une droiture et d'une<br />

sincérité parfaites; son père ayant volé un mouton, le<br />

ils porta témoignage contre lui.<br />

KHOUNG-TSEU dit : Les hommes sincères et droits de<br />

mon lieu natal diffèrent beaucoup de celui-là : le père<br />

cache les fautes de son fils, le fils cache les fautes de son<br />

père. La droiture et la sincérité existent dans cette con<strong>du</strong>ite.<br />

49. Fan-tchi demanda ce que c'était que la vertu de<br />

Fhumanité. Le Philosophe répondit : Dans la vie privée,<br />

ayez toujours une tenue grave et digne ; dans le maniement<br />

des affaires, soyez toujours attentif et vigilant ; dans<br />

les rapports que vous avez avec les hommes, soyez droit<br />

et fidèle à vos engagements. Quand même vous iriez parmi<br />

les barbares des deux extrémités de l'empire, vous ne<br />

devez point négliger ces principes.<br />

20.' Tseu-koung fit une question en ces termes : A<br />

quelles conditions un homme peut-il être appelé lettré<br />

<strong>du</strong> premier ordre (ssé), ou homme d'État? Le Philosophe<br />

dit : Celui qui, dans ses"actions et dans sa personne, a<br />

toujours le sentiment de la honte <strong>du</strong> mal ; qui, envoyé<br />

comme ambassadeur dans les quatre régions, ne déshonore<br />

pas le mandat de son prince : celui-là peut être appelé<br />

lettré <strong>du</strong> premier ordre ou homme d'État.<br />

[ Tseu-koung] ajouta : Permettez-moi de vous demander<br />

quel est celui qui vient après. [Le Philosophe] dit :<br />

Celui dont les parents et les proches vantent la piété filiale,<br />

et dont les compagnons de jeunesse célèbrent la déférence<br />

fraternelle.<br />

Il ajouta encore : Permettez - moi de vous demander<br />

quel est celui qui vient ensuite ? [ Le Philosophe ] dit :<br />

Celui qui est toujours sincère dans ses paroles, ferme et<br />

persévérant dans ses entreprises, quand môme il aurait<br />

la <strong>du</strong>reté de la pierre, qu'il serait un homme vulgaire, il


Oiî LES EOTRETIENS PHILOSOPHIQUES. 111<br />

peut cependant être considéré comme celui qui suit immédiatement<br />

11 poursuivit ainsi ; (Jeux qui sont de nos jours à la<br />

tète de l'administration publique, quels hommes sont-ils?<br />

Le Philosophe dit : Hélas! et* sont des hommes de la<br />

même eapaeîte que le boisseau nommé twm et la mesure<br />

nouunéec//"^C


178 LE LUN-YU,<br />

penser ? Le Philosophe dit : Cela ne suffit pas pour porter<br />

sur lui un jugement équitable. Ce serait bien différent<br />

si les hommes vertueux d'entre les habitants de ce village<br />

le chérissaient, ti M les hommes vicieux de ee même, village<br />

le haïssaient.<br />

i r>. Le 1 > 11 i I « K ; » | i 11 e dit : I / h oi unie su pér ie ur est f ac - i<br />

'meut servi, mais difficile]nent satisfait. Si on tache de lui<br />

déplaire par des moyens coiitiaires à la droite raison, il<br />

n'est point satisfait. ihu\> l'emploi qu'il fait (les hommes,<br />

il mesure leur capacité | il les emploie .selon leur capacité!.<br />

J/homme vulgaire est difficilement servi et facilement<br />

satisfait. Si ou tâche de lui plaire, quoique ce soit par<br />

des moyens contraires à la raison, il est également satisfait.<br />

Dans l'emploi qu'il fait des hommes il ne cherche<br />

cpie son avantage personnel.<br />

2t>, Le Pinlos-.-phe dit : (/homme supérieur, s'il se.<br />

trouve dans une haute position, ne <strong>mont</strong>re point de faste<br />

et d'orgueil; l'homme vulgaire inentre <strong>du</strong> faste et de l'orgueil,<br />

sans être dans une position élevée.<br />

*27. Le Philosophe dit : L'homme qui est ferme, patient»<br />

s i n i p 1 e c t n a 111 r e L sol > i v. e n pa r o 1 es, a p proc 11 e bea 11<br />

cou j) fie la vertu de l'humanité.<br />

iH. Tssn-fou fit une question en ces termes : A quelles<br />

conditions un homme peut-il être appelé lettré <strong>du</strong> pre-<br />

111 i e r ordre, on homme d * E t at ? Le 1 * l li losoph e ci i t : f le -<br />

c h e r c lier le v r ai ave c si n c e r i t é _, e x pose r le rc si i 11 a t cl e ses<br />

recher i • h< *s oi i de ses î i ï n >r m at ions a v ec la n îê nies i neeri t é ;<br />

avoir toujours un air affable et prévenant : voilà ec que Ion<br />

peut appeler les conditions d'un lettré <strong>du</strong> premier ordre.<br />

Les amis et les connaissances doivent être traités avec sincérité<br />

eî Iranchise; les frères, avec affabilité et prévenance.<br />

i ! ; ». L e t * h i 1 (. >so p h e d i t : Si u n h o m m c v e r t u e u x i n st r u i -<br />

sait ie peuple p< a u la rit sept ans, il pourrait le rendre lutin<br />

le dans fart militaire.<br />

;!fi. Le Philosophe dit : Employer à l'armée des populations<br />

non instruites dans fart militaire, c'est les livrer a<br />

leur propre perte.<br />

.j


OU LES E.MHBTIBNS PHILOSOPHAI ES. 179<br />

CHAPITRE XIV.<br />

COMPOSÉ DE 47 ARTICLES.<br />

J. Mien l demanda ce que c'était que la honte» Le Philosophe<br />

dit : Quand FEfaf est gouverne par les principes<br />

de la droite raison., recevoir des émoluments-; quand<br />

l'Etat n'est pas gouverné par les principes de la droiteraison,<br />

recevoir également des émoluments : c'est là de<br />

la honte.<br />

2. — Aimer à dompter son désir de combattre, et ne<br />

j ) as sa t i s t a i r e se s r e sse n t i me n t s ni s es pe ne 11 a n I s a v i c 1 < » s :<br />

cela i te peu t- i 1 pas et re e onsi déré e om m e la v crin d e F1111 -<br />

inanité?<br />

Ee Philosophe dit : Si cela peu! être considéré comme<br />

difficile, comme la vertu de l'humanité, c'^f ee que je ne<br />

sais pas.<br />

3, Ee Philosophe dît ; Si un lettré aime trop l'ogive te<br />

e t I e r e pus de sa d e m e 11 r e, il n'est pa s d i gn e d *è t r e c o n s i -<br />

déré coinrne lettré,<br />

•i. Le Philosophe dit : Si l'État est gouverné par les<br />

principes de la droite raison., parlez hautement et dignement,<br />

agissez hautement, et dignement. Si l'Etat n'est pas<br />

gouverné par le^ principes de la droile raison, agissez<br />

toujours hautement et dignement, mais partez avec mesure<br />

et précaution.<br />

">. Le Philosophe dit : Celui qui a des vertus doit avoir<br />

11 ï fa cuit é de* s e x pr in i e r fa e i 1 e m e n t : c e lui q ni a I a 1 a c u 11. é<br />

i Petit îR»iti remplir .'ii.:ti\ï'in«>!}l >rs f«>ii émoluments : dan><br />

1 **tn r{ }'autre un i|>>it «•wwjwr «i< h IK-IIC-. !YU


180 LE LUN YU,<br />

de s'exprimer facilement ne doit pas nécessairement posséder<br />

ces vertus. Celui qui est doué de la vertu de l'humanité<br />

doit posséder le courage viril ; celui qui est doué<br />

<strong>du</strong> courage viril ne possède pas nécessairement la vertu<br />

de illliiïiîiiiitr.<br />

0. 3 'an -kv u ng- ko uu q o e s t i o n ri a Knoi: N a - TSE I: en e e s<br />

ternies : F savait parfaitement tirer de Tare ; i\gao savait<br />

parfaitement con<strong>du</strong>ire un navire, même dans un bassin à<br />

sec» L'un et l'autre cependant ne trouvèrent.-ils pas la<br />

11 i 11 r t ? î « e t 1 s ie I a ! M ni r a i e n t I a t e r re < l e I e u r pro pr e pe i<br />

sonne, et cependant ils obtinrent l'en i pire. Le maître ne<br />

répondît point. I\'! ac ée j.<br />

On demanda quel était Koaau-tchoung. Il dit : C'est un<br />

homme qui avait enlevé à l*c-chi* un fief de trois cents<br />

i a m i 11 e s. [ C< -pendant e e d e r 11 i e r ], se n o 11 r r i ssa n t d aliments<br />

1 v. Uni a 11 n o 1, j e 11, i: h A t i e 1) i c n, , > d i î n i > s s i u i i {> r o x e r b e IV n n e a t


OU LES ENTRETIENS PHILOSOPHIQUES.' 181<br />

grossiers* ne laissa échapper jusqu'à la fin de ses jours aucune<br />

parole de ressentiment ou d'indignation.<br />

41. Le Philosophe dit : Il est difficile d'être pauvre, et<br />

de n'éprouver aucun ressentimenf ; îl est facile eueompaî*aissoph< à diI : Mvrtg-faiag-tclnt «g ra11? 1 \\nu-ihmn<br />

a i r e <strong>du</strong> r o y a 11 m e de /A m) est t r e s- j » r< >| > n * a et i *e le p i vni<br />

i e r i i it e ri d a n t des la i n i 11 e s 7 V/r «o e t II e * l ; mais i 1 n '< -s t<br />

pas capable d'être grand tond i on n aire des petits Ktals de<br />

Ting et de *S7#.<br />

13. 7 'seu-Io u de m a n d a en quoi r en t s i s ! a î t V11 o i ïI n le J t ec<br />

• Oï t. ï | il î. L i • P11 i I oso p 11 e répondit ; S'il réunit h i se i e n e e d e<br />

î I e w -/ ch o u n g 2 ? 1 a 111 oc I é ra t i o n d e /i o « // -/ cft t » -, I a. l'on • e virile<br />

de Tchouanq-Ueu de l*îan' A , l'habileté flans les arts de<br />

Jen-khieciu : m; outre cela, il esl versé dans la connaissance<br />

de s rit es e t de la mi i si q 1.1 e, i 1 pe n t é. i r e e on s i d e r é r o n J n Kî<br />

ï J n l MJI 11 nie aeeoi n pli.<br />

11 ajouta : Qu'est-il besoin que l'homme accompli de<br />

nos j ours soi t I e I q u' i 1 v ien 1 d V* t re d ee ri 11 Si _, e n v < > y a i ï t<br />

11 n pro lit à o ht e 11 î r, î 1 pe i \ se à I a j u s t i c e : s i, e n voyant u n '<br />

danger, il dévoue 1 sa vie; si, lorsqu'il s'agit d'anciens engagements,<br />

il n'oublie pas les paroles de ses jours d'au! reluis,<br />

il pourra aussi être considéré comme nn homme<br />

accompli.<br />

J 4. Le P h i 1 oso ph r * cj u es. t i o n n a K o n g-m oej, s u r n o m n t é<br />

K in k . su i * Kong -i ch o -iren-t se u :; , e 11 e e s t e i * n tes : Y a ut i 1 I e<br />

croire! on dit. que votre maître ne parle pas, ne rit pas.<br />

et n'accepte rien de personne*?<br />

Kong-nilng-kta répondit avec respect : deux, qui ont<br />

rapporté cela vont trop loin. Mon maître parle en temps<br />

i Fnnïilics «le FKfat de- Trin. avreil h- rang Oe l»..êe/, dntmo r.u\<br />

pr^mii-'i'h déficitaires.<br />

- Grand fonetjeiiiiaîre «In LOH.<br />

3 Grand iVnietittrinaîrc de la \dle de P/ee, iho > tldat ee /./.?/.<br />

* De l'Étal de Weh<br />

'•> Grand deeidairr dr ildai d- H>


183 LE LUI-YC,<br />

opportun ; il ne fatigue pas les autres de ses discours.<br />

Quand il faut être joyeux^ il rit; mais il ne fatigue pas<br />

les autres de sa gaieté. Quand cela est juste^ il reçoit ce<br />

qu'on lui ufî'i'r ; mais un nV>t pas 'fatigue de sa facilité a<br />

ivs-pytiir. Le Philosophe dit : Il se comporte ainsi ! eoni-<br />

ÏIïiM il Si* pi'Ut-ii e< a 11 polie!" ainsi !<br />

1 *'». Le I * ! J i ! t IN ip 111 M 1 i t : / s/ mg-?cou-t rhooog c h< »ri' 11ai f a<br />

obtenir <strong>du</strong> prit ire de ljm que sa postérité eût toujours<br />

la I erre de / m H/ eu sa possession, Lhampéil eût dit qu'il<br />

ne \ « s 111 a î ! p a s I " e \ i p i: d e son p ri n e e, j e n ' a j ou! e pas foi<br />

à si*s paroles.<br />

10. Le P î i i ! oso p 11 e dit: Il 'on-koog, pr i n ce de * Tçin,<br />

était un i o u r !>e sa 11 s 111 *o i f i ire ; 11 an-kong, pr \ n ee c I e 1 lis ?",<br />

était un f tôt uni»* droit, .sans fourberie.<br />

17, / >• vu /< / // d il : 11 u a - /,• ; a t g tua K ong-fs e u-k ko u.<br />

7 / • // < m // n i'i 111 o n r* u I avec lui; K mum-tch o un g ne mourut<br />

pas : ne do il-on pas dire qu'il a manqué de la vertu de<br />

i'Iiumanite?<br />

Le- Philosophe dit : l Van-k on g réunit et pacifia tous<br />

les grands de l'rJaf, sans recourir a la forée des armes;<br />

ce résultat fut dû à l'habileté de h'ounn-tdtuung : quel est<br />

relui dont l'humanité peut égaler la sienne?<br />

1S. '/ k*« - /a >u.Hg dît. : /i e w < e i -^ r// o u n g ï i * e t a î t. pu s d on 11 é<br />

de la vertu de l'humanité. 1 ajrsipie ! 1 >///-/«•ng tua KongtMv.-!\ietïu+<br />

\fioui!)


OU LES ENTRETIENS PHILOSOPHIQUES.<br />

-183<br />

dîocre fidélité, en s'étraoglant ou en se jetant dans un<br />

fossé plein dVau, sans laisser un suit venir dans la mémoire<br />

tles hommes l !<br />

1 î ). L'intendant de K ong-fclio-ii v n-h^u y é ! • i ri t devenu<br />

ministre par h* choix et avec l'appui de ce taraud, d i militaire,<br />

se rend il avec lui à la. cour <strong>du</strong> prince. Le Philosophe,<br />

ayant appris ce fait, dit : II et ai! digne par ses ver! us<br />

et ses connaissances d'être considère comme paré <strong>du</strong>s orn<br />

émeut s de l* é<strong>du</strong>cation iwein,<br />

&K Le Philosophe ayant dît que Liiiy-kony, prince de<br />

Weïf était sans principes, hlt


484 LE LUN-YU,<br />

KHOUNG-TSIU dit : Comme je marche immédiatement<br />

après les grands dignitaires, je n'ai pas cru devoir me<br />

dispenser de vous faire connaître l'événement. Le prince<br />

dit : C'est à mes trois grands dignitaires qu'il faut exposer<br />

le fait.<br />

Il exposa le fait aux trois grands dignitaires, qui jugèrent<br />

que cette démarche ne convenait pas. KHOUNG-TSEU<br />

ajouta : Comme je marche immédiatement après les<br />

grands dignitaires, je n'ai pas cru devoir me dispenser<br />

de vous faire connaître le fait.<br />

23. T§êu-lou demanda comment il fallait servir le<br />

prince. Le Philosophe dit : Ne l'abusez pas, et résistez-lui<br />

dans l'occasion.<br />

24. Le Philosophe dit : L'homme supérieur s'élève continuellement<br />

en intelligence et en pénétration ; l'homme<br />

sans mérites descend continuellement dans l'ignorance et<br />

le vice.<br />

25. Le Philosophe dit : Dans l'antiquité, ceux qui se livraient<br />

à l'étude le faisaient pour eux-mêmes; maintenant,<br />

ceux qui se livrent à l'étude le font pour les autres [pour<br />

paraître instruits aux yeux des autres 1 ].<br />

26. Kieou*pe-yu (grand dignitaire de l'État de Weï) envoya<br />

un homme à KHOUNG-TSEU pour savoir de ses nouvelles.<br />

KHOUNG-TSEU fit asseoir l'envoyé près de lui, et lui<br />

fit une question en ces termes : Que fait votre maître ?<br />

L'envoyé répondit avec respect : Mon maître désire diminuer<br />

le nombre de ses défauts, mais il ne peut en venir à<br />

bout. L'envoyé étant sorti, le Philosophe dit : Quel digne<br />

envoyé ! quel digne envoyé ! '<br />

27. Le Philosophe dit que lorsqu'une chose ne rentrait<br />

pas dans ses fonctions, il ne fallait pas se mêler de<br />

la diriger.<br />

28. THSêNG-TSEU dit : ce Quand l'homme supérieur<br />

médite sur une chose, il ne sort pas de ses fonctions. »<br />

(Y-King.)<br />

* Commentaire,


OU LES ENTRETIENS PHILOSOPHIQUES. 185<br />

29, Le Philosophe dit : L'homme supérieur rougit de la<br />

crainte que ses paroles ne dépassent ses actions.<br />

30, Le Philosophe dit : Les voies droites, ou vertus<br />

principales de l'homme .supérieur, son! au nombre de<br />

trois, qne je n'ai pas encore pu complètement atteindre;<br />

lit vertu da i iauiiiiiiii(\ qui dissipé U-> Ois!esses ; la avicfivc*<br />

qui dissipe les don les de Le;? prit ; et îe vuuntfje vïvtL qui<br />

dissipe les craintes.<br />

Tseu-kountj dit : Notre maître parle de lui-même avec<br />

trop d'humilité.<br />

31, Tseu-ko un g s'oee upaîf à eo m pa rc r entre eux les<br />

hommes des diverses contrées. Le Philosophe- dit : S$et<br />

vous êtes sans doute» un saue fivs-eclaire ; quant a moi, je<br />

ri * a i p 11 s asse z c 1 e î o î s i r p« m r 11 f o e c u pe r d e e e s e I a .est ss.<br />

3 i. X e v o u s a H1 i i^è z j ? a s d. e e e q « «. • 1 < *s h o n n u es 11 e vous<br />

connaissent point ; niais affligez-vous plu lot de ce que vous<br />

n'avez pas encore pu mériter «l'être connu.<br />

3 3. Le P1 îi I o so p 11 e d i t : N e p a s se revoit e r d e t r e t r o î I I p < ;<br />

par les hommes, ne pas se prémunir contre leur manque<br />

de î'< J î, t ors( j ne e e peut lni.it oi i. La pre v u d a v; 11 i ce » 11'est -ce<br />

pas là être sage ?<br />

ML Weï-aertf/, surnommé Mrou, s'adressant à KiiorNCisix,<br />

lui dit : Kfiitor [petit nom <strong>du</strong> Philosophé!, pourquoi<br />

étes-vous loujours par voies v-t p;»r chemins p.air propager<br />

votre doc I ri ne? N'ai niez-vous pas un peu trop a en<br />

parler!<br />

K i ! o i N O'ïSEï • dit : Je n 'oser a i s nie pe r m e 11 ro d a î n 1er<br />

trop a persuader par la parole ; niais je liais Tons?ina!ion<br />

à s'attacher a une idée jixe.<br />

33. Le Philosophe dit : Quand on voit le beau cheval<br />

nomme' A7, on ne loue pas en lui la force, mais les qualités<br />

.supérieures.<br />

30. Quelqu'un dit : Que doii-on penser de relui qui rend<br />

bienfaits pour injures 1 V<br />

* Voyez Y Évangile et le Koran. L'Évangile dit qu'il faut rendre îc<br />

bien pour îe maî ; îe Koran, qu'il faut rendre îc maî pour îe mal. Le


186 LE LUK-YU,<br />

Le Philosophe dit : [Si Ton agit ainsi], avec quoi payerat-on<br />

les bienfaits mêmes ?<br />

Il faut payer par l'équité la haine et les injures^ et les<br />

bienfait* perdes bienfaits,<br />

,17, Le lin!' !>• 'plie dit i Je ut» suis connu de personne.<br />

Isca-lnninj dil : Comment se fait-il que personne fie<br />

\ous < onuaN>e ? Le iMiilnsopîir dit : Je iiVn veux pas au<br />

•It'i» te II er ji... *s honnîtes. Humble et simple ettidiasil,<br />

je Miis arrive par moi-même à pénétrer les choses.<br />

Si quelqu'un nu' connaît, e*esf le ciel !<br />

."ÎS. k


OU LES ENTRETIENS PHILOSOPHIQUES. 187<br />

et cependant il s'applique toujours activement à Ses propager.<br />

_ :<br />

•ii. Le Philosophe étant un jour occupe «i jouer de sou<br />

i us! ri» neuf de pierre nomme 4e «7. dans tlsf af de if//,<br />

un homme, portant un panier sur ses épaules, vint a pas­<br />

ser devant la porle de KiMH'Vi-Tsr.r, et sï.rria : t i11 ! qu'il<br />

a de coeur, celui qui joue ainsi dit /.•/>/7/<br />

Après tu) instant de alertée, il ajouta : II les hommes<br />

vils ! quelle harmonie! kinff ! /art y ! personne ne sait l'ap­<br />

précier. Il a cesse de joie a- ; c'est fini.<br />

« Si l'eau est. profonde, alors ils la passant sans relever<br />

« leur relie;<br />

« Si elle n'est pas profonde, alors ils la relèvent L »<br />

Le Philosophe dit. ; Pour celui qui est. persévérant et<br />

terme il n'est rirai de difficile.<br />

• i 3 » 'i - v - ' ' > -i clta n7 d i I : Le t li0 u l;i)/ 7 rapporte que /wv. -<br />

tiourtff passa dans le Liany-f/n- Irois années sans parler;<br />

q u e I est 10 se ri s ri e e e pa s s; 1 ^ < ' ?<br />

L e 1 * 11 i J < >so p 11 e ( 1 i t : 1 * o u r q u o i c i t e- r se u k ' 11 le 11 i fùto • /se wi 7 ?<br />

Tous les hommes de l'antiquité agissaient ainsi. Lorsque<br />

h* prince avait cesse de vivre», tous les macj.-irals ou fonc­<br />

tionnaires publies qui continuaieiil leurs fondions recevaient<br />

<strong>du</strong> premier ministre leurs mslruclions pendre 1<br />

trois années.<br />

4-4. Le Philosophe dit : Si celui qui occupe le peaeicr<br />

rang dans tTJaf ait ne à se conformer aux nies, alors. îe<br />

peuple se laisse tacitement trouverner.<br />

4-è». '/seu-lon demanda ce qu'était l'homme supérieur.<br />

Le Philosophe répondit : Il sYfloree constamment, d a-<br />

rnéliorer sa., personne pour sait f ire r le respect. - • Cesî ta<br />

tout ce quïl tait ? — il améliore constamment sa personne<br />

pour procurer aux. autres <strong>du</strong> repos et de la tranquillité.<br />

— Ces! là tout ce qu'il fait? — II améliore constamment<br />

sa personne pour rendre heureuses toutes les populations.<br />

î Citation dt dViv fin IVc ilVi-Mec;. lsli"f.irc imiir iM-rr 1-. ;iii!:c -


188 LE LUN-YUj<br />

II améliore constamment sa personne pour rendre heureuses<br />

toutes les populations : Yao et Chun eux-mêmes<br />

agirent ainsi.<br />

46. Youan-jang ,(un ancien ami <strong>du</strong> Philosophe), plus<br />

àiie que lui. était a^H Mtr le si>ph


OU LES ENTRETIENS PHILOSOPHIQUES. 189<br />

quèrent complètement. Les disciples qui le suivaient<br />

tombaient de faiblesse^ sans pouvoir se relever.<br />

Tseu-lou, manifestant son mécontentement, dit : Les<br />

hommes supérieurs éprouvent doue aussi les besoins de la<br />

laiiiï 1 Le Philosophe dît : Lliomine supérieur est plus fort<br />

que le besoin ; l'homme vulgaire, dans lu besoin, se laisse<br />

aller à la délai!lunée.<br />

2, Le Philosophe dit : $w, ne pc » n se z-v o 11 s pas q u e j'ai<br />

beaucoup ap{iris, ut que j'ai retenu tout cela dans ma<br />

mémoire?<br />

11. e < lîsei p 1 e ] r < * po t id i t a v ee i vs p e cl : Assurent* s n t. ; i \ 'e n<br />

est-il pas ainsi ?<br />

Il iien est. pas ainsi : je ramène tout à un seul principe.<br />

3, L e PI ti 1 oso p h e t111 : l'e o u | pe t i t no 111 de 1 M U - lo u ],<br />

ceux qui connaissent la vertu sont bien rares!<br />

•i. Le Philosophe dit : Celui qui sans agir gouvernait<br />

l'Etat, n'était-ce pas (Juin? comment faisait-il? Offrant<br />

toujours dans sa personne l'aspect vénérable de la vertu,<br />

îl n'avait qu'à se tenir la face tournée vers le midi, et cela<br />

su fit sait.<br />

o. ï\


190 il LUN-YU,<br />

• 6. Le Philosophe dit : Oh ! qu'il était droit et véridique,<br />

l'historiographe Yu (grand dignitaire <strong>du</strong> royaume de<br />

Wet) ! Lorsque l'État était gouverné selon les principes<br />

delà raison» îi allait droit connue une flèche ; lorsque<br />

l'Etat n cl ai! pas gouverne par les principes de la raison.,<br />

if allait, également droit comme une flèche.<br />

À/////-/;c-//« riait un homme supérieur! Si l'Etat était<br />

gouverne par les principes de la droite raison, alors il<br />

remplissait des fonctions publiques ; si l'Etat, n'était pas<br />

gouverne par les principes de la d roi le raison, alors îl résignai!<br />

ses ion c t i on s et se re t i r a i t da ri s 1 a sol i 111 de.<br />

7. Le Philosophe dit. : Si vous devez vous entretenir<br />

avec 4 tin homme [sur îles sujets de. morale], et que vous<br />

ne loi parliez pas, vous le perdez. Si un homme n'est pas<br />

disposé à recevoir vos instructions morales, et que vous<br />

les lui donniez, vous perdez vos paroles. L'homme sage<br />

et éclairé ne perd pas les hommes |faute de les instruire];<br />

il ne perd également pas ses instructions.<br />

«S. Le Philosophe dît : Le le lire qui a les pensées<br />

grandes et. élevées, l'homme doué de la vertu de l'humanité,<br />

ne eh en; lient point à vivre pour nuire à l'humanité;<br />

ils aimeraient, mieux livrer leur personne à la mort pour<br />

accomplir la. vertu de l'humanité.<br />

I). Tseu -kouny demanda en quoi consistait la pratique<br />

de 11 m ma ni té. Le Philosophe dit : L'artisan qui veut bien<br />

exécuter son œuvre doit commencer par bien aiguiser<br />

ses instruments. Lorsque vous habiterez dans un Etat<br />

quelconque, fréquentez pour les imiter les sages d'entre<br />

les grands fonctionnaires de cet Etat, et liez-vous d'amitié<br />

avec les lion nues lui mains et vertueux d'entre les lettrés.<br />

-t0. )'an-f/uuan demanda comment il fallait gouverner<br />

un Etal.<br />

Le Philosophe dit, : Suivez la division des temps de la<br />

dynastie 11/a.<br />

Mt niiez ! es ci i ; i rs de lad y n ast i e 1 "n ; por t ez les bon net s<br />

de la dynastie Trheou. Quant à la musique, adoptez les<br />

airs chaô-icoâ |de Churt\.


OU LES ENT1ET11N8 PHILOSOPHIQUES. 191<br />

Rejetez les mo<strong>du</strong>lations de Tching; [éloignez de vous<br />

les flatteurs.Les mo<strong>du</strong>lations de Tching sont licencieusesles<br />

flatteurs sont dangereux.<br />

li.^Le Philosophe dit : L'homme qui ne médite ou ne<br />

prévoit pas les choses éloignées doit éprouver un chagrin<br />

prochain.<br />

1-2. Le Philosophe dit : Hélas ! je n'ai encore vu personne<br />

qui aimât la vertu comme on aime la beauté corporelle<br />

*.<br />

13. Le Philosophe dit : Tsang-wen-tchoung n'était-il<br />

pas un secret accapareur d'emplois publics? Il connaissait<br />

% la sagesse et les talents de Lieou-hia-hoeî, et il ne<br />

voulut point qu'il pût siéger avec lui à la cour.<br />

14. Le Philosophe dit : Soyez sévères envers - vousmêmes<br />

et in<strong>du</strong>lgents envers les autres^ alors vous éloignerez<br />

de vous les ressentiments.<br />

• 15. Le Philosophe dit : Si un homme ne dit point souvent<br />

en lui-môme : Comment ferai-je ceci ? comment éviterai-je<br />

cela? comment^ moi, pourrais-je lui dire : Ne faites<br />

pas ceci* évitez cela? C'en est fait de lui.<br />

16. Le Philosophe dit : Quand une multitude de personnes<br />

se-trouvent ensemble pendant toute une journée,<br />

leurs paroles ne sont pas toutes celles de l'équité et de la<br />

justice; elles aiment à ne s'occuper que de choses vulgaires<br />

et pleines de ruses. Qu'il leur est difficile de faire<br />

le bien !<br />

17.'Le Philosophe dit : L'homme supérieur fait de l'équité<br />

.et de la justice la base de toutes ses actions; les rites<br />

forment la-règle de sa con<strong>du</strong>ite; la déférence et la modestie<br />

le dirigent au dehors; la sincérité et la fidélité lui<br />

servent d'accomplissements. N'est-ce pas un homme supérieur<br />

?<br />

18. Le Philosophe dit : L'homme supérieur s'afflige de<br />

son impuissance [à faire tout le bien qu'il désire] ; il ne<br />

s'afflige pas d'être ignoré et méconnu des hommes.<br />

* Voyez îa même pensée exprimée ci-devant.


IM LE LUN VU,<br />

19. Le Philosophe dit : L'homme supérieur regrette de<br />

voir sa vie s'écouler sans laisser après lui des actions dignes<br />

d'éloges.<br />

20. Le Philosophe dit : L'homme supérieur ne demande<br />

rien qu'à lui-même; l'homme vulgaire et sans mérite<br />

dophe dit ; L'homme supérieur no donne<br />

pas de l'élévation à mi homme pour sis paroles; il ne<br />

rejette pas des paroles à eaiise de L'homme qui les a prononcées.<br />

2 < L / seu-b f*ni({ fit une < p i es 11 on en ces f er n :i es : Y a-f - i I<br />

un mot dans la lai uni»" que l'on puisse se borner à pratiquer<br />

seul jusqu'à la fin de l'existence? Le Philosophe dit :<br />

11 y a le mol


OU LES ENTRETIENS PHILOSOPHIQUES. 493<br />

tissent la vertu môme ; une impatience capricieuse ruine<br />

les plus grands projets.<br />

"21. Le Pliî 1 ost)phe d i f : Û11 o f a t ou 1 e déIcs!e ff ite 1 qu'un,<br />

vous devez examiner attentivement avant de ju^erjque<br />

la foule se passionne pour quelqu'un, vous devez examiner<br />

attentivement avant de juger,<br />

2#. Le Philosophe dit : L'homme peu! agrandir la<br />

voie de la vertu; la voie de la vertu ne peut pas agrandir<br />

FI ioi unie.<br />

2!L Le Philosophe dit : Celui qui a une con<strong>du</strong>ite vicieuse,<br />

et ne se corrige pas. celui-là peut être appelé<br />

vicieux.<br />

30. Le Philosophe dit : J'ai passé des journées entières<br />

sans nourriture, et des nuits entières sans sommeil, pour<br />

111 e 11 v re r à d e s n i éd i t a t i o i ) s, et e e 1 a sans u ti 111 e î ilelle ;<br />

1 ? ét ude est 1 iieii préférahle.<br />

31 « Le Ph i h >so j >he dit.: L1 i o m i ne su pé rie i î r ne s'ocetipe<br />

que de la droite voie ; il ne s occupe pas dit boire et<br />

<strong>du</strong> manger. Si vous cultivez la ferre. la lai ni se trouve<br />

souvent an milieu de vous : si vous éludiez, la e'licite se<br />

trouve dans le sein même de i étude. L'homme supérieur<br />

ne s'inquiète que de ne pas atteindre la droite voie ; il ne<br />

s'inquiète pas de la pauvreté.<br />

3*2. Le Philosophe dit : Si l'on a assez de connaissance<br />

pour atteindre à la pratique de la raison, et; qui 1 la vertu<br />

de l'humanité que Fon possède ne suffise pas puer persévérer<br />

dans cette pratique ; quoiqu'on y parvienne, on<br />

fini r a n é e essa i r e i ne 111. par i* a h a n d o n n e r.<br />

Dans le cas où Von aurait assez de connaissance pour<br />

atteindre à la pratique de la raison, et on la vertu de l'humanité<br />

que Fou possède sut lirait pour persévérer dans<br />

cette pratique; si Fon n*a ni gravite ni dignité, alors le<br />

peuple ira aucune considération pour vous.<br />

Enfint quand même on aurait assez de connaissance<br />

pour atteindre à la pratique de la raison, que la vertu de<br />

l'humanité que Fon possède sui'lîraii peur persévérer dans<br />

rH!e pratique, et que Fon v joindrait (a gravite et la di-


194 LE LUN-¥U?<br />

gnité convenables; si Ton traite le peuple d'une manière<br />

contraire aux rites,, il n'y a pas encore là de vertu.<br />

33. Le Philosophe dit : L'homme supérieur ne peut<br />

pas être connu et apprécié convenablement dans les petites<br />

choses, parce qu'il est capable d'en entreprendre de<br />

grandes. L'homme vulgaire, au contraire, n'étant pas capable<br />

d'entreprendre de grandes choses, peut être connu<br />

et apprécié dans les petites.<br />

34. Le Philosophe dit : La vertu de l'humanité est plus<br />

salutaire aux hommes que l'eau et le feu. J'ai vu des<br />

hommes mourir pour avoir foulé l'eau et le feu ; je n'en<br />

ai jamais vu mourir pour avoir foulé le sentier de l'humanité.<br />

35. Le Philosophe dit : Faites-vous un devoir de pratiquer<br />

la vertu de l'humanité, et ne l'abandonnez pas même<br />

sur l'injonction de vos instituteurs.<br />

36. Le Philosophe dit : L'homme supérieur se con<strong>du</strong>it<br />

toujours conformément à la droiture et à la vérité, et il<br />

n'a pas d'obstination.<br />

37. Le Philosophe dit : En servant un prince, ayez<br />

beaucoup de soin et d'attention pour ses affaires, et faites<br />

peu de cas de ses émoluments.<br />

38. Le Philosophe dit : Ayez des enseignements pour<br />

tout le monde, sans distinction de classes ou de rangs.<br />

39. Le Philosophe dit : Les principes de con<strong>du</strong>ite étant<br />

différents, on ne peut s'aider mutuellement par des conseils.<br />

...<br />

40. Le Philosophe dit : Si les expressions dont on se<br />

sert sont nettes et intelligibles, cela suffit.<br />

L'intendant de la musique, nommé Mian *, vint un jour<br />

voir (KHOUNG-TSEU). Arrivé au pied des degrés, le Philosophe<br />

lui dit : Voici les degrés. Arrivé près des sièges,<br />

le Philosophe luLdit : Voici les sièges. Et tous deux s'assirent.<br />

Le Philosophe l'informa alors qu'un tel s'était<br />

assis là, un tel autre là. L'intendant de la musique, Mianf<br />

* Il était aveugle.


OU LIS ENTMETIINS PHILOSOPHIQUES. 195<br />

étant partie Tsêu-tekang fit une question en ces termes :<br />

Ce que vous avez dit à l'intendant est-il conforme aux<br />

principes?<br />

41. Le_Philosophe dit : Assurément; c'est là la manière<br />

d'aider et d'assister les maîtres d'une science quelconque.<br />

OIAPITM; XVI.<br />

COMT'OSL M. i I AftTlCLLS.<br />

L lîi-chi était sur le point (Failli.* combattre Trfmtmnyu<br />

l .<br />

Jun-yemi et Ki-lou? qui étaient près de Knet. Mr-i^i-r»<br />

lui dirent : Ki-cfti se prépare à avoir un dénié lé a\ee<br />

Tchouan-yu.<br />

Le Philosophe dit : Khi von \J(.m-ijcsal <strong>du</strong> prince<br />

de IJJU), Con n nenî aurait-il à subir une imasioii ?<br />

Jnii-yçffu dit ; Notre maître le désire. Nous deux, ses<br />

ministres, nous ne le désirons pas.<br />

Kiioi'Mi-TSi-x dit : Khienu ! d'ancien et illustre historien]<br />

TeheoH-jin a dit : « Tant que vos forées vous ser\enf,<br />

remplissez voire devoir ; si \ous ne pouvez p;o. le remplir,<br />

cessez vos fonctions. Si un homme en daneer nVst pas<br />

secouru ; si, lorsqu'on le voit tomber, on ne le soutiens<br />

pas : ai ors. a quoi servent ceux qui >a\\\ là pour Ea-sister ?>»<br />

Il suit de la que vos pare»les sont faillives. Si le tigre<br />

ou le buffle s'échappent de l'enclos oit ils sont renfermés;<br />

1 \m


196 I.B LUN-YU,<br />

si la tortue à la pierre précieuse s'échappe <strong>du</strong> coffre où<br />

elle était gardée : à qui en est la faute ?<br />

Jan-yeou dit : Maintenant, ce pays de Tckouem-yu est<br />

fortifié, et se rapproche beaucoup de Pi [ville appartenant<br />

en propre à Ki-cki], Si maintenant on ne s'en empare<br />

pas, il deviendra nécessairement, dans les générations à<br />

venir, une source d'inquiétudes et de troubles pour nos<br />

fils et nos petits-fils.<br />

KHOUNG-TSEU dit : Kkieou ! l'homme supérieur hait cesdétours<br />

d'un homme qui se défend de toute ambition<br />

cupide, lorsque ses actions le démentent.<br />

J'ai toujours enten<strong>du</strong> dire que ceux qui possèdent un<br />

royaume, bu qui sont chefs de grandes familles, ne se<br />

plaignent pas de ce que ceux qu'ils gouvernent ou administrent<br />

sont peu nombreux, mais qu'ils se plaignent de<br />

ne pas avoir l'éten<strong>du</strong>e de territoire qu'ils prétendent leur<br />

être <strong>du</strong>e; qu'ils ne se plaignent pas de la pauvreté où<br />

peuvent se trouver les populations, mais qu'ils se plaignent<br />

de la discorde qui règne entre elles et eux. Car si chacun<br />

obtient la part qui lui est <strong>du</strong>e, il n'y a point de pauvres ;<br />

si la concorde règne, il n'y a pas pénurie d'habitants ; s'il<br />

y a paix et tranquillité, il n'y a pas cause de ruine ou de<br />

révolution.<br />

Les choses doivent se passer ainsi. C'est pourquoi, si<br />

les populations éloignées ne sont pas soumises, alors<br />

cultivez la science et la vertu, afin de les ramener à vous<br />

par vos mérites. Une fois qu'elles sont revenues à l'obéissance,<br />

alors faites-les jouir de la paix et de la tranquillité.<br />

Maintenant, Yeouet Khkou, en aidant votre maître, vous<br />

ne ramènerez pas à l'obéissance les populations éloignées,<br />

\ et celles-ci ne pourront venir se soumettre d'elles-mêmes.<br />

L'État est divisé, troublé, déchiré par les dissensions intestines,<br />

et vous n'êtes pas capables de le protéger.<br />

Et cependant vous projetez de porter les armes au sein<br />

de cet Etat. Je crains bien que les petits-fils de Ki n'éprouvent<br />

un jour que la source continuelle de leurs<br />

craintes et de leurs alarmes n'est pas dans fe pays de


OU* LES ENTRETIENS PHILOSOPHIQUES. 197<br />

Tchomn-yuf mais dans l'intérieur de leur propre famille.<br />

2. KHOUNG-TSEU dit : Quand l'empire est gouverné par<br />

les principes de la droite raison, alors les rites, ht musique,<br />

la pierre peur soumet Ire 1rs rebelles, procèdent des iîfs<br />

<strong>du</strong> Ciel [des empereur.-]. Si l'empire es! sans loi. s'il nVsl<br />

pias gouverne parles principes dr la droite raison, alors<br />

les rites, la musique, la guerre pour soumettre les rebelles,<br />

procèdent des princes tributaires ou des vassaux, de tous<br />

les rangs. Quand jecs choses, qui sont, exclusivement dans<br />

les attributions impériales,! procèdent des princes tributaires,<br />

il arrive rarement que, dans bespa.ce de dix générations<br />

i y ces derniers ne perdent pas leur pouvoir usurpe<br />

(qui loi n la* alors dans les in ai us des grands fonctionnaires<br />

publics']. Quand il arrive que ces actes de l'autorité impériale<br />

procèdent des grands fonctionnaires, il est rare<br />

que, dans l'espace de cinq générations, ces derniers ne<br />

perdent pas leur pouvoir [qui tombe entre les mains des<br />

intendants des grandes familles]. Quand, les intendants des<br />

grandes familles s'emparent <strong>du</strong> pouvoir royal? il est rare<br />

qu'ils ne le perdent pas dans l'espace de trois générations.<br />

Si l'empire est gouverne selon le* principes de la droite<br />

raison, aloi\sl'administration ne réside pas dans les grands<br />

lonetionnaires.<br />

iSi l'empire est gouverné selon les principes de la droiterai<br />

son, alors les hommes de la fou Je ne s'occupe ni pas à<br />

délibérer et à exprimer leur sentiment sur {es actes qui<br />

dépendent de l'autorité impériale.<br />

3. Kitonsii-Tsi-x dit ; Les revenus publics n'ont pas été<br />

verses à la. demeure <strong>du</strong> prince pendant cinq générations;<br />

la direction des atiahvs publiques «'s! tombée entre les<br />

mains des granits fonctionnaires pendant, quatre générations.<br />

ITest pourquoi les (ils et les petits-tils des iron<br />

Jluwut [trois familles de princes de Zw/| ON! été si affaiblis.<br />

•I. KIIOI. x.G-TSEt: dit. : II y a trois sories d'amis qui sont<br />

1 Ou de «li\ }>


498 LE LUN-YU,<br />

utiles, et trois sortes qui sont nuisibles. Les. amis droits et<br />

véridiques, les amis fidèles et vertueux, les amis qui ont<br />

éclairé leur intelligence, sont les amfe utiles-; les amis qui<br />

affectent une gravité tout extérieure et sans droiture^ les<br />

amis prodigues d'éloges et de basses flatteries, les amis<br />

qui n'ont que de la loquacité sans intelligence, sont les<br />

amis nuisibles.<br />

5.KHOUNG-TSEU dit : Il y a trois sortes de joies ou satisfactions<br />

qui sont utiles, et trois sortes qui sont nuisibles.<br />

La satisfaction de s'instruire à fond dans les rites 'et la<br />

musique, la satisfaction d'instruire les hommes dans les<br />

principes de la vertu, la satisfaction de posséder ¥ amitié<br />

d'un grand nombre de sages, sont les joies ou satisfactions<br />

utiles ; la satisfaction que donne la vanité et l'orgueil, la<br />

satisfaction de l'oisiveté et de la mollesse, la satisfaction<br />

de la bonne chère et des plaisirs, sont les satisfactions<br />

nuisibles.<br />

6. KHOUNG-TSIU dit : Ceux qui sont auprès des princes<br />

vertueux pour les aider dans leurs devoirs ont trois<br />

fautes à éviter : de parler sans y avoir été invités, ce qui<br />

est appelé précipitation ; de ne pas parler lorsqu'on y est<br />

invité, ce qui est appelé taciturnité ; de parler sans avoir<br />

observé la contenance et la disposition [<strong>du</strong>. prince], ce<br />

qui est appelé aveuglement.<br />

7. KHOUNG-TSEU dit : Il y a pour l'homme supérieur<br />

trois choses dont il cherche à se préserver : dans le temps<br />

de la jeunesse, lorsque le sang et les esprits vitaux ne sont<br />

pas encore fixés [que la forme corporelle n'a pas encore<br />

pris tout son développement f ], ce que l'on doit éviter, ce<br />

sont les plaisirs sensuels ; quand on a atteint la maturité,<br />

et que le sang et les esprits vitaux ont acquis toute leur<br />

force et leur vigueur, ce que l'on doit éviter, ce sont les<br />

rixes et les querelles ; quand on est arrivé à la vieillesse,<br />

que le sang et les esprits vitaux tombent dans un état de<br />

1 Commentaire.


OU LES ENTRETIENS PHILOSOPHIQUES. 199<br />

langueur^ ce que Fon doit éviter^ c'est le désir d'amasser<br />

des richesses.<br />

8. KHOUNG-TSEU dit : Il y a trois choses que l'homme<br />

supérieur révère : il révère les décrets dit ciel, il révère<br />

les grande hommes, il révère les paroles dis saints.<br />

lies hommes vulgaires ne connaissent, pas tes décrets<br />

<strong>du</strong> eieI» et par (• onsetj11eni ils ne 1 es r«. ; vè i'et\l pas ; ils 1 ' n t<br />

peu de eas des grands hommes, et ils set jouent dv* paroles<br />

des saints,<br />

9. KHOING-TSEU dît : Ceux qui, <strong>du</strong> jour même de leur<br />

11 ai ssa n ec\ posséder! t la se* i ei ice. soi 11 les h om r :t .tes <strong>du</strong> pr< »mier<br />

ordre [supérieurs à fous les autres; ; ceux qui, par<br />

l'étude, acquièrent la science, \ieunent après eux : ceux<br />

cj u t . a y a ri t Tes pr ï 11 o 111 *'t 1 e ! e j > a i s « a e q 11 î e r e n t e e j >e i i d a 1111 1 e s<br />

connaissances par l'élude, \iennent ensuite; enfui ceux<br />

qui, ayant l'esprit lourd el épais, n'étudient pas et n'apprennent<br />

rien, ceux-là bout <strong>du</strong> dernier rang parmi les<br />

hommes.<br />

•10. KIIOI:>"G-TSE(: dit : L'homme supérieur, on Idiot ni no<br />

accompli dans la vertu, a neuf sujets principaux île méd<br />

i t allons : en rega ni a ni, il peu se a s'et • î a i r er ; en t Vo t i f a 111 ,<br />

i 1 peu se à s ? i nst r u i re ; < îan s son a i r e t son attitude, il pe i ise<br />

à c o n s e rve r d u e a 11 ne e t de I a se ré n i l é ; d a n s s a c o n t e n a n e e,<br />

i 1 pe n se à c onse r v er t o 1i j o u r s d e 1 a. gxa v i t éo;." t de. 1 a d i g 11 i f e :<br />

dans ses paroles, il pense à conserver toujours de la fiel<br />

é 1 î I é e t i le I a s i n e e r i f t \ ; d a n s se s a c t i oi "i s, il pense à s'attire<br />

r t ou jo urs <strong>du</strong> r< *sj icct : dan s ses dont es, i I \ >e i tse à i 111 e rroger<br />

les autres; dans la colère, il pense à réprimer ses<br />

mouvements ; en voyant des gains à obtenir, il pense à la<br />

justice 1 .<br />

•II. KHOI'SG-TSEU dit: « On considère le bien eoinine<br />

si on pouvait l'atteindre : ou considère le vice comme si<br />

on tond tait de l'eau bouillante. « J'ai vu des lion mies<br />

agir ainsi, et jai enten<strong>du</strong> des hommes tenir ce langage,<br />

« On se retire dans le secret de la solitude pour chercher<br />

dans sa pensée \v> principes de la raison ; ou cultive la ]te~


200 LE LUN-YU.<br />

tice pour mettre en pratique ces mêmes principes de la<br />

raison. » J'ai enten<strong>du</strong> tenir ce langage^ mais je n'ai pas<br />

encore vu d'homme agir ainsi.<br />

12. King-kong, prince de Thsi, avait mille quadriges<br />

iir elie\au\. Apiv>>.a nmii un dit que le peu pli! ne trouva<br />

à louer m lui aucune vertu, /V/ et ' /- iîiies* vous n'aurez<br />

rien peur vous (îv-r dans la vie. Je inc relirai, cl j'étudiai<br />

\v lirrrdvs îhlrs,<br />

Apres av»iir enten<strong>du</strong> ces paroles, 'Teltin-kan


OU LES ENTRETIENS PHILOSOPHIQUES, 201<br />

différents États, pauvre petite reine. Les hommes des différents<br />

États la nomment aussi compagne <strong>du</strong> prince.<br />

CHAPITRE XYD.<br />

COMPOSÉ DE 26 AET1CLES.<br />

1. Yang-ho (intendant de la maison de Ki-chi) désira<br />

que KeouNG-TSEU lui lit une visite. KHOUNG-TSEU n'alla pas<br />

le voir. L'intendant l'engagea de nouveau en lui envoyant<br />

un porc. KHOUNG-TSEU, ayant choisi le moment où il était<br />

absent pour lui faire ses compliments, le rencontra dans<br />

la rue.<br />

[ Yang-ho] aborda KHOUN G-TSEU en ces termes : Venez,<br />

j'ai à parler avec vous. Il dit : Cacher soigneusement dans<br />

son sein des trésors précieux, pendant que son pays est<br />

livré aux troubles et à la confusion, peut-on appeler cela<br />

de l'humanité ? [Le Philosophe] dit : On ne le peut. — Aimer<br />

à s'occuper des affaires publiques et toujours perdre<br />

les occasions de le faire, peut-on appeler cela sagesse et<br />

prudence ? [Le Philosophe] dit : On ne le peut. — Les<br />

soleils et les lunes [les jours et les mois] passent, s'écoulent<br />

rapidement. Les années ne sont pas à notre disposition.<br />

— KHOUNG-TSEU dit : C'est bien, je me chargerai d'un<br />

emploi public.<br />

2. Le Philosophe dit : Par la nature, nous nous" rapprochons<br />

beaucoup les uns des autres; par l'é<strong>du</strong>cation/<br />

nous devenons très-éloignés.<br />

3. Le Philosophe dit : Il n'y a que les hommes d'un<br />

savoir et d'une intelligence supérieurs qui ne changent<br />

point en vivant avec les hommes cte la plus basse ignorance,<br />

de l'esprit le plus lourd et le plus épais.<br />

4. Le Philosophe s'étant ren<strong>du</strong> à Wou-tching (petite ville<br />

de Lou)> il y entendit un concert de voix humaines mêlées<br />

aux sons d'un instrument à cordes.<br />

Le maître se prit à sourire légèrement, - et dit : Quand^


202 LB LUN-YU.<br />

1<br />

on tue une poule, pourquoi se servir d'un glaive qui sert<br />

à tuer les bœufs ?<br />

Iseu-yeou répondit avec respect : Autrefois, moi Ym3<br />

j'ai enten<strong>du</strong> din: à mou maître que si l*lioirii!ie supérieur<br />

qui occupe utt emploi élevé dans le convenu» ment étudie<br />

assidûment les principes de la cIroil,. linh(i-<strong>du</strong>my f>.t-j (ministre de Ki-chi)> ayant appris<br />

q\ \ " i i i H • re\ o 11 e avait ee I a t e a l J t\ e n ave ri i t 1 e P h i h >soph e,<br />

selon l'usage. Le Philosophe desirait se rendre auprès<br />

de lui.<br />

'heu-htu, n'étant pas satislail de cette démarche, dit :<br />

N t: v < a1 s v re i idez p; is, rie 11 i le vous y ( > bl i g*e ; q u 'av ez-vou s<br />

besoin d'aller voir la famille d


OU LES ENTRETIENS PHILOSOPHIQUES. 203<br />

vous-même et des autres, alors vous ne serez méprisé de<br />

personne ; si vous êtes généreux^ alors vous obtiendrez l'affection<br />

<strong>du</strong> peuple ; si vous êtes sincère et fidèle, alors les<br />

hommes auront cutifiaiH-O eu vous ; si unis êtes applique<br />

an bîiii, alors vous aurez des mérites ; si v< MIS êtes himveillant<br />

et miséricordieux, aloi's vous aurez tout ee qu'il faut<br />

pour goinerncr les hommes.<br />

1. /'/-/// (grand fonctionnaire, de LKtal de Tçitn demanda<br />

à voir !KHorN s'est révolte contre<br />

1 chouny-meou l ; d après cela» comment expliquer la visite<br />

rie mon maître ?<br />

Le Philosophe dit ; Oui. sans doute, j'ai tenu ees propos;<br />

mais ne disais-je pas aussi : Les. corps les plus <strong>du</strong>rs.<br />

ne s'usent-ils point par le frottement ? Ne disais-je pas encore<br />

; La Manchonr inaltérable ne devient-elle pas noire<br />

par son contact avec une couleur noire? Pensez-vous que<br />

je suis un melon de saveur a mère, qui u es! bon qu'à être<br />

suspen<strong>du</strong> sans être niante?<br />

H. Le Philosophe dît . 1 cw, avez-vous enten<strong>du</strong> parler<br />

des six maximes et des six défauts qu'elfes impliquent ? |Le<br />

disciple] répondit avec respect : Jamais»— Prenez place à<br />

coté de moi, je vais vous les expliquer.<br />

L'amour de l'humanité, sans I. amour de l'étude, a polir<br />

défaut l'ignorance ou la stupidité; l'amour de la science.<br />

sans l'amour de l'étude, a pour défaut l'incertitude ou la<br />

perplexité; l'amour de la sincérité et de la fidélité, sans<br />

lamour de l'étude, a pour défaut la <strong>du</strong>perie ; l'amour de<br />

la droiture, sans l'an mur de l'étude, a pour défaut tme<br />

témérité inconsidérée ; l'amour <strong>du</strong> courage viril, sans 1 aiiioiir<br />

de l'étude, a pour dé-faut l'insubordination ; Fan mur


204 LE LUN-YU?<br />

de la fermeté et de la' persévérance, sans ramour de Fétude,<br />

a pour défaut la démence ou rattachement à une<br />

idée fixe.<br />

9. Le Philosophe dit : Mes chers disciples, pourquoi<br />

n'étudiez-vous pas le Livre des Vers ?<br />

Le Livre des Vers est propre à élever les sentiments et<br />

les idées;<br />

11 est propre à former le jugement parla contemplation<br />

des choses;<br />

11 est propre à réunir les hommes dans une mutuelle<br />

harmonie ;<br />

11 est propre à exciter des regrets sans ressentiments.<br />

[On y trouve enseigné] que lorsqu'on-est près de ses parents,<br />

on doit les servir, et que lorsqu'on en est éloigné,<br />

on doit servir le prince.<br />

On s'y instruit très au long des noms d'arbres, de<br />

plantes, de bêtes sauvages et d'oiseaux.<br />

40. Le Philosophe interpella Pé-yu (son fils), en disant :<br />

Vous exercez-vous dans l'étude <strong>du</strong> Tckeou-nan et <strong>du</strong> Tcàaonan<br />

[les deux premiers chapitres <strong>du</strong> Livre des Vers] ? Les<br />

hommes qui n'étudient pas le Tekeou-nan et le Tchao-nan<br />

sont comme s'ils se tenaient debout le visage tourné vers<br />

la muraille.<br />

M. Le Philosophe dit : On cite à chaque instant les<br />

Mites ! les Rites ! Les pierres précieuses et les habits de<br />

cérémonie ne sont-ils pas pour vous tout ce qui constitue<br />

les rites ? On cite à chaque instant la Musique ! la Musique !<br />

Les clochettes et les tambours ne sont-ils pas pour vous<br />

tout ce qui constitue la musique f<br />

42. Le Philosophe dit : Ceux qui <strong>mont</strong>rent extérieurement<br />

un air grave et austère, lorsqu'ils sont intérieurement<br />

légers et pusillanimes, sont à comparer aux<br />

hommes les plus vulgaires. Ils ressemblent à des larrons<br />

qui veulent percer un mur pour commettre leurs vols.<br />

13. Le Philosophe dit : Ceux qui recherchent les suffrages<br />

des villageois sont des voleurs de vertus.<br />

44. Le Philosophe dit : Ceux qui dans la voie publique


OU LES ENTRETIENS PHILOSOPHIQUES. 205<br />

écoutent une affaire et la discutent font un abandon de la<br />

vertu.<br />

•b\ Le Philosophe d'il : Comment les lion unes \ils H abjects<br />

pourraient-ils ser\ir le prince?<br />

Ces hommes, avril)! d'avoir obtenu leurs emplois, sont<br />

déjà tourmentés de la crainte de ne pas les obtenir : lorsqu'ils<br />

les ont obtenus, ils sont tourmentés de la crainte de<br />

les perdre.<br />

Iles 1 Instant qu'Us sont tourmentés de la crainte de<br />

perdre leurs emplois, îl n'est rîen dont ils ne soient capables.<br />

10. Le Philosophe dit : Dans Lantiquité, les peuples<br />

avaient trois travers d'esprit : de nos jours, quelques-uns<br />

de ces travers sont per<strong>du</strong>s. L'ambition des anciens s'attachait<br />

aux grandes e11oses e t iIciI a i gn a i t tes j>efîtes ; l'ambition<br />

des hommes do nos jours est modérée sur les grandes<br />

choses et très-ardente sur les petites.<br />

La gravité et l'austérité des anciens étaient modérées<br />

sans extravagance ; la gravité et l'austérité «les bon mies<br />

de nos jours est irascible, extravagante. La grossière ignorance<br />

des anciens était droite et sincère : la grossière ignorance<br />

des hommes de nos jours n'est que fourberie, et<br />

voilà tout.<br />

17. Le Philosophe dit : Los hommes aux paroles artificieuses<br />

et fleuries, aux i nani ères engageantes ? sont rarement<br />

doués de- la vertu de l'humanité.<br />

•18. Le Philosophe dit : Je déteste la couleur violette<br />

icouleur intermédiaire!, qui dérobe aux regards la vérîlablo<br />

couleur de pourpre. Je déleste les sons musicaux de<br />

Tchinrjy qui portent le trouble et la contusion dans la véritable<br />

musique. Je déteste les langues aiguës j ou calomnia-<br />

1rices|, qui bouleversent les Liais et les familles»<br />

II). Le Philosophe dit : Je désire ne pas passer mon<br />

temps à parler.<br />

Tseu-kmmg dit : Si noire i naître ne parle pas, alors eo reoient<br />

ses disciples transmettront-ils ses parole-, a la postérité?<br />

i8


206 LE LUN-YUj<br />

Le Philosophe dit:, Le ciel> comment parle-t-il? les<br />

quatre saisons suivent leur cours ; tous les êtres de la nature<br />

reçoivent tour à tour l'existence. • Comment le ciel<br />

parle-t-il 1<br />

ii i. Jttu-!«i l désirait voir KtiorNG-TST.I'. KïIOI*xc»-TSEV '<br />

s~exrnsa sur MUI indisposition; mais aussitôt que le porteur<br />

<strong>du</strong> me^sa^e lui sorti de la porte, le Philosophe prit<br />

sa iutifare. et se mit à chanter, dans le dessein de se faire<br />

ilifrîldlV.<br />

v 2î. Ts'.n-iu/o demanda si, an lieu de trois années de<br />

deuil après la mur! des parents, une révolution de douze<br />

fiiîîrs p»u une année) no sutlirait pas.<br />

Si l'homme supérieur n'observait pas les rites sur le<br />

deuil pondant trois années, ees rites forn be rai eut certainement<br />

fil désuétude; si pendant trois années il ne cultivait<br />

pas la musique, la musique certainement périrait»<br />

Ouand les anciens fruits son! parvenus à leur maturité,<br />

de nouveaux fruits se <strong>mont</strong>rent et prennent leur plaire.<br />

On change le feu en loranf les bois qui le donnent* 2 . Une<br />

ré\niution de douze lu rit s peut sut"! ire pour tontes ees<br />

elius.<br />

Le I m i 1< >s< >pl io dit . Si l'on se i >ornai t à se non rri r cl rt pi us<br />

beau riz, et à >e vélir {les plus beaux habillements, sériezvous<br />

satisfait et tranquille? — Je serais satisfait et tranquille.<br />

Si \ons vous trouvez safislait et tranquille de cette manière<br />

d'agir, alors pratiquez-la.<br />

Maïs cet bouline supérieur [dont vous avez parle),<br />

tant qu'il sera dans le deuil de ses parents, ne trouvera<br />

point de douceur dan> les mets les plus reebetvbes qui<br />

lui seront ofïerls: il ne trouvera point de plaisir à entendre<br />

la musique» il ne trouvera point de repos dans les<br />

lieux qu'il habitera. CVsi pourquoi il ne fera pas jce que<br />

vous proposez ; il ne ré<strong>du</strong>ira passes trois années de deuil<br />

Hennin.' a « fity;'tiinu x


OU LES ENTlETiENS PHILOSOPHIQUES. 207<br />

à une révolution de douze lunes]. Maintenant^ si vous<br />

êtes satisfait de cette ré<strong>du</strong>ction, pratiquez-la.<br />

T^aï-ii(j() étant sorti, I** Philosophe dit : I u (petit nom<br />

de Tsfïï-wjf)) n'est pas doué de la vertu de l'Immunité.<br />

Lorsque l'enfant a atteint sa troisième année d'âge, il est<br />

sevré d» sein de ses père et mère; alors suivent trois années<br />

de deuil pour les pareil!s ; ce deuil est en nsige dans<br />

trait l'empire; Vu n'a-t-i! pas en ces trois années d'atïeetion<br />

publique de la pari de ses père et mère?<br />

2 v 2. Le Philosophe dit : deux qui ne ionl que boire et<br />

manger pendant tonte la journée, suis employer leur intel<br />

licence à quelque objet digne d'elle. Irait pitié. .N'y<br />

a-î-ii pas le métier de bateleur? Oinls le pratiquent, ils<br />

seront des sages en comparaison!<br />

i»L Tseu-iou dit ; L'homme supérieur estirne-t-il beaucoup<br />

le courage viril? Le Philosophe dit : L'homme supérieur<br />

mot au-dessus de tout l équité et la justice. Si<br />

l'homme supérieur possède le courage viril ou la bravoure<br />

sans la justice, il fume nie des troubles dans F Et al.<br />

L'homme vulgaire qui possède le courage \irib oit la bravo<br />

11 r e sa lis I a justice», e o mm e t «le s v 1 o 1 e n c e s e t des rapines»<br />

2-1. Tseu-kmmif dit ; L'homme supérieur a-i-il en lui<br />

des se util i icri f s d e 11 a i n e ou d *a \ e rsi o n Y Le 1 * h i h >s< > ph e<br />

dit : Il a eu lui des sentiments de haine ou d'aversion. Il<br />

hait ou déteste ceux qui divulguent les failles des antres<br />

hommes ; il déteste ceux qui, occupant les rangs les fil us<br />

bas de la société», calomnient leurs supérieurs; il déteste<br />

les braves et les forts qui ne tiennent aucun compte do.<br />

rites; il déteste les audacieux et les téméraires qui s arrêtent<br />

au milieu de leurs entreprises sans avoir h' co/ur de<br />

les achever*<br />

\Tsnt-koun(j\ dit ; C est aussi ce que moi S>v\ je déleste<br />

cordialement, ,1e déteste ceux qui prennent Ions les détours.<br />

toutes les précautions possibles pour être considères<br />

comme des hommes d'une prudence accomplie; je de!este<br />

ceux qui rejettent toute soumission, toute règle de di


208 LE LUN-YU,<br />

pline* afin de passer pour braves et courageux; je déteste<br />

ceux qui révèlent les défauts secrets des autres* afin de<br />

passer pour droits et sincères.<br />

25. Le Philosophe dit : Ce sont les servantes et les domestiques<br />

qui sont les plus difficiles à entretenir. Les traitez-vous<br />

comme des proches* alors ils sont insoumis ; les<br />

tenez-vous éloignés* ils conçoivent de la haine et des ressentiments,<br />

26. Le Philosophe dit : Si* parvenu à l'âge de quarante<br />

ans [l'âge de la maturité de la raison], on s'attire encore<br />

la réprobation [des sages]* c'en est lait* il n'y a plus rien<br />

à espérer.<br />

CHAPITRE XVI1L<br />

COMPOSÉ DE 41 ARTICLES. -<br />

i. Weï-tseu l ayant résigné ses fonctions* Ki-tseu 2 devint<br />

l'esclave (de Càëou-sin). Pi-kan fit des re<strong>mont</strong>rances*<br />

et fat mis à mort. KHOUKG-TSEU dit : La dynastie Yn<br />

(ou. Chang) eut trois hommes doués de la grande vertu<br />

de l'humanité 3 .<br />

2. Lieou-hia-koeï exerçait l'emploi de chef des prisons<br />

de l'État; il fut trois fois destitué de ses fonctions. Une<br />

personne lui dit : Et vous n'avez pas encore quitté ce pays?<br />

Il répondit. Si je sers les hommes selon l'équité et la<br />

raison* comment trouverais-je un pays où je ne serais pas<br />

trois lois destitué de mes fonctions? Si je sers les hommes<br />

contrairement à l'équité et à la raison* comment devrais-je<br />

quitter le pays ou sont mon père et ma mère?<br />

3. King-kong, prince de Thsi, s'occupant de la manière<br />

* Prince ieudalaire de l'Élat de Weï, frère <strong>du</strong> tyran Cheou-sin,<br />

Voyez noire Résumé historique de l'histoire et de la civilisation chinoises.,<br />

etc., p. 70 et suiv.<br />

2 Oncle de Cheou-sin, ainsi que Pi-kant que le premier fit périr<br />

de la manière la plus crueîie. Voyez l'ouvrage cité, p. 70, 2° col.<br />

s Wëi-tseu, Ki-tseu. et Pi-kan.


OU LES ENTRETIENS PHILOSOPHIQUES. 200<br />

dont il recevrait KHOUMG-TSIU, dit : ci Je ne puis le recevoir<br />

avec les mêmes égards que j'ai eus envers Ki-ehi 1 . Je<br />

le recevrai d'une manière intermédiaire entre Ki et<br />

Meruf -. » 11 ajouta : « Je Mrs \ien\. je ne pourrais pas<br />

« utiliser sa présence. » knoi Mi-isr.r se reinst en route<br />

pour une autre destination.<br />

4. Les ministres <strong>du</strong> prince de Ï7W avaient envoyé des<br />

musiciennes au prince de Aoe\ hi-honn-tseu faraud tniictionnairede<br />

Lan) les reçut ; mais pendant trois jours elles<br />

ne turent pas présentées a la cour. KHOU.NG-TSEI: s éloigna<br />

lparée que sa présenre gênait la cou ri.<br />

5. I.,


210 LE LUN-YU,<br />

sa ruine, et il ne se trouve personne pour le changer, le<br />

réformer ! Et vous,, vous êtes le disciple d'un maître qui<br />

ne luit ([ne les hommes jqni ne\»aileul pas remployer 1 |.<br />

Pourquoi m i vous laihs-vous pas le disciple des maîtres<br />

qui fuient le sire le jeun une nous; ? — Kf le laboureur<br />

continua à ailier s*ai grain.<br />

Ts(Vi-(mj alla rapporter ee qu'on lui avait dit. Le Philosophe<br />

s ceria en soupirant : Les oiseaux et les quadrupèdes<br />

ne peuvent se réunir pour vivre ensemble : si je<br />

n'avais pas de tels hommes pour disciples, qui aurais-je ?<br />

; quel est votre* maître ? lin même temps il<br />

planta son bâton en terre», et s'occupa à arracher des<br />

racines.<br />

/SHO (ou. joignit les mains sur si poil ri tic en signe de<br />

respect, et se tint debout près fin vieillard.<br />

(le dernier retint Tten-lmi avec lui pour passer la nuit.<br />

Il tua une poule, prépara on petit repas, et lui offrit à<br />

u un mer. 11 lui présenta ensuite >v< deux tils.<br />

Le lendemain, lorsque le jour parut, T&'u-luit se mît<br />

en route pour rejoindre son maître, et I inslrnîre de ce<br />

qui lui était arrivé. Le Philosophe dil : L'est un solitaire<br />

,Iï11 \ j| dans la retraite, lî fit ensuite retourner 'fsen-lou<br />

pour le \oit\ Mais lorsqu'il arriva, le vieillard eîaît parti<br />

latin de dérober ses I races j.<br />

Ts'-u-fùtt dit ; Ne pas accepter d'emploi public est contraire<br />

à la justice. Si on se iaii une loi de ne fias violer<br />

Tordre des rapports qui existent entre les di lièrent s agis;.


OU LES ENTMET1ENS PHILOSOPHIQUES. 241<br />

comment serait-il permis de violer la loi de justice, bien<br />

plus importante, qui existe entre les ministres et le<br />

prince *? Désirant conserver pure sa personne, on porte<br />

le trouble et la contusion dans les grands devoirs sociaux.<br />

L'homme supérieur qui accepte un emploi public remplit<br />

son devoir. Les principes de la droite raison n'étant pas<br />

mis en pratique, il le sait [et il s'efforce d'y remédier].<br />

8. Des hommes illustres sans emplois publics furent<br />

Pe-y, Chou4hêi (prince de Kou-tchuu), Yu-tchoung (le<br />

même que Taï-pé, <strong>du</strong> pays des Man ou barbares <strong>du</strong> midi),<br />

Y-ye9 TchêU'tchang, Lieou-hia-hoeï et Ckao-iien (barbares<br />

de Test).<br />

Le Philosophe dit : N'abandonnèrent-iSs jamais leurs<br />

résolutions, et ne déshonorèrent-ils jamais leur caractère,<br />

Pe-y et Chou-thsif On dit que Lieou-ftia-hwï et Chaolien<br />

ne soutinrent pas jusqu'au bout leurs résolutions, et<br />

qu'ils déshonorèrent leur caractère. Leur langage était<br />

en harmonie avec la raison et la justice, tandis que leurs<br />

actes étaient en harmonie avec les sentiments des hommes.<br />

Mais en voilà assez sur ces personnes et sur leurs<br />

actes.<br />

On dit que Yu-tchoung et Y-ye habitèrent dans le<br />

secret de la solitude, et qu'ils répandirent hardiment<br />

leur doctrine. Ils conservèrent à leur personne toute<br />

sa pureté ; leur con<strong>du</strong>ite se trouvait en harmonie<br />

avec leur caractère insociable, et était conforme à la<br />

raison.<br />

Quant à moi, je diffère de ces hommes ; je ne dis pas<br />

d'avance : Cela se peut, cela ne se peut pas.<br />

s Si l'homme a des devoirs de famille à remplir, il a aussi des<br />

devoirs sociaux plus importants, et auxquels il ne peut se soustraire<br />

sans faillir; tel esi celui d'occuper des fonctions publiques lorsque<br />

Ton peut ôîre utile à son pays. C'est manquer à ce devoir que de<br />

s'éloigner de la vie politique et de se retirer dans la retraite lorsque<br />

ses services peuvent être utiles. Voilà la pensée d'un philosophe chinois,<br />

qui avait à combattre des sectateurs d'une doctrine contraire^<br />

Voyez notre édition <strong>du</strong> livre de la Raison suprême et de la Vertut<br />

<strong>du</strong> philosophe LAO-TSEU, le contemporain de KIIOI'.NG-TSEU.


212 LE Ll'K-YU,<br />

9. L'intendant en chef de la musique de l'État de Lou,<br />

nommé Tchi, se réfugia dans l'État de TAsi.<br />

Le eiirf de la seconde tahli'u» ou trini|»*.% Kan, se réfu­<br />

gia dans i Liai de 7V \\r< ressentiments < la sis le eeeur de ses grands<br />

fonctionnaires, en ne \oulant pas s» 1 servir d'eux; il ne<br />

re i u>{ i >M ' pas. s 111> d e gi -a v es mollis, I es a ne le u i les fa il) ï 11 * ! s<br />

de digni ianes, el il n exige pas î ou les sortes de talents et<br />

de ser\ ev- d en son! homme.<br />

11. Les i aueiens I Tc/f(>a avaienl Ituit hommes aeeou~<br />

plîsl e"e!aieuî /'/:-/", Pc-k


01' LES ENTRETIENS PHILOSOPHIQUES. 213<br />

gue sa vie à la vue <strong>du</strong> danger. S'il voit des circonstances<br />

propres à lui faire obtenir des profits^ il médite sur la<br />

justice et le devoir. En ollrant un sacrifice, il médite MIT<br />

le ii *sf H *el et la lira vile, qui en sont inséparables, VAX accomplissant<br />

(les cérémonie:-, funèbres, il médite sur ies<br />

sentiments de regret et de douleur qu'il épreuve. Ce sont.<br />

la les devoirs qif il se piait à remplir.<br />

2. Tsvii-tdi'utg dit : Ceux qui embrassent, la vertu sans<br />

lui donner une un développement ; qui ont su acquérir la<br />

connaissance des principes de la droite raison sans pouvoir<br />

persévérer dans sa pratique : qu'importe au monde<br />

que ees hommes aient existé ou qu'ils» n'aient pas existe?<br />

o. Ces disciples de /se//-///'/demandèrent a Tseu-frfuoii)<br />

ce que celait, que. Fan ii fie ou l'association des amis. l>v/~<br />

tchjirnj dit : OtiVn pense votre maître Twin-hin? ! Les disciples<br />

t répondirent avec respect : T^-n-ltin dit que ceux<br />

qui peuvent se lier utilement parles liens de l'amitié s'associent,<br />

et que ceux, dont l'association serait nuisible ne<br />

s'associent pas. TMH-tcluiiuj ajouta : Cela diffère de ce que<br />

j'ai enten<strong>du</strong> dire. J'ai appris que l'homme supérieur honorait<br />

les sages et embrassait dans son a Élection toute la<br />

multitude; qu'il louait hautement le- hommes vertueux.<br />

et avait pitié de «/eux qui ne l'étaient pas. Suis-je un<br />

grand sage: pourquoi, dans mes relations avec les hommes,<br />

n'aurais-jepasune bienveillance commune pour loits?<br />

Ne. suis-je pas un sage: les hommes sages jdans votre<br />

svstemej nu* repousseront. S'il en est ainsi, pourquoi repousser<br />

de soi certains bon unes.?<br />

•i. / scri • hi.n dit : H uoi q u e cerî aines p ro t < 'ssî « a is d e fa<br />

\îe soient humbles 1 , elles sont cependant \eritablemen!<br />

«lignes de considération. Néanmoins, si eia.i\ qui suivent<br />

ces professions veulent, parvenir a ce qn il y a de plus<br />

éloigne de leur état -, je rrains qu'ils ne puisse ni réussir,<br />

1 Ciinane «'t'Ucs *l* s hbntuvur. j:uxlii}i«.T, mr-'irciu, rto.<br />

i (S.ti)iar }«' :>«.U\rrn.«!i|.«ia >1«1 )'-..y:.iMIU>- !•» p.i'-liii-'HïoJl * i * - I • -io


214 LE LUN-YU,<br />

C'est pourquoi l'homme supérieur ne pratique pas ces<br />

professions inférieures.<br />

5. Tseu-hia dit : Celui qui chaque jour acquiert des<br />

connaissances qui lui manquaient, et qui chaque mois<br />

n'oublie pas ce qu'il a pu apprendre, peut être dit aimer<br />

l'étude.<br />

6. Tseu-hia dit : Donnez beaucoup d'éten<strong>du</strong>e à vos<br />

études, et portez-y une volonté ferme et constante. Interrogez<br />

attentivement, et méditez à loisir sur ce que vous<br />

avez enten<strong>du</strong>. La vertu de l'humanité, la vertu supérieure<br />

est là.<br />

7. Tsm-hia dit : Tous ceux qui pratiquent les arts manuels<br />

s'établissent dans des ateliers pour confectionner<br />

leurs ouvrages; l'homme supérieur étudie pour porter à<br />

la perfection les règles des devoirs.<br />

8. Tseu-hia dit : Les hommes vicieux déguisent leurs<br />

fautes sous un certain dehors d'honnêteté.<br />

9. Tseu-hia dit : L'homme supérieur a trois apparences<br />

changeantes : si on le considère de loin, il parait grave,<br />

austère; si on approche de lui, on le trouve doux et affable;<br />

si on entend ses paroles, il paraît sévère et rigide.<br />

10. Tseu-hia dit : Ceux qui remplissent les fonctions<br />

supérieures d'un État se concilient d'abord la confiance<br />

de leur peuple pour obtenir de lui le prix de ses sueurs;<br />

s'ils n'obtiennent pas sa confiance, alors ils sont considérés<br />

comme le traitant d'une manière cruelle. Si le peuple<br />

a donné à son prince des preuves de sa fidélité, il peut alors<br />

lui faire des re<strong>mont</strong>rances; s'il n'a pas encore donné des<br />

preuves'de sa fidélité, il sera considéré comme calomniant<br />

son prince.<br />

i 1. Tseu-hia dit : Dans les grandes entreprises morales,<br />

ne dépassez pas le but ; dans les petites entreprises morales,<br />

vous pouvez aller au delà ou rester en deçà sans de<br />

grands inconvénients.<br />

12. Tseu-yeou dit : Les disciples de Tseu-hia sont de<br />

petits enfants ; ils peuvent arroser, balayer, répondre respectueusement<br />

se présenter avec gravité et se retirer de


OU LES ENTRETIENS PHILOSOPHIQUES. 215<br />

même. Ce ne sont là que les branches ou les choses les<br />

moins importantes; mais la racine de tout, la chose la<br />

plus importante. leur manque complètement. ! , Oue faufî<br />

1 do n o | >("• user d e 1e 11 r M * i c 11 < • < » ?<br />

T$eu-hit.ii ayant enten<strong>du</strong> ces paroles, dît : Oh î }iwî/eoeexeède<br />

les bornes. Dans renseignement des doctrines<br />

de l'homme supérieur, que doit-on enseigner d'abord.<br />

que doit-on s'efforcer d'inculquer ensuite? Par exejnple,<br />

parmi les arbres et les plantes, il y a diHercules classes<br />

qu'il faut distinguer. Dans renseignement des doelrines<br />

de l'homme stipcrieiir, comment se laisser aller a la déception?<br />

Cet. enseignement a un commencement et niic*<br />

lin; c'est celui <strong>du</strong> saint homme,<br />

13. TSPU -Jt ia é i1 ; Si j >e 11 d ; t ri I cj ne l'on oe e u pe un emploi<br />

public on a <strong>du</strong> temps cl des forces de reste, alors on<br />

doit s'appliquer à l'étude de ses devoir,,; quand un étudiant<br />

est arrive an point d'avoir <strong>du</strong> temps et des Jurées de<br />

reste, il doit alors occuper un emploi public»<br />

l-i, Tseu-yeou dit : Lorsqu'on est eu deuil de ses père<br />

et. ru ère, on doit porter 1 expression de sa douleur à ses<br />

dernières limites, ci s'arrêter là.<br />

i 5, Tse u - if vo u dit : Mon a mi 7 c/t un // se jette toujours<br />

flans les plus difficiles entreprises; cependant il ira pas<br />

encore pu acquérir la vertu de l'humanité.<br />

1 i). 7 Itsfht (j-t$i:m\\\: U \ i e 7 chat i // a I a c u ri I e 111 u i c e


216 LE Ll'N-YC,<br />

très vertus ; mais^ après la mort de son père^ il ne changea<br />

ni ses ministres ni sa manière de gouverner; et 1 c'est en<br />

cela qu'il est difficile à imiter.<br />

1 ! I. Lorsque . î /c n g - c // ' t .I/?/ ntj-t c h ou an g - i se iti n on i i ï i a<br />

} a f t g - fa n ministre de la i 11 s I i r c * , l'an g - fou e f i il su 11 a<br />

TI>svHif^$i'a ( son ma if iv ] sur la manière dont il devait se<br />

roi ahuri 1 . ï'hsthig-tsïu dit : Si les supérieurs qui gouvern-'iil<br />

perdent la voie de la justice et <strong>du</strong> devoir, le peuple<br />

se détache également <strong>du</strong> devoir et perd pour longtemps<br />

Italie soumission. Si vous aeqtiérez la preuve qu'il a<br />

de tels sentiments de révolte rontre les lois, alors ayez<br />

compassion de lui» prenez-le en pitié et ne vous en réjouisse/<br />

jamais.<br />

20. 1 !sv- (i-knuïiij dit : La j a -r v e r s i 11 » ( i e C 7/ en «- ( s /?i ) 11 e f 11<br />

pas aussi ex t renie qu'en Fa rapporté, (l'est pour cela que<br />

l'homme supérieur doit avoir en h erreur de demeurer<br />

dans des lieux immondes: tons les vices et les erïi nés possibles<br />

lui seraient imputés.<br />

2 1. ? se u - kt i v. -tifj i\\\ ; L e s e r t'e n rs d e V11 o 111 m e si i pé ri e 11<br />

sont connue


OU LES ElïtilïiUS PHILOSOPHIQUES. 217<br />

de Lou], s'entretenant avec d'autres dignitaires <strong>du</strong> premier<br />

ordre à la cour <strong>du</strong> prince* dit : Tseu-koung est bien supérleor<br />

en sagesse à îchoungrni.<br />

7 seu-fou, d u ran g de Ki ng -pe [ gr an c 1 tî i g n i I i i ï r e clef Ë f a t<br />

de Lou] y en in tonna Tseu-koung, Tset.i-h.nmf/ dit ; Fournie<br />

servir de la e oui parai son d'un palais et de ses murs,<br />

moi S se, je ne suis qu'un nmr qui atteint a peine aux<br />

épaules ; mais si vous considérez attentivement tout l'édifice,<br />

vous le trouverez ad ni irai île.<br />

Les murs de L'édifice rie ni on maître sont très-élevés.<br />

Si vous ne parvenez pas à en franchir la porte, vous ne<br />

pourrez contempler tonte la beauté <strong>du</strong> temple des ancêtres,<br />

ni les richesses de toutes les magistratures de<br />

l'État.<br />

Ceux qui parviennent à franchir cette porte sont quelques<br />

rares personnes. Les propos de mon supérieur<br />

[ Wou-chou relativement à KIIOI;N


218 il LL'H-TC,<br />

Notre maître ne peut pas être atteint [dans "son intelli­ •lî— 1<br />

gence supérieure]; il est comme le eiel^ sur lequel on*ne<br />

peut <strong>mont</strong>er, même avec les plus liantes échelles.<br />

Si notre maître tih!F. M .MWICLES.<br />

I. î no dit : 0 Chun! le ciel a résolu que la succession<br />

de la dynastie impériale reposerait désormais sur votre<br />

personne. Tenez ton jours terme! lient et sincère ri lent le<br />

milieu de la droite voie. Si les peuples qui sont situés<br />

entre les quatre mers soullrent de la disette et de la<br />

misère, les revenus <strong>du</strong> prince seront à jamais supprimés.<br />

Chun confia aussi un semblable mandat à ! w. [Celui<br />

-c i | d i t : Moi humble e t. j>a iivre L /, t o n t ce q ue j "ose,<br />

c'est de me servît** d'un taureau noir [dans les sacrifices];<br />

tout, ee que j'ose, c'est d'en instruire l'empereur sonverain<br />

et auguste. S'il a coi un lis des fautes, rr'osé-je [moi,<br />

M ai ministre j l'en blâmer? Les ministres naturels de<br />

l'empereur [les sages de l'empire 1 ] ne sont pas laisses<br />

dans robscurile; ils sont tous en évidence dans le cœur<br />

de l'empereur. Ma pauvre personne a beaucoup de défauts<br />

(pii ne son! pas connu nus [au\ sages] des quatre<br />

régions de l'empire. Si les [sages] des quatre régions de<br />

1 Commentaire.<br />

tWëmr^^


OU LES ENTRETIENS PHILOSOPHIQUES. 219<br />

l'empire ont des défauts^ ces défauts existent également<br />

•dans ma pauvre personne.<br />

Tckeou (Wou-wang) eut une grande libéralité; les<br />

hommes vertueux furent à ses yeux les plus «Vuineufs.<br />

lit disait : ] IJuoiqne Ton ait des parents très-proches<br />

[connue îles fils et des petits-fils], il » est rien mituIndes<br />

hommes doués de la vertu de l'huma ni le l ! je \oufi<br />

l'aï s que les fautes de tout le peuple retombassent sur<br />

moi seul,<br />

| Uvjtf-;/'.';////] donna beaucoup de soin et d'attention au\<br />

poids et mesures. Il examina les lois et les conslitutions,<br />

rétablit dans leurs emplois les nntgisfniïs qui en avaient<br />

été juives, et l'administration des quatre parties de l'empire<br />

fut reluise en ordre,<br />

II releva fe> royaumes détruits [il les rétablit et h s<br />

rendit à leurs anciens possesseurs 2 ); il renoua le fil des<br />

générations interrompues | il donna des rois aux royaumes<br />

qui n'en avaient plus :i t; il rendit leurs honneurs à ceux<br />

qui a v a i e n t é 1t ) t: x i l é s. I... es po pu 1 a t i o n s d e rempile re \ i n -<br />

n n 11 d ' e 11 es- m é i n e s s e so tiiiitrllre* a lui.<br />

(le qu'il regardait comme de plus digne d'attention et<br />

de plus important, e'ètail l'entretien <strong>du</strong> peuple, les lunérailles<br />

et les sacrifices aux ancêtres.<br />

Si vous avez de la générosité et de la grandeur d'àmo,<br />

alors vous vous gagnez la foule; si vous avez de la sine<br />

e i - i ! é e t de la d ro i 111 re, a 1 < > r s 1. e | >e 1.1 p I e se confie à vous;<br />

si vous êtes actif et vigilant, alors toutes vos allaires ont<br />

< i ' h i* 11 r t ' n x résultats; si v o 11 s po r I. « • z 11.11 égal i 11 (. é té i a t < > 11<br />

le monde, a I or* s 1 e peuplées! d a n s I a j o i e.<br />

% 2. 'imt-tchnng fit une question à liiioexo-TSEli en t*^<br />

termes ; (loiuni*ait pensez-vous que i on doive diriger les<br />

affaires de l'administration publique? Le Philosophe dit ;<br />

1 Chapitre Tefi-tchi, <strong>du</strong> Chourking. Voyez la tra<strong>du</strong>ction que nous<br />

en- avons publiée dans les Livre* sacrés de l'Orient. Paris, F. Didoî,<br />

1840.<br />

« Commentaire»<br />

* IbM.


2$0 LE LUN-Yt,<br />

Honorez les cinq choses excellentes % , fuyez les quatre<br />

mauvaises actions 8 : voilà comment vous pourrez diriger<br />

les affaires de l'administration publique. Tseu-tekùng<br />

dit : Qu'appelez-vous les cinq choses excellentes! Le<br />

Philosophe dit : L'homnie supérieur [qui commande aux.<br />

autres] doit répandre des bienfaits, sans être prodigue ;<br />

exiger des services <strong>du</strong> peuple, sans soulever ses haines;<br />

désirer des revenus suffisants, sang s'abandonner à<br />

l'avarice et à la cupidité ; avoir de la dignité et de te<br />

grandeur, sans orgueilleuse ostentation* et de te majesté<br />

sans rudesse.<br />

Tseu-tchang dit : Qu'entendez-vous par être bienfaisant<br />

sans prodigalité? Le Philosophe dit : Favoriser continuellement<br />

tout ce qui peut procurer des avantages au<br />

peuple, en lui faisant <strong>du</strong> bien, n'est-ce pas là être bienfaisant<br />

sans prodigalité? Déterminer, pour les laire exécuter<br />

par le peuple, les corvées qui sont raisonnablement<br />

nécessaires^ et les lui imposer : qui pourrait s'en indigner!<br />

Désirer seulement tout ce qui peut être utile à l'humanité,<br />

et l'obtenir, est-ce là de la cupidité? Si l'homme<br />

supérieur [ou le chef de l'État] n'a ni une trop grande<br />

multitude de populations, ni un trop petit nombre; s'il<br />

n'a ni de trop grandes ni de trop petites affaires; s'il<br />

n'ose avoir de mépris pour personne : n'est-ce pas là le<br />

cas d'avoir de la dignité sans ostentation? Si l'homme supérieur<br />

compo» régulièrement ses vêtements^ s'il met<br />

de la gravité et de la majesté dans son attitudes sa contenance,<br />

les hommes le considéreront avec respect et vé*<br />

nération ; n'est-ce pas là de la majesté sans rudesse!<br />

Tseu-tchang dit : Qu'entendez-vous par les quatre mauvaises<br />

actions? Le Philosophe dit : C'est ne pas instruire<br />

le peuple et le tuer [moralement, en le laissant tomber<br />

* « Ce sont des choses qui procurent des avantages au peuple. »<br />

{Commentaire.)<br />

1 « Ce sont celles qui portent un détriment au peuple* »<br />

{Commentaire.)


OU LES ENTBBTIBNS PHILOSOPHIQUES. 221<br />

dans le mal *] : on appelle cela cruauté ou tyrannie ; c'est<br />

ne pas donner des avertissements préalables^ et vouloir<br />

^ exiger une con<strong>du</strong>ite parfaite : on appelle cela violence,<br />

' oppression ; c'est ciifïèrer do do1111er ses on 1res, eî vouloir<br />

rexécution d'une chose aussitôt qu'elle est résolue : on<br />

appelle cela injustice grave; de met ne que, dans ses rapports<br />

journaliers avec les hommes, monfïw une sordide<br />

avarice,, on appelle cela se comporter connue un collecteur<br />

d'impôts.<br />

3. Le Philosophe dit : Si l'on ne se croit pas chargé de<br />

rem pi i r m le niissï on, u n m and a f, « m ne pe 111 pas ê I re considéré<br />

connue un homme supérieur.<br />

Si l'on ne connaît pas les rif


7 1 . ï<br />

MENG-TSEU,<br />

QUATRIÈME LIVRE CLASSIQUE.<br />

PREMIKK 1.1 VUE.<br />

CIIAlMTIiK PREMIER,<br />

OUll'OSK i*f-; ~ A HTK:!.!•>.<br />

•1. MENTI-TSEI; alla visiter lIoeMcang, prince de la ville<br />

cit.* Litnhj jt\f{ de l'Klat de Met ! j.<br />

Le-roi lui dit ; Sage vénérable, puisque vous n'avez pas<br />

juge que la distance de mille // [cent lienesj fût trop longue<br />

peur vous rendre à nia cour, sans doute que vous<br />

m'apportez de quoi enrichir mon royaume?<br />

MEW^TSEI: répondit avec respect : Roi! qu'est-il besoin<br />

11 e }') a i • I e r de ga i 11 s ou de f 11 *o fils?] * a pi >or I e avec m o i l'humanité,<br />

la justiee; et voilà fout,<br />

Si le roi dît : Comment ferai-je pour enrichir mon<br />

royaume? les grands dignitaires diront : Comment ferons-<br />

1 Petit Élat de la Chine à l'époque de MENG-îSEU, et dont la capitale<br />

se nommait Ta-liang ; de son vivant, ce prince se nommait<br />

Wm-yng ; après sa mort, on le nomma Liang-hqeï-wang, roi bienfaisant<br />

de îa ville de Liang. Selon le Li-taï-ki-sse, il commença à<br />

régner la G e année ûê Lie-wang des Tchéou, c'est-à-dire 370 ans<br />

avant notre ère. Son règne <strong>du</strong>ra dix-huit ans, La visite que lui fit<br />

MENG-TSED <strong>du</strong>t avoir lieu (d'après le { 5 de ce chapitre, p. 227)<br />

après la 9® année de son règne ou après la 362 e année qui a précédé<br />

notre ère.


llNG-TSEt 1 . 223<br />

nous pour enrichir nos familles! Les lettrés et les hommes<br />

<strong>du</strong> peuple diront : Comment ferons-nous pour nous enrichir<br />

nous-mêmes? Si les supérieurs et les inférieurs se<br />

disputent ainsi a cpiî obtiendra le plus de richesse.-., le<br />

royaume se trouvera en danger. I*aus en rovanme de dix<br />

mille chars de guerre, eehtt qui net roue en lue son pliure<br />

doit être le ehef d'une famille de nulle chars de unerre L<br />

Dans mi royaume de mille eltam de guerre, relui qui détrône<br />

ou fia» son prince doji être le eliel d'une famille de<br />

cent chars de guerre -. Ile dix mille prendre mille, et de<br />

mille prendre était , ee nVsf pas prendre une petite portion<br />

:j , Si en plaee en second lieu lu justice, et en premier<br />

lieu le «juin on le prulti, tan! que [ les supérieurs] ne seront<br />

pas renversés et dépouillés, des intérieurs! ne seront<br />

pas satisfaits.<br />

Il nVst jamais arrive que relui qui possède, véritablement<br />

la vertu de fîiurnatule abandonnât ses parents [^s<br />

|)ere et mère]; il n'est jamais arrive que l'homme juste et<br />

équitable fif peu de ra> de >nn prînee,<br />

lk)L parlons, en ellèLde l'humanité et de la justice ; rien<br />

que de cela, A quoi bon parier de gain> f, t de pmiils?<br />

2. Mou-TSEl étant aile \wir nu autre jour II>K i-w-r.n


224 MENG-YSHL<br />

« II commence ( Wcn-ivang) par esquisôer le plan de ta<br />

« tour de l'Intelligence [observatoire] ;<br />

« Il l'esquisse, il en trace le plan, et on l'exécute ;<br />

ce La foulé <strong>du</strong> peuple, en s'occitpant de ces travaux,<br />

te Ne met pas une journée entière à l'achever.<br />

Aï En commençant de tracer le plan, ( Wou-wang) dé-<br />

« fendait de se hâter;<br />

ce Et cependant le peuple accourait à l'œuvre Comme'<br />

« un fils.<br />

« Lorsque le roi ( Wou-wang) se tenait dans le pure dé<br />

ce l'Intelligence,<br />

« Il aimait à voir les cerfs et les biches se reposer en<br />

ce liberté, s'enfuir à son approche;<br />

« Il aimait à voir ces cerfs et ces biches éclatante de<br />

ce force et de santé,<br />

ce Et les oiseaux blancs, dont les ailes étaient resplen-<br />

« dissantes.<br />

« Lorsque le roi se tenait près de l'étang de l'IntelU»<br />

ce gence,<br />

ce II se plaisait à voir la multitude des poissons, dont II<br />

ce était plein, bondir sous ses yeux. »<br />

Wen-wang se servît des bras <strong>du</strong> peuple pour construire<br />

sa tour et pour creuser son étang ; et cependant le peuple<br />

était joyeux et content de son roi. Il appela sa tour la<br />

Tour de l'Intelligence [ parce qu'elle avait été construite<br />

en moins d'un jour f ] ; et il appela son étang l'Étang de<br />

l'Intelligence [ pour la même raison]. Le peuple se réjouissait<br />

de ce que son roi avait des cerfs, des biches, des pois*<br />

sons de toutes sortes. Les hommes {supérieurs] de l'antiquité<br />

n'avaient de joie qu'avec le peuple, que .lorsque le<br />

peuple se réjouissait avec eux ; c'est pourquoi ils pouvaient<br />

véritablement se réjouir.<br />

Le Tchang-tchi 1 dit : « Quand ce soleil périra > nous<br />

ce périrons avec lui. » Si le peuple désire périr avec lui,<br />

* Commentaire,<br />

1 Chapitre <strong>du</strong> Chou king. Voyez la note ei-devanî, p. 210.


MEKG-TSBU. H5<br />

quoique te roi ait une tour, un étang, des oiseaux et des<br />

bêtes fauves, comment pourrait-il se réjouir seul?<br />

3. Hot'ï-tcnny r e s se s< ait me 1 e! s ;<br />

abandonnant leurs boucliers et traînant leurs armes , les<br />

uns fuient ; on certain nombre d'entre eux t'ont cent pas<br />

et s'arrêtent, et un certain nombre d autres font cinquante<br />

pas et s'arrêtent ; si ceux qui n'ont fui que de cinquante<br />

pas se moq ne n t de ee u x q u i on t f u i d e c e nt, q u V n penserez-vous?<br />

[Le roi] dit : Il ne leur est pas permis de railleries<br />

autres; ils n'ont fait que fuir moins de cent pas. C'est<br />

également fuir. [MLNG-TSEI'] dit : Roi, si vous savez cela,<br />

alors n'espérez pas voir la population de votre royaume<br />

s'acc roître plus q ue ce! I e de s ro va u m es voisins.<br />

Si vous n'intervenez point dans les a Maires des laboureurs<br />

en les enlevant, par des corvées forcées, aux. travaux<br />

de chaque saison, les récoltes déliasse roi if la consommation.<br />

Si des filets à tissu serre ne sont pas jet es dans les<br />

étangs et les viviers, les poissons de diverses sortes ne


226 MENG-TSEU.<br />

pourront pas'ôtre consommés. Si vous ne portez, la hache<br />

dans les iorêts que dans les temps convenables* il y aura "<br />

toujours <strong>du</strong> bois en abondance. Ayant plus de poissons<br />

qu'il n'en pourra être consommé* et plus de bois qu'il n'en<br />

sera employé* il résultera de là que le peuple aura de quoi<br />

nourrir les vivants et offrir des sacrifices aux morts; alors<br />

il ne murmurera point. Voilà le point fondamental d'un<br />

bon gouvernement.<br />

Faites planter des mûriers dans les champs d'une famille<br />

qui cultive cinq arpents de terre, et les personnes<br />

âgées pourront se couvrir de vêtements de soie. Faites<br />

que l'on ne néglige pas d'élever des poules* des chiens 1<br />

et des pourceaux de toute espèce* et les personnes âgées<br />

de soixante et dix ans pourront se nourrir de viande.<br />

N'enlevez pas* dans les saisons qui exigent des travaux assi<strong>du</strong>s*<br />

les bras des familles qui cultivent cent arpents de<br />

terre* et ces familles nombreuses ne seront pas exposées,<br />

aux horreurs de la faim. Veillez attentivement à ce que les<br />

enseignements des écoles et des collèges propagent les<br />

devoirs de la piété filiale et le respect équitable des jeunes<br />

gens-pour les vieillards* alors on ne verra pas des hommes<br />

à cheveux blancs traîner ou porter de pesants fardeaux<br />

sur les grands chemins. Si les septuagénaires portent des<br />

vêtements de soie et mangent de la viande* et si les jeunes<br />

gens à cheveux noirs ne souffrent ni <strong>du</strong> froid ni de la faim,<br />

toutes les choses seront .prospères. Il n'y a pas encore eu<br />

de prince qui* après avoir agi ainsi* n'ait pas régné sur le<br />

peuple,<br />

Mais* au lieu de cela* vos chiens et vos pourceaux dévorent<br />

la nourriture <strong>du</strong> peuple * et vous ne savez pas y<br />

remédier. Le peuple meurt de faim sur les routes et les '<br />

grands chemins* el vous ne savez pas ouvrir les greniers<br />

publics.'Quand vous voyez des hommes morts de faim*<br />

vous dites : Ce ri'est pas mafuute, &ést celle de la stérilité<br />

1 H y a en Chine des chiens que l'on mange ; Ton peut en voir au<br />

jardin des Plantes de Paris.


MEN€-TSEU. • mi<br />

de la terre. Cela diffèrc-t-ii tfun homme qui, ayant percé<br />

un autre homme de son glaive, dirait ; Ce n est iios >//o/,,<br />

c est mon e/ac/ Ne rejetez pas la faute sur lis intempéries<br />

dos saisons, et les populations de l'empire viendront à<br />

vous pour recevoir dos soulagements a ira tes misères.<br />

•t. Hovï-icung de jLâaa/ dit : Moi, homme de peu de<br />

vertu, je désire sincèrement suivre vos leçons,<br />

MENU-TSEC ajouta a\vc respect ; Tuer un homme avec<br />

tin bâton ou avec une épée, trouvez-vous à cela quelque<br />

dîflereiïee?<br />

Le roi dit : Il n'y a aucune diflerenee, — Le- tuer avec<br />

une epée ou avec- u» mauvais gouvernement , y trouvezvous<br />

de la di Hère née?<br />

Le roi dit : Je n'y trouve aucune di H ère née. | Mou-<br />

TSEI'I ajouta ; Vos cuisines regorgettf de viandes, et vos<br />

écuries sont pleines de chevaux engraissés. Mais le visage<br />

décharné, <strong>du</strong> peuple <strong>mont</strong>re la pâleur de la taint , et les<br />

campagnes sont couve il es ùv>^ cadavres île personnes<br />

mortes de misère. Agir ainsi, e est exciter des bêtes féroces<br />

à dévorer les hommes.<br />

Les bel < «s I e roi -es se < 1 e v o ri i n t e n t iv e l les e I soi J t en 11 orreur<br />

aux hommes. V ous devez gouverner et vous con<strong>du</strong>ire<br />

dans l'administration de i'Kiat comme étant le père et la<br />

mère <strong>du</strong> peuple. Si vous ne \us dispensez pas d'exciter<br />

lesbetes féroces a dévorer les hommes, eoinmeut pourriezvous<br />

être considéré, comme le père et la mère <strong>du</strong> peuple?<br />

loua M';-NI a dît : « Les premiers qui façonnèrent des<br />

statues ou mannequins de bois I pour les funéraillesi ne<br />

lurent-ils pas privés de postérité? » Le Philosophe disait<br />

cela, parce qu'ils avaient lait des hommes à leur image ,<br />

ot qu'ils les avaient employés plans les sacrifices]. Qu'aurait-il<br />

dit. de ceux qui agissent de manière à faire mourir<br />

le peuple de t'ai m et de misère?<br />

•>. Hftaï-wnnfj de Liofuj dit : Le royaunio de /Wa l<br />

n'avait |>as d égal en puissance dans tout l'empire, Sai.e<br />

1 ("rit» parité «lu niv.-iwn.' «L- Wd ;ip|».TO,\;iiin..<br />

.!


âti 1IEN€-TWU. *<br />

vénérable, c'est ce que Youê saveï fort bien. Lorsqu'il<br />

tomba en partage à ma ehétive personne , aussitôt à l'orient<br />

je» lus détail par le roi de Thsi} et mon fils ai né périt.<br />

A roen.derit, j'ai per<strong>du</strong> dans une guerre contre le roi de<br />

Thsiii sept eenfs li de territoire L Au midi j*ai reeu un<br />

affront <strong>du</strong> roi de Tlmm, Moi, homme de peu de vertu, je<br />

roi i g i s ( 1 e e es < 1 e fa i t e s. J e v o i td r a i s, po ur 1 li o n n e 11 r de ce u x<br />

qui sont- morts, effarer en une seule fois tontes ces ignominies,<br />

tj u e ( I i ) i s-j e h i î r e p ou r ee 1 a ?<br />

MEM«~TSEti répondit respectueusement : Avec un territ<br />

oi re 11 < » cent / i d *ef ei ici u e | d ix 1 î eues], on peu t cependan t<br />

pa r v e n ï r à r égn e r e n so n ve ra in.<br />

Roi, si votre gouvernement est humain et bienfaisant<br />

j loi i r I e j M a i p I e, si v o 11 s d i m i n u ez 1 es pc i nés et 1 es su pp 1 i ces,<br />

si vous allégez les impôts et les tributs de toute nature, les<br />

I al )o u r eu rs si 11 o 11 n e ron t p lus pr ( > f mu léi i îe n 11 a t erre, e t arracheront<br />

la zizunic de leurs champs, deux qui sont<br />

jeun*'S et forts, clans leurs jours de loisir, cultiveront en<br />

e u x I es v er Ui s de 1 a p i é t é f i i i a ! e, de I a d é I < » re n ce en v ers 1 e u rs<br />

frères aînés, de la droiture et de la sincérité, A l'intérieur,<br />

ils s'emploieront à servir leurs parents; au dehors,<br />

ils s'emploieront à servir les vieillards et leurs supérieurs.<br />

Vous pourrez alors parvenir à leur faire saisir leurs bâtons<br />

pour frapper les <strong>du</strong>rs boucliers et les armes aiguës<br />

des l ion unes i le Thsin e I < le 7 Vtsoit.<br />

Les rois de ces Etats dérobent à leurs peuples le temps<br />

le plus précieux, en les empêchant de labourer leur terre<br />

et d'arracher livrait» de leurs champs, afin de pouvoir<br />

nourrir leurs pères et leurs in ères. Leurs pères et leurs<br />

mères soutirent <strong>du</strong> froid et. de la faim ; leurs frères, leurs<br />

femmes et leurs enfants sont séparés l'un de l'an Ire et dispe<br />

l'ses c 1 e t oi i s e o t é s 11 >o 11 r e h e i r 1 ï e r 1 e u r n o n r r î t u re ].<br />

Ces i'( as e»n t j nve i pi I é 1 e 11 rs peu pies clans u n abî me de<br />

misère en leur faisant souffrir toutes sortes de tyrannies.<br />

1 Cft t ; v«'nenu'ni eut lieu la S ,;> et la 0 e année <strong>du</strong> rqfûr de J!oel.<br />

itijiuj on -lr»'4 iKVi ans a va ni n^fre err.


JUNG-TSEl'. %m<br />

Prince, il YOWS marchei poui les combattre, quel est celui<br />

cl *e 111 re e u x q u i s ' o p pose r a i t à v < ) s cl c-sse î 11 s !<br />

C'est pourquoi il est dit : «Olui qui est humain n'a<br />

« pas d'ennemis. » Koi, je vous en prie, plus d'hésitation.<br />

V*. Mexi-'isicr alla visiter biany-tvany de Liany I til>: «lu<br />

roi preeedeiit j.<br />

En sortant de son audience, il îinl ce lana*atj;e it quel-<br />

C| i i es pe r>o unes : E111 e e u 11 si t î e r a 111 t. ! e 11 » i 11. j < • 11 e 111 i a i | ias<br />

trouve de ressemblance avec un prince; en l'approchant<br />

do près, je n'ai rien vu en lui qui inspirai le respect. Tout<br />

en l'abordant, il nia demandé : Comment taut-ils\ prendre<br />

pour consolider l'empire? Je lui ai répon<strong>du</strong> avee<br />

respect ; On lui donne de la stabilité par l'unité.— Qui<br />

pourra lui donner cette unité?<br />

4 ai lépon<strong>du</strong> avee respect ; Celui qui ne trouve pas de<br />

plaisir à tuer les homme* peut lui donner < elle unité.<br />

~- Qui sont ceux qui viendront se rendre à lui? —J'ai<br />

répon<strong>du</strong> avee respect : Uans tout l'empire il nVst personne<br />

qui ne vienne se soumettre à lui. Moi, connaissezvous<br />

ces champs de blé en herbe? Si» pendant la septième<br />

ou la huitième lune, il survient une sécheresse, alors ees<br />

blés se desseelient. Mais si dans l'espace immense <strong>du</strong> ciel<br />

se forment d'épais nuages,, et que la pluie tombe avec<br />

abondance, alors les ti^vs de Me, reprenant fie la vi~<br />

tmeur, se ledressent. Qui pourrait le> empêcher de se redresser<br />

ainsi? Maintenant ceux qui, dans tout ce ^rand<br />

empire, son! constitues les /xisteurs nVs hommes ! , il n'en<br />

est pas un qui ut; se plaise a faire tuer les hommes. S'il<br />

s'en trouvait parmi eux un sent qui n'ai mal pas à faire<br />

tuer les hommes, alors toutes les populations de rem pire<br />

tendraient vers lui Iciux bras, et n "espéreraient plus qu'eu<br />

lui. Si ce que je dis est la vente, les populations vieilliront<br />

se refuuier >ous sou aile, semblables a ili k < Icrrents<br />

1 Jin-mou. ". (\v sont !r> |»rin«vs qui nourri-M-ut H t-n!rs-ie-iïneut<br />

' !j fié r (dénient : qui foie patiee ls*s jn-niiir-. a .


230 MENG-TSEU.<br />

qui se précipitent dans les vallées. Lorsqu'elles se. précipiteront<br />

comme un torrent^ qui pourra leur résister?<br />

7. Sîouan-wang, roi de fksi} interrogea MENG-TSEU en<br />

disant : Pourrais-je obtenir de vous d'entendre le récit<br />

des actions de IJouan, prince de Thsi, et de Wen, prince<br />

M Y. N r ; -1 -s K r ri» | x m ri if a \ e c r es p c e t : De t on s 1 os d i se i p I e<br />


MENG-TSEU. 231<br />

Le roi dit : Cela s'est passé ainsi.<br />

MENG-TSEU ajouta : Cette compassion <strong>du</strong> cœur suffit<br />

pour régner. Les eenf familles 'Joui le peuple eiiinois| ont<br />

toutes considère le roi» t la us celle occasion, comme uni<br />

par fies sentiiuenls d"avariée; niais votre serviteur savait<br />

t l'une rnatnere certaine que le roi était mil par nu setiftlïieril<br />

de compassion.<br />

Le roi dit : AsMirémonL Dans la realite, j'ai donné<br />

lieu au peuple de m*-croire înù par des sentiments d'a\ariee.<br />

dépendant. ({unique le m vanna' de 'I hsi s


232 ' MENG-TSEl*.<br />

Le roi* charmé de cette explication* dit : On lit dans le<br />

Livre des Vers :<br />

« Un autre homme avait une pensée ;<br />

« M u i, j e 1 * a i t le v i née, et 1 u i a i tlo un é sa 111 es» r e ! . »<br />

Maître» vous avez exprime ma pensée. J'avais fait cette<br />

action; i nais en y relire hissant à plusieurs reprises, et en<br />

cherchant les motifs qui m'avaient fait agir comme j'ai<br />

agi, je n'avais pu parvenir à m'en rendre compte intérieurement.<br />

Maître, en t n 'ex pli q 11 a n t ces 11i o t i f s » j'ai senti<br />

renaître en rnon cœur de grands mouvements de compassion.<br />

Mais ces mouvements <strong>du</strong> cœur, quel rapport ont-ils<br />

avec l'art de régner!<br />

ME.M;-TSEI' dit ; SU se trouvait un homme qui dît au<br />

roi : 31 es t urées soi il su 11 Isa n tes pour soulever un poids<br />

de trois mille livres, niais non pour soulever o ne pi tune;<br />

ma vue peut discerner le ni on veine ni de croissance de<br />

l'extrémité des poils (faut oui ne de certains animaux,<br />

niais elle ne peut discerner une voiture chargée de bois<br />

qui suit la grande route : roi, auriez-vous foi en ses paroles!<br />

— Le roi dit : Aucunement. — Maintenant vos<br />

bienfaits ont pu atteindre jusqua un animal, niais vos<br />

1) o n ne s o • u v r e s n * a r r* i v e 111 pas j u sq u ? a n x popu 1 at i ons.<br />

Quelle en est la e a n se ? (W p< * n t .1 a n t, s î ï 11 om m e ne so n le v e<br />

fias une plume, c'est parée qu'il ne fait pas usage de ses<br />

forces; s'il ne voit pas la voiture chargée de bois, c'est<br />

qu'il ne tait pi i s usa ge < 1 e sa fa e 11111» de v o i r ; si les populations<br />

ne reçoivent pas de vous des bienfaits, c'est que<br />

vous ne faites fias usage de votre* taenlte bienfaisante.<br />

C'est pourquoi, si un roi ne gouverne pas comme il doit<br />

gouverner [en comblant le peuple de bienfaits 2 J, c'est<br />

parc e q 1111 n e 1 e fa it \ \ a s, e t non pa r e e qu'il ne 1 e pe u i pas.<br />

Le roi dit ; En quoi dilièrent les apparences (lu mauvais<br />

gouverne me rit par mauvais vouloir ou par impu : s-<br />

SQNCe?<br />

* Ode Khiaouen, seclioe SiaiMjû.<br />

* Commentaire. i


MENG-TSEU. 233<br />

MEH€-TOEIJ dit : Si l'on conseillait à un homme de prendre<br />

sous son bras la <strong>mont</strong>agne Taï-chan pour Sa transporter<br />

clans 1 '0eéan septentrionaî, et qne eef hon111te dît ; Je<br />

ne le puis, on le croirait, parée qu'il dirait la vérité; niais<br />

si on lui ordonnait de rompre un jeune ntnteatt d'arbre,<br />

et qu'il dît encore : Je ne le puis, alors il y au ru if de sa<br />

part mauvais vouloir* et non impuissance. lie même, le<br />

roi qui ne gouverne pas bien comme il le devrait faire<br />

n'est pas à comparer à l'espèce d'homme essayant de<br />

prendre la <strong>mont</strong>agne de Tuï clum sons son liras pour la<br />

transporter dans l'Océan septentrional, niais à l'espère<br />

d'homme disant ne pouvoir rompre le jeune raine au<br />

d'arbre»<br />

Si la piété filiale que j'ai pour un parent et famille<br />

fraternelle que j'éprouve pour nies frères inspirent aux<br />

antres hommes les mêmes sentiments; si la tendresse<br />

t ou te paternel 1 e avec 1 aq 11 e 11 e j e I r a î t e n i es t i n fa 1i1 s i i :isp î re<br />

aux autres hommes le même sentiment : je pourrai aussi<br />

facilement répandre des bien! ait s dans l'empire que de<br />

tourner la main.<br />

Le Livre des Vers dit :<br />

« J e in e co ï 11 por t e < * o 1.11111 e j e I «. s d o i s e n v e rs ma te m m e,<br />

« Ensuite envers mes frères aîné et cadets,<br />

« Afin de gouverner convenablement mon Etat, qui<br />

a n est q u J u ne t a m i ! Ie l . »<br />

Cela vent dire qu'il huit cultiver ces sentiments d'humanité<br />

dans son cœur, et les appliquer aux personnes désignées.,<br />

et que cela suffit. C'est pourquoi celui qui met<br />

en action, qui pro<strong>du</strong>it au dehors ces bons sentiments, peut<br />

embrasser dans sa tendre allée.lion les populations comprises<br />

entre les quatre» mers; celui qui ne réalise pas ces<br />

bons sentiments, qui ne leur fait pro<strong>du</strong>ire aucun e fief, no<br />

pe 111 pas nie me en t o u r e r d e si* s so i n s et de son a t h *e t i o n<br />

sa femme et ses enfants. Ce qui rendait les hommes des<br />

anciens temps si supérieurs aux hommes de nus jours nï-<br />

1 Otk S$e-tcfniit >ei:tk»ii Ta-yL<br />

20.


234 MENG-TSEU.<br />

tait pas autre cbose ; ils suivaient l'ordre de la nature daos<br />

l'application de leurs bienfaits, et voilà tout. Maintenant<br />

que vosbiemaitsont pu atteindre les animaux, vos bonnes<br />

u 1 1 tvrt 's ne s Y f s * nd ron I-< » 11 < s pus jusqu'aux pepu I ation s, e t<br />

celles-ci en seront-elles seules pri\ees?<br />

Quand on a plaeé des objets dans la balance, on connaît<br />

ecuxquî sont lourds ef. ceux qui sont levers. Quand on<br />

a niesure des objets, on connaît eenx qui sont longs et<br />

ceux qui sont courts. 1 on tes les choses ont en général ce<br />

e a r a < : t i : r t l ; t u a i s 1 e e ee t 11 ' t ! e V1i o i 11111 e e s t 1 a e 11 ose la plus<br />

importante de fontes, (loi, je vous en prie» mesurez-le<br />

(eVst-à-di e, tachez d'en déterminer les Y e ri fables sentiments].<br />

O roi î quand vous laites briller aux yeux les armes aigués<br />

et les boucliers, que vous exposez an danger les chefs<br />

et leurs soldais, et que vous vous attirez ainsi les ressentiments<br />

de Ions les grands vassaux» vous en réjouissez-vous<br />

dans voire eu air 1<br />

L e i - o i dit : A n c u n e n i e n t. ( î o 111 n i e n t 11 i e r e j o u i r a i s-j e<br />

de pareilles choses? Tout ce- (pie ie e lie relie en agissant<br />

ainsi, c'est d'arriver a ee qui util le plus e ranci objet do<br />

mes désirs.<br />

Mo'u-ïsEr dit : Pou irais-je parvenir à connaître ie plus<br />

g r a n t î d e s v ». e nxd.it roi? 1, e roi st ) n r i 1, e I ne répondit<br />

|MKN


MENG-TSEU. 235<br />

Le roi dit : Aucunement. Je ne suis point affecté de ces<br />

choses,<br />

MENG-TOEU dit : S'il en est ainsi, alors je puis connaître<br />

le grand but des désirs <strong>du</strong> roi. 11 veut agrandir les terres<br />

de son domaine, pour faire venir à sa cour les rois de<br />

Tàsin et de Tftmi, commander à tout l'empire <strong>du</strong> milieu,<br />

et pacifier les barbares des quatre régions. Mais agir<br />

comme il le fait pour parvenir à ce qu'il désire, c'est<br />

comme si l'on <strong>mont</strong>ait sur un arbre pour y chercher des<br />

poissons»<br />

Le roi dit : La difficulté serait-elle donc aussi grande?<br />

- MEïIG-TSBU ajouta : Elle est encore plus grande et plus<br />

dangereuse. En <strong>mont</strong>ant sur un arbre pour y chercher<br />

des poissons, quoiqu'il soit sûr que Ton ne puisse y en<br />

trouver, il n'en résulte aucune conséquepce f&cheuse ;<br />

mais en agissant comme vous agissez pour obtenir ce que<br />

vous désirez de tous vos vœux, vous épuisez en vain toutes<br />

les forces de votre intelligence dans ce but unique ; il<br />

s'ensuivra nécessairement une foule de calamités.<br />

[Le roi] dit : Pourrais-je savoir quelles sont ces calamités<br />

?<br />

[MENG-TOIU] dit : Si les hommes de Tseou l et ceux de<br />

7%*ott entrent en guerre, alors, ôroi! lesquels, selon vous,<br />

resteront vainqueurs ?<br />

Le roi dit : Les hommes de Thmu seront les vainqueurs.<br />

'<br />

— S'il en est ainsi, alors un petit royaume ne pourra<br />

certainement en subjuguer un grand. Un petit nombre<br />

de combattants ne pourra certainement pas résister à un<br />

grand nombre ; les faibles ne pourront certainement pas<br />

résister aux forts. Le territoire situé dans l'intérieur des<br />

mers [l'empire de la Chine tout entier] comprend neuf<br />

régions de mille li chacune. Le royaume de Tiisi [celui<br />

de son interlocuteur], en réunissant toutes ses possessions,<br />

1 Le royaume de Tseou éîait petit; celui de Thsou éïail grand.<br />

(Commentaire.)


Î36 MEtfG-ÏBEU.<br />

n'a qu'une seule de ces neuf portions de Fetnpire. Si avec<br />

[les forces réunies] d'une seule de ces régions il veut se<br />

soumettre les huit autres, en quoi différera-t-il <strong>du</strong><br />

royaume de Tseou, qui attaquerait celui de Tàmu F Or il<br />

vous faut réfléchir de nouveau sur le grand objet de vos<br />

voeux.<br />

Maintenant, A roi ! si vous faites que dans toutes les<br />

parties de votre administration publique se manifeste-'<br />

Faction d'un bon .gouvernement ; si vous répande! au<br />

loin les bienfaits de l'humanité, il en résultera que tous<br />

ceux qui dans l'empire occupent des emplois publics<br />

voudront venir résider à la cour <strong>du</strong> roi ; que tous les<br />

laboureurs voudront venir labourer les champs <strong>du</strong> roi;que<br />

tous les marchands voudront venir apporter leurs<br />

marchandises 3ur les marchés, <strong>du</strong> roi ; que tous les voyageurs<br />

et les étrangers voudront voyager sur les chemin*<br />

<strong>du</strong> roi ; que4outes les populations de l'empire, qui détestent<br />

la tyrannie deleurs princes, voudront accourir à la hâte prè»<br />

<strong>du</strong> roi pour l'instruire de leurs souffrances* S'il en était<br />

ainsi, qui pourrait les retenir ?<br />

Le roi dit : Moi, homme de peu de capacité, je ne puis<br />

parvenir à ces résultats par un gouvernement si parfait;<br />

je désire que vous, maître, vous aidiez ma volonté {m nde<br />

con<strong>du</strong>isant dans la bonne voie *] ; que vous m'éclairie»<br />

par vos instructions. Quoique je ne sois pas doué de beaucoup<br />

de perspicacité, je vous prie cependant d'essayer<br />

cette entreprise,<br />

[MENG-TSEU] dit : Manquer des choses • constamment<br />

nécessaires à la vie, et cependant conserver toujours une<br />

âme égale et vertueuse, cela n'est qu'en la puissance des<br />

hommes dont l'intelligence cultivée s'est élevée au-dessus<br />

<strong>du</strong> vulgaire. Quant au commun <strong>du</strong> peuple, alors, s'il<br />

manque des choses constamment nécessaires à la vie, par<br />

* Commentaire.<br />

* Tchan, patrimoine quelconque m terres ou ea maisons ; moyens<br />

d'existence.


MENG-TSEIL Î37<br />

cette raison il manque d'une âme constamment égale et<br />

vertueuse; s'il manque d'une ànte constamment égale et<br />

vertueuse, violation de la justice, dépravation cl» ceeur,<br />

licence <strong>du</strong> vice, excès de la dehanehe ; il n'est rien qu'il ne<br />

sott eapa h 1 e de 1 ai re, S'il arrt v< • à t•e poi 111 11e f « »1111n:r da11s<br />

le crime [en se révoltant contre les luis ! ). ou exerce des<br />

poursuites contre lui, et on lui lait subir des supplices. C'est<br />

prendre le peuple dans des filets, Comment, s'il existait<br />

un hoiiinie véritablement doué de la vertu de l humanité^<br />

occupant te trône, pourrait-il commettre cette action<br />

e r i m i ne! 1 e de p r e n d r e a i n s i le pe 11 p ! c d a n s d e s ! i ! e t s ?<br />

C'est pourquoi un prince éclaire, en constituant comme<br />

il convient la propriété privée <strong>du</strong> peuple 2 , obtient pour<br />

résultat nécessaire, en premier lieu» que les enfants aient<br />

de quoi servir leurs père se se nourrir toute la vie des<br />

pro<strong>du</strong>ctions des an nées abondan les, et que, dans les années<br />

de calamités, il soif préserve de la t ami ne et de la mort.<br />

Ensuite il pourra instruire le peuple, et le con<strong>du</strong>ire dans<br />

le chemin de la vertu. C'est: ainsi que le peuple sui\ra cette<br />

voie avec facilité.<br />

Aujourd'hui la constitution de la propriété privée <strong>du</strong><br />

peuple est telle, qu'en considérant la première eh est* de<br />

tontes, les enfants n'ont pas de quoi seivir leur,-', père et<br />

mère, et, qu'en considérant la seconde, les pères n'ont pas<br />

de quoi entretenir leurs femmes et leurs «allants : qu'avec<br />

les années d'abondance le peuple, soutire jusqu'à la tin de<br />

sa vie la peine et la misère, et que dans les années de<br />

calamités il n'est pas préserve de la lamine et. de la mort.<br />

Dans de telles extrémités, le peuple ne pense qu'à é\iter<br />

la mort en craignant de manquer <strong>du</strong> nécessaire. Comment.<br />

1 ("ornntoiiaffp,<br />

2 Lo texte jifirif : Trfu nn'n fchi trhuu • *:N*rm'KNiio I»MHIJ KKM-<br />

I'AMIMARKM. La U7*«e ,'ij>t!tîti ; Trfutn. rhi tien h'Im . f.i-rrrE ruonwK'ni<br />

i » ru v i : : r: i; s T i- N K I • R O I • I U I : ;T R E S V. I I A M r < < : r t. T I V A I I I . v. s,


238 MENG-TSEl'. r<br />

aurait-il le temps de s'occuper des doctrines morales<br />

pour se con<strong>du</strong>ire selon les principes de L'équité et de la<br />

justice ?<br />

U roi ! si vous désirez pratiquer ees principes, pourquoi<br />

neramene/-\ouspas soin* esprit sur ee qui en est la base<br />

fondamentale \ la constitution de la propriété privée l ) ?<br />

l^aiies planter des mûriers dans les champs d'une launi<br />

h- qui eulti\e cinq arpents de ferre, et les personnes<br />

fixées de cil ^piaule ans ponrront porter des vêtements<br />

de soie; faites (pie l'on ne ne^liue pas d'élever des poules»<br />

des pourceaux de di Hercules espèces, eî les personnes<br />

%ees de soixante et dix ans pourront se nourrir de viande.<br />

IS'enlevé/ pas, dans les temps qui exigent des travaux assi<strong>du</strong>s,<br />

les hras des famille:? qui cultivent cent arpents de<br />

terre, et ces familles nombreuses ne seront pas exposées<br />

aux souiîrances «le la faim, Veillez attentivement a ce que<br />

les enseignements des écoles et des collèges propagent les<br />

devoirs de la pieté liliale et le respect équitable des jeunes<br />

iiens pour les vieillards, alors on ne verra pas des hommes<br />

a cheveux blancs traîner on porter de pesants fardeaux<br />

sur les grandes rouf es. Si les septuagénaires portent des.<br />

vêtements de soie et mandent de la viande, et si les jeunes<br />

ti'eus à cheveux noirs ne soutirent ni <strong>du</strong> froid ni de la fainn<br />

toutes les choses seront prospères. 11 n'y a pas encore eu<br />

de prince qui, après avoir aid ainsi, n"aît pas repue sur<br />

font l'empire.<br />

UIAIMÏKK II.<br />

r.oMPosr ai', la A HT i eu; s.<br />

1, ïc/iounny-pao ~. étant- allé voir MENI.-TSEU, lui dit<br />

1 Commentaire ckmois. Le paragraphe qui suit est une répétition<br />

de celui qui se trouve déjà dans ce même chapitre, p. 226,<br />

* Un des ministres <strong>du</strong> roi de Thsi.<br />

.-i


MENG-TSEU. 239<br />

-Moi Pm, un jour que j'étais allé voir le roi, le roi, dans<br />

la conversation, me dit qu'il aimait beaucoup la musique.<br />

BIoî /V//>, je n'ai su que lui répondre» Que pensez-vous de<br />

rot aiîioiîr clt1 roi poii r la musique ? — Mn\ct-TSI-:r ihi ;<br />

Si le roi ai nie la musique avec prédilection, le rovaume<br />

de 77/»*/approche beaucoup jd'un meilleur gouvernement |,<br />

Unautrejour,MiîNG-isiu'etant allevisiterleroUuidit : Le<br />

î 'u i a fl î t d a i î s h t< • o î j v e r sa f ï < > 11, à '/ c/t e e o c /y -//-/ s ^/ ( / r • // n UJIH


240 1BNG-TSEU.<br />

vera aussitôt un vif mécontentement* froncera le sourcil,<br />

et il se dira : « Notre roi aime beaucoup à jouer de ses<br />

instruments de musique; mais comment gouverne-t-i<br />

doiJey j>o11r que nous soyo11s arrivés au eori1t)le tte 1 a misère?<br />

Les pères ef les Iils ne se voient plus; les frères,,<br />

les j'en in lès, les enfants sont séparés F un de l'autre et<br />

disperses de tous eûtes. » Maintenant, que le roi aille à la<br />

chasse dans ee pays ci, lotit le peuple, entendant le bruit<br />

des el levai ix et ci es chars <strong>du</strong> roi, voyant la magnificence<br />

11 e se s e I e 11 d a r d s o r n é s (h ? p 11 u i les et cl e q 11 e u es flo liantes,<br />

e | » i -o u v e r a a u ssi 1 o l un vif n i ee ont e ri t e ni e n t, lïon cera 1 e<br />

so 11r c i L ( ! 111 si M 1 î ra : « N n I r e r o i a i 111 < i be au e ou p I a e h asse ;<br />

comment fait-il de»ne pour que rions soyons arrivés au<br />

comble île la misère? Les pères et les fils ne se voient<br />

plus; tes frères, les femmes et les enfants sont séparés<br />

run de l'autre et dispersés de tous cotes. » La cause de ee<br />

vif mécontentement, c'est (pie le roi ne fait fias participer<br />

le peuple a sa joie et à ses plaisirs.<br />

je suppose maintenant que le roi commence à jouer<br />

en ees lieux de ses instruments de musique: tout le peuple»<br />

entendant les sons (h^ divers instruments <strong>du</strong> roi,<br />

éprouvera un vif sentiment de joie que témoignera son<br />

visage riant, et il se dira ; « Notre roi se porte sans doute<br />

fort bien, autrement comment pourrait-il jouer «les instruments<br />

de musique? » Maintenant, que le roi aille à la<br />

citasse dans ce pavs-ei, le j jeu pie, en tendant le bruit des<br />

chevaux et des chars <strong>du</strong> roL voyant la magnificence de ses<br />

étendards ornés de plumes et de < pi eues flottantes, éprouvera<br />

un vif sentiment de joie que témoignera son visage<br />

riant, et il se dira : « Notre roi se porte sans doute fort<br />

bien, autrement comment pourrait-il aller à la chasse? »<br />

L a e a u se d e c e 11 e j t J I e « e * «. * si t| ne I e ro i aura h lit pa il i e i pe r<br />

le peuple à sa joie et a ses plaisirs.<br />

Maintenant, si le roi fait participer le peuple à sa joie<br />

et a ses plaisirs, alors il régnera véritablement.<br />

2, Siouan Wang, roi d e / 'h s /. i n \ e r rogea M E> G-TS El : en<br />

ces fermer : J'ai enten<strong>du</strong> dire que le pare dn roi Wen-


MSKG-TOEU. 241<br />

wm§ avait soixante et dix li [sept lieues] de circonférence<br />

; les avait-il véritablement?<br />

MBNG-TSIU répondit avec respect : C'est ce que l'histoire<br />

rapporte *.<br />

Le roi dit : D'après cela* il était donc d'une grandeur<br />

excessive?<br />

MENG-ISBU dit: Le peuple le 'trouvait encore trop<br />

petit.<br />

Le roi ajouta : Ma cfaétive personne a un parc qui n'a<br />

que quarante ii [quatre lieues] de circonférence* et le<br />

peuple le trouve encore trop grand ; pourquoi cette différence?<br />

MENG-î SBU dit : Le parc de Werwoong avait sept lieues<br />

de circuit; mais c'était là que se rendaient tous ceux qui<br />

•avaient besoin de cueillir de l'herbe ou de couper <strong>du</strong><br />

bois. Ceux qui voulaient prendre des faisans m des lièvres<br />

allaient là. Comme le roi avait son parc en commun<br />

avec le peuple* celui-ci le trouvait trop petit [quoiqu'il<br />

eût sept lieues de circonférence]; cela n'était-il pas<br />

juste ?<br />

Moi/ votre serviteur* lorsque je commençai à franchir<br />

la frontière* je m'informai de ce qui était principalement<br />

défen<strong>du</strong> dans votre royaume* avant d'oser pénétrer plus<br />

avant. Votre serviteur apprit qu'il y avait dans l'intérieur<br />

de vos lignes de douanes un parc de quatre lieues de<br />

tour; que l'homme <strong>du</strong> peuple qui y tuait un cerf était<br />

puni de mort* comme s'il avait commis le meurtre d'un<br />

homme: alors* c'est une véritable fosse de mort de quatre<br />

lieues de circonférence ouverte au sein de votre royaume.<br />

Le 'peuple* qui trouve ce parc trop grande n'a-t-il pas<br />

raison?<br />

3. Simon-Wang; roi de Thsi, fit une question en ces<br />

termes : Y a-t-il un art* une règle à suivre pour former<br />

des relations d'amitié entre les royaumes voisins?<br />

MENG-TSEU répondit avec respect : 11 en existe. Il n'y a<br />

1 TchwMm, ancien livre per<strong>du</strong>. {Commentaire.)<br />

21


242 ' MENG-TSEC. ^<br />

que le prince cloue de la vertu de ITuiiïtanïté qui puisse,<br />

en possédant un grand État, procurer de grands avantages<br />

aux petits. C'est pourquoi Tchhuj-thfwtf assista l'Etat de<br />

Ko. et W'M-trowj ménagea eelui des Kouen-i [ou barbares<br />

de l'occident'], li iry a que le prince clotHMtïine sagesse<br />

éclairée qui puisse, en possédant un petit Etat, avoir<br />

fa condescendance nécessaire envers les grands Etats.Cest<br />

ainsi que fia ?>w*/y recon<strong>du</strong>isit envers les Hiun-yo [ou<br />

barbares <strong>du</strong> nord |. et Keou (si m envers l'Etat de Ou.<br />

Celui qui, commandant à un grand Etat, protège, assiste<br />

les petits, se con<strong>du</strong>it. (Furie manière digne et: conforme<br />

à la raison céleste: eelui qui, ne possédant qu'un<br />

petit État, a de la condescendance pour les grands Etats<br />

ivsprete, en lui obéissant, la raison céleste ; celui qui se<br />

con<strong>du</strong>it d'une manière digne et conforme à la raison céleste<br />

est le protecteur de tout l'empire; celui qui respecte,<br />

en lui obéissant, la raison céleste, est le protecteur de son<br />

routtune.<br />

Le Livre (hs Yen* dit :<br />

u Inspectez la majesté <strong>du</strong> ciel,<br />

« Et par cela même vous conserverez le mandat qu'il<br />

« vous a délégué. »<br />

Le voi dit : La grande, l'admirable instruction! Ma chétive<br />

peisonne a un défaut, ma ehétive personne aime la<br />

bravoure.<br />

[MKN


MENG-TgEU. 243<br />

Le Livre des Vers f dit :<br />

« Le-roi (Wen-wang), s'animant subitement^ devint<br />

n ronge de Colère.<br />

« II fît aussitôt ranger Sun année en ordre dr. bataille,<br />

« Afin d'anvtcr tes troupes ennemies qui inareliaienf<br />

« sur elle»<br />

« Afin de mit Ire plus florissante la prospérité dé s<br />

« Te h mu,<br />

« Afin de répondre aux voaix ardents de tout lent-<br />

« pin-, n<br />

V u I ! à 1 a lira v ou re de 11 e n - u nrag. // 'vn-irany n e s'irrite<br />

qu'une fois, et il paeîlïe toutes lés populations de<br />

l'empire.<br />

L e Cfm u-k huj, o u Lit a v /; ' / r < '.c ce ! le t icc - ? dit : « Lé<br />

« ciel, eu créant les peuples, leur a propose des princes<br />

« [pour a\oir soin d'eux :> ] : il pair a donné des instituts<br />

leurs [pour les instruire j. Aussi est-il dit : Ils sont les<br />

a auxiliaires <strong>du</strong> souverain suprême, qui les distingue par<br />

« des marques d'lionneur dans les quatre parties de la<br />

« terre. Il n'appartient qu'à moi < eVsl II >>u-tt^nuj qui<br />

« parle i de réeompenser lesinnoeents. et de punir les eut/n<br />

« pables. Qui, dans tout, l'empire.. OM-nit! s opposer à sa<br />

« volonté 4 ? i><br />

Un s*'ul homme {Clicou-siiï) avait eonnuîs des actions<br />

odieuses dans huit l'empire: H f>//-//->wy en roudt.G 1 fut<br />

la la bravoure de II ou-inunj ; et \\-oit-truHy. s riant irrite<br />

nue seule lois, pacifia toutes les populations de ! empire.<br />

Maintenant, si le roi? en se li\rant une seule luis à ses<br />

1 Ode llomuj-L srrlmri Ta-yn.<br />

' 2 riiup. Taï-chiA'oyrz U nopuhilii>ns qui demat niaient un jpnivenM-nw'nt d


244 MENG-TSEU.<br />

mouvements d'indignation ou de bravoure^ pacifiait toutes<br />

les populations de l'empire, les populations n'auraient<br />

qu'une crainte : c'est que le roi n'aimât pas la bravoure.<br />

•i. Swuan-wang, roi de ThsL était allé voir MENG-TSEU<br />

daris le I* al ni s de la neuf? (Sioucï-kouny), Le roi dit : Convient-il<br />

aux sages de demeure i dans un pareil lieu de déliées<br />

? ME>r,-i>Et répondit avee respect : Assurément. Si<br />

I es 11 o mines <strong>du</strong> pi * 1.1 p I e 11 o I » 1 i e n nei 11 pa s ce t f e la v e u r » a lo<br />

ils accusent leur supérieur [ leur prince 1.<br />

Ceux qui n'obtiennent pas cette laveur, et. qui accusent<br />

leur supérieur, sent coupables; niais celui qui est<br />

constitué le su pi «rieur <strong>du</strong> pieu pie, et qui ne partage pas<br />

avee le peuple ses joies et ses plaisirs, est. encore plus eoit-<br />

Si un prince se réjouit de la joie <strong>du</strong> peuple, le peuple<br />

se réjouit aussi de sa joie. Si un prince s'attriste ries tristesses<br />

<strong>du</strong> peuple, le peuple s'attriste aussi de ses tristesses.<br />

Qu'un prince se- réjouisse avec tout le inonde, qu'il s'attriste<br />

a vec t o 1.111 e m t > i ;t « {e ; e n a g i ssa n t a i n s i, i 1 est impossible<br />

q i ri 1 ! ro 11 v e de la d î llî e u 11 e à rég 11 e r.<br />

Autrefois ticng-kantp roi de Tfoi. interrogeant Yaniseu<br />

[son premier ministre j, dît: ; Je désirerais contempler<br />

les ! <strong>mont</strong>agnes] Tdinufrn-fnn et l'cftao-wou, et, suivant la<br />

nier an midi [dans l'Océan orientai l ], parvenir à Lang-ye.<br />

Comment dois-je agir pour imiter les anciens rots dans<br />

I e u r s visites d e l'e i n p i r e t<br />

Yan~i$t:H répondit avec respect. : 0 l'admirable question!<br />

Quand le fils <strong>du</strong> Ciel 2 se rendait: chez les grands<br />

vassaux, on nommait ces visites, visites d'enquêtes (sunekemii<br />

: faire ces visites (¥ enquêtes, c'est inspecter ce qui a<br />

été dorme à conserver. Quand les grands vassaux allaient<br />

l'aire leur cour au fils <strong>du</strong> Ciel, on appelait ces visites<br />

comptes ren<strong>du</strong>s (eh


MmcHittu. 245<br />

dait rendre campée [m roi ou à l'empereur] de mm ies<br />

actes de mn administration* Aucune de ces visites n'était<br />

sans motif. Au printemps | 1rs aurions empereurs | inspectaient<br />

les champs cultivés, et fournissaient aux laboureurs<br />

les choses dont ils avaient besoin. En automne, ils inspectaient<br />

les moissons, et ils donnaient des secours a ceux<br />

qui ne reçoit aient pas (le quoi leur suffire. Tu proverbe<br />

de la dynastie II i a disait : « Si noire roi ne visite pas j le<br />

« royaume), comment recevrons-non s ses bienfaits? Si<br />

« notre roi no se donne pas le plaisir dInspecter { le<br />

« rovaume 1, comment obtiendrons-nous des secours? »<br />

Chaque visite, chaque récréa!ton de ce genre, devenait<br />

une loi pour les grands vassaux.<br />

Maintenant les choses ne se fiassent pas ainsi. Des troupes<br />

nombreuses se mettent en marche avec le prince jpour<br />

lui servir de garde 1 ;, et dévorent toutes les provisions/<br />

Ceux qui éprouvent la faim ne trouvent pins a mander;<br />

ceux qui peuvent travailler ne trouvent, plus de repos. Ce<br />

ne sont: plus que des regards farouches, des ronce ils de<br />

malédictions. Dans le eu air <strong>du</strong> peuple naissent alors des<br />

haines profondes; il résiste aux ordres [<strong>du</strong> rot!, qui prescrivent<br />

d'opprimer le peu file. Le boire eî h- manger se<br />

consomment avec l'impétuosité d'un torrent. Os désordres<br />

sont devenus la frayeur des grands vassaux.<br />

Suivre le torrent qui se précipite dans les lieux inférieurs,<br />

et oublier de retourner sur ses pas, on appelle cela<br />

suivre le (mirâtd 2 ; suivre le torrent en re<strong>mont</strong>ant vers sa<br />

source, et oublier de retourner sur ses pas, on appelle<br />

cela suivre sans relier ru pli ira ses plaisirs :i ; poursuivre les<br />

bétes sauvages sans se rassasier de cet amusement, on appelle<br />

cela perdre son temps en choses vaines*: trouver ses<br />

1 Commentaire.<br />

2 F. ico n.


246 MIM-TOEIL<br />

délices dans l'usage <strong>du</strong> vin, sans pouvoir s'en rassasier, on<br />

appelle cela se perdre de gaieté de cœur 1 ,<br />

- Les anciens rois ne se donnaient point les satisfactions<br />

des deux premiers égarements <strong>du</strong> cœur [le lieou et le lian],<br />

et ils ne mettaient pas en pratique les deux dernières'actions<br />

vicieuses [le àoang et le wang]. il dépend uniquement<br />

<strong>du</strong> prince de déterminer en cela les principes de sa<br />

con<strong>du</strong>ite.<br />

King-komg fut trôs^satisfait [de ce discours de Yan-tseu].<br />

il publia aussitôt dans -tout le royaume UQ décret royal<br />

par lequel il informait le peuple qu'il allait quitter [son<br />

palais splendide] pour habiter dans les campagnes. Dès<br />

ce moment il commença à donner des témoignages évidents<br />

de ses bonnes intentions en ouvrant les greniers publics<br />

pour assister,ceux qui se trouvaient dans le besoin.<br />

Il appela auprès de lui l'intendant en chef de la musique,<br />

et lui dit : ce Composez pour moi un chant de musique<br />

« qui exprime la joie mutuelle d'un prince et d'un mi-<br />

« nistre. » Or cette musique est celle que l'on appelle<br />

Tehi-chao et Aio-eâao [la première qui a rapport aux affaires<br />

<strong>du</strong> prince, la seconde qui a rapport au peuple 2 ].<br />

Les paroles de cette musique sont l'ode <strong>du</strong> Livre des Vers<br />

qui dit:<br />

ce Quelle faute peut-on attribuer<br />

ce Au ministre qui modère et retient son prince?<br />

ce Celui qui modère et retient le prince aime le prince. »<br />

S. Siouan-wang, roi de Thsi, fit une question en ces termes<br />

: Tout le monde me dit de démolir le Palais de la<br />

lumière (Ming-ihang) d ; taut-îl que je me décide à le détruire?<br />

MENG-TSEU répondit avec respect : Le Palais de la lu-<br />

» Wang.<br />

* Commentaire,<br />

8 C'était un lieu où les empereurs' des Tcheou, dans les visites<br />

qu'ils faisaient à forienî de îeor empire, recevaient les hommages<br />

des princes vassaux. Il en restait encore des vestiges <strong>du</strong> temps des<br />

Ban. {Commentaire.)


snowanbipud -ai «MI ioïiluuud sjop> •-Yifqivfitnpe '/a\noji<br />

S«J) •././ | s-->// a.ao-/ .aj -sossîïp ajjmdi saa ap<br />

ÎUt)Uhiriîïjn< no r/aire? aanjnaHi pïp uiau ap srifcl pi? A<br />

~1 H I i n b . a > p» a 11111 r » | v.\ : ( u a a r /.y i .va a fti/'hu aa s » «/s no s/aa» i<br />

spnmou lîiaarr» saiiaaaj ap snjd pia ni AIUï rrif) sp.nqpap<br />

sa'| -spiejna s.maj j.» s.MimMj s,m.i| saa|) siîirai sial pi.HUj<br />

-aji sjainiiiria«»ds.M aa\i» ppianlaj ! lasi-ïïV"'!^*!<br />

^.s.ina.iadîU.xu.Hainï sap inaniau.iaAiiOii<br />

a,> pa|a paih


248 MEKG-TSEU.<br />

pasl Le roi dit : Ma chétive personne a un défaut *, ma<br />

chétive personne aime les richesses,<br />

MENG-TSEU répondit avec respect : Autrefois K&ng-lieom<br />

aimait aussi les richesses.<br />

Le Livre des Vers- (lit,[eu parlant de Komj4ieou\ :<br />

« Il entassait [des meules de ble], il accumulait [les<br />

« grains dans les greniers| ;<br />

« II réunissait des provisions sèches dans des sacs sans<br />

« loi id et dans des sa es avec fond.<br />

« Sa pensée s'occupait de pacifier le peuple pour don-<br />

« ner de l'éclat h son règne.<br />

« Les ares et les t!relies étant préparés,<br />

« Ainsi que les boucliers, les lances et les haches,<br />

« Alors il commença à se mettre en marche. »<br />

C'est pourquoi ceux qui restèrent eurent des blés entas-<br />

.«es en meules, et des grains accumulés dans les greniers, et<br />

ceux qui partirent |pour l'émigration dans le lieu nommé<br />

/'mj curent des provisions sèches réunies dans des sacs;<br />

par suite de ces mesures, ils purent alors se nie tire en<br />

marche. Roi, si vous ai niez les richesses, partagez-les avec<br />

le peuple; qu'elle difficulté tronverez-vous alors à régner!<br />

Le roi dit : Ma chétive personne a encore une antre faiblesse,<br />

nia chétive personne aime la volupté,<br />

Jli';M;-T$r,r répondit avec respect : Auirefois Taï-wong<br />

j l'ancêtre de \Ven-wang\ aimait la volupté ; il chérissait sa<br />

femme.<br />

Le Livre des Vers dit 3 :<br />

« l'an-fou, surnommé Kou-kong [le même que Tah<br />

« irang]*<br />

« Arriva un matin, courant à cheval.<br />

« En IongtKinI les 1 KJIXIS <strong>du</strong> tienve oeei« 1 ei)Ia 1,<br />

a II parvint au pied <strong>du</strong> <strong>mont</strong> Khi.<br />

1 II y a dans le texte, une maladie*<br />

2 Ode Kong-lieoUt section Ta-ya.<br />

8 Ode Mien, section Ta-ya.


MENG-TSEU. 240<br />

a Sa femme Kiang était avec lui :<br />

a C'est là qu'il fixa avec elle son séjour. ®<br />

En ce temps-là il iry avait dans l'intérieur des niai son s<br />

aucune feriiiiic indignée [d être sans mari M; et dans tout:<br />

le royaume il n'y avait point de eéli hâta ire. Moi, si vous<br />

ailliez la volupté, [aimez-la comme Taï-wamj} et rendezht<br />

commune à tonte la population [eu faisan! que personne<br />

ne soit privé des plaisirs <strong>du</strong> mariage] ; alors, quelle difficulté<br />

trooverez-vous à régner ?<br />

6. MENG-TSEI; s'ad ressaut à Siouan-wany * roi de Th$i\<br />

lui dit : Je suppose-qu'un serviteur <strong>du</strong> roi ait assez t le confiance<br />

dans un ami pour lui confier sa feu une et ses cillants<br />

au n toi nent où il va voyager dans TE ta! de TItmu,<br />

Lorsque cet homme o>t de retour, s'il apprend que sa<br />

teinuïe et: ses enfants ont soulier! le froid cl. la faim, alors<br />

c{ ne do i t -i 1 lai re ! — Le r o i d i t: : 11 d o î t r o m p r e e n t i è r e n i » * i \ t<br />

avec son ami.<br />

MENG-TSEC ajouta : Si le chef su pré nie de la justice<br />

(Sse-sse) ne peut gouverner les magistrats qui lui sont<br />

subordonnés,, alors quel parti doit-on prendre à son<br />

égard !<br />

Le roi dit : Il faut le destituer.<br />

ME.NG-TSEC poursuivit : Si les provinces situées entre les<br />

1 imites extrêmes <strong>du</strong> royaume ne sont pas là en gouvernées^<br />

que faudra-t-il faire t<br />

Le roi [feigliant de in» pas comprendre] regarda à<br />

droite et à gauche, et parla d'au In» chose-,<br />

7, ME.NG-TSEI étant aile visiter Siuuathirang* roi de Tfisi,<br />

lui d i t ; Ce qui I a i t a p f >e 1 e r tu i r oy a u 111 e a ne i e n, e e n e so n t<br />

pas les vieux arbres élevés qu'on y trouve, ce sont h % s générations<br />

successives de* ministres habiles qui font ren<strong>du</strong><br />

heureux et prospère. Roi, vous il avez aucun ministre<br />

1 Commenta i rc c h in o i s.<br />

- L'îjqj-iiitieitt it


250 MENG-TSEU.<br />

intime [qui ait votre confiance, comme vous la sienne] ;<br />

ceux que vous avez faits hier ministres^ aujourd'hui<br />

vous ne vous rappelez déjà plus que vous les avez, destitués.<br />

Le roi dit : Confinent saura is-jc d'avance qu'ils n'ont.<br />

point de talents, pour les repousser?<br />

Mr.Vi-'rsi'i dit : Le prince qui gouverne un royaume,<br />

lorsqu'il elove les sages aux honneurs et aux dignités,<br />

doit apporli a* dans SON ehoîx Ta! f en {ion et la circonspection<br />

la plus grande. S'il agit en sorte de- donner la préférence<br />

ja eause de sa sagesse' a un homme d'une condition<br />

inférieure sur un homme d'une condition élevée, eî à un<br />

parent éloigne sur un parent plus proche, n aura-t-il pas<br />

apporté dans ses choix beaucoup de vigilance et d'attention<br />

?<br />

Si tous eeitv qui vous entourent vous disent : in iei est<br />

s.if/*', cela no doit pas suffire | pour le croire!; si tous les<br />

grands fonctionnaires disent : (.'n tel est sage, cela ne doit<br />

pas encore suffire ; si trais les hommes <strong>du</strong> royaume<br />

disent : (:n tel est snyc, et qu'après avoir pris des informations;,<br />

pour savoir si l'opinion publique était fondée,<br />

vous lave/ tromé sage, vous devez ensuite l'employer<br />

(dans les fonctions publiques, de préférence à tout<br />

autre).<br />

Si tous ceux qui vous entourent vous disent : Un tel esi<br />

'indigne ;


•MEKC-TSEU. 251<br />

pour savoir si l'opinion publique était fondée^ vous l'avez<br />

trouvé méritant la mort, vous devez ensuite le faire mourir.<br />

L'e>t pourquoi on dit que rVvf 1 opinion pu]»jitpi** qui<br />

l'a condamne et fait mourir.<br />

Si In prince agit de unttt» manière jdans l'emploi <strong>du</strong>><br />

honneurs et ilans i'nsair«' des supplices ! j, i! punira ainsi<br />

et ru considère comme In père rt la mère <strong>du</strong> peuple.<br />

iS, Sionan-irmyi* roi de 77/.% iît nnn question un eus<br />

tenues: Est-il vrai que Tchiti ;f!M«i» v/,»('.'-• ;.,-/.-•.*.',•;,// V. te» ';.


252 MBNG-T8EU.<br />

voosiserez obligé d'ordonner ou chef des ouvriers de faire<br />

chercher de gros arbres [pour faire des poutres et des solîvesj<br />

; si le chef des ouvriers parvient à se procurer ces<br />

p*os arbres, alors le roi eu sera satisfait, parée qu'il les<br />

considérera comme pouvant supporter le poids auquel on<br />

les destine. Mats si le charpentier, en les façonnant avec<br />

sa hache, les ré<strong>du</strong>it à une dimension trop petite, alors le<br />

roi se courroucera,, parce qu'il les considérera comme ne<br />

pouvant plus supporter le poids auquel on les destinait.<br />

S î II 1111 o 1111 n e s ; t ^e s'est il v r e à 1 e I n de c î es son e n fa 1t e e, e t<br />

q 11 e. pa r v e u 11 a la ue 111 ù r e t d esi ra n t m c 11 re en pra I ï q ne<br />

les préceptes de sagesse qu'il a appris» le roî lui dise :<br />

Maintenant abandonnez lotit ce que vous avez appris, et<br />

suivez nies î 11 s! r 11 c I i o ns ; q u e pe n se r iez- v o u s cl e c e 11 e e on -<br />

dette 4 ?<br />

E n outre, j e su p p ose c j u ' u n e pie rre d e j ad e brut e $o i î<br />

en votre possession , quoiqu'elle puisse peser dix mille i<br />

[ou 5(10,1100 un ces chinoises |. vous appellerez certainement<br />

un lapidaire pour la façonner etja polir. Quanta<br />

ce qui concerne le gouvernement de l'Klat , si vous dites<br />

jà dessales | : Abandonnez tout ce que vous avez appris,<br />

et suivez mes instructions, aprez-vous dilléremment que<br />

si vous vouliez instruire le lapidaire de la manière dont il<br />

doit tailler et polir votre pierre brute?<br />

10. Les 1 toi 11 mes i le Ths i a 11 a que mit ce u x de î "an, et<br />

les vainquirent.<br />

Sionmi-tcaraj interrogea j MOG-TSECI , en disant : Les<br />

uns me «lisent de ne pas aller m'emparer Ulu royaume de<br />

Von ], d'autres nie «lisent «l'aller m'en emparer. Qu'un<br />

royaume de dix mille chars puisse conquérir un autre<br />

rovaume de dix nulle chars dans l'espace de cinq décades<br />

[ou cinquante jours) et l'occuper, la force humaine ne va<br />

pas jusque-là. Si je ne vais pas m'emparer de re royaume,<br />

j'éprouverai certainement la dé laveur <strong>du</strong> ciel; si je vais<br />

m'en emparer, qu'arrivera-t-il ?<br />

MEXG-ISB' répondit avec respect : Si le à peuple de Van<br />

se réjouit de vous voir prendre possession de cet Kîat.


MEMG-T8EU. 253<br />

allez en prendre possession; l'homme de l'antiquité qui<br />

agit ainsi fut Wou-wang. Si le peuple de Yan ne se réjouit<br />

pus de vous voir prendre possession de ce royaume, alors<br />

n * a 11 e z pa son j > i v ri d r e pi »,s.se ssioiï ; Y11 o 11111 a • de F a 111 i q nit é<br />

qui agit ainsi fut \Y


254 MENG-TSEU.<br />

t( Pourquoi nous plaee-f-il après les antres i 1 >» Les peuples<br />

aspiraient après lut, connue . à la suite d'une grande secheresse,<br />

on aspire après les nuages et l'are-en-ciel. Ceux<br />

qui [sous son gouvernement! se rendaient sur les marchés<br />

n'étaient, plus arrêtés en route; eeux qui labouraient la<br />

ferre n'étaient plus transportés d'un lieu dans un autre.<br />

Tchiny-tlmiuj mettait à mort les princes [qui exerçaient la<br />

tyrannie' 2 ] et soulageait les peuples. Comme lorsque la<br />

pluie tombe dans un temps désiré, les peuples éprouvai<br />

en I une grande joie.<br />

1. e (lli ou-k in u s ait e n d i o n s é v i de m -<br />

« n i e n î n o ire p ta née ; a près soi i a r r i vée , no » i s avons e t é<br />

« ren<strong>du</strong>s à la vie. »<br />

M a i 11 f e 11 a n !, le roi de 1 r an oppr i m ait son pe 11 pie ; vous<br />

êtes alie pour le combattre et vous l'avez vaincu. Le<br />

peuple de le», pensant que le vainqueur les délivrerait <strong>du</strong><br />

milieu de l'eau et <strong>du</strong> l'en fde îa tyrannie sous laquelle il<br />

gémissait], vînt au-devant des armées <strong>du</strong> roi ? en leur offrant<br />

<strong>du</strong> riz euit à manger et <strong>du</strong> vin à boire. Mais si vous<br />

faites mourir* les pères et les frères aines; si vous jetez<br />

dans les liens les enfants et les frères cadets; si vous détruisez<br />

les temples dédiés aux ancêtres; si vous enlevez de<br />

ces temples les vases préeieux qu'ils renferment : qu'en<br />

résuliera-t-il? L'empire tout entier redoutait, certainement<br />

déjà la puissance de Thsi. lai n tenant que vous avez<br />

encore don!île reten<strong>du</strong>e de votre territoire, sans pratiquer<br />

un gouvernement lin main , vous soulevez par là contre<br />

vous tonles les armées de l'empire.<br />

Si le roi promulguait promptement un décret qui ordonnât-<br />

de rend.ro à leurs parents tes vieillards et les enfants<br />

; de cesser d'enlever des temples les vases préeieux ;<br />

et si, de concert avec le peuple de Y cm, vous rétablissez à<br />

1 € ii ; i p i l iv T clan m g -hocï-l c h i ka o . e d i I i o 11 citêo , p. G! ». Tï h on-h i<br />

JH .jiie les VMi-srik's dans i.v |«atsi|jniohé diffèrent aussi légèrement<br />

<strong>du</strong> Ji'Nt*' ;n:uirl <strong>du</strong> (linn-kûuj.


MENG-TSEU. 23S<br />

sa tète ru» sage pririee et. quittez son territoire, alors vous<br />

pourrez parvenir à arrêter | les armées des attires princes<br />

t un les piv tes à vous attaquer L<br />

12. Les p fine es de 1 M'HU, et de Lou élaut entrés en<br />

hostilités l'un eoiilre l'autre, Mau-ko/ty (prince de Tmml<br />

fît ri ne question en ces termes : (Jrux de nies chefs Ho<br />

troupes qui ont perî en eon thaï tant sont an nombre Ht»<br />

îiWife-froîs, et personne d entre 1rs hommes ans ces circonstances,<br />

comment Hois-je agir pour bien taire?<br />

MIîNG-TSKI: répondil avec respec! : Dans les dernières<br />

armées de stérilité, de dé>astres et (Je lamine, le nombre<br />


256 MENG-TOEU.<br />

pour ses supérieurs^ et II donnerait sa vie pour ses chefs.<br />

13. Wcn-kong, prince de leng, fit une question en ces<br />

termes : Teng est un petit royaume ; mais comme il est<br />

s i 11 ie e 11 î re les m y a o n i e s c 1 e 7 7i s i et de 7 li sa u, se r v i ra i -j e<br />

.7 7/s i*. ou si J r v i ni i - j e / 7t $e fixa : ee n'est pas par choix et de propos délibère qu'il<br />

iv/ït ainsi, c'est parceqtill ne pouvait pas taire autrement.<br />

Si quelqu'un pratique constamment la vertu, dans la<br />

suite des général ions il se trouvera toujours parmi sesfîls<br />

et. ses pet il s-Il 1 s un homme qui sera élevé à la royauté,<br />

L'homme supérieur qui veut fonder nue dynastie „ avec<br />

Tintent ion de transmettre la souveraine autorité à sa descendance,<br />

mit de telle sorte que son entreprise puisse être<br />

continuée. Si cet. homme supeiit ut* accomplit son couvre<br />

|sll est élevé il la royauté l j, alors le ciel a prononcé 2 .<br />

1 C


MENG-TSEU. 257<br />

Prince, que vous fait ce royaume de Thsif Efforcezvous<br />

de pratiquer la vertu [qui fraye le chemin à la<br />

roya 111é I, et t jor r u'»z-v o 11s là.<br />

ir>. Wen-kong, prince de ïouj. lit encore une question<br />

e n c est e r n i es : 1 e a g es 111 o pc M royaume. Q u o i q u ' i ! fa sse<br />

tous ses eiinrls pour être agréable ao\ grands ro va unies,<br />

il ne pourra éviter sa ruine. Dans ers circonstances, que<br />

pensez-vous que je puisse faire ? Mt-Ntn' , «; , ;i»ii.n ti«->(^ iiitaivk iiO\vs<br />

-Iï faveur de Vinlvrùl paierai utu\ur\ ifîtlirMh- }a,> a *.-,- sjin-iii.T.<br />

il


258 MENG-TSEU.<br />

transmis de génération en génération ; œ n'est pas une<br />

chose que nous pouvons, de notre propre personne,<br />

céder [à des étrangers]; nous devons tout supporter,<br />

jusqu'à la mort, pour le conserver, et ne pas l'abandonner.<br />

Prince, je vous prie de choisir entre ces deux résolutions*.<br />

16. Phlng-kong, prince de. Zon, était disposé à sortir<br />

[pour visiter MENG-TSEU % lorsque son ministre .favori<br />

Tâsang-tsang lui parla ainsi : Les autres jours, lorsque<br />

le prince sortait, il prévenait les chefs de service <strong>du</strong> lieu<br />

où il se rendait; aujourd'hui, quoique les chevaux soient<br />

déjà attelés au char, les chefs de service ne savent pas<br />

encore où il va. Permettez que j'ose vous le demander.<br />

Le prince dit : Je vais faire une visite à MENG-TSEU.<br />

Tâsang-tsang ajouta : Comment donc ! la démarche ,que<br />

fait le prince est d'une personne inconsidérée, en allant<br />

le premier rendre visite à un homme <strong>du</strong> commun. Vous<br />

le regardez sans doute comme un sage? Les rites et l'équité<br />

sont pratiqués en public par celui qui est sage; et<br />

cependant les dernières funérailles que MENG-TSEU a fait<br />

faire [à sa mère] ont surpassé [en somptuosité], les premières<br />

funérailles qu'il fit l'aire [à son père, et il a manqué<br />

aux rites]. Prince, vous ne devez pas le visiter.<br />

Phing-kong dit : Vous avez raison.<br />

Lô-tching-t§êu [disciple de MENG-TSEU] s'éiant ren<strong>du</strong> à<br />

la cour pour voir le prince, lui dit : Prince, pourquoi<br />

n'étes-vous pas allé voir MENG-KBO [MENG-TSIU]Î Le<br />

prince lui répondit : Une certaine personne m'a informé<br />

que les dernières funérailles que MENG-TSEU avait fait<br />

faire [à sa mère] avaient surpassé [en somptuosité] les<br />

premières funérailles qu'il avait fait faire [à son père].<br />

C'est pourquoi je ne suis pas allé le voir. Lo-tching-tseu<br />

dit : Qu'est-ce que le prince entend donc par l'expression<br />

surpasser? Mon maître a fait faire les premières<br />

funérailles conformément aux rites prescrits pour les<br />

1 Commentaire,


MBNG-TSBU. 259<br />

simples lettrés, et les dernières conformément anx rites<br />

prescrits pour tes grands fonctionnaires: dans les premières<br />

il a employé trois trépieds, et dans les dernières<br />

ii eu a employé cinq ; est-ce là ee que vous ave/ voulu<br />

dire? — Point <strong>du</strong> tout, repartii le roi. ,lr parle <strong>du</strong> eereuei!<br />

intérieur et <strong>du</strong> tombeau eytérieur. ainsi que de la beauté<br />

des habits de deuil. Lo-tciùnn dit : T:e n'est pas en<br />

cela que l'on peut dire qu'il a sur/tfrsu- des premières funérailles<br />

parle luxe des dernières): les facultés <strong>du</strong> pauvre<br />

e f <strong>du</strong> riche i le so n t pas l e s 111 * a 11 < * s l .<br />

Lo-tcluny-tmt étant allé visiter Mns


260 MENG-TSEU.<br />

de Thsi, on pourrait, sans doute espérer devoir se renouveler<br />

les actions méritoires de Kouan-tchoung et de<br />

Yan-tmu?<br />

MENG-TSEU dit : Vous êtes véritablement un homme de<br />

Thsi. Vous connaissez Kouan-tchoung et Yan-tseu; et voilà<br />

tout!<br />

Quelqu'un interrogea îhsmg-si [petit-fils de Tksmgtseu]<br />

en ces, termes : Dites-moi lequel, de vous ou de<br />

T$eu4out est le plus sage? Thsmg-si répondit avec quelque<br />

agitation : Mon aïeul avait beaittcoup de vénération<br />

pour Tseu-lou. — S'il en est ainsi* alors dites-moi lequel,<br />

de vous ou de Kouan-tckoung, est le plus sage? Thseng-ti<br />

parut s'indigner de cette nouvelle question qui lui déplut*<br />

et il répondit : Comment avez-vous pu me mettre<br />

en comparaison avec Kouan-tchoung? Kouan-tchoung obtint<br />

les faveurs de son prince* et celui-ci lui remit toute<br />

son autorité. Outre cela* il dirigea l'administration -<strong>du</strong><br />

royaume si longtemps 1 * que ses actions si vantées [eu<br />

égard à ses moyens d'action] ne sont que fort ordinaires.<br />

Pourquoi me mettez-vous en comparaison avec cet<br />

homme?<br />

MENG-TSEU dit : Thseng-si se souciait fort peu de passer<br />

pour un autre Kouan-tchoung, et vous voudriez que moi<br />

je désirasse de lui ressembler !<br />

Le disciple "ajouta : Kouan-tchoung rendit son prince<br />

le chef des autres princes; Yan-tseu rendit son prince illustre.<br />

Kouan-tchoung et Yan-tseu ne sont-ils pas dignes<br />

d'être imités?<br />

MENG-TSEU dit : Il serait aussi facile de faire un prince<br />

souverain de Thsi que de tourner la main.<br />

Le disciple reprit : SI! en est ainsi* alors les doutes et<br />

les perplexités de votre disciple sont portés à leur dernier.<br />

degré ; car enfin* si nous nous reportons à la vertu de<br />

Wen-wang, qui ne mourut qu'après afoir atteint l'âge de<br />

cent ans* ce prince ne put parvenir au gouvernement de<br />

s Pendant quarante années. (Commentaire.)


UNG-TSBU. 261<br />

tout l'empire. Wou-wang et Tefmu-koung continuèrent<br />

l'exécution de se^ projets. CVsl. ainsi que par la suite la<br />

grande rénovation de font le m pire fut. accomplie. .Maintenant<br />

vous fiiles que rien nest si facile que d obtenir la<br />

so n vend net o de i empire, alors Wt/h-tniHy ne su il if pins<br />

pour être otîért en imitation.<br />

MENOTSIX dit. : boniment la vertu de II en-irmHj pourra<br />

i f -e 11 o èl ri % ega ! ëe ? I ) e p n i s 7 > '// / n (j-th < ee/ j 1i sq u "à H V//thig*<br />

six on sept princes doues de sauvsse et. de sainteté<br />

ont paru. L Vu i pire a été soumis a la dvnasiie. de ) n pendaot<br />

longtemps. rJ par cela même qu'il lui a etê soumis<br />

pondant longtemps, il a efe «Tauhuit plus difficile d'opérer<br />

des changements. Il 'ùu-tiit*f convoqua a su cour<br />

tons les princes vassaux, et il obtint IV m pire avee la<br />

même facilité (pie si I eut tourné sa mai m Comme Tcfoî*ni<br />

Ion Chtw(-siit\ ne rétro a pas bien longtemps après \Y*mtinff<br />

l ? les anciennes familles ejiii axaient donné des ministres<br />

à ee dernier roi, les habit m les de bienfaisance ef<br />

d'humanité que le j>euple avait contractées, h\s sacres<br />

instriietioiis et les bonnes lois étaient encore subsistantes.<br />

K11 o n 11 t», e x i s t a i e n f a 11 ss i W'r- /- / s-m t II c ) - ! * -h o u i * y -,<br />

1 e s I î 1 s <strong>du</strong> r o i ; P i-knn, A' i-tse i r :j *. • f A * / ee - 7/ ". Tous ci • s<br />

hommes, qui étaient- (h-< sa ires, se réunirent pour aider<br />

e t se r v ï r ee p r i née. C Vs f po s in {i io i C 'if r e us ai r cen i a Ion »temps<br />

et finit par perdre, l'empire. Il n'existait pas un<br />

pied de terre qui ne fût sa possession, un peuple qui<br />

ne lui fût soi unis. Dans v\'\ état de chose-, ll^//-//w////<br />

ne possédait (prune petite contrée de *'enf // ]di\ lieu*-si<br />

de circonférence, de laquelle i! partit jpuur eonquérir<br />

l'empire], (Test pourquoi îl éprouva tant de difficultés.<br />

c!ironoli.Mrif{u


•262 ' MN6-TSEU.<br />

Les hommes de Thsi ont un proverbe qui dit : Quoique<br />

Ion ait ia prudence et ia pénétration en partage\ rien<br />

n'est avantageux comme des circonstances opportunes;<br />

quoique ton ait de bons instruments aratoires, rien n'est<br />

(ivcnUfif/eux comme d'attendre la soi son favorable. Si le<br />

temps est arrivé, alors tout est facile.<br />

Lorsque les princes de [lia, de }~n et: do Te h cou llolissaieiit<br />

l _, leur terri luire ne dépassa jamais mille li [ou<br />

e e ut li e u c s J 11\ * t e 11 d i le - ; 1 e r o y a u 111 e ( le 7 'h $ i a a u j o u rciliuî<br />

cette éten<strong>du</strong>e de territoire. Le chant des coqs et<br />

les aboiements des chiens se ré pondant mutuellement<br />

[tant, la population est. pressée] s'étendent jusqu'aux quatre<br />

extrémités «les frontières; par conséquent, le royaume<br />

de 7Lsi a une population égale à ia leur [à celle de ces<br />

royaumes de mille // d'éten<strong>du</strong>e I. On n'a pas besoin de<br />

changer les limites de son territoire pour l'agrandir, ni<br />

d'augmenter le nombre de sa population. Si le roi de 'iosi<br />

pratique un gouvernement humain [plein d'amour pour<br />

le peuple* 5 ], personne ne pourra l'empêcher d'étendre, su<br />

souveraine te sur tout l'empire.<br />

En ou Ire, on ne voir plus surgir de princes qui exerce ni<br />

la souveraineté. Leur interrègne n'a jamais été si long<br />

que de nos jours. Les sou lira ne es et. les misères des peuples,<br />

pro<strong>du</strong>ites par tlvs gouvernements cruels et tyranniques,<br />

n'ont jamais été si grandes que de nos jouis. 11<br />

es! facile de faire manger ceux qui ont laim et de faire<br />

boire ceux qui ont soif.<br />

Kiioi.NU-isKi; disait ; La vertu dans on lion gouverne<br />

ment se répand comme un fleuve; elle ma relie plus vite.<br />

que le piéton ou le cavalier qui porte les proclaniatiuiib<br />

royales.<br />

Si «ie nos jours un royaume de dix mille chars vient a<br />

* Aux époques de Yu, de Thang, de Wen-wang el de Wou-wangm<br />

1 Selon Tchou-hi, il est ici question <strong>du</strong> domaine royal, Wang-ki<br />

[qui avait toujours î ,000 U d'éten<strong>du</strong>e, et que les anciens rois gouvernaient<br />

par eux-mêmes].<br />

s Commentaire, *


MENG-ÏSEU. 263<br />

posséder on gouverne!oeuf humain, les peuples .s'en réjonirunf<br />

comme [se réjouît dosa délivrance! l'homme que<br />

l on a dt ; faelié <strong>du</strong> gibet ou ii était suspen<strong>du</strong> la tété en bas.<br />

Ces! ainsi que si on lai! si ai lia tient la moitié des actes<br />

bienfaisants dos bon unes de l'antiquité, le s résultats seront<br />

plus que doubles, €e n est que maînlenanl que bon peut<br />

accomplir de telles choses.<br />

i, Rong-sun-lchcou lit une autre question en ees ternies<br />

: Maître, je suppose que vous so\ez grand dignitaire<br />

et premier ministre <strong>du</strong> royaume de Thxi. et que vous parveniez<br />

à mettre eu pratique vos <strong>du</strong>c •tri nés de bon gouvernement,<br />

quoiqu'il puisse résulter de là que le roi<br />

devienne chef suzerain des autres rois, ou souverain do<br />

l'empire, il n'y aurait rien d'extraordinaire. Si vous deveniez<br />

ainsi premier ministre <strong>du</strong> royaume, éprouveriezvons<br />

dans votre esprit i!


264 M»fi-HED.<br />

chars, comme s'il tuerait* l'homme vêtu d'une -large<br />

Yeste de laine. Il n'avait peur d'aucun" des princes de<br />

l'empire : si des mots outrageants pour loi, tenus par eux,<br />

parvenaient à ses oreilles, il les leur renvoyait-aussitôt.<br />

C'est de cette manière que Meng-chi-che entretenait<br />

aussi son courage viril. II disait : « |§ regarde <strong>du</strong> même<br />

œil la défaite que la victoire. Calculer le nombre des<br />

ennemis avant de s'avancer sur eux,, et 'méditer longtemps<br />

sur les chances de vaincre avant d'engager -te<br />

combat, c'est redouter trois armées ennemies. »,Pensezvous<br />

que Mmg-chi-ehê pouvait acquérir la certitude de<br />

vaincre! Il pouvait seulement être dénué detoptecrainte;<br />

et voilà tout. '<br />

Mmg-eki~ekerappelle Th$êng-t$eu pour le caractère;<br />

Pe-koung-lteou rappelle T$eu-hia. Si l'on compare le<br />

courage viril de ces deux hommes, on ne peut déterminer<br />

lequel «des deux surpasse l'autre; cependant Mengehi-che<br />

avait le plus important [celui qui consiste à avoir<br />

un empire absolu sur soi-même]. ' -<br />

- Autrefois, Th$êng-t$eu, s'adressant à Tseu*ia*g, lui<br />

dit : Aimez-vous le courage viril î j'ai beaucoup enten<strong>du</strong><br />

parler <strong>du</strong> grand courage viril [ou de la force d'âme] à<br />

mon maître [KHQUNG-TSEU]. // disait :* Lorsque je fais<br />

un retour 'sur moi-même, et que je ne me trouve pas<br />

le cœur droit, quoique j'aie pour adversaire un homme<br />

grossier, vêtu d'une large veste de laine, comment n'éprouverais-je<br />

en moi-même aucune crainte! Lorsque je<br />

fais un retour sur moi-même, et que je me trouve le<br />

cœur droit, quoique je puisse avoir pour adversaires<br />

mille ou dix mille hommes, je marcherais sans crainte à<br />

l'ennemi.<br />

Meng-chi-che possédait la bravoure qui naît de l'impétuosité<br />

<strong>du</strong> sang, et qui n'est pas à comparer au courage<br />

plus noble que possédait Thsêng-tseu [celui d'une raison<br />

éclairée et souveraine 1 ].<br />

1 Comimniaire.


1IEN6-T8BU. 265<br />

Kong-sun-tcheon dit : Osera is-je demander sur quel<br />

prine i\>e est foi\dée Ia fon• t % ou I a f e r m e i é daine 1 démon<br />

inaître, et sur quel principe était fondée la force on fermeté<br />

darne de Kao-tsm? Pour rais-je obtenir de l'apprendre<br />

fie vous? | MKMi-TSKi' répondit I : /\oo-!st>n disait : « Si<br />

vous ne saisissez pas clairement la raison des paroles que<br />

quelqu'un vous adresse, ne la cherchez pas dans | les passions<br />

(le | son ârne ; si vous ne la trouvez pas dans [ les passions<br />

de] son âme. ne la cherchez pas dans les niouvem<br />

eut s désord on n es d e so u e s pr i l v i t a l. »<br />

Si vous ne la (retueez pas dans | les passions \ de son ârne,<br />

ne la cherchez fias dans tes moueenienfs désordonnés de sari<br />

esp rit v fiai ; c e la se d o i f : niais s î va as n e sa is issez / n IS cl a i -<br />

rement la rffison des paroles que quelqu'un, vans adresse, ne<br />

la cherchez pas dans I les fiassions] de son âme ; cela ne se<br />

doit pas, (jette intelligence [ que nous possédons en nous,<br />

e t qui est 1 o pr< xl u i t (h* Y unie 2 ] c o m m a n d e à V esprit v il al.<br />

L'esprit vital est le complément nécessaire des membres<br />

corporels de l'homme ; Vintelligence est la partie fa plus<br />

noble de nous-méme; Vesprit vital vient ensuite, ("est<br />

p o i i rq uo i j e dis : J l f a u t surveiller a v t » e resj >e e t son in i elligence,<br />

et ne pas troubler 3 son esprit vital.<br />

[Le disciple ajouta : ] Vous avez dit : « L'intelligence<br />

est la partie la plus noble de nous-méme; l'esprit vital<br />

vient ensuite. » Vous avez encore dit : « Il faut surveiller<br />

avec respect son intelligence, et en!retenir a\ec soin son<br />

esprit vitaL » Qifentendez-vous par là? — MKXOTSEI'<br />

dit : Si F / n tell igen ce est livrée à sou ae t i on indivi<strong>du</strong>elle 4 ,<br />

alors elle devient Feseîave soumise de Y esprit vital ; si Y esprit<br />

vital est livré à son action indivi<strong>du</strong>elle, alors il t rouille<br />

Y intelligence. Supposons maintenant qu'un homme tombe<br />

la tête la première, ou qu'il fuie avec précipitation : dans<br />

1<br />

f.ilhTah'menî : VhuhranlnhiUh'' tht nt-tO'<br />

2<br />

(.(alimentaire.<br />

3<br />

Entretenir a ver. soin. • J'ommi-ntairr.)<br />

'* 1Vh o nan ?"- ye. • ( 'ie no-n toirc.<br />

23


266 MENG-TSEU.<br />

les deux cas, l'esprit vital est agité, et ses mouvements<br />

réagissent sur Y intelligence.<br />

Le disciple continua : Permettez que j*ose vous demander^<br />

maître, en quoi vous avez plus raison [ que Àaotseu]1<br />

MENG-TSEU dit : Moi, je comprends -clairement le motif<br />

des paroles que Ton m'adresse; Je dirige selon les principes<br />

de la droite raison mon esprit vital qui coule et circule<br />

partout.<br />

— Permettez que j'ose vous demander ce que vous entendez<br />

par l'esprit vital qui coule et circule partout f —<br />

Gela est difficile à expliquer.<br />

Cet esprit vital a un tel caractère, qu'il est souverainement<br />

grand [sans limites ! 1, souverainement fort [ rien ne<br />

pouvant l'arrêter 2 ]. Si on le dirige selon les principes de<br />

la droite raison et qu'on ne lui fasse subir aucune perturbation^<br />

alors il remplira l'intervalle qui sépare le ciel et<br />

la terre.<br />

Cet esprit vital a encore ce caractère, qu'il rénnit en<br />

soi les sentiments naturels de la justice ou <strong>du</strong> devoir et<br />

de la raison; sans cet esprit vital, le corps a soif et<br />

faim.<br />

Cet esprit vital est pro<strong>du</strong>it par une grande accumulation<br />

d'équité [un grand accomplissement de devoirs 3 ], et non<br />

par quelques actes accidentels d'équité et de justice. Si<br />

les actions ne portent pas de la satisfaction dans l'âme,<br />

alors elle a soif et faim. Moi, pour cette raison, je dis donc :<br />

Kao-tseu n'a jamais connu le devoir, puisqu'il le jugeait<br />

extérieur à l'homme.<br />

Il faut opérer de bonnes œuvres, et ne pas en calculer<br />

d'avance les résultats. L'âme ne doit pas oublier son devoir,<br />

ni en précipiter l'accomplissement. Il ne faut pas<br />

ressembler à l'homme de l'État de Soung. Il y avait dans<br />

1 Commentaire.<br />

* Ibid.<br />

s Ibid.


MENd-TSEU. 267 .<br />

l'État de Soung un homme qui était daes la désolation de<br />

ce que ses blés ni" croissaient pas; il alla les arrachera<br />

moitié, pour h «s taire 1 croître pins vite. Il s'en revint l'air<br />

foui hébété, et dit aux personnes de sa famille : Aujourd'hui<br />

je suis bien l'a figue: jVti aide nos blés a eroîlre. Ses<br />

fils accoururent avec empressement pour voir ces blés;<br />

ruais font*s les %es avaient séché.<br />

lieux qui, dans le monde, n'aident pas leurs blés à<br />

croître sont bien rares, ('eux qui pensent qu'il n'y a<br />

aucun profit à retirer (de la culture de ï>'spni rift.d], et<br />

l'abandonnent à lui-même, sont connue celui qui ne<br />

sarcle pas ses blés; ceux qui via lient aider prématurément<br />

le développement de leur esprit rihrf son! roi unie<br />

celui qui aide à croître ses blés en les arrachant à moitié.<br />

Non-seulement dans ces circonstances on n'aide pas, ruais<br />

on nuit.<br />

— Q u V n t ci H 1 e z-v o u s pa r c os o \ | » r ess i o n s : Ja > -fui ,7 wa n ds<br />

cl(fll'{>iiif*it( le )ti (t i if t / / • S f)t ij-fj fi -s /y n* • ('un tn'ndi h l: >>' i ' ?<br />

MENG-TSEI dit : Si les paroles de quelqu'un sont erronées,<br />

je connais ce qui Irouble son esprit ou l'in<strong>du</strong>it, en<br />

erreur; si les paroles de quelqu'un son! alun niantes et<br />

diffuses, je connais ce qui le fait tomber ainsi dans la<br />

loquacité; si les paroles de quelqu'un sont licencie uses,<br />

je sais ce qui a détourné son cu-nr de la droite voie; si<br />

les paroles do quelqu'un son! louches, évasives, je sais<br />

ce qui a dépouillé son eo-ur de la droite raison, lies<br />

Finstant que ces défauts sont nés dans le cu-nr d'un<br />

homme, ifs altèrent ses senti nient s de droiture ci de<br />

bonne direction; «lès l'instant que l'altération des sentiments<br />

de droiture et de bonne direction <strong>du</strong> neur a été<br />

pro<strong>du</strong>ite, les actions se trouvent viciées. Si les saints<br />

hommes apparaissaient de nouveau sur la (erre, ils donneraient<br />

sans aucun doute leur assentiment a me> paroles.<br />

— 7sni-it(f


268 MEffG-TOEU.<br />

qualités^ et cependant il disait : ce Je ne suis pas habile<br />

dans Fart de la parole. » D'après ce que ?ous avez dit,<br />

maître, vous seriez bien plus consommé dans la sainteté ?<br />

— 0 le blasphème ! reprit MBNG-TSEU.; comment pouvez*<br />

vous tenir un pareil langage !<br />

Autrefois Tseu-koung, interrogeant KHOUNG-TSBUJ. lui<br />

dit : Maître, êtes-vous un saint? KHOTOG-TSEU lui répondit:<br />

Un saint ? je suis bien loin de pouvoir en être un ! j'étudie,<br />

sans jamais me-lasser, les préceptes et les maximes des<br />

saints hommes, et je les enseigne sans jamais me lasser.<br />

— Tseu-koung ajouta : « Étudier sans jamais se immrf<br />

c'est être éclairé ; enseigner les hommes sans jamais m<br />

lasser, c'est posséder la vertu de l'humanité. Vous possédez<br />

les lumières de la sagesse et la vertu de l'humanité,<br />

maître ; vous êtes par conséquent saint, » Si KHOUNG-ISEU<br />

[ajouta MENG-TSEU] n'osait pas se permettre d'accepter le<br />

titre de saint, comment pouvez-vous me tenir un pareil<br />

langage ?<br />

Mong-sun-tcheou poursuivit : Autrefois j'ai enten<strong>du</strong> dire<br />

que Tseurhia, Tseu-yeou et Tseu-tehang avaient tous une<br />

partie des vertus qui constituent le saint homme ; mais<br />

que Jan-niêôu, Min-tseu et Yan~youan en avaient toutes<br />

les parties, seulement bien moins développées. Oserais-Je<br />

vous demander dans lequel de ces degrés de sainteté vous<br />

aimeriez à vous reposer?<br />

MENG-TSEU dit : Moi ? je les repousse tous *. *— Le<br />

disciple continua : Que pensez-vous de Pe-i et de Y-yin?<br />

— Ils ne professent pas les mêmes doctrines que-moi.<br />

« Si votre prince n'est pas votre prince a , ne le 'servez<br />

ci pas ; si le peuple n'est pas votre peuple 3 , ne lui comr<br />

« mandez pas. Si l'État est bien gouverné et en paix,<br />

« alors avancez-vous dans les emplois ; s'il -est dans le<br />

« trouble, alors retirez-vous à l'écart. » Yoilà les principes<br />

! C'est au plus haut degré de sainteté qu'il aspire.<br />

• C'est-à-dire s'il n'est pas éclairé. (Commentaire.)<br />

• S'il n'est pas honorable. (Commentaire.)


miNG-TSiu. 26.9<br />

de Pe-i. s Qui servirez-vous, si ce n'est le prince î à qui<br />

ce cominaiiderezrvou&, si ce n'est au peuple ? Si l'État est<br />

« bien gouverné, avancez-vous dans les emplois ; s'il est<br />

« dans le (rouble, avancez-vous également dans les omet<br />

piûïs. » Voilu les principes de I ~//oo « S il convient<br />

« d'accepter une in agi si rature» acceptez cette magisfra-<br />

« t tire ; si l eon v i en t: d e c< -ssi. a* d i • la re 11 » pi î r, c< «s>< > y, d e I a n • m -<br />

tt plir; s'il convient de. l'occuper longtemps, occupez-la<br />

« longtemps; s'il convient de vous en deniellre sttr-le-<br />

« champ, ne tardez pas un instant» » Voilà les principes de<br />

KIM)0«>TSEî\ L'un et les antres sont, de saints hommes<br />

<strong>du</strong> t e î ri ps passé. Moi, je n'ai pas eue o r e pu pa r v e n t r à<br />

agir c om n i e e n x ; t o 111 e h as, ce q ne je désire pa r H I < 'ssu s<br />

tout, c'est de pouvoir huiler K lions* ;-TsEr.<br />

—Pe-i et ! -ty in son t-i I s d es 1 toi 11111 es d u i n é i ne on I re c| ne<br />

KiiorsG-TSEU ? — Aucunement. Depuis qu'il existe des<br />

hommes jusqu'à nos Jours, il n'y en a jamais eu de-comparable<br />

à KllOl'N


270 MENG-TOEU..<br />

Tsm-mjf} disait : Si je considère attentivement mon<br />

i nui fo\ je le trouve ta en plus sage que Yao et Clam.<br />

Isev-koumj disait : En observant les usages et la con<strong>du</strong>ite<br />

des anciens empereurs, je connais les principes qu ils<br />

suivirent dans le gouvernement de l'empire; en écoutant<br />

leur musique, je connais leurs vérins. Si depuis cent<br />

gonenifiotis je classe dans leur ordre les cent générations<br />

de rois qui ont règne, aucun deux n'échappera a nies<br />

r


UENG-T8EI7. . 271<br />

force^ quelle qu'elle soit^ est toujours insuffisante 1 . Celui<br />

qui se soumettes hommes par la vertu porte la joie dans<br />

les cœurs qui se livrent sans réserve, comme les soixante<br />

et dix disciples do Knoi:Nt.i-TSEU se soumirent a lui.<br />

Le Livre des Vers- dit :<br />

« 1 )e l'oeeicle111 e! cle l'orienf,<br />

« Du midi et <strong>du</strong> septentrion,<br />

« Personne ne pensa à résister. »><br />

Cette citation exprime ma pensée.<br />

4. MI-LXC«-TSEI T dit : Si le prince est plein d lut inanité, iî<br />

se procure une grande gloire; s'il n'a pas d'humanité, il<br />

se déshonore. Maintenant, se en haïssant le déshonneur, il<br />

persévère clans l'inhumanité, c'est comme si en détestant<br />

l'humidité on persévérait a demeurer dans les lieux bas.<br />

Si le prince hait le déshonneur, il rie peut rien ta:re de<br />

mieux que d'honorer la vertu et: d'élever aux. dignités les<br />

hommes distingues par leur sa.voir et leur mérite. Si les<br />

sages occupent les premiers emplois publics ; si les<br />

hommes de mérite sont placés dans de.^ commandements<br />

q t i i 1 e u r e o n v i e 11 n e n t, e t q u e le m y a u n i e j ou i sse < 1 e s lois i r s<br />

de la paix ;i , c'est le temps de reviser eî de mettre dans un<br />

bon ordre le régime civil et le régime pénal, (.lest en<br />

agissant ainsi que les autres Etats, quelque grands qu ils<br />

soient, se trouveront dans la nécessite de voit s respecter.<br />

Le Livre


272 . 1RNG-TSEU.<br />

o Qui oseFait venir me troubler? ©<br />

KHOUKC-TSEU disait : Oh ! que celui qui_ 9 composé ces<br />

vers connaissait bien Fart de gouverner ! "<br />

Ln eiîot, si un prince sait bien gouverner son royaume,<br />

qui oserait venir le trou hier?<br />

Maintenant, si. lorsqu'un royaume jouit de la paix et de<br />

la tranquillité , le prince e m ploie ce temps pour s'abandonner<br />

a ses plaisirs vicieux et: à la mollesse, il attirera<br />

inévitablement sur sa tète de grandes calamités.<br />

Les eal ami tes, ainsi que les feMeites, n arrive» i que<br />

parée qu'on se les est attirées.<br />

Le /a'm'^sdV^i dit :<br />

« Si le prinee pense constamment à se conformer au<br />

« mandat qu'il a récit dit ciel,<br />

« Il s'attirera beaucoup de félicités.))<br />

Le 7 u ï-k in' 2 dit : « Q u a n d le ci e I n t > n s e 11 vo i e des e a I a-<br />

« mit es, nous p< n i v o i :i s q u e 1 q t i e I b b 1 e s é v i t e r ; q u a n d n ou s<br />

« nous les attirons nous-mêmes, nous ne pouvons les sup-<br />

« porter sans périr. » Les citations expriment e lai renient<br />

ee que* je, voulais dire*.<br />

o, M li N G -l'S !•; i : dit. : S î 1 e p r i n e e h oi i or e 1 es sa g e s, e t e n :t -<br />

| île» t e l es 1 ï o m mes d e n i ér i 1 * * d ; u i s des < !on I m a I ide n i e 111<br />

si ceux qui sont distingués par leurs talents et leurs vertus<br />

sont placés dans les hautes fouet ions publiques : alors tous<br />

le^ lettres de rem pire seront dans la joie et désireront demeurer<br />

à sa cour. Si dans les marches publies on n'exige<br />

que le prix de location des places que les marchands occupent,<br />

et non une taxe sur les marchandises; si, les règlements<br />

dt-s magistrats qui président, aux marchés publics<br />

étant observés on n'exige pas le prix de location des<br />

places; alors tons les marchands de 1 empire seront dans<br />

la joie . et désireront parier leurs marchandises sur les<br />

marchés <strong>du</strong> prince [qui les favorisera ainsi).<br />

Si a 11 x p a ss a ge s d e s f r o n {i e r » : s o 11 se bon ï e à u n e s i m p 1 e<br />

î liiii. Wnt-tnmtf, srrliui» Ta-


MIHG-TSEU. 273<br />

Inspection sans exiger de tribut ou de droits d'entrée,<br />

alors tous les voyageurs de l'empire seront dans la joie<br />

ôt désireront voyager sur les routes <strong>du</strong> prince qui agira<br />

ainsi. *<br />

0 H 13 ceux qui 1 a bon re n t. no soient a ss u] e f f i s q t ut ! 'usa / s~<br />

tance (c'est-à-dire à labourer une portion déterminée des<br />

champs <strong>du</strong> prince] * et non à payer des redevances, alors<br />

tous les laboureurs de l'empire seront dans la joie, et désireront<br />

aller labourer dans les domaines <strong>du</strong> prince. Si tes<br />

artisans qui habitent des échoppes ne sont pas assujettis à<br />

la capital ion et à ht redevance en loi les, alors finîtes les<br />

popuîaiions seront dans la joie, et dèsireroi1t d


274 MENG-TSEU.<br />

un sentiment de crainte et de compassion caché dans leur<br />

cœur : et ils éprouvent ce sentiment, non parce qu'ils désirent<br />

nouer des relations d'amitié avec le père et la mère<br />

de cet «'niant: non parce qu'ils sollicitent les applaudissements<br />

oit les éloges iji- leurs amis el de leurs concitoyens,<br />

«m qu'ils roi Ion font l'opinion publique.<br />

On peu! tirer de là les. conséquences suivantes : Si Ton<br />

n'a pas un ccenr miséricordieux, ef coin pat issant, on n'est<br />

pas tin homme; si fou n'a pas les sentiments de la honte<br />

jde ses \icesj el de l'aversion [pour ceux des autres j, on<br />

n'est pas un homme; si Ton n'a pas les sentiments dabnéfmfion<br />

et de déférence, on n'est pas un homme; si Ton ira<br />

pa> le sentiment <strong>du</strong> vrai et <strong>du</strong> faux, ou <strong>du</strong> juste et de Finjuste,,<br />

on n'est pas un homme.<br />

Tu. cour miséricordieux et compatissant est le principe<br />

de l'humanité; le sentiment de la houle et de Faversion<br />

es! le principe de iequité et de la justice ; le sentiment<br />

d'abnégation et de déférence i^i le principe des usages<br />

>ociaux ; le sent il neuf <strong>du</strong> vrai et <strong>du</strong> faux, ou <strong>du</strong> juste et<br />

de l'injuste, est le principe de la sagesse.<br />

Les hommes ont e 11 < ' 11 \-111 c i u t • s e es cj n at re pri n e i pes ,<br />

comme ils ont quatre membres. Floue le prince qui , possédant<br />

ces quatre principes naturels, dit qu'il ne peut pas<br />

les mettre en pratique, se nuit à lui-même, se perd complètement<br />

; el ceux qui discal que leur prince ne peut pas<br />

les pratiquer, ceux-là perde ni leur prince.<br />

Chacun de nous, uons avons ces quatre, principes en<br />

nous-mêmes; et si nous savons ions les développer et les<br />

faire fructifier, ils seront comme <strong>du</strong> t'en qui commencer,<br />

brûler, connue une source qui commence à jaillir. Si un<br />

prince rempli! les devoirs que ces sentiments lui prescrivent<br />

, i! acquerra ni se ptussanee suffisante pour mettre<br />

les quatre mers sous sa protection. S'il ne les remplit pas,<br />

il ne sera pas même capable de bien servir son père et sa<br />

mère.<br />

7. MkNfi-TSKi' dis : L'homme qui l'ait des liée lies n'est-il<br />

pas plus inhuma'm que l'homme qui fait des c uirasses ou


MENG-TSEU. 275<br />

des boucliers? Le but de l'homme qui fait des flèches est<br />

de blesser les hommes, tandis que le but de l'homme qui<br />

fait des f uirasses et *ïl n'est pas lin main, eVst qu'il<br />

rrVsî pas sa ire et éclaire»<br />

€eltii qui n'est ni humain, ni sa ire ef éclairé, qui n'a ni<br />

urbanité ni équité** st l'esclave, des hommes. Sî cet esclave<br />

des hommes rougit d'être leur esclave , il ressemble an<br />

fabricant d'ares qui rougirait de fabriquer des arcs, et<br />

an fabricant de lier lies qui rougirait de fabriquer des<br />

flèches.<br />

S'il rougit de son étaL il n'est rien, pour en sortir, à la<br />

pratique de l'humanité.<br />

L'homme qui pratique l'humanité est connue fa reflet:;<br />

l'archer se pose d abord lui-même droit, et ensuite il<br />

lance sa flèche. Si , après avoir lancé sa lîèche, il n'approche<br />

pas le plus pivs <strong>du</strong> but. il ni» s'en prend pas à ceux<br />

qui font vaincu, niais au contraire il en cherche la faute<br />

en liii-niênie : et rien de plus.<br />

S, MEXi-'ïsia* dît : Sî Tscu-Imt se trouvai! averti par<br />

quelqu'un d'avoir commis des fautes, il s en réjouissait.<br />

Si l'ancien empereur 1 u entendait prononcer (h i > pa-<br />

l'h uitis.sajv.vs, < ! numr ne ihVin- que


276 ' MEffG-TOIU.<br />

rôles de sagesse et de vertu, il slnclinait en signe de vénération<br />

pour les recueillir.<br />

Le grand Chun aVait encore des sentiments plus élevés *<br />

pour lui la vertu était roi i uni i or a fous les hommes. Si<br />

quelques-uns d'entre eux étaient plus vertueux que lui ,<br />

i! luisait abjuration de lui-même pour les imiter. H se ré<br />

jouissait d'emprunter ainsi des exemples de vertu aux<br />

antres i in 11111 H :s. po u r pi •; 11 i que r lui* m ente ce tf e vertu.<br />

11 r s 1 < * temps < i \ i il i a I M") lirait la te r r e, où il fit br tq u a i t de<br />

la p < ) f e r i < \ où il ta i sa i t le- n i < '» t i e r 11 e pêe 1 :i e n r, j 11 sq ira e e<br />

où il e \ m; a ! a so u ve r a i i î e r e i m pé r i a I e} i 1 n e n lan q u a j am a i s<br />

de prendre {.JOUI* exemple les bonnes actions des autres<br />

hommes.<br />

I * re i \\\ i v exerti j île d es aut res 11 o m m es pour prat iquer la<br />

vertu, c'est donner aux hommes les moyens de pratiquer<br />

cette vertu. (I "est pou rq u o i il n "est rien de pi u s gra nd ,<br />

pour PI loin me supérieur, que de procurer aux autres<br />

11 u 11 m i e s les ni oy e 11 s d e j ) r a t i q ne r 1 a v erf 11 »<br />

ï ). M E M , -TSK r dit : Pe-i ne servai t pa s le pri nce qu t n ? était<br />

pas le prînee de son choix* et il ne formait pas des relations<br />

d a n i i t i e avec des amis q 11 i i i • e t aï e n t j ias d e son<br />

choix, 11 n e se présentait j >as à 1 a < • o 11 r d ' 1111 roi per v ers, i 1<br />

ne s'entretenait pas avec des hommes corrompus et média<br />

111 s ; se tenir a I a e n u r d ' un r o i J »e r v e rs, p a r I e r ave c d es<br />

hommes eormmpus et méchants, cVfait pour lui comme<br />

s'asseoir dans la houe avec des habits de cour. Si nous<br />

allons plus loin, nous trouverons qu'il a encore pousse<br />

bien au delà ses sentiments diversion et de haine pour le<br />

mal : s ît se trouvait avec un lion mie rustique dont le bonnet<br />

n'était pas convenablement placé sur sa tête, détournant<br />

aussitôt le visage., il s'éloignait de lui, comme s'il<br />

avait pensé q u e so n coula e t a 11 ai t, 1 e so ni 11 e r. ( V est po u rqnoi<br />

ît ne recevait pas les invitations des princes vassaux<br />

qui se rendaient près de lui, quoiqu'ils missent dans leurs<br />

expression s e 11 e 11 r s d i se o u r s t o u t e 1 a c : on v e n an e e p oss i h! e :<br />


HENG-TSML 277<br />

Lieourhiorhoei [premier ministre <strong>du</strong> royaume de L&u]<br />

ne r o 11 g « ssa i t pas de. servir 1111 1ti a u va i s prince, et il 111 •<br />

dédaignait pas une petite niagtsîrature. S'il était promu<br />

à des fone fions plus élevées ? il i ï e. e ae liait pas ses j » r i 11-<br />

< • i pes d e d r o i t u r t; , ni a i s i l se I a i sa i f un devoir de suivre<br />

constamment la voie droite. S'il riait néglige et mis en<br />

oubli, il n'en avait aucun ressentiment: s'il se trouvait<br />

flans le besoin et la misère, il ne se plaignait pas. C est<br />

pourquoi il disait ; « Ce que vous laites vous appartient,<br />

« et ee que je fais in appartient. Quand même vous se-<br />

« riez les liras nus et le corps nu à mes cotés, comment<br />

« pourriez-vous nie souiller 1 >.» C'est pourquoi il portait<br />

toujours un visage et un Iront sereins dans le e uni tuer ee<br />

de s h o n i nie s : e t il n e M J J te r d a i t f >o i n t. S i c | u e 1 q i f 11 n le prenait<br />

par la main et le retenait près de lui, il restait, Celui<br />

qui, étant ainsi pris par la main et retenu, cédait à cette<br />

nvitation, pensait que ce serait aussi ne pas rester pur que<br />

de s'éloigner.<br />

MESG-TSEU dit : Pe-i avait un esprit étroit ; Uemi-kiahoeï<br />

manquait de tenue et de gravite, i/homme supérieur<br />

ne suit ni l'une ni l'autre de ces façons d'agir.<br />

CHAPITRE IV.<br />

COMPOSE DE 14 ARTICLES»<br />

I. MENG-TSEU dit : Ces temps propices <strong>du</strong> ciel ne sont<br />

pas à corn parer aux avantages <strong>du</strong> terrain ; les avantages<br />

<strong>du</strong> terrain ne sont pas à comparera la concorde entre les<br />

hommes.<br />

Supposons une ville ceinte de murs intérieurs de trois<br />

ii de circonférence et de murs extérieurs de sept: ii de<br />

e i r e o 11 te r e 11 c e _, en t o urée t ï e n n e mis c f n i l at t a q u e n t de<br />

t oi i ! «.^s fia r t s sa n s po 11 v o i r I a p re 11 d r e. P o 11 r i iss î eg e r e t a 11 a-


à78 MENG-TSEG.<br />

quer cette ville, les ennemis ont dû obtenir le temps <strong>du</strong><br />

ciel qui convenait; mais cependant comme ils n'ont pas<br />

pu prendre cette ville, c'est-que le temps <strong>du</strong> ciel n'est pas<br />

a comparer aux a vantais <strong>du</strong> terrain Ifels que murs,<br />

fossés et autres moyens de défensej.<br />

Que les murailtes soient ele\ees, les fossés profonds, les<br />

armes et 1rs httueliers solides et <strong>du</strong>rs, le riz abondant : si<br />

les habitants fuient et abandon ne rit h airs fortifications,<br />

c'est que les avantages <strong>du</strong> terrain rie valent pas Trio ion<br />

el la roneorde entre les hommes.<br />

(Test poui-quoi il est dit : 11 ne faut pas placer les<br />

limites d'un peuple daais des frontières battes matérielles,<br />

ni la forée d'un royaume dans les obstacles que présentent<br />

à l'ennemi les <strong>mont</strong>agnes et les cours d'eau, ni la<br />

majesté imposante de l'empire dans un grand appareil<br />

militaire, (lelui qui a pu parvenir a gouverner selon les<br />

principes de l'humanité et de la justice trouvera un iruineuse<br />

appui dans le eunir des populations. Celui qui ne<br />

gouverne pas selon les principes de l'humanité et de la<br />

justice trouvera peu d'appui. Le prince qui ne trouvera<br />

que peu d'appui dans les populations sera inertie abandonne<br />

par ses parenls et ses alliés. Celui qui aura pour<br />

l'assister dans le péril presque Joutes les populations recevra<br />

les hommages de tout l'empire.<br />

Si le prince auquel ton! l'empire rend hou image attaque:<br />

celui qui a «'Me abandonné même par ses parents et ses<br />

allies, qui pourrait lui résister? C'est pourquoi Hiomme<br />

d'une verdi supérieure n'a pas besoin de combattre ; s'il<br />

combat, il est sur de vaincre.<br />

w 2. .Mr.Mi-Tsr.r s*, disposait a aller rendre visite an roj<br />

(«le 77/v\ lorsque le roi lui envoya un messager pour lui<br />

dire de sa pari qu'il avait bien désire le voir, mais qu'il<br />

était malade d'un refroidissement qu'il avait éprouve, el<br />

qu'il ne pouvait affronter le \e.nt. Il ajoutait que le lendemain<br />

matin il espérait le voir à sa cour, et il demandait<br />

s'il ne pourrait pas savoir quand il aurait ce plaisir.<br />

Mr.v;--i>r;r répoudil a\


MBNG-T8BU. 279<br />

il était aussi malade^ et qu'il ne pouvait aller à la cour.<br />

Le lendemain matin? il sortit pour aller rendre les<br />

( 1 o v < ) i rs cIi* j la r e n le, à une pe r su 1ï1u * < I e la I a 111 i 11 < >. 'f'uwiy -<br />

kouo. Kwiff-sun-tcheou {son €.1 L^C • i | >1 C) dît : Il HT, VOUS avez<br />

refusé [de taire une visite au roi| pour eatise de maladie;<br />

aujourd'hui, vous allez faire une. visite de parenté; peutéfre<br />

cela ne eonvienl-il pas. Mi-;>


280 MEN€*TSBtJ«<br />

d'humanité et de justice! Voilà ce qu'ils disent. Alors il<br />

n'est pas d'irrévérence et d'injustices plus grandes- que<br />

celles-là ! Moi, je n'ose parler (levant le roi, si ce n'est con-<br />

11,»ni i e 111 e 11 ! aux j >ri 11 e} | H • s de ] «o e t ci «.» (. h un. C *ost po 1<br />

cela que de lous les hommes de Thsi aucun n'a autant<br />

que moi de de l'ère née et de respect pour le roi,<br />

h ituf-tM* n dît : l *a s <strong>du</strong> f o ut; ni oi • je n e sois \v, \ s 11 e ce f<br />

avis-là. On lit dans le Livre d*s il i tes : « Quand 'votre<br />

« père vous appelle, ne différez pas pour dire : Je vais:<br />

« quand l'ordre <strong>du</strong> prince vous appelle, n'attendez pas<br />

« \oirechar. » Vous aviez feriiieinciil l'intention de vous<br />

rendre a la oiur; niais, après avoir enten<strong>du</strong> l'invitation<br />

<strong>du</strong> roi, vous avez aussitôt changé de résolution. Il faut<br />

bien «pie votre con<strong>du</strong>ite ne s'accorde pas avec ce passage<br />

<strong>du</strong> Livra d< < /lites.<br />

M t-: N ( M's ¥ i répondit : Q11V111 e i a lez-v o 11 s f .i a r I à ? 7 7* se ea<br />

fSf-a disait : «< Les richesses des rois de Tctti et de Jh


UBNCHTHNJ. 281<br />

pas la vertu, et qu'il ne se réjouisse pas des humes ci<br />

saines doctrines, il i Ta gif pas ainsi. Alors il n'es! pas eapabio<br />

de remplir ses fouet ions ! .<br />

irest ainsi que 1 ffurig-fitmig s'Instruisit «l'abord prés<br />

de }-//*??, qu'il lit eiiMiite son ministre. Voilà pourquoi il<br />

gouverna sans peine, //"//'?W»Y>//W/s'instruisit d'à boni près<br />

de Aou divers Ltafs de l'empire<br />

sont de la même classe [ou a peu près d'une eerale éten<strong>du</strong>e<br />

j les avantages sont les mêmes. Aucun d'eux ne peut<br />

dominer les autres. Il n'y a pas (Fa titre eau se a cela, sinon<br />

que les princes aiment h avoir des ministres auxquels<br />

ils don lient les instructions qu'il leur convient, et qu'ils<br />

n''aiment pas à avoir des ministres dont ils recevraient euxmêmes<br />

la loi.<br />

7 ch in g-tha ng n '* a lira ï t pa s osé 1 a i i v. v e n i r pr es d o 1 u i }"y<br />

i n n ï Ko u an -ko u /? g a p p i •1er p r è s de lui i/o u nn-t ch o un g, S i<br />

Ho ua n-tcfïo u ng n e po u v a ï t. pa s ê t r e mande f très il 'un petit<br />

prince, à plus forte raison celui qui ne fait pas grand cas<br />

de A'ouan-tcltourtfj !<br />

3. 1 ch iii-(J(S in {d ïseî i >le c le M rs G-TSE I: ) Il t u n e q 11 est i o 11<br />

en ces termes : Autrefois, lorsque vous efîez dans ! i v ou s e n o ! ï r if q u a -<br />

torze eentsonces, et vous les reeùtes. Lorsque vous elîez<br />

dans le royaume de Sic, le roi vous en oflrit mille onces,<br />

et, vous les reçûtes. Si dans le premier eas vous nwi ci?<br />

1 MLNCJ-TïJCU Veuf Cait'O tlépOlidre IrS JU'ifKCS ijes Sil^Oi et Jt;S Jiutllmm<br />

n: hure, s, et non lo.s sa^e» r! If s buituiios celairës îles | oi oces.<br />

I! relevé' ta. < J11 f 111 i. t> =T\ \\w f ' ' a bien<br />

u«ulu k'N c rat ai' r f» Lun.in


282 MENG-TSEU.<br />

raison de refuser : alors, dans les deux derniers cas, vous<br />

avez eu tort d'accepter ; si, dans les deux derniers cas,<br />

vous avez eu raison d'accepter : alors, dans le premier cas,<br />

vous avez eu tort de refuser. Maître, il faut nécessairement<br />

que vous me concédiez Tune ou l'autre de ces propositions.<br />

MENG-TSEU dit : J'ai eu raison dans tous les cas.<br />

, Quand j'étais dans le royaume de Soung, j'allais entreprendre<br />

un grand voyage ; celui qui entreprend un<br />

voyage a besoin d'avoir avec lui des présents- de voyage.<br />

Le roi me parla en ces termes : « Je vous offre les préce<br />

sents de l'hospitalité. » Pourquoi ne les aurais-je pas<br />

acceptés ?<br />

Lorsque j'étais dans le royaume de Sxe9 j'avais l'intention<br />

de prendre des sûretés contre tout fâcheux événement.<br />

Le roi me parla en ces termes : « J'ai appris que<br />

ce vous vouliez prendre des sûretés pour continuer votre<br />

« voyage ; c'est pourquoi je vous offre cela pour vous<br />

ce procurer des armes. » Pourquoi n'auraisrje pas accepté<br />

? ' '<br />

Quant au royaume de Tfisi, il n'y avait pas lieu [de<br />

m'offirir et d'accepter les présents <strong>du</strong> roi]. S'il n'y avait<br />

pas lieu de m'offrir ces présents, je les aurais donc reçus<br />

comme don pécuniaire. Gomment existerait-il un hommo<br />

supérieur capable de se laisser prendre à des dons pécuniaires?<br />

4. Lorsque MENG-TSEU se rendit* à la ville de Phing-lo,<br />

il s'adressa à l'un des premiers fonctionnaires de la ville,<br />

et lui dit : Si l'un de vos soldats porteurs de lance abandonne<br />

trois fois son poste en un jour, l'expédierez-vousou<br />

non ? Il répondit : Je n'attendrais pas la troisième fois pour<br />

l'expédier.<br />

[MENG-TSEU ajouta :] S'il en est ainsi, alors vous-même<br />

vous avez abandonné votre poste, et cela un grand nombre'<br />

de fois. Dans les années calamiteuses, dans les années de<br />

stérilité et de famine, les vieillards et les infirmes <strong>du</strong><br />

peuple dont vous devez avoir soin, qui se sont précipités


MENG-TSEU. 283<br />

daos les fossés pleios d'eau et dans les mares des ?allées;<br />

les jeunes gens liais et robustes qui se son! disperses et<br />

se sont ren<strong>du</strong>s dans les quatre parties de l'empire | pour<br />

y chercher leur nourriture] sont au nombre de plusieurs<br />

milliers.<br />

[Le magistral 1 répondit : II ne dépend pas de nu a h'iu-<br />

>rtf que cela ne suit ainsi.<br />

IMLNG-TSKè'I poursuhit : Maintenant, je vous «lirai que<br />

s il se trouve un la a tune qui reçoive d'un autre des I neufs<br />

et îles moulons pour en être Je gardien et les faire pailre.<br />

à si place, alors il lui demandera nécessairement des<br />

pâturages et de l'herbe pour les nourrir. Si, après lui<br />

avoir déniai aie des pâturages et (h'> herbes pour nourrir<br />

son troupeau, il ne 1rs obtient pas, alors pensez-vous<br />

qu'il ne le rendra pas a Thon une qui le lui a coi i lie, ou<br />

qu'au contra ire il se tiendra la immol.uk 1 en le regardai!!<br />

mourir?<br />

j Le magistrats répondit : Pour cela, c'est la faute de moi<br />

/liu-ahi.<br />

Lu autre jour, MK.VJ-ISI-;!' étant allé voir le. roi. il lui<br />

dît: De fous ceux qui administrent les villes au nom <strong>du</strong><br />

roi, \otre serviteur eu connaît cinq ; et parmi os cinq il<br />

n'y a que A hou u //~/ow- s o/ qui reconnaisse ses tauîe>. Loisqu<br />

il les eut racontées ait roi, le roi dit : yuan! a ces calaun<br />

tes, c'est: moi qui «ai suis coupable.<br />

o. MOU-TSEC s adressant a /e/o-oe// \î,I-ù,U, OU l'un tics<br />

premiers fonctionnaires, de l/:*t\% lui dit : Nous a\ez refuse<br />

le commandement de la \ille de /oa//-Mo'ee, et vous<br />

avez sollicité hs fonctions de chef de la justice. Lela paraissait<br />

juste, parer que ce dernier poste votis donnait la<br />

faculté de parler au roi le langage de la raison. Maintenant,<br />

voila déjà plusieurs lunes d'écoulées depuis que<br />

vous èfes en fonctions, et vous na\e/ pas encore<br />

parlé ?<br />

'i'rhi-tra ayant fait


284 MING-TSiU.<br />

Les hommes de Thsi dirent : Quant à la con<strong>du</strong>ite de<br />

Tchi-wa [à l'égard <strong>du</strong> roi], elle est parfaitement convenable<br />

; quant à celle de MENG-TSEU^ nous n'en savons<br />

rien.<br />

luttuf-tou-tsat instruisît sou maître de êtes propos.<br />

MiCNG-isiii; répliqua ; J'ai toujours enten<strong>du</strong> «lire que<br />

eeliiî qui a une magistrature à remplir, s 11 ne peut obtenir<br />

de faire son devoir, se relire ; que celui qui a te ministère<br />

de ta parole pour donner des avertissements au<br />

r o L s'il ne peut obtenir q u e se s a v e r t i sse i o e 111 s s< ) i e n t s u i -<br />

vis, se retire. Moi. je n'ai pas de magistrat lire à remplir<br />

iei ; je- n'ai pas également le ministère de la parole ; alors,<br />

cpie je nie pro<strong>du</strong>ise à la cour pour faire des représentations,<br />

on que je m'en éloigne, ne suis-je pas libre d'agir<br />

eu u une bon me semble t<br />

le Lorsque MtfNci-isKU était, revêtu de la dignité honoraire<br />

de King y ou de premier fonctionnaire dans le<br />

l'o y a u 111 e de 1 li$ [, il alla i a i r e i les e o i n pï i u te nts de eeu id o-<br />

11. ; a n e e a Tcny ; et le roi envoya lia // g-kouan, pre mi er<br />

i na gi s 11 -a t < 1 e 1 a v i 11 e d e Ko, po 11 r Fassi s t e r d an s ses f o n e<br />

t i o n s d V n v o y é. Wang- ko u a a.. m a t'u i e t soi r y v o y ai t M EN*;-<br />

T s E t : ; i \ i ; t i s. < ' 11 a ! h t u t e t e n r e v e n an t d e Te 11 g à 1 It s i,<br />

dant toute la roofe MEXOTKEI: ne s'entretint pas avec lui<br />

des allaires île leur légation.<br />

ii e )t;/-.


MENG-TSEU. 285<br />

les devoirs funèbres [à sa mère] dans le royaume de Lou.<br />

En revenant dans le royaume de 7W, il s'arrêta dans la<br />

petite ville de )««/. T*:honnfj-f/u j un de sis anciens disciples]<br />

loi dit avee soumission : (les jours passes, ne sachant<br />

pas que votre disciple ) it était tout a tait inepte, voie,<br />

m'avez ordonne, à nioi î e. de taire taire un cercueil<br />

par un charpentier, ilaris la douleur ou \ousvous trouviez,<br />

je n"ai pa> ose vous questionner a eef e^ard. Aujourd'hui<br />

je désire vous demander une explication sur un<br />

doute t pie j'ai : le bois <strong>du</strong> cercueil n'était-il pas trop beau?<br />

MFVJ-ïSI'I' (lit : Ihms la haute antiquité, il n'y avait<br />

point de règles fixes pour îa fabrication des cercueils, soit<br />

intérieurs, soit extérieurs. liai: s la moyenne antiquité, les<br />

planches <strong>du</strong> cercueil intérieur avaient sep! p.>uees d ëpaisseur<br />

; le cercueil extérieur était dans les mêmes proportions.<br />

Uette rêide était observée par tout le monde»<br />

depuis l'empereur jusqu'à la foule <strong>du</strong> peuple: et ce n efait<br />

pas as.-urémern pour que les cercueils lussent beaux.<br />

Ensuite les parents se livrai»ail à traite la manifestation<br />

des sentiments de leur e(enr.<br />

Si on n'a pas la faculté de donner à ses sentiments de<br />

douleur tente l'expression que Ton deare l ? on ne peut<br />

passe procurer des consolation^. Si on n'a pas de tort une,<br />

on ne peut également pas st.* donner la consolation de<br />

faire à ses parents de mairnitiques funérailles. Lor>qu ils<br />

pouvaient obtenir d'agir selon leur désir, et qn ils en<br />

avaient les moyens, tous les hommes de I antiquité employaient<br />

de beaux cercueils. LVmrquoi moi -cul. n'aura<br />

is-je pas pu ainr de même?<br />

0i\ si lorsque leurs père et mère viennent de décéder<br />

les enfants ne laisse-ni pas la terre adhérer a leur corps.<br />

auront-ils un seul sujet.de repret [pour leur con<strong>du</strong>ite)?<br />

J'ai souvent enten<strong>du</strong> dire que ["homme supérieur ne<br />

doit pas être parcimonieux a eatee des biens <strong>du</strong> monde,<br />

dans les devoirs qu'il rend a ses parents.<br />

• Si .


t i n i ! - . * - ] • > , K > [ \<br />

a} .iaatqdiuu«j ap ,i.>jp,wu nd al-saune ;II.MMIIKU queuai<br />

-unqr 1 I.IOîII i!| ajuatu p nbs.ioj j auiuaaj q paxiiaid qptb pnaap ua npuod<br />

-.u a; ui| oj* *saituu saj «ted anaulqns ta anlaï|ia a.tja p?A<br />

-iiod ?##;> | ap autnaxeu aj is aptnauap v. ut //aayyi-/iaaya£<br />

•pi.xu.>un.my ; ppuodaj JJ ;jw{ aupbuoa a avyj a|i«)xa<br />

swl |II?AI\U p^s ansj.-»iKHj|" i; epuauaip unptbpntb * aa f<br />

ap ïHHIUî.ùU af an f mu a paxa , /^/// ap s.Mnnioq s.rj<br />

; papaaa.td<br />

qej np pri-ajaptp afdiuaxa pi ionb n;,{ Pp-qj ps .».> anb<br />

yiu.»A-79?[iad sjoje : sue A ap afdaaae s.>| "aeAetd aq.tpnn<br />

nos ap ja *to.i np laptnau aj nàaj .uow. su IN pautajejij<br />

k a;rj|f»| aa i> : zapa.aaad SUOA anb s|ii«aunjraua saj p ajuia:<br />

-ip iq zapjsinatl uq >no\ 'ea\t,i»J a|wt»}iia aj|tu ap \;\ qo.i<br />

aj «quaAa.td u/« >uas qs; quatuaqaenaqs dnoaneaq aq .tund<br />

y.iAiî snox anl) |a Mai a A ta et] as implant unpb *a|dma\a<br />

.ilM] aisoddns a| 'iimoi/.y~n->si aauaid np "// f ap auuuî.\«>.i<br />

..«[ ,ia|da,jaa p a AU ad ,;ai (aj|


MENG-TSEU. 287<br />

gouvernement tyrannique de Van par un autre gouvernement<br />

tyrannique » ?<br />

g<br />

9. Les hommes de Yan se révoltèrent. Le roi de Thn<br />

m : Gomment me présenterai-je sans roueir devant<br />

AltMi-l'SFJ"?<br />

Tcltin-ldn miMlcM.snnniMi-.^Mlit : On.. !,• ,,,i „,. .-.r<br />

"'*as,,11(. m,-liu-uim.<br />

'WmAou.m-c/,,, «!.- si, Miissi.ui. il p.vw.vah eequ.arnveraa.ihu.tn.pash,,<br />

j , , ^ ; , „, ,„ i>lvv„vait ' ,,<br />

;"' IU! , 1 ':' S l", ,1,l " lii - Sl '!• I«*«-I«.>nu, ne lui 'pas d'une<br />

lmma "1"" ': '' ""


288 MBNG-T8BU.<br />

— SIS eo est ainsi, alors le saint homme commit, par<br />

conséquent, une faute.<br />

— Tcheou-koung était le frère cadet de Kouan-cho qui<br />

était son frère aîné. La faute de Tcheou-koung n'estai<br />

le pas excusable?<br />

Ë11 < * 11 i • I, si les h o m m e s s u j a 1 ? i


MENG-TSEU. 289<br />

ne sait-iS pas que je ne puis accéder à celte proposition 1 î<br />

Si je désirais des richesses^ comment aurais-je refusé cent<br />

mille mesures de riz 2 pour en accepter maintenant dix<br />

mille? Est-ce là aimer Ses richesses ?<br />

h i-sim il i suit : C était un homme bien extraordinaire<br />

cfiie Tseu-cho-i ! Si, en exerçant des ioneftom publiques,<br />

il rictaiî pas promu à un emploi supérieur, alors il cessait<br />

toute poursuite; mais il taisait plus, il taisait en sorte<br />

que son fils ou son livre radet tut. élevé à la dignité de<br />

Âîtffj [roue des premières <strong>du</strong> royaume], lui elïet. parmi<br />

les hommes, quel est eelui qui ne désire pas les richesses<br />

et les 11011 u e o rs ? Ma i s Tst'u - < -Ito- i 111 i se ti I, au n i i 1 i e 11 d t s<br />

richesses et des honneurs, voulait avoir le monopole, et<br />

être le chef <strong>du</strong> marché qui perçoit pour lui seul tous les<br />

o rot il s,<br />

L Intention de celui qui, dans f'antiquité, institua les<br />

marchés publies était de faire échanger ce que Ton posséi<br />

lait c o i ) Ire e e i j u e I o i i n e possédait pa s. (. * e 11 x q u î lurent<br />

e oui ruts pour présider à ces marchés n "avaient d'antre<br />

(J e vo i r à r e î :n p I i r < j u e c e I u ï d o m a i n t e n i r I e l >o i ) o rd re. Mais<br />

u 11 11 oui n i e vil se trou va ? q u i I î f - e I < • v e r 11 n grand t c i i r e a 11<br />

i ni 1 ie u <strong>du</strong> ma r c 11 é pou r y m « J n t e r, i) e là il pu r I a i i d < ' s r e -<br />

gards de surveillance à droite et à gauche, et recueillait<br />

Ions les profits <strong>du</strong> marché. Tons les boni mes le regard<br />

ère 111; com i n e u n v i I a i n e 1 tin misérable, € 'es L a i n si q u e<br />

depuis ce temps-là sont établis les droits perçus dans les<br />

marchés publics ; et la coutume d'exiger des droits des<br />

marchands date de ce vilain homme.<br />

J1. MENG-TSEI', en quittant le royaume do T/tsi, passa<br />

la nuit dans la ville de Tel i cou. Il se trouva là un In an me<br />

qui, à cause <strong>du</strong> roi, désira l'empêcher de continuer<br />

son voyage. 11 s'assit près de lui, et lui parla, ME.NG-<br />

1 Ost-a-dirt» îlrrmMiivr tir wuiv


290 MENG-TSEU.<br />

TSEU, sans lui répondre, s'appuya sur une table et s'endormit.<br />

L'hôte, qui voulait le retenir, n'en fut pas satisfait, et il<br />

lui dit : Votre disciple a passé une nuit entière avant d'oser<br />

vous parler ; mais comme il voit, maître, que vous dormez<br />

sans vouloir l'écouter, il vous prie de le dispenser de<br />

vous visiter de nouveau.<br />

MENG-TSEU lui répondit : Asseyez-vous ; je vais vous instruire<br />

de votre devoir. Autrefois, si Mou-komg, prince de<br />

Lou> n'avait pas eu un homme [de vertus éminentes] auprès<br />

de Tseu-sse, îl n'aurait pas pu le retenir [à sa cour].<br />

Si Sie-iieou et Chin-thsiang n'avaient pas eu un homme<br />

[distingué] auprès de Mou-kong, ils n'auraient pas pu rester<br />

auprès de sa personne.<br />

Vous, vous avez des projets relativement à un vieillard<br />

respectable 1 , et vous n'êtes pas même parvenu à me<br />

traiter comme Isêu-sse le fut. N'est-ce pas vous qui avez<br />

rompu avec le vieillard ? ou si c'est le vieillard qui a rompu<br />

avec vous ?<br />

12. MENG-TSEU ayant quitté le royaume de Thsi, Yn-sse,<br />

s'adressant à plusieurs personnes, leur dit : Si MENG-TSEU<br />

ne savait pas que le roi ne pouvait pas devenir un autre<br />

Tching-thang ou un autre Wou-wang, alors il manque de<br />

perspicacité et de pénétration. Si au contraire il le savait,<br />

et que dans cette persuasion il soit également venu à sa<br />

cour, alors c'était pour obtenir des émoluments. Il est<br />

venu de mille ii [cent lieues] pour voir le roi, et,<br />

pour n'avoir pas réussi dans ce qu'il désirait, il s'en est<br />

allé. Il s'est arrêté trois jours et trois nuits à la ville de<br />

Tcheou avant de continuer sa route ; pourquoi tous ces<br />

retards et ces délais? Moi Sse, je ne trouve pas cela bien.<br />

Kao-tseu rapporta ces paroles à son ancien maître<br />

MENG-TSEU.<br />

MENG-TSEU dit : Comment Yn-sse me connaît-il ? Venir<br />

de cent lieues pour voir le roi, c'était là ce que je dési-<br />

1 11 se désigne ainsi lui-même. {Commentaire.)


% MENG-TSEU. 291<br />

rais vivement [pour propager ma doctrine]. Je quitte ce<br />

royaume parce que je n'ai pas obtenu ce résultat. Est-ce<br />

la ce (pli 1 je dt dirais ? Jr n'ai pu me dispenser d'auir a if KO<br />

J ai eau ? net ne trop hâter mon départ ni ne posant<br />

i |ii r t ro i s jo ors dans la \ i 11 « * de 7 chvo u avant dr la quitter.<br />

Le roi pouvait changer prompte me ni sa manière<br />

d'agir. S'il en avait chaulé, alors il mr rappelait près de lui.<br />

Lorsque jr fus sorti dr la ville sans que !t ! mi ufeùt<br />

rappelé, j'éprouvai alors un vil'désir de retourner dans<br />

mou pays. Mais, quoique jVusse airi ainsi, abandonnais-je<br />

pour cria le roi? Le roi est encore capable de faire le bien,<br />

de pratiquer la vertu. Si un jour Jr mi m'emploie, alors<br />

non-seulement le peuple de Tltsi sera tranquille rt heureux,<br />

mais Ion 1rs 1rs populations de féru pire jouiront<br />

d'une tranquillité et d'une paix protondes. Le roi changera<br />

peut-rire bientôt sa manière d'agir; eest l'objet de nies<br />

vaux de chaque jour.<br />

Suis-je doue semblable à ees hommes vulgaires, a lesprit<br />

étroit, qui, après avoir lait h leur prinee des re<strong>mont</strong>ra<br />

nées dont il ifa tenu aucun compte, s'irritent ri laissent<br />

apparaître sur leur visage le ressentiment qu'ils en éprouvent?<br />

Lorsque ees hommes ont pris la résolution de s'éloigner,<br />

ils partent ri marchent jusqu'à ce que leurs torées<br />

soir rit épuisées, avant de s'arrêter quelque part pour \<br />

passer la nuit. — Yn-sw. ayant enten<strong>du</strong> ees paroles, dit :<br />

Je suis véritablement un homme vulgaire.<br />

KL Pendant que MF..Ncî L<br />

1 Littéralement : Illud unum iempus, hoc tmum Iempus,


292 MEN6-T8EU. *<br />

Dans le cours de cinq cents ans., il doit nécessairement<br />

apparaître un roi puissant [ qui occupe le trône des fils<br />

<strong>du</strong> Ciel l I : et. dans cet in ter val In de temps doit aussi apparaître<br />

y ri homme qui illustre sou siée le. Depuis rétablissement<br />

de la dynastie des Tcheou jusqu'à nos jours,<br />

îl s'est écoulé plus de sept cents ans. Qm- l'on lasse le calcul<br />

de ce nombre d'années écoulées leo dé<strong>du</strong>isant un<br />

période de cinq cents ans], alors on trouvera que ce<br />

période est bien défiasse [sans cependant qu'un grand<br />

souverain ait apparu]. Si on examine avec attention le<br />

temps présent, a 1 oi\s. o11 verra qu'il peut apparaître nîaintenant.<br />

Le ciel, à ce qu'il semble, ne désire pas encore que la<br />

paix et la tranquillité régnent dans tout l'empire. S'il désirai<br />

I que la paix et la tranquillité régnassent dans tout<br />

l'en i pin», et qu'il nie rejetât, qui ehoisirait-il clans notre<br />

siècle [pour accomplit' cette mission]? Pourquoi donc<br />

n f a u r a i s-j e pa s 11 n a î r sa t i si a î t ?<br />

14. M E s c M s E i ; ayant q ni 11 e l e r o y a u rn e de Th s iy e t s * e~<br />

tant arrêté à /tïeo«% fîon


ISENG-TSEU. 293<br />

CHAPITRE Y. •<br />

COMPOSÉ DE 5 ASTICLES.<br />

L Wen^mmg, ptïnee ûv 7'e»?. héritier présomptif <strong>du</strong><br />

% mm


294 MENG-TSEU.<br />

2. Ting-kong, prince de Teng, étant mort, Se fils <strong>du</strong><br />

siècle [l'héritier <strong>du</strong> trône], s'adressant à Jan-yeou, lui dit :<br />

Autrefois MENG-TSEU s'entretint avec moi dans l'État de<br />

Swing, Je u a î jaiuaîs oublié < la n s i n 011 ami r ee q i fi l me<br />

dit. Maintenant que par un malheureux événement je suis<br />

tombé dans un grand chagrin, je désire vous envoyer pour<br />

i ri f e rrog p 111 a t i on s de s t ro ts d y o a s -<br />

ti es , depuis le m pe r e u r jusqu'aux de r n i è r es cl asse s d 11<br />

peuple.<br />

Après que Jan-yeou lui eut rapporté ces paroles, le<br />

prince ordonna de porter un deuil de trois ans. Les ministres<br />

parents de son père et tous les fonctionnaires publies<br />

ne v o n 1 n r e 111 pa s s" y c o 11 l'o r 111 er ; ils d î r e n t : I) e t ou s<br />

les a ne i e n s princes de ùm [ d *o ù v î e n ne n t n os a n c ê 1res!,<br />

aucun n'a pratiqué cette coutume d*honorer ses parents<br />

décédés; de tons nos anciens princes, a ne un également<br />

n'a pratiqué ce deuil Quant à ee qui vous concerne, il ne<br />

vous convient pas d«gtr autrement ; car l'histoire dit :<br />

« Dans les cérémonies des funérailles et dit sacrifice aux<br />

u mânes des défunts, il faut suivre la cout urne des a m<br />

« cotres. » C'est-à-dire que nos ancêtres nous ont trans-


MBIIG-TSEU. 295<br />

mis le mode de les honorer, et que nous l'avons reçu<br />

d'eux.<br />

• Le prince s'adressant à Jan-yeou, lui dit : Dans les<br />

jours qui ne surit plus, je ne nie suis jamai> livré a i étude<br />

île iit philosophie L J'aimais beaucoup Léquitation ef<br />

i "exercice des année. Main loua ut les anciens ministivs ei<br />

allies de mon père et Ions les fonctionnaires publies<br />

iront pas de confiance en moi; \\> craignent petif-etie<br />

cpie je ne puisse suffire à l'accomplissement des uraues<br />

devoirs qui nie sont i in posés. Nous, aile/ encore pour<br />

moi cou su lier MOG-TSëC à cet eitani. — Jnn-if.-tiii se<br />

rendît de nouveau dans le royaume de 'jwoit pour interroger<br />

MEXG-TSEC. ME>'G-TSW dit : Les choses elant ainsi,<br />

xi) \ iv pr i n ce n e doi I pa s re< • 11 e te ! i e r la p pi i> luttion des a 11~<br />

ti-es. Kilo IN G -TSE i; disait : Lorsque le prince venai! a<br />

« mourir, les ahaîres <strong>du</strong> p m ver ne me ni. e! aient dint<<br />

ii*ées par le premier miuisire -. I/héritier «au pou-<br />

« voir se nourrissait de ri/ cuit dans l'eau, et son vîsaae<br />

a lire naît une feinte très-noire. Lorsqu'il se plaçait MU*<br />

« son siège dans Ja chambre mortuaire, pour se li\rer a<br />

« sa douleur, les magistrats et 1rs jonciiounaiies publics<br />

« de toutes classes n'osaient se soustraire aux démonstrations<br />

d'une douleur dont l'héritier <strong>du</strong> froiie donnan<br />

« le premier l'exemple. Quand les supérieurs anneui<br />

e quelque chose, les inférieurs ralleeiionnee! bien plus<br />

M vivement encore. La vertu de i'homme supérieur es?<br />

« comme le vent, la vertu de lia ut une huer leur est comme<br />

« bherbe. L'herbe, si le vent \ient a passer sur elh\<br />

« sa ne M ne rieeessairenieet, » 1! est au pouvoir <strong>du</strong> 1 ils <strong>du</strong><br />

siècle d'agir ainsi.<br />

Lorsque J._,<br />

le iiis <strong>du</strong> siècle dit : (l'est vrai, cela ne dépend que de<br />

moi. Et pendant cinq lunes il habita une huile en bois<br />

(construite en dehors de la perle <strong>du</strong> palais pour y pa^vr<br />

s I -, i U r ;:i loin e ni, à >"( uJi»u>Hi..i'ïi:. K ->


296 MENG-fSEU.<br />

le temps <strong>du</strong> deuil], et il ne donna aucun ordre concernant<br />

les affaires de l'État. Tous les magistrats <strong>du</strong> royaume<br />

et les membres de sa famille se firent un devoir de l'appeler<br />

versé dam la connaissance des rites. Quand le jour<br />

des funérailles arriva, des quatre points <strong>du</strong> royaume vinrent<br />

de nombreuses personnes pour le contempler ; et ces<br />

personnes, qui avaient assisté aux funérailles, furent<br />

très-satisfaites de l'air consterné de son visage et de la<br />

violence de ses gémissements.<br />

3. Wen-koung, prince de Teng, interrogea MENG-TSEU<br />

sur Fart de gouverner.<br />

MENG-TSEU dit : Les affaires <strong>du</strong> peuple * ne doivent pas<br />

être négligées. Le Livre des Vers dit 8 :<br />

ci Pendant le jour, vous, cueillez des roseaux ;<br />

ci Pendant la nuit, vous, faites-en des cordes et • des<br />

ce nattes :<br />

« Hâtez-vous de <strong>mont</strong>er sur le toit de vos maisons pour<br />

« les réparer.<br />

ci La saison va bientôt commencer où il faudra semer<br />

ci tous les grains. »<br />

C'est là ravis <strong>du</strong> peuple. Ceux qui ont une propriété<br />

permanente suffisante pour leur entretien ont l'esprit<br />

constamment tranquille; ceux qui n'ont pas une telle<br />

propriété permanente n'ont pas un esprit constamment<br />

tranquille. S'ils n'ont pas l'esprit constamment tranquille,<br />

alors violation <strong>du</strong> droit, perversité <strong>du</strong> cœur, dépravation<br />

des mœurs, licence effrénée : iî n est rien qu'ils ne commettent;<br />

si on attend que le peuple soit plongé dans le<br />

crime pour le corriger par des châtiments, c'est prendre<br />

le peuple dans des filets. Comment un homme, possédant<br />

la vertu de l'humanité, et siégeant sur un trône,<br />

pourrait-il prendre ainsi le peuple dans des filets!<br />

C'est pour cette raison qu'un prince sage est nécessairement<br />

réfléchi et économe : il observe les rites pres-<br />

* Celle de l'agriculture. (Commentaire.)<br />

* Ode Thsi-youeï, section Pin-foung.


- ' MRRG-IBEU. 297<br />

crits envers les inférieurs, eten exigeant les tributs <strong>du</strong><br />

peuple il se conforoie à ce qui est déterminé par la loi et<br />

la justice.<br />

Yong-hou disait : Celui qui ne pense qu'à amasser des<br />

richesses n'est pas humain : celui qui ne pense qu'à exere<br />

e r 111 u ni a nît é n ' est pa s riche.<br />

So ri s 1 o s pr î 11 ee s 4*1 e I a < I y n a s I i e ///>/, chiquant e i t r p< • ri ( s<br />

de terre payaient tribut (ou étaient soumis à la dîiue| ;<br />

sous les princes de la dynastie île ) ?J. soixante et dix. arpents<br />

étaient assujettis a la curvée d'assistance (/soie, ; les<br />

princes de la dynastie de 'l'ehrim exigèrent l'impôt fche<br />

[qui comprenait les deux premiers trihutsj pour cen! arpents<br />

de terri- [que reçut chaque iamillej. En realité.<br />

Furie et l'autre de ces dynasties |n'élevèrent, la dime * sur<br />

les te r res. Le i î e r n ter ri e ces t r i h u I. s e s M m e ré pa r I i f i o 11<br />

é gai e de t on I e s 1 e s e 11 a r g< » s ; I e s< »e < ) 11 d e st. u 11 i 11 q _>o f d'aide<br />

o u cl "' assist an ce rua. tu elle.<br />

L o u ng-ise u - c l i sa i t : E n t a t sa rt t. lit d i v i s i o n et. la r é p a rt<br />

il i oi i des t erres, on n e p


WH MIN6-T8EU.<br />

prunter à gros intérêts pour compléter leurs taxes; s'il<br />

fait en sorte que les vieillards et les enfants, à cause de<br />

la détresse qu'ils éprouvent, se précipitent dans les fossés<br />

pleins d'eau, en quoi sera-t-il donc le père et la mère<br />

<strong>du</strong> peuple?<br />

Les traitements ou pensions héréditaires* sont déjà<br />

en vigueur depuis longtemps dans le .royaume de Teng.<br />

Le Livre des Vers dit 2 :<br />

ce Que la pluie arrose d'abord les champs que nous culcc<br />

tivons en commun 8 ;<br />

« Et qu'elle atteigne ensuite nos champs privés, »<br />

C'est seulement lorsque le système <strong>du</strong> tribatd'assiatance<br />

(tsou) est en vigueur que l'on cultive des champs en<br />

commun. D'après cette citation <strong>du</strong> Livre des Vers, on<br />

voit que même sous les Tcheom on percevait encore le<br />

tribut d'assistance.<br />

Établissez des écoles de tous lés degrés pour instruire<br />

le peuple, celles où Ton enseigne à respecter les vieillards,<br />

celles où l'on donne l'instruction à tout le monde indistinctement,<br />

celles où l'on apprend à tirer de l'arc, qui<br />

se nommaient Him sous les Hia, Siu sous les Yin, et<br />

Tsiang sous les Teheou. Celles que l'on nomme Mo (études)<br />

ont conservé ce nom sous les trois dynasties. Toutes ces<br />

écoles sont destinées à enseigner aux hommes leurs devoirs.<br />

Lorsque les devoirs sont clairement enseignés par<br />

les supérieurs, les hommes de la foule commune s'aiment<br />

mutuellement dans leur infériorité.<br />

S'il arrivait qu'un grand roi apparût dans l'empire,<br />

il prendrait certainement votre gouvernement pour<br />

exemple. C'est ainsi que vous deviendriez le précepteur<br />

d'un grand roi.<br />

* Traitements prélevés sur les revenus royaux, et accordés aux fils<br />

et aux petits-fils de ceux qui se sont illustrés par leurs mérites ou<br />

leurs actions dans l'État. (Commentaire.)<br />

* Ode Ta-tfai, section Siao-ya.<br />

3 « Les champs communs d'abord, les champs privés ensuite. »<br />

(Commentaire.)


MING-TOEU. 399<br />

Le Livre des Vers dit :<br />

ce Quoique la famille des Tcheou possédât depuis longce<br />

temps une principauté royale^<br />

« Elle a obtenu <strong>du</strong> ciel une investiture nouvelle *. »<br />

Ces! île \\)/ié-tvitnf soit étroit et<br />

petit, il faut qu'il y ait. des hommes supérieurs :par leur<br />

savoir 4 , des fonctionnaires pubiie>.j. il faut qu'il y ait<br />

des Iiornrnes rustiques. SU n'y a pas d lion unes supérieurs<br />

ou de fonctionnaires publies, personne ne se<br />

trouvera pour gouverner et administrer les hommes<br />

* Ces deux vers sont déjà cités dans le Ta-hio, chap. H, § 3. Yoyez<br />

p. 44.<br />

1 II indique Wen-koung. (Commentaire.)<br />

s L'établissement des écoles de tous Ses degrés. {Commentaire.)<br />

4 Nécessité d'établir des écoles.


300 MENG-TSÏU.<br />

rustiques; s'il n'y a pas d'hommes rustiques^ personne<br />

ne nourrira les hommes supérieurs ou les fonctionnaires<br />

publics.<br />

Jt* voudniisqtie dans les campagnes éloignées des villes,<br />

sur neuf divisions quadran^ulaites égales, une d'elles<br />

|eelle <strong>du</strong> nûlinr (dont les pro<strong>du</strong>its sont employés uniquement<br />

dans les sacrifiées ou cérémonies en l'honneur<br />

îles ancêtre*]. Le champ //we doit contenir cinquante<br />

arpents.<br />

Les autres (les frères cadets qui ont atteint, leur seizième<br />

année 1 ! doivent avoir vingt -cinq arpents de terre.<br />

Ni la mort ni les voyages ne feront sortir ces colons de<br />

leur village. Si les champs de ce village sont divisés en*<br />

portions quadra titulaires semblables au dehors non une<br />

au dedans, ils formeront îles liens étroits d'amitié; ils se<br />

protégeront et s'ailleront mutuellement dans leurs besoins<br />

et leurs maladies: alors toutes les familles vivront dans<br />

une union parfaite.<br />

Cn // carre d'éten<strong>du</strong>e constitue» un /s/V/ | portion carrée<br />

de terre| : un tx'm'i contient neuf cents arpents; dans le<br />

milieu se trouve le champ publie-. Huit familles, ayant<br />

toutes chacune cent arpents en propre, entretiennent ensemble<br />

le champ publie ou commun. Les travaux communs<br />

étant aehrvés. les familles peuvent ensuite se livrer<br />

a Setn s propres a lia ires, \oila ce qui constitue I occupation<br />

distincte des hommes des champs.<br />

1 Commentaire.<br />

• On représente celle division des terres par un carré partagé en<br />

neuf carrés égaux, dont celui <strong>du</strong> milieu constitue le champ public»


MBNCÎ-T8EU. 301<br />

Voilà le résumé de ce système. Quant aux modifications<br />

et améliorations qu'on peut lui faire subir^ cela dépend <strong>du</strong><br />

prince et de vous.<br />

•t. II fut un homme <strong>du</strong> ootn de Hiu-hintj qui, vaillant<br />

beaucoup les paroles de l'a rua en empereur ('Jiiti-nmwy^<br />

passa <strong>du</strong> ryminie 11 e /*/ese« c 1 ai\s ee!11i de //-.•///. Liant pa rvenu<br />

à la porte de Won knunfj* il lui |)arla ainsi : « Moi,<br />

homme d'une région éloignée, j'ai m ten<strong>du</strong> dire que ie<br />

prince pratiquait un gouvernement 1 un nain 1 . Je désire<br />

recevoir iui<br />

II en-kniincf lui donna un endroit pour habiter. Ceux<br />

qui le suivaient, au nombre de quelques dizaines d'hommes,<br />

étaient couverts d'habits de laine grossière. Les uns<br />

tressaient des sandales, les autres des nattes de jour, pour<br />

se | >rot • i i r e r 1 e 11 r n o u r r i t n re.<br />

1:11 cerf ai n Tcltiv-siafty, disciple de Tchhi-lifuttj-. accompagné<br />

de son frère cadet nommé S in, port a ni les<br />

insfrtinieiifsde labourage sur leurs épaules, vinrent de llv<br />

tat de Saimtj dans celui de '/é^/y, et dirent : « Nous avons<br />

appris que le prince pratiquait le gouvernement des saints<br />

hommes [de l'antiquité); il est done aussi lui-même un<br />

saint homme. Nous désirons être les paysans <strong>du</strong> saint<br />

boni nie. »<br />

Tc/tin-sianff ayant vu /fin h.huj en tut ravi de joie. Il<br />

rejeta complètement les doctrines qu'il avait apprises<br />

de son premier maître, pour étudier celles de iliu-hhnj.<br />

Tchm-siimj] étant allé voir Mf\V;-isi;irka ..te l;i »<br />

* Du rnvaume de Thsou.<br />

2 U


302 MIÎfG-TSÏU.<br />

et des trésors privés; en agissant ainsi> il fait tort au<br />

peuple pour s'entretenir lui-même. Comment peut-on<br />

l'appeler sage ? »<br />

MENG-TSEU dit : Hiu-tsèu [le philosophe Eiu ou Hiuhing]<br />

sème certainement lui-même le millet dont il se<br />

nourrit ?<br />

— Oui.<br />

— Hht-tmi fisse (vilainement lui-même la toile de<br />

chanvre dont il fait ses vêlements?<br />

— VAi aucune 1 ac« • 11, Hîu-iseu po rIe des vêfe11ienIs tle<br />

laine.<br />

— Wu-tseu porte un bonnet ?<br />

— 11 porte ilii bonnet.<br />

— Quel genre de bonnet ?<br />

— Vi\ bonnet de toile sans orne m ait.<br />

— T i sse-1 - î 1 I u i -m é m e ce 11 e t o i I < à ?<br />

— Aucunement. 11 î échange contre <strong>du</strong> m il le t.<br />

— Pourquoi Hiu-lsou no la tisse-Ml pas lui-même?<br />

— YA\ le taisant il nui ra i t. à se s t r a v aux c 1 ag ri e u 111 in»,<br />

— fliu-fsfw se sert-il de vases d airain ou de vases de<br />

terre pour cuire ses aliments? Se sert-il d'un soc de ter<br />

pour labourer?<br />

- - Sans doute.<br />

— Les c oi i têe t i H n ne-t - i ! lui-même?<br />

— Aucunement. Il les échange e on Ire do millet.<br />

-— S i c e I u i ( j u i e c 11 a 11 ge c o 111 r e d 111 n i 11 e t les îiistriiiîi e n t<br />

aratoires et les ustensiles de cuisine dont il se sert ne<br />

croit pas taire <strong>du</strong> fort aux fabricants d "instrument s aratoires<br />

et d'ustensiles de cuisine, alors ces derniers, qui<br />

éi d i a i ige 111 le ti rs 111 sî r 111 n en t s a ra loi r< *s et 1 es u st ensi les <<br />

cuisine contre <strong>du</strong> millet pensenl-ils faire <strong>du</strong> tort aux laboureurs?<br />

Pourquoi donc H'ti-twu ne se fait-il pas potier<br />

ef forgeron ? Il n'aurait qu'à prendre dans l'intérieur de<br />

,s t 111 a i M >ï i ! o 11 s ces « » h j e î s < lo n î il a I >es< ) i n j >ou r s en ser<br />

Pourquoi se donner tant de peine» de faire des échanges<br />

pa i -e i I s a v ( v. t ou s I es a r ! i sa 11 s ; f I loi \ n i te 11 f ffiu-iseu n e e rai ut<br />

il pas tous ces ennuis ?


MENG-TSEU. 303<br />

Tching-siang répondit : Les travaux des artisans ne peuvent<br />

certainement pas se faire en même temps que ceux<br />

de l'agriculture.<br />

S'il en est ainsi, reprit MING-TSEU, le gouvernement d'un<br />

t.* m pire est dente la seule occupai ion qui puisse s'allier<br />

avec les travaux de l'ainaVulture V II est des alîaires qui<br />

appartiennent aux grands hommes 1 , il en es! qut appartiennent<br />

aux hommes <strong>du</strong> commun. Or un*» seule personne<br />

[en cultivant la ferre \ prépare ; au moyen des<br />

échanges] les objets que tous les artisans confectionnent.<br />

Sî vous étiez oblige de tes confectionner vous-même pour<br />

vous en servir ensuite, ce serait ioreer tout le inonde à<br />

être sans cesse sur les chemins. (Test pourquoi il est dit ;<br />

« Les uns travaillent de leur intelligence, les autres tract<br />

vaillent de leurs bras. Oux qui travaillent de leur Intel-<br />

« Iigence goi1verlient 1 es honHites ; ceu\ qui travaillent de<br />

t( leurs liras sont gouvernes par les hommes. Ceux qui<br />

v sont gouvernés par les bouillies nourrissent les hommes;<br />

it ceux qui gouvernent les hommes sont nourris par les<br />

« hommes. »<br />

C 'est la loi u ni v t Tse 11 e <strong>du</strong> mon de 2 .<br />

Dans le temps de )V/o. l'empire rfétait pas encore tranquille.<br />

D'immenses eaux, débordant de toutes parts, inondèrent<br />

l'empire; les plantes et les arbres croissaient avec<br />

surabondance; les oiseaux et les hètes fauves se multipliaient<br />

à l'infini ; les cinq sortes de grains ne pouvaient<br />

mûrir; les oiseaux et les hèles fauves causaient les plus<br />

grands don nuages aux habitants ; leurs vestiges se mêlaient<br />

sur les chemins avec ceux des hommes jusqu'au milieu<br />

de l'empire. ïao était seul à s'attrister de ces eala-<br />

* À ceux i|tii »p m venu* m un rmpiiv. Ct.i))tma\!


304 MING-TSIU.<br />

mités. 11 éleva Chun [à la dignité suprême] pour l'aider à<br />

étendre davantage les bienfaits d'un bon gouvernement.<br />

Chun ordonna à / (Pe-i) de présider au feu. Lorsque /<br />

eut incendié les <strong>mont</strong>agnes et les fondrières, les oiseaux<br />

et les bêtes fauves [qui infestaient tout] se caehèreu*.<br />

Va rétablit le cours des neuf lieu vos, lit écouler le<br />

T/tsi v\ le /ri dans la I lier, 11 dégagea le cours des lieu vos<br />

Jtju e! Hun dos obstacles qui les obstruaient ; il lit couler<br />

les rivières ffom et Asedans le Il cuve Kîatiff. Cela fait, les<br />

habitants <strong>du</strong> royaume <strong>du</strong> mi lieu purent ensuite obtenir<br />

des aliments jeu labouranI et ensemençant les terres M.<br />

À celle époque, Va fut huit années alise ait [occupé de<br />

ses grands travaux] ; il passa trois fois devant ta porte de<br />

sa maison sa us y entrer, À lirait-il pu labourer ses terres,<br />

quanti même il l'aurait voulu?<br />

ffeou-Lsi enseigna an peuple à semer et à moissonner.<br />

Lorsque les cinq sortes de grains furent se niés, et que les<br />

champs ensemencés furent purgés de la zizanie, les cinq<br />

so r I es de gr a i i is \ t 11 re n I à 111 ai u ri I: é, e t 1 es boni i ries <strong>du</strong><br />

peuple eurent de quoi se nourrir.<br />

Les hommes ont en eux le principe de la raison; mais si,<br />

tout m satisfaisant leur appétit, en s'"habillant chaudement,<br />

en se construisant des habitations commodes, ils<br />

î u a 11 < j u e i :i 11F î n s f n i e t i t > n, a lors i 1 s se r a p pr oc 11 e 111. bea u e o<br />

des brute?.<br />

L t • s sa i 11 ( s I î o n ï I n es (Yaovi i 'h u n) f u r e 111 a 111 i gé s cl e ce<br />

clat île choses, ('hvn ordonna a S te de présider à Lé<strong>du</strong>ealion<br />

<strong>du</strong> peuple, et de lui enseigner les devoirs des<br />

hommes, aliu (pie les pères et les enfants aient de la tendresse<br />

les uns pour les autres ; que le prince et ses ministres<br />

aient enlre eux des rapports équitables; que le<br />

mari et la femme sachent la difleretiee de leurs devoirs<br />

mutuels; que le vieillard et le jeune homme soient eba-<br />

1 Ct)mtnf>nf(urt\ V tnoau\ \\e ïu h** Livre* sacrés<br />

>i>> i Orient. \>. (KK


MENG-TSEU. 305<br />

can à leur place; que les amis et les compagnons aient<br />

de la fidélité l'un pour l'autre.<br />

I/lionmio aux mérites éminents l disait là son irere<br />

67e i : «Va consoler les populations; appelle-le-, a loi :<br />

« railla noirs à fa vertu ; roiTi^'-Irs, a H le-les, fai< 1rs<br />

•< prospérer; fais que par elles-mêmes elles retournent<br />

« au bien ; en outre, répands sur elles de nombreux biene<br />

faits, M Lorsque ees saints lauinnés se préoccupaient<br />

ainsi avec tant de sollicitude <strong>du</strong> bonheur des populations.<br />

pensez^ von s qu'ils aient eu le loisir de se livrer aux iravaux<br />

de l'agriculture?<br />

Voo était lot ni ne iili» par la ennuie de ne pas rencontrer<br />

nu homme eoiniue ?.7^//Mpour I aider a gouverner<br />

l'empire); et (.'huit était tournaille par la crainte de tapas<br />

rencontrer des lion m tes c.omme J K et /tec~ ) w>. (it-ux<br />

qui sont tourmentés de la crainte de ne pas mimer cent<br />

arpents de terre, ceux-là son! des agriculteurs.<br />

IV action de partager aux bon unes ses richesses s appelle<br />

bienfaisance; lac'ion d'enseigner la vertu aux hi»mmes<br />

s'appelle droiture <strong>du</strong> ctcitr: l'actinu d obtenir I affection<br />

ik^ hommes pour gouverner l'empire s'appelle humanité.<br />

C'est, pour cette raison qu'il est. tacite de donner<br />

l'empire à un homme, niais qu'il est difficile d obtenir<br />

l'aliéetion des hommes pour i:ou\erner i empire,<br />

Kiioi/NCi-TSKr disait : Oh! que I-f^ fut grand comme<br />

prince! Il n'y a (pie le ciel qui soi! grand ; îl n'y a que<br />

y m qui ait imité sa grandi'nia Que ses vertus et ses mérites<br />

étaient incommensurables! Les populations ta*<br />

purent trouver de termes pour les qualifier. Quel prince<br />

r. était que cV/w*/ qu'il était grand et sublime! Il posséda<br />

l'empire sans s'en glorifier, —-<br />

Tant que ïao et- (.'luif gouvernèrent l'empire, n eurent-ils<br />

pas assez de quoi occuper ton le leur intelligence,<br />

sans se livrer encore aux travaux de l'agriculture?<br />

J'ai enten<strong>du</strong> dire rua 1 certaine la un mes, en se servant<br />

1 Yitt). .'ilfiSi ;}>< î;niitx(fv{


306 MING-TSEU.<br />

[des enseignements et des doctrines répan<strong>du</strong>s par les<br />

grands empereurs] de la dynastie Mia, .avaient changé<br />

les mœurs des barbares; je n'ai jamais enten<strong>du</strong> dire<br />

que «les hommes éelairés par ces doctrines aient étécon-<br />

\ertis à la barbarie par les lut ri Mires. Tdiîn-Umnj^ natif<br />

cli* l'Etat fit» Tiisoa, sé<strong>du</strong>it par les principes de Tekeoukoitjuj<br />

et. de 7'dtounff-7ii, étudia, dans la partie septentrionale<br />

<strong>du</strong> royaume «lu milieu. Les .savants de cette<br />

région septentrionale iront peut-être jamais pu le surpasser<br />

en savoir; il est ee que vous appelez un lettre<br />

e 111 i i n • i i I pa i • ses 1 a le n t s e t so 11 gen i e. V t > n s « • I v o t re f rè re<br />

del.voiis avez été ses disciples quelques dizaines d'années.<br />

Votre ïliaîlre mort, vous lui avez aussitôt, fait défection.<br />

Autrefois, lorsque KUOI'NU-TSFJ' mourut, après avoir<br />

porté son deuil pendant trois ans, ses disciples, ayant<br />

disposé leurs eiîèts pour s'en re Ionruer chacun chez eux,<br />

allèrent tous prendre coup** de Tsi'H-kiiunff. Lorsqu'ils se<br />

retrouvèrent ainsi en présence l'un de l'autre, ils fondirent<br />

en larmes cl gémirent à en perdre la. voix. Ensuite ils<br />

s Vu retournèrent dans leurs familles. Tacu-kvuny revint<br />

près <strong>du</strong> tombeau de son maître; il se construisit, une demeure<br />

près de ce tombeau, et l'habita seul pendant: trois<br />

années. Ensuite il s Vu retourna dans sa famille.<br />

E i :n i u 11'e j o \ \ r, l"sait-h t'a , Ts c u-lcli an g e t / h-it-t/m u ? considérant<br />

que ïeou-jij avait beaucoup de ressemblance<br />

avec le saint homme jieur mailrej, ils voulaient le servir<br />

ainsi qu'ils avaient servi Kiioi'iMi-TSKi" A A >m nie ils pressaient<br />

TIwwj-îwu de se joindre à eux, Tkseng-iseu leur<br />

dit. : Cela ne convient pas. Si vous lavez quelque chose<br />

dans le lit an g et le H an, et si vous exposez, cet objet au<br />

soleil d'automne pour le sécher, oh î qu'il sera éclatant ci<br />

pur! sa blancheur ne- pourra être surpassée.<br />

Maintenant ce barbare des régions méridionales,<br />

homme à la langue de l'oiseau criard Kiuii('\ ne possède<br />

anc u tien lent la doctrine des anciens rois; connue \ous avez<br />

abandonné \ntre maiire pour étudier sous hû, vousdillérez<br />

beaucoup de TII$.


MENG-TSEU. 307<br />

J'ai enten<strong>du</strong> dire que « l'oiseau sortant de la profonde<br />

ce vallée s'envolait sur les hauts arbres 1 . » Je n'ai jamais<br />

enten<strong>du</strong> dire qu'il descendait <strong>du</strong> sommet des arbres<br />

pour s'enfoncer dans les vallées ténébreuses. Le Lousoung<br />

- dit :<br />

«H :| mit en fuite les barbares de l'occident et <strong>du</strong> sep-<br />

« tentrion,<br />

ce E t i 1 cl ompta I s i k o y a u m e s < le A7 a g et de f.h a u. n<br />

C'est sous un lion une des relions barbares que Tcheoukmmg<br />

vainquit, qui* vous éludiez! Je pense, moi, «jueee<br />

ri ' es t. pa s 11 i e n d e e 11 a i ) gv r a i 11 s i.<br />

{Ichinif-liang répondit : ! Si l'on suivait la doctrine de<br />

lliii-tseu, alors la taxe dans les mare le s ne se rail pas dou-<br />

1 >l e _, e t 1 a I ra 11< 1 e n « ' s'e x e retrait pas jusqu'au e e n f r e d 11<br />

royaume. Quand même vous enverriez au mare lié un<br />

jeune enfant de douze ans, on rie le tromperait pas. Si<br />

des pièces de toile de eb a livre et d'étoile de soie avaient<br />

la même longueur et la même largeur, alors le tu: prix<br />

serait le même; si dotas de chanvre brut et de chanvre<br />

filé, de soie éerue et; de soie préparée, avaient le oiènte<br />

poids, alors le 11 r pi* i x sera i t I e n i ê i ri e ; si les cinq s» i tl es d < •<br />

grains étaient en même quantité, petite ou grande, alors<br />

leur prix serait le même ; et des souliers grands ou petits<br />

se vendraient également te rrièrne prix.<br />

MENG-TSEU dit : L'inégale valeur des choses est dans la<br />

nature même des choses. Certaines choses différent outre<br />

elles d'un prix donbIe_, quintuple; certaines autres, d'un<br />

prix décuple, centuple; d'autres encore, d'un prix rniih<br />

fois ou dix mille fois plus grand. Si vous confondez ainsi<br />

toutes choses en leur donnant, à toutes une valeur proportionnée<br />

seulement à la grandeur ou à la quantité.<br />

Vous jetez le trouble dans l'empire. Si de grands souliers<br />

et de petits souliers sont <strong>du</strong> même prix, que! hou une<br />

1 Paru les <strong>du</strong> Livre des l>rx, u.|e Fn-mn. MMI'C-I» Si«)»*/.<br />

» Tchc*»*.!;:,:.!».'.


308 MING-TgEU.<br />

voudrait en confectionner de grands ? Si Ton suivait les<br />

doctrines de E.ïu-lseu,. on s'exciterait mutuellement à<br />

exercer la fraude : comment pourrait-on alors gouverner<br />

sa famille et l'État ?<br />

*>. In ihuniiu'' I-tc/a\ disciple de Mt : . demanda, par<br />

l'entremise de Siu-ft/d 1 * a voir MI-;.\G-TSKI. MEMî-TSKI'<br />

dit : Jede 'ireeeriainemenî le voir : niais maintenant jesuis<br />

encore malade. Lorsque je serai mieux, moi j'irai le voir.<br />

Otie /-/*.--/o/ rapporta ces paroles a MENU-TSEI;. MENG-TSEL<br />

dit : /-/se// croit-i! qu'il ne doive pas \ avoir do ditlerence<br />

cuire les scuijmeuis que l'un porte au t'û> de son frère<br />

aine, et les sentiment.» que l'on porte au jeune enfant an<br />

^ iJi^îj.l, a,- MKN.i-rM-T.<br />

1 l'uruio.s dy L'hou-kitttf.


MENG-TSEU. 309<br />

berceau de son voisin! C'est <strong>du</strong> Chou-king qu'il a tiré sa<br />

citation ; mais elle signifie simplement que si un jeune<br />

enfant qui ne fait encore que se traîner se laisse tomber<br />

dans tin puits, ce n'est pas la Ia11î.t 4 de l'enfant Or le eicL<br />

en pro<strong>du</strong>isant des êtres vivants, a fait en sorte qu'ils<br />

aient en eux un principe fondamental unique [qui est de<br />

devoir la naissance à leur père et à leur ntereH. Cependant<br />

1-iscfi partage en deux ee priurîpe fondamental «en obligeant<br />

d'aimer pareillement son pète- et- sa mère H les<br />

hommes qui passent sur le chemin 2 | ; par conséquent, il<br />

est dans l'erreur.<br />

0 r ? d an s 1 e s s i è e l e s r ee niés de la haute antiquité, I "' 11 -<br />

sage n'était pas encore établi d'ensevelir ses par.ails.<br />

Lorsque leurs père et mère étaient morts, les entants prenaient<br />

leurs corps e! les allaient- jeter dans ih k s fosses<br />

pratiquées le long îles chemins. Le lendemain, lorsqu'ils<br />

repassa i en t ait f MVS < l'eu \. e t q u 11 s vu y a i e n t q ne les loups<br />

les avaient dévorés, ou que les vers les avaient rongé»s,<br />

une sueur froide couvrait leur front : ils en détournaient<br />

leurs regards et ne pou va irai I plus en supporter la vue,<br />

Ce 11 e s ne u r q u i eo u v r a î t. I et i r I Vo 111 n'était pas p r od n Î t r e n<br />

eux pour avoir vu les corps d autres personnes que ceux<br />

de leurs père et mère; mais c'est la douleur qui, de leur<br />

eee n r, p a i • v en a î t j 11 sq u * a leur f r o n t.<br />

Ils s'en retournaient prompt emenL eh rapportant avec<br />

eux un panier et une bêche, ils couvraient de terre le<br />

corps de leurs parents» Si cette action de recoin rir île terre<br />

le corps de leurs parents était naturelle et conforme a la<br />

raison, alors il faut nécessairement que le (ils pieux et<br />

riiornine humain aient une règle a suivre pour enterrer<br />

leurs parents.<br />

S iu-tse u r a p por t a e e s p a n > I e s à /-/se u. /- / se e, 11 o r s d e 111 i -<br />

111 ê i n e, s*'éer î a a u n i è t n e î n s t ai 11 : Je suis i n s t r u i t. < I a n s la<br />

bonne doctrine!<br />

' C-vmmentaifi<br />

i fhttL


310 MENG-TSEU.<br />

CHAPITRE VI,<br />

COMPOSÉ DE 40 àlTICLES.<br />

I. Tchin-tai (disciple de MENG-TSEU) dit : Ne pas faire<br />

le premier une visite aux princes de tous rangs paraît<br />

être une chose de peu d'importance. Maintenant, supposez<br />

que vous soyez allé les voir le premier : le plus grand bien<br />

qui pourra en résulter sera de les faire régner selon les<br />

vrais principes, le moindre sera de faire parvenir celui que<br />

vous aurez visité au rang de chef des vassaux. Or le Mémorial<br />

(tchi) dit: En se courbant d'un pied on se redresse<br />

de huit. Il me paraît convenable que vous agissiez ainsi.<br />

MENG-TSEU dit : Autrefois King-koung, roi de Thsi, voulant<br />

aller à la chasse, appela auprès de lui, au moyen de<br />

rétendard orné de plumes, les hommes préposés à la garde<br />

<strong>du</strong> parc royal. Ces derniers ne s'étant pas ren<strong>du</strong>s à l'appel,<br />

il résolut de les faire aussitôt mettre à mort. « L'homme<br />

«éclairé et ferme dans sa résolution [dit à cesujetKHOUNG-<br />

« TSEU] n'oublie pas que son corps pourra bien être jeté<br />

« à la voirie ou dans une fosse pleine d'eau. L'homme<br />

« brave et résolu n'oublie pas qu'il peut perdre sa tète.- »<br />

Pourquoi KBOUNç-TSEU fait-il ainsi l'éloge [des-hommes<br />

de résolution ] ? Il en fait l'éloge, parce que ces hommes<br />

ne se rendirent pas à un signal qui n'était pas le leur. Si,<br />

sans attendre le signal qui doit les appeler, des hommes<br />

préposés à de certaines fonctions les abandonnaient, qu'arriverait-il<br />

de là?<br />

Or cette maxime de se courber d'un pied pour se redresser<br />

de huit concerne l'utilité ou les avantages que l'on<br />

peut retirer de cette con<strong>du</strong>ite. Mais s'il s'agit d'un -simple<br />

gain ou profit, est-il permis, en vue de ce profit, de se<br />

courber de huit pieds pour ne se redresser que d'un ?<br />

Autrefois Tchao-kian-iseu [un des premiers fonctionnaires,<br />

ta-fou, de l'État de Tçin] ordonna à Wàng-liang


MENG-T8EU. 311<br />

[un des plus habiles cochers] de con<strong>du</strong>ire son char pour<br />

son serviteur favori nommé Bi. Pendant tout le jour il<br />

ne prit pas une bête fauve.<br />

Le favori, en rendant compte a HHî maitre de ce rcsiillal,<br />

d'il: Ces* le plus indigne cocher de tout l'empire!<br />

Quelqu'un aval il rapporte ces paroles a 11 muj-l ree^,<br />

celui-ci dît : Je prie qu'on me laisse de nouveau con<strong>du</strong>ire<br />

l- prie<br />

d'agréer mon refus.<br />

Ainsi un cocher a honte même de se voir adjoint a un<br />

[mauvais] archer. Il ne voudras' pas y être adjoint quand<br />

même cet archer prendrai! autant de bêles fauves qu il en<br />

faudrait pour former une colline. Que serait-ce donc si<br />

l'on faisait plier les règles de con<strong>du</strong>ite les plus il rodes pour<br />

se mettre h la merci des princes eu allant les visiter le<br />

premier ! Or vous \ous êtes frourpé Ulans votre citation!»<br />

Celui qui s'est nue fois pi if» soi-même nej>eut plus redresser<br />

les autres hommes.<br />

2, l\i\i(i-ich>nt dit : !\


312 MKNG-T8EU.<br />

tous les princes tremblent ; lorsqu'ils restent en paix5 toul<br />

l'empire est tranquille.<br />

MEPIG-TSEU dit : Comment pour cela peuvent-ils être<br />

considérés niniini' grands? Vous n'avez donc jamais étudié<br />

le iJrrr (lr* li itcs ? I J >rs< j i u • I e j e u ne ho m me ï vc-oi t\v<br />

bonnet \iril, U' père lui donne ses instructions; lorsque<br />

la jeune fille se otarie, la mère lui donne ses instructions.<br />

Lorsqu'elle se rend à la demeure de soti époux, sa mère<br />

raccompagne jusqu'à la porte, et l'exhorte en ces ternies:<br />

Oiiaud Iti seras dans la maison de ton mari, tu devras être<br />

respectueuse, tu devras être attentive et eircainspecte : ne<br />

f"oppose pa* aux volontés de ton mari. Faire de l'obéissance<br />

et de la soumission sa règle de con<strong>du</strong>ite, est la loi<br />

de la femme mariée.<br />

Habiter enn si ai muent, dans la grande demeure <strong>du</strong><br />

monde 1, se hier constamment sur le droit siège <strong>du</strong><br />

monde- ; marcher dans la grande voit* <strong>du</strong> monde * J ; quand<br />

on a obtenu l'objet de ses voeux pies emplois et des honneurs<br />

|, faire part au peuple des biens que bon possède;<br />

lorsqu'on n'a pas obtenu l'objet de ses vieux, pratiquer<br />

seul les principes de la droite raison en faisant tout le bien<br />

que l'on peut l'aire ; ne pas se laisser corrompre par les<br />

richesses et les honneurs ; rester impassible dans la pauvreté<br />

et l'abjection : ne pas fléchir à la vue <strong>du</strong> péril et<br />

de la forée armée : voilà ee que j'appelle être un grand<br />

homme.<br />

.1. '/'r/irt/tf-si/ff, fît y ne question en ces ternies : Les<br />

hommes supérieurs de l'antiquité remplissaient-ils des<br />

fonctions publiques? MKNTI-TSï-T dit : Ils remplissaient des<br />

loue lions publiques I/histoire «lit : Sî KIIOI-NG-TSEU passait<br />

trois lunes sans obtenir de son prince un emploi publie,<br />

alors il était dans un état inquiet et triste. S'il Iran-<br />

s C*'- ;t ! ( j||Mi«v


MENC-TSIU. 313<br />

chissait les frontières de son pays pour aller dans un État<br />

voisin, il portait, toujours avec lut des dons de bonne réception.<br />

h'oui}ff-mhf(j-1 disait : Lorsque {


314 M1KG-ÏSEU.<br />

royaume où l'on remplit des fonctions publiques. Je n'avais<br />

jamais enten<strong>du</strong> dire que les hommes fussent aussi<br />

impatients d'occuper des emplois ; s'il convient d'être<br />

aussi impatient d'occuper des emplois, que dire des<br />

hommes supérieurs qui n'acceptent que difficilement un<br />

emploi public ?<br />

MENG-TSEU dit : Dès l'instant qu'un jeune homme est<br />

né [ses père et mère] désirent pour lui une femme ; dès<br />

l'instant qu'une jeune fille est née [ses père et mère] désirent<br />

pour elle un mari. Le sentiment <strong>du</strong> père et de la<br />

mère [pour leurs enfants], tous les hommes l'ont personnellement.<br />

Si, sans attendre la volonté de leurs père et<br />

mère et les propositions <strong>du</strong> chargé d'office f , les jeunes<br />

gens pratiquent une ouverture dans les murs de leurs<br />

habitations, afin de se voir l'un l'autre à la dérobée; s'ils<br />

franchissent les murs pour se voir plus intimement en<br />

secret : alors le père et la mère, ainsi que tous les<br />

hommes <strong>du</strong> royaume, condamneront leur con<strong>du</strong>ite, qu'ils<br />

trouveront méprisable.<br />

Les hommes de l'antiquité ont toujours désiré occuper<br />

des emplois publics; mais déplus ils détestaient de ne pas<br />

suivre la voie droite a . Ceux qui ne suivent pas la voie<br />

droite en visitant les princes sont de la même classe que<br />

ceux qui percent les murs [pour obtenir des entrevues<br />

illicites].<br />

Â* Pheng-kerig (disciple de MENG-TSEU) fit une question<br />

en ces termes : Lorsqu'on se fait suivre [comme MèNG-<br />

TSEU] par quelques dizaines de chars, et que l'on se fait<br />

accompagner par quelques centaines d'hommes [qui les<br />

<strong>mont</strong>ent], n'est-il pas déplacé de-se faire entretenir par<br />

les diflérenfs princes dans ses différentes excursions?<br />

* Ou entremetteur. Les mariages se font ordinairement en Chine<br />

par le moyen des entremetteurs ou entremetteuses avoués, el pour<br />

ainsi dire officiels, <strong>du</strong> moins toujours officieux.<br />

2 C'est-à-dire qu'ils n'auraient jamais voulu obtenir des emplois<br />

par des moyens indignes d'eux.


Miit^îMfîj ..ul'HOj. .*< /eivï.^)S3J|i t<br />

SIîOA SIîOA s,i.)AUa e|ueui uaiq e pqtb jmq^Ujq se(| piOi]<br />

- u , q1 î i nés s a u A-y. « » 111, i a s i o n 1 u n e, | : p p u od. u .1 a si -* > .v 3 if<br />

;. i>i.viï[ .>p luaj.upieq ja.iuacyd es ap issue ej|e jse uospu<br />

ejaKjpi!pips,KlMiiudsapenl)i|iud nilaineuedns nutmoqj op<br />

ueaiuejtiij : eiA v.) op ueiqej|uaq ,ie»tirao,id es ep -|se UOJ<br />

~,na j a 11 p -| e ,1, ej 1 e M j ,1e q a n p uo i f u e 1 e p r j : 1 « p him-nodipj,<br />

i eaiisuf Iî| i«i eqneurnqq pian!)<br />

-ipud iieafsettb ne eiiuuoq \ euiuiojj etb xnea op SîïO op<br />

nad is suoA-s.qnq )«> "aineipq «inej ,ted ianfe,i}ua Jtieij |fja,j<br />

-nao.id .»s ml)j suo,i»niqa s,q |e sjai}tied.ieqa se| pief SIîOA<br />

-za.anaaf iunf.un.nd 'start «aiiuaaq }.!.) .mil : sojim: sv>| .!ta>d uoqîuesuuHiûa dp<br />

HMfd v.toqep ira >«» *aeue|paAuaa.f u|t qdtue.i pos ,iiini,i,3j<br />

-111 u«»ssm:p util jauiîiaa| un ea jia À p nb suosoddii^<br />

'saeiA jad sruuou e.rfo pio.unod<br />

UO.yaqa e| pi jaiiuad;iiiqa OJ S.IOJK *j se.rfueq ae sep ,IVA\)<br />

z.qMssod SUOA anb ne epsajjne vue |jad sn|nq SIîOA IS sn?||<br />

eruej ,mh luiras .tu «>[p» piop epoj aj -/.'»|>. ISSIK! SUOA enli<br />

e.> ap u.a.t /,aeueq,.M u SIîOA IS tseunuoq sojpiii \ni? se|i,i<br />

-.MM SOA s ml ^enbuiiiuiiuo.» eu s rai A iv; : pp Xisj^riojt;<br />

Ised errôeJ<br />

eu pqib a.inpai ne s« uni pis sep |i.imaaaj uel se.ijrn? sep<br />

uied oj i^tiiiin *«.qeAi/-enj sueji pie AI A j.» -ejnaiu sues ai}<br />

-!«>} uinib njqîaioAUoo sert JS.HJ p snqf qfuai.iotitiany —<br />

i*,oae}dap pe»s ejaa enli snoA-zas<br />

-11 «x 1 S'n o \ M a ep 1 a p


316 MENOTS1U.<br />

devez le rétribuer, et vous le rétribuez. Or, rétribuez-YOus<br />

Tiiîtention, ou bien rétribuez-vous les bonnes œuvres ?<br />

— Je rétribue l'intention. — Je suppose un homme<br />

iei Cet homme a Iirisé les. fuîtes de votre maison pour<br />

pénétrer dans l'inférieur, et, avec les lisons de l'Vitro il a<br />

souillé les ornements des murs. Si son intention était, en<br />

agissant ainsi. 11 e se j ) r o e 11 r e r d e I î I n o 11 r rit 111'e, lui il on 1i < i -<br />

rez-vous des a lit tient s?<br />

— Pas <strong>du</strong> tend,<br />

— S'il en t\sl ainsi, alors vous ne rétribuez pas l'intention:<br />

vous rétribuez les bonnes teuvres.<br />

5. Woi-tchuttij lit une question en ees ternies : Le<br />

royaume de S ou a g est. tin petit, royaume. Maintenant il<br />

r o m m e n r e à i n et t re e n p ra t iq ne I e n i od e do g« >u v er n e 11 ion t<br />

des aneiiais rois. Si les royaumes de Thsi et de Thsou<br />

le prenaient en liai ne et qu'ils portassent les armes contre<br />

lui, qu"en arriverait-il 1<br />

M K N < ; - T s K r d i t : L o i -sq u e Teti i n g - th nu g h a b i t a i 11 e pa y s d<br />

Po* \\ avait pour voisin le royaume", de Ko. Le chef de Ko<br />

avait une con<strong>du</strong>ite dissolue;, et n'élirait point de sacrifices<br />

a. ses ancêtres. Titan y envoya des hommes qui lui demandèrent<br />

pourquoi il ne sacrifiaîi pas. 11 répondit : Je ne puis<br />

rue procurer de victimes, Tlumg ordonna de lui envoyer<br />

des 1M eu ts et des m an torts. Le ehef de Ko les mangea, et<br />

n'en eut plus pour otlrîr en sacrifiée» Tfwug envoya de<br />

non vis tu des hommes qui lui demandèrent pourquoi il ne<br />

saeriliait pas. — Je ne puis me procurer <strong>du</strong> millet pour la<br />

cérémonie. Tin in g ordonna que la population de Pu allât<br />

• labourer pour lui, et que les vieillards ainsi que les faibles<br />

portassent tles vivres a celte population. Le chef de /u.o<br />

con<strong>du</strong>isant avee lui son peuple, alla fermer le chemin a<br />

ceux qui poil aient le vho îe riz et le juillet, et. il les leur<br />

enleva ; et ceux qui nt." voulaient pas les livrer, il les tuait.<br />

Il se trouva il parmi eux un enfant qui portait des provisions<br />

de millet et de viande; il le tua et les lui enleva.<br />

Le T'Ituu-lniKj dïi : « Le chef de Ko frai la en ennemis emx<br />

« qui portaient de>vivres. » 11 fait allusion à cet événement.


•fiai} ejittA |a : ainriAj<br />

s.in.»} pian s* |ia|i,aii |t : .aiumu\} a;|.»iu.> snjd u[ ap a.iip-i;<br />

*|sa ;>| naa | ap -ja ta>j ap snouepidrid *;>.> }ii.M.\ifO|> ja-inpa<br />

| nn|HS.U (i.f.lial lin .liUajfjO ,mn s 11 «a. ? « K s a < HI * a oaya £ s < > p a y a j} 01 i . f 1 A jas a ] u a 0<br />

-ut*.) ir;j : ju-mp p *^a|p,w|,ioa^>p srnip aunei" ja ajioo aios<br />

.m.«j îua.i.;.n)j«<br />

-AI ra ap -.uAipp s(io.i,>s snou àun.r\ ruas .M.n.icl râpai »<br />

.laas.ea : ,Muud .UJ«>U suopjiajp! sian^ » ; pp /la/.y-ae//;) a r |<br />

* 4 naaa![iafod xnn ,ao!' apaa.ia .uni «rin.artd jaquio} a pi. MA<br />

lîifï aanpl i?| ,K>«).iai|a,N ap sdmaj saj suop aeuua.e) "sajdnad<br />

s.jj pr;usua aisaanael saj .ii.moiu uesiej t'nu>m axifna lin<br />

sïipp irai MH p sjjjodstfa.ff si)[il }uan»|a u a.uaf iq luanat<br />

-noip.'j inb \uaa 'apioj na sajane >tipj jiiauqapj aqsrtiatl<br />

ua iianene \\\h \iar| aaual \\\ -.ude jiM.iafsa sp avauaqaas<br />

apiiina .a ai stnq>ammj aurt no aaaii<br />

nu :a>raaa\ Jiintl j>a -i sa»?u % radia.) nus JHjantua jacid sad<br />

^i u •() ; iraaîiaaiaraïai pia.up s.iaui a,ip:rd) sap .mai.iapijj<br />

snafi s'.niijis sUHijîqndnd -'a'[ Mjjana i»| mapap ni| tnun^l<br />

c iunjna joo pora ^ s;oi IIBAB ojy ap jaqa 9| »eb «wrcj<br />

ne<br />

•dïSi-Mlil


318 MENG-TSEU.<br />

Le Toi-chi (un des chapitres <strong>du</strong> Chou-king) dit : ce La<br />

« renommée de ma puissance s'est éten<strong>du</strong>e au loin ; lorscc<br />

que j'aurai atteint les limites de son royaume, je me<br />

« saisirai <strong>du</strong> tyran. Cette renommée s'accroîtra encore<br />

« lorsque j'aurai mis à mort ce tyran et vaincu ses com-<br />

« plices ; elle brillera même de plus d'éclat que celle de<br />

ce Thang, n<br />

Le royaume de Soung ne pratique pas le mode de gouvernement<br />

des anciens rois, comme il vient d'être dit cidessus.<br />

S'il pratiquait le mode de gouvernement des<br />

anciens rois, toutes les populations situées entre les quatre<br />

mers élèveraient vers lui des regards d'espérance, et<br />

n'aspireraient qu'en lui, en désirant que le roi de ce<br />

royaume devint leur prince. Quoique les royaumes de<br />

Thsi -et de Thsou soient grands et puissants, qu'aurait-il à<br />

en redouter?<br />

6. MENG-TSEU, s'adressant à Thaï-pou-ching (ministre<br />

<strong>du</strong> royaume de Soung), dit : Désirez-vous que votre roi<br />

devienne un bon roi? Si vous le désirez, je vous donnerai<br />

des instructions bien claires à ce sujet. Je suppose que îe<br />

premier ministre de Thsou soit ici. S'il désire que son fils<br />

parle le langage de Thsi, ordonnera-t-il à un habitant de<br />

ce royaume de l'instruire? ordonnera-t-il à un habitant<br />

<strong>du</strong> royaume de Thsou de l'instruire ?<br />

— Il ordonnera à un habitant de Thsi de l'instruire.<br />

— Si un seul homme de Thsi lui donne ' de l'instruction,<br />

et qu'en même temps tous les hommes de Thsou lui<br />

parlent continuellement leur langue, quand même le<br />

maître le frapperait chaque jour pour qu'il apprît à parler<br />

la langue de Thsi, il ne pourrait en venir à bout. Si au<br />

contraire il l'emmène et le retient pendant plusieurs années<br />

dans le bourg de Tchouang-yo f , quand même il le<br />

frapperait chaque jour pour qu'il apprit à parler la langue<br />

de Thsou, il ne pourrait en venir à bout.<br />

Vous avez dit que Sie-kiu-tcheou (ministre <strong>du</strong> royaume<br />

% Bourg trés-fréquenté <strong>du</strong> royaume de Thsi.


MENG-TSEU. 319<br />

de S&ung) était ue homme doué de vertu, et que vous<br />

aviez fait ee sorte qu'il habitât dans le palais <strong>du</strong> roi. Si<br />

ceux qui habitant le j ta ! a î ^. <strong>du</strong> roi. jeunes et vieux, \ils et<br />

h i > ! 10 rés. ciment tous < 1 a 1s f î *i * s «VA •-/,' / // -1 < h /•//, a v • • « * < ] u i le<br />

roi pourraiHl mal tain*".' Si ceux qui habitent h- palais «lu<br />

roi, jeunes et vieux, \ilsef honores, étaient tous dtfîe-<br />

1*1*11 f s clt* Sie-hiu-tcht'iiu^ a\ec qui le i'oi pourrai i-ïî faire le<br />

bien? Si donc il n'y a que Sîe~kiu-rrft(>att d'honnête ver-<br />

{i ie u x, c j i te I era ît - i I st a 11 pres d 11 ro i < 1< ( ^ » // a 7 /<br />

7. h'onfj-mn-tcltenu fît une cpt#a^fîi nî ru ces tenues :<br />

Vous irai lez pas voir 1rs princes; quel «ai •>! le mol il'?<br />

ME>(I-TSKI dit: Les anciens qui ne voulaient pas devenir<br />

ministres des roi> n'allaient pas les \oir.<br />

Touan-kan-m qm v ^'d< travaillaient a<br />

Lardent- iln soleil.


320 MENG-TSEU.<br />

Tseu-tou disait : Si des hommes dissimulés parlent ensemble<br />

avant d'avoir contracté entre eux des liens d'amitié,<br />

voyez comme leur visage se couvre de rougeur. Ces<br />

hommes-îà sont de ceux que je prise peu. En les examinai<br />

il bien, on pf'itt. savoir ce que l'homme supérieur<br />

nourrif en lui-même.<br />

H. T(n-t/thj-/t.-fti j premier ministre <strong>du</strong> royaume (h-<br />

Sijiotij | disait : Je n'ai pas encore pu n'exiger pour tribut<br />

mu' le dix ici ne îles pro<strong>du</strong>its l , ni abroger les droits d entrée<br />

aux pa^stias îles frontières et les taxes des inarelics.<br />

j e \ o 11 d i -a ? s < * e pe t} d ; 1111 d i i j i i n n e r ces e 11 a rges pot i r at !<br />

J Vu m ce prorhaine, et ensuite je les supprimerai entièrement,<br />

(lomment faire?<br />

MK> ni en dispenser. II y a longtemps que le monde existe;<br />

tantôt e est tr bon gouvernement qui règne, tantôt c'est<br />

le ! rouble et l'anarchie.<br />

A l'époque de l'empereur \ao, les eaux débordées<br />

inondèrent font le royaume. Les serpents et les dragons<br />

l'habitaient, et le peuple n'avait aucun lieu pour fixer son<br />

séjour. Ceux qui dénie liraient dans la plaine se construisaient<br />

des Inities comme des nids d'oiseaux ; ceux qui<br />

' 1 .eirr.ie-iij. ni • .|i» >//.


MEKG-TSEU. 321<br />

demeuraient dans les lieux élevés se creusaient des habitations<br />

souterraines. Le Càou-king dit : a Les eaux déboro<br />

dant de toutes parts me donnent un avertissement, s<br />

Les eauj: il {bordant de /o>//>-s pnrfs sont de grandes H<br />

vastes eaux L (Ihitn a va ni ordonne a Vu de les maîtriser<br />

et de les diriger. Vu Ut creuser tl--s canaux pour 1rs faire<br />

écouler dans la nier. 11 chassa les serpents el les iIrai;uns,<br />

et les lit s'/-


322 MBNG-1SEU.<br />

Wou-wang poursuivit Fei-lian jusque dans un coin de<br />

"terre fermé par la mer, et le tua. Après avoir éteint cinquante<br />

royaumes, il se mil à la poursuite des tigres, des<br />

léopards, des rhinocéros^ des éléphants *? et les chassa<br />

au loin. L'empire fut alors dans une grande joie. Le<br />

Ckm-kiïiff dit. : « 011 ! comme ils brillent d'un grand<br />

« ée 1 a f, les desse î n s 11 e 11'en -tv a ng ! e o n i ri le i 1 s lu re n t b i e i i<br />

« suivis p ar I e s 11 a u t s fa i ts de î l o u-wa n g ! Ils on t a i cl é e t<br />

« instruit les hommes de nos jours, qui sont leur poste-<br />

« rite. Ton t est maintenant parfaitement réglé; il n'y a<br />

« rien à reprendre. »<br />

La génération qui a suivi est dége n é r ée ; les p r ï ne î pe s<br />

d 11 u m a ni té e î: de j n s t i ce [ j >roel amés par tes sa î n t s lion nues<br />

et e n se î g il es dans les livres sa c r es È ) su n t t om bés (la n s<br />

l'oi 1111 i. 1 ,es d i scours les pi us pervers, les aetî on s les plus<br />

c r 111 • 11 e s, s o n t v e n u s cl e î ï en i v ea u t r o u b 1 er Te i n p i r e .Ils 'e s<br />

t ro 11 vé cl e s s 11 j t * I s q 11 i o 111 fa î t i n ou ri r 1 e u r pr i i ic e ; il s'e<br />

trouvé des Ils qui ont fait mourir leur père.<br />

K i lot s G-TSEI \ e lira y é f de cet t e gra nde d issol ut i on ],<br />

écrivit son livre intitulé le Printemps et t Automne 3<br />

( 7 'eh iot-t/i s ieo u). C e 1 i v i -e e o n t i e n t les cl e vo irs d u fils <strong>du</strong><br />

Ciel [ou de l'empereur j. C'est pourquoi KHOCNG-TSEU<br />

disait : « Ceux qui me connaîtront ne me connaîtront<br />

« (pie d'après le Printemps et f'Automne 4 ; ceux qui<br />

« nf ace useront 5 ne le feront que d'après le Pri n temps ci<br />

« r Automne. »<br />

H 11 *a p pa r a î t. p 1 u s de sa i n t s ro is [ pot i r gou v e m er l'en] -<br />

I > î re 1 ; I e s p r i n c e s e t 1 es v assau x se 1 i v r en t à I a 1 ie e nce la<br />

1 En un mot, de toutes Ses botes que Cfmm-sm entretenait dans<br />

ses parcs royaux pour ses pîalsirs.<br />

2 Commentaire.<br />

s Histoire <strong>du</strong> royaume de loi* (sa patrie). (Commentaire»)<br />

4 C'est seulement dans ce livre que l'on trouve exprimés tous les<br />

sentiments de tristesse et de douleur que KHOONG-TSEU éprouvait<br />

pour la perversité de son siècle. {Commentaire.)<br />

s Les mauvais princes et les tyrans qu'il flétrit dans ce livre.


MBNG-ÎSEU. 323<br />

plus effrénée; les lettrés de chaque lieu * professent les<br />

principes les plus opposés et les plus et ranges; les docf<br />

r i 11 e s ( î e s se e t a ires 1 e t1 y -1 c h a u < 1 1 Mé-11 r e 11ï p I i sst 1 111.1 ' rJi 11 ;<br />

et les doc f fines de l'en i pire- j celles qui sont professées par<br />

l'Etat |, si elles ne rentrent pas dans celles de 1 on g. rent<br />

re ri f d a 11 s cel I e s de .W. I. a se e I c d e ! < o t g ra f > p < » r f c t o 111 a<br />

so i ; e 11 e n e r e e oi ï ri ail p as d e p ri n e t • s » L ; i sec! c d c J /c a i 111 e<br />

font le mon d e i ri cl i si î n c : f e 111 e 11. ! ; cil e ne r c c o n n a i f p o i r 11 de<br />

parents. Ne point reconnaître de parents, ne point ree<br />

o n n a î t ta * d e p r i n ces, c "es I c t r e c o n u u c d t ! s brutes e t des<br />

lié les fauves,<br />

Kow i g-m ing-i ci i sa i t : «Les e 11 i s i 11 e s d u | > r i n e< : reg< > r -<br />

« genf de viandes, ses écuries sont remplies de chevaux<br />

a IV ï i ) ga n f s ; mais le j >e u p i e pi. > r t e sur sou v i sage I es < • i \ \ -<br />

« preintesde la faim; les campagnes désertes sont eu-<br />

« combrées d'hommes ni or! s de misère : c'est ainsi que<br />

« l'o 11 po u sse 1 es bé I es I ér< M 'es a d*'; v ore r î » 's I \ o \ \ no es -. »<br />

S i I e s do et r î n e s des se 'êtes } e ////et J /é ne sy i J î pa s iépr<br />

i i ïï é e s ; si 1 es c loe l ri n es < I » • K11 o r N n - r s E r ne sont pas r emises<br />

en lui ni ère» les discours les plus pervers abuseront<br />

J e pe n pie e t et oi 11 i e r on t I es pr i n c i pe s sa 1 u I a i r e s d e !' h u u J an<br />

î té et de la j u st î ce. Si I es f > r î n c i pe s sa 111 f a i r es de f h u m a -<br />

nîteet de la justice sont etouiîes et comprimés, alors nonseulement<br />

ces discours pousseront, les bétos féroces à<br />

dévorer les hommes, niais ils exciteront les hommes â si*<br />

dévorer en Ire eux.<br />

Moi., effraye des progrès (pie font ces dangereuses doo<br />

I ri n es, j e < 1 e fend s la doctrine des sa i n t s h om i n es uni e m j is<br />

f i a osé ; j e e o i n ha I. s 1 e / ? g e i. )]* • ; je r e ] J < » 11 sse I e 11 r s propositions<br />

corruplrices, aiin que des prédicaîenrs peu ers ne<br />

surgissent dans J'empire j jour les répandre. Lue fois que<br />

ces doctrines perverses sont, entré'es dans les cœurs, H les<br />

c o r r o 11 ï p en f. les a e f î o n s ; u n c f o i s q u VI i e s s o n t p r a t i q u é < t s<br />

1<br />

TchoH-ssc; Je ConîMOiïiairo dit que ce ami ici îtitivs non<br />

omp!o\és.<br />

:! ;<br />

\ti\oy. p r*. c é *.l »? r n n 11.* ti I. |«- T!ï f


324 MENG-TSEU.<br />

dans les'aetionsj elles coFFompent tous les devoirs qui<br />

règlent l'existence sociale. Si les saints hommes de l'antiquité<br />

paFaissaient de nouveau sur la terre^ ils ne chanirf-rairnt<br />

rien a nus paroles.<br />

Autrefois | // maîtrisa 1rs uTaridrs faux et lit cesser les<br />

râla mit «'s qui adhéraient IV m pire ; Tnheou-koutty mini!<br />

soiis>a domination 1rs barbares <strong>du</strong> midi et <strong>du</strong> septentrion ;<br />

il chassa an loin 1rs hrfrs féroces *. rf foutes les populations<br />

d. do> trop^nts, il.-s rhinocéros H. de> ek-<br />

* (\>nnnnïtain\<br />

V-. fi.l-, - • •;. hun^r- .-l pnVIiM.s ;j\t.r û'ta ,!«* muu^lv vt .lo |>«MV>V; -<br />

*'•«"•• • s - - - - ^''S-'î \îi\v artsi p.-t i-f:iiî»*in«.* ïiî vXjtltquee |.«M'


MEHC-TSEU. 325<br />

10. Kouang-tchang dit : Tchin4ckoung4seu n f est-il pas<br />

un lettré plein de sagesse et de simplicité ? Comme il demeurait<br />

à Ou-ling, ayant passé trois jours sans manger,<br />

• ses oreilles ne purent plus entendre, et ses yeux ne purent<br />

plus voir. UII poirier se tmuvail la auprès d'un poils; 1rs<br />

vers avaient inai)^ ; plus de la moi fit* 1 de ses IVuils. Le IIIOrihond,<br />

se traîna ut sur ses mains ef sur ses pieds, cueillit<br />

le restant pour le manger. Apres en avoir goûte trois<br />

!bis y ses orei11es r eeovrer enI i*onie , i t t1 r i < i 1 e<br />

plus gr a f i d l . Ce pe ne I a ri I.. 11i a I g ré v e I a . e i m i ; i t e t1 ! / ) -/mu > / »/ -<br />

?se& entend-il la si in pi ici te et la tempérance 1 Ptmr remplir<br />

le but de Tcfu>ung-ts(Ki il hit a Irai! devenir ver de<br />

terre; alors o i \ j M >U r ra i t. lui r e sse 11 d > ! e r,<br />

Le ver de ferre, dans les lieux élevés, se nourrit de<br />

terre sèche, et, dans les lieux Luis, il boit iVau bourbeuse.<br />

La maison qu'habite Tchonnu-tscu n'est-ce pas celle eue<br />

Pé-i' 1 se construisit V ou bien serait-e»- eelle quel* vulf-ur<br />

Te/te* bàiif? Le unie! qu'il mange nVs!-;i pas relui que<br />

Pé-i sema *f ou bien serait-ce celui qui fui verne par /e;.."/<br />

Ce sont, là «les questions qui n'ont pas enenre eto IVMIkies.<br />

I\iyu.


386 MEld-TSEU.<br />

il ne veut pas s'en nourrir ; il regarde la maison de son<br />

frère aîné comme une maison inique^ et il ne veut pas<br />

l'habiter. Fuyant son frère aîné et se séparant de sa mère^<br />

il est allé se fixer à Ou-ling. Un certain jour, qu'il était<br />

retourné dans son pays, quoiqu'un lut apporta en pres«<br />

• 111 , de la part do son f rère aîné} u11u


HIA-MENG.<br />

SECOND LIVRE.<br />

CHAPITRE PREMIEE.<br />

COMPOSÉ DE 28 ARTICLES.<br />

1. MiîfS-fsiu dit : Quand même vous auriez la pénétration<br />

de lî'leou 1 , et l'habileté de Koung-chou-tseu 1 , si<br />

vous ne faites pas usage <strong>du</strong> compas et de la règle^ vous ne<br />

pourrez façonner des objets ronds et carrés. Quand même<br />

vous auriez l'ouïe aussi fine que Ssê-kouang, si vous ne<br />

faîtes pas usage des six règles musicales^ vous ne pourrez<br />

mettre en harmonie les cinq tons; quand même vous<br />

suivriez les principes de Yao et de Chun, si vous n'employez<br />

pas un mode de gouvernement humain et libéral<br />

*, vous ne pourrez pas gouverner pacifiquement l'empire.<br />

* Lt-foou, homme qui vivait <strong>du</strong> temps de Hoang-ti, et fameux<br />

par sa vue eieessivement perçante. (Commentaire.)<br />

«Son petit nom était Pan, homme <strong>du</strong> royaume de Lou, dont l'intelligence<br />

et ie génie étaient extrêmes. (Commentaire.) Un autre<br />

commentateur chinois ajoute que cet homme avait construit pour<br />

sa mère un homme es bois qui remplissait Ses fonctions de cocher,<br />

de façon qu'une fois le ressort étant lâché, aussitôt le char était<br />

emporté rapidement comme par un mouvement qui lui était propre.<br />

• Jin-tchingt HïîMANUM IEGIMEN. La Glose explique ces mois eu<br />

disant que s'est l* observation et la pratique de kit propres à instruire<br />

le peupk et à pourvoir à ses besoins.


328 MENG-TSEU.<br />

Maintenant les princes ont sans doute un cœur humain<br />

et une renommée d'humanité,, et cependant les peuples<br />

ne ressentent pas leurs bienfaits; eux-mêmes ne peuvent<br />

pas servir d'exemples ou de modèles aux siècles à venir,<br />

I ) a i -{• v < {11" 11 s lit* j >r a f i q ? t e 11 i pas! e s 11 r ï o c i pes cf * h o ni anit<br />

de justice des ancions rots.<br />

C'est pourquoi ii est dit : « La vertu seule ni.» su fi il pas<br />

« pour pratiquer un hou mode de gonveiTienienl, la loi<br />

e seule Dr peut pas S" pratiquer par elle-même. »<br />

Le Lier.- fin 1res 1 dit :<br />

» f Ils ne p é t; lier o al: ï i i j )a ï 1 excès ni par o 11 h 1 î ;<br />

a IN suivront les lois îles an fît» us. »<br />

Il n'a jamais existé de prince qui se soit, mis en défaut<br />

en su i \ a n I 1rs luis et les i nst i I u t i «ans des anc i e ns ro î s.<br />

Lorsque 1rs saillis lion mies eurent épuisé foules les facultés<br />

de leurs yeux, ils transmirent à la postérité le<br />

compas, la ivide. le niveau et l'aplomb, pour foi"mer les<br />

o î > j e î s carrés, ronds, de ni v e a u e t d r ( à t s ; et c e s t n st r um*'n!s<br />

n'ont pas encore pu être rein placés par i'usage.<br />

Lorsqu'ils eurent épuise dans toute son éten<strong>du</strong>e leur faculté<br />

de I unie, ils transmirent à la postérité les six lia ou<br />

r èg î es de musique, c| 11 i r e c t i î i e n î 1 e s e i n q so ns ; et ces<br />

règles non! pas encore pu être remplacées par l'usage.<br />

L ( ? i 'sr| ifi ! s eurent e p u i se toute s I es f a e u 11 é s ci e leur i n t e H i -<br />

genre, tonus les inspirations de leur cœur, ils transmirent<br />

à la postérité le- frudsde leurs méditations en lui léguant<br />

un mode de gouvernement qui ne penne i pas de traiter<br />

cruellement les fini unies., et 11 ni m an île s'étendit sur tout<br />

l'empire.<br />

C est pourquoi il est dit : Si vous voulez construire un<br />

monument qui domine, vous devez en poser les fondations<br />

>nr une colline ou un plateau élevé; si vous voulez<br />

construire un édifice sans apparence, votu devez en poser<br />

les fondations sur un sol bas et humide, U. 1 long des rivières<br />

ci des étangs. Si en exerçant le gouvernement on<br />

Oïlr Ki


MENG-TSEU. 329<br />

ne suit pas la manière de gouverner des anciens rois,<br />

peut-on appeler cette con<strong>du</strong>ite conforme à la .sagesse et à<br />

la prudence!<br />

Ces! pourquoi il lïx a que l'homme humain et plein<br />

de l'uni passion pour les bon unes qui soit commablemeni<br />

place sur lu sifjiv, efeye de la puissance sou \ ci-aine. Si un<br />

homme iijJiuiiKirn et cruel se trome place sur le sie^o<br />

eleve de la puissante souveraine, e est un (Iran qui \erse<br />

foutes ses iniquités sur la multitude.<br />

Si le supérieur eu {e princ ne suit pa> la il roi le rétfle<br />

(le con<strong>du</strong>ite Sc soumettront a aumne subonlinafîoîl.<br />

Si a la eeur on ne iail aucun ras de la droite raison,<br />

si on ne eroif pas à ses. prescriptions; si les tintais? rat s<br />

n'ont aucun respect pour les institutions., n'y ajoutent aucune<br />

confiance; si le> hommes supérieurs se révoltent<br />

contre l'équité eu violant les lois, et les hommes vulgaires<br />

contre la j usure : e Vsi i ni heureux I tu sa ni lorsque, dans<br />

de telles circonstances, le royaume se coiisene sans périr.<br />

CTes! pourquoi il est dit : (V n'est pas nue calamité<br />

pour le royaume de ne pas avoir des \ illes complètement<br />

tortillées de murs intérieurs cl extérieurs, de ne pas avoir<br />

des cuirasses et des armes en imand nomhiv; ce n'es! pas<br />

une émise de ruine pour un empire que les champs et<br />

les campagnes éloignes des villes ne soient pas bien cultives,<br />

que les biens et les richesses ne soient puis accumules.<br />

Si le supérieur ou le prince ne se conforme pas ans<br />

rites, si les intérieurs nViudieut pas les principes de la<br />

raison, le [M-rinie perverti >e lèvera en insurrection, et, la<br />

ruine de l'empire sera imminente<br />

Le /ar/votebr^ dit l :<br />

n Le ejel es? sur le ï*SIIî de renverser la dynastie<br />

« i Ministres de celle dynastie, I ne perdez pas de<br />

« U>mp- ! „<br />

1 OaV Pan, S'rliuii f-e^e<br />

28.


330 MERg-TSBU.<br />

L'expression ne -perdez pas de temps est équivalente à<br />

celle de ne pas être négligents. Ne pas suivre les principes<br />

d eq u î t é < *f 11 e j i tsl i e< * clans le serv i ce d t1 pr i o ce ; n e pas<br />

observer les rites en acceptant ou en refusant une magistral<br />

11 re ; b 1 à i n e r v i ve î n ei 11 d ans ses d i scon rs les p r i n e i pes<br />

de eoiîdtiile des anciens empereurs : c'est comme si l'on<br />

était négligent et insouciant de la ruine de l'empire.<br />

(l'est pourquoi il est dit : Exhorter le prince à pratiquer<br />

des choses difficiles s'appelle acte de respect envers lui;<br />

lui proposer le bien à faire, l'empêcher de commettre le<br />

mal, s'appelle de vu tuant ail sincère» Mais dire ; Mon prince<br />

ne peut pas [exercer un gouverne nient lui main], cela s'appelle<br />

m 1er,<br />

2, MENG-TSI«X dit. : Le compas et la règle sont les instruments<br />

de* perfectionnement des choses carrées et<br />

i o n 1.1 e s ; le sa i n t homme est l'a e e o 111 p 1 i sse m e n t par fai t<br />

de? devoirs prescrits entre les hommes.<br />

Si, en exerçant les fonctions et les devoirs de souverain,<br />

vous vouiez remplir dans foute leur éten<strong>du</strong>e les devoirs<br />

<strong>du</strong> souverain; si, en exerçant les fonctions de mini<br />

sire, vous voulez remplir clans toute leur éten<strong>du</strong>e les<br />

devoirs de ministre : dans ees deux eas_, vous n'avez qu'à<br />

imiter la con<strong>du</strong>ite de } an et de Chun, et rien de pins, Ne<br />

pas servir son prince comme Chun servit Yao, ce n'est<br />

pa ? avoir <strong>du</strong> r e s pee I: p< > 1.11 • so n pr i nce ; ne pas go 11 ve r i \ er 1 e<br />

pe u p 1 e c * o 1111 n e 1 «o 11 • go 11 v e r 11 a » e 'es t o p p r i n le r 1 e peu p<br />

K u o i; N c; - TS K r disait : « 11 n'y a q n e d e ux g ra n des vo i es<br />

(( dans le monde : celle de Uni inanité et celle de Finlitt-<br />

« inanité; et voilà tout. »<br />

Si la tyrannie qu'un fui net* exerce sur son peuple est<br />

ex! ré me, a l ors sa pe rso n ne es t. m i se à J n or t e f son roy a u me<br />

est détruit f . Si sa tyrannie n'est pas poussée à L'extrême,<br />

-' i } a o k fu min eh in. I \ (• n rhinç lt a. kou r wa ri g, la même maxime<br />

o*t rq>ro


VENG-TSEU. 331<br />

alors sa personne est en danger, et son royaume est menacé<br />

d'être divisé. Le peuple donne à ces princes les surnoms<br />

û'kéèété (Yeou), de cruel (II) 1 . Quand même ces<br />

princes auraient des ils pleins de tendresse et de piété filiale<br />

pour eux, et des neveux pleins d'humanité, ces derniers,<br />

pendant cent générations, ne pourraient changer<br />

les noms flétrissants que leur a imposés la justice populaire.<br />

Le Livre de$ Vers* dit :<br />

€ L'exemple de la dynastie Yn n'est pas éloigné;<br />

ix II en est un autre <strong>du</strong> temps de la dynastie Hia, »<br />

Ce sont les deux rois [auxquels le peuple a donné des<br />

noms flétrissants] qui sont ici désignés.<br />

3. MiHS-TSiïi dit : Les fondateurs des trois dynasties<br />

obtinrent l'empire par l'humanité, leurs successeurs le<br />

perdirent par l'inhumanité et la tyrannie.<br />

Voilà les causes qui renversent et élèvent les empires,<br />

qui les conservent ou les font périr.<br />

Si le fils <strong>du</strong> Ciel est inhumain, il ne conserve point sa<br />

souveraineté sur les peuples situés entre les quatre mers.<br />

Si les rois et princes vassaux sont inhumains, ils ne conservent<br />

point l'appui des esprits de la terre et des fruits<br />

de la terre. Si les présidents <strong>du</strong> tribunal suprême et les<br />

autres grands fonctionnaires sont inhumains, ils ne conservent<br />

point les vénérables temples des ancêtres. Si les<br />

lettrés et les hommes <strong>du</strong> peuple sont inhumains, ils ne<br />

conservent pas intacts leurs quatre membres.<br />

Maintenant, si Ton a peur de la mort ou de la perte de<br />

quelques membres, et que l'on se plaise néanmoins dans<br />

l'inhumanité, n'agit-on pas comme si l'on détestait l'ivresse,<br />

et qu'en même temps on se livrât de toutes ses<br />

forces à la boisson?<br />

ê. HENG-TSEU dit : Si quelqu'un aime les hommes sans<br />

1 Comme Yeou-wang et Li-wang, deux rois de la dynastie des<br />

Tcheou, qui régnaient 878 cl 781 ans avant notre ère.<br />

* Ode Tchang, section Fs-ya.


332 MENG-TSÉU.<br />

en recevoir des marques d'affection, qu'il ne considère'<br />

que son humanité. Si quelqu'un gouverne les hommes<br />

sans que les hommes se laissent iaeilement gouverner par<br />

lui, qu'il ne considère que sa sagesse et sa prudence. SI<br />

quelqu'un traite les-hommes avec toute la politesse prescrite,<br />

sans être payé de retour, qu'il ne considère que l'accomplissement<br />

de son devoir.<br />

Lorsqu'on agit ainsi,, s'il arrive que l'on n'obtienne pas<br />

ce que l'on désire, dans tous les cas on ne doit en chercher<br />

la cause qu'en soi-même. Si sa con<strong>du</strong>ite est conforme<br />

aux principes de la droiture et de la raison, l'empire<br />

'rétourne de-lui-même à la soumission.<br />

Le Livre des Vers 1 dit :<br />

a Celui qui pense toujours à se conformer au mandat<br />

« <strong>du</strong> ciel<br />

ce Attire sur lui un grand nombre de félicités. x><br />

•5. MENG-TSEU dit : Les hommes ont une manière constante<br />

de parler [sans trop la comprendre]. Tous disent :<br />

l'empire, le royaume, la famille, La base de l'empire existe<br />

dans le royaume ; la base <strong>du</strong> royaume existe dans la famille<br />

; la base de la famille existe dans la personne.<br />

6* MENG-TSEU dit : Il n'est pas difficile d'exercer le gouvernement<br />

: il ne faut pas s'attirer de- ressentiments de la<br />

part des grandes maisons. Ce que ces grandes maisons désirent^<br />

un des royaumes [ qui constituent l'empire ] le désire<br />

aussi ; ce qu'un royaume désire, l'empire le désire aussi.<br />

C'est pourquoi les instructions et les préceptes de- vertus<br />

se répandront comme un torrent jusqu'aux quatre mers.<br />

7. MENG-TSEU dit : Lorsque la droite règle de la raison<br />

est suivie dans l'empire, la vertu des hommes inférieurs '<br />

sert la vertu des hommes supérieurs ; la sagesse des<br />

hommes inférieurs sert la sagesse des hommes supérieurs.<br />

Mais quand la droite règle de la raison n'est pas suivie<br />

dans l'empire, les petits • servent les grands, les faibles<br />

servent les forts [ce qui est contraire à la raison]. Ces<br />

1 Ode Wen-wang, section Ta-ya.


VEHG-TSBU. 333<br />

deux états de choses sont réglés par le ciel. Celui qui obéit<br />

au ciel est conservé ; celui qui lui résiste périt.<br />

King~koumg} prince de Thsi, a dit : e Lorsqu'un prince<br />

ne petit pas eoira naja fer aux autres : M. en outre, il ne<br />

va «t recevoir dYadres de personne, il se sépare par ce! a<br />

même des antres hommes. Apres avoir verse beaueoup<br />

de larmes, il t Ion ne sa fille en mariage au prince barbare<br />

<strong>du</strong> royaume de Ou. »<br />

Maintenant les petits royaumes imitent les an»aïs<br />

royaumes, et cependant ils rougissent d en recevoir des<br />

ordres et de Unir obéir. C'est coin me si ih i > diacîples<br />

rougissaient de recevoir des ordres


334 MKNG-T8EI'.<br />

Maintenant^ si Ton désire n'avoir aucun ennemi ou adversaire<br />

dans l'empire, et que Fon ne fasse pas usage de<br />

rhumanité [pour arriver à ce but], c'est comme si Fon<br />

voulait prendre un fer chaud avec la main, sans Favoir<br />

auparavant trempé dans leau.<br />

Le A/Vvv des Vers l dit :<br />

« tjut peu! prendre m* ci: la in ai» un 1er chaud<br />

« Sans lavoir auparavant trempé dans l'eau? »<br />

H, MKNC.-TSKï' dit : Peut-on s'entretenir et parler h» laniîatr<br />

e de la raison aver 1 es pri nees er11e 1 s et inhumains ? les<br />

dangers les plus menaçants sont pour eux des motifs de<br />

tranquillité, et. les calamités les plus désastre oses sont<br />

pour eux des sujets de profil ; ils se réjouissent de ee qui<br />

cause leur ruine. Si on pouvait s'eut retenir et parler te<br />

laneap- de la raison avec les princes inhumains et. cruels,<br />

y a « 11 -ai t - i 1 un a n s > i ^ r a n


miffr-âSltJ. 335<br />

c Ton s'est attirées soi-même. » Ces paroles disent exactement<br />

ce que je voulais exprimer.<br />

9. MENG-TSEU dit : Kit et Cheou perdirent l'empire,<br />

parce qu'ils perdirent leurs peuples ; ils perdirent leurs<br />

pc 11 p 1 es » | MI Y e e q il * 11 s pe r t ! i r e n t. hnir a!ÏV» c t i o.t i,<br />

Il y a nricj voie sûre d'obtenir i'tMnpîro : il faut obtenir<br />

le peuple»* et par cela même on obtient l'empire. Il y a<br />

une voie sûre d'obtenir ie peuple : il faut obtenir son cœur<br />

0 u so n attire t i o n, e t p ar et *. 1 a o i è 111 e < > 11 c 11.» I i t; 11 ! I e pc a i f > le . 1 !<br />

y a une voie sûre d obtenir le cœur <strong>du</strong> peuple : tù'Sl de<br />

1 u i don ne i • e e q u 'il désire* de lui fourni r c : e t.1 o n t il a tiesoiiij<br />

et de ne pas lui imposer ce qu'il déleste.<br />

Le pe o p 1 e se r e n d à iliiuii a n i t ê, i : o mm e 1* e a 11 e en île e n<br />

lias, c O i ï n 111 ! I es I >é tes te r oc i k s se r e t i r e 1.11 cl a rt s les lieux déserts.<br />

Ainsi, c'est la loutre qui lait rentrer les poissons dans<br />

le t o n cl de seaux , e t 1 e pe r v i e r q ni tait fuir i e s o i se a u \ 11 a ns<br />

I* épaisseur des forêts; ee sont les | mauvais rois| h te et<br />

7 ch eo u q u i t o n t. f u i r I e s | >e u p I e s dans ! e s b r ;. i S île Tel un gth<br />

cm g e t d e I i "o u-iv an g.<br />

Mai n tenant, si entre tons les princes de l'empire il s'en<br />

t POU v ai t un q u i e 11e i i t Y11111\ t a n i t e » a I < a s t o u s I e s roi s e f les<br />

princes vassaux [par leur tyran oie habituelle j forceraient<br />

leurs peuples à se réfugier M MIS sa protection. Quand<br />

même il voudrait ne pas régner en souverain sur tout I empire,<br />

il ne pourrait pas s en abstenir.<br />

De nos jours, ceux qui t lésinait régner en souverains<br />

sur t o ut F e 111 p i r e se > n t e o n u u e n 1111 o mm e q 11 î p e n ( la n t une<br />

maladie de sept ans cherche l'herbe, précieuse (ni) qui ne<br />

procure <strong>du</strong> soulagement qifaprès avoir été séchée pendant<br />

trois années. S'il ne s'occupe pas déjà de la cueillir,<br />

il ne pourra en recevoir <strong>du</strong> sonhigement avant la fin de<br />

sa vie, Si les princes ne s'appliquent pas de traite leur intelligence<br />

a la recherche et à la pratique de l'humanité,<br />

ils s'affligeront insqirà la lin de leur vie de la bond 4 de<br />

ne pas la pratiquer, pour tomber < ai lin dans la un al et<br />

l'oubli.


336 MEN6-TSEU.<br />

Le Livre des Vers l dit :<br />

ce Comment ces princes pourraient-ils devenir hommes'<br />

a de bieo ?<br />

ce Ils-se plongent mutuellement dans l'abîme, s<br />

CVst la pensée que j'ai taché d'exprimer ci-dessus,<br />

10. MKNU-TSKI dit : Il n'est pas possible de tenir des<br />

d i se o u rs r a i so n n ah l e s a v ee ce u x qui se \\ v re n î, cl ans I e u r s<br />

paroles, à toit le la fougue de leurs passions ; il n'est pas<br />

possible t l'agir en connuun , dans des a fia ires qui demandent<br />

1'a {) p i i e a I i o n 1 a f > î n s so 111 e n 11 c*, a v e e tl es 1 ion nu<br />

sans énergie qui s'abandonnent eux-mêmes. Blâmer les<br />

usages et l'équité dans .ses discours, c'est ee, que Ton appelle<br />

s'abandonner dans ses paroles à la fougue* de ses<br />

passions. Dire ; « la personne ne peut exercer l'huma-<br />

« nt le et suivre la justice, » cela s'appelle abandon do soimême.<br />

L'humanité, c'est la c l e i :t i e 11 r e t r a nq u i 11 e cl e 111 o i ni n e ;<br />

la justice, e'vsi la voie droite de F ho m me.<br />

Laisser -M demeure tranquille sans l'habiter, abandonne<br />

r si i v i > i e droite s« i n s 1 a s 11 i v i\ *, o 111 q ne e e 1 a est 1 a nie<br />

table !<br />

1 i. M E N < ; -TS i ; : r dit ; 1. a v o i e < I r o i t e est j >i *e s de vous,<br />

vo u s 1 a e h e i" e h e z a u 1 o i n 1 C 'e s I un e e 11 ose q 11 i est t î e e e 1<br />

qui sont faciles, et vous la. cherchez parmi celles qui son!<br />

d i f 1 î e i 1 c s ! Si c h a e u n a i m e se s j > en i e f n i è re e o i \ i nie o n cl<br />

I es a i 111 e i *, e t r e s p< *c I e ?>v> a î n es comme on d o i t les re spe<br />

ter, l'empire sera dans l'union et l'harmonie.<br />

i v 2. M e IN (ï-TSEI " dit : Si ceux q u i son t d ans n ne concl i t ion<br />

intérieure jà celle un prince-] n'obtiennent pas tonte la<br />

confiance de leur supérieur, le peuple ne pourra pas être<br />

go u v e r n é. i 1 y a u n e v « » i e s ù r e < I * o b t e n i r 1 a I a v e u r e t 1<br />

lîance <strong>du</strong> prince : si on n'est pas fidèle envers ses amis, on<br />

n'obheul pas la laveur el la confiance <strong>du</strong> prince. 11 vanne<br />

voie sure peur èire iidèie envers ses amis : si dans les de-<br />

1 0*1 c S a r)>) jrr,nt MvUott Ta-yi.<br />

~ LvtUlilv lus Illiiiioiiris. {CotiiiHeiUai t'€.)


VBNG-T8EU. 337<br />

?oIrs que Ton rend à ses père et mère on ne leur procure<br />

pas de joie, on n'est pas fidèle envers ses amis. Il y a une<br />

voie sûre pour procurer de la joie à ses père et mère : si,<br />

en taisant un refont' sur soi-même» on ne se trouve pas<br />

vra i, sî i îeè re, ex e 111 j >t < Je fe 1111 < > cl 11 e d éim i se m e u f, un i ie<br />

pro< ' 11 r t.' |) ; t s de j o i e à se s |) è r e et nie r e. 11 y a 11i i « 4 voie s n re<br />

de se rendre vrai, sincère, exempt de leîii!e ef de di^uisèment<br />

: si on ne sait pas discerner en quoi consiste réellement<br />

la vertu, on ne rend pas sa personne vraie, sincère,<br />

exempte» de feinte et de déguisement.<br />

C'est pourquoi ta vérité pure et sincère l est la voie <strong>du</strong><br />

e i e I ; n i ed i f e r s 11 r f a v e r i t é {>o tir la p r a t i q 11 e r est la \' oie ou<br />

le devoir de l'homme.<br />

Il n'y a jatriais eu d'homme qui, étant souverainement<br />

vrai, sincère, ne se soit concilié la confiance et la laveur<br />

des autres lion unes. Il n'y a jamais eu d'homme qui, n'étant<br />

pas vrai, si ne ère. ait. pu se concilier longtemps cette<br />

coniianec et. cette faveur,<br />

13. MtNG-TSiit dit : Lorsque IW, fuyant la tyrannie de<br />

Cheou (sin), habitait, les bords de la mer septentrionale, tl<br />

apprit l'élévation de Wrii-tcant/ (comme chef des grands<br />

vassaux des provinces occidentales de l'empire) ; et, se leva<br />

ni avec émotion, tl dit : Pourquoi n'irais-je pas me solira<br />

e t i re à lui V j'ai e n 1 e i id n < I i i v. q 11 e I e e 11 e t d e s ^ ra m f s v a s~<br />

saux de l'occident excellait dans la vertu d'entretenir les<br />

v t e i 11 rt r cl s. I., o rs < j 11 e 7 't r ï - ko un y, t u y a ï I I i a tyrannie d < *<br />

Cheou (.s///), habittnt les bords de la mer orientale, il apprit<br />

le I e va ! i o n de II- en-iran o \ e oi n i u e c h e I* de.-* g r an d s \ assaiîx<br />

des provincesoccidentalesde l'empire] ; et. se levant<br />

avec, é t n otioi t, 11 d i i : P o 11 vq u o i n'irai s-j e p a s 111 e se u 111 e t ! re<br />

à I u i ? j * ai enten<strong>du</strong> tl i r e que t e eh e ï d e s u r a 11t i s v a - s a u x. d e<br />

Foccident excellait dans la vertu denlrei-ej iir les v ai î lards.<br />

Ces deux vieillards étaient les vieillards les plus émi-<br />

1 Principe r;»liormH qui est vu i\**u>.. \r;.i \\>m< km! el pour lotis<br />

iiriiii ne trotuno jamais ; o'e.M le foudoui'-nt «!>"' la wk- crlesfe<br />

29


338 UNO-mie.<br />

nents de rempire ; et en se soumettant à Wm*wang, c'étaient<br />

les pères de rempire qui lui a¥aient fait leur soumission.<br />

Dès l'instant que les pères de l'empire s'étaient<br />

soumis, à quel autre se seraient clone ren<strong>du</strong>s leurs fils?<br />

Si parmi tous les princes feu data ires il s'en trouvait «e<br />

(j u i p ra t i q 11 à t. I e go u v « .T ne nie nt de Wen-wang, i 1 ar r i ve ra<br />

certainement que, dans l'espace de sept années» il parviendrait<br />

à gouverne 1 !* tout rempire.<br />

14. McNOTSEiulit : Lorsque Kieou 1 était intendant de<br />

la fan ï il le Aï. il ne pouvait prendre sur lui d'agir autrement<br />

que son maître, et il exigeait en tribut le double de<br />

millet qu'autrefois. KHûING-TSEU dit : « Kieou n'est plus<br />

« mon disciple ; mes jeunes gens [les autres disciples <strong>du</strong><br />

« Philosophe! devraient le poursuivre publiquement de<br />

« huées H <strong>du</strong> bruit des tambour s, »<br />

On doit inférer de là que si un prince ne pratique pas<br />

n ri go u v e r n e i w e n t h u mai n, e t q ue ses ni i n i si r es Te n ricîi î ssent<br />

en prélevant trop d'impôt?, ce prince et ses ministres<br />

sont réprouvés et rejetés par KIIOUNG-TSEU ; à plus forte<br />

raison repoussait-il ceux qui suscitent des guerres dans<br />

llntérêt seul de leur prince. Si on livre des combats pour<br />

gagner <strong>du</strong> territoire., les hommes tués couvriront les campagnes;<br />

si on livre des combats pour prendre une ville,<br />

les hommes tués rempliront la ville prise. C'est; ce que l'on<br />

appelle faire que la terre mange la chair des hommes. Ce<br />

crime n'est pas suffisamment racheté par la ni or t.<br />

C'est pourquoi ceux qui placent- toutes leurs vertus à<br />

faire la guerre devraient être rétribués de la peine lapins<br />

grave. €t m x qui f < ) m en I en t des 1 i gnes en tre les grands vassaux<br />

devraient subir la peine qui la suit immédiatement;<br />

et ceux qui imposent les corvées de cultiver et ele semer<br />

les terres aux laboureurs dont les champs sont dépouillés<br />

d'herbes stériles devraient subir îa peine qui vient après.<br />

'KH MENG-ïSEC dit : l»e tous les organes des sens qui<br />

sont à la disposition de 1"homme, il iven est pas de plus<br />

* Ian-kieouf disciple de KHQUNG-TSEU.


MlNG-TSllî. 339<br />

admirable que la pupille de l'œil. La pupille de Fœil ne<br />

peut cacher ou déguiser les vices que Fon a. Si l'intérieur<br />

de Fâme est droit, alors la pupille de Fœil brille d'un pur<br />

éclat; si L'intérieur de lame n'est pas droit, alors la pupille<br />

de L'œil est tenu» et obscurcie.<br />

Si vous écoutez attentivement les paroles d'un homme,<br />

si vou s c on s i dérez I a p u j > i 11 e de ses y e u \ * i • o m m e n t \ m u r ~<br />

rait-il se cacher à vous?<br />

16. MENG-TSEI- dit : Celui qui est alfaI.»le et bienveillant<br />

ne méprise pas les hommes; celui qui est modéré dans<br />

ses ex îgenees ne; d epoit i 11 e pas d e t o rr o les h oi n m es d e ce<br />

qulls possèdent. Les princes qui méprisent et dépouillent<br />

les hommes de ce qu'ils possèdent, et qui n'ont qu'une<br />

crainte» celle de ne pas être obéi*, comment pourraientils<br />

ê f re a p peî es afï abl ( i s e t i n o< 1 < ; r es d a i :t s 11 * 11 r s e x t ge 11 c es I<br />

L'affabilité et la modération pourraient-elles consister<br />

dans le son de la voix et l'expression liante <strong>du</strong> visage?<br />

17. (Ihun-yu-kiifruen i dit : N'est-il pas conforme aux<br />

rites q ne les hom 1i \ es elles f e t i 111 \ e s 11 e se d o n n e n t e t 11 e<br />

reçoivent réciproquement de leurs propres niai us aucun<br />

objet?<br />

MEISG-TSEU répondit : C'est conforme aux rites.<br />

— S i i a I e m n i c * cl e so 111V è r e e t a i f e 11 d a o ge r < 1 e se i ) oy e r,<br />

pourrait-on la secourir avec la main?<br />

— Ce serait L'art ion d'un loup de ne pas secourir la<br />

femme de son frère qui serait en danger de se noyer. Il<br />

est conforme aux rites que l'homme et la feu une ne se<br />

cl on tient e t ne reeo î v e n t r e r i pr< M p I e t I t en t de leurs propres<br />

mains aucun objet. L'action de secourir avec la main la<br />

f e m m e d e son frère e n d ai i ge r c î e s< :% . noyer est un e e x ce ption<br />

conforme à la raison.<br />

Maintenant je suppose que l'empire soit sur le point<br />

cl ' e t re si i bm e r gé [ o u d t • p< h • i r c î a 11 s 1 «. » s a gi t at î o n s < les t r o 11 -<br />

blés civils] : que penser <strong>du</strong> magistrat qui ne s'empresse<br />

pas de le secourir'*<br />

1 Certain sophiste <strong>du</strong> royaume ûv Thxi.


340 MING-T8EU.<br />

L'empire sur le point d'être submergé doit être secouru<br />

selon les règles de l'humanité et de la justice. La femme<br />

de son frère étant en danger de se noyer peut être secourue<br />

avec la main. Voudrièz-vous que je secourusse l'empire<br />

avec ma main?<br />

î iS. Kn u u{}- s liicf e/r fo u cl i t : P o 11 rq noî u n h oui me su férié<br />

or ïrinslruit-il pas lui-même ses enfants?<br />

MEXi-TSF.r dit : Parce qu'il ne peut pas employer les<br />

( • c » r n ' c t i o us. Ce 111 ï ( pii o 11 se i goe < 1 o ï t le t ai rc se i o 11 les r è<br />

11 e I a cl r o i t u r e. Si [ ï e 11 fa n I { n'agi t pas se 1 on les règles de<br />

la droiture, [le père] se lâche; s'il se lâche, il s'irrite;<br />

alors il blesse les sentiments de tendresse qu'un fils doit<br />

avoir pu tir son père. « Mon maître [cl il le lils en parlant<br />

« de sou pèrej devrait ni Instruire selon les règles de la<br />

« d r u i t u r e ; mais î 1 ne s'est j i i ma ï s g ui dé pa r les ri • gl e s<br />

a de eelte droiture. » Dans cet état de choses le père et<br />

le fils se blessent mutuellement. Si le père et le fils se<br />

bi esst ait m u t u e 11 e n i e ni, al or s il en résn 11 e u n gr a n d m al.<br />

Les anciens confiaient leurs fils à d'autres pour les instruire<br />

et faire leur é<strong>du</strong>cation.<br />

E n l r e ! c p r re e t ie fi I s, il n e c o n v i en t pas d ? u ser de correclions<br />

pour faire le bien. Si le père use de corrections<br />

pour porter son lîLs à faire le bien, alors l'un et l'autre sont<br />

l » i e 1111 Vf c I é s a n î s de cœ u r e t ci ' a fie c t ï o n s. Si u ne fo is î I s so n<br />

désunis de cœur et cl "a ii ce fions, il ne peut point leur arriver<br />

de malheurs plus grands.<br />

il). MEM,-TSB; dit : Parmi les devoirs que l'on rend à<br />

ceux qui sont au-dessus de soi *, quel est le plus grand!<br />

Ces t. e e i 11 î de servir se s p è r e e 1111 è r e q 11 î est 1 e p 1 u s g ranci.<br />

De tout ce que l'on conserve et protège dans le monde,<br />

q n'y a-1 - i 1 de plus important? C es! < i e se c o n se r ve r soirt<br />

i è i n e j d a 11 s la d i "o i t e v o i e j q u i est 1 e pi us i 111 p or t a n t. j a<br />

toujours enten<strong>du</strong> dire que ceux qui ne se laissaient pas<br />

égarer clans ie e heu un de la perdition pouvaient servir<br />

1 Ce soni les pères et in tires, !»•> personnes plus âgées, vi le<br />

prince.


mmi-imr* 341<br />

leurs parents;-mais je n'ai jamais enten<strong>du</strong> dire que ceux<br />

qui se laissaient égarer dans le chemin de la perdition<br />

pussent servir leurs parents.<br />

ijf.tet ès( relui qui est exempt de semr quelqu 'lit! | « ai.<br />

qui est exempt de devoir T? Les dcNoiis que I un doit a st^s<br />

parents forment lu base londainenUle de lotb l»-s devoirs.<br />

Quel est relui qui est exempt dSII de lut senir de la \iande et <strong>du</strong> vin à<br />

ses repas. Ouand on était sur le point d'enlever les mets,<br />

ii demandai! toujours à qui il poux ait en utlrir. S'information<br />

s'il v avait des mets de reste, il répondait toujours<br />

qu'il \ en avait.<br />

Apres la mort de T/t. mois, il ne diiuandaii pas a<br />

qui il pouvait en offrir, S'Informait on >ll y avait des mets<br />

de reste, il répondait qu'il n'y «ai avait pas. I! voulait les<br />

faire servir de nouveau ai ^>)\ p. Te a \ oila re que Ton appelle<br />

uottrrir ht honvh' rt h- /v?/y,s, et rien de plus. Si quelqu'un<br />

aidt comme ïhsrrt'j-**! it. on peu! dire de |m qu'il<br />

nourrit hi valant S, i intt>U iij* n r :r (qu'il ami* comenableinent<br />

envers ses parents!.<br />

I! esf permis de ser\ir ses parents eonune 'l hsùifj-twit.<br />

w 2H. MKMJ-TSè:»' dit : Tous \r< hommes ne -ont pas pro-<br />

iii.itratiou ii.*e sont pas sir-^eptables d être blâmes. Il n y a.<br />

fine les trrai u!s hommes qui j a lissent réprimer les vires <strong>du</strong><br />

rmrir des princes. Si le prince e-4 humain, rien dans son<br />

gouvernement n'est inhumain. Si le prince est juste, rien<br />

(hmsson gouvernement n'es! injuste. Si le prince est droit,<br />

rien dans son couver ne m» a ri qui ne sojj droit. I. ae lois (pie<br />

le prince se sera fait nu devoir d'avoir une con<strong>du</strong>ite constamment<br />

droite, le royatune sera tranquille el stable.<br />

29.


342 MïffG-TSEr.<br />

21. MBNG-TOEU dit : 11 y a des hommes qui sont loués<br />

contre toute attente ; il y a des hommes qui sont poursuivis<br />

de calomnies* lorsqu'ils ne recherchent que l'intégrité<br />

de la vertu.<br />

22. MENG-TSEI: dit: II va des hommes qui sont d'une<br />

grand e f ; te i I i 1: é d a n s I e 11 r s paro les, pa ree q uï I s n 'ont t ro u vé<br />

j w r so 11 n e po or I e s re p reti d r c i .<br />

23. MEN


MENG-TSEU. 343<br />

inanité, c'est de servir ses parents. Le fruit le plus précieux<br />

de l'équité, c'est de déférer aux avis de son frère<br />

aîné.<br />

Le fruit le plus précieux de la prudence ou de la sagesse,<br />

c'est de connaître ces deux choses et de ne pas s'en écarter.<br />

Le fruit le plus précieux de F urbain le est do remplir<br />

ces deux devoirs avec complaisance et délicatesse.<br />

Le fruit le plus précieux de la musique [qui pro<strong>du</strong>it la<br />

concorde et l'harmonie] est d'aimer ces deux choses. Si<br />

on les aime, elles naissent aussitôt. Une ibis nées, pro-<br />

(I u ites, c 01 mu e ri t. p ou r r a i t -on ré pr i m er les se 111 i i ne n t s<br />

q u 'e 11 e s t ri s p i r ci 11 ? N e p o u v a nt ré j J r î rn e r 1 es se ri 11 m en t s q ne<br />

c e s v e rtus ïnspi re n t, al or s. sa n s 1 e sa v o i r, i es p i eds 1 es manifestent<br />

par leurs mouvements cadencés, et les mains par<br />

leurs applaudissements.<br />

28. MENG-TSEU dit : H n'y avait, que Cinm qui pût voir,,<br />

sans plus d'orgueil que si c'eût été un brin d'herbe, un<br />

e i n pi re (1 es i rer arde mm e nt se so on i et i r e à sa d o 11 :t i n a t i o 11,<br />

et ce t e m p ire e t re pi e i n < le j o i e t1 e sa so u n i i ss i ou. P ou r lui,<br />

ne pas rendre heureux et coulent s ses parents, c'était ne<br />

pas être homme; ne pas leur obéir en tout, c'était ne pas<br />

être fils.<br />

Lorsque Chun eut accompli ses devoirs de tils envers<br />

ses parents, son père Kou-seuu parvint au comble de la<br />

j < >i e. L o r sq u e Ko u - seon 1111 | >a r ve ri u a 11 comble de I a j oi e,<br />

1 *ei 11 j J i re h 11 c on ve r l i à 1 a p i é t é 1 i l i a I e. Lorsq u e K on-semi lu t<br />

parvenu au comble de la joie, tous ceux qui dans l'empire<br />

elaient pères ou [ils virent leurs devoirs fixés. C'est ce que<br />

ïmi appelle la grande pieté liliale.


344 MENG-TSEU.<br />

CHAPITRE IL<br />

COMPOSÉ DE 33 ARTICLES.<br />

f.. MENG-TSEU dit : Chun naquit à Tchou-foung l } il passa<br />

à Fou-hia, et mourut à Ming-thiao; c'était un homme des<br />

provinces les plus éloignées de l'orient.<br />

Wen-wang naquit à KhiMchëou, et mourut à Pi-yng;<br />

c'était un homme des provinces les plus- éloignées de l'occident.<br />

La distance respective de ces deux régions est de plus<br />

de mille li [cent lieues] ; l'espace compris entre les deux<br />

époques [où naquirent ces deux grands rois] est de plus<br />

de mille aimées. Ils obtinrent tous deux d'accomplir leurs<br />

desseins dans le royaume <strong>du</strong> milieu avec la même facilité<br />

que se réunissent les deux parties des tablettes <strong>du</strong> sceau<br />

royal.<br />

Les principes de con<strong>du</strong>ite des premiers saints et des<br />

saints qui leur ont succédé sont les mêmes.<br />

2. Lorsque Tsçu-tchan présidait à l'administration <strong>du</strong><br />

royaume de Tching, il prit un homme sur son propre<br />

char pour lui faire traverser les rivières Tsin et Weï.<br />

MENG-TSEU dit : Il était obligeant et compatissant^ mais<br />

il ne savait pas bien administrer.<br />

Si chaque année, au onzième mois, les ponts qui servent<br />

aux piétons étaient construits; si au douzième mois<br />

les ponts qui servent aux chars étaient aussi construits,<br />

le peuple n'aurait pas besoin de se mettre en peine pour<br />

passer à gué les fleuves et les rivières.<br />

Si l'homme qui administre un Etat porte l'équité et la<br />

justice dans toutes les parties de son administration, il peut<br />

[sans qu'on l'en blâme] éloigner de lui la foule qui se<br />

1 Contrée déserte située sur les confins de l'empire chinois.


MEMG-ÎSEU. 345<br />

trouverait sur son passage. Comment pourrait-il faire<br />

passer l'eau à tous les hommes qu'il rencontrerait?<br />

C 'est po u rq u ( ) i c e 1 u î q 11 i a cl i :i 1 i ri i s f. re 11 o E f a t. s 1 i vo u I a i t<br />

procurer un tel plaisir à e ho que indivi<strong>du</strong> en particulier,<br />

1 e j o 11 r o e I u i si i fi î i *a i i pa s * »<br />

3. MENC-TSEI' s'ad ressaut à Siouan-ivang, roi de Thsi,<br />

lut dit : Si le prince regarde ses ministres e oui nie ses<br />

mai os et ses pieds, alors les ministres regarderont le<br />

prince comme leurs viscères et leur cœur; si le prince<br />

regarde s^s ministres comme les chiens ou les chevaux<br />

[de ses écuries], alors les ministres regarderont le prince<br />

e o 111 n i e n n 11 o i o i n e cl u v 111 en i r e ; si le pr i n e e r e ga rcl e ses<br />

ministres cou une 1* herbe qui! foule aux pieds, alors les<br />

ministres regarderont le prince connue un voleur cl: un<br />

ennemi.<br />

Le roi dit : On lit clans le Livre des Hit es : [ Un ministre<br />

qui abandonne le royaume qu'il gouvernait] porte<br />

[trois iiioisj mi hahil de deuil en mémoire <strong>du</strong> prince<br />

qu'il a servi. Comment un prince doit-il se con<strong>du</strong>ire<br />

pour qu'un ministre porte ainsi le deuil après l'avoir<br />

quitté!<br />

MENG-TSFX : répondit : Il exécute ses avis et ses conseils;<br />

il é c o 11 te se s re mo n t r a nce s ; il f a i t desce 11 cl r e se s<br />

bien lait s parmi le peuple. Si, par une cause quelconque,<br />

son ministre le quille,, alors le prince envoie des hommes<br />

pour l'escorter jusqu'au delà des frontières de son<br />

royaume ; en outre, il le précède j par ses bons offices] près<br />

<strong>du</strong> nouveau prince chez lequel i ancien ministre a Tinte<br />

n f i on fie se re n d r e. Si, a p rès so r i cl é pa r \? î i s ' e c o u 1 e I r o i s<br />

années sans qu'il revienne, alors il prend ses champs et<br />

sa n i a i s o i :i j j i ou r lui en cou se r v e r le s re v e i M I S j. C "est, là ce<br />

que l'on appelle avoir trois fois accompli les rites. S'il<br />

1 C'est par des mesures générales, qui sont utiles à tout le<br />

monde, el non par des bienfaits particuliers, qui ne peuvent profiter<br />

qu'à un très-petit nombre d'indivi<strong>du</strong>s, relativement à la masse <strong>du</strong><br />

peuple, qu'un homme d'État, un prince, doivent signaler leur bonne<br />

administration.


346 MENC-TSEU.<br />

agit ainsi, son ministre, à cause de lui, se revêtira de ses<br />

habits de deuil.<br />

MainU.*nant, si le prince n'exécute pas les avis et les<br />

conseils de son ministre; s'il n'écoute pas ses re<strong>mont</strong>ra<br />

n c es ; s ? i I n e fa i t pas cl esc e n d re ses b i e n fa ils parmi I e<br />

pe n pie; si, par un e ea use q 11 e le onq ne, soi i m i n i s t re venant<br />

à le quitter, il le maltraite et le retient par force<br />

auprès de lui ; qu'en outre il le ré<strong>du</strong>ise à la plus extrême<br />

misère dans le lieu où il s est retiré; si, le jour nié nie de<br />

so n (h '• pa ri, ï I se sa i s i t c 1 e ses t il a 111 ps e t de sa n i a i son : c "est<br />

là ce que l'un appelle aidr en voleur et en ennemi. Comment<br />

ce ministre (ainsi traité] porterait-il le deuil d'un<br />

vol car et i Flirt eitrianl?<br />

•I. Mi«Ni«~TSEr dit : Si., sans qu'ils se soient ren<strong>du</strong>s coupa!<br />

»! es de quelques cri nies, le prince met à mort les lettrés,<br />

ai ors les premiers lonotionnaires peuvent quitter le<br />

royaume. Su sans qu'il se soif ren<strong>du</strong> coupable de quelques<br />

cri un s, le prince opprime le peuple, alors les lettrés<br />

peuvent quitter le royaume.<br />

o. Moci-ïSKt; dit : Si le prince est. fui main, personne<br />

ne sera inhumain; si le prince est juste, personne ne sera<br />

injuste.<br />

G. MKNC-TSEU dit : Le grand lion une ne pratique pas<br />

une urbanité qui manque d'urbanité, ni une équité qui<br />

manque d'équité,<br />

7. MENG-TSEI: dit : Les hommes qui tiennent constamment<br />

le milieu nourrissent ceux qui ne le tiennent<br />

pas; les hommes de capacité et de talents nourrissent<br />

ceux qui n'en ont, pas. C'est pourquoi les 11 oui mes se<br />

réjouissent d'avoir un père et un frère, aîné doués de sagesse<br />

et. de vertu.<br />

Si les hommes qui tiennent constamment le ni i lieu<br />

abandonnent ceux qui ne le tiennent pas; si les hommes<br />

de capacité et de talents abandonnent ceux qui n'en ont<br />

pa s : a I o rs l a d i s t a n e e c n t re I e s; t ge e t F i use usé ne se r a p as<br />

de l'épaisseur d'un pouce [la différence entre eux ne sera<br />

pas grande].


MING-TSEU. 347<br />

8. MENG-TSID dit : II faut que les hommes sachent ce<br />

qu'ils ne doivent pas pratiquer^ pour pouvoir ensuite<br />

pratiquer ce qui convient.<br />

9. MENG-TSEU dit : Si l'on raconte les actions vicieuses<br />

des boni nies, coin ment taire pour éviter les chagrins que<br />

l'on se prépare?<br />

40. MEXJ-TSEC dit : TCBOCNG-M ne portait jamais les<br />

choses à l'excès.<br />

14. IMENG-TSEC dit : Le grand homme [ou L'homme<br />

d'une équité sans tache 1 ] ne s'impose pas l'obligation de<br />

dire la vérité dans ses paroles [il la dit naturellement] ; il<br />

ne se prescrit pas un résultat déterminé dans ses actions;<br />

il n'a en vue que l'équité et la justice.<br />

42. MENU-TSEC dit : ("lelui qui est un grand homme,<br />

c'est celui qui n'a pas per<strong>du</strong> l'innocence et la candeur de<br />

son en lance,<br />

13. MENG-TSEI; dit : Nourrir les vivants est une action<br />

qui ne peut pas être considérée comme une grande<br />

action; il n'y a que Tact ion de rendre des funérailles convenables<br />

aux morts qui puisse être eo ri sidérée comme<br />

grande.<br />

11. MENC-TSEC; dit : L'homme supérieur fait tous ses<br />

eflbr î s poi i r a v a n ce r da ri s la v e ri 1.t par < 1 i 11 < » l'en t s m o y e us;<br />

$e$ désirs les plus ardents sont d'arriver a possède!' dans<br />

son coeur cette vertu, ou cette raison naturelle qui en<br />

eo 11 s t i 111 e I a rt » g le. I • n e t o i s c pi 1 i la possè «: 1 e, a 1 ors î t s y<br />

attache fortement, il en fait pour ainsi dire sa demeure<br />

permanente; en ayant fait sa demeure permanente, il<br />

1 ' e x p i o re p ro fon déni e n t ; F a y a n t e \ p I o r é< *. j > r oh > i H le 111 e i ï t,<br />

alors il la recueille de tous côtés, et il dispose, do sa source<br />

al)o ïMJ an te. € * est po 11 r r j n oi t * ho m m e supérieur d é s i re a rdemment<br />

posséder dans son cteur cette raison naturelle<br />

si précieuse.<br />

15. ME.NG-TSI-X dit : L'homme supérieur donne à ses<br />

étndo la plus grande éten<strong>du</strong>e possible_. afin d'éclairer sa<br />

1 Commentaire,


348 MENG-TSEU.<br />

raison et d'expliquer clairement les choses; il a pour but<br />

de ramener sa pensée à plusieurs reprises-sur les mêmes<br />

objets pour les exposer sommairement et pour ainsi dire<br />

dans leur essence.<br />

16. MENG-TSIU dit : C'est par la vertu [c'est-à-dire par<br />

l'humanité et la justice f ] que Ton subjugue les hommes;<br />

mais il ne s'est encore trouvé personne qui ait pu les subjuguer<br />

ainsi. Si Ton nourrit les hommes des aliments de<br />

la vertu,'on pourra ensuite subjuguer l'empire. Il n'est<br />

encore arrivé à -personne de régner en souverain* si les<br />

cœurs des populations de l'empire ne lui ont pas été<br />

soumis.<br />

•17. MENG-TSEU dit: Les paroles que l'on prononce<br />

dans le monde n'ont véritablement rien de funeste en<br />

elles-mêmes; ce qu'elles peuvent avoir réellement de funeste,<br />

c'est d'obscurcir la vertu des sages et de les éloigner<br />

des emplois publics.<br />

18. Siu-tseu a dit : TCHOCNG-MI faisait souvent le plus<br />

grand éloge de l'eau, en s'écriant : « Que l'eau est admï-<br />

« rable ! que l'eau est admirable a ! s Quelle leçon voiilait-il<br />

tirer de l'eau?<br />

MENG-TSEU dit : L'eau qui s'échappe de sa source avec<br />

abondance ne cess'e de couler ni jour ni nuit. Elle remplit<br />

les canaux, les fossés ; ensuite, poursuivant sa course,<br />

elle parvient jusqu'aux quatre mers. L'eau qui sort de la<br />

source coule ainsi avec rapidité [jusqu'aux quatre mers].<br />

C'est pourquoi elle est prise pour sujet de comparaison.<br />

S'il n'y a pas de source, les pluies étant recueillies à la<br />

septième ou huitième lune, les canaux et les fossés des<br />

champs seront remplis; mais le passant pourra s'attendre<br />

à les voir bientôt desséchés. C'est pourquoi, lorsque le<br />

bruit et la renommée de son nom dépassent le mérite de<br />

ses actions, l'homme supérieur en rougit.<br />

1 Commentaire.<br />

f ' Â.ÇIOTCV p.èv u^wp.<br />

PlNDARE.


MENG-TSEU. 349<br />

• '19. lENfi-TSEU dit :.Ce en quoi les hommes diffèrent<br />

des bôtés brutes est une chose bien peu considérable * ;<br />

la foule vulgaire la perd bientôt; les hommes supérieurs<br />

la conservent soigneusement.<br />

Chun avait une grande pénétration pour- découvrir Sa<br />

raison des choses; il scrutait à fond les devoirs des<br />

hommes entre eux. Il agissait selon l'humanité et la jus- '<br />

tice, sans avoir*pour but de pratiquer l'humanité et la<br />

justice.<br />

20. MENG-TSEU dit : Yu détestait le vin recherché ; mais<br />

il aimait beaucoup les paroles qui inspiraient la vertu.<br />

[Tehing]-ikang tenait constamment le milieu; il établissait<br />

les sages [il leur donnait des magistratures], sans<br />

acception de lieu et de personne.<br />

Wen-wang considérait le peuple comme un blessé [qui<br />

a besoin de beaucoup de soin]; il s'attachait à contempler<br />

la droite voie comme s'il ne l'avait jamais vue.<br />

Wen-tvang ne méprisait point les hommes et les choses<br />

présentes; il n'oubliait pp les hommes et les choses<br />

éloignées 2 .<br />

7'câeou-koung pensait à réunir dans sa personne [en les<br />

imitant] les rois [les plus célèbres] des frois dynasties 3 , en<br />

pratiquant les quatre principales choses qu'ils avaient<br />

pratiquées. Si entre ces choses il s'en trouvait une qui ne<br />

convînt plus au temps où il vivait^ il y réfléchissait attentivement<br />

jour et nuit. Lorsqu'il avait été assez heureux<br />

pour trouver la raison de l'inconvenance et de l'inopportunité<br />

de cette chose> il s'asseyait pour attendre l'apparition<br />

<strong>du</strong> jour,<br />

21. MENG-TSEU dit : Les vestiges de ceux qui avaient<br />

exercé le pouvoir souverain ayant disparu, les vers qui les<br />

célébraient périrent. Les vers ayant péri, le livre intitulé<br />

1 C'est la raison naturelle. (Commentaire.)<br />

2 II y a dans le texte, les prochains et.les éloignés, sans substantifs<br />

qualifiés. Noos avons suivi l'interprétation de la Glose.<br />

3 lu, Tchang, Wen-(wang) et Wou-(wang). (Glose.)


350 MBKG-TSEU.<br />

le Printemps et l'Automne * fut composé [pour les remplacer].<br />

Le livre intitulé Ching [quadrige]* <strong>du</strong> royaume de<br />

Tçin; le livre intitulé Thao-wo, <strong>du</strong> royaume de Tkmu;<br />

le livre intitulé Tchm4h*ieou9 <strong>du</strong> royaume de Lou, ne<br />

font qu'un.<br />

Les actions qui sont célébrées dans ce dernier ouvrage<br />

sont celles de princes comme Hôuan, kong <strong>du</strong> royaume<br />

de Thsi; Wen, kong <strong>du</strong> royaume de Tçin. Le style qui y.<br />

est employé est historique. KUOUNG-TSEU disait [en parlant<br />

de .son ouvrage :] ce Les choses qui y sont rapportées<br />

ce m'ont paru équitables et justes; c'est ce qui me les a<br />

ci fait recueillir. »<br />

22. MENG-TSEU dit : Les bienfaits d'un sage qui a rempli<br />

des fonctions publiques s'évanouissent après cinq générations;<br />

les bienfaits d'un sage qui n'a pas rempli de<br />

fonctions publiques s'évanouissent également après cinq<br />

générations.<br />

Moi* je n'ai pas pu être un disciple de KHOUNG-TOEO;mais<br />

j'ai recueilli de mon mieux ses préceptes de vertu<br />

des hommes [qui ont été Ses disciples de Tseusse],<br />

• 23. MING-TSEU dit : Lorsqu'une chose paraît devoir être<br />

acceptée* et qu'après un plus mftr examen elle ne paraît<br />

pas devoir l'être* si on l'accepte* on blesse le sentiment de<br />

la convenance. Lorsqu'une chose paraît devoir être donnée*<br />

et qu'après un plus mûr examen elle ne paraît pas<br />

devoir l'être* si on la donne* on blesse le sentiment de la<br />

bienfaisance. Lorsque le temps paraît être venu où Ton<br />

peut mourir* et qu'après une réflexion plus mûre il ne<br />

paraît plus convenir de mourir, si l'on se donne la mort*<br />

on outrage l'élément de force et de vie que l'on possède.<br />

24. Lorsque Pheng-meng, apprenant de Y 2 à lancer<br />

1 Tchun-thmieo, compdsé par KHOUNG-TSEU ; il forme le cinquième<br />

des King. Aucune tra<strong>du</strong>ction n'en a encore été publiée en<br />

langue européenne.<br />

2 Prince do royaume de Yeou-khiottng.


IIENG-TSEU. - 351<br />

des flèches* eut épuisé toute sa science* il crut que Fêtait<br />

le seul dans l'empire qui le surpassait dans cet art* et il<br />

le tua.<br />

MKISG-TSKI- dit. : Ce Y était aussi un criminel. Kounymirtj.f~ï<br />

disait : « II paraît ne pas avoir été criminel ; »<br />

e'cst-à dire qu'il était moins criminel que l*heng-meng.<br />

Comment n'ai irait-il pas été criminel?<br />

Les liai lit a iits <strong>du</strong> royaume île le h in y ayant envoyé<br />

7 s e u - cho -jii u-î> e u po u r a 11 a q 11 e r le roy a u 111 e de II'cl. e e 11 x.<br />

cl e 11'e ï e n v o y è r c n t ) "w - hd un y-! ch i-sse peur 1 e po u r s u i v re.<br />

Tsait-cho-jnu-t.s''u dit : Aujourd'hui je ine trouve ruai ; je<br />

ne puis pas tenir mon are; je me meurs. Interrogeant<br />

ensuite celui qui con<strong>du</strong>isait son char, il lui demanda quel<br />

était l'homme qui le poursuivait. Son cocher lui répondit ;<br />

( \ \ \>t J a-hoiaiy-t ch i- s se ,<br />

— A l o r s j "a i la v i e sauve.<br />

Le cocher reprîî : Yu-kniMiy-tchi-sM est le plus habile<br />

archer <strong>du</strong> royaume de Hé/, Maître, pourquoi avez-vous<br />

dit cpie vous aviez la vie sauve?<br />

— Yit-krnoifj-tcfii-sw apprit l'art de tirer de l'arc de<br />

Y in-koimy-tchi-ta. }ln-k(ffing~(riii'f(t apprît de moi l'art<br />

de tirer de Tare. } iïi-kimmj-tchi^a est un homme à principes<br />

droits. Celui qu'il a pris pour ami est certainement<br />

aussi un homme à principes droits.<br />

I "u-ko innj-f ch i - s se la y a 111. atteint, lui dit : Muîti *c, pou rquoi<br />

ne te nez-vous pas votre arc en main?<br />

— Aujourd'hui je me trouve mal : je ne puis tenir mon<br />

are.<br />

— J'ai appris l'art de tirer de l'arc de î in-kounytch<br />

i-(n ; ) 'in- h fUtUf-(cfti-t(( apprit V a r t cl t • t i r e r d e l'a r c;<br />

de vous, nia lire. Je-, ne supporte pas l'idée «Je nie servir<br />

de Tari et des principes de mon maître 1 au préjudice <strong>du</strong><br />

sien. Quoiqu'il en stat ainsi, Ta liai re que j'ai à suivre aujourd'hui<br />

est celle de mon prince : je- n'ose» pas la négliger.<br />

Alors il prit ses liée h es, qu'il ficha sur la roue <strong>du</strong><br />

c 11 a r» e t;, 1 e i î r té r se t r o 11 v an t c 111 e v é. il en lança q ua t r c*, c » t<br />

s'en retourna.


352 MENG-TSEU.<br />

25. MBNG-TSEU dit. Si [la belle] Si-tseu s'était couverte<br />

d'or<strong>du</strong>res, alors tous. les hommes se seraient éloignés<br />

d'elle en se bouchant le nez.<br />

tjitutijts'uri homme ai! une %nre laide et dilionne, s'il<br />

se purifie el lien! son eeenr sans souillure, sll se fail souvent<br />

dv> ablutions, alors il pourra sacrifier au souverain<br />

suprême ir/tfm!i-trK<br />

2i ;, M KN r. - T s!•: r < 1 i t : L or sq n e d a n s l e n i oncle o n d is.sc>r t e<br />

sur ia nature rationnelle de l'homme, on ne doit parler<br />

que de ses effets. SIK Hfèts sont re qu'il y a de plus important<br />

a connaître.<br />


•oc<br />

v -] °P P~J" ,U \W!P ! on ^ li;> d^Hin JSSï ri a JI^ *>njd «ap non j,><br />

'ffiRyteilUJXa llUJlb | ! 0)tl! ,ISP,1|UO U m uif» aUUUOq }a;) : sip<br />

oiu af oaaaN .uunaaq ua 's.molufq }inqsîv,i j.H'qo j aie ie i'<br />

•juop o|ije|teu| \:\ ta of.oiaîssturrl U| %».Iït|i*M|> ,>p arthuau<br />

sud Hï u a[ anb oAîloJi af «1Uaria]ru u.aue\a |,ta se.ale îsa<br />

%:uiïiaup<br />

ap an faon u sud \y,u af is jepueuiup .au je ai u au MOU t<br />

lia n.rpuuasap IMMAIIOU ap siop aferfes euuuoq uu Sunnf<br />

-noj luiqsixa leiqoq aja u»j' |uop af.ueussoaa ef ja aji'ej<br />

-n,uj i!| : aqnrq.uy ap ne iaj* on!» o.iuaij al" auieui~H.au<br />

ans jnojuj ueaAuou un s.ude is t unauui| aja u? f ai;!»<br />

OAUojf al* auiatu-iouï ara: ,ine»}a,i ua fuq ,110AU saule i^<br />

;, s a. 1 AI ,i,i a s, » 11, o | u a 1 iu as a 111 seso q a ±*h) \ ne umun<br />

*qiiauia,j}ne : aqurq.ui p unbuuiu sed M.MJ ->f is oiuautupu<br />

rua sud te u «>!' i< ..lupuianup /au p> .auuui~eao m< /muay<br />

un e,trtq siop ,»|' ajrfiîs «HUiuoq ua Saiee . «Hifeftuq )a >-uu,i<br />

-aisso.nî aeAt; ajnrî} «au inh auuuoif un lai «ont h lus ,q*<br />

's.ajuuotj sa|) ujaed<br />

~sa«i SJttoiooi jsuseuuuoij sa| eja.idso! uih injua : s..>miM


354 MENG-TSIU.<br />

bête brute Y Pourquoi donc me tourmenterais-je à propos<br />

d'une bête brute ?<br />

C'est pour ce motif que le sage est toute sa vie intérieurement<br />

plein de sollicitudes [pour faire le bien], sans<br />

qu'une peine [ayant une cause extérieure ! ] f affecte pendant<br />

la <strong>du</strong>rée d*nri mal in.<br />

Quant aux sollicitudes intérieures, le sage en éprouve<br />

constamment. (Il se dit:] Chun était un homme, je suis<br />

aussi un homme ; Chun fut un exemple de vertus et de<br />

sagesse pour tout l'empire» et il put transmettre ses ins<br />

11 • 11 e f i o 11 s a 11 x ge né ru I i o n s fut u r e s ; n 10 î _, j e 11 ' a i pas encore<br />

cesse c Té Ire un homme de mon village [un homme<br />

v n I ga i r e !. ( le so ni là f >o u r 111 i d e v é i i t a i > 1 es n i o f i I s cl e p réoccu<br />

pat ions pénibles et: de chagrins ; il n'a y rail pins de sujets<br />

d affliction s'il était parYenu à ressembler à Chun»<br />

Q u a î 11.1 i u x pe i 11 e s < p i i o ni un e eau se e x I e r « e 11 r e, é t rai i ge re,<br />

le sage n'en éprouve pas. Il ne coin met pas d'actes contraires<br />

à l'humanité ; il ne commet pas d'actes contraires<br />

à 1 ' u r ba 11 i f é. Si u n e pe i n e a y a n t u ne c a use e x t é r i e u r e 1 ? affeetaîf<br />

pendant la <strong>du</strong>rée d'un matin, cela ne serait pas<br />

a I ors un e | ie i 11 e | >o u r le sa ge.<br />

20. Vu et Tsi étant entres dans l'Age de légalité dame<br />

[ < I ans cet a ge d e la r a i su 11 o î i Vo n a j > ri s d e l'e n i p ire su r ses<br />

passions et ses penchants 2 j, ils passèrent trois fois devant<br />

leur [Mnie sans y entrer [pour ne pas interrompre les soins<br />

c| u 11 s d on nai ei 11 à l* i 111 or et pu b ! i e j, K H oc x* G-TSE t; loua leur<br />

con<strong>du</strong>ite dans ces circonstances.<br />

Y an-1 se u ; \ dans Tàge des passions turbulentes, habitait<br />

une ruelle obscure et déserte, mangeait clans une<br />

énielle de roseaux, et buvait clans une courge. Les<br />

h o i î 11 n e s 11 * a u r a î e 111 pu s u j j por 11; i • se s p r i Y a t i on s e t ses t r i st<br />

esses. M a i s J'n ri-iS{'ti ne perd i ! pas su 11 a i r sere i n e t sa t î stait.<br />

lv 11 o r x e, -T S K r I o 11 a sa « - o n d u i t e d a n s i * e 11 e c i r c on st a n c e<br />

' i -Glose.<br />

* Ibid. •<br />

* Voyez ci-devanl, p. 131, art. 9.


MING-TSEU. 355<br />

MBHS-TSUJ dit: Yu, Tsi et • Yaii-hmi m con<strong>du</strong>isirent<br />

d'après les mêmes principes*<br />

in agissait comme s'il avait pensé que l'empire étant<br />

submergé par les grandes eaux, il avait lui-même causé<br />

cette submersion. Tsi agissait comme s'il avait pensé que<br />

l'empire épuisé par la famine, il avait lui-même causé<br />

cette iamine. C'est pourquoi ils éprouvaient une telle sollicitude.<br />

Si Yuf Tsi et. Yanrtxu s'étaient trouvés à la place l'un<br />

de l'autre, ils auraient agi de même.<br />

Maintenant je suppose que les personnes de ma maison<br />

se querellent ensemble, je m'empresserai de les séparer.<br />

Quoique leurs cheveux et les bandes de leurs bonnets<br />

soient épars de côté et d'autre, je devrai également m'empresser<br />

de les séparer.<br />

Si ce sont les hommes d'un même village ou <strong>du</strong> voisinage<br />

qui se querellent ensemble, ayant les cheveux et les<br />

bandelettes de leurs bonnets épars de côté et d'autre, je<br />

fermerai les yeux sans aller m'interposer entre eux pour<br />

les séparer. Je pourrais même fermer ma porte, sans me<br />

soucier de leurs différends.<br />

30. Koung-tou-lseu (disciple de MENd-TSEU) dit : Tout le<br />

monde dans le royaume prétend que Kh&uang-tekang n'a<br />

point de piété filiale. Maître, comme vous avez avec lui des<br />

relations fréquentes, que vous êtes avec lui sur un pied<br />

de politesse trèsrgrande, oserais-je vous demander pourquoi<br />

on a une telle opinion de lui ?<br />

MEHG-TSEU dit : Les vices que, selon les mœurs de notre<br />

siècle, on nomme défauts de piéié filiale sont au nombre<br />

de cinq. Laisser ses quatre membres s'engourdir dans<br />

l'oisiveté, au lieu de pourvoir à l'entretien de son père et<br />

de sa mère, est le premier défaut de piété filiale. Aimer<br />

à jouer aux échecs f , à boire <strong>du</strong> vin, au lieu de pourvoir<br />

à l'entretien de son père et de sa mère, est le second dé-<br />

1 Po4 ; on voit par là que ce jeu élaii déjà beaucoup en usage <strong>du</strong><br />

temps de MENG-TSEU.


356 MENG-TSEU,<br />

faut de piété filiale. Convoiter les richesses et le lucre, et<br />

se livrer avec excès à la passion de la volupté, au lieu de<br />

pourvoir à l'entretien de son père et-de sa mère, est le<br />

troisième défaut de piété filiale. S'abandonner entièrement<br />

aux plaisirs des veux et. des oreilles, en occasionnant à son<br />

|Ȕ i r! pas pour lui un devoir de<br />

réciprocité.<br />

fie de\o?r trc-xiiCii'lt 1 !* à la vertu esî dp règle entreégaux,<br />

et. amis; l'exhortation a la vetln entre le père cl le fils<br />

est une îles causes qui peuvent le pins altérer l'amitié.<br />

Pourquoi Tvhajfj-fvu ne désirerait-il pas que le mari<br />

et la feu ut le. la mère et le fils «Jeu le tirent ensemble<br />

[comme eV>t un devoir pour euxj? Parce qu'il a été coupable<br />

et n ers >oii t:. ; iv, il n'a pu demeurer près de lui : il<br />

a ivnvo\é sa lémme. chasse son fib. et il se trouve ainsi<br />

jusqu'à la lin de ,


HENG-TSEU. 357<br />

ceux qui étaient préposés à la garde de sa maison f ] : Ne<br />

logez personne dans ma maison^ afin que les plantes et les<br />

arbres .qui se trouvent dans f intérieur ne soient pas défruits;<br />

e i 1 « > i \se j u c î e 1 ir i gai :i cl se sera r e t i ré, al o rs r e f t1 e ttez<br />

e 11 oi •


358 MEfiG-TSKU.<br />

Tseuste se fussent trouvés à la place l'un de l'autre, ils.<br />

auraient agi de même.<br />

_ 32. IcAourtseu, magistrat <strong>du</strong> royaume de Thi9 dit: Le.<br />

roi a envoyé des hommes pour s'informer secrètement si<br />

vous différez véritablement, maître, des autres hommes.<br />

MENG-TSEU dit : Si je diffère des autres hommes ! Y m<br />

et Ckun eux-mêmes étaient de la même .nature que les<br />

autres hommes.<br />

. 33. [MENG-TSEU] dit : Un homme de Tàsi avait une<br />

femme légitime et une seconde femn^e qui habitaient<br />

toutes deux dans sa maison.<br />

i Toutes les fois que le mari sortait, il ne manquait jamais,<br />

de se gorger de vin et de viande avant de rentrer au.<br />

logis. Si sa femme légitime lui demandait qui étaient ceux<br />

qui lui avaient donné à boire et à manger, alors il lui répondait<br />

que c'étaient des hommes riches et nobles.<br />

Sa femme légitime s'adressant à la concubine* lui dit :<br />

Toutes les fois que le mari sort, il ne manque jamais de<br />

rentrer gorgé de vin et de viande. Si je lui demande<br />

quelles sont les personnes qui lui ont -donné à .boire et à<br />

manger, il me répond : Ce sont des hommes riches et<br />

nobles ; et cependant aucune personne illustre n'est encore<br />

venue ici. Je veux observer en secret où va le mari.<br />

. " Elle se leva de grand matin, et suivit secrètement son<br />

mari dans les lieux où il se rendait. Il traversa le<br />

royaume * sans que personne vînt l'accoster et lui parler.<br />

Enfin il se rendit dans le faubourg oriental, où, parmi<br />

les tombeaux, se trouvait un homme qui offrait le sacrifice<br />

des ancêtres, dont il mangea les restes sans se rassasier.<br />

Il alla encore ailleurs avec la même intention. C'était<br />

là sa méthode habituelle de satisfaire son appétit. •<br />

Sa femme légitime,, de retour à la maison, s'adressant<br />

à la concubine, lui dit : Notre mari était l'homme dans<br />

lequel nous avions placé toutes nos espérances pour le<br />

1 Quelques interprètes pensent qu'ici kouë, ro%maM> signifié<br />

ville.


MENG-TSEU. 359<br />

i<br />

reste de nos jours, et maintenant voici ce qu'il a fait. Elle<br />

raconta ensuite à la concubine ce qu'elle avait vu faire à<br />

son mari, et elles pleurèrent ensemble dans le milieu <strong>du</strong><br />

gynécée. Et le mari, ne sachant pas ce qui s'était passé,<br />

revint le visage tout joyeux <strong>du</strong> dehors se vanter de ses<br />

bonnes fortunes auprès de sa femme légitime et de sa •<br />

femme de second rang.<br />

Si le sage médite attentivement sur la con<strong>du</strong>ite de cet<br />

homme, il verra par quels moyens les hommes se livrent<br />

à la poursuite des richesses, des honneurs, <strong>du</strong> gain et de<br />

l'avancement, et combien ils sont peu nombreux ceux<br />

dont les femmes légitimes et de second rang ne rougissent<br />

pas et ne se désolent pas de leur con<strong>du</strong>ite.<br />

CHAPITRE III.<br />

COMPOSÉ DE 9 ARTICLES.<br />

1. Wm-tchang (disciple de MEHG-TSEU) fit une question<br />

en ces termes : « Lorsque Chun se rendait aux champs<br />

ce [pour les cultiver], il versait des larmes en implorant<br />

a le ciel miséricordieux. » Pourquoi implorait-il le-ciel en<br />

versant des larmes ?<br />

MENG-TSEU dit : Il se plaignait [de ne pas être aimé de<br />

ses parents], et II pensait aux moyens de l'être.<br />

Wen-tchang dit : Si son père et sa mère l'aimaient, il<br />

devait être satisfait, et ne pas oublier leur tendresse. Si<br />

son père et sa mère ne l'aimaient pas, il devait supporter<br />

ses chagrins sans se plaindre. S'ii en est ainsi, Chun se<br />

plaignait donc de ses parents?<br />

MENG-TSEU répliqua : Tchang-si, interrogeant Koungming-kao,<br />

dit : En ce qui concerne ces expressions :<br />

Lorsque Chun se rendait aux champs, j'ai enten<strong>du</strong> là*<br />

dessus vos explications ; quant à celles-ci, il versait des<br />

larmes en implorant le ciel miséricordieux, j'en ignore le<br />

sens.


360 AiENG-TSEU.<br />

Koung-ming-kao. $\l : Ce n'est pas une chose que vous<br />

puissiez comprendre. ,<br />

Xotmg^ming-kao (continua MÉNG-TSEU) pensait- que le<br />

cœur d'un fils pieux ne pouvait être ainsi exempt de cha-<br />

'grins. « Pendant que j'épuise mes forces [se disait-il] à<br />

a caJtiver les champs, je ne fais que remplir mes devoirs<br />

« de fils, et rien de plus. Si mon père et ma mère ne<br />

a m'aiment pas* y a-t-il de ma faute ? »<br />

L'empereur ( Yao) hu envoya ses fils-, neuf jeunes gens<br />

vigoureux, et ses deux tilles, et il ordonna à un grand<br />

nombre de magistrats ainsi que d'officiers publics de se<br />

rendre près de Chun avec des approvisionnements de<br />

bœufs, de moutons et de grains pour son'service. Les<br />

lettrés de l'empire en très-grand nombre se rendirent<br />

près de lui.<br />

L'empereur voulut en faire son ministre et lui transmettre<br />

l'empire. Ne recevant aucune marque de déférence<br />

[ou de soumission au bien] de ses père et mère5<br />

il était comme un homme privé de tout, qui ne sait où<br />

se réfugier. •<br />

Causer de la joi^et de la satisfaction aux hommes dont<br />

l'intelligence est la plus'éclairée dans l'empire, c'est ce<br />

que l'on désire le plus vivement, et cependant cela ne suffisait<br />

pas pour dissiper les chagrins [de Chun], L'amour<br />

d'une jeune et belle femme est ce que les hommes désirent<br />

ardemment; Chun reçut pour femmes les deux filles<br />

de l'empereur, et cependant cela ne suffisait pas pour dissiper<br />

ses chagrins. Les richesses sont aussi ce que les<br />

hommes désirent vivement; en fait de richesses, il eut<br />

l'empire en possession, et cependant cela ne suffisait pas<br />

pour dissiper ses chagrins. Les honneurs sont ce que les<br />

hommes désirent ardemment ; en fait d'honneurs, il fut revêtu<br />

de la dignité de fils <strong>du</strong> Ciel [ou d'empereur], et cependant<br />

cela ne suffisait pas pour dissiper ses chagrins. Le<br />

sentiment de causer de la satisfaction et de la joie aux<br />

hommes de l'empire dont l'intelligencaest la plus éclairée,<br />

l'amour de jeunes et belles femmes, les richesses et les


MEKG-TSEU. 30!<br />

honneurs, ne suffisaient pas pour dissiper les chagrins de<br />

fliun. Il n'y avait que la déférence de s«'.s père ef mère a<br />

ses bons conseils qui aurait pu dissiper ses chauvins.<br />

L'homme, lorsqu'il est jtaïue, chérit son père et sa<br />

mère. Quand il seul naître en lui h* sentiment de l'amour,<br />

alors il aime une jeune et belle adolescente; quand iî a<br />

une femme et des enfants, alors il aime sa terni ne et ses<br />

entants; quand il occupe un emploi publie, alors il aime<br />

le pliure. Si plans ce dernier easj il n'obtient pas la laveur<br />

<strong>du</strong> prince, alors il en rumine une vive inquiétude,<br />

Celui qui a une grande pieté î il ta le aime jusqu'à son<br />

dernier jour son père et sa mère. Jusqu'à cinquante ans.<br />

chérir [son père et sa mèrej es! un sentiment de pieté<br />

filiale que j'ai observé dans le grand (Juin,<br />

w<br />

2. Il L'ïx-tvhafHj continua ses ques!ions ;<br />

Le Livre des Vers l dit :<br />

» Quand un homme veut prendre une femme, que<br />

< doit-il l'aire?<br />

**<br />

Personne ne pouvait pratiquer plus tidèlemenl ces paroles<br />

que fit un. C/tntt rependant ne consulta pas ses parents<br />

avant de se marier. Pourquoi cela?<br />

Mï'\


362 MENG-TSEU,<br />

marier; maintenant comment se fit-il que l'empereur»ne<br />

consulta pas également les parents de Chun- avant de lui<br />

donner ses deux filles en mariage?<br />

MENG-TSEU dit : L'empereur savait aussi que, s'il les<br />

avait consultés, il n'aurait pas obtenu leur consentement<br />

au mariage.<br />

Wên-êchang poursuivit : Le père et la mère de Chun lui<br />

ayant ordonné de construire une grange à blé, après avoir<br />

enjevé les échelles, Kou-seou [son père] y mit le feu. Ils lui<br />

ordonnèrent ensuite de creuser un puits, d'où il ne se<br />

fat pas plus tôt échappé [par une ouverture latérale qu'il<br />

s'était ménagée *], qu'ils le comblèrent.<br />

Siang 2 dit : ce C'est moi qui ai suggéré le dessein '<br />

ci d'engloutir le prince de la résidence impériale (Chun);<br />

« j'en réclame tout le mérite. Ses bœufs et ses moutons<br />

a appartiennent à mon père et à ma mère; ses granges<br />


MENG-TSEU! 303<br />

Autrefois des poissons vivants furent offerts en don à<br />

Tseu-tchan, <strong>du</strong> royaume de Tching. Tseu-tchan ordonna<br />

que les gardiens <strong>du</strong> vivier les entretinssent dans l'eau<br />

<strong>du</strong> lac. Mais les gardiens <strong>du</strong> vivier les tirent cuire pour<br />

les manger. Etant venus rendre compte de l'ordre qui<br />

avait été donne,» ils dirent : Quand nous avons commencé<br />

à olettre ces poissons en liberté, ils étaient engourdis<br />

et immobiles; peu à peu ils se sont ranimés et,<br />

ont repris de l'agilité; en tin ils se. sont échappés avec<br />

beaucoup de joie. Tsau-tvhnn dit : Us ont obtenu leur<br />

destination! ils ont obtenu leur destination !<br />

Lorsque les gardiens dit \ivier furent partis, ils se dirent<br />

entre eux : Qui donc disait que Tsvu-tchnn eUtit un<br />

homme pénétrant? Après que nous avons en fait cuire<br />

et mangé ses poissons, il dit : Ils ont obtenu leur destination<br />

î ils ont obtenu leur destination ï Ainsi donc le sage<br />

petit être trompé clans les choses vrai semblables; il peut<br />

être difficilement trompé dans les choses invraisemblables<br />

ou qui ne sont pas conformes à. la raison. Slang<br />

étant venu près de Cltun avec tontes les apparences d'un<br />

vif sentiment de tendresse pour son frère aîné, ceïtij-ei<br />

y ajouta une entière confiance et s'en réjouit « Pourquoi<br />

aurait-il eu de la dissimulation?<br />

«I. ]\'t'n-f(:h(ui(j lit cette nouvelle question : Simuj ne<br />

pensait chaque jour qu'aux moyens de faire mourir (.Itun.<br />

Lorsque '7//m fut établi tîis dtt Ciel jou empereur!, il<br />

l'exila loin de lui; pourquoi cela?<br />

Moo-ïSEr dit. : Il et» lit un prince vassal. Quelquesuns<br />

dirent qu'il l'avait exilé loin de lui.<br />

Wen-lrhamj dit : fhnn exila le président des travaux<br />

publies (A'ou1?(j-koug) à 1 eeu-fcheou ; il relégua Houanfenn<br />

à 'J'sonny-chfVï ; il lit périr ile roi des! Sun-tnian à<br />

Nan-iPcï ; il déporta Kouan a Yn-clum. Ces quatre personnages<br />

étant châtiés, tout l'empire se soumît, en voyant<br />

les méchants punis. Siang était un homme Irès-mécbant.<br />

fie la plus grande inhumanité; pour qu'il fut établi prince<br />

vassal de la ferre de Venu-pi. il fallait que les hommes


364 MENG-TSEU.<br />

de Yeou-pi fussent eux-mêmes bien criminels. L'homme<br />

qui serait véritablement humain agirait-il ainsi! En ce<br />

qui concerne les autres personnages [coupables], Chun<br />

les punit; en ce qui concerne son frère, il le fit prince<br />

vassal !<br />

MENG-TSEU répondit : L'homme' humain ne garde<br />

point de ressentiments envers son frère ; il ne nourrit<br />

point de haine contre lui. Il l'aime, le chérit comme un<br />

frère, et voilà tout.<br />

Par cela môme qu'il l'aime, il désire qu'il soit élevé<br />

aux honneurs ] par cela même qu'il le chérit, il désire<br />

qu'il ait des richesses. Chun, en établissant son frère<br />

prince vassal des Yeou-pi, réleva aux honneurs et l'enrichit.<br />

Si pendant qu'il était empereur son frère cadet fut<br />

resté homme privé, aurait-on pu dire qu'il l'avait aimé<br />

et chéri?,<br />

— Oserais-je me permettre de vous faire encore une<br />

question? dit Wen-tchang. ce Quelques-uns dirent qu'il<br />

« l'avait exilé loin de lui. » Que signifient ces paroles ?<br />

MENG-TSEU dit : Siang ne pouvait pas posséder la puissance<br />

souveraine dans son royaume. Le tiis <strong>du</strong> Ciel [l'empereur]<br />

fit administrer ce royaume par un délégué, et<br />

c'est de celui-ci dont il exigeait les tributs. C'est pourquoi<br />

on dit. que son frère [ainsi privé d'autorité] avait été<br />

exilé. Comment Siatig aurait-il pu opprimer le peuple<br />

de ce royaume [dont il n'était que le prince nominal] ?<br />

Quoique les choses fussent ainsi, Chun désirait le voir<br />

souvent ; c'est pourquoi Siang allait le voir à chaque "<br />

instant. Chun n'attendait pas l'époque où l'on apportait<br />

les tributs, ni celle où l'on 'rendait compte des affaires<br />

administratives, pour recevoir le prince vassal des Yenupi..<br />

Voilà ce que signifient les paroles que vous avez<br />

citées.<br />

4. Hian-khieou-meng (disciple de MENG-TSEU) lui fit<br />

une question en ces termes : Un ancien proverbe dit :<br />

« Les lettrés [quelque] éminents et doués de vertus qu'ils<br />

« soient, ne peuvent pas faire d'un prince un sujet, et


MENG-TSEU. 365<br />

« d'un père un fils [en attribuant Sa supériorité au seul<br />

mérite';, M dépendant, lorsque (litta Si..' fettat 1 la face<br />

tournée \er> le midi p'Vsl-à-dh'e présidait solennelletiH'iïI<br />

a l'administration de l'empire), )V/o, à la tète des<br />

princes va>siti\, la Irir tournée veille nord, lui rendait.<br />

bomma^e : Are ^o//, aussi la bae tournée \ers le nord,<br />

lui rendait nommage, ('htm, en \oyunl MIII père A er-<br />

Kr////% laissait paraître sur s«»n \ is.tp' l'embarras < j t T i 1<br />

épromait. KHOI N Je ut» sais si ers paroles<br />

Mini \eritables.<br />

MI:N


366 MENG-TSEU.<br />

ce Si vous parcourez l'empire,<br />

« Vous ne trouverez aucun lieu qui ne soit le terrice<br />

toire de l'empereur ;<br />

« Si vous suivez les rivages de la terre, vous ne trouce<br />

verez aucun- homme qui ne soit le sujet de Tempête<br />

reur. n<br />

Mais, dès l'instant que Chun fut empereur, permettezmoi<br />

de vous demander comment Kou-seou [son père]<br />

ne fut pas son sujet.<br />

MENG-TSEU dit : Ces vers ne disent pas ce que vous<br />

pensez qu'ils disent. Des hommes qui consacraient leurs<br />

labeurs au service <strong>du</strong> souverain, et qui ne pouvaient<br />

pas s'occuper des-soins nécessaires à l'entretien de leur<br />

pète et de leur mère, [les ont composés]. C'est comme<br />

s'ils avaient dit : Dans ce que nous faisons, rien n'est<br />

étranger au service <strong>du</strong> souverain; mais nous seuls, qui<br />

possédons des talents éminents, nous travaillons pour<br />

lui [ ; cela est injuste].<br />

C'est pourquoi ceux qui expliquent les vers ne doivent<br />

pas, en s'attachant à un seul caractère, altérer le<br />

sens de la phrase, ni, en s'attachant trop étroitement à<br />

une seule phrase, altérer le sens général de la composition.<br />

Si la pensée <strong>du</strong> lecteur [ou de'celui qui explique<br />

les vers] va au-devant de l'intention <strong>du</strong> poète, alors on<br />

saisit le véritable sens. Si Ton ne s'attache qu'à une seule<br />

phrase, celle de l'ode qui commence par ces mots :<br />

Que la voie lactée $ étend loin dans l'espace ! , et qui est ainsi<br />

conçue 2 : Des débris de la population aux cheveux noirs<br />

de Tcheou3 il ne reste pas un enfant vivant, signiierait, en<br />

la prenant à la lettre, qu'il n'existe plus un seul indivi<strong>du</strong><br />

dans l'empire de Tcheou !<br />

S'il est question <strong>du</strong> plus haut degré de la piété filiale,<br />

rien n'est aussi élevé que d'honorer ses parents. S'il est<br />

question de la plus grande marque d'honneur que l'on<br />

1 Ode Yun-han, section Ta-ya.<br />

2 C'est Li-wang qui est ici désigné. (Glose.)


MENG-TSEU. 361<br />

puisse témoigner à ses patents, rien n'est comparable à<br />

l'entretien qu'on leur procure sur les revenus de l'État.<br />

Comme [Kouseou] était le père <strong>du</strong> fils <strong>du</strong> Ciel» le combler<br />

d'honneurs était pour ce dernier la plus haute expression<br />

de sa piété filiale ; et comme il l'entretint avec<br />

les revenus de l'empire, il lui donna la plus grande<br />

marque d'honneur qu'il pouvait lui donner.<br />

Le Livre des Vers ! dit :<br />

ce II pensait constamment à avoir de la piété filiale,<br />

« Et par sa piété filiale il fut un exemple à tous. »<br />

Voilà ce que j'ai voulu dire..<br />

On lit dans le Chou-king * ;-<br />

« Toutes les fois que Chun .visitait son père Kou-seom<br />

« pour lui rendre ses devoirs, il éprouvait un sentiment<br />

« de respect et de crainte. Ems^mQU aussi déférait à ses<br />

« conseils. » Cela confirme [ce qui a été dit précédent<br />

ment] que l'on ne peut pas faire d'un père un fils.<br />

5. Wen-ichang dit: Ést-il vrai que l'empereur Ya&<br />

donna l'empire à Chun?<br />

MENG-TSEU dit : Aucunement. Le • fils <strong>du</strong> Ciel ne peut<br />

donner ou conférer l'empire à aucun homme.<br />

Wen-fchang dit : Je l'accorde; mais alors Chun ayant<br />

possédé l'empire, qui le lui donna?<br />

MENG-TSEU dit : Le ciel le lui donna.<br />

Wen-tehang continua : Si c'est le ciel qui le lui donna,<br />

lui conféra-t-il son mandat par des paroles claires et<br />

distinctes?<br />

MENG-TSEU répliqua: Aucunement. Le ciel ne parle<br />

pas; il fait connaître sa volonté par les actions ainsi que<br />

par les hauts faits [d'un homme]; et voilà tout.<br />

WemAchang ajouta : Comment fait-il connaître sa volonté<br />

par les actions et les hauts faits [d'un homme]?<br />

MENG-TSEU dit : ^e fils <strong>du</strong> Ciel peut seulement proposer<br />

on homme au cieF; il oe peut pas ordonner que le ciel<br />

1 Ode Hia-wou, section Ts-ya.<br />

s Chapitre Ta-pi-mo, p. 52, des Livres mères de l'Orimi*


368 MENG-TSEU.<br />

lui donne Fempire. Les vassaux de Fempire peuvent proposer<br />

un homme au fils <strong>du</strong> Ciel; ils ne peuvent pas ordonner<br />

que le fils <strong>du</strong> Ciel lui confère la dignité de prince<br />

vassal. Le premier fonctionnaire [ta-fou] d'une ville peut<br />

proposer un homme au prince vassal; il ne peut pas ordonner<br />

que le prince vassal lui confère la dignité de<br />

premier magistrat.<br />

Autrefois Yao proposa Chun ' au ciel, et le ciel l'accepta;<br />

il le <strong>mont</strong>ra au peuple couvert de gloire, et le<br />

peuple l'accepta. C'est pourquoi je disais : « Le ciel ne<br />

ce parle pas ; il fait connaître sa volonté par les actions<br />

ce et les hauts faits d'un homme; et voilà tout. »<br />

Wen-tehang dit: Permettez-moi une nouvelle question.<br />

Qu'entendez-vous par ces mots : // le proposa au<br />

ciel, et le ciel f accepta; il le <strong>mont</strong>ra au peuple couvert de<br />

gloire, et le peuple l'accepta f<br />

MENG-TSEU dit : Il lui ordonna de présider aux cérémonies<br />

des sacrifices, et tous les esprits l eurent ses sarcrifices<br />

pour agréables : voilà l'acceptation <strong>du</strong> ciel. Il lui<br />

ordonna de présider- à l'administration des affaires publiques,<br />

et les affaires publiques étant par lui bien administrées,<br />

toutes les familles de l'empire furent tranquilles<br />

et satisfaites : voilà l'acceptation <strong>du</strong> peuple. Le ciel lui<br />

donna l'empire, et le peuple aussi le lui donna. C'est<br />

pourquoi je disais : Le fils <strong>du</strong> Ciel ne peut pas à lui seul<br />

donner fempire à un homme.<br />

Chun aida Yao dans l'administration de Fempire pendant<br />

vingt-huit ans. Ce ne fut pas le résultat de la puissance<br />

de l'homme, mais <strong>du</strong> ciel.<br />

Yao étant mort, et le deuil de trois ans achevé, Chun<br />

se sépara <strong>du</strong> fils de Yao, et se retira dans la partie méridionale<br />

<strong>du</strong> fleuve méridional [pour lui laisser l'empire].<br />

Mais les grands vassaux de l'empire, qui venaient au<br />

printemps et en automne jurer foi et hommage, ne se<br />

1 Pe-chin, littéralement, les cent esprits; ce sont les esprits <strong>du</strong><br />

rie!, «le la terre, des <strong>mont</strong>agnes et des fleuves. (Glose.)


MENG-TSEU. 369<br />

rendaient pas près <strong>du</strong> fils de Yao, mais près de Ckun.<br />

Ceux qui portaient des 'accusations ou qui avaient des<br />

procès à vider ne se présentaient pas au fils de YQQ, mais<br />

à Chun. Les poètes qui louaient les hauts faits dans leurs<br />

vers, et qui les chantaient, ne célébraient point et ne<br />

chantaient point le fils de Yao, mais ils célébraient et<br />

chantaient les exploits de Ckun. C'est pourquoi j'ai dit<br />

que c'était ie réêuliat de la puissance <strong>du</strong> ciel. Après cela,<br />

Ckun revint dans le royaume <strong>du</strong> milieu *, et <strong>mont</strong>a sur<br />

le trône <strong>du</strong> fils <strong>du</strong> Ciel. Si, ayant continué d'habiter le<br />

palais de Yao9 il avait opprimé jet contraint son fils, c'eût<br />

été usurper l'empire et non té'recevoir <strong>du</strong> ciel. - '<br />

Le Taï-tchi 2 dit : « Le ciel voit; mais il voit par [les<br />

« yeux de] mon peuple. Le ciel entend; mais il entend<br />

« par [les oreilles de] mon peuple. » C'est là ce que j'ai<br />

voulu dire.<br />

15. Wen-tchang fit une autre question en ces termes :<br />

Les hommes disent : Ce ne fut que jusqu'à Yu [que l'intérêt<br />

public fut,préféré par les souverains à l'intérêt<br />

privé] ; ensuite, la vertu s'étant affaiblie, l'empire ne fut<br />

plus transmis au plus sage, mais il fut transmis au fils.<br />

Cela n'est-il pas vrai?<br />

MENG-TSEU dit : Aucunement; cela n'est pas ainsi. Si<br />

le ciel donne l'empire au sage, alors [l'empereur] le lui<br />

donne; si le ciel le donne au fils, alors [l'empereur] le<br />

lui donne.<br />

Autrefois Ckun proposa Yu au ciel [en le faisant son<br />

ministre]. A la dix-septième année -de son administration,<br />

Ckun mourut. Les trois années de deuil étant écoulées,<br />

Yu se sépara <strong>du</strong> fils de Chun9 et se retira dans la<br />

contrée de Yang-tching. Les populations de Fempire le<br />

suivirent, comme, après la mort de YOD, elles n'avaient<br />

pas suivi son fils, mais Ckun,<br />

1 Tchoung-kouë. c'est-à-dire le royaume suzerain qui se trouvait<br />

placé au milieu de tous les autres royaumes feudatairos qui formaient<br />

avec lui l'empire chinois.<br />

* Un des chapitres <strong>du</strong> 'Chou-king, p. 84, lieu cité.


370 MENG-TSEU.<br />

Yu proposa Y au ciel [en le faisant son ministre]. A<br />

la septième année de son administration, Yu mourut.<br />

Les trois années de deuil étant écoulées, ) se sépara <strong>du</strong><br />

fils de )'*/, el se retira dans la partit 1 septentrionale <strong>du</strong><br />

<strong>mont</strong> Ki-rftart, Ceux qui an printemps et en automne<br />

venaient a la cour porter leurs hommages, qui accusaient<br />

quelqu'un ou avaient des procès à vider, ne se rendirent<br />

pas près de F, tuais ils se présentèrent à A/o (fils<br />

de Ji/Î. en disant: (l'esi le (ils de notre prince. Les<br />

poètes qui louent les hauts faiis dans leurs vers, et qui<br />

les chantent, ne célébrèrent et ne chantèrent pas } , maïs<br />

ils chantèrent A hi en disant : (Test le fils de notre prince K<br />

Thnri-trhttu (fils de Y tirs p.x>h'>. s |U ï sa !i«i I a 111»( >U I, j»« HJF a llt>i dilV, } ln»is Influes <strong>du</strong> vital<br />

}»"j»ulairr M»IH f


MENG-TSEU. 371<br />

rente, c'est le ciel; qe qui arrive sans qu'on Fait fait<br />

venir, c'est la destinée *.<br />

Pour qu'un simple et obscur particulier arrive à posséder<br />

l'empire, il doit, par ses qualités et ses vertus,<br />

ressembler à Yuo et à Chun, et en outre il doit se trou^<br />

ver un fils <strong>du</strong> Ciel [ou empereur] qui le propose à l'acceptation<br />

<strong>du</strong> peuple. C'est pour cela [c'est-à-dire parce<br />

qu'il ne fut pas proposé à l'acceptation <strong>du</strong> peuple par un<br />

empereur], que TCHOUNG-NI [OU IHOUNG TSEU] ne devint<br />

pas empereur [quoique ses vertus égalassent celles de<br />

Yno et de Chun].<br />

Pour que celui qui, par droit de succession ou par<br />

droit héréditaire, possède l'empire soit rejeté par le<br />

ciel, il faut qu'il ressemble aux tyrans Kie et Cheou.<br />

C'est pourquoi F-y. ; n et Tcheou-koung ne possédèrent pas<br />

l'empire.<br />

Y-y in, en aidant Thang, le fit régner sur tout l'empire.<br />

Thang étant mort, Thaï-ting [son fils aîné] n'avaitpas<br />

été [avant de mourir/ aussi] constitué son héritier,<br />

et Nyaï-ping n'était âgé que de deux ans, Tchoung-jin<br />

que de quatre. Thaï-fa'a [fils .de Thaï-ting] ayant renversé<br />

et foulé aux pieds les institutions et les lois de<br />

Thang, Y-yin le relégua dans le palais nommé Thoung a<br />

pendant trois années. Comme Thaï-kia9 se repentant de<br />

ses fautes passées, les avait prises en aversion et s'en<br />

était corrigé; comme il avait cultivé, dans le palais de<br />

Thoung, pendant trois ans,, les sentiments d'humanité,,<br />

et qu'il était passé à des sentiments d'équité et de justice<br />

en écoutant avec docilité les instructions de Y-yin,<br />

ce dernier le fit revenir à la ville de Po9 sa capitale.<br />

Tcheourkoung n'eut pas la possession de l'empire par<br />

les mêmes motifs qui en privèrent Y sous la dynastie<br />

Hia9 et Y-gin sous celle des Chang.<br />

KHOUNG-TSEU disait : « Thang [ Yao] et Yu [Chun] trans-<br />

1 Ming, ordre donné et reçu, mandat.<br />

^ J Où était élevé le monument funéraire do roi son père.


372 MEKG-TSEU.<br />

ce férèrent l'empire, [à leurs ministres]; les empereurs<br />

ce des dynasties Hia9 Heou-yin [ou second Ckang] et<br />

« Teheou le transmirent à leurs descendants; les uns<br />

« et les autres se con<strong>du</strong>isirent par le même principe<br />

ce d'équité et de justice. »<br />

7. Wen-tchang fit une question en ces termes : On dit<br />

que ce fut par son habileté à préparer et à découper les<br />

viandes que Y-gin parvint à obtenir la faveur de Thon g;<br />

cela est-il vrai ?<br />

MENG-TSEU répondit : Aucunement; il n'en est pas<br />

ainsi. Lorsque Y-gin s'occupait <strong>du</strong> labourage dans les<br />

champs <strong>du</strong> royaume de Yeou-sin, et qu'il faisait ses délices<br />

de l'étude des institutions de Yao et de Chun, si<br />

les principes d'équité et de justice [que ces empereurs<br />

avaient répan<strong>du</strong>s] n'avaient pas régné alors, si leurs<br />

institutions fondées sur la raison n'avaient pas été établies,<br />

quand même on l'aurait ren<strong>du</strong> maître de l'empire,<br />

il aurait dédaigné cette dignité; quand'même -on aurait<br />

mis" à sa disposition mille quadriges de chevaux attelés,<br />

il n'aurait pas daigné les regarder. Si les principes d'équité<br />

et de justice répan<strong>du</strong>s par Yao et Chun n'avaient<br />

pas régné alors, si leurs institutions fondées sur la raison<br />

n'avaient pas été établies, il n'aurait pas donné un<br />

fétu aux hommes, et il n'aurait pas reçu un fétu d'eux.<br />

Thang ayant envoyé des exprès avec des pièces de<br />

soie afin de l'engager à venir à sa cour, il répondit avec<br />

un air de satisfaction, mais de désintéressement : A quel<br />

usage emploierais-je les pièces de soie que -J%mg m'offre<br />

pour m'engager à aller à sa cour? Y a^fl pour moi<br />

quelque chose de préférable à vivre au-'milieu des<br />

champs et à faire mes délices des institutions de Yao et<br />

de Chun?<br />

Thang envoya trois fois des exprès pour l'engager à<br />

venir à sa cour. Après le départ des derniers envoyés,<br />

il fut touché de cette insistance, et, changeant de résolution,<br />

il dit : « Au lieu de passer ma vie au milieu des<br />

champs, et de faire mon unique plaisir de l'étude des


«N6-TSEU. 373<br />

institutions si sages de Yao et de Chun, ne vaut-il pus<br />

mieux pour moi de faire en sorte que ce prince soit un<br />

prince semblable à ces deux grands empereurs? Ne<br />

vaut-il fias mieux pour moi <strong>du</strong> faire un sorte que ce<br />

peuple Ique je serai appelé a administrer! ressemble au<br />

peuple de Vao uî de iluinY Ne vaut-il pas mieux que je<br />

voie moi-même par mes propres yeux ces institutions<br />

pratiquées par le prince et par le peuple? Lorsque le<br />

eiel [poursuivit Y-yii*] lit naître ee peuple, il voulu! que<br />

ceux qui lus premiers connaîtraient lus principes <strong>du</strong>s<br />

actions ou <strong>du</strong>s devoirs muraux instruisissent uutix qui<br />

devaient les apprendre d'eux: il voulut qui'ceux qui lus<br />

premiers auraient rinlellip-nee des lois sociales la communiquassent,<br />

à ceux qui devaient ne l'acquérir qu'ensuite.<br />

Moi, je suis <strong>du</strong>s hommes de tout l'empire celui qui<br />

le. premier ait cette intelligence. Je veux, en me servant<br />

des doctrines sociales de Vao et de fûkui, communiquer<br />

l'intelligence <strong>du</strong> ces doctrines à ce peuple qui les ignore.<br />

Si je ne lui un donne pas l'intelligence, qui la lui donne<br />

ru?<br />

Il pensait que si parmi tus populations de l'empire il<br />

su trouvait un simple homme ou une simple funutiu qui<br />

ne comprit pas tous lus avantages des institutions de<br />

)'ao et de (jifuïh c'était cou mu* s'il l'avait précipité luimême<br />

dans le milieu d'une fosse ouverte sons sus pas,<br />

(l'est ainsi qu'il entendait su charger <strong>du</strong> fardeau de l'empire,<br />

(l'est pourquoi en se rendant près de ï'hnny il lui<br />

parla de manière à le déterminer a combattre le dernier<br />

roi ;ui) pivs <strong>du</strong> priiieo s*.us \%- |uvl»'\!«-


374 MENG-TSEU.<br />

tions des saints hommes ne se ressemblent pas toutes.<br />

Les uns se retirent à l'écart et dans la retraite > les autres<br />

se pro<strong>du</strong>isent et se rapprochent <strong>du</strong> pouvoir; les uns<br />

s'exilent <strong>du</strong> royaume, les autres y restent. Ils ont tous<br />

pour lui! de se rendre purs, exempts de toute souillure,<br />

et rien de plus.<br />

J'ai toujours enten<strong>du</strong> dire que Y-y in avait été ree lierelié<br />

par Tlmny pour sa grande connaissance des doctrines<br />

de Yao et de (*hun; je n'ai jamais enten<strong>du</strong> dire<br />

que ce lut par son habileté dans l'art de cuire et de<br />

découper les viandes.<br />

Le Y-liiun 1 dit : a Le ciel ayant décidé sa ruine.<br />

« TliaiHj commença par combattre Kie dans le Palais des<br />

« pasteurs * 2 ; moi. j'ai commencé à Po :i . »<br />

8. \Yij)i-t


MENG-TSEU. 375<br />

selon les rites ou les convenances; il ne les quittait que<br />

selon les convenances. Qu'il les obtînt ou qu'il ne les<br />

obtînt pas; il disait : Il y a une destinée. Mais s'il avait<br />

logé chez un homme qui guérissait les ulcères et chez<br />

IVt unique T$i-honn. il ne se serait conformé ni à Injustice<br />

ni à la destinée.<br />

Knoi N


376 MENG-lSEy.<br />

hommes <strong>du</strong> royaume de Thsin ayant., avec des présents<br />

composés de pierres précieuses de la région Tchouï-ki,<br />

et de coursiers nourris dans la contrée .nommée Kiouëy<br />

demandé au roi de Fn'de leur permettre dépasser par<br />

son royaume pour aller attaquer celui de Kouè, Koungtchi<br />

en détourna le roi ; l'e-ti-hi ne fit aucune re<strong>mont</strong>rance.<br />

Sachant que le prince de- Yu [dont il était ministre]<br />

ne pouvait pas suivre les bons conseils qu'il lui donnerait<br />

dans cette occasion, il quitta son royaume pour passer<br />

dans celui de Thsin. Il était alors âgé de soixante et<br />

dix ans. S'il n'avait pas su, à cette époque avancée de<br />

sa vie, que de rechercher la faveur de Mou-koung en<br />

menant paître des bœufs était une action honteuse,<br />

aurait-il pu être nommé doué de sagesse et de pénétration?<br />

Comme les re<strong>mont</strong>rances [au. roi de Yu] ne<br />

pouvaient être suivies, il ne fit pas de.re<strong>mont</strong>rances;<br />

peut-il pour cela être appelé un homme imprudent?<br />

Sachant que le prince de Yu était près de sa perte, il<br />

le quitta le premier; il ne peut pas pour cela être appelé<br />

imprudent.<br />

En ces circonstances il fut promu dans le royaume de<br />

Thsin Sachant que Mou-kouny pourrait agir de concert<br />

avec lui, il lui prêta son assistance; peut-on l'appeler<br />

pour cela imprudent? En étant ministre <strong>du</strong> royaume de<br />

Thsiny il rendit son prince illustre dans tout l'empire,<br />

et sa renommée a pu être transmise aux générations qui<br />

Font suivi. S'il n'avait pas été un sage, aurait-il pu obtenir<br />

ces résultats? Se vendre pour rendre son prince accompli<br />

est une action que les hommes les plus grossiers <strong>du</strong> village,<br />

qui s'aiment et se respectent, ne feraient pas; et celui<br />

que l'on nomme un sage l'aurait faite !


MKNG-TSEU. 377<br />

CHAPITRE IV.<br />

COMPOSÉ DR 9 ARTICLES.<br />

I. MENG-TSEU dit : Les yeux de Pè-i ne regardaient<br />

point les formes ou les objets qui portaient au mal; ses<br />

oreilles n'entendaient point les sons qui portaient au<br />

mal. Si son prince n'était pas digne de l'être *, il ne le<br />

servait pas; si le peuple [qu'on lui confiait] n'était pas<br />

digne d'être gouverné, il ne le gouvernait pas. Quand<br />

les lois avaient leur cours, alors il acceptait des fonctions<br />

publiques; quand l'anarchie régnait, alors il se retirait<br />

dans la solitude. Là où une administration perverse<br />

s'exerçait, là où un peuple pervers habitait, il ne pouvait<br />

pas supporter de demeurer. Il pensait, en habitant avec<br />

les hommes des villages, que c'était comme s'il se fut<br />

assis dans la boue ou sur de noirs charbons avec sa robe<br />

de cour et son bonnet de cérémonies.<br />

A l'époque <strong>du</strong> tyran Cheou-(sin), il habitait sur les<br />

bords de la mer septentrionale, en attendant la purification<br />

de l'empire. C'est pourquoi ceux qui par la suite<br />

ont enten<strong>du</strong> parler des mœurs de Pe-i, s'ils étaient ignorants<br />

et stupides, sont [par son exemple] devenus judicieux<br />

; et, s'ils étaient d'un caractère faible, ont acquis<br />

une intelligence ferme et persévérante.<br />

Y-y in disait : Qui servirez-vous, si ce n'est le prince?<br />

Qui gouvernerez-vous, si ce n'est le peuple?<br />

Quand les lois avaient leur cours, il acceptait des fonctions<br />

publiques; quand l'anarchie régnait, il acceptait<br />

également des fonctions publiques.<br />

Il disait 2 : « Lorsque le ciel fit naître ce peuple, il<br />

voulut que ceux qui les premiers connaîtraient les prin-<br />

1 Voyez livre 1 er , chap. ni.<br />

* Voyez le chapitre précédent, % 7.<br />

3.2.


378 MENG-TSIU.<br />

cipes des actions, ou les devoirs sociaux, instruisissent<br />

ceux qui devaient les apprendre d'eux; il voulut que<br />

ceux qui les premiers auraient l'intelligence des lois<br />

sociales la communiquassent à ceux qui devaient ne<br />

l'acquérir qu'ensuite. Moi, je suis des hommes de tout<br />

TelïIpire eeiui qui le premier ai cette intelligence. Je<br />

veux, en me servant des doctrines sociales de Yno et de<br />

(liun, communiquer l'intelligence de ces doctrines à ce<br />

peuple qui tes ignore. »<br />

Il pensait que. sî parmi les populations de f empire il<br />

si' trouvait un seul 1 ion une ou one seule femme qui ne<br />

comprit pas tons les avantages des institutions de Y cm et<br />

fie (liiuï, c'était comme sll les avait précipités lui-même<br />

dans une fosse ouverte sous leurs pas. C'est ainsi qu'il<br />

entendait se charger <strong>du</strong> fardeau de tVinpîre.<br />

Lh-uu-hui-hav'i ne rougissait pas de servir un prince<br />

vil, il ne repoussait pas une petite magistrature. Sll<br />

entrait en place. î! ne retenait pas les sages dans l'obscurité,<br />

et il se faisait tin devoir de suivre toujours la<br />

droite voie. S'il était négligé, délaissé, il n'en conservait<br />

point de ressentiment; sll se trouvait jeté dans te lie soin<br />

et la misère, il ne se plaignait point, ne s'en affligeait<br />

point. Sll lui arrivait d'habiter parmi les lion nues <strong>du</strong><br />

village, ayant toujours Pair satisfait, il ne voulait pas les<br />

quitter pour aller demeurer ailleurs. Il disait : Vous,<br />

agissez comme vous l'entendez; moi, j'agis comme je<br />

l'entends l . Quand même, les bras mis et le corps sans<br />

vêtements, vous viendriez vous asseoir à rues cotés,<br />

comment pourriez-vous nie souiller ?<br />

(Test pourquoi ceux qui par la suite ont enten<strong>du</strong><br />

parler des ineenrsde Lieon-hia-hoeï. s'ils étaient pusillanimes,<br />

sont |_par son exemple] devenus pleins de courage<br />

; et s'ils étaient froids et insensibles, ils sont devenus<br />

aimants et affectueux.<br />

% Eulk weïeulk, ngo weïngo; littéralement! vous, pour vous ; moi,<br />

pour moi.


MENG-TSEU. 379<br />

IHOUNG-TSEU, voulant quitter le royaume de Th*i,<br />

prit dans sa main une poignée de riz passé dans l'eau,<br />

et se mit en route. Lorsqu'il voulut quitter le royaume<br />

de Zon, il dit : « Je m'éloigne lentement. » C'est le devoir<br />

de celui qui s'éloigne <strong>du</strong> royaume de son père et de<br />

sa mère *. Quand il fallait se hâter, se hâter; quand il<br />

fallait s'éloigner lentement, s'éloigner lentement ; quand<br />

il fallait mener une vie privée, mener une vie privée;<br />

quand il fallait occuper un emploi public, occuper un<br />

emploi public : voilà IHOUNG-TSEU.<br />

MENG-TSEU dit : Pe-i fut le plus pur des saints; Y-yin<br />

en fut le plus patient-et le plus résigné; £ieou-hia-hoèi<br />

en fut le plus accommodant; et KBOUNG-TSIU fut de tous<br />

celui qui sut le mieux se conformer aux circonstances<br />

[en réunissant .en lui toutes les qualités des précédents<br />

2 ].<br />

KHOITNG-TSEU peut être appelé le grand ensemble de<br />

tous les sons musicaux [qui concourent à former l'harmonie].<br />

Dans le grand ensemble de tous les sons musicaux,<br />

les instruments d'airain pro<strong>du</strong>isent les sons, et les<br />

instruments de pierres précieuses les mettent en harmonie.<br />

Les sons pro<strong>du</strong>its par les instruments d'airain<br />

commencent le concert ; Faccord que leur donnent les<br />

instruments de pierres précieuses termine ce concert.<br />

Commencer le concert est l'œuvre d'un homme sage;terminer<br />

le concert est l'œuvre d'un saint, ou d'un<br />

homme parfait.<br />

Si on compare la prudence à quelque autre qualité,<br />

c'est à l'habileté; si on compare la sainteté à quelque<br />

.autre qualité, c'est à la force [qui fait atteindre au but<br />

proposé]. Comme l'homme qui lance une flèche à cent<br />

pas, s'il dépasse ce but, il est fort; s'il ne fait que l'atteindre,<br />

il n'est pas fort.<br />

* KHOUNG-TSEU iîaqoii dans îe royaume do lou ; c'était le royaume<br />

de §on père et de sa mère. (Glose,)<br />

5 Glose.


380 MENG-TSEU.<br />

2. Pe-koung-ki l fiiune question en ces termes : Comment<br />

îa maison de Teheou ordonna-t-elle les dignités et<br />

Ses salaires ?<br />

MENG-TSEU dit : Je n ? ai pas pu apprendre ces choses<br />

en détail. Les princes vassaux ffiii avaient en haine et*<br />

qui nuisail a leurs intérêts et à leurs penchants ont de<br />

concert fait disparaître les règlements écrifsdc cette failli<br />

Ile. Mais cependant, moi K no, jVn ai appris le soin maire.<br />

Le litre de Thitm-fMu » fils <strong>du</strong> Ciel " 2 [ou empereurj,<br />

constituait une dignité: le titre de Ktnuig, une antre;<br />

celui de IIvuu, une autre: celui de /V, une autre; celui<br />

fie Tst'fi on A«n, une antre : en tout, pour le même ordre,<br />

cinq degrés ou dignités :| .<br />

! Il^nmi' de Il'tat de U'r'i.<br />

2 • ('«'lui «jui pour pore a le untj , prinr,- -hfnu', n\mte |»e , martfuis H baron \tseu ci<br />

m:e< : mais m .supposant qu'autrefois ils rtI• *111 j111 avoir quelques rapp«>ris<br />

d'analogie jsour !s idées qu'il - représentaient, ils n'eu a m'aient<br />

|» 1 u> et ! i « * t i i ï de s IUS j'Hirs. \'*iti-i rnnmmnt les définit la Glose chinoise<br />

C]U«' lions aouis viu.s h"- veux :<br />

1° lionmj, r.-hji d.ust It-s. fondions consistaient à. se dévoiler came<br />

plétwimnl au bail publie, sans :i\*»ir ainum i';f;ii'i| ;i MI|I intérêt prive;<br />

: >n //ni», relui ilnnl 1rs f, »i,r! j, OH é|a î «ai t tlf \ e! lie!' a 11 \ ,1 lia IIV S il 11<br />

dehors, et i j 111 en même temps était prince ;<br />

o° i'e, relui qnt a\att des pouvoirs stifîi>ants pour formol" l'é<strong>du</strong>calion<br />

»!rs ct!o\cits Trhujdj jin. :<br />

i" Ts


MENG-TSEU, 38 i<br />

Le titre de prince (ktun) constituait une dignité d'un<br />

atitre ordre; celui de président des ministères (king),<br />

une autre ; celui de premier administrateur civil d'une<br />

ville (ta-fou), une autre; celui de lettré de premier rang<br />

(chang-sse), une autre; celui de lettré de second rang<br />

(tchoung-sse), une autre; celui de lettré de troisième<br />

rang (A/&-$&), une autFe : en tout, pour le môme-ordre,<br />

six degrés.-<br />

Le domaine constitué <strong>du</strong> fils <strong>du</strong> Ciel * était un territoire<br />

carré de mille li d'éten<strong>du</strong>e sur chaque côté 2 ; les<br />

Koung et les Heou avaient chacun un domaine de cent<br />

li d'éten<strong>du</strong>e en tous sens; les Pe en avaient un de<br />

soixante et dix li ; les Tseu et les IS'an, de cinquante li :<br />

en tout, quatre classes. Celui qui ne possédait pas cinquante<br />

li de territoire ne pénétrait pas [de son propre<br />

droit 3 ] jusqu'au fils <strong>du</strong> Ciel. Ceux qui dépendaient des<br />

Heou de tous rangs étaient nommés Fou-young ou'vas-<br />

^ saux.<br />

Le domaine territorial que les King9 ou présidents des<br />

ministères, recevaient de l'empereur était équivalent à<br />

celui des Heou ; celui que recevaient les Ta-fou, commandants<br />

des villes, équivalait à celui des l'e ; celui que<br />

recevaient les Youan-sse (ou Càang-sse), lettrés de premier<br />

rang, équivalait à celui des Tseu et des Nan.<br />

Dans les royaumes des grands dont le territoire avait<br />

cent li d'éten<strong>du</strong>e en tous sens 4 , le prince [ou le .chef,<br />

Koung et Heou] avait dix fois autant de revenus que les<br />

King, ou présidents des ministères ; les présidents des<br />

ministères, quatre fois autant que les Ta-fou, ou premiers<br />

administrateurs des villes ; les premiers adminis-<br />

1 Les revenus se percevaient sur les terres ; c'est pourquoi on dit<br />

\e domaine ou \e territoire {thi),<br />

2 « Par le mot fang (carré), dit îa Glose, il veut dire que les quatre<br />

côtés de ce territoire, à l'orient, à l'occident, au midi et au nord,<br />

avaient chacun d'éten<strong>du</strong>e, en droite ligne, mille II, ou 100 lieues. »<br />

§ Glote.<br />

4 « Royaumes des Koung et des Heou. » (Glose.)


383 MENG-TSEU.<br />

trateurs des villes,, deux fois autant que les Cïuxng-sse,<br />

ou lettrés de premier rang ; les lettrés de premier rang.,<br />

deux fois autant que les Tcfwung-s§e9 ou lettrés de second<br />

rang ; les lettrés de second rang, deux Ibis autant<br />

que 1rs ffia-sse, ou lettrés de troisième rang. Les lettrés<br />

de troisième rang avaient les mêmes appointements que<br />

les hommes dit peuple qui étaient employés dans dilièrent<br />

es magistrat tires» (les appointements devaient être<br />

suffisants pour leur tenir lieu des revenus agricoles qu'ils<br />

auraient pu se 1 procurer en cultivant la terre.<br />

Dans les royaumes de second rang dont le territoire<br />

n'avait que soixante et dix /«'d'éten<strong>du</strong>e en toussons, le<br />

prince (ou le chef, /'cj avait dix fois autant de revenus<br />

que les Itîng, ou présidents des ministères; les présidents<br />

des ministères, trois fois autant que les premiers administrateurs<br />

des villes; les premiers administrateurs des<br />

villes, deux fois autant que les lettrés île premier rang;<br />

les lettres de premier rang, deux fois autant que les lettrés<br />

de second rang; les lettrés de- second rang;, deux<br />

fois autant que les lettrés de troisième rang. Les lettrés<br />

de troisième rang avaient les mêmes appointements que<br />

les hommes <strong>du</strong> peuple qui étaient employés dans différentes<br />

magistrat lires. (les appointements devaient être<br />

suffisants pour leur tenir lien des revenus agricoles qu'ils<br />

miraient pu se procurer en cultivant la terre.<br />

Dans les petits royaumes dont le territoire n'avait<br />

que cinquante l.i d'éten<strong>du</strong>e en tous sens, le prince |ou<br />

chef, Tseu et N/m\ avait dix fois autant de revenus que<br />

les présidents des ministères; les présidents des ministères,<br />

deux fois autant que les premiers administrateurs<br />

des villes; les premiers administrateurs des villes, deux<br />

lois a 111 a n t q ne 1 e s 1 e 11 r es d 11 j > r e m i e r rang; les 1 et t r es<br />

<strong>du</strong> premier rang;, deux lois autant que les lettrés <strong>du</strong> second<br />

rang; les lettrés <strong>du</strong> second rang, deux fois autant<br />

(pie les lettrés <strong>du</strong> troisième rang. Les lettrés <strong>du</strong> troisième<br />

rang avaient les mêmes appointements que* les<br />

hommes <strong>du</strong> peuple qui étaient employés dans différentes


MENU-TSEU. 383<br />

magistratures. Ces appointements devaient être suffisants<br />

pour leur tenir lieu des revenus agricoles qu'ils auraient<br />

j.n> se procurer en cultivant la terre.<br />

Voici ee que les laboureurs obtenaient des terres qu'ils<br />

cultivaient. Chacun d'eux en recevait mit arpents {pour<br />

cultiverj. l*ar la culture de ces cent arpents, les premiers<br />

on les meilleurs cultivateurs nourrissaient neuf<br />

personnes ; ceux qui venaient après en nourrissaient<br />

finit; ceux de second ordre en nourrissaient sept ; ceux<br />

qui venaient après en nourrissaient six» Ceux de la dernière<br />

classe, ou les plus mauvais, en nourrissaient cinq.<br />

Les bonimcs <strong>du</strong> peuple qui étaient employés dans différentes<br />

magistratures recevaient des appointements proportionnés<br />

à ces différents pro<strong>du</strong>its.<br />

3. IVen-ickang lit une question en ces termes : Oserai<br />

s-Je vous demander quelles sont les conditions d'une<br />

véritable amitié?<br />

MKMi-ïSRI T dit : Si vous ne vous prévalez pas de la supériorité<br />

de votre âge, si vous ne vous prévalez pas de vos<br />

honneurs, si vous ne vous prévalez pas de la richesse ou<br />

de la puissance de vos frères, vous pouvez contracter des<br />

liens d'ami lie. Contracter des Mens d'amitié avec quelqu'un,<br />

c'est contracter amitié avec sa vertu. Il ne doit<br />

pas y avoir d'autre motif* de liaison d'amitié.<br />

Meny-hian-tseu l était le chef d'une famille de cent<br />

chars. Il y avait cinq homme-s liés entre eux d'amitié : I etcUiny-kliieou*<br />

Mou-icitouttg ; j'ai oublié le nom de-s trois<br />

autres. \Mt'Hy\-ftian-tseu s'était aussi lié d'amitié avec ces<br />

cinq hommes, qui faisaient peu de cas de la grande famille<br />

de r/iati-tst'u. Si ces cinq hommes avaient pris en<br />

considération la grande famille de Hinn-tseu, celui-ci<br />

n'aurait pas contracté amitié avec eux.<br />

Non-seulement le chef daine famille de cent chars<br />

doit agir ainsi, mais encore des princes de petits Etats<br />

devraient agir de même.<br />

1 Vo>vz Ta-hio. «'h;ii». \. ï 'II.


384 MENG-TSEI:.<br />

Hoet, Koung de l'État de Pi, disait": Quant à Tseu-ste,<br />

j'en ai fait mon précepteur; quant à- Yan-pan, j'en ai<br />

fait mon ami. Wang-chun et Tchang-si {qui leur sont<br />

bieij. inférieurs en vertus] sont ceux qui me servent<br />

comme ministres. \ • •'<br />

Non-seulement le prince d'un petit État doit agir ainsi ^<br />

mais encore des princes ou chefs de plus grands royaumes<br />

devraient aussi agir de même. '<br />

Ping, Eoung de Tçin, avait une telle déférence pour<br />

Haï-iang *, que lorsque celui-ci lui disait de rentrer dans<br />

son palais, il y rentrait; lorsqu'il lui disait de s'asseoir, il<br />

s'asseyait.; lorsqu'il lui disait de manger, il mangeait.<br />

Quoique ses mets n'eussent été composés que <strong>du</strong> riz le<br />

plus grossier, .ou de jus d'herbes, il ne n'en rassasiait<br />

pas moins, parce qu'iLn'osait pas faire le contraire [tant<br />

il respectait les ordres <strong>du</strong> sage s ]. Ainsi il avait pour eux<br />

la déférence la plus absolue, et rien de plus. Il ne partagea<br />

pas avec lui une portion de la dignité qu'il tenait<br />

<strong>du</strong> ciel [en lui donnant une magistrature 8 ]j il ne partagea<br />

pas avec lui les fonctions de gouvernement qu'il<br />

tenait <strong>du</strong> ciel [en lui conférant une partie de ces fonctions<br />

4 ] ; il ne consomma pas avec lui les revenus qu'il<br />

tenait <strong>du</strong> ciel 5 . En agissant ainsi, c'est honorer un sage<br />

à la manière d'un lettré, mais ce n'est pas l'honorer à la<br />

manière d'un roi ou d'un prince.<br />

Lorsque Chun eut été élevé au rang de premier ministre,<br />

il alla visiter l'empereur. L'empereur donna<br />

l'hospitalité à son gendre dans le second palais, et même<br />

il mangea à la table de Chun. Selon que l'un d'eux visitait<br />

l'autre, ils étaient tour à tour hôte recevant et hôte<br />

1 Sage un royaume de rein.<br />

' * Glose.<br />

§ IHd.<br />

* Ibid.<br />

§ Ces trois expressions thkm-wet, dignité <strong>du</strong> ciel; thian-chi, fonctions<br />

<strong>du</strong> ciel; ihian-lou, revenus <strong>du</strong> ciel, équivalent à dignité royale,<br />

fonctions royales, revenus royaux.


MENG-TSEI!. 3g5<br />

reçu [sans distinction d'empereur et de sujet]. C'est ainsi<br />

que le fils <strong>du</strong> Ciel entretenait des liens d'amitié avec un<br />

homme privé.<br />

Si^ehmt dans une position inférieure, on témoigne «le<br />

I" déférence et <strong>du</strong> respect à son supérieur, cela s'appelle<br />

rt'tpectvr in dnjniie; si, rtant dans imr position sup«-i-HMiro,<br />

on témoigne de ht déférence et <strong>du</strong> respect à<br />

son inférieur, cela s'appelle honorer H respecter l'homme<br />

sage. Inspecter la dignité, honoivr el respecter l'homme<br />

Si, r*N h* devoir est le même dans les deux circonstances.<br />

} \ W'-n-tchanfï lit une question en ces ternies ; Oserai<br />

s-je vous demander quel sentiment on doit avoir en<br />

offrant «les présents l pour contracter atnitié avec quelf|lïîî!ï"f<br />

MKM;-TKKI: dît : Celui <strong>du</strong> respect.<br />

Wm-tchmuj continua : lictuser cette amitié et repousser<br />

ces présents à plusieurs reprises est une action<br />

considérée, comme irrévérencieuse; pourquoi cela!<br />

MKMï-TSI-X dit: Lorsqinin homme lionoré ioar sa position<br />

on sa dîtenîte! vous naît un don, si vousxous dites,<br />

avant de rarcepter : Les moyens qu'il a.emplovés pour<br />

seju-ocurer ces «Ions «l'amitié sonl-ils justes, on" sont-ils<br />

injustes? re seniit manquer de respec! envers lui : r'esî<br />

pourquoi on ne doit pas les repousser.<br />

W'en-tehmhf «lit: Permette/; je ne les repousse pas<br />

<strong>du</strong>ne manière expresse par nies paroles; c'est dans nia<br />

pensée que je tes repousse. Si je me dis en moi-même :<br />

« Cet. homme honore par sa dijmité. qui ni offre s..ni t.'s rois H |,< primvs «juî itmtnd !,-> s.-i.^s a jrttr ronr<br />

"il l«'nr oflraril fie rirli.-> prôsmls, dont ,1 r>j in «ju,.-Ilmi8<br />

-' Tnsut.},rnnlrr:v\ cftoneI ou supp,.^ fHjé ,-V>i ;IUT U..IHI. «• ,.|<br />

impunité, extorquer.<br />

33


386 MENG-T8EU.<br />

principes de la raison, s'il offre des présents avec toute<br />

la politesse et l'urbanité convenables, KHOUKG-TSEU luimême<br />

les eût acceptés.<br />

Wen-tchang dit : Maintenant, je suppose un homme<br />

qui arrête h«s voyageurs dans un lien (Varié en dehors<br />

di-s portes de la ville, pour 1rs tuer et les dépouiller do<br />

ri: qu'ils portent sur eux : si eet Itonune veut contracter<br />

amitié selon les principes fie la raison, et s'il offre dos<br />

presenls avec foute la politesse d'usage, sera-f-tt permis<br />

d'accepter ces présents, qui sont le pro<strong>du</strong>it, <strong>du</strong> vol?<br />

M KM;-TSlit dit ; Cela ne sera pas permis. Le Khamjkiw<br />

dît : «i Ceux qui tuent les hommes et je il en! le tirs<br />

« corps à l'écart pour les dépouiller de leurs richesses,<br />

« et dont l'intelligence obscurcie et hébétée ne redoute<br />

u pas la mort, il n'est personne chez tous les peuples<br />

M qui ne les ait en horreur, » Ce sont là des hommes<br />

que, sans attendre ni instruction judiciaire ni explication,<br />

on tait mourir de suite. Cette couttune expéditive<br />

de l'aire- justice des assassins sans discussions préalables,<br />

la dynastie > « la t-eetrt de celle de H'ut. et la dynastie dv><br />

Tchcmi de celle de Vin; elle acte eu vigueur jusqu'à nos<br />

jours. D'après cela, comment seriez-vous exposé à recevoir<br />

de pareils présents?<br />

W'eït-tclnnïij poui'sniut : De nos jours, les princes do<br />

tous rangs, extorquant les biens <strong>du</strong> peuple, ressemblent<br />

beaucoup aux voleurs qui arrêtent les passants sur les<br />

grands chemins pour les dépouiller ! . Si, lorsque avec<br />

tontes les convenances d'usage ils offrent des présents au<br />

sage, le sage les accepte, oserai s-je vous demander en<br />

quoi il place la justice - ?<br />

MKM;-TSEI" dit : Pensez-vous donc que si un souverain<br />

puissant apparaissait au milieu fie nous, il rassemblerait<br />

fiais les princes de nos jours et les lé rail mourir pour les<br />

punir de leurs exactions? ou bien que si, après les avoir<br />

Kin îi'fu IrtiDit h mu tjisin h-hi /'


MENG-TSEU. 387<br />

tous prévenus <strong>du</strong> châtiment qu'ils méritaient ^ ils ne se<br />

corrigeaient pas, ils les ferait périr? Appeler [comme<br />

vous venez de le faire] ceux qui prennent ce qui ne leur<br />

appartient, pas voleurs de f/rowls rftnnh)$. c'est étendre à<br />

celle espèce de gens la sévérité la plus extrême que comporte<br />

la justice |fondée sur la saine raison * |.<br />

knm.M;-isi-:r occupait une magistrature dans le<br />

royaume de Lan Isa patrie]. Les habitants, lorsqu'ils allaient<br />

a la chasse, se disputaient a qui prendrait le pro<strong>du</strong>it<br />

de bantiv, et KMOI XJ-TSEI' en faisait autant 2 . SU est<br />

permis de se disputer de eetîe façon à qui prendra le<br />

gibier de l'autre lorsque bon est à la chasse, a plus forte<br />

raison est-il permis de recevoir les présents qu'on vrais<br />

offre,<br />

Wen-iehmuj continua : SU en est ainsi, alors KIIOING-<br />

TSEI:, en occupant sa magistrature, ne s'appliquait sans<br />

doute pas a pratiquer la doctrine de la droite raison?<br />

M!•:>


388 MEKG-TS1SJ.<br />

pratique n'étaient cependant pas pratiqués, il quittait le<br />

royaume. C'est pourquoi ii n'est jamais resté trois ans<br />

dans un royaume sans ie quitter.<br />

Lorsque Kt!*>i'v;-TS!-:i' voyait que sa doctrine pouvait<br />

vtn- mise \i7. ;•


MENG-TSEU. • 389<br />

Lorsqu'il était administrateur général des campagnes 4 , il<br />

disait : Si les troupeaux sont en bon état, mes devoirs<br />

sont remplis.<br />

Si lorsqu'on se trouve dans une condition inférieure "<br />

on |KIrit- de choses hïeit plus élevées que soi 2 , on est<br />

coupable Nie sortir île son état **|. Si lorsqu'on se trouve<br />

à la eour d'un prince on ne remplit pas les devoirs que<br />

cette position impose, ou se eomre de honte.<br />

0, W'cn-tt'hnttij dit : Pourquoi les lettres [qui n'occupent<br />

pas d'emplois publics •'»I ne se reposent-ils pas <strong>du</strong><br />

soin de leur entretien sur les princes dos différents ordres<br />

:i ?<br />

Moij-TSEr dit : Parce qulls ne l'osent pas. Les princes<br />

de différents ordres, lorsqu'ils ont per<strong>du</strong> leur royaume,<br />

se reposent sur tons les autres princes <strong>du</strong> soir» de leur<br />

entretien : e'est conforme à liisap* établi; mais ce n'est<br />

pas conforme ;i F usa ire établi que les lettres se reposent<br />

sur les princes <strong>du</strong> soin de leur entretien,<br />

Wen-tchang dit : Si le prince leur offre pour aliments<br />

<strong>du</strong> millet ou dti riz, doivent-ils l'accepter?<br />

— Ils doivent l'accepter.<br />

— Ils doivent l'accepter; et de quel droit il 1<br />

— Le prince a des devoirs à remplir envers le peuple<br />

dans le besoin; il doit le secourir 7 .<br />

— Lorsqu'on offre un secours, on le reçoit; et lorsque<br />

c'est.un présent, on le refuse; pourquoi cela?<br />

.— Parce qu'on ne rose pas [dans le dernier cas].<br />

— Permettez-moi encore une question : On ne l'ose<br />

pas; et comment cela?<br />

— Celui qui fait le guet à la porte de la ville, celui<br />

1 Chin-îian. Voyez à cer sujet le même ouvrage, p. 125.<br />

2 * De la haute administration <strong>du</strong> royaume. » {Glose.)<br />

* Glose.<br />

* Ibid.<br />

11 Tchou-heou, les Heouûn général.<br />

6 Ho-i; littéralement, de quelle justice ?<br />

7 Kiun khi iu ming ye, ko tcheou tchi.<br />

33.


390 MENG-TSIU.<br />

qui fait résonner la crécelle de bois, ont^ l'un et l'autre,<br />

un emploi permanent qui leur donne droit à être nourris<br />

aux dépens des revenus ou impôts <strong>du</strong> prince. Ceux qui,<br />

n'occupant plus d'emplois publics permanents, reçoivent<br />

des dons <strong>du</strong> prince sont considérés comme manquant<br />

un respect qui» Fou se doit à soi-même.<br />

— Je sais maintenant que, si le prince fournit des aliments<br />

au lettre, il peut les recevoir; mais j'ignore si ces<br />

dons doivent èfiv continués.<br />

-— Mmi-kouity se con<strong>du</strong>isit ainsi envers Tseu-sse : il<br />

et noyait souvent des hommes pour prendre des informations<br />

sur son compte [pour savoir sll était en état de<br />

se passer de ses secours M; et il lui envoyait souvent des<br />

a lime nt s de viande cuite. Cela ne plaisait pas h Tseu-sse,<br />

A la tin, il prit les envoyés <strong>du</strong> prince, par la main et les<br />

con<strong>du</strong>isit jusqu'en dehors de» la grande porte de sa maison<br />

; alors, le visage tourné 1 vers le nord, la tête inclinée<br />

vers la terre, et saluant deux fois les envoyés, sans accepter<br />

leurs secours, il dît : « Je sais dès maintenant que<br />

« le prince me nourrit, moi Ki, comme si j'étais un chien<br />

a ou nu cheval. )> Or. de ce moment-là, les gouverneurs<br />

et premiers administrateurs des villes n'ont plus alimenté<br />

jles lettres); cependant, si lorsqu'on aime les<br />

saines on ne peut les élever a des emplois, et qifen<br />

outre on ne finisse leur fournir ce dont ils ont besoin<br />

pour vivre, peut-on appeler cela aimer les sages!<br />

M'di-lcftoiHj dit : Oserais-je vous taire une question :<br />

Si le prince d'un royaume désire alimenter un sage, que<br />

doit-il f.ure dans ce cas pour qu'on puisse dire qu'il est<br />

vériiabl cm en i alimenté Y<br />

MOO-ïSIX dit : Le lettré doit recevoir les présents on<br />

les aJJinei.its qui iui sont uliêrtspar Tordre <strong>du</strong> prince en<br />

saluant deux fois et en inclinant la tête. Ensuite les gardiens<br />

des greniers royaux doivent confirmer les aliments,<br />

U>< rmsniHTs doivent continuer dVnvovcr de la viande


MENG-TSEU. 391<br />

cuite, sans que les hommes chargés des ordres <strong>du</strong> prince<br />

les lui présentent de nouveau *.<br />

Tseu-sse se disait en lui-même : ce Si pour des viandes<br />

cuites on me tourmente de manière à m'obliger à faire<br />

souvent des salutations de remerclments, ce n'est pas<br />

là un mode convenable de subvenir à l'entretien des<br />

Sag'CS. »<br />

Jeese con<strong>du</strong>isit île la manière suivante envers C/tun ;<br />

il ordonna il se> neuf fils de le servir ; il lui donna ses<br />

ileiix tïlles en ntarîage ; il ordonna à tons les fonctionnaires<br />

publics de fournir des hoails, ih>^ moutons, de<br />

remplir des gretûei> pour rentretien de ('Intn au milieu<br />

des champs: ensuite il l'éleva aux honneurs et. lui conféra<br />

une hante dignité, (l'est pourquoi il est dît avoir<br />

honoré un sage selon un mode convenable à un souverain<br />

on à un prince.<br />

7. W'en-tclwntf dit : Oserais-je vous faire une question<br />

: Pourquoi tin sage neva-t-il pas visiter les princes-?<br />

.MENi;-TSia: dît : S'il est dans leur ville principale, on<br />

dit qu'il est le- sujet de la place publique et <strong>du</strong> puits publie:<br />

s'il est dans la campagne, on dit qu'il est le sujet<br />

ûv> herbes forestières, deux qui .sont dans l'un et l'autre<br />

cas sont ce que l'on nomme les J minutes de la Ion le J .<br />

Les hommes de la foule qui îfont pas été ministres, et<br />

n'ont pas encore offert de présents au prince, n osent<br />

passe permettre de lui faire leur visite; c'est I usage.<br />

Wen-trhaflfj dit : Si le- prince appelle les hommes de<br />

la ton h: pour un service exigé, ils vont faire ce service.<br />

Si le prince, désirant les \oir, les appelle auprès de lui,<br />

ils ne vont pas le voir; pourquoi cela?<br />

MENG-TSiii: dit : Aller faire un service exigé est un de<br />

» Atiii


392 MENG-TSEU.<br />

voir de justice l ; aller faire des visites [au prince] n'est<br />

pas un devoir de justice.<br />

Par conséquent, pourquoi le prince désirerait-il que<br />

les lettrés lui fissent des visites ?<br />

Wen-tchang dit : Parce qu'il est fort instruit, parce<br />

que lui-même est un sage.<br />

MI;Ni sous qui êtes mon inférieur, qui devez<br />

lil'T faira un srrvi-:-i- dr rtii'ji> de rim^hitile. d.f rml t<strong>du</strong> i niu:


MENG-TSKU. 393<br />

ce me servir; comment pourriez-vous contracter des<br />

« liens d'amitié avec moi? » Si les princes de millequaffrîges<br />

qui cherchaient a eontraefer des liens d'amitié<br />

avec les lettres ne pouvaient y parvenir, à pins forte<br />

raison ta" pouvaient-ils pas les appeler a four mur.<br />

Kitn/, K(tan


394 MENG-T8BI7.<br />

drait-il pas, si on s'était servi <strong>du</strong> signal d'un homme dépourvu<br />

de sagesse l , pour appeler un homme sage !<br />

Si lorsqu'on désire recevoir la visite d'un homme<br />

sage on n'emploie pas les moyens convenables 2 , c'est<br />

comme si en désirant qu'il entrât dans sa maison on lui<br />

en fermait la porte. L'équité ou le devoir est la voie;<br />

l'urbanité est la porte. L'homme supérieur ne suit que<br />

cette voie, ne passe que par cette porte. Le Livre des<br />

Vers 3 'dit :<br />

ce La voie royale, la grande voie, est plane comme une<br />

« pierre qui sert à moudre le blé ;<br />

« Elle est droite comme une flèche :<br />

« C'est elle que foulent les hommes supérieurs ;<br />

« C'est elle que regardent de loin les hommes de la<br />

foule 4 . »<br />

Weri-tchang dit : KHOUNG-TSEU, se trouvant appelé par<br />

un message <strong>du</strong> prince, se rendait à son Invitation sans<br />

attendre son char. S'il en est ainsi, KHOUNG-TSEU agissait-il<br />

mal?<br />

MENG-TSEU dit : Ayant été promu à des fonctions publiques,<br />

il occupait une magistrature; et c'est parce qu'il<br />

occupait une magistrature qu'il était invité à la cour.<br />

8. MENG-TSEU, interpellant Wen-tchang, dit: Le lettré<br />

vertueux d'un village se lie spontanément d'amitié avec<br />

les lettrés vertueux de ce village; le lettré vertueux d'un<br />

royaume se lie spontanément d'amitié avec les lettrés<br />

vertueux de ce royaume; le lettré vertueux d'un empire<br />

1 « Par homme dépourvu de sagesse, dit la Glose, il indique celui<br />

qui désire recevoir la visite d'un sage, et lui fait un appel à ce<br />

sujet. »<br />

2 VExplication <strong>du</strong> Kicmg-i-pi-tchi dit à ce sujet : « C'est pourquoi le<br />

prince d'un royaume qui désire recevoir la visite d'un homme sage<br />

doit suivre la marche convenable : ou le sage habite son voisinage,<br />

et alors il doit le visiter lui-même ; ou il est éloigné, et alors il doit<br />

lui envoyer des exprès pour l'engager à se rendre à sa cour. »<br />

8 Ode Ta-toung, section Ta-ya.<br />

* Il y a encore maintenant en Chine des routes destinées uniquement<br />

au service de l'empereur et de sa cour.


MENG-TSEl'. oVKi<br />

se lie spontanément d'amitié avec les lettrés vertueux de<br />

cet empire.<br />

Pensant que les liens d'amitié qu'il contracte avec les<br />

lettrés vertueux de l'empire ne sont pas encore suffisants,<br />

il veuf re<strong>mont</strong>er plus liant, et il examine les muvres des<br />

hommes de l'antiquité; il récite leurs vers, il lit cl explique<br />

leurs livres. SU ne connaissait pas intimement res<br />

hommes, on serait-il capable? C'est pourquoi il examine<br />

attentivement leur siècle L C'est ainsi qu'en mm m tan!<br />

encore pins liant il contracte de plus nobles ami!tes.<br />

!>. Siotum. roi de /'//.$/. interrogea MK.M;-ISI-:I sur les<br />

premiers ministres iAÏ////>.<br />

Le Philosophe dit : Sur quels premiers minisires le<br />

roi m'interro^e-t-il?<br />

Le* i'oi dit : Les premiers ministres ne sont-ils pas tous<br />

de ta lilèllie classe?<br />

MKMJ-TSFI" répondit ; Ils ne sont pas Irais de la même<br />

classe. Il y a des premiers ministres qui son! unis au<br />

prince par des liens de parenté; il y a des premiers ministres<br />

qui appartiennent à des familles diîïérontes de la<br />

sienne.<br />

Le roi dit : Permettez-moi de vous demander ce que<br />

sont les premiers ministres consanguins.<br />

lï-Mxrsi'X répondit : Si le prince a commis une grande<br />

tante jqui puisse entraîner la ruine <strong>du</strong> royaume-!, alors<br />

ils lui l'ont des re<strong>mont</strong>rances. S'il retombe plusieurs Ibis<br />

dans la même faille sans vouloir écouter leurs re<strong>mont</strong>rances,<br />

alors ces ministres le remplacent dans sa dignité<br />

et lui nient son pouvoir.<br />

Le roi, ému de ces paroles, changea de-couleur. Mr.ViisKr<br />

ajouta : Une le roi ne trouve pas mes paroles extraordinaires.<br />

Le roi a interrogé un sujet; le sujet n*a pas osé<br />

lui répondre contrairement a la droiture et à la vérité.<br />

1 Les aclinns H }.«> h.-mls lath qu'il<br />

•M ion, Clusr...<br />

-• f'n,mm>nhnrr.


396 MENG-TSEU.<br />

Le roi, ayant repris son air habituel, voulut ensuite interroger<br />

le Philosophe sur les premiers ministres de familles<br />

différentes.<br />

MEUG-TSEU dit : Si le prince a commis une grande<br />

faute, alors ils lui font des re<strong>mont</strong>rances; s'il retombe<br />

plusieurs fois- dans les mômes fautes, sans vouloir écouter<br />

leurs re<strong>mont</strong>rances, alors ils se retirent.<br />

CHAPITRE V.<br />

COMPOSÉ DE 20 ARTICLES.<br />

1. Kao-îseu dit : La nature de l'homme ressemble au<br />

saule flexible ; l'équité ou la justice ressemble à une corbeille;<br />

on fait avec la nature de l'homme l'humanité et<br />

la justice, comme on fait une corbeille avec le saule<br />

flexible.<br />

MENG-TSEU dit : Pouvez-vous, en respectant la nature<br />

<strong>du</strong> saule, en faire une corbeille? Vous devez d'abord rompre<br />

et dénaturer le saule flexible pour pouvoir ensuite<br />

en faire une corbeille. S'il est nécessaire de rompre et de<br />

dénaturer le saule flexible pour en faire une corbeille,<br />

alors ne sera-t-il pas nécessaire aussi de rompre et de dénaturer<br />

l'homme pour le faire .humain et juste? Certainement<br />

vos paroles porteraient les hommes à détruire en<br />

eux tout sentiment d'humanité et de justice.<br />

2. Kao-tseu continuant : La nature de l'homme ressemble<br />

à une eau courante : si on la dirige vers l'orient,<br />

elle coule vers l'orient; si on la dirige vers l'occident,<br />

elle coule vers l'occident. La nature de l'homme ne distingua<br />

pas entre le bien et le mal, comme l'eau ne distingue<br />

pas entre l'orient et l'occident.<br />

MENG-TSEU dit : L'eau, assurément, ne distingue pas<br />

entre l'orient et l'occident; ne distingue-t-élle pas non<br />

plus entre le haut et le bas? La nature de l'homme est


MENG-TS1U. 397<br />

naturellement bonne, comme l'eau coule naturellement<br />

en bas. 11 n'est aucun homme qui ne soit naturellement<br />

bon, comme il n-est aucune eau qui ne coule naturellement<br />

en bas.<br />

Maintenant » si en comprimant l'eau axer la main vous<br />

la faites jaillir, vous pourrez lui faire dépasser la hauteur<br />

île voire front. Si eu lui opposant un ohstarle NOUS la<br />

faites reiîuer vers sa source, vous pourrez alors la faire<br />

dépasser une <strong>mont</strong>agne. Appellerez-vous cela la nature<br />

de l'eau Y LVst. de la contrainte.<br />

Les hommes peuvent être con<strong>du</strong>its a faire le ruai; leur<br />

nature le permet aussi.<br />

X k'


398 MENG-T6EU.<br />

MING-TSEU dit : Si la blancheur d'un cheval blanc ne<br />

diffère pas de la blancheur d'un homme blanc, je doute<br />

si vous ne direz pas que la vieillesse d'un vieux cheval ne<br />

diffère pas de la vieillesse d'un vieil homme! Le sentiment<br />

de justice qui nous porte à révérer la vieillesse<br />

d'un homme existe-t-ii dans la vieillesse elle-même ou<br />

dans nous?<br />

Kao-tseu dit : Je me suppose un frère cadet, alors je<br />

l'aime comme un frère; que ce soit le frère cadet d'un<br />

homme de Th&in, alors je n'éprouve aucune affection de<br />

frère pour lui. Cela vient de ce que cette affection est<br />

pro<strong>du</strong>ite par une cause qui est en moi. C'est* pourquoi<br />

je l'appelle intérieure.<br />

Je respecte un vieillard de la famille d'un homme de<br />

Th$o% et je respecte également • un vieillard de ma famille<br />

; cela vient de ce que ce sentiment est pro<strong>du</strong>it par<br />

une cause hors de moi, la vieillesse. C'est pourquoi je<br />

l'appelle extérieure.<br />

MENG-TSEU dit : Le plaisir que vous trouveriez à manger<br />

la viande rôtie préparée par un homme de Tksin ne<br />

diffère pas <strong>du</strong> plaisir que vous trouveriez à manger de<br />

la viande rôtie préparée par moi. Ces choses ont, en effet,<br />

la même ressemblance. S'il en est ainsi, le plaisir de<br />

manger de la viande rôtie est-il aussi extérieur ?<br />

5. Mmg-ki-t§eu, interrogeant Koung-tou-t$eu% dit :<br />

Pourquoi [MBNG-TSBU] appelle-t-il l'équité intérieure ?<br />

Komg-tou-t§êu dit : Nous devons tirer de notre propre<br />

cœur le sentiment de respect que nous portons aux<br />

autres ; c'est pourquoi il l'appelle intérieur. ,<br />

— Si un-homme <strong>du</strong> village est d'une année plus âgé<br />

que. mon frère aîné, lequel devrai-je respecter ?<br />

— Vous devez respecter votre frère aîné.<br />

— Si je leur verse <strong>du</strong> vin à tous deux, lequel devraije<br />

servir le premier?<br />

— Vous devez commencer par verser <strong>du</strong> vin à l'homme<br />

<strong>du</strong> village.<br />

— Si le respect pour la qualité d'aîné est représenté


MIK6-TS1U. 399<br />

dans le premier exemple, et la déférence ou les égards<br />

dans le second, l'un et l'antre consistent réellement dans<br />

un sujet extérieur et non intérieur.<br />

Koung-tou-tseu ne sut que répondre. 11 fit part de son<br />

embarras à MENG-TSEU. MENG-TSEU dit : Demandez-lui auquel,<br />

de son oncle ou de son frère cadet, il témoigne <strong>du</strong><br />

respect ; il vous répondra certainement que c'est à son<br />

oncle.<br />

Demandez-lui si son frère cadet représentait l'esprit<br />

de son aïeul * [dans les cérémonies que Ton fait en l'honneur<br />

des défunts], auquel des deux il porterait <strong>du</strong> respect;<br />

il vous répondra certainement que c'est à son<br />

frère cadet.<br />

Mais si vous lui demandez quel est le motif qui lui fait<br />

révérer son frère cadet plutôt que son oncle, il vous répondra<br />

certainement que c'est parce que son frère cadet<br />

représente son aïeul.<br />

Vous, dites-lui aussi que c'est parce que l'homme <strong>du</strong><br />

village représentait un hôte, qu'il lui devait les premierségards.<br />

C'est un devoir permanent de respecter sonfrère<br />

aîné; ce n'est qu'un devoir accidentel et passager<br />

de respecter l'homme <strong>du</strong> village.<br />

Ki-tseu, après avoir enten<strong>du</strong> ces paroles, -dit : Devantrespecter<br />

mon oncle, alors je le respecte ; devant respecter<br />

mon frère cadet, alors je le respecte : l'une et<br />

l'autre de ces deux obligations sont constituées .réellement<br />

dans un sujet extérieur et non intérieur.<br />

HCoung-tou-tseu dit : Dans les jours d'hiver, je bois de<br />

l'eau tiède; dans les jours d'été, je bois de l'eau fraîche.<br />

D'après cela, l'action de boire et- de manger .résiderait<br />

donc aussi dans un sujet extérieur?<br />

6. Kôung-tou-tseu dit : Selon Kao-tseu, la nature [dans<br />

les commencements de la vie 2 ] n'est ni bonne ni mauvaise.<br />

1 Wèi-chii littéralement, faire le mort.<br />

* Glose. •


400 MENG-TSEU.<br />

Les uns disent : La nature peut devenir boeee^ elle<br />

peut devenir mauvaise. C'est pourquoi, lorsque Wen et<br />

Wou apparurent, le peuple aima en eux une nature<br />

bonne ; lorsque Yeou et Li apparurent, le peuple aima<br />

en eux une nature mauvaise.<br />

h'autres disent : II est des hommes dont la nature es!<br />

lionne. îi en est dont la nature est mauvaise. (Test pourquoi,<br />

pendant que ) //•'> était prince. SHIïNJ nVn existait<br />

pas moins; pendant que Aou-swnt était mauvais père,<br />

f/iitn n'en existait pas moins. Pendant que Cbeotf-isirti<br />

remuait comme tils<strong>du</strong> l'ivre aîné [de la famille impériale!.<br />

c\islaient cependant aussi l¥et-iseu-ki et l'i-kan, de la<br />

famille impériale.<br />

Maintenant vous dites : La nature de l'homme est<br />

bonne. SU en est ainsi, ceux jqiu ont exprimé précédemment<br />

une opinion contraire) sont-ils donc dans<br />

Terreur?<br />

Mr.Mfi-Tsr.i: dit : Si Ton suit les penchants de sa na-<br />

Imv. alors on peut être lion. (Test pourquoi je dis que<br />

la nature de Thonnne est bonne. Si Ton commet îles actes<br />

\icieu\. ee n'est pas la faille de la faculté que Tlioiiutto<br />

possède jde faire le bien).<br />

Ions les hommes ont le seulimeut de la miséricorde et<br />

de ht pitié 4 ; Ions les hommes ont le sentiment de la honte<br />

et de la haine dti vice ; tons les hommes ont le sentiment<br />

de la déférence et <strong>du</strong> respect ; tous les hommes<br />

oui le sentiment de l'approbation et <strong>du</strong> blâme.<br />

Le sentiment de la miséricorde et de la pitié, c'est de<br />

l'humanité; le sentiment de la honte et de la haine <strong>du</strong><br />

vice, v'vsl de l'équité; le sentiment de la déférence et dit<br />

respect, c'est de Turbanité; le sentiment de l'approbation<br />

et dit blâme, c'est «le la sagesse. L'humanité, l'équité.<br />

Turhanité. la sagesse, ne sont pas fomentées en<br />

nuits par les objels extérieurs; nous possédons ces sentaneiits<br />

d'une manière fondamentale et originelle : seulement<br />

nous n'y pensons pas.<br />

C'est pourquoi l'on dit : « Si vous cherchez à éprouver


1EKG-TSEL*. 401<br />

« ces sentiments, alors vous les éprouverez; si vous les<br />

« négligez, alors vous les perdez. »<br />

Parmi ceux qui n'ont pas développé complètement ces<br />

facultés de notre nature, les uns diffèrent des autres<br />

comme <strong>du</strong> double, <strong>du</strong> quintuple ; d'autres, d'un nombre<br />

incommensurable.<br />

' Le Livre des Vers f dit :<br />

« Le genre humain, créé par le ciel,<br />

« A reçu en partage la faculté d'agir et la règle de ses „<br />

« actions;<br />

« Ce sont, pour le genre humain, des attributs unice<br />

versels et permanents<br />

« Qui lui font aimer ces admirables dons. »<br />

KHOUNG-TSEU dit : Celui qui composa ces vers connaissait<br />

bien la droite voie [c'est-à-dire la nature et les penchants<br />

de l'homme]. C'est pourquoi, si on a ia fatuité<br />

d'agir, on doit nécessairement avoir aussi ia régie de ses<br />

actions, ou les moyens de les diriger. Ce sont là, pour le<br />

genre humain, des attributs universels et permanents ; c'est<br />

pourquoi ils lui font mimer ces admirables dons.<br />

7. MENG-TSEU dit : Dans les années d'abondance, le<br />

peuple fait beaucoup de bonnes actions; dans les années<br />

de stérilité, il en fait beaucoup de mauvaises ; non pas<br />

que les facultés qu'il a reçues <strong>du</strong> ciel diffèrent à ce point;<br />

c'est parce que les passions qui ont assailli et submergé<br />

son cœur l'ont ainsi entraîné dans le mal.<br />

Maintenant je suppose que vous semez <strong>du</strong> froment,, et<br />

.que vous avez soin de le bien couvrir de terre. Le<br />

champ que vous avez préparé est partout le même; la<br />

saison dans laquelle vous avez semé a aussi été la même.<br />

Ce blé croît abondamment, et quand le temps <strong>du</strong> solstice<br />

est venu, il est mûr en même temps. S'il existe quelque<br />

inégalité, c'est dans l'abondance et la stérilité partielles<br />

<strong>du</strong> sol, qui n'aura pas reçu également la nourriture de la<br />

plpie et de la rosée, et les labours de l'homme.<br />

* Ode. Trhing-min section Ta-ya.<br />

34.


402 MENG-TSEU.<br />

C'est pourquoi toutes les choses qui sont de même espèce<br />

sont toutes respectivement semblables [sont de même<br />

nature]. Pourquoi, en douter seulement en ce qui concerne<br />

l'homme? Les saints hommes nous sont semblables<br />

par l'espèce.<br />

(l'es! pour cela que Ij)tnit/-t$via\\>>i\ii : Si quelqu'un fait<br />

des panlnulles tressées à une personne, sans connaître<br />

son. pied, il* sa IN qu'il ne lui fera pas un panier. Les pantoufles<br />

se ressemblent tontes; les pieds de tous les hommes<br />

de l'empire se ressemblent.<br />

La bourbe, quant aux saveurs, éprouve les mêmes satisfactions.<br />

)'-//// l fut le premier qui sut trouver ee qui<br />

filait généra le ment à la bourbe. Si en appliquant son organe<br />

<strong>du</strong> goùi aux saveurs, cet organe eut ilitléré par sa<br />

nalure de eelui des antres hommes, eonuae île celui des<br />

chiens et des rhe\anx, qui ne sont pas de la même espèce?<br />

que nous, alors comment tous les hommes de l empire,<br />

entait de goût, s'aecordcraieiit-ils avec 1 -ya pour les<br />

saveurs?<br />

Ainsi donc, quant aux saveurs, tout le inonde a nécessaire!<br />

lient les mêmes goûts que ) -;///(, parce que le sens<br />

<strong>du</strong> goût de tout le mon rie est semblable.<br />

Il en est de même pour le sens de Fouie. Je prends pour<br />

exemple les sons de musique: tous les hommes de Fempire<br />

aiment nécessairement la mélodie de F intendant de<br />

la musique m mime h'ouavf^ parée que le sens de Fotiïe<br />

se ressemble chez tous les hommes.<br />

11 i*n es! de même pour le sens de la vue, Je prends<br />

pour exemple Tseu-toit-: il n'y cul personne dans Fempire<br />

qui n "appréciai sabrante. Celui qui n'aurait pas apprécie<br />

sa beauté eût été aveugle.<br />

(l'est pourquoi je dis : La bouche, pour les saveurs, a<br />

1 CWai! ni) HKPfiOf'a! 11 il n>ya«iiNr t\r Jlist , M.UIS le J


1ENG-TSEU. 403<br />

le même goûi; les oreilles, pour les sons, ont la même<br />

audition; les yeux, pour les formes, ont la même perception<br />

de la beauté. Quant au cœur, seul ne serait-il pas<br />

le même, pour les sentiments, riiez fous tes hommes?<br />

Le que loeu'ur de l'homme u de commun et de propre<br />

à tous, qu'est-ce donc? (l'est ee qu'on appelle la raison<br />

nul arelie, Yi'qitlté naturelle. Les saillis hommes ont été.<br />

seulement les premiers a découvrir jcomme )' aa pour<br />

les saveursj ce que le neur de tous les liommes a de<br />

commun. L'est j>our


404 MEMG-TSEU.<br />

souffle tranquille et bienfaisant <strong>du</strong> matin, font que, sous<br />

le rapport de l'amour de la vertu et de la haine <strong>du</strong> vice,,<br />

on se rapproche un peu de la nature primitive de<br />

liiomme [comme les rejetons de la forêt coupée]. Dans<br />

de pareilles circonstances, ce que l'on fait de mauvais<br />

dans l'intervalle d'un jour empêche de se développer<br />

et détruit les" germes de vertu qui commençaient à renaître.<br />

Après avoir ainsi empêché à plusieurs reprises les<br />

germes de vertu qui commençaient à renaître de se développer,<br />

alors ce souffle bienfaisant <strong>du</strong> soir ne suffit<br />

plus pour les conserver. Dès l'instant que le souffle bienfaisant<br />

<strong>du</strong> soir ne suffit plus pour les conserver, alors le<br />

naturel de l'homme ne diffère pas beaucoup de celui de<br />

la brute. Les hommes, voyant le naturel de cet homme<br />

semblable à celui de la brute, pensent qu'il n'a jamais<br />

possédé la faculté innée de la raison. Sont-ce là les sentiments<br />

véritables et naturels de l'homme ?<br />

C'est pourquoi, si chaque chose obtient son alimentation<br />

naturelle, il n'en est aucune qui ne prenne son accroissement<br />

; si chaque chose ne reçoit pas son alimentation<br />

naturelle, il n'en est aucune qui ne dépérisse.<br />

KHOUNG-TSEU disait : « Si vous le gardez, alors vous<br />

« le conservez; si vous le. délaissez, alors vous le perte<br />

dez., 11 n'est pas de temps déterminé pour cette perte<br />

« et cette conservation. Personne ne connaît le séjour qui<br />

lui est destiné. » Ce n'est que <strong>du</strong> cœur de l'homme qu'il<br />

parle.<br />

9. MiNG-TSEU.'dit : N'admirez pas un prince qui n'a ni<br />

perspicacité ni intelligence.<br />

Quoique les pro<strong>du</strong>its <strong>du</strong> sol de l'empire croissent facilement,<br />

si la chaleur <strong>du</strong> soleil ne se fait sentir qu'un<br />

seul jour, et le froid de l'hiver dix, rien ne pourra croître<br />

et se développer. Mes visites [près <strong>du</strong> prince] étaient<br />

rares. Moi parti, ceux qui refroidissaient [ses sentiments<br />

pour le bien] arrivaient en foule. Que pouvais-je faire des<br />

pennes qui existaient en lui pour le bien ?


MENG-TSEU. 405<br />

Maintenant le jeu des échecs est un art de calcul, un<br />

art médiocre toutefois. Si cependant vous n'y appliquez<br />

pais toute votre intelligence. Ions les etîbrts de votre volonté,<br />

vous il»* saurez pas jouer ce jeu. /-//Wcew est de<br />

tons les hommes de l'empire relut qui sait le* mieux<br />

jouer ce jeu. Si pendant que i-thaù'au enseigne à deux<br />

hommes le jeu des échecs, l'un de ces hommes applique<br />

toute son intelligence e! t(Mîtes les forces de sa volonté<br />

à écouter les leçons de l-tlit'u'oUy taudis que l'antre<br />

homme, quoique y prêtant foi ville» applique tonte son<br />

attention à rêver l'arrivée d'une troupe d'oies sauvages.<br />

pensant. Tare ten<strong>du</strong> et la IJéehe posée sur la corde de<br />

soie, à les tirer et à les abattre, quoiqu'il étudie en<br />

même temps que Tanin», il sera bien loin de l'égaler.<br />

Sera-ce à cause de son intelligence, de sa perspicacité<br />

| moins grandes! qifil ne régalera pas? Je réponds : Non,<br />

il n'en v^i pas ainsi,<br />

lu, MOU-TSEI" dit : Je désire avoir <strong>du</strong> poisson ; je désire<br />

aussi avoir <strong>du</strong> .sanglier sauvage. Comme je ne puis les<br />

posséder ensemble, je laisse de coté te poisson, et je<br />

choisis le sanglier |que je prélêreL<br />

Je désire jouir de la vie, je désire posséder aussi l'équité.<br />

Si je ne puis les posséder ensemble, je laisse de<br />

cote la vie. et je choisis l'équité.<br />

.En désirant la vie. je désire également quelque chose<br />

île plus important que la vie |connue l'équité|; c'est<br />

pourquoi je la préfère à la vie.<br />

Je crains la mort, quej'ai en aversion; niais je crains<br />

quelque chose de pins redoutable encore que la mort<br />

|l iniquité]; e est pourquoi la mort serait la. en face île<br />

moi, que je ne la luirais pas [pour suivre l'iniquité].<br />

Si de tout ce que les hommes désirent rien réétait plus<br />

grave, plus important que la vie, alors croil-on qu'ils<br />

n'emploieraient pas Ion! ce qui pourrait leur faire obtenir<br />

on prolonger la vie ?<br />

Si de tout ce que les hommes ont en aversion rien<br />

n était plus grave, plus important que la mort, alors


406 MENG-TSEU.<br />

croit-on qu'ils n'emploieraient pas tout ce qui pourrait<br />

leur faire éviter cette affliction ?<br />

Les choses étant ainsi, alors, quand môme on conserverait<br />

la vie [dans le premier cas], on n'en ferait pas<br />

usage; quand même (dans le second cas 1 on pourrait<br />

éviter la mort, on no Jo ferait pas.<br />

(l'est pourquoi vv


MEKG-T8EU. 407<br />

pauwes et les iodigents que je connais, je recevrais ce<br />

présent ? Ne puis je donc pas m'en abstenir ? Agir ainsi,<br />

c'est ce qu'on appelle avoir -per<strong>du</strong> tout sentiment de pudeur.<br />

11. MKN


408 HBNG-TSBU.<br />

tient dans ses deux mains, et l'arbre nommé 7se, que Pon<br />

tient dans une seule main ; mais, pour ce-qui concerne<br />

leur propre personne, ils ne savent pas comment la cultiver.<br />

Serait-ce que Pamour et les soins que Pon doit avoir<br />

pour- sa propre personne n'équivalent pas à ceux que Pon<br />

doit aux arbres 7"koung et Tsef C'est là le comble de la<br />

démence !<br />

14. MENG-TSEU dit : L'homme, quant à son propre<br />

corps, Paime dans tout son ensemble; s'il l'aime dans<br />

tout son ensemble, alors il le nourrit et l'entretient également<br />

dans tout son ensemble. S'il n'en est pas une seule<br />

pellicule de la largeur d'un pouce qu'il n'aime, alors il<br />

n'en est pas également une seule pellicule d'un pouce<br />

qu'il ne nourrisse et n'entretienne. Pour examiner et savoir<br />

ce qui lui est bon et ce qui ne lui est pas bon, s'en<br />

repose-t-il sur un autre que sur lui ? 11 ne se con<strong>du</strong>it en<br />

cela que d'après lui-même, et voilà tout.<br />

Entre les membres <strong>du</strong> corps, il en est qui sont nobles,<br />

d'autres vils ; il en est qui sont petits, d'autres grands *. Ne<br />

nuisez pas aux grands en faveur des petits; ne nuisez pas<br />

aux nobles en faveur des vils. Celui qui ne nourrit que<br />

les petits [Sa bouche et le ventre] est un petit homme, un<br />

homme vulgaire; celui qui nourrit les grands [['intelligence<br />

et la volonté] est un grand homme.<br />

Je prends maintenant un jardinier pour exemple : S'il<br />

néglige les arbres Ou et Kia 2 , et qu'il donne tous ses soins<br />

au jujubier, alors il sera considéré comme un vil jardinier<br />

qui ignore son art.<br />

Si quelqu'un, pendant qu'il prenait soin d'un seul de ses<br />

doigts, eût négligé ses épaules et son dos, sans savoir<br />

qu'ils avaient aussi besoin de soins, on pourrait le comparer<br />

à un loup qui s'enfuit [sans regarder derrière lui].<br />

' « Par membres nobles et grands, dit la Glose, il désigne îe cesur<br />

ou 1' intelligence el la volonté; par membres vils et petits, il indique<br />

îa bouche et le ventre. »<br />

2 Deux arbres très-beaux don! le bois.est très-esîimé.


MENG-1BKU. . 409<br />

Les hommes méprisent et traitent de vils ceux d'entre<br />

eux qui sont adonnés à la boisson et à la bonne chère,<br />

parce que ces hommes^ en. ne prenant soin que des<br />

moindres parties de leur corps, perdent les grandes.<br />

Si les honitnesadotmes à la boisson et a la bonne chère<br />

pouvaient ne pas perdre ainsi les plus nobles parties de<br />

leur être, est i nieraient-il s tant leur bot tel a' et leur ventre,<br />

même dans leur moindre pellicule?<br />

Ki. h'ounfj-tou-tsen fil une question en ees tenues :<br />

Les hommes se ressemblent tous. Les uns sont cependant<br />

de grands hommes, les autres de petits hommes ; pourquoi<br />

cela?<br />

MKNG-TSEC dit : Si Fou suit les inspirations des grandes<br />

parties de soi-même, on est un grand homme; si Ton<br />

suif les penchants des petites parties de soi-même, on est<br />

un petit homme.<br />

koung-îan-imi continua : Les lion unes se ressemblent<br />

tous. Cependant les uns suivent les inspirations des grandes<br />

parties de leur être, les autres suivent les penchants des<br />

petites ; pourquoi cela ?<br />

MENont des dons que le ciel nous a faits. Celui qui s'est d'abord<br />

attache fermement aux parties principales de. son<br />

être 2 ne peut pas être entraîne par les petites :] . En agis-<br />

1 «Le cœur (un), par la pissée ou la méditation, forme la science. »<br />

(Glose.)<br />

* « Le cœur ou l'intelligence et la pensée. » (Glose.)<br />

3 « Les organes des sens, ceux de l'ouïe, de îa vue. »<br />

35


410 M1N6-TOEU.<br />

sant ainsi, on est un grand homme [un saint ou un sage * ] ;<br />

et voilà tout.<br />

16. MEMG -TSTO dit : 11 y a une dignité céleste *, comme<br />

il y a des dignités humaines |ou conférées par les<br />

hommesj. L'humanité, l'équité, la droiture, la fidélité<br />

ittî la sincérité, et la satisfaction que l'on éprouve à pratiquer<br />

ces vertus sans jamais se lasser, voilà ce qui const<br />

ïîtn x Ia (lig11ît.é d11 ciel. Les titres de hotmg \çhef % (Vune<br />

priifcipiwi^ ; \, de A ing [premier ministre], et de Ta,-fou<br />

\premier administrateur]* voila quelles sont les dignités<br />

conférées par les lion unes.<br />

Les hommes de l'antiquité cultivaient les dignités qu'ils<br />

tenaient <strong>du</strong> ciel, et les dignités clés hommes les suivaient.<br />

Les hommes de nos jours cultivent les dignités <strong>du</strong> ciel<br />

pour ri te relier les dignités des hommes. Après qu'ils ont<br />

oh tenu les dignités des lion unes, ils rejettent celles <strong>du</strong><br />

ciel. CV.>t là le comble de ht démenée. Aussi à la fin doivent-ils<br />

périr dans l'égarement.<br />

17. M E>'< « -ïS Ki; dit : Le desir 1 esse 3 o u < 1 e 1 a<br />

distinction «'t des honneurs est. un sentiment commun à<br />

tous les lion m les : chaque homme possède la noblesse eu<br />

lui-même * . seulement il ne pense pas à la chercher<br />

eu lui.<br />

Ce que les hommes regardent comme la noblesse, ce<br />

n'est pas la véritable et noble noblesse. Ceux que Tckmhmeng<br />

[premier ministre <strong>du</strong> roi de Tksi) a faits nobles^<br />

Tclêao-meng peut les avilir.<br />

Le Livre dp. Vers 5 dit :<br />

« Glose.<br />

1 « La dignité céleste, dit Tcheu-hi, est celle que donnent la vertu<br />

et l'équité, qui font que l'on est noble et distingué par soi-même. »<br />

8 Koud. Ce mot renferme l'idée d'une noblesse conférée par les<br />

emplois que Ton occupe, ou par les dignités dont elle n'est jamais<br />

séparée.<br />

* « La noblesse possédée en soi-même, ce sont les dignités <strong>du</strong><br />

ciel. » (TCHOU-HI.)<br />

s Ode Ki-tmuï, section Ta-ya.


MBNG-T81U. 411<br />

ce 11 nous a enivrés de vin :<br />

te 11 nous a rassasiés de vertus î »<br />

Cela signifie qu'il nous a rassasiés d'humanité et d'équité.<br />

C'est pourquoi le sage ne désire pas se rassasier de<br />

la saveur delà chair exquis*» ott <strong>du</strong> iiiïlleL Fin* bonne<br />

renommée el de grandes louants deviennent son partage<br />

; c'est, ee qui fait qu'il ne désire pas porter tes vêtements<br />

brodés.<br />

IS. MKMî-TSKI' dit : L'humanité subjugue l'inhumanité,<br />

eomnie l'eau subjugue on dompte le l'en, deux qui de nos<br />

jours exercent l'humanité sont eonune eeiix qui. avec une<br />

coupe pleine d eau, voudraient éteindre le l'eu d'une voiture<br />

chargée de bois, et quL voyant que le l'eu ne s éteint<br />

pas, diraient : « L'eau ne dompte* pas le- l'eu. » C'est de<br />

la même manière |cYst-à-dire aussi faiblement, aussi mollement]<br />

que ceux qui sont humains aident eeux qui sont<br />

arrives au dernier degré de l'inhunianité mi de la perversité<br />

à dompter leurs mauvais penchants.<br />

Aussi finissent-ils nécessairement- par périr dans leur<br />

iniquité.<br />

19. M KN ( ; - TS ET" dît : Les e i n q so r t es de e < '• rt '« a I o s sont les<br />

meilleurs des grains ; mais s'ils ne sont pas arrhes à leur<br />

maturité, ils ne valent pas les plantes Thi et l*aï. L'humanité<br />

iarrivée à sa perfection| réside aussi dans la maturité,<br />

et rien de plus.<br />

20. MK.Vï-TSKI dil : Lorsque Y (l'habile archer) enseignait<br />

aux hommes a tirer de l'are, il se faisait un devoir<br />

d appliquer tonte son attention à tendre Tare. Ses élèves<br />

aussi devaient appliquer toute leur attention à bien tendre<br />

Tare.<br />

Lorsque Ta-ilmmuj l enseignait les hommes (dans un<br />

art|, il se faisait un devoir de se servir de la règle et de<br />

l'equerre. Ses apprentis devaient aussi se servir de la règle<br />

et de Féquenv.<br />

1 C'était un Koung-sse, littéralement, maître è§ arts.


412 MENG-TSEU.<br />

CHAPITRE VI.<br />

COMPOSE DE 16 ARTICLES.<br />

I. Un homme <strong>du</strong> royaume de Jin interrogea Ouo-liutseu<br />

* en ces termes : Est-il d'une plus grande importance<br />

d'observer les rites que de prendre ses aliments ?<br />

11 répondît : Les rites sont d'une plus grande importance.<br />

— Est-il d'une plus grande importance d'observer les<br />

rites que les plaisirs <strong>du</strong> mariage ?<br />

— Les rites sont d'une plus grande importance.<br />

— [Dans certaines circonstances] si vous ne mangez<br />

que selon les rites^ alors vous périssez de faim ; et si vous<br />

ne vous conformez pas aux rites pour prendre de la nour-^<br />

riture^ alors vous pouvez satisfaire votre appétit. Est-il<br />

donc nécessaire de suivre les rites ?<br />

Je suppose îe cas où si un jeune homme allait luimême<br />

au-devant de sa fiancée 2 ? il ne l'obtiendrait pas<br />

pour épouse ; et si, au contraire , il n'allait pas lui-même<br />

au-devant d'elle, il l'obtiendrait pour épouse. Serait-il<br />

obligé d'aller lui-même au-devant de sa fiancée !<br />

Ouo-liu-tseu ne put pas répondre. Le lendemain, il se<br />

rendit dans le royaume de Tlisou, afin de faire part de<br />

ces questions à MENG-TSEU.<br />

MENG-TSEU dit : Quelle difficulté avez-vous donc trouvée<br />

à répondre à ces questions ?<br />

En n'ayant pas égard à sa base, mais seulement à son<br />

sommet, vous pouvez rendre plus élevé un morceau de<br />

bois d'un pouce carré que le faîte de votre maison.<br />

« L'or est p!u6 pesant que la plume. » Pourra-t-on<br />

1 Disciple de MENG-TSEU.<br />

* C'est une des-six observances ou cérémonies do mariage d'aller<br />

soi-même au-devant de sa fiancée pour l'intro<strong>du</strong>ire dans sa demeure.


MENG-TSEU. 413<br />

dire cependant qu'un bouton d'or pèse plus qu'une voiture<br />

de plumes ?<br />

Si en prenant ce qu'il y a de plus important dans le<br />

boire et le manger, et ce qu'il y a de moins important<br />

dans les rîtes, on les compare ensemble, trouverai-on<br />

que le boire et le manger ne sont seulement que d'une<br />

plus grande importance? Si, en prenant ce qu'il y a de<br />

plus important dans les plaisirs <strong>du</strong> mariage, et ce qu'il y<br />

u do moins important dans tes rif.es. on les compare ensemble,<br />

trouvera-t-on que les plaisirs <strong>du</strong> mariage ne sont,<br />

seulement que d % nne plus grande importance?<br />

Allez, et répondez a celui qui vous a interrogé par ces<br />

paroles : Si, en rompant un hras à voire frère aîné, vous<br />

lui prenez des aliments, a!ors vous aurez de quoi vous<br />

nourrir; mais si» en ne le lui rompant pas, vous ne pouvez<br />

obtenir de lui ih i s aliments, le lui romprez-vous?<br />

Si en pénétrant a tnners le mur dans la partie orientale<br />

l d'une maison voisine, vous en enlevez la jeune tille,<br />

alors vous obtiendrez une épouse: si vous ne l'enlevez<br />

pas, vous n'obtiendrez pas d'épouse ; alors l'enlèverezvous<br />

?<br />

2. Kim) [frère cadet <strong>du</strong> roi j de ïlmio fît une question<br />

en ces fermes ; Tous les bon mies, dil-on, peu vent être<br />

des ) no et des ('/nu* : cela est-il vrai ?<br />

MfcMi-Tsia dit : Il en est ainsi.<br />

Kiou dit : Moi A'iao. j*ai enten<strong>du</strong> dire que 11 en-ivany<br />

avait, dix pieds de haut, et lit an g nenf 2 ; maintenant,<br />

moi /WVïO, j'ai une taille de neuf pieds quatre pouces, je<br />

mange <strong>du</strong> millet, et rien de plus ije n'ai pas d'antres talents<br />

que cela]. Comment dois-je. faire pour pouvoir être,<br />

jnn Y no ou un (:iftni\ k t<br />

MENC-TSï-X dit : Pensez-vous que cela consiste dans la<br />

faille? Il faut faire ce qu'ils ont, lait, et rien de pins»<br />

1 Partie occupée par les femmes.<br />

f Ces deux rois soot placés par les Chinois immédiatemenl après<br />

Yao et Chun.<br />

35.


414 MENG-T81U.<br />

Je suppose un homme en ce lieu. Si ses forces ne peuvent<br />

pas lutter contre celles <strong>du</strong> petit d'un canard, alors<br />

c'est un homme sans forces. Mais s'il dit : Je puis soulever<br />

un poids de cent À"'!**! [ou trois cents livres chinoises;,<br />

c'est un liitiiïi*. 4 fort. S'il rit est ainsi, alors il<br />

soulevé le poids que soulevait le fameux ()U-IH\P: ces!<br />

aussi par conséquent un autre On-/tof\ et rien de plus.<br />

Pourquoi cet lion une s'af'il itérait -il de ne pas surpasser<br />

! ! eo ti (Ittfo) en forces corporelles? c'est seulement de ne<br />

pas areoiuplir leurs liants faits et pratiquer leurs vertus<br />

qu'il de\rait s'at'iliijer.<br />

Celui qui. marchant lentement, suit ceux qui sont p'ns<br />

a\aueés en àp\ est appelé plein de déférence; celui qui,<br />

marchant rapidement, de variée ceux qui sont plus avance<br />

eu àue. est appelé sans de 1ère née. Tue démarche lente<br />

Ipour témoigner sa déférencej dépasse f-elle le pouvoir<br />

de l'homme? Ce n'est pas ce qu'il ne peut pas? mais ce<br />

qu'il ne fait pas. La principale rè^le di 1 con<strong>du</strong>ite de î oo<br />

et de (;lo;


M1NG-T8EU. 415<br />

3. Eêwig-Min-teheou fit une question en ces termes :<br />

Kao-tseu disait : « L'ode Siao-pan * est une pièce de<br />

ci vers d'un homme bien médiocre. »<br />

MING-TSEU dit : Pourquoi Kao-isens'exprime-t-il ainsi?<br />

— Farci» que celui quî parle dattNCut.fi 1 ode éprouve un<br />

sentiment d'indignation contre son père.<br />

MKN


416 MIMG-TSEU.<br />

filiale était grande ! A l'âge de cioquante ans, il chérissait<br />

encore vivement ses parents.<br />

4. Sôung-kkeng l voulant se rendre dans le royaume de<br />

Tfuou, MENG-TSEU alla au-dëvant de lui dans la région<br />

Che-khieou.<br />

HENG-TSEU lui dit : Maître, où allez-vous ?<br />

Soung-kheng répondit : J'ai enten<strong>du</strong> dire que les<br />

royaumes de Tàsin et de Tksou allaient se battre. Je veux<br />

voir le roi de Thwu, et lui .parler pour le détourner de la<br />

guerre. Si le roi de Tàsou n'^est point satisfait de mes observations,<br />

j'irai voir le roi.deTAtm, et je l'exhorterai à<br />

ne pas faire la guerre. De ces deux rois* j'espère qu'il'y<br />

en aura un auquel mes exhortations seront agréables.<br />

MENG-TSEU dit : Moi KHO, j'ai une grâce à vous demander;<br />

je ne désire pas connaître dans tous ses détails<br />

le discours que vous ferez, mais seulement le sommaire.<br />

Que lui direz-vous?<br />

Soung-kkeng dit : Je lui dirai que la guerre qu'il veut<br />

faire n'est pas profitable.<br />

MENG-TSEU dit : Votre intention, maître, est une grande<br />

intention ; mais le motif n'en est pas admissible.<br />

Maître, si vous parlez gain et profit aux rois de Th*in<br />

et de Thsou, et que les rois de Tksin et de Th*ou9 prenant<br />

plaisir à ces profits, retiennent la multitude de leurs trois<br />

armées, les soldats de ces trois armées se réjouiront d'être<br />

retenus loin des champs de bataille, et se complairont<br />

dans le gain et le profit.<br />

Si celui qui est serviteur ou ministre sertson prince<br />

pour l'amour <strong>du</strong> gain ; si celui qui est fils sert son père<br />

pour l'amour <strong>du</strong> gain ; si celui qui est frère cadet sert<br />

son frère aîné pour l'amour <strong>du</strong> gain : alors le prince et<br />

ses ministres, le père et le fils, le frère aine et le frère<br />

cadet, dépouillés enfin de tout sentiment d'humanité et<br />

d'équité, n'auront des égards l'un pour l'autre que pour<br />

1 « Docteur qui, pendant que les royaumes étaient en guerre, les<br />

parcourait pour répandre sa doctrine. » {Glose.;


MENG-TWX. 417<br />

le seul amour <strong>du</strong> gain. Agir ainsi, et ne pas tomber dans<br />

les plus grandes calamités, c'est ce qui ne s'est jamais vu.<br />

Maître, si vous parlez d'humanité et d'équité aux rois<br />

de Thsin et de Thsouf et que les rois de Thsin et de Th&ou,<br />

prenant plaisir a l'humanité et à l'équité, retiennent la<br />

multitude de leurs armer.-*, les soldats de ers trois années<br />

se réjouiront d'être retenus loin des ehamps de bataille,<br />

et se eum plairont dans I Iniuianite et I équité.<br />

Si eelui qui eM ser\ fleur t>ïï ministre sert ^ti priuee<br />

pour l'amour de l'humanité et de l'equite: si eelui qui est<br />

lîls sert son père pour l'amour de l'humanité et de l'équité :<br />

si eelui qui est lî|> radef sert son frère aine pour l'amour<br />

de 1 humanité et de l'équité : alors le priuee et ses ministres,<br />

le père e! le fils, le frère aine ef |e frère eadet,<br />

ayant repousse d eu\ l'appât dît uam. n'auront des égards<br />

l'un j')onr l'autre que pour le seul amour «le l'humanité<br />

et de l'équité. A^ir ainsi, et ne pas remuer eu souverain<br />

sur tout l'empire, e est ee qui ne s'est jamais vit.<br />

OuVst-il besoin de parler ^.ain et profil ?<br />

o. Pendant que Mon Tsrir habitai! dans le royaume<br />

de Tltstvu, hi'jiit |lïeree;ider <strong>du</strong> roi de .///H, (pu était.<br />

reste a la plaça* de son frère pour garder le royaume de<br />

.////, lui fit oftrir des pieees d étoiles de suie isaïis j(> visiter<br />

lui-mèmH. Mfcx.-isia h*s aeeepta sans faire de remerrlments.<br />

I fi jour qu'il se trouvait dans la ville de t'i<strong>du</strong>tj-ln (<strong>du</strong><br />

roxamue. de ///s/1, Trlum-tseit, qui était ministre, lut lit<br />

offrir «les pièees d étoffes de soie. Il le> aeeepta sans taire<br />

de retuerrîtneufs.<br />

I n autre jour, étant passé <strong>du</strong> rovaume de Thww dans<br />

eelui de Jîn, il alla rendre visite a ï\i-t$ru ipoiir le réméré<br />

fer de ses présentsI. Etant passe de la ville de<br />

l'hiuy-h) dans la ea pi taie «lu royaume de /)W, il n'alla,<br />

pas rendre visite a ï'rhou-fn'a.<br />

(Jmt-liii-tsc.u^ se réjouissant en lui-même, dit : Moi Umi,<br />

\ ai reiironfre l'oeeasiou que je rherehais.<br />

II lit une question «ai ees termes : Maître, étant passe


418 MENG-TSEU.<br />

dans le royaume de Jin, vous avez visité Ki-tseu; étant<br />

passé dans le royaume de Thsi% vous n'avez pas visité<br />

1 \:ltvm-lmi; esf-ee pur ee cftrll était ministr e !<br />

MKMJ-TSKI' dit. : Aucunement. Le Chon-kmg * dit :<br />

« Lorsqu'on fait des présents à un supérieur, on doit em-<br />

« ployer la pins grande urbanité, la plus guindé politesse<br />

u possible. Si celte poli fesse n'est pas équivalente aux<br />


MENG-TOEU. 419<br />

qui ne refusait pas un petit emploi, c'est Liêôu-kia-kûet,<br />

Ces trois'hommes, quoique avec une règle de con<strong>du</strong>ite<br />

différente, n'eurent qu'un seul but. Ce seul but, quel<br />

était-il? c'est celui qu'on appelle l'humanité 1 . L'homme<br />

supérieur ou le su^e est humain; e( voilà tout. QuVt-ii<br />

besoin de ressembler uu\ attires sui:es?<br />

(luifi-ifu-koupii dit : llu temps de Mo, Lioumj de Lou.<br />

pendant que Kouny-i-twu avait en nia in toute l'administration<br />

de l'empire, que Tseu-tieou et Tseu~me étaient<br />

ministres, le royaume de LA ni perdit beaucoup plus de<br />

son territoire qu'auparavant. Si ces faits sont véritables.<br />

les sa^es ne sont doue d'à tien ni: 1 utilité h un royaume?<br />

MKNU-TSEI' dit : Le roi de ) //, n'ayant pas employé (le<br />

sagi : j Ve-l i-li i, pe r< I i t. so n ro y a u 11 le. Mou, h 'ou // g de 7 lism,<br />

l'ayant employé, devint cl tel' des princes vassaux. 811<br />

n "avait pas employé des sa^es dans ses conseils, alors il<br />

aurait per<strong>du</strong> son royaume. Comment la présence des<br />

Sii^es dans les conseils des princes pourrait-elle occasionner<br />

une diminution de territoire?<br />

fJh u n -y u - ko ne a d i i : Lorsque a 11 i re ! b î s II "n wj-pao habitait<br />

près <strong>du</strong> fleuve A"/, les habitants de la partie occidentale<br />

<strong>du</strong> fleuve Jaune fie vinrent habiles dans Tari de<br />

chanter sur des notes basses. Lorsque Mimi-kin habitait<br />

d ans le Kno-tang ? les habitants i le I a pa r ! i e t i roi te t l u<br />

royaume de 77/$*' devinrent habiles dans Tari de chanter<br />

sur des notes élevées. Les épouses de Hoa-tchj'ou et de<br />

Ki-lian(j*y qui étaient habiles à déplorer la mort île leurs<br />

maris sur un ton lugubre, changèrent les m murs des<br />

i IOI n mes <strong>du</strong> ro y an rue. Si quelqu'un possède en lui-même<br />

un senti nient profond» il se pro<strong>du</strong>ira nécessairement, à<br />

l'ex ter ieur « Je n'ai jamais vu, moi Kc/um, un Itou ni te 1 pratiquer<br />

les sentiments de vertu qu'il possède intérieure-<br />

1 •- Par lomot/éi jmmatuJv:* dît Te hou-h i. il iiiiliqii*"* uii état <strong>du</strong><br />

••«fur sans passions MU niîSrtHs privés, et. i-'JiiifHVtiant en .soi la raison<br />

."SfeMr. •<br />

1 « Deux hommes qui, étant ministres <strong>du</strong> roi de Thri, avaient été<br />

tués dans un combat par Kiu. » (Glose.)


420 MENG-T8EU.<br />

ment; sans que ses mérites soient reconnus. C'est pourquoi,<br />

lorsqu'ils ne sont pas reconnus, c'est qu'il n'y a pas<br />

de sage *. SU en existait, moi Kùum% je les connaîtrais<br />

certainement.<br />

MENG-TSEU dit : Lorsque IBOUNG-TSEO était ministre<br />

de injustice dans le royaume de IJM, le |iriiice ne tenait<br />

aucun compte de ses conseils. I n sacrifice eut bientôt - lieu<br />

|dans le temple dédie aux ancêtres|. Le reste des viandes<br />

o Ile îles ne lui ayant pas été envoyé | comme l'usage le<br />

voulait], il résigna ses fonctions, et partit sans avoir même<br />

pris le temps dViter son bonnet de cérémonies. Ceux qui<br />

ne connaissaient pas le motif de sa démission pensèrent<br />

qu'il lavait donnée à eatise de ce qu'on ne lui avait pas<br />

envoyé les restes <strong>du</strong> sac ri liée; ceux qui crurent le connaître<br />

pensèrent (pie c'était, à cause de Fi ni politesse au<br />

prince, tjnaiit à KiiorNG-TSEC, il voulait se retirer sous le<br />

prétexte d'une faute imperceptible de la part <strong>du</strong> prince;<br />

il ne voulait pas que l'on crut qu'il s'était retiré sans<br />

cause. Quand le sage fait quelque chose, les hommes de<br />

la foule, les hommes vulgaires .tfen comprennent certainement<br />

pas les motifs-.<br />

7» MKN


MENG-TSIU. 421<br />

rhommage que les différents princes régnants venaient<br />

rendre au fils <strong>du</strong> Ciel- s'appelait visite de homptes-ren<strong>du</strong>s<br />

'[ehou^tchi].<br />

Au printemps, l'empereur visitai! les laboureurs, et îl<br />

assistait ceux qui n'avaient pa* le suffisant. Kii automne,<br />

il visitait ceux qui recollaient les fruits de la terre. H il<br />

aidait ceux qui lùivatm! pas de quoi se suffire.<br />

Si» lorsqu'il entrait dans les contins <strong>du</strong> territoire des<br />

prinees remuants qu'il visitait» il trouvait la terre dépouillée<br />

de broussailles ; si leschamps, si les eatapantes étaient<br />

bien cultives; si les vieillards étaient entretenus sur les<br />

revenus publies, et les sages honorés; si les hommes les<br />

plus distingues par leurs talents occupaient les emplois<br />

publies: alors il donnait des récompenses aux prinees, et<br />

ees réeompenscs consistaient en un aeeroisseiuent de territoire.<br />

Mais si au contraire, en entrant sur le territoire ûv$ .<br />

princes régnants qu'il visitait. îl trouvait la ferre inculte<br />

ut rouverte de broussailles; si ces prinees négligeaient les<br />

vieillards, dédaignaient les sages: si des exaeteurs et des<br />

bouillies sans probité occupaient les emplois publies:<br />

alors il chàliait ces princes.<br />

Si ces prinees manquaient une seule Ibis, de rendre<br />

leur visite d7/o//////'//// et de comptes rat f ht s a l'empereur.<br />

alors relui-ei les faillit descendre d'un degré de leur dignité.<br />

S'ils manquaient deux Ibis de rendre leur visite<br />

d'hommage a l'empereur, alors eelui-ei diminuait leur<br />

territoire. S sis manquaient trois fois de taire leur visite<br />

dTioint liage a l'empereur, alors six corps de troupes de<br />

l'empereur allaient les changer.<br />

(l'est pourquoi le fils <strong>du</strong> (liel punit ou ehàtie les ditléreiits<br />

princes régnants sans les combat Ire par les armes :<br />

les différents prinees régnants combattent par les armes,<br />

sans avoir par eux-mêmes l'autorité de punir ou de chà!ici*<br />

un n» lie lie, Les cinq prinees clic t s de grands vassaux, se<br />

liguèrent avec un certain nombre de princes régnants<br />

pour combattre les autres princes régnants, (lest pour-<br />

36


422 MBNG-T8EU.<br />

quoi je disais que les cinq chefs des grands vassaux furent<br />

coupable^ envers les trois -souverains.<br />

De ces chefs de grands vassaux c'est. Bouan-koung qui<br />

fut le pîus puissant. A*yant convoqué à Koueî-khieou les<br />

ditlérenfs princes régnants î pour former une alliance<br />

entre euxkîl attacha la victime au lieu <strong>du</strong> sacrifice, plaça<br />

sur elle le livre jqut contenait le.s différents statuts <strong>du</strong><br />

pacte; fédéral!, sans tout (î fois passer sur les lèvres des fédères<br />

<strong>du</strong> sang de la victime.<br />

La première obligation était ainsi conçue : « Faites<br />

a mourir les enfants qui manqueront de piété filiale ;<br />

« n'otez pas l'hérédité au fils légitime pour la donner à un<br />

« antre; ne faîtes pas une épouse de votre concubine. »<br />

La seconde obligation était ainsi conçue : « Honorez<br />

« les sages jeu les élevant aux emplois et aux dignités];<br />

« donnez îles traitements aux hommes de talent et de<br />

« génie ; pro<strong>du</strong>isez au grand jour les hommes vertueux. »<br />

La troisième obligation était ainsi conçue : «Respectez<br />

« les vieillards ; chérissez les petits enfants; n oubliez pas<br />

«• de donner l'hospitalité aux botes et aux voyageurs. »<br />

La quatrième obligation était ainsi conçue : « Que les<br />


MENG-TSEU. 423<br />

ce vous, emportez chacun chez vous des sentiments de '<br />

« concorde et de honne harmonie. »<br />

Les différents priuees d aujourd'hui transgressent tons<br />

ces cinq obligations. Lest, pourquoi j'ai dit que lesdifférents<br />

princes de IJOS jours i ; faient coupables envers les<br />

cinq chefs des grands vassaux.<br />

Augmenter les vices des princes (par ^vs mlttlafions ou<br />

ses flatteriesj est uni' faute légère ; aller au-devant des<br />

vices des princes jeu tes encourageant par ses conseils ou<br />

ses exemples| est une laille grave. Ile nos jouis. les premiers<br />

administrateurs vont lotis au-devant des vices de<br />

leur prince; c'est pourquoi j'ai dit que les premiers administrateurs<br />


4Î4 MBNG-T8BIJ.<br />

quoiqu'il ne consistât qu'en cent li d'éten<strong>du</strong>e sur chaque<br />

côté.<br />

Thaï-koung reçut une principauté dans le royaume de<br />

Thsi, qui ne consistait aussi qu'en cent ii d'éten<strong>du</strong>e sur<br />

chaque côté. Ce territoire était bien loin de ne pas lui<br />

suffire, quoiqu'il ne consistât qu'en cent il d'éten<strong>du</strong>e sur<br />

chaque côté.<br />

Maintenant le royaume de Lou a cinq fois cent li d'éten<strong>du</strong>e<br />

sur chaque côté. Pensez-vous que si un nouveau<br />

souverain apparaissait au milieu de nous* il diminuerait<br />

reten<strong>du</strong>e <strong>du</strong> royaume de Lou ou qu'il l'augmenterait ?<br />

Quand même on pourrait prendre [la ville de Nanyang]<br />

sans coup férir, et l'adjoindre au royaume de Zon,<br />

un homme humain ne le ferait pas; à plus forte raison<br />

ne le ferait-il pas s'il fallait la prendre en tuant des<br />

hommes.<br />

L'homme supérieur qui sert son prince [comme il doit<br />

le servir] doit exhorter son prince à se conformer à la<br />

droite raison, à appliquer sa pensée à la pratique de l'humanité^<br />

et rien de plus. •<br />

9. MING-TSEU dit : Ceux* qui aujourd'hui servent les<br />

princes [leurs ministres] disent : « Nous pouvons, pour<br />

ce notre prince, épuiser' la fécondité de la terre, et rem-<br />

« plir les greniers publics. » Ce sont ceux-là que Ton appelle<br />

aujourd'hui de bons ministres, et qu'autrefois on appelait<br />

des spoliateurs <strong>du</strong> peuple.<br />

Si les ministres cherchent à enrichir le prince qui n'aspire<br />

pas à suivre la droite raison, ni à appliquer sa pensée<br />

à la pratique de l'humanité, c'est chercher à enrichir le<br />

tyran Kie.<br />

Ceux qui disent : « Nous pouvons pour notre prince<br />

ce faire des traités avec des royaumes ; si nous engageons<br />

ce une guerre, nous avons l'assurance de vaincre : » ce<br />

sont ceux-làque l'on nomme aujourd'hui de bons ministres,<br />

et qu'autrefois on appelait des spoliateurs des peuples.<br />

Si les ministres cherchent à livrer des batailles pour le<br />

prince qui n'aspire pas à suivre la droite raison, ni à ap-


MENG-TSEU. 425'<br />

pliqoer sa pensée à la pratique de rhiiroanité, c'est adjoindre<br />

des forces au tyran Kie.<br />

. S, . r *' M r mee s »^t la rèjde (j(, ron<strong>du</strong>in» dos ministres<br />

d aujourd'hui, et qu'il ne change pas les usages actuels,<br />

quand même vous lui donneriez IVinphv, îIVK» pourrait<br />

pas seulement fe conserver un matin.<br />

l0 - 1^-kotm dit : loi jodesiivrais, sur vingt, ne prélever<br />

qu'un. Qu'en pensez-von s?<br />

MEM;-rsi-r dit: Voire jv-Je pour la I^v«V de l'impôt<br />

est la règle dis barbares des régions septentrionales.<br />

Dans un royaume de dix mille maisons, si un seul<br />

homme exerce fart d«*la poterie, pourra-t-il suffire à fous<br />

les besoins ?<br />

l'c-kow-ï i\\\ : Une If pourra pas, Los vases qu'il fabriquera<br />

ne pourront suffire a 1 usage <strong>du</strong> foutes les<br />

i liaisons.<br />

WEM;-TSEi^


426 MENG-TSEU.<br />

poterie, le royaume ne pourra pas ainsi subsister ; à plus<br />

forte raison, s'il manquait d'hommes distingués par leur<br />

sagesse et leurs lumières [pour occuper les emplois publics].<br />

Si nous voulions rendre l'impôt plus léger qu'il ne l'est<br />

d'après le principe de Yao et de Chun '[qui exigeaient<br />

le dixième <strong>du</strong> pro<strong>du</strong>it]* il y aurait de grands barbares<br />

septentrionaux et de petits barbares septentrionaux, tels<br />

que nous.<br />

Si nous voulions rendre l'impôt plus lourd qu'il ne l'est<br />

d'après le principe de Yao et de Chun, il y aurait un grand<br />

tyran <strong>du</strong> peuple nommé Kie, et de petits tyrans <strong>du</strong> peuple,<br />

nouveaux Kie> tels que nous.<br />

11. Pe-kouet dit : Moi 7a», je surpasse Yu dans l'art .<br />

de maîtriser et de gouverner les eaux.<br />

MENG-TSEU dit : Vous êtes dans l'erreur. L'habileté de<br />

Yu dans Fart de maîtriser et de diriger les eaux consistait<br />

à les faire suivre leur cours naturel et rentrer dans<br />

leur lit. ,<br />

C'est pour cette raison que Yu fit des quatre mers le<br />

réceptacle des grandes eaux ; maintenant, mon fils, ce sont<br />

les royaumes voisins que vous aviez faits le réceptacle des<br />

eaux *. .<br />

Les eaux qui coulent en sens contraire, ou hors de leur<br />

lit sont appelées eaux débordées ; les eaux débordées sont<br />

les grandes eaux} ou les eaux de la grande inondation <strong>du</strong><br />

temps de l'empereur Fao. C'est une de ces calamités que<br />

l'homme humain abhorre. Mon fils, vous êtes dans l'erreur.<br />

42. MENG-TSEU dit : Si l'homme supérieur n'a pas<br />

une confiance ferme dans sa raison, comment, après avoir<br />

embrassé la vertu, pourrait-il la conserver inébranlable ?<br />

13. Comment le prince de Lou désirait que £o-tchingtseu<br />

(disciple de MENG-TSEU) prît en main toute l'administration<br />

<strong>du</strong> royaume, MENG-TSEU dit : Moi, depuis<br />

s C'est-à-dire qu'il n'a fait que déverser îes eaux dans les royaumes<br />

voisins.


MENti-TSIU. 427<br />

que j'ai appris cette nouvelle* je n'en dors pas de joie.<br />

Koungsun-tcheou dit : Lo4ching-tseu a-t-il de l'énergie ?<br />

MENG-TSEU dit : Aucunement.<br />

— A-t-il de la prudence et un esprit apte à combiner<br />

de grands desseins î<br />

— Aucunement.<br />

A-t-il beaucoup étudié* et ses connaissances sont-elles<br />

éten<strong>du</strong>es ?<br />

— Aucunement.<br />

— S'il en est ainsi* pourquoi ne dormez-vous pas de<br />

joie ?<br />

— Parce que c'est un homme qui Aime le Men.<br />

— Aimer le bien suffit-il ?<br />

— Aimer le bien* c'est plus qu'il ne faut pour gouverner<br />

l'empire-; à plus forte raison pour gouverner le<br />

royaume de Lou!<br />

Si celui qui est préposé à l'administration d'un État<br />

aime le bien* alors les hommes de bien qui habitent entre<br />

les quatre mers regarderont comme une tâche légère de<br />

parcourir mille li pour venir lui conseiller le bien.<br />

Mais s'il n'aime pas le bien* alors les hommes se prendront<br />

à dire : « C'est un homme suffisant qui répète [à<br />

(f chaque avis qu'on lui donne] : Je sais déjà cela depuis<br />

ce longtemps. » Ce ton et cet air suffisant repoussent les<br />

bons conseillers au delà de mille li. Si les lettrés [ou les<br />

hommes-de bien en général 1 ] se retirent au delà de mille<br />

li, alors les calomniateurs* les a<strong>du</strong>lateurs* les flatteurs %<br />

[les courltsans de toutes sortes] arrivent en foule. Si* se<br />

trouvant continuellement avec des flatteurs* des a<strong>du</strong>lateurs<br />

et des calomniateurs* il veut bien gouverner* comment le<br />

pourra-t-H'?<br />

14. Tchin-tseu dit : Comment les hommes supérieurs<br />

de l'antiquité acceptaient-ils et géraient-ils un ministère ?<br />

MENG-TSEU dit : Trois conditions étaient exigées pour<br />

« Glose.<br />

1 Littcralemunl, ceux dont le visage donne toujours un assentiment*


428 MENG-T8EU.<br />

accepter un ministère* et trois pour s'en démettre.<br />

D'abord : Si le prince en recevant ces hommes supérieurs<br />

leur avait témoigné des sentiments de respect, s'il<br />

avait <strong>mont</strong>ré de l'urbanité ; si* après avoir enten<strong>du</strong> leurs<br />

maximes* il se disposait à les mettre aussitôt en pratique*<br />

alors ils se rendaient près de lui. Si* par la suite* sans<br />

manquer d'urbanité* le prince ne mettait pas leurs<br />

maximes en pratique* alors ils se retiraient<br />

Secondement : Quoique le prince n'eût pas encore mis<br />

leurs maximes en pratique ,si en les recevant il leur avait<br />

témoigné <strong>du</strong> respect et <strong>mont</strong>ré de l'urbanité* alors ils se<br />

rendaient près de lui. Si ensuite l'urbanité venait à manquer*<br />

ils se retiraient.<br />

Troisièmement : Si le matin le prince laissait ses ministres<br />

sans manger* s'il les laisssait également le soir sans<br />

manger ; que* exténués de besoins* ils ne pussent sortir<br />

de ses États* et que le prince* en apprenant leur position*<br />

;dise r ce Je ne puis mettre en pratique leurs doctrines*<br />

ce qui sont pour eux la chose la plus importante ; je ne<br />

ce puis également suivre leurs avis-; mais cependant* faire<br />

« en sorte qu'ils meurent sur mon territoire* c'est ce<br />

ce dont je ne puis m'empêcher de rougir; » si* dis-je<br />

dans ces circonstances ils vient à leur secours [en leur<br />

donnant des aliments]* ils peuvent en accepter pour s'empêcher<br />

de mourir* mais rien de plus.<br />

15. MENG-TSEU dit : Chun se pro<strong>du</strong>isit avec éclat dans<br />

l'empire* <strong>du</strong> milieu des champs; Fou-youé fut élevé au-rang<br />

de ministre* de maçon f qu'il était; Kiao-'he 2 fut élevé [au<br />

rang de conseiller de Wen-wang], <strong>du</strong> milieu des poissons<br />

et <strong>du</strong> sel qu'il vendait; Kouan-i-ou fut élevé au rang de<br />

ministre* de celui de geôlier des prisons ; Sun-cko-ngao<br />

fut élevé à une haute dignité* <strong>du</strong> rivage de la mer [où il<br />

vivait ignoré] ; Pe4i-M fut élevé ûu rang de conseiller<br />

d'Etat* <strong>du</strong> sein d'une échoppe.<br />

1 Sous Se règne de Woit-tiny. de la dynastie des Chang.<br />

2 Sous Wen-wany.


MBNtJ-TSEC. 429<br />

C'est ainsi que> lorsque le ciel veut conférer une grande<br />

magistrature [ou une grande mission] à ces hommes d'élite,<br />

il commence toujours par éprouver leur âme et leur<br />

intelligence dans l'amertume de jours difficiles; il fatigue<br />

jours iiii'ls H leurs os par des tra\au\ |n ; ttîbii*s; il torture<br />

dans 1rs fouritienisde la faim leur chair et leur peau;<br />

il ré<strong>du</strong>it Iiiir personne a fontes les privations de la misère<br />

et <strong>du</strong> besoin; il ordonne


130 MENG-T8EU.<br />

CHAPITRE VIL<br />

COMPOSÉ DE 46 ARTICLES.<br />

L MK>«-TSEI- dit : Celui qui développe toutes les fani<br />

!'* s c'est la source d'où Sa raison<br />

procède. »<br />

u,dOTI


MENG-T8EU. 431<br />

chercher sert à trouver ou obtenir, si nous cherchons les<br />

choses qui sont en nous *.<br />

Il y a une règle, un principe sûr pour faire ses recherches;<br />

il y a une loi fatale dans l'acquisition de ce<br />

que Ton cherche. C'est ainsi que chercher ne sert pas à<br />

obtenir, si nous cherchons des choses qui sont hors de<br />

nous *.<br />

4. MING-TSEU dit : Toutes les actions de la vie ont en<br />

nous 3 leur principe ou leur raison d'être. Si, après avoir<br />

fait un'retour sur soi-même, on les trouve parfaitement<br />

vraies, parfaitement conformes à notre nature, il n'y a<br />

point de satisfaction plus grande.<br />

Si on fait tous ses efforts pour agir envers les autres<br />

comme on voudrait les voir agir envers nous, rien ne fait<br />

plus approcher de l'humanité, lorsqu'on la cherche, que<br />

cette con<strong>du</strong>ite.<br />

5. MENG-TSHJ dit : Oh ! qu'ils sont nombreux ceux qui<br />

agissent sans avoir l'intelligence de leurs actions;.qui<br />

étudient sans comprendre ce qu'ils étudient ; qui, jusqu'à<br />

la fin de leurs jours, marchent sans connaître la droite<br />

voie !<br />

6. MENG-TSM? dit : L'homme ne peut pas ne point<br />

rougir de ser&utes. Si une fois il a honte de ne pas avoir<br />

eu rhonte de se&;fautes, il n'aura plus de motifs de honte.<br />

7. MENG-TSéU dit : La pudeur ou la honte est d'une<br />

trè&-grande importance dans l'homme.<br />

Ceux qui exercent les arts de ruses et de fourberies<br />

n'éprouvent plus le sentiment de la honte. Ceux qui<br />

n'éprouvent plus le sentiment de la honte ne sont plus<br />

semblables aux autres hommes. En quoi leur ressembleraient-ils?<br />

8. MENG-TSEU dit : Les sages rois de l'antiquité ai-<br />

1 « Comme l'humanité, l'équité, etc. » {Glose.)<br />

2 « Comme les richesses, les honneurs, le gain, l'avancemer.t. »<br />

(Glose.)<br />

3 C'est-à-dire dans notrj nature. » (Gl ose.)


432 MENG-TSEt-.<br />

maient la vertu et oubliaient leur autorité. Les sages<br />

lettrés de l'antiquité auraient-ils agi seuls d'une manière<br />

contraire? Ils se plaisaient à suivre leur droite voie^ et<br />

ils oubliaient l'autorité des hommes *. C'est pourquoi, si<br />

les rois et les Koung ou grands vassaux ne leur témoignaient<br />

pas des sentiments de respect, s'ils n'observaient<br />

pas envers eux toutes les règles de la politesse et de l'urbanité,<br />

alors souvent ces princes n'obtenaient pas la<br />

faculté de Ici voir. Par conséquent, si souvent ils n'obtenaient<br />

pas la faculté de les voir, à plus forte raison n'auraient-ils<br />

pas obtenu d'en faire leurs agents ou leurs<br />

sujets.<br />

9. MENG-TSEU, s'adressant à Soung-kêou~i§i&ny dit :<br />

Aimez-vous à voyager pour enseigner vos doctrines? moi<br />

je vous enseignerai à voyager ainsi.<br />

Si les hommes [les princes] auxquels vous enseignez vos<br />

doctrines en prennent connaissance et les pratiquent,<br />

conservez un visage tranquille et serein; s'ils ne veulent<br />

ni les connaître ni les pratiquer, conservez également un<br />

visage tranquille et serein ?<br />

Soung-keou-êsian dit : Comment faire pour conserver<br />

toujours ainsi un visage tranquille et serein. â<br />

MENG-TSEU dit : Si vous avez à vous honorer de votre<br />

-vertu, si vous avez à vous réjouir de votre équité, alors<br />

vous pourrez conserver un visage tranquille et serein.<br />

C'est pourquoi si le lettré [ou l'homme distingué par<br />

sa sagesse et ses lumières] se trouve accablé par la<br />

misère, il ne perd jamais" de vue l'équité; et s'il est<br />

promu aux honneurs, _ il ne s'écarte jamais de la voie<br />

droite.<br />

« S'il se trouve accablé parla misère, il ne perd jamais<br />

« de vue l'équité; » c'est pourquoi l'homme distingué<br />

par sa sagesse et ses lumières possède toujours l'empire<br />

qu'il doit avoir sur lui-même. « S'il est promu aux hon-<br />

» « Ils oubliaient la dignité et le rang des rois donl ils faisaient<br />

peu de cas. » (Glose.)


MENG-TSEU. 433<br />

neurs, il ne s'éearte jamais de'sa voie droite ; » c est pourquoi<br />

le peuple ne perd pas les espérances de bien-être<br />

qu'il avait conçues de son élévation.<br />

Si les hommes de l'antiquité f obtenaient la Téalisation<br />

de leurs desseins, ils faisaient participer le peuple<br />

aux bienfaits de la vertu et de l'équité. S'ils n'obtenaient<br />

pas la réalisation de leurs desseins, ils s'efforçaient d'améliorer<br />

leur propre personne, et de se rendre illustres<br />

dans leur siècle par leurs vertus. S'ils étaient dans la<br />

pauvreté, alors ils ne s'occupaient qu'à améliorer leur<br />

personne par la pratique-de la vertu. S'ils étaient promus<br />

aux honneurs ou aux emplois, alors ils ne s'occupaient<br />

qu'à faire régner la vertu et la félicité dans tout<br />

l'empire. *<br />

10. MENG-TSEU dit : Ceux qui attendent l'apparition<br />

d'un roi comme Wen-wang pour secouer la torpeur de<br />

leur âme et se pro<strong>du</strong>ire dans la pratique <strong>du</strong> bien, ceux-là<br />

sont des hommes vulgaires. Les hommes distingués par<br />

leur sagesse et leurs lumières -n'attendent pas l'apparition<br />

d'un Wen-wang pour se pro<strong>du</strong>ire.<br />

44. MENG-TSEU dit : Si vous donnez à un homme toutes<br />

les richesses et la puissance des familles de Han et de<br />

Weï, et qu'il se considère toujours avec la même humilité<br />

qu'auparavant, alors cet homme dépasse de beaucoup les<br />

autres hommes.<br />

42. -MENG-TSEU dit : Si un prince ordonne au peuple<br />

des travaux dans le but de lui procurer un bien-être à<br />

lui-même, quand même ces travaux seraient très-pénibles,<br />

il ne murmurera pas. Si, dans le but de conserver<br />

la vie aux autres, il fait périr quelques hommes <strong>du</strong> peuple,<br />

quand même celui-ci verrait mourir quelques-uns<br />

des siens, il ne s'irritera pas contre celui qui aura ordonné<br />

leur mort.<br />

43. MENG-TSEU dit : Les peuples ou les sujets des<br />

1 « Par les hommes de l'antiquité, il indique les lettrés <strong>du</strong> temps<br />

des trois (premières) dynastie. » (Glose.}


434 MEKG-TSEU.<br />

wchefs des grands vassaux sont contents et joyeux; les<br />

.sujets des rois souverains sont pleins de joie et de satisfaction<br />

1 .<br />

•Quoique le prince fasse faire quelques exécutions<br />

{nécessaires], le peuple ne s'en irrite pas; quoiqu'il lui<br />

procure des avantages, il n'en sent pas Se mérite. Le<br />

peuple chaque jour fait des progrès dans le bien, et il<br />

ne sait pas qui les lui fait faire.<br />

[Au contraire] partout où le sage souverain se transporte,<br />

le peuple se convertit au bien; partout où il réside,<br />

il agit comme les esprits [d'une manière occulte].<br />

L'influence de sa vertu se répand partout en haut et en<br />

bas comme celle <strong>du</strong> ciel et de la terre. Comment dira-t-on<br />

que ce sont là de petits bienfaits [tels que ceux que peuvent<br />

conférer les petits princes]?<br />

•14. MENG-TSEU dit : Les paroles d'humanité ne pénètrent<br />

pas si" profondément dans le cœur de l'homme qu'un<br />

renom d'humanité; on n'obtient pas aussi bien l'affection<br />

<strong>du</strong> peuple par un bon régime, une bonne administration<br />

et de bonnes lois, que par de bons enseignements et de<br />

bons exemples de vertu.<br />

Le peuple craint de bonnes lois, une bonne administration<br />

; le peuple aime de bons enseignements, de bons<br />

exemples de vertu. Par de bonnes lois, une bonne administration,<br />

on obtient de bons revenus [ou impôts] <strong>du</strong> peuple<br />

; par de bons enseignements, de bons exemples de<br />

vertu, on obtient le cœur <strong>du</strong> peuple.<br />

15. MENG-TSEU dit : Ce que l'homme peut faire sans<br />

études est le pro<strong>du</strong>it de ses facultés naturelles 2 ; ce qu'il<br />

connaît sans y avoir longtemps réfléchi, sans l'avoir médité,<br />

est le pro<strong>du</strong>it de sa science naturelle 3 .<br />

* Dans ce paragraphe et les suivants, MENG-TSEU signale la différence<br />

qu'il avait trouvée entre le régime des princes chefs de vassaux,<br />

et le régime des rois souverains.<br />

* « Qui n'ont d'autre origine que le ciel, qui ne procèdent d'aucune<br />

source, si ce n'est <strong>du</strong> ciel. » (Commentaire.)<br />

3 Commentaire.


MENG-TSEL*. 435<br />

Il n'est aucun enfant de trois ans qui ne sache aimer<br />

ses parents; ayant atteint rage de cinq ou six ans* il n'en<br />

est aucun qui ne sache avoir des égards pour son frère<br />

aîné. Aimer ses parents d'un amour filial, c'est de la<br />

tendresse; avoir des égards pour son frère aîné, c'est<br />

de l'équité. Aucune autre cause n'a fait pénétrer ces<br />

sentiments dans les cœurs de tous les habitants de l'empire.<br />

16. HENG-TSBU dit : Lorsque Chun habitait dans les<br />

retraites profondes d'une <strong>mont</strong>agne reculée, au milieu<br />

des rochers et des forêts ; qu'il passait ses jours avec des<br />

cerfs et des sangliers, il différait bien peu des autres<br />

hommes rustiques qui habitaient les retraites profondes<br />

de cette <strong>mont</strong>agne reculée. Mais lui, lorsqu'il avait enten<strong>du</strong><br />

une parole vertueuse, une parole de bien, ou qu'il<br />

avait été témoin d'une action vertueuse, il sentait bouillonner<br />

dans son sein les nobles passions <strong>du</strong> bien, comme<br />

les ondes des grands fleuves Kiemg et Ho, après avoir<br />

rompu leurs digues, se précipitent dans les abîmes sans<br />

qu'aucune force humaine puisse les contenir !<br />

17. MENG-TSEU dit : Ne faites pas ce que vous ne devez<br />

pas faire [comme étant contraire à la raison] *; ne désirez<br />

pas ce que vous ne devez pas désirer. Si vous agissez<br />

ainsi, vous avez accompli votre devoir.<br />

18. MING-TSEU dit : L'homme qui possède la sagacité<br />

de la vertu et la prudence de l'art, le doit toujours aux<br />

malheurs et aux afflictions qu'il a éprouvés.<br />

Ce sont surtout les ministres orphelins [ou qui sont<br />

les fils de leurs propres œuvres] et les enfants naturels 1<br />

qui maintiennent soigneusement toutes les facultés de<br />

leur âme dans les circonstances difficiles, et qui mesurent<br />

leurs peines jusque dans les profondeurs les plus<br />

cuisantes. C'est pourquoi ils sont pénétrants.<br />

19. MENG-TSEU dit : Il y a des hommes qui dans le ser-<br />

1 «Ce que la raison ne prescrit pas. » (Glose.)<br />

* Nothipulli sunî optimi. (COLUMILLE.)


436 MENO-TSEU.'<br />

vice-de leur prince [comme ministres] ne s'occupent uniquement<br />

que de lui plaire et de le rendre satisfait d'euxmêmes.<br />

Il y a des ministres qui ne s'occupent-que de procurer<br />

de la tranquillité et <strong>du</strong> bien-être à l'État ; cette tranquillité<br />

et ce bien-être seuls les rendent heureux et satisfaits.<br />

Il y a un peuple qui est le peuple <strong>du</strong> ciel *, et qui* s'il<br />

est appelé à remplir les fonctions publiques, les accepte<br />

pour faire le bien, s'il juge qu'il "peut le faire.<br />

Il y a de grands hommes, d'une vertu accomplie, qui,<br />

par la rectitude qu'ils impriment à toutes leurs actions,<br />

rendent tout ce qui les approche [prince et peuple] juste<br />

et droit.<br />

20. MENG-TSEU dit : L'homme supérieur éprouve trois<br />

contentements ; et le gouvernement de l'empire comme<br />

souverain n'y est pas compris.<br />

Avoir son père et sa mère encore subsistants, sans<br />

qu'aucune cause de trouble et de dissension existe entre<br />

le frère aîné et le frère cadet, est le premiers de ces contentements.<br />

N'avoir à rougir ni en face <strong>du</strong> ciel ni en face des<br />

hommes est le second de ces contentements.<br />

Être assez heureux pour rencontrer parmi les hommes<br />

de sa génération des hommes de talents et de vertus dont<br />

on puisse augmenter les vertus et les talents par ses instructions,<br />

est le troisième de ces contentements.<br />

Voilà les trois contentements de l'homme supérieur ;<br />

et le gouvernement de l'empire comme souverain n'y est<br />

pas compris.<br />

21. MENG-TSEU dit : L'homme supérieur désire un ample<br />

territoire et un peuple nombreux ; mais il ne trouve<br />

pas là un véritable sujet de contentement.<br />

L'homme supérieur se complaît en demeurant dans<br />

% « Ce sont les hommes d'élite sans emplois publics qui donnent<br />

à la raison céleste, qui est en nous, tous les développements qu'elle<br />

comporte : on le nomme le peuple <strong>du</strong> ciel.» (TCHOU-HI.)


MKNG-TSBU. 437<br />

l'empire, à pacifier et rendre stables les populations situées<br />

entre les quatre mers ; mais ce qui constitue sa nature<br />

n'est pas là.<br />

Ce qui constitue la nature de l'homme supérieur n'est<br />

pas augmente par un ^rand développement d'action. nVst<br />

pas //, fuuuif la tyrannie de ('/:t't;u-{xitt).<br />

habitait les bonis de la mer orieniale, il apprit l'élévation<br />

de îl in-iatiHj : et, se levant avee émotion, il dit : Pourquoi<br />

n'irai.^-je pas tue soumettre à lui? 4 ai enten<strong>du</strong> titre,<br />

que le chef des ::rand* va>sauxde I occident excellai t. dans<br />

la vertu (Lentretenir les vieillards.<br />

SU se 1 ruine vieillards, alors tous les hommes pleins<br />

d'humanité s'empresseront d'aller se soumettre à lui.<br />

Si élans une habitation de cinq arpents de terre vous<br />

planiez des mûriers au pied des murs, et que la femme<br />

1 Commentaire.<br />

2 Voyez liv. Il, chap. i, § 13.<br />

8 Comme chef des grands vassaux des provinces occidentales de<br />

l'empire.<br />

37.


438 MEKG-TSEU.<br />

de ménage élève des vers à soie, alors les vieillards pourront<br />

se couvrir de vêtements de soie ; si vous nourrissez<br />

cinq poules et deux porcs femelles, et que vous ne négligiez<br />

pas les saisons [de l'incubation et de' la conception],<br />

alors les vieillards pourront ne pas manquer de viande. Si<br />

un simple particulier cultive un champ de cent arpents,<br />

une famille de huit bouches pourra ne pas souffrir de la<br />

faim.<br />

Ces expressions [des deux vieillards], le chef des vassaux<br />

de l'occident excelle dans la veriu d'entretenir les<br />

vieillards, signifiaient qu'il savait constituer à chacun une<br />

propriété privée composée d'un champ [de cent arpent *]<br />

et d'une habitation [de cinq 2 ] ; qu'il savait enseigner aux<br />

populations l'art de planter [des mûriers] et de nourrir [des<br />

poules et des pourceaux]; qu'en dirigeant par l'exemple<br />

les femmes et les enfants, il les mettait à même de nourrir<br />

et d'entretenir leurs vieillards. Si les personnes âgées de<br />

cinquante ans manquent de vêtements'de soie, leurs membres<br />

ne seront pas réchauffés. Si les" septuagénaires manquent<br />

de viande pour aliments, ils ne seront pas bien<br />

nourris.- N'avoir pas ses membres réchauffés [par ses vêtements],<br />

et ne pas être bien- nourri, cela s'appelle avoir<br />

froid et.faim. Paqpi les populations soumises à Wenwang3<br />

il n'y avait point de vieillards souffrants <strong>du</strong> froid<br />

et de la faim. C'est-ce que les expressions citées précédemment<br />

veulent 'dire.<br />

23. MENG-TSEU dit : Si l'on gouverne les populations de<br />

manière à ce que leurs champs soient bien cultivés ; si<br />

on allège les impôts [en n'exigeant que le dixième <strong>du</strong><br />

pro<strong>du</strong>it 3 ], le peuple pourra acquérir de l'aisance et <strong>du</strong><br />

bien-être.<br />

S'il prend ses aliments aux heures <strong>du</strong> jour convenar<br />

blés 4 , et qu'il ne dépasse ses revenus que selon les rites<br />

1 Glose.<br />

"* Ibid.<br />

* Ibid.<br />

4 « Le matin ctlesuir. » {Glose-)


MENG-TSEl'. 439<br />

prescrits^ ses revenus ne seront pas dépassés par sa conjsommation.<br />

Si le peuplé est privé de l'eau et <strong>du</strong> feu, il ne peut<br />

vivre. Si pendant la nuit obscure un voyageur frappe à<br />

la porte de quelqu'un pour demander de l'eau et <strong>du</strong> feu5<br />

il lit" se trouvera personne qui ne 1rs lui donne, parée que<br />

ces choses sont partout en quantité suffisante. Pendant<br />

que les saîiils hommes gouvernaient l'empire, ils faisaient<br />

en sorte que les pois et autres fertilités de cette espèce,<br />

ainsi que le i ni Met, fussent aussi abondants que beau et<br />

le feu. Les légumes et le millet étant aussi abondants que<br />

beau et, le feu parmi le peuple, mm ment s'y trouverai lil<br />

dvs hommes injustes et inhumains?<br />

21. llo.G-TSEr dit : Lorsque Kiioon-ïsEt* gravissait<br />

la <strong>mont</strong>agne Tmnuf-chan^ le royaume de Lou lui paraissait<br />

bien petit ; lorsqu'il gravissait la <strong>mont</strong>agne T


440 MENG-TSEU.<br />

25. MENG-TSEU dit : Celui qui, se levant au chant <strong>du</strong><br />

coq, pratique la vertu avec la plus grande diligence, est<br />

un disciple de Chun*<br />

Celui qui, se levant au chant <strong>du</strong> coq, s'occupe <strong>du</strong> gain<br />

avec la plus grande diligence, est un disciple <strong>du</strong> voleur<br />

TM.<br />

Si vous voulez connaître la différence qu'il y a entre<br />

l'empereur Chun et le voleur Tché, elle n'est pas ailleurs<br />

que dans l'intervalle qui sépare le gain de la vertu.<br />

26. MENG-TSEU dit : Yang-têeu fait son- unique étude de<br />

Fintérôt personnel, de l'amour de soi. Devrait-il arracher<br />

un cheveu de sa tête pour procurer quelque avantage<br />

public à l'empire, il ne l'arracherait pas.<br />

Me-tseu aime tout le monde; si en abaissant sa tête jusqu'à<br />

ses talons il pouvait procurer quelque avantage public<br />

à l'empire, il le ferait.<br />

Tseu-mo tenait le milieu. Tenir le milieu, c'est approcher<br />

beaucoup de la droite raison. Mais tenir le milieu<br />

sans avoir de point fixe [tel que la tige d'une balance],<br />

c'est comme si l'on ne tenait qu'un côté.<br />

Ce qui fait que l'on déteste ceux qui ne tiennent qu'un<br />

côté, ou qui suivent une voie extrême, c'est qu'ils blessent<br />

la droite raison ; et que pendant qu'ils s'occupent<br />

d'une chose, ils en négligent ou en perdent cent.<br />

27. MENG-TSEU dit : Celui qui a faim trouve tout mets<br />

agréable ; celui qui a soif trouve toute boisson agréable :<br />

alors l'un et l'autre n'ont pas le sens <strong>du</strong> goût dans son état<br />

normal, parce que la faim et la soif le dénaturent. N'y aurait-il<br />

que la bouche et le ventre qui fussent sujets aux<br />

funestes influences de la faim et de la-soif ? Le cœur de<br />

l'homme a aussi'tous ces inconvénients.<br />

Si les hommes pouvaient se soustraire aux funestes influences<br />

de la faim et de la soif, et ne pas dénaturer leur<br />

cœur, -alors ils ne s'affligeraient pas de ne pouvoir atteindre<br />

à la vertu des hommes supérieurs à eux par leur<br />

sainteté et leur sagesse.<br />

28. MENG-TSEU dit : Limu-hia-hoeï n'aurait pas 'échangé


MENG-TSEU. " 441<br />

son sort contre celui des trois premiers grands dignitaires<br />

de l'empire f .<br />

29. MENG-TSEU dit : Celui qui s'applique à faire une<br />

chose est comme celui qui creuse un puits. Si, après avoir<br />

creusé un puits jusqu'à soixante et douze pieds, on ne va<br />

pas jusqu'à la source, on est dans le même cas que si on<br />

l'avait abandonné.<br />

30. MENG-TSEU dit : Y&o et Chm furent doués d'une<br />

nature parfaite ; Thany et Wou s'incorporèrent ou perfectionnèrent<br />

la leur par leurs propres efforts; les cinq<br />

princes chefs des grands vassaux n'en eurent qu'une<br />

fausse apparence.<br />

Ayant eu longtemps cette fausse apparence d'une<br />

nature accomplie, et n'ayant fait aucun retour vers la<br />

droiture, comment auraient-ils su qu'ils ne la possédaient<br />

pas?<br />

31. ÎToung-sun-tcheou dit : Y-y in disait : « Moi je n'ai<br />

c< pas l'habitude de visiter souvent ceux qui ne sont pas<br />


442 MEKG-TSEU.<br />

« Que personne ne mange inutilement*. »<br />

L'homme supérieur ne laboure pas* et cependant il<br />

mange ; pourquoi cela?<br />

MBNG-TSBU dit : Lorsqu'un homme supérieur habite<br />

un royaume* si le prince l'emploie dans ses conseils, alors<br />

l'État est tranquille* le trésor public est rempli* le gouvernement<br />

est honoré et couvert de gloire. Si les ils et<br />

les frètes cadets <strong>du</strong> royaume suivent les exemples de vertu<br />

qu'il leur donne, alors ils deviennent pieux envers leurs<br />

parents* pleins de déférence pour leurs aînés* de droiture<br />

et de sincérité envers tout le monde. Ce n'est pas là manger<br />

inutilement [les pro<strong>du</strong>its ou les revenus des autres]. Qu'y<br />

a-t-il au contraire de plus grand et de plus digne?<br />

33. Tian, fils <strong>du</strong> roi de Thsi, fit une question en ces<br />

termes : A quoi sert le lettré?<br />

MENG-TSEU dit : 11 élève ses pensées.<br />

Tian dit- : Qu'appelez-vous élever $€§ pensées?<br />

MEKG-TSEU dit : C'est les diriger vers la pratique de<br />

l'humanité, de l'équité et de la justice; et voilà tout. Tuer<br />

un innocent* ce n'est pas de l'humanité; prendre ce qui<br />

n'est pas à soi* ce n'est pas de l'équité. Quel est le séjour<br />

permanent de l'âme?c'est l'humanité. Quelle est sa voieî<br />

l'équité. S'il habite l'humanité* s'il marche dans J'équité,<br />

les devoirs <strong>du</strong> grand homme [ou de l'homme d'État] sont<br />

remplis.<br />

34. MENG-TSEU dit : Si sans équité vous eussiez donné<br />

le royaume de Thsi à Tchoung-tseu, il ne l'aurait pas accepté.<br />

Tous les hommes eurent foi en sa sagesse. Ce refus<br />

[d'accepter le royaume de Thsi\> c'est de l'équité* comme<br />

celle de refuser une écuelle de riz cuit ou de bouillon. Il<br />

n'y a pas de faute plus grave pour l'homme que d'oublier<br />

les devoirs qui existent entre les pères et mères et les en-<br />

* « Que personne, sans les avoir mérités, ne reçoive des traitements<br />

<strong>du</strong> prince. » (Glose.)<br />

s On pourrait tra<strong>du</strong>ire cette pensée ancienne par celle formule<br />

moderne, que personne ne consomme sans avoir pro<strong>du</strong>it, qui lui est<br />

équivalente.


MENG-TSEU. 443<br />

fants, entre le prince et les sujets, entre les supérieurs et<br />

les inférieurs 4 . Estril permis de croire un homme grand<br />

et consommé dans la vertu, lorsque sa vertu n'est que<br />

médiocre ?<br />

35. Tiao-yng fit une question en ces termes : Si pendant<br />

que Chun était empereur, JCao-yao avait été président<br />

<strong>du</strong> ministère de la justice, et que Kou-sêou [père<br />

de Chun] eût tué un homme, alors qu'aurait fait kaoyao?<br />

MENG-TSEU répondit : 11 aurait fait observer la loi; et<br />

vQilà tout.<br />

Tiao-yng dit : S'il avait voulu agir ainsi, Chun ne l'en<br />

aurait-il pas empêché?<br />

MENG-TSEU dit : Comment Chun aurait-il pu l'en empêcher?<br />

Il avait reçu cette [loi <strong>du</strong> ciel 2 , avec son mandat,<br />

pour la faire exécuter].<br />

Tiao-yng dit : S'il en est ainsi, alors comment Chun se<br />

serait-il con<strong>du</strong>it?<br />

MENG-TSEU dit : Chun aurait regardé l'abandon de l'empire<br />

comme l'abandon de sandales usées par la marche;<br />

et, prenant secrètement son père sur ses épaules 3 , il<br />

serait allé se réfugier sur une plage déserte de la mer,<br />

en oubliant, le cœur satisfait, jusqu'à la fin de sa vie, son<br />

empire et sa puissance.<br />

36. MENG-TSEU étant passé de la ville de Fan dans la<br />

capitale <strong>du</strong> royaume de Th&i, il y vit de loin le fils <strong>du</strong> roi.<br />

A cette vue il s'écria en soupirant : Comme le séjour de<br />

la cour change l'aspect d'un homme, et comme un régime<br />

opulent change sa corpulence ! Que le séjour dans un lieu<br />

est important! Cependant tous les fils ne sont-ils pas également<br />

enfants des hommes?<br />

» Tchoung-tseu s'attachait exclusivement à Sa vertu de l'équité, et<br />

il négligeait les autres : il quitta sa mère et son frère aîné, refusa<br />

d'accepter un emploi et un traitement <strong>du</strong> roi de Thsi, et encourut<br />

ainsi plusieurs reproches.<br />

* Glose.<br />

3 Comme Énée s'enfuit de Troie en portant son père Anchise sur<br />

ses épaues.


444 MENG-TSEU.<br />

MITC-TSEU dit : La demeure, l'appartement, les chars,<br />

les cheVaiix, les habillements <strong>du</strong> fils <strong>du</strong> roi, ont beaucoup<br />

de ressemblance avec ceux des fils des autres hommes ;<br />

et puisque le fils <strong>du</strong> roi est tel [que je viens de le voir], il<br />

faut que ce soit le séjour à la cour qui Fait ainsi changé ':<br />

quelle -influence doit donc avoir le séjour de celui qui habite<br />

dans la vaste demeure de Pempire !<br />

- Le prince de Lou étant passé dans le royaume de<br />

Soung, il arriva à la porte de la ville de Tiei-tche, qu'il<br />

ordonna à haute voix d'ouvrir* Les gardiens dirent : « Cet<br />

« homme n'est pas notre prince; comment sa voix reste<br />

semble-t-elle à celle de notre prince? » Il n'y a pas<br />

d'autre cause à cette ressemblance, sinon que le séjour de<br />

l'un et de l'autre prince se ressemblait *.<br />

37. MENG-TSEU dit : Si le prince entretient tin sage sans<br />

avoir de l'affection pour lui, il le traite comme il traite<br />

ses pourceaux. S'il a de l'affection pour lui sans. lui<br />

témoigner le respect qu'il mérite, il l'entretient comme<br />

ses propres troupeaux.<br />

Des sentiments de vénération et de respect doivent être<br />

témoignés [au sage par le prince] avant de lui offrir des<br />

présents.<br />

Si les sentiments de vénération et de respect que le<br />

prince lui témoigne n'ont point de réalité, le sage ne<br />

peut être retenu près de lui par de vaines démonstrations.<br />

38. MENG-TSEU dit : Les diverses parties saillantes <strong>du</strong><br />

corps 2 et les sens 3 constituent les facultés de notre nature<br />

que nous avons Reçues <strong>du</strong> ciel *. Il n'y a que les<br />

1 C'esl-à-dire que rien ne ressemble tant à un prince régnant qu'un<br />

autre prince régnant, parce que l'un et l'autre ont les mômes habitudes,<br />

le môme entourage, et le môme genre de vie.<br />

-* « Telles que les oreilles, les yeux, les mains, les pieds et autres<br />

de cette espèce. » (Glose.)<br />

a « Tels que la vue, l'ouïe, etc. » {Glose.)<br />

* Thian-sing, COELI NàTUEA.


MENG-TSEU. 4-45<br />

saints hommes [ou ceux qui parviennent à la perfection]<br />

qui plissent donner à ces facultés de notre nature leur<br />

complet développement.<br />

dit. Sioutni-tntHfi^ roi de Tit>(\ voulait abréger son<br />

temps de deuil, honnif-vun-fr/ienu lui


446 MENG-TSEU,<br />

hautes et sublimes •!. qu'elles sont admirables et dignes<br />

d'éloges ! La difficulté de les mettre ^n pratiqua me<br />

paraît aussi grande que celle d'un homme qui voudrait<br />

<strong>mont</strong>er au ciel sans pouvoir y parvenir. Pourquoi ne<br />

rendez-vous pas ces voies faciles, afin que ceux qui<br />

veulent les suivre puissent les atteindre, et que chaque<br />

jour ils fassent de nouveaux efforts pour en approcher<br />

?<br />

MENG-TSEU dit : Le charpentier habile ne change ni ne<br />

quitte son aplomb et son cordeau à cause d'un ouvrier<br />

incapable. F, l'habile archer, ne changeait pas la manière<br />

de tendre son arc à cause d'un archer sans adresse.<br />

L'homme supérieur apporte son arc, mais il ne tire<br />

pas. Les principes de la vertu brillent soudain aux yeux<br />

de ceux qui la cherchent [comme un trait de flèche]. Le<br />

sage se tient dans la voie moyenne [entre les choses difficiles<br />

et les choses faciles l ] ; que ceux qui le peuvent le<br />

suivent.<br />

42. MENG-TSEU dit : Si dans un empire régnent les principes<br />

de la raison, le sage accommode sa personne à ces<br />

principes ; si dans un empire ne régnent pas les principes<br />

de la raison [s'il est dans le trouble et l'anarchie %le<br />

sage accommode les principes de la raison au salut de<br />

sa personne.<br />

Mais je n'ai jamais enten<strong>du</strong> dire que le sage ait accommodé<br />

les principes de la raison ou les ait fait plier<br />

aux caprices et aux passions des hommes !<br />

43. Koung-êou-tseu dit : Pendant' que Theng-ken§ 2 suivait<br />

vos leçons, il paraissait être <strong>du</strong> nombre de ceux que<br />

l'on traite avec urbanité : cependant vous n'avez pas répon<strong>du</strong><br />

à une question qu'il vous a faite : pourquoi cela?<br />

MENG-TSEU dit : Ceux qui se fient sur leur noblesse ou<br />

sur leurs honneurs interrogent ; ceux qui se fient sur leur<br />

* Glose.<br />

* ibid.<br />

3 Frère cadet <strong>du</strong> roi de Theng.


MEKG-TSEU. 447<br />

sagesse ou leurs talents interrogent ; ceux qui se fient sur<br />

leur âge plus avancé interrogent; ceux qui se fient sur les<br />

services qu'ils croient avoir ren<strong>du</strong>s à FMat interrogent ;<br />

ceux qui se fient sur d'anciennes relations d'amitié avor»<br />

CIPS personnes en cl ni rue interrogent : tous eeu\-iâ sont<br />

des pais auxquels je ne réponds pa v . Tlmiïj-Ut'utj se trouvait<br />

dans ilen\ de os ras l .<br />

-il. }Ito«,»i>i ; ,i dit : Ohh qui s'ahstienf de ce don! il ne<br />

doit pas .s'abstenir, il n'y aura rien dois! il ne s'abstienne ;<br />

relui qui reçoit avee froideur reil\ qu'il devrait receujîr<br />

avec eit'usioii de tendresse, ij n'y aura personne qu'il ne<br />

reçoive froidement ; een\ (jui s'avaneeut trop précipitamment<br />

reculeront encore plus\ite.<br />

-!•%. MI


448 MENG-TSEU.<br />

n'allait pas jusqu'à aimer également tous les hommes;<br />

ils s'appliquaient principalement à aimer les sages d'un<br />

amour filial.<br />

Il est des hommes qui ne peuvent porter le deuil de<br />

leurs parents pendant trois ans, et qui s'informent soigneusement<br />

<strong>du</strong> deuil de trois mois ou de celui de cinq ;<br />

ils mangent immodérément, boivent abondamment, et<br />

vous interrogent minutieusement sur le précepte des<br />

rites : Ne déchirez pas la chair avec les dents. Cela s'appelle<br />

ignorer à quoi il est le plus important de s'appliquer.<br />

CHAPITRE VIII.<br />

COMPOSÉ DE 38 ARTICLES.<br />

1. MENG-TSEU dit : Oh! que Hϕ-wang de Liang l est<br />

inhumain! L'homme [ou le prince] humain arrive par<br />

ceux qu'il aime à aimer ceux qu'il n'aimait pas. Le prince<br />

inhumain, au contraire, arrive par ceux qu'il n'aime pas<br />

à ne pas aimer ceux qu'il aimait.<br />

Koung-sun-tcheou dit : Qu'entendez-vous par là?<br />

MENG-TSEU dit : Hoeï-wang de Liang, ayant voulu livrer<br />

une bataille pour cause d'agrandissement de territoire,<br />

fut battu complètement, et laissa les cadavres de ses soldats<br />

pourrir sur le champ <strong>du</strong> combat sansleur faire donner<br />

la sépulture. Il aurait bien voulu recommencer de nouveau<br />

, mais il craignit de ne pouvoir vaincre lui-même.<br />

C'est pourquoi il poussa son fils, qu'il aimait, à sa perte<br />

fatale 2 en l'excitant à le venger. C'est ce que j'appelle nrriver<br />

par ceux que Von n'aime pas à ne pas aimer ceux gue<br />

fou aimait,<br />

2. MENG-TSEU dit : Dans le livre intitulé le Printemps et<br />

1 Ou Hoeï, roi de Liang,<br />

* Conférez liv. I, ehap. î, p. 229.


MENG-TSEU. 449<br />

l'Automne f 3 on ne trouve aucune guerre juste et équitable.<br />

11 en est cependant qui ont une apparence de droit<br />

et de justice; mais on ne doit pas moins les considérer<br />

comme injustes.<br />

Les actes de redressement * sont des actes par lesquels<br />

un supérieur déclare la guerre à ses inférieurs pour redresser<br />

leurs forts. Les royaumes qui sont égaux entre<br />

eux ne se mirèrent point ainsi mutuellement.<br />

M. MI:.\Y;-TSKI- dit : Si Ion ajoute une lot entière, absolue,<br />

ati\ livres |historiques], alors on nVst pas dans une<br />

condition aussi avantageuse que


450 MENG-TSEU.<br />

orientales, les barbares des régions occidentales se plaignaient<br />

en disant : Pourquoi nous réserve-t-il pour ies<br />

derniers ?<br />

Lorsque Wou-wang attaqua la dynastie de Fin, il n'avait<br />

que trois cents chars de guerre et trois mille vaillants<br />

' soldats.<br />

Wou-wang [en s'adressant aux populations] leur dit :<br />

« Ne craignez rien; je vous apporte la paix et la tranquilcc<br />

lité; je ne suis pas l'ennemi des cent familles [<strong>du</strong> peuple<br />

« chinois]. » Et aussitôt les populations prowternèrent<br />

leurs fronts vers la terre, comme des troupeaux de bœufs<br />

labourent le sol de leurs cornes.<br />

Le terme (tching) par lequel on désigne Faction de redresser<br />

ou rappeler à leur devoir par les armes ceux qui<br />

s'en sont écartés, signifie rendre droits, corriger (tching).<br />

Quand chacun désire se redressa' ou se corriger soi-même,<br />

pourquoi recourir à la force des armes afin d'arriver au<br />

même résultat !<br />

5. MENG-TSEU dit : Le charpentier et le charron peuvent<br />

donner à un homme leur règle et leur équerre,<br />

mais ils ne peuvent pas le rendre immédiatement habile<br />

dans leur art.<br />

6. MENG-TSEU dit : Chun se nourrissait de fruits sec-5 et<br />

d'herbes des champs, comme si toute sa vie il eût dû conserver<br />

ce régime. Lorsqu'il fut fait empereur 1 , les riches<br />

habits brodés qu'il portait, la guitare dont il jouait habituellement,<br />

les deux jeunes filles qu'il avait comme épouses<br />

à ses côtés, ne l'affectaient pas plus que s'il les avait<br />

possédées dès son enfance.<br />

7. MENG-TSEU dit : Je sais enfin maintenant que de tuer<br />

les proches parents d'un homme est un des crimes les plus<br />

graves [par ses conséquences].<br />

En effet, si un homme tue le père d'un autre homme,<br />

celui-ci tuera aussi le père <strong>du</strong> premier. Si un homme tue<br />

le frère aîné d'un autre homme, celui-ci tuera aussi le<br />

* Thian-tseti, fils <strong>du</strong> Ciel.


MENG-TSEU. 451<br />

frère aîné <strong>du</strong> premier. Les choses étant ainsi, ce crime<br />

diffère bien peu de celui de tuer ses parents de sa propre<br />

main.<br />

8. MENG-T?EU dit : Les anciens qui construisirent des<br />

portes aux passages des confins <strong>du</strong> royaume avaient pour<br />

but d'empêcher des actes de cruauté et de dévastation ;<br />

ceux de nos jours qui font construire ces portes de passages<br />

ont pour but d'exercer des actes de cruauté et d'oppression<br />

4 .<br />

9. MENG-TSEU dit : Si vous ne suivez pas Tous-même la<br />

voie droite 2 , elle ne sera pas suivie par votre femme et<br />

vos enfants. Si - vous donnez des ordres qui ne soient pas<br />

conformes à la voie droite 3 , ils ne doivent pas être exécutés<br />

par votre^ femme et vos enfants.<br />

10. MENG-TSEU dit : Ceux qui sont approvisionnés de<br />

toutes sortes de biens ne peuvent mourir de faim dans les<br />

années calamiteuses ; ceux qui sont approvisionnés de<br />

toutes sortes de vertus ne seront pas troublés par une génération<br />

corrompue.<br />

14. MENG-TSEU dit : Les hommes qui aiment la bonne<br />

renommée peuvent céder pour elle un royaume de mille<br />

quadriges. Si un homme n'a pas ce caractère, son visage<br />

témoignera de sa joie ou de ses regrets pour une écuelle<br />

de riz et de bouillon.<br />

12. MENG-TSEU dit : Si on ne confie pas [les affaires et<br />

l'administration <strong>du</strong> royaume] à des hommes humains et<br />

sages, alors le royaume sera comme s'il reposait sur le<br />

vide.<br />

Si on n'observe pas les règles et les préceptes de l'urbanité<br />

et de l'équité, alors les supérieurs et les inférieurs<br />

sont dans le trouble et la confusion.<br />

Si l'on n'apporte pas un grand soin aux affaires les plus<br />

% 11 fait allusion aux droits, ou impôts injustes que les différents<br />

princes imposaient sur les voyageurs et les marchandises à ces différents<br />

passages.<br />

2 « Tchang-jan khi-U, la raison, les principes <strong>du</strong> devoir. » (Glose.)<br />

3 « A la raison, aux principes <strong>du</strong> devoir. » [Glose*)


452 • MENG-TSEU.<br />

importantes â , alors les revenus ne pourront suffire à la<br />

consommation.<br />

13. MENG-TSEU dit : Ha pu arriver qu'un homme inhumain<br />

obtînt un royaume ; mais il n'est encore jamais arrivé<br />

qu'un homme inhumain conquit l'empire.<br />

\ 4. MENG-TSEU dit : Le peuple est ce qu'il y a de plus<br />

noble dans le monde 2 ; les esprits de la terre et les fruits<br />

de la terre ne viennent qu'après ; le prince est de la moindre<br />

importance 3 .<br />

C'est pourquoi^ si quelqu'un se concilie l'amour et l'affection<br />

<strong>du</strong> peuple des collines [ou des campagnes *], il<br />

deviendra fils <strong>du</strong> Ciel [ou empereur] ; s'il arrive à être<br />

fils <strong>du</strong> Ciel, ou empereur^ il aura pour lui les différents<br />

princes régnants; s'il a pour, lui les différents princes régnants,<br />

il aura pour lui les grands fonctionnaires publics.<br />

Si les différents princes régnants [par la tyrannie qu'ils<br />

exercent sur le peuple] mettent en péril les autels des esprits<br />

de la terre et des fruits de la terre, alors le fils <strong>du</strong><br />

Ciel les dépouille de leur dignité et les remplace par de<br />

sages princes.<br />

Les victimes opimes étant prêtres, les fruits de la terre<br />

I D'après un commentateur chinois, cité par M. Stan. Julien, ces<br />

affaires sont, par exemple, de constituer à chacun une propriété privée<br />

suffisante pour îe faire vivre a?ec sa famille, d'enseigner comment<br />

on doit élever les animaux domestiques, d'assigner des traitements<br />

aux uns, de distribuer des terres, d'accomplir les différents<br />

sacrifices, d'inviter les sages à sa cour par l'envoi de présents, etc.<br />

s Min weï koueï. La Glose dit à ce sujet t « Le mot koueï, noble»<br />

donne l'idée de ce qu'il y a de plus grave et de plus important. ».<br />

3 Voici le texte chinois tout entier de ce paragraphe : « Meng-tseu<br />

« youeï ; min weï koueï ; che, tsie, thseu tchi ; kiwi weï kwg ; mol<br />

« à mot : MENG-TSEU dit : populus estprœ-omnibus-nobilis; terrœ-spi-<br />

« ritus, fmgum-spiritus seeundarii illius ; Princeps est lempris-mo-<br />

« menti. » Il serait difficile de trouver dans les écrits des plus hardis<br />

penseurs modernes de pareilles propositions.,<br />

II y a longtemps, comme on le voit, que les principe&snr-lesquels<br />

sera fondé l'avenir politique <strong>du</strong> monde ont été proclamas, et dans<br />

des pays que aous couvrons de nos orgueilleux et injustes dédains.<br />

* Commentaire.


MENG-TSEU. 453<br />

étant disposés dans les vases préparés^ et le tout étant<br />

pur, les sacrifices sont offerts selon les saisons. Si cependant<br />

la terre est desséchée par la chaleur de Fair, ou si elle<br />

est inondée par Feau des pluies, alors le fils <strong>du</strong> Ciel détruit<br />

les autels des esprits pour en élever d'autres en d'autres<br />

lieux.<br />

K>. MKN(;-TSKI' dit, : Les suints bouillies sont Ii'S îustîfittetns<br />

de cent générations» l'e-i et Litau-kia-hoeï sont tic<br />

ee nombre. C'est pourquoi ceux qui ont. enten<strong>du</strong> parler<br />

des grandes vertus de lU'.-\ sont <strong>du</strong> vernis modères dans<br />

leurs désirs, de grossier* H avides qu'ils étaient, et les<br />

hommes sans courage ont. senti sailêrniir leur intelligence;<br />

ceux qui oni enten<strong>du</strong> parler dos grandes vertus de<br />

IJoon-liiu-lioe.i sont ik'veinis les hommes les plus doux et<br />

les plus humains, de miels qu'ils étaient; et les lion mies<br />

d'un esprit étroit son! devenus généreux et magnanimes. II<br />

faudrait re<strong>mont</strong>er eent. générations pour arriver à l'époque<br />

de ces grands hommes, et, après cent générations de plus<br />

écoulées, il n'est personne qui, en entendant le réeit de<br />

leurs vertus, ne sente son àmeéniueet disposée à les imiter.<br />

SU n'existait jamais de saints hommes, en serait-il de<br />

même? Ht combien doivent être plus excités au bien ceux<br />

qui les ont approchés de près et ont ptt recueillir leurs<br />

paroles f<br />

H>. MiLXiî-ïSEt: dit. : Cette humanité dont j'ai si souvent<br />

parlé, c'est l'homme [c'est la raison qui constitue son<br />

être ! j ; si Ton réunît ces deux termes ensemble [l'humanité<br />

et l'homme ~|% c'est la voie :} .<br />

17. MK.N(i-TSEï: dit: Ktioi ; NG-TSEi, en seIoi gnant <strong>du</strong><br />

royaume de Lou, disait : « Je. m'éloigne lentement. »<br />

C'est, la t'oie pour s'éloigner <strong>du</strong> royaume de son père et<br />

de sa mère. En s éloignant de T/tsi, il prit dans sa main<br />

1 Commentaire.<br />

s Glose.<br />

3 C'est ia conformité de toutes ses actions aux lois de notre nature.<br />

Conférez le Tchoung-young, cjiap. J, 1 1.


454 ^ MENG-TOEU.<br />

<strong>du</strong> riz macéré dans l'eau, et il se mit en route. C'est la<br />

voie pour s'éloigner d'un royaume étranger.<br />

18. MENG-TSEU dit : L'homme supérieur [KHOUNG-TSEU]<br />

souffrit les privations <strong>du</strong> besoin f dans les royaumes de<br />

Tchin et de Tksai, parce qu'il ne trouva aucune sympathie<br />

ni chez les princes ni chez leurs ministres.<br />

|!>, ÀW,-/ dit : Moi /tï? Je fais excessivement peu de<br />

ras des murmures et de i'hiiprohation des hommes,<br />

Mi-:Mi-Tsr:r < 1 î 1 : Ils ne blessent aucunement. Les Iintri-<br />

IIIO distingués par leurs vertus, leurs tilleuls et leurs îuinieres<br />

son! encore bien plus exposes aux clameurs de la<br />

î ï 1111 {i f i î d t.\ Le L ivre do s 1 >rs * 2 d i { ;<br />

« .l'éprouve dans mon eeenr une. profonde tristesse ;<br />

« Je suis en haine près de cette foule dépravée. »<br />

Voila ee «pie lut Kuoi'MJ-TSl-l'.<br />

« 11 i le p 111 f i i i r i a j a 1 < >i i s k * e 11 a h a ï 11 e i les 11 o mm e s,<br />

«


MENU-TOEU. 455<br />

MTOW-TSEU dit : Cela suffit-il [pour porter un tel jugement]<br />

? Les ornières des portes des villes ont-elles été<br />

creusées par le passage d'un seul quadrige ?<br />

23. Pendant que le royaume de Thsi éprouvait une<br />

famine, Tchim-tsin dit : Tous les habitants <strong>du</strong> royaume<br />

espèrent que vous, maître* vous ferez ouvrir une seconde<br />

fois les greniers publics de la ville de Thang. Peut-être ne<br />

pouvez-vous pas faire de nouveau [cette demande au<br />

prince]!<br />

MENG-TSEU dit : Si je faisais de nouveau cette demande*<br />

je serais un autre Foung-fim. Ce Foung-fou était un homme<br />

de Tçin très-habile dans l'art de prendre des tigres avec<br />

les mains. Ayant fini par devenir un sage lettré* il se rendit<br />

un jour dans les champs situés hors de la ville au<br />

moment où une multitude d'hommes était à la poursuite<br />

d'un tigre. Le tigre s'était retranché dans le défilé d'une<br />

<strong>mont</strong>agne* où personne n'osait aller le poursuivre. Aussitôt<br />

que la foule aperçut de loin Foung-fou, elle courut<br />

au-devant de lui* et Foung-fou, étendant les bras* s'élança<br />

de son char. Toute la foule fut ravie de joie. Mais les sages<br />

lettrés qui se trouvèrent présents se moquèrent de lui f .<br />

24. MENG-TSEU dit : La bouche est destinée à goûter les<br />

saveurs; les yeux sont destinés à contempler les couleurs<br />

et les formes des objets; les oreilles sont destinées à entendre<br />

les sons; les narines sont destinées à respirer les<br />

odeurs; les quatre membres [lespieds et les mains] sont<br />

destinés à se reposer de leurs fatigues. C'est ce qui constitue<br />

la nature de l'homme en même temps que sa destination.<br />

L'homme supérieur n'appelle pas cela sa nature*<br />

L'humanité â est relative aux pères et aux enfants;<br />

l'équité 3 est relative au prince et aux sujets; l'urbanité *<br />

* « Parce qu'il ne sut pas persister dans l'état «fu'il avait embrassé.<br />

» (TCHOO-HI.)<br />

s /su. L'humanité, dit là Glose, consiste principalement dans Var<br />

mour c'est pourquoi elle appartient aux pères et aux enfants.<br />

s I. L'équité consiste principalement dans îe respect g c'est pourquoi<br />

elle apparlienî au prince et aux sujets. {Glose.)<br />

* It. L'urbanité consiste principalement dans la bienveillance eî


4% MBNG-TSEC.<br />

est relative aux hôtes et aux maîtres de maison; la prudence<br />

1 est relative aux sages; le saint homme appartient<br />

à la voie <strong>du</strong> ciel [qui comprend toutes les vertus précédentes].<br />

C'est l'accomplissement de ces vertus, de ces différentes<br />

destinations, qui constitue le mandat <strong>du</strong> ciel en<br />

même temps que notre nature. L'homme supérieur ne<br />

Fappelle pas mandat <strong>du</strong> ciel.<br />

25. Hao-seng, dont le petit nom était Pou-haï, it une<br />

question en ces termes : Quel homme est-ce que £0tching-fseu<br />

?<br />

MENG-TSEU dit : C'est un homme simple et bon, c'est<br />

un homme sincère et fidèle. -<br />

— Qu'entendez-vous par être simple et bon^ qu'entendez-vous<br />

par être sincère et fidèle ?<br />

— Celui qui est digne d'envie, je l'appelle bon. Celui<br />

qui possède réellement en lui la bonté, je l'appelle sincère.<br />

• Celui qui ne cesse d'accumuler en lui les qualités et les<br />

vertus précédentes est appelé excellent.<br />

Celui qui à ces trésors de vertus joint encore de l'éclat<br />

et de la splendeur est appelé grand.<br />

Celui qui est grand, et qui efface complètement les signes<br />

extérieurs ou les vestiges de sa grandeur, est appelé<br />

saint.<br />

' Celui qui est saint, et qui en même temps ne peut être<br />

connu par les organes des sens, est appelé esprit. • •<br />

Loc-teÀing-tseu est arrivé au milieu des deux premiers<br />

degrés [de cette échelle de sainteté 2 ] ; il est encore audessous<br />

des quatre degrés plus élevés.<br />

• 26. MèNG-TSEU dit : Ceux qui se séparent <strong>du</strong> [sectaire]<br />

Mê se réfugient nécessairement près <strong>du</strong> [sectaire] Yang*;<br />

l'affabilité ; c'est pourquoi elle appartient aux maîtres de maison qui<br />

reçoivent des hôtes. (Glose.)<br />

* Tchi. La pruâmce consiste principalement dans Fart de distinguer,<br />

de discerner (le bien <strong>du</strong> mal) : c'est pourquoi elle appartient<br />

aux sages. (Glose.)<br />

2 II désigne la bonté et îa sincérité... (Glose.)<br />

3 Conférez ci-devant, liv. II, cbap. vu, p. 440.


MENG-TSEU. 457<br />

ceux qui se séparent de Yang se réfugient nécessairement<br />

près des Jou l ou lettrés. Ceux qui se réfugient ainsi près<br />

des lettrés doivent être accueillis favorablement ; et voilà<br />

tout.<br />

Ceux d entre les lettres qui disputent aujourd'hui avec<br />

l'tmy e t Me se coi \ d u i se * n t: e on 1 n i e s i „ se u i et 1 a n t à I a p o u i -<br />

suite d'tio petit pourceau échappé, ils 1 étranglaient après<br />

qu'il serait rentré à soit êfable.<br />

27. MicNG-TSiU' dit : Il y a un tribut consistant eu toile<br />

de chanvre ci en soie dévidée ; il y a nn tribut de riz, et<br />

un autre tribut qui se paye en corvées. 1/lion nue supérieur<br />

|ou le prince qui aime son peuple] n'exige que le<br />

dernier de ces tributs, et diffère les deux premiers. S'il<br />

e \ i ge ei i se n i h I e les d eu x pre 111 ie rs, a I ors 1 e peu pi e est eo nsu<br />

n i é ( le lieso i n s ; s'il e x i ge I es t r o i s ge n r e s d e t r î b u I s e i J<br />

inertie temps, alors le père et le fils sont obligés de se séparer<br />

Ipour vivreI»<br />

28. MENG-TSEI; dit : Il y a trois choses précieuses pour<br />

1rs princes régnants de différents ordres : le territoire 2 .<br />

les populations 3 , et une bonne administration*. Ceux qui<br />

regardent les pi*ries et les pierreries comme des choses<br />

prée i e uses se n » 111 e e r t a i ne* 111 e n t atteints de grandes e a -<br />

lainîtes.<br />

2!l. ï~(ckingjkmi le petit nom était Kouo. occupait<br />

nue magistrature dans le royaume de 77/$/.<br />

MEXI.-TSKI: dit : Y-tching-kouo mourra.<br />

Y-tching-koim ayant été tué, les disciple s <strong>du</strong> l'Infosi<br />

rplie 1 u i d i ren t : M a i t re , eo n i nie n f sa v î ez-v< m s q ue cet<br />

homnir serait tué?<br />

MEMi-TSKr dit : (refait un homme de peu de vertu: il<br />

1 Les Jou sont ceux qui suivent les doctrines.de KHOUNG-TSEU et<br />

des premiers grands hommes de la Chine. Ces doctrines des Jou,<br />

dit îa Glose, sont la raison <strong>du</strong> grand milieu et de la souveraine rectitude.<br />

s « Pour constituer le royaume. » (Glose.)<br />

3 « Pour conserver et protéger Se royaume. » (Glose.)<br />

4 « Pour gouverner le royaume. » (Glose.)<br />

'Ai)


458 MENG-T8EU.<br />

n'avait jamais enten<strong>du</strong> enseigner les doctrines de l'homme<br />

supérieur; alors il était bien à présumer que [par ses<br />

actes contraires à la raison] il s'exposerait à une mort<br />

certaine.<br />

30. MENG-TSEU l , se rendant à Thmg, s'arrêta dans le<br />

palais supérieur. Un soulier, que l'on était en train de<br />

confectionner* avait été posé sur le devant de la croisée,<br />

te gardien de l'hôtellerie le chercha, et ne le trouva<br />

plus.<br />

Quelqu'un interrogeant MENG-TSEU* lui dit : Est-ce<br />

donc ainsi que vos disciples cachent ce qui ne leur appartient<br />

pas?<br />

MENG-TSEU répondit : Pensez-vous que nous sommes<br />

venus ici pour soustraire un soulier!<br />

Point <strong>du</strong> tout. Maître* d'après l'ordre d'enseignement<br />

que vous avez institué* vous ne recherchez point les<br />

fautes passées* et ceux qui viennent à vous [pour s'in*<br />

struire] vous ne les repoussez pas. S'ils sont venus à vous<br />

avec un cœur sincère* vous les recevez aussitôt au nombre<br />

de vos disciples* sans autre information.<br />

31. MENG-TSEU dit : Tous les hommes ont le sentiment<br />

de la commisération. Étendre ce sentiment à tous leurs<br />

sujets de peine et de souffrance* c'est de l'humanité. Tous<br />

les hommes ont le sentiment de ce qui ne doit pas être<br />

fait. Étendre ce sentiment à tout ce qu'ils font* c'est de<br />

l'équité.<br />

Que tous les hommes puissent réaliser par des actes ce<br />

sentiment qui nous porte à désirer de ne pas nuire aux<br />

autres hommes* et ils ne pourront suffire à tout ce-que<br />

l'humanité réclame d'eux. Que tous les hommes puissent<br />

réaliser dans leurs actions ce sentiment que nous avons<br />

de ne pas percer les murs des voisins [ pour les voler] *<br />

et ils ne pourront suffire à tout ce que l'équité réclame<br />

d'eux.<br />

1 Chang-kotmg, hôtellerie pour recevoir les voyageurs de dis­<br />

tinction.


MENG-TSEU. 459<br />

Que tous les hommes puissent constamment et sincèrement<br />

ne jamais accepter les appellations singulières de<br />

la seconde personne, tu, toi t, et, partout où ils iront, ils<br />

parleront selon l'équité.<br />

Si le lettré, lorsque son temps de parler n'est pas encore<br />

venu, parle, il surprend la pensée des autres par ses<br />

paroles; si, son temps de parler étant venu, il ne parle<br />

pas, il surprend la pensée des autres par son silence. Ces<br />

deux sortes d'actions sont de la même espèce que celle<br />

de percer le mur de son voisin.<br />

32. MENG-TOEU dit : Les paroles dont la simplicité est à<br />

la portée de tout le monde et dont le sens est profond<br />

sont les meilleures. L'observation constante des vertus<br />

principales, qui sont comme le résumé de toutes les autres,<br />

et la pratique des actes nombreux qui en découlent,<br />

est la meilleure règle de con<strong>du</strong>ite.<br />

Les paroles de l'homme supérieur ne descendent pas<br />

plus bas que sa ceinture [s'appliquent toujours aux objets<br />

quisont devant ses yeux], et ses principes sont également<br />

à la portée de tous.<br />

Telle est la con<strong>du</strong>ite constante de l'homme supérieur : il<br />

ne cesse d'améliorer sa personne, et l'empire jouit des<br />

bienfaits de la paix.<br />

Le grand défaut des hommes est d'abandonner leurs<br />

propres champs pour ôter l'ivraie de ceux des autres. Ce<br />

qu'ils demandent des autres [de ceux qui les gouvernent<br />

2 ] est important, difficile, et ce qu'ils entreprennent<br />

eux-mêmes est léger, facile.<br />

33. MENG-TSEU dit : YûQ et Chun reçurent <strong>du</strong> ciel une<br />

nature accomplie ; Thang et W&u rendirent la leur accomplie<br />

par leurs propres efforts.<br />

Si tous les mouvements de l'attitude et de la démarche<br />

sont conformes aux rites, on a atteint le comble de la vertu<br />

1 En chinois eulh, jou, que l'on emploie dans le langage familier<br />

ou lorsque Ton traite quelqu'un injurieusement eîavec mépris.<br />

* Glme.


4150 MING-TSIU.<br />

parfaite. Quand on gémit sur les morts, ce n'est pas à<br />

cause des vivants' que l'on éprouve de la douleur. On ne<br />

doit pas se départir d'une vertu inébranlable, inflexible;<br />

pour obtenir des émoluments <strong>du</strong> prince. Les paroles et les<br />

discours <strong>du</strong> sage doivent toujours être conformes à la vérité,<br />

sans avoir pour but de rendre ses actions droites et<br />

justes.<br />

L'homme supérieur en pratiquant la loi [qui est l'expression<br />

de la raison céleste *] attend [avec indifférence]'<br />

l'accomplissement <strong>du</strong> destin; et voilà tout.<br />

34. MENG-TSEU dit : S'il vous arrive de vous entretenir<br />

avec nos hommes d'État 2 , méprises4es intérieurement.<br />

Gardez-vous d'estimer leur somptueuse magnificence.<br />

Ils possèdent des palais hauts de quelques toises, et dont<br />

les saillies des poutres ont quelques pieds de longueur ; si<br />

j'obtenais leur dignité, et que j'eusse des vœux à réaliser,<br />

je ne me constuirais pas un palais. Les mets qu'ils se font<br />

servir à leurs festins occupent un espace de plus de dix<br />

pieds ; quelques centaines de femmes les aissistent dans<br />

leurs débauches; moi, si j'obtenais leur dignité, et que<br />

j'eusse des vœux à remplir, je ne me livrerais pas comme<br />

eux à la bonne chère et à la débauche. Ils se livrent à tous<br />

les plaisirs et aux voluptés de la vie, et se plongent dans<br />

l'ivresse ; ils vont à la chasse entraînés par des coursiers<br />

rapides ; des milliers de chars les suivent s ; moi, si j'obtenais<br />

leur dignité, et que j'eusse des vœux à réaliser, ce ne<br />

seraient pas ceux-là. Tout ce qu'ils ont en eux sont des<br />

choses que je ne voudrais pas posséder; tout ce que j'ai<br />

en moi appartient à la saine -doctrine des anciens : pourquoi<br />

donc les craindrais-je?<br />

* Glose.<br />

1 Ta-jin, hommes qui occupent une position élevée. « li fait allusion<br />

aux hommes qui, de son temps/ étaient distingués par leurs emplois<br />

et leurs dignités. »<br />

(TCHOU-BI.)<br />

Quelques commentateurs prétendent que MBNG-TSEU désigne les<br />

princes de son temps.<br />

s Ces détails pe peuvent guère se rapporter qu'aux princes.


MWfG-TSiU. 461<br />

35. MING-TSEU dit : Pour entretenir dans notre cœur<br />

le sentiment de l'humanité et de l'équité, rien n'est meilleur<br />

que de diminuer les désirs. Il est bien peu d'hommes<br />

qui, ayant peu de désirs, ne conservent pas toutes les<br />

vertus de leur cœur ; et il en est aussi Men peu qui, ayant<br />

beaucoup de désirs, conservent ces vertus.<br />

36. Thseng-tsi aimait beaucoup à manger le fruit <strong>du</strong><br />

jujubier, mais Thsêmg-tseu ne-pouvait pas supporter d'en<br />

manger.<br />

HCoungsun-tcheou fit cette question : Quel est le meilleur<br />

d'un plat de hachis ou de jujubes ?<br />

MENG-TSEU dit : C'est un- plat de hachis.<br />

Kùung-âutirtehmu dit : S'il en est ainsi, alors pourquoi<br />

Thsêng-tseuy en mangeant <strong>du</strong> hachis, ne mangeait-il pas<br />

aussi des jujubes?<br />

— Le hachis est un plat commun [ dont tout le monde<br />

mange ] ; les jujubes sont un plat particulier [ dont peu de<br />

personnes mangent ]. Nous ne proférons pas le petit nom<br />

de nos parents, nous prononçons leur nom de famille,<br />

parce que le nom de famille est commun et que le petit<br />

nom est particulier.<br />

37. Wen-tchang fit une question en ces termes : Lorsque<br />

KHOUNG-TSEU se trouvait dans le royaume de Tehin<br />

[ pressé par le besoin ], il disait : « Pourquoi ne retource<br />

né-je pas dans mon pays? Les disciples que j'ai laissés<br />

ce dans mon village sont très-intelligents, ils ont de hautes<br />

€ conceptions, et ils les exécutent sommairement; ils<br />

ce n'oublient pas le commencement et la fin de leurs<br />

« grandes entreprises. » Pourquoi KHOUNG-TSEU, se trouvant<br />

dans le royaume de Tehin, pensait-il à ses disciples,<br />

doués d'une grande intelligence et de hautes pensées, <strong>du</strong><br />

royaume de Lou?<br />

MENG-TSEU dit : Gomme KHOUNG-TSEU ne trouvait pas<br />

dans le royaume de Tehin des hommes tenant le milieu<br />

de la droite voie, pour s'entretenir avec eux, il <strong>du</strong>t reporter<br />

sa pensée vers des hommes de la même classe qui<br />

avaient l'âme élevée et qui se proposaient la pratique <strong>du</strong><br />

39.


4M MEN6-T8EU.<br />

bien. Ceux qui ont l'ftme élevée forment de grandes conceptions;<br />

ceux qui se proposent la pratique <strong>du</strong> bien s'abstiennent<br />

de commettre le mal. KBOUN€*T8SU ne désirait-Il<br />

pas des bommes qui tinssent le milieu de la droite voie ?<br />

Comme il ne pouvait pas en trouver* c'est pour cela qu'il<br />

pensait à ceux qui le suivent immédiatement.<br />

Oserai&-je vous demander [ continua Wen-tchang ]<br />

quels sont les hommes que Ton peut appeler k&mme$ à<br />

grondes emeeptimi f<br />

MIWS-TSEU dit : Ce sont des hommes comme Khintchang,<br />

Tsheng-si et Mou-phi; m sont ceux-là que KHCWNG-<br />

TSEU appelait hommes à grondes conceptions.<br />

1<br />

— Pourquoi les appelait-il hommes à grandes conceptions?<br />

Ceux qui ne rêvent que de grandes choses* qui ne parlent<br />

que de grandes choses* ont toujours à la bouche ces<br />

grands mots : Les hmnmes de VantiquitéI tes hommes de<br />

f antiquité / Mais si vous comparez leurs paroles avec leurs<br />

actions* vous trouverez que les actions ne répondent pas<br />

aux paroles.<br />

Comme IHOIîNG-TSEU ne pouvait trouver des hommes<br />

à conceptions élevées* il désirait <strong>du</strong> moins rencontrer des<br />

hommes intelligents qui évitassent de commettre des actes<br />

dont ils auraient eu à rougir* et de pouvoir s'entretenir<br />

avec eux. Ces hommes sont ceux qui .s'attachent fermement<br />

à la pratique <strong>du</strong> bien et à la fuite <strong>du</strong> mal; ce sont<br />

aussi ceux qui suivent immédiatement les hommes qui<br />

tiennent le milieu de la droite voie.<br />

EHOUNG-TSEU disait : Je ne m'indigne pas contre ceux<br />

qui* passant devant ma porte* n'entrent pas dans ma maison;<br />

ces gens-là sont seulement les plus honnêtes de tout<br />

le village f ! Les plus honnêtes de tout le village sont la<br />

peste de la vertu.<br />

* c Ceux que tout le village, trompé par l'apparence de leur<br />

fausse vertu, appelle les hommes les meilleurs <strong>du</strong> village. »<br />

(Commentaire.)


MENG-TSEU. 463<br />

Quels sont donc les hommes [ pouisuivit Wen-tchang ]<br />

que vous appelez les plus honnêtes de tout le village ?<br />

. MING-TSEU répondit : Ce sont ceux qui disent [ aux<br />

hommes à grandes conceptions ] : «Pourquoi êtes-vousdonc<br />

ci toujours guindés sur les grands projets et les grands<br />

« mots de vertus? nous ne voyons point vos actions dans<br />

ce vos paroles, ni vos paroles dans vos actions. A chaque<br />

ce instant, vous vous écriez : Les hommes de l'antiquité I<br />

a les hommes de l'antiquité ! (et aux hommes qui s'atcc<br />

tachent fermement à la pratique <strong>du</strong> bien) : Pourquoi<br />

ce dans vos actions et dans toute votre con<strong>du</strong>ite êtes-vous<br />

« d'un si difficile accès et si austères? »<br />

Pour moi, je veux [continue MENG-TSEU] que celui qui<br />

est né dans un siècle soit de ce siècle. Si les contemporains<br />

le regardent comme un honnête homme, ceJadoit lui<br />

suffire. Ceux qui font tous leurs efforts pour ne pas parler<br />

et agir autrement que tout le monde sont des a<strong>du</strong>lateurs<br />

de lfpr siècle; ce sont les plus honnêtes gens de leur<br />

village !<br />

Wen-tchang dit : Ceux que tout leur village appelle les<br />

plus honnêtes gens sont toujours d'honnêtes gens partout<br />

où ils vont; KHOUNG-TSEU les considérait comme la peste<br />

de la vertu ; pourquoi cela?<br />

MENG-TSEU dit : Si vous voulez les trouver en défaut,<br />

vous ne saurez pas où les prendre; si vous voulez les attaquer<br />

par un endroit, vous n'en viendrez pas à bout. Ils participent<br />

aux mœurs dégénérées et à la corruption de leur<br />

siècle. Ce qui habite dans leur cœur ressemble à la droiture<br />

et à la sincérité ; ce qu'ils pratiquent ressemble à des actes<br />

de tempérance et d'intégrité. Comme toute la population<br />

de leur village les vante sans cesse, ils se croient des<br />

hommes parfaits, et ils ne peuvent entrer dans la voie de<br />

Yao et de Chun. C'est pourquoi KHOUNG-TSEU les regardait<br />

comme la peste de la vertu.<br />

KHOUNG-TSEU disait : « Je déteste ce qui n'a que l'appa-<br />

« rence sans la réalité; je déteste l'ivraie, dans la crainte<br />

« qu'elle ne perde les récoltes ; je déteste les hommes ha-


éêà MENG-T8EU,<br />

« biles, dans la crainte qu'ils ne confondent l'équité; je<br />

« déteste une bouche diserte, dans la crainte qu'elle ne<br />

« confonde la vérité; je déteste les sons de la musique<br />

« tehing, dans la crainte qu'ils ne corrompent la musique j<br />

« je déteste la couleur violette, dans la crainte qu'eMe ne<br />

« confonde la couleur pourpre ; je déteste les plus hon-<br />

« notes gens des villages, dans la crainte qu'ils ne confon-<br />

« dent la vertu. »<br />

L'homme supérieur retourne à la règle de con<strong>du</strong>ite immuable,<br />

et voilà tout. Une fois que cette règle de con<strong>du</strong>ite<br />

immuable aura été établie comme elle doit l'être, alore la<br />

foule <strong>du</strong> peuple sera excitée à la pratique de la vertu; une<br />

fois que la foule <strong>du</strong> peuple aura été excitée à la pratique de<br />

la vertu, alors il n'y aura plus de perversité et de fausse<br />

38. MENG-TSEU dit : Depuis Yso et Ckun jusqu'à Thmg<br />

(ouTching-thang), il s'est écoulé cinq cents ans et plus. Yu<br />

et Kao-yao apprirent la règle de con<strong>du</strong>ite immuable en la<br />

voyant pratiquer [par Yao et Chun] ; Thmg l'apprit par<br />

la tradition.<br />

Depuis Thang jusqu'à Wm-wang il s'est écoulé cinq<br />

cents ans et plus. Y-yin et Laï-tchôu apprirent cette doctrine<br />

immuable en la voyant pratiquer par Tchimg-thmg ;<br />

Wm-wang l'apprit par la tradition.<br />

Depuis Wm-wang jusqu'à KHOUNG-TSEU il s'est écoulé<br />

cinq cents ans et plus. Thaï-koung-wang et San-y-<br />

$eng apprirent cette doctrine immuable en la voyant<br />

pratiquer par Wm-wang ; KHOUNG-TSBU l'apprit par la<br />

tradition.-.<br />

Depuis KHOUKG-TSEU jusqu'à nos jours il s'est écoulé<br />

cent ans et plus. La distance qui nous sépare de l'époque<br />

<strong>du</strong> saint homme n'est pas bien grande ; la proximité de<br />

la contrée que nous habitons avec celle qu'habitait le saint<br />

homme est plus grande f ; ainsi donc, parce qu'il n'existe<br />

* Le royaume de Lou. qui était la patrie de KHOUNG-TSEU, el le


MENG-TSEU. 465<br />

plus personne [qui ait appris la doctrine immuable en la<br />

¥oyant pratiquer parle saint homme], il n'y aurait personne<br />

qui Faurait apprise et recueillie par la tradition !<br />

royaume de Tseou, qui éîail celle de MENG-TSEU, étaient presque<br />

conligus.<br />

FIN.


TABLE.<br />

Ta-Mo, ou la Grande Étude 41<br />

Tcnoong-voung, ou l'Invariabilité dans le milieu 65<br />

Luo-yo, ou les Ënfretieng philosophiques* - 105<br />

Meng-tseu 222<br />

COIBBIL, typogrtpliie et «téréoiypie de CBSTî.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!