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introduction. - Notes du mont Royal

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<strong>Notes</strong> <strong>du</strong> <strong>mont</strong> <strong>Royal</strong><br />

www.notes<strong>du</strong><strong>mont</strong>royal.com<br />

Ceci est une œuvre tombée<br />

dans le domaine public, et<br />

hébergée sur « <strong>Notes</strong> <strong>du</strong> <strong>mont</strong><br />

<strong>Royal</strong> » dans le cadre d’un exposé<br />

gratuit sur la littérature.<br />

Source des images<br />

Google Livres


y f 9M,<br />

CONFUCIUS<br />

ET MRNCIUS.


CONFUCIUS<br />

ET MENCIUS.<br />

LES QUATRE LIVRES<br />

DE PHILOSOPHIE BORALE ET POLITIQDE DE LA CHINE<br />

TIADUITS DU CB1W01S<br />

wjtm m. m. PAUVHIBR.<br />

BIBUOTHÊQUESJ. /§ 4 â<br />

ies Fontaines L'i "1 ?i' l ''^' r ^<br />

60500 CHANTILLY U •'•»£$*• 5<br />

PAEIS v "" ;/ "<br />

CHARPENTIER, LIBRAIRE-ÉDITEUR,<br />

S9, RUE RE LILLE, FAIÏB0UEG SAÎNT-GE11AIN.


c. J4 n


INTRODUCTION.<br />

«Toute grande puissance qui apparaît sur la terre y<br />

laisse des traces plus ou inoins <strong>du</strong>rables de sou passade :<br />

des pyramides, des ares de triomphe, des colonnes, des<br />

temples, des cathédrales en portent féinoïgiafge a la pos­<br />

térité. Maïs k>, monuments les pins <strong>du</strong>raMrs. ceux qui<br />

exercent la plus puissante inlluenec sur les destinées des<br />

,lflfioîB ->


2 INTRODUCTION.<br />

Dans un moment où l'Orient semble se réveiller de son<br />

sommeil séculaire au bruit que font les puissances européennes<br />

qui convoitent déjà ses dépouilles^ il n'est peut-<br />

etre fias inutile de faire connaître les te livres <strong>du</strong> plus grand<br />

philosopha moraliste de eetfe nier veilleuse (•outrée. dont<br />

les souvenirs toiiehenl au berceau <strong>du</strong> monde, comme elle<br />

touche au berceau <strong>du</strong> soleil, (1 est le meilleur lia)yen de<br />

parvenir à l'intelligence de l'un des phénomènes le* plus<br />

e x I: r a o r d i n a î r es q ne p r ése 11 f e 1" 1 lî s I o i r e <strong>du</strong> ge 11 r e humain.<br />

En Orient, comme dans la plupart des contrées <strong>du</strong><br />

globe, mais en Orient sur tout, le sol a été sillon né par<br />

do nom b n aises ré v o I u t i ons, par des boule verse n ie 11 f s qui<br />

ont changé la face des empires. Ile grandes nations, de­<br />

puis quatre mille ans, ont paru avec éclat sur celle vaste<br />

scène <strong>du</strong> monde, La plu pari sont descen<strong>du</strong>es dans la<br />

tombe avec les monuments de leur civilisation, ou n oui<br />

laissé que de faibles traces de leur passage : tel est l'an­<br />

cien empire de Darius, dont l'antique législation nous a<br />

été en partie conservée dans les écrits de Zoroaslre, et<br />

dont on elle relie maintenant, à retrouver les curieux et un-<br />

p< )F 111 n t s vestiges d 11 n s I e s i i isc r i p t i o 11 s e u n é i i or n i. e s < le P»a<br />

hv<strong>du</strong>iie et de Perse polis. Tel est celui des Pharaons, qui,<br />

avant de s'ensevelir sous ses éternelles pyramides, a. va if<br />

jeté à la postérité, comme un déii, l'énigme de sa langui*<br />

figurative, dont le génie moderne, après deux mille ans<br />

i le t e n t a t i v e s i n f V rie l u e uses, e< > mm e ne e e n f î t ï à soi i ! e v e r le<br />

voile. Mais d'autres nations, contemporaines de ces grands<br />

empires, ont résisté;, depuis près de quarante siècles, à<br />

toutes les révolutions que la nature et l'homme leur ont


INTRODUCTION. m 3<br />

fait subir. Restées seules debout et immuables quand tout<br />

s'écroulait autour d'elles, elles ressemblent à ces rochers<br />

escarpés que les flots des mers battent depuis le jour de<br />

la création sans pouvoir les ébranler, portant ainsi témoignage<br />

de Fimpuissance <strong>du</strong> temps pour détruire ce qui<br />

n'est pas une œuvre de l'homme.<br />

En effet, c'est un phénomène, on peut le dire, extraordinaire,<br />

que celui de la nation chinoise et de la nation<br />

indienne se conservant immobiles, depuis l'origine la plus<br />

reculée des sociétés humaines, sur la scène si mobile et si<br />

changeante <strong>du</strong> monde ! On dirait que leurs premiers législateurs,<br />

saisissant de leurs bras de fer ces nations à<br />

leur berceau, leur ont imprimé une forme indélébile, et<br />

les ont coulées, pour ainsi dire, dans un moule d'airain,<br />

tant l'empreinte a été forte, tant la forme a été <strong>du</strong>rable !<br />

Assurément, il y a là quelques vestiges des lois éternelles<br />

qui gouvernent le monde.<br />

La civilisation chinoise est, sans aucun doute, la plus<br />

ancienne civilisation de la terre. Elle re<strong>mont</strong>e authentiquement,<br />

c'est-à-dire par les preuves de l'histoire chincîise f ,<br />

jusqu'à deux mille six cents ans avant notre ère. Les documents<br />

recueillis dans le Chou-king ou Livre par excellence<br />

2 , surtout dans les premiers chapitres, sont les do-<br />

1 On peut consulter à ce sujet notre Description historique, géogra -<br />

phique et littéraire de la Chine, t. I, p. 32 et suiv. F. Didot frères,<br />

1837.<br />

1 Voyez la tra<strong>du</strong>ction de ce livre dans les Livres sacrés de l'Orient<br />

que nous avons publiés chez MM. F. Didoî, en un fort vol. in-8°<br />

à deux colonnes, d'où la tra<strong>du</strong>ction que nous donnons ici des<br />

Quatre Livres a été tirée.


à INTRODUCTION.<br />

cuments les plus anciens de l'histoire des peuples, fl est<br />

vrai que leCkou-king fut coordonné par KHOUNG-FOU-TSEU<br />

(CoNFUctus) dans la seconde moitié <strong>du</strong> sixième siècle<br />

avant notre ère *; mais ce grand philosophe^ qui avait un<br />

si profond respect pour l'antiquité, n'altéra point les do­<br />

cuments qu'il mit en ordre. D'ailleurs, pour les sinolo­<br />

gues, le style de ces documents, qui diflére aillant <strong>du</strong> stvle<br />

moderne que le style des Douze Tables dill'ere de celui de<br />

Cicéron, est une preuve suffisante de leur ancienneté.<br />

€e qui doit profondément étonner à la lecture de ce<br />

beau monument de l antiquité, c'est la haute. raison, le<br />

sens éminemment moral qui y respirent. Les auteurs de<br />

ce livre, et les personnages dans la bouc lie desquels sont,<br />

places les discours qu'il contient, devaient, à une époque<br />

sï reculée, posséder une grande culture morale, qu'il se­<br />

rait di liic îie de. surpasser, nie nie de nos jours. (Jette<br />

grande culture morale, dégagée de tout antre mélange<br />

impur que celui de la croyance aux îndîees des sort s. est<br />

un lait ires-i ni portant pour i "histoire de l'humanité: car,<br />

ou cette grande culture morale était le fruit d'une civilisa­<br />

tion déjà avancée, ou c'était le pro<strong>du</strong>it spontané d'une<br />

nature éminemment droite et reliée!no : dans l'un et<br />

l'autre cas, le fait n'en est pas riioiris digne des méditations<br />

<strong>du</strong> philosophe et de l'historien.<br />

Les idées conte nues dans le Chou-kivg sur la Divinité.<br />

sur rînituence bienfaisante qu'elle exerce constamment<br />

dans les événements <strong>du</strong> monde, sont très-pures et dignes<br />

1 Voyez la Préface <strong>du</strong> P. Gaubil, p. 1 el suiv.


INTRODUCTION. 5<br />

en tout point de la plus saine philosophie. On y remarqua<br />

surtout l'intervention constante <strong>du</strong> Ciel ou de la Raison<br />

suprême dans les relations des princes avec les populations^<br />

ou des gouvernants avec les gouvernés; et cette interven­<br />

tion est toujours en faveur de ces derniers^ c'est-à-dire <strong>du</strong><br />

peu p 1 e » L'exe re i e e de I a sou v e ni i 11 e f é. c j 11 i < I an s n os so c t o f es<br />

modernes ir'est le plus souvent que l'exploitation <strong>du</strong> plus<br />

grand nombre au profit de quelques-uns. n'est, dans le<br />

Chou-king, que l'accoi Iï pli sse i t iei it re ! igieo x d'un i j ta m la t<br />

céleste au profit de tous, qu'une noble et grande mission<br />

con fi ée ai i pi u s 11 e v o u é e t a u plus d i gn e, c ! c j 11 i e f a U i v I i r ee d< • s<br />

1 a us l ai 11 q ne le i n a n d a t a i r e 111 a ncj 11 a î t h so n m a n d a t. N u lie<br />

part peut-être les droits et les devoirs respectifs des rois et<br />

des {>e u pies, c 1 \ i s gon ve r nan f s e I d es gon vernes, n "oi 11 é te e n -<br />

se ignés d'une manière aussi élevée, aussi digne, aussi con­<br />

forme à la raison. C'est bien la qu'est couramment mise<br />

en p ra t i q i i e e e fie grau c le 11i a x i rn e de la démocratie 111 o-<br />

deroe : vox populi^ ivx Lki> « la voix <strong>du</strong> peuple est la<br />

voix de Dieu. » Cette maxime se maniiez le parfont, mais<br />

on la trouve ainsi formulée à la lin <strong>du</strong> e lia pitre Kao-yao-<br />

trio, § T (p. eO (les Livrer sacrés de l'Orient ) :<br />

K Ce que le Ciel voit et en tend u est que ee que le<br />

« pe 11 p I e v y i t t. 1 1 e i î l e ri il, C < ' q n c J e 11 e u p I \ * j 11 g»» digne de<br />

« récompense et de punit ton est ee que le Ciel vent pti-<br />

« nir ut récompenser. 11 y a une eoimimni*silien infime<br />

a entre le Ciel et le peuple, y ne ceux qui go U.UTO eut les<br />

« pe u p le s so i e n t don e J I 1 te i 11 i î s i * t ré se r v é s. » 0 î i la I r u u v e<br />

aussi formulée, de cette manière dans le /.-.'-///o ou la<br />

Orand'.' f'Ju'l'.' , *b. s -. g :> 4 ! " "^ <strong>du</strong> pre-sit velues ; i<br />

t.


f» INTRODUCTION.<br />

« Obtiens l'affection <strong>du</strong> peuple, et tu obtiendras l'em-<br />

« pire;<br />

& Perds l'affection <strong>du</strong> peuple,, et tu perdras l'empire. ©<br />

On ferait plusieurs volumes si l'on voulait recueillir<br />

tous les axiomes semblables qui sont exprimés dans les<br />

livres chinois, depuis les plus anciens jusqu'aux plus modernes;<br />

et, rions devons le dire, on ne trouverait pas dans<br />

tous les écrivains politiques et moraux de la Chine, bien<br />

plus nombreux que partout ailleurs, un seul apôtre de la<br />

tyrannie et de l'oppression, un seul écrivain qui ait eu<br />

l'audace, pour ne pas dire l'impiété, de nier les droits de<br />

ton s aux dons d e 1H < ? 11, e est -à-d î re a u x a v a n f a ges qui résultent<br />

de la réunion de l'homme en société, et de les revendiquer<br />

au profit d'un seul ou d'un petit nombre. Le<br />

pouvoir le plus absolu que les écrivains politiques et les<br />

moralistes chinois aient reconnu aux chefs <strong>du</strong> gouvernement<br />

n'a jamais été qu'un pouvoir délégué par le Ciel on<br />

la Raison suprême absolue, ne pouvant s'exercer que dans<br />

fi n ter é t de f o us, pour le- bien < le toit s. t • t j a 111 a i s dan s 1 i n -<br />

téréf d'un seul et, pour le bien d'un seul. Des limites morales<br />

infranchissables sont posées à ee pouvoir absolu; et<br />

s'il lui arrivait de les dépasser, d'enfreindre ces lois morales,<br />

d'abuser de son mandat, alors, comme l'a dit un<br />

célèbre philosopbe chinois <strong>du</strong> douzième siècle de notre<br />

ère, Tciiou-iii, dans son Commentaire sur le premier<br />

des Quatre Livres classiques de la Chine (voyez p. 58 ),<br />

enseigné dans toutes les écoles et les collèges de l'empire,<br />

le peuple serait dégagé de tout respect et de tonte obéissauce<br />

envers ce mémo pouvoir, qui serait détruit hume-


INTRODUCTION. 7<br />

diatementj pour faire place à un autre pouvoir légitime,<br />

c'est-à-dire s'exerçant uniquement dans les intérêts de<br />

tous. v<br />

Ces doctrines sont enseignées dans le Chou-king ou le<br />

Livre sacré par excellence des Chinois, ainsi que dans les<br />

Quatre Livres classiques <strong>du</strong> grand philosophe KHOI-JNG-<br />

TSEU cl: de ses disciples, dont rions don rions dans ce volume<br />

il ne t rad nef ion coniplM:e et ai issï 1 i I îéral e (|ne pc>ssi hk*. Ces<br />

livres, révérés à l'égal des livres les pins révérés dans<br />

d'antres parties <strong>du</strong> monde, et qui ont reçu la sa ne lien de<br />

générations et de populations immenses, forment la hase<br />

tin droit publie; ils ont été expliqués et commentés par<br />

les philosophes et les moralistes les plus célèbres, et ïh<br />

sont continuellement clans les mains de tons ceux qui,<br />

tout en voulant orner leur intelligence, désirent encore<br />

posséder la connaissance de ces grandes vérités morales<br />

qui font seules la prospérité et la félicité des sociétés humaines.<br />

KHOUNG-FOU-TSEU [que les missionnaires européens, en<br />

le faisant connaître et admirer à l'Europe, nommèrent<br />

Confucius, en latinisant son nom] fut, non pas le premier,<br />

mais le plus grand législateur de la Chine. C'est lui quj<br />

recueillit et mit en ordre, dans la seconde moitié <strong>du</strong> sixième<br />

siècle avant notre ère, tous les documents religieux, philosophiques,<br />

politiques et moraux qui existaient de son<br />

temps, et en forma un corps de doctrines, sous le titre de<br />

Y-kingf ou Livre sacré des permutations; Chou-king, ou<br />

Livre sacré par excellence ; Cki-kingf ou Livre des Vers;<br />

Li-ki} ou Livre des Rites, Les Sse~chou, ou Quatre Livres


8 INTRODUCTION.<br />

classiques, sont ses dits et ses maximes recueillis par ses<br />

disciples. Si l'on peut juger de la valeur d'un homme et<br />

de la puissance de ses doctrines par l'influence qu'elles ont<br />

exercée sur les populations, on peut, avec les Chinois*<br />

appeler RBOUNG-TSEU le plus grand Instituteur <strong>du</strong> genre<br />

humain que les siècles aient jamais pro<strong>du</strong>it!<br />

En effet, il suffit de lire les ouvrages de ce philosophe,<br />

composés par lui ou recueillis par ses disciples, pour être<br />

de ravis des Chinois. Jamais la raison humaine n'a été<br />

plus dignement représentée. On est vraiment étonné de<br />

retrouver dans les écrits de KHOUNG-TSEU l'expression d'une<br />

si haute et si vertueuse intelligence, en même temps que<br />

celle d'une civilisation aussi avancée. C'est surtout dans le<br />

Lùn-yu ou les Entretiens philosophiques que se manifeste<br />

la belle âme de IHOUNG-TSEU. Où trouver, en effet, des<br />

maximes plus belles, des idées plus nobles et plus élevées<br />

que dans les livres dont nous publions la tra<strong>du</strong>ction? On<br />

ne doit pas être surpris si les missionnaires européens, qui<br />

les premiers firent connaître ces écrits à l'Europe, conçurent<br />

pour leur auteur un enthousiasme égal à celui des<br />

Chinois.<br />

Ses doctrines étaient simples et fondées sur la nature<br />

de l'homme. Aussi disait-il à ses disciples : « Ma doctrine<br />

est simple et facile à pénétrer *.» Sur quoi l'un d'eux ajoutait<br />

: « La doctrine de notre maître consiste uniquement<br />

« à posséder la droiture <strong>du</strong> cœur et à aimer son prochain<br />

s comme soi-même 2 . »<br />

1 Lûn-yù, chap. iv, § 15.<br />

1 Id„ | ÎC.


INTRODUCTION. 9<br />

Cette doctrine, il ne la donnait pas comme nouvelle,<br />

mais comme un dépôt traditionnel des sages de l'antiquité,<br />

qu'il s'était imposé la mission de transmettre à la postérité<br />

f . Cette mission, il l'accomplit avec courage, avec<br />

dignité, avec persévéranée. niais non sans éprouver de<br />

profonds découragements et de* mortelles Iriste.sses. I!<br />

faut donc fjiir* partout ceux qui se dévouent, an bonheur<br />

de l'humanité s'attendent à hein» le eaîiee d amertimio,<br />

le plus souvent jusqu'à la lie, connue s'ils devaient e\picr<br />

par ton les les sou lira nées lin mai ries les dons supérieurs<br />

dont leur àuieauiîf etedottêr pour ueeoinpiir leur mission<br />

divineî<br />

ilviie. mission (Vfustifutvi/r <strong>du</strong> genre humain, le philo­<br />

sophe chinois l'accomplit, disons-nous, dans toute son<br />

éten<strong>du</strong>e, et bien autrement qu'aucun philosophe de l'antiquité<br />

classique. Sa philosophie ne consistait pas en<br />

spéculations plus ou moins vaines, mais c'était une philosophie<br />

surtout pratique, qui s'étendait à toutes les conditions<br />

de la vie, à tous les rapports de l'existence sociale.<br />

Le grand but de cette philosophie, le but pour ainsi dire<br />

unique, était l'amélioration constante de soi-même et des<br />

autres hommes ; de soi-même d'abord, ensuite des autres.<br />

L'amélioration ou le perfectionnement de soi-même est<br />

d'une nécessité absolue pour arriver à l'amélioration et au<br />

perfectionnement des autres. Plus la personne est en évidence,<br />

plus elle occupe un rang élevé, plus ses devoirs<br />

d'amélioration de soi-même sont grands; aussi KHOUNG-<br />

1 Lûn~yù, chap. vu, § I, 19.


10 INTRODUCTION.<br />

TSEU considérait-il le gouvernement des hommes comme<br />

la plus haute et la plus importante mission qui puisse être<br />

conférée à un mortel, comme un véritable mandat céleste.<br />

L'étude <strong>du</strong> cœur humain ainsi que l'histoire lui avaient<br />

appris que le pouvoir pervertissait les hommes quand ils<br />

ne savaient pas se défendre de ses prestiges, que ses tendances<br />

permanentes étaient d'abuser de sa force et d'arriver<br />

à l'oppression. C'est ce qui donne aux écrits <strong>du</strong> philosophe<br />

chinois, comme à tous ceux de sa grande école, un<br />

caractère si éminemment politique et moral. La vie de<br />

KHOUNG-TSEU se consume en cherchant à donner des enseignements<br />

aux princes de son temps, à leur faire connaître<br />

leurs devoirs ainsi que la mission dont ils sont chargés<br />

pour gouverner les peuples et les rendre heureux.<br />

On le voit constamment plus occupé de prémunir les<br />

peuples contre les passions et la tyrannie des rois que les<br />

rois contre les passions et la turbulence des peuples; non<br />

pas qu'il regardât les derniers comme ayant moins besoin<br />

de connaître leurs devoirs et de les remplir, mais parce<br />

qu'il considérait les rois comme seuls responsables <strong>du</strong><br />

bien et <strong>du</strong> mal qui arrivaient dans l'empire, de la prospérité<br />

ou de la misère des populations qui leur étaient<br />

confiées. 11 attachait à l'exercice de la souveraineté des<br />

devoirs si éten<strong>du</strong>s et si obligatoires, une influence si vaste<br />

et si puissante, qu'il ne croyait pas pouvoir trop éclairer<br />

ceux qui en étaient revêtus des devoirs qu'ils avaient à<br />

remplir pour accomplir ' convenablement leur mandat.<br />

C'est ce qui lui faisait dire : « Gouverner son pays avec la<br />

« vertu et la capacité nécessaires, c'est ressembler à


INTRODUCTION. 1!<br />

ce Tétoile polaire, qui demeure immobile à sa place, tance<br />

dis que toutes les autres étoiles circulent autour d'elle<br />

« et la prennent pour guide *. »<br />

Il avait une foi si vive dans l'efficacité des doctrines<br />

qu'il enseignait aux princes de son temps, qu'il disait :<br />

« Si je possédais le mandat de la royauté, il ne me<br />

• ci faudrait pas plus d'une génération pour, faire régner<br />

« partout la vertu de l'humanité 2 . »<br />

Quoique la politique <strong>du</strong> premier philosophe et législateur<br />

chinois soit essentiellement démocratique, c'est-à-dire<br />

ayant pour but la culture morale et la félicité <strong>du</strong> peuple,<br />

il ne faudrait pas cependant prendre ce mot dans l'acception<br />

qu'on-lui donne habituellement. Rien ne s'éloigne<br />

peut-être plus de la conception moderne d'un gouvernement<br />

démocratique que la conception politique <strong>du</strong> philosophe<br />

chinois. Chez ce dernier, les lois morales et politiques<br />

qui. doivent régir le genre humain sous le triple rapport<br />

de l'homme considéré dans sa nature d'être moral perfectible,<br />

dausses relations de famille, et comme membre de<br />

la société, sont des lois éternelles, immuables, expression<br />

vraie de la véritable nature de l'homme, en harmonie<br />

avec toutes les lois <strong>du</strong> monde visible, transmises et<br />

enseignées par des hommes qui étaient eux-mêmes la<br />

% plus haute expression de la nature morale de l'homme,<br />

soit qu'ils aient dû cette perfection à une faveur spéciale<br />

<strong>du</strong> ciel, soit qu'ils l'aient acquise par leurs propres efforts<br />

-pour s'améliorer et se rendre dignes de devenir les insti-<br />

* Lûttryù, chap. H, j t.<br />

* M., chap. XIII, { 12. •


42 INTRODUCTION.<br />

tuteurs <strong>du</strong> genre humain. Dans tous les cas5 ces lois ne<br />

pouvaient être parfaitement connues et enseignées que<br />

par un très-petit nombre d'hommes* arrivés à la plus haute<br />

culture morale de l'intelligence à laquelle il soit donné à<br />

la nature humaint.» d atteindre» et qui aient dévoué lotir<br />

vif tout entière oi sans réserve a la mission noble et sainte<br />

do l'enseignement politique pour io bonheur do J lut nia-<br />

riite. Ces! donc la réalisation dos lois rt ion dos ot politiques<br />

qui peuvent constituer véritablement la société ot assurer<br />

la rt.*lic^t!


INTEODUCTION. 13<br />

et droit f . C'est la réalisation des lois éternelles qui doivent<br />

faire le bonheur de l'humanité, et que les plus hautes<br />

intelligences, par une application incessante de tous les in­<br />

stants de leur vie. sont seules capables de connaître et d'en­<br />

seigner ûiix hommes. Au contraire, le gouvernement,<br />

dans la conception moderne, n'est plus qu'un acte à I;<br />

portée de tout le monde, auquel (oui le monde vent pren­<br />

dre part, comme h la chose la pins triviale et la plus vul­<br />

gaire, et k laquelle on n'a pas besoin d'être préparé JKIî<br />

le moindre travail intellectuel et mur al.<br />

Pour faîro mieux comprendre les doctrines morales e<br />

politiques <strong>du</strong> philosophe chinois, nous pensons qu'il ne<br />

sera pas inutile de présenter ici un eourf aperçu des. {hjafre<br />

Livres classiques dont non* donnons la tra<strong>du</strong>ction.<br />

I » L ë T A-ii 10 o u i A G il A x DK En ' n K. -eu, Le texie,<br />

proprement dît, est fort court 11 est. nennmé A'in y ou<br />

L ivre par exeeilen ce ; î na i s t e l q i f i î est} cependant,


14 INTRODUCTION.<br />

morales, mais qui est déjà passée à l'état scientifique. L'art<br />

est ici trop évident pour que Ton puisse attribuer Tordre<br />

et l'enchaînement logique des propositions à la méthode<br />

naturelle d'un esprit droit qui n'aurait pas encore eu conscience<br />

d'elle-même. On peut donc établir que l'argument<br />

nommé sortie était déjà connu en Chine environ deux<br />

siècles avant Aristote, quoique les lois n'en aient peut-être<br />

jamais été formulées dans cette contrée par des traités<br />

spéciaux *.<br />

Toute la doctrine de ce premier traité repose sur un<br />

grand principe auquel tous les autres se rattachent et dont<br />

Ils découlent comme de leur source primitive et naturelle :<br />

le perfectionnement de soi-même» Ce principe fondamental,<br />

le philosophe chinois le déclare obligatoire pour tous les<br />

hommes, depuis celui qui est le plus élevé et le plus puissant<br />

jusqu'au plus obscur et au .plus faible ; et il établit<br />

que négliger ce grand devoir, c'est se mettre dans l'impossibilité<br />

d'arriver à aucun autre perfectionnement moral.<br />

Après avoir lu ce petit traité, on demeure convaincu<br />

que le but <strong>du</strong> philosophe chinois a été d'enseigner les devoirs<br />

<strong>du</strong> gouvernement politique comme ceux <strong>du</strong> perfectionnement<br />

de soi-même et de la pratique de la vertu par<br />

tous les hommes.<br />

2° LE TCHOUNG-YOUNG, OU L'INVARIABILITé DANS LE MI­<br />

LIEU. Le titre de cet ouvrage a été interprété de diverses<br />

manières par les commentateurs chinois. Les uns l'ont<br />

* Voyez l'Argument philosophique de l'édition ehinoise-iatim el<br />

française que nous avons donnée de cet ouvrage. Paris, 1837.<br />

Grand' in-8°.


INTRODUCTION. 15<br />

enten<strong>du</strong> comme signifiant la persévérance de la con<strong>du</strong>ite<br />

dans une ligne droite également éloignée des extrêmes,<br />

c'est-à-dire dans la voie de la vérité que Ton doit constamment<br />

suivre; les antres font considéré comme signifiant<br />

tenir le milieu en se conforma ni aux temps et aux circon­<br />

stances, ee qui nous paraît contraire à la doctrine expri­<br />

mée clans ee livre, qui est d'une nature aussi métaphy­<br />

sique que morale. 7We~ssc,qtu le rédigea, était petit.-lils et<br />

disciple de KiiorNG-TSi'X. Un vuiK à la lecture <strong>du</strong>re traité,<br />

que '/ seu-sse von lut exposer les principes mé lapin siques<br />

des doctrines de son maître, et <strong>mont</strong>rer que ecs doctrines<br />

11'é f a ï e n t pa s de simples // / v : eepi es do g m ai iq a es p n i se s d a i i s<br />

le senti nient et. la raison, et qui seraient par conséquent<br />

pinson moins obligatoires selon la manière de sentir et de<br />

rai so 11 n e r, mais b i e j i ûvs princ ipes moto plu/ s iq a es I < > n d es<br />

sur la nature de l'homme et les lois éternelles <strong>du</strong> nu an le.<br />

Ce c a r a e t è re é 1 e v é, c j n i domine tout 1 e 7 ):h au a g-y a ?/////, et<br />

que des écrivains modernes, ù\n\ mérite supérieur d'ail­<br />

leurs l ? n'ont pas voulu reconnaître dans les écrits des phi­<br />

losophes chinois, place ee traité de morale métaphysique<br />

au premier rang dos écrits de ee genre que nous a légués<br />

l'antiquité. On peut certainement le met Ire à coté, sinon<br />

au-dessus de tout ce que la philosophie ancienne nous<br />

a laissé de plus élevé et de plus pur. On sera même<br />

frappé, en le lisant, de l'analogie qu'il présente, sons cer­<br />

tains rapports, avec* les doctrines morales de la philo­<br />

sophie stoïque euseignéeN par Kpieièle et Marc-Aui'èle,<br />

i Voyez les Histoires de la philosophie ancienne de Uegcl el de<br />

H. Rittcr.


16 1NTE0DUCTI0N.<br />

en même temps qu'aiee la métaphysique d'Aristote.<br />

On peut se former une idée de son contenu par l'analyse<br />

sommaire que nous allons en donner d'après les commentateurs<br />

chinois.<br />

Dans le premier chapitre* Tseu-sse expose les idées<br />

principales de la doctrine de son maître -KHOUNG TSEU,<br />

qu'il veut transmettre à la postérité. D'mbord il fait voir<br />

que la voie droite, ou la règle de con<strong>du</strong>âe morale, qui<br />

oblige tous les hommes* a sa base fondamentale dans le<br />

ciel* d'où elle tire son origine* et qu'elle ne peut changer ;<br />

que sa substance véritable* son essence propre* existe<br />

complètement en nous* et qu'elle ne peut en être séparée;<br />

secondement* il parie <strong>du</strong> devoir "de conserver cette règle<br />

de con<strong>du</strong>ite morale•, de l'entretenir* de l'avoir sans cesse<br />

sous les yeux; enfin il dit que les saints hommes* ceux qui<br />

approchent le plus de l'intelligence divine* type parfait de<br />

notre imparfaite intelligence* l'ont portée par leurs œuvres<br />

à son dernier degré de perfection.<br />

Dans les dix chapitres qui suivent* Tseu-sse ne fait*<br />

pour ainsi dire* que des citations de paroles de son maître<br />

destinées à corroborer et à compléter le sens <strong>du</strong> premier<br />

chapitre. Le grand but de cette partie <strong>du</strong> livre est<br />

de <strong>mont</strong>rer que la prudence éclairée, Y humanité ou la bien-<br />

' veillance universelle pour tes hommes, la force d'âme, ces<br />

trois vertus universelles et capitales, sont comme la porte<br />

par laquelle on doit entrer dans la voie droite que doivent<br />

suivre tous les hommes; c'est pourquoi ces vertus ont été<br />

traitées dans la première partie de l'ouvrage (qui comprend<br />

les chapitres % 3* -4* 5* 6* 7, 8, 9, 10 et * I).


INTRODUCTION. 17<br />

Dans le douzième chapitre, Tseursse cherche à expli­<br />

quer le sens de cette expression <strong>du</strong> premier chapitre^ où<br />

•M est dit que la voie droite ou la règle de con<strong>du</strong>ite morale<br />

de Vhomme est tellement obligatoire^ que l'on ee peut s'en<br />

écarter d'un seul point un seul instant. Dans !


18 INTRODUCTION*<br />

« a dans le monde que les hommes souverainement parce<br />

faits qui puissent connaître à fond leur propre nature,<br />

« la loi de leur être et les devoirs qui en dérivent; pouce<br />

vant connaître à fond la loi de leur être et les devoirs qui<br />

« en dérivent, ils peuvent, par cela nié oie, connaître à fond<br />

« la nature des autres hommes, la loi de leur être, et leur<br />

« enseigner tous les devoirs qu'ils ont à observer pour ae-<br />

« euiupiir le mandat <strong>du</strong> eiel » Voilà les hommes parfaits,<br />

les saints, c'est-à-dire eenx. qui sont arrivés à la perfection,<br />

constitués les instituteurs des autre» bannies Jes seuls capa­<br />

bles de leur enseigner leurs devoirs et de les diriger dans la<br />

droite vuie, la voie de ia perfection morale. Mais Tseu-sse<br />

ne borne point là les facultés de eenx qui sont parvenus à<br />

Yà perfection. Suivant le procédé logique que nous avons<br />

signalé précédemment;, il <strong>mont</strong>re que les hommes arrivés à<br />

la pet 'feci t'oit 11 é v e I oppen1 leurs faeu 1 tes j usq u a 1 e u r pi us<br />

baille puissance^ assimilent aux pouvoirs supérieurs de la<br />

nature, et, s'absorbent finalement en eux. « Pouvantcon-<br />

« naître à foiai ajoute-t-il, la nature des autres hommes,<br />

« la loi de leur être, et leur enseigner les devoirs qu'ils<br />

« ont. à observer pour accomplir le mandat <strong>du</strong> ciel, ils<br />

« peuvent, par cela même, connaître à fond la nature des<br />

« antres êtres vivants et végétants,, et leur faire accomplir<br />

« leur loi de vitalité selon leur propre nature; pouvant<br />

M connaître à fond la. nature des êtres vivants et végé­<br />

ta lants, et leur faire accomplir leur loi de vitalité selon<br />

a leur propre nature, ils peuvent, par cela même, au<br />

a moyeu de leurs facultés intelligentes Mipérieures, aider<br />

a te eiel et la Icare dans la tran.-.aormation et lenircticn


• même, constituer un troisième pouvoir avec le ciel et<br />

; la terre, » Voilà la loi <strong>du</strong> ciel.<br />

Mais, selon Tseu-sse (chap. XXW-XXIV), il y a clïiïé-<br />

jrcnts degrés de perfection. Le plus haut degré est à peine<br />

compatible avec la nature humaine, ou plutôt ceux qui<br />

|font atteint sont devenus supérieurs à la nature humaine.<br />

Ils peuvent prévoir l'avenir, la destinée des nations, leur<br />

élévation, leur chute, et ils sont assimilés aux infellîgen-<br />

pes immatérielles, aux êtres supérieurs à Illumine. €e-<br />

bendant ceux qui atteignent un degré de perfection moins<br />

levé, plus accessible à la nat ère de l'homme (chap. XX1 II ),<br />

ipèrent un grand bien clans le inonde par la salutaire In—<br />

luence de leurs bons exemples. On doit donc s'efforcer<br />

l'atteindre à ce second degré de perfection.<br />

i..:.- parfait (chap. XXV) est par lui-même pariait, aie<br />

-\u: h loi <strong>du</strong> devoir est par elle-même loi <strong>du</strong> de-<br />

i,i- par fait est le comme née nient et la fin de tous les<br />

!é rc r 1 < i bien<br />


20 INTE0DUCT10N.<br />

ce mes. » Ici le philosophe chinois exalte tellement la puissance<br />

de l'homme parvenu à la perfection, qu'il l'assimile<br />

à celle <strong>du</strong> ciel et de la terre (chap. XXVI et XXVM). C'est<br />

un caractère propre à la philosophie de l'Orient*, et que<br />

l'on ne retrouve point dans la philosophie de l'antiquité<br />

classique, d'attribuer à l'homme parvenu à la perfection<br />

philosophique des pouvoirs surnaturels qui le placent au<br />

rang des puissances surhumaines.<br />

Tseu-sse, dans le vingt-neuvième chapitre de son livre,<br />

est amené, par la méthode de dé<strong>du</strong>ction, à établir que les<br />

lois qui doivent régir un empire ne peuvent pas être proposées<br />

par des sages qui ne seraient pas revêtus de la dignité<br />

souveraine, parce qu'autrement, quoique excellentes,<br />

elles n'obtiendraient pas <strong>du</strong> peuple le respect nécessaire à<br />

leur sanction, et ne seraient point observées. Il en conclut<br />

que cette haute mission est réservée au souverain, qui<br />

doit établir ses lois selon les lois <strong>du</strong> ciel et de la terre, et<br />

d'après les inspirations des intelligences supérieures. Mais<br />

voyez à quel rare et sublime condition il accorde le droit<br />

de donner des institutions aux hommes et de leur commander!<br />

ce Il n'y a* dans l'univers (chap. XXXI) que<br />

«l'homme souverainement saint qui, par la faculté de<br />

ce connaître à fond et de comprendre parfaitement les lois<br />

« primitives des êtres vivants, soit digne de posséder l'aucc<br />

torité souveraine et de commander aux hommes ; qui,<br />

ce par sa faculté d'avoir une âme grande, magnanime, affa-<br />

1 Voyez aussi notre tra<strong>du</strong>ction des Essais de Colebrooke sur la<br />

Philosophie des Hindous. î vol. in-8°.


-<br />

INTRODUCTION. 21<br />

ce ble et douce^ soit capable de posséder le pouvoir de ré-<br />

« pandre des bienfaits avec profusion; qui, par sa faculté<br />

s d'avoir une âme élevée, ferme^ imperturbable et con-<br />

« s tante, soit capable (k" faire régner la justice et l'équité;<br />

« qui, par sa faculté efrire toujours lic»iinc!c% simple,<br />

'( grave, droit et juste» soi* capable de s'attirer k* respect<br />

« et la v é n é n il km; qui, par sa I a i i i ! I < ; d * r 1i v e r e v è Un les<br />

u or nei iiei ils de 1 esprit et des talents q tu M Ion ne une élude,<br />

« assi<strong>du</strong>e, et de ees lainières que procure une exaete irt-<br />

« vestïgafîoii des choses les plus eue liées, des principes<br />

« I es pli i s su h 11 ! s, soit e a j >a 1 >1 e d e d i se e r i ) e r a v ce ( • x a«'lit n de<br />

es I e v raî d u la u x, 1 e 11 i e 11 d n n i a I. »><br />

Il ajoute : « Que cet hem nie souveraine! rient sain! ap~<br />

« paraisse avec ses vertus, ses facultés puissantes, et les<br />

i( peuples ne n i a n q u e n > n i pas 11 e lui ! é n i < > i e* net* leur v t ; 1i1 ; -<br />

« ration; qu'il parle, et ies peuples ne manqueront pas<br />

« d'avoir foi en ses paroles; qu'il agisse, ei les peuples ne<br />

e ïnonqlieront pas d'être dans la joie... Partout où les<br />

« vaisseaux, et les chars peuvent parvenu", on I -s loreosde<br />

« Un ci usf rie humaine peuvent tain: pénéirer, dans tous<br />

« les lieux que le ciel couvre de sou dais immense, sur<br />

« tons les points que la terre enserre, que le soleil et la<br />

« lune éclairent de leurs rayons, que la rusée cl les nua-<br />

« ges cl n matin fertilisent, fous les rires humains qui vi-<br />

u Yen t e t q 11 i re s p i r< : n 1.1 ï c » p e u v e n t m a n q u e r de ï a i 111 e r e I,<br />

« de le révérer. »<br />

Il a i s c e n *es I pas luit! «rétro se u v cru ï. 11 c m ^ < > u v e n t e i • : i I î a u i<br />

encore être somêrainement pur fait (chap. XXXII), pour


21 ' INTRODUCTION.<br />

pouvoir distinguer et fixer les devoirs des hommes entre<br />

eux. La loi de l'homme souverainement parfait ne peut<br />

être connue que par l'homme souverainement saint ; la<br />

vertu de l'homme souverainement saint ne peut être pratiquée<br />

que par l'homme souverainement parfait : il faut<br />

donc être l'un et l'autre pour être digne de posséder l'autorité<br />

souveraine.<br />

3° Le LUN-YU, ou les ENTIETIENS PHILOSOPHIQUES. La<br />

lecture de ces Entretiens philosophiques de RHOUNG-TSEU<br />

et de ses disciples rappelle^ sous quelques rapports, les<br />

dialogues de Platon, dans lesquels Socrate, son maître,<br />

occupe le premier plan, mais avec toute la différence des<br />

lieux et des civilisations. Il y a assurément beaucoup moins<br />

d'art, si toutefois il y a de Fart, dans les .entretiens <strong>du</strong><br />

philosophe chinois, recueillis par quelques-uns de ses<br />

disciples, que dans les dialogues poétiques <strong>du</strong> philosophe<br />

grec. On pourrait plutôt comparer les dits de RHOUNG-<br />

TSEU à ceux de Socrate, recueillis par son autre disciple<br />

Xénophon. Quoi qu'il en soit, l'impression que l'on<br />

éprouve à la lecture des Entretiens <strong>du</strong> philosophe chinois<br />

avec ses disciples n'en est pas moins grande et moins<br />

profonde, quoiqu'un peu monotone peut-être. Mais cette<br />

monotonie même a quelque chose de la sérénité et de la<br />

majesté d'un enseignement moral qui fait passer successivement<br />

sous les yeux les divers côtés de la nature humaine<br />

en la contemplant d'une région supérieure. Et<br />

après cette lecture on peut se dire comme le philosophe<br />

chinois : « Celui qui se livre à l'étude <strong>du</strong> vrai et<br />

« <strong>du</strong> bien, qui s'y applique avec persévérance et sans re-


INTBODl'CTION. 23<br />

ce lâche, n'en éprouve-t-il pas une grande satisfaction 1 ? »<br />

On peut dire que c'est dans ces Enirêtiem philosophiques •<br />

que se révèle à nous toute la belle âme de KHOUNG-TSBIJ,<br />

sa passion pour la vertu, son ardent ai nom' de 11 ut niant te<br />

et <strong>du</strong> bonheur des hou mit «s. A ne un sentiment de vanité<br />

ou dVirguel, de menace ou de crainte» ne ternit la pureté<br />

et l'autorité


24 INTRODUCTION.<br />

Avec quelle admiration il parle de l'un de ses disciples,<br />

qui, au sein de toutes les privations, ne s'en livrait pas<br />

moins avec- persévérance à Fétude de la sagesse !<br />

ce Oh ! qu'il était sage Hoeï 111 avait un vase de bambou<br />

« pour prendre sa nourriture/une simple coupe pour<br />

« boire, et il demeurait dans Fhumble ré<strong>du</strong>it d'une rue<br />

« étroite et abandonnée ; un autre homme que lui n'au-<br />

« rait pu supporter ses privations et ses souffrances. Cela<br />

« ne changeait pas cependant la sérénité de ffôeï ! Oh !<br />

« qu'il était sage Hoeï l ! »<br />

S'il savait honorer la pauvreté, il savait aussi flétrir<br />

énergiquement la vie matérielle, oisive et inutile, ce Ceux<br />

ce qui ne font que boire et que manger, disait-il, pendant<br />

« toute la journée, sans employer leur intelligence à<br />

« quelque objet digne d'elle, font pitié. N'y a-t-il pas le<br />

ce métier de bateleur ? Qu'ils le pratiquent; ils seront des<br />

« sages en comparaison 2 ! »<br />

• C'est une question résolue souvent par l'affirmative,<br />

que les anciens philosophes grecs avaient eu deux doctrines,<br />

Fune publique et Fautre secrète; l'une pour le<br />

vulgaire (profanum vulgus), et Fautre pour les initiés. La<br />

môme question ne peut s'élever à l'égard de KHOUNG-TSEU;<br />

car il déclare positivement qu'il n'a point de doctrine<br />

secrète, ce Vous, mes disciples, tous tant que vous êtes,<br />

ce croyez-vous que j'aie pour vous des doctrines cachées ?<br />

« Je n'ai point de doctrines cachées pour vous. Je n'ai<br />

« rien fait que je ne vous Faie communiqué, ô mes dis-<br />

1 Lùnryû, chap. vi, § 9.<br />

» Id., chap. XVII, | 22.


M<br />

INTEODUCTiON. 25<br />

ce ciples ! C'est la manière d'agir de Khieou (de iuio<br />

même *). »<br />

Il serait très-difficile de donner une idée sommaire <strong>du</strong><br />

Lfm-yk, à cause de la nature de l'ouvrage, qui présente,<br />

non pas un traité systématique sur un nu plusieurs sujets,<br />

mais des réflexions amenées à peu près sans ordre siir<br />

tontes sortes de sujets. Voici ee qu'a dit tm célèbre cun-<br />

ineiîtatenr chinois <strong>du</strong> Làn-yh et th^ autres livres clas­<br />

siques, Tchiny-tseu, qui vivait sur la fin <strong>du</strong> onzième siècle<br />

de notre ère ;<br />

« Le Lûn-yh iM un livre dans lequel sont déposées les<br />

« paroles destinées à transmettre la doctrine de ta raison *<br />


26 INTRODUCTION.<br />

natale de KHOUNG-TSEU, et la troisième fut trouvée cachée<br />

dans un mur après l'incendie des livres : cette dernière<br />

copie fut nommée Kou-lûn, c'est-à-dïre Y Ancien Lûn.<br />

La copie de T/tsi comprenait vingt-dnix chapitres; Lan-<br />

cienne copie (fïou-lûn), vingt et un ; et la coj)ïe de Lour<br />

celle qui est; iiuiinionant suivie, vingt. Les deux chapitres<br />

en plus de la copie de Thsi ont été per<strong>du</strong>s ; le chapitre en<br />

{il us de l'a ne ion ne copie vient seulement d'une division<br />

différente de la même matière.<br />

1° MENG-TSEU. Ce quatrième des livres classiques porte<br />

le nom de son auteur, qui est placé par les Chinois immé­<br />

diatement après KiioiNG-TSEiî, dont il a exposé et déve­<br />

loppé les doctrines. Plus vif, plus pétulant que ce dernier,<br />

pour lequel il avait la plus liante admiration, et qu'il<br />

regardait comme le plus grand instituteur <strong>du</strong> genre hu­<br />

main < pie les siec les ai en t j amais j irod u ï t > ï1 d îsa i t : « I )e-<br />

puis qu'il existe des hommes, il n'y en a jamais eu de<br />

comparables à KIIOVNG-TSEU *. » A l'exemple «le ce grand<br />

maître, il voyagea avec ses disciples (il en avait dix-sep!)<br />

dans les différents petits États de la Chine, se rendant à la<br />

cour des princes, avec lesquels il philosophait et auxquels<br />

ïl donnait souvent des leçons de politique et de sagesse<br />

dont ils ne profitaient pas toujours. Comme KIIOIîSG-TSEU<br />

(ainsi que nous lavons déjà dit ailleurs 3 ), il avait pour<br />

but le bonheur de ses compatriotes et de l'humanité tout<br />

* Meng-tseu, chap. m, p. 249 de notre tra<strong>du</strong>ction. Ce témoignage<br />

est corroboré dans Meng-tseu par celui de trois des plus illustres<br />

disciples <strong>du</strong> philosophe, que Meng-tseu rapporte au même endroit,<br />

t Description de la Chine, t. I, p. 187.


INTRODUCTION. 27<br />

entière. En communiquant la connaissance de ses principes<br />

d'abord aux princes et aux hommes qui occupaient<br />

un rang élevé dans la société, et ensuite à un p*and<br />

nombre de disciples que sa renommée attirail autour de<br />

lui, il sV{forçait. de propager le plus possible ces mêmes<br />

doctrines au sein de la multitude, H d*h ici tiquer dans<br />

l'esprit des grands, des princes, que la stabilité de leur<br />

puissance dépendait uniquement de l'amour et de la fiée -<br />

tion qu'ils auraient pour leurs peuples. Sa politique paraît<br />

avoir eu une expression plus décidée et plus hardie que<br />

celle de son înaître. En s'efibreant de faire comprendre,<br />

aux gouvernants et aux gouvernés leurs devoirs réci­<br />

proques, il tendait à soinilettre tout l'empire chinois à la<br />

domination de ses principes. D'un ente il enseignait aux<br />

peuples le droit divin que les rois avaient à régner, et de<br />

l'antre il enseignait aux rois que c'était leur devoir de<br />

consulter les désirs <strong>du</strong> peuple, et de mettre un frein à<br />

l'exercice de leur tyrannie; en un mot., de se rendre<br />

le père ci la mère <strong>du</strong> peuple. MENG-TSKU était un homme<br />

de principes indépendants, et, contrôle vivant et incor­<br />

ruptible <strong>du</strong> pouvoir, il ne laissait jamais passer un acte<br />

d oppression , dans Us Etats avec lesquels il avait des<br />

relations, sans le blâmer sévèrement.<br />

M EN G-TSE r possédait une connaissance prof ont le <strong>du</strong><br />

cet. air humain, et il a déployé dans son ouvrage une grande<br />

souplesse de talent, une. grande- habileté à découvrir les<br />

mesures arbitraires des princes régnants e! Us abu> des<br />

fonctionnaires publies. Sa manière de philosopher est<br />

celle de Socrate et de Haton , tuas avec phi> de vigueur


28 INTBODUCTtON.<br />

et de saillies spirituelles. Il prend son adversaire, quel<br />

qu'il soit, prince ou autre, corps à corps, et, de dé<strong>du</strong>c­<br />

tion en dé<strong>du</strong>ction, de conséquence en conséquence, il le<br />

mène droit à la sottise ou à l'absurde. II le serre de si<br />

près, qu'il ne peut lui échapper. Aucun écrivain oriental<br />

ne pourra il, peut être offrir plus <strong>du</strong> tirai (s à un lecteur<br />

européen, surtout à un lecteur français, que MENG-ISEI ; ,<br />

parce que (ceci n'est pas un paratloxe) ce q u ' i 1 y a d e p l u s<br />

saillant en lui;, quoique Chinois, c'est la vivacité de son<br />

esprit. 11 manie parfaitement l'ironie, et cette arme, dans<br />

ses mains, est plus dangereuse et plus a igné que dans<br />

celles <strong>du</strong> sage Soc rate.<br />

Voi < * i ce q ne d i t un ec r ï v ai n cl i i ooîs d u 1 i v re de M EN G -<br />

« TSE i: : Le s su j e I s ! r a i t es d a n s e e t. o u v r a ge son t d e d i v e r-<br />

« ses liâtures. Ici, les vertus de la vie indivi<strong>du</strong>elle et de<br />

« pa re nié sont e x a m i 11 ces ; I à , \\ > rdre des a I la î re s est<br />

« disent!». Ici, les devoirs des supérieurs, depuis le soin<br />

« verain jusqu'au magistrat <strong>du</strong> dernier degré, sont pres­<br />

te cr ï t s pou r i ? c x ère i e e d'un bo n gou v e ni e me n t ; I à , les<br />

« 11 *a v a 11 x d es e t u d i a n t s, des 1 a 1 )o 11 r eu r s, cl e s ar i t san s, des<br />

« n égoe i a n i s, son t e x posé s a u x re gar< 1s ; et, cl a ns le cou r s<br />

« de l * o u v ra ge, les lois <strong>du</strong> monde pli y s î q ne. d u ciel, d t:<br />

« la terre et des <strong>mont</strong>agnes, des rivières, des oiseaux, des<br />

« quadrupèdes, des poissons, des i usée tes, des plantes,<br />

« des ar lires ? sont occasionnellement décrites. Bon<br />

« nom lire des affaires que MENG-TSEI traita dans le cours<br />

« desa vie, clans son commerce avec les hommes; ses<br />

« discours d'occasion avec des personnes de tous rangs;<br />

« ses instructions à ses élèves : NOS vues ainsi que ses


1NT10DUCT10N. 29<br />

ci explications des livres anciens et modernes, toutes<br />

€ ces choses sont incorporées dans cette publication,<br />

ce 1 rappelle aussi les faits historiques/ les dits des an-<br />

ce tiens sages pour l'instruction de l'humanité. »<br />

M. AbelEémusat a-ainsi caractérisé les deux plus célè­<br />

bres philosophes de lit Cl une :<br />

« Le style de MEXO-ïSKI:, moins élevé et moins concis<br />

« cpie relui il » prince des lettres fj\iiooi>îsf;n, est aussi<br />

« noble, plus fleuri et plus élégant. La forme <strong>du</strong> dialogue,<br />

< q«Il a eoiîse s, il s * a l i a e h e. à c 4 î I t i r e r < l e s e o 11 s éq i. ï I * n c<br />

« absurdes qui les couvrent de confusion. Il ne ménage<br />


30 1NTB0DUCTI0N.<br />

« quant que les réponses qu'il leur fait en ces occasions;<br />

« rien surtout de plus opposé à ce caractère servile et<br />

ce bas qu'un préjugé trop répan<strong>du</strong> prête aux Orientaux, et<br />

« aux Chinois en particulier. Meng-tseu ne ressemble en<br />

« rien à Aristippe : c'est plutôt à Diogène, mais avec plus<br />

ce de dignité et de décence. On est quelquefois tenté de<br />

« blâmer sa vivacité, qui tient de l'aigreur; mais on l'ex-<br />

« cuse en le voyant toujours inspiré par le zèle <strong>du</strong> bien<br />

ce public*. »<br />

Quel que soit le jugement que l'on porte sur les deux<br />

plus célèbres philosophesde la Chine et sur leurs ouvrages,<br />

dont nous donnons la tra<strong>du</strong>ction dans ce volume, il n'en<br />

restera pas moins vrai qu'ils méritent au plus haut degré<br />

l'attention <strong>du</strong> philosophe et de l'historien, et qu'ils doivent<br />

occuper un des premiers rangs parmi les plus rares génies<br />

qui ont éclairé l'humanité et l'ont guidée dans le chemin<br />

de la civilisation. Bien plus, nous pensons que l'on ne trouverait<br />

pas dans l'histoire <strong>du</strong> monde une figure à opposer<br />

à celle <strong>du</strong> grand philosophe chinois, pour l'influence si<br />

longue et si puissante que ses doctrines et ses écrits ont<br />

exercée sur ce vaste empire qu'il a illustré par sa sagesse<br />

et son génie. Et tandis que les autres nations de la terre<br />

élevaient de toutes parts des temples à des êtres inintelligents<br />

ou à des dieux imaginaires, la nation chinoise en<br />

élevait à l'apôtre de la sagesse et de l'humanité, de la morale<br />

et de la vertu ; au grand missionnaire de l'intelligence<br />

humaine, dont les enseignements ses ôutiennent depuis<br />

1 Vie de Meng-tseu, Nouv. Mélanges asialiques, t. II, p. 119.


1NT10DUOTOM. 31<br />

plus de deux mille ans? et se concilient maintenant l'admiration<br />

et l'amour déplus de trois cent millions d'âmes 1 .<br />

Avant que de terminer, nous devons dire que ce n'est<br />

pas le désir d'une vaine gloire qui nous a fait entreprendre<br />

la tra<strong>du</strong>ction dont nous donnons aujourd'hui une édition<br />

nouvelle 2 , mais bien l'espérance de faire pari;tuer aux per­<br />

sonnes qui la liront une partie des impressions mondes<br />

fHPK<br />

de la (lune est la première Ira<strong>du</strong>-'laon fraoeiiM' qui ail «*t»' faite sur<br />

h- texte dtinois, »axt:epte t«uitekus es tï--u\ pn-mirr.- ii\r ; )


32 INTHODUCTlOIf.<br />

miers philosophes chinois sans se sentir meilleur, ou <strong>du</strong><br />

moins sans se sentir raffermi dans les principes <strong>du</strong> vrai<br />

comme dans la pratique <strong>du</strong> bien, et sans avoir une plus<br />

haute idée de la dignité de notre nature. Dam un temps<br />

où le sentiment moral semble se corrompre et se perdre,<br />

el la société marcher aveuglément dans la voie des seuls<br />

Instincts matériels, il ne sera peufrêtre pas inutile de ré-<br />

' péter les enseignements de haute et divine raison que le<br />

ptas grand philosophe de l'antiquité orientale a donnés au<br />

monde. Nous serons assez récompensé des peines que notre<br />

tra<strong>du</strong>ction nous a coÉrtâ» si nous avons atteint le but que<br />

nous nous sommes prtffcSsé en la composant.<br />

G, PAUTHIER.


LES SSE CHOU<br />

00<br />

LES QUATRE LIVRES DE PHILOSOPHIR<br />

MOBALE ET POLITIQUE<br />

DE LA CHINE.


LE TA HIO<br />

ou<br />

LA GRANDE ÉTUDE<br />

OUVRAGE DE<br />

KHOUNG-FOU-TSEU (CONFUC1US)<br />

ET DE SON DISCIPLE TMSÊHG-TSElî.<br />

PREMIER LI¥RE CLASSIQUE.<br />

PRÉFACE<br />

DU COMMENTAIRE SUR LE TA HIO,<br />

PAE LE DOCTEUR TCHOU-HI.<br />

Le livre de la Grande Étude est cette Grande Étude que dans l'antiquité<br />

on enseignait aux hommes, et qu'on leur proposait pour<br />

règle de con<strong>du</strong>ite ; or les hommes tirant <strong>du</strong> ciel leur origine, il en<br />

résulte qu'il n'en est aucun qui n'ait été doué par lui des sentiments<br />

de charité ou d'humanité, de justice, de convenance et de sagesse.<br />

Cependant, quoique tous les hommes possèdent certaines dispositions<br />

naturelles et constituées qu'ils ont reçues en naissant, il enest<br />

quelques-uns qui n'ont pas le pouvoir ou la faculté de les cultiver<br />

et de les bien diriger. C'est pourquoi ils ne peuvent pas tous avoir<br />

en eux les moyens de connaître les dispositions existantes de leur<br />

propre nature, et ceux de leur donner leur complet développement.


36 PRÉFACE DU COMMENTAIRE.<br />

Il en est qui, possédant une grande perspicacité, une intelligence<br />

pénétrante, une connaissance intuitive, une sagesse profonde, peuvent<br />

développer toutes les facultés de leur nature, et ils se distinguent<br />

au milieu de la foule qui les environne ; alors le ciel- leur a<br />

certainement donné le mandat d'être les chefs et les instituteurs des<br />

générations infinies ; il les a chargés de îa mission de les gouverner<br />

et de les instruire, afin de les faire retourner*à îa pureté primitive<br />

de leur nature.<br />

Voilà comment [les anciens empereurs] Fou-M, Chin^notmg^<br />

Hoang-ti, Yao et Chun occupèrent successivement les plus hautes<br />

dignités que confère le ciel ; comment les ministres d'État furent<br />

attentifs à suivre et à propager leurs instructions, et d'où les magistrats<br />

qui président aux lois civiles et à la musique # dérivèrent leurs<br />

enseignements.<br />

Après l'extinction des trois premières dynasties, les institutions<br />

qu'elles avaient fondées s'étendirent gra<strong>du</strong>ellement. Ain*i il arriva<br />

par la suite que dans les palais des rois, comme dans les grandes<br />

villes et même jusque dans les plus petits villages, il n'y avait aucun<br />

lieu où l'on ne se livrât à l'étude. Dès que les jeunes gens<br />

avaient atteint l'âge de huit ans, qu'ils fussent les fils des rois, des<br />

princes ou de la foule <strong>du</strong> peuple, ils entraient tous à la Petite<br />

École ! , et là'on leur enseignait à arroser, à balayer, à répondre<br />

promptement et avec soumission à ceux qui les appelaient ou les<br />

interrogeaient ; à entrer et à sortir selon les règles de la bienséance;<br />

à recevoir les hôtes avec politesse et à les recon<strong>du</strong>ire de même. On<br />

leur enseignait aussi les usages <strong>du</strong> monde et des cérénronies, la<br />

musique ; Fart de lancer des flèches, de diriger des chars, ainsi que<br />

celui d'écrire et de compter.<br />

Lorsqu'ils avaient atteint l'âge de quinze ans, alors, depuis l'héritier<br />

présomptif de la dignité impériale et tous les autres fils de<br />

l'empereur, jusqu'aux fils des princes, des premiers ministres, des<br />

gouverneurs de provinces, des lettrés ou docteurs de l'empire promus<br />

à des dignités, ainsi que tous ceux d'entre les enfants <strong>du</strong> peup)e<br />

qui brillaient par des talents supérieurs, entraient à la Grande<br />

École s , et on leur enseignait les moyens de pénétrer et d'approfondir<br />

les principes des choses, de rectifier les mouvements de leur<br />

cœur, de se corriger, de se perfectionner eux-mêmes, et de gouverner<br />

les hommes.. Voilà comment les doctrines que Ton enseignait<br />

dans les collèges étaient divisées en grandes et petites. Par cette<br />

division et cette composition des études, leur propagation s'étendit<br />

au loin, et le mode d'enseigner se maintint dans les limites précises<br />

de cet ordre de subordination ; c'est ce qui en fit un véritable enseignement<br />

En outre, toute la base de cette institution résidait dans<br />

* Siao hio.<br />

2 Ta hio.


F x-<br />

SOI LB TA BIO. 37<br />

Sa personne <strong>du</strong> prince, qui en pratiquait tous les devoirs. On ne<br />

demandait aucun salaire aux enfants <strong>du</strong> peuple, et on n'exigeait<br />

rien d'eux que ce dont ils riva h? ni besoin pour vivre journellement.<br />

C'est pourquoi, dansées âges passes, il n'y avait aucun homme ifïii<br />

ne se livra! à l'étude. Ceux qui étudiaient ain»i se gardaient l»i«-u do<br />

ne pas s'appliquer à connaître les dispositions naturelles que chacun<br />

d'eux possédad réellement, la con<strong>du</strong>ite qu'il devait suivre dans<br />

les fonctions qu'il avait à remplir; rt chacun d'eux faisait ainsi tous<br />

ses efforts, épuisait toutes ses facultés, pour atteindre à sa viafaide<br />

destination. Voilà comment il est arrive que, dans le< temps iîoriss<br />

1111 s de la h au te an I iqui le ,1e g< ?uve ni c ni • '• n t a é té si f\h »rieux dans<br />

ceux qui occupaient les emplois élevés, ies rmeiirs si belles, si pur«s<br />

dans les inférieurs, et pourquoi il a. été impossible aux siècles qui<br />

leur ont succédé d'atteindre à ce liant degré de perfection.<br />

Sur le déelin de la dynastie des ïchéeni, lorsqu'il ne paraissait<br />

plus de souverains doués de sainteté et de \ertu. les reniements<br />

de>. grandes et petites Écoles n'étaient plus observes ; les saines<br />

doctrines étaient déd a innées et foulées aux pieds : les une tirs publiques<br />

touillaient en dissolution. Ce fut à cette époque de dépravât!<br />

i) n }jé n é r a le qu'a p j i a ru t. a v e e é< • I a t la s a i n t e t é d e Ksi o t: N -lir<br />

Chao-ij JSeï-tse l concernent les devoirs des élevés, et appartiennent<br />

véritablement à la Pelile Élude . dont ils sont comme des ruis-<br />

>eaux détachés ou dies appendices; mais parce q m,- ha. instruction^<br />

concernant la P élite Etude 'ou Ylitmlr propre aux enfant-^ a\ aient.<br />

i ; t é c o m p 1 é t e m e n l d ê ve l o p p é e s dans le s o u \ r a ; ;a * s c i • d < • s s 11 «*, I e livre<br />

qui nous occupe a été destine à exposer e!_ rem Ire nia n îles le a Oms<br />

les lois claires, évidentes, de la Grande Étude "il Y É ht de propre<br />

aux esprits nïùr> : . lîn dehors <strong>du</strong> livre et e«.mme frontispice, sm»!<br />

posés les grands principe:- qui doivent servir de base a lais quoique dans une multitude<br />

de trois mille disciples il n';\ en ait >ai aucun qui n'eût >ouveut<br />

enten<strong>du</strong> les enseignements <strong>du</strong> maître, cependant le r-mienu<br />

de en livre fut transmis a. la posîérile par les seuls discip! -s de<br />

l'hseiuj-tsen. qui en avait reçu lui-mèum le- nia xi rocs de son osa lire<br />

K HO {'NG-TS {•;{', et qui, dans une exposition


38 PRÉFACE DU COMMENTAIRE<br />

Après la mort de Méng-tseu, il ne se trouva plus personne pour enseigner<br />

et propager cette doctrine des anciens ; alors, quoique îe livre qui<br />

la contenait continuât d'exister, ceux qui la comprenaient étaient fort<br />

rares. Ensuite il est arrivé de là que les lettrés dégénérés s'étant habitués<br />

à écrire des narrations, à compiler, à faire des discours élégante,<br />

leurs œuvres concernant la Petite Étude furent au moins doubles de<br />

celles de leurs prédécesseurs ; mais leurs préceptes différents furent<br />

d'un usage complètement nul.<br />

. Les doctrines <strong>du</strong> Vide et de la Non-entité *, <strong>du</strong> Repos absolu et<br />

é^-fExtimtion finale *, vinrent ensuite se placer bien au-dessus de<br />

«tUrde la Grande Etude; mais elles manquaient de base véritable<br />

et solide. Leur autorité, leurs prétentions, leurs artifices ténébreux,<br />

leurs fourberies, en un mot, les discours de ceux qui les prêchaient<br />

ptur s'attire? une renommée glorieuse et un vain nom, se sont répan<strong>du</strong>s<br />

Abmû&mm&m parmi les hommes, de sorte que Terreur, en<br />

envahissant-le' siècle, a abusé les peuples et a fermé toute voie à la<br />

charité et à la justice. Bien plus, le trouble et la confusion de toutes<br />

les notions morales sont sortis de leur sein, au point que les sages<br />

mêmes ne pouvaient être asses heureux pour obtenir d'entendre eî<br />

d'apprendre les devoirs les plus importants de la grande doctrine,<br />

et que les hommes <strong>du</strong> commun ne pouvaient également être asses<br />

heureux pour obtenir dans leur ignorance d'être éclairés sur les<br />

principes d'une bonne administration ; tant les ténèbres de l'ignorance<br />

s'étaient épaissies et avaient obscurci les esprits ! Cette maladie<br />

s'était tellement augmentée dans la succession des années, elle était<br />

devenue tellement invétérée, qu'à la fin de l'époque des cinq dynasties<br />

[vers 960 de notre ère] le désordre et la confusion étaient au<br />

comble.<br />

Mais il n'arrive ries sur cette terre que le ciel ne ramène de nouveau<br />

dans le cercle de ses révolutions : la dynastie des Soung s'éleva,<br />

et la vertu fut bientôt florissante ; les principes <strong>du</strong> bon gouvernement<br />

et l'é<strong>du</strong>cation reprirent leur éclat. A cette époque ,<br />

apparurent dans la province <strong>du</strong> Ho-nan deux docteurs de la famille<br />

Tching, lesquels, dans le dessein de transmettre à la postérité les<br />

écrits de Méng-tsm el de ses disciples, les réunirent et en formèrent<br />

un corps d'ouvrage. lis commencèrent d'abord par manifester une<br />

grande vénération pour ce livre [le Ta Mo ou la Grande Étude],<br />

et ils le remirent en lumière, afin qu'il frappât les yeux de tous. A<br />

cet effet, ils le retirèrent <strong>du</strong> rang secondaire où il était placé § , en<br />

mirent en ordre les matériaux, et lui rendirent ses beautés primitives.<br />

Ensuite la doctrine^qui avait été anciennement exposée dans le livre<br />

de la Grande Étude pour instruire les hommes, le véritable sens<br />

* Celle des Tao-sse, qui a Lao-tseu pour fondateur.<br />

2 Celle des Bouddhistes, qui a Fo ou Bouddha pour fondateur.<br />

s II formait ua des chapitres <strong>du</strong> Li-ki*


SUR LE TA H10. 39<br />

<strong>du</strong> saint texte original [de KHOUNG-TSEU] et de l'explication de son<br />

sage disciple furent de nouveau examinés et ren<strong>du</strong>s au siècle dans<br />

toute leur splendeur. Quoique moi Hi, je ne sois ni habile ni pénétrant,<br />

j'ai êt« ; assez lis iiieajje capable d'accomplir la tâche (juc je n'ai fait qii'eJUeurrr. Je<br />

sais parfaitement ifiie r». ! 1ilî qui entreprend plu- qu'il ne lui r..nvirnt<br />

n'est pas exempt d'encourir pour sa faute le ldàme de la post-Tito.<br />

«dépendant, en ce qui cm-'-rue /e f/oarerneuieel drs l : Ja!s, /«i eei?<br />

rrrai'tn des peuples, l'amélioration fies mu'urx, celui qtiï clan! ion<br />

mon travail >nr le mode* et les moyens j>in. onde la<br />

l*a ; .r tuutre'le rvuljfaiivihotit nommer U


AVERTISSEMENT<br />

DU DOCTEUR î€ilff€-1 Silî.<br />

Le docteur Tching-tsm a dit : Le Ta Mo [ou la Grande Étude]<br />

est un livre laissé par KHOUNG-TSEU et son disciple [Thséng-tseu],<br />

ain que ceux qui commencent à étudier les sciences morales et politiques<br />

s'en servent comme d'une porte pour entrer dans le sentier<br />

de la sagesse. On peut voir maintenant que les hommes de l'antiquité,<br />

qui faisaient leurs études dans un ordre méthodique, s'appuyaient<br />

uniquement sur le contenu de ce livre ; et ceux qui veulent<br />

étudier le Lun-yu et le Mêng-îseu doivent commencer leurs<br />

études par le Ta hio : alors ils ne courent pas le risque de s'égarer.


LA GRANDE ÉTUDE.<br />

^ i. La loi de la Grande Étude, ou de la philosophie pratique^<br />

consiste à développer et remettre en lumière le<br />

principe lumineux de la raison que nous avons reçu <strong>du</strong><br />

ciel, jk renouveler les hommes, et à placer sa destination<br />

définitive dans la perfection, ou le souverain bien.<br />

2. II. faut d'abord connaître le but auquel on doit tendre,<br />

ou sa destination définitive, et prendre ensuite une<br />

détermination; la détermination étant prise, on peut ensuite<br />

avoir l'esprit tranquille et calme; l'esprit étant tranquille<br />

et calme, on peut ensuite jouir de ce repos inaltérable<br />

que rien ne peut troubler; étant parvenu à jouir de<br />

ce repos Inaltérable que rien ne peut troubler, on peut<br />

ensuite méditer et se former un jugement sur l'essence<br />

des choses; ayant médité et s'étant formé un jugement<br />

sur l'essence des choses, on peut ensuite atteindre à l'état<br />

de perfectionnement désiré.<br />

3. Les êtres de la nature ont une cause et des effets;<br />

les actions humaines ont un principe et des conséquences<br />

: connaître les causes et les effets, les principes et les<br />

conséquences, c'est approcher très-près de la méthode<br />

rationnelle avec laquelle on parvient à la perfection.<br />

4. Les anciens princes qui désiraient développer et remettre<br />

en lumière dans leurs États le principe lumineux<br />

de la raison que nous recevons <strong>du</strong> ciel s'attachaient auparavant<br />

à bien gouverner leurs royaumes; ceux qui désiraient<br />

bien gouverner leurs royaumes s'attachaient auparavant<br />

à mettre le bon ordre dans leurs familles; ceux<br />

qui désiraient mettre le bon ordre dans leurs familles s'attachaient<br />

auparavant à se corriger eux-mêmes; ceux qui<br />

4,


4-2 TA 010,<br />

désiraient se corriger eux-mêmes s'attachaient auparavant<br />

à donner de la droiture à leur âme; ceux qui désiraient<br />

donner, de la droiture à leur âme s'attachaient auparavant<br />

à rendre leurs intentions pures et sincères; ceux<br />

qui désiraient rendre leurs intentions pures et sincères<br />

s'attachaient auparavant à perfectionner le plus possible<br />

leurs connaissances morales ; perfectionner le plus possible<br />

ses connaissances morales consiste à pénétrer et approfon-.<br />

dir les principes des actions»<br />

o. Les principes îles actions étant pénétrés et approfondis,<br />

les connaissances morales parviennent ensuite a<br />

leur cl e r nier c le gré t i e pe r fee t i on ; les eo n n a i ssa ne es ri 1 orales<br />

étant parvenues à leur dernier degré de perfection,<br />

les intentions sont ensuite ren<strong>du</strong>es pures et sincères; les<br />

in lent ions étant ren<strong>du</strong>es pures et sincères, laine se pénétre<br />

ensuite de probité et de droiture; lame étant pénétrée<br />

t le p r o 1 M t é e t d e d r o î t u r e, la | »e r su 11 ne est e n s u i t e e o ir<br />

i gee e t a i n é 1 i orée ; la pi * rso n i ic é tant eo r r i g ée et a riiéliurée,<br />

la famille est ensuite bien dirigée; la famille étant<br />

bien dirigée, le royaume est ensuite bien gouverné; le<br />

royaume étant bien gouverné, le monde ensuite jouit de<br />

la paix et de la bonne harmonie.<br />

îk Depuis l'homme le plus élevé en dignité jusqu'au<br />

plus humilie et au plus obscur, devoir égal pour loris :<br />

corriger et. améliorer sa personne, on le perfectionnement<br />

<strong>du</strong> soi-m/hne, est la base fondamentale de tout progrès et<br />

de lotit développement moral.<br />

7. il n'est pas dans la nature des choses que eo qui a<br />

sa base fondamentale en désordre et dans la e on fusion<br />

puisse avoir ee qui en dérive nécessairement dans un état<br />

convenable.<br />

Traiter logé renne ni ce qui est le principal on le plus<br />

important, et graveinent ce qui n'est que secondaire, est<br />

une met l'iode d'agir qu'il ne faut jamais suivre *.<br />

s Le texte entier de l'ouvrage consiste en quinze cent quarantesix<br />

caractères.


LA GiANDE ÉTUDE. 43<br />

Le King ou Livre par excellence, qui précède, ne forme<br />

qu'un chapitre ; il contient les propres paroles de KHOUNG-<br />

TSEU, que son disciple Thsêng-Ueu a commentées dans<br />

les dix sections" ou chapitres suivants,, composés de ses<br />

idées recueillies par ses disciples.<br />

Les tablettes en bambou des anciennes copies avaient<br />

été réunies d'une manière fautive et confuse; c'est pour<br />

cela que Tehing-tseu détermina leur place, et corrigea en<br />

l'examinant la composition <strong>du</strong> livre. Par la disposition<br />

-qu'il établit, l'ordre et l'arrangement ont été arrêtés<br />

comme il suit.<br />

EXPLICATION DE THSÊNG-TSEU.<br />

CHAPITRE PREMIER.<br />

Sur le devoir de développer ei de rendre à sa clarté primitive le priocif e<br />

lumineux de Qotre raison.<br />

* I. Le Khang-kao * dit : Le roi Wen parvint à développer<br />

el faire briller dam tout son éclat le principe lumineux<br />

de la raison que nom recevons <strong>du</strong> ciel.<br />

Toute l'Exposition [de Thséng-tseu] est composée de citations<br />

variées qui servent de commentaire au King [ou texte original de<br />

KHOUNO-TSBU], lorsqu'il n'est pas complètement narratif. Ainsi les<br />

principes posés dans le texte sont successivement développés dans<br />

un enchaînement logique. Le sang circule bien partout dans les<br />

veines. Depuis le commencement jusqu'à la fin, le grave et le léger<br />

sont employés avec beaucoup d'art et de finesse. La lecture de ce<br />

livre est agréable et pleine de suavité. On doit le méditer longtemps,<br />

el l'on ne parviendra même jamais à en épuiser le sens.<br />

(Note <strong>du</strong> Commentateur.)<br />

1 II forme aujourd'hui un des chapitres <strong>du</strong> Chou-king*


44 TA H10,<br />

2. Le Tai-kia} dit : Le roi Tching-êhang avait sans<br />

cesse les regards fixés sur ce dm brillant de f intelligence<br />

que nous recevons <strong>du</strong> ciel.<br />

3. Le Ti-tien â dit : Yao put développer et faire briller<br />

dam tout son éclat le principe mélime de fintelligence<br />

que nous recevons <strong>du</strong> ciel.<br />

4. Tous ces exemples indiquent que Ton doit cultiver<br />

sa nature rationnelle et morale.<br />

Voilà le premier chapitre <strong>du</strong> Commentaire. Il explique ce<br />

que Ton doit entendre par développer et remettre en lumière le<br />

principe lumineux de la raison que nous recevons <strong>du</strong> ciel.<br />

CHAPITM II.<br />

Sur le de?oir de reaoufeter ©a d'éclairer les peuples.<br />

1. Des caractères gravés sur la baignoire <strong>du</strong> roi Tchingthang<br />

disaient : Eenouvelle-toi complètement chaque<br />

jour; fais-le de nouveau, encore de nouveau, et toujours<br />

de nouveau.<br />

2. Le Khang-kao dit : Fais que le peuple se renouvelle.<br />

3. Le Livre des Vers dit :<br />

« Quoique la famille des Tcheou possédât depuis longce<br />

temps une principauté royale^<br />

« Elle obtint <strong>du</strong> ciel (dans la personne de Wen-wang)<br />

ce une investiture nouvelle. »<br />

4. Cela prouve qu'il n'y a rien que le sage ne pousse<br />

jusqu'au dernier degré de la perfection.<br />

Voilà le second chapitre <strong>du</strong> Commentaire. 11 explique ce<br />

que Ton doit entendre par renouveler les peuples.<br />

l , f Ils forment aujourd'hui des chapitres de Chou-king.


LA GRANDE ÉTUDE. 45<br />

CHAPITRE III.<br />

Sur le detetr de placer M desttsatios définitlte daat la perfection m le<br />

mmem'm biea.<br />

1. Le Livre des Vers dit :<br />

ce C'est dans un rayon de mille li (cent lieues) de la ré-<br />

« sidence royale<br />

« Que le peuple aime à fixer sa d&neure. 3<br />

2. Le Livre des Vers dit :<br />

« L'oiseau jaune au chant plaintif mtm-mân<br />

a Fixe sa demeure dans le creux touffu des moncc<br />

tagnes. »<br />

Le philosophe [KEOUNG-TSEU] a dit :<br />

En fixant là sa demeure, il prouve qu'il connaît le lieu<br />

de sa destination; et l'homme [Sa plus intelligente des<br />

créatures f ] ne pourrait pas en savoir autant que Foiseau!<br />

3. Le Livre des Vers dit :<br />

« Que la vertu de Wen-wang était vaste et profonde !<br />

« Comme il sut joindre la splendeur à la sollicitude la<br />

« plus grande pour l'accomplissement de. ses différentes<br />

destinations! s<br />

Comme prince, il plaçait sa destination dans la pratique<br />

de l'humanité ou de la bienveillance universelle pour<br />

les hommes; comme sujet, il plaçait sa destination dans<br />

les égards <strong>du</strong>s au souverain; comme fils, il plaçait sa destination<br />

dans la pratique de la piété filiale; comme père,<br />

il plaçait sa destination dans la tendresse paternelle;<br />

comme entretenant des relations ou contractant des en-<br />

1 C'est l'explication que donne le M-kùmgf en développant le<br />

commentaire laconique de Tchou-hi : « L'homme est de tous les êtres<br />

le plus intelligent ; s'il ne pouvait pas choisir Se souverain bien<br />

pour s'y fixer, c'est qu'il ne serait pas même aussi intelligent que<br />

l'oiseau. » •


46 TA MO,<br />

gagements avec les hommes, il plaçait sa destination dans<br />

la pratique de la sincérité et de la fidélité *.<br />

4. Le Livre des Vers dit :<br />

« Regarde là-bas sur les bords <strong>du</strong> KL<br />

« Oh! qu'ils sont beaux et abondants^ les verts bam-<br />

« bous!<br />

ce Nous avons un prince orné de science et de sagesse 2 ;<br />

ce II ressemble à l'artiste qui coupe et travaille Fivoire,<br />

« A celui qui taille et polit les pierres précieuses.<br />

« Oh ! qu'il parait grave et silencieux !<br />

« Comme sa con<strong>du</strong>ite est austère et digne !<br />

« Nous avons un prince orné de science et de sagesse;<br />

ce Nous ne pourrons jamais l'oublier ! »<br />

5. // ressemelé à l'artiste qui coupé et travaille l'ivoire,<br />

indique l'étude ou l'application de l'intelligence à la recherche<br />

des principes de nos actions; il ressemble à celui<br />

qui taille et polit les pierres précieuses, indique le perfectionnement<br />

de soi-même* L'expression Oh ! qu'il paraît<br />

grave et silencieux! indique la crainte^ la sollicitude qu'il<br />

éprouve pour atteindre à la perfection. Comme sa couéuite<br />

est austère et digne! exprime combien il mettait-de<br />

soin à rendre sa con<strong>du</strong>ite digne d'être imitée. Nous avons<br />

un prince orné de science et de sagesse; nous ne pourrons<br />

jamais f oublier! indique cette sagesse accomplie, cette<br />

perfection morale que le peuple ne peut oublier.<br />

6. Le Livre des Vers dit :<br />

« Comme la mémoire des anciens rois (Wenet Wou)<br />

ce est restée dans le souvenir des hommes ! »<br />

Les sages et les princes qui les suivirent imitèrent leur<br />

sagesse et leur sollicitude pour le bien-être de leur postérité.<br />

Les populations jouirent en paix, par la suite, de<br />

1 Le Ji-kiang s'exprime ainsi : « Tchou-t§eu dit : Chaque homme<br />

possède en soi le principe de sa destination obligatoire ou de ses<br />

devoirs de con<strong>du</strong>ite, el atteindre à sa destination est <strong>du</strong> devoir <strong>du</strong><br />

saint homme. »<br />

• Tcheou-koung, qui vivait en 1150. avant notre ère, l'un des plus<br />

sages et des plus savants hommes qu'ait eus la Chine.


LA GRANDE ÉTUDE. 47<br />

ce qu'ils avaient fait pour leur bonheur^ et elles mirent à<br />

profit ce qu'ils firent de bien et de profitable dans une<br />

division et une distribution équitable des terres 1 . C'est<br />

pour cela qu'ils ne seront point oubliés dans les siècles à<br />

venir. '<br />

Voilà le troisième chapitre <strong>du</strong> Commentaire. 11 explique ce<br />

que Ton doit entendre par placer sa destination définitive dans<br />

la perfection ou le souverain bien 1 .<br />

CHAPITRE IV.<br />

Sur le devoir .-* i'i-i = -urs c|»;>mp> hl.-imia.-s «a !• ur -letton<br />

vn jmrfioris dam e un drut'in- d>- hrua rnivr . h-> -'it% aiJe-- !.'•> aiM-a-hiii'-. rinan>-<br />

>HUt î';t»tiV0S ;t Vvt .'lulr-ll, ldi«- }iJarrSif


48 TA HIO,<br />

CHAPITRE V.<br />

Sur le devoir de perfectionner ses cosnaissaoees morales ea péaétrani les<br />

principes des actions.<br />

i. Cela s'appelle connaître ia racine ou ia came.<br />

2. Cela s'appelle ia perfection de ia connaissance.<br />

Voilà ce qui reste <strong>du</strong> cinquième chapitre <strong>du</strong> Commentaire.<br />

11 expliquait ce que Ton doit entendre par perfectionner ses<br />

connaissances morales m pénétrant les principes des actions; il<br />

est maintenant per<strong>du</strong>. 11 y a quelque temps, j'ai essayé de recourir<br />

aux idées de Tching-tseu [ autre commentateur <strong>du</strong> Ta<br />

Mo, un peu plus ancien que Tchou-hi ] pour suppléer à cette<br />

lacune, en disant :<br />

Les expressions suivantes <strong>du</strong> texte, perfectionner ses connaissances<br />

morales consiste à pénétrer le principe et la nature des<br />

actions, signifient que, si nous désirons perfectionner nos eemnaissances<br />

morales, nous devons nous livrer à une investigation<br />

profonde des actions, et scruter à fond leurs principes ou<br />

leur raison d'être ; car l'intelligence spirituelle de l'homme<br />

n'est pas évidemment incapable de connaître [ou est adéquate<br />

à la connaissance] ; et les êtres de ia nature, ainsi que les actions<br />

humaines, ne sont pas sans avoir un principe, une cause<br />

ou une raison d'être *. Seulement ces principes, ces causes, ces<br />

raisons d'être n'ont pas encore été soumis à d'assez profondes<br />

invesiigatioos. C'est pourquoi la science des hommes n'est pas<br />

complète, absolue ; c'est aussi pour cela que la Grande Étude<br />

commence par enseigner aux hommes que ceux d'entre eux<br />

qui étudient la philosophie morale doivent soumettre à une<br />

longue et profonde investigation les êtres de la nature et les<br />

actions humaines, afin qu'en paitant de ce qu'ils savent déjà<br />

des principes des actions ils puissent augmenter leurs con-<br />

» Le li-kiang s'exprime ainsi sur ce passage : « Le cœor ou le<br />

principe pensant de l'homme esî éminemment immatériel, éminemment<br />

intelligent ; il est bien loin d'êîre dépourvu de tout savoir<br />

naturel, et toutes les actions humaines sont bien loin de ne pas<br />

avoir une cause ou une raison d'êîre également naturelle. »


Là GRANDE ÉTUDE. 49<br />

naissances, et pénétrer dans leur nature la plus intime f .. En<br />

s'appliquant ainsi à exercer toute son énergie, toutes ses facultés<br />

intellect m «lies» pétulant longtemps, on arrive tin jour à<br />

a\oir une connaissance, une compréhension intime do> vrais<br />

p i ' î n e i pes < l e s a c t i o n s ; a lors la 11 a 111 re 11111 i 11 sèi p i e e t e x t r i i \ > e « \\ i e<br />

de tontes les actions humaines, leur essence la plus >uUile,<br />

comme leurs parties les plus i»rossieres, sont pénétrées; rt ,<br />

pour notre intelligence ainsi exercée et appliquée par dc< efforts<br />

soutenus, tous les principes des actions deviennent clairs<br />

et manifestes. Vuili ce qui e>t appelé la pénétration des principes<br />

des actions; voilà ce qui t,si appelé la perfection des amn<br />

a issan ces m o raies.<br />

CHAFMTRE Yl.<br />

Sur le devoir l'"ndêiiirn! U s pruM-ipos les eau-es,<br />

aj^rs on ooleiîne fanlenu'ia i'^prit dans un eji.-e» d imvi hoult-s<br />

!>!e\!iirahles : ru disant <br />

ï'.I.SI'îII n dit : •< f'/esl nue eu


50 TA BIO,<br />

qui veille sur soi-même, ils feignent de lui ressembler, en<br />

cachant leur con<strong>du</strong>ite vicieuse et en faisant parade d'une<br />

\'îTîti simulée. 1/hnifiîtït* qui les voit est eoniuie s'il peiiétrait<br />

leur l'oie e! leurs reins; alors à quoi leur a-Ml servi de<br />

dissimuler? ()Vsf la ri" qu'on ei/ifeial par h* proverbe :<br />

Le vrn(f' rsf fit i i i s /'//// (h * t ? •• u. / ' f (J / /er /// e // / Y. /. 7 ' V io ut\ ( Tt » s f<br />

pourquoi le saijv «Juif vriller attentivement sur ses intenta<br />

ai s ei ses pensées set lèios.<br />

"À. Th sert (/-(set.! m\\\ ; I h j e e t111 e < I i x y e 11 \ I e i 'eg; ml e ri f,<br />

de ee que dix mains le désignent, combien n"a-t-il pas à<br />

redouter. e»n à veiller sur lui-même !<br />

•f. Les rîebesses ornent et embellissent une maison, la<br />

vertu orra- eî embellit la personne; dans eel état de feliet!e<br />

pure. IVtme s'agrandit, et la substanee. matérielle qui<br />

lui est soimiise prnlilrMle même. (Test pourquoi le sage<br />

doit rendre ses întcntiatis pures ei sitwèrrs K<br />

Voilà le sixième chapitre <strong>du</strong> Commentaire, il explique ce<br />

que Ton doit entendre par rendre ses intentions pures ei<br />

sincères.<br />

1 « lî est dit dans le King : Désirant rendre ses intentions pures<br />

et sincères, ils s'attachaient d'abo.rd à perfectionner au plus haut<br />

degré leurs connaissances morales. Il est 'encore dit : Les connaissances<br />

moraks étant portées au plus haut degré, les intentions sont<br />

ensuite ren<strong>du</strong>es pures et sincères. Or l'essence propre de l'intelligence<br />

est d'être éclairée ; s'il existe en elle des facultés qui ne soient<br />

pas encore développées, alors ce sont ces facultés qui sont mises au<br />

jour par le perfectionnement des connaissances morales ; il doit<br />

donc y avoir des personnes qui ne peuvent pas véritablement faire<br />

usage de toutes leurs facultés, et qui, s'il en est ainsi, se trompent<br />

elles-mêmes. De cette manière, quelques hommes sont éclairés par<br />

eux-mêmes, et ne font aucun effort pour devenir tels ; alors ce sont<br />

ces hommes qui éclairent les autres ; en outre, ils ne cessent pas de<br />

l'être, et ils n'aperçoivent aucun obstacle qui puisse les empêcher<br />

d'approcher de la vertu. C'est pourquoi ce chapitre sert de développement<br />

au précédent, pour rendre cette vérité évidente. Ensuite il<br />

y aura à examiner le commencement et la fin de l'usage des facultés,<br />

et à établir que leur ordre ne peut pas être troublé, et que leurs<br />

opérations ne peuvent pas manquer de se manifester. C'est ainsi qua<br />

le philosophe raisonne. » (TCHOU-HI.)


LA GRANDE ÉTUDE. 51<br />

CHAPITRE Vit<br />

Sur Se de?©îr de se perfectionner soi-même en péoétrant §OB âme de probité<br />

et de droiture.<br />

1. Ces paroles, se corriger soi-même de toutes passions<br />

vicieuses consiste à donner de la droiture à son âme9 veulent<br />

dire : Si l'Ame est troublée par la passion de la colère,<br />

alors elle ne peut obtenir cette droiture; si fâme est<br />

livrée à la crainte, alors elle ne peut obtenir cette droiture<br />

; si Fâme est agitée par la passion de la joie et <strong>du</strong><br />

plaisir, alors elle ne peut obtenir cette droiture; si l'Ame<br />

est accablée par la douleur, alors elle ne peut obtenir<br />

cette droiture,<br />

2. L'Ame n'étant point maîtresse d'elle-même, on regarde,<br />

et on ne voit pas; on écoute, et on n'entend pas;<br />

on mange, et on ne connaît point la saveur des aliments.<br />

Cela explique pourquoi l'action de se corriger soi-même<br />

de toutes passions vicieuses consiste dans l'obligation de<br />

donner de la droiture à son âme.<br />

Voilà le septième chapitre <strong>du</strong> Commentaire. 11 explique ce<br />

que Ton 'doit entendre par se corriger soi-même de toute habitude<br />

y de toutes passions vicieusesf en donnant de la droiture à<br />

son âme *.<br />

1 Ce chapitre se rattache aussi au précédent, afin d'en lier le<br />

sens à celui <strong>du</strong> chapitre suivant. Or, les intentions étant ren<strong>du</strong>es<br />

pures et sincères, alors la vérité est sans mélange d'erreur, îe bien<br />

sans mélange de mal, et Ton possède véritablement la vertu. Ce qui<br />

peut la conserver dan», l'homme, c'est le cœor ou îa faculté intelligente<br />

dont il est doué pour dompter ou maintenir son corps. Quelques-uns<br />

ne savent-ils pas seulement rendre leurs intentions pures et<br />

sincères, sans pouvoir examiner soigneusement ies facultés de l'intelligence<br />

qui sait les conserver telles? alors ils ne possèdent pas encore<br />

la vérité intérieurement, et ils doivent continuer à améliorer,<br />

à perfectionner leurs personnes.<br />

Depuis ce chapitre jusqu'à la fin, tout est parfaitement conforme<br />

aux anciennes éditions. (TCIIOU-HI.)


52 TA HIO,<br />

CHAPITRE VIII.<br />

Sur le devoir de mettre le bon ordre daas ta famille, en se pêrîeetioiîiiaat<br />

sol-même.<br />

1. Ce que signifient ces mots, mettre le bon ordre dans<br />

sa famille consiste auparavant à se corriger soi-même de<br />

toutes passions vicieuses, le voici : Les hommes sont partiaux<br />

envers leurs parents et ceux qu'ils aiment; ils sont<br />

aussi partiaux ou injustes envere ceux qu'ils méprisent et<br />

qu'ils haïssent; envers ceux qu'ils respectent et qu'ils révèrent,<br />

ils sont également partiaux ou serviles; ils sont<br />

partiaux ou trop miséricordieux * envers ceux qui inspirent<br />

la compassion et la pitié ; ils sont aussi partiaux ou<br />

hautains envers ceux qu'ils traitent avec supériorité. C'est<br />

pourquoi aimer et reconnaître les défauts de ceux que Ton<br />

aime> haïr et reconnaître les bonnes qualités de ceux que<br />

l'on haitj est une chose bien rare sous le ciel 1 .<br />

2. De là vient le proverbe qui dit : Les pères memuimi<br />

1 C'est le sens que donnent les commentateurs chinois. UExplication<br />

<strong>du</strong> Kiang-i-pi-tthi dit : « Envers les hommes qui sont dans<br />

la peine et la misère, qui sont épuisés par la souffrance, quelquesuns<br />

s'abandonnent à une excessive in<strong>du</strong>lgence, et ils sont partiaux, »<br />

* Le li-kiang s'exprime ainsi sur ce chapitre : « Thséng-tseu dit :<br />

Ce que le saint Livre (le texte de KHOCJNG-TSEU) appelle mettre le bon<br />

ordre dans sa famille consiste auparavant à se corriger soi-même de<br />

toutes passions vicieuses, signifie : Que la personne étant le fondement,<br />

Sa base de la famille, celui qui veut mettre le bon ordre dans<br />

m famille doit savoir que tout consiste dans les sentiments d'amitié<br />

et d'aversion, d'amour et de haine qui sont en nous, et qu'il s'agit<br />

seulement de ne pas être partial et injuste dans l'expression de ces<br />

sentiments. L'homme se laisse toujours naturellement entraîner aux<br />

sentiments qui naissent en lui, et, s'il est dans le sein d'une famille,<br />

il perd promptement la règle de ses devoirs naturels. C'est pourquoi,<br />

dans ce qu'il aime et dans ce qu'il hait, il arrive aussitôt à la partialité<br />

et à l'injustice, et sa personne n'est point corrigée et améliorée.<br />

»


LA GRA1IDB ÉTUDE. 53<br />

pm reconnaître les défauts de leurs enfants % et les laboureurs<br />

la fertilité de leurs terres.<br />

3. Cela prouve qu'un homme qui ne s'est pas corrigé<br />

lui-même de ses penchants injustes est Incapable de mettre<br />

le km ordre dam sa famille.<br />

Voilà le huitième chapitre <strong>du</strong> Commentaire. Il explique ce<br />

que Ton doit entendre par mettre le bon ordre dans sa famille^<br />

en se corrigeant soi-même de toute habituée 9 de toutes passions<br />

mmemses»<br />

CHAPITRE IX.<br />

Sur te deroir de Mes goeiaraer mn Etat, ei mettant Se bon ordre dan<br />

sa famille.<br />

4. Les expressions <strong>du</strong> textes pour bien gouverner un<br />

royamme, il est nécessaire de s'attacher auparavant à mettre<br />

le bm ordre dam sa famille, peuvent s'expliquer ainsi :<br />

H est impossible qu'un homme qui ne peut pas instruire<br />

sa propre famille puisse instruire les hommes. C'est pourquoi<br />

le ils de prince l 9 sans sortir de sa famille, se perfectionne<br />

dans l'art d'instruire et de gouverner un<br />

royaume. La piété filiale est le principequi le dirige dans<br />

ses rapports avec le souverain; la déférence est le principe<br />

qui le dirige dans ses rapports avec ceux qui sont plus<br />

âgés que lui ; la bienveillance la plus tendre est le principe<br />

qui le dirige dans ses rapports avec la multitude a .<br />

1 Là glose <strong>du</strong> Kiang-i-pi-tchi dit que c'est le fils d'un prince possédant<br />

un royaume qui est ici désigné.<br />

1 En dégageant complètement la pensée <strong>du</strong> philosophe de sa<br />

forme chinoise, on voit qu'il assimile le gouvernement de l'État à<br />

celui de la famille, et qu'à ses yeux celui qui possède toutes les<br />

vertus exigées d'un chef de famille possède également toutes les<br />

vertus exigées d'un souverain. C'est aussi ce que dit le Commentaire<br />

impérial (Ji-kiang) : « Ces trois vertus : la piété filiale, la déférence<br />

envers les frères alpés, la bienveillance ou l'affection pour ses<br />

5.


M TA HIO,<br />

2. Le Kkang-km dit : II est comme une mère qui embrasse<br />

tendrement son nouveau-né *. Elle s'efforce de<br />

toute son âme à prévenir ses désirs naissants; si elle ne les<br />

devine pas entièrement, elle ne se méprend pas beaucoup<br />

sur l'objet de ses vœux. Il n'est pas dans la nature qu'une<br />

mère apprenne à nourrir un enfant pour se marier ensuite.<br />

parents, sont des vertus avec lesquelles le prince orne sa personne,<br />

tout en instruisant sa famille ; elles sont généralement la source des<br />

bonnes mœurs, et en les étendant, en en faisant une grande application,<br />

on en fait par conséquent la règle de toutes ses actions.<br />

Voilà comment le fils <strong>du</strong> prince, sans sortir de sa famille, se forme<br />

dans l'art d'instruire et de gouverner un royaume. »<br />

1 Le Commentaire impérial (Ji-kiang) s'exprime ainsi sur ce passage<br />

: « Autrefois Wou-wang écrivit un livre pour donner des<br />

avertissements à Kang-chou (son -frère cadet, qu'il envoyait gouverner<br />

un État dans la province <strong>du</strong> Ho-nan). Il dit : Si l'on exerce<br />

les fonctions de prince, il faut aimer, chérir les cent familles (tout<br />

le peuple chinois) comme une tendre- mère aime et chérit son jeune<br />

enfant au berceau. Or dans les premiers temps que son jeune enfanl<br />

vient de naître, chaque mère ne peut pas apprendre par des paroles<br />

sorties de sa bouche ce que l'enfant désire ; la mère, qui par sa nature<br />

est appelée à lui donner tous ses soins eî à ne le laisser manquer<br />

de rien, s'applique avec la plus grande sincérité <strong>du</strong> cœur, et beaucoup<br />

plus souvent qu'il est nécessaire, à chercher à savoir ce qu'il<br />

désire, et elle le trouve ensuite. Il faut qu'elle cherche à savoir ce<br />

que son enfant désire ; et quoiqu'elle ne puisse pas toujours réussir<br />

à deviner tous ses vœux, cependant son cœur est satisfait, et le cœur<br />

de son enfant doit aussi être satisfait : ils ne peuvent pas s'éloigner<br />

l'un de l'autre. Or le cœur de cette mère, qui chérit ainsi son<br />

jeune enfant au berceau, le fait naturellement et de lui-même :<br />

toutes les mères ont les mêmes sentiments maternels ; elles n'ont<br />

pas besoin d'attendre qu'on les instruise de leur devoir pour pouvoir<br />

ainsi aimer leurs enfants. Aussi n'a-t-on jamais vu dans îe<br />

monde qu'une jeune femme apprenne d'abord les règles des soins<br />

à donner à un jeune enfant au berceau, pour se marier ensuite. Si<br />

l'on sait une fois que les tendres soins qu'une mère prodigue à son<br />

jeune enfant lui sont ainsi inspirés par ses sentiments naturels, on<br />

peut savoir également que ce sont les mêmes sentiments de tendresse<br />

naturelle qui doivent diriger un prince dans ses rapports<br />

avec la multitude. N'en est-ii pas de même dans ses rapports avec le<br />

souverain et avec ses aînés f Alors c'est ce qui est dis, que sans sortir<br />

de sa famille on peut se perfectionner dans Fart d'instruire et d*<br />

gouverner un royaume. »


LA GRANDE ÉTUDE. " 55<br />

3. Une seule famille ayant de l'humanité et de la charité<br />

suffira pour faire naître dans la nation ces mêmes<br />

Yertus de charité et d'humanité ; une seule famille ayant<br />

tli* lu politesse eî do la condescendance suffira pour rendre<br />

une* nation condescendante H polie ; un seul homme, le<br />

prince l . étant avare et cupide, si if lira pour causer <strong>du</strong> désordre<br />

datu une rialion. Tel est le principe oit le mobile de<br />

cos vertus et île ees vices. (Yi*>t ce que dit le proverbe :<br />

l.'n moi perd l ' a //< c1 re ; un k ont m e dèt erai i ne le sue! d un<br />

empire.<br />

•4. Y m) et Chien «on ver lièrent l'en t pi ro avee humanité»,<br />

e f le pe n f île les iiiiîf a, Aïe * • î 7 '7/ cou - - o t1 \ e r n è r < a i ! i ' e 111 -<br />

pin; avee cruauté, et le peuple les imita. Ce que ees derniers<br />

ordonnaient était roi i Ira ire a ce qu'ils aimaient, et<br />

le peuple ne s'y soin ni f pas. (Test pour eeffe raison ipto<br />

le prince doit lui-même pratiquer tontes les vertus, et ensuite<br />

engager les autres hommes à les praliquer. SU ne<br />

les | K>$sè d e p as et n e I e s p r a t î q n e j:> a s lui-même, il ne doit<br />

pas 1 es e x i ge r des a 1i1 r e s 11 o mu les. Que n'ayant rien de<br />

bon, rien de vertueux dans le cœur, on puisse être ca-<br />

| va I île de coin mande r ai i x iionmi es ce qui est bon et \ < a •tueu\\<br />

cela est impossible et contraire a la nature des<br />

choses.<br />

Te Ces! pourquoi le bon ifoneei'nmicui if ce rot/nwtw<br />

e onsiste dans ('oùiifjafiem pré al ait le de m ci ire le Oun *>edee<br />

dans sa famille,<br />

le Le lÀ'ère des Vers dit :<br />

« Que le pêcher est beau et ra vissa ni f<br />

« Q11 e so n té u i 1 i a g e e s t Henri e t abondant!<br />

« Telle une jeune fiancé e se rendant a ia demeure de<br />

« son époux.<br />

1 Par au seul h o mm *' ou 111 « l i a a v 1 e / « r / n o \ , '.» /iuv..


m * TA H!Oj<br />

ci Et se con<strong>du</strong>isant convenablement envers les perce<br />

sonnes de sa famille ! »<br />

Con<strong>du</strong>isez-wm convenablement envers ks personnes de<br />

mire famille, ensuite vous pourrez instruire et diriger une<br />

nation d'hommes.<br />

7. Le Livre de$ Vers dit :<br />

« Faites ce qui est convenable entre frères et sœurs de<br />

s différents âges. ®<br />

Si vous faites ce qui est convenable entre frères de différents<br />

âges, alors vous pourrez instruire de leurs devoirs<br />

mutuels les frères aînés et les frères cadets d'un royaume 4 .<br />

8. Le Livre des Vers dit :<br />

« Le prince dont la con<strong>du</strong>ite est toujours pleine d'éo<br />

quité et de sagesse<br />

a Verra les hommes des quatre parties <strong>du</strong> monde<br />

« imiter sa droiture. »<br />

Il remplit ses devoirs de père, de fils, de frère aîné et<br />

de frère cadet, et ensuite le peuple limite.<br />

9. C'est ce qui est dit dans le texte : L'art de bien yon-<br />

1 Dans la politique de ces philosophes chinois, chaque famille<br />

est une nation ou État en petit, et toute nation ou tout État n'est<br />

qu'une grande famille : l'une et l'autre doivent être gouvernées par<br />

les mômes principes de sociabilité et soumises aux mêmes devoirs.<br />

Ainsi, comme un homme qui ne <strong>mont</strong>re pas de vertus dans sa con<strong>du</strong>ite<br />

et n'exerce point -d'empire sur ses passions n'est pas capable<br />

de bien administrer une famille, de même un prince qui n'a pas les<br />

qualités qu'il faut pour bien administrer une famille est également<br />

incapable de bien gouverner une nation. Ces doctrines ne sont<br />

point constitutionnelles, parce qu'elles sont en opposition avec la<br />

doctrine que le chef de Y État règne et ne gouverne pas, et qu'elles lui<br />

attribuent un pouvoir exorbitant sur ses sujeîs, celui d'un père sur<br />

ses enfants, pouvoir dont les princes, en Chine, sont aussi portés à<br />

abuser que partout ailleurs ; mais, d'un autre côté, ces caractère<br />

d'assimilation au père de famille leur impose des devoirs qu'ils<br />

trouvent quelquefois assez gênants pour se décider à les enfreindre :<br />

alors, d'après la même politique, les membres de la grande famille<br />

ont le droit, sinon toujours la force, de déposer les mauvais rois qui<br />

ne gouvernent pas en vrais pères de famille. On en a vu de*<br />

exemples.<br />

*


LA G1ANDE ÉTUDE. 57<br />

verner une nation consiste à mettre auparavant le bon ordre<br />

dans sa famille.<br />

Voilà le neuvième chapitre <strong>du</strong> Commentaire. 11 explique ce<br />

que Ton doit entendre par bien gouverner le royaume en mettant<br />

h bon ordre dans sa famille.<br />

CHAPITRE X.<br />

Sur le devoir d'entretenir la paii et la bonne harmonie dans le monde, en bien<br />

gouvernant les royaumes.<br />

1. Les expressions <strong>du</strong> texte* faire jouir le monde de la<br />

paix et de l'harmonie consiste à bien gouverner son royaume,<br />

doivent être ainsi expliquées : Que celui qui est dans une<br />

position supérieure* ou le prince* traite ses père et mère<br />

avec respect* et le peuple aura de la piété filiale; que le<br />

prince honore la supériorité d'âge entre les frères* et le<br />

peuple aura de la déférence fraternelle; que le prince ait<br />

de la commisération pour les orphelins* et le peuple n'agira<br />

pas d'une manière contraire. C'est pour cela que<br />

le prince a en lui la règle et la mesure de toutes les actions.<br />

2. Ce que vous réprouvez dans ceux qui sont au-dessus<br />

de vous* ne le pratiquez pas envers ceux qui sont au-dessous<br />

; ce que vous réprouvez dans vos inférieurs* ne le<br />

pratiquez pas envers vos supérieurs; ce que vous réprouvez<br />

dans ceux qui vous précèdent* ne le faites pas à ceux<br />

qui vous suivent; ce que vous réprouvez dans ceux qui<br />

vous suivent* ne le faites pas à ceux qui vous précèdent ;<br />

ce que vous réprouvez dans ceux qui sont à votre droite*<br />

ne le faites pas à ceux qui sont à votre gauche ; ce que<br />

¥Ous réprouvez dans ceux qui sont à votre gauche* ne le<br />

faites pas à ceux qui sont à votre droite : voilà ce qui est<br />

appelé la raison et la règle de toutes les actions.<br />

3. Le Livre des Vers dit :<br />

s Le seul prince qui inspire de la joie*


58 TA HIO,<br />

ce C'est celui qui est le père et la mère <strong>du</strong> peuple ! »<br />

Ce que le peuple aime, l'aimer; ce que le peuple hait,<br />

le haïr : voilà ce qui est appelé être le père et la mère <strong>du</strong><br />

peuple.<br />

4. Le Livre des Vers dit :<br />

« Yoyez au loin cette grande <strong>mont</strong>agne <strong>du</strong> Midi,<br />

« Avec ses rochers eacarpés et menaçants !<br />

ce Ainsi, ministre Yn, tu brillais dans ta fierté !<br />

c« Et le peuple te contemplait avec terreur ! »<br />

Celui qui possède un empire ne doit pas négliger de<br />

veiller attentivement sur lui-même, pour pratiquer le bien<br />

et éviter le mal ; s'il ne tient compte de ses principes, alors<br />

la ruine de son empire en sera la conséquence f .<br />

5. Le Livre des Vers dît :<br />

ce Avant que les princes de la dynastie de Yn [ou Chang]<br />

a eussent per<strong>du</strong> l'affection <strong>du</strong> peuple,<br />

« Ils pouvaient être comparés au Très-Haut. '<br />

ce Nous pouvons considérer dans eux<br />

ce Que le mandat <strong>du</strong> ciel n'est pas facile à conserver. »<br />

Ce qui veut dire :<br />

« Obtiens l'affection <strong>du</strong> peuple, et tu obtiendras remet<br />

pire;<br />

a Perds l'affection <strong>du</strong> peuple, et tu perdras l'empire 2 .<br />

1 On veut dire [dans ce paragraphe] que celui qui est dans la<br />

position la plus élevée de la société [le souverain] ne doit pas ne<br />

pas prendre en sérieuse considération ce que les hommes ou les<br />

populations demandent et attendent de lui ; s'il ne se conformait pas<br />

dans sa con<strong>du</strong>ite aux droites règles de la raison, et qu'il se livrât<br />

de préférence aux acles vicieux [aux actions contraires à l'intérêt <strong>du</strong><br />

peuple] en donnant un libre cours à ses passions d'amitié et de<br />

haine, alors sa propre personne serait exterminée et le gouvernement<br />

périrait; c'est là la grande ruine de l'empire [dont il est parlé<br />

dans le texte]. (TCHOU-HI.)<br />

8 Le Ho-kiang dit à ce sujet : « La fortune <strong>du</strong> prince dépend <strong>du</strong><br />

ciel, et la volonté <strong>du</strong> ciel existe dans le peuple. Si le prince obtient<br />

l'affection et l'amour <strong>du</strong> peuple, le Très-Haut le regardera avec<br />

complaisance et affermira son trône ; mais s'il perd l'affection et l'amour<br />

<strong>du</strong> peuple, le Très-Haut le regardera avec colère, et il perdra<br />

son royaume. »


LA GBANDE ÉTUDE. 59<br />

6. C'est pourquoi un prince doit> avant tout, veiller attentivement<br />

sur son principe rationnel et moral.. S'il possède<br />

les vertus qui en sont la conséquence, il possédera le<br />

cmur


60 TA HK>,<br />

« aucun objet précieux ; l'humanité et l'amitié pour ses<br />

ce parents sont ce que j'ai trouvé seulement de précieux, a<br />

13. Le Thsitirtchi dit :<br />

« Q ne 11'a i-j e u n m i n i si ro d ' u n e d ro i t u re | ta ri a i te, quand<br />

(( 111 è i î i e î 1 «aurait, d ' a 111 r t 1 11 ; il » i i t1 < ' à q u 'un f m O r si m pie e<br />

« sans passions : il serait connue s'il avait les plus grands<br />

u talents! Lorsqu'il verrait des hommes de liante capacité,<br />

« il 1rs pro<strong>du</strong>irait, et nVn serait pas plus jaloux que s'il<br />

n possédait leurs talents lui-même. SU venait à distinguer<br />

«< un h on une d'une vertu et d'une intelligence vastes, il<br />

« n e se bo i * n e r a il: pas à e 111 a i r e le I c ige <strong>du</strong> boi it tl e s le vres »<br />

« il le recherchera il avec sincérité et remploierait dans<br />

« les affaires» Je pourrais me reposer sur un tel ministre<br />

« <strong>du</strong> soin de protéger mes enfants» leurs enfants et le<br />

« peuple» Quel avantage n'en résulterait-il pas pour le<br />

« royaume ! !<br />

« M a i s s i i m ministre e st j a î o u x d. e s h < i ni 11 les (1 e t a 1 en t,<br />

« et que par envie il éloigne; on tienne à l'écart ceux qui<br />

« possî » 11 e nt un e v e r {u e l u n e h a h i I e t é é i n i ne n t es. e t i n e I e s<br />

te employant pas clans les charges importantes, et en leur<br />

« suscitant méebammeiit. toutes sortes d'obstacles, un tel<br />

« ministre, quoique possédant des talents, est incapable<br />

« de protéger mes enfants, leurs enfants et le peuple. No<br />

« pourrail-on pas dire alors, que ce serait un danger im-<br />

« mi ne ni, propre à causer la ruine de IV m pire? »<br />

M. 1/homme vertueux et plein d'humanité peut seul<br />

eloignea 1 i<br />

de lui de tels lions mes» et les rejeter parmi les<br />

barbares des quatre extrémilés de l'empire, ne leur permettant<br />

pas d'habiter dans le royaume <strong>du</strong> milieu.<br />

Cela veut dire que l'homme juste et plein d'humanité<br />

* On voit par ces instructions de Mou-koung, prince <strong>du</strong> petit<br />

royaume de Thsin, tirées <strong>du</strong> Chou-king, quelle importance on atta-"<br />

chait déjà en Chine, 660 ans avant notre ère, au bon choix des ministres,<br />

pour la prospérité et le bonheur d'un État. Partout l'expérience<br />

éclaire leâ hommes! Mais malheureusement ceux qui les<br />

gouvernent ne savent pas ou ne veulent pas toujours en profiter.


LA GRANDB ÉTUDE. 61<br />

seul est capable d'aimer et de haïr convenablement les<br />

hommes *.<br />

15. Voir un homme de bien et de talent, et ne pas lui<br />

donner de l'élévation ; lui donner de 1* élévation, et ne pas<br />

le traiter avec ton le* la déférence qu'il mérite, c'est loi<br />

laireïnjore. Voirun 11onJiJie {>erv e rs » e11te i pas 1 e i*ep«.»t1sst• r ;<br />

le repousser, et ne fias l'éloigner a une grandi* distance,<br />

e est une chose couda ni tiable pu ni: un prince.<br />

H», Vn prince qui aime ceux qui sont l'objet de la haine<br />

générale, et qui liait ceux qui sont aimés de huis, fait ce<br />

que l'on appelle ttn outragea la nature de l'homme. Iles<br />

calamités redoutables atteindront, certainement un tel<br />

prince »<br />

17. C'est en cela que les souverains ont une grande<br />

ivgle de con<strong>du</strong>ite à laquelle ils doivent se conformer; ils<br />

l'acquièrent, cette regle? par la sincérité et la fidélité, et<br />

ils la perdent par l'orgueil et la violence.<br />

•18. Il y a un grand principe pour accroître les revenus<br />

(de l'État ou de la famille }, tjue ceux qui pro<strong>du</strong>isent ces<br />

revenus soient nombreux, et ceux qui les dissipent, eu<br />

petit nom lire; que ceux qui les font croître par leur travail<br />

se donnent beaucoup de peine, et que ceux qui les<br />

consomment le fasse ni avec- modérai ion : alors, de celle<br />

i n a n i é re, les r e v e n 11 s se r o 111 toi y o u rs su f t i sa n t s -.<br />

1 v. Je n'admire put ut m» 1M muni', qui p«-»>sod«> une \»»rlu dan*<br />

tente sa peiieeiîoo, s'il ne possède «'n mène* temps dans un pareil<br />

i\i'(rfri' la vrrtii opposée, l*'l qu'Hait !:'paniin


62 TA MO,<br />

19. L'homme humain et charitable acquiert de la considération<br />

à sa personne, en usant généreusement de ses<br />

richesses ; l'homme sans humanité et sans charité augmente<br />

ses richesses aux dépens de sa considération.<br />

20. basque le pnnee aime ritnmaiiHe et pratique la<br />

vertu, il t j s! imposable que le peuple intime pas la jusiiee;<br />

et lorsque le peuple aime la juMie«\ il es! impossible<br />

qui 1 losallaires <strong>du</strong> pnnee n'aient pas une heuivuso iîn : il<br />

est exaltai a 1 ni impossible


LA GRANDE ÉTUDE. 113<br />

royaume oe doivent point faire leur richesse privée des<br />

revenus publics, niais qui 1s doivent faire delà justice et de<br />

l'équité leur seule richesse.<br />

22. Si ceux qui gouvernent les Etats ne pensent qu'à<br />

amasser des rie liesses pour leur Usage personnel, ils<br />

attireront in<strong>du</strong>bitablement auprès d'eux des hommes<br />

dépravés; ces hornm.es leur fer oui croire qu'ils sont des ministres<br />

bons et vertueux, el ees hounuesdépraves gouverneront<br />

le royaume. Mais r»idnnnist ration de. ees indignes<br />

ministres appellera .sur le goinertieuient les châtiments<br />

divins et k^ vengeances <strong>du</strong> peuple, fjiiand les a lia ires publiques<br />

sont arrivées à ce point, quels mniisfres, fussentils<br />

les plus justes et les pins vetlueux, détourneraient de<br />

tels malheurs? Ce qui veuf dire que ceux qui gouvernent<br />

un royaume ne doivent point faire leur richesse privée des<br />

revenus publies, mais qu'ils doivent faire de lu justice et<br />

cle I eq 11 i t é leur seule rie 11 essc j .<br />

\otl;i le dixième cljapilre <strong>du</strong> Gain neuf a ire. Il explique ce<br />

que l'un doit entendre par faîro jiutîr (e ?wea/r île la paix et e>><br />

fharniimie tn bien ffiHtc-eniant /Vm/eiv 1 .<br />

1/Explication tout entière c..n>i>le eu dix chapilies. j.cs<br />

qu.Jre premiers chapitres e.xp-iseul l'ensemble général de fme<br />

1 « Le sens de ce chapitre est qu'il faut faire tous ses efforts pour<br />

être d'accord avec le peuple dans son amour et son aversion, ou<br />

partager ses sympathies, et qu'il ne faut pas s'appliquer uniquement<br />

à faire son bien-être matériel. Tout cela est relatif % à la règle de<br />

con<strong>du</strong>ite la plus importante que l'on puisse s'imposer. Celui qui<br />

peut agir ainsi traite alors bien les sages, se plaît dans les avantages<br />

qui en résultent ; chacun obtient ce â quoi il peut prétendre,<br />

et le monde vit dans la paix et l'harmonie. » (Glose.)<br />

Thoung-yang-hiu-chi a dit : « Le grand but, le sens principal de<br />

ce chapitre signifie que le gouvernement d'un empire consiste dans<br />

l'application des régies de droiture et d'équité naturelles que nous<br />

avons en nous, à tous les actes <strong>du</strong> gouvernement ainsi qu'au choix<br />

des hommes que l'on emploie, qui, par leur bonne ou mauvaise<br />

administration, conservent ou perdent l'empire, il faut que, dans<br />

ce qu'ils aiment et dans ce qu'ils haïssent, ils se conforment toujours<br />

au sentiment <strong>du</strong> peuple. »


êê TA H10, LA GEANDE ÉTUDE.<br />

vrage, et en <strong>mont</strong>rent le but. Les six autres chapitres eîposent<br />

plus en détail les diverses branches <strong>du</strong> sujet de l'ouvrage. Le<br />

cinquième chapitre enseigne le devoir d'être vertueux et<br />

éclairé. Le sixième chapitre pose la base fondamentale <strong>du</strong> perfectionnement<br />

de soi-même. Ceux qui commencent l'étude de<br />

ce livre doivent faire tous leurs efforts pour sur<strong>mont</strong>er les difficultés<br />

que ce chapitre présente à sa parfaite intelligence ;<br />

ceui qui le lisent ne doivent pas lé regarder comme très-facile<br />

à comprendre et en faire peu de cas.


f<br />

TCHOMG-YOOTG<br />

L'INVARUBILITE DANS LE MILIEU<br />

RECUEILLI PAR TSÉU-SSE,<br />

PETIT-FILS ET DISCIPLE DE 1BOUHG-TSE U.<br />

DEUXIÈME LIVRE CLASSIQUE.<br />

AVERTISSEMENT<br />

DU DOCTEUR TC11NG-T8EU.<br />

Le docteur Tch&ng-tseu a dit : Ce qui ne dévie d'aucun côté<br />

est appelé milieu ( tchoung ) ; ce qui ne change pas est appelé<br />

invariable (young). Le milieu est la droite voie, ou la droite<br />

règle <strong>du</strong> monde; l'invariabilité en est la raison fixe. Ce livre<br />

comprend les règles de l'intelligence qui ont été transmises par<br />

les disciples de KHOUîSG-TSEU à leurs propres disciples. Tseu-sse<br />

(petit-fils de KHOONG-TSEU) craignit que, dans la suite des temps,<br />

ces règles de l'intelligence ne se corrompissent ; c'est pourquoi<br />

il les consigna dans ce livre pour les transmettre lui-même à<br />

Méng-tseu. Tseu-smf au commencement de son livre, parle de<br />

la raison qui est une pour tous les hommes; dans le milieu, il<br />

fait des digressions sur toutes sortes de sujets; et à la fin, il<br />

revient sur la raison unique, dont il réunit tous les éléments.<br />

S'étend-il dans des digressions variées, alors il parcourt les six


66 TCHOUNG-YÛUNG,<br />

points fixes <strong>du</strong> monde (l'est, l'ouest, le nord, le sud, le nadii;et<br />

le zénith); se resserre-t-il dans son exposition, alors il se concentre<br />

et s'enveloppe pour ainsi dire dans les voiles <strong>du</strong> mystère.<br />

La saveur de ce livre est inépuisable, tout est fruit dans<br />

son étude. Celui qui sait parfaitement le lire, s'il le médite avec<br />

une attention soutenue, et qu'il en saisisse le sens profond,<br />

alors, quand même il mettrait toute sa vie ses maximes en<br />

pratique, il ne parviendrait pas à les épuiser.<br />

CHAPITRE PREMIER.<br />

i. Le mandai <strong>du</strong> ciel ( ou le principe des opérations vitales<br />

et des actions intelligentes conférées par le ciel aux<br />

êtres vivants l ) s'appelle nature rationnelle ; le principe<br />

qui nous dirige dans la conformité de nos actions avec la<br />

nature rationnelle s'appelle règle de con<strong>du</strong>ite morale ou<br />

droite mie ; le système coordonné de la règle de con<strong>du</strong>ite<br />

morale ou droite voie s'appelle Doctrine des devoirs ou<br />

Institutions,<br />

2. La règle de con<strong>du</strong>ite morale qui doit diriger les actions<br />

est tellement obligatoire, que Ton ne peut s'en écarter<br />

d'un seul point, un seul instant. Si Ton pouvait s'en<br />

écarter, ce ne serait plus une règle de con<strong>du</strong>ite immuable.<br />

C'est pourquoi l'homme supérieur, ou celui qui s'est identifié<br />

avec la droite voie a , veille attentivement dans son<br />

cœur sur les principes qui ne sont pas encore discernés<br />

par tous les hommes, et il médite avec précaution sur ce<br />

qui n'est pas encore- proclamé et reconnu comme doctrine.<br />

3. Rien n'est plus évident pour le sage que les choses<br />

cachées dans le secret de la conscience; rien n'est plus manifeste<br />

pour lui que les causes les plus subtiles des actions.'<br />

C'est pourquoi l'homme supérieur veille attentivement sur<br />

les inspirations secrètes de sa conscience.<br />

* Commentaire.<br />

» Glose.


OU L'iNVABÎABlLlTÊ DA*IS LE MILIEU, G7<br />

4. Avant que la joie5 la satisfaction, la colère^ la tristesse<br />

se soient pro<strong>du</strong>ites dans l'âme (avec excès), l'état<br />

dans lequel on se trouve s'appelle milieu. Lorsqu'une fois<br />

elles se son! pro<strong>du</strong>ites dans l'àme, et qu'elles non! encore<br />

atteint qu'une écriai ne limite, l'état dans lequel un se<br />

troiue s appelle harmonique. Ce milieu es! la irrande hase<br />

fondamentale, <strong>du</strong> monde.; YfififinOtue eu es! la loi universelle<br />

eî permanente.<br />

o. Lorsque le 'milieu et l h art non/'.' sont portés an point<br />

de. pcifectioai,. le eîel et la (erre sont dans un et a! de tranquillité<br />

parfaite, et Unis les êtres reeoixenf leur complet<br />

développement.<br />

Voilà le premier chapitre ilu h\re dans lequel Ty it-***-v\p.i>e<br />

les niées prima pales de la *i*îcii lue fju'd \euî Ira usine lire<br />

a la postérité. D'abord il <strong>mont</strong>re clairement que la. eoie (Jrnih:<br />

au la rc'jlt* de cumb^r nerf a le lire sa racine fond aun.nl aie. -a<br />

source primitive, <strong>du</strong> ciel, eî qu'elle ne peu! chaina/te que sa<br />

-alliance véritable existe complètement en U les principes qui \ sont emei-.né-, es<br />

H'N attachent, âpre- Ir-avoirtreinés. atîn ùv repousser tout uVvr<br />

déprax é des objets extérieurs, et d'accomplir la- actes \ et Mieux<br />

que ei'k' It'ur uaiure originelle, x.aii ee que la/oe^/o<br />

appelai! la substance nécessaire ou le c«>rp* iaeMl. ! ure <strong>du</strong><br />

h\ re. Ictfïs le- dix chapitres qui sui\cnl. ï>cii->*r ne le!. pour<br />

ainsi dire, que des citations des paroles de


68 TCHOUNG-YOUIIG,<br />

CHAPITRE IL<br />

1. Le philosophe TCHOUNG-NI (RBOUNG-TSEU) dit :<br />

L'homme d'une vertu supérieure persévère invariablement<br />

dans le milieu ; l'homme vulgaire, ou sans principes* est<br />

constamment en opposition avec ce milieu invariable.<br />

2. L'homme d'une vertu supérieure persévère sans<br />

doute invariablement dans le milieu; par cela même qu'il<br />

est d'une vertu supérieure, il se conforme aux circonstances<br />

pour tenir le milieu. L'homme vulgaire et sans principes<br />

tient aussi quelquefois le milieu; mais, par cela<br />

même qu'il est un homme sans principes, il ne craint pas<br />

de le suivre témérairement en tout et partout (sans se<br />

conformer aux circonstances f ).<br />

Voilà le second chapitre.<br />

CHAPITRE III.<br />

I. Le Philosophe (KHOONIS-TSEU) disait : Oh ! que la limite<br />

de la persévérance dans le milieu est admirable ! Il<br />

y a bien peu d'hommes qui sachent s'y tenir longtemps!<br />

Voilà le troisième chapitre.<br />

CHAPITRE IV.-<br />

1. Le Philosophe disait : La voie droite n'est pas suivie<br />

; j'en connais la cause : les hommes instruits la dépassent;<br />

les ignorants ne l'atteignent pas, La voie droite<br />

n'est pas évidente pour tout le monde, je le sais : les<br />

* Glose.


ou L'INVARIABILITé DANS LE MILIEU. 69<br />

hommes d'une vertu forte vont au delà; ceux d'une vertu<br />

faible ne l'atteignent pas.<br />

2. De tous les hommes^ il n'en est aucun qui ne boive<br />

et ne mange; mais bien peu d'entre eux savent discerner<br />

les saveurs !<br />

Voilà le quatrième chapitre.<br />

IIHAPlTilE \\<br />

1. Le Philosophe disait : Qu'il est à déplorer que la voie<br />

iIroite ne si»it pas suivit* ï<br />

Voilà le cinquième chapitre. Ile rîiupiliv se m. I far lie au p recèdent,<br />

qu'il explique, et rexcî:una!i'>n sut* la nu> (//W/c qui<br />

n'est pas suivie sert de transition peur relier le sens «lu chapitre<br />

suivant. ffcjen'-itie<br />

CHAPITKE VI.<br />

I. Le Philosophe disait : Que la sagesse et la jienef ratio»<br />


70 TCHOUN6-YOUNG,<br />

distinguer les mobiles des actions humaines, présume trop<br />

de sa science ; entraîné par son orgueil* il tombe bientôt<br />

dans mille pièges, dans mille filets qu'il né sait pas éviter.<br />

Tout homme qui dit : Je sais distinguer les mobiles des<br />

actions humaines, choisit l'état de persévérance dans la<br />

voie droite également éloignée dès-extrêmes; mais il ne<br />

peut le conserver seulement l'espace d'une lune.<br />

Voilà le septième chapitre. 11 y est parlé indirectement <strong>du</strong><br />

grand sage <strong>du</strong> chapitre précédent. En outre, il y est question<br />

de la sagesse qui n'est point éclairée, pour servir de transition<br />

au chapitre suivant. (TCHOU-HI.)<br />

#<br />

CHAPITRE VIII.<br />

1. Le Philosophe disait : ffoeï % lui, était véritablement<br />

un homme ! Il choisit l'état de persévérance dans la voie<br />

droite également éloignée des extrêmes. Une fois qu'il avait<br />

acquis une vertu, il s'y attachait fortement, la cultivait<br />

dans son intérieur et ne la perdait jamais.<br />

Voilà le huitième chapitre.<br />

CHAPITRE IX.<br />

i. Le Philosophe disait : Les États peuvent être gou­<br />

v vernés avec justice; les dignités et les émoluments peuvent<br />

être refusés; les instruments de gains et de profits<br />

peuvent être foulés aux pieds : la persévérance dans la<br />

voie droite également éloignée des extrêmes ne peut être<br />

gardée !<br />

Voilà le neuvième chapitre. 11 se rattache au chapitre précédent,<br />

et il sert de transition au chapitre suivant. (TCHOU-HI.)<br />

1 Le pius aimé de ses disciples, dont le peiit nom étail Yan-youan.


OU L f INVARIABILITÉ BANS LE MILIEU. 71<br />

CHAPITRE X.<br />

1. Tscu'ltiU (disciple de Kiiorxi-îSEi'l interrogea son<br />

i naître sur la fort'» 1 <strong>du</strong> ï hou unis<br />

2. Le Philosophe répondil . EsN-esur la force virile des<br />

contrées méridionales, rai sur la force lîrîle ih:< contrées<br />

septentrionales? Parlez-vous de votre propre forée ?<br />

o. Avoir des nianitères bienveillantes el douées pour<br />

instruira les hommes ; avoir de la compassion pour les<br />

insensés qui se révolu»nf contre la raison : voilà la loree<br />

virile propre aux eoiîlrees méridionales; eVst à elle que<br />

s'attachent les sages.<br />

i. faire sa couche de laines de fer et de cuirasses de<br />

pe a i i \ d e 1 >è t es sa 11 vages ; e < ai I c ai i p 11 r r sa 11 s i r « 'a 11 i r les a 11proelles<br />

de la mort : voilà la forée virili 1 propre aux contrées<br />

septentrionales, el c'est a elle que s'attachent les<br />

braves,<br />

f>. dépendant? que la force d'âme <strong>du</strong> sage qui vit toujours<br />

en paix avec les lion unes et ne se laisse point corrompre<br />

par les passions est bien plus féal»» et huai plus<br />

grande ! Que la force cfàme de celui qui se tient sans de-<br />

\ier dans la voie droite également éloignée il^ extrêmes<br />

vé\ bien plus forte et bien plus grande! Une la force d'aine<br />

de celui qui. lorsque son pays joui i i l'une lu ame administration<br />

qui est si ai ouvrage, ne se laisse point corrompre<br />

«ai aveugler par un sol orgueil, es! bien plus forte et bien<br />

plus grande ! Otie la loree d aine de celui qui. lorsque son<br />

pavs sans lois manque (Tune bonn»* administration, reste<br />

immuable dans la vertu jusqu'à la mort, est bien plus forte<br />

et bien plus grande!<br />

Voilà le


72 TCHOURG-YOïnCG,<br />

CHAPITRE XI.<br />

i. Le Philosophe disait : Rechercher les principes des<br />

choses qui sont dérobées à l'intelligence humaine ; faire<br />

des actions extraordinaires qui paraissent en dehors de la<br />

nature de l'homme ; en un mot, opérer des prodiges pour<br />

se procurer des admirateurs et des sectateurs dans les siècles<br />

à venir : voilà ce que je ne voudrais pas faire,<br />

2. L'homme d'une vertu supérieure s'applique à suivre<br />

et à parcourir entièrement la voie droite. Faire la moitié<br />

<strong>du</strong> chemin, et défaillir ensuite, est une action que je ne<br />

voudrais pas imiter.<br />

3. L'homme d'une vertu supérieure persévère naturellement<br />

dans la pratique <strong>du</strong> milieu également éloigné des<br />

extrêmes. Fuir le monde, n'être ni vu ni connu des hommes,<br />

et cependant n'en éprouver aucune peine, tout cela<br />

n'est possible.qu'au saint.<br />

Voilà le onzième chapitre. Les citations des paroles de<br />

KHOCNG-TSEU par Tseu-sse, faites dans l'intention d'éclaircir le<br />

sens <strong>du</strong> premier chapitre, s'arrêtent ici. Or le grand but de<br />

cette partie <strong>du</strong> livre est de <strong>mont</strong>rer que la prudence éclairée,<br />

Yhumanitè ou la bienveillance universelle pour les hommes, la<br />

force d'âme, ces trois vertus universelles et capitales, sont la<br />

porte par où Ton entre dans la voie droite que doivent suivre<br />

tous les hommes. C'est pourquoi ces vertus ont été traitées<br />

dans la première partie de l'ouvrage, en les iEustrant par<br />

l'exemple des actions <strong>du</strong> grand Chun, de- Yan-youan (ou Hϕ,<br />

le disciple chéri de KHOUKG-TSEU), et de Tseu-lou (autre disciple<br />

<strong>du</strong> même philosophe). Dans Chun, c'est la prudence éclairée;<br />

dans Yan youan, c'est Vhumanité ou la bienveillance pour tous<br />

les hommes ; dans Tseu-lou, c'est la force d'âme ou la force virile.<br />

Si l'une de ces trois vertus manque, alors il n'est plus<br />

possible d'établir la règle de con<strong>du</strong>ite morale ou la voie droite,<br />

et de rendre la vertu parfaite. On verra le reste dans le vingtième<br />

chapitre. (TCHOU-HI.)


OU L INVARIABILITE DANS LE MILIEU. 73<br />

CHAPITRE XII.<br />

1. La voie droite [ou la règle de con<strong>du</strong>ite morale <strong>du</strong><br />

sage] est d'un usage si éten<strong>du</strong>, qu'elle peut, s'appliquer a<br />

foules les actions des hommes ; mais elle est d'une nature<br />

tel le nient subtile, qu'elle n'est pas manifeste pour tous.<br />

2. L es pers o n n es 1 es p lus i g ri or a n t es e 11 e s p 111 s g n m î ères<br />

d e I a m u i t i t u d e _. 11 o n un es e I f e m n ics, pe 11 v en I a f 11 • i 11 d n i<br />

à c • e 11 e se i e n ce s i m p I e d e se b i c n e o n cl 11 i r e ; m a i s i 1 n "e s t<br />

cl o n n t ; à pe r so n n e , pas i n è i n e à c e 11 x qui so n f par ve mis «m<br />

pi u s li an t ciegr* é de sa i 11 te 11 \ c F a 11 e i 11 cl r e à la pe r f e c t i o n de<br />

( • c» 11 e se ï e n ee n i o r a 1 e ; i l re sî e t o i.ij o u r s q u e 1 q 11 e chose d'inconnu<br />

jqnï dépasse les pins nobles intelligences sur celte<br />

terre r |. Les personnes les plus ignorantes et les plus grossières<br />

de la multitude, hommes et femmes, peuvent pratiquer<br />

cette règle de con<strong>du</strong>ite morale dans ce qu'elle a de<br />

pi 11 s gé né r a 1 e t de pi u s commun; niais il n'est donne» à<br />

p< • i'so n ne, pa s n i ê i n e à c e 11 x q u i so n t pa r v e n u s a u p 1 u s h a u t.<br />

deg n ; de sa i 11 te tendait e i n d r e à î a pe r fee t i o n de cette r e g I e<br />

de con<strong>du</strong>ite morale ; il y a encore quelque chose que l'on<br />

ne peut pratiquer. Le ciel et la terre sont grands sans<br />

cloute; cependant l'homme trouve encore en eux des imperfections.<br />

C'est pourquoi le sage, en considérant ce qn


^^ TCHOUKG-YOUNG,<br />

mine l'univers dans le plus haut des cieux comme dans les<br />

plus profonds abîmes!<br />

4. La règle de con<strong>du</strong>ite morale <strong>du</strong> sage a son principe<br />

dans le cœur de tous les hommes, d'où^elle s'élève à sa<br />

plus haute manifestation pour éclairer' le ciel et la terre<br />

de ses rayons éclatants !<br />

Voilà le douzième chapitre. Il renferme les paroles de Tseusse<br />

, destinées à eipliquer le sens de cette expression <strong>du</strong> premier<br />

chapitre, où il est dit que l'an ne peul s'écarter ée la<br />

règle de con<strong>du</strong>ite moràk de l'homme. Dans les huit chapitres<br />

suivants, Tseu-sse cite sans ordre les paroles de KHOUKG-TSEU<br />

pour éclaircir le même sujet, (TCHOU-HL)<br />

CHAPITRE XIII.<br />

1. Le Philosophe a dit : La voie droite ou la règle de<br />

con<strong>du</strong>ite que Ton doit suivre n'est pas éloignée des hommes.<br />

Si les hommes se font une règle de con<strong>du</strong>ite éloignée<br />

d'eux- [c'est-à-dire, qui ne soit pas conforme à leur propre<br />

nature], elle ne doit pas être considérée comme une règle<br />

de con<strong>du</strong>ite.<br />

%., Le Liore des Vers dit :<br />

c< L'artisan qui taille un manche de cognée sur un<br />

« autre manche<br />

- a N'a pas son modèle éloigné de lui. »<br />

Prenant le manche modèle pour tailler l'autre manche^<br />

il le regarde de côté et d'autre, et, après avoir confectionné<br />

le nouveau manche, il les examine bien " tous les<br />

deux pour voir s'ils diffèrent encore l'un de l'autre. De<br />

même le sage se sert de l'homme ou de l'humanité pour<br />

gouverner et diriger les hommes; une fois qu'il les a ramenés<br />

au bien, il s'arrête là f .<br />

s Livre Kouë-foung, ode Fa-ko*<br />

1 II ne lui impose pas une perfection contraire à sa nature.


OU L'INVABIABILITB DANS LE MILIEU. 75<br />

3 » ( le lui don f I e cœu r c l s i 11 roi t,


76 , TCHOUNG-YOUNG, .<br />

différente. Est-iL malheureux, accablé d'infortunes* il agit<br />

comme doit agir un malheureux accablé d'infortunes. Le<br />

sage qui s'est, idenlilieavec la loi morale conserve toujours<br />

assez d'empire sur lui-même pour aeeoiiipiir les devoirs<br />

de sou ri a t. dans quelque condition qu'il se trouve.<br />

3. S'il est dans un rang supérieur, il ne tourmente pus<br />

ses inférieurs; s'il es! dans un raug inférieur, il n'assiège<br />

pas de sollicitations basses et cupides ceux qui occupent<br />

un rang supérieur. 11 se tient, toujours dans la droiture, et<br />

ne demande rien aux hommes ; alors ta paix et la sérénité<br />

deson amené sont pasfrouhlées. 11 ne murmure pas contre<br />

le ciel, et il n'accuse pas les hommes de ses infortunes.<br />

\,


OU L'INVARIABILITÉ DAMS LE MILIEU. 77<br />

€ Sont comme les accords pro<strong>du</strong>its par le Khin et le<br />

« Che.<br />

a Q11 a n cl 1 es frères v i ve n f clan s ï 11 n i t > n e t tliarn i on î c\ 1 a<br />

« joïe et le bon lieu r régnent parmi eux. Si le bon ordre<br />

ce est é t abî ï «i ans vo f re fa 111 î 11 e, v o f r e i e i n 1i1 e e t v os en fa 11 f s<br />

« se ronf heure o x e t sa ti s fa î f s. »<br />

3. Le Philosophe a dit : Quel cou le nie ment et quelle<br />

j o i e d r i i ve n t é p ro u v e r un p è r e e t ui le i ne r e à la lè t e d ? ti ne<br />

semblable famille ï<br />

Voilà le quinzième e ha pitre.<br />

CHAPITRE XVI.<br />

1. Le Philosophe a dit : Que les facultés des puissauces<br />

subtiles <strong>du</strong> ciel et de la terre sont vastes et profondes<br />

!<br />

2. On cherche à les percevoir, et on ne les voit pas: on<br />

cherche à les entendre, et on ne les eut ta ni pas ; identifiées<br />

à la substance des choses, elles ne peuvent en être<br />

séparées.<br />

3. Elles font que, clans tout Funivers, les lion unes pur<br />

i fi e 111 e t sa n c t i fie n 11 e 11 r e œ 11 r, se re v é lent de 1 e u r s 11 a b î I s<br />

de fête pour offrir des sacrifiées et des oblattoits à leurs<br />

ancêtres. C'est un océan d'intelligences subtiles! Eîles<br />

sont partout au-dessus de nous, à noire gauche, à notre<br />

d roi t e ; ell es n ou s e n v i r o i î n e n t de t o 111 e s par t s !<br />

4% Le livre des Vers dit 1 :<br />

« L'arrivée des espr i t s M I h t i ls<br />

« Ne peut être déterminée ;<br />

« A plus forte raison si on les néglige». »<br />

S. Ces espr ï f s c e pend a n t, quelque su b t i l s e t ï i n p er e e ptibîes<br />

qu'ils soient, se manifestent clans tes for nies corporelles<br />

des êtres; leur essence étant une essence réelle,<br />

« Livre Ta-y


7g . TCBOCTfG-YOUTO,<br />

vraie, elle ne peut pas ne pas se manifester sous une forme<br />

quelconque.<br />

Voilà le seisième chapitre. On ne petd ni voir ni entendre<br />

ces esprits subtils; c'est-àndire, qu'ils sont dérobés-à nos regards<br />

par leur propre nature. Identifiés avec la substance des choses<br />

telles qu'elles existent, ils sont donc aussi d'un usage général.<br />

Dans les trois chapitres qui précèdent celui-ci, il est parlé de<br />

choses d'un usage restreint, particulier ; dans les trois chapitres<br />

suivants, il est parlé de choses d'un usage général ; ^lans<br />

ce chapitre-ci, il est parlé tout à la fois de choses d'un usage<br />

général,"obscures et abstraites; il comprend le générai et le<br />

particulier. (TCHOIHU.).<br />

CHAPITRE XW.<br />

1. Le Philosophe a dit : Qu'elle était grande la piété filiale<br />

de CkunI il fut un saint par sa vertu ; sa dignité fut<br />

la dignité impériale; ses possessions s'étendaient aux<br />

quatre mers l ; il offrit les sacrifices impériaux à ses ancêtres<br />

dans le temple qui leur était consacré ; ses fiîs et<br />

ses petits-fils conservèrent ses honneurs dans une suite de<br />

siècles 2 .<br />

2. C'est ainsi que sa grande vertu fut, sans aucun doute,<br />

le principe qui lui fit obtenir sa dignité impériale, ses revenus<br />

publics, sa renommée, et la longue <strong>du</strong>rée de sa<br />

vie.<br />

3. C'est ainsi que le ciel, dans la pro<strong>du</strong>ction continuelle<br />

des êtres, leur donne sans aucun doute leurs développements<br />

selon leurs propres natures, ou leurs tendances naturelles:<br />

l'arbre debout, il le fait croître, le développe;<br />

l'arbre tombé, mort, il le dessèche, le ré<strong>du</strong>it en poussière.<br />

1 C'est-à-dire, aux douze provinces (Tcheou) dans lesquelles était<br />

alors compris l'empire chinois. (Glose),<br />

1 Glose.


ou L'INVARIABILITé DANS LE MILIEU. 79<br />

4. Le Livre des Vers dit 1 :<br />

a Que le prince qui gouverne avec sagesse soit loué !<br />

ce Sa brillante vertu resplendit de toutes parts;<br />

ci II traite comme Ms le méritent les magistrats et le<br />

« peuple ; .<br />

« Il tient ses Mena et sa puissance <strong>du</strong> ciel;<br />

c< Il maintient la paix, la tranquillité et l'abondance- en<br />

« distribuant [les richesses qu'il a reçues];<br />

ce Et le ciel les lui rend de nouveau ! D<br />

5. Il est évident par là que la grande vertu des sagesleur<br />

fait #btenif le mandat <strong>du</strong> ciel pour gouverner les<br />

hommes*. '/ •<br />

Voilà, le-dix-septième chapitre. Ce chapitre tire son origine<br />

de la perséférance dans la voie droite^ de la constance dans les<br />

bonnes-œuvres; il a -été destiné à <strong>mont</strong>rer au plus haut degré<br />

leur dernier résultat; il fait voir que les eflets de la voie-<strong>du</strong><br />

devoir sont efiéctiveinent très~éten<strong>du</strong>s? et que ce par quoi ils<br />

sont pro<strong>du</strong>its est d ? une nature subtile et cachée. Les deux<br />

chapitres suivants présentent aussi de pareilles idées. "<br />

(Tcuou-m.)<br />

CHAPITRE XVIII.<br />

1. Le Philosophe a dit : Le seul d'entre les hommes qui<br />

n'ait pas éprouvé les chagrins de rame fut certainement<br />

Wen-wang. Il eut Wang-ki pour père> et Wou-wang fut<br />

son fils. Tout le bien que le père avait entrepris fut achevé<br />

par le fils.<br />

2. Wou-wang continua les bonnes œuvres de Taï-wang,<br />

de Wang-ki et de Wen-wang. Il ne revêtit qu'une fois ses<br />

habits de guerre^ et tout l'empire fut à lui. Sa personne ne<br />

perdit jamais sa haute renommée dans tout l'empire ; sa<br />

dignité fut celle de fils <strong>du</strong> Ciel [c'est-à-dire d'empereur] ;<br />

. * Livre Ta-yas ode Kia-te*


80 fC10ra6-YOON€f<br />

•ses possessions s'étendirent aux quatre mers. 11 offrit les<br />

sacrifices impériaux à ses ancêtres dans le temple qui leur<br />

était consacré; ses fils et ses petits-fils conservèrent ses<br />

honneurs et sa puissance dans une suite de siècles.<br />

: L II a H - w i i / ( ii i ' \\ t i î 11 • > j h t r è s- a v a n c é e n â g< 11 o rsq u<br />

< * e j > t a I e J11 a 11 < 1 a I c 111 {] t • » 1 q u i I o i c i > n ter a ï f J * e i n<br />

kou ng < u r i M 11 j >i i f h ! > i n t c n l ions vert y e o ses de 11'en-mm<br />

et de 11 ; ou-waïuj. U < » mon t an t. à ses ai ieè f res, il éleva I a iw.vî<br />

? i // et H \wj-k î a II r a n g cl e r o i, qu'ils n 'av a î e n t pas<br />

possède, et il leur offrit les sacrifices selon le rite i ni péri al.<br />

Ces rites lurent éten<strong>du</strong>s aux f ni nées tri but a ires, aux<br />

grands de, î " e n i p i r e r e Y è lus d e d i e: n î t es ^jusqu'aux 1 et t r e<br />

et aux hommes <strong>du</strong> peuple sans titres et dignités. Si le père<br />

a v a i t é {é u n gr a n d de l'e t n p i re, e I q 11 e le fi 1 s fù t u n lettré,<br />

celui-ci faisait des funérailles à son père selon l'usage des<br />

grands dt- l'empire, et il lui sacrifiait selon l'usage des let-<br />

I res ; si so n père a v a i t é t é u n 1 e 11 ré, e t q ne le fils fut u n<br />

grand de l'empire, celui-ci faisait des lu lierai lies à son<br />

père selon l'usage des lettrés, et il lui sacrifiait selon l'usage<br />

des grands de 1 empire. Le deuil d'une année s'étendait<br />

jusqu'aux grands ; le deuil de trois années s'étendait<br />

jusqu'à l'empereur. Le deuil <strong>du</strong> père et de la mère devait<br />

être porté trois années sans distinction de rang : il était le<br />

même pour tous.<br />

Voilà le dix-huitième chapitre.<br />

CHAPITRE XIX.<br />

1. Le Philosophe a dit : Oh ! que la piété filiale de<br />

Wou-wang et de Tcheou-koung s'étendit au loin !<br />

2. Cette même piété filiale sut heureusement suivre les<br />

intentions des anciens sages qui les avaient précédés, et<br />

transmettre à la postérité le récit de leurs grandes entreprises.<br />

3. Au printemps, à l'automne, ces deux princes déce-


OU L'INVARIABILITÉ DAIS LE MILIEU. 81<br />

raient avec soie le temple de leurs ancêtres; ils disposaient<br />

soigneusement les vases et ustensiles anciens les<br />

plus prédeux [au nombre desquels étalent le grand sabre<br />

à fourreau de pourpre, et k sphère céleste de Càun 1 ] ;<br />

ils exposaient aux regards les robes et les différents vêlements<br />

des ancêtres, et ils leur .offraient les mets de la<br />

saison.<br />

4. Ces rites étant ceux de la salle des ancêtres, c'est pour<br />

cette raison que les assistants étaient soigneusement placés<br />

à gauche ou à droite, selon que l'exigeait leur dignité<br />

ou leur rang; les dignités et les rangs étaient observés :<br />

c'est pour cette raison que les hauts dignitaires étaient distingués<br />

<strong>du</strong> commun des assistants; les fonctions cérémoniales<br />

étaient attribuées à ceux qui méritaient de les remplir<br />

: c'est pour cette raison que Ton savait distinguer les<br />

sages des autres hommes ; la foule s'étant retirée de la cérémonie,<br />

et la famille s'étant réunie dans le festin accoutumé,<br />

les jeunes gens servaient les plus âgés : c'est pour<br />

cette raison que la solennité atteignait les personnes les<br />

moins élevées en dignité. Pendant les festins, la couleur<br />

des cheveux était observée : c'est pour cette raison que<br />

les assistants étaient placés selon leur âge.<br />

5. Ces princes, Wou-wong et Tcheou-koung, succédaient<br />

à la dignité de leurs ancêtres ; ils pratiquaient leurs rites ;<br />

ils exécutaient leur musique ; ils respectaient ce qu'ils<br />

avaient respecté; ils chérissaient ce qu'ils avaient aimé ;<br />

ils les servaient morts comme ils les auraient servis vivants;<br />

ils les honoraient ensevelis dans la tombe comme<br />

s'ils avaient encore été près d'eux : n'est-ce pas là le comble<br />

de la piété filiale ?<br />

.6. Les rites <strong>du</strong> sacrifice au ciel et <strong>du</strong>- sacrifice à la terre<br />

étaient ceux qu'ils employaient pour rendre leurs hommages<br />

au suprême Seigneur 2 ; les rites <strong>du</strong> temple des ae-<br />

1 0n peut voir la gravure de celte sphère, et la description des<br />

' cérémonies indiquées ci-dessus, dans îa Description de la Chine,<br />

par le tra<strong>du</strong>cteur, tome 1, p. 89 et suiv.<br />

• « Le ciel et la terre qui est au milieu. » {Glose»)


82 TCHOUHG-YOUNG,<br />

cétres étaient ceux qu'ils employaient pour offrir des sacrifices<br />

à leurs prédécesseurs. Celui qui sera parfaitement<br />

instruit des rites <strong>du</strong> sacrifice au ciel et <strong>du</strong> sacrifice à la<br />

terre, et qui comprendra parfaitement le sens <strong>du</strong> grand<br />

sacrifice quinquennal nommé 7ï, et <strong>du</strong> grand sacrifice automnal<br />

nommé Tehung, gouvernera aussi facilement le<br />

royaume que s'il regardait dans la paume de sa main.<br />

Voilà le dix-neuvième chapitre.<br />

CHAPITRE XX.<br />

1. Ngat-koung interrogea KHOUNG-TSEU sur les principes<br />

constitutifs d'un bon gouvernement.<br />

2. Le Philosophe dit : Les lois gouvernementales des<br />

rois Wen et Weu sont consignées tout entières sur les tablettes<br />

de bambou. Si leurs ministres existaient encore*<br />

alors leurs lois administratives seraient en vigueur; leurs<br />

ministres ont cessé d'être* et leurs principes pour bien<br />

gouverner ne sont plus suivis?<br />

3. Ce sont les vertus* les qualités réunies des ministres<br />

d'un prince qui font la bonne administration d'un État;<br />

comme la vertu fertile de la terre* réunissant le mou et le<br />

<strong>du</strong>r* pro<strong>du</strong>it et fait croître les plantes qui couvrent sa surface.<br />

Cette bonne.administration dont vous me parlez ressemble<br />

aux roseaux qui bordent les fleuves; elle se pro<strong>du</strong>it<br />

naturellement sur un sol convenable.<br />

4. Ainsi la bonne administration d'un État dépend des<br />

ministres qui lui sont préposés. Un prince qui veut imiter la<br />

bonne administration des anciens rois doit choisir ses -ministres<br />

d'après ses propres sentiments* toujours inspirés<br />

parle bien public; pour que ses sentiments aient toujours<br />

le bien public pour mobile* il doit se conformer à la grande<br />

loi <strong>du</strong> devoir; et cette grande loi <strong>du</strong> devoir doit être<br />

cherchée dans l'humanité* cette belle vertu <strong>du</strong> cœur*


OU L INVARIABILITE DANS LE MILIEU. 83<br />

qui est le principe de l'amour pour tous les hommes.<br />

5. Cette humanité, c'est l'homme lui-même: l'amitié<br />

pour les parents en est le premier devoir. La justice, e'esf<br />

l'équité ; ees! rendre à charnu ce qui lus convient : honorer<br />

les hommes sages en l'orme le. premier de\oir. Larl<br />

de savoir dislinatter ce que l'on doil aux parejdsde dilîërents<br />

degrés, celui de savoir comment honorer les sages<br />

selon leurs mérites, ne s'apprennent que par les nies un<br />

principes de con<strong>du</strong>ite inspires par leeiel L<br />

0. Cest pourquoi le prince ne peut pas se dispenser de<br />

corriger et perfectionner sa personne, llans l'intention de<br />

corriger et perfectionner sa personne. 51 ne peut pas s* s dispensa<br />

de rendre à ses parents ce qui leur est dan Pans<br />

l'intention île rendre à >es parents ce qui leur est <strong>du</strong>, il ne<br />

peut pas se dispenser de connaître les hommes sages pour<br />

les honorer et. pour qu'ils puissesit I instruire de ses devoirs,<br />

llans l'intention de connaître tes hommes sages, il<br />

ne peu! pas se dispenser île connaître le ciel, ou la loi qui<br />

dirige dans la pratique des de\oirs prescrits.<br />

7, Les devoirs les plus universels pour le genre humain<br />

soit! au nombre de cinq, et Un a m ne possède trois facultés<br />

naturelles pour les pratiquer. Les cinq devoirs sont : les<br />

relations qui doivent exister en Ire le prince et ses ministres,<br />

le père et ses enfants, le mari et la femme, les frères<br />

aiuês et les frères cadets, et l'union des anus entre eux;<br />

lesquelles cinq relations constituent la loi naturelle <strong>du</strong> devoir<br />

la plus universelle pour les hommes. La conscience,<br />

qui est la lumière de. l'intelligence pour distinguer le bien<br />

et le mal; Hiinnanitê. qui eM l'equite <strong>du</strong> eu-ur ; fe courage<br />

moral, qui est la force d'au an sont les trois grandes et u inverse<br />

lies facultés morales de 11 a ni nue ; niais ce dont on<br />

1<br />

11 y ;i in ,Jaro |V« ,p. Tuiur ni un pan^a.}.:^ qni se<br />

fottive plus loin, H aie' injurt îles an!iv> ^lil.-urs dînais oui<br />

supprime, p;mv «ju'il un au«-»i« eaa m rt ;i\-v tv «pu prrecile


84 TCBOUKG-YOUKG,<br />

•doit-.se servir pour pratiquer les cinq grands-devoirs se ré<strong>du</strong>it<br />

à une seule et unique condition.<br />

8. Soit qu'il suffise de naître pour connaître ces devoirs<br />

universels, soit queFétude ait été nécessaire pour les apprendre,<br />

soit que leur connaissance ait exige rie grandes<br />

peines, lorsqu'on est p irverm à cette connaissance:, le résultai<br />

est le même; soit que Ion pratique naturellement<br />

et sans efforts ees devoirs universels, soit qu'on les pratique<br />

dansl*' bat


OU L INVARIABILITE DANS LE MILIEU. 85<br />

viennent de loin, les étrangers % et traiter avec amitié tons<br />

les grands vassaux.<br />

12 * 1 ) è s T i ris t a ri t q 1i e 1 o pri n c e ; t u r a b i e n r ég I é e I a m é -<br />

lioi'é sa personne, aussitôt les devoirs universels .seront<br />

accomplis envers lui-même; des l'instant qu'il aura rév<br />

é ré les sa ge s, a n s s î I o I i i 11 a 11 ra p 1 u s d e d o u t e s u r i e s p r i n -<br />

cipes <strong>du</strong> vrai et <strong>du</strong> taux, <strong>du</strong> bien et <strong>du</strong> mai ; des F instant<br />

que ses parents seront l'objet des a Élection.s qui leur sont<br />

ci lies, aussitôt i 1 n' y au ra pi us i le d i sse i is i oi es e î 11 re s« \s o i le 1 es,<br />

ses frères aines et ses frères cadets; ûi i s l'instant qu'il Iion<br />

o r'era e o n v e 11 a 1 >1 c a n e n t 1 es fo n c t i o n n a i r es s u j • é rieurs ou<br />

i n in i si res, aussi tôt il verra les a fiai res d li ta! i 1 11 b< nie rd re ;<br />

dès Uns! an t qu'il traitera comme il convient les fonctionna<br />

i r'es e t i n a g î st rat s se e o n da i res_? a u ss i t ô f 1 e s d oc t c 11 rs «les<br />

lettrés s'acquitteront avec zèle de leurs devoirs dans les<br />

c é r éi 11 on i es ; cl è s F i n st a n t q u * i 1 a i m e r a e ! traite r a 1 e j >e u p I < *<br />

c o ni 111 e n n I ï l s, a 11 ss i 1 ô t c e j n c u i e pc u j J I < : se r i t po r t c à imiter<br />

son supérieur; dès Fins tant qu'il aura attiré près de<br />

lui tous les savants et les artistes, aussitôt ses richesses<br />

seront suffisamment mises en usage: des Fiiisfanl qu'il<br />

ac en e i 11 e r a agréa 1)1 e i n en 11 es lie n m i e s q u i v i e n n c n t d c 1 o in,<br />

aussitôt les hommes des quatre extrémités de Feu q lire<br />

accourront en foule dans ses Etats pour prendre part a<br />

ses bienfaits; dès Finstanl qu'il traitera a ver amitié ses<br />

gra n cl s v assa t ix, a n ss i t ô t i 1 se t -are s p e e t c d a î i s t o u t Fc m p i re,<br />

•Kf. Se purifier de toutes souillures, avoir toujours un<br />

extérieur propre et décent; et des vè tel neufs distingués ;<br />

ne s«.* permettre aucun mouvement ai a'une action contrai<br />

renient aux rîtes prescrits - : voilà tes moyens qu'il faut<br />

employer pour bien réglée sa personne ; repousser loin<br />

de soi les flatteurs, fuir les sé<strong>du</strong>ctions de la beauté, nicpri-<br />

1 La Glose dit que '» >


86 TCBOUNG-YOUNG,<br />

ser les richesses, estijner à un haut prix la vertu et les<br />

hommes qui la pratiquent : voilà les moyens qu'il faut<br />

employer pour donner de l'émulation aux sages; honorer<br />

la dignité de ses parents, augmenter leurs revenus» ai mur<br />

et *'*\it«.*r ce


OU 1/INVARIABILITÉ DANS LE MILIEU. 87<br />

ont été résolus d^vance^ sont par cela même accomplis;<br />

s'ils ne sont pas résolus d'avance, ils son! par cela mènie<br />

dans un état d'infraction. Si Ion a déterminé d'avance les<br />

pa ro 11* s q u e l*o n <strong>du</strong> i t p r o 11 < .» n ce r, on n e j > r i m v e par eela<br />

i n é ï ne ai i ou n e hésitation. Si fo i \ a d e t e r n i i ri é. cl ' a va 11 e < ; si? s<br />

affaires, ses occupations clans le monde, par cela ! net ne<br />

elles s'accomplissent facilement. Si l'on a déterminé d'av<br />

a née sa e o 11 d u i t e rn o r a 1 e < .1 ai i s 1 a v s e, i •> 11 n 'é p r < » u v e ra p o i n t<br />

de pc » i n es de ! ' à t ne ». Si 1 on a < lcte riiïii i é d * a v a 11 e e I a 1 o i d t1<br />

devoir» elle ne faillira jamais.<br />

10. S» eeliti qui est dans un rang inférieur n'obtient pas<br />

la confiance de son supérieur, le peuple ne peut pas être<br />

bien administré; il y a un principe certain dans la détermination<br />

de ce rapport : Celui qui ri est pas sincère ei<br />

fidèle avec ses amis n obtiendra p


gg fCHotnra-YcwiiG,<br />

jiri\. Celui qui tend constamment à son perfectionnement<br />

est le sage qui sait distinguer le bien <strong>du</strong> mal., qui<br />

choisit le bien et s'y attache fortement pour ne jamais le<br />

perdre.<br />

18. Il doit beaucoup étudier pour apprendre tout ce<br />

qui est bien ; il doit interroger avec discernement, pour<br />

chercher à s'éclairer dans tout ce qui est bien ; il doit veiller<br />

soigneusement sur tout ce qui est bien, de crainte de<br />

le perdre, et le méditer dans son âme ; il doit s'efforcer<br />

toujours de connaître tout ce qui est bien, et avoir grand.<br />

soin de le distinguer de tout ce qui est mal; il doit ensuite<br />

fermement et constamment pratiquer ce bien.<br />

19. S'il y a des personnes qui n'étudient pas* ou qui* m<br />

elles étudient, ne profitent pas, qu'elles ne se découragent<br />

point, ne s'arrêtent point; s'il y a des personnes-qui n'interrogent<br />

pas les hommes instruits, pour s'éclairer surles<br />

choses douteuses ou quelles ignorent, ou si, en les interrogeant,<br />

elles ne peuvent devenir plus instruites, qu'elles<br />

ne se découragent point : s'il y a des personnes qui ne<br />

méditent pas,, ou qui, si elles méditent, ne parviennent<br />

pas à acquérir une connaissance claire <strong>du</strong> principe <strong>du</strong><br />

bien, qu'elles ne se découragept point; s'il y a des personnes<br />

qui ne distinguent pas le bien <strong>du</strong> mal, ou qui, si<br />

elles le distinguent, n'en ont pas cependant une perception<br />

claire et nette, qu'elles ne se découragent point ; s'a y a<br />

des personnes qui ne pratiquent pas le bien, ou qui, si<br />

elles le pratiquent, ne peuvent y employer toutes leurs<br />

forces, qu'elles ne se découragent point : ce que d'autres<br />

feraient en une fois, elles le feront en dix; ce que d'autres<br />

feraient en cent, elles le feront en mille.<br />

20. Celui qui suivra véritablement cette règle de persévérance,<br />

quelque ignorant qu'il soit, il -deviendra nécessairement<br />

éclairé ; quelque faible qu'il soit, il deviendra<br />

nécessairement fort.<br />

Voilà le vingtième chapitre. 11 contient les paroles de KHOUKG-<br />

TSEU, destinées à offrir les exemples de vertu <strong>du</strong> grand Chm,


ou L'INVARIABILITé DANS LE MILIEU.<br />

89<br />

de Wta-tray, de Wo^wamg et de Tchemi,koung, pour les<br />

commuer. Tse^se dans ce chapitre, éclairait cï quï cS<br />

t..*»..* PU,'),, (nul, ,ou; ii |(, rapporte ,,, |(; rai„ ,,?,„,, , °°<br />

ta.t mernephis, caril embrasse les devoir, d'un usace ,,,„•,:,<br />

•uns, que !ts devoirs moins acce^hles lU, h„mni(!S7 j L ,£<br />

f" 1 ". l Pf^"«"--e» «nèn.e temps que ceux qui cou nl<br />

les put.ls e les grands, afin de cmplelor le sen' <strong>du</strong> ,1,u '»,<br />


9§ TCBOUNG-YOUNG,<br />

fond la nature des autres hommes, la loi de leur être, et<br />

leur enseipier tous Ses devois qu'ils'ont à observer pour<br />

accomplir le mandat t.iti ciel ; pouvant connaître à<br />

loin 1 la nature des autres hommes la loi de leur être, et<br />

leur enseigner les deutirs qu'ils on! à observer pour accomplir<br />

le mandai


00 L'INVARIABILITÉ DANS LE MILIEU. 91<br />

dernières traces <strong>du</strong> vice : il n'y a dans le monde que les<br />

hommes souverainement parfaits qui puissent être capables<br />

d'effacer ainsi les dernières traces <strong>du</strong> vice dans le<br />

cœur des hommes.<br />

Voilà le vingt-troisième chapitre. 11 y est parlé de la loi de<br />

l'homme.<br />

CHAPITRE XXIV.<br />

•t. Les facilités de l'homme souverainement partait<br />

.sont si puissantes, qu'il pi-nf3 par leur moyen, prévoir les<br />

choses à venir. L'élévation des familles nnales s'annonce<br />

assurément par d'heureux présages; la chute des dynasties<br />

s annonce assurément aussi par «le funestes pré.-ages;<br />

ces présages heureux ou lunes les se manifestent dans la<br />

grande herbe nommée r/o, sur le dos de la (oriue, et<br />

excitent en elle de tels mouvements., qu'ils tout frissonner<br />

ses quatre membres. Quand des événements heureux<br />

on malheureux, sont proehains, l'homme souverainement<br />

parfait prévoit avee eertilud»* s'ilsseronl heureux ;<br />

il prévoit également avec certitude s'ils seront malheureux.;<br />

c'est pourquoi l'homme souverainement parlait<br />

ressemble aux intelligences surnaturelles.<br />

Voilà le vingt-quatrième chapitre. Il y est. parlé de la loi <strong>du</strong><br />

ciel.<br />

CHAPITRE XXV.<br />

1. Le parfait est par lui-même parfait absolu; la lut <strong>du</strong><br />

deuoir est par e 11e-même loi de devoir.<br />

2. Le parfaite leeommeneenien! e! la fui de Ions les<br />

êtres; sans le parfait ou la perlée!ion, les êtres ne seraient<br />

pas. C'est pourquoi le sage estime celte perfection audessus<br />

de tout.


99 TCHoraa-¥ouNGf<br />

3. L'homme parlait ne se borne pas à se perfectionner,<br />

lui-même et s'arrêter ensuite; c'est pour cette raison qu'il<br />

s'attache à perfectionner aussi les autres êtres. Se perfectionner<br />

soi-même est sans doute une vertu; perfectionner<br />

les autres êtres est une haute science ; ces deux perfectionnements<br />

sont des vertus de la nature ou de la faculté<br />

rationnelle pure. Réunir le perfectionnement extérieur<br />

et le perfectionnement intérieur constitue la règle <strong>du</strong><br />

devoir. C'est ainsi que l'on agit convenablement selon les<br />

circonstances.<br />

Voilà le vingt-cinquième chapitre. 111 est parlé de la loi de<br />

l'homme.<br />

CHAPITRE XXVI.<br />

1. C'est pour cela que l'homme souverainement parfait<br />

ne cesse jamais d'opérer le bien, ou de travailler au<br />

perfectionnement des autres hommes.<br />

% Ne cessant jamais de travailler au perfectionnement<br />

des autres hommes, alors il persévère toujours dans ses<br />

bonnes actions ; persévérant toujours dans ses bonnes actions^<br />

alors tous les êtres portent témoignage de lui.<br />

3. Tous les êtres portant témoignage de lui, alors l'influence<br />

de la vertu s'agrandit et s'étend au loin; étant<br />

agrandie et éten<strong>du</strong>e au loin, alors elle est vaste et profonde<br />

; étant vaste et profonde, alors elle est haute et resplendissante,<br />

&r La vertu de l'homme souverainement parfait est<br />

vaste et profonde : c'est pour cela qu'il a en lui la faculté<br />

de contribuer à l'entretien et au développement des êtres;<br />

elle est haute et resplendissante : c'est pour cela qu'il a<br />

en lui la faculté de les éclairer de sa lumière ; elle est<br />

grande et persévérante : c'est pour cela qu'il a en lui lt*<br />

faculté de contribuer à leur perfectionnement, et de s'idei\><br />

tifler par ses œuvres avec le ciel et la terre.<br />

i


OU L'iNYAlIÂlILIfÉ DANS LE MILIEU. 93<br />

5. Les hommes souverainement parfaits, par la grao*<br />

deur et la profondeur de leur verte* s'assimilent avec la<br />

terre; par sa hauteur et son éclat, ils s'assimilent avee le<br />

ciel; par son éten<strong>du</strong>e et sa <strong>du</strong>rée, ils s'assimilent avec<br />

l'espace ef le feinps sans 11 mite.<br />

IL Celui qui est dans cette liante condition do sainteté<br />

parfaite ne se <strong>mont</strong>re point, et cependant, comme la<br />

ferre, il se révèle par ses bienfaits ; îl ne se déplace point,<br />

et cependant, comme le ciel, il opère de nombreuses<br />

transformations; il n'agit point, et cependant, connue<br />

l'espace et le temps, îl arrive au perfectionnement de ses<br />

œuvres.<br />

T. La puissance on la loi pro<strong>du</strong>ctive <strong>du</strong> ciel et tic la<br />

terre peu t è t r< ; e \ p ri niée pa r un se ul 11 lot ; son a< 1 i e 11<br />

dans l'un et l'autre îfest pas double : c'est la perfection;<br />

mais alors sa pro<strong>du</strong>ction des êtres est incompréhensible.<br />

8. La raison d'être, ou la loi <strong>du</strong> ciel et de la terre, est<br />

vaste, en effet; elle est profonde! elle est su bit i ne! elle est<br />

éclatante! elle est immense! elle est éternelle!<br />

9. Si nous portons un instant nos regards vers le ciel.<br />

nous n'apercevons d abord qu'un petit espace scintillant<br />

de lumière; niais si nous pouvions nous élever jusqu'à cet<br />

espace lumineux, nous trouverions qu'il est d'une immensité<br />

sans limites; le soleil, la lune, les étoiles, les planètes<br />

y sont suspen<strong>du</strong>s comme à un lîl ; tous les êtres de<br />

lu ni vers en sont couverts comme d'un dais. Maintenant,<br />

si lions jetons un regard sur la terre, nous e roi nui s<br />

d'abord que nous pouvons la tenir dans Ja main: niais<br />

si nous la - parcourons, nous la trouverons éten<strong>du</strong>e, profonde;<br />

soutenant la liante <strong>mont</strong>agne fleurie l sans lîéehir<br />

sous son poids; enveloppant- les fleuves et les mers dans<br />

son sein, sans en être inondée, et contenant tons les êtres.<br />

Cette <strong>mont</strong>agne ne nous semble qu'un pi'!if fragment de<br />

rocher; niais si nous explorons son éten<strong>du</strong>e, nous la.<br />

J Mofita«>iic


M TCflOUWG-YOONG,<br />

trouverons vaste et élevée; les plantes et les arbres croissant<br />

à sa surface* des oiseaux et des' quadrupèdes y faisant<br />

leur cleiHeure, et renfermant elle-même dans son sein<br />

des trésors inexploités. Et cette eau que nous apercevons<br />

de loin nous semhle pouvoir à peine remplir une coupe<br />

légère; niais si nous parvenons à sa surface, nous ne<br />

pouvons en si in de r la profondeur; des énormes I or tues,<br />

des eroeodîles» des hydres, des dragons, des poissons de<br />

toute espèce \ iveiif dans son sein ; des richesses précieuses<br />

y prennent naissance.<br />

10. Le Livre des Vers dit ! :<br />

« Il n'y a que le mandat do ciel<br />

« Dont Faction éloignée ne cesse jamais.»<br />

Voulant dire par là que c'est celte action incessante qui<br />

te l'ait le mandai <strong>du</strong> ciel.<br />

« Oh! c o 111111 e ut n "a 11 r a i t-e 11 e p a s e t é éclat an te,<br />

« La pureté de la vertu de Woii-wang ? n<br />

Voulant dire aussi par là que c'est par cette nié nie pureté<br />

de verlu qu'il fut Wuu-wamj, car elle ne s éclipsa<br />

jamais.<br />

Voilà le vingt-sixième chapitre. Il y est parlé de la loi <strong>du</strong><br />

ciel.<br />

CHAPITRE XXVII.<br />

'1. 0 h ! q u e 1 a I o i d u il e voir < I e p h o m m e sa i n t est<br />

grande !<br />

2. il' e st n n oc éa n sans r i v a ges ! cl le pr


ou L'INVARIABILITé DANS LE MILIEU. 95<br />

5. C'est pour cela qu'il est dit : « Si l'on ne possède<br />

pas la suprême vertu des saints hommes, la suprême loi<br />

<strong>du</strong> devoir ne sent pas complètement prataqu.ee, »<br />

fi, (Tes! pour ee!a aussi que le sage, i< lent i lié a ver îa<br />

loi <strong>du</strong> devoir, enllîve avee respect sa nature wrlueuse,<br />

celle raison d rot le qu'il a récite <strong>du</strong> ciel, et qu'il s'attache<br />

à rechercher e! à chu lier al tend veine ut ce qu'elle lui<br />

prescrit. Dans ce but, il pënetre jusqu'aux dernieivs limites<br />

de sa profonde tu* et: de son éten<strong>du</strong>e, pour saisir ses<br />

préceptes les plus subtils et les plus inaccessibles aux intelligences<br />

vulgaires. 11 développe an plus haut degré les<br />

hautes et pures facultés de son intelligence, et il se lait<br />

une loi de suivre toujours les principes de la droite raison,<br />

11 se e on for nie aux lois déjà recta unies et pratiquées anciennement<br />

de la nature vertueuse de l'homme, et il<br />

cherche à en connaître de nouvelles, non encore déterminées<br />

: il s'attache avec force à tout ce qui est honnête et<br />

juste, afin de réunir eu lui la pratique de-, rites, qui sont<br />

l'expression de la loi céleste.<br />

7. € es! pour cela que s'il est revêtu de la d limité souveraine,<br />

il nVst point rempli d'un vain orgueil : s'il se<br />

trouve dans l'une (h'^ conditions inférieures, il ne se cutisfilue<br />

point en état de révolte. One l'administration <strong>du</strong><br />

royaumesoit équitable, sa parole suffira pour l'élever a la<br />

dignité qu'il mérite: qu'au contraire le royaume soit mal<br />

gouverne, qu'il y règne * des troubles et. des séditions, son<br />

silence suffira pour sauver sa personne.<br />

Le Livre des Vers dit ! :<br />

« Parce qu'il fut intelligent et prudent observateur îles<br />

« événenienls.<br />

« C'est pour cela qu'il conserva sa personne. »<br />

Cela s'accorde avec ce qen est dit précédemment.<br />

Vuilà le vin-t-sepUènu; chapitre. Il \ est parle de la loi de<br />

Tirai n ne.<br />

? Le iv Ta-ijo, .!e 'f< /e'/;f/- tnàuj.


96 ClOUNG-YOradj<br />

CHAPITRE XXY1IL •<br />

1. Le Philosophe a dit : L'homme ignorant et sans<br />

vertu* qui aime à ne se servir que de son propre jugement;<br />

l'homme sans fonctions publiques* qui aime à<br />

s'arroger un pouvoir qui ne lui appartient pas; l'homme<br />

né dans le siècle et soumis aux lois de ce siècle* qui re-<br />

. tourne à la pratique des lois anciennes* tombées en désuétude<br />

ou abolies* et tous ceux qui agissent d'une semblable<br />

manière* doivent s'attendre à éprouver de grands<br />

maux.<br />

2. Excepté le fils <strong>du</strong> Ciel* ou celui qui a reçu originairement<br />

un mandat pour être le chef de l'empire ** personne<br />

n'a le* droit d'établir de nouvelles cérémonies* personne<br />

n'a le droit de fixer de nouvelles lois somptuaires*<br />

•personne n'a le droit de changer ou de corriger la forme<br />

des caractères de l'écriture en vigueur. •<br />

3. Les chars de l'empire actuel suivent les mêmes ornières<br />

que ceux des temps passés ; les livres sont écrits<br />

avec les. mêmes caractères; et les moeurs .sont les mêmes<br />

qu'autrefois.<br />

4. Quand même 11 posséderait la dignité impériale des<br />

aqclens souverains* s'il n'a pas leurs vertus* personne ne<br />

doit oser établir de nouvelles cérémonies et une nouvelle<br />

musique. Quand même il posséderait leurs vertus* s'il n'est<br />

pas revêtu de leur dignité impériale* personne ne doit également<br />

oser établir de nouvelles cérémonies^ et une nouvelle<br />

musique.<br />

5. Le Philosophe a dit : J'aime à me reporter aux<br />

usages et coutumes de la dynastie des Hia; mais le petit<br />

État de Khi$ où cette dynastie s'est éteinte* ne les a pas<br />

•suffisamment conservés. J'ai étudié les usages et coutumes<br />

de la dynastie de Yin [ou Chang] ; ils sont encore<br />

1 C'est ainsi que s'exprime la Glo$e.


OU L'INVARIABILITÉ DANS LE MILIEU. 97<br />

•en Yigtteur dans l'État de Soûng. J'ai étudié les usages<br />

•et coutumes de la dynastie des Tcheou; et comme ce sont<br />

celles qui sont aujourd'hui en vigueur, je dois aussi les<br />

suivre.<br />

Voilà le vingt-huitième chapitre. 11 se rattache au chapitre<br />

précédent^ et il n'y a rien de contraire au suivant. 11 y est aussi<br />

question de la loi de l'homme. (TCIOU-HI.)<br />

CHAPITRE XXIX. •<br />

i. 11 y a trois affaires que l'on doit regarder comme de<br />

la plus haute importance dans le gouvernement d'un empire<br />

: rétablissement des rites ou cérémonies, la fixation<br />

des lois sompttmiresf et Valtération dans la forme des caractères<br />

de técriture; et ceux qui s'y conforment commettent<br />

peu de fautes.<br />

2. Les lois, les règles d'administration des anciens temps^<br />

quoique excellentes, n'ont pas une autorité suffisante,<br />

parce que l'ëloignement des temps ne permet pas d'établir<br />

convenablement leur authenticité ;• manquant d'authenticité,<br />

• elles ne peuvent obtenir la confiance <strong>du</strong> peuple ;<br />

le peuple ne pouvant accorder une confiance suffisante aux<br />

hommes qui les ont écrites, il ne les observe pas. Celles<br />

qui sont proposées par des sages non revêtus delà dignité<br />

impériale, quoique excellentes, n'obtiennent pas le respect<br />

nécessaire ; n'obtenant pas le respect qui est nécessaire<br />

à leur sanction, elles n'obtiennent pas également la<br />

confiance <strong>du</strong> peuple ; n'obtenant pas la confiance <strong>du</strong> peuple,<br />

le peuple ne les observe pas.<br />

3. C'est pourquoi la loi <strong>du</strong> devoir d'un prince sage,<br />

dans rétablissement des lois les plus importantes, a sa base<br />

fondamentale en lui-même; l'autorité de sa vertu et de<br />

sa haute dignité s'impose à tout le peuple ; il conforme<br />

son administration à celle des fondateurs des trois premières<br />

dynasties, et il ne se trompe point; il établit -ses lois<br />

9


98 TGHOOWÏ-YÛUtflï,<br />

selon celles <strong>du</strong> ciel et de la terre* et elles n'éprouvent aucune<br />

opposition; il cherche la preuve de la vérité daos<br />

les esprits et les intelligences supérieurs* et il est dégagé<br />

df no> doutes; il v>\ cent généra! ions à attendre le saint<br />

homme, ri il n'est pas sujet à nos erreurs.<br />

4.. // efandte /// preuve de le, crri!


OU L'iNVAEIABILITÉ DANS LE MILIEU. 99<br />

reîns pies récents Wên et WQU. Prenant pour exemple<br />

de ses actions les lois naturelles et immuables qui régissent<br />

les corps célestes au-dessus de nos tètes, il huilait la<br />

suceession régn I i ère des saise >ns qu i sVpen » dans le eîeI ;<br />

à n os p i e 1.1 s. ï I se c on fo rmait aux I u i s d e i a I


100 TCHOUNCMrOlWG,<br />

la justice et l'équité; qui5 par sa faculté d'être toujourshonnête,<br />

simple, ^rave, droit et juste, soit capable de s attirer<br />

le r ope et et la vénération ; qui. par sa faculté d'être<br />

revêt» des ornements de Fe-prif, et îles talents que procure<br />

H ne- étude assi<strong>du</strong>e, et de ces lumières que i loti ne une<br />

exacte investigation des choses les plus cachées, des prineipes<br />

les plus subtils, soit capahle de dise


ou L'INVARIABILITé DANS LE MILIEU. 101<br />

CHAPITRE XXXII.<br />

i. il n'y a dans l'univers que l'homme souverainement<br />

parfait par la pureté de son âme qui soit capable de distinguer<br />

et de fixer les devoirs des cinq grandes relations<br />

qui existent clans l'empire entre les hommes; d établir sur<br />

des principes fixes et conformes à la nature des êtres la<br />

grande base fondamentale des actions et des opérations<br />

qui s'exécutent dans le monde; de connaître parfaitement<br />

les créations et les annihilations <strong>du</strong> ciel et de la terre. Un<br />

tel homme souverainement parfait a en lui-même le principe<br />

de ses actions.<br />

2. Sa bienveillance envers tous les hommes est extrêmement<br />

vaste; ses facultés intimes sont extrêmement<br />

profondes; ses connaissances des choses célestes sont extrêmement<br />

éten<strong>du</strong>es.<br />

3. Maïs, à moins d'être véritablement trcs-éelairé, profondément<br />

intelligent, saint par ses œuvres, instruit, des<br />

lois divines, et pénétré des quatre grandes vertus célestes<br />

[C humanité, la justice, la bienséance et la science des devoirs],<br />

comment pourrait-on connaître ses mérites?<br />

Voilà le trente-deuxième chapitre. Il se rattache au chapitre<br />

précédent, et il y est parlé des grandes énergies ou tacuités de<br />

la nature clans la pro<strong>du</strong>ction des êtres ; il y est aussi question<br />

de la loi <strong>du</strong> ciel. Dans le chapitre qui précède celui-ci, il est<br />

parlé des vertus de rhomme souverainement saint; dans celui-ci,<br />

il est parlé de la loi de l'homme souverainement parfait.<br />

Ainsi la loi de l'homme souverainement parfait ne peut<br />

être connue que par r homme souverainement saint : îa vertu<br />

de riionime souverainement saint ne peut être pratiquée que<br />

par l'homme souverainement parlait; alors ce ne s; ait pas effort<br />

î ve rnen t ctei i x c h oses d t Hé rei 11 es. I)a us c e li v r c, i l es t pa ri é<br />

<strong>du</strong> saint hem me comme ayant atteint le point le plus extrême<br />

delà loi céleste; arrivé là, il est impossible d'y rien ajouter.<br />

• Tcjior-w.1


102 TCHOUNC-YOUNG,<br />

CHAPITRE XXXM.<br />

4. Le Livre des Vers dit 1 :<br />


OU L'INVARIABILITÉ DANS LE MILIEU. 103<br />

« Sols attentif sur toi-même jusque dans ta maison ;<br />

a Prends bien garde de ne rien faire, dans le lieu le<br />

« p] u s se e r e t, d o n 11 u pu i sse s r c > o gî r « »<br />

C'est ainsi que le sage s'ait in» encore le respect, lors<br />

même qu'il ne se pro<strong>du</strong>it pas eu publie; il est encore vrai<br />

e t si n e ère, 1 o r s m ê n i e q 11 ? i 1 g a r c1 e 1 e silence,<br />

4. Le Livre des Vers dit f :<br />

« Il se rend avec reçue il le ni eut et en silence au temple<br />

« des ancêtres,<br />

« Et pendant tout le temps <strong>du</strong> sacrifice il ne s'élève<br />

« a ne u ne d îscit ssî on s u r 1 a pr ésêai i c e des r a n gs et d e s de-<br />

« voirs. »<br />

C'est ainsi que le sage, sans faire de largesses, porte les<br />

h ouïmes à pratiquer la vertu ; il ne se livre point à des<br />

mouvements de colère, et il est craint <strong>du</strong> peuple à l'égal<br />

des haches et des coutelas.<br />

5» Le Livre des Vers dit 2 ;<br />

« Sa vertu recueillie ne se <strong>mont</strong>rait pas, tant elle était<br />

« profonde !<br />

a Cependant tous ses vassaux l'imitèrent ! »<br />

C'est pour cela qu'un homme plein de vertus s'attache<br />

fortement à pratiquer tout ce qui attire ie respect, et pur<br />

cela même il t'ait que tous les Etais jouissent, entre eux<br />

d ' u n t: » bonne 11 a r mon i e.<br />

(L Le Livre des l'ers* met dans la bouche <strong>du</strong> souverain<br />

suprême ces paroles ;<br />

a F m me e t j c e h é r i s c e 11 e v e r tu brillant e q 11 i es t l'a c -<br />

« corn pli ssernei it cl e la loi n at u rel le k < 1 e Y h o n 1111 e »<br />

« E t q ni ne se ré v e 1 e p oint \ > a r be ; n i e o 11 p c ! < • p o 111 pe e !:<br />

« de bruit. »<br />

E e P h i 1 oso ph e dî sa s t à c e s u j e t : E a p o m p r e \ t e i • i e 11 r e<br />

e 11 e h r u î t se r v e n 11 > i e n p ei i po 11 r 1 a e o n v • TS i i \ de s \ >e u -<br />

pies.<br />

1 Livre Chany-souny, o»!e Lm-tsoa.<br />

f Livre Tcheou-stnmfj.


104 * TClMMifiG-YÛUKa, RTC.<br />

Le Livre des Vers dît f :<br />

« La vertu est légère comme le <strong>du</strong>vet le plus fin. *<br />

Le <strong>du</strong>vet léger est aussi l'objet d'une comparaison-:<br />

.ce Les actions^ les opérations secrètes <strong>du</strong> xiel suprême<br />

« N'ont ni,son ni odeur. ©<br />

C'est le dernier degré de l'immatérialité.<br />

Voilà le trente-troisième chapitre* Tsen-sse ayant, dans les<br />

psôeédents chapitres, porté Fexposé de sa doctrine au dernier<br />

degré de l'évidence, revient sur son sujet pour en sonder la<br />

base. Ensuite il enseigne qu'il est de notre devoir de donner<br />

une attention sérieuse à nos actions et à nos pensées intérieures<br />

secrètes; il poursuit, et dit qu'il faut faire tous nos efforts pour<br />

atteindre à cette solide vertu qui attire le respect et la vénération<br />

de tous les hommes,.et procure une abondance de paix et<br />

de tranquillité dans tout l'empire. 11 exalte ses effets admir<br />

râbles, merveilleux, qui vont jusqu'à la rendre dénuée des attributs<br />

matériels <strong>du</strong> son et de l'odeur; et il s'arrête là. Ensuite<br />

il reprend les idées les plus importantes <strong>du</strong> Livre, et il les explique<br />

en les résumant. Son intention, en revenant ainsi sur<br />

les principes les plus essentiels pour les inculquer davantage<br />

dans l'esprit des hommes, est très-importante et très-profonde.<br />

L'étudiant ne doit-il pas épuiser tous les efforts de son esprit<br />

pour les comprendre? (TCHOU-HI.)<br />

* Livre Ta-ya, od@ Iching-min*<br />

1


PW RO<br />

LE LUN-YU<br />

LES ENTRETIENS PHILOSOPHIQUES.<br />

TROISIÈME LIVRE CLASSIQUE.<br />

CHANG-LUN,<br />

PREMIER LIVRE.<br />

CHAPITRE PREMIER,<br />

COMPOSÉ DE 16 AETÎCLES. •<br />

1. Le philosophe KHOUNG-TSEU a dit : Celui' qui se livre<br />

à l'étude <strong>du</strong> vrai et <strong>du</strong> bien, qui s'y applique avec persévérance<br />

et sans relâche, n'en éprouve-t-il pas une grande<br />

satisfaction?<br />

N'estrce pas aussi une grande satisfaction que de voir<br />

arriver près de soi, des contrées éloignées, des hommes<br />

attirés par une communauté d'idées et de sentiments?<br />

Être ignoré ou méconnu des hommes, et ne pas s'en<br />

indigner, n'est-ce pas le propre de Fhomme éminemment<br />

vertueux?<br />

2. Yem-tsem (disciple de KBOUNG-TSEU) dit : Il est rare<br />

que celui qui pratique les devoirs de la piété filiale et de<br />

la déférence fraternelle aime à se révolter contre ses supé-


1<br />

106 LE LUN-YU,<br />

rieurs; mais il n'arrive jamais que celui qui n'aime pas à<br />

se révolter contre ses supérieurs aime à susciter des<br />

troubles dans l'empire.<br />

L'homme supérieur ou le sage applique toutes les forces<br />

de son intelligence à l'étude des principes fondamentaux;<br />

les principes fondamentaux étant bien établis, les règles<br />

de con<strong>du</strong>ite, les devoirs moraux s'en dé<strong>du</strong>isent naturellement.<br />

La piété filiale, la déférence fraternelle, dont nous<br />

avons parlé, ne sont-elles pas le principe fondamental de<br />

l'humanité ou de la bienveillance universelle pour -les<br />

hommes?<br />

3. KHOUNG-TSEU dit : Des'expressions ornées et fleuries,<br />

un extérieur recherché et plein d'affectation, s'allient rarement<br />

avec une vertu sincère.<br />

4. Tàsêng-tseu dit : Je m'examine chaque jour sur trois<br />

points principaux : N'aurais-je pas géré les affaires d'autrui<br />

avec le môme zèle et la même intégrité que les miennes<br />

propres? n'aurais-je pas été sincère dans mes relations<br />

avec mes amis et mes condisciples? n'aurais-je pas conservé<br />

soigneusement et pratiqué la doctrine qui m'a été<br />

transmise par mes instituteurs?<br />

5. KBOUNG-TSEU dit : Celui qui gouverne un royaume<br />

de mille chars * doit obtenir la confiance <strong>du</strong> t peuple, en<br />

apportant toute sa sollicitude aux affaires de l'État; il doit<br />

prendre vivement à cœur les intérêts <strong>du</strong> peuple en modérant<br />

ses dépenses, et n'exiger les corvées des populations<br />

qu'en temps convenable.<br />

6. KHOUNG-TSEU dit : 11 faut que les enfants aient de la<br />

piété filiale dans la maison paternelle, et, de la déférence<br />

fraternelle au dehors. 11 faut qu'ils soient attentifs dans<br />

leurs actions, sincères -et vrais dans leurs paroles envers<br />

tous les hommes, qu'ils doivent aimer de toute la force<br />

et l'éten<strong>du</strong>e de leur affection, en s'attachant particulière-<br />

1 Un royaume de mille chars est un royaume feudalaire, dont<br />

le territoire esî assez éîentiu pour lever une armée de mille ehar$ dé<br />

guerre, » ~(Glote.)


OU LES EKTRElIbNS PHILOSOPHIQUES. 101<br />

ment .aux personnes vertueuses. Et si. après s'être bien<br />

acquit!«'s de leurs devoirs, ils ont encore des forces de<br />

reste, ils doivent Rappliquer à orner leur esprit par le!ude<br />

et à acquérir des eounaipanées et des talents.<br />

7. 7'seu-ftia {_ disciple de KnoiNti-rsicr > «lit : Lire épris<br />

de la vertu îles saares au point d ce!lancer puer elle tous<br />

les plaisirs ira aidai us ! ; servir se- prre et nicre autant<br />

qu'il est en son pouvoir de le faire : devoic-r sa personne<br />

au service de son prince; et, dans les relations que l'on<br />

entretient avec ses amis, porter toujours une ^ne-erifi- eî<br />

nue fidélité à toute épreuve : quoique celui qui agirait<br />

ainsi puisse être considère connue depoun n d'instruction,<br />

inoî je l'appellerai étala il ici lient un homme instruit.<br />

8. Kuoi NG-ISKI: dit : Si l'homme supérieur u"a point do<br />

gravité dans sa con<strong>du</strong>ite, il n'inspirera |•«eut de respect ; < t<br />

s'il étudie, seseonnaissances ne seront pas s aides. I observez<br />

constamment la sincérité et la iideiile ou la bonne foi; ne<br />

contractez pas des liaisons d'au a lie a\ec des personnes<br />

intérieures a vous-mêmes moralement et pour les connaissances;<br />

si vous comme! tez quelques taules, ne craignez<br />

jais de vous corriger.<br />

0. Tlteruj-isi'U dit ; Il tant être al a-ut if à accomplir<br />

dans toutes leurs parties les rites funéraires envers ses<br />

parents deeedes, et offrir les saerilices prescrits : al*as le<br />

peuple, qui se trouve dans \\in i coud i don inférieure, frappé<br />

de eet exemple, retournera a la pratique de cette veilu<br />

salutaire.<br />

10, Tseu-kin înlerrogea Tï»Hi-k(>;nuj. en disant : Ouand<br />

le philosophe voire mai Ire est. venu dans ce royaume,<br />

obîiae deiudier son {40m ornement, a-t-il lui-même demandé<br />

tics informations, ou, au conirauv. est-on \eint les<br />

lui donner? Tseu-ktnnHj répondit : Noire maître esi bienveillant,<br />

droit, respectueux, modeste et condescendant y<br />

ses qualités lui ont suffi pour obtenir Joutes les informations<br />

qu'il a pu désirer. La ma un re de prendre dj> inlor-<br />

i La Gtvsec\iU!h:\ par Ss(\ b* rhtisirs


108 ' LB LL'N-YU,<br />

mations de notre maître ne dififere-t-elle pas de celle de<br />

tous les autres hommes?<br />

41. KHOUMIS-TSEU dit : Pendant le vivant de votre père,<br />

observez avec soin sa volonté ; après sa mort, ayez toujours<br />

les yeux fixés sur ses actions; pendant les trois années qui<br />

suivent'la mort de son père* le fils qui, dans ses actions,<br />

ne s'écarte point de sa con<strong>du</strong>ite peut être appelé doué de<br />

piété filiale.<br />

12. Ymu-tmi dit : Bans la pratique usuelle de la politesse<br />

[ ou de cette é<strong>du</strong>cation distinguée qui est la loi <strong>du</strong> ciel f ],<br />

la déférence ou la condescendance envers les autres doit<br />

être placée au premier rang. C'était .la règle de con<strong>du</strong>ite<br />

des anciens rois, dont ils tirent vu si grand éclat; tout ce<br />

qu'ils firent* les.grandes comme les petites choses, en dérivent.<br />

Mais il est cependant une condescendance que Pon<br />

ne doit pas avoir quand on sait que ce n'est que de la condescendance<br />

; n'étant pas de l'essence même de la véritable<br />

politesse, il ne faut pas la pratiquer.<br />

13. Yeou-tseu dit : Celui qui né promet que ce qui est<br />

conforme à la justice peut tenir sa parole; celui dont la<br />

crainte et le respect sont conformes aux lois de la politesse<br />

éloigne de lui la honte et le déshonneur. Par la même<br />

raison, si Ton ne perd pas en même temps les personnes<br />

avec lesquelles on est uni par des liens étroits de parenté,<br />

on peut devenir un chef de famille.<br />

• 14. KHOUNG-TSEU dit : L'homme supérieur, quand il<br />

est à table, ne cherche pas à assouvir son appétit; lorsqu'il<br />

est dans sa maison, il ne cherche pas les jouissances<br />

de l'oisiveté et de la mollesse ;• il est attentif à ses devoirs et<br />

vigilant dans ses paroles;-il aime à fréquenter ceux qui<br />

ont des principes droits, afin de régler sur eux sa con<strong>du</strong>ite.<br />

Un tel homme peut être appelé pkilmophê, ou qui se plaît<br />

dans l'étude de la sagesse f .<br />

15. Tseu-koung dit : Comment trouvez-vous l'homme<br />

* Commentaire de Tchou-hi.<br />

* En chinois hao-hio, littéralement : aimant, chérissant l'élude.<br />

\


OU LES ENTE1TI11S PHILOSOPHIQUES. 109<br />

pauvre qui ne s'avilit point par une a<strong>du</strong>lation serviîe;<br />

Thomme riche qui ne s'enorgueillit point de sa richesse?<br />

KHOUNG-TSEC dit : Un homme peut encore être estimable<br />

sans leur ressembler; niais ce dernier ne sera jamais comparable<br />

à i''homme qui trouve <strong>du</strong> routent entent dans sa<br />

pauvreté, ou qui, étant riche, se plaît néanmoins dans la<br />

f ira t i q 11 e de s v i T 111 s sociales.<br />

Thou-koung dit : On lit dans le Livre des lérs l :<br />

« Comme l'artiste qui coupe et travaille l'ivoire,<br />

ce ( lu n i me e e I u t q u i t a i 11 o e t po! i I I e s pi e rre s p r ec i e u se s. » ><br />

Ce passage ni» lait-il pas allusion à eeux don! il vient<br />

d'être question?<br />

K u o r N G -TS E i ' r é pc nid i I : S se (surnom de T$t:u-kuuu m\rs <strong>du</strong><br />

1 (hje Khi-rttjait. st-riiun Vri-ft.>un]ïs îlfilVfMUlIn 1 W'.fC ivniiiv !«' Hliil «<br />

t va. 1 * * csfj tl *î 1. esî iso|»"«( Jrri'DO


HO Ll LUN-YU,<br />

Lim*e des Vers est contenu dans une seule de ses expressions<br />

: « Que vos pensées ne soient point perverses, s<br />

3. Le Philosophe dit : Si on gouverne le peuple selon<br />

les lois d'une bonne administration, et (piYm le maintienne<br />

dans l'ordre par la crainte des supplices, il sera circonspect<br />

dans sa con<strong>du</strong>ite, sans rougir de ses mauvaises actions.<br />

Mais si on le gouverne selon les principes de la vertu,<br />

et qu'on le maintienne dans Tordre par les seules lois de la<br />

politesse sociale (qui n est que la loi «lu eiel"U il éprouvera .<br />

de la honte d'une action coupable, et il avancera dans le<br />

chemin de la vertu.<br />

4. Le Philosophe dit. : A l'âge de quinze ans, mon esprit<br />

était continuellement occupé à l'étude; à trente ans,<br />

je m'étais arrêté dans des principes solides et fixes; à quarante,<br />

je n'éprouvais plus de doutes et d'hésitation; à cinquante,<br />

je connaissais la loi <strong>du</strong> ciel [c'est-à-dire la loi constitutive<br />

que le ciel a conférée à chaque être de la nature<br />

pour accomplir régulièrement sa destinée l \: h soixante,<br />

je saisissais facilement les causes (les événements; à<br />

'soixante et dix, je satisfaisais aux désirs de mon cœur,<br />

sans toutefois dépasser la mesure.<br />

ri. Mewf-i-tseu (grand <strong>du</strong> petit royaume de LOH) demanda<br />

ce cpie c'était que l'obéissance filiale.<br />

Le Philosophe dit quVlle consistait à ne pas s'opposer<br />

aux principes de la raison.<br />

b\in-ldù (un des disciples de Kuoi'NG-TSEr), en con<strong>du</strong>isant<br />

le char de son maître, fut interpellé par lui de cette<br />

manière : Meny-sun - nie questionnait un jour sur la piété<br />

filiale; je lui répondis qu'elle consistait à ne pas s'opposer<br />

aux principes de la raison.<br />

Fiw-tdti dit : Ou'entendez-vous par là! Le Philosophe<br />

répondit : Pendant la vie de ses père et mère, iNaut leur<br />

rendre» lesdexoirs qui leur sont, <strong>du</strong>s, selon les principes de<br />

la raison naturelle qui nous est inspirée par le ciel (/i);<br />

1 Commentaire.<br />

* Ceîoi dont il vient d'être question.


OU LES BUTORUNS PHILOSOPHIQUES. 111<br />

lorsqu'ils meurent, il faut aussi les ensevelir selon les cérémonies<br />

prescrites pur les rites jqui ne sont que l'expression<br />

social*» de la raison céleste], et ensuite leur offrir fies<br />

sae r î f i ees egaI e 111 et i i eo n f o r m es a u x ri t o s.<br />

fi. Meng-wou-pe demanda ee que c'était que la piété<br />

filiale. Le Philosophe dit : Il n'y a que les père*; et ]


112 Ll LUl-ïlî,<br />

jours de nouveau; vous pourrez alors devenir un instituteur<br />

des hommes.<br />

12. Le Philosophe dit : L'homme supérieur n'est pas<br />

un vain ustensile employé aux usages vulgaires,<br />

! 3. Tsêu-koung demanda quel était l'homme supérieur.<br />

Le Philosophe dit : C'est celui qui d'abord met ses paroles<br />

en pratique* et ensuite parle conformément à ses<br />

actions.<br />

"14. Le Philosophe dit : L'homme supérieur est celui<br />

qui a une bienveillance égale pour tous, et qui est sans<br />

égoïsme et sans partialité. L'homme vulgaire est celui qui<br />

n'a que des sentiments d'égoïsme* sans disposition bienveillante<br />

pour tous les hommes en général.<br />

15. Le Philosophe dit : Si vous étudiez sans que votre<br />

pensée soit appliquée, vous perdrez tout le fruit de votre<br />

étude; si* au contraire* vous vous abandonnez à vos pensées<br />

sans les diriger vers l'étude* vous vous exposez à de<br />

graves inconvénients.<br />

16. Le Philosophe dit : Opposez-vous aux principes<br />

différents des véritables * ; ils sont dangereux et portent à<br />

la perversité 2 .<br />

17. Le Philosophe dit : Yeou, savez-vous ce que c'est<br />

que la science? Savoir que Ton sait ce que l'on sait* et savoir<br />

que l'on ne sait pas ce que l'on ne sait pas : voilà la<br />

véritable science.<br />

18. Tseurtchang étudia dans le but d'obtenir les fonctions<br />

de gouverneur. Le Philosophe lui dit : Écoutez beaucoup*<br />

afin de diminuer vos doutes; soyez attentif à ce que<br />

vous dites* afin de ne rien dire de superflu : alors vous<br />

commettrez rarement des fautes. Voyez beaucoup* afin de<br />

diminuer les dangers que vous pourriez courir en n'étant<br />

1 Ce sont des principes, des doctrines contraires à ceux des saints<br />

hommes. (TCHOU-HI.)<br />

1 Le commentateur Tching-tseu dit que les paroles ou la doctrine<br />

de Fo, ainsi que celles de Yang et de Mé, ne sont pas conformes<br />

à la raison.


OU LES ENTRETIENS PHILOSOPHIQUES. 113<br />

pas informé de ce qui se passe. Veillez attentivement sur<br />

vos actions^ et vous aurez rarement <strong>du</strong> repentir. Si dans<br />

vos paroles il vous arrive rarement de commettre des<br />

fautes^ et si dans vos actions vous trouvez rarement-une<br />

cause de repentir, vous possédez déjà la charge à laquelle<br />

vous aspirez.<br />

II). S(juï-koung (prince de LotA tit la question suivante :<br />

Comment ferai-je pour assurer la soumission <strong>du</strong> peuple?<br />

KHOI'MG-'ISEI lui répondit : Llevez, honore/ les boni mes<br />

droits et intègres; abaissez, destituez les hommes corrompus<br />

et pervers : alors le peuple vous obéira. Elevé/, honorez<br />

les 1101 ïi mes e or rompus ef pet vers : abaissez, destitue/<br />

les hommes droits et intègres : et le peuple vous désobéira.<br />

20. Ki-hmg (grand <strong>du</strong> royaume de Loit\ demanda comment<br />

il faudra il faire pour rendre le pi ai pie respectueux»<br />

fidèle, et pour l'exciter h la pratique de la vertu. Le Philosophe<br />

dit : Surveillez-le avec «lignite et fermeté, et alors<br />

il sera respectueux ; avez de la piété filiale et de la commisération,<br />

et alors il sera fidèle; élevez aux charges publiques<br />

et aux honneurs les hommes vertueux, et donnez de<br />

l'instruction à ceux qui r.e peinent se la procurer par euxmêmes,<br />

alors il sera excite à ta vertu.<br />

"21. Quelqu'un parla ainsi à KHOI'NC.-TSF.I : Philosophe,<br />

pourquoi n"exercez-vous pas une feue!ion dans ! administration<br />

publique? Le Philosophe dit : On fil dans le i.htutkitî'j<br />

i : « S agit-il de la piété filiale? Il n'y a que la pieté<br />

filiale et la concorde entre les frères de di lièrent s âges<br />

qui doivent èttv principalement cultivées par ceux qui occupent<br />

des (onctions publiques; eeux qui pratiquent ces<br />

vertus remplissent par cela même des fonctions publiques<br />

d'ordre et d'administration. » Pourquoi considérer seulement<br />

eeux qui occupent des emplois publics comme rein<br />

[Hissa lit clés t or jetions publiques?<br />

22, Le PI lil ose plie dit : IVi lien urne dépourvu de sineé-<br />

1 Xt>\cy. la trat.hetfiii «le


114 LE LUN-YU,<br />

rite et de fidélité est un être incompréhensible à mes yeux.<br />

C'est un grand char sans flèche, un petit char sans timon ;<br />

comment peut-il se con<strong>du</strong>ire dans le chemin de la vie?<br />

23. Tseu-tchang demanda si les événements de dix généra!<br />

ions pou va Kiit vîrv connus d'avance.<br />

Le Philosophe dit : t'e que la dynastie des Yn (ou des<br />

(1HW


OU LES ENT1ETIENS PHILOSOPH1QIES. 115<br />

ce II n'y a que les princes qui assistent à la cérémonie;<br />

ce Le fils <strong>du</strong> Ciel (l'empereur) conserve un air profondé-<br />

« ment recueilli et réservé. » (Passage <strong>du</strong> Livre des Vers.)<br />

Comment ces paroles pourraient-elles s'appliquer à la<br />

salle des trois familles?<br />

3. Le Philosophe dit : Être homme, et ne pas pratiquer<br />

les vertus que comporte l'humanité, comment serait-ce<br />

se conformer aux rites? Être homme, et ne pas<br />

posséder les vertus que comporte l'humanité *, comment<br />

jouerait-on dignement de la musique?<br />

4. Limg-fang (habitant <strong>du</strong> royaume de Lou) demanda<br />

quel était le principe fondamental des rites [ou de la raison<br />

-céleste, formulé en diverses cérémonies sociales *].<br />

Le Philosophe dit : C'est là une grande question, assurément!<br />

En fait de rites, une stricte économie est préférable<br />

à l'extravagance; en fait de cérémonies funèbres,<br />

une douleur silencieuse est préférable à une pompe vaine<br />

et stérile.<br />

5. Le Philosophe dit : Les barbares <strong>du</strong> nord et de l'occident<br />

(les / et-les Joung) ont des princes qui les gouvernent;<br />

ils ne ressemblent pas à nous tous, hommes de H la<br />

(de l'empire des Hla), qui n'en avons point.<br />

6. Ki-ehl alla sacrifier au <strong>mont</strong> Taï-chan (dans le<br />

royaume de Lou). Le Philosophe interpella Yen-yéou 3 ,<br />

en lui disant : Ne pouvez-vous pas l'en empêcher? Ce dernier<br />

lui répondit respectueusement : Je ne le puis. Le<br />

Philosophe s'écria : Hélas ! hélas ! ce que vous avez dit<br />

relativement au <strong>mont</strong> Taï-chan me fait voir que vous êtes<br />

inférieur à Ling-fang (pour la connaissance des devoirs<br />

<strong>du</strong> cérémonial *).<br />

7. Le Philosophe dit : L'homme supérieur n'a de que-<br />

* Jin, îa droite raison <strong>du</strong> monde. [Comm.)<br />

* C'est ainsi que les commentateurs chinois entendent îe mot IL<br />

3 Disciple do Philosophe, et aide-assistant de Ki-chL<br />

k lî n'y avait que le chef de l'État qui avait le droit, d'aller sacrifier<br />

au <strong>mont</strong> Taï-ehan. -


116 LE UJN-YU,<br />

relies ou de contestations avec personne. S'il lui arrive<br />

d'en avoir, c'est quand il faut tirer au but. 11 cède la place<br />

à son antagoniste vaincu, et il <strong>mont</strong>e dans la salle; il en<br />

descend ensuite pour prendre une tasse avec lui (en signe<br />

de paix.) Voilà les seules contestations de l'homme<br />

supérieur.<br />

8. Tseu-hia fit une question en ces termes :<br />


OU LES ENTRETIENS PHILOSOPHIQUES. 417<br />

rémonies <strong>du</strong> sacrifice comme si ce n'était pas un sacrifice.<br />

43. Wang**un-kia demanda ce que Ton entendait en<br />

disant qu'il valait mieux adresser ses hommages au génie<br />

des grains qu'au génie <strong>du</strong> foyer. Le Philosophe dit : Il n'en<br />

est pas ainsi; dans cette supposition, celui qui a commis<br />

un* 1 faute envers le eie! l ne saurait pas à qui adresser sa<br />

prière.<br />

M. Le, Philosophe dit : Les fondateurs de la dynastie<br />

des Tclœou examinèrent les lois et la civilisation des deux<br />

dynasties qui les avaient précédés; quels progrès rit* iirentils<br />

pas l'aire à cette civilisation I Je suis peur les Vvheuu.<br />

lo. Quand le Philosophe entra dans le initial temple,<br />

il s'informa minutieusement de chaque chose; quelqu'un<br />

s'écria : Qui dira maintenant que le fils de l'homme de<br />

Ts'"(M - connaît les rites et les cérémonies'.' Lorsqu'il es!<br />

filtre dans le erand temple, il s Va informé minutieusement<br />

de chaque chose. Le Philosophe, a\ant enten<strong>du</strong> ces<br />

paroles, dit : Cela même est conforme aux ri les.<br />

11». Le Philosophe dit : lui tirant a la cible, il ne s'agit<br />

pas de dépasser le lait, mais de l'atteindre : toutes les Iurées<br />

ne sont pas égales; c'était la la tveje des anciens.<br />

17. Tst'u-khuny désira abolir le sacrilice <strong>du</strong> mouton, qui<br />

s offrait le premier jour de la douzième lu ne. Lr Philosophe<br />

dit : Sse, vous n'êtes occupés que <strong>du</strong> sac ri lier <strong>du</strong><br />

mouton ; moi. je ne le suis que de la cérémonie.<br />

•IN. Le Philosophe dit : Si quelqu'un sert t main tenant i<br />

le prince connue il doit letre, en accomplissant les ri les,<br />

les h on ni tes le considèrent connue un courtisan et un<br />

fiai leur.<br />

lit. Tittf/ i prince de !JIU > demanda comment, un prince<br />

doit, employer ses ministres, et les ministres servir* le<br />

prince. KtiorN'i-TSKi répondit avec déférence: t'a prince<br />

doit employer ses ministres selon qu'il est prescrit dans<br />

les rites ; les ministres doivent servir le prince avec iiddite.<br />

1 ' Kmres la laiv>n •(.( . f 'tttfn.<br />

i l.iieiisftir


118 U LTO-YU,<br />

20. Le Philosophe dit : Les mo<strong>du</strong>lations joyeuses de<br />

l'ode Kownrtseu n'excitent pas des désirs licencieux ; les<br />

mo<strong>du</strong>lations tristes ne blessent pas les sentiments.<br />

21. Nqat-koung (prince de Lou) cpiestionna T8at-ngof<br />

disciple de KimrN 11 m M I r des gê i ï i es. Tm ï-n go répondif<br />

a\ec déférence : Les familles prineières de la dynastie<br />

Ifi'fi érigèrent ees autels autour de l'arbre pin; les<br />

hommes de la dynastie J~?i. autour des ct/prca ; ceux de la<br />

dynasiie Trhnvt, autour <strong>du</strong> c/tôlvifpiior : car on dit que<br />

le chutai g n i er a la fa < a i ! ! i ; de i *e n d re le peu p 1 e e r a i 111 i f l .<br />

Le I * 11 i h >s< »| >l te, a va n t < • n I e u d u e es 1no î s ? d î t : 11 ne fa<br />

pas parler des choses accomplies, ni donner des avis conreniant<br />

eelle-s qui ne peuvent pas se taire convenable-<br />

Ment ; ee qui est passe cltfit être exempt de blâme.<br />

22. Le Philosophe dit : A'ouan-fr/wurtf/ ( grand ou tafou<br />

de LLlat de Tff.-a) est un vase de bien peu de capacité.<br />

\ J u e I q 11* u 11 dit : Kn u an-tcho u ng est d o n c a v are e I | >a r r • i i n < *<br />

nieux? | Le Philosophe i répliqua : Kowm-clti (le même)<br />

a trois grands corps de bâtiment nommés KOUCK et dans<br />

le service de ses palais il n'emploie pas plus d'un boni nie<br />

pour un oflïee : est-ce la de l'avarice et de la parcimonie 7<br />

Alors, s'il en est ainsi, liouon-teltowig non naît-il les<br />

rites?<br />

[Le Philosophe] repondit : Les princes d'un petit Etat<br />

ont leurs portes proférées par des palissades; Kuuan-chi<br />

a aussi ses portes protégées par îles palissades. Quand<br />

den\ princes d'un petit Kîat se rencontrent, pour fêter<br />

leur bienvenue, après avoir bu ensemble, ils renversent<br />

leurs roupes: Kamm-chi a aussi renversé sa coupe. Si<br />

Kourm-ehi cou liait les ri les ou usages prescrits, pourquoi<br />

vouloir qu'il rie les connaisse pas?<br />

2.1. Le Philosophe, sVnlrclenant un jour sur la musique<br />

avec le /W^sse, on inlendani de fa musique <strong>du</strong> royaume<br />

de Lmi% dit : ¥M fait de musique, vous devez vire parlai-<br />

1 Le nom même <strong>du</strong> châtaignier, U, signifie craindre.


OU LES ENTRETIENS PHILOSOPHIQUES. 119<br />

tement instruit; quand on compose un air, toutes les notes<br />

ne doivent-elles pas concourir à l'ouverture ? en avançant,<br />

ne doit-on pas chercher à pro<strong>du</strong>ire l'harmonie, la clarté,<br />

la régularité, dans le but de compléter le chant?<br />

v 2-1. 1 ..e résicl 1<br />

l'intro<strong>du</strong>isirent, et quand le résident sortit il leur dit ;<br />

Dise i pies do Philosophe, en quelque nombre que vous<br />

soyez, pourquoi gémissez-vous de ee que votre niai Ire a<br />

per<strong>du</strong> sa charge dans le gouverne oient ? I/empire * est<br />

sans lois, sans direction, depuis longtemps; le ciel va<br />

prendre ee i»'rand lion nue pour en faire nu héraut 2 rassemblant<br />

les populations sur son passade, et pour opérer<br />

un e gn 11 i de r e î on nation.<br />

2e. Le Philosophe appelait le chant rie musique nomme<br />

7 ch ao < e o ni j > osé pa r fJmn ) pa r f a i ! e nient î >ea u, e I même<br />

[>a r f a i t e i n e î I t p r< » p r e ai n s p i r e r I a v e r f u, 11 a p p e lait léchant<br />

de musique nommé Vou, fjuerrirr, parfaitement heau,<br />

niais nullement propre à inspirer la ver tri.<br />

20. Le Philosophe dit : Occuper le rang suprême, et<br />

ne pas exercer des bien! ail s envers ceux que l'on gouverne;<br />

pratiquer les rites et usa^v> prescrits sans aucune<br />

sorte de respect, et les cérémonies l'une lires sans douleur<br />

véritaille : voila ce (pie je ne puis me résigner à voir.<br />

1 Littéralement ; tout ce qui est sovs (•> rîcl "ih.inn h in, lv monde .<br />

1 ï»d t">st le sens «]».»rlriï! \v* i.r-u\ HfK rhinoii mou-tn.<br />

littéralement : clochette arec U>wtexte<br />

porte littéraharieiH : /e (v'


*20 LE LUK-YU.<br />

CHAPITRE IV.<br />

COMPOSÉ DE 26 ARTICLES.<br />

1. Le Philosophe dit : L'humanité ou les sentiments de<br />

bienveillance envers les autres sont admirablement prati^<br />

qués dans les campagnes; celui qui, choisissant sa rési-""<br />

denee, ne veut pas habiter parmi ceux qui possèdent si<br />

bien l'humanité ou les sentiments de bienveillance envers<br />

les autres, peut-il être considéré comme doué d ? intelli-<br />

-gence?<br />

2. Le Philosophe dit : Ceux qui sont dépourvus d'A«manité<br />

f ne peuvent se maintenir longtemps vertueux dans<br />

la pauvreté^ ne peuvent se maintenir longtemps vertueux<br />

dans Fabondance et les plaisirs. Ceux qui sont pleins d'humanité<br />

aiment à trouver le repos dans les vertus de l'humanité;<br />

et ceux qui possèdent la science trouvent leur<br />

profit dans l'humanité.<br />

3. Le Philosophe dit : 11 n'y a que l'homme plein d'humanité<br />

qui puisse aimer véritablement les hommes et les<br />

haïr d'une manièreconvenable 2 .<br />

4. Le Philosophe dit : Si la pensée est sincèrement dirigée<br />

vers les vertus de l'humanité, on ne commettra point<br />

d'actions vicieuses.<br />

5. Le Philosophe dit : Les richesses et les honneurs sont<br />

l'objet <strong>du</strong> désir des hommes; si on ne peut les obtenir par<br />

des voies honnêtes et droites, il faut y renoncer. La pauvreté<br />

et une position humble ou vile sont Fobjet de la<br />

haine et <strong>du</strong> mépris des hommes ; si on ne peut en sortir<br />

par des voies honnêtes et droites, il faut y rester. Si<br />

l'homme supérieur abandonne les vertus de l'humanité,<br />

! Nous emploierons désormais ce terme pour rendre le caractère<br />

chinois jin, qui comprend toutes les vertus attachées à l'humanité.<br />

2 La même idée est exprimée presque avec les mêmes termes dans<br />

le Ta-hio, chap. x, § 14.


OU LE8 ENTRETIENS PEILOSOPHIQUKS. 121<br />

comment pourrait-il rendre sa réputation de sagesse parfaite!<br />

L'homme supérieur ne doit pas un seul instant 1<br />

agir contrairement aux vertus de l'humanité. Dans les<br />

iiionietiU les plus presses» comme dans les plus confus, il<br />

doit s'y eonformer.<br />

as que les<br />

honnîtes sans humanité approchent de lui.<br />

Y a-t-il des personnes qui puissent faire un seul Jour<br />

usage de foules leurs foires pour la pratique des vertus<br />

de ITiumanité? jS"il s'en est trouvé! je n'ai jamais vu que<br />

leurs forces n'aient pas été sufiisantes jpour aeeomphr<br />

leur dessein], et, s'il en existe, je ne les ai pas eneore<br />

vues.<br />

7. Le Philosophe dit : Les fautes des hommes sont relatives<br />

à Tétai deeliaetfîi. En examinant attentivement ees<br />

fautes, on arrivera à eon naître si leur humanité était une<br />

véritable humanité.<br />

H. Le Philosophe dit : Si le matin vous avez enten<strong>du</strong> la<br />

voix de la raison céleste, le soir vous pourrez mourir-.<br />

u -<br />

gît de porter de mauvais vêtements et. de se nourrir de<br />

mauvais aliments, n'est pas encore apte à entendre la sainte<br />

parole de la justice.<br />

10. Le Philosophe dit • L'homme supérieur, dans<br />

ton les les circonstances de la vie. est exempt de préjuges<br />

et d obstination ; il ne se règle que d'après fa justice.<br />

* IJiîiîk'îst : iidftraUr d'ïij) f>-)ittx.<br />

ira.loif |Kir voix tir Itt fus^n >lit'in*\ ••>!


122 LB LCT-W,<br />

il. Le Philosophe dit • L'homme supérieur fixe ses<br />

pensées sur Sa vertu ; l'homme vulgaire les attache à la<br />

terre. L'homme supérieur ne se préoccupe que de l'observation<br />

des lois ; l'homme vulgaire ne pense qu'aux profits.<br />

12. Le Philosophe dit : Appliquez-vous uniquement<br />

aux gains et aux prolits, et vos actions vous feront recueillir<br />

heaucou\> de ressenI inienIs.<br />

13. Le Philosophe dit : L'on peut, par une réelle et<br />

sincère observation des rites, régir un royaume; et cela<br />

n'est pas difficile à obtenir. Si Ton ne pouvait pas, par une<br />

réelle et sine-ère observation des rites, régir un royaume,<br />

a quoi servirait de se conformer aux rites?<br />

41. Le Philosophe dit : Ne soyez point inquiets de no<br />

point occuper d'emplois publies ; mais soyez inquiets d'acquérir<br />

les talents nécessaires pour occuper ces emplois.<br />

Ne soyez point affligés de ne pas encore être connus; mais<br />

cherchez à devenir dignes de Ictre.<br />

•15. Le Philosophe dit : San! (nom de Tftsêng-tseu) ma<br />

doctrine est simple et facile à pénétrer. Thsêng-tseu répondît<br />

; (lela est certain.<br />

Le Philosophe étant sorti, ses disciples demandèrent c<br />

que leur maître avait voulu dire. Thsâng-tseu répondit :<br />

« La doctrine de notre maître consiste uniquement h<br />

« avoir la droiture <strong>du</strong> cœur et à aimer son prochain<br />

« comme soi-même l •e<br />

. »<br />

-1 CL Le Philosophe dit : L'homme supérieur est influencé<br />

par la justice ; l'homme vulgaire est intluencé par l'amour<br />

<strong>du</strong> gain.<br />

17. Le Philosophe dit ; Quand vous voyez un sage, réfléchissez<br />

en vous-mêmes si vous avez les mêmes vertus tpe<br />

lui. Quand vous voyez un pervers, rentrez en vous-mêmes,<br />

et examinez attentivement voire con<strong>du</strong>ite.<br />

18. Le Philosophe dit : En vous acquittant de vos de-<br />

1 En chinois, tchoung H chou. On n'uïni dîûkileiiieia tjiiû notre<br />

iradiK-tiou soit ewt»*:' «vpeiHfaist nous no pensons pas que l'on<br />

puisse en faire une pins iUlèl'*.


OU LES ENTRETIENS PHILOSOPHIQUES. 123<br />

volrs envers vos père et pére^ ne faites que très-peu d'observations;<br />

si voos voyez qu'ils ne sont pas disposés à<br />

suivre vos re<strong>mont</strong>ra ores, ayez pour eux les mêmes respect<br />

t s, e f n e v o u s o pp< ) se z p a s à I e u r v o ! o n f e ; M v o n s e prouvez<br />

de leur part de mauvais traitements, n en murmurez<br />

pas»<br />

49. Le Philosophe dit ; Tarif que voire père et votre<br />

i n ère su hsi st e 11 i:, 11 e v o 11 s é 1 o i g ri e z j > a s d * « » 11 x ; s i vu 11 -, vou<br />

éloignez, vous devez leur faire connu lire la contrée où vous<br />

allez vous rendre.<br />

20. Le Philosophe dit : Pendant trois années 'depuis<br />

sa Oïorl). ne vous écartez pas de la voie qifa suivie votre<br />

pè r e ; v o Ire e o i ïd u i t e j )0i1 r r a cire» alors a p j > e 1 e e de la piété<br />

filiale.<br />

f î. Le Philosophe dit : L'âge de votre père el de votre<br />

mère ne doit pa s è f re i a n oré < 1 e \ o m; il doit fa i re naître<br />

en v on s t a n f é f de I a j o î e, î a n t ô t d e î a e ra i n i e.<br />

ii. Le Philosophe dit : Les anciens ne laissa ici il point<br />

échapper de vaines paroles, craignant que leurs actions<br />

n ' y ré \ î o n d i ssc n t point.<br />

23. Le Philosophe dit : Ceux qui se perdent en restant<br />

sur leurs gardes sont bien rares!<br />

2-i. Le Philosoplie dit : I/honuue supérieur aime à<br />

être lent dans ses paroles, niais rapide dans >e> actions.<br />

2o. Le Philosophe dit : La vertu ne reste pas rumme<br />

une o r | >h e 1 i n e a ha i1 don 11 e c ; e 1 i o d o î t 11 e e e s sa i r e n i e 111 avoir<br />

des voisins.<br />

20. Tseu-yeou dit : Si dans le service d'un prince il<br />

arrive de le blâmer souvent, on tombe bientôt en disgrâce.<br />

Si dans k i h relations d amitié on blâme souvent bon anai^<br />

on é p r o u v e r a i > i c 1i1 o t son i n d i i î c r «. * n e e.<br />

CHAPITRE V.<br />

COMPOSÉ DE 27 ARTICLES.<br />

1. Le Philosophe dit que Kong-fehi-tehang (un de ses


H<br />

124 il LUK-YU,<br />

disciples) pouvait se marier, quoiqu'il fût dans les prisons,<br />

parce qu'il n'était pas criminel; et il s©.maria avec la ille<br />

<strong>du</strong> Philosophe.<br />

Le Philosophe dit à Nan-young (un de ses disciples)<br />

que si le royaume était gouverné selon les principes de la<br />

droite raison, il ne serait pas repoussé des emplois publics;<br />

que si, au contraire, il n'était pas gouverné par les principes<br />

de la droite raison, il ne subirait aucun châtiment :<br />

et il le maria avec la fille de son frère aîné. -• "<br />

2. Le Philosophe dit que Tseu-tsien (un de ses disciples)<br />

était un homme d'une vertu supérieure. Si le royaume de<br />

Lou ne possédait aucun homme supérieur, où celunei aurait-il<br />

pris sa vertu éminente?<br />

3. Tseu-koung fit une question en ces termes : Que<br />

pensez-vous de moi? Le Philosophe répondit : Vous êtes<br />

un vase. — Et quel vase? reprit le disciple. — Un vase<br />

chargé d'ornements *, dit le Philosophe.<br />

4. Quelqu'un dit que Young (un des disciples de<br />

KHOUNG-TSEU) était plein d'humanité, mais qu'il était dénué<br />

des talents de la parole. Le Philosophe dit : A quoi<br />

bon faire usage de la faculté de parler avec adresse? Les<br />

discussions de paroles que l'on a avec les hommes nous attirent<br />

souvent leur haine. Je ne sais pas s'il a les vertus de<br />

l'humanité; pourquoi m'informerais-je s'il sait parler avec<br />

adresse?<br />

5. Le Philosophe pensait à faire donner à T$i-tiao-kai<br />

(un de ses disciples) un emploi dans le gouvernement. Ce<br />

dernier dit respectueusement à son maître : Je suis encore<br />

tout à fait incapable de comprendre parfaitement les doctrines<br />

que vous nous enseignez. Le Philosophe fut ravi de<br />

ces paroles.<br />

* Vase how-lkn, richement orné, dont on faisait usage pour mettre<br />

îe grain dans le îempîe des'ancêtres. On peut voir les n« 21,<br />

22, 23 (43 e planche) des vases que Fauteur de cette tra<strong>du</strong>ction a fait<br />

graver, et publier dans le 1« volume de sa Description historique,<br />

géographique et littéraire de l'empire de la Chine. Paris, F. Didot.<br />

1837.


OU LES ENTRETIENS PHILOSOPBIQUES. 125<br />

6. Le Philosophe dit : La voie droite (sa doctrine) n'est<br />

point fréquentée. Si je me dipose à <strong>mont</strong>er un bateau<br />

pour aller I'ïI nier, cvlni qui me suivra. nV-f-re pas Iran<br />

(surnom do T$(:ti-lht,\? 'hru-li>u% entendant ces paroles,<br />

fol ravi de joie, Le Philosopha dit : IV-/e/. NOUS nie sur­<br />

passez en force el eu audace, niais non en ce qui consiste<br />

à saisir la raison iïvs actions humaines.<br />

7. i\fe)itf-i.rott-pf (premier ministre <strong>du</strong> royaume de IJM)<br />

demanda si Tseti-iun était humain. Le Philosophe dit : Je<br />

l'ignore. Ayant répété sa demande, le Philosophe repon­<br />

dit : SU s'agissait de commander les forces militaires d'un<br />

ro va un le d e m i 11 e c h ar s, 7 \t MHI humaniîe.<br />

8. Le Philosophe interpella Vtctt-htthi'f* en dî.sm! : Le­<br />

quel dé vous, ou de //o>7, surpasse I au ire en qiiahto?<br />

\T$i:u~Ji•i 'eiii I re d e snl f e f es d î x. pa r t ics ; t no i Ssr « d a \ o i r enten<strong>du</strong><br />

cette seule partie, je ne puis en comprendre que deux<br />

[sur dix].<br />

Le PI u ii isoplî e dit : Voi i s ne lui i ess»TU bl cz pa s ; j e \ o u s<br />

accorde que vous nt 1 lui ressemblez pas.<br />

îh TsnhifH se reposait ordinairement sur un \\\ pendant.<br />

le jour. Le Philosophe dit : Le bois pourri ne peut être<br />

sculpté : un mur de houe n


126 LE LUN-YU,<br />

lations avec les hommes. J'écoutais leurs paroles, et je<br />

croyais qu'ils s'y conformaient dans leurs actions. Maintenant^<br />

dans mes relations avec les hommes, j'écoute leurs<br />

paroles, maïs j'examine leurs actions. Tsaï-yu a opéré en<br />

moi ce changement.<br />

10. Le Philosophe dit : Je n'ai pas encore vu un homme<br />

qui fût inflexible dans ses principes. Quelqu'un lui répondit<br />

avec respect : Et Gkin-tchang ? Le Philosophe dit :<br />

Chang est adonné au plaisir : comment serait-il inflexible<br />

dans ses principes ?<br />

11. Tseu-koung dit : Ce que je ne désire pas que les<br />

hommes me fassent, je désire également ne pas le faire<br />

aux autres hommes. Le Philosophe dit : Sse, vous n'avez<br />

pas encore atteint ce point de perfection.<br />

12. Tseu-koung dit : On peut souvent entendre parler<br />

notre maître sur les qualités et les talents nécessaires pour<br />

faire un homme parfaitement distingué; mais il est bien<br />

rare de l'entendre discourir sur la nature de l'homme et<br />

sur la raison céleste.<br />

13. Tseu-lou avait enten<strong>du</strong> (dans les enseignements de<br />

son maître) quelque maxime morale qu'il n'avait pas encore<br />

pratiquée; il craignait d'en entendre encore de semblables.<br />

14. Tseu-koung fit une question en ces termes : Pourquoi<br />

Khoung-wen-tseu est-il appelé lettré, ou d'une é<strong>du</strong>cation<br />

distinguée (wenjl Le Philosophe dit : Il est intelligent,<br />

et il aime l'étude; il ne rougit pas d'interroger ses inférieurs<br />

(pour en recevoir d'utiles informations); c'est pour<br />

cela qu'il est appelé lettré, ou d'une é<strong>du</strong>cation distinguée.<br />

15. Le Philosophe dit que Tseu-tclian (grand de l'État<br />

de Tching) possédait les qualités, au nombre de quatre,<br />

d'un homme supérieur : ses actions étaient empreintes de<br />

gravité et de dignité; en servant son supérieur, il était<br />

respectueux ; dans les soins qu'il prenait pour la subsistance<br />

<strong>du</strong> peuple, il était plein de bienveillance et de sollicitude;<br />

dans la distribution des emplois publics, il était<br />

juste et équitable.


OU LES ENTEE11EN8 PHILOSOPHIQUES. 127<br />

16. Le Philosophe dit: Ngan-ping-tchoung (grand de<br />

TÉlat de Thsi) savait se con<strong>du</strong>ire parfaitement dans ses<br />

relations avec les hommes ; après un loog commerce avec<br />

lui, les hommes continuaient à le respecter, .<br />

11. L e I Mî i 11 m ) pli e d 51 : TclmHij-wni-tchounij ( g i -a n d <strong>du</strong><br />

royaume de Loin logea une grande t or lue dans nue demeure<br />

spéciale, dont k'.^ sommités représentaient des<br />

<strong>mont</strong>agnes, et les poutres dvs herbes marines. Hue doiton<br />

penser de sou intelligence?<br />

18. Tseu te/tan g fit une question eu ces termes : Le<br />

mandarin TSCU-IVCH fui trois lois promu aux fondions de<br />

premier ministre iling-jfim sans manifester de la joie,<br />

et il perdit par trois foi* celle charge sans <strong>mont</strong>rer aucun<br />

regret. Comme ancien premier ministre, il se lïi nu devoir<br />

d'instruire de ses fonctions le nouveau pi', niier ministre.<br />

Que doit-on penser de cette con<strong>du</strong>ite? Le Philosophe<br />

dît quelle fut droite et pariaitement honorable. \ Le disciplej<br />

reprit : Etait-ce de l'humanité? j Le Philosophe]<br />

répondit: Je ne lésais pas encore * pourquoi | dans sa<br />

co ri (11J i -t e t c > u t e n a t u r e I le i v o u 1 o i r t r o u v e r la grande vertu<br />

île i"î m inanité?<br />

Tsu u ï-i se u i g rai i c t d u r o y a u i n e île Ht s /1, ayant assa ss i n< *<br />

le prince de T/mi, Tdtin-icvn-ueu {également grand dignitaire,<br />

ia~f(M, de TElat de Thsi), qui possédait dix quadriges<br />

{ou quarante chevaux de guerre), s'en délit, et se retira<br />

dans un autre royaume. Lorsqu'il y lut arrivé, il dit : « Ici<br />

aussi il y a des grands comme notre Tsot/ï-f.


128 LB LUN-YU,<br />

20. Le Philosophe dit : Ning-wou-tseu (grand de l'État<br />

de Wet)f tant que le royaume fut gouverné selon les principes<br />

de la droite raison, affecta de <strong>mont</strong>rer sa science ;<br />

mais lorsque le royaume ne fut plus dirigé par les principes<br />

de la droite raison, alors il affecte une grande ignorance.<br />

Sa science peut être égalée; sa [feinte] ignorance<br />

ne peut pas l'être.<br />

21. Le Philosophe étant dans l'État de Tchin% s'écria :<br />

Je veux m'en retourner ! je veux m'en retourner! les disciples<br />

que j'ai dans mon pays ont de l'ardeur, de l'habileté,<br />

<strong>du</strong> savoir, des manières parfaites; mais ils ne savent<br />

pas de quelle façon ils doivent se maintenir dans la voie<br />

droite.<br />

22. Le Philosophe dit : Pe-4 et Chwi-isi 1 ne pensent<br />

point aux fautes que l'on a pu commettre autrefois [si<br />

l'on a changé de con<strong>du</strong>ite] ; aussi il est rare que le peuple<br />

éprouve des ressentiments contre eux.<br />

23. Le Philosophe dit : Qui peut dire que Weïsangkm<br />

était un homme droit? Quelqu'un lui ayant demandé<br />

<strong>du</strong> vinaigre, il alla en chercher chez son voisin pour le<br />

lui donner.<br />

24. Le Philosophe dit : Des paroles fleuries, des manières<br />

affectées, et un respect exagéré, voilà ce dont T§&~<br />

kieou-ming rougit. Moi KBIEOU (petit nom <strong>du</strong> Philosophe)<br />

j'en rougis également. Cacher dans son sein de la haine<br />

et des ressentiments en taisant des démonstrations d'amitié<br />

à quelqu'un, voilà ce dont Tso-kieou-ming rougit. Moi<br />

KHIEOU, j'en rougis également.<br />

• 25. Yen-youan et Ki-iou étant à ses côtés, le Philosophe<br />

leur dit : Pourquoi l'un et l'autre ne m'exprimez.vous<br />

pas votre pensée? Tseu-lou dit : Moi, je désire des<br />

chars, des chevaux, des pelisses fines et légères, pour les<br />

partager avec mes amis. Quand même ils me les prendraient,<br />

je n'en éprouverais aucun ressentiment.<br />

Yen-youan dit : Moi, je désire de ne pas m'cnorgueillir<br />

•<br />

t Deux fils <strong>du</strong> prince Kou-tchou.


OU LES ENTRETIENS PHILOSOPHIQUES. 129<br />

de ma vertu ou de mes talents, et de ne pas répandre le<br />

bruit de mes bonnes actions.<br />

Tseu-lou dit . Je désirerais entendre exprimer le pensée<br />

île notre maître. Le Philosophe dit : Je voudrai.s procurer<br />

aux vieillards un doux, repos; aux amis et a ceux atec<br />

lesquels on a des relations, conserver une fidélité cotisI<br />

anf e : at1x e11 f «inf s e t. a1.1x fai! >!csy t1o11 ner < 1 es soi 11s tout<br />

maternels 1 .<br />

20. Le Philosophe dit : Hélas! je n'ai pas encore vu<br />

un homme qui ait pu apercevoir ses défauts et qui s en<br />

soi! Iilâme intérieurement,<br />

27. Le Philosophe dit : Dans un village de dix maisons,<br />

il doit y avoir des hommes aussi droits, aussi sincères<br />

que KiiiEOt (lui-même) ; mais il n\ en a point qui aime<br />

Lé tude coin tue lui.<br />

CHAPITRE VI.<br />

COMPOSÉ DE 28 ARTICLES.<br />

•L Le P1 ï i losopî îe cl i t : 1 r u u n g pe « t- r e m p 1 i r les fon e -<br />

tiens de celui qui se place sur son siège, la face tournée<br />

vers le midi ('c'est-à-dire gouverner im Etat).<br />

Tchoxwg-kouug (Votai y) dit : Et Tsattg-pe-fseu ? Le<br />

Philosophe, dit : Il le peut ; il a le jugement, libre et pénétrant.<br />

Tehoung-koiwg dît . Se main tenir toujours clans une<br />

s> ï I n a t i o n ci i g n e de respect, et agir d'une manière grande<br />

et libérale clans la haute direction des peuples qui nous<br />

sont confiés, n''est-ce pas là aussi ce qui rend propre a<br />

go u v e r n e r ? Mais si o n n*a c j u e d e la 1 i ! ,u ; r a 111 e, et cj ne fontes<br />

ses actions répondent à celle disposition de caractère,<br />

11 '< 'St-ce pas i na nq uer des coi alitions nécessa i res et ne | x >sséder<br />

que IV x c è s d ' u n e q u a l i t é ?<br />

s « Laisses venir à moi îes petits enfants. » {Evangile.)


130 ' LE Ltm-YU,<br />

Le Philosophe dit : Les paroles de Young sont conformes<br />

à la raison.<br />

2. Ngaï-lumg'àGMaxiéà quel était celui des disciples<strong>du</strong><br />

Philosophe qui avait le plus grand amour de l'étude.<br />

KHOUNG-TSEU répondit avec déférence : Il y avait Yemhmi<br />

qui aimait l'étude avec passion ; il ne pouvait éloigner<br />

de lui Fardent désir de savoir ; il ne commettait pas deux<br />

fois la même faute. Malheureusement sa destinée a été<br />

courte* et il est mort jeune. Maintenant il n'est plus 1 1<br />

! je<br />

n'ai pas appris qu'un autre eût un aussi grand amour de<br />

l'étude.<br />

3. T$m-koa ayant été envoyé (par le Philosophe) dans<br />

le royaume de- Tchi, Yan-iseu demanda <strong>du</strong> riz pour la<br />

mère de Tseu-hoa, qui était momentanément privée de la<br />

présence de son fils. Le Philosophe dit : Donnez-lui-en<br />

une mesure. Le disciple en demanda davantage. Donnezlui-en<br />

une mesure et demie* répliqua-t-il. Ymn-tsm lui<br />

donna cinq ping de riz (ou huit mesures).<br />

Le Philosophe dit : Tchi (Tseu-hoa), en se rendant dans<br />

l'État de rhsi9 <strong>mont</strong>ait des chevaux fringants, portait des<br />

pelisses fines et légères ; j'ai toujours enten<strong>du</strong> dire que<br />

l'homme supérieur assistait les nécessiteux* et n'augmentait<br />

pas les richesses <strong>du</strong> riche.<br />

Yousn-sse (un des disciples <strong>du</strong> Philosophe) ayant été fait<br />

gouverneur d'une ville* on lui donna neuf cents mesures<br />

de riz pour ses appointements. Il les refusa.<br />

Le Philosophe dit : Ne les refusez pas; donnez-les aux<br />

habitants des villages voisins de votre demeure.<br />

4. Le Philosophe, interpellant Tehoung-koung, dit : Le<br />

petit d'une vache de couleur mêlée* qui aurait le poil<br />

jaune et des cornes sur la tête* quoiqu'on puisse désirer<br />

ne l'employer à aucun usage* [les génies] des <strong>mont</strong>agnes<br />

et des rivières le rejetteraient-ils?<br />

5. Le Philosophe dit : Quant à Hoeï,mn cœur pendant<br />

trois mois ne s'écarta point de la grande vertu de l'huma-<br />

1 Yan-hoëi mourut à trente-deux ans.


OU LES ENTHET1ENS PHILOSOPHIQUES. 131<br />

mité. Les antres hommes agissent ainsi pendant un jour<br />

ou un mois ; et voilà tout !<br />

6. Ki-kang-t$êu demanda si Tchoung-yeoM pourrait occuper<br />

un emploi supérieur dans l'administration publique.<br />

Le Philosophe dît * )'ron est certainement propre à<br />

occuper un t*mjilt.M dans l'administration publique: pourquoi<br />

ne le serait-il pas? — Il demanda ensuite : Lf S&*<br />

es(-il propre à occuper un emploi .supérieur dans l'administration<br />

publique? — Sxc'A unesprit pénétrant. Irés-propre<br />

à occuper un emploi supérieur dans I administration<br />

publique; pourquoi non? — H demanda encore I A e/ew<br />

est-il propre à occuper un emploi supérieur dans l'administration<br />

publique? — A'ivott, avec ses fait a il s nombreux<br />

et distingués, est très-propre à occuper un emploi supérieur<br />

dans l'administration publique; pourquoi non?<br />

7. Ki-c/ti envoya un messager a Mift-tsru-fcirtt {disciple<br />

île Kiinr.Mi-TSKr). pour lui demander s'il voudrait èlre<br />

gouverneur de/'/. Min-U


132 LE LUN-YU,<br />

s'arrêtent; mais vous, vous manquez de bonne volontéé<br />

11. Le Philosophe, interpellant Tseu-hia, lui dit : Que<br />

votre savoir soit le savoir d'un homme supérieur, et non<br />

celui d'un homme vulgaire.<br />

12. Lorsque Tseu-yeou était gouverneur de la ville de<br />

Wou9 îe Philosophe lui dit : Avez-vons des hommes de<br />

mérite ? 11 répondit : Nous avons Tan-tat, surnommé<br />

Mie-ming, lequel en voyageant ne prend point de chemin<br />

de traverse, et qui, excepté lorsqu'il s'agit d'affaires publiques,<br />

n'a jamais mis les pieds dans la demeure de Yen<br />

(Tseu-yeou).<br />

13. Le Philosophe dit : Mmg-icki-fan (grand de l'État<br />

de Lou) ne se vantait pas de ses belles actions. Lorsque<br />

l'armée battait en retraite, il était à l'arrière-garde ; mais<br />

lorsqu'on était près d'entrer en ville, il piquait son cheval<br />

et disait : Ce n'est pas que j'aie eu plus de courage<br />

que les autres pour rester en arrière ; mon cheval ne voulait<br />

pas avancer.<br />

44. Le Philosophe dit : Si l'on n'a pas l'adresse insinuante<br />

de 7b, • intendant <strong>du</strong> temple des ancêtres, et la<br />

beauté de Soung-tchao, il est difficile, hélas ! d'avancer<br />

dans le siècle où nous sommes.<br />

45. Le Philosophe dit : Comment sortir d'une maison<br />

sans passer par la porte? pourquoi donc les hommes no<br />

suivent-ils pas la droite voie ?<br />

16. Le Philosophe dit : Si les penchants naturels de<br />

l'homme dominent son é<strong>du</strong>cation, alors ce n'est qu'un<br />

rustre grossier ; si, au contraire, l'é<strong>du</strong>cation domine les<br />

penchants naturels de l'homme [dans lesquels sont comprises<br />

la droiture, la bonté de cœur, etc.], alors ce n'est<br />

qu'un homme politique. Mais lorsque l'é<strong>du</strong>cation et les<br />

penchants naturels sont dans d'égales proportions, ils forment<br />

l'homme supérieur.<br />

il. Le Philosophe dit : La nature de l'homme est .<br />

droite ; si cette droiture <strong>du</strong> naturel vient à se perdre pendant<br />

la vie, on a repoussé loin de soi tout bonheur.<br />

18. Le Philosophe dit : Celui qui connaît les principes


OU LES ENTRETIENS PHILOSOPHIQUES. 133<br />

de la droite raison n'égale-* pas celui qui les aime; celui<br />

qui les aime n'égale pas celui qui en fait ses délices et les<br />

pratique. •<br />

Iil. Le Philosophe dit : Los hommes atedcssti> tFinir<br />

intelligence moyenne peuvent être instruits dans les plus<br />

hautes coin laissa rires <strong>du</strong> savoir humain : les hommes<br />

au-dessous d'une intelligence moyenne ne pet tuait pas<br />

vtiv instruits des liantes connaissances dn sa\oir humain.<br />

20. Fan-ichi demanda ce que e Vf ail que le savoir. Le<br />

Philosophe, dit : Km ployer fontes ses forces peau* faire; ee<br />

qui est juste et convenable aux hommes: révérer les<br />

esprits et les génies, et s Vu tenir toujours a la distance<br />

qui leur est <strong>du</strong>e : voila ce que Ion peut appeler st/rnir. Il<br />

demanda ee que c'était que l'humanité. L'humanité [dit<br />

le Philosophe), C'est ce qui est d'abord difficile à pratiquer,<br />

et que Ton peut, cependant acquérir par beaucoup<br />

d VI fort s : voilà ee qui peut-être appelé hutnunit*'.<br />

21. Le Philosophe dit : L'homme instruit est [commeI<br />

nue eau limpide qui réjouit ; l'homme humain est,<br />

|eonnne| une <strong>mont</strong>agne qui réjouit. L'homme imannf a<br />

en lui un grand principe de mouvement ; I homme humain<br />

un principe de repos. L"hoinme instruit a en lui des motifs<br />

instantanés de joie ; l'homme humain a pour Ini l'éternité.<br />

22. Le Philosophe dit : LT'.tat de Ï7W, par un changement<br />

ou une révolution, arrivera a la puissance ciel Liât<br />

de fj)M ; LKiat de Lou, par une révolution, atrheraau<br />

Li'ouveiijemeut delà droite raison.<br />

23. Le Philosophe dit : Lorsqu'une coupe a anses a<br />

per<strong>du</strong> ses anses, es!-ce encore nnc coupe à anses, est-ce<br />

encore une coupe a anses ?<br />

21. Tsfiï-itfjù fît nue question en ces termes : Si un<br />

homme plein de la vertu de rhumaniie. se trouvait interpellé<br />

en ces mots : 'ahu>er


134 LE LUN-YU,<br />

sur réten<strong>du</strong>e <strong>du</strong> devoir, qui ne FoMige point à perdre la<br />

vie [pour agir contrairement aux principes de la raison].<br />

25. Le Philosophe dit : L'homme supérieur doit appliquer<br />

toute son étude à former son é<strong>du</strong>cation, àacqoérir<br />

des connaissances ; il doit attacher une grande importance<br />

aux ri les on usages prescrits. En agissant ainsi, il pourra<br />

ut» pas s'éeaiaVr tir la droite raison.<br />

w 2lî. Le Philosophe ayant lait une visito à IVan-tseu<br />

il ê i 11111 e 111 » /, in (/-/;< m e/;, | ni i H •« i < h • I ' Et a f < h. s 11 *eï), Tseu-lon<br />

nVn fut pas satisfait. KHOI'MJ-TSK!' s'inclina en signe de<br />

résignation, el dit : « Si jai mal a^î, (pie le ciel me re~<br />

jette, que If eîel me rejette. »<br />

% J7. Le Philosophe dit : l/invariabilité dans le milieu<br />

est re qui constitue la vertu ; n'eu est-ce pas le faite<br />

même ? Les lu mu nés rarement v persévèrent.<br />

2S. Tsi'ii-lHM'ny dit : S'il y a>ait un homme qui manifestât<br />

une extrême bien veilla née envers le peuple,, et ne<br />

s ueeupàt quedti bonheur de la multitude, qu'en faudraitil<br />

penser? pourrail-tm l'appeler homme doué de la vertu<br />

de l'humanité ? Le Philosophe dit : Pourquoi se servir<br />

Ipoiir le qualifier! <strong>du</strong> mot humnnUt ? ne serait-il pas<br />

plutôt un suînt? ïao et Chun sembleraient même bien<br />

au-dessous de lui.<br />

L'immme qui a la vertu de i'humanité désire s'établir<br />

lui-même, et eiistnfe établir les aulres lit Humes ; il désire<br />

connaître les principes des choses, et ensuite les faire connaître<br />

aux aulres hommes.<br />

Avoir assez d'empire sur soi-même pour ju^er îles autres<br />

par comparaison avec nims. el a^îr envers eux. comme<br />

nous voudrions que Loti ai»it envers nous-mêmes, c'est ee<br />

que Ion peut appeler la doctrine «le ïiacmanité ; il n'y a<br />

rien an delà.<br />

CHAPITRE VIL<br />

o>.Mi>o.M-: w


OU LES ENTRETIENS PHILOSOPHIQUES. t 133<br />

ciens ouvrages)^ mais je n'en compose pas de nouveaux.<br />

J'ai foi dans les anciens, et je les aime ; j'ai la plus haute<br />

est i 111e j>our ri ot re J, «o-/ mn?j § .<br />

2. Le Philosophe dit : Méditer en silence et rappeler a<br />

sa n i é n i o i re 1 es o b j e t s de ses ni éf I i I a t i o n s ; se I i v r e r à IV; -<br />

tut! e, e1 n e pas se r e 1 ) o t e r ; i 11 s I ri i i r t • i es 11 oi 11 n i es. e t n e p as<br />

se laisser abattre : coin <strong>mont</strong> parviendrai-je a. posséder ees<br />

vert os?<br />

3. I. e P h i 1 osoph e dit : L a v e il 11 i v e si pas e u I {i v ee ; let<br />

ride n 'est pa s recli ère h ée a v ee soi i ï ; si \\ > n e 111 e 11 d pi 'ofesser<br />

des principes do justice et d équité, en ne veut pas les<br />

s u i v re ; I es i ri ee î i a n t s e t I e s pe i * v e r s n e v o nient pas se < : o i • -<br />

r î ge r : v o i là c e q ni t a i I n i a d o 1i1 e u r !<br />

4. Lorsque le Philosophe se trouvait chez loi, saris<br />

préoccupât ion d'affaires, que ses manières étaient do» •<br />

ees et persuasives ! que son air était affable et prévenant !<br />

5 .Le P li î loso p 11 e dit : Û11 ! c o n i b i e n j e s u i s d « N- I n H ! e<br />

m o i -1 n é nie ! de p u i s l o n g t e n i ps, je n'ai pins vu e 11 se » 1i # i<br />

7 V/i eou-kn u n g 2 .<br />

t». Le Philosophe dit : (Jue la pensée soit constamment<br />

fixée* sur les principes de la droite voie ;<br />

U u e I ' o i ï t e n d « * sans e esse à la v e r t u d e Y11111 ri a n s f i ; ;<br />

Q ue I ' o n s'a p pi i r j ne _, d a n s 1 e s i n o n i e. t11 s d e I o i si r, à l a c u lture<br />

des arts { K<br />

1. L e P h i 1 osophe d i t : D c s T i n s t a n t q t \ 11 ri e pe r s o n n e es I.<br />

ve n u e n le v o î r, e t ni a o ! îè r t I e s {i r est- n I: s d ' 11 sa m > *, je 11 a i<br />

jamais manqué de l'instruire»<br />

H, Le Philosophe dit : Si un homme ne tait aucun effort<br />

pour développer son esprit, je ne le développerai<br />

point moi-même. Si un homme ne veut faire a ne un estes:<br />

cl e sa faculté de pa ri s<br />

expressions; si, après, avoir t'ait connaître langle d'un<br />

1 Sag


136 LE LUN-YU?<br />

carré, on ne sait pas la dimension des trois autres angles,<br />

alors je ne renouvelle pas la démonstration.<br />

9. Quand le Philosophe se trouvait à table avec une<br />

personne qui éprouvait des chagrins de ta perte fie quelqu'un,<br />

il ne pouvait inantir p« ait" satisfaire son appétit. Le<br />

Philosophe., dans ce jour (de deuil), se livrait lui-même à<br />

la douleur, e! il tir pouvait ehanfer.<br />

10. Le Philosophe, înterpeltanl Yeih-youar^ lui dit : Si<br />

on nous emploie dans les loue lions publiques, alors nous<br />

remplissons noire devoir : si on nous renvoie, alors nous<br />

nous reposons dans la vie privée. Il n'y a que vous el moi<br />

qui agissions ainsi.<br />

7s; tt-Iau dit ; Si vous con<strong>du</strong>isiez trois corps d armée ou<br />

hitai de douze mille einq eents hommes chacun» lequel<br />

de rions prendriez-vous pour lieutenant?<br />

Le Philosophe dit : Celui qui de ses seules mains nous<br />

engage rail au eoinhaf avec un fi^re : qui, sans motifs,<br />

voudrait passer tin fleuve à gué ; qui prodiguerait sa<br />

vie sans raison et sans remords : je ne voudrais pas le<br />

prendre pour lieutenant. Il me faudrait un homme qui<br />

portât une vigilance soutenue dans la direction des affaires<br />

; qui aimât a former des plans et à les mettre à exécution.<br />

11. Le Philosophe dit : Si, pour acquérir des richesses<br />

par des moyens honnêtes, il'me fallait faire un vil métier,<br />

je le ferais ; mais si les moyens n'étaient pas honnêtes*<br />

j'aimerais mieux m'appliquer à ce que j'aime.<br />

12. Le Philosophe portait la plus grande attention sur<br />

l'ordre, la guerre et la maladie.<br />

13. Le Philosophe, étant dans le royaume de Thsi, entendit<br />

la musique nommée Tchao (de Ckun). 11 en éprouva<br />

tant d'émotion, que pendant trois lunes il ne connut pas<br />

le goût des aliments. Il dit : Je ne me figure pas que depuis<br />

la composition de cette musique on soit jamais arrivé<br />

à ce point de perfection.<br />

14. Ycn-yeou dit : Notre maître âidera-t-il le prince de<br />

Weï? Tseu-koung dit : Pour cela, je le lui demanderai.


OU LES ENTRETIENS PHILOSOPHIQUES 137<br />

11 ta ï Ira (dans l'appartement de son natif ru a al dit : Q\w<br />

pensez-vous de î'i-i af <strong>du</strong> (.'/inu-ffii? la 1 Phiîo-ophu dif :<br />

Les hommes étaient <strong>du</strong> véritable;- saues <strong>du</strong> l'antiquité. 1!<br />

ajouta : S 'éprouvèrent-ils aiteun re^ru! 7 — Ils uhurehùrunl<br />

a aequurir la vertu d» 1 Hïitnuunîie et ils obtinrent uuffu<br />

\urlti : pourquoi auraient-ils éprouvé <strong>du</strong>s reureis'.' Kn sortant<br />

I Ttcu-kouwj i dit : Nohv mailru n"asslsfura pas de<br />

prinee <strong>du</strong> U eau<br />

f.'i. Lu Philosophe dit : Su 'nourrir d'un puis <strong>du</strong> ri/, boire<br />

dû beau, n'avoir que s«»n bras eourhé pour appuyer sa<br />

tùka ust tin état qui a aussi sa satisiartion. Kl ru rialiu uj<br />

honoré par <strong>du</strong>s inoyons iniques, e'usl pour saaa euu u nu lu<br />

iiuaue lîotlartf qui passe.<br />

il». Lu Philosophe dit : S'il m'était aeeordé d'ajouter<br />

a mon â^u <strong>du</strong> nombreuses annuus. j'en <strong>du</strong> ma n<strong>du</strong> rais cinquante<br />

pour efndiur lu ) -///////, atin quu ju pussu mu rendru<br />

exempt <strong>du</strong> fait lus graves,<br />

17. Lus sujets dont tu Philosophe j>arlaïl habituelleineut<br />

étaient le Livre


138 LE LUN-YU,<br />

tuteurs [ dans mes compagnons de voyage ] ; je choisirai<br />

l'homme de bien pour l'imiter, et l'homme pervers pour<br />

me corriger.<br />

22. Le Philosophe dit : Le ciel a fait naître la vertu en<br />

moi : que petit ftii'ir un' tain» Uoivi-toui''.'<br />

w 2*>. Nous, mes diM x i pies, tons fan! que vous êtes, erovezvous<br />

que j ait* pour vous


OU LES ENTRETIENS PHILOSOPHIQUES. 139<br />

nies cl Lsei pies) ; je ne lai pas admis à s'en aller. D'où vient<br />

t 'e 11e opposi f i on de vo t. re 1ia r 11 eeî homme s e s ( pu t• i ( î é ,<br />

sVst renouvelé lui-même afin d'entrer à inon école ; louez-<br />

I e cl e se t re a i 11 s i p urï t te ; j e ne ré pt nids j) as 11 e ses a e f î < ) t1 s<br />

passées ou fttflires.<br />

29. Le Philosophe dit : L'humanité est-elle si éloignée<br />

de nous ! je désire posséder l'humanité, et l'humanité<br />

vient à moi.<br />

30.1 a- j u ge <strong>du</strong> m y a 11 me d e f e/i. m d e manda s î Te h w> k ong<br />

connaissait les rites. KnorNCi-TsEcdit : Il eonnait les rites.<br />

Kftorxn-TSEï: s étant éloigne, |Ie jngej salua Qu-ma-ki\<br />

et, le faisant entrer, il lui dit : J'ai enten<strong>du</strong> dire que<br />

l'homme supérieur ne donnait pas son assentiment aux<br />

tantes des autres; cependant un homme supérieur y a<br />

donné son assentiment. Le prince s est marié avec nue<br />

Ce 111 ni e de 1 a fa n i i 11 e Ou, <strong>du</strong> même i ï o i n q 11 e I e s i c n, e t i I I a<br />

appelé"e Ou-meo.tj-fseu. Un prince doit connaître les rîtes<br />

et coutumes : pourquoi, lui, ne les cou naît-if pas?<br />

Ou-ma-ki averti t le Philosophe, qui s'érria •* Que KMIKOI.;<br />

est heureux ! s'il commet une tante, les hommes sont suis<br />

de la connaître.<br />

31. L o r sej 11 e I e P h î I o sopl i e se trou v ait a v e < : q n e ! q u 'i m<br />

qui savait Iiien chanter, il rengageait à chanter la même<br />

pièce une seconde fois, et il l'accompagnait de la voix.<br />

32. Le Philosophe dit : Lu littérature, je ne suis pas Légal<br />

d'autres hommes. Si je veux qui'» mes actions soient<br />

i h el 1 e s d * u 11 h o m m e su pé r î e ui\ ai o r s j e ne p u i s j a m a i s a I -<br />

teindre il la perfection.<br />

33. Le Philosophe dit : Si je pense à un homme qui<br />

réunisse la sainteté à la vertu de l'humanité, comment<br />

ose i'a ï s-j e me < • om pa r e r à 1 u i î T ou t e e c j ue j e sa i s, c'est q u e<br />

je m'efforce de pratiquer ces vertus sans me relut ter, el,<br />

de les enseigner aux autres sans nie décourager cl me.<br />

laisser a bal Ire. (/est là tout ce que je vous puis dire de<br />

moi. K


140 il «JH-YU,<br />

34. Le Philosophe étant très-malade, Tseu-lou le pria<br />

de jjt'iTiiHtiv à >si i z v< )s<br />

« hvif'rca au\ esprits et nus génies . Lr Philosophe dit : Si Fou est. prodigue rt adonne<br />

au luxe» alors on n'est pas soi unis. Si Ton est trop pareimonieiix,<br />

alors on os! vil el ahp-ei. La bassesse est cependant<br />

otieoiv préférable à la désobéissance.<br />

llil. Le Philosophe dit : Llionniie supérieur a de 1\><br />

i pian huile H de la tranquillité d/Ytiiie» 1 /hotmn


OU LES ENTRETIENS PHILOSOPHIQUES. 141<br />

ce n'est qu'une timidité outrée ; si le courage viril n'est<br />

pas tvulé par l'é<strong>du</strong>cation, alors ce n'est cjue de l'insubordination<br />

; si fa droiture n'est pas réidee par l'é<strong>du</strong>cation,<br />

alors die entraîne dans une grande confusion.<br />

Si ceux qui sont dans une rond i don supérieure traitent<br />

leurs parents connue ils doivent l'être, alors le peuple<br />

sVlèvera à la vertu de rhumanifé. Pour la in<strong>du</strong>e raison,<br />

s'ils ne riegiipvnf e! n'abandonnent pas leurs anciens amis,<br />

alors le peuple n'agira, pas d'une manière contraire.<br />

3. Tits*}n'j-!swt. étant dangereusement malade, ii( venir<br />

auprès de hii ses disciples, et leur dit : Decouvrez-moi les<br />

pieds, découvrez-moi les inains. Le tJrrp ///•>- I frs dit :<br />

« Ayez la même crainte et la même circonspee.îion<br />

« Otic si vous conlei n pliez sons \os yeux un abîme<br />

« profond,<br />

« One si vous marc liiez sur une idaee fragile ! » Maintenant<br />

ou plus tard, je sais que. je dois vous quitter, mes<br />

chers disciples.<br />

i, T h sèn {/-?$ e u étant malade. J le n g-h 11 / // -fs^n t g l'a n d <strong>du</strong><br />

royaume de IJJU ) demanda des nouvelles de >a sanle.<br />

Thsciifj-tscu prononça ces paroles : « Onaud boiseau est<br />

a près fie mourir, son c liant devient triste: quand i'I tomme<br />

«.< est près de mourir, ses paroles portent l'empreinte de<br />

« la vertu. «<br />

Les choses que Liiomme supérieur met au-dessus de<br />

tout, dans la pratique de la raison, son! au nombre de.<br />

trois: dans sa démarche H dans son attitude, il a soin<br />

d'éloigner tout ce qui sentirait, la brutalité et la rudesse :<br />

il l'ait en sorte que la ver if a h! e expression de sa ligure représente<br />

autant que possible la réalité et la sincérité de<br />

ses sentiments; que dans h i < paroles qui lm échappait de<br />

la bouche et flans l'intonation de sa voix, il éloigne ton!<br />

ce qui pourrait, être bas ou vulgaire et contraire a la raison.<br />

Quant à ce qui concerne |es vases en bamhou s choses<br />

moins importantes j. il faut que quelqu'un pré.dde à leur<br />

conservation.<br />

:i. TfiS'h-tg-tsvu dit : Posséder la capacité et les talents,


'


ou LES ENTRKIIENS PHILOSOPHIQUES. 143<br />

en même temps hautain et d'une avarice sordide^ ce qui<br />

lui reste de ses qualités ne vaut pas la peine qu'on y fasse<br />

attention.<br />

12. Le Philosophe dit : II n'est pus facile de trouver<br />

une personne qui pendant trois années se livre constamment<br />

à l'étude [île lu sagesse ] sans avoir ni vue les émoluments<br />

qu'elle peut en retirer.<br />

'13. Le Philosophe dit : Celui qui aune foi inéhranlahle<br />

dans la vérité, et qui ai nie l'élude avec passion, conserve<br />

jusqu'à la mort les principes de ta vertu, qui en son! ta<br />

conséquence.<br />

Si un Etat se trouve en danger de révolution j par suite<br />

de son mauvais gouvernement ], n'allez pas le visiter; un<br />

pays qui est livré an désordre ne peut pas y rester, Si no<br />

empire se trouve gouverné par les principes de la droiture<br />

et de la raison» allez le visiter: s'il n'est pas gouverné par<br />

les principes de la raison, restez ignores dans la retraite<br />

et la solitude»<br />

Si ne Etat est gouverné par les principes de la raison,<br />

1 i i pa u v ï'e t é et; la n i i se r e so n t 11 n su j c t de h on t e ; s i u n E1 n t<br />

n'est pas gouverné par les principes de la raison, la richesse<br />

et les honneurs sont, alors les sujets de honte l .<br />

il. Le Philosophe dit : Si vous n'occupez fias des foi tétions<br />

dans un gouverne nient, ne donnez pas votre avis sur<br />

son administrât ion.<br />

15. Le Philosophe dît : Comme Je chef de musique<br />

nommé 7 c///, flans son e liant qui commence par e^s mots :<br />

Kouan-tsiu-iclri-louan, avait su charmer l'oreille par la<br />

grâce et la mélodie !<br />

10. Le Philosophe dit : Etre courageux et hardi sans<br />

droiture, liébeté saais attention, inepte sans sincérité : je<br />

ne connais pas de tels caractères.<br />

17. Le Philosophe dît : Etudiez toujours comme si<br />

vous ne pouviez jamais atteindre [au sommet de la<br />

science |, comme si vous craigniez de perdre h- Iruil de<br />

vos études.<br />

1 Ct*s adimniblcs |»rinn|)«\> n'uni pas l).-«...u» «1 .•l»tiim>-nt:ii]>.'


144 LE LUN-YU?<br />

18. Le Philosophe dit : Oh! quelle élévation, quelle sublimité<br />

dans le gouvernement de Ckun et de Yu ! et cependant<br />

il n'était encore rien à leurs yeux.<br />

19. Le Philosophe dit : Oh! qu'elle était grande la con<strong>du</strong>ite<br />

de )ao dans l'administralion de l'empire! qu'elfe<br />

t:!aîl éle\év ol sublime! î! n'y a que le ciel qui pnu\ait<br />

begaler en grandeur ; îl n'y n que Ynn qui pouvait imiter<br />

ainsi le ciel ! Ses vertus et ait ait si vastes et si profondes,<br />

que le pou pie ne trouvait point de noms pour leur donner<br />

!<br />

Oh : quelle grande tir ! quelle su Illimité clans ses ae fions<br />

et ses mérites ! et que les monuments qu'il a laissés de sa<br />

sagesse sont admirables !<br />

iû. (lhun avait cinq ministres* ot l'empire était bien<br />

gouverné.<br />

\Yifit-tr/m(j disait : J ai pour ministres dix hou unes d'Etat<br />

habiles dans Fart de gouverner.<br />

Kfiot .xc«-TS!ophe dit : Je ne vois aucun défaut dans<br />

i n: il éiait sobre dans le boire et le mander, et souverainement<br />

pieux envers les esprits et les génies. Ses vêtements<br />

ordinaires liaient mauvais et grossiers ; mais<br />

comme aliène défaut daîH }'u.<br />

^~*3S»*f*>m


OU LES ENTRETIENS PHILOSOPHIQUES. 145<br />

CHAPITRE IX.<br />

COMPOSÉ DE 30 ARTICLES.<br />

4. Le Philosophe parlait rarement <strong>du</strong> gain, <strong>du</strong> destin<br />

fou mandat <strong>du</strong> ciel, ming] et de l'humanité |la plus grande<br />

des vertus],<br />

% A J11 h o m ni e d 11 v i 11 a ge d o 7 a-h ia n g d if : Que K11 c > r s G -<br />

TSEU est grand ! cependant ce n'est pas son vaste savoir<br />

qui a fait sa renommée.<br />

Le Philosophe, ayant enten<strong>du</strong> ces paroles, interpella ses<br />

disciples en leur disant : Que dols-je entreprendre» de<br />

faire? Prend rai-je l'état de voiturier, ou apprendrai-je<br />

celui d'archer? Je serai voiturier.<br />

3. Le Philosophe dît : A ut reluis on portait un ho n net<br />

d'étoffe de lin, pour se conformer aux rites ; maintenant<br />

on port e u n bon ne t de so ie, c * o m î n < * p lus é •. • o 11 o n i i q u e ; j e<br />

veux suivre la multitude. Autrefois on s'inclinait respectueusement<br />

au bas des degrés de la salle de réception pour<br />

sa! ne r son pri née, e n se eo n f< ni n a 111 aux r i î es ; n îaînt eliant<br />

on salue en haut des degrés. Ceci est de l'orgueil.<br />

Q u o î cju e j e i n 'él o i g n e e n e e 1 a de la m ul t i tuile, j e suivrai<br />

le mode ancien,<br />

4. Le Philosophe était, complètement exempt de quatre<br />

choses : il était sans amour-propre, sans préjugés, sans<br />

obstination et sans égoïsme.<br />

o. Le Philosophe éprouva des inquiétudes et des<br />

frayeurs à Kouany. 11 dit : Wen-wany n'est plus ; la mise<br />

en 1 u m iére de la pu re doc t ri n e ne < 1 épe nd-el le pas i oaï n t e -<br />

nant de moi !<br />

Si le ciel avait résolu de laisser périr cette doclrine,<br />

ceux qui ont succédé à Wen-?rnng. qui n'est plus, i Ta tiraient<br />

pas en la faculté de la foire revivre et de lui rendre<br />

son ancien éclat. Le ciel ne vent doue pas que cette doctrine<br />

péri sse. U ue m e ve u 1 en t d on c 1 e s h o m m es d e iïommg ?<br />

CL Un Tai-tsaïj ou grand fonctionnaire publie, interroge a<br />

. , 13


146 • LE IXN-YU,<br />

un jour Tseu-k'Qung en ces termes : Votre maître est-il un<br />

saint ? N'a-t-il pas un grand nombre de talents ?<br />

Tseu-koung dit : Certainement le ciel lui a départi<br />

presque tout ce qui constitue la sainteté; et, en outre^ un<br />

grand nombre de" talents.<br />

Le Philosophe, ayant enten<strong>du</strong> parler de ces propos, dit :<br />

Ce eraïuî it.netionnaire me connail-il ? Ûuand j'étais petit;,<br />

je 1111 - suis !roïi\ t ; dans des circonstances pénibles et dif-<br />

(ieilr> ; c'est pourquoi j'ai acquis un ^rand nombre de talent*<br />

pour la pratique \\vs affaires vuleaiies. L'homme<br />

supérieur possede-t ii un urand nombre de ces talents?<br />

rSon. il n Vu possède pas tin u. rai al nombre.<br />

./..aie uni des disciples de Kuoi M;-!SKI i dit : Le .Philosophe<br />

répétait s.oment : « Je ne .tus pas employé jeune<br />

(* dans les charges pu Iniques i c'est pourquoi je m'nppii-<br />

«• quai ft l'élude \y< arts. »<br />

7. Le Philosophe dit : Suis-«e véritablement en possesvsion<br />

de la science? je n'eu sais rien 1 . Mais s'il se rencontre<br />

un ignorant qui me lasse des questions, t,ml vides<br />

soient-elles, j'y ïaqunnf> de mon mieux, .MI épuisant le sujet<br />

sous toutes > ( *s iaees.<br />

H. Le Philosophe dit : L'oiseau nommé l'^mnif ou<br />

l'ottrtfj-lt!}}/ ne \ieiii pas, le fleuve ne tait pas sortir de soi]<br />

sein le ! tableau sur lequel esl figure le draii'onj. L'en est<br />

tail de moi,<br />

'J. Lorsque le Philosophé Voya.it quelqu'un en habits<br />

de deuiî. on portant le nonnel el la robe de magistrat» on<br />

aveugle, quanti même il en! e!e plus jeune que lui, il se<br />

levait a son approche «s'il se trouvai! assis;. S'il passait<br />

devant lui asus, le Philosophe accélérait le pas.<br />

10, ) en-}/oww seeiia eu soupirail! : Si je considère la<br />

doctrine de noire tuaiq-e. je ne voi> rien de plus élevé ;<br />

si je cherche a la pénétrer, je ne trouve rien de plus impénétrable<br />

: si je la regarde comme devant mes yeux et<br />

lue précédant, aussitôt elle m'échappe et nie luit<br />

1 Won-tchi-ye: non scio cquidoni.


CU LES ENTRETIENS PHILOSOPHIQUES. 1-47<br />

: "Mon maître m'a cependant con<strong>du</strong>it pas à pas ; il a développé<br />

gra<strong>du</strong>ellement mon esprit* car il savait admirablement<br />

captiver les hommes par ses paroles ; il a éten<strong>du</strong><br />

beaucoup me.*» connaissances dans les srîetire> qui / lui envoya<br />

un dmâple pour lui sera \v de uiui -ire.<br />

Dans on intervalle Me soulmmcel que lui laissa la maladie,<br />

le Philosophe dil : N'y a-i-ii pa.-» de ja longtemps qut?<br />

) *~'cu [Ts>- ïi-lutt) se i - « i n ? 1 n ï t d'un»' manière peu comornie.<br />

à la raison "f je ibat pas de minisires, et eependanl j'ai<br />

quelqu'un qui en fait les fonctions ; qui tmmpê-jm de moi<br />

ou <strong>du</strong> ciel ?<br />

IMuioi que de mourir entre* les mains d un ministre,<br />

n'aurait'i! pas mieux valu pour moi de momir cuire les<br />

mains de mes disciple-, 7 Qiqu


148 LB LON-YU, •<br />

musique. Les chants compris sous les noms de Ya et de<br />

Soung [deux divisions <strong>du</strong> Livre des Vers] forent remis<br />

chacun à k place qu'ils doivent occuper.<br />

45. Le Philosophe dit : Quand vous êtes hors de chei<br />

vous, rendez vos devoirs à vos magistrats supérieurs.<br />

Quand vous êtes chez vous, faites votre devoir envers vos<br />

père 'et mère et vos frères. Dans les cérémonies funèbres,<br />

ne vous permettez aucune négligence. Ne vous livrez à<br />

aucun excès dans l'usage <strong>du</strong> vin. Comment pourrais-je<br />

tolérer une con<strong>du</strong>ite contraire?<br />

16. Le Philosophe, étant sur le bord d'une rivière, dit :<br />

Comme elle coule avec majesté ! elle ne s'arrête ni Jour ni<br />

nuit î<br />

17. Le Philosophe dit : Je n'ai encore vu persopne<br />

qui aimât autant la vertu que Ton aime la beauté do<br />

corps.<br />

48. Le Philosophe dit : Soit une comparaison : je veux _<br />

former un <strong>mont</strong>icule de terre ; avant d'avoir rempM un<br />

panier, je puis m'arrêter ; je m'arrête. Soit une autre<br />

comparaison : je veux niveler un terrain ; quoique j'aie<br />

déjà transporté un panier de terre, j'ai toujours là liberté<br />

de discontinuer ou d'avancer ; je puis agir d'une façon ou<br />

«Fune autre.<br />

49. Le Philosophe dit : Dans le cours de nos entretiens,<br />

celui dont l'esprit ne se lassait point, ne s'engourdissait<br />

point, c'était Èœi.<br />

20. Le Philosophe, parlant de Yen-ymum (Hoet), disait<br />

: Hélas ! je le vis toujours avancer et jamais s'arrêter.<br />

24. Le Philosophe dit : L'herbe pousse, mais ne donne<br />

point de fleurs ; si eHe donne des fleurs, elle ne pro<strong>du</strong>it<br />

point de graines mûres. Voilà où en est le sage !<br />

22. Le Philosophe dit : Dès l'instant qu'un enfant est<br />

né, il faut respecter ses facultés ; la science qui lui viendra<br />

par la suite ne ressemble en rien à son état présent.<br />

S'il arrive à l'âge de quarante ou de cinquante ans<br />

avoir rien appris, il n'est plus digne d'aucun respect.


OU LES ENTIETIEM8 PHILOSOPHIQUES. 149<br />

23. Le Philosophe dit: Un langage sincère et conforme<br />

à la droite raison n'obtiendra-t-il pas l'assentiment<br />

universel? C'est un changement de con<strong>du</strong>ite, une conversion<br />

à la vertu, qui est honorable et bien par-dessus tout.<br />

Un langage insinuant et fini leur ne eausera-f-il pas de la<br />

satisfaction à celui qui t'entend: 1 c'est la recherche ittt<br />

vraî cjui est 11onoraI> 1 e et I>ittr-cIessns t111. Epr < >ti v . Le Philosophe dit : S'il y a quelqu'un qui, vetu<br />

d'habits tes plus humbles et les plus grossiers, puisse<br />

s assi M » i r sa n s r o u g i r à c o té d e e e u \ q u i po rient 1 e s vêt eluenis<br />

les plus précieux et les plus belles fourrures, c'est<br />

Y cou !<br />

n S< i ris e n v le de nui r e e t sa n s d es i r s a n i b i t i e u \,<br />

r é< v« lent e<br />

à la bouche. Le Philosophe dit : L'est à l'étude et à h pratique<br />

de la droite raison qu'il faut surtout s'appliquer;<br />

comment suftirait-il de faire te bien?<br />

27. Le Philosophe dit : Quand la saison de l'hiver arrive,<br />

e.Vst aU.Tsque Ion reconnaît le pin et le cyprès [dont<br />

1 Fatales fi ». Lirn:


450 LE LUN YU,<br />

les feuilles ne tombent pas], tandis que les autres feuilles<br />

tombent.<br />

. 28. Celui qui est instruit et éclairé par la raison n'hésite<br />

point; celui qt|i possède la vertu de l'humanité n'éprouve<br />

point de regret ; celui qui est fort et courageux<br />

n'a point de crainte.<br />

29. Le Philosophe dit : On peut s'appliquer de toutes<br />

ses forces à l'étude, sans pouvoir rencontrer les vrais<br />

principes de la raison, la véritable doctrine ; on peut<br />

rencontrer les vrais principes de la raison, sans pouvoir<br />

s'y établir d'une manière fixe ; on peut s'y établir d'une<br />

manière fixe, sans pouvoir déterminer leur valeur d'une<br />

-manière certaine, relativement aux temps et aux circonstances.<br />

30. « Les fleurs <strong>du</strong> prunier sont agitées de côté et<br />

. ce d'autre,<br />

ce Et je pense à leur porter un appui.<br />

« Comment ne penserais-je pas à toi.<br />

« 0 ma demeure, dont je suis si éloigné l ! »<br />

Le Philosophe dit : On ne doit jamais penser à la distance,<br />

quelle qu'elle soit, qui nous sépare [de la vertu].<br />

CHAPITRE X.<br />

COMPOSÉ DE 18 ARTICLES.<br />

4. KaocNG-TSEU, lorsqu'il résidait encore dans son<br />

•village, était extrêmement sincère et droit ; mais il avait<br />

tant de modestie, qu'il paraissait dépourvu de la faculté<br />

de parler.<br />

Lorsqu'il se trouva dans le temple des ancêtres et à la<br />

cour de son souverain, il parla clairement et distincte-<br />

1 Citation d'un ancien Livre des Versi Les deux premiers vers n'ont<br />

aucun sens, selon TGIIOU-HI ; ils serveni seulement d'exorde aux<br />

deux suivants.


OU LES ENTRETIENS PHILOSOPHIQUES. J5I<br />

ment; et tout ce qu'il dit portait l'empreinte de la réflexion<br />

et de la-maturité.<br />

2. A U cour* il parla aux officiers inférieurs avec fermeté<br />

et droiture ; aux-officiers supérieurs* avec une franchise<br />

polie.<br />

Lorsque le prince était présent* il conservait une attitude<br />

respectueuse et digne.<br />

3. Lorsque le prince le mandait à sa cour* et le chargeait<br />

de recevoir les hôtes 1 , son attitude changeait soudain.<br />

.Sa démarche était grave et mesurée* comme s'il<br />

avait eu des entraves aux pieds.<br />

S'il' venait à saluer les personnes qui se trouvaient<br />

auprès de lui* soit à droite* soit à gauche* sa robe* devant<br />

et derrière* tombait toujours droite et bien disposée.<br />

Son pas était accéléré en intro<strong>du</strong>isant les hôtes* et il<br />

tenait les bras éten<strong>du</strong>s comme les ailes d'un oiseau.<br />

Quand l'hôte était parti* il se faisait un devoir d'aller<br />

rendre compte [au prince] de sa mission en lui disant :<br />

et L'hôte n'est plus en votre présence. »<br />

4. Lorsqu'il entrait sous la porte <strong>du</strong> palais* il inclinait<br />

le corps* comme si la porte n'avait pas été assez haute<br />

pour le laisser passer.<br />

11 ne s'arrêtait point en passant sous la porte* et dans<br />

sa marche il ne foulait point le seuil de ses pieds.<br />

En passant devant le trône* sa contenance changeait<br />

tout à coup ; sa démarche était grave et mesurée* comme<br />

s'il avait eu des entraves.. Ses paroles semblaient aussi<br />

embarrassées que ses pieds.<br />

- Prenant sa robe avec les deux mains* il <strong>mont</strong>ait ainsi<br />

dans la salle <strong>du</strong> palais* le corps incliné* et retenait son haleine<br />

comme s'il n'eût pas osé respirer.<br />

En sortant* après avoir fait un pas* il se relâchait peu<br />

à peu de sa contenance,grave et respectueuse, et prenait<br />

un air riant; et quand il atteignait le bas de l'escalier,<br />

1 Les princes ou grands vassaux qui gouvernent le royaume.<br />

(TCHOU-HI.)


152 x LE LUN-YU,<br />

laissant retomber sa robe* il étendait'de nouveau les bras<br />

comme les ailes d'un oiseau ; et en repassant devant le<br />

trône, sa contenance changeait de nouveau, et sa démarche<br />

était grave et mesurée, comme s'il avait eu des entraves<br />

aux pieds.<br />

5* En recevant la marque distinctive de sa dignité<br />

[comme envoyé de son prince], il inclina profondément<br />

le corps comme s'il n'avait pu la supporter. Ensuite il<br />

réleva en haut avec les deux mains, comme s'il avait voulu<br />

la présenter à quelqu'un, et la baissa jusqu'à terre, comme<br />

pour la remettre à un autre ; présentant dans sa contenance<br />

et son attitude l'apparence de la crainte, et dans sa<br />

démarche tantôt lente, tantôt rapide, comme les diflé**<br />

rents mouvements de son âme.<br />

En offrant les présents royaux selon l'usage, il avait<br />

une contenance grave et attable; en offrant les autres présents,<br />

son air avait encore quelque chose de plus affable<br />

et de plus prévenant.<br />

6. Le Philosophe ne portait point de' vêtements avec<br />

des parements pourpre ou bleu foncé.<br />

Il ne faisait point ses habillements ordinaires d'étoffe<br />

rouge ou violette.<br />

Dans la saison chaude, il portait une robe d'étoffe de<br />

chanvre fine ou grossière, sous laquelle il en mettait toujours<br />

une autre pour faire ressortir la première.'<br />

Ses vêtements noirs (d'hiver) étaient fourrés de peaux<br />

d'agneau; ses vêtements blancs* de peaux de daim;<br />

ses vêtements jaunes, de peaux de renard.<br />

ta robe qu'il portait chez lui eut pendant longtemps la<br />

manche droite plus courte que l'autre.<br />

Son vêtement de nuit ou de repos était toujours une<br />

fois et demie aussi long que son corps.<br />

Il portait dans sa maison des vêtements épais faits de<br />

poil de renard.<br />

Excepté dans ies temps de deuil, aucun motif ne l'empêchait<br />

de porter attaché à ses vêtements tout ce qui était<br />

d'usage.'


OU LIS 1NT1ETIINS PHILOSOPHIQUES. 153<br />

S'il ne portait pas le vêtement propre aux sacrifices et<br />

aux cérémonies, nommé wei-chmg, sa robe était toujours<br />

un peu ouverte sur le côté.<br />

Il n'allait pas faire de visites cïe condoléance avec une<br />

robe gar n ï e d e pea u x d ? a g i te au et tin î >o n net 11 o î r.<br />

Le prem 1er jour de ch aque I u ne, il mettait, ses h abî f s<br />

de cour, et se rendait au palais [pour présenter ses devoirs<br />

an prince],<br />

7. Dans les jours d'abstinence, il se couvrait constamment<br />

d'une robe blanche de lin.<br />

Dans ces mêmes jours d'abstinence, il se faisait toujours<br />

un devoir de changer sa manière de vivre ; il se<br />

faisait aussi un devoir de changer le lieu où il avait l'habitude<br />

de reposer.<br />

8. Quant, à la nourriture, il ne rejetait pas le riz cuit à<br />

l'eau, ni les viandes de beeut ou de poisson découpées en<br />

petits morceaux.<br />

Il ne mangeait jamais de mets corrompus par la chaleur,<br />

ni de poisson ni des autres viandes déjà entrées en<br />

putrél action. Si la couleur en était altérée,, il n'en mangeait<br />

pas; si l'odeur en était mauvaise, il n'en mangeait<br />

pas ; s'ils a v a i e n t pe relu i e u r sa veu r, il n ' e n n i an ge a 11. pas ;<br />

si ce n'était pas des pro<strong>du</strong>its de la saison, il n'en mangeait<br />

pas.<br />

La viande qui n'était pas coupée en lignes droites» il<br />

ne la mangeait pas. Si un mets n'avait pas la sauce qui<br />

lui convenait, il n'en mangeaiI pas.<br />

Quand môme il aurait en beaucoup de viande à son repas,<br />

il faisait en sorte de n'en prendre jamais une quantité<br />

qui excédât celle de son pain ou de son riz. Il n'y avait<br />

que pour sa boisson qu'il n'était pas réglé ; maïs il n'en<br />

prenait jamais une quantité qui put porter le trouble clans<br />

son esprit.<br />

Si le vin était acheté sur nrt marché public, il n'en buvait<br />

pas; si on lui présentait de la viande sèche achetée<br />

sur les marchés, il iv'en .mangeait pas.<br />

11 ne s'abstenait pas de gingembre clans ses aliments,


154 LE LUN-YU,<br />

Il ne mangeait jamais beaucoup.<br />

• Quand on oftrait les sacrifices et les oblaiions dans les *<br />

palais <strong>du</strong> prince, il ne retenait pas pour lui, môme pour<br />

une nuit, la viande qu'il avait reçue. Quand il y offrait luimême<br />

les obial'mu^ <strong>du</strong> viande à ses ancêtres, il ite passait<br />

pas I rots jours >.ms la servir ; si les (rois jours étaient passés,<br />

nu uj" la mangeai I plus»<br />

Eu mangeant, il n "en i retenait point île conversation ;<br />

en prenait! sou repos au lit. il ne parlait point.<br />

Quand uirmr il nYùf pris que Ires-peu d'aliments, et<br />

dfs plus communs, soif <strong>du</strong>s végétaux, ou dn boni Mon, il<br />

en oflraiî haïr airs une petite quantité comme oblation ou<br />

libation; ei il taisait celte cérémonie avec le respect et fa<br />

iil'io ite eoU\éiiables.<br />

P. Si ta nalm sur laquelle il devait s'asseoir nVtait pas<br />

éten<strong>du</strong>e régulièrement, il ne s'asseyait pas dessus.<br />

10. Quand des habitants de son village l'invitaient à un<br />

festin, il ne sortait de table que lorsque les vieillards qui<br />

portaient des bâtons étaient eux-mêmes sortis.<br />

Quand les babilaislsde -on village faisaient la cérémonie<br />

nommée aô% peun* chasser 1rs esprits malins, il se revêtait<br />

de sa robe de cour, et allait s'asseoir parmi les assistants<br />

<strong>du</strong> cote oriental de la salle.<br />

11. Quand il envoyait quelqu'un prendre des informations<br />

dans d'au lie> Kl ai s. i! lui rusait deux Ibis la révérence,<br />

et l"a< comparait jusqu a une certaine dislanee.<br />

h~tw


OU LEg ENTRETIENS PDIIOSOPHIQUES. 155<br />

lièrement sur sa table et de les goûter. Lorsque le prince<br />

lui envoyait un présent de chair crue, il la faisait toujoors<br />

cuire, et il l'offrait ensuite [ aux mânes de ses ancêtres 1.<br />

Si le prince lui envoyait eu présent un animal \ivant. îl se<br />

taisait n11 devoir de le, nourrir et de l'entretenir avec soin.<br />

S'il était invite par le prince à dîner à ses coi es. lorsque<br />

celui-ci se disposait à l'aire une ylstation, le IMiilosophe en<br />

coûtait d a bord.<br />

SU était malade, et que le prince allât le voir, îl se taisait<br />

mettre la tète à l'orient, se revêtait de ses habits de cour.<br />

et se ceignait de sa pins belle ceinture.<br />

Lorsque le prinee le mandait près de lui. sans atten<strong>du</strong>*<br />

son attelage, qui le suivait, tl s\ rendait a pied.<br />

1 t. Lorsqu'il entrait dan> le grand temple des ancêtres,<br />

il s'in tonnait minutie use nie ut de chaque chose.<br />

ïÎK Sî quelqu'un de ses amis venait à mourir, n avant<br />

personne pour lui rendre les devoirs funèbres, îl disait :<br />

Le soin de ses funérailles m'appartient.<br />

Keee\ait-i! des présents de ses amis, quoique ce turent,<br />

des chars et des chevaux, s'il n'y avait pas de. viande qu'il<br />

put offrir comme obi a! ion a ses ancêtres, il ne les remerciait,<br />

par aucune ni arque de polite«..se.<br />

•!t.:é Quand il se livrait an .sommeil, il ne prenait [tas. la<br />

position d'un homme mort ; et lorsqu'il et ai! dans sa maison,<br />

il se dépouillait de sa gravite habituelle,<br />

Sî quelqu'un lui faisait une visite pendant qu il portait<br />

des habits de deuil, quand même c'en! été une personne<br />

de sa connaissance particulière, it ne manquait jamau «le<br />

changer de contenance et de prendre un aa- convenable ;<br />

s'il rencontrait quelqu'un en bonne! de cérémonie, ou qui<br />

fut aveugle, quoique lui-même ne portât que >e< \ H es ta-ni s<br />

ordinaires, il ne manquait jamais de lui témoigner de la<br />

deiérenec et (In respeei.<br />

Quand il rencontrait une personne portant. de* vèle-<br />

iioer.M'.- relation:<br />

{H-Teitr dr la CIïi!


ÎM LE LU1-YU?<br />

ments de deuil, il la saluait en descendant de son attelage ;<br />

il agissait de môme lorsqu'il renœntrait les personnes qui<br />

portaient les tablettes sur lesquelles étaient inscrits les<br />

noms des citoyens f .<br />

Si Ion avait préparé pour le recevoir un festin spientlide,<br />

il ne manquait jamais e à se s r t * ga rd s, e t î 1 va se n » pose r < 1 a 11<br />

un lieu sur.<br />

Il disait encore : « fjue le faisan qui habite là au soin-<br />

« met de la colline sait, bien choisir son temps Iponr prena<br />

dre sa nourriture] ! » Tseu-fou ayant vu le faisan* voulut<br />

le prendre ; mais celui-ci poussa trois cris, et s'envola.<br />

1<br />

Quels beaux sentiments, eî comme ils relèvent la dignité de<br />

l'homme !<br />

1<br />

Commentaire chîmîi*


OU LES ENTBETIENS PHILOSOPHIQUES. 157<br />

HIA-LUN,<br />

SECOND LIVRE.<br />

CHAPITRE XI.<br />

COMPOSÉ DE 25 ARTICLES.<br />

1. Le Philosophe dit : Ceux qui les premiers firent des<br />

progrès dans la connaissance des rites et dans fart de la<br />

musique sont 'regardés [aujourd'hui] comme des hommes<br />

grossiers. Ceux qui après eux et de notre temps ont fait<br />

de nouveaux progrès dans les rites et dans la musique sont<br />

regardés comme des hommes supérieurs.<br />

Pour mon propre psage, je suis les anciens.<br />

% Le Philosophe disait : De tous ceux qui me suivirent<br />

dans les États de Tchin et de Taaï, aucun ne vient maintenant<br />

à ma porte [-pour écouter mes leçons].<br />

Ceux qui <strong>mont</strong>raient le plus de vertu dans leur con<strong>du</strong>ite<br />

étaient Yan-youon, Min-tseu -kian, Jm-pê-nieou et<br />

Tcltoung-koyng; ceux qui brillaient par la parole et dans<br />

les discussions étaient Tsat-ngo et Tseu-koung; ceux -qui<br />

avaient le plus de talents pour l'administration «les affaires<br />

étaient Janryeou et Ki-lou; ceux qui excellaient dans<br />

les études philosophiques étaient Tseu-yeou&t Tmi~hia.<br />

3. Le Philosophe dit : Hoei ne m'aidait point [dans<br />

mes discussions] * ; dans tout ce que je disais, il ne trouvait<br />

rien dont il ne fût satisfait.<br />

4. Le Philosophe dit : Oh ! quelle piété filiale avait Miniseu-kian<br />

! Personne ne différait làniessus de sentiment<br />

* Parce qu'il élait toujours de l'avis de son maître.<br />

14


158 LE LUN-YU?<br />

avec le témoignage de ses père et mère et de ses frères.<br />

5. Nan-young trois fois par jour répétait l'ode Pekouez<br />

do Livre des Vers, KHOraG-TSiu lui donna la fiîîe de soo<br />

frère en mariage.<br />

i\. Ki-knutf-tmt demanda lequel dos disciples <strong>du</strong> Philosophe<br />

avait le plus d'application eî d'amour pour l'élude<br />

Kuoiwu-TSKr répondit avec déférence : Il était Ynn-huci<br />

qui aimait !


OU LES ENTBETIENS PHILOSOPHIQUES. 159<br />

mon fils : la cause n'en vient pas de moi^ mais de mes<br />

disciples.<br />

1 1. h'i-lon demanda comment il fallait senir les esprits<br />

et les avilies. Le Philosophe dit: Quand on nV>i pas eneore<br />

en elat de servir les h oit unes* comment pourrait-on<br />

servir les esprits et les ironies ? — Perinotte/.-nioL ajoutaf-il.<br />

ipie j'ose vous demander ce que c'est que la mort?<br />

[Le Philosophe] dît : Quand ou ne >ait pas encore ce que<br />

c'est que la vie, comment pourrait-on connaître la mort.<br />

12. \lni-h*-u se tenait près <strong>du</strong> Philosophe, Pair câline<br />

et serein; TSCU-IHH* Pair austère et. hardi; Jmi-ywtu et<br />

Ttrn-kifUïHj y Pair grave et digue. Le Philosophe cii était<br />

satisfait.<br />

En ce qui concerne V'vn ton 7>v«-A/?/, dit-il); îl ne lui<br />

arrivera pas de ruourir cIe s1rS Phinrhv :S


160 II IUI-YO,<br />

était le plus sage. Le Philosophe dit ; Ssê dépasse le but ;<br />

Cha»g ne l'atteint pas.<br />

— II ajouta : Cela étant ainsi* alors Sse est-il supérieur<br />

à Changf<br />

Le Philosophe dit : Dépasser* c'est comme ne pas<br />

atteindra.<br />

If». Ki-t:hi était plus riche que Tcheou-kovny, et cependant<br />

Kifcrn |< »vi;iit pour lui des tri huis plus considérables,<br />

et il ue faisait que de les augmenter sans cesse.<br />

Le Philosophe dit : Il n'est pas de eettx qui fréquentent<br />

mes leçons. Les petits enfants doivent publier ses<br />

crimes au bruit <strong>du</strong> lamhour, et il leur est permis de le<br />

poursuivre de leurs railleries.<br />

17. Teint i est sans intelligence.<br />

San a l'es prit lourd et peu pénétrant.<br />

S se est léger et inconstant.<br />

} von a les manières peu polies.<br />

18. la» Philosophe dit : fluct\ lui, approchait beaucoup<br />

de la voie droite' il fut souvent ré<strong>du</strong>it a îa plus extrême<br />

indigence.<br />

Sse ne voulait point admettre le mandat <strong>du</strong> ciel; mais<br />

il ne cherchait qu'a accumuler des richesses. Loin me il<br />

tentait beaucoup d'entreprises, alors il atteignait souvent<br />

sou ImL<br />

P.). T$a


OU LES ENTBETIENS PHILOSOPHIQUES. lÔf<br />

frère aîné qui existent encore [et qui sont vos précepteurs<br />

naturels] ; pourquoi donc, aussitôt que vous auriez enten<strong>du</strong><br />

une chose, la mettriez-vous immédiatement en praficjne!<br />

Yan-ypou (hmnmdii également si aussitôt qu'il avait<br />

en ten<strong>du</strong> une eh ose il devaîl la nie lire immédiatement en<br />

pratique. Le Philosophe dit : Aussitôt que vêtis lavez<br />

enten<strong>du</strong>e, mettez-la en pratique. Kony-si-ltna dit : Y mu<br />

11'seu-tou) a d e m ai 1 c 1 é si a u ss i t ù t qu'il avait en f en <strong>du</strong> une<br />

chose il devait la mettre immédiatement en pratique?<br />

Le maître a répon<strong>du</strong> : Vous avez un père et un livre aîné<br />

qui e x i st en t ei i cor e. Kh ieo u { } an -y eu u) a demandée a 11 ssitôt<br />

qu'il avait enten<strong>du</strong> une chose 1 il devait la mettre min<br />

i é ( 1 i a t e m e n t e n pn t t ï q u e. I A* mai t r e a répon<strong>du</strong> : Aussitot<br />

que vous Lavez enten<strong>du</strong>e, mettez-la en pratique. Moi,<br />

Te fit. (Kony-si-hori), j'hésite [sur le sens de ees deux réponses]<br />

; j e if ose fa î re u i ï e nouvelle question. Le Ph i 1 os< >plie<br />

dit : Quant à Kldeou^ il est toujours dispose à rem-<br />

I e r ; e "est po urq u oi j e L a i g 11 i 11 o n ne pour qu'il a v a i ie e ;<br />

} 'eou a i m e à su r pa sse r le s a 11 f res hommes; e "e s ! \ m i1 rquoi<br />

je le retiens.<br />

22, Le Philosophe éprouva un jour une alarme dans<br />

Kouang. Yan-youan était resté en arrière. (Lorsqu'il eut<br />

rejoint], le Philosophe lui dit ; Je vous croyais mort :<br />

[Le disciple] dit : Le mai ire étant vivant, comment iloeï<br />

(} e n-yo u a n ) osera i t- i 1 mon r i r ?<br />

23. Kï-iseu-jan 1 demanda si Tchouang-yeou et Yankh<br />

ieo u pou v ai e n t é t r e a p p e 1 es de grands m i n i st res.<br />

Le Philosophe répon<strong>du</strong> : Je pensais que ee serait sur<br />

des choses importantes et extraordinaires que vous me<br />

feriez une question, et vous êtes venu me parler de Y cou<br />

et de Kl d eou î<br />

Ceux que Ton appelle grands ministres servent leur<br />

prince selon les principes de la droite raison (et. non se-<br />

> Fils puîné de Ki-vhi. qui, par la ;jrawW puissiU'ice que >a famille<br />

avait acquise. a\aîî fait [j-jouiii-r -••?.- aVux lsï> njïiieftvs.


164 . LE LUN-YU,<br />

Ion les désirs <strong>du</strong> prince] 1 ; s'ils ne le peuvent pas* alors<br />

ils se retirent.<br />

Maintenant Yêou et Khieou peuvent être considérés<br />

comme ayant augmenté le nombre des ministres.<br />

II ajouta : Alors ils ne feront donc que suivre la volonté<br />

de leur maître?<br />

Le Philosophe dit : Faire périr son père ou son prince,<br />

ce ne serait pas même suivre sa volonté.<br />

24. Tseu-lou 2 fit nommer Tseu-kao gouverneur de Pi.<br />

Le Philosophe dit : Tous avez fait <strong>du</strong> tort à ce jeune<br />

homme.<br />

Tseu-lou dit : 11 aura des populations à gouverner* il<br />

aura les esprits de la terre et des grains à ménager ; qu'at-il<br />

besoin de lire des livres [en pratiquant les affaires<br />

comme il va le faire] ? il deviendra par la suite assez instruit.<br />

Le Philosophe dit : C'est là le motif pourquoi je hais<br />

les docteurs de cette sorte.<br />

25. Tseu-lou, Th$eng-ne z $<br />

Yûn-yeou, Kong-si-hoa<br />

étaient assis aux côtés <strong>du</strong> Philosophe.<br />

Le Philosophe, dit : Ne serais-je même que d'un jour<br />

plus âgé que vous, n'en tenez compte dans nos entretiens<br />

[n'ayez aucune réserve par rapport a mon âge]. . .<br />

Demeurant à i écart et dans L'isolement* alors vous dites<br />

: Nous ne sommes pas connus. Si quelqu'un vous connaissait*<br />

alors que feriez-vous ?<br />

Tseu-lou répondit avec un air léger* mais respectueux :<br />

Supposé un royaume de dix mille chars de guerre* pressé<br />

entre d'autres grands royaumes* ajoutez même* par des<br />

armées nombreuses* et qu'avec cela il souffre de Sa disette<br />

et de la famine; que Yeou (Tseu-lou) soit préposé à son<br />

administration* en moins de trois années je pourrais taire<br />

en sorte que le peuple de ce royaume reprit un courage<br />

1 Commentaire.<br />

• f Tseu-lou était gouverneur de Ki-chi.<br />

s Père de Thsêng-tseu, rédacteur <strong>du</strong> Ta-hio.


' OU LES ENTEBTIENS PHILOSOPHIQUES. 163<br />

viril et qu'il connût sa condition. Le Philosophe sourit à<br />

ces paroles.<br />

Et v î » u s, A h ieo e, que p o n se z - v o t1 >. *f<br />

Le disciple répondit respectueusement : Supposa une<br />

| îro v î ! î et.» d e t>o î x a n f e en i d< • soi x a n f e e ! dix // d V* f e nd i1 e, nu<br />

sue me de cinquante on de soixante //, et que /xhi'-nu Miit<br />

prépose a son administration.


'164 il LUM-YUj<br />

Les trois disciples partirent, et Thsmg-sie resta encore<br />

quelque temps. Theng-sie dit : Que doit-on penser des<br />

paroles de ces trois disciples? Lé Philosophe dit : Chacun<br />

d'eux a exprimé son opinion, et voilà tout. — Il<br />

ajouta : Maître* pourquoi aves-vous souri aux paroles de<br />

Yeoul<br />

[ Le Philosophe ] dit : On doit administrer un royaume<br />

selon les lois et coutumes établies ; les paroles de Yeou<br />

n'étaient-pas modestes, c'est pourquoi j'ai souri.<br />

Mais Khieou lui-même n'exprimait-il pas le désir d'administrer<br />

aussi un État? Comment voir cela dans une province<br />

de soixante à soixante et dix li9 et même de cinquante<br />

à soixante li d'éten<strong>du</strong>e? ce n'est pas là un royaume.<br />

Et ïchi> n'était-ce pas des choses d'un royaume dont il<br />

entendait parler? ces cérémonies <strong>du</strong> temple des ancêtres,<br />

ces assemblées publiques ne sont-elles pas le privilège des<br />

grands de tous les ordres? et comment Tchi pourrait-ïl y<br />

prendre part en qualité d'humble fonctionnaire? qui pourrait<br />

donc remplir les grandes fonctions?<br />

CHAPITRE XIL<br />

COMPOSÉ DE 24 ARTICLES.<br />

i. Yan-yomn demanda ce que c'était que la verlu de<br />

l'humanité. Le Philosophe dit : Avoir un empire absolu<br />

sur soi-même^ retourner aux rites [ ou aux lois primitives<br />

de la raison céleste manifestée dans les sages coutumes ],<br />

c'est pratiquer la vertu de l'humanité. Qu'un seul jour<br />

un homme dompte ses penchants et ses désirs déréglés,<br />

et qu'il retourne à la pratique des lois primitives^ tout<br />

l'empire s'accordera à dire qu'il a la vertu de l'humanité.<br />

Maïs la vertu de l'humanité dépend-elle de soi-même^ ou<br />

bien dépend-elle des autres hommes? Yan-youan dit :<br />

Permettez-moi de demander quelles sont les diverses ra-


OU LES ENTRETIENS PHILOSOPHIQUES. 165<br />

milications de cette vertu ? Le Philosophe dit : Ne regardez<br />

rien contrairement aux rites ; n'entendez rien contrairement<br />

aux rites; ne dîtes rien contrairement aux rites;<br />

ne faites rien contrairement aux rites. Yuu-gtumn dit :<br />

Quoique Ifoeï (lui«même) n'ait pas fait preuve jusqu'ici<br />

de pénétration, il demande à nie!Ire ces préceptes en<br />

pratique.<br />

2 » 1 eàoung-hmng demanda ce (pie c'était que la ve r111<br />

de Fhumanité. Le Philosophe dit : Quanti vous èfes sorti<br />

de chez vous, coin portez-vous comme si vous deviez<br />

voir un hôte d'une grande distinct ion ; en dirigeant le<br />

peuple, eornporfez-vous avec le même respeet que si<br />

¥ons offriez le grand sacrifiée. Ce que V«UH ne désirez<br />

pas qui vous soit fait à vous-même, ne le laites pas aux<br />

antres hommes, j En vous comportant ainsi j dans le<br />

royaume, personne n'aura contre vous de ressentiment ;<br />

dans votre famille, personne n'aura contre vous de ressentiment.<br />

Tchimng-kmmg dit: Quoique Vomi g (TvlKniug-koung)<br />

n'ai! pas fait preuve jusqu'ici de pénétration, il demande à<br />

nïetI re ces préeepfes en praI.îque,<br />

3. Sse-m a~n ie ou cl e m a n d a ce q u e c e t ai t q 11 e I a v e r f 11 d < *<br />

l'humanité.<br />

Le Philosophe dit : Celui qui est doué de la vertu de<br />

Fhumanité est sohre de paroles. — 11 ajouta : (lelui qui<br />

est sobre de paroles, c'est celui-là que Ion appelle doue<br />

de la vertu de Fini nia ni te. Le Philosophe dit : Pratiquer<br />

Fhumanité est une chose difficile : pour en parler, ne tanti<br />

1 pas é i n », sol i re de paroles?<br />

•i. $se-?na-nieou demanda ce qu'élail F homme supérieur.<br />

Le Philosophe dit : L'homme supérieur n'éprouve<br />

ni regrets ni crainte. [Sse-wn-iiiMrul ajoula : Celui qui n'éprouve<br />

ni regrets ni crainte, c'est celui-là que 1 on appelle<br />

l'homme supérieur. Le Philosophe dit : Celui qui, s'elant<br />

examiné intérieurement, ne trouve en lui aucun sujet de<br />

peine, celui-là qu'au rai t-il à regretter t «pi'aurait-il à<br />

craindre?


166 LE Ll'N-Yl T ,<br />

5. Sse-nuMiieou, affecté de tristesse^ dit ; Tous les<br />

hommes ont des frères ; moi seul je n'en ai point !<br />

Tseu-hia dit : Chang (lui-même) a enten<strong>du</strong> dire :<br />

Que la vie et la mort étaient soumises à une loi immuable<br />

lixee des routine, et que les richesses et les hoiiiit•in>.<br />

iltiutinées et polies, regardant<br />

Ion- le> hommes qui habitent dans l'intérieur dv> quatre<br />

mers [tout t univers; entente ses propres frères» El! agissant<br />

ainsi, pourquoi l'homme supérieur s'aflîigcntit-il<br />

doue ne n"a\oir pas de frères ?<br />

Ci. Tscn-trhuiuj demanda ee (pie c'était que la pénétration.<br />

Le Philosophe dit ; Ne pas écouter des calomnies<br />

qui s*fn.sinuetit a petit bruit et ai une une eau qui coule<br />

doucement, et des accusations dont les auteurs seraient<br />

prêts à se couper un morceau de chair pour les affirmer :<br />

ccîa peut être appelé de la pénétration, Ne pas tenir<br />

compte des calomnies qui s'insinuent a petit bruit comme<br />

une eau qu; coule douce meut, et des are usât ions dont les<br />

auteurs sont toujours prêts a se couper un morceau de<br />

chair pour les affirmer ; cela peut être aussi appelé de<br />

Lexliéme penf-tration.<br />

7, T*rti-/;t>>r'i


OU LES ENTRETIENS PIHLOSOPHIQL'ES. 1P>7<br />

de préférence? [Le Philosophe] dit : Écartez les -provisions.<br />

Depuis la plus haute antiquité, tous les hommes<br />

sont sujets à la mort ; mais un peuple qui n'aurait pas de<br />

confiance et de -fidélité dans ceux qui le gouvernent' ne<br />

pourrait subsister.<br />

H, A o-/.vvu-ich in(j < t»Ta11cl < Ie Y KI at < !< • IIV i > dit :<br />

L'homme supérieur est naturel, sincère; et. voila tout.<br />

À quoi sert-il de lui donner les ornements de Ic<strong>du</strong>-,<br />

cation?<br />

]seu-koumj dit : Oh ï que! discours avez-vous tenu,<br />

maître, sur Ilioiiiiïte supérieur! quatre chevaux atleles<br />

ne pourraieiif le ramener dans votre bouche, Les urnoirienls<br />

de I é<strong>du</strong>cation seul comme le naturel : le naturel',<br />

comme les ornements de l'é<strong>du</strong>cation. Les peaux de fbxe<br />

et de léopard, lorsqu'elles sont tannées, sont comme les<br />

pea 11 x (I e e ! J i en e t de m o u t o n 1a ri nées.<br />

il. jSynï-kounti questionna Yvou-jo en ces termes :<br />

L'année est stérile, et les revenus <strong>du</strong> royaume nesulliseut<br />

pas; que taire dans ces circonstances?<br />

) eon-jo répondit avec déférence: Pourquoi n'exi^ezvous<br />

pas la dime?| Le prince | dit : Les deux dixièmes<br />

ne me suffisent pas; d'après cela, que ferais-je <strong>du</strong><br />

dixième seul?<br />

I Yeau-jo | répondit de nouveau avec déférence : Si les<br />

cent familles [tout le peuple chinois! oui le suffisant,<br />

comment le prince ne l'aurait-il pas? les cent familles<br />

n ayant pas le suffisant» pourquoi le prince î exi^eraiMr'<br />

10. Twu-tchawj lit une question concernant la manicie<br />

dont y n pouvait accumuler des vertus el di>siper les erreurs<br />

de l'esprit. Le Philosophe dit : Mettre au premier<br />

rang la droiture et la fidélité à sa parole ; se livrer a tout<br />

ce qui est juste [en tachant de se perfectionner chaque<br />

jour]: c est accumuler des vertus. Lu aimant quelqu'un,<br />

désirer qu'il vive; en le détestant, désirer qu'il meure,<br />

c'est par conséquent désirer sa vie. el, en outre, désirer<br />

sa mort ; c'est la le trouble, l'erreur de l'espriL<br />

L'homme parlait ne recherché point je-». riehes>es: jj a


168 LE LtJN-YtJ,<br />

même^<strong>du</strong> respect pour les phénomènes extraordinaires *,<br />

•11. King-kong, prince de Thsi> questionna IHOUNG-<br />

TSEU sur le gouvernement.<br />

KHOUNG-TSEU lui répondit avec déférence : Que le<br />

prinee M»îI prière; le ministre, ministre; le père, père;<br />

Ii i fils, Mis. | Le prinee | ajouta : Fort tiien ! c'est la vérité. 1<br />

si te prinee n est pas prince, si le ministre n'est pas ministre,<br />

si le pi Te nesl pas père, si le fils n'est pas fils»<br />

quoique les revenus territoriaux soient abondants, comment<br />

parviendrais-je à en jouir et à les consommer?<br />

1 i. Le P h i hisi>j) 1 ïe dit : CeIui cjoi a\< i e la moitîé d*une<br />

parole peut terminer des di lié rends, n'est-ce pas Yeou<br />

(Tseu-Iou)?<br />

Tmi-lou ne met pas l'intervalle d'une nuit dans i'exéeulion<br />

de ses résolulions.<br />

I » \. L e 1 * 11 i 1 oso j ) 11 e d i t : J e p u ï s écoi iter de s p I ai d oîrî es<br />

et juger des procès comme les autres hommes; niais ne<br />

serait-il pas plus nécessaire de faire en sorte d'empêcher<br />

les procès -?<br />

•M. 7 seu - i ch cm g fît une q u e s I i on si t r 1 e go o v e me m e n I.<br />

Le Philosophe dit : lie liée hissez mûrement, ne vous lassez<br />

j a m a i s de fa ï r e 1 e h i e n et de trait er 1 es ch oses a ve c<br />

droiture.<br />

KL Le Philosophe dit : Celui qui a des études trèséten<strong>du</strong>es<br />

en littérature se fait un devoir de se conformer<br />

a n \ rites; il j >e ut m e m e p ré v e i ï i r 1 e s séd it i o ns.<br />

10. Le Philosophe dit : L'homme supérieur perfectionne<br />

on développe les bonnes qualités des autres<br />

hommes; il ne perfectionne pas ou ne développe pas<br />

leurs mauvais penchants: l'homme vulgaire est l'opposé.<br />

17. Ki-kong-tsfu questionna KIIOOG-TSEI: sur le gouv<br />

e r n e m e n L K ! i o r N c. -TS E r r e j >o 11 d il a Y e c cl é le re n c e : L e<br />

gouvernement, c'est ce qui est juste et droit. Si vousgou-<br />

1 Plusieurs n>{iirm:ïit;it


OU LES ENTRETIENS PHILOSOPHIQUES. 169<br />

wernez avec justice et droiture, qui oserait ne pas être<br />

juste et droit?<br />

•18. Al.-kmg-i$eu, ayant une grande craint*' des voleurs,<br />

questionna KIIOLNG-TSEU à leur sujet. Knor.\


170 LE LUN-YUj<br />

les provinces^ on entendra Men parier de soi ; si Ton réside<br />

dans sa famille, on entendra bien parler de soi.<br />

21. Fan-ichi ayant suivi le Philosophe dans la partie<br />

inférieure <strong>du</strong> lieu sacré où Ton faisait les sacrifices an<br />

ciel pour demander la pluie f!!W//«] dît ; Permettezmoi<br />

que j'ose voit s demander ce qu'il faut faire pour accumuler<br />

des vi-ri us. se corriger de ses défauts» et discerner<br />

les erreurs de l'esprit l .<br />

Le Philosophe dit ; Oh! c'est, là une grande et belle<br />

question î<br />

Il faut placer avant lout le devoir de faire ce que Lon<br />

doit faire | pour acquérir la vertu], et ne mettre qu'au<br />

seeoiid ran^ le fruit que l'on en obtient; u"est-ce pas là<br />

aeeuiiailer des vertus? coin bat Ire ses défauts ou ses mauvais<br />

penchants, ne pas combattre les défauts ou les mauvais<br />

penchants des autres: n'est-ce pas là se corriger de<br />

ses défauts? par un ressentiment ou une colère d'un seul<br />

nia tin perdre son corps, pour que le malheur atteigne ses<br />

parents : n'est-ce pas la un trouble de l'esprit!<br />

22, /''(tit-fcfti demanda ce que c'était que la vertu de<br />

l'humanité. Le Philosophe dit ; Aimer les hommes. — Il<br />

demanda ce que c'était que la science, 1-e Philosophe dit :<br />

C o u n a i t r e I es h o i n m e s, /• V/ « - / /.-// /11 e | le n é t r a pas 1 e sens (î e<br />

ces réponses.<br />

Le Philosophe dît : Elever aux honneurs les hommes<br />

j u s ! e s e f d i "o i t s, e t r e p o u sse r t ou s 1 e s | >e r v e r s : o n pe ni, e ri<br />

agissant ainsi, rendre les pen ers justes ei droits.<br />

f'\ni-t(/t*\ en s'en retournai!!, rencontra Tseit-hia, et lui<br />

dit : Je viens de faire une visite a notre maître, et je Lai<br />

questionné sur la science. Le maître m'a dit : Elever aux<br />

honneurs les h o i n m e s j u > t es e I droits, et re pousst * r t o u s<br />

les pervers: on peut, en agissant ainsi, rendre les pervers<br />

juste-, et droit*. Uu'a-l-il voulu dire?<br />

Tsf/t h in dit. : Oh î que ces paroles sont fertiles en appliquons<br />

î<br />

1 Y..\.-/. YÀfttfh 0.» ;»; lïi


OU LES ENTRETIENS PHILOSOPHIQUES. 171<br />

Chun. ayant obtenu l'empire, choisit parmi 1;< Ion h» et<br />

éleva aux plus grands honneurs A"//*>-////


172 LE LUff-YUj<br />

koung] ajouta : Comment connaître les hommes-de vertus<br />

et de talents afin de les élever aux dignités? [Le Philosophe<br />

] dit : Élevez aux dignités ceux que vous connaissez<br />

être tels ; ceux que vous ne connaissez pas, croyez-vous<br />

que les autres hommes les négligeront ?<br />

3. Tseurlou dit : Supposons que le prince de l'État de<br />

Mm vous désire, maître, pour diriger les affaires publiques;<br />

à quoi vous appliqueriez-vous d'abord de préférence<br />

?<br />

Le Philosophe dit : Ne serait-ce pas à rendre correctes<br />

les dénominations'mêmes des personnes et des choses?<br />

Tseurlou dit:"Est-ce véritablement cela? Maître, vous<br />

vous écartez de la question. A quoi bon- cette rectification?<br />

Le Philosophe dit : Vous êtes bien simple, Yêou ! '<br />

L'homme supérieur, dans ce qu'il ne connaît pas bien^<br />

éprouve une sorte d'hésitation et d'embarras.<br />

Si les dénominations ne sont pas exactes, correctes,<br />

alors les instructions qui les concernent n'y répondent pas<br />

comme il convient ; Jes instructions ne répondant pas aux<br />

dénominations des personnes et des choses, alors les • affaires<br />

ne peuvent être traitées comme il convient.<br />

Les affaires n'étant pas traitées comme il convient,<br />

alors les rites et la musique ne sont pas en honneur ; les<br />

rites et la musique n'étant pas en honneur, alors les peines<br />

et les supplices n'atteignent pas leur but d'équité et de<br />

justice ; les peines et les supplices n'atteignant pas leur<br />

but d'équité et de justice, alors le peuple ne sait où poser<br />

.sûrement ses pieds et tendre ses mains.<br />

C'est pourquoi l'homme supérieur, dans les noms qu'il<br />

donne, doit toujours taire en sorte que ses instructions y<br />

répondent exactement ; les instructions étant telles, elles<br />

devront être facilement exécutées. L'homme supérieur,<br />

dans ses instructions, n'est jamais inconsidéré ou futile.<br />

4. Fan-tchi pria son maître de l'instruire dans l'agriculture.<br />

Le Philosophe dit : Je n'ai pas les connaissances<br />

d'un vieil agriculteur. Il le pria (Je lui enseigner la culture


OU LES ENTRETIENS PHILOSOPHIQUES. 173<br />

des jardins. 11 répondit : Je n'ai pas les connaissances d'un<br />

vieux jardinier.<br />

Fm-tchi étant sorti, le Philosophe dit : Quel homme<br />

vulgaire que ce Ffut-sin !<br />

Si ceux qui occupent les rangs supérieurs dans la société<br />

aîilient à observer lis rites, alors le peuple i/osera<br />

pas ne pas les respecter; si les supérieurs se plaisent dans<br />

la pratique de la justice, alors lt* peuple n'osera pas ne<br />

pas être soumis; si les supérieurs chérissent la sincérité<br />

et la fidélité, alors le p* ai pie n os< ra pas ne pas pratiquer<br />

ces vertus. Si les elioses se passent ainsi, alors les peu|îles<br />

descpiatre régions, portant sur leurs épaules leurs en tant s<br />

enveloppes de langes, accourront se ranger sous vos lois.<br />

| Quand on peut faire do pareilles choses], à quoi bon s*oe~<br />

euper d'agriculture !<br />

o. Le Philosophe dit : Qu'un boni nie ait appris à réciter<br />

les trois cents odes <strong>du</strong> /Jrro *h'a lerx, s 11 reçoit un<br />

traitement pour exercer û\"> fondions dans l'administration<br />

publique,qu'il ne sait pas remplir; ou s'il est envoyé<br />

comme ambassadeur dans les quatre régions <strong>du</strong> monde.<br />

sans pouvoir par lui-même accomplir convenablement sa<br />

mission : quand même il aurait encore lu davantage, à<br />

quoi cela servirait-il ?<br />

Ci. Le Philosophe dit : Si la personne de celui qui commande,<br />

aux antres ou qui les gouverne i % >\ dirigée < la près<br />

la droiture et l'équité, il n a pas besoin d'en'don lier le bien<br />

pour qu'en le pratique ; si sa personne n'est pas dirigée<br />

pur la droiture et l'équité, quand même il ordonnerait le<br />

bien, il ne serait pas obéi.<br />

7. 1 J i ! :> 1 \ i ! oso p 1 î e dit: Le s go 11 ve r n e in e n I s < 1 e s E tais d. e<br />

Lou et de 11 Vï so11( frères.<br />

H. Le Philosophe disait de /t'ony-tsen-king. grand de<br />

11/îaf de Weï, qu'il s était parlai!ornent bien comporté<br />

dans sa famille. Quand il commença à posséder quelque<br />

chose, il disait : J'aurai un jour davantage : quand il eut<br />

un peu plus, il disait ; (Test bien : quand il eut de grandes<br />

richesses, il disait ; ('/est parlait.<br />

! 5.


174 LE LUN-YtJ?<br />

9. Le Philosophe ayant voulu se rendre dans l'État de<br />

Weï3 Yan-yeou con<strong>du</strong>isit son char.<br />

Le Philosophe dit.: Quelle multitude [quelle grande population!<br />

!<br />

Ynn-m'ouiX\\ : l'ne grande imiltitiiclc, en effet, Qu'y aurait-il<br />

à faire pour elle? Le Philosophe dit : La rendre<br />

riche et heureuse. [Le disciple] ajouta : Quand elle serait<br />

r î ( i i e e l ic i ! r e 11 se, c f u e fa 11 < ! l'a i I - i 1 f a i re encore pu u r e 1 le<br />

(Le Philosophe] dit: L'instruire.<br />

10. Le Philosophe dit : Si jttn gouvernement] voulait<br />

11 te i ï i p lo y e r ai i \ a 11 a i res p u I ili q i les, dans le eu tirs d'il ne douzaine<br />

de lunes je pourrais déjà reformer quelques abus;<br />

dans trois années, la réformai ion serait complète.<br />

11. lit* Philosophe dit: n Si des hommes sages et, ver-<br />

« tueux gouvernaient, un Llial pendant sept années, ils<br />

« pourraient dompter les hommes cruels (les convertir au<br />

». bien! et supprimer les supplices. » Qu'elles sont parfaites<br />

ces paroles jdes anciens sages) !<br />

M. Le Philosophe dit : Si je possédais le mandat de la<br />

royauté, il ne me. faudrait pas plus d'une génération 1 1<br />

pour<br />

faire regner partout la vertu de l'humanité.<br />

13. Le Philosophe dit : Si quelqu'un règle sa personne<br />

selon les principes (h* l'équité et de la droiture, quelle ditlienlte<br />

épî'oitvcra-t-il dans l'administration dit gouvernement?<br />

s'il ne règle passa personne selon les prineines de<br />

l'équité et de la droiture, comment pourrait-il rectifier la<br />

con<strong>du</strong>ite des antres hommes?<br />

U. ïtm-ijviM étant revenu de la cour, le Philosophe lui<br />

dit : Pourquoi si tard? [Le disciple] lui répondit respectueusement<br />

; Nous avons eu à traiter (ks aiîaires^eonecrnant<br />

l'administration. Le Philosophe dit : C'étaient des<br />

aflaiivs de famille, sans doute ; car s'il se tut agi des affaires<br />

d'administration publique, quoique je ne sois plus<br />

en fonctions^ je suis encore appelé à en prendre connaissauce.<br />

* Un laps de temps de trente années. (TCHOU-HI.)


OU LES ENTRETIENS PHILOSOPHIQUES. 175<br />

15. Ting-kùng (prince de Lou) demanda s'il y avait un<br />

mot qui eût Sa puissance de faire prospérer un État,<br />

Ki!orN


176 LE LUN-YU,<br />

nels, alors les grandes affaires ne se termineront pas convenablement.<br />

18. Ye-kong} s'entretenant avec KHOUNG - TSEU, dit :<br />

Bans mon village, il y a un homme d'une droiture et d'une<br />

sincérité parfaites; son père ayant volé un mouton, le<br />

ils porta témoignage contre lui.<br />

KHOUNG-TSEU dit : Les hommes sincères et droits de<br />

mon lieu natal diffèrent beaucoup de celui-là : le père<br />

cache les fautes de son fils, le fils cache les fautes de son<br />

père. La droiture et la sincérité existent dans cette con<strong>du</strong>ite.<br />

49. Fan-tchi demanda ce que c'était que la vertu de<br />

Fhumanité. Le Philosophe répondit : Dans la vie privée,<br />

ayez toujours une tenue grave et digne ; dans le maniement<br />

des affaires, soyez toujours attentif et vigilant ; dans<br />

les rapports que vous avez avec les hommes, soyez droit<br />

et fidèle à vos engagements. Quand même vous iriez parmi<br />

les barbares des deux extrémités de l'empire, vous ne<br />

devez point négliger ces principes.<br />

20.' Tseu-koung fit une question en ces termes : A<br />

quelles conditions un homme peut-il être appelé lettré<br />

<strong>du</strong> premier ordre (ssé), ou homme d'État? Le Philosophe<br />

dit : Celui qui, dans ses"actions et dans sa personne, a<br />

toujours le sentiment de la honte <strong>du</strong> mal ; qui, envoyé<br />

comme ambassadeur dans les quatre régions, ne déshonore<br />

pas le mandat de son prince : celui-là peut être appelé<br />

lettré <strong>du</strong> premier ordre ou homme d'État.<br />

[ Tseu-koung] ajouta : Permettez-moi de vous demander<br />

quel est celui qui vient après. [Le Philosophe] dit :<br />

Celui dont les parents et les proches vantent la piété filiale,<br />

et dont les compagnons de jeunesse célèbrent la déférence<br />

fraternelle.<br />

Il ajouta encore : Permettez - moi de vous demander<br />

quel est celui qui vient ensuite ? [ Le Philosophe ] dit :<br />

Celui qui est toujours sincère dans ses paroles, ferme et<br />

persévérant dans ses entreprises, quand môme il aurait<br />

la <strong>du</strong>reté de la pierre, qu'il serait un homme vulgaire, il


Oiî LES EOTRETIENS PHILOSOPHIQUES. 111<br />

peut cependant être considéré comme celui qui suit immédiatement<br />

11 poursuivit ainsi ; (Jeux qui sont de nos jours à la<br />

tète de l'administration publique, quels hommes sont-ils?<br />

Le Philosophe dit : Hélas! et* sont des hommes de la<br />

même eapaeîte que le boisseau nommé twm et la mesure<br />

nouunéec//"^C


178 LE LUN-YU,<br />

penser ? Le Philosophe dit : Cela ne suffit pas pour porter<br />

sur lui un jugement équitable. Ce serait bien différent<br />

si les hommes vertueux d'entre les habitants de ce village<br />

le chérissaient, ti M les hommes vicieux de ee même, village<br />

le haïssaient.<br />

i r>. Le 1 > 11 i I « K ; » | i 11 e dit : I / h oi unie su pér ie ur est f ac - i<br />

'meut servi, mais difficile]nent satisfait. Si on tache de lui<br />

déplaire par des moyens coiitiaires à la droite raison, il<br />

n'est point satisfait. ihu\> l'emploi qu'il fait (les hommes,<br />

il mesure leur capacité | il les emploie .selon leur capacité!.<br />

J/homme vulgaire est difficilement servi et facilement<br />

satisfait. Si ou tâche de lui plaire, quoique ce soit par<br />

des moyens contraires à la raison, il est également satisfait.<br />

Dans l'emploi qu'il fait des hommes il ne cherche<br />

cpie son avantage personnel.<br />

2t>, Le Pinlos-.-phe dit : (/homme supérieur, s'il se.<br />

trouve dans une haute position, ne <strong>mont</strong>re point de faste<br />

et d'orgueil; l'homme vulgaire inentre <strong>du</strong> faste et de l'orgueil,<br />

sans être dans une position élevée.<br />

*27. Le Philosophe dit : L'homme qui est ferme, patient»<br />

s i n i p 1 e c t n a 111 r e L sol > i v. e n pa r o 1 es, a p proc 11 e bea 11<br />

cou j) fie la vertu de l'humanité.<br />

iH. Tssn-fou fit une question en ces termes : A quelles<br />

conditions un homme peut-il être appelé lettré <strong>du</strong> pre-<br />

111 i e r ordre, on homme d * E t at ? Le 1 * l li losoph e ci i t : f le -<br />

c h e r c lier le v r ai ave c si n c e r i t é _, e x pose r le rc si i 11 a t cl e ses<br />

recher i • h< *s oi i de ses î i ï n >r m at ions a v ec la n îê nies i neeri t é ;<br />

avoir toujours un air affable et prévenant : voilà ec que Ion<br />

peut appeler les conditions d'un lettré <strong>du</strong> premier ordre.<br />

Les amis et les connaissances doivent être traités avec sincérité<br />

eî Iranchise; les frères, avec affabilité et prévenance.<br />

i ! ; ». L e t * h i 1 (. >so p h e d i t : Si u n h o m m c v e r t u e u x i n st r u i -<br />

sait ie peuple p< a u la rit sept ans, il pourrait le rendre lutin<br />

le dans fart militaire.<br />

;!fi. Le Philosophe dit : Employer à l'armée des populations<br />

non instruites dans fart militaire, c'est les livrer a<br />

leur propre perte.<br />

.j


OU LES E.MHBTIBNS PHILOSOPHAI ES. 179<br />

CHAPITRE XIV.<br />

COMPOSÉ DE 47 ARTICLES.<br />

J. Mien l demanda ce que c'était que la honte» Le Philosophe<br />

dit : Quand FEfaf est gouverne par les principes<br />

de la droite raison., recevoir des émoluments-; quand<br />

l'Etat n'est pas gouverné par les principes de la droiteraison,<br />

recevoir également des émoluments : c'est là de<br />

la honte.<br />

2. — Aimer à dompter son désir de combattre, et ne<br />

j ) as sa t i s t a i r e se s r e sse n t i me n t s ni s es pe ne 11 a n I s a v i c 1 < » s :<br />

cela i te peu t- i 1 pas et re e onsi déré e om m e la v crin d e F1111 -<br />

inanité?<br />

Ee Philosophe dit : Si cela peu! être considéré comme<br />

difficile, comme la vertu de l'humanité, c'^f ee que je ne<br />

sais pas.<br />

3, Ee Philosophe dît ; Si un lettré aime trop l'ogive te<br />

e t I e r e pus de sa d e m e 11 r e, il n'est pa s d i gn e d *è t r e c o n s i -<br />

déré coinrne lettré,<br />

•i. Le Philosophe dit : Si l'État est gouverné par les<br />

principes de la droite raison., parlez hautement et dignement,<br />

agissez hautement, et dignement. Si l'Etat n'est pas<br />

gouverné par le^ principes de la droile raison, agissez<br />

toujours hautement et dignement, mais partez avec mesure<br />

et précaution.<br />

">. Le Philosophe dit : Celui qui a des vertus doit avoir<br />

11 ï fa cuit é de* s e x pr in i e r fa e i 1 e m e n t : c e lui q ni a I a 1 a c u 11. é<br />

i Petit îR»iti remplir .'ii.:ti\ï'in«>!}l >rs f«>ii émoluments : dan><br />

1 **tn r{ }'autre un i|>>it «•wwjwr «i< h IK-IIC-. !YU


180 LE LUN YU,<br />

de s'exprimer facilement ne doit pas nécessairement posséder<br />

ces vertus. Celui qui est doué de la vertu de l'humanité<br />

doit posséder le courage viril ; celui qui est doué<br />

<strong>du</strong> courage viril ne possède pas nécessairement la vertu<br />

de illliiïiîiiiitr.<br />

0. 3 'an -kv u ng- ko uu q o e s t i o n ri a Knoi: N a - TSE I: en e e s<br />

ternies : F savait parfaitement tirer de Tare ; i\gao savait<br />

parfaitement con<strong>du</strong>ire un navire, même dans un bassin à<br />

sec» L'un et l'autre cependant ne trouvèrent.-ils pas la<br />

11 i 11 r t ? î « e t 1 s ie I a ! M ni r a i e n t I a t e r re < l e I e u r pro pr e pe i<br />

sonne, et cependant ils obtinrent l'en i pire. Le maître ne<br />

répondît point. I\'! ac ée j.<br />

On demanda quel était Koaau-tchoung. Il dit : C'est un<br />

homme qui avait enlevé à l*c-chi* un fief de trois cents<br />

i a m i 11 e s. [ C< -pendant e e d e r 11 i e r ], se n o 11 r r i ssa n t d aliments<br />

1 v. Uni a 11 n o 1, j e 11, i: h A t i e 1) i c n, , > d i î n i > s s i u i i {> r o x e r b e IV n n e a t


OU LES ENTRETIENS PHILOSOPHIQUES.' 181<br />

grossiers* ne laissa échapper jusqu'à la fin de ses jours aucune<br />

parole de ressentiment ou d'indignation.<br />

41. Le Philosophe dit : Il est difficile d'être pauvre, et<br />

de n'éprouver aucun ressentimenf ; îl est facile eueompaî*aissoph< à diI : Mvrtg-faiag-tclnt «g ra11? 1 \\nu-ihmn<br />

a i r e <strong>du</strong> r o y a 11 m e de /A m) est t r e s- j » r< >| > n * a et i *e le p i vni<br />

i e r i i it e ri d a n t des la i n i 11 e s 7 V/r «o e t II e * l ; mais i 1 n '< -s t<br />

pas capable d'être grand tond i on n aire des petits Ktals de<br />

Ting et de *S7#.<br />

13. 7 'seu-Io u de m a n d a en quoi r en t s i s ! a î t V11 o i ïI n le J t ec<br />

• Oï t. ï | il î. L i • P11 i I oso p 11 e répondit ; S'il réunit h i se i e n e e d e<br />

î I e w -/ ch o u n g 2 ? 1 a 111 oc I é ra t i o n d e /i o « // -/ cft t » -, I a. l'on • e virile<br />

de Tchouanq-Ueu de l*îan' A , l'habileté flans les arts de<br />

Jen-khieciu : m; outre cela, il esl versé dans la connaissance<br />

de s rit es e t de la mi i si q 1.1 e, i 1 pe n t é. i r e e on s i d e r é r o n J n Kî<br />

ï J n l MJI 11 nie aeeoi n pli.<br />

11 ajouta : Qu'est-il besoin que l'homme accompli de<br />

nos j ours soi t I e I q u' i 1 v ien 1 d V* t re d ee ri 11 Si _, e n v < > y a i ï t<br />

11 n pro lit à o ht e 11 î r, î 1 pe i \ se à I a j u s t i c e : s i, e n voyant u n '<br />

danger, il dévoue 1 sa vie; si, lorsqu'il s'agit d'anciens engagements,<br />

il n'oublie pas les paroles de ses jours d'au! reluis,<br />

il pourra aussi être considéré comme nn homme<br />

accompli.<br />

J 4. Le P h i 1 oso ph r * cj u es. t i o n n a K o n g-m oej, s u r n o m n t é<br />

K in k . su i * Kong -i ch o -iren-t se u :; , e 11 e e s t e i * n tes : Y a ut i 1 I e<br />

croire! on dit. que votre maître ne parle pas, ne rit pas.<br />

et n'accepte rien de personne*?<br />

Kong-nilng-kta répondit avec respect : deux, qui ont<br />

rapporté cela vont trop loin. Mon maître parle en temps<br />

i Fnnïilics «le FKfat de- Trin. avreil h- rang Oe l»..êe/, dntmo r.u\<br />

pr^mii-'i'h déficitaires.<br />

- Grand fonetjeiiiiaîre «In LOH.<br />

3 Grand iVnietittrinaîrc de la \dle de P/ee, iho > tldat ee /./.?/.<br />

* De l'Étal de Weh<br />

'•> Grand deeidairr dr ildai d- H>


183 LE LUI-YC,<br />

opportun ; il ne fatigue pas les autres de ses discours.<br />

Quand il faut être joyeux^ il rit; mais il ne fatigue pas<br />

les autres de sa gaieté. Quand cela est juste^ il reçoit ce<br />

qu'on lui ufî'i'r ; mais un nV>t pas 'fatigue de sa facilité a<br />

ivs-pytiir. Le Philosophe dit : Il se comporte ainsi ! eoni-<br />

ÏIïiM il Si* pi'Ut-ii e< a 11 polie!" ainsi !<br />

1 *'». Le I * ! J i ! t IN ip 111 M 1 i t : / s/ mg-?cou-t rhooog c h< »ri' 11ai f a<br />

obtenir <strong>du</strong> prit ire de ljm que sa postérité eût toujours<br />

la I erre de / m H/ eu sa possession, Lhampéil eût dit qu'il<br />

ne \ « s 111 a î ! p a s I " e \ i p i: d e son p ri n e e, j e n ' a j ou! e pas foi<br />

à si*s paroles.<br />

10. Le P î i i ! oso p 11 e dit: Il 'on-koog, pr i n ce de * Tçin,<br />

était un i o u r !>e sa 11 s 111 *o i f i ire ; 11 an-kong, pr \ n ee c I e 1 lis ?",<br />

était un f tôt uni»* droit, .sans fourberie.<br />

17, / >• vu /< / // d il : 11 u a - /,• ; a t g tua K ong-fs e u-k ko u.<br />

7 / • // < m // n i'i 111 o n r* u I avec lui; K mum-tch o un g ne mourut<br />

pas : ne do il-on pas dire qu'il a manqué de la vertu de<br />

i'Iiumanite?<br />

Le- Philosophe dit : l Van-k on g réunit et pacifia tous<br />

les grands de l'rJaf, sans recourir a la forée des armes;<br />

ce résultat fut dû à l'habileté de h'ounn-tdtuung : quel est<br />

relui dont l'humanité peut égaler la sienne?<br />

1S. '/ k*« - /a >u.Hg dît. : /i e w < e i -^ r// o u n g ï i * e t a î t. pu s d on 11 é<br />

de la vertu de l'humanité. 1 ajrsipie ! 1 >///-/«•ng tua KongtMv.-!\ietïu+<br />

\fioui!)


OU LES ENTRETIENS PHILOSOPHIQUES.<br />

-183<br />

dîocre fidélité, en s'étraoglant ou en se jetant dans un<br />

fossé plein dVau, sans laisser un suit venir dans la mémoire<br />

tles hommes l !<br />

1 î ). L'intendant de K ong-fclio-ii v n-h^u y é ! • i ri t devenu<br />

ministre par h* choix et avec l'appui de ce taraud, d i militaire,<br />

se rend il avec lui à la. cour <strong>du</strong> prince. Le Philosophe,<br />

ayant appris ce fait, dit : II et ai! digne par ses ver! us<br />

et ses connaissances d'être considère comme paré <strong>du</strong>s orn<br />

émeut s de l* é<strong>du</strong>cation iwein,<br />

&K Le Philosophe ayant dît que Liiiy-kony, prince de<br />

Weïf était sans principes, hlt


484 LE LUN-YU,<br />

KHOUNG-TSIU dit : Comme je marche immédiatement<br />

après les grands dignitaires, je n'ai pas cru devoir me<br />

dispenser de vous faire connaître l'événement. Le prince<br />

dit : C'est à mes trois grands dignitaires qu'il faut exposer<br />

le fait.<br />

Il exposa le fait aux trois grands dignitaires, qui jugèrent<br />

que cette démarche ne convenait pas. KHOUNG-TSEU<br />

ajouta : Comme je marche immédiatement après les<br />

grands dignitaires, je n'ai pas cru devoir me dispenser<br />

de vous faire connaître le fait.<br />

23. T§êu-lou demanda comment il fallait servir le<br />

prince. Le Philosophe dit : Ne l'abusez pas, et résistez-lui<br />

dans l'occasion.<br />

24. Le Philosophe dit : L'homme supérieur s'élève continuellement<br />

en intelligence et en pénétration ; l'homme<br />

sans mérites descend continuellement dans l'ignorance et<br />

le vice.<br />

25. Le Philosophe dit : Dans l'antiquité, ceux qui se livraient<br />

à l'étude le faisaient pour eux-mêmes; maintenant,<br />

ceux qui se livrent à l'étude le font pour les autres [pour<br />

paraître instruits aux yeux des autres 1 ].<br />

26. Kieou*pe-yu (grand dignitaire de l'État de Weï) envoya<br />

un homme à KHOUNG-TSEU pour savoir de ses nouvelles.<br />

KHOUNG-TSEU fit asseoir l'envoyé près de lui, et lui<br />

fit une question en ces termes : Que fait votre maître ?<br />

L'envoyé répondit avec respect : Mon maître désire diminuer<br />

le nombre de ses défauts, mais il ne peut en venir à<br />

bout. L'envoyé étant sorti, le Philosophe dit : Quel digne<br />

envoyé ! quel digne envoyé ! '<br />

27. Le Philosophe dit que lorsqu'une chose ne rentrait<br />

pas dans ses fonctions, il ne fallait pas se mêler de<br />

la diriger.<br />

28. THSêNG-TSEU dit : ce Quand l'homme supérieur<br />

médite sur une chose, il ne sort pas de ses fonctions. »<br />

(Y-King.)<br />

* Commentaire,


OU LES ENTRETIENS PHILOSOPHIQUES. 185<br />

29, Le Philosophe dit : L'homme supérieur rougit de la<br />

crainte que ses paroles ne dépassent ses actions.<br />

30, Le Philosophe dit : Les voies droites, ou vertus<br />

principales de l'homme .supérieur, son! au nombre de<br />

trois, qne je n'ai pas encore pu complètement atteindre;<br />

lit vertu da i iauiiiiiiii(\ qui dissipé U-> Ois!esses ; la avicfivc*<br />

qui dissipe les don les de Le;? prit ; et îe vuuntfje vïvtL qui<br />

dissipe les craintes.<br />

Tseu-kountj dit : Notre maître parle de lui-même avec<br />

trop d'humilité.<br />

31, Tseu-ko un g s'oee upaîf à eo m pa rc r entre eux les<br />

hommes des diverses contrées. Le Philosophe- dit : S$et<br />

vous êtes sans doute» un saue fivs-eclaire ; quant a moi, je<br />

ri * a i p 11 s asse z c 1 e î o î s i r p« m r 11 f o e c u pe r d e e e s e I a .est ss.<br />

3 i. X e v o u s a H1 i i^è z j ? a s d. e e e q « «. • 1 < *s h o n n u es 11 e vous<br />

connaissent point ; niais affligez-vous plu lot de ce que vous<br />

n'avez pas encore pu mériter «l'être connu.<br />

3 3. Le P1 îi I o so p 11 e d i t : N e p a s se revoit e r d e t r e t r o î I I p < ;<br />

par les hommes, ne pas se prémunir contre leur manque<br />

de î'< J î, t ors( j ne e e peut lni.it oi i. La pre v u d a v; 11 i ce » 11'est -ce<br />

pas là être sage ?<br />

ML Weï-aertf/, surnommé Mrou, s'adressant à KiiorNCisix,<br />

lui dit : Kfiitor [petit nom <strong>du</strong> Philosophé!, pourquoi<br />

étes-vous loujours par voies v-t p;»r chemins p.air propager<br />

votre doc I ri ne? N'ai niez-vous pas un peu trop a en<br />

parler!<br />

K i ! o i N O'ïSEï • dit : Je n 'oser a i s nie pe r m e 11 ro d a î n 1er<br />

trop a persuader par la parole ; niais je liais Tons?ina!ion<br />

à s'attacher a une idée jixe.<br />

33. Le Philosophe dit : Quand on voit le beau cheval<br />

nomme' A7, on ne loue pas en lui la force, mais les qualités<br />

.supérieures.<br />

30. Quelqu'un dit : Que doii-on penser de relui qui rend<br />

bienfaits pour injures 1 V<br />

* Voyez Y Évangile et le Koran. L'Évangile dit qu'il faut rendre îc<br />

bien pour îe maî ; îe Koran, qu'il faut rendre îc maî pour îe mal. Le


186 LE LUK-YU,<br />

Le Philosophe dit : [Si Ton agit ainsi], avec quoi payerat-on<br />

les bienfaits mêmes ?<br />

Il faut payer par l'équité la haine et les injures^ et les<br />

bienfait* perdes bienfaits,<br />

,17, Le lin!' !>• 'plie dit i Je ut» suis connu de personne.<br />

Isca-lnninj dil : Comment se fait-il que personne fie<br />

\ous < onuaN>e ? Le iMiilnsopîir dit : Je iiVn veux pas au<br />

•It'i» te II er ji... *s honnîtes. Humble et simple ettidiasil,<br />

je Miis arrive par moi-même à pénétrer les choses.<br />

Si quelqu'un nu' connaît, e*esf le ciel !<br />

."ÎS. k


OU LES ENTRETIENS PHILOSOPHIQUES. 187<br />

et cependant il s'applique toujours activement à Ses propager.<br />

_ :<br />

•ii. Le Philosophe étant un jour occupe «i jouer de sou<br />

i us! ri» neuf de pierre nomme 4e «7. dans tlsf af de if//,<br />

un homme, portant un panier sur ses épaules, vint a pas­<br />

ser devant la porle de KiMH'Vi-Tsr.r, et sï.rria : t i11 ! qu'il<br />

a de coeur, celui qui joue ainsi dit /.•/>/7/<br />

Après tu) instant de alertée, il ajouta : II les hommes<br />

vils ! quelle harmonie! kinff ! /art y ! personne ne sait l'ap­<br />

précier. Il a cesse de joie a- ; c'est fini.<br />

« Si l'eau est. profonde, alors ils la passant sans relever<br />

« leur relie;<br />

« Si elle n'est pas profonde, alors ils la relèvent L »<br />

Le Philosophe dit. ; Pour celui qui est. persévérant et<br />

terme il n'est rirai de difficile.<br />

• i 3 » 'i - v - ' ' > -i clta n7 d i I : Le t li0 u l;i)/ 7 rapporte que /wv. -<br />

tiourtff passa dans le Liany-f/n- Irois années sans parler;<br />

q u e I est 10 se ri s ri e e e pa s s; 1 ^ < ' ?<br />

L e 1 * 11 i J < >so p 11 e ( 1 i t : 1 * o u r q u o i c i t e- r se u k ' 11 le 11 i fùto • /se wi 7 ?<br />

Tous les hommes de l'antiquité agissaient ainsi. Lorsque<br />

h* prince avait cesse de vivre», tous les macj.-irals ou fonc­<br />

tionnaires publies qui continuaieiil leurs fondions recevaient<br />

<strong>du</strong> premier ministre leurs mslruclions pendre 1<br />

trois années.<br />

4-4. Le Philosophe dit : Si celui qui occupe le peaeicr<br />

rang dans tTJaf ait ne à se conformer aux nies, alors. îe<br />

peuple se laisse tacitement trouverner.<br />

4-è». '/seu-lon demanda ce qu'était l'homme supérieur.<br />

Le Philosophe répondit : Il sYfloree constamment, d a-<br />

rnéliorer sa., personne pour sait f ire r le respect. - • Cesî ta<br />

tout ce quïl tait ? — il améliore constamment sa personne<br />

pour procurer aux. autres <strong>du</strong> repos et de la tranquillité.<br />

— Ces! là tout ce qu'il fait? — II améliore constamment<br />

sa personne pour rendre heureuses toutes les populations.<br />

î Citation dt dViv fin IVc ilVi-Mec;. lsli"f.irc imiir iM-rr 1-. ;iii!:c -


188 LE LUN-YUj<br />

II améliore constamment sa personne pour rendre heureuses<br />

toutes les populations : Yao et Chun eux-mêmes<br />

agirent ainsi.<br />

46. Youan-jang ,(un ancien ami <strong>du</strong> Philosophe), plus<br />

àiie que lui. était a^H Mtr le si>ph


OU LES ENTRETIENS PHILOSOPHIQUES. 189<br />

quèrent complètement. Les disciples qui le suivaient<br />

tombaient de faiblesse^ sans pouvoir se relever.<br />

Tseu-lou, manifestant son mécontentement, dit : Les<br />

hommes supérieurs éprouvent doue aussi les besoins de la<br />

laiiiï 1 Le Philosophe dît : Lliomine supérieur est plus fort<br />

que le besoin ; l'homme vulgaire, dans lu besoin, se laisse<br />

aller à la délai!lunée.<br />

2, Le Philosophe dit : $w, ne pc » n se z-v o 11 s pas q u e j'ai<br />

beaucoup ap{iris, ut que j'ai retenu tout cela dans ma<br />

mémoire?<br />

11. e < lîsei p 1 e ] r < * po t id i t a v ee i vs p e cl : Assurent* s n t. ; i \ 'e n<br />

est-il pas ainsi ?<br />

Il iien est. pas ainsi : je ramène tout à un seul principe.<br />

3, L e PI ti 1 oso p h e t111 : l'e o u | pe t i t no 111 de 1 M U - lo u ],<br />

ceux qui connaissent la vertu sont bien rares!<br />

•i. Le Philosophe dit : Celui qui sans agir gouvernait<br />

l'Etat, n'était-ce pas (Juin? comment faisait-il? Offrant<br />

toujours dans sa personne l'aspect vénérable de la vertu,<br />

îl n'avait qu'à se tenir la face tournée vers le midi, et cela<br />

su fit sait.<br />

o. ï\


190 il LUN-YU,<br />

• 6. Le Philosophe dit : Oh ! qu'il était droit et véridique,<br />

l'historiographe Yu (grand dignitaire <strong>du</strong> royaume de<br />

Wet) ! Lorsque l'État était gouverné selon les principes<br />

delà raison» îi allait droit connue une flèche ; lorsque<br />

l'Etat n cl ai! pas gouverne par les principes de la raison.,<br />

if allait, également droit comme une flèche.<br />

À/////-/;c-//« riait un homme supérieur! Si l'Etat était<br />

gouverne par les principes de la droite raison, alors il<br />

remplissait des fonctions publiques ; si l'Etat, n'était pas<br />

gouverne par les principes de la d roi le raison, alors îl résignai!<br />

ses ion c t i on s et se re t i r a i t da ri s 1 a sol i 111 de.<br />

7. Le Philosophe dit. : Si vous devez vous entretenir<br />

avec 4 tin homme [sur îles sujets de. morale], et que vous<br />

ne loi parliez pas, vous le perdez. Si un homme n'est pas<br />

disposé à recevoir vos instructions morales, et que vous<br />

les lui donniez, vous perdez vos paroles. L'homme sage<br />

et éclairé ne perd pas les hommes |faute de les instruire];<br />

il ne perd également pas ses instructions.<br />

«S. Le Philosophe dît : Le le lire qui a les pensées<br />

grandes et. élevées, l'homme doué de la vertu de l'humanité,<br />

ne eh en; lient point à vivre pour nuire à l'humanité;<br />

ils aimeraient, mieux livrer leur personne à la mort pour<br />

accomplir la. vertu de l'humanité.<br />

I). Tseu -kouny demanda en quoi consistait la pratique<br />

de 11 m ma ni té. Le Philosophe dit : L'artisan qui veut bien<br />

exécuter son œuvre doit commencer par bien aiguiser<br />

ses instruments. Lorsque vous habiterez dans un Etat<br />

quelconque, fréquentez pour les imiter les sages d'entre<br />

les grands fonctionnaires de cet Etat, et liez-vous d'amitié<br />

avec les lion nues lui mains et vertueux d'entre les lettrés.<br />

-t0. )'an-f/uuan demanda comment il fallait gouverner<br />

un Etal.<br />

Le Philosophe dit, : Suivez la division des temps de la<br />

dynastie 11/a.<br />

Mt niiez ! es ci i ; i rs de lad y n ast i e 1 "n ; por t ez les bon net s<br />

de la dynastie Trheou. Quant à la musique, adoptez les<br />

airs chaô-icoâ |de Churt\.


OU LES ENT1ET11N8 PHILOSOPHIQUES. 191<br />

Rejetez les mo<strong>du</strong>lations de Tching; [éloignez de vous<br />

les flatteurs.Les mo<strong>du</strong>lations de Tching sont licencieusesles<br />

flatteurs sont dangereux.<br />

li.^Le Philosophe dit : L'homme qui ne médite ou ne<br />

prévoit pas les choses éloignées doit éprouver un chagrin<br />

prochain.<br />

1-2. Le Philosophe dit : Hélas ! je n'ai encore vu personne<br />

qui aimât la vertu comme on aime la beauté corporelle<br />

*.<br />

13. Le Philosophe dit : Tsang-wen-tchoung n'était-il<br />

pas un secret accapareur d'emplois publics? Il connaissait<br />

% la sagesse et les talents de Lieou-hia-hoeî, et il ne<br />

voulut point qu'il pût siéger avec lui à la cour.<br />

14. Le Philosophe dit : Soyez sévères envers - vousmêmes<br />

et in<strong>du</strong>lgents envers les autres^ alors vous éloignerez<br />

de vous les ressentiments.<br />

• 15. Le Philosophe dit : Si un homme ne dit point souvent<br />

en lui-môme : Comment ferai-je ceci ? comment éviterai-je<br />

cela? comment^ moi, pourrais-je lui dire : Ne faites<br />

pas ceci* évitez cela? C'en est fait de lui.<br />

16. Le Philosophe dit : Quand une multitude de personnes<br />

se-trouvent ensemble pendant toute une journée,<br />

leurs paroles ne sont pas toutes celles de l'équité et de la<br />

justice; elles aiment à ne s'occuper que de choses vulgaires<br />

et pleines de ruses. Qu'il leur est difficile de faire<br />

le bien !<br />

17.'Le Philosophe dit : L'homme supérieur fait de l'équité<br />

.et de la justice la base de toutes ses actions; les rites<br />

forment la-règle de sa con<strong>du</strong>ite; la déférence et la modestie<br />

le dirigent au dehors; la sincérité et la fidélité lui<br />

servent d'accomplissements. N'est-ce pas un homme supérieur<br />

?<br />

18. Le Philosophe dit : L'homme supérieur s'afflige de<br />

son impuissance [à faire tout le bien qu'il désire] ; il ne<br />

s'afflige pas d'être ignoré et méconnu des hommes.<br />

* Voyez îa même pensée exprimée ci-devant.


IM LE LUN VU,<br />

19. Le Philosophe dit : L'homme supérieur regrette de<br />

voir sa vie s'écouler sans laisser après lui des actions dignes<br />

d'éloges.<br />

20. Le Philosophe dit : L'homme supérieur ne demande<br />

rien qu'à lui-même; l'homme vulgaire et sans mérite<br />

dophe dit ; L'homme supérieur no donne<br />

pas de l'élévation à mi homme pour sis paroles; il ne<br />

rejette pas des paroles à eaiise de L'homme qui les a prononcées.<br />

2 < L / seu-b f*ni({ fit une < p i es 11 on en ces f er n :i es : Y a-f - i I<br />

un mot dans la lai uni»" que l'on puisse se borner à pratiquer<br />

seul jusqu'à la fin de l'existence? Le Philosophe dit :<br />

11 y a le mol


OU LES ENTRETIENS PHILOSOPHIQUES. 493<br />

tissent la vertu môme ; une impatience capricieuse ruine<br />

les plus grands projets.<br />

"21. Le Pliî 1 ost)phe d i f : Û11 o f a t ou 1 e déIcs!e ff ite 1 qu'un,<br />

vous devez examiner attentivement avant de ju^erjque<br />

la foule se passionne pour quelqu'un, vous devez examiner<br />

attentivement avant de juger,<br />

2#. Le Philosophe dit : L'homme peu! agrandir la<br />

voie de la vertu; la voie de la vertu ne peut pas agrandir<br />

FI ioi unie.<br />

2!L Le Philosophe dit : Celui qui a une con<strong>du</strong>ite vicieuse,<br />

et ne se corrige pas. celui-là peut être appelé<br />

vicieux.<br />

30. Le Philosophe dit : J'ai passé des journées entières<br />

sans nourriture, et des nuits entières sans sommeil, pour<br />

111 e 11 v re r à d e s n i éd i t a t i o i ) s, et e e 1 a sans u ti 111 e î ilelle ;<br />

1 ? ét ude est 1 iieii préférahle.<br />

31 « Le Ph i h >so j >he dit.: L1 i o m i ne su pé rie i î r ne s'ocetipe<br />

que de la droite voie ; il ne s occupe pas dit boire et<br />

<strong>du</strong> manger. Si vous cultivez la ferre. la lai ni se trouve<br />

souvent an milieu de vous : si vous éludiez, la e'licite se<br />

trouve dans le sein même de i étude. L'homme supérieur<br />

ne s'inquiète que de ne pas atteindre la droite voie ; il ne<br />

s'inquiète pas de la pauvreté.<br />

3*2. Le Philosophe dit : Si l'on a assez de connaissance<br />

pour atteindre à la pratique de la raison, et; qui 1 la vertu<br />

de l'humanité que Fon possède ne suffise pas puer persévérer<br />

dans cette pratique ; quoiqu'on y parvienne, on<br />

fini r a n é e essa i r e i ne 111. par i* a h a n d o n n e r.<br />

Dans le cas où Von aurait assez de connaissance pour<br />

atteindre à la pratique de la raison, et on la vertu de l'humanité<br />

que Fou possède sut lirait pour persévérer dans<br />

cette pratique; si Fon n*a ni gravite ni dignité, alors le<br />

peuple ira aucune considération pour vous.<br />

Enfint quand même on aurait assez de connaissance<br />

pour atteindre à la pratique de la raison, que la vertu de<br />

l'humanité que Fon possède sui'lîraii peur persévérer dans<br />

rH!e pratique, et que Fon v joindrait (a gravite et la di-


194 LE LUN-¥U?<br />

gnité convenables; si Ton traite le peuple d'une manière<br />

contraire aux rites,, il n'y a pas encore là de vertu.<br />

33. Le Philosophe dit : L'homme supérieur ne peut<br />

pas être connu et apprécié convenablement dans les petites<br />

choses, parce qu'il est capable d'en entreprendre de<br />

grandes. L'homme vulgaire, au contraire, n'étant pas capable<br />

d'entreprendre de grandes choses, peut être connu<br />

et apprécié dans les petites.<br />

34. Le Philosophe dit : La vertu de l'humanité est plus<br />

salutaire aux hommes que l'eau et le feu. J'ai vu des<br />

hommes mourir pour avoir foulé l'eau et le feu ; je n'en<br />

ai jamais vu mourir pour avoir foulé le sentier de l'humanité.<br />

35. Le Philosophe dit : Faites-vous un devoir de pratiquer<br />

la vertu de l'humanité, et ne l'abandonnez pas même<br />

sur l'injonction de vos instituteurs.<br />

36. Le Philosophe dit : L'homme supérieur se con<strong>du</strong>it<br />

toujours conformément à la droiture et à la vérité, et il<br />

n'a pas d'obstination.<br />

37. Le Philosophe dit : En servant un prince, ayez<br />

beaucoup de soin et d'attention pour ses affaires, et faites<br />

peu de cas de ses émoluments.<br />

38. Le Philosophe dit : Ayez des enseignements pour<br />

tout le monde, sans distinction de classes ou de rangs.<br />

39. Le Philosophe dit : Les principes de con<strong>du</strong>ite étant<br />

différents, on ne peut s'aider mutuellement par des conseils.<br />

...<br />

40. Le Philosophe dit : Si les expressions dont on se<br />

sert sont nettes et intelligibles, cela suffit.<br />

L'intendant de la musique, nommé Mian *, vint un jour<br />

voir (KHOUNG-TSEU). Arrivé au pied des degrés, le Philosophe<br />

lui dit : Voici les degrés. Arrivé près des sièges,<br />

le Philosophe luLdit : Voici les sièges. Et tous deux s'assirent.<br />

Le Philosophe l'informa alors qu'un tel s'était<br />

assis là, un tel autre là. L'intendant de la musique, Mianf<br />

* Il était aveugle.


OU LIS ENTMETIINS PHILOSOPHIQUES. 195<br />

étant partie Tsêu-tekang fit une question en ces termes :<br />

Ce que vous avez dit à l'intendant est-il conforme aux<br />

principes?<br />

41. Le_Philosophe dit : Assurément; c'est là la manière<br />

d'aider et d'assister les maîtres d'une science quelconque.<br />

OIAPITM; XVI.<br />

COMT'OSL M. i I AftTlCLLS.<br />

L lîi-chi était sur le point (Failli.* combattre Trfmtmnyu<br />

l .<br />

Jun-yemi et Ki-lou? qui étaient près de Knet. Mr-i^i-r»<br />

lui dirent : Ki-cfti se prépare à avoir un dénié lé a\ee<br />

Tchouan-yu.<br />

Le Philosophe dit : Khi von \J(.m-ijcsal <strong>du</strong> prince<br />

de IJJU), Con n nenî aurait-il à subir une imasioii ?<br />

Jnii-yçffu dit ; Notre maître le désire. Nous deux, ses<br />

ministres, nous ne le désirons pas.<br />

Kiioi'Mi-TSi-x dit : Khienu ! d'ancien et illustre historien]<br />

TeheoH-jin a dit : « Tant que vos forées vous ser\enf,<br />

remplissez voire devoir ; si \ous ne pouvez p;o. le remplir,<br />

cessez vos fonctions. Si un homme en daneer nVst pas<br />

secouru ; si, lorsqu'on le voit tomber, on ne le soutiens<br />

pas : ai ors. a quoi servent ceux qui >a\\\ là pour Ea-sister ?>»<br />

Il suit de la que vos pare»les sont faillives. Si le tigre<br />

ou le buffle s'échappent de l'enclos oit ils sont renfermés;<br />

1 \m


196 I.B LUN-YU,<br />

si la tortue à la pierre précieuse s'échappe <strong>du</strong> coffre où<br />

elle était gardée : à qui en est la faute ?<br />

Jan-yeou dit : Maintenant, ce pays de Tckouem-yu est<br />

fortifié, et se rapproche beaucoup de Pi [ville appartenant<br />

en propre à Ki-cki], Si maintenant on ne s'en empare<br />

pas, il deviendra nécessairement, dans les générations à<br />

venir, une source d'inquiétudes et de troubles pour nos<br />

fils et nos petits-fils.<br />

KHOUNG-TSEU dit : Kkieou ! l'homme supérieur hait cesdétours<br />

d'un homme qui se défend de toute ambition<br />

cupide, lorsque ses actions le démentent.<br />

J'ai toujours enten<strong>du</strong> dire que ceux qui possèdent un<br />

royaume, bu qui sont chefs de grandes familles, ne se<br />

plaignent pas de ce que ceux qu'ils gouvernent ou administrent<br />

sont peu nombreux, mais qu'ils se plaignent de<br />

ne pas avoir l'éten<strong>du</strong>e de territoire qu'ils prétendent leur<br />

être <strong>du</strong>e; qu'ils ne se plaignent pas de la pauvreté où<br />

peuvent se trouver les populations, mais qu'ils se plaignent<br />

de la discorde qui règne entre elles et eux. Car si chacun<br />

obtient la part qui lui est <strong>du</strong>e, il n'y a point de pauvres ;<br />

si la concorde règne, il n'y a pas pénurie d'habitants ; s'il<br />

y a paix et tranquillité, il n'y a pas cause de ruine ou de<br />

révolution.<br />

Les choses doivent se passer ainsi. C'est pourquoi, si<br />

les populations éloignées ne sont pas soumises, alors<br />

cultivez la science et la vertu, afin de les ramener à vous<br />

par vos mérites. Une fois qu'elles sont revenues à l'obéissance,<br />

alors faites-les jouir de la paix et de la tranquillité.<br />

Maintenant, Yeouet Khkou, en aidant votre maître, vous<br />

ne ramènerez pas à l'obéissance les populations éloignées,<br />

\ et celles-ci ne pourront venir se soumettre d'elles-mêmes.<br />

L'État est divisé, troublé, déchiré par les dissensions intestines,<br />

et vous n'êtes pas capables de le protéger.<br />

Et cependant vous projetez de porter les armes au sein<br />

de cet Etat. Je crains bien que les petits-fils de Ki n'éprouvent<br />

un jour que la source continuelle de leurs<br />

craintes et de leurs alarmes n'est pas dans fe pays de


OU* LES ENTRETIENS PHILOSOPHIQUES. 197<br />

Tchomn-yuf mais dans l'intérieur de leur propre famille.<br />

2. KHOUNG-TSEU dit : Quand l'empire est gouverné par<br />

les principes de la droite raison, alors les rites, ht musique,<br />

la pierre peur soumet Ire 1rs rebelles, procèdent des iîfs<br />

<strong>du</strong> Ciel [des empereur.-]. Si l'empire es! sans loi. s'il nVsl<br />

pias gouverne parles principes dr la droite raison, alors<br />

les rites, la musique, la guerre pour soumettre les rebelles,<br />

procèdent des princes tributaires ou des vassaux, de tous<br />

les rangs. Quand jecs choses, qui sont, exclusivement dans<br />

les attributions impériales,! procèdent des princes tributaires,<br />

il arrive rarement que, dans bespa.ce de dix générations<br />

i y ces derniers ne perdent pas leur pouvoir usurpe<br />

(qui loi n la* alors dans les in ai us des grands fonctionnaires<br />

publics']. Quand il arrive que ces actes de l'autorité impériale<br />

procèdent des grands fonctionnaires, il est rare<br />

que, dans l'espace de cinq générations, ces derniers ne<br />

perdent pas leur pouvoir [qui tombe entre les mains des<br />

intendants des grandes familles]. Quand, les intendants des<br />

grandes familles s'emparent <strong>du</strong> pouvoir royal? il est rare<br />

qu'ils ne le perdent pas dans l'espace de trois générations.<br />

Si l'empire est gouverne selon le* principes de la droite<br />

raison, aloi\sl'administration ne réside pas dans les grands<br />

lonetionnaires.<br />

iSi l'empire est gouverné selon les principes de la droiterai<br />

son, alors les hommes de la fou Je ne s'occupe ni pas à<br />

délibérer et à exprimer leur sentiment sur {es actes qui<br />

dépendent de l'autorité impériale.<br />

3. Kitonsii-Tsi-x dit ; Les revenus publics n'ont pas été<br />

verses à la. demeure <strong>du</strong> prince pendant cinq générations;<br />

la direction des atiahvs publiques «'s! tombée entre les<br />

mains des granits fonctionnaires pendant, quatre générations.<br />

ITest pourquoi les (ils et les petits-tils des iron<br />

Jluwut [trois familles de princes de Zw/| ON! été si affaiblis.<br />

•I. KIIOI. x.G-TSEt: dit. : II y a trois sories d'amis qui sont<br />

1 Ou de «li\ }>


498 LE LUN-YU,<br />

utiles, et trois sortes qui sont nuisibles. Les. amis droits et<br />

véridiques, les amis fidèles et vertueux, les amis qui ont<br />

éclairé leur intelligence, sont les amfe utiles-; les amis qui<br />

affectent une gravité tout extérieure et sans droiture^ les<br />

amis prodigues d'éloges et de basses flatteries, les amis<br />

qui n'ont que de la loquacité sans intelligence, sont les<br />

amis nuisibles.<br />

5.KHOUNG-TSEU dit : Il y a trois sortes de joies ou satisfactions<br />

qui sont utiles, et trois sortes qui sont nuisibles.<br />

La satisfaction de s'instruire à fond dans les rites 'et la<br />

musique, la satisfaction d'instruire les hommes dans les<br />

principes de la vertu, la satisfaction de posséder ¥ amitié<br />

d'un grand nombre de sages, sont les joies ou satisfactions<br />

utiles ; la satisfaction que donne la vanité et l'orgueil, la<br />

satisfaction de l'oisiveté et de la mollesse, la satisfaction<br />

de la bonne chère et des plaisirs, sont les satisfactions<br />

nuisibles.<br />

6. KHOUNG-TSIU dit : Ceux qui sont auprès des princes<br />

vertueux pour les aider dans leurs devoirs ont trois<br />

fautes à éviter : de parler sans y avoir été invités, ce qui<br />

est appelé précipitation ; de ne pas parler lorsqu'on y est<br />

invité, ce qui est appelé taciturnité ; de parler sans avoir<br />

observé la contenance et la disposition [<strong>du</strong>. prince], ce<br />

qui est appelé aveuglement.<br />

7. KHOUNG-TSEU dit : Il y a pour l'homme supérieur<br />

trois choses dont il cherche à se préserver : dans le temps<br />

de la jeunesse, lorsque le sang et les esprits vitaux ne sont<br />

pas encore fixés [que la forme corporelle n'a pas encore<br />

pris tout son développement f ], ce que l'on doit éviter, ce<br />

sont les plaisirs sensuels ; quand on a atteint la maturité,<br />

et que le sang et les esprits vitaux ont acquis toute leur<br />

force et leur vigueur, ce que l'on doit éviter, ce sont les<br />

rixes et les querelles ; quand on est arrivé à la vieillesse,<br />

que le sang et les esprits vitaux tombent dans un état de<br />

1 Commentaire.


OU LES ENTRETIENS PHILOSOPHIQUES. 199<br />

langueur^ ce que Fon doit éviter^ c'est le désir d'amasser<br />

des richesses.<br />

8. KHOUNG-TSEU dit : Il y a trois choses que l'homme<br />

supérieur révère : il révère les décrets dit ciel, il révère<br />

les grande hommes, il révère les paroles dis saints.<br />

lies hommes vulgaires ne connaissent, pas tes décrets<br />

<strong>du</strong> eieI» et par (• onsetj11eni ils ne 1 es r«. ; vè i'et\l pas ; ils 1 ' n t<br />

peu de eas des grands hommes, et ils set jouent dv* paroles<br />

des saints,<br />

9. KHOING-TSEU dît : Ceux qui, <strong>du</strong> jour même de leur<br />

11 ai ssa n ec\ posséder! t la se* i ei ice. soi 11 les h om r :t .tes <strong>du</strong> pr< »mier<br />

ordre [supérieurs à fous les autres; ; ceux qui, par<br />

l'étude, acquièrent la science, \ieunent après eux : ceux<br />

cj u t . a y a ri t Tes pr ï 11 o 111 *'t 1 e ! e j > a i s « a e q 11 î e r e n t e e j >e i i d a 1111 1 e s<br />

connaissances par l'élude, \iennent ensuite; enfui ceux<br />

qui, ayant l'esprit lourd el épais, n'étudient pas et n'apprennent<br />

rien, ceux-là bout <strong>du</strong> dernier rang parmi les<br />

hommes.<br />

•10. KIIOI:>"G-TSE(: dit : L'homme supérieur, on Idiot ni no<br />

accompli dans la vertu, a neuf sujets principaux île méd<br />

i t allons : en rega ni a ni, il peu se a s'et • î a i r er ; en t Vo t i f a 111 ,<br />

i 1 peu se à s ? i nst r u i re ; < îan s son a i r e t son attitude, il pe i ise<br />

à c o n s e rve r d u e a 11 ne e t de I a se ré n i l é ; d a n s s a c o n t e n a n e e,<br />

i 1 pe n se à c onse r v er t o 1i j o u r s d e 1 a. gxa v i t éo;." t de. 1 a d i g 11 i f e :<br />

dans ses paroles, il pense à conserver toujours de la fiel<br />

é 1 î I é e t i le I a s i n e e r i f t \ ; d a n s se s a c t i oi "i s, il pense à s'attire<br />

r t ou jo urs <strong>du</strong> r< *sj icct : dan s ses dont es, i I \ >e i tse à i 111 e rroger<br />

les autres; dans la colère, il pense à réprimer ses<br />

mouvements ; en voyant des gains à obtenir, il pense à la<br />

justice 1 .<br />

•II. KHOI'SG-TSEU dit: « On considère le bien eoinine<br />

si on pouvait l'atteindre : ou considère le vice comme si<br />

on tond tait de l'eau bouillante. « J'ai vu des lion mies<br />

agir ainsi, et jai enten<strong>du</strong> des hommes tenir ce langage,<br />

« On se retire dans le secret de la solitude pour chercher<br />

dans sa pensée \v> principes de la raison ; ou cultive la ]te~


200 LE LUN-YU.<br />

tice pour mettre en pratique ces mêmes principes de la<br />

raison. » J'ai enten<strong>du</strong> tenir ce langage^ mais je n'ai pas<br />

encore vu d'homme agir ainsi.<br />

12. King-kong, prince de Thsi, avait mille quadriges<br />

iir elie\au\. Apiv>>.a nmii un dit que le peu pli! ne trouva<br />

à louer m lui aucune vertu, /V/ et ' /- iîiies* vous n'aurez<br />

rien peur vous (îv-r dans la vie. Je inc relirai, cl j'étudiai<br />

\v lirrrdvs îhlrs,<br />

Apres av»iir enten<strong>du</strong> ces paroles, 'Teltin-kan


OU LES ENTRETIENS PHILOSOPHIQUES, 201<br />

différents États, pauvre petite reine. Les hommes des différents<br />

États la nomment aussi compagne <strong>du</strong> prince.<br />

CHAPITRE XYD.<br />

COMPOSÉ DE 26 AET1CLES.<br />

1. Yang-ho (intendant de la maison de Ki-chi) désira<br />

que KeouNG-TSEU lui lit une visite. KHOUNG-TSEU n'alla pas<br />

le voir. L'intendant l'engagea de nouveau en lui envoyant<br />

un porc. KHOUNG-TSEU, ayant choisi le moment où il était<br />

absent pour lui faire ses compliments, le rencontra dans<br />

la rue.<br />

[ Yang-ho] aborda KHOUN G-TSEU en ces termes : Venez,<br />

j'ai à parler avec vous. Il dit : Cacher soigneusement dans<br />

son sein des trésors précieux, pendant que son pays est<br />

livré aux troubles et à la confusion, peut-on appeler cela<br />

de l'humanité ? [Le Philosophe] dit : On ne le peut. — Aimer<br />

à s'occuper des affaires publiques et toujours perdre<br />

les occasions de le faire, peut-on appeler cela sagesse et<br />

prudence ? [Le Philosophe] dit : On ne le peut. — Les<br />

soleils et les lunes [les jours et les mois] passent, s'écoulent<br />

rapidement. Les années ne sont pas à notre disposition.<br />

— KHOUNG-TSEU dit : C'est bien, je me chargerai d'un<br />

emploi public.<br />

2. Le Philosophe dit : Par la nature, nous nous" rapprochons<br />

beaucoup les uns des autres; par l'é<strong>du</strong>cation/<br />

nous devenons très-éloignés.<br />

3. Le Philosophe dit : Il n'y a que les hommes d'un<br />

savoir et d'une intelligence supérieurs qui ne changent<br />

point en vivant avec les hommes cte la plus basse ignorance,<br />

de l'esprit le plus lourd et le plus épais.<br />

4. Le Philosophe s'étant ren<strong>du</strong> à Wou-tching (petite ville<br />

de Lou)> il y entendit un concert de voix humaines mêlées<br />

aux sons d'un instrument à cordes.<br />

Le maître se prit à sourire légèrement, - et dit : Quand^


202 LB LUN-YU.<br />

1<br />

on tue une poule, pourquoi se servir d'un glaive qui sert<br />

à tuer les bœufs ?<br />

Iseu-yeou répondit avec respect : Autrefois, moi Ym3<br />

j'ai enten<strong>du</strong> din: à mou maître que si l*lioirii!ie supérieur<br />

qui occupe utt emploi élevé dans le convenu» ment étudie<br />

assidûment les principes de la cIroil,. linh(i-<strong>du</strong>my f>.t-j (ministre de Ki-chi)> ayant appris<br />

q\ \ " i i i H • re\ o 11 e avait ee I a t e a l J t\ e n ave ri i t 1 e P h i h >soph e,<br />

selon l'usage. Le Philosophe desirait se rendre auprès<br />

de lui.<br />

'heu-htu, n'étant pas satislail de cette démarche, dit :<br />

N t: v < a1 s v re i idez p; is, rie 11 i le vous y ( > bl i g*e ; q u 'av ez-vou s<br />

besoin d'aller voir la famille d


OU LES ENTRETIENS PHILOSOPHIQUES. 203<br />

vous-même et des autres, alors vous ne serez méprisé de<br />

personne ; si vous êtes généreux^ alors vous obtiendrez l'affection<br />

<strong>du</strong> peuple ; si vous êtes sincère et fidèle, alors les<br />

hommes auront cutifiaiH-O eu vous ; si unis êtes applique<br />

an bîiii, alors vous aurez des mérites ; si v< MIS êtes himveillant<br />

et miséricordieux, aloi's vous aurez tout ee qu'il faut<br />

pour goinerncr les hommes.<br />

1. /'/-/// (grand fonctionnaire, de LKtal de Tçitn demanda<br />

à voir !KHorN s'est révolte contre<br />

1 chouny-meou l ; d après cela» comment expliquer la visite<br />

rie mon maître ?<br />

Le Philosophe dit ; Oui. sans doute, j'ai tenu ees propos;<br />

mais ne disais-je pas aussi : Les. corps les plus <strong>du</strong>rs.<br />

ne s'usent-ils point par le frottement ? Ne disais-je pas encore<br />

; La Manchonr inaltérable ne devient-elle pas noire<br />

par son contact avec une couleur noire? Pensez-vous que<br />

je suis un melon de saveur a mère, qui u es! bon qu'à être<br />

suspen<strong>du</strong> sans être niante?<br />

H. Le Philosophe dît . 1 cw, avez-vous enten<strong>du</strong> parler<br />

des six maximes et des six défauts qu'elfes impliquent ? |Le<br />

disciple] répondit avec respect : Jamais»— Prenez place à<br />

coté de moi, je vais vous les expliquer.<br />

L'amour de l'humanité, sans I. amour de l'étude, a polir<br />

défaut l'ignorance ou la stupidité; l'amour de la science.<br />

sans l'amour de l'étude, a pour défaut l'incertitude ou la<br />

perplexité; l'amour de la sincérité et de la fidélité, sans<br />

lamour de l'étude, a pour défaut la <strong>du</strong>perie ; l'amour de<br />

la droiture, sans l'an mur de l'étude, a pour défaut tme<br />

témérité inconsidérée ; l'amour <strong>du</strong> courage viril, sans 1 aiiioiir<br />

de l'étude, a pour dé-faut l'insubordination ; Fan mur


204 LE LUN-YU?<br />

de la fermeté et de la' persévérance, sans ramour de Fétude,<br />

a pour défaut la démence ou rattachement à une<br />

idée fixe.<br />

9. Le Philosophe dit : Mes chers disciples, pourquoi<br />

n'étudiez-vous pas le Livre des Vers ?<br />

Le Livre des Vers est propre à élever les sentiments et<br />

les idées;<br />

11 est propre à former le jugement parla contemplation<br />

des choses;<br />

11 est propre à réunir les hommes dans une mutuelle<br />

harmonie ;<br />

11 est propre à exciter des regrets sans ressentiments.<br />

[On y trouve enseigné] que lorsqu'on-est près de ses parents,<br />

on doit les servir, et que lorsqu'on en est éloigné,<br />

on doit servir le prince.<br />

On s'y instruit très au long des noms d'arbres, de<br />

plantes, de bêtes sauvages et d'oiseaux.<br />

40. Le Philosophe interpella Pé-yu (son fils), en disant :<br />

Vous exercez-vous dans l'étude <strong>du</strong> Tckeou-nan et <strong>du</strong> Tcàaonan<br />

[les deux premiers chapitres <strong>du</strong> Livre des Vers] ? Les<br />

hommes qui n'étudient pas le Tekeou-nan et le Tchao-nan<br />

sont comme s'ils se tenaient debout le visage tourné vers<br />

la muraille.<br />

M. Le Philosophe dit : On cite à chaque instant les<br />

Mites ! les Rites ! Les pierres précieuses et les habits de<br />

cérémonie ne sont-ils pas pour vous tout ce qui constitue<br />

les rites ? On cite à chaque instant la Musique ! la Musique !<br />

Les clochettes et les tambours ne sont-ils pas pour vous<br />

tout ce qui constitue la musique f<br />

42. Le Philosophe dit : Ceux qui <strong>mont</strong>rent extérieurement<br />

un air grave et austère, lorsqu'ils sont intérieurement<br />

légers et pusillanimes, sont à comparer aux<br />

hommes les plus vulgaires. Ils ressemblent à des larrons<br />

qui veulent percer un mur pour commettre leurs vols.<br />

13. Le Philosophe dit : Ceux qui recherchent les suffrages<br />

des villageois sont des voleurs de vertus.<br />

44. Le Philosophe dit : Ceux qui dans la voie publique


OU LES ENTRETIENS PHILOSOPHIQUES. 205<br />

écoutent une affaire et la discutent font un abandon de la<br />

vertu.<br />

•b\ Le Philosophe d'il : Comment les lion unes \ils H abjects<br />

pourraient-ils ser\ir le prince?<br />

Ces hommes, avril)! d'avoir obtenu leurs emplois, sont<br />

déjà tourmentés de la crainte de ne pas les obtenir : lorsqu'ils<br />

les ont obtenus, ils sont tourmentés de la crainte de<br />

les perdre.<br />

Iles 1 Instant qu'Us sont tourmentés de la crainte de<br />

perdre leurs emplois, îl n'est rîen dont ils ne soient capables.<br />

10. Le Philosophe dit : Dans Lantiquité, les peuples<br />

avaient trois travers d'esprit : de nos jours, quelques-uns<br />

de ces travers sont per<strong>du</strong>s. L'ambition des anciens s'attachait<br />

aux grandes e11oses e t iIciI a i gn a i t tes j>efîtes ; l'ambition<br />

des hommes do nos jours est modérée sur les grandes<br />

choses et très-ardente sur les petites.<br />

La gravité et l'austérité des anciens étaient modérées<br />

sans extravagance ; la gravité et l'austérité «les bon mies<br />

de nos jours est irascible, extravagante. La grossière ignorance<br />

des anciens était droite et sincère : la grossière ignorance<br />

des hommes de nos jours n'est que fourberie, et<br />

voilà tout.<br />

17. Le Philosophe dit : Los hommes aux paroles artificieuses<br />

et fleuries, aux i nani ères engageantes ? sont rarement<br />

doués de- la vertu de l'humanité.<br />

•18. Le Philosophe dit : Je déteste la couleur violette<br />

icouleur intermédiaire!, qui dérobe aux regards la vérîlablo<br />

couleur de pourpre. Je déleste les sons musicaux de<br />

Tchinrjy qui portent le trouble et la contusion dans la véritable<br />

musique. Je déteste les langues aiguës j ou calomnia-<br />

1rices|, qui bouleversent les Liais et les familles»<br />

II). Le Philosophe dit : Je désire ne pas passer mon<br />

temps à parler.<br />

Tseu-kmmg dit : Si noire i naître ne parle pas, alors eo reoient<br />

ses disciples transmettront-ils ses parole-, a la postérité?<br />

i8


206 LE LUN-YUj<br />

Le Philosophe dit:, Le ciel> comment parle-t-il? les<br />

quatre saisons suivent leur cours ; tous les êtres de la nature<br />

reçoivent tour à tour l'existence. • Comment le ciel<br />

parle-t-il 1<br />

ii i. Jttu-!«i l désirait voir KtiorNG-TST.I'. KïIOI*xc»-TSEV '<br />

s~exrnsa sur MUI indisposition; mais aussitôt que le porteur<br />

<strong>du</strong> me^sa^e lui sorti de la porte, le Philosophe prit<br />

sa iutifare. et se mit à chanter, dans le dessein de se faire<br />

ilifrîldlV.<br />

v 2î. Ts'.n-iu/o demanda si, an lieu de trois années de<br />

deuil après la mur! des parents, une révolution de douze<br />

fiiîîrs p»u une année) no sutlirait pas.<br />

Si l'homme supérieur n'observait pas les rites sur le<br />

deuil pondant trois années, ees rites forn be rai eut certainement<br />

fil désuétude; si pendant trois années il ne cultivait<br />

pas la musique, la musique certainement périrait»<br />

Ouand les anciens fruits son! parvenus à leur maturité,<br />

de nouveaux fruits se <strong>mont</strong>rent et prennent leur plaire.<br />

On change le feu en loranf les bois qui le donnent* 2 . Une<br />

ré\niution de douze lu rit s peut sut"! ire pour tontes ees<br />

elius.<br />

Le I m i 1< >s< >pl io dit . Si l'on se i >ornai t à se non rri r cl rt pi us<br />

beau riz, et à >e vélir {les plus beaux habillements, sériezvous<br />

satisfait et tranquille? — Je serais satisfait et tranquille.<br />

Si \ons vous trouvez safislait et tranquille de cette manière<br />

d'agir, alors pratiquez-la.<br />

Maïs cet bouline supérieur [dont vous avez parle),<br />

tant qu'il sera dans le deuil de ses parents, ne trouvera<br />

point de douceur dan> les mets les plus reebetvbes qui<br />

lui seront ofïerls: il ne trouvera point de plaisir à entendre<br />

la musique» il ne trouvera point de repos dans les<br />

lieux qu'il habitera. CVsi pourquoi il ne fera pas jce que<br />

vous proposez ; il ne ré<strong>du</strong>ira passes trois années de deuil<br />

Hennin.' a « fity;'tiinu x


OU LES ENTlETiENS PHILOSOPHIQUES. 207<br />

à une révolution de douze lunes]. Maintenant^ si vous<br />

êtes satisfait de cette ré<strong>du</strong>ction, pratiquez-la.<br />

T^aï-ii(j() étant sorti, I** Philosophe dit : I u (petit nom<br />

de Tsfïï-wjf)) n'est pas doué de la vertu de l'Immunité.<br />

Lorsque l'enfant a atteint sa troisième année d'âge, il est<br />

sevré d» sein de ses père et mère; alors suivent trois années<br />

de deuil pour les pareil!s ; ce deuil est en nsige dans<br />

trait l'empire; Vu n'a-t-i! pas en ces trois années d'atïeetion<br />

publique de la pari de ses père et mère?<br />

2 v 2. Le Philosophe dit : deux qui ne ionl que boire et<br />

manger pendant tonte la journée, suis employer leur intel<br />

licence à quelque objet digne d'elle. Irait pitié. .N'y<br />

a-î-ii pas le métier de bateleur? Oinls le pratiquent, ils<br />

seront des sages en comparaison!<br />

i»L Tseu-iou dit ; L'homme supérieur estirne-t-il beaucoup<br />

le courage viril? Le Philosophe dit : L'homme supérieur<br />

mot au-dessus de tout l équité et la justice. Si<br />

l'homme supérieur possède le courage viril ou la bravoure<br />

sans la justice, il fume nie des troubles dans F Et al.<br />

L'homme vulgaire qui possède le courage \irib oit la bravo<br />

11 r e sa lis I a justice», e o mm e t «le s v 1 o 1 e n c e s e t des rapines»<br />

2-1. Tseu-kmmif dit ; L'homme supérieur a-i-il en lui<br />

des se util i icri f s d e 11 a i n e ou d *a \ e rsi o n Y Le 1 * h i h >s< > ph e<br />

dit : Il a eu lui des sentiments de haine ou d'aversion. Il<br />

hait ou déteste ceux qui divulguent les failles des antres<br />

hommes ; il déteste ceux qui, occupant les rangs les fil us<br />

bas de la société», calomnient leurs supérieurs; il déteste<br />

les braves et les forts qui ne tiennent aucun compte do.<br />

rites; il déteste les audacieux et les téméraires qui s arrêtent<br />

au milieu de leurs entreprises sans avoir h' co/ur de<br />

les achever*<br />

\Tsnt-koun(j\ dit ; C est aussi ce que moi S>v\ je déleste<br />

cordialement, ,1e déteste ceux qui prennent Ions les détours.<br />

toutes les précautions possibles pour être considères<br />

comme des hommes d'une prudence accomplie; je de!este<br />

ceux qui rejettent toute soumission, toute règle de di


208 LE LUN-YU,<br />

pline* afin de passer pour braves et courageux; je déteste<br />

ceux qui révèlent les défauts secrets des autres* afin de<br />

passer pour droits et sincères.<br />

25. Le Philosophe dit : Ce sont les servantes et les domestiques<br />

qui sont les plus difficiles à entretenir. Les traitez-vous<br />

comme des proches* alors ils sont insoumis ; les<br />

tenez-vous éloignés* ils conçoivent de la haine et des ressentiments,<br />

26. Le Philosophe dit : Si* parvenu à l'âge de quarante<br />

ans [l'âge de la maturité de la raison], on s'attire encore<br />

la réprobation [des sages]* c'en est lait* il n'y a plus rien<br />

à espérer.<br />

CHAPITRE XVI1L<br />

COMPOSÉ DE 41 ARTICLES. -<br />

i. Weï-tseu l ayant résigné ses fonctions* Ki-tseu 2 devint<br />

l'esclave (de Càëou-sin). Pi-kan fit des re<strong>mont</strong>rances*<br />

et fat mis à mort. KHOUKG-TSEU dit : La dynastie Yn<br />

(ou. Chang) eut trois hommes doués de la grande vertu<br />

de l'humanité 3 .<br />

2. Lieou-hia-koeï exerçait l'emploi de chef des prisons<br />

de l'État; il fut trois fois destitué de ses fonctions. Une<br />

personne lui dit : Et vous n'avez pas encore quitté ce pays?<br />

Il répondit. Si je sers les hommes selon l'équité et la<br />

raison* comment trouverais-je un pays où je ne serais pas<br />

trois lois destitué de mes fonctions? Si je sers les hommes<br />

contrairement à l'équité et à la raison* comment devrais-je<br />

quitter le pays ou sont mon père et ma mère?<br />

3. King-kong, prince de Thsi, s'occupant de la manière<br />

* Prince ieudalaire de l'Élat de Weï, frère <strong>du</strong> tyran Cheou-sin,<br />

Voyez noire Résumé historique de l'histoire et de la civilisation chinoises.,<br />

etc., p. 70 et suiv.<br />

2 Oncle de Cheou-sin, ainsi que Pi-kant que le premier fit périr<br />

de la manière la plus crueîie. Voyez l'ouvrage cité, p. 70, 2° col.<br />

s Wëi-tseu, Ki-tseu. et Pi-kan.


OU LES ENTRETIENS PHILOSOPHIQUES. 200<br />

dont il recevrait KHOUMG-TSIU, dit : ci Je ne puis le recevoir<br />

avec les mêmes égards que j'ai eus envers Ki-ehi 1 . Je<br />

le recevrai d'une manière intermédiaire entre Ki et<br />

Meruf -. » 11 ajouta : « Je Mrs \ien\. je ne pourrais pas<br />

« utiliser sa présence. » knoi Mi-isr.r se reinst en route<br />

pour une autre destination.<br />

4. Les ministres <strong>du</strong> prince de Ï7W avaient envoyé des<br />

musiciennes au prince de Aoe\ hi-honn-tseu faraud tniictionnairede<br />

Lan) les reçut ; mais pendant trois jours elles<br />

ne turent pas présentées a la cour. KHOU.NG-TSEI: s éloigna<br />

lparée que sa présenre gênait la cou ri.<br />

5. I.,


210 LE LUN-YU,<br />

sa ruine, et il ne se trouve personne pour le changer, le<br />

réformer ! Et vous,, vous êtes le disciple d'un maître qui<br />

ne luit ([ne les hommes jqni ne\»aileul pas remployer 1 |.<br />

Pourquoi m i vous laihs-vous pas le disciple des maîtres<br />

qui fuient le sire le jeun une nous; ? — Kf le laboureur<br />

continua à ailier s*ai grain.<br />

Ts(Vi-(mj alla rapporter ee qu'on lui avait dit. Le Philosophe<br />

s ceria en soupirant : Les oiseaux et les quadrupèdes<br />

ne peuvent se réunir pour vivre ensemble : si je<br />

n'avais pas de tels hommes pour disciples, qui aurais-je ?<br />

; quel est votre* maître ? lin même temps il<br />

planta son bâton en terre», et s'occupa à arracher des<br />

racines.<br />

/SHO (ou. joignit les mains sur si poil ri tic en signe de<br />

respect, et se tint debout près fin vieillard.<br />

(le dernier retint Tten-lmi avec lui pour passer la nuit.<br />

Il tua une poule, prépara on petit repas, et lui offrit à<br />

u un mer. 11 lui présenta ensuite >v< deux tils.<br />

Le lendemain, lorsque le jour parut, T&'u-luit se mît<br />

en route pour rejoindre son maître, et I inslrnîre de ce<br />

qui lui était arrivé. Le Philosophe dil : L'est un solitaire<br />

,Iï11 \ j| dans la retraite, lî fit ensuite retourner 'fsen-lou<br />

pour le \oit\ Mais lorsqu'il arriva, le vieillard eîaît parti<br />

latin de dérober ses I races j.<br />

Ts'-u-fùtt dit ; Ne pas accepter d'emploi public est contraire<br />

à la justice. Si on se iaii une loi de ne fias violer<br />

Tordre des rapports qui existent entre les di lièrent s agis;.


OU LES ENTMET1ENS PHILOSOPHIQUES. 241<br />

comment serait-il permis de violer la loi de justice, bien<br />

plus importante, qui existe entre les ministres et le<br />

prince *? Désirant conserver pure sa personne, on porte<br />

le trouble et la contusion dans les grands devoirs sociaux.<br />

L'homme supérieur qui accepte un emploi public remplit<br />

son devoir. Les principes de la droite raison n'étant pas<br />

mis en pratique, il le sait [et il s'efforce d'y remédier].<br />

8. Des hommes illustres sans emplois publics furent<br />

Pe-y, Chou4hêi (prince de Kou-tchuu), Yu-tchoung (le<br />

même que Taï-pé, <strong>du</strong> pays des Man ou barbares <strong>du</strong> midi),<br />

Y-ye9 TchêU'tchang, Lieou-hia-hoeï et Ckao-iien (barbares<br />

de Test).<br />

Le Philosophe dit : N'abandonnèrent-iSs jamais leurs<br />

résolutions, et ne déshonorèrent-ils jamais leur caractère,<br />

Pe-y et Chou-thsif On dit que Lieou-ftia-hwï et Chaolien<br />

ne soutinrent pas jusqu'au bout leurs résolutions, et<br />

qu'ils déshonorèrent leur caractère. Leur langage était<br />

en harmonie avec la raison et la justice, tandis que leurs<br />

actes étaient en harmonie avec les sentiments des hommes.<br />

Mais en voilà assez sur ces personnes et sur leurs<br />

actes.<br />

On dit que Yu-tchoung et Y-ye habitèrent dans le<br />

secret de la solitude, et qu'ils répandirent hardiment<br />

leur doctrine. Ils conservèrent à leur personne toute<br />

sa pureté ; leur con<strong>du</strong>ite se trouvait en harmonie<br />

avec leur caractère insociable, et était conforme à la<br />

raison.<br />

Quant à moi, je diffère de ces hommes ; je ne dis pas<br />

d'avance : Cela se peut, cela ne se peut pas.<br />

s Si l'homme a des devoirs de famille à remplir, il a aussi des<br />

devoirs sociaux plus importants, et auxquels il ne peut se soustraire<br />

sans faillir; tel esi celui d'occuper des fonctions publiques lorsque<br />

Ton peut ôîre utile à son pays. C'est manquer à ce devoir que de<br />

s'éloigner de la vie politique et de se retirer dans la retraite lorsque<br />

ses services peuvent être utiles. Voilà la pensée d'un philosophe chinois,<br />

qui avait à combattre des sectateurs d'une doctrine contraire^<br />

Voyez notre édition <strong>du</strong> livre de la Raison suprême et de la Vertut<br />

<strong>du</strong> philosophe LAO-TSEU, le contemporain de KIIOI'.NG-TSEU.


212 LE Ll'K-YU,<br />

9. L'intendant en chef de la musique de l'État de Lou,<br />

nommé Tchi, se réfugia dans l'État de TAsi.<br />

Le eiirf de la seconde tahli'u» ou trini|»*.% Kan, se réfu­<br />

gia dans i Liai de 7V \\r< ressentiments < la sis le eeeur de ses grands<br />

fonctionnaires, en ne \oulant pas s» 1 servir d'eux; il ne<br />

re i u>{ i >M ' pas. s 111> d e gi -a v es mollis, I es a ne le u i les fa il) ï 11 * ! s<br />

de digni ianes, el il n exige pas î ou les sortes de talents et<br />

de ser\ ev- d en son! homme.<br />

11. Les i aueiens I Tc/f(>a avaienl Ituit hommes aeeou~<br />

plîsl e"e!aieuî /'/:-/", Pc-k


01' LES ENTRETIENS PHILOSOPHIQUES. 213<br />

gue sa vie à la vue <strong>du</strong> danger. S'il voit des circonstances<br />

propres à lui faire obtenir des profits^ il médite sur la<br />

justice et le devoir. En ollrant un sacrifice, il médite MIT<br />

le ii *sf H *el et la lira vile, qui en sont inséparables, VAX accomplissant<br />

(les cérémonie:-, funèbres, il médite sur ies<br />

sentiments de regret et de douleur qu'il épreuve. Ce sont.<br />

la les devoirs qif il se piait à remplir.<br />

2. Tsvii-tdi'utg dit : Ceux qui embrassent, la vertu sans<br />

lui donner une un développement ; qui ont su acquérir la<br />

connaissance des principes de la droite raison sans pouvoir<br />

persévérer dans sa pratique : qu'importe au monde<br />

que ees hommes aient existé ou qu'ils» n'aient pas existe?<br />

o. Ces disciples de /se//-///'/demandèrent a Tseu-frfuoii)<br />

ce que celait, que. Fan ii fie ou l'association des amis. l>v/~<br />

tchjirnj dit : OtiVn pense votre maître Twin-hin? ! Les disciples<br />

t répondirent avec respect : T^-n-ltin dit que ceux<br />

qui peuvent se lier utilement parles liens de l'amitié s'associent,<br />

et que ceux, dont l'association serait nuisible ne<br />

s'associent pas. TMH-tcluiiuj ajouta : Cela diffère de ce que<br />

j'ai enten<strong>du</strong> dire. J'ai appris que l'homme supérieur honorait<br />

les sages et embrassait dans son a Élection toute la<br />

multitude; qu'il louait hautement le- hommes vertueux.<br />

et avait pitié de «/eux qui ne l'étaient pas. Suis-je un<br />

grand sage: pourquoi, dans mes relations avec les hommes,<br />

n'aurais-jepasune bienveillance commune pour loits?<br />

Ne. suis-je pas un sage: les hommes sages jdans votre<br />

svstemej nu* repousseront. S'il en est ainsi, pourquoi repousser<br />

de soi certains bon unes.?<br />

•i. / scri • hi.n dit : H uoi q u e cerî aines p ro t < 'ssî « a is d e fa<br />

\îe soient humbles 1 , elles sont cependant \eritablemen!<br />

«lignes de considération. Néanmoins, si eia.i\ qui suivent<br />

ces professions veulent, parvenir a ce qn il y a de plus<br />

éloigne de leur état -, je rrains qu'ils ne puisse ni réussir,<br />

1 Ciinane «'t'Ucs *l* s hbntuvur. j:uxlii}i«.T, mr-'irciu, rto.<br />

i (S.ti)iar }«' :>«.U\rrn.«!i|.«ia >1«1 )'-..y:.iMIU>- !•» p.i'-liii-'HïoJl * i * - I • -io


214 LE LUN-YU,<br />

C'est pourquoi l'homme supérieur ne pratique pas ces<br />

professions inférieures.<br />

5. Tseu-hia dit : Celui qui chaque jour acquiert des<br />

connaissances qui lui manquaient, et qui chaque mois<br />

n'oublie pas ce qu'il a pu apprendre, peut être dit aimer<br />

l'étude.<br />

6. Tseu-hia dit : Donnez beaucoup d'éten<strong>du</strong>e à vos<br />

études, et portez-y une volonté ferme et constante. Interrogez<br />

attentivement, et méditez à loisir sur ce que vous<br />

avez enten<strong>du</strong>. La vertu de l'humanité, la vertu supérieure<br />

est là.<br />

7. Tsm-hia dit : Tous ceux qui pratiquent les arts manuels<br />

s'établissent dans des ateliers pour confectionner<br />

leurs ouvrages; l'homme supérieur étudie pour porter à<br />

la perfection les règles des devoirs.<br />

8. Tseu-hia dit : Les hommes vicieux déguisent leurs<br />

fautes sous un certain dehors d'honnêteté.<br />

9. Tseu-hia dit : L'homme supérieur a trois apparences<br />

changeantes : si on le considère de loin, il parait grave,<br />

austère; si on approche de lui, on le trouve doux et affable;<br />

si on entend ses paroles, il paraît sévère et rigide.<br />

10. Tseu-hia dit : Ceux qui remplissent les fonctions<br />

supérieures d'un État se concilient d'abord la confiance<br />

de leur peuple pour obtenir de lui le prix de ses sueurs;<br />

s'ils n'obtiennent pas sa confiance, alors ils sont considérés<br />

comme le traitant d'une manière cruelle. Si le peuple<br />

a donné à son prince des preuves de sa fidélité, il peut alors<br />

lui faire des re<strong>mont</strong>rances; s'il n'a pas encore donné des<br />

preuves'de sa fidélité, il sera considéré comme calomniant<br />

son prince.<br />

i 1. Tseu-hia dit : Dans les grandes entreprises morales,<br />

ne dépassez pas le but ; dans les petites entreprises morales,<br />

vous pouvez aller au delà ou rester en deçà sans de<br />

grands inconvénients.<br />

12. Tseu-yeou dit : Les disciples de Tseu-hia sont de<br />

petits enfants ; ils peuvent arroser, balayer, répondre respectueusement<br />

se présenter avec gravité et se retirer de


OU LES ENTRETIENS PHILOSOPHIQUES. 215<br />

même. Ce ne sont là que les branches ou les choses les<br />

moins importantes; mais la racine de tout, la chose la<br />

plus importante. leur manque complètement. ! , Oue faufî<br />

1 do n o | >("• user d e 1e 11 r M * i c 11 < • < » ?<br />

T$eu-hit.ii ayant enten<strong>du</strong> ces paroles, dît : Oh î }iwî/eoeexeède<br />

les bornes. Dans renseignement des doctrines<br />

de l'homme supérieur, que doit-on enseigner d'abord.<br />

que doit-on s'efforcer d'inculquer ensuite? Par exejnple,<br />

parmi les arbres et les plantes, il y a diHercules classes<br />

qu'il faut distinguer. Dans renseignement des doelrines<br />

de l'homme stipcrieiir, comment se laisser aller a la déception?<br />

Cet. enseignement a un commencement et niic*<br />

lin; c'est celui <strong>du</strong> saint homme,<br />

13. TSPU -Jt ia é i1 ; Si j >e 11 d ; t ri I cj ne l'on oe e u pe un emploi<br />

public on a <strong>du</strong> temps cl des forces de reste, alors on<br />

doit s'appliquer à l'étude de ses devoir,,; quand un étudiant<br />

est arrive an point d'avoir <strong>du</strong> temps et des Jurées de<br />

reste, il doit alors occuper un emploi public»<br />

l-i, Tseu-yeou dit : Lorsqu'on est eu deuil de ses père<br />

et. ru ère, on doit porter 1 expression de sa douleur à ses<br />

dernières limites, ci s'arrêter là.<br />

i 5, Tse u - if vo u dit : Mon a mi 7 c/t un // se jette toujours<br />

flans les plus difficiles entreprises; cependant il ira pas<br />

encore pu acquérir la vertu de l'humanité.<br />

1 i). 7 Itsfht (j-t$i:m\\\: U \ i e 7 chat i // a I a c u ri I e 111 u i c e


216 LE Ll'N-YC,<br />

très vertus ; mais^ après la mort de son père^ il ne changea<br />

ni ses ministres ni sa manière de gouverner; et 1 c'est en<br />

cela qu'il est difficile à imiter.<br />

1 ! I. Lorsque . î /c n g - c // ' t .I/?/ ntj-t c h ou an g - i se iti n on i i ï i a<br />

} a f t g - fa n ministre de la i 11 s I i r c * , l'an g - fou e f i il su 11 a<br />

TI>svHif^$i'a ( son ma if iv ] sur la manière dont il devait se<br />

roi ahuri 1 . ï'hsthig-tsïu dit : Si les supérieurs qui gouvern-'iil<br />

perdent la voie de la justice et <strong>du</strong> devoir, le peuple<br />

se détache également <strong>du</strong> devoir et perd pour longtemps<br />

Italie soumission. Si vous aeqtiérez la preuve qu'il a<br />

de tels sentiments de révolte rontre les lois, alors ayez<br />

compassion de lui» prenez-le en pitié et ne vous en réjouisse/<br />

jamais.<br />

20. 1 !sv- (i-knuïiij dit : La j a -r v e r s i 11 » ( i e C 7/ en «- ( s /?i ) 11 e f 11<br />

pas aussi ex t renie qu'en Fa rapporté, (l'est pour cela que<br />

l'homme supérieur doit avoir en h erreur de demeurer<br />

dans des lieux immondes: tons les vices et les erïi nés possibles<br />

lui seraient imputés.<br />

2 1. ? se u - kt i v. -tifj i\\\ ; L e s e r t'e n rs d e V11 o 111 m e si i pé ri e 11<br />

sont connue


OU LES ElïtilïiUS PHILOSOPHIQUES. 217<br />

de Lou], s'entretenant avec d'autres dignitaires <strong>du</strong> premier<br />

ordre à la cour <strong>du</strong> prince* dit : Tseu-koung est bien supérleor<br />

en sagesse à îchoungrni.<br />

7 seu-fou, d u ran g de Ki ng -pe [ gr an c 1 tî i g n i I i i ï r e clef Ë f a t<br />

de Lou] y en in tonna Tseu-koung, Tset.i-h.nmf/ dit ; Fournie<br />

servir de la e oui parai son d'un palais et de ses murs,<br />

moi S se, je ne suis qu'un nmr qui atteint a peine aux<br />

épaules ; mais si vous considérez attentivement tout l'édifice,<br />

vous le trouverez ad ni irai île.<br />

Les murs de L'édifice rie ni on maître sont très-élevés.<br />

Si vous ne parvenez pas à en franchir la porte, vous ne<br />

pourrez contempler tonte la beauté <strong>du</strong> temple des ancêtres,<br />

ni les richesses de toutes les magistratures de<br />

l'État.<br />

Ceux qui parviennent à franchir cette porte sont quelques<br />

rares personnes. Les propos de mon supérieur<br />

[ Wou-chou relativement à KIIOI;N


218 il LL'H-TC,<br />

Notre maître ne peut pas être atteint [dans "son intelli­ •lî— 1<br />

gence supérieure]; il est comme le eiel^ sur lequel on*ne<br />

peut <strong>mont</strong>er, même avec les plus liantes échelles.<br />

Si notre maître tih!F. M .MWICLES.<br />

I. î no dit : 0 Chun! le ciel a résolu que la succession<br />

de la dynastie impériale reposerait désormais sur votre<br />

personne. Tenez ton jours terme! lient et sincère ri lent le<br />

milieu de la droite voie. Si les peuples qui sont situés<br />

entre les quatre mers soullrent de la disette et de la<br />

misère, les revenus <strong>du</strong> prince seront à jamais supprimés.<br />

Chun confia aussi un semblable mandat à ! w. [Celui<br />

-c i | d i t : Moi humble e t. j>a iivre L /, t o n t ce q ue j "ose,<br />

c'est de me servît** d'un taureau noir [dans les sacrifices];<br />

tout, ee que j'ose, c'est d'en instruire l'empereur sonverain<br />

et auguste. S'il a coi un lis des fautes, rr'osé-je [moi,<br />

M ai ministre j l'en blâmer? Les ministres naturels de<br />

l'empereur [les sages de l'empire 1 ] ne sont pas laisses<br />

dans robscurile; ils sont tous en évidence dans le cœur<br />

de l'empereur. Ma pauvre personne a beaucoup de défauts<br />

(pii ne son! pas connu nus [au\ sages] des quatre<br />

régions de l'empire. Si les [sages] des quatre régions de<br />

1 Commentaire.<br />

tWëmr^^


OU LES ENTRETIENS PHILOSOPHIQUES. 219<br />

l'empire ont des défauts^ ces défauts existent également<br />

•dans ma pauvre personne.<br />

Tckeou (Wou-wang) eut une grande libéralité; les<br />

hommes vertueux furent à ses yeux les plus «Vuineufs.<br />

lit disait : ] IJuoiqne Ton ait des parents très-proches<br />

[connue îles fils et des petits-fils], il » est rien mituIndes<br />

hommes doués de la vertu de l'huma ni le l ! je \oufi<br />

l'aï s que les fautes de tout le peuple retombassent sur<br />

moi seul,<br />

| Uvjtf-;/'.';////] donna beaucoup de soin et d'attention au\<br />

poids et mesures. Il examina les lois et les conslitutions,<br />

rétablit dans leurs emplois les nntgisfniïs qui en avaient<br />

été juives, et l'administration des quatre parties de l'empire<br />

fut reluise en ordre,<br />

II releva fe> royaumes détruits [il les rétablit et h s<br />

rendit à leurs anciens possesseurs 2 ); il renoua le fil des<br />

générations interrompues | il donna des rois aux royaumes<br />

qui n'en avaient plus :i t; il rendit leurs honneurs à ceux<br />

qui a v a i e n t é 1t ) t: x i l é s. I... es po pu 1 a t i o n s d e rempile re \ i n -<br />

n n 11 d ' e 11 es- m é i n e s s e so tiiiitrllre* a lui.<br />

(le qu'il regardait comme de plus digne d'attention et<br />

de plus important, e'ètail l'entretien <strong>du</strong> peuple, les lunérailles<br />

et les sacrifices aux ancêtres.<br />

Si vous avez de la générosité et de la grandeur d'àmo,<br />

alors vous vous gagnez la foule; si vous avez de la sine<br />

e i - i ! é e t de la d ro i 111 re, a 1 < > r s 1. e | >e 1.1 p I e se confie à vous;<br />

si vous êtes actif et vigilant, alors toutes vos allaires ont<br />

< i ' h i* 11 r t ' n x résultats; si v o 11 s po r I. « • z 11.11 égal i 11 (. é té i a t < > 11<br />

le monde, a I or* s 1 e peuplées! d a n s I a j o i e.<br />

% 2. 'imt-tchnng fit une question à liiioexo-TSEli en t*^<br />

termes ; (loiuni*ait pensez-vous que i on doive diriger les<br />

affaires de l'administration publique? Le Philosophe dit ;<br />

1 Chapitre Tefi-tchi, <strong>du</strong> Chourking. Voyez la tra<strong>du</strong>ction que nous<br />

en- avons publiée dans les Livre* sacrés de l'Orient. Paris, F. Didoî,<br />

1840.<br />

« Commentaire»<br />

* IbM.


2$0 LE LUN-Yt,<br />

Honorez les cinq choses excellentes % , fuyez les quatre<br />

mauvaises actions 8 : voilà comment vous pourrez diriger<br />

les affaires de l'administration publique. Tseu-tekùng<br />

dit : Qu'appelez-vous les cinq choses excellentes! Le<br />

Philosophe dit : L'homnie supérieur [qui commande aux.<br />

autres] doit répandre des bienfaits, sans être prodigue ;<br />

exiger des services <strong>du</strong> peuple, sans soulever ses haines;<br />

désirer des revenus suffisants, sang s'abandonner à<br />

l'avarice et à la cupidité ; avoir de la dignité et de te<br />

grandeur, sans orgueilleuse ostentation* et de te majesté<br />

sans rudesse.<br />

Tseu-tchang dit : Qu'entendez-vous par être bienfaisant<br />

sans prodigalité? Le Philosophe dit : Favoriser continuellement<br />

tout ce qui peut procurer des avantages au<br />

peuple, en lui faisant <strong>du</strong> bien, n'est-ce pas là être bienfaisant<br />

sans prodigalité? Déterminer, pour les laire exécuter<br />

par le peuple, les corvées qui sont raisonnablement<br />

nécessaires^ et les lui imposer : qui pourrait s'en indigner!<br />

Désirer seulement tout ce qui peut être utile à l'humanité,<br />

et l'obtenir, est-ce là de la cupidité? Si l'homme<br />

supérieur [ou le chef de l'État] n'a ni une trop grande<br />

multitude de populations, ni un trop petit nombre; s'il<br />

n'a ni de trop grandes ni de trop petites affaires; s'il<br />

n'ose avoir de mépris pour personne : n'est-ce pas là le<br />

cas d'avoir de la dignité sans ostentation? Si l'homme supérieur<br />

compo» régulièrement ses vêtements^ s'il met<br />

de la gravité et de la majesté dans son attitudes sa contenance,<br />

les hommes le considéreront avec respect et vé*<br />

nération ; n'est-ce pas là de la majesté sans rudesse!<br />

Tseu-tchang dit : Qu'entendez-vous par les quatre mauvaises<br />

actions? Le Philosophe dit : C'est ne pas instruire<br />

le peuple et le tuer [moralement, en le laissant tomber<br />

* « Ce sont des choses qui procurent des avantages au peuple. »<br />

{Commentaire.)<br />

1 « Ce sont celles qui portent un détriment au peuple* »<br />

{Commentaire.)


OU LES ENTBBTIBNS PHILOSOPHIQUES. 221<br />

dans le mal *] : on appelle cela cruauté ou tyrannie ; c'est<br />

ne pas donner des avertissements préalables^ et vouloir<br />

^ exiger une con<strong>du</strong>ite parfaite : on appelle cela violence,<br />

' oppression ; c'est ciifïèrer do do1111er ses on 1res, eî vouloir<br />

rexécution d'une chose aussitôt qu'elle est résolue : on<br />

appelle cela injustice grave; de met ne que, dans ses rapports<br />

journaliers avec les hommes, monfïw une sordide<br />

avarice,, on appelle cela se comporter connue un collecteur<br />

d'impôts.<br />

3. Le Philosophe dit : Si l'on ne se croit pas chargé de<br />

rem pi i r m le niissï on, u n m and a f, « m ne pe 111 pas ê I re considéré<br />

connue un homme supérieur.<br />

Si l'on ne connaît pas les rif


7 1 . ï<br />

MENG-TSEU,<br />

QUATRIÈME LIVRE CLASSIQUE.<br />

PREMIKK 1.1 VUE.<br />

CIIAlMTIiK PREMIER,<br />

OUll'OSK i*f-; ~ A HTK:!.!•>.<br />

•1. MENTI-TSEI; alla visiter lIoeMcang, prince de la ville<br />

cit.* Litnhj jt\f{ de l'Klat de Met ! j.<br />

Le-roi lui dit ; Sage vénérable, puisque vous n'avez pas<br />

juge que la distance de mille // [cent lienesj fût trop longue<br />

peur vous rendre à nia cour, sans doute que vous<br />

m'apportez de quoi enrichir mon royaume?<br />

MEW^TSEI: répondit avec respect : Roi! qu'est-il besoin<br />

11 e }') a i • I e r de ga i 11 s ou de f 11 *o fils?] * a pi >or I e avec m o i l'humanité,<br />

la justiee; et voilà fout,<br />

Si le roi dît : Comment ferai-je pour enrichir mon<br />

royaume? les grands dignitaires diront : Comment ferons-<br />

1 Petit Élat de la Chine à l'époque de MENG-îSEU, et dont la capitale<br />

se nommait Ta-liang ; de son vivant, ce prince se nommait<br />

Wm-yng ; après sa mort, on le nomma Liang-hqeï-wang, roi bienfaisant<br />

de îa ville de Liang. Selon le Li-taï-ki-sse, il commença à<br />

régner la G e année ûê Lie-wang des Tchéou, c'est-à-dire 370 ans<br />

avant notre ère. Son règne <strong>du</strong>ra dix-huit ans, La visite que lui fit<br />

MENG-TSED <strong>du</strong>t avoir lieu (d'après le { 5 de ce chapitre, p. 227)<br />

après la 9® année de son règne ou après la 362 e année qui a précédé<br />

notre ère.


llNG-TSEt 1 . 223<br />

nous pour enrichir nos familles! Les lettrés et les hommes<br />

<strong>du</strong> peuple diront : Comment ferons-nous pour nous enrichir<br />

nous-mêmes? Si les supérieurs et les inférieurs se<br />

disputent ainsi a cpiî obtiendra le plus de richesse.-., le<br />

royaume se trouvera en danger. I*aus en rovanme de dix<br />

mille chars de guerre, eehtt qui net roue en lue son pliure<br />

doit être le ehef d'une famille de nulle chars de unerre L<br />

Dans mi royaume de mille eltam de guerre, relui qui détrône<br />

ou fia» son prince doji être le eliel d'une famille de<br />

cent chars de guerre -. Ile dix mille prendre mille, et de<br />

mille prendre était , ee nVsf pas prendre une petite portion<br />

:j , Si en plaee en second lieu lu justice, et en premier<br />

lieu le «juin on le prulti, tan! que [ les supérieurs] ne seront<br />

pas renversés et dépouillés, des intérieurs! ne seront<br />

pas satisfaits.<br />

Il nVst jamais arrive que relui qui possède, véritablement<br />

la vertu de fîiurnatule abandonnât ses parents [^s<br />

|)ere et mère]; il n'est jamais arrive que l'homme juste et<br />

équitable fif peu de ra> de >nn prînee,<br />

lk)L parlons, en ellèLde l'humanité et de la justice ; rien<br />

que de cela, A quoi bon parier de gain> f, t de pmiils?<br />

2. Mou-TSEl étant aile \wir nu autre jour II>K i-w-r.n


224 MENG-YSHL<br />

« II commence ( Wcn-ivang) par esquisôer le plan de ta<br />

« tour de l'Intelligence [observatoire] ;<br />

« Il l'esquisse, il en trace le plan, et on l'exécute ;<br />

ce La foulé <strong>du</strong> peuple, en s'occitpant de ces travaux,<br />

te Ne met pas une journée entière à l'achever.<br />

Aï En commençant de tracer le plan, ( Wou-wang) dé-<br />

« fendait de se hâter;<br />

ce Et cependant le peuple accourait à l'œuvre Comme'<br />

« un fils.<br />

« Lorsque le roi ( Wou-wang) se tenait dans le pure dé<br />

ce l'Intelligence,<br />

« Il aimait à voir les cerfs et les biches se reposer en<br />

ce liberté, s'enfuir à son approche;<br />

« Il aimait à voir ces cerfs et ces biches éclatante de<br />

ce force et de santé,<br />

ce Et les oiseaux blancs, dont les ailes étaient resplen-<br />

« dissantes.<br />

« Lorsque le roi se tenait près de l'étang de l'IntelU»<br />

ce gence,<br />

ce II se plaisait à voir la multitude des poissons, dont II<br />

ce était plein, bondir sous ses yeux. »<br />

Wen-wang se servît des bras <strong>du</strong> peuple pour construire<br />

sa tour et pour creuser son étang ; et cependant le peuple<br />

était joyeux et content de son roi. Il appela sa tour la<br />

Tour de l'Intelligence [ parce qu'elle avait été construite<br />

en moins d'un jour f ] ; et il appela son étang l'Étang de<br />

l'Intelligence [ pour la même raison]. Le peuple se réjouissait<br />

de ce que son roi avait des cerfs, des biches, des pois*<br />

sons de toutes sortes. Les hommes {supérieurs] de l'antiquité<br />

n'avaient de joie qu'avec le peuple, que .lorsque le<br />

peuple se réjouissait avec eux ; c'est pourquoi ils pouvaient<br />

véritablement se réjouir.<br />

Le Tchang-tchi 1 dit : « Quand ce soleil périra > nous<br />

ce périrons avec lui. » Si le peuple désire périr avec lui,<br />

* Commentaire,<br />

1 Chapitre <strong>du</strong> Chou king. Voyez la note ei-devanî, p. 210.


MEKG-TSBU. H5<br />

quoique te roi ait une tour, un étang, des oiseaux et des<br />

bêtes fauves, comment pourrait-il se réjouir seul?<br />

3. Hot'ï-tcnny r e s se s< ait me 1 e! s ;<br />

abandonnant leurs boucliers et traînant leurs armes , les<br />

uns fuient ; on certain nombre d'entre eux t'ont cent pas<br />

et s'arrêtent, et un certain nombre d autres font cinquante<br />

pas et s'arrêtent ; si ceux qui n'ont fui que de cinquante<br />

pas se moq ne n t de ee u x q u i on t f u i d e c e nt, q u V n penserez-vous?<br />

[Le roi] dit : Il ne leur est pas permis de railleries<br />

autres; ils n'ont fait que fuir moins de cent pas. C'est<br />

également fuir. [MLNG-TSEI'] dit : Roi, si vous savez cela,<br />

alors n'espérez pas voir la population de votre royaume<br />

s'acc roître plus q ue ce! I e de s ro va u m es voisins.<br />

Si vous n'intervenez point dans les a Maires des laboureurs<br />

en les enlevant, par des corvées forcées, aux. travaux<br />

de chaque saison, les récoltes déliasse roi if la consommation.<br />

Si des filets à tissu serre ne sont pas jet es dans les<br />

étangs et les viviers, les poissons de diverses sortes ne


226 MENG-TSEU.<br />

pourront pas'ôtre consommés. Si vous ne portez, la hache<br />

dans les iorêts que dans les temps convenables* il y aura "<br />

toujours <strong>du</strong> bois en abondance. Ayant plus de poissons<br />

qu'il n'en pourra être consommé* et plus de bois qu'il n'en<br />

sera employé* il résultera de là que le peuple aura de quoi<br />

nourrir les vivants et offrir des sacrifices aux morts; alors<br />

il ne murmurera point. Voilà le point fondamental d'un<br />

bon gouvernement.<br />

Faites planter des mûriers dans les champs d'une famille<br />

qui cultive cinq arpents de terre, et les personnes<br />

âgées pourront se couvrir de vêtements de soie. Faites<br />

que l'on ne néglige pas d'élever des poules* des chiens 1<br />

et des pourceaux de toute espèce* et les personnes âgées<br />

de soixante et dix ans pourront se nourrir de viande.<br />

N'enlevez pas* dans les saisons qui exigent des travaux assi<strong>du</strong>s*<br />

les bras des familles qui cultivent cent arpents de<br />

terre* et ces familles nombreuses ne seront pas exposées,<br />

aux horreurs de la faim. Veillez attentivement à ce que les<br />

enseignements des écoles et des collèges propagent les<br />

devoirs de la piété filiale et le respect équitable des jeunes<br />

gens-pour les vieillards* alors on ne verra pas des hommes<br />

à cheveux blancs traîner ou porter de pesants fardeaux<br />

sur les grands chemins. Si les septuagénaires portent des<br />

vêtements de soie et mangent de la viande* et si les jeunes<br />

gens à cheveux noirs ne souffrent ni <strong>du</strong> froid ni de la faim,<br />

toutes les choses seront .prospères. Il n'y a pas encore eu<br />

de prince qui* après avoir agi ainsi* n'ait pas régné sur le<br />

peuple,<br />

Mais* au lieu de cela* vos chiens et vos pourceaux dévorent<br />

la nourriture <strong>du</strong> peuple * et vous ne savez pas y<br />

remédier. Le peuple meurt de faim sur les routes et les '<br />

grands chemins* el vous ne savez pas ouvrir les greniers<br />

publics.'Quand vous voyez des hommes morts de faim*<br />

vous dites : Ce ri'est pas mafuute, &ést celle de la stérilité<br />

1 H y a en Chine des chiens que l'on mange ; Ton peut en voir au<br />

jardin des Plantes de Paris.


MEN€-TSEU. • mi<br />

de la terre. Cela diffèrc-t-ii tfun homme qui, ayant percé<br />

un autre homme de son glaive, dirait ; Ce n est iios >//o/,,<br />

c est mon e/ac/ Ne rejetez pas la faute sur lis intempéries<br />

dos saisons, et les populations de l'empire viendront à<br />

vous pour recevoir dos soulagements a ira tes misères.<br />

•t. Hovï-icung de jLâaa/ dit : Moi, homme de peu de<br />

vertu, je désire sincèrement suivre vos leçons,<br />

MENU-TSEC ajouta a\vc respect ; Tuer un homme avec<br />

tin bâton ou avec une épée, trouvez-vous à cela quelque<br />

dîflereiïee?<br />

Le roi dit : Il n'y a aucune diflerenee, — Le- tuer avec<br />

une epée ou avec- u» mauvais gouvernement , y trouvezvous<br />

de la di Hère née?<br />

Le roi dit : Je n'y trouve aucune di H ère née. | Mou-<br />

TSEI'I ajouta ; Vos cuisines regorgettf de viandes, et vos<br />

écuries sont pleines de chevaux engraissés. Mais le visage<br />

décharné, <strong>du</strong> peuple <strong>mont</strong>re la pâleur de la taint , et les<br />

campagnes sont couve il es ùv>^ cadavres île personnes<br />

mortes de misère. Agir ainsi, e est exciter des bêtes féroces<br />

à dévorer les hommes.<br />

Les bel < «s I e roi -es se < 1 e v o ri i n t e n t iv e l les e I soi J t en 11 orreur<br />

aux hommes. V ous devez gouverner et vous con<strong>du</strong>ire<br />

dans l'administration de i'Kiat comme étant le père et la<br />

mère <strong>du</strong> peuple. Si vous ne \us dispensez pas d'exciter<br />

lesbetes féroces a dévorer les hommes, eoinmeut pourriezvous<br />

être considéré, comme le père et la mère <strong>du</strong> peuple?<br />

loua M';-NI a dît : « Les premiers qui façonnèrent des<br />

statues ou mannequins de bois I pour les funéraillesi ne<br />

lurent-ils pas privés de postérité? » Le Philosophe disait<br />

cela, parce qu'ils avaient lait des hommes à leur image ,<br />

ot qu'ils les avaient employés plans les sacrifices]. Qu'aurait-il<br />

dit. de ceux qui agissent de manière à faire mourir<br />

le peuple de t'ai m et de misère?<br />

•>. Hftaï-wnnfj de Liofuj dit : Le royaunio de /Wa l<br />

n'avait |>as d égal en puissance dans tout l'empire, Sai.e<br />

1 ("rit» parité «lu niv.-iwn.' «L- Wd ;ip|».TO,\;iiin..<br />

.!


âti 1IEN€-TWU. *<br />

vénérable, c'est ce que Youê saveï fort bien. Lorsqu'il<br />

tomba en partage à ma ehétive personne , aussitôt à l'orient<br />

je» lus détail par le roi de Thsi} et mon fils ai né périt.<br />

A roen.derit, j'ai per<strong>du</strong> dans une guerre contre le roi de<br />

Thsiii sept eenfs li de territoire L Au midi j*ai reeu un<br />

affront <strong>du</strong> roi de Tlmm, Moi, homme de peu de vertu, je<br />

roi i g i s ( 1 e e es < 1 e fa i t e s. J e v o i td r a i s, po ur 1 li o n n e 11 r de ce u x<br />

qui sont- morts, effarer en une seule fois tontes ces ignominies,<br />

tj u e ( I i ) i s-j e h i î r e p ou r ee 1 a ?<br />

MEM«~TSEti répondit respectueusement : Avec un territ<br />

oi re 11 < » cent / i d *ef ei ici u e | d ix 1 î eues], on peu t cependan t<br />

pa r v e n ï r à r égn e r e n so n ve ra in.<br />

Roi, si votre gouvernement est humain et bienfaisant<br />

j loi i r I e j M a i p I e, si v o 11 s d i m i n u ez 1 es pc i nés et 1 es su pp 1 i ces,<br />

si vous allégez les impôts et les tributs de toute nature, les<br />

I al )o u r eu rs si 11 o 11 n e ron t p lus pr ( > f mu léi i îe n 11 a t erre, e t arracheront<br />

la zizunic de leurs champs, deux qui sont<br />

jeun*'S et forts, clans leurs jours de loisir, cultiveront en<br />

e u x I es v er Ui s de 1 a p i é t é f i i i a ! e, de I a d é I < » re n ce en v ers 1 e u rs<br />

frères aînés, de la droiture et de la sincérité, A l'intérieur,<br />

ils s'emploieront à servir leurs parents; au dehors,<br />

ils s'emploieront à servir les vieillards et leurs supérieurs.<br />

Vous pourrez alors parvenir à leur faire saisir leurs bâtons<br />

pour frapper les <strong>du</strong>rs boucliers et les armes aiguës<br />

des l ion unes i le Thsin e I < le 7 Vtsoit.<br />

Les rois de ces Etats dérobent à leurs peuples le temps<br />

le plus précieux, en les empêchant de labourer leur terre<br />

et d'arracher livrait» de leurs champs, afin de pouvoir<br />

nourrir leurs pères et leurs in ères. Leurs pères et leurs<br />

mères soutirent <strong>du</strong> froid et. de la faim ; leurs frères, leurs<br />

femmes et leurs enfants sont séparés l'un de l'an Ire et dispe<br />

l'ses c 1 e t oi i s e o t é s 11 >o 11 r e h e i r 1 ï e r 1 e u r n o n r r î t u re ].<br />

Ces i'( as e»n t j nve i pi I é 1 e 11 rs peu pies clans u n abî me de<br />

misère en leur faisant souffrir toutes sortes de tyrannies.<br />

1 Cft t ; v«'nenu'ni eut lieu la S ,;> et la 0 e année <strong>du</strong> rqfûr de J!oel.<br />

itijiuj on -lr»'4 iKVi ans a va ni n^fre err.


JUNG-TSEl'. %m<br />

Prince, il YOWS marchei poui les combattre, quel est celui<br />

cl *e 111 re e u x q u i s ' o p pose r a i t à v < ) s cl c-sse î 11 s !<br />

C'est pourquoi il est dit : «Olui qui est humain n'a<br />

« pas d'ennemis. » Koi, je vous en prie, plus d'hésitation.<br />

V*. Mexi-'isicr alla visiter biany-tvany de Liany I til>: «lu<br />

roi preeedeiit j.<br />

En sortant de son audience, il îinl ce lana*atj;e it quel-<br />

C| i i es pe r>o unes : E111 e e u 11 si t î e r a 111 t. ! e 11 » i 11. j < • 11 e 111 i a i | ias<br />

trouve de ressemblance avec un prince; en l'approchant<br />

do près, je n'ai rien vu en lui qui inspirai le respect. Tout<br />

en l'abordant, il nia demandé : Comment taut-ils\ prendre<br />

pour consolider l'empire? Je lui ai répon<strong>du</strong> avee<br />

respect ; On lui donne de la stabilité par l'unité.— Qui<br />

pourra lui donner cette unité?<br />

4 ai lépon<strong>du</strong> avee respect ; Celui qui ne trouve pas de<br />

plaisir à tuer les homme* peut lui donner < elle unité.<br />

~- Qui sont ceux qui viendront se rendre à lui? —J'ai<br />

répon<strong>du</strong> avee respect : Uans tout l'empire il nVst personne<br />

qui ne vienne se soumettre à lui. Moi, connaissezvous<br />

ces champs de blé en herbe? Si» pendant la septième<br />

ou la huitième lune, il survient une sécheresse, alors ees<br />

blés se desseelient. Mais si dans l'espace immense <strong>du</strong> ciel<br />

se forment d'épais nuages,, et que la pluie tombe avec<br />

abondance, alors les ti^vs de Me, reprenant fie la vi~<br />

tmeur, se ledressent. Qui pourrait le> empêcher de se redresser<br />

ainsi? Maintenant ceux qui, dans tout ce ^rand<br />

empire, son! constitues les /xisteurs nVs hommes ! , il n'en<br />

est pas un qui ut; se plaise a faire tuer les hommes. S'il<br />

s'en trouvait parmi eux un sent qui n'ai mal pas à faire<br />

tuer les hommes, alors toutes les populations de rem pire<br />

tendraient vers lui Iciux bras, et n "espéreraient plus qu'eu<br />

lui. Si ce que je dis est la vente, les populations vieilliront<br />

se refuuier >ous sou aile, semblables a ili k < Icrrents<br />

1 Jin-mou. ". (\v sont !r> |»rin«vs qui nourri-M-ut H t-n!rs-ie-iïneut<br />

' !j fié r (dénient : qui foie patiee ls*s jn-niiir-. a .


230 MENG-TSEU.<br />

qui se précipitent dans les vallées. Lorsqu'elles se. précipiteront<br />

comme un torrent^ qui pourra leur résister?<br />

7. Sîouan-wang, roi de fksi} interrogea MENG-TSEU en<br />

disant : Pourrais-je obtenir de vous d'entendre le récit<br />

des actions de IJouan, prince de Thsi, et de Wen, prince<br />

M Y. N r ; -1 -s K r ri» | x m ri if a \ e c r es p c e t : De t on s 1 os d i se i p I e<br />


MENG-TSEU. 231<br />

Le roi dit : Cela s'est passé ainsi.<br />

MENG-TSEU ajouta : Cette compassion <strong>du</strong> cœur suffit<br />

pour régner. Les eenf familles 'Joui le peuple eiiinois| ont<br />

toutes considère le roi» t la us celle occasion, comme uni<br />

par fies sentiiuenls d"avariée; niais votre serviteur savait<br />

t l'une rnatnere certaine que le roi était mil par nu setiftlïieril<br />

de compassion.<br />

Le roi dit : AsMirémonL Dans la realite, j'ai donné<br />

lieu au peuple de m*-croire înù par des sentiments d'a\ariee.<br />

dépendant. ({unique le m vanna' de 'I hsi s


232 ' MENG-TSEl*.<br />

Le roi* charmé de cette explication* dit : On lit dans le<br />

Livre des Vers :<br />

« Un autre homme avait une pensée ;<br />

« M u i, j e 1 * a i t le v i née, et 1 u i a i tlo un é sa 111 es» r e ! . »<br />

Maître» vous avez exprime ma pensée. J'avais fait cette<br />

action; i nais en y relire hissant à plusieurs reprises, et en<br />

cherchant les motifs qui m'avaient fait agir comme j'ai<br />

agi, je n'avais pu parvenir à m'en rendre compte intérieurement.<br />

Maître, en t n 'ex pli q 11 a n t ces 11i o t i f s » j'ai senti<br />

renaître en rnon cœur de grands mouvements de compassion.<br />

Mais ces mouvements <strong>du</strong> cœur, quel rapport ont-ils<br />

avec l'art de régner!<br />

ME.M;-TSEI' dit ; SU se trouvait un homme qui dît au<br />

roi : 31 es t urées soi il su 11 Isa n tes pour soulever un poids<br />

de trois mille livres, niais non pour soulever o ne pi tune;<br />

ma vue peut discerner le ni on veine ni de croissance de<br />

l'extrémité des poils (faut oui ne de certains animaux,<br />

niais elle ne peut discerner une voiture chargée de bois<br />

qui suit la grande route : roi, auriez-vous foi en ses paroles!<br />

— Le roi dit : Aucunement. — Maintenant vos<br />

bienfaits ont pu atteindre jusqua un animal, niais vos<br />

1) o n ne s o • u v r e s n * a r r* i v e 111 pas j u sq u ? a n x popu 1 at i ons.<br />

Quelle en est la e a n se ? (W p< * n t .1 a n t, s î ï 11 om m e ne so n le v e<br />

fias une plume, c'est parée qu'il ne fait pas usage de ses<br />

forces; s'il ne voit pas la voiture chargée de bois, c'est<br />

qu'il ne tait pi i s usa ge < 1 e sa fa e 11111» de v o i r ; si les populations<br />

ne reçoivent pas de vous des bienfaits, c'est que<br />

vous ne faites fias usage de votre* taenlte bienfaisante.<br />

C'est pourquoi, si un roi ne gouverne pas comme il doit<br />

gouverner [en comblant le peuple de bienfaits 2 J, c'est<br />

parc e q 1111 n e 1 e fa it \ \ a s, e t non pa r e e qu'il ne 1 e pe u i pas.<br />

Le roi dit ; En quoi dilièrent les apparences (lu mauvais<br />

gouverne me rit par mauvais vouloir ou par impu : s-<br />

SQNCe?<br />

* Ode Khiaouen, seclioe SiaiMjû.<br />

* Commentaire. i


MENG-TSEU. 233<br />

MEH€-TOEIJ dit : Si l'on conseillait à un homme de prendre<br />

sous son bras la <strong>mont</strong>agne Taï-chan pour Sa transporter<br />

clans 1 '0eéan septentrionaî, et qne eef hon111te dît ; Je<br />

ne le puis, on le croirait, parée qu'il dirait la vérité; niais<br />

si on lui ordonnait de rompre un jeune ntnteatt d'arbre,<br />

et qu'il dît encore : Je ne le puis, alors il y au ru if de sa<br />

part mauvais vouloir* et non impuissance. lie même, le<br />

roi qui ne gouverne pas bien comme il le devrait faire<br />

n'est pas à comparer à l'espèce d'homme essayant de<br />

prendre la <strong>mont</strong>agne de Tuï clum sons son liras pour la<br />

transporter dans l'Océan septentrional, niais à l'espère<br />

d'homme disant ne pouvoir rompre le jeune raine au<br />

d'arbre»<br />

Si la piété filiale que j'ai pour un parent et famille<br />

fraternelle que j'éprouve pour nies frères inspirent aux<br />

antres hommes les mêmes sentiments; si la tendresse<br />

t ou te paternel 1 e avec 1 aq 11 e 11 e j e I r a î t e n i es t i n fa 1i1 s i i :isp î re<br />

aux autres hommes le même sentiment : je pourrai aussi<br />

facilement répandre des bien! ait s dans l'empire que de<br />

tourner la main.<br />

Le Livre des Vers dit :<br />

« J e in e co ï 11 por t e < * o 1.11111 e j e I «. s d o i s e n v e rs ma te m m e,<br />

« Ensuite envers mes frères aîné et cadets,<br />

« Afin de gouverner convenablement mon Etat, qui<br />

a n est q u J u ne t a m i ! Ie l . »<br />

Cela vent dire qu'il huit cultiver ces sentiments d'humanité<br />

dans son cœur, et les appliquer aux personnes désignées.,<br />

et que cela suffit. C'est pourquoi celui qui met<br />

en action, qui pro<strong>du</strong>it au dehors ces bons sentiments, peut<br />

embrasser dans sa tendre allée.lion les populations comprises<br />

entre les quatre» mers; celui qui ne réalise pas ces<br />

bons sentiments, qui ne leur fait pro<strong>du</strong>ire aucun e fief, no<br />

pe 111 pas nie me en t o u r e r d e si* s so i n s et de son a t h *e t i o n<br />

sa femme et ses enfants. Ce qui rendait les hommes des<br />

anciens temps si supérieurs aux hommes de nus jours nï-<br />

1 Otk S$e-tcfniit >ei:tk»ii Ta-yL<br />

20.


234 MENG-TSEU.<br />

tait pas autre cbose ; ils suivaient l'ordre de la nature daos<br />

l'application de leurs bienfaits, et voilà tout. Maintenant<br />

que vosbiemaitsont pu atteindre les animaux, vos bonnes<br />

u 1 1 tvrt 's ne s Y f s * nd ron I-< » 11 < s pus jusqu'aux pepu I ation s, e t<br />

celles-ci en seront-elles seules pri\ees?<br />

Quand on a plaeé des objets dans la balance, on connaît<br />

ecuxquî sont lourds ef. ceux qui sont levers. Quand on<br />

a niesure des objets, on connaît eenx qui sont longs et<br />

ceux qui sont courts. 1 on tes les choses ont en général ce<br />

e a r a < : t i : r t l ; t u a i s 1 e e ee t 11 ' t ! e V1i o i 11111 e e s t 1 a e 11 ose la plus<br />

importante de fontes, (loi, je vous en prie» mesurez-le<br />

(eVst-à-di e, tachez d'en déterminer les Y e ri fables sentiments].<br />

O roi î quand vous laites briller aux yeux les armes aigués<br />

et les boucliers, que vous exposez an danger les chefs<br />

et leurs soldais, et que vous vous attirez ainsi les ressentiments<br />

de Ions les grands vassaux» vous en réjouissez-vous<br />

dans voire eu air 1<br />

L e i - o i dit : A n c u n e n i e n t. ( î o 111 n i e n t 11 i e r e j o u i r a i s-j e<br />

de pareilles choses? Tout ce- (pie ie e lie relie en agissant<br />

ainsi, c'est d'arriver a ee qui util le plus e ranci objet do<br />

mes désirs.<br />

Mo'u-ïsEr dit : Pou irais-je parvenir à connaître ie plus<br />

g r a n t î d e s v ». e nxd.it roi? 1, e roi st ) n r i 1, e I ne répondit<br />

|MKN


MENG-TSEU. 235<br />

Le roi dit : Aucunement. Je ne suis point affecté de ces<br />

choses,<br />

MENG-TOEU dit : S'il en est ainsi, alors je puis connaître<br />

le grand but des désirs <strong>du</strong> roi. 11 veut agrandir les terres<br />

de son domaine, pour faire venir à sa cour les rois de<br />

Tàsin et de Tftmi, commander à tout l'empire <strong>du</strong> milieu,<br />

et pacifier les barbares des quatre régions. Mais agir<br />

comme il le fait pour parvenir à ce qu'il désire, c'est<br />

comme si l'on <strong>mont</strong>ait sur un arbre pour y chercher des<br />

poissons»<br />

Le roi dit : La difficulté serait-elle donc aussi grande?<br />

- MEïIG-TSBU ajouta : Elle est encore plus grande et plus<br />

dangereuse. En <strong>mont</strong>ant sur un arbre pour y chercher<br />

des poissons, quoiqu'il soit sûr que Ton ne puisse y en<br />

trouver, il n'en résulte aucune conséquepce f&cheuse ;<br />

mais en agissant comme vous agissez pour obtenir ce que<br />

vous désirez de tous vos vœux, vous épuisez en vain toutes<br />

les forces de votre intelligence dans ce but unique ; il<br />

s'ensuivra nécessairement une foule de calamités.<br />

[Le roi] dit : Pourrais-je savoir quelles sont ces calamités<br />

?<br />

[MENG-TOIU] dit : Si les hommes de Tseou l et ceux de<br />

7%*ott entrent en guerre, alors, ôroi! lesquels, selon vous,<br />

resteront vainqueurs ?<br />

Le roi dit : Les hommes de Thmu seront les vainqueurs.<br />

'<br />

— S'il en est ainsi, alors un petit royaume ne pourra<br />

certainement en subjuguer un grand. Un petit nombre<br />

de combattants ne pourra certainement pas résister à un<br />

grand nombre ; les faibles ne pourront certainement pas<br />

résister aux forts. Le territoire situé dans l'intérieur des<br />

mers [l'empire de la Chine tout entier] comprend neuf<br />

régions de mille li chacune. Le royaume de Tiisi [celui<br />

de son interlocuteur], en réunissant toutes ses possessions,<br />

1 Le royaume de Tseou éîait petit; celui de Thsou éïail grand.<br />

(Commentaire.)


Î36 MEtfG-ÏBEU.<br />

n'a qu'une seule de ces neuf portions de Fetnpire. Si avec<br />

[les forces réunies] d'une seule de ces régions il veut se<br />

soumettre les huit autres, en quoi différera-t-il <strong>du</strong><br />

royaume de Tseou, qui attaquerait celui de Tàmu F Or il<br />

vous faut réfléchir de nouveau sur le grand objet de vos<br />

voeux.<br />

Maintenant, A roi ! si vous faites que dans toutes les<br />

parties de votre administration publique se manifeste-'<br />

Faction d'un bon .gouvernement ; si vous répande! au<br />

loin les bienfaits de l'humanité, il en résultera que tous<br />

ceux qui dans l'empire occupent des emplois publics<br />

voudront venir résider à la cour <strong>du</strong> roi ; que tous les<br />

laboureurs voudront venir labourer les champs <strong>du</strong> roi;que<br />

tous les marchands voudront venir apporter leurs<br />

marchandises 3ur les marchés, <strong>du</strong> roi ; que tous les voyageurs<br />

et les étrangers voudront voyager sur les chemin*<br />

<strong>du</strong> roi ; que4outes les populations de l'empire, qui détestent<br />

la tyrannie deleurs princes, voudront accourir à la hâte prè»<br />

<strong>du</strong> roi pour l'instruire de leurs souffrances* S'il en était<br />

ainsi, qui pourrait les retenir ?<br />

Le roi dit : Moi, homme de peu de capacité, je ne puis<br />

parvenir à ces résultats par un gouvernement si parfait;<br />

je désire que vous, maître, vous aidiez ma volonté {m nde<br />

con<strong>du</strong>isant dans la bonne voie *] ; que vous m'éclairie»<br />

par vos instructions. Quoique je ne sois pas doué de beaucoup<br />

de perspicacité, je vous prie cependant d'essayer<br />

cette entreprise,<br />

[MENG-TSEU] dit : Manquer des choses • constamment<br />

nécessaires à la vie, et cependant conserver toujours une<br />

âme égale et vertueuse, cela n'est qu'en la puissance des<br />

hommes dont l'intelligence cultivée s'est élevée au-dessus<br />

<strong>du</strong> vulgaire. Quant au commun <strong>du</strong> peuple, alors, s'il<br />

manque des choses constamment nécessaires à la vie, par<br />

* Commentaire.<br />

* Tchan, patrimoine quelconque m terres ou ea maisons ; moyens<br />

d'existence.


MENG-TSEIL Î37<br />

cette raison il manque d'une âme constamment égale et<br />

vertueuse; s'il manque d'une ànte constamment égale et<br />

vertueuse, violation de la justice, dépravation cl» ceeur,<br />

licence <strong>du</strong> vice, excès de la dehanehe ; il n'est rien qu'il ne<br />

sott eapa h 1 e de 1 ai re, S'il arrt v< • à t•e poi 111 11e f « »1111n:r da11s<br />

le crime [en se révoltant contre les luis ! ). ou exerce des<br />

poursuites contre lui, et on lui lait subir des supplices. C'est<br />

prendre le peuple dans des filets, Comment, s'il existait<br />

un hoiiinie véritablement doué de la vertu de l humanité^<br />

occupant te trône, pourrait-il commettre cette action<br />

e r i m i ne! 1 e de p r e n d r e a i n s i le pe 11 p ! c d a n s d e s ! i ! e t s ?<br />

C'est pourquoi un prince éclaire, en constituant comme<br />

il convient la propriété privée <strong>du</strong> peuple 2 , obtient pour<br />

résultat nécessaire, en premier lieu» que les enfants aient<br />

de quoi servir leurs père se se nourrir toute la vie des<br />

pro<strong>du</strong>ctions des an nées abondan les, et que, dans les années<br />

de calamités, il soif préserve de la t ami ne et de la mort.<br />

Ensuite il pourra instruire le peuple, et le con<strong>du</strong>ire dans<br />

le chemin de la vertu. C'est: ainsi que le peuple sui\ra cette<br />

voie avec facilité.<br />

Aujourd'hui la constitution de la propriété privée <strong>du</strong><br />

peuple est telle, qu'en considérant la première eh est* de<br />

tontes, les enfants n'ont pas de quoi seivir leur,-', père et<br />

mère, et, qu'en considérant la seconde, les pères n'ont pas<br />

de quoi entretenir leurs femmes et leurs «allants : qu'avec<br />

les années d'abondance le peuple, soutire jusqu'à la tin de<br />

sa vie la peine et la misère, et que dans les années de<br />

calamités il n'est pas préserve de la lamine et. de la mort.<br />

Dans de telles extrémités, le peuple ne pense qu'à é\iter<br />

la mort en craignant de manquer <strong>du</strong> nécessaire. Comment.<br />

1 ("ornntoiiaffp,<br />

2 Lo texte jifirif : Trfu nn'n fchi trhuu • *:N*rm'KNiio I»MHIJ KKM-<br />

I'AMIMARKM. La U7*«e ,'ij>t!tîti ; Trfutn. rhi tien h'Im . f.i-rrrE ruonwK'ni<br />

i » ru v i : : r: i; s T i- N K I • R O I • I U I : ;T R E S V. I I A M r < < : r t. T I V A I I I . v. s,


238 MENG-TSEl'. r<br />

aurait-il le temps de s'occuper des doctrines morales<br />

pour se con<strong>du</strong>ire selon les principes de L'équité et de la<br />

justice ?<br />

U roi ! si vous désirez pratiquer ees principes, pourquoi<br />

neramene/-\ouspas soin* esprit sur ee qui en est la base<br />

fondamentale \ la constitution de la propriété privée l ) ?<br />

l^aiies planter des mûriers dans les champs d'une launi<br />

h- qui eulti\e cinq arpents de ferre, et les personnes<br />

fixées de cil ^piaule ans ponrront porter des vêtements<br />

de soie; faites (pie l'on ne ne^liue pas d'élever des poules»<br />

des pourceaux de di Hercules espèces, eî les personnes<br />

%ees de soixante et dix ans pourront se nourrir de viande.<br />

IS'enlevé/ pas, dans les temps qui exigent des travaux assi<strong>du</strong>s,<br />

les hras des famille:? qui cultivent cent arpents de<br />

terre, et ces familles nombreuses ne seront pas exposées<br />

aux souiîrances «le la faim, Veillez attentivement a ce que<br />

les enseignements des écoles et des collèges propagent les<br />

devoirs de la pieté liliale et le respect équitable des jeunes<br />

iiens pour les vieillards, alors on ne verra pas des hommes<br />

a cheveux blancs traîner on porter de pesants fardeaux<br />

sur les grandes rouf es. Si les septuagénaires portent des.<br />

vêtements de soie et mandent de la viande, et si les jeunes<br />

ti'eus à cheveux noirs ne soutirent ni <strong>du</strong> froid ni de la fainn<br />

toutes les choses seront prospères. 11 n'y a pas encore eu<br />

de prince qui, après avoir aid ainsi, n"aît pas repue sur<br />

font l'empire.<br />

UIAIMÏKK II.<br />

r.oMPosr ai', la A HT i eu; s.<br />

1, ïc/iounny-pao ~. étant- allé voir MENI.-TSEU, lui dit<br />

1 Commentaire ckmois. Le paragraphe qui suit est une répétition<br />

de celui qui se trouve déjà dans ce même chapitre, p. 226,<br />

* Un des ministres <strong>du</strong> roi de Thsi.<br />

.-i


MENG-TSEU. 239<br />

-Moi Pm, un jour que j'étais allé voir le roi, le roi, dans<br />

la conversation, me dit qu'il aimait beaucoup la musique.<br />

BIoî /V//>, je n'ai su que lui répondre» Que pensez-vous de<br />

rot aiîioiîr clt1 roi poii r la musique ? — Mn\ct-TSI-:r ihi ;<br />

Si le roi ai nie la musique avec prédilection, le rovaume<br />

de 77/»*/approche beaucoup jd'un meilleur gouvernement |,<br />

Unautrejour,MiîNG-isiu'etant allevisiterleroUuidit : Le<br />

î 'u i a fl î t d a i î s h t< • o î j v e r sa f ï < > 11, à '/ c/t e e o c /y -//-/ s ^/ ( / r • // n UJIH


240 1BNG-TSEU.<br />

vera aussitôt un vif mécontentement* froncera le sourcil,<br />

et il se dira : « Notre roi aime beaucoup à jouer de ses<br />

instruments de musique; mais comment gouverne-t-i<br />

doiJey j>o11r que nous soyo11s arrivés au eori1t)le tte 1 a misère?<br />

Les pères ef les Iils ne se voient plus; les frères,,<br />

les j'en in lès, les enfants sont séparés F un de l'autre et<br />

disperses de tous eûtes. » Maintenant, que le roi aille à la<br />

chasse dans ee pays ci, lotit le peuple, entendant le bruit<br />

des el levai ix et ci es chars <strong>du</strong> roi, voyant la magnificence<br />

11 e se s e I e 11 d a r d s o r n é s (h ? p 11 u i les et cl e q 11 e u es flo liantes,<br />

e | » i -o u v e r a a u ssi 1 o l un vif n i ee ont e ri t e ni e n t, lïon cera 1 e<br />

so 11r c i L ( ! 111 si M 1 î ra : « N n I r e r o i a i 111 < i be au e ou p I a e h asse ;<br />

comment fait-il de»ne pour que rions soyons arrivés au<br />

comble île la misère? Les pères et les fils ne se voient<br />

plus; tes frères, les femmes et les enfants sont séparés<br />

run de l'autre et dispersés de tous cotes. » La cause de ee<br />

vif mécontentement, c'est (pie le roi ne fait fias participer<br />

le peuple a sa joie et à ses plaisirs.<br />

je suppose maintenant que le roi commence à jouer<br />

en ees lieux de ses instruments de musique: tout le peuple»<br />

entendant les sons (h^ divers instruments <strong>du</strong> roi,<br />

éprouvera un vif sentiment de joie que témoignera son<br />

visage riant, et il se dira ; « Notre roi se porte sans doute<br />

fort bien, autrement comment pourrait-il jouer «les instruments<br />

de musique? » Maintenant, que le roi aille à la<br />

citasse dans ce pavs-ei, le j jeu pie, en tendant le bruit des<br />

chevaux et des chars <strong>du</strong> roL voyant la magnificence de ses<br />

étendards ornés de plumes et de < pi eues flottantes, éprouvera<br />

un vif sentiment de joie que témoignera son visage<br />

riant, et il se dira : « Notre roi se porte sans doute fort<br />

bien, autrement comment pourrait-il aller à la chasse? »<br />

L a e a u se d e c e 11 e j t J I e « e * «. * si t| ne I e ro i aura h lit pa il i e i pe r<br />

le peuple à sa joie et a ses plaisirs.<br />

Maintenant, si le roi fait participer le peuple à sa joie<br />

et a ses plaisirs, alors il régnera véritablement.<br />

2, Siouan Wang, roi d e / 'h s /. i n \ e r rogea M E> G-TS El : en<br />

ces fermer : J'ai enten<strong>du</strong> dire que le pare dn roi Wen-


MSKG-TOEU. 241<br />

wm§ avait soixante et dix li [sept lieues] de circonférence<br />

; les avait-il véritablement?<br />

MBNG-TSIU répondit avec respect : C'est ce que l'histoire<br />

rapporte *.<br />

Le roi dit : D'après cela* il était donc d'une grandeur<br />

excessive?<br />

MENG-ISBU dit: Le peuple le 'trouvait encore trop<br />

petit.<br />

Le roi ajouta : Ma cfaétive personne a un parc qui n'a<br />

que quarante ii [quatre lieues] de circonférence* et le<br />

peuple le trouve encore trop grand ; pourquoi cette différence?<br />

MENG-î SBU dit : Le parc de Werwoong avait sept lieues<br />

de circuit; mais c'était là que se rendaient tous ceux qui<br />

•avaient besoin de cueillir de l'herbe ou de couper <strong>du</strong><br />

bois. Ceux qui voulaient prendre des faisans m des lièvres<br />

allaient là. Comme le roi avait son parc en commun<br />

avec le peuple* celui-ci le trouvait trop petit [quoiqu'il<br />

eût sept lieues de circonférence]; cela n'était-il pas<br />

juste ?<br />

Moi/ votre serviteur* lorsque je commençai à franchir<br />

la frontière* je m'informai de ce qui était principalement<br />

défen<strong>du</strong> dans votre royaume* avant d'oser pénétrer plus<br />

avant. Votre serviteur apprit qu'il y avait dans l'intérieur<br />

de vos lignes de douanes un parc de quatre lieues de<br />

tour; que l'homme <strong>du</strong> peuple qui y tuait un cerf était<br />

puni de mort* comme s'il avait commis le meurtre d'un<br />

homme: alors* c'est une véritable fosse de mort de quatre<br />

lieues de circonférence ouverte au sein de votre royaume.<br />

Le 'peuple* qui trouve ce parc trop grande n'a-t-il pas<br />

raison?<br />

3. Simon-Wang; roi de Thsi, fit une question en ces<br />

termes : Y a-t-il un art* une règle à suivre pour former<br />

des relations d'amitié entre les royaumes voisins?<br />

MENG-TSEU répondit avec respect : 11 en existe. Il n'y a<br />

1 TchwMm, ancien livre per<strong>du</strong>. {Commentaire.)<br />

21


242 ' MENG-TSEC. ^<br />

que le prince cloue de la vertu de ITuiiïtanïté qui puisse,<br />

en possédant un grand État, procurer de grands avantages<br />

aux petits. C'est pourquoi Tchhuj-thfwtf assista l'Etat de<br />

Ko. et W'M-trowj ménagea eelui des Kouen-i [ou barbares<br />

de l'occident'], li iry a que le prince clotHMtïine sagesse<br />

éclairée qui puisse, en possédant un petit Etat, avoir<br />

fa condescendance nécessaire envers les grands Etats.Cest<br />

ainsi que fia ?>w*/y recon<strong>du</strong>isit envers les Hiun-yo [ou<br />

barbares <strong>du</strong> nord |. et Keou (si m envers l'Etat de Ou.<br />

Celui qui, commandant à un grand Etat, protège, assiste<br />

les petits, se con<strong>du</strong>it. (Furie manière digne et: conforme<br />

à la raison céleste: eelui qui, ne possédant qu'un<br />

petit État, a de la condescendance pour les grands Etats<br />

ivsprete, en lui obéissant, la raison céleste ; celui qui se<br />

con<strong>du</strong>it d'une manière digne et conforme à la raison céleste<br />

est le protecteur de tout l'empire; celui qui respecte,<br />

en lui obéissant, la raison céleste, est le protecteur de son<br />

routtune.<br />

Le Livre (hs Yen* dit :<br />

u Inspectez la majesté <strong>du</strong> ciel,<br />

« Et par cela même vous conserverez le mandat qu'il<br />

« vous a délégué. »<br />

Le voi dit : La grande, l'admirable instruction! Ma chétive<br />

peisonne a un défaut, ma ehétive personne aime la<br />

bravoure.<br />

[MKN


MENG-TgEU. 243<br />

Le Livre des Vers f dit :<br />

« Le-roi (Wen-wang), s'animant subitement^ devint<br />

n ronge de Colère.<br />

« II fît aussitôt ranger Sun année en ordre dr. bataille,<br />

« Afin d'anvtcr tes troupes ennemies qui inareliaienf<br />

« sur elle»<br />

« Afin de mit Ire plus florissante la prospérité dé s<br />

« Te h mu,<br />

« Afin de répondre aux voaix ardents de tout lent-<br />

« pin-, n<br />

V u I ! à 1 a lira v ou re de 11 e n - u nrag. // 'vn-irany n e s'irrite<br />

qu'une fois, et il paeîlïe toutes lés populations de<br />

l'empire.<br />

L e Cfm u-k huj, o u Lit a v /; ' / r < '.c ce ! le t icc - ? dit : « Lé<br />

« ciel, eu créant les peuples, leur a propose des princes<br />

« [pour a\oir soin d'eux :> ] : il pair a donné des instituts<br />

leurs [pour les instruire j. Aussi est-il dit : Ils sont les<br />

a auxiliaires <strong>du</strong> souverain suprême, qui les distingue par<br />

« des marques d'lionneur dans les quatre parties de la<br />

« terre. Il n'appartient qu'à moi < eVsl II >>u-tt^nuj qui<br />

« parle i de réeompenser lesinnoeents. et de punir les eut/n<br />

« pables. Qui, dans tout, l'empire.. OM-nit! s opposer à sa<br />

« volonté 4 ? i><br />

Un s*'ul homme {Clicou-siiï) avait eonnuîs des actions<br />

odieuses dans huit l'empire: H f>//-//->wy en roudt.G 1 fut<br />

la la bravoure de II ou-inunj ; et \\-oit-truHy. s riant irrite<br />

nue seule lois, pacifia toutes les populations de ! empire.<br />

Maintenant, si le roi? en se li\rant une seule luis à ses<br />

1 Ode llomuj-L srrlmri Ta-yn.<br />

' 2 riiup. Taï-chiA'oyrz U nopuhilii>ns qui demat niaient un jpnivenM-nw'nt d


244 MENG-TSEU.<br />

mouvements d'indignation ou de bravoure^ pacifiait toutes<br />

les populations de l'empire, les populations n'auraient<br />

qu'une crainte : c'est que le roi n'aimât pas la bravoure.<br />

•i. Swuan-wang, roi de ThsL était allé voir MENG-TSEU<br />

daris le I* al ni s de la neuf? (Sioucï-kouny), Le roi dit : Convient-il<br />

aux sages de demeure i dans un pareil lieu de déliées<br />

? ME>r,-i>Et répondit avee respect : Assurément. Si<br />

I es 11 o mines <strong>du</strong> pi * 1.1 p I e 11 o I » 1 i e n nei 11 pa s ce t f e la v e u r » a lo<br />

ils accusent leur supérieur [ leur prince 1.<br />

Ceux qui n'obtiennent pas cette laveur, et. qui accusent<br />

leur supérieur, sent coupables; niais celui qui est<br />

constitué le su pi «rieur <strong>du</strong> pieu pie, et qui ne partage pas<br />

avee le peuple ses joies et ses plaisirs, est. encore plus eoit-<br />

Si un prince se réjouit de la joie <strong>du</strong> peuple, le peuple<br />

se réjouit aussi de sa joie. Si un prince s'attriste ries tristesses<br />

<strong>du</strong> peuple, le peuple s'attriste aussi de ses tristesses.<br />

Qu'un prince se- réjouisse avec tout le inonde, qu'il s'attriste<br />

a vec t o 1.111 e m t > i ;t « {e ; e n a g i ssa n t a i n s i, i 1 est impossible<br />

q i ri 1 ! ro 11 v e de la d î llî e u 11 e à rég 11 e r.<br />

Autrefois ticng-kantp roi de Tfoi. interrogeant Yaniseu<br />

[son premier ministre j, dît: ; Je désirerais contempler<br />

les ! <strong>mont</strong>agnes] Tdinufrn-fnn et l'cftao-wou, et, suivant la<br />

nier an midi [dans l'Océan orientai l ], parvenir à Lang-ye.<br />

Comment dois-je agir pour imiter les anciens rots dans<br />

I e u r s visites d e l'e i n p i r e t<br />

Yan~i$t:H répondit avec respect. : 0 l'admirable question!<br />

Quand le fils <strong>du</strong> Ciel 2 se rendait: chez les grands<br />

vassaux, on nommait ces visites, visites d'enquêtes (sunekemii<br />

: faire ces visites (¥ enquêtes, c'est inspecter ce qui a<br />

été dorme à conserver. Quand les grands vassaux allaient<br />

l'aire leur cour au fils <strong>du</strong> Ciel, on appelait ces visites<br />

comptes ren<strong>du</strong>s (eh


MmcHittu. 245<br />

dait rendre campée [m roi ou à l'empereur] de mm ies<br />

actes de mn administration* Aucune de ces visites n'était<br />

sans motif. Au printemps | 1rs aurions empereurs | inspectaient<br />

les champs cultivés, et fournissaient aux laboureurs<br />

les choses dont ils avaient besoin. En automne, ils inspectaient<br />

les moissons, et ils donnaient des secours a ceux<br />

qui ne reçoit aient pas (le quoi leur suffire. Tu proverbe<br />

de la dynastie II i a disait : « Si noire roi ne visite pas j le<br />

« royaume), comment recevrons-non s ses bienfaits? Si<br />

« notre roi no se donne pas le plaisir dInspecter { le<br />

« rovaume 1, comment obtiendrons-nous des secours? »<br />

Chaque visite, chaque récréa!ton de ce genre, devenait<br />

une loi pour les grands vassaux.<br />

Maintenant les choses ne se fiassent pas ainsi. Des troupes<br />

nombreuses se mettent en marche avec le prince jpour<br />

lui servir de garde 1 ;, et dévorent toutes les provisions/<br />

Ceux qui éprouvent la faim ne trouvent pins a mander;<br />

ceux qui peuvent travailler ne trouvent, plus de repos. Ce<br />

ne sont: plus que des regards farouches, des ronce ils de<br />

malédictions. Dans le eu air <strong>du</strong> peuple naissent alors des<br />

haines profondes; il résiste aux ordres [<strong>du</strong> rot!, qui prescrivent<br />

d'opprimer le peu file. Le boire eî h- manger se<br />

consomment avec l'impétuosité d'un torrent. Os désordres<br />

sont devenus la frayeur des grands vassaux.<br />

Suivre le torrent qui se précipite dans les lieux inférieurs,<br />

et oublier de retourner sur ses pas, on appelle cela<br />

suivre le (mirâtd 2 ; suivre le torrent en re<strong>mont</strong>ant vers sa<br />

source, et oublier de retourner sur ses pas, on appelle<br />

cela suivre sans relier ru pli ira ses plaisirs :i ; poursuivre les<br />

bétes sauvages sans se rassasier de cet amusement, on appelle<br />

cela perdre son temps en choses vaines*: trouver ses<br />

1 Commentaire.<br />

2 F. ico n.


246 MIM-TOEIL<br />

délices dans l'usage <strong>du</strong> vin, sans pouvoir s'en rassasier, on<br />

appelle cela se perdre de gaieté de cœur 1 ,<br />

- Les anciens rois ne se donnaient point les satisfactions<br />

des deux premiers égarements <strong>du</strong> cœur [le lieou et le lian],<br />

et ils ne mettaient pas en pratique les deux dernières'actions<br />

vicieuses [le àoang et le wang]. il dépend uniquement<br />

<strong>du</strong> prince de déterminer en cela les principes de sa<br />

con<strong>du</strong>ite.<br />

King-komg fut trôs^satisfait [de ce discours de Yan-tseu].<br />

il publia aussitôt dans -tout le royaume UQ décret royal<br />

par lequel il informait le peuple qu'il allait quitter [son<br />

palais splendide] pour habiter dans les campagnes. Dès<br />

ce moment il commença à donner des témoignages évidents<br />

de ses bonnes intentions en ouvrant les greniers publics<br />

pour assister,ceux qui se trouvaient dans le besoin.<br />

Il appela auprès de lui l'intendant en chef de la musique,<br />

et lui dit : ce Composez pour moi un chant de musique<br />

« qui exprime la joie mutuelle d'un prince et d'un mi-<br />

« nistre. » Or cette musique est celle que l'on appelle<br />

Tehi-chao et Aio-eâao [la première qui a rapport aux affaires<br />

<strong>du</strong> prince, la seconde qui a rapport au peuple 2 ].<br />

Les paroles de cette musique sont l'ode <strong>du</strong> Livre des Vers<br />

qui dit:<br />

ce Quelle faute peut-on attribuer<br />

ce Au ministre qui modère et retient son prince?<br />

ce Celui qui modère et retient le prince aime le prince. »<br />

S. Siouan-wang, roi de Thsi, fit une question en ces termes<br />

: Tout le monde me dit de démolir le Palais de la<br />

lumière (Ming-ihang) d ; taut-îl que je me décide à le détruire?<br />

MENG-TSEU répondit avec respect : Le Palais de la lu-<br />

» Wang.<br />

* Commentaire,<br />

8 C'était un lieu où les empereurs' des Tcheou, dans les visites<br />

qu'ils faisaient à forienî de îeor empire, recevaient les hommages<br />

des princes vassaux. Il en restait encore des vestiges <strong>du</strong> temps des<br />

Ban. {Commentaire.)


snowanbipud -ai «MI ioïiluuud sjop> •-Yifqivfitnpe '/a\noji<br />

S«J) •././ | s-->// a.ao-/ .aj -sossîïp ajjmdi saa ap<br />

ÎUt)Uhiriîïjn< no r/aire? aanjnaHi pïp uiau ap srifcl pi? A<br />

~1 H I i n b . a > p» a 11111 r » | v.\ : ( u a a r /.y i .va a fti/'hu aa s » «/s no s/aa» i<br />

spnmou lîiaarr» saiiaaaj ap snjd pia ni AIUï rrif) sp.nqpap<br />

sa'| -spiejna s.maj j.» s.MimMj s,m.i| saa|) siîirai sial pi.HUj<br />

-aji sjainiiiria«»ds.M aa\i» ppianlaj ! lasi-ïïV"'!^*!<br />

^.s.ina.iadîU.xu.Hainï sap inaniau.iaAiiOii<br />

a,> pa|a paih


248 MEKG-TSEU.<br />

pasl Le roi dit : Ma chétive personne a un défaut *, ma<br />

chétive personne aime les richesses,<br />

MENG-TSEU répondit avec respect : Autrefois K&ng-lieom<br />

aimait aussi les richesses.<br />

Le Livre des Vers- (lit,[eu parlant de Komj4ieou\ :<br />

« Il entassait [des meules de ble], il accumulait [les<br />

« grains dans les greniers| ;<br />

« II réunissait des provisions sèches dans des sacs sans<br />

« loi id et dans des sa es avec fond.<br />

« Sa pensée s'occupait de pacifier le peuple pour don-<br />

« ner de l'éclat h son règne.<br />

« Les ares et les t!relies étant préparés,<br />

« Ainsi que les boucliers, les lances et les haches,<br />

« Alors il commença à se mettre en marche. »<br />

C'est pourquoi ceux qui restèrent eurent des blés entas-<br />

.«es en meules, et des grains accumulés dans les greniers, et<br />

ceux qui partirent |pour l'émigration dans le lieu nommé<br />

/'mj curent des provisions sèches réunies dans des sacs;<br />

par suite de ces mesures, ils purent alors se nie tire en<br />

marche. Roi, si vous ai niez les richesses, partagez-les avec<br />

le peuple; qu'elle difficulté tronverez-vous alors à régner!<br />

Le roi dit : Ma chétive personne a encore une antre faiblesse,<br />

nia chétive personne aime la volupté,<br />

Jli';M;-T$r,r répondit avec respect : Auirefois Taï-wong<br />

j l'ancêtre de \Ven-wang\ aimait la volupté ; il chérissait sa<br />

femme.<br />

Le Livre des Vers dit 3 :<br />

« l'an-fou, surnommé Kou-kong [le même que Tah<br />

« irang]*<br />

« Arriva un matin, courant à cheval.<br />

« En IongtKinI les 1 KJIXIS <strong>du</strong> tienve oeei« 1 ei)Ia 1,<br />

a II parvint au pied <strong>du</strong> <strong>mont</strong> Khi.<br />

1 II y a dans le texte, une maladie*<br />

2 Ode Kong-lieoUt section Ta-ya.<br />

8 Ode Mien, section Ta-ya.


MENG-TSEU. 240<br />

a Sa femme Kiang était avec lui :<br />

a C'est là qu'il fixa avec elle son séjour. ®<br />

En ce temps-là il iry avait dans l'intérieur des niai son s<br />

aucune feriiiiic indignée [d être sans mari M; et dans tout:<br />

le royaume il n'y avait point de eéli hâta ire. Moi, si vous<br />

ailliez la volupté, [aimez-la comme Taï-wamj} et rendezht<br />

commune à tonte la population [eu faisan! que personne<br />

ne soit privé des plaisirs <strong>du</strong> mariage] ; alors, quelle difficulté<br />

trooverez-vous à régner ?<br />

6. MENG-TSEI; s'ad ressaut à Siouan-wany * roi de Th$i\<br />

lui dit : Je suppose-qu'un serviteur <strong>du</strong> roi ait assez t le confiance<br />

dans un ami pour lui confier sa feu une et ses cillants<br />

au n toi nent où il va voyager dans TE ta! de TItmu,<br />

Lorsque cet homme o>t de retour, s'il apprend que sa<br />

teinuïe et: ses enfants ont soulier! le froid cl. la faim, alors<br />

c{ ne do i t -i 1 lai re ! — Le r o i d i t: : 11 d o î t r o m p r e e n t i è r e n i » * i \ t<br />

avec son ami.<br />

MENG-TSEC ajouta : Si le chef su pré nie de la justice<br />

(Sse-sse) ne peut gouverner les magistrats qui lui sont<br />

subordonnés,, alors quel parti doit-on prendre à son<br />

égard !<br />

Le roi dit : Il faut le destituer.<br />

ME.NG-TSEC poursuivit : Si les provinces situées entre les<br />

1 imites extrêmes <strong>du</strong> royaume ne sont pas là en gouvernées^<br />

que faudra-t-il faire t<br />

Le roi [feigliant de in» pas comprendre] regarda à<br />

droite et à gauche, et parla d'au In» chose-,<br />

7, ME.NG-TSEI étant aile visiter Siuuathirang* roi de Tfisi,<br />

lui d i t ; Ce qui I a i t a p f >e 1 e r tu i r oy a u 111 e a ne i e n, e e n e so n t<br />

pas les vieux arbres élevés qu'on y trouve, ce sont h % s générations<br />

successives de* ministres habiles qui font ren<strong>du</strong><br />

heureux et prospère. Roi, vous il avez aucun ministre<br />

1 Commenta i rc c h in o i s.<br />

- L'îjqj-iiitieitt it


250 MENG-TSEU.<br />

intime [qui ait votre confiance, comme vous la sienne] ;<br />

ceux que vous avez faits hier ministres^ aujourd'hui<br />

vous ne vous rappelez déjà plus que vous les avez, destitués.<br />

Le roi dit : Confinent saura is-jc d'avance qu'ils n'ont.<br />

point de talents, pour les repousser?<br />

Mr.Vi-'rsi'i dit : Le prince qui gouverne un royaume,<br />

lorsqu'il elove les sages aux honneurs et aux dignités,<br />

doit apporli a* dans SON ehoîx Ta! f en {ion et la circonspection<br />

la plus grande. S'il agit en sorte de- donner la préférence<br />

ja eause de sa sagesse' a un homme d'une condition<br />

inférieure sur un homme d'une condition élevée, eî à un<br />

parent éloigne sur un parent plus proche, n aura-t-il pas<br />

apporté dans ses choix beaucoup de vigilance et d'attention<br />

?<br />

Si tous eeitv qui vous entourent vous disent : in iei est<br />

s.if/*', cela no doit pas suffire | pour le croire!; si tous les<br />

grands fonctionnaires disent : (.'n tel est sage, cela ne doit<br />

pas encore suffire ; si trais les hommes <strong>du</strong> royaume<br />

disent : (:n tel est snyc, et qu'après avoir pris des informations;,<br />

pour savoir si l'opinion publique était fondée,<br />

vous lave/ tromé sage, vous devez ensuite l'employer<br />

(dans les fonctions publiques, de préférence à tout<br />

autre).<br />

Si tous ceux qui vous entourent vous disent : Un tel esi<br />

'indigne ;


•MEKC-TSEU. 251<br />

pour savoir si l'opinion publique était fondée^ vous l'avez<br />

trouvé méritant la mort, vous devez ensuite le faire mourir.<br />

L'e>t pourquoi on dit que rVvf 1 opinion pu]»jitpi** qui<br />

l'a condamne et fait mourir.<br />

Si In prince agit de unttt» manière jdans l'emploi <strong>du</strong>><br />

honneurs et ilans i'nsair«' des supplices ! j, i! punira ainsi<br />

et ru considère comme In père rt la mère <strong>du</strong> peuple.<br />

iS, Sionan-irmyi* roi de 77/.% iît nnn question un eus<br />

tenues: Est-il vrai que Tchiti ;f!M«i» v/,»('.'-• ;.,-/.-•.*.',•;,// V. te» ';.


252 MBNG-T8EU.<br />

voosiserez obligé d'ordonner ou chef des ouvriers de faire<br />

chercher de gros arbres [pour faire des poutres et des solîvesj<br />

; si le chef des ouvriers parvient à se procurer ces<br />

p*os arbres, alors le roi eu sera satisfait, parée qu'il les<br />

considérera comme pouvant supporter le poids auquel on<br />

les destine. Mats si le charpentier, en les façonnant avec<br />

sa hache, les ré<strong>du</strong>it à une dimension trop petite, alors le<br />

roi se courroucera,, parce qu'il les considérera comme ne<br />

pouvant plus supporter le poids auquel on les destinait.<br />

S î II 1111 o 1111 n e s ; t ^e s'est il v r e à 1 e I n de c î es son e n fa 1t e e, e t<br />

q 11 e. pa r v e u 11 a la ue 111 ù r e t d esi ra n t m c 11 re en pra I ï q ne<br />

les préceptes de sagesse qu'il a appris» le roî lui dise :<br />

Maintenant abandonnez lotit ce que vous avez appris, et<br />

suivez nies î 11 s! r 11 c I i o ns ; q u e pe n se r iez- v o u s cl e c e 11 e e on -<br />

dette 4 ?<br />

E n outre, j e su p p ose c j u ' u n e pie rre d e j ad e brut e $o i î<br />

en votre possession , quoiqu'elle puisse peser dix mille i<br />

[ou 5(10,1100 un ces chinoises |. vous appellerez certainement<br />

un lapidaire pour la façonner etja polir. Quanta<br />

ce qui concerne le gouvernement de l'Klat , si vous dites<br />

jà dessales | : Abandonnez tout ce que vous avez appris,<br />

et suivez mes instructions, aprez-vous dilléremment que<br />

si vous vouliez instruire le lapidaire de la manière dont il<br />

doit tailler et polir votre pierre brute?<br />

10. Les 1 toi 11 mes i le Ths i a 11 a que mit ce u x de î "an, et<br />

les vainquirent.<br />

Sionmi-tcaraj interrogea j MOG-TSECI , en disant : Les<br />

uns me «lisent de ne pas aller m'emparer Ulu royaume de<br />

Von ], d'autres nie «lisent «l'aller m'en emparer. Qu'un<br />

royaume de dix mille chars puisse conquérir un autre<br />

rovaume de dix nulle chars dans l'espace de cinq décades<br />

[ou cinquante jours) et l'occuper, la force humaine ne va<br />

pas jusque-là. Si je ne vais pas m'emparer de re royaume,<br />

j'éprouverai certainement la dé laveur <strong>du</strong> ciel; si je vais<br />

m'en emparer, qu'arrivera-t-il ?<br />

MEXG-ISB' répondit avec respect : Si le à peuple de Van<br />

se réjouit de vous voir prendre possession de cet Kîat.


MEMG-T8EU. 253<br />

allez en prendre possession; l'homme de l'antiquité qui<br />

agit ainsi fut Wou-wang. Si le peuple de Yan ne se réjouit<br />

pus de vous voir prendre possession de ce royaume, alors<br />

n * a 11 e z pa son j > i v ri d r e pi »,s.se ssioiï ; Y11 o 11111 a • de F a 111 i q nit é<br />

qui agit ainsi fut \Y


254 MENG-TSEU.<br />

t( Pourquoi nous plaee-f-il après les antres i 1 >» Les peuples<br />

aspiraient après lut, connue . à la suite d'une grande secheresse,<br />

on aspire après les nuages et l'are-en-ciel. Ceux<br />

qui [sous son gouvernement! se rendaient sur les marchés<br />

n'étaient, plus arrêtés en route; eeux qui labouraient la<br />

ferre n'étaient plus transportés d'un lieu dans un autre.<br />

Tchiny-tlmiuj mettait à mort les princes [qui exerçaient la<br />

tyrannie' 2 ] et soulageait les peuples. Comme lorsque la<br />

pluie tombe dans un temps désiré, les peuples éprouvai<br />

en I une grande joie.<br />

1. e (lli ou-k in u s ait e n d i o n s é v i de m -<br />

« n i e n î n o ire p ta née ; a près soi i a r r i vée , no » i s avons e t é<br />

« ren<strong>du</strong>s à la vie. »<br />

M a i 11 f e 11 a n !, le roi de 1 r an oppr i m ait son pe 11 pie ; vous<br />

êtes alie pour le combattre et vous l'avez vaincu. Le<br />

peuple de le», pensant que le vainqueur les délivrerait <strong>du</strong><br />

milieu de l'eau et <strong>du</strong> l'en fde îa tyrannie sous laquelle il<br />

gémissait], vînt au-devant des armées <strong>du</strong> roi ? en leur offrant<br />

<strong>du</strong> riz euit à manger et <strong>du</strong> vin à boire. Mais si vous<br />

faites mourir* les pères et les frères aines; si vous jetez<br />

dans les liens les enfants et les frères cadets; si vous détruisez<br />

les temples dédiés aux ancêtres; si vous enlevez de<br />

ces temples les vases préeieux qu'ils renferment : qu'en<br />

résuliera-t-il? L'empire tout entier redoutait, certainement<br />

déjà la puissance de Thsi. lai n tenant que vous avez<br />

encore don!île reten<strong>du</strong>e de votre territoire, sans pratiquer<br />

un gouvernement lin main , vous soulevez par là contre<br />

vous tonles les armées de l'empire.<br />

Si le roi promulguait promptement un décret qui ordonnât-<br />

de rend.ro à leurs parents tes vieillards et les enfants<br />

; de cesser d'enlever des temples les vases préeieux ;<br />

et si, de concert avec le peuple de Y cm, vous rétablissez à<br />

1 € ii ; i p i l iv T clan m g -hocï-l c h i ka o . e d i I i o 11 citêo , p. G! ». Tï h on-h i<br />

JH .jiie les VMi-srik's dans i.v |«atsi|jniohé diffèrent aussi légèrement<br />

<strong>du</strong> Ji'Nt*' ;n:uirl <strong>du</strong> (linn-kûuj.


MENG-TSEU. 23S<br />

sa tète ru» sage pririee et. quittez son territoire, alors vous<br />

pourrez parvenir à arrêter | les armées des attires princes<br />

t un les piv tes à vous attaquer L<br />

12. Les p fine es de 1 M'HU, et de Lou élaut entrés en<br />

hostilités l'un eoiilre l'autre, Mau-ko/ty (prince de Tmml<br />

fît ri ne question en ces termes : (Jrux de nies chefs Ho<br />

troupes qui ont perî en eon thaï tant sont an nombre Ht»<br />

îiWife-froîs, et personne d entre 1rs hommes ans ces circonstances,<br />

comment Hois-je agir pour bien taire?<br />

MIîNG-TSKI: répondil avec respec! : Dans les dernières<br />

armées de stérilité, de dé>astres et (Je lamine, le nombre<br />


256 MENG-TOEU.<br />

pour ses supérieurs^ et II donnerait sa vie pour ses chefs.<br />

13. Wcn-kong, prince de leng, fit une question en ces<br />

termes : Teng est un petit royaume ; mais comme il est<br />

s i 11 ie e 11 î re les m y a o n i e s c 1 e 7 7i s i et de 7 li sa u, se r v i ra i -j e<br />

.7 7/s i*. ou si J r v i ni i - j e / 7t $e fixa : ee n'est pas par choix et de propos délibère qu'il<br />

iv/ït ainsi, c'est parceqtill ne pouvait pas taire autrement.<br />

Si quelqu'un pratique constamment la vertu, dans la<br />

suite des général ions il se trouvera toujours parmi sesfîls<br />

et. ses pet il s-Il 1 s un homme qui sera élevé à la royauté,<br />

L'homme supérieur qui veut fonder nue dynastie „ avec<br />

Tintent ion de transmettre la souveraine autorité à sa descendance,<br />

mit de telle sorte que son entreprise puisse être<br />

continuée. Si cet. homme supeiit ut* accomplit son couvre<br />

|sll est élevé il la royauté l j, alors le ciel a prononcé 2 .<br />

1 C


MENG-TSEU. 257<br />

Prince, que vous fait ce royaume de Thsif Efforcezvous<br />

de pratiquer la vertu [qui fraye le chemin à la<br />

roya 111é I, et t jor r u'»z-v o 11s là.<br />

ir>. Wen-kong, prince de ïouj. lit encore une question<br />

e n c est e r n i es : 1 e a g es 111 o pc M royaume. Q u o i q u ' i ! fa sse<br />

tous ses eiinrls pour être agréable ao\ grands ro va unies,<br />

il ne pourra éviter sa ruine. Dans ers circonstances, que<br />

pensez-vous que je puisse faire ? Mt-Ntn' , «; , ;i»ii.n ti«->(^ iiitaivk iiO\vs<br />

-Iï faveur de Vinlvrùl paierai utu\ur\ ifîtlirMh- }a,> a *.-,- sjin-iii.T.<br />

il


258 MENG-TSEU.<br />

transmis de génération en génération ; œ n'est pas une<br />

chose que nous pouvons, de notre propre personne,<br />

céder [à des étrangers]; nous devons tout supporter,<br />

jusqu'à la mort, pour le conserver, et ne pas l'abandonner.<br />

Prince, je vous prie de choisir entre ces deux résolutions*.<br />

16. Phlng-kong, prince de. Zon, était disposé à sortir<br />

[pour visiter MENG-TSEU % lorsque son ministre .favori<br />

Tâsang-tsang lui parla ainsi : Les autres jours, lorsque<br />

le prince sortait, il prévenait les chefs de service <strong>du</strong> lieu<br />

où il se rendait; aujourd'hui, quoique les chevaux soient<br />

déjà attelés au char, les chefs de service ne savent pas<br />

encore où il va. Permettez que j'ose vous le demander.<br />

Le prince dit : Je vais faire une visite à MENG-TSEU.<br />

Tâsang-tsang ajouta : Comment donc ! la démarche ,que<br />

fait le prince est d'une personne inconsidérée, en allant<br />

le premier rendre visite à un homme <strong>du</strong> commun. Vous<br />

le regardez sans doute comme un sage? Les rites et l'équité<br />

sont pratiqués en public par celui qui est sage; et<br />

cependant les dernières funérailles que MENG-TSEU a fait<br />

faire [à sa mère] ont surpassé [en somptuosité], les premières<br />

funérailles qu'il fit l'aire [à son père, et il a manqué<br />

aux rites]. Prince, vous ne devez pas le visiter.<br />

Phing-kong dit : Vous avez raison.<br />

Lô-tching-t§êu [disciple de MENG-TSEU] s'éiant ren<strong>du</strong> à<br />

la cour pour voir le prince, lui dit : Prince, pourquoi<br />

n'étes-vous pas allé voir MENG-KBO [MENG-TSIU]Î Le<br />

prince lui répondit : Une certaine personne m'a informé<br />

que les dernières funérailles que MENG-TSEU avait fait<br />

faire [à sa mère] avaient surpassé [en somptuosité] les<br />

premières funérailles qu'il avait fait faire [à son père].<br />

C'est pourquoi je ne suis pas allé le voir. Lo-tching-tseu<br />

dit : Qu'est-ce que le prince entend donc par l'expression<br />

surpasser? Mon maître a fait faire les premières<br />

funérailles conformément aux rites prescrits pour les<br />

1 Commentaire,


MBNG-TSBU. 259<br />

simples lettrés, et les dernières conformément anx rites<br />

prescrits pour tes grands fonctionnaires: dans les premières<br />

il a employé trois trépieds, et dans les dernières<br />

ii eu a employé cinq ; est-ce là ee que vous ave/ voulu<br />

dire? — Point <strong>du</strong> tout, repartii le roi. ,lr parle <strong>du</strong> eereuei!<br />

intérieur et <strong>du</strong> tombeau eytérieur. ainsi que de la beauté<br />

des habits de deuil. Lo-tciùnn dit : T:e n'est pas en<br />

cela que l'on peut dire qu'il a sur/tfrsu- des premières funérailles<br />

parle luxe des dernières): les facultés <strong>du</strong> pauvre<br />

e f <strong>du</strong> riche i le so n t pas l e s 111 * a 11 < * s l .<br />

Lo-tcluny-tmt étant allé visiter Mns


260 MENG-TSEU.<br />

de Thsi, on pourrait, sans doute espérer devoir se renouveler<br />

les actions méritoires de Kouan-tchoung et de<br />

Yan-tmu?<br />

MENG-TSEU dit : Vous êtes véritablement un homme de<br />

Thsi. Vous connaissez Kouan-tchoung et Yan-tseu; et voilà<br />

tout!<br />

Quelqu'un interrogea îhsmg-si [petit-fils de Tksmgtseu]<br />

en ces, termes : Dites-moi lequel, de vous ou de<br />

T$eu4out est le plus sage? Thsmg-si répondit avec quelque<br />

agitation : Mon aïeul avait beaittcoup de vénération<br />

pour Tseu-lou. — S'il en est ainsi* alors dites-moi lequel,<br />

de vous ou de Kouan-tckoung, est le plus sage? Thseng-ti<br />

parut s'indigner de cette nouvelle question qui lui déplut*<br />

et il répondit : Comment avez-vous pu me mettre<br />

en comparaison avec Kouan-tchoung? Kouan-tchoung obtint<br />

les faveurs de son prince* et celui-ci lui remit toute<br />

son autorité. Outre cela* il dirigea l'administration -<strong>du</strong><br />

royaume si longtemps 1 * que ses actions si vantées [eu<br />

égard à ses moyens d'action] ne sont que fort ordinaires.<br />

Pourquoi me mettez-vous en comparaison avec cet<br />

homme?<br />

MENG-TSEU dit : Thseng-si se souciait fort peu de passer<br />

pour un autre Kouan-tchoung, et vous voudriez que moi<br />

je désirasse de lui ressembler !<br />

Le disciple "ajouta : Kouan-tchoung rendit son prince<br />

le chef des autres princes; Yan-tseu rendit son prince illustre.<br />

Kouan-tchoung et Yan-tseu ne sont-ils pas dignes<br />

d'être imités?<br />

MENG-TSEU dit : Il serait aussi facile de faire un prince<br />

souverain de Thsi que de tourner la main.<br />

Le disciple reprit : SI! en est ainsi* alors les doutes et<br />

les perplexités de votre disciple sont portés à leur dernier.<br />

degré ; car enfin* si nous nous reportons à la vertu de<br />

Wen-wang, qui ne mourut qu'après afoir atteint l'âge de<br />

cent ans* ce prince ne put parvenir au gouvernement de<br />

s Pendant quarante années. (Commentaire.)


UNG-TSBU. 261<br />

tout l'empire. Wou-wang et Tefmu-koung continuèrent<br />

l'exécution de se^ projets. CVsl. ainsi que par la suite la<br />

grande rénovation de font le m pire fut. accomplie. .Maintenant<br />

vous fiiles que rien nest si facile que d obtenir la<br />

so n vend net o de i empire, alors Wt/h-tniHy ne su il if pins<br />

pour être otîért en imitation.<br />

MENOTSIX dit. : boniment la vertu de II en-irmHj pourra<br />

i f -e 11 o èl ri % ega ! ëe ? I ) e p n i s 7 > '// / n (j-th < ee/ j 1i sq u "à H V//thig*<br />

six on sept princes doues de sauvsse et. de sainteté<br />

ont paru. L Vu i pire a été soumis a la dvnasiie. de ) n pendaot<br />

longtemps. rJ par cela même qu'il lui a etê soumis<br />

pondant longtemps, il a efe «Tauhuit plus difficile d'opérer<br />

des changements. Il 'ùu-tiit*f convoqua a su cour<br />

tons les princes vassaux, et il obtint IV m pire avee la<br />

même facilité (pie si I eut tourné sa mai m Comme Tcfoî*ni<br />

Ion Chtw(-siit\ ne rétro a pas bien longtemps après \Y*mtinff<br />

l ? les anciennes familles ejiii axaient donné des ministres<br />

à ee dernier roi, les habit m les de bienfaisance ef<br />

d'humanité que le j>euple avait contractées, h\s sacres<br />

instriietioiis et les bonnes lois étaient encore subsistantes.<br />

K11 o n 11 t», e x i s t a i e n f a 11 ss i W'r- /- / s-m t II c ) - ! * -h o u i * y -,<br />

1 e s I î 1 s <strong>du</strong> r o i ; P i-knn, A' i-tse i r :j *. • f A * / ee - 7/ ". Tous ci • s<br />

hommes, qui étaient- (h-< sa ires, se réunirent pour aider<br />

e t se r v ï r ee p r i née. C Vs f po s in {i io i C 'if r e us ai r cen i a Ion »temps<br />

et finit par perdre, l'empire. Il n'existait pas un<br />

pied de terre qui ne fût sa possession, un peuple qui<br />

ne lui fût soi unis. Dans v\'\ état de chose-, ll^//-//w////<br />

ne possédait (prune petite contrée de *'enf // ]di\ lieu*-si<br />

de circonférence, de laquelle i! partit jpuur eonquérir<br />

l'empire], (Test pourquoi îl éprouva tant de difficultés.<br />

c!ironoli.Mrif{u


•262 ' MN6-TSEU.<br />

Les hommes de Thsi ont un proverbe qui dit : Quoique<br />

Ion ait ia prudence et ia pénétration en partage\ rien<br />

n'est avantageux comme des circonstances opportunes;<br />

quoique ton ait de bons instruments aratoires, rien n'est<br />

(ivcnUfif/eux comme d'attendre la soi son favorable. Si le<br />

temps est arrivé, alors tout est facile.<br />

Lorsque les princes de [lia, de }~n et: do Te h cou llolissaieiit<br />

l _, leur terri luire ne dépassa jamais mille li [ou<br />

e e ut li e u c s J 11\ * t e 11 d i le - ; 1 e r o y a u 111 e ( le 7 'h $ i a a u j o u rciliuî<br />

cette éten<strong>du</strong>e de territoire. Le chant des coqs et<br />

les aboiements des chiens se ré pondant mutuellement<br />

[tant, la population est. pressée] s'étendent jusqu'aux quatre<br />

extrémités «les frontières; par conséquent, le royaume<br />

de 7Lsi a une population égale à ia leur [à celle de ces<br />

royaumes de mille // d'éten<strong>du</strong>e I. On n'a pas besoin de<br />

changer les limites de son territoire pour l'agrandir, ni<br />

d'augmenter le nombre de sa population. Si le roi de 'iosi<br />

pratique un gouvernement humain [plein d'amour pour<br />

le peuple* 5 ], personne ne pourra l'empêcher d'étendre, su<br />

souveraine te sur tout l'empire.<br />

En ou Ire, on ne voir plus surgir de princes qui exerce ni<br />

la souveraineté. Leur interrègne n'a jamais été si long<br />

que de nos jours. Les sou lira ne es et. les misères des peuples,<br />

pro<strong>du</strong>ites par tlvs gouvernements cruels et tyranniques,<br />

n'ont jamais été si grandes que de nos jouis. 11<br />

es! facile de faire manger ceux qui ont laim et de faire<br />

boire ceux qui ont soif.<br />

Kiioi.NU-isKi; disait ; La vertu dans on lion gouverne<br />

ment se répand comme un fleuve; elle ma relie plus vite.<br />

que le piéton ou le cavalier qui porte les proclaniatiuiib<br />

royales.<br />

Si «ie nos jours un royaume de dix mille chars vient a<br />

* Aux époques de Yu, de Thang, de Wen-wang el de Wou-wangm<br />

1 Selon Tchou-hi, il est ici question <strong>du</strong> domaine royal, Wang-ki<br />

[qui avait toujours î ,000 U d'éten<strong>du</strong>e, et que les anciens rois gouvernaient<br />

par eux-mêmes].<br />

s Commentaire, *


MENG-ÏSEU. 263<br />

posséder on gouverne!oeuf humain, les peuples .s'en réjonirunf<br />

comme [se réjouît dosa délivrance! l'homme que<br />

l on a dt ; faelié <strong>du</strong> gibet ou ii était suspen<strong>du</strong> la tété en bas.<br />

Ces! ainsi que si on lai! si ai lia tient la moitié des actes<br />

bienfaisants dos bon unes de l'antiquité, le s résultats seront<br />

plus que doubles, €e n est que maînlenanl que bon peut<br />

accomplir de telles choses.<br />

i, Rong-sun-lchcou lit une autre question en ees ternies<br />

: Maître, je suppose que vous so\ez grand dignitaire<br />

et premier ministre <strong>du</strong> royaume de Thxi. et que vous parveniez<br />

à mettre eu pratique vos <strong>du</strong>c •tri nés de bon gouvernement,<br />

quoiqu'il puisse résulter de là que le roi<br />

devienne chef suzerain des autres rois, ou souverain do<br />

l'empire, il n'y aurait rien d'extraordinaire. Si vous deveniez<br />

ainsi premier ministre <strong>du</strong> royaume, éprouveriezvons<br />

dans votre esprit i!


264 M»fi-HED.<br />

chars, comme s'il tuerait* l'homme vêtu d'une -large<br />

Yeste de laine. Il n'avait peur d'aucun" des princes de<br />

l'empire : si des mots outrageants pour loi, tenus par eux,<br />

parvenaient à ses oreilles, il les leur renvoyait-aussitôt.<br />

C'est de cette manière que Meng-chi-che entretenait<br />

aussi son courage viril. II disait : « |§ regarde <strong>du</strong> même<br />

œil la défaite que la victoire. Calculer le nombre des<br />

ennemis avant de s'avancer sur eux,, et 'méditer longtemps<br />

sur les chances de vaincre avant d'engager -te<br />

combat, c'est redouter trois armées ennemies. »,Pensezvous<br />

que Mmg-chi-ehê pouvait acquérir la certitude de<br />

vaincre! Il pouvait seulement être dénué detoptecrainte;<br />

et voilà tout. '<br />

Mmg-eki~ekerappelle Th$êng-t$eu pour le caractère;<br />

Pe-koung-lteou rappelle T$eu-hia. Si l'on compare le<br />

courage viril de ces deux hommes, on ne peut déterminer<br />

lequel «des deux surpasse l'autre; cependant Mengehi-che<br />

avait le plus important [celui qui consiste à avoir<br />

un empire absolu sur soi-même]. ' -<br />

- Autrefois, Th$êng-t$eu, s'adressant à Tseu*ia*g, lui<br />

dit : Aimez-vous le courage viril î j'ai beaucoup enten<strong>du</strong><br />

parler <strong>du</strong> grand courage viril [ou de la force d'âme] à<br />

mon maître [KHQUNG-TSEU]. // disait :* Lorsque je fais<br />

un retour 'sur moi-même, et que je ne me trouve pas<br />

le cœur droit, quoique j'aie pour adversaire un homme<br />

grossier, vêtu d'une large veste de laine, comment n'éprouverais-je<br />

en moi-même aucune crainte! Lorsque je<br />

fais un retour sur moi-même, et que je me trouve le<br />

cœur droit, quoique je puisse avoir pour adversaires<br />

mille ou dix mille hommes, je marcherais sans crainte à<br />

l'ennemi.<br />

Meng-chi-che possédait la bravoure qui naît de l'impétuosité<br />

<strong>du</strong> sang, et qui n'est pas à comparer au courage<br />

plus noble que possédait Thsêng-tseu [celui d'une raison<br />

éclairée et souveraine 1 ].<br />

1 Comimniaire.


1IEN6-T8BU. 265<br />

Kong-sun-tcheon dit : Osera is-je demander sur quel<br />

prine i\>e est foi\dée Ia fon• t % ou I a f e r m e i é daine 1 démon<br />

inaître, et sur quel principe était fondée la force on fermeté<br />

darne de Kao-tsm? Pour rais-je obtenir de l'apprendre<br />

fie vous? | MKMi-TSKi' répondit I : /\oo-!st>n disait : « Si<br />

vous ne saisissez pas clairement la raison des paroles que<br />

quelqu'un vous adresse, ne la cherchez pas dans | les passions<br />

(le | son ârne ; si vous ne la trouvez pas dans [ les passions<br />

de] son âme. ne la cherchez pas dans les niouvem<br />

eut s désord on n es d e so u e s pr i l v i t a l. »<br />

Si vous ne la (retueez pas dans | les passions \ de son ârne,<br />

ne la cherchez fias dans tes moueenienfs désordonnés de sari<br />

esp rit v fiai ; c e la se d o i f : niais s î va as n e sa is issez / n IS cl a i -<br />

rement la rffison des paroles que quelqu'un, vans adresse, ne<br />

la cherchez pas dans I les fiassions] de son âme ; cela ne se<br />

doit pas, (jette intelligence [ que nous possédons en nous,<br />

e t qui est 1 o pr< xl u i t (h* Y unie 2 ] c o m m a n d e à V esprit v il al.<br />

L'esprit vital est le complément nécessaire des membres<br />

corporels de l'homme ; Vintelligence est la partie fa plus<br />

noble de nous-méme; Vesprit vital vient ensuite, ("est<br />

p o i i rq uo i j e dis : J l f a u t surveiller a v t » e resj >e e t son in i elligence,<br />

et ne pas troubler 3 son esprit vital.<br />

[Le disciple ajouta : ] Vous avez dit : « L'intelligence<br />

est la partie la plus noble de nous-méme; l'esprit vital<br />

vient ensuite. » Vous avez encore dit : « Il faut surveiller<br />

avec respect son intelligence, et en!retenir a\ec soin son<br />

esprit vitaL » Qifentendez-vous par là? — MKXOTSEI'<br />

dit : Si F / n tell igen ce est livrée à sou ae t i on indivi<strong>du</strong>elle 4 ,<br />

alors elle devient Feseîave soumise de Y esprit vital ; si Y esprit<br />

vital est livré à son action indivi<strong>du</strong>elle, alors il t rouille<br />

Y intelligence. Supposons maintenant qu'un homme tombe<br />

la tête la première, ou qu'il fuie avec précipitation : dans<br />

1<br />

f.ilhTah'menî : VhuhranlnhiUh'' tht nt-tO'<br />

2<br />

(.(alimentaire.<br />

3<br />

Entretenir a ver. soin. • J'ommi-ntairr.)<br />

'* 1Vh o nan ?"- ye. • ( 'ie no-n toirc.<br />

23


266 MENG-TSEU.<br />

les deux cas, l'esprit vital est agité, et ses mouvements<br />

réagissent sur Y intelligence.<br />

Le disciple continua : Permettez que j*ose vous demander^<br />

maître, en quoi vous avez plus raison [ que Àaotseu]1<br />

MENG-TSEU dit : Moi, je comprends -clairement le motif<br />

des paroles que Ton m'adresse; Je dirige selon les principes<br />

de la droite raison mon esprit vital qui coule et circule<br />

partout.<br />

— Permettez que j'ose vous demander ce que vous entendez<br />

par l'esprit vital qui coule et circule partout f —<br />

Gela est difficile à expliquer.<br />

Cet esprit vital a un tel caractère, qu'il est souverainement<br />

grand [sans limites ! 1, souverainement fort [ rien ne<br />

pouvant l'arrêter 2 ]. Si on le dirige selon les principes de<br />

la droite raison et qu'on ne lui fasse subir aucune perturbation^<br />

alors il remplira l'intervalle qui sépare le ciel et<br />

la terre.<br />

Cet esprit vital a encore ce caractère, qu'il rénnit en<br />

soi les sentiments naturels de la justice ou <strong>du</strong> devoir et<br />

de la raison; sans cet esprit vital, le corps a soif et<br />

faim.<br />

Cet esprit vital est pro<strong>du</strong>it par une grande accumulation<br />

d'équité [un grand accomplissement de devoirs 3 ], et non<br />

par quelques actes accidentels d'équité et de justice. Si<br />

les actions ne portent pas de la satisfaction dans l'âme,<br />

alors elle a soif et faim. Moi, pour cette raison, je dis donc :<br />

Kao-tseu n'a jamais connu le devoir, puisqu'il le jugeait<br />

extérieur à l'homme.<br />

Il faut opérer de bonnes œuvres, et ne pas en calculer<br />

d'avance les résultats. L'âme ne doit pas oublier son devoir,<br />

ni en précipiter l'accomplissement. Il ne faut pas<br />

ressembler à l'homme de l'État de Soung. Il y avait dans<br />

1 Commentaire.<br />

* Ibid.<br />

s Ibid.


MENd-TSEU. 267 .<br />

l'État de Soung un homme qui était daes la désolation de<br />

ce que ses blés ni" croissaient pas; il alla les arrachera<br />

moitié, pour h «s taire 1 croître pins vite. Il s'en revint l'air<br />

foui hébété, et dit aux personnes de sa famille : Aujourd'hui<br />

je suis bien l'a figue: jVti aide nos blés a eroîlre. Ses<br />

fils accoururent avec empressement pour voir ces blés;<br />

ruais font*s les %es avaient séché.<br />

lieux qui, dans le monde, n'aident pas leurs blés à<br />

croître sont bien rares, ('eux qui pensent qu'il n'y a<br />

aucun profit à retirer (de la culture de ï>'spni rift.d], et<br />

l'abandonnent à lui-même, sont connue celui qui ne<br />

sarcle pas ses blés; ceux qui via lient aider prématurément<br />

le développement de leur esprit rihrf son! roi unie<br />

celui qui aide à croître ses blés en les arrachant à moitié.<br />

Non-seulement dans ces circonstances on n'aide pas, ruais<br />

on nuit.<br />

— Q u V n t ci H 1 e z-v o u s pa r c os o \ | » r ess i o n s : Ja > -fui ,7 wa n ds<br />

cl(fll'{>iiif*it( le )ti (t i if t / / • S f)t ij-fj fi -s /y n* • ('un tn'ndi h l: >>' i ' ?<br />

MENG-TSEI dit : Si les paroles de quelqu'un sont erronées,<br />

je connais ce qui Irouble son esprit ou l'in<strong>du</strong>it, en<br />

erreur; si les paroles de quelqu'un son! alun niantes et<br />

diffuses, je connais ce qui le fait tomber ainsi dans la<br />

loquacité; si les paroles de quelqu'un sont licencie uses,<br />

je sais ce qui a détourné son cu-nr de la droite voie; si<br />

les paroles do quelqu'un son! louches, évasives, je sais<br />

ce qui a dépouillé son eo-ur de la droite raison, lies<br />

Finstant que ces défauts sont nés dans le cu-nr d'un<br />

homme, ifs altèrent ses senti nient s de droiture ci de<br />

bonne direction; «lès l'instant que l'altération des sentiments<br />

de droiture et de bonne direction <strong>du</strong> neur a été<br />

pro<strong>du</strong>ite, les actions se trouvent viciées. Si les saints<br />

hommes apparaissaient de nouveau sur la (erre, ils donneraient<br />

sans aucun doute leur assentiment a me> paroles.<br />

— 7sni-it(f


268 MEffG-TOEU.<br />

qualités^ et cependant il disait : ce Je ne suis pas habile<br />

dans Fart de la parole. » D'après ce que ?ous avez dit,<br />

maître, vous seriez bien plus consommé dans la sainteté ?<br />

— 0 le blasphème ! reprit MBNG-TSEU.; comment pouvez*<br />

vous tenir un pareil langage !<br />

Autrefois Tseu-koung, interrogeant KHOUNG-TSBUJ. lui<br />

dit : Maître, êtes-vous un saint? KHOTOG-TSEU lui répondit:<br />

Un saint ? je suis bien loin de pouvoir en être un ! j'étudie,<br />

sans jamais me-lasser, les préceptes et les maximes des<br />

saints hommes, et je les enseigne sans jamais me lasser.<br />

— Tseu-koung ajouta : « Étudier sans jamais se immrf<br />

c'est être éclairé ; enseigner les hommes sans jamais m<br />

lasser, c'est posséder la vertu de l'humanité. Vous possédez<br />

les lumières de la sagesse et la vertu de l'humanité,<br />

maître ; vous êtes par conséquent saint, » Si KHOUNG-ISEU<br />

[ajouta MENG-TSEU] n'osait pas se permettre d'accepter le<br />

titre de saint, comment pouvez-vous me tenir un pareil<br />

langage ?<br />

Mong-sun-tcheou poursuivit : Autrefois j'ai enten<strong>du</strong> dire<br />

que Tseurhia, Tseu-yeou et Tseu-tehang avaient tous une<br />

partie des vertus qui constituent le saint homme ; mais<br />

que Jan-niêôu, Min-tseu et Yan~youan en avaient toutes<br />

les parties, seulement bien moins développées. Oserais-Je<br />

vous demander dans lequel de ces degrés de sainteté vous<br />

aimeriez à vous reposer?<br />

MENG-TSEU dit : Moi ? je les repousse tous *. *— Le<br />

disciple continua : Que pensez-vous de Pe-i et de Y-yin?<br />

— Ils ne professent pas les mêmes doctrines que-moi.<br />

« Si votre prince n'est pas votre prince a , ne le 'servez<br />

ci pas ; si le peuple n'est pas votre peuple 3 , ne lui comr<br />

« mandez pas. Si l'État est bien gouverné et en paix,<br />

« alors avancez-vous dans les emplois ; s'il -est dans le<br />

« trouble, alors retirez-vous à l'écart. » Yoilà les principes<br />

! C'est au plus haut degré de sainteté qu'il aspire.<br />

• C'est-à-dire s'il n'est pas éclairé. (Commentaire.)<br />

• S'il n'est pas honorable. (Commentaire.)


miNG-TSiu. 26.9<br />

de Pe-i. s Qui servirez-vous, si ce n'est le prince î à qui<br />

ce cominaiiderezrvou&, si ce n'est au peuple ? Si l'État est<br />

« bien gouverné, avancez-vous dans les emplois ; s'il est<br />

« dans le (rouble, avancez-vous également dans les omet<br />

piûïs. » Voilu les principes de I ~//oo « S il convient<br />

« d'accepter une in agi si rature» acceptez cette magisfra-<br />

« t tire ; si l eon v i en t: d e c< -ssi. a* d i • la re 11 » pi î r, c< «s>< > y, d e I a n • m -<br />

tt plir; s'il convient de. l'occuper longtemps, occupez-la<br />

« longtemps; s'il convient de vous en deniellre sttr-le-<br />

« champ, ne tardez pas un instant» » Voilà les principes de<br />

KIM)0«>TSEî\ L'un et les antres sont, de saints hommes<br />

<strong>du</strong> t e î ri ps passé. Moi, je n'ai pas eue o r e pu pa r v e n t r à<br />

agir c om n i e e n x ; t o 111 e h as, ce q ne je désire pa r H I < 'ssu s<br />

tout, c'est de pouvoir huiler K lions* ;-TsEr.<br />

—Pe-i et ! -ty in son t-i I s d es 1 toi 11111 es d u i n é i ne on I re c| ne<br />

KiiorsG-TSEU ? — Aucunement. Depuis qu'il existe des<br />

hommes jusqu'à nos Jours, il n'y en a jamais eu de-comparable<br />

à KllOl'N


270 MENG-TOEU..<br />

Tsm-mjf} disait : Si je considère attentivement mon<br />

i nui fo\ je le trouve ta en plus sage que Yao et Clam.<br />

Isev-koumj disait : En observant les usages et la con<strong>du</strong>ite<br />

des anciens empereurs, je connais les principes qu ils<br />

suivirent dans le gouvernement de l'empire; en écoutant<br />

leur musique, je connais leurs vérins. Si depuis cent<br />

gonenifiotis je classe dans leur ordre les cent générations<br />

de rois qui ont règne, aucun deux n'échappera a nies<br />

r


UENG-T8EI7. . 271<br />

force^ quelle qu'elle soit^ est toujours insuffisante 1 . Celui<br />

qui se soumettes hommes par la vertu porte la joie dans<br />

les cœurs qui se livrent sans réserve, comme les soixante<br />

et dix disciples do Knoi:Nt.i-TSEU se soumirent a lui.<br />

Le Livre des Vers- dit :<br />

« 1 )e l'oeeicle111 e! cle l'orienf,<br />

« Du midi et <strong>du</strong> septentrion,<br />

« Personne ne pensa à résister. »><br />

Cette citation exprime ma pensée.<br />

4. MI-LXC«-TSEI T dit : Si le prince est plein d lut inanité, iî<br />

se procure une grande gloire; s'il n'a pas d'humanité, il<br />

se déshonore. Maintenant, se en haïssant le déshonneur, il<br />

persévère clans l'inhumanité, c'est comme si en détestant<br />

l'humidité on persévérait a demeurer dans les lieux bas.<br />

Si le prince hait le déshonneur, il rie peut rien ta:re de<br />

mieux que d'honorer la vertu et: d'élever aux. dignités les<br />

hommes distingues par leur sa.voir et leur mérite. Si les<br />

sages occupent les premiers emplois publics ; si les<br />

hommes de mérite sont placés dans de.^ commandements<br />

q t i i 1 e u r e o n v i e 11 n e n t, e t q u e le m y a u n i e j ou i sse < 1 e s lois i r s<br />

de la paix ;i , c'est le temps de reviser eî de mettre dans un<br />

bon ordre le régime civil et le régime pénal, (.lest en<br />

agissant ainsi que les autres Etats, quelque grands qu ils<br />

soient, se trouveront dans la nécessite de voit s respecter.<br />

Le Livre


272 . 1RNG-TSEU.<br />

o Qui oseFait venir me troubler? ©<br />

KHOUKC-TSEU disait : Oh ! que celui qui_ 9 composé ces<br />

vers connaissait bien Fart de gouverner ! "<br />

Ln eiîot, si un prince sait bien gouverner son royaume,<br />

qui oserait venir le trou hier?<br />

Maintenant, si. lorsqu'un royaume jouit de la paix et de<br />

la tranquillité , le prince e m ploie ce temps pour s'abandonner<br />

a ses plaisirs vicieux et: à la mollesse, il attirera<br />

inévitablement sur sa tète de grandes calamités.<br />

Les eal ami tes, ainsi que les feMeites, n arrive» i que<br />

parée qu'on se les est attirées.<br />

Le /a'm'^sdV^i dit :<br />

« Si le prinee pense constamment à se conformer au<br />

« mandat qu'il a récit dit ciel,<br />

« Il s'attirera beaucoup de félicités.))<br />

Le 7 u ï-k in' 2 dit : « Q u a n d le ci e I n t > n s e 11 vo i e des e a I a-<br />

« mit es, nous p< n i v o i :i s q u e 1 q t i e I b b 1 e s é v i t e r ; q u a n d n ou s<br />

« nous les attirons nous-mêmes, nous ne pouvons les sup-<br />

« porter sans périr. » Les citations expriment e lai renient<br />

ee que* je, voulais dire*.<br />

o, M li N G -l'S !•; i : dit. : S î 1 e p r i n e e h oi i or e 1 es sa g e s, e t e n :t -<br />

| île» t e l es 1 ï o m mes d e n i ér i 1 * * d ; u i s des < !on I m a I ide n i e 111<br />

si ceux qui sont distingués par leurs talents et leurs vertus<br />

sont placés dans les hautes fouet ions publiques : alors tous<br />

le^ lettres de rem pire seront dans la joie et désireront demeurer<br />

à sa cour. Si dans les marches publies on n'exige<br />

que le prix de location des places que les marchands occupent,<br />

et non une taxe sur les marchandises; si, les règlements<br />

dt-s magistrats qui président, aux marchés publics<br />

étant observés on n'exige pas le prix de location des<br />

places; alors tons les marchands de 1 empire seront dans<br />

la joie . et désireront parier leurs marchandises sur les<br />

marchés <strong>du</strong> prince [qui les favorisera ainsi).<br />

Si a 11 x p a ss a ge s d e s f r o n {i e r » : s o 11 se bon ï e à u n e s i m p 1 e<br />

î liiii. Wnt-tnmtf, srrliui» Ta-


MIHG-TSEU. 273<br />

Inspection sans exiger de tribut ou de droits d'entrée,<br />

alors tous les voyageurs de l'empire seront dans la joie<br />

ôt désireront voyager sur les routes <strong>du</strong> prince qui agira<br />

ainsi. *<br />

0 H 13 ceux qui 1 a bon re n t. no soient a ss u] e f f i s q t ut ! 'usa / s~<br />

tance (c'est-à-dire à labourer une portion déterminée des<br />

champs <strong>du</strong> prince] * et non à payer des redevances, alors<br />

tous les laboureurs de l'empire seront dans la joie, et désireront<br />

aller labourer dans les domaines <strong>du</strong> prince. Si tes<br />

artisans qui habitent des échoppes ne sont pas assujettis à<br />

la capital ion et à ht redevance en loi les, alors finîtes les<br />

popuîaiions seront dans la joie, et dèsireroi1t d


274 MENG-TSEU.<br />

un sentiment de crainte et de compassion caché dans leur<br />

cœur : et ils éprouvent ce sentiment, non parce qu'ils désirent<br />

nouer des relations d'amitié avec le père et la mère<br />

de cet «'niant: non parce qu'ils sollicitent les applaudissements<br />

oit les éloges iji- leurs amis el de leurs concitoyens,<br />

«m qu'ils roi Ion font l'opinion publique.<br />

On peu! tirer de là les. conséquences suivantes : Si Ton<br />

n'a pas un ccenr miséricordieux, ef coin pat issant, on n'est<br />

pas tin homme; si fou n'a pas les sentiments de la honte<br />

jde ses \icesj el de l'aversion [pour ceux des autres j, on<br />

n'est pas un homme; si Ton n'a pas les sentiments dabnéfmfion<br />

et de déférence, on n'est pas un homme; si Ton ira<br />

pa> le sentiment <strong>du</strong> vrai et <strong>du</strong> faux, ou <strong>du</strong> juste et de Finjuste,,<br />

on n'est pas un homme.<br />

Tu. cour miséricordieux et compatissant est le principe<br />

de l'humanité; le sentiment de la houle et de Faversion<br />

es! le principe de iequité et de la justice ; le sentiment<br />

d'abnégation et de déférence i^i le principe des usages<br />

>ociaux ; le sent il neuf <strong>du</strong> vrai et <strong>du</strong> faux, ou <strong>du</strong> juste et<br />

de l'injuste, est le principe de la sagesse.<br />

Les hommes ont e 11 < ' 11 \-111 c i u t • s e es cj n at re pri n e i pes ,<br />

comme ils ont quatre membres. Floue le prince qui , possédant<br />

ces quatre principes naturels, dit qu'il ne peut pas<br />

les mettre en pratique, se nuit à lui-même, se perd complètement<br />

; el ceux qui discal que leur prince ne peut pas<br />

les pratiquer, ceux-là perde ni leur prince.<br />

Chacun de nous, uons avons ces quatre, principes en<br />

nous-mêmes; et si nous savons ions les développer et les<br />

faire fructifier, ils seront comme <strong>du</strong> t'en qui commencer,<br />

brûler, connue une source qui commence à jaillir. Si un<br />

prince rempli! les devoirs que ces sentiments lui prescrivent<br />

, i! acquerra ni se ptussanee suffisante pour mettre<br />

les quatre mers sous sa protection. S'il ne les remplit pas,<br />

il ne sera pas même capable de bien servir son père et sa<br />

mère.<br />

7. MkNfi-TSKi' dis : L'homme qui l'ait des liée lies n'est-il<br />

pas plus inhuma'm que l'homme qui fait des c uirasses ou


MENG-TSEU. 275<br />

des boucliers? Le but de l'homme qui fait des flèches est<br />

de blesser les hommes, tandis que le but de l'homme qui<br />

fait des f uirasses et *ïl n'est pas lin main, eVst qu'il<br />

rrVsî pas sa ire et éclaire»<br />

€eltii qui n'est ni humain, ni sa ire ef éclairé, qui n'a ni<br />

urbanité ni équité** st l'esclave, des hommes. Sî cet esclave<br />

des hommes rougit d'être leur esclave , il ressemble an<br />

fabricant d'ares qui rougirait de fabriquer des arcs, et<br />

an fabricant de lier lies qui rougirait de fabriquer des<br />

flèches.<br />

S'il rougit de son étaL il n'est rien, pour en sortir, à la<br />

pratique de l'humanité.<br />

L'homme qui pratique l'humanité est connue fa reflet:;<br />

l'archer se pose d abord lui-même droit, et ensuite il<br />

lance sa flèche. Si , après avoir lancé sa lîèche, il n'approche<br />

pas le plus pivs <strong>du</strong> but. il ni» s'en prend pas à ceux<br />

qui font vaincu, niais au contraire il en cherche la faute<br />

en liii-niênie : et rien de plus.<br />

S, MEXi-'ïsia* dît : Sî Tscu-Imt se trouvai! averti par<br />

quelqu'un d'avoir commis des fautes, il s en réjouissait.<br />

Si l'ancien empereur 1 u entendait prononcer (h i > pa-<br />

l'h uitis.sajv.vs, < ! numr ne ihVin- que


276 ' MEffG-TOIU.<br />

rôles de sagesse et de vertu, il slnclinait en signe de vénération<br />

pour les recueillir.<br />

Le grand Chun aVait encore des sentiments plus élevés *<br />

pour lui la vertu était roi i uni i or a fous les hommes. Si<br />

quelques-uns d'entre eux étaient plus vertueux que lui ,<br />

i! luisait abjuration de lui-même pour les imiter. H se ré<br />

jouissait d'emprunter ainsi des exemples de vertu aux<br />

antres i in 11111 H :s. po u r pi •; 11 i que r lui* m ente ce tf e vertu.<br />

11 r s 1 < * temps < i \ i il i a I M") lirait la te r r e, où il fit br tq u a i t de<br />

la p < ) f e r i < \ où il ta i sa i t le- n i < '» t i e r 11 e pêe 1 :i e n r, j 11 sq ira e e<br />

où il e \ m; a ! a so u ve r a i i î e r e i m pé r i a I e} i 1 n e n lan q u a j am a i s<br />

de prendre {.JOUI* exemple les bonnes actions des autres<br />

hommes.<br />

I * re i \\\ i v exerti j île d es aut res 11 o m m es pour prat iquer la<br />

vertu, c'est donner aux hommes les moyens de pratiquer<br />

cette vertu. (I "est pou rq u o i il n "est rien de pi u s gra nd ,<br />

pour PI loin me supérieur, que de procurer aux autres<br />

11 u 11 m i e s les ni oy e 11 s d e j ) r a t i q ne r 1 a v erf 11 »<br />

ï ). M E M , -TSK r dit : Pe-i ne servai t pa s le pri nce qu t n ? était<br />

pas le prînee de son choix* et il ne formait pas des relations<br />

d a n i i t i e avec des amis q 11 i i i • e t aï e n t j ias d e son<br />

choix, 11 n e se présentait j >as à 1 a < • o 11 r d ' 1111 roi per v ers, i 1<br />

ne s'entretenait pas avec des hommes corrompus et média<br />

111 s ; se tenir a I a e n u r d ' un r o i J »e r v e rs, p a r I e r ave c d es<br />

hommes eormmpus et méchants, cVfait pour lui comme<br />

s'asseoir dans la houe avec des habits de cour. Si nous<br />

allons plus loin, nous trouverons qu'il a encore pousse<br />

bien au delà ses sentiments diversion et de haine pour le<br />

mal : s ît se trouvait avec un lion mie rustique dont le bonnet<br />

n'était pas convenablement placé sur sa tête, détournant<br />

aussitôt le visage., il s'éloignait de lui, comme s'il<br />

avait pensé q u e so n coula e t a 11 ai t, 1 e so ni 11 e r. ( V est po u rqnoi<br />

ît ne recevait pas les invitations des princes vassaux<br />

qui se rendaient près de lui, quoiqu'ils missent dans leurs<br />

expression s e 11 e 11 r s d i se o u r s t o u t e 1 a c : on v e n an e e p oss i h! e :<br />


HENG-TSML 277<br />

Lieourhiorhoei [premier ministre <strong>du</strong> royaume de L&u]<br />

ne r o 11 g « ssa i t pas de. servir 1111 1ti a u va i s prince, et il 111 •<br />

dédaignait pas une petite niagtsîrature. S'il était promu<br />

à des fone fions plus élevées ? il i ï e. e ae liait pas ses j » r i 11-<br />

< • i pes d e d r o i t u r t; , ni a i s i l se I a i sa i f un devoir de suivre<br />

constamment la voie droite. S'il riait néglige et mis en<br />

oubli, il n'en avait aucun ressentiment: s'il se trouvait<br />

flans le besoin et la misère, il ne se plaignait pas. C est<br />

pourquoi il disait ; « Ce que vous laites vous appartient,<br />

« et ee que je fais in appartient. Quand même vous se-<br />

« riez les liras nus et le corps nu à mes cotés, comment<br />

« pourriez-vous nie souiller 1 >.» C'est pourquoi il portait<br />

toujours un visage et un Iront sereins dans le e uni tuer ee<br />

de s h o n i nie s : e t il n e M J J te r d a i t f >o i n t. S i c | u e 1 q i f 11 n le prenait<br />

par la main et le retenait près de lui, il restait, Celui<br />

qui, étant ainsi pris par la main et retenu, cédait à cette<br />

nvitation, pensait que ce serait aussi ne pas rester pur que<br />

de s'éloigner.<br />

MESG-TSEU dit : Pe-i avait un esprit étroit ; Uemi-kiahoeï<br />

manquait de tenue et de gravite, i/homme supérieur<br />

ne suit ni l'une ni l'autre de ces façons d'agir.<br />

CHAPITRE IV.<br />

COMPOSE DE 14 ARTICLES»<br />

I. MENG-TSEU dit : Ces temps propices <strong>du</strong> ciel ne sont<br />

pas à corn parer aux avantages <strong>du</strong> terrain ; les avantages<br />

<strong>du</strong> terrain ne sont pas à comparera la concorde entre les<br />

hommes.<br />

Supposons une ville ceinte de murs intérieurs de trois<br />

ii de circonférence et de murs extérieurs de sept: ii de<br />

e i r e o 11 te r e 11 c e _, en t o urée t ï e n n e mis c f n i l at t a q u e n t de<br />

t oi i ! «.^s fia r t s sa n s po 11 v o i r I a p re 11 d r e. P o 11 r i iss î eg e r e t a 11 a-


à78 MENG-TSEG.<br />

quer cette ville, les ennemis ont dû obtenir le temps <strong>du</strong><br />

ciel qui convenait; mais cependant comme ils n'ont pas<br />

pu prendre cette ville, c'est-que le temps <strong>du</strong> ciel n'est pas<br />

a comparer aux a vantais <strong>du</strong> terrain Ifels que murs,<br />

fossés et autres moyens de défensej.<br />

Que les murailtes soient ele\ees, les fossés profonds, les<br />

armes et 1rs httueliers solides et <strong>du</strong>rs, le riz abondant : si<br />

les habitants fuient et abandon ne rit h airs fortifications,<br />

c'est que les avantages <strong>du</strong> terrain rie valent pas Trio ion<br />

el la roneorde entre les hommes.<br />

(Test poui-quoi il est dit : 11 ne faut pas placer les<br />

limites d'un peuple daais des frontières battes matérielles,<br />

ni la forée d'un royaume dans les obstacles que présentent<br />

à l'ennemi les <strong>mont</strong>agnes et les cours d'eau, ni la<br />

majesté imposante de l'empire dans un grand appareil<br />

militaire, (lelui qui a pu parvenir a gouverner selon les<br />

principes de l'humanité et de la justice trouvera un iruineuse<br />

appui dans le eunir des populations. Celui qui ne<br />

gouverne pas selon les principes de l'humanité et de la<br />

justice trouvera peu d'appui. Le prince qui ne trouvera<br />

que peu d'appui dans les populations sera inertie abandonne<br />

par ses parenls et ses alliés. Celui qui aura pour<br />

l'assister dans le péril presque Joutes les populations recevra<br />

les hommages de tout l'empire.<br />

Si le prince auquel ton! l'empire rend hou image attaque:<br />

celui qui a «'Me abandonné même par ses parents et ses<br />

allies, qui pourrait lui résister? C'est pourquoi Hiomme<br />

d'une verdi supérieure n'a pas besoin de combattre ; s'il<br />

combat, il est sur de vaincre.<br />

w 2. .Mr.Mi-Tsr.r s*, disposait a aller rendre visite an roj<br />

(«le 77/v\ lorsque le roi lui envoya un messager pour lui<br />

dire de sa pari qu'il avait bien désire le voir, mais qu'il<br />

était malade d'un refroidissement qu'il avait éprouve, el<br />

qu'il ne pouvait affronter le \e.nt. Il ajoutait que le lendemain<br />

matin il espérait le voir à sa cour, et il demandait<br />

s'il ne pourrait pas savoir quand il aurait ce plaisir.<br />

Mr.v;--i>r;r répoudil a\


MBNG-T8BU. 279<br />

il était aussi malade^ et qu'il ne pouvait aller à la cour.<br />

Le lendemain matin? il sortit pour aller rendre les<br />

( 1 o v < ) i rs cIi* j la r e n le, à une pe r su 1ï1u * < I e la I a 111 i 11 < >. 'f'uwiy -<br />

kouo. Kwiff-sun-tcheou {son €.1 L^C • i | >1 C) dît : Il HT, VOUS avez<br />

refusé [de taire une visite au roi| pour eatise de maladie;<br />

aujourd'hui, vous allez faire une. visite de parenté; peutéfre<br />

cela ne eonvienl-il pas. Mi-;>


280 MEN€*TSBtJ«<br />

d'humanité et de justice! Voilà ce qu'ils disent. Alors il<br />

n'est pas d'irrévérence et d'injustices plus grandes- que<br />

celles-là ! Moi, je n'ose parler (levant le roi, si ce n'est con-<br />

11,»ni i e 111 e 11 ! aux j >ri 11 e} | H • s de ] «o e t ci «.» (. h un. C *ost po 1<br />

cela que de lous les hommes de Thsi aucun n'a autant<br />

que moi de de l'ère née et de respect pour le roi,<br />

h ituf-tM* n dît : l *a s <strong>du</strong> f o ut; ni oi • je n e sois \v, \ s 11 e ce f<br />

avis-là. On lit dans le Livre d*s il i tes : « Quand 'votre<br />

« père vous appelle, ne différez pas pour dire : Je vais:<br />

« quand l'ordre <strong>du</strong> prince vous appelle, n'attendez pas<br />

« \oirechar. » Vous aviez feriiieinciil l'intention de vous<br />

rendre a la oiur; niais, après avoir enten<strong>du</strong> l'invitation<br />

<strong>du</strong> roi, vous avez aussitôt changé de résolution. Il faut<br />

bien «pie votre con<strong>du</strong>ite ne s'accorde pas avec ce passage<br />

<strong>du</strong> Livra d< < /lites.<br />

M t-: N ( M's ¥ i répondit : Q11V111 e i a lez-v o 11 s f .i a r I à ? 7 7* se ea<br />

fSf-a disait : «< Les richesses des rois de Tctti et de Jh


UBNCHTHNJ. 281<br />

pas la vertu, et qu'il ne se réjouisse pas des humes ci<br />

saines doctrines, il i Ta gif pas ainsi. Alors il n'es! pas eapabio<br />

de remplir ses fouet ions ! .<br />

irest ainsi que 1 ffurig-fitmig s'Instruisit «l'abord prés<br />

de }-//*??, qu'il lit eiiMiite son ministre. Voilà pourquoi il<br />

gouverna sans peine, //"//'?W»Y>//W/s'instruisit d'à boni près<br />

de Aou divers Ltafs de l'empire<br />

sont de la même classe [ou a peu près d'une eerale éten<strong>du</strong>e<br />

j les avantages sont les mêmes. Aucun d'eux ne peut<br />

dominer les autres. Il n'y a pas (Fa titre eau se a cela, sinon<br />

que les princes aiment h avoir des ministres auxquels<br />

ils don lient les instructions qu'il leur convient, et qu'ils<br />

n''aiment pas à avoir des ministres dont ils recevraient euxmêmes<br />

la loi.<br />

7 ch in g-tha ng n '* a lira ï t pa s osé 1 a i i v. v e n i r pr es d o 1 u i }"y<br />

i n n ï Ko u an -ko u /? g a p p i •1er p r è s de lui i/o u nn-t ch o un g, S i<br />

Ho ua n-tcfïo u ng n e po u v a ï t. pa s ê t r e mande f très il 'un petit<br />

prince, à plus forte raison celui qui ne fait pas grand cas<br />

de A'ouan-tcltourtfj !<br />

3. 1 ch iii-(J(S in {d ïseî i >le c le M rs G-TSE I: ) Il t u n e q 11 est i o 11<br />

en ces termes : Autrefois, lorsque vous efîez dans ! i v ou s e n o ! ï r if q u a -<br />

torze eentsonces, et vous les reeùtes. Lorsque vous elîez<br />

dans le royaume de Sic, le roi vous en oflrit mille onces,<br />

et, vous les reçûtes. Si dans le premier eas vous nwi ci?<br />

1 MLNCJ-TïJCU Veuf Cait'O tlépOlidre IrS JU'ifKCS ijes Sil^Oi et Jt;S Jiutllmm<br />

n: hure, s, et non lo.s sa^e» r! If s buituiios celairës îles | oi oces.<br />

I! relevé' ta. < J11 f 111 i. t> =T\ \\w f ' ' a bien<br />

u«ulu k'N c rat ai' r f» Lun.in


282 MENG-TSEU.<br />

raison de refuser : alors, dans les deux derniers cas, vous<br />

avez eu tort d'accepter ; si, dans les deux derniers cas,<br />

vous avez eu raison d'accepter : alors, dans le premier cas,<br />

vous avez eu tort de refuser. Maître, il faut nécessairement<br />

que vous me concédiez Tune ou l'autre de ces propositions.<br />

MENG-TSEU dit : J'ai eu raison dans tous les cas.<br />

, Quand j'étais dans le royaume de Soung, j'allais entreprendre<br />

un grand voyage ; celui qui entreprend un<br />

voyage a besoin d'avoir avec lui des présents- de voyage.<br />

Le roi me parla en ces termes : « Je vous offre les préce<br />

sents de l'hospitalité. » Pourquoi ne les aurais-je pas<br />

acceptés ?<br />

Lorsque j'étais dans le royaume de Sxe9 j'avais l'intention<br />

de prendre des sûretés contre tout fâcheux événement.<br />

Le roi me parla en ces termes : « J'ai appris que<br />

ce vous vouliez prendre des sûretés pour continuer votre<br />

« voyage ; c'est pourquoi je vous offre cela pour vous<br />

ce procurer des armes. » Pourquoi n'auraisrje pas accepté<br />

? ' '<br />

Quant au royaume de Tfisi, il n'y avait pas lieu [de<br />

m'offirir et d'accepter les présents <strong>du</strong> roi]. S'il n'y avait<br />

pas lieu de m'offrir ces présents, je les aurais donc reçus<br />

comme don pécuniaire. Gomment existerait-il un hommo<br />

supérieur capable de se laisser prendre à des dons pécuniaires?<br />

4. Lorsque MENG-TSEU se rendit* à la ville de Phing-lo,<br />

il s'adressa à l'un des premiers fonctionnaires de la ville,<br />

et lui dit : Si l'un de vos soldats porteurs de lance abandonne<br />

trois fois son poste en un jour, l'expédierez-vousou<br />

non ? Il répondit : Je n'attendrais pas la troisième fois pour<br />

l'expédier.<br />

[MENG-TSEU ajouta :] S'il en est ainsi, alors vous-même<br />

vous avez abandonné votre poste, et cela un grand nombre'<br />

de fois. Dans les années calamiteuses, dans les années de<br />

stérilité et de famine, les vieillards et les infirmes <strong>du</strong><br />

peuple dont vous devez avoir soin, qui se sont précipités


MENG-TSEU. 283<br />

daos les fossés pleios d'eau et dans les mares des ?allées;<br />

les jeunes gens liais et robustes qui se son! disperses et<br />

se sont ren<strong>du</strong>s dans les quatre parties de l'empire | pour<br />

y chercher leur nourriture] sont au nombre de plusieurs<br />

milliers.<br />

[Le magistral 1 répondit : II ne dépend pas de nu a h'iu-<br />

>rtf que cela ne suit ainsi.<br />

IMLNG-TSKè'I poursuhit : Maintenant, je vous «lirai que<br />

s il se trouve un la a tune qui reçoive d'un autre des I neufs<br />

et îles moulons pour en être Je gardien et les faire pailre.<br />

à si place, alors il lui demandera nécessairement des<br />

pâturages et de l'herbe pour les nourrir. Si, après lui<br />

avoir déniai aie des pâturages et (h'> herbes pour nourrir<br />

son troupeau, il ne 1rs obtient pas, alors pensez-vous<br />

qu'il ne le rendra pas a Thon une qui le lui a coi i lie, ou<br />

qu'au contra ire il se tiendra la immol.uk 1 en le regardai!!<br />

mourir?<br />

j Le magistrats répondit : Pour cela, c'est la faute de moi<br />

/liu-ahi.<br />

Lu autre jour, MK.VJ-ISI-;!' étant allé voir le. roi. il lui<br />

dît: De fous ceux qui administrent les villes au nom <strong>du</strong><br />

roi, \otre serviteur eu connaît cinq ; et parmi os cinq il<br />

n'y a que A hou u //~/ow- s o/ qui reconnaisse ses tauîe>. Loisqu<br />

il les eut racontées ait roi, le roi dit : yuan! a ces calaun<br />

tes, c'est: moi qui «ai suis coupable.<br />

o. MOU-TSEC s adressant a /e/o-oe// \î,I-ù,U, OU l'un tics<br />

premiers fonctionnaires, de l/:*t\% lui dit : Nous a\ez refuse<br />

le commandement de la \ille de /oa//-Mo'ee, et vous<br />

avez sollicité hs fonctions de chef de la justice. Lela paraissait<br />

juste, parer que ce dernier poste votis donnait la<br />

faculté de parler au roi le langage de la raison. Maintenant,<br />

voila déjà plusieurs lunes d'écoulées depuis que<br />

vous èfes en fonctions, et vous na\e/ pas encore<br />

parlé ?<br />

'i'rhi-tra ayant fait


284 MING-TSiU.<br />

Les hommes de Thsi dirent : Quant à la con<strong>du</strong>ite de<br />

Tchi-wa [à l'égard <strong>du</strong> roi], elle est parfaitement convenable<br />

; quant à celle de MENG-TSEU^ nous n'en savons<br />

rien.<br />

luttuf-tou-tsat instruisît sou maître de êtes propos.<br />

MiCNG-isiii; répliqua ; J'ai toujours enten<strong>du</strong> «lire que<br />

eeliiî qui a une magistrature à remplir, s 11 ne peut obtenir<br />

de faire son devoir, se relire ; que celui qui a te ministère<br />

de ta parole pour donner des avertissements au<br />

r o L s'il ne peut obtenir q u e se s a v e r t i sse i o e 111 s s< ) i e n t s u i -<br />

vis, se retire. Moi. je n'ai pas de magistrat lire à remplir<br />

iei ; je- n'ai pas également le ministère de la parole ; alors,<br />

cpie je nie pro<strong>du</strong>ise à la cour pour faire des représentations,<br />

on que je m'en éloigne, ne suis-je pas libre d'agir<br />

eu u une bon me semble t<br />

le Lorsque MtfNci-isKU était, revêtu de la dignité honoraire<br />

de King y ou de premier fonctionnaire dans le<br />

l'o y a u 111 e de 1 li$ [, il alla i a i r e i les e o i n pï i u te nts de eeu id o-<br />

11. ; a n e e a Tcny ; et le roi envoya lia // g-kouan, pre mi er<br />

i na gi s 11 -a t < 1 e 1 a v i 11 e d e Ko, po 11 r Fassi s t e r d an s ses f o n e<br />

t i o n s d V n v o y é. Wang- ko u a a.. m a t'u i e t soi r y v o y ai t M EN*;-<br />

T s E t : ; i \ i ; t i s. < ' 11 a ! h t u t e t e n r e v e n an t d e Te 11 g à 1 It s i,<br />

dant toute la roofe MEXOTKEI: ne s'entretint pas avec lui<br />

des allaires île leur légation.<br />

ii e )t;/-.


MENG-TSEU. 285<br />

les devoirs funèbres [à sa mère] dans le royaume de Lou.<br />

En revenant dans le royaume de 7W, il s'arrêta dans la<br />

petite ville de )««/. T*:honnfj-f/u j un de sis anciens disciples]<br />

loi dit avee soumission : (les jours passes, ne sachant<br />

pas que votre disciple ) it était tout a tait inepte, voie,<br />

m'avez ordonne, à nioi î e. de taire taire un cercueil<br />

par un charpentier, ilaris la douleur ou \ousvous trouviez,<br />

je n"ai pa> ose vous questionner a eef e^ard. Aujourd'hui<br />

je désire vous demander une explication sur un<br />

doute t pie j'ai : le bois <strong>du</strong> cercueil n'était-il pas trop beau?<br />

MFVJ-ïSI'I' (lit : Ihms la haute antiquité, il n'y avait<br />

point de règles fixes pour îa fabrication des cercueils, soit<br />

intérieurs, soit extérieurs. liai: s la moyenne antiquité, les<br />

planches <strong>du</strong> cercueil intérieur avaient sep! p.>uees d ëpaisseur<br />

; le cercueil extérieur était dans les mêmes proportions.<br />

Uette rêide était observée par tout le monde»<br />

depuis l'empereur jusqu'à la foule <strong>du</strong> peuple: et ce n efait<br />

pas as.-urémern pour que les cercueils lussent beaux.<br />

Ensuite les parents se livrai»ail à traite la manifestation<br />

des sentiments de leur e(enr.<br />

Si on n'a pas la faculté de donner à ses sentiments de<br />

douleur tente l'expression que Ton deare l ? on ne peut<br />

passe procurer des consolation^. Si on n'a pas de tort une,<br />

on ne peut également pas st.* donner la consolation de<br />

faire à ses parents de mairnitiques funérailles. Lor>qu ils<br />

pouvaient obtenir d'agir selon leur désir, et qn ils en<br />

avaient les moyens, tous les hommes de I antiquité employaient<br />

de beaux cercueils. LVmrquoi moi -cul. n'aura<br />

is-je pas pu ainr de même?<br />

0i\ si lorsque leurs père et mère viennent de décéder<br />

les enfants ne laisse-ni pas la terre adhérer a leur corps.<br />

auront-ils un seul sujet.de repret [pour leur con<strong>du</strong>ite)?<br />

J'ai souvent enten<strong>du</strong> dire que ["homme supérieur ne<br />

doit pas être parcimonieux a eatee des biens <strong>du</strong> monde,<br />

dans les devoirs qu'il rend a ses parents.<br />

• Si .


t i n i ! - . * - ] • > , K > [ \<br />

a} .iaatqdiuu«j ap ,i.>jp,wu nd al-saune ;II.MMIIKU queuai<br />

-unqr 1 I.IOîII i!| ajuatu p nbs.ioj j auiuaaj q paxiiaid qptb pnaap ua npuod<br />

-.u a; ui| oj* *saituu saj «ted anaulqns ta anlaï|ia a.tja p?A<br />

-iiod ?##;> | ap autnaxeu aj is aptnauap v. ut //aayyi-/iaaya£<br />

•pi.xu.>un.my ; ppuodaj JJ ;jw{ aupbuoa a avyj a|i«)xa<br />

swl |II?AI\U p^s ansj.-»iKHj|" i; epuauaip unptbpntb * aa f<br />

ap ïHHIUî.ùU af an f mu a paxa , /^/// ap s.Mnnioq s.rj<br />

; papaaa.td<br />

qej np pri-ajaptp afdiuaxa pi ionb n;,{ Pp-qj ps .».> anb<br />

yiu.»A-79?[iad sjoje : sue A ap afdaaae s.>| "aeAetd aq.tpnn<br />

nos ap ja *to.i np laptnau aj nàaj .uow. su IN pautajejij<br />

k a;rj|f»| aa i> : zapa.aaad SUOA anb s|ii«aunjraua saj p ajuia:<br />

-ip iq zapjsinatl uq >no\ 'ea\t,i»J a|wt»}iia aj|tu ap \;\ qo.i<br />

aj «quaAa.td u/« >uas qs; quatuaqaenaqs dnoaneaq aq .tund<br />

y.iAiî snox anl) |a Mai a A ta et] as implant unpb *a|dma\a<br />

.ilM] aisoddns a| 'iimoi/.y~n->si aauaid np "// f ap auuuî.\«>.i<br />

..«[ ,ia|da,jaa p a AU ad ,;ai (aj|


MENG-TSEU. 287<br />

gouvernement tyrannique de Van par un autre gouvernement<br />

tyrannique » ?<br />

g<br />

9. Les hommes de Yan se révoltèrent. Le roi de Thn<br />

m : Gomment me présenterai-je sans roueir devant<br />

AltMi-l'SFJ"?<br />

Tcltin-ldn miMlcM.snnniMi-.^Mlit : On.. !,• ,,,i „,. .-.r<br />

"'*as,,11(. m,-liu-uim.<br />

'WmAou.m-c/,,, «!.- si, Miissi.ui. il p.vw.vah eequ.arnveraa.ihu.tn.pash,,<br />

j , , ^ ; , „, ,„ i>lvv„vait ' ,,<br />

;"' IU! , 1 ':' S l", ,1,l " lii - Sl '!• I«*«-I«.>nu, ne lui 'pas d'une<br />

lmma "1"" ': '' ""


288 MBNG-T8BU.<br />

— SIS eo est ainsi, alors le saint homme commit, par<br />

conséquent, une faute.<br />

— Tcheou-koung était le frère cadet de Kouan-cho qui<br />

était son frère aîné. La faute de Tcheou-koung n'estai<br />

le pas excusable?<br />

Ë11 < * 11 i • I, si les h o m m e s s u j a 1 ? i


MENG-TSEU. 289<br />

ne sait-iS pas que je ne puis accéder à celte proposition 1 î<br />

Si je désirais des richesses^ comment aurais-je refusé cent<br />

mille mesures de riz 2 pour en accepter maintenant dix<br />

mille? Est-ce là aimer Ses richesses ?<br />

h i-sim il i suit : C était un homme bien extraordinaire<br />

cfiie Tseu-cho-i ! Si, en exerçant des ioneftom publiques,<br />

il rictaiî pas promu à un emploi supérieur, alors il cessait<br />

toute poursuite; mais il taisait plus, il taisait en sorte<br />

que son fils ou son livre radet tut. élevé à la dignité de<br />

Âîtffj [roue des premières <strong>du</strong> royaume], lui elïet. parmi<br />

les hommes, quel est eelui qui ne désire pas les richesses<br />

et les 11011 u e o rs ? Ma i s Tst'u - < -Ito- i 111 i se ti I, au n i i 1 i e 11 d t s<br />

richesses et des honneurs, voulait avoir le monopole, et<br />

être le chef <strong>du</strong> marché qui perçoit pour lui seul tous les<br />

o rot il s,<br />

L Intention de celui qui, dans f'antiquité, institua les<br />

marchés publies était de faire échanger ce que Ton posséi<br />

lait c o i ) Ire e e i j u e I o i i n e possédait pa s. (. * e 11 x q u î lurent<br />

e oui ruts pour présider à ces marchés n "avaient d'antre<br />

(J e vo i r à r e î :n p I i r < j u e c e I u ï d o m a i n t e n i r I e l >o i ) o rd re. Mais<br />

u 11 11 oui n i e vil se trou va ? q u i I î f - e I < • v e r 11 n grand t c i i r e a 11<br />

i ni 1 ie u <strong>du</strong> ma r c 11 é pou r y m « J n t e r, i) e là il pu r I a i i d < ' s r e -<br />

gards de surveillance à droite et à gauche, et recueillait<br />

Ions les profits <strong>du</strong> marché. Tons les boni mes le regard<br />

ère 111; com i n e u n v i I a i n e 1 tin misérable, € 'es L a i n si q u e<br />

depuis ce temps-là sont établis les droits perçus dans les<br />

marchés publics ; et la coutume d'exiger des droits des<br />

marchands date de ce vilain homme.<br />

J1. MENG-TSEI', en quittant le royaume do T/tsi, passa<br />

la nuit dans la ville de Tel i cou. Il se trouva là un In an me<br />

qui, à cause <strong>du</strong> roi, désira l'empêcher de continuer<br />

son voyage. 11 s'assit près de lui, et lui parla, ME.NG-<br />

1 Ost-a-dirt» îlrrmMiivr tir wuiv


290 MENG-TSEU.<br />

TSEU, sans lui répondre, s'appuya sur une table et s'endormit.<br />

L'hôte, qui voulait le retenir, n'en fut pas satisfait, et il<br />

lui dit : Votre disciple a passé une nuit entière avant d'oser<br />

vous parler ; mais comme il voit, maître, que vous dormez<br />

sans vouloir l'écouter, il vous prie de le dispenser de<br />

vous visiter de nouveau.<br />

MENG-TSEU lui répondit : Asseyez-vous ; je vais vous instruire<br />

de votre devoir. Autrefois, si Mou-komg, prince de<br />

Lou> n'avait pas eu un homme [de vertus éminentes] auprès<br />

de Tseu-sse, îl n'aurait pas pu le retenir [à sa cour].<br />

Si Sie-iieou et Chin-thsiang n'avaient pas eu un homme<br />

[distingué] auprès de Mou-kong, ils n'auraient pas pu rester<br />

auprès de sa personne.<br />

Vous, vous avez des projets relativement à un vieillard<br />

respectable 1 , et vous n'êtes pas même parvenu à me<br />

traiter comme Isêu-sse le fut. N'est-ce pas vous qui avez<br />

rompu avec le vieillard ? ou si c'est le vieillard qui a rompu<br />

avec vous ?<br />

12. MENG-TSEU ayant quitté le royaume de Thsi, Yn-sse,<br />

s'adressant à plusieurs personnes, leur dit : Si MENG-TSEU<br />

ne savait pas que le roi ne pouvait pas devenir un autre<br />

Tching-thang ou un autre Wou-wang, alors il manque de<br />

perspicacité et de pénétration. Si au contraire il le savait,<br />

et que dans cette persuasion il soit également venu à sa<br />

cour, alors c'était pour obtenir des émoluments. Il est<br />

venu de mille ii [cent lieues] pour voir le roi, et,<br />

pour n'avoir pas réussi dans ce qu'il désirait, il s'en est<br />

allé. Il s'est arrêté trois jours et trois nuits à la ville de<br />

Tcheou avant de continuer sa route ; pourquoi tous ces<br />

retards et ces délais? Moi Sse, je ne trouve pas cela bien.<br />

Kao-tseu rapporta ces paroles à son ancien maître<br />

MENG-TSEU.<br />

MENG-TSEU dit : Comment Yn-sse me connaît-il ? Venir<br />

de cent lieues pour voir le roi, c'était là ce que je dési-<br />

1 11 se désigne ainsi lui-même. {Commentaire.)


% MENG-TSEU. 291<br />

rais vivement [pour propager ma doctrine]. Je quitte ce<br />

royaume parce que je n'ai pas obtenu ce résultat. Est-ce<br />

la ce (pli 1 je dt dirais ? Jr n'ai pu me dispenser d'auir a if KO<br />

J ai eau ? net ne trop hâter mon départ ni ne posant<br />

i |ii r t ro i s jo ors dans la \ i 11 « * de 7 chvo u avant dr la quitter.<br />

Le roi pouvait changer prompte me ni sa manière<br />

d'agir. S'il en avait chaulé, alors il mr rappelait près de lui.<br />

Lorsque jr fus sorti dr la ville sans que !t ! mi ufeùt<br />

rappelé, j'éprouvai alors un vil'désir de retourner dans<br />

mou pays. Mais, quoique jVusse airi ainsi, abandonnais-je<br />

pour cria le roi? Le roi est encore capable de faire le bien,<br />

de pratiquer la vertu. Si un jour Jr mi m'emploie, alors<br />

non-seulement le peuple de Tltsi sera tranquille rt heureux,<br />

mais Ion 1rs 1rs populations de féru pire jouiront<br />

d'une tranquillité et d'une paix protondes. Le roi changera<br />

peut-rire bientôt sa manière d'agir; eest l'objet de nies<br />

vaux de chaque jour.<br />

Suis-je doue semblable à ees hommes vulgaires, a lesprit<br />

étroit, qui, après avoir lait h leur prinee des re<strong>mont</strong>ra<br />

nées dont il ifa tenu aucun compte, s'irritent ri laissent<br />

apparaître sur leur visage le ressentiment qu'ils en éprouvent?<br />

Lorsque ees hommes ont pris la résolution de s'éloigner,<br />

ils partent ri marchent jusqu'à ce que leurs torées<br />

soir rit épuisées, avant de s'arrêter quelque part pour \<br />

passer la nuit. — Yn-sw. ayant enten<strong>du</strong> ees paroles, dit :<br />

Je suis véritablement un homme vulgaire.<br />

KL Pendant que MF..Ncî L<br />

1 Littéralement : Illud unum iempus, hoc tmum Iempus,


292 MEN6-T8EU. *<br />

Dans le cours de cinq cents ans., il doit nécessairement<br />

apparaître un roi puissant [ qui occupe le trône des fils<br />

<strong>du</strong> Ciel l I : et. dans cet in ter val In de temps doit aussi apparaître<br />

y ri homme qui illustre sou siée le. Depuis rétablissement<br />

de la dynastie des Tcheou jusqu'à nos jours,<br />

îl s'est écoulé plus de sept cents ans. Qm- l'on lasse le calcul<br />

de ce nombre d'années écoulées leo dé<strong>du</strong>isant un<br />

période de cinq cents ans], alors on trouvera que ce<br />

période est bien défiasse [sans cependant qu'un grand<br />

souverain ait apparu]. Si on examine avec attention le<br />

temps présent, a 1 oi\s. o11 verra qu'il peut apparaître nîaintenant.<br />

Le ciel, à ce qu'il semble, ne désire pas encore que la<br />

paix et la tranquillité régnent dans tout l'empire. S'il désirai<br />

I que la paix et la tranquillité régnassent dans tout<br />

l'en i pin», et qu'il nie rejetât, qui ehoisirait-il clans notre<br />

siècle [pour accomplit' cette mission]? Pourquoi donc<br />

n f a u r a i s-j e pa s 11 n a î r sa t i si a î t ?<br />

14. M E s c M s E i ; ayant q ni 11 e l e r o y a u rn e de Th s iy e t s * e~<br />

tant arrêté à /tïeo«% fîon


ISENG-TSEU. 293<br />

CHAPITRE Y. •<br />

COMPOSÉ DE 5 ASTICLES.<br />

L Wen^mmg, ptïnee ûv 7'e»?. héritier présomptif <strong>du</strong><br />

% mm


294 MENG-TSEU.<br />

2. Ting-kong, prince de Teng, étant mort, Se fils <strong>du</strong><br />

siècle [l'héritier <strong>du</strong> trône], s'adressant à Jan-yeou, lui dit :<br />

Autrefois MENG-TSEU s'entretint avec moi dans l'État de<br />

Swing, Je u a î jaiuaîs oublié < la n s i n 011 ami r ee q i fi l me<br />

dit. Maintenant que par un malheureux événement je suis<br />

tombé dans un grand chagrin, je désire vous envoyer pour<br />

i ri f e rrog p 111 a t i on s de s t ro ts d y o a s -<br />

ti es , depuis le m pe r e u r jusqu'aux de r n i è r es cl asse s d 11<br />

peuple.<br />

Après que Jan-yeou lui eut rapporté ces paroles, le<br />

prince ordonna de porter un deuil de trois ans. Les ministres<br />

parents de son père et tous les fonctionnaires publies<br />

ne v o n 1 n r e 111 pa s s" y c o 11 l'o r 111 er ; ils d î r e n t : I) e t ou s<br />

les a ne i e n s princes de ùm [ d *o ù v î e n ne n t n os a n c ê 1res!,<br />

aucun n'a pratiqué cette coutume d*honorer ses parents<br />

décédés; de tons nos anciens princes, a ne un également<br />

n'a pratiqué ce deuil Quant à ee qui vous concerne, il ne<br />

vous convient pas d«gtr autrement ; car l'histoire dit :<br />

« Dans les cérémonies des funérailles et dit sacrifice aux<br />

u mânes des défunts, il faut suivre la cout urne des a m<br />

« cotres. » C'est-à-dire que nos ancêtres nous ont trans-


MBIIG-TSEU. 295<br />

mis le mode de les honorer, et que nous l'avons reçu<br />

d'eux.<br />

• Le prince s'adressant à Jan-yeou, lui dit : Dans les<br />

jours qui ne surit plus, je ne nie suis jamai> livré a i étude<br />

île iit philosophie L J'aimais beaucoup Léquitation ef<br />

i "exercice des année. Main loua ut les anciens ministivs ei<br />

allies de mon père et Ions les fonctionnaires publies<br />

iront pas de confiance en moi; \\> craignent petif-etie<br />

cpie je ne puisse suffire à l'accomplissement des uraues<br />

devoirs qui nie sont i in posés. Nous, aile/ encore pour<br />

moi cou su lier MOG-TSëC à cet eitani. — Jnn-if.-tiii se<br />

rendît de nouveau dans le royaume de 'jwoit pour interroger<br />

MEXG-TSEC. ME>'G-TSW dit : Les choses elant ainsi,<br />

xi) \ iv pr i n ce n e doi I pa s re< • 11 e te ! i e r la p pi i> luttion des a 11~<br />

ti-es. Kilo IN G -TSE i; disait : Lorsque le prince venai! a<br />

« mourir, les ahaîres <strong>du</strong> p m ver ne me ni. e! aient dint<<br />

ii*ées par le premier miuisire -. I/héritier «au pou-<br />

« voir se nourrissait de ri/ cuit dans l'eau, et son vîsaae<br />

a lire naît une feinte très-noire. Lorsqu'il se plaçait MU*<br />

« son siège dans Ja chambre mortuaire, pour se li\rer a<br />

« sa douleur, les magistrats et 1rs jonciiounaiies publics<br />

« de toutes classes n'osaient se soustraire aux démonstrations<br />

d'une douleur dont l'héritier <strong>du</strong> froiie donnan<br />

« le premier l'exemple. Quand les supérieurs anneui<br />

e quelque chose, les inférieurs ralleeiionnee! bien plus<br />

M vivement encore. La vertu de i'homme supérieur es?<br />

« comme le vent, la vertu de lia ut une huer leur est comme<br />

« bherbe. L'herbe, si le vent \ient a passer sur elh\<br />

« sa ne M ne rieeessairenieet, » 1! est au pouvoir <strong>du</strong> 1 ils <strong>du</strong><br />

siècle d'agir ainsi.<br />

Lorsque J._,<br />

le iiis <strong>du</strong> siècle dit : (l'est vrai, cela ne dépend que de<br />

moi. Et pendant cinq lunes il habita une huile en bois<br />

(construite en dehors de la perle <strong>du</strong> palais pour y pa^vr<br />

s I -, i U r ;:i loin e ni, à >"( uJi»u>Hi..i'ïi:. K ->


296 MENG-fSEU.<br />

le temps <strong>du</strong> deuil], et il ne donna aucun ordre concernant<br />

les affaires de l'État. Tous les magistrats <strong>du</strong> royaume<br />

et les membres de sa famille se firent un devoir de l'appeler<br />

versé dam la connaissance des rites. Quand le jour<br />

des funérailles arriva, des quatre points <strong>du</strong> royaume vinrent<br />

de nombreuses personnes pour le contempler ; et ces<br />

personnes, qui avaient assisté aux funérailles, furent<br />

très-satisfaites de l'air consterné de son visage et de la<br />

violence de ses gémissements.<br />

3. Wen-koung, prince de Teng, interrogea MENG-TSEU<br />

sur Fart de gouverner.<br />

MENG-TSEU dit : Les affaires <strong>du</strong> peuple * ne doivent pas<br />

être négligées. Le Livre des Vers dit 8 :<br />

ci Pendant le jour, vous, cueillez des roseaux ;<br />

ci Pendant la nuit, vous, faites-en des cordes et • des<br />

ce nattes :<br />

« Hâtez-vous de <strong>mont</strong>er sur le toit de vos maisons pour<br />

« les réparer.<br />

ci La saison va bientôt commencer où il faudra semer<br />

ci tous les grains. »<br />

C'est là ravis <strong>du</strong> peuple. Ceux qui ont une propriété<br />

permanente suffisante pour leur entretien ont l'esprit<br />

constamment tranquille; ceux qui n'ont pas une telle<br />

propriété permanente n'ont pas un esprit constamment<br />

tranquille. S'ils n'ont pas l'esprit constamment tranquille,<br />

alors violation <strong>du</strong> droit, perversité <strong>du</strong> cœur, dépravation<br />

des mœurs, licence effrénée : iî n est rien qu'ils ne commettent;<br />

si on attend que le peuple soit plongé dans le<br />

crime pour le corriger par des châtiments, c'est prendre<br />

le peuple dans des filets. Comment un homme, possédant<br />

la vertu de l'humanité, et siégeant sur un trône,<br />

pourrait-il prendre ainsi le peuple dans des filets!<br />

C'est pour cette raison qu'un prince sage est nécessairement<br />

réfléchi et économe : il observe les rites pres-<br />

* Celle de l'agriculture. (Commentaire.)<br />

* Ode Thsi-youeï, section Pin-foung.


- ' MRRG-IBEU. 297<br />

crits envers les inférieurs, eten exigeant les tributs <strong>du</strong><br />

peuple il se conforoie à ce qui est déterminé par la loi et<br />

la justice.<br />

Yong-hou disait : Celui qui ne pense qu'à amasser des<br />

richesses n'est pas humain : celui qui ne pense qu'à exere<br />

e r 111 u ni a nît é n ' est pa s riche.<br />

So ri s 1 o s pr î 11 ee s 4*1 e I a < I y n a s I i e ///>/, chiquant e i t r p< • ri ( s<br />

de terre payaient tribut (ou étaient soumis à la dîiue| ;<br />

sous les princes de la dynastie île ) ?J. soixante et dix. arpents<br />

étaient assujettis a la curvée d'assistance (/soie, ; les<br />

princes de la dynastie de 'l'ehrim exigèrent l'impôt fche<br />

[qui comprenait les deux premiers trihutsj pour cen! arpents<br />

de terri- [que reçut chaque iamillej. En realité.<br />

Furie et l'autre de ces dynasties |n'élevèrent, la dime * sur<br />

les te r res. Le i î e r n ter ri e ces t r i h u I. s e s M m e ré pa r I i f i o 11<br />

é gai e de t on I e s 1 e s e 11 a r g< » s ; I e s< »e < ) 11 d e st. u 11 i 11 q _>o f d'aide<br />

o u cl "' assist an ce rua. tu elle.<br />

L o u ng-ise u - c l i sa i t : E n t a t sa rt t. lit d i v i s i o n et. la r é p a rt<br />

il i oi i des t erres, on n e p


WH MIN6-T8EU.<br />

prunter à gros intérêts pour compléter leurs taxes; s'il<br />

fait en sorte que les vieillards et les enfants, à cause de<br />

la détresse qu'ils éprouvent, se précipitent dans les fossés<br />

pleins d'eau, en quoi sera-t-il donc le père et la mère<br />

<strong>du</strong> peuple?<br />

Les traitements ou pensions héréditaires* sont déjà<br />

en vigueur depuis longtemps dans le .royaume de Teng.<br />

Le Livre des Vers dit 2 :<br />

ce Que la pluie arrose d'abord les champs que nous culcc<br />

tivons en commun 8 ;<br />

« Et qu'elle atteigne ensuite nos champs privés, »<br />

C'est seulement lorsque le système <strong>du</strong> tribatd'assiatance<br />

(tsou) est en vigueur que l'on cultive des champs en<br />

commun. D'après cette citation <strong>du</strong> Livre des Vers, on<br />

voit que même sous les Tcheom on percevait encore le<br />

tribut d'assistance.<br />

Établissez des écoles de tous lés degrés pour instruire<br />

le peuple, celles où Ton enseigne à respecter les vieillards,<br />

celles où l'on donne l'instruction à tout le monde indistinctement,<br />

celles où l'on apprend à tirer de l'arc, qui<br />

se nommaient Him sous les Hia, Siu sous les Yin, et<br />

Tsiang sous les Teheou. Celles que l'on nomme Mo (études)<br />

ont conservé ce nom sous les trois dynasties. Toutes ces<br />

écoles sont destinées à enseigner aux hommes leurs devoirs.<br />

Lorsque les devoirs sont clairement enseignés par<br />

les supérieurs, les hommes de la foule commune s'aiment<br />

mutuellement dans leur infériorité.<br />

S'il arrivait qu'un grand roi apparût dans l'empire,<br />

il prendrait certainement votre gouvernement pour<br />

exemple. C'est ainsi que vous deviendriez le précepteur<br />

d'un grand roi.<br />

* Traitements prélevés sur les revenus royaux, et accordés aux fils<br />

et aux petits-fils de ceux qui se sont illustrés par leurs mérites ou<br />

leurs actions dans l'État. (Commentaire.)<br />

* Ode Ta-tfai, section Siao-ya.<br />

3 « Les champs communs d'abord, les champs privés ensuite. »<br />

(Commentaire.)


MING-TOEU. 399<br />

Le Livre des Vers dit :<br />

ce Quoique la famille des Tcheou possédât depuis longce<br />

temps une principauté royale^<br />

« Elle a obtenu <strong>du</strong> ciel une investiture nouvelle *. »<br />

Ces! île \\)/ié-tvitnf soit étroit et<br />

petit, il faut qu'il y ait. des hommes supérieurs :par leur<br />

savoir 4 , des fonctionnaires pubiie>.j. il faut qu'il y ait<br />

des Iiornrnes rustiques. SU n'y a pas d lion unes supérieurs<br />

ou de fonctionnaires publies, personne ne se<br />

trouvera pour gouverner et administrer les hommes<br />

* Ces deux vers sont déjà cités dans le Ta-hio, chap. H, § 3. Yoyez<br />

p. 44.<br />

1 II indique Wen-koung. (Commentaire.)<br />

s L'établissement des écoles de tous Ses degrés. {Commentaire.)<br />

4 Nécessité d'établir des écoles.


300 MENG-TSÏU.<br />

rustiques; s'il n'y a pas d'hommes rustiques^ personne<br />

ne nourrira les hommes supérieurs ou les fonctionnaires<br />

publics.<br />

Jt* voudniisqtie dans les campagnes éloignées des villes,<br />

sur neuf divisions quadran^ulaites égales, une d'elles<br />

|eelle <strong>du</strong> nûlinr (dont les pro<strong>du</strong>its sont employés uniquement<br />

dans les sacrifiées ou cérémonies en l'honneur<br />

îles ancêtre*]. Le champ //we doit contenir cinquante<br />

arpents.<br />

Les autres (les frères cadets qui ont atteint, leur seizième<br />

année 1 ! doivent avoir vingt -cinq arpents de terre.<br />

Ni la mort ni les voyages ne feront sortir ces colons de<br />

leur village. Si les champs de ce village sont divisés en*<br />

portions quadra titulaires semblables au dehors non une<br />

au dedans, ils formeront îles liens étroits d'amitié; ils se<br />

protégeront et s'ailleront mutuellement dans leurs besoins<br />

et leurs maladies: alors toutes les familles vivront dans<br />

une union parfaite.<br />

Cn // carre d'éten<strong>du</strong>e constitue» un /s/V/ | portion carrée<br />

de terre| : un tx'm'i contient neuf cents arpents; dans le<br />

milieu se trouve le champ publie-. Huit familles, ayant<br />

toutes chacune cent arpents en propre, entretiennent ensemble<br />

le champ publie ou commun. Les travaux communs<br />

étant aehrvés. les familles peuvent ensuite se livrer<br />

a Setn s propres a lia ires, \oila ce qui constitue I occupation<br />

distincte des hommes des champs.<br />

1 Commentaire.<br />

• On représente celle division des terres par un carré partagé en<br />

neuf carrés égaux, dont celui <strong>du</strong> milieu constitue le champ public»


MBNCÎ-T8EU. 301<br />

Voilà le résumé de ce système. Quant aux modifications<br />

et améliorations qu'on peut lui faire subir^ cela dépend <strong>du</strong><br />

prince et de vous.<br />

•t. II fut un homme <strong>du</strong> ootn de Hiu-hintj qui, vaillant<br />

beaucoup les paroles de l'a rua en empereur ('Jiiti-nmwy^<br />

passa <strong>du</strong> ryminie 11 e /*/ese« c 1 ai\s ee!11i de //-.•///. Liant pa rvenu<br />

à la porte de Won knunfj* il lui |)arla ainsi : « Moi,<br />

homme d'une région éloignée, j'ai m ten<strong>du</strong> dire que ie<br />

prince pratiquait un gouvernement 1 un nain 1 . Je désire<br />

recevoir iui<br />

II en-kniincf lui donna un endroit pour habiter. Ceux<br />

qui le suivaient, au nombre de quelques dizaines d'hommes,<br />

étaient couverts d'habits de laine grossière. Les uns<br />

tressaient des sandales, les autres des nattes de jour, pour<br />

se | >rot • i i r e r 1 e 11 r n o u r r i t n re.<br />

1:11 cerf ai n Tcltiv-siafty, disciple de Tchhi-lifuttj-. accompagné<br />

de son frère cadet nommé S in, port a ni les<br />

insfrtinieiifsde labourage sur leurs épaules, vinrent de llv<br />

tat de Saimtj dans celui de '/é^/y, et dirent : « Nous avons<br />

appris que le prince pratiquait le gouvernement des saints<br />

hommes [de l'antiquité); il est done aussi lui-même un<br />

saint homme. Nous désirons être les paysans <strong>du</strong> saint<br />

boni nie. »<br />

Tc/tin-sianff ayant vu /fin h.huj en tut ravi de joie. Il<br />

rejeta complètement les doctrines qu'il avait apprises<br />

de son premier maître, pour étudier celles de iliu-hhnj.<br />

Tchm-siimj] étant allé voir Mf\V;-isi;irka ..te l;i »<br />

* Du rnvaume de Thsou.<br />

2 U


302 MIÎfG-TSÏU.<br />

et des trésors privés; en agissant ainsi> il fait tort au<br />

peuple pour s'entretenir lui-même. Comment peut-on<br />

l'appeler sage ? »<br />

MENG-TSEU dit : Hiu-tsèu [le philosophe Eiu ou Hiuhing]<br />

sème certainement lui-même le millet dont il se<br />

nourrit ?<br />

— Oui.<br />

— Hht-tmi fisse (vilainement lui-même la toile de<br />

chanvre dont il fait ses vêlements?<br />

— VAi aucune 1 ac« • 11, Hîu-iseu po rIe des vêfe11ienIs tle<br />

laine.<br />

— Wu-tseu porte un bonnet ?<br />

— 11 porte ilii bonnet.<br />

— Quel genre de bonnet ?<br />

— Vi\ bonnet de toile sans orne m ait.<br />

— T i sse-1 - î 1 I u i -m é m e ce 11 e t o i I < à ?<br />

— Aucunement. 11 î échange contre <strong>du</strong> m il le t.<br />

— Pourquoi Hiu-lsou no la tisse-Ml pas lui-même?<br />

— YA\ le taisant il nui ra i t. à se s t r a v aux c 1 ag ri e u 111 in»,<br />

— fliu-fsfw se sert-il de vases d airain ou de vases de<br />

terre pour cuire ses aliments? Se sert-il d'un soc de ter<br />

pour labourer?<br />

- - Sans doute.<br />

— Les c oi i têe t i H n ne-t - i ! lui-même?<br />

— Aucunement. Il les échange e on Ire do millet.<br />

-— S i c e I u i ( j u i e c 11 a 11 ge c o 111 r e d 111 n i 11 e t les îiistriiiîi e n t<br />

aratoires et les ustensiles de cuisine dont il se sert ne<br />

croit pas taire <strong>du</strong> fort aux fabricants d "instrument s aratoires<br />

et d'ustensiles de cuisine, alors ces derniers, qui<br />

éi d i a i ige 111 le ti rs 111 sî r 111 n en t s a ra loi r< *s et 1 es u st ensi les <<br />

cuisine contre <strong>du</strong> millet pensenl-ils faire <strong>du</strong> tort aux laboureurs?<br />

Pourquoi donc H'ti-twu ne se fait-il pas potier<br />

ef forgeron ? Il n'aurait qu'à prendre dans l'intérieur de<br />

,s t 111 a i M >ï i ! o 11 s ces « » h j e î s < lo n î il a I >es< ) i n j >ou r s en ser<br />

Pourquoi se donner tant de peine» de faire des échanges<br />

pa i -e i I s a v ( v. t ou s I es a r ! i sa 11 s ; f I loi \ n i te 11 f ffiu-iseu n e e rai ut<br />

il pas tous ces ennuis ?


MENG-TSEU. 303<br />

Tching-siang répondit : Les travaux des artisans ne peuvent<br />

certainement pas se faire en même temps que ceux<br />

de l'agriculture.<br />

S'il en est ainsi, reprit MING-TSEU, le gouvernement d'un<br />

t.* m pire est dente la seule occupai ion qui puisse s'allier<br />

avec les travaux de l'ainaVulture V II est des alîaires qui<br />

appartiennent aux grands hommes 1 , il en es! qut appartiennent<br />

aux hommes <strong>du</strong> commun. Or un*» seule personne<br />

[en cultivant la ferre \ prépare ; au moyen des<br />

échanges] les objets que tous les artisans confectionnent.<br />

Sî vous étiez oblige de tes confectionner vous-même pour<br />

vous en servir ensuite, ce serait ioreer tout le inonde à<br />

être sans cesse sur les chemins. (Test pourquoi il est dit ;<br />

« Les uns travaillent de leur intelligence, les autres tract<br />

vaillent de leurs bras. Oux qui travaillent de leur Intel-<br />

« Iigence goi1verlient 1 es honHites ; ceu\ qui travaillent de<br />

t( leurs liras sont gouvernes par les hommes. Ceux qui<br />

v sont gouvernés par les bouillies nourrissent les hommes;<br />

it ceux qui gouvernent les hommes sont nourris par les<br />

« hommes. »<br />

C 'est la loi u ni v t Tse 11 e <strong>du</strong> mon de 2 .<br />

Dans le temps de )V/o. l'empire rfétait pas encore tranquille.<br />

D'immenses eaux, débordant de toutes parts, inondèrent<br />

l'empire; les plantes et les arbres croissaient avec<br />

surabondance; les oiseaux et les hètes fauves se multipliaient<br />

à l'infini ; les cinq sortes de grains ne pouvaient<br />

mûrir; les oiseaux et les hèles fauves causaient les plus<br />

grands don nuages aux habitants ; leurs vestiges se mêlaient<br />

sur les chemins avec ceux des hommes jusqu'au milieu<br />

de l'empire. ïao était seul à s'attrister de ces eala-<br />

* À ceux i|tii »p m venu* m un rmpiiv. Ct.i))tma\!


304 MING-TSIU.<br />

mités. 11 éleva Chun [à la dignité suprême] pour l'aider à<br />

étendre davantage les bienfaits d'un bon gouvernement.<br />

Chun ordonna à / (Pe-i) de présider au feu. Lorsque /<br />

eut incendié les <strong>mont</strong>agnes et les fondrières, les oiseaux<br />

et les bêtes fauves [qui infestaient tout] se caehèreu*.<br />

Va rétablit le cours des neuf lieu vos, lit écouler le<br />

T/tsi v\ le /ri dans la I lier, 11 dégagea le cours des lieu vos<br />

Jtju e! Hun dos obstacles qui les obstruaient ; il lit couler<br />

les rivières ffom et Asedans le Il cuve Kîatiff. Cela fait, les<br />

habitants <strong>du</strong> royaume <strong>du</strong> mi lieu purent ensuite obtenir<br />

des aliments jeu labouranI et ensemençant les terres M.<br />

À celle époque, Va fut huit années alise ait [occupé de<br />

ses grands travaux] ; il passa trois fois devant ta porte de<br />

sa maison sa us y entrer, À lirait-il pu labourer ses terres,<br />

quanti même il l'aurait voulu?<br />

ffeou-Lsi enseigna an peuple à semer et à moissonner.<br />

Lorsque les cinq sortes de grains furent se niés, et que les<br />

champs ensemencés furent purgés de la zizanie, les cinq<br />

so r I es de gr a i i is \ t 11 re n I à 111 ai u ri I: é, e t 1 es boni i ries <strong>du</strong><br />

peuple eurent de quoi se nourrir.<br />

Les hommes ont en eux le principe de la raison; mais si,<br />

tout m satisfaisant leur appétit, en s'"habillant chaudement,<br />

en se construisant des habitations commodes, ils<br />

î u a 11 < j u e i :i 11F î n s f n i e t i t > n, a lors i 1 s se r a p pr oc 11 e 111. bea u e o<br />

des brute?.<br />

L t • s sa i 11 ( s I î o n ï I n es (Yaovi i 'h u n) f u r e 111 a 111 i gé s cl e ce<br />

clat île choses, ('hvn ordonna a S te de présider à Lé<strong>du</strong>ealion<br />

<strong>du</strong> peuple, et de lui enseigner les devoirs des<br />

hommes, aliu (pie les pères et les enfants aient de la tendresse<br />

les uns pour les autres ; que le prince et ses ministres<br />

aient enlre eux des rapports équitables; que le<br />

mari et la femme sachent la difleretiee de leurs devoirs<br />

mutuels; que le vieillard et le jeune homme soient eba-<br />

1 Ct)mtnf>nf(urt\ V tnoau\ \\e ïu h** Livre* sacrés<br />

>i>> i Orient. \>. (KK


MENG-TSEU. 305<br />

can à leur place; que les amis et les compagnons aient<br />

de la fidélité l'un pour l'autre.<br />

I/lionmio aux mérites éminents l disait là son irere<br />

67e i : «Va consoler les populations; appelle-le-, a loi :<br />

« railla noirs à fa vertu ; roiTi^'-Irs, a H le-les, fai< 1rs<br />

•< prospérer; fais que par elles-mêmes elles retournent<br />

« au bien ; en outre, répands sur elles de nombreux biene<br />

faits, M Lorsque ees saints lauinnés se préoccupaient<br />

ainsi avec tant de sollicitude <strong>du</strong> bonheur des populations.<br />

pensez^ von s qu'ils aient eu le loisir de se livrer aux iravaux<br />

de l'agriculture?<br />

Voo était lot ni ne iili» par la ennuie de ne pas rencontrer<br />

nu homme eoiniue ?.7^//Mpour I aider a gouverner<br />

l'empire); et (.'huit était tournaille par la crainte de tapas<br />

rencontrer des lion m tes c.omme J K et /tec~ ) w>. (it-ux<br />

qui sont tourmentés de la crainte de ne pas mimer cent<br />

arpents de terre, ceux-là son! des agriculteurs.<br />

IV action de partager aux bon unes ses richesses s appelle<br />

bienfaisance; lac'ion d'enseigner la vertu aux hi»mmes<br />

s'appelle droiture <strong>du</strong> ctcitr: l'actinu d obtenir I affection<br />

ik^ hommes pour gouverner l'empire s'appelle humanité.<br />

C'est, pour cette raison qu'il est. tacite de donner<br />

l'empire à un homme, niais qu'il est difficile d obtenir<br />

l'aliéetion des hommes pour i:ou\erner i empire,<br />

Kiioi/NCi-TSKr disait : Oh! que I-f^ fut grand comme<br />

prince! Il n'y a (pie le ciel qui soi! grand ; îl n'y a que<br />

y m qui ait imité sa grandi'nia Que ses vertus et ses mérites<br />

étaient incommensurables! Les populations ta*<br />

purent trouver de termes pour les qualifier. Quel prince<br />

r. était que cV/w*/ qu'il était grand et sublime! Il posséda<br />

l'empire sans s'en glorifier, —-<br />

Tant que ïao et- (.'luif gouvernèrent l'empire, n eurent-ils<br />

pas assez de quoi occuper ton le leur intelligence,<br />

sans se livrer encore aux travaux de l'agriculture?<br />

J'ai enten<strong>du</strong> dire rua 1 certaine la un mes, en se servant<br />

1 Yitt). .'ilfiSi ;}>< î;niitx(fv{


306 MING-TSEU.<br />

[des enseignements et des doctrines répan<strong>du</strong>s par les<br />

grands empereurs] de la dynastie Mia, .avaient changé<br />

les mœurs des barbares; je n'ai jamais enten<strong>du</strong> dire<br />

que «les hommes éelairés par ces doctrines aient étécon-<br />

\ertis à la barbarie par les lut ri Mires. Tdiîn-Umnj^ natif<br />

cli* l'Etat fit» Tiisoa, sé<strong>du</strong>it par les principes de Tekeoukoitjuj<br />

et. de 7'dtounff-7ii, étudia, dans la partie septentrionale<br />

<strong>du</strong> royaume «lu milieu. Les .savants de cette<br />

région septentrionale iront peut-être jamais pu le surpasser<br />

en savoir; il est ee que vous appelez un lettre<br />

e 111 i i n • i i I pa i • ses 1 a le n t s e t so 11 gen i e. V t > n s « • I v o t re f rè re<br />

del.voiis avez été ses disciples quelques dizaines d'années.<br />

Votre ïliaîlre mort, vous lui avez aussitôt, fait défection.<br />

Autrefois, lorsque KUOI'NU-TSFJ' mourut, après avoir<br />

porté son deuil pendant trois ans, ses disciples, ayant<br />

disposé leurs eiîèts pour s'en re Ionruer chacun chez eux,<br />

allèrent tous prendre coup** de Tsi'H-kiiunff. Lorsqu'ils se<br />

retrouvèrent ainsi en présence l'un de l'autre, ils fondirent<br />

en larmes cl gémirent à en perdre la. voix. Ensuite ils<br />

s Vu retournèrent dans leurs familles. Tacu-kvuny revint<br />

près <strong>du</strong> tombeau de son maître; il se construisit, une demeure<br />

près de ce tombeau, et l'habita seul pendant: trois<br />

années. Ensuite il s Vu retourna dans sa famille.<br />

E i :n i u 11'e j o \ \ r, l"sait-h t'a , Ts c u-lcli an g e t / h-it-t/m u ? considérant<br />

que ïeou-jij avait beaucoup de ressemblance<br />

avec le saint homme jieur mailrej, ils voulaient le servir<br />

ainsi qu'ils avaient servi Kiioi'iMi-TSKi" A A >m nie ils pressaient<br />

TIwwj-îwu de se joindre à eux, Tkseng-iseu leur<br />

dit. : Cela ne convient pas. Si vous lavez quelque chose<br />

dans le lit an g et le H an, et si vous exposez, cet objet au<br />

soleil d'automne pour le sécher, oh î qu'il sera éclatant ci<br />

pur! sa blancheur ne- pourra être surpassée.<br />

Maintenant ce barbare des régions méridionales,<br />

homme à la langue de l'oiseau criard Kiuii('\ ne possède<br />

anc u tien lent la doctrine des anciens rois; connue \ous avez<br />

abandonné \ntre maiire pour étudier sous hû, vousdillérez<br />

beaucoup de TII$.


MENG-TSEU. 307<br />

J'ai enten<strong>du</strong> dire que « l'oiseau sortant de la profonde<br />

ce vallée s'envolait sur les hauts arbres 1 . » Je n'ai jamais<br />

enten<strong>du</strong> dire qu'il descendait <strong>du</strong> sommet des arbres<br />

pour s'enfoncer dans les vallées ténébreuses. Le Lousoung<br />

- dit :<br />

«H :| mit en fuite les barbares de l'occident et <strong>du</strong> sep-<br />

« tentrion,<br />

ce E t i 1 cl ompta I s i k o y a u m e s < le A7 a g et de f.h a u. n<br />

C'est sous un lion une des relions barbares que Tcheoukmmg<br />

vainquit, qui* vous éludiez! Je pense, moi, «jueee<br />

ri ' es t. pa s 11 i e n d e e 11 a i ) gv r a i 11 s i.<br />

{Ichinif-liang répondit : ! Si l'on suivait la doctrine de<br />

lliii-tseu, alors la taxe dans les mare le s ne se rail pas dou-<br />

1 >l e _, e t 1 a I ra 11< 1 e n « ' s'e x e retrait pas jusqu'au e e n f r e d 11<br />

royaume. Quand même vous enverriez au mare lié un<br />

jeune enfant de douze ans, on rie le tromperait pas. Si<br />

des pièces de toile de eb a livre et d'étoile de soie avaient<br />

la même longueur et la même largeur, alors le tu: prix<br />

serait le même; si dotas de chanvre brut et de chanvre<br />

filé, de soie éerue et; de soie préparée, avaient le oiènte<br />

poids, alors le 11 r pi* i x sera i t I e n i ê i ri e ; si les cinq s» i tl es d < •<br />

grains étaient en même quantité, petite ou grande, alors<br />

leur prix serait le même ; et des souliers grands ou petits<br />

se vendraient également te rrièrne prix.<br />

MENG-TSEU dit : L'inégale valeur des choses est dans la<br />

nature même des choses. Certaines choses différent outre<br />

elles d'un prix donbIe_, quintuple; certaines autres, d'un<br />

prix décuple, centuple; d'autres encore, d'un prix rniih<br />

fois ou dix mille fois plus grand. Si vous confondez ainsi<br />

toutes choses en leur donnant, à toutes une valeur proportionnée<br />

seulement à la grandeur ou à la quantité.<br />

Vous jetez le trouble dans l'empire. Si de grands souliers<br />

et de petits souliers sont <strong>du</strong> même prix, que! hou une<br />

1 Paru les <strong>du</strong> Livre des l>rx, u.|e Fn-mn. MMI'C-I» Si«)»*/.<br />

» Tchc*»*.!;:,:.!».'.


308 MING-TgEU.<br />

voudrait en confectionner de grands ? Si Ton suivait les<br />

doctrines de E.ïu-lseu,. on s'exciterait mutuellement à<br />

exercer la fraude : comment pourrait-on alors gouverner<br />

sa famille et l'État ?<br />

*>. In ihuniiu'' I-tc/a\ disciple de Mt : . demanda, par<br />

l'entremise de Siu-ft/d 1 * a voir MI-;.\G-TSKI. MEMî-TSKI'<br />

dit : Jede 'ireeeriainemenî le voir : niais maintenant jesuis<br />

encore malade. Lorsque je serai mieux, moi j'irai le voir.<br />

Otie /-/*.--/o/ rapporta ces paroles a MENU-TSEI;. MENG-TSEL<br />

dit : /-/se// croit-i! qu'il ne doive pas \ avoir do ditlerence<br />

cuire les scuijmeuis que l'un porte au t'û> de son frère<br />

aine, et les sentiment.» que l'on porte au jeune enfant an<br />

^ iJi^îj.l, a,- MKN.i-rM-T.<br />

1 l'uruio.s dy L'hou-kitttf.


MENG-TSEU. 309<br />

berceau de son voisin! C'est <strong>du</strong> Chou-king qu'il a tiré sa<br />

citation ; mais elle signifie simplement que si un jeune<br />

enfant qui ne fait encore que se traîner se laisse tomber<br />

dans tin puits, ce n'est pas la Ia11î.t 4 de l'enfant Or le eicL<br />

en pro<strong>du</strong>isant des êtres vivants, a fait en sorte qu'ils<br />

aient en eux un principe fondamental unique [qui est de<br />

devoir la naissance à leur père et à leur ntereH. Cependant<br />

1-iscfi partage en deux ee priurîpe fondamental «en obligeant<br />

d'aimer pareillement son pète- et- sa mère H les<br />

hommes qui passent sur le chemin 2 | ; par conséquent, il<br />

est dans l'erreur.<br />

0 r ? d an s 1 e s s i è e l e s r ee niés de la haute antiquité, I "' 11 -<br />

sage n'était pas encore établi d'ensevelir ses par.ails.<br />

Lorsque leurs père et mère étaient morts, les entants prenaient<br />

leurs corps e! les allaient- jeter dans ih k s fosses<br />

pratiquées le long îles chemins. Le lendemain, lorsqu'ils<br />

repassa i en t ait f MVS < l'eu \. e t q u 11 s vu y a i e n t q ne les loups<br />

les avaient dévorés, ou que les vers les avaient rongé»s,<br />

une sueur froide couvrait leur front : ils en détournaient<br />

leurs regards et ne pou va irai I plus en supporter la vue,<br />

Ce 11 e s ne u r q u i eo u v r a î t. I et i r I Vo 111 n'était pas p r od n Î t r e n<br />

eux pour avoir vu les corps d autres personnes que ceux<br />

de leurs père et mère; mais c'est la douleur qui, de leur<br />

eee n r, p a i • v en a î t j 11 sq u * a leur f r o n t.<br />

Ils s'en retournaient prompt emenL eh rapportant avec<br />

eux un panier et une bêche, ils couvraient de terre le<br />

corps de leurs parents» Si cette action de recoin rir île terre<br />

le corps de leurs parents était naturelle et conforme a la<br />

raison, alors il faut nécessairement que le (ils pieux et<br />

riiornine humain aient une règle a suivre pour enterrer<br />

leurs parents.<br />

S iu-tse u r a p por t a e e s p a n > I e s à /-/se u. /- / se e, 11 o r s d e 111 i -<br />

111 ê i n e, s*'éer î a a u n i è t n e î n s t ai 11 : Je suis i n s t r u i t. < I a n s la<br />

bonne doctrine!<br />

' C-vmmentaifi<br />

i fhttL


310 MENG-TSEU.<br />

CHAPITRE VI,<br />

COMPOSÉ DE 40 àlTICLES.<br />

I. Tchin-tai (disciple de MENG-TSEU) dit : Ne pas faire<br />

le premier une visite aux princes de tous rangs paraît<br />

être une chose de peu d'importance. Maintenant, supposez<br />

que vous soyez allé les voir le premier : le plus grand bien<br />

qui pourra en résulter sera de les faire régner selon les<br />

vrais principes, le moindre sera de faire parvenir celui que<br />

vous aurez visité au rang de chef des vassaux. Or le Mémorial<br />

(tchi) dit: En se courbant d'un pied on se redresse<br />

de huit. Il me paraît convenable que vous agissiez ainsi.<br />

MENG-TSEU dit : Autrefois King-koung, roi de Thsi, voulant<br />

aller à la chasse, appela auprès de lui, au moyen de<br />

rétendard orné de plumes, les hommes préposés à la garde<br />

<strong>du</strong> parc royal. Ces derniers ne s'étant pas ren<strong>du</strong>s à l'appel,<br />

il résolut de les faire aussitôt mettre à mort. « L'homme<br />

«éclairé et ferme dans sa résolution [dit à cesujetKHOUNG-<br />

« TSEU] n'oublie pas que son corps pourra bien être jeté<br />

« à la voirie ou dans une fosse pleine d'eau. L'homme<br />

« brave et résolu n'oublie pas qu'il peut perdre sa tète.- »<br />

Pourquoi KBOUNç-TSEU fait-il ainsi l'éloge [des-hommes<br />

de résolution ] ? Il en fait l'éloge, parce que ces hommes<br />

ne se rendirent pas à un signal qui n'était pas le leur. Si,<br />

sans attendre le signal qui doit les appeler, des hommes<br />

préposés à de certaines fonctions les abandonnaient, qu'arriverait-il<br />

de là?<br />

Or cette maxime de se courber d'un pied pour se redresser<br />

de huit concerne l'utilité ou les avantages que l'on<br />

peut retirer de cette con<strong>du</strong>ite. Mais s'il s'agit d'un -simple<br />

gain ou profit, est-il permis, en vue de ce profit, de se<br />

courber de huit pieds pour ne se redresser que d'un ?<br />

Autrefois Tchao-kian-iseu [un des premiers fonctionnaires,<br />

ta-fou, de l'État de Tçin] ordonna à Wàng-liang


MENG-T8EU. 311<br />

[un des plus habiles cochers] de con<strong>du</strong>ire son char pour<br />

son serviteur favori nommé Bi. Pendant tout le jour il<br />

ne prit pas une bête fauve.<br />

Le favori, en rendant compte a HHî maitre de ce rcsiillal,<br />

d'il: Ces* le plus indigne cocher de tout l'empire!<br />

Quelqu'un aval il rapporte ces paroles a 11 muj-l ree^,<br />

celui-ci dît : Je prie qu'on me laisse de nouveau con<strong>du</strong>ire<br />

l- prie<br />

d'agréer mon refus.<br />

Ainsi un cocher a honte même de se voir adjoint a un<br />

[mauvais] archer. Il ne voudras' pas y être adjoint quand<br />

même cet archer prendrai! autant de bêles fauves qu il en<br />

faudrait pour former une colline. Que serait-ce donc si<br />

l'on faisait plier les règles de con<strong>du</strong>ite les plus il rodes pour<br />

se mettre h la merci des princes eu allant les visiter le<br />

premier ! Or vous \ous êtes frourpé Ulans votre citation!»<br />

Celui qui s'est nue fois pi if» soi-même nej>eut plus redresser<br />

les autres hommes.<br />

2, l\i\i(i-ich>nt dit : !\


312 MKNG-T8EU.<br />

tous les princes tremblent ; lorsqu'ils restent en paix5 toul<br />

l'empire est tranquille.<br />

MEPIG-TSEU dit : Comment pour cela peuvent-ils être<br />

considérés niniini' grands? Vous n'avez donc jamais étudié<br />

le iJrrr (lr* li itcs ? I J >rs< j i u • I e j e u ne ho m me ï vc-oi t\v<br />

bonnet \iril, U' père lui donne ses instructions; lorsque<br />

la jeune fille se otarie, la mère lui donne ses instructions.<br />

Lorsqu'elle se rend à la demeure de soti époux, sa mère<br />

raccompagne jusqu'à la porte, et l'exhorte en ces ternies:<br />

Oiiaud Iti seras dans la maison de ton mari, tu devras être<br />

respectueuse, tu devras être attentive et eircainspecte : ne<br />

f"oppose pa* aux volontés de ton mari. Faire de l'obéissance<br />

et de la soumission sa règle de con<strong>du</strong>ite, est la loi<br />

de la femme mariée.<br />

Habiter enn si ai muent, dans la grande demeure <strong>du</strong><br />

monde 1, se hier constamment sur le droit siège <strong>du</strong><br />

monde- ; marcher dans la grande voit* <strong>du</strong> monde * J ; quand<br />

on a obtenu l'objet de ses voeux pies emplois et des honneurs<br />

|, faire part au peuple des biens que bon possède;<br />

lorsqu'on n'a pas obtenu l'objet de ses vieux, pratiquer<br />

seul les principes de la droite raison en faisant tout le bien<br />

que l'on peut l'aire ; ne pas se laisser corrompre par les<br />

richesses et les honneurs ; rester impassible dans la pauvreté<br />

et l'abjection : ne pas fléchir à la vue <strong>du</strong> péril et<br />

de la forée armée : voilà ee que j'appelle être un grand<br />

homme.<br />

.1. '/'r/irt/tf-si/ff, fît y ne question en ces ternies : Les<br />

hommes supérieurs de l'antiquité remplissaient-ils des<br />

fonctions publiques? MKNTI-TSï-T dit : Ils remplissaient des<br />

loue lions publiques I/histoire «lit : Sî KIIOI-NG-TSEU passait<br />

trois lunes sans obtenir de son prince un emploi publie,<br />

alors il était dans un état inquiet et triste. S'il Iran-<br />

s C*'- ;t ! ( j||Mi«v


MENC-TSIU. 313<br />

chissait les frontières de son pays pour aller dans un État<br />

voisin, il portait, toujours avec lut des dons de bonne réception.<br />

h'oui}ff-mhf(j-1 disait : Lorsque {


314 M1KG-ÏSEU.<br />

royaume où l'on remplit des fonctions publiques. Je n'avais<br />

jamais enten<strong>du</strong> dire que les hommes fussent aussi<br />

impatients d'occuper des emplois ; s'il convient d'être<br />

aussi impatient d'occuper des emplois, que dire des<br />

hommes supérieurs qui n'acceptent que difficilement un<br />

emploi public ?<br />

MENG-TSEU dit : Dès l'instant qu'un jeune homme est<br />

né [ses père et mère] désirent pour lui une femme ; dès<br />

l'instant qu'une jeune fille est née [ses père et mère] désirent<br />

pour elle un mari. Le sentiment <strong>du</strong> père et de la<br />

mère [pour leurs enfants], tous les hommes l'ont personnellement.<br />

Si, sans attendre la volonté de leurs père et<br />

mère et les propositions <strong>du</strong> chargé d'office f , les jeunes<br />

gens pratiquent une ouverture dans les murs de leurs<br />

habitations, afin de se voir l'un l'autre à la dérobée; s'ils<br />

franchissent les murs pour se voir plus intimement en<br />

secret : alors le père et la mère, ainsi que tous les<br />

hommes <strong>du</strong> royaume, condamneront leur con<strong>du</strong>ite, qu'ils<br />

trouveront méprisable.<br />

Les hommes de l'antiquité ont toujours désiré occuper<br />

des emplois publics; mais déplus ils détestaient de ne pas<br />

suivre la voie droite a . Ceux qui ne suivent pas la voie<br />

droite en visitant les princes sont de la même classe que<br />

ceux qui percent les murs [pour obtenir des entrevues<br />

illicites].<br />

Â* Pheng-kerig (disciple de MENG-TSEU) fit une question<br />

en ces termes : Lorsqu'on se fait suivre [comme MèNG-<br />

TSEU] par quelques dizaines de chars, et que l'on se fait<br />

accompagner par quelques centaines d'hommes [qui les<br />

<strong>mont</strong>ent], n'est-il pas déplacé de-se faire entretenir par<br />

les diflérenfs princes dans ses différentes excursions?<br />

* Ou entremetteur. Les mariages se font ordinairement en Chine<br />

par le moyen des entremetteurs ou entremetteuses avoués, el pour<br />

ainsi dire officiels, <strong>du</strong> moins toujours officieux.<br />

2 C'est-à-dire qu'ils n'auraient jamais voulu obtenir des emplois<br />

par des moyens indignes d'eux.


Miit^îMfîj ..ul'HOj. .*< /eivï.^)S3J|i t<br />

SIîOA SIîOA s,i.)AUa e|ueui uaiq e pqtb jmq^Ujq se(| piOi]<br />

- u , q1 î i nés s a u A-y. « » 111, i a s i o n 1 u n e, | : p p u od. u .1 a si -* > .v 3 if<br />

;. i>i.viï[ .>p luaj.upieq ja.iuacyd es ap issue ej|e jse uospu<br />

ejaKjpi!pips,KlMiiudsapenl)i|iud nilaineuedns nutmoqj op<br />

ueaiuejtiij : eiA v.) op ueiqej|uaq ,ie»tirao,id es ep -|se UOJ<br />

~,na j a 11 p -| e ,1, ej 1 e M j ,1e q a n p uo i f u e 1 e p r j : 1 « p him-nodipj,<br />

i eaiisuf Iî| i«i eqneurnqq pian!)<br />

-ipud iieafsettb ne eiiuuoq \ euiuiojj etb xnea op SîïO op<br />

nad is suoA-s.qnq )«> "aineipq «inej ,ted ianfe,i}ua Jtieij |fja,j<br />

-nao.id .»s ml)j suo,i»niqa s,q |e sjai}tied.ieqa se| pief SIîOA<br />

-za.anaaf iunf.un.nd 'start «aiiuaaq }.!.) .mil : sojim: sv>| .!ta>d uoqîuesuuHiûa dp<br />

HMfd v.toqep ira >«» *aeue|paAuaa.f u|t qdtue.i pos ,iiini,i,3j<br />

-111 u«»ssm:p util jauiîiaa| un ea jia À p nb suosoddii^<br />

'saeiA jad sruuou e.rfo pio.unod<br />

UO.yaqa e| pi jaiiuad;iiiqa OJ S.IOJK *j se.rfueq ae sep ,IVA\)<br />

z.qMssod SUOA anb ne epsajjne vue |jad sn|nq SIîOA IS sn?||<br />

eruej ,mh luiras .tu «>[p» piop epoj aj -/.'»|>. ISSIK! SUOA enli<br />

e.> ap u.a.t /,aeueq,.M u SIîOA IS tseunuoq sojpiii \ni? se|i,i<br />

-.MM SOA s ml ^enbuiiiuiiuo.» eu s rai A iv; : pp Xisj^riojt;<br />

Ised errôeJ<br />

eu pqib a.inpai ne s« uni pis sep |i.imaaaj uel se.ijrn? sep<br />

uied oj i^tiiiin *«.qeAi/-enj sueji pie AI A j.» -ejnaiu sues ai}<br />

-!«>} uinib njqîaioAUoo sert JS.HJ p snqf qfuai.iotitiany —<br />

i*,oae}dap pe»s ejaa enli snoA-zas<br />

-11 «x 1 S'n o \ M a ep 1 a p


316 MENOTS1U.<br />

devez le rétribuer, et vous le rétribuez. Or, rétribuez-YOus<br />

Tiiîtention, ou bien rétribuez-vous les bonnes œuvres ?<br />

— Je rétribue l'intention. — Je suppose un homme<br />

iei Cet homme a Iirisé les. fuîtes de votre maison pour<br />

pénétrer dans l'inférieur, et, avec les lisons de l'Vitro il a<br />

souillé les ornements des murs. Si son intention était, en<br />

agissant ainsi. 11 e se j ) r o e 11 r e r d e I î I n o 11 r rit 111'e, lui il on 1i < i -<br />

rez-vous des a lit tient s?<br />

— Pas <strong>du</strong> tend,<br />

— S'il en t\sl ainsi, alors vous ne rétribuez pas l'intention:<br />

vous rétribuez les bonnes teuvres.<br />

5. Woi-tchuttij lit une question en ees ternies : Le<br />

royaume de S ou a g est. tin petit, royaume. Maintenant il<br />

r o m m e n r e à i n et t re e n p ra t iq ne I e n i od e do g« >u v er n e 11 ion t<br />

des aneiiais rois. Si les royaumes de Thsi et de Thsou<br />

le prenaient en liai ne et qu'ils portassent les armes contre<br />

lui, qu"en arriverait-il 1<br />

M K N < ; - T s K r d i t : L o i -sq u e Teti i n g - th nu g h a b i t a i 11 e pa y s d<br />

Po* \\ avait pour voisin le royaume", de Ko. Le chef de Ko<br />

avait une con<strong>du</strong>ite dissolue;, et n'élirait point de sacrifices<br />

a. ses ancêtres. Titan y envoya des hommes qui lui demandèrent<br />

pourquoi il ne sacrifiaîi pas. 11 répondit : Je ne puis<br />

rue procurer de victimes, Tlumg ordonna de lui envoyer<br />

des 1M eu ts et des m an torts. Le ehef de Ko les mangea, et<br />

n'en eut plus pour otlrîr en sacrifiée» Tfwug envoya de<br />

non vis tu des hommes qui lui demandèrent pourquoi il ne<br />

saeriliait pas. — Je ne puis me procurer <strong>du</strong> millet pour la<br />

cérémonie. Tin in g ordonna que la population de Pu allât<br />

• labourer pour lui, et que les vieillards ainsi que les faibles<br />

portassent tles vivres a celte population. Le chef de /u.o<br />

con<strong>du</strong>isant avee lui son peuple, alla fermer le chemin a<br />

ceux qui poil aient le vho îe riz et le juillet, et. il les leur<br />

enleva ; et ceux qui nt." voulaient pas les livrer, il les tuait.<br />

Il se trouva il parmi eux un enfant qui portait des provisions<br />

de millet et de viande; il le tua et les lui enleva.<br />

Le T'Ituu-lniKj dïi : « Le chef de Ko frai la en ennemis emx<br />

« qui portaient de>vivres. » 11 fait allusion à cet événement.


•fiai} ejittA |a : ainriAj<br />

s.in.»} pian s* |ia|i,aii |t : .aiumu\} a;|.»iu.> snjd u[ ap a.iip-i;<br />

*|sa ;>| naa | ap -ja ta>j ap snouepidrid *;>.> }ii.M.\ifO|> ja-inpa<br />

| nn|HS.U (i.f.lial lin .liUajfjO ,mn s 11 «a. ? « K s a < HI * a oaya £ s < > p a y a j} 01 i . f 1 A jas a ] u a 0<br />

-ut*.) ir;j : ju-mp p *^a|p,w|,ioa^>p srnip aunei" ja ajioo aios<br />

.m.«j îua.i.;.n)j«<br />

-AI ra ap -.uAipp s(io.i,>s snou àun.r\ ruas .M.n.icl râpai »<br />

.laas.ea : ,Muud .UJ«>U suopjiajp! sian^ » ; pp /la/.y-ae//;) a r |<br />

* 4 naaa![iafod xnn ,ao!' apaa.ia .uni «rin.artd jaquio} a pi. MA<br />

lîifï aanpl i?| ,K>«).iai|a,N ap sdmaj saj suop aeuua.e) "sajdnad<br />

s.jj pr;usua aisaanael saj .ii.moiu uesiej t'nu>m axifna lin<br />

sïipp irai MH p sjjjodstfa.ff si)[il }uan»|a u a.uaf iq luanat<br />

-noip.'j inb \uaa 'apioj na sajane >tipj jiiauqapj aqsrtiatl<br />

ua iianene \\\h \iar| aaual \\\ -.ude jiM.iafsa sp avauaqaas<br />

apiiina .a ai stnq>ammj aurt no aaaii<br />

nu :a>raaa\ Jiintl j>a -i sa»?u % radia.) nus JHjantua jacid sad<br />

^i u •() ; iraaîiaaiaraïai pia.up s.iaui a,ip:rd) sap .mai.iapijj<br />

snafi s'.niijis sUHijîqndnd -'a'[ Mjjana i»| mapap ni| tnun^l<br />

c iunjna joo pora ^ s;oi IIBAB ojy ap jaqa 9| »eb «wrcj<br />

ne<br />

•dïSi-Mlil


318 MENG-TSEU.<br />

Le Toi-chi (un des chapitres <strong>du</strong> Chou-king) dit : ce La<br />

« renommée de ma puissance s'est éten<strong>du</strong>e au loin ; lorscc<br />

que j'aurai atteint les limites de son royaume, je me<br />

« saisirai <strong>du</strong> tyran. Cette renommée s'accroîtra encore<br />

« lorsque j'aurai mis à mort ce tyran et vaincu ses com-<br />

« plices ; elle brillera même de plus d'éclat que celle de<br />

ce Thang, n<br />

Le royaume de Soung ne pratique pas le mode de gouvernement<br />

des anciens rois, comme il vient d'être dit cidessus.<br />

S'il pratiquait le mode de gouvernement des<br />

anciens rois, toutes les populations situées entre les quatre<br />

mers élèveraient vers lui des regards d'espérance, et<br />

n'aspireraient qu'en lui, en désirant que le roi de ce<br />

royaume devint leur prince. Quoique les royaumes de<br />

Thsi -et de Thsou soient grands et puissants, qu'aurait-il à<br />

en redouter?<br />

6. MENG-TSEU, s'adressant à Thaï-pou-ching (ministre<br />

<strong>du</strong> royaume de Soung), dit : Désirez-vous que votre roi<br />

devienne un bon roi? Si vous le désirez, je vous donnerai<br />

des instructions bien claires à ce sujet. Je suppose que îe<br />

premier ministre de Thsou soit ici. S'il désire que son fils<br />

parle le langage de Thsi, ordonnera-t-il à un habitant de<br />

ce royaume de l'instruire? ordonnera-t-il à un habitant<br />

<strong>du</strong> royaume de Thsou de l'instruire ?<br />

— Il ordonnera à un habitant de Thsi de l'instruire.<br />

— Si un seul homme de Thsi lui donne ' de l'instruction,<br />

et qu'en même temps tous les hommes de Thsou lui<br />

parlent continuellement leur langue, quand même le<br />

maître le frapperait chaque jour pour qu'il apprît à parler<br />

la langue de Thsi, il ne pourrait en venir à bout. Si au<br />

contraire il l'emmène et le retient pendant plusieurs années<br />

dans le bourg de Tchouang-yo f , quand même il le<br />

frapperait chaque jour pour qu'il apprit à parler la langue<br />

de Thsou, il ne pourrait en venir à bout.<br />

Vous avez dit que Sie-kiu-tcheou (ministre <strong>du</strong> royaume<br />

% Bourg trés-fréquenté <strong>du</strong> royaume de Thsi.


MENG-TSEU. 319<br />

de S&ung) était ue homme doué de vertu, et que vous<br />

aviez fait ee sorte qu'il habitât dans le palais <strong>du</strong> roi. Si<br />

ceux qui habitant le j ta ! a î ^. <strong>du</strong> roi. jeunes et vieux, \ils et<br />

h i > ! 10 rés. ciment tous < 1 a 1s f î *i * s «VA •-/,' / // -1 < h /•//, a v • • « * < ] u i le<br />

roi pourraiHl mal tain*".' Si ceux qui habitent h- palais «lu<br />

roi, jeunes et vieux, \ilsef honores, étaient tous dtfîe-<br />

1*1*11 f s clt* Sie-hiu-tcht'iiu^ a\ec qui le i'oi pourrai i-ïî faire le<br />

bien? Si donc il n'y a que Sîe~kiu-rrft(>att d'honnête ver-<br />

{i ie u x, c j i te I era ît - i I st a 11 pres d 11 ro i < 1< ( ^ » // a 7 /<br />

7. h'onfj-mn-tcltenu fît une cpt#a^fîi nî ru ces tenues :<br />

Vous irai lez pas voir 1rs princes; quel «ai •>! le mol il'?<br />

ME>(I-TSKI dit: Les anciens qui ne voulaient pas devenir<br />

ministres des roi> n'allaient pas les \oir.<br />

Touan-kan-m qm v ^'d< travaillaient a<br />

Lardent- iln soleil.


320 MENG-TSEU.<br />

Tseu-tou disait : Si des hommes dissimulés parlent ensemble<br />

avant d'avoir contracté entre eux des liens d'amitié,<br />

voyez comme leur visage se couvre de rougeur. Ces<br />

hommes-îà sont de ceux que je prise peu. En les examinai<br />

il bien, on pf'itt. savoir ce que l'homme supérieur<br />

nourrif en lui-même.<br />

H. T(n-t/thj-/t.-fti j premier ministre <strong>du</strong> royaume (h-<br />

Sijiotij | disait : Je n'ai pas encore pu n'exiger pour tribut<br />

mu' le dix ici ne îles pro<strong>du</strong>its l , ni abroger les droits d entrée<br />

aux pa^stias îles frontières et les taxes des inarelics.<br />

j e \ o 11 d i -a ? s < * e pe t} d ; 1111 d i i j i i n n e r ces e 11 a rges pot i r at !<br />

J Vu m ce prorhaine, et ensuite je les supprimerai entièrement,<br />

(lomment faire?<br />

MK> ni en dispenser. II y a longtemps que le monde existe;<br />

tantôt e est tr bon gouvernement qui règne, tantôt c'est<br />

le ! rouble et l'anarchie.<br />

A l'époque de l'empereur \ao, les eaux débordées<br />

inondèrent font le royaume. Les serpents et les dragons<br />

l'habitaient, et le peuple n'avait aucun lieu pour fixer son<br />

séjour. Ceux qui dénie liraient dans la plaine se construisaient<br />

des Inities comme des nids d'oiseaux ; ceux qui<br />

' 1 .eirr.ie-iij. ni • .|i» >//.


MEKG-TSEU. 321<br />

demeuraient dans les lieux élevés se creusaient des habitations<br />

souterraines. Le Càou-king dit : a Les eaux déboro<br />

dant de toutes parts me donnent un avertissement, s<br />

Les eauj: il {bordant de /o>//>-s pnrfs sont de grandes H<br />

vastes eaux L (Ihitn a va ni ordonne a Vu de les maîtriser<br />

et de les diriger. Vu Ut creuser tl--s canaux pour 1rs faire<br />

écouler dans la nier. 11 chassa les serpents el les iIrai;uns,<br />

et les lit s'/-


322 MBNG-1SEU.<br />

Wou-wang poursuivit Fei-lian jusque dans un coin de<br />

"terre fermé par la mer, et le tua. Après avoir éteint cinquante<br />

royaumes, il se mil à la poursuite des tigres, des<br />

léopards, des rhinocéros^ des éléphants *? et les chassa<br />

au loin. L'empire fut alors dans une grande joie. Le<br />

Ckm-kiïiff dit. : « 011 ! comme ils brillent d'un grand<br />

« ée 1 a f, les desse î n s 11 e 11'en -tv a ng ! e o n i ri le i 1 s lu re n t b i e i i<br />

« suivis p ar I e s 11 a u t s fa i ts de î l o u-wa n g ! Ils on t a i cl é e t<br />

« instruit les hommes de nos jours, qui sont leur poste-<br />

« rite. Ton t est maintenant parfaitement réglé; il n'y a<br />

« rien à reprendre. »<br />

La génération qui a suivi est dége n é r ée ; les p r ï ne î pe s<br />

d 11 u m a ni té e î: de j n s t i ce [ j >roel amés par tes sa î n t s lion nues<br />

et e n se î g il es dans les livres sa c r es È ) su n t t om bés (la n s<br />

l'oi 1111 i. 1 ,es d i scours les pi us pervers, les aetî on s les plus<br />

c r 111 • 11 e s, s o n t v e n u s cl e î ï en i v ea u t r o u b 1 er Te i n p i r e .Ils 'e s<br />

t ro 11 vé cl e s s 11 j t * I s q 11 i o 111 fa î t i n ou ri r 1 e u r pr i i ic e ; il s'e<br />

trouvé des Ils qui ont fait mourir leur père.<br />

K i lot s G-TSEI \ e lira y é f de cet t e gra nde d issol ut i on ],<br />

écrivit son livre intitulé le Printemps et t Automne 3<br />

( 7 'eh iot-t/i s ieo u). C e 1 i v i -e e o n t i e n t les cl e vo irs d u fils <strong>du</strong><br />

Ciel [ou de l'empereur j. C'est pourquoi KHOCNG-TSEU<br />

disait : « Ceux qui me connaîtront ne me connaîtront<br />

« (pie d'après le Printemps et f'Automne 4 ; ceux qui<br />

« nf ace useront 5 ne le feront que d'après le Pri n temps ci<br />

« r Automne. »<br />

H 11 *a p pa r a î t. p 1 u s de sa i n t s ro is [ pot i r gou v e m er l'en] -<br />

I > î re 1 ; I e s p r i n c e s e t 1 es v assau x se 1 i v r en t à I a 1 ie e nce la<br />

1 En un mot, de toutes Ses botes que Cfmm-sm entretenait dans<br />

ses parcs royaux pour ses pîalsirs.<br />

2 Commentaire.<br />

s Histoire <strong>du</strong> royaume de loi* (sa patrie). (Commentaire»)<br />

4 C'est seulement dans ce livre que l'on trouve exprimés tous les<br />

sentiments de tristesse et de douleur que KHOONG-TSEU éprouvait<br />

pour la perversité de son siècle. {Commentaire.)<br />

s Les mauvais princes et les tyrans qu'il flétrit dans ce livre.


MBNG-ÎSEU. 323<br />

plus effrénée; les lettrés de chaque lieu * professent les<br />

principes les plus opposés et les plus et ranges; les docf<br />

r i 11 e s ( î e s se e t a ires 1 e t1 y -1 c h a u < 1 1 Mé-11 r e 11ï p I i sst 1 111.1 ' rJi 11 ;<br />

et les doc f fines de l'en i pire- j celles qui sont professées par<br />

l'Etat |, si elles ne rentrent pas dans celles de 1 on g. rent<br />

re ri f d a 11 s cel I e s de .W. I. a se e I c d e ! < o t g ra f > p < » r f c t o 111 a<br />

so i ; e 11 e n e r e e oi ï ri ail p as d e p ri n e t • s » L ; i sec! c d c J /c a i 111 e<br />

font le mon d e i ri cl i si î n c : f e 111 e 11. ! ; cil e ne r c c o n n a i f p o i r 11 de<br />

parents. Ne point reconnaître de parents, ne point ree<br />

o n n a î t ta * d e p r i n ces, c "es I c t r e c o n u u c d t ! s brutes e t des<br />

lié les fauves,<br />

Kow i g-m ing-i ci i sa i t : «Les e 11 i s i 11 e s d u | > r i n e< : reg< > r -<br />

« genf de viandes, ses écuries sont remplies de chevaux<br />

a IV ï i ) ga n f s ; mais le j >e u p i e pi. > r t e sur sou v i sage I es < • i \ \ -<br />

« preintesde la faim; les campagnes désertes sont eu-<br />

« combrées d'hommes ni or! s de misère : c'est ainsi que<br />

« l'o 11 po u sse 1 es bé I es I ér< M 'es a d*'; v ore r î » 's I \ o \ \ no es -. »<br />

S i I e s do et r î n e s des se 'êtes } e ////et J /é ne sy i J î pa s iépr<br />

i i ïï é e s ; si 1 es c loe l ri n es < I » • K11 o r N n - r s E r ne sont pas r emises<br />

en lui ni ère» les discours les plus pervers abuseront<br />

J e pe n pie e t et oi 11 i e r on t I es pr i n c i pe s sa 1 u I a i r e s d e !' h u u J an<br />

î té et de la j u st î ce. Si I es f > r î n c i pe s sa 111 f a i r es de f h u m a -<br />

nîteet de la justice sont etouiîes et comprimés, alors nonseulement<br />

ces discours pousseront, les bétos féroces à<br />

dévorer les hommes, niais ils exciteront les hommes â si*<br />

dévorer en Ire eux.<br />

Moi., effraye des progrès (pie font ces dangereuses doo<br />

I ri n es, j e < 1 e fend s la doctrine des sa i n t s h om i n es uni e m j is<br />

f i a osé ; j e e o i n ha I. s 1 e / ? g e i. )]* • ; je r e ] J < » 11 sse I e 11 r s propositions<br />

corruplrices, aiin que des prédicaîenrs peu ers ne<br />

surgissent dans J'empire j jour les répandre. Lue fois que<br />

ces doctrines perverses sont, entré'es dans les cœurs, H les<br />

c o r r o 11 ï p en f. les a e f î o n s ; u n c f o i s q u VI i e s s o n t p r a t i q u é < t s<br />

1<br />

TchoH-ssc; Je ConîMOiïiairo dit que ce ami ici îtitivs non<br />

omp!o\és.<br />

:! ;<br />

\ti\oy. p r*. c é *.l »? r n n 11.* ti I. |«- T!ï f


324 MENG-TSEU.<br />

dans les'aetionsj elles coFFompent tous les devoirs qui<br />

règlent l'existence sociale. Si les saints hommes de l'antiquité<br />

paFaissaient de nouveau sur la terre^ ils ne chanirf-rairnt<br />

rien a nus paroles.<br />

Autrefois | // maîtrisa 1rs uTaridrs faux et lit cesser les<br />

râla mit «'s qui adhéraient IV m pire ; Tnheou-koutty mini!<br />

soiis>a domination 1rs barbares <strong>du</strong> midi et <strong>du</strong> septentrion ;<br />

il chassa an loin 1rs hrfrs féroces *. rf foutes les populations<br />

d. do> trop^nts, il.-s rhinocéros H. de> ek-<br />

* (\>nnnnïtain\<br />

V-. fi.l-, - • •;. hun^r- .-l pnVIiM.s ;j\t.r û'ta ,!«* muu^lv vt .lo |>«MV>V; -<br />

*'•«"•• • s - - - - ^''S-'î \îi\v artsi p.-t i-f:iiî»*in«.* ïiî vXjtltquee |.«M'


MEHC-TSEU. 325<br />

10. Kouang-tchang dit : Tchin4ckoung4seu n f est-il pas<br />

un lettré plein de sagesse et de simplicité ? Comme il demeurait<br />

à Ou-ling, ayant passé trois jours sans manger,<br />

• ses oreilles ne purent plus entendre, et ses yeux ne purent<br />

plus voir. UII poirier se tmuvail la auprès d'un poils; 1rs<br />

vers avaient inai)^ ; plus de la moi fit* 1 de ses IVuils. Le IIIOrihond,<br />

se traîna ut sur ses mains ef sur ses pieds, cueillit<br />

le restant pour le manger. Apres en avoir goûte trois<br />

!bis y ses orei11es r eeovrer enI i*onie , i t t1 r i < i 1 e<br />

plus gr a f i d l . Ce pe ne I a ri I.. 11i a I g ré v e I a . e i m i ; i t e t1 ! / ) -/mu > / »/ -<br />

?se& entend-il la si in pi ici te et la tempérance 1 Ptmr remplir<br />

le but de Tcfu>ung-ts(Ki il hit a Irai! devenir ver de<br />

terre; alors o i \ j M >U r ra i t. lui r e sse 11 d > ! e r,<br />

Le ver de ferre, dans les lieux élevés, se nourrit de<br />

terre sèche, et, dans les lieux Luis, il boit iVau bourbeuse.<br />

La maison qu'habite Tchonnu-tscu n'est-ce pas celle eue<br />

Pé-i' 1 se construisit V ou bien serait-e»- eelle quel* vulf-ur<br />

Te/te* bàiif? Le unie! qu'il mange nVs!-;i pas relui que<br />

Pé-i sema *f ou bien serait-ce celui qui fui verne par /e;.."/<br />

Ce sont, là «les questions qui n'ont pas enenre eto IVMIkies.<br />

I\iyu.


386 MEld-TSEU.<br />

il ne veut pas s'en nourrir ; il regarde la maison de son<br />

frère aîné comme une maison inique^ et il ne veut pas<br />

l'habiter. Fuyant son frère aîné et se séparant de sa mère^<br />

il est allé se fixer à Ou-ling. Un certain jour, qu'il était<br />

retourné dans son pays, quoiqu'un lut apporta en pres«<br />

• 111 , de la part do son f rère aîné} u11u


HIA-MENG.<br />

SECOND LIVRE.<br />

CHAPITRE PREMIEE.<br />

COMPOSÉ DE 28 ARTICLES.<br />

1. MiîfS-fsiu dit : Quand même vous auriez la pénétration<br />

de lî'leou 1 , et l'habileté de Koung-chou-tseu 1 , si<br />

vous ne faites pas usage <strong>du</strong> compas et de la règle^ vous ne<br />

pourrez façonner des objets ronds et carrés. Quand même<br />

vous auriez l'ouïe aussi fine que Ssê-kouang, si vous ne<br />

faîtes pas usage des six règles musicales^ vous ne pourrez<br />

mettre en harmonie les cinq tons; quand même vous<br />

suivriez les principes de Yao et de Chun, si vous n'employez<br />

pas un mode de gouvernement humain et libéral<br />

*, vous ne pourrez pas gouverner pacifiquement l'empire.<br />

* Lt-foou, homme qui vivait <strong>du</strong> temps de Hoang-ti, et fameux<br />

par sa vue eieessivement perçante. (Commentaire.)<br />

«Son petit nom était Pan, homme <strong>du</strong> royaume de Lou, dont l'intelligence<br />

et ie génie étaient extrêmes. (Commentaire.) Un autre<br />

commentateur chinois ajoute que cet homme avait construit pour<br />

sa mère un homme es bois qui remplissait Ses fonctions de cocher,<br />

de façon qu'une fois le ressort étant lâché, aussitôt le char était<br />

emporté rapidement comme par un mouvement qui lui était propre.<br />

• Jin-tchingt HïîMANUM IEGIMEN. La Glose explique ces mois eu<br />

disant que s'est l* observation et la pratique de kit propres à instruire<br />

le peupk et à pourvoir à ses besoins.


328 MENG-TSEU.<br />

Maintenant les princes ont sans doute un cœur humain<br />

et une renommée d'humanité,, et cependant les peuples<br />

ne ressentent pas leurs bienfaits; eux-mêmes ne peuvent<br />

pas servir d'exemples ou de modèles aux siècles à venir,<br />

I ) a i -{• v < {11" 11 s lit* j >r a f i q ? t e 11 i pas! e s 11 r ï o c i pes cf * h o ni anit<br />

de justice des ancions rots.<br />

C'est pourquoi ii est dit : « La vertu seule ni.» su fi il pas<br />

« pour pratiquer un hou mode de gonveiTienienl, la loi<br />

e seule Dr peut pas S" pratiquer par elle-même. »<br />

Le Lier.- fin 1res 1 dit :<br />

» f Ils ne p é t; lier o al: ï i i j )a ï 1 excès ni par o 11 h 1 î ;<br />

a IN suivront les lois îles an fît» us. »<br />

Il n'a jamais existé de prince qui se soit, mis en défaut<br />

en su i \ a n I 1rs luis et les i nst i I u t i «ans des anc i e ns ro î s.<br />

Lorsque 1rs saillis lion mies eurent épuisé foules les facultés<br />

de leurs yeux, ils transmirent à la postérité le<br />

compas, la ivide. le niveau et l'aplomb, pour foi"mer les<br />

o î > j e î s carrés, ronds, de ni v e a u e t d r ( à t s ; et c e s t n st r um*'n!s<br />

n'ont pas encore pu être rein placés par i'usage.<br />

Lorsqu'ils eurent épuise dans toute son éten<strong>du</strong>e leur faculté<br />

de I unie, ils transmirent à la postérité les six lia ou<br />

r èg î es de musique, c| 11 i r e c t i î i e n î 1 e s e i n q so ns ; et ces<br />

règles non! pas encore pu être remplacées par l'usage.<br />

L ( ? i 'sr| ifi ! s eurent e p u i se toute s I es f a e u 11 é s ci e leur i n t e H i -<br />

genre, tonus les inspirations de leur cœur, ils transmirent<br />

à la postérité le- frudsde leurs méditations en lui léguant<br />

un mode de gouvernement qui ne penne i pas de traiter<br />

cruellement les fini unies., et 11 ni m an île s'étendit sur tout<br />

l'empire.<br />

C est pourquoi il est dit : Si vous voulez construire un<br />

monument qui domine, vous devez en poser les fondations<br />

>nr une colline ou un plateau élevé; si vous voulez<br />

construire un édifice sans apparence, votu devez en poser<br />

les fondations sur un sol bas et humide, U. 1 long des rivières<br />

ci des étangs. Si en exerçant le gouvernement on<br />

Oïlr Ki


MENG-TSEU. 329<br />

ne suit pas la manière de gouverner des anciens rois,<br />

peut-on appeler cette con<strong>du</strong>ite conforme à la .sagesse et à<br />

la prudence!<br />

Ces! pourquoi il lïx a que l'homme humain et plein<br />

de l'uni passion pour les bon unes qui soit commablemeni<br />

place sur lu sifjiv, efeye de la puissance sou \ ci-aine. Si un<br />

homme iijJiuiiKirn et cruel se trome place sur le sie^o<br />

eleve de la puissante souveraine, e est un (Iran qui \erse<br />

foutes ses iniquités sur la multitude.<br />

Si le supérieur eu {e princ ne suit pa> la il roi le rétfle<br />

(le con<strong>du</strong>ite Sc soumettront a aumne subonlinafîoîl.<br />

Si a la eeur on ne iail aucun ras de la droite raison,<br />

si on ne eroif pas à ses. prescriptions; si les tintais? rat s<br />

n'ont aucun respect pour les institutions., n'y ajoutent aucune<br />

confiance; si le> hommes supérieurs se révoltent<br />

contre l'équité eu violant les lois, et les hommes vulgaires<br />

contre la j usure : e Vsi i ni heureux I tu sa ni lorsque, dans<br />

de telles circonstances, le royaume se coiisene sans périr.<br />

CTes! pourquoi il est dit : (V n'est pas nue calamité<br />

pour le royaume de ne pas avoir des \ illes complètement<br />

tortillées de murs intérieurs cl extérieurs, de ne pas avoir<br />

des cuirasses et des armes en imand nomhiv; ce n'es! pas<br />

une émise de ruine pour un empire que les champs et<br />

les campagnes éloignes des villes ne soient pas bien cultives,<br />

que les biens et les richesses ne soient puis accumules.<br />

Si le supérieur ou le prince ne se conforme pas ans<br />

rites, si les intérieurs nViudieut pas les principes de la<br />

raison, le [M-rinie perverti >e lèvera en insurrection, et, la<br />

ruine de l'empire sera imminente<br />

Le /ar/votebr^ dit l :<br />

n Le ejel es? sur le ï*SIIî de renverser la dynastie<br />

« i Ministres de celle dynastie, I ne perdez pas de<br />

« U>mp- ! „<br />

1 OaV Pan, S'rliuii f-e^e<br />

28.


330 MERg-TSBU.<br />

L'expression ne -perdez pas de temps est équivalente à<br />

celle de ne pas être négligents. Ne pas suivre les principes<br />

d eq u î t é < *f 11 e j i tsl i e< * clans le serv i ce d t1 pr i o ce ; n e pas<br />

observer les rites en acceptant ou en refusant une magistral<br />

11 re ; b 1 à i n e r v i ve î n ei 11 d ans ses d i scon rs les p r i n e i pes<br />

de eoiîdtiile des anciens empereurs : c'est comme si l'on<br />

était négligent et insouciant de la ruine de l'empire.<br />

(l'est pourquoi il est dit : Exhorter le prince à pratiquer<br />

des choses difficiles s'appelle acte de respect envers lui;<br />

lui proposer le bien à faire, l'empêcher de commettre le<br />

mal, s'appelle de vu tuant ail sincère» Mais dire ; Mon prince<br />

ne peut pas [exercer un gouverne nient lui main], cela s'appelle<br />

m 1er,<br />

2, MENG-TSI«X dit. : Le compas et la règle sont les instruments<br />

de* perfectionnement des choses carrées et<br />

i o n 1.1 e s ; le sa i n t homme est l'a e e o 111 p 1 i sse m e n t par fai t<br />

de? devoirs prescrits entre les hommes.<br />

Si, en exerçant les fonctions et les devoirs de souverain,<br />

vous vouiez remplir dans foute leur éten<strong>du</strong>e les devoirs<br />

<strong>du</strong> souverain; si, en exerçant les fonctions de mini<br />

sire, vous voulez remplir clans toute leur éten<strong>du</strong>e les<br />

devoirs de ministre : dans ees deux eas_, vous n'avez qu'à<br />

imiter la con<strong>du</strong>ite de } an et de Chun, et rien de pins, Ne<br />

pas servir son prince comme Chun servit Yao, ce n'est<br />

pa ? avoir <strong>du</strong> r e s pee I: p< > 1.11 • so n pr i nce ; ne pas go 11 ve r i \ er 1 e<br />

pe u p 1 e c * o 1111 n e 1 «o 11 • go 11 v e r 11 a » e 'es t o p p r i n le r 1 e peu p<br />

K u o i; N c; - TS K r disait : « 11 n'y a q n e d e ux g ra n des vo i es<br />

(( dans le monde : celle de Uni inanité et celle de Finlitt-<br />

« inanité; et voilà tout. »<br />

Si la tyrannie qu'un fui net* exerce sur son peuple est<br />

ex! ré me, a l ors sa pe rso n ne es t. m i se à J n or t e f son roy a u me<br />

est détruit f . Si sa tyrannie n'est pas poussée à L'extrême,<br />

-' i } a o k fu min eh in. I \ (• n rhinç lt a. kou r wa ri g, la même maxime<br />

o*t rq>ro


VENG-TSEU. 331<br />

alors sa personne est en danger, et son royaume est menacé<br />

d'être divisé. Le peuple donne à ces princes les surnoms<br />

û'kéèété (Yeou), de cruel (II) 1 . Quand même ces<br />

princes auraient des ils pleins de tendresse et de piété filiale<br />

pour eux, et des neveux pleins d'humanité, ces derniers,<br />

pendant cent générations, ne pourraient changer<br />

les noms flétrissants que leur a imposés la justice populaire.<br />

Le Livre de$ Vers* dit :<br />

€ L'exemple de la dynastie Yn n'est pas éloigné;<br />

ix II en est un autre <strong>du</strong> temps de la dynastie Hia, »<br />

Ce sont les deux rois [auxquels le peuple a donné des<br />

noms flétrissants] qui sont ici désignés.<br />

3. MiHS-TSiïi dit : Les fondateurs des trois dynasties<br />

obtinrent l'empire par l'humanité, leurs successeurs le<br />

perdirent par l'inhumanité et la tyrannie.<br />

Voilà les causes qui renversent et élèvent les empires,<br />

qui les conservent ou les font périr.<br />

Si le fils <strong>du</strong> Ciel est inhumain, il ne conserve point sa<br />

souveraineté sur les peuples situés entre les quatre mers.<br />

Si les rois et princes vassaux sont inhumains, ils ne conservent<br />

point l'appui des esprits de la terre et des fruits<br />

de la terre. Si les présidents <strong>du</strong> tribunal suprême et les<br />

autres grands fonctionnaires sont inhumains, ils ne conservent<br />

point les vénérables temples des ancêtres. Si les<br />

lettrés et les hommes <strong>du</strong> peuple sont inhumains, ils ne<br />

conservent pas intacts leurs quatre membres.<br />

Maintenant, si Ton a peur de la mort ou de la perte de<br />

quelques membres, et que l'on se plaise néanmoins dans<br />

l'inhumanité, n'agit-on pas comme si l'on détestait l'ivresse,<br />

et qu'en même temps on se livrât de toutes ses<br />

forces à la boisson?<br />

ê. HENG-TSEU dit : Si quelqu'un aime les hommes sans<br />

1 Comme Yeou-wang et Li-wang, deux rois de la dynastie des<br />

Tcheou, qui régnaient 878 cl 781 ans avant notre ère.<br />

* Ode Tchang, section Fs-ya.


332 MENG-TSÉU.<br />

en recevoir des marques d'affection, qu'il ne considère'<br />

que son humanité. Si quelqu'un gouverne les hommes<br />

sans que les hommes se laissent iaeilement gouverner par<br />

lui, qu'il ne considère que sa sagesse et sa prudence. SI<br />

quelqu'un traite les-hommes avec toute la politesse prescrite,<br />

sans être payé de retour, qu'il ne considère que l'accomplissement<br />

de son devoir.<br />

Lorsqu'on agit ainsi,, s'il arrive que l'on n'obtienne pas<br />

ce que l'on désire, dans tous les cas on ne doit en chercher<br />

la cause qu'en soi-même. Si sa con<strong>du</strong>ite est conforme<br />

aux principes de la droiture et de la raison, l'empire<br />

'rétourne de-lui-même à la soumission.<br />

Le Livre des Vers 1 dit :<br />

a Celui qui pense toujours à se conformer au mandat<br />

« <strong>du</strong> ciel<br />

ce Attire sur lui un grand nombre de félicités. x><br />

•5. MENG-TSEU dit : Les hommes ont une manière constante<br />

de parler [sans trop la comprendre]. Tous disent :<br />

l'empire, le royaume, la famille, La base de l'empire existe<br />

dans le royaume ; la base <strong>du</strong> royaume existe dans la famille<br />

; la base de la famille existe dans la personne.<br />

6* MENG-TSEU dit : Il n'est pas difficile d'exercer le gouvernement<br />

: il ne faut pas s'attirer de- ressentiments de la<br />

part des grandes maisons. Ce que ces grandes maisons désirent^<br />

un des royaumes [ qui constituent l'empire ] le désire<br />

aussi ; ce qu'un royaume désire, l'empire le désire aussi.<br />

C'est pourquoi les instructions et les préceptes de- vertus<br />

se répandront comme un torrent jusqu'aux quatre mers.<br />

7. MENG-TSEU dit : Lorsque la droite règle de la raison<br />

est suivie dans l'empire, la vertu des hommes inférieurs '<br />

sert la vertu des hommes supérieurs ; la sagesse des<br />

hommes inférieurs sert la sagesse des hommes supérieurs.<br />

Mais quand la droite règle de la raison n'est pas suivie<br />

dans l'empire, les petits • servent les grands, les faibles<br />

servent les forts [ce qui est contraire à la raison]. Ces<br />

1 Ode Wen-wang, section Ta-ya.


VEHG-TSBU. 333<br />

deux états de choses sont réglés par le ciel. Celui qui obéit<br />

au ciel est conservé ; celui qui lui résiste périt.<br />

King~koumg} prince de Thsi, a dit : e Lorsqu'un prince<br />

ne petit pas eoira naja fer aux autres : M. en outre, il ne<br />

va «t recevoir dYadres de personne, il se sépare par ce! a<br />

même des antres hommes. Apres avoir verse beaueoup<br />

de larmes, il t Ion ne sa fille en mariage au prince barbare<br />

<strong>du</strong> royaume de Ou. »<br />

Maintenant les petits royaumes imitent les an»aïs<br />

royaumes, et cependant ils rougissent d en recevoir des<br />

ordres et de Unir obéir. C'est coin me si ih i > diacîples<br />

rougissaient de recevoir des ordres


334 MKNG-T8EI'.<br />

Maintenant^ si Ton désire n'avoir aucun ennemi ou adversaire<br />

dans l'empire, et que Fon ne fasse pas usage de<br />

rhumanité [pour arriver à ce but], c'est comme si Fon<br />

voulait prendre un fer chaud avec la main, sans Favoir<br />

auparavant trempé dans leau.<br />

Le A/Vvv des Vers l dit :<br />

« tjut peu! prendre m* ci: la in ai» un 1er chaud<br />

« Sans lavoir auparavant trempé dans l'eau? »<br />

H, MKNC.-TSKï' dit : Peut-on s'entretenir et parler h» laniîatr<br />

e de la raison aver 1 es pri nees er11e 1 s et inhumains ? les<br />

dangers les plus menaçants sont pour eux des motifs de<br />

tranquillité, et. les calamités les plus désastre oses sont<br />

pour eux des sujets de profil ; ils se réjouissent de ee qui<br />

cause leur ruine. Si on pouvait s'eut retenir et parler te<br />

laneap- de la raison avec les princes inhumains et. cruels,<br />

y a « 11 -ai t - i 1 un a n s > i ^ r a n


miffr-âSltJ. 335<br />

c Ton s'est attirées soi-même. » Ces paroles disent exactement<br />

ce que je voulais exprimer.<br />

9. MENG-TSEU dit : Kit et Cheou perdirent l'empire,<br />

parce qu'ils perdirent leurs peuples ; ils perdirent leurs<br />

pc 11 p 1 es » | MI Y e e q il * 11 s pe r t ! i r e n t. hnir a!ÏV» c t i o.t i,<br />

Il y a nricj voie sûre d'obtenir i'tMnpîro : il faut obtenir<br />

le peuple»* et par cela même on obtient l'empire. Il y a<br />

une voie sûre d'obtenir ie peuple : il faut obtenir son cœur<br />

0 u so n attire t i o n, e t p ar et *. 1 a o i è 111 e < > 11 c 11.» I i t; 11 ! I e pc a i f > le . 1 !<br />

y a une voie sûre d obtenir le cœur <strong>du</strong> peuple : tù'Sl de<br />

1 u i don ne i • e e q u 'il désire* de lui fourni r c : e t.1 o n t il a tiesoiiij<br />

et de ne pas lui imposer ce qu'il déleste.<br />

Le pe o p 1 e se r e n d à iliiuii a n i t ê, i : o mm e 1* e a 11 e en île e n<br />

lias, c O i ï n 111 ! I es I >é tes te r oc i k s se r e t i r e 1.11 cl a rt s les lieux déserts.<br />

Ainsi, c'est la loutre qui lait rentrer les poissons dans<br />

le t o n cl de seaux , e t 1 e pe r v i e r q ni tait fuir i e s o i se a u \ 11 a ns<br />

I* épaisseur des forêts; ee sont les | mauvais rois| h te et<br />

7 ch eo u q u i t o n t. f u i r I e s | >e u p I e s dans ! e s b r ;. i S île Tel un gth<br />

cm g e t d e I i "o u-iv an g.<br />

Mai n tenant, si entre tons les princes de l'empire il s'en<br />

t POU v ai t un q u i e 11e i i t Y11111\ t a n i t e » a I < a s t o u s I e s roi s e f les<br />

princes vassaux [par leur tyran oie habituelle j forceraient<br />

leurs peuples à se réfugier M MIS sa protection. Quand<br />

même il voudrait ne pas régner en souverain sur tout I empire,<br />

il ne pourrait pas s en abstenir.<br />

De nos jours, ceux qui t lésinait régner en souverains<br />

sur t o ut F e 111 p i r e se > n t e o n u u e n 1111 o mm e q 11 î p e n ( la n t une<br />

maladie de sept ans cherche l'herbe, précieuse (ni) qui ne<br />

procure <strong>du</strong> soulagement qifaprès avoir été séchée pendant<br />

trois années. S'il ne s'occupe pas déjà de la cueillir,<br />

il ne pourra en recevoir <strong>du</strong> sonhigement avant la fin de<br />

sa vie, Si les princes ne s'appliquent pas de traite leur intelligence<br />

a la recherche et à la pratique de l'humanité,<br />

ils s'affligeront insqirà la lin de leur vie de la bond 4 de<br />

ne pas la pratiquer, pour tomber < ai lin dans la un al et<br />

l'oubli.


336 MEN6-TSEU.<br />

Le Livre des Vers l dit :<br />

ce Comment ces princes pourraient-ils devenir hommes'<br />

a de bieo ?<br />

ce Ils-se plongent mutuellement dans l'abîme, s<br />

CVst la pensée que j'ai taché d'exprimer ci-dessus,<br />

10. MKNU-TSKI dit : Il n'est pas possible de tenir des<br />

d i se o u rs r a i so n n ah l e s a v ee ce u x qui se \\ v re n î, cl ans I e u r s<br />

paroles, à toit le la fougue de leurs passions ; il n'est pas<br />

possible t l'agir en connuun , dans des a fia ires qui demandent<br />

1'a {) p i i e a I i o n 1 a f > î n s so 111 e n 11 c*, a v e e tl es 1 ion nu<br />

sans énergie qui s'abandonnent eux-mêmes. Blâmer les<br />

usages et l'équité dans .ses discours, c'est ee, que Ton appelle<br />

s'abandonner dans ses paroles à la fougue* de ses<br />

passions. Dire ; « la personne ne peut exercer l'huma-<br />

« nt le et suivre la justice, » cela s'appelle abandon do soimême.<br />

L'humanité, c'est la c l e i :t i e 11 r e t r a nq u i 11 e cl e 111 o i ni n e ;<br />

la justice, e'vsi la voie droite de F ho m me.<br />

Laisser -M demeure tranquille sans l'habiter, abandonne<br />

r si i v i > i e droite s« i n s 1 a s 11 i v i\ *, o 111 q ne e e 1 a est 1 a nie<br />

table !<br />

1 i. M E N < ; -TS i ; : r dit ; 1. a v o i e < I r o i t e est j >i *e s de vous,<br />

vo u s 1 a e h e i" e h e z a u 1 o i n 1 C 'e s I un e e 11 ose q 11 i est t î e e e 1<br />

qui sont faciles, et vous la. cherchez parmi celles qui son!<br />

d i f 1 î e i 1 c s ! Si c h a e u n a i m e se s j > en i e f n i è re e o i \ i nie o n cl<br />

I es a i 111 e i *, e t r e s p< *c I e ?>v> a î n es comme on d o i t les re spe<br />

ter, l'empire sera dans l'union et l'harmonie.<br />

i v 2. M e IN (ï-TSEI " dit : Si ceux q u i son t d ans n ne concl i t ion<br />

intérieure jà celle un prince-] n'obtiennent pas tonte la<br />

confiance de leur supérieur, le peuple ne pourra pas être<br />

go u v e r n é. i 1 y a u n e v « » i e s ù r e < I * o b t e n i r 1 a I a v e u r e t 1<br />

lîance <strong>du</strong> prince : si on n'est pas fidèle envers ses amis, on<br />

n'obheul pas la laveur el la confiance <strong>du</strong> prince. 11 vanne<br />

voie sure peur èire iidèie envers ses amis : si dans les de-<br />

1 0*1 c S a r)>) jrr,nt MvUott Ta-yi.<br />

~ LvtUlilv lus Illiiiioiiris. {CotiiiHeiUai t'€.)


VBNG-T8EU. 337<br />

?oIrs que Ton rend à ses père et mère on ne leur procure<br />

pas de joie, on n'est pas fidèle envers ses amis. Il y a une<br />

voie sûre pour procurer de la joie à ses père et mère : si,<br />

en taisant un refont' sur soi-même» on ne se trouve pas<br />

vra i, sî i îeè re, ex e 111 j >t < Je fe 1111 < > cl 11 e d éim i se m e u f, un i ie<br />

pro< ' 11 r t.' |) ; t s de j o i e à se s |) è r e et nie r e. 11 y a 11i i « 4 voie s n re<br />

de se rendre vrai, sincère, exempt de leîii!e ef de di^uisèment<br />

: si on ne sait pas discerner en quoi consiste réellement<br />

la vertu, on ne rend pas sa personne vraie, sincère,<br />

exempte» de feinte et de déguisement.<br />

C'est pourquoi ta vérité pure et sincère l est la voie <strong>du</strong><br />

e i e I ; n i ed i f e r s 11 r f a v e r i t é {>o tir la p r a t i q 11 e r est la \' oie ou<br />

le devoir de l'homme.<br />

Il n'y a jatriais eu d'homme qui, étant souverainement<br />

vrai, sincère, ne se soit concilié la confiance et la laveur<br />

des autres lion unes. Il n'y a jamais eu d'homme qui, n'étant<br />

pas vrai, si ne ère. ait. pu se concilier longtemps cette<br />

coniianec et. cette faveur,<br />

13. MtNG-TSiit dit : Lorsque IW, fuyant la tyrannie de<br />

Cheou (sin), habitait, les bords de la mer septentrionale, tl<br />

apprit l'élévation de Wrii-tcant/ (comme chef des grands<br />

vassaux des provinces occidentales de l'empire) ; et, se leva<br />

ni avec émotion, tl dit : Pourquoi n'irais-je pas me solira<br />

e t i re à lui V j'ai e n 1 e i id n < I i i v. q 11 e I e e 11 e t d e s ^ ra m f s v a s~<br />

saux de l'occident excellait dans la vertu d'entretenir les<br />

v t e i 11 rt r cl s. I., o rs < j 11 e 7 't r ï - ko un y, t u y a ï I I i a tyrannie d < *<br />

Cheou (.s///), habittnt les bords de la mer orientale, il apprit<br />

le I e va ! i o n de II- en-iran o \ e oi n i u e c h e I* de.-* g r an d s \ assaiîx<br />

des provincesoccidentalesde l'empire] ; et. se levant<br />

avec, é t n otioi t, 11 d i i : P o 11 vq u o i n'irai s-j e p a s 111 e se u 111 e t ! re<br />

à I u i ? j * ai enten<strong>du</strong> tl i r e que t e eh e ï d e s u r a 11t i s v a - s a u x. d e<br />

Foccident excellait dans la vertu denlrei-ej iir les v ai î lards.<br />

Ces deux vieillards étaient les vieillards les plus émi-<br />

1 Principe r;»liormH qui est vu i\**u>.. \r;.i \\>m< km! el pour lotis<br />

iiriiii ne trotuno jamais ; o'e.M le foudoui'-nt «!>"' la wk- crlesfe<br />

29


338 UNO-mie.<br />

nents de rempire ; et en se soumettant à Wm*wang, c'étaient<br />

les pères de rempire qui lui a¥aient fait leur soumission.<br />

Dès l'instant que les pères de l'empire s'étaient<br />

soumis, à quel autre se seraient clone ren<strong>du</strong>s leurs fils?<br />

Si parmi tous les princes feu data ires il s'en trouvait «e<br />

(j u i p ra t i q 11 à t. I e go u v « .T ne nie nt de Wen-wang, i 1 ar r i ve ra<br />

certainement que, dans l'espace de sept années» il parviendrait<br />

à gouverne 1 !* tout rempire.<br />

14. McNOTSEiulit : Lorsque Kieou 1 était intendant de<br />

la fan ï il le Aï. il ne pouvait prendre sur lui d'agir autrement<br />

que son maître, et il exigeait en tribut le double de<br />

millet qu'autrefois. KHûING-TSEU dit : « Kieou n'est plus<br />

« mon disciple ; mes jeunes gens [les autres disciples <strong>du</strong><br />

« Philosophe! devraient le poursuivre publiquement de<br />

« huées H <strong>du</strong> bruit des tambour s, »<br />

On doit inférer de là que si un prince ne pratique pas<br />

n ri go u v e r n e i w e n t h u mai n, e t q ue ses ni i n i si r es Te n ricîi î ssent<br />

en prélevant trop d'impôt?, ce prince et ses ministres<br />

sont réprouvés et rejetés par KIIOUNG-TSEU ; à plus forte<br />

raison repoussait-il ceux qui suscitent des guerres dans<br />

llntérêt seul de leur prince. Si on livre des combats pour<br />

gagner <strong>du</strong> territoire., les hommes tués couvriront les campagnes;<br />

si on livre des combats pour prendre une ville,<br />

les hommes tués rempliront la ville prise. C'est; ce que l'on<br />

appelle faire que la terre mange la chair des hommes. Ce<br />

crime n'est pas suffisamment racheté par la ni or t.<br />

C'est pourquoi ceux qui placent- toutes leurs vertus à<br />

faire la guerre devraient être rétribués de la peine lapins<br />

grave. €t m x qui f < ) m en I en t des 1 i gnes en tre les grands vassaux<br />

devraient subir la peine qui la suit immédiatement;<br />

et ceux qui imposent les corvées de cultiver et ele semer<br />

les terres aux laboureurs dont les champs sont dépouillés<br />

d'herbes stériles devraient subir îa peine qui vient après.<br />

'KH MENG-ïSEC dit : l»e tous les organes des sens qui<br />

sont à la disposition de 1"homme, il iven est pas de plus<br />

* Ian-kieouf disciple de KHQUNG-TSEU.


MlNG-TSllî. 339<br />

admirable que la pupille de l'œil. La pupille de Fœil ne<br />

peut cacher ou déguiser les vices que Fon a. Si l'intérieur<br />

de Fâme est droit, alors la pupille de Fœil brille d'un pur<br />

éclat; si L'intérieur de lame n'est pas droit, alors la pupille<br />

de L'œil est tenu» et obscurcie.<br />

Si vous écoutez attentivement les paroles d'un homme,<br />

si vou s c on s i dérez I a p u j > i 11 e de ses y e u \ * i • o m m e n t \ m u r ~<br />

rait-il se cacher à vous?<br />

16. MENG-TSEI- dit : Celui qui est alfaI.»le et bienveillant<br />

ne méprise pas les hommes; celui qui est modéré dans<br />

ses ex îgenees ne; d epoit i 11 e pas d e t o rr o les h oi n m es d e ce<br />

qulls possèdent. Les princes qui méprisent et dépouillent<br />

les hommes de ce qu'ils possèdent, et qui n'ont qu'une<br />

crainte» celle de ne pas être obéi*, comment pourraientils<br />

ê f re a p peî es afï abl ( i s e t i n o< 1 < ; r es d a i :t s 11 * 11 r s e x t ge 11 c es I<br />

L'affabilité et la modération pourraient-elles consister<br />

dans le son de la voix et l'expression liante <strong>du</strong> visage?<br />

17. (Ihun-yu-kiifruen i dit : N'est-il pas conforme aux<br />

rites q ne les hom 1i \ es elles f e t i 111 \ e s 11 e se d o n n e n t e t 11 e<br />

reçoivent réciproquement de leurs propres niai us aucun<br />

objet?<br />

MEISG-TSEU répondit : C'est conforme aux rites.<br />

— S i i a I e m n i c * cl e so 111V è r e e t a i f e 11 d a o ge r < 1 e se i ) oy e r,<br />

pourrait-on la secourir avec la main?<br />

— Ce serait L'art ion d'un loup de ne pas secourir la<br />

femme de son frère qui serait en danger de se noyer. Il<br />

est conforme aux rites que l'homme et la feu une ne se<br />

cl on tient e t ne reeo î v e n t r e r i pr< M p I e t I t en t de leurs propres<br />

mains aucun objet. L'action de secourir avec la main la<br />

f e m m e d e son frère e n d ai i ge r c î e s< :% . noyer est un e e x ce ption<br />

conforme à la raison.<br />

Maintenant je suppose que l'empire soit sur le point<br />

cl ' e t re si i bm e r gé [ o u d t • p< h • i r c î a 11 s 1 «. » s a gi t at î o n s < les t r o 11 -<br />

blés civils] : que penser <strong>du</strong> magistrat qui ne s'empresse<br />

pas de le secourir'*<br />

1 Certain sophiste <strong>du</strong> royaume ûv Thxi.


340 MING-T8EU.<br />

L'empire sur le point d'être submergé doit être secouru<br />

selon les règles de l'humanité et de la justice. La femme<br />

de son frère étant en danger de se noyer peut être secourue<br />

avec la main. Voudrièz-vous que je secourusse l'empire<br />

avec ma main?<br />

î iS. Kn u u{}- s liicf e/r fo u cl i t : P o 11 rq noî u n h oui me su férié<br />

or ïrinslruit-il pas lui-même ses enfants?<br />

MEXi-TSF.r dit : Parce qu'il ne peut pas employer les<br />

( • c » r n ' c t i o us. Ce 111 ï ( pii o 11 se i goe < 1 o ï t le t ai rc se i o 11 les r è<br />

11 e I a cl r o i t u r e. Si [ ï e 11 fa n I { n'agi t pas se 1 on les règles de<br />

la droiture, [le père] se lâche; s'il se lâche, il s'irrite;<br />

alors il blesse les sentiments de tendresse qu'un fils doit<br />

avoir pu tir son père. « Mon maître [cl il le lils en parlant<br />

« de sou pèrej devrait ni Instruire selon les règles de la<br />

« d r u i t u r e ; mais î 1 ne s'est j i i ma ï s g ui dé pa r les ri • gl e s<br />

a de eelte droiture. » Dans cet état de choses le père et<br />

le fils se blessent mutuellement. Si le père et le fils se<br />

bi esst ait m u t u e 11 e n i e ni, al or s il en résn 11 e u n gr a n d m al.<br />

Les anciens confiaient leurs fils à d'autres pour les instruire<br />

et faire leur é<strong>du</strong>cation.<br />

E n l r e ! c p r re e t ie fi I s, il n e c o n v i en t pas d ? u ser de correclions<br />

pour faire le bien. Si le père use de corrections<br />

pour porter son lîLs à faire le bien, alors l'un et l'autre sont<br />

l » i e 1111 Vf c I é s a n î s de cœ u r e t ci ' a fie c t ï o n s. Si u ne fo is î I s so n<br />

désunis de cœur et cl "a ii ce fions, il ne peut point leur arriver<br />

de malheurs plus grands.<br />

il). MEM,-TSB; dit : Parmi les devoirs que l'on rend à<br />

ceux qui sont au-dessus de soi *, quel est le plus grand!<br />

Ces t. e e i 11 î de servir se s p è r e e 1111 è r e q 11 î est 1 e p 1 u s g ranci.<br />

De tout ce que l'on conserve et protège dans le monde,<br />

q n'y a-1 - i 1 de plus important? C es! < i e se c o n se r ve r soirt<br />

i è i n e j d a 11 s la d i "o i t e v o i e j q u i est 1 e pi us i 111 p or t a n t. j a<br />

toujours enten<strong>du</strong> dire que ceux qui ne se laissaient pas<br />

égarer clans ie e heu un de la perdition pouvaient servir<br />

1 Ce soni les pères et in tires, !»•> personnes plus âgées, vi le<br />

prince.


mmi-imr* 341<br />

leurs parents;-mais je n'ai jamais enten<strong>du</strong> dire que ceux<br />

qui se laissaient égarer dans le chemin de la perdition<br />

pussent servir leurs parents.<br />

ijf.tet ès( relui qui est exempt de semr quelqu 'lit! | « ai.<br />

qui est exempt de devoir T? Les dcNoiis que I un doit a st^s<br />

parents forment lu base londainenUle de lotb l»-s devoirs.<br />

Quel est relui qui est exempt dSII de lut senir de la \iande et <strong>du</strong> vin à<br />

ses repas. Ouand on était sur le point d'enlever les mets,<br />

ii demandai! toujours à qui il poux ait en utlrir. S'information<br />

s'il v avait des mets de reste, il répondait toujours<br />

qu'il \ en avait.<br />

Apres la mort de T/t. mois, il ne diiuandaii pas a<br />

qui il pouvait en offrir, S'Informait on >ll y avait des mets<br />

de reste, il répondait qu'il n'y «ai avait pas. I! voulait les<br />

faire servir de nouveau ai ^>)\ p. Te a \ oila re que Ton appelle<br />

uottrrir ht honvh' rt h- /v?/y,s, et rien de plus. Si quelqu'un<br />

aidt comme ïhsrrt'j-**! it. on peu! dire de |m qu'il<br />

nourrit hi valant S, i intt>U iij* n r :r (qu'il ami* comenableinent<br />

envers ses parents!.<br />

I! esf permis de ser\ir ses parents eonune 'l hsùifj-twit.<br />

w 2H. MKMJ-TSè:»' dit : Tous \r< hommes ne -ont pas pro-<br />

iii.itratiou ii.*e sont pas sir-^eptables d être blâmes. Il n y a.<br />

fine les trrai u!s hommes qui j a lissent réprimer les vires <strong>du</strong><br />

rmrir des princes. Si le prince e-4 humain, rien dans son<br />

gouvernement n'est inhumain. Si le prince est juste, rien<br />

(hmsson gouvernement n'es! injuste. Si le prince est droit,<br />

rien dans son couver ne m» a ri qui ne sojj droit. I. ae lois (pie<br />

le prince se sera fait nu devoir d'avoir une con<strong>du</strong>ite constamment<br />

droite, le royatune sera tranquille el stable.<br />

29.


342 MïffG-TSEr.<br />

21. MBNG-TOEU dit : 11 y a des hommes qui sont loués<br />

contre toute attente ; il y a des hommes qui sont poursuivis<br />

de calomnies* lorsqu'ils ne recherchent que l'intégrité<br />

de la vertu.<br />

22. MENG-TSEI: dit: II va des hommes qui sont d'une<br />

grand e f ; te i I i 1: é d a n s I e 11 r s paro les, pa ree q uï I s n 'ont t ro u vé<br />

j w r so 11 n e po or I e s re p reti d r c i .<br />

23. MEN


MENG-TSEU. 343<br />

inanité, c'est de servir ses parents. Le fruit le plus précieux<br />

de l'équité, c'est de déférer aux avis de son frère<br />

aîné.<br />

Le fruit le plus précieux de la prudence ou de la sagesse,<br />

c'est de connaître ces deux choses et de ne pas s'en écarter.<br />

Le fruit le plus précieux de F urbain le est do remplir<br />

ces deux devoirs avec complaisance et délicatesse.<br />

Le fruit le plus précieux de la musique [qui pro<strong>du</strong>it la<br />

concorde et l'harmonie] est d'aimer ces deux choses. Si<br />

on les aime, elles naissent aussitôt. Une ibis nées, pro-<br />

(I u ites, c 01 mu e ri t. p ou r r a i t -on ré pr i m er les se 111 i i ne n t s<br />

q u 'e 11 e s t ri s p i r ci 11 ? N e p o u v a nt ré j J r î rn e r 1 es se ri 11 m en t s q ne<br />

c e s v e rtus ïnspi re n t, al or s. sa n s 1 e sa v o i r, i es p i eds 1 es manifestent<br />

par leurs mouvements cadencés, et les mains par<br />

leurs applaudissements.<br />

28. MENG-TSEU dit : H n'y avait, que Cinm qui pût voir,,<br />

sans plus d'orgueil que si c'eût été un brin d'herbe, un<br />

e i n pi re (1 es i rer arde mm e nt se so on i et i r e à sa d o 11 :t i n a t i o 11,<br />

et ce t e m p ire e t re pi e i n < le j o i e t1 e sa so u n i i ss i ou. P ou r lui,<br />

ne pas rendre heureux et coulent s ses parents, c'était ne<br />

pas être homme; ne pas leur obéir en tout, c'était ne pas<br />

être fils.<br />

Lorsque Chun eut accompli ses devoirs de tils envers<br />

ses parents, son père Kou-seuu parvint au comble de la<br />

j < >i e. L o r sq u e Ko u - seon 1111 | >a r ve ri u a 11 comble de I a j oi e,<br />

1 *ei 11 j J i re h 11 c on ve r l i à 1 a p i é t é 1 i l i a I e. Lorsq u e K on-semi lu t<br />

parvenu au comble de la joie, tous ceux qui dans l'empire<br />

elaient pères ou [ils virent leurs devoirs fixés. C'est ce que<br />

ïmi appelle la grande pieté liliale.


344 MENG-TSEU.<br />

CHAPITRE IL<br />

COMPOSÉ DE 33 ARTICLES.<br />

f.. MENG-TSEU dit : Chun naquit à Tchou-foung l } il passa<br />

à Fou-hia, et mourut à Ming-thiao; c'était un homme des<br />

provinces les plus éloignées de l'orient.<br />

Wen-wang naquit à KhiMchëou, et mourut à Pi-yng;<br />

c'était un homme des provinces les plus- éloignées de l'occident.<br />

La distance respective de ces deux régions est de plus<br />

de mille li [cent lieues] ; l'espace compris entre les deux<br />

époques [où naquirent ces deux grands rois] est de plus<br />

de mille aimées. Ils obtinrent tous deux d'accomplir leurs<br />

desseins dans le royaume <strong>du</strong> milieu avec la même facilité<br />

que se réunissent les deux parties des tablettes <strong>du</strong> sceau<br />

royal.<br />

Les principes de con<strong>du</strong>ite des premiers saints et des<br />

saints qui leur ont succédé sont les mêmes.<br />

2. Lorsque Tsçu-tchan présidait à l'administration <strong>du</strong><br />

royaume de Tching, il prit un homme sur son propre<br />

char pour lui faire traverser les rivières Tsin et Weï.<br />

MENG-TSEU dit : Il était obligeant et compatissant^ mais<br />

il ne savait pas bien administrer.<br />

Si chaque année, au onzième mois, les ponts qui servent<br />

aux piétons étaient construits; si au douzième mois<br />

les ponts qui servent aux chars étaient aussi construits,<br />

le peuple n'aurait pas besoin de se mettre en peine pour<br />

passer à gué les fleuves et les rivières.<br />

Si l'homme qui administre un Etat porte l'équité et la<br />

justice dans toutes les parties de son administration, il peut<br />

[sans qu'on l'en blâme] éloigner de lui la foule qui se<br />

1 Contrée déserte située sur les confins de l'empire chinois.


MEMG-ÎSEU. 345<br />

trouverait sur son passage. Comment pourrait-il faire<br />

passer l'eau à tous les hommes qu'il rencontrerait?<br />

C 'est po u rq u ( ) i c e 1 u î q 11 i a cl i :i 1 i ri i s f. re 11 o E f a t. s 1 i vo u I a i t<br />

procurer un tel plaisir à e ho que indivi<strong>du</strong> en particulier,<br />

1 e j o 11 r o e I u i si i fi î i *a i i pa s * »<br />

3. MENC-TSEI' s'ad ressaut à Siouan-ivang, roi de Thsi,<br />

lut dit : Si le prince regarde ses ministres e oui nie ses<br />

mai os et ses pieds, alors les ministres regarderont le<br />

prince comme leurs viscères et leur cœur; si le prince<br />

regarde s^s ministres comme les chiens ou les chevaux<br />

[de ses écuries], alors les ministres regarderont le prince<br />

e o 111 n i e n n 11 o i o i n e cl u v 111 en i r e ; si le pr i n e e r e ga rcl e ses<br />

ministres cou une 1* herbe qui! foule aux pieds, alors les<br />

ministres regarderont le prince connue un voleur cl: un<br />

ennemi.<br />

Le roi dit : On lit clans le Livre des Hit es : [ Un ministre<br />

qui abandonne le royaume qu'il gouvernait] porte<br />

[trois iiioisj mi hahil de deuil en mémoire <strong>du</strong> prince<br />

qu'il a servi. Comment un prince doit-il se con<strong>du</strong>ire<br />

pour qu'un ministre porte ainsi le deuil après l'avoir<br />

quitté!<br />

MENG-TSFX : répondit : Il exécute ses avis et ses conseils;<br />

il é c o 11 te se s re mo n t r a nce s ; il f a i t desce 11 cl r e se s<br />

bien lait s parmi le peuple. Si, par une cause quelconque,<br />

son ministre le quille,, alors le prince envoie des hommes<br />

pour l'escorter jusqu'au delà des frontières de son<br />

royaume ; en outre, il le précède j par ses bons offices] près<br />

<strong>du</strong> nouveau prince chez lequel i ancien ministre a Tinte<br />

n f i on fie se re n d r e. Si, a p rès so r i cl é pa r \? î i s ' e c o u 1 e I r o i s<br />

années sans qu'il revienne, alors il prend ses champs et<br />

sa n i a i s o i :i j j i ou r lui en cou se r v e r le s re v e i M I S j. C "est, là ce<br />

que l'on appelle avoir trois fois accompli les rites. S'il<br />

1 C'est par des mesures générales, qui sont utiles à tout le<br />

monde, el non par des bienfaits particuliers, qui ne peuvent profiter<br />

qu'à un très-petit nombre d'indivi<strong>du</strong>s, relativement à la masse <strong>du</strong><br />

peuple, qu'un homme d'État, un prince, doivent signaler leur bonne<br />

administration.


346 MENC-TSEU.<br />

agit ainsi, son ministre, à cause de lui, se revêtira de ses<br />

habits de deuil.<br />

MainU.*nant, si le prince n'exécute pas les avis et les<br />

conseils de son ministre; s'il n'écoute pas ses re<strong>mont</strong>ra<br />

n c es ; s ? i I n e fa i t pas cl esc e n d re ses b i e n fa ils parmi I e<br />

pe n pie; si, par un e ea use q 11 e le onq ne, soi i m i n i s t re venant<br />

à le quitter, il le maltraite et le retient par force<br />

auprès de lui ; qu'en outre il le ré<strong>du</strong>ise à la plus extrême<br />

misère dans le lieu où il s est retiré; si, le jour nié nie de<br />

so n (h '• pa ri, ï I se sa i s i t c 1 e ses t il a 111 ps e t de sa n i a i son : c "est<br />

là ce que l'un appelle aidr en voleur et en ennemi. Comment<br />

ce ministre (ainsi traité] porterait-il le deuil d'un<br />

vol car et i Flirt eitrianl?<br />

•I. Mi«Ni«~TSEr dit : Si., sans qu'ils se soient ren<strong>du</strong>s coupa!<br />

»! es de quelques cri nies, le prince met à mort les lettrés,<br />

ai ors les premiers lonotionnaires peuvent quitter le<br />

royaume. Su sans qu'il se soif ren<strong>du</strong> coupable de quelques<br />

cri un s, le prince opprime le peuple, alors les lettrés<br />

peuvent quitter le royaume.<br />

o. Moci-ïSKt; dit : Si le prince est. fui main, personne<br />

ne sera inhumain; si le prince est juste, personne ne sera<br />

injuste.<br />

G. MKNC-TSEU dit : Le grand lion une ne pratique pas<br />

une urbanité qui manque d'urbanité, ni une équité qui<br />

manque d'équité,<br />

7. MENG-TSEI: dit : Les hommes qui tiennent constamment<br />

le milieu nourrissent ceux qui ne le tiennent<br />

pas; les hommes de capacité et de talents nourrissent<br />

ceux qui n'en ont, pas. C'est pourquoi les 11 oui mes se<br />

réjouissent d'avoir un père et un frère, aîné doués de sagesse<br />

et. de vertu.<br />

Si les hommes qui tiennent constamment le ni i lieu<br />

abandonnent ceux qui ne le tiennent pas; si les hommes<br />

de capacité et de talents abandonnent ceux qui n'en ont<br />

pa s : a I o rs l a d i s t a n e e c n t re I e s; t ge e t F i use usé ne se r a p as<br />

de l'épaisseur d'un pouce [la différence entre eux ne sera<br />

pas grande].


MING-TSEU. 347<br />

8. MENG-TSID dit : II faut que les hommes sachent ce<br />

qu'ils ne doivent pas pratiquer^ pour pouvoir ensuite<br />

pratiquer ce qui convient.<br />

9. MENG-TSEU dit : Si l'on raconte les actions vicieuses<br />

des boni nies, coin ment taire pour éviter les chagrins que<br />

l'on se prépare?<br />

40. MEXJ-TSEC dit : TCBOCNG-M ne portait jamais les<br />

choses à l'excès.<br />

14. IMENG-TSEC dit : Le grand homme [ou L'homme<br />

d'une équité sans tache 1 ] ne s'impose pas l'obligation de<br />

dire la vérité dans ses paroles [il la dit naturellement] ; il<br />

ne se prescrit pas un résultat déterminé dans ses actions;<br />

il n'a en vue que l'équité et la justice.<br />

42. MENU-TSEC dit : ("lelui qui est un grand homme,<br />

c'est celui qui n'a pas per<strong>du</strong> l'innocence et la candeur de<br />

son en lance,<br />

13. MENG-TSEI; dit : Nourrir les vivants est une action<br />

qui ne peut pas être considérée comme une grande<br />

action; il n'y a que Tact ion de rendre des funérailles convenables<br />

aux morts qui puisse être eo ri sidérée comme<br />

grande.<br />

11. MENC-TSEC; dit : L'homme supérieur fait tous ses<br />

eflbr î s poi i r a v a n ce r da ri s la v e ri 1.t par < 1 i 11 < » l'en t s m o y e us;<br />

$e$ désirs les plus ardents sont d'arriver a possède!' dans<br />

son coeur cette vertu, ou cette raison naturelle qui en<br />

eo 11 s t i 111 e I a rt » g le. I • n e t o i s c pi 1 i la possè «: 1 e, a 1 ors î t s y<br />

attache fortement, il en fait pour ainsi dire sa demeure<br />

permanente; en ayant fait sa demeure permanente, il<br />

1 ' e x p i o re p ro fon déni e n t ; F a y a n t e \ p I o r é< *. j > r oh > i H le 111 e i ï t,<br />

alors il la recueille de tous côtés, et il dispose, do sa source<br />

al)o ïMJ an te. € * est po 11 r r j n oi t * ho m m e supérieur d é s i re a rdemment<br />

posséder dans son cteur cette raison naturelle<br />

si précieuse.<br />

15. ME.NG-TSI-X dit : L'homme supérieur donne à ses<br />

étndo la plus grande éten<strong>du</strong>e possible_. afin d'éclairer sa<br />

1 Commentaire,


348 MENG-TSEU.<br />

raison et d'expliquer clairement les choses; il a pour but<br />

de ramener sa pensée à plusieurs reprises-sur les mêmes<br />

objets pour les exposer sommairement et pour ainsi dire<br />

dans leur essence.<br />

16. MENG-TSIU dit : C'est par la vertu [c'est-à-dire par<br />

l'humanité et la justice f ] que Ton subjugue les hommes;<br />

mais il ne s'est encore trouvé personne qui ait pu les subjuguer<br />

ainsi. Si Ton nourrit les hommes des aliments de<br />

la vertu,'on pourra ensuite subjuguer l'empire. Il n'est<br />

encore arrivé à -personne de régner en souverain* si les<br />

cœurs des populations de l'empire ne lui ont pas été<br />

soumis.<br />

•17. MENG-TSEU dit: Les paroles que l'on prononce<br />

dans le monde n'ont véritablement rien de funeste en<br />

elles-mêmes; ce qu'elles peuvent avoir réellement de funeste,<br />

c'est d'obscurcir la vertu des sages et de les éloigner<br />

des emplois publics.<br />

18. Siu-tseu a dit : TCHOCNG-MI faisait souvent le plus<br />

grand éloge de l'eau, en s'écriant : « Que l'eau est admï-<br />

« rable ! que l'eau est admirable a ! s Quelle leçon voiilait-il<br />

tirer de l'eau?<br />

MENG-TSEU dit : L'eau qui s'échappe de sa source avec<br />

abondance ne cess'e de couler ni jour ni nuit. Elle remplit<br />

les canaux, les fossés ; ensuite, poursuivant sa course,<br />

elle parvient jusqu'aux quatre mers. L'eau qui sort de la<br />

source coule ainsi avec rapidité [jusqu'aux quatre mers].<br />

C'est pourquoi elle est prise pour sujet de comparaison.<br />

S'il n'y a pas de source, les pluies étant recueillies à la<br />

septième ou huitième lune, les canaux et les fossés des<br />

champs seront remplis; mais le passant pourra s'attendre<br />

à les voir bientôt desséchés. C'est pourquoi, lorsque le<br />

bruit et la renommée de son nom dépassent le mérite de<br />

ses actions, l'homme supérieur en rougit.<br />

1 Commentaire.<br />

f ' Â.ÇIOTCV p.èv u^wp.<br />

PlNDARE.


MENG-TSEU. 349<br />

• '19. lENfi-TSEU dit :.Ce en quoi les hommes diffèrent<br />

des bôtés brutes est une chose bien peu considérable * ;<br />

la foule vulgaire la perd bientôt; les hommes supérieurs<br />

la conservent soigneusement.<br />

Chun avait une grande pénétration pour- découvrir Sa<br />

raison des choses; il scrutait à fond les devoirs des<br />

hommes entre eux. Il agissait selon l'humanité et la jus- '<br />

tice, sans avoir*pour but de pratiquer l'humanité et la<br />

justice.<br />

20. MENG-TSEU dit : Yu détestait le vin recherché ; mais<br />

il aimait beaucoup les paroles qui inspiraient la vertu.<br />

[Tehing]-ikang tenait constamment le milieu; il établissait<br />

les sages [il leur donnait des magistratures], sans<br />

acception de lieu et de personne.<br />

Wen-wang considérait le peuple comme un blessé [qui<br />

a besoin de beaucoup de soin]; il s'attachait à contempler<br />

la droite voie comme s'il ne l'avait jamais vue.<br />

Wen-tvang ne méprisait point les hommes et les choses<br />

présentes; il n'oubliait pp les hommes et les choses<br />

éloignées 2 .<br />

7'câeou-koung pensait à réunir dans sa personne [en les<br />

imitant] les rois [les plus célèbres] des frois dynasties 3 , en<br />

pratiquant les quatre principales choses qu'ils avaient<br />

pratiquées. Si entre ces choses il s'en trouvait une qui ne<br />

convînt plus au temps où il vivait^ il y réfléchissait attentivement<br />

jour et nuit. Lorsqu'il avait été assez heureux<br />

pour trouver la raison de l'inconvenance et de l'inopportunité<br />

de cette chose> il s'asseyait pour attendre l'apparition<br />

<strong>du</strong> jour,<br />

21. MENG-TSEU dit : Les vestiges de ceux qui avaient<br />

exercé le pouvoir souverain ayant disparu, les vers qui les<br />

célébraient périrent. Les vers ayant péri, le livre intitulé<br />

1 C'est la raison naturelle. (Commentaire.)<br />

2 II y a dans le texte, les prochains et.les éloignés, sans substantifs<br />

qualifiés. Noos avons suivi l'interprétation de la Glose.<br />

3 lu, Tchang, Wen-(wang) et Wou-(wang). (Glose.)


350 MBKG-TSEU.<br />

le Printemps et l'Automne * fut composé [pour les remplacer].<br />

Le livre intitulé Ching [quadrige]* <strong>du</strong> royaume de<br />

Tçin; le livre intitulé Thao-wo, <strong>du</strong> royaume de Tkmu;<br />

le livre intitulé Tchm4h*ieou9 <strong>du</strong> royaume de Lou, ne<br />

font qu'un.<br />

Les actions qui sont célébrées dans ce dernier ouvrage<br />

sont celles de princes comme Hôuan, kong <strong>du</strong> royaume<br />

de Thsi; Wen, kong <strong>du</strong> royaume de Tçin. Le style qui y.<br />

est employé est historique. KUOUNG-TSEU disait [en parlant<br />

de .son ouvrage :] ce Les choses qui y sont rapportées<br />

ce m'ont paru équitables et justes; c'est ce qui me les a<br />

ci fait recueillir. »<br />

22. MENG-TSEU dit : Les bienfaits d'un sage qui a rempli<br />

des fonctions publiques s'évanouissent après cinq générations;<br />

les bienfaits d'un sage qui n'a pas rempli de<br />

fonctions publiques s'évanouissent également après cinq<br />

générations.<br />

Moi* je n'ai pas pu être un disciple de KHOUNG-TOEO;mais<br />

j'ai recueilli de mon mieux ses préceptes de vertu<br />

des hommes [qui ont été Ses disciples de Tseusse],<br />

• 23. MING-TSEU dit : Lorsqu'une chose paraît devoir être<br />

acceptée* et qu'après un plus mftr examen elle ne paraît<br />

pas devoir l'être* si on l'accepte* on blesse le sentiment de<br />

la convenance. Lorsqu'une chose paraît devoir être donnée*<br />

et qu'après un plus mûr examen elle ne paraît pas<br />

devoir l'être* si on la donne* on blesse le sentiment de la<br />

bienfaisance. Lorsque le temps paraît être venu où Ton<br />

peut mourir* et qu'après une réflexion plus mûre il ne<br />

paraît plus convenir de mourir, si l'on se donne la mort*<br />

on outrage l'élément de force et de vie que l'on possède.<br />

24. Lorsque Pheng-meng, apprenant de Y 2 à lancer<br />

1 Tchun-thmieo, compdsé par KHOUNG-TSEU ; il forme le cinquième<br />

des King. Aucune tra<strong>du</strong>ction n'en a encore été publiée en<br />

langue européenne.<br />

2 Prince do royaume de Yeou-khiottng.


IIENG-TSEU. - 351<br />

des flèches* eut épuisé toute sa science* il crut que Fêtait<br />

le seul dans l'empire qui le surpassait dans cet art* et il<br />

le tua.<br />

MKISG-TSKI- dit. : Ce Y était aussi un criminel. Kounymirtj.f~ï<br />

disait : « II paraît ne pas avoir été criminel ; »<br />

e'cst-à dire qu'il était moins criminel que l*heng-meng.<br />

Comment n'ai irait-il pas été criminel?<br />

Les liai lit a iits <strong>du</strong> royaume île le h in y ayant envoyé<br />

7 s e u - cho -jii u-î> e u po u r a 11 a q 11 e r le roy a u 111 e de II'cl. e e 11 x.<br />

cl e 11'e ï e n v o y è r c n t ) "w - hd un y-! ch i-sse peur 1 e po u r s u i v re.<br />

Tsait-cho-jnu-t.s''u dit : Aujourd'hui je ine trouve ruai ; je<br />

ne puis pas tenir mon are; je me meurs. Interrogeant<br />

ensuite celui qui con<strong>du</strong>isait son char, il lui demanda quel<br />

était l'homme qui le poursuivait. Son cocher lui répondit ;<br />

( \ \ \>t J a-hoiaiy-t ch i- s se ,<br />

— A l o r s j "a i la v i e sauve.<br />

Le cocher reprîî : Yu-kniMiy-tchi-sM est le plus habile<br />

archer <strong>du</strong> royaume de Hé/, Maître, pourquoi avez-vous<br />

dit cpie vous aviez la vie sauve?<br />

— Yit-krnoifj-tcfii-sw apprit l'art de tirer de l'arc de<br />

Y in-koimy-tchi-ta. }ln-k(ffing~(riii'f(t apprît de moi l'art<br />

de tirer de Tare. } iïi-kimmj-tchi^a est un homme à principes<br />

droits. Celui qu'il a pris pour ami est certainement<br />

aussi un homme à principes droits.<br />

I "u-ko innj-f ch i - s se la y a 111. atteint, lui dit : Muîti *c, pou rquoi<br />

ne te nez-vous pas votre arc en main?<br />

— Aujourd'hui je me trouve mal : je ne puis tenir mon<br />

are.<br />

— J'ai appris l'art de tirer de l'arc de î in-kounytch<br />

i-(n ; ) 'in- h fUtUf-(cfti-t(( apprit V a r t cl t • t i r e r d e l'a r c;<br />

de vous, nia lire. Je-, ne supporte pas l'idée «Je nie servir<br />

de Tari et des principes de mon maître 1 au préjudice <strong>du</strong><br />

sien. Quoiqu'il en stat ainsi, Ta liai re que j'ai à suivre aujourd'hui<br />

est celle de mon prince : je- n'ose» pas la négliger.<br />

Alors il prit ses liée h es, qu'il ficha sur la roue <strong>du</strong><br />

c 11 a r» e t;, 1 e i î r té r se t r o 11 v an t c 111 e v é. il en lança q ua t r c*, c » t<br />

s'en retourna.


352 MENG-TSEU.<br />

25. MBNG-TSEU dit. Si [la belle] Si-tseu s'était couverte<br />

d'or<strong>du</strong>res, alors tous. les hommes se seraient éloignés<br />

d'elle en se bouchant le nez.<br />

tjitutijts'uri homme ai! une %nre laide et dilionne, s'il<br />

se purifie el lien! son eeenr sans souillure, sll se fail souvent<br />

dv> ablutions, alors il pourra sacrifier au souverain<br />

suprême ir/tfm!i-trK<br />

2i ;, M KN r. - T s!•: r < 1 i t : L or sq n e d a n s l e n i oncle o n d is.sc>r t e<br />

sur ia nature rationnelle de l'homme, on ne doit parler<br />

que de ses effets. SIK Hfèts sont re qu'il y a de plus important<br />

a connaître.<br />


•oc<br />

v -] °P P~J" ,U \W!P ! on ^ li;> d^Hin JSSï ri a JI^ *>njd «ap non j,><br />

'ffiRyteilUJXa llUJlb | ! 0)tl! ,ISP,1|UO U m uif» aUUUOq }a;) : sip<br />

oiu af oaaaN .uunaaq ua 's.molufq }inqsîv,i j.H'qo j aie ie i'<br />

•juop o|ije|teu| \:\ ta of.oiaîssturrl U| %».Iït|i*M|> ,>p arthuau<br />

sud Hï u a[ anb oAîloJi af «1Uaria]ru u.aue\a |,ta se.ale îsa<br />

%:uiïiaup<br />

ap an faon u sud \y,u af is jepueuiup .au je ai u au MOU t<br />

lia n.rpuuasap IMMAIIOU ap siop aferfes euuuoq uu Sunnf<br />

-noj luiqsixa leiqoq aja u»j' |uop af.ueussoaa ef ja aji'ej<br />

-n,uj i!| : aqnrq.uy ap ne iaj* on!» o.iuaij al" auieui~H.au<br />

ans jnojuj ueaAuou un s.ude is t unauui| aja u? f ai;!»<br />

OAUojf al* auiatu-iouï ara: ,ine»}a,i ua fuq ,110AU saule i^<br />

;, s a. 1 AI ,i,i a s, » 11, o | u a 1 iu as a 111 seso q a ±*h) \ ne umun<br />

*qiiauia,j}ne : aqurq.ui p unbuuiu sed M.MJ ->f is oiuautupu<br />

rua sud te u «>!' i< ..lupuianup /au p> .auuui~eao m< /muay<br />

un e,trtq siop ,»|' ajrfiîs «HUiuoq ua Saiee . «Hifeftuq )a >-uu,i<br />

-aisso.nî aeAt; ajnrî} «au inh auuuoif un lai «ont h lus ,q*<br />

's.ajuuotj sa|) ujaed<br />

~sa«i SJttoiooi jsuseuuuoij sa| eja.idso! uih injua : s..>miM


354 MENG-TSIU.<br />

bête brute Y Pourquoi donc me tourmenterais-je à propos<br />

d'une bête brute ?<br />

C'est pour ce motif que le sage est toute sa vie intérieurement<br />

plein de sollicitudes [pour faire le bien], sans<br />

qu'une peine [ayant une cause extérieure ! ] f affecte pendant<br />

la <strong>du</strong>rée d*nri mal in.<br />

Quant aux sollicitudes intérieures, le sage en éprouve<br />

constamment. (Il se dit:] Chun était un homme, je suis<br />

aussi un homme ; Chun fut un exemple de vertus et de<br />

sagesse pour tout l'empire» et il put transmettre ses ins<br />

11 • 11 e f i o 11 s a 11 x ge né ru I i o n s fut u r e s ; n 10 î _, j e 11 ' a i pas encore<br />

cesse c Té Ire un homme de mon village [un homme<br />

v n I ga i r e !. ( le so ni là f >o u r 111 i d e v é i i t a i > 1 es n i o f i I s cl e p réoccu<br />

pat ions pénibles et: de chagrins ; il n'a y rail pins de sujets<br />

d affliction s'il était parYenu à ressembler à Chun»<br />

Q u a î 11.1 i u x pe i 11 e s < p i i o ni un e eau se e x I e r « e 11 r e, é t rai i ge re,<br />

le sage n'en éprouve pas. Il ne coin met pas d'actes contraires<br />

à l'humanité ; il ne commet pas d'actes contraires<br />

à 1 ' u r ba 11 i f é. Si u n e pe i n e a y a n t u ne c a use e x t é r i e u r e 1 ? affeetaîf<br />

pendant la <strong>du</strong>rée d'un matin, cela ne serait pas<br />

a I ors un e | ie i 11 e | >o u r le sa ge.<br />

20. Vu et Tsi étant entres dans l'Age de légalité dame<br />

[ < I ans cet a ge d e la r a i su 11 o î i Vo n a j > ri s d e l'e n i p ire su r ses<br />

passions et ses penchants 2 j, ils passèrent trois fois devant<br />

leur [Mnie sans y entrer [pour ne pas interrompre les soins<br />

c| u 11 s d on nai ei 11 à l* i 111 or et pu b ! i e j, K H oc x* G-TSE t; loua leur<br />

con<strong>du</strong>ite dans ces circonstances.<br />

Y an-1 se u ; \ dans Tàge des passions turbulentes, habitait<br />

une ruelle obscure et déserte, mangeait clans une<br />

énielle de roseaux, et buvait clans une courge. Les<br />

h o i î 11 n e s 11 * a u r a î e 111 pu s u j j por 11; i • se s p r i Y a t i on s e t ses t r i st<br />

esses. M a i s J'n ri-iS{'ti ne perd i ! pas su 11 a i r sere i n e t sa t î stait.<br />

lv 11 o r x e, -T S K r I o 11 a sa « - o n d u i t e d a n s i * e 11 e c i r c on st a n c e<br />

' i -Glose.<br />

* Ibid. •<br />

* Voyez ci-devanl, p. 131, art. 9.


MING-TSEU. 355<br />

MBHS-TSUJ dit: Yu, Tsi et • Yaii-hmi m con<strong>du</strong>isirent<br />

d'après les mêmes principes*<br />

in agissait comme s'il avait pensé que l'empire étant<br />

submergé par les grandes eaux, il avait lui-même causé<br />

cette submersion. Tsi agissait comme s'il avait pensé que<br />

l'empire épuisé par la famine, il avait lui-même causé<br />

cette iamine. C'est pourquoi ils éprouvaient une telle sollicitude.<br />

Si Yuf Tsi et. Yanrtxu s'étaient trouvés à la place l'un<br />

de l'autre, ils auraient agi de même.<br />

Maintenant je suppose que les personnes de ma maison<br />

se querellent ensemble, je m'empresserai de les séparer.<br />

Quoique leurs cheveux et les bandes de leurs bonnets<br />

soient épars de côté et d'autre, je devrai également m'empresser<br />

de les séparer.<br />

Si ce sont les hommes d'un même village ou <strong>du</strong> voisinage<br />

qui se querellent ensemble, ayant les cheveux et les<br />

bandelettes de leurs bonnets épars de côté et d'autre, je<br />

fermerai les yeux sans aller m'interposer entre eux pour<br />

les séparer. Je pourrais même fermer ma porte, sans me<br />

soucier de leurs différends.<br />

30. Koung-tou-lseu (disciple de MENd-TSEU) dit : Tout le<br />

monde dans le royaume prétend que Kh&uang-tekang n'a<br />

point de piété filiale. Maître, comme vous avez avec lui des<br />

relations fréquentes, que vous êtes avec lui sur un pied<br />

de politesse trèsrgrande, oserais-je vous demander pourquoi<br />

on a une telle opinion de lui ?<br />

MEHG-TSEU dit : Les vices que, selon les mœurs de notre<br />

siècle, on nomme défauts de piéié filiale sont au nombre<br />

de cinq. Laisser ses quatre membres s'engourdir dans<br />

l'oisiveté, au lieu de pourvoir à l'entretien de son père et<br />

de sa mère, est le premier défaut de piété filiale. Aimer<br />

à jouer aux échecs f , à boire <strong>du</strong> vin, au lieu de pourvoir<br />

à l'entretien de son père et de sa mère, est le second dé-<br />

1 Po4 ; on voit par là que ce jeu élaii déjà beaucoup en usage <strong>du</strong><br />

temps de MENG-TSEU.


356 MENG-TSEU,<br />

faut de piété filiale. Convoiter les richesses et le lucre, et<br />

se livrer avec excès à la passion de la volupté, au lieu de<br />

pourvoir à l'entretien de son père et-de sa mère, est le<br />

troisième défaut de piété filiale. S'abandonner entièrement<br />

aux plaisirs des veux et. des oreilles, en occasionnant à son<br />

|Ȕ i r! pas pour lui un devoir de<br />

réciprocité.<br />

fie de\o?r trc-xiiCii'lt 1 !* à la vertu esî dp règle entreégaux,<br />

et. amis; l'exhortation a la vetln entre le père cl le fils<br />

est une îles causes qui peuvent le pins altérer l'amitié.<br />

Pourquoi Tvhajfj-fvu ne désirerait-il pas que le mari<br />

et la feu ut le. la mère et le fils «Jeu le tirent ensemble<br />

[comme eV>t un devoir pour euxj? Parce qu'il a été coupable<br />

et n ers >oii t:. ; iv, il n'a pu demeurer près de lui : il<br />

a ivnvo\é sa lémme. chasse son fib. et il se trouve ainsi<br />

jusqu'à la lin de ,


HENG-TSEU. 357<br />

ceux qui étaient préposés à la garde de sa maison f ] : Ne<br />

logez personne dans ma maison^ afin que les plantes et les<br />

arbres .qui se trouvent dans f intérieur ne soient pas défruits;<br />

e i 1 « > i \se j u c î e 1 ir i gai :i cl se sera r e t i ré, al o rs r e f t1 e ttez<br />

e 11 oi •


358 MEfiG-TSKU.<br />

Tseuste se fussent trouvés à la place l'un de l'autre, ils.<br />

auraient agi de même.<br />

_ 32. IcAourtseu, magistrat <strong>du</strong> royaume de Thi9 dit: Le.<br />

roi a envoyé des hommes pour s'informer secrètement si<br />

vous différez véritablement, maître, des autres hommes.<br />

MENG-TSEU dit : Si je diffère des autres hommes ! Y m<br />

et Ckun eux-mêmes étaient de la même .nature que les<br />

autres hommes.<br />

. 33. [MENG-TSEU] dit : Un homme de Tàsi avait une<br />

femme légitime et une seconde femn^e qui habitaient<br />

toutes deux dans sa maison.<br />

i Toutes les fois que le mari sortait, il ne manquait jamais,<br />

de se gorger de vin et de viande avant de rentrer au.<br />

logis. Si sa femme légitime lui demandait qui étaient ceux<br />

qui lui avaient donné à boire et à manger, alors il lui répondait<br />

que c'étaient des hommes riches et nobles.<br />

Sa femme légitime s'adressant à la concubine* lui dit :<br />

Toutes les fois que le mari sort, il ne manque jamais de<br />

rentrer gorgé de vin et de viande. Si je lui demande<br />

quelles sont les personnes qui lui ont -donné à .boire et à<br />

manger, il me répond : Ce sont des hommes riches et<br />

nobles ; et cependant aucune personne illustre n'est encore<br />

venue ici. Je veux observer en secret où va le mari.<br />

. " Elle se leva de grand matin, et suivit secrètement son<br />

mari dans les lieux où il se rendait. Il traversa le<br />

royaume * sans que personne vînt l'accoster et lui parler.<br />

Enfin il se rendit dans le faubourg oriental, où, parmi<br />

les tombeaux, se trouvait un homme qui offrait le sacrifice<br />

des ancêtres, dont il mangea les restes sans se rassasier.<br />

Il alla encore ailleurs avec la même intention. C'était<br />

là sa méthode habituelle de satisfaire son appétit. •<br />

Sa femme légitime,, de retour à la maison, s'adressant<br />

à la concubine, lui dit : Notre mari était l'homme dans<br />

lequel nous avions placé toutes nos espérances pour le<br />

1 Quelques interprètes pensent qu'ici kouë, ro%maM> signifié<br />

ville.


MENG-TSEU. 359<br />

i<br />

reste de nos jours, et maintenant voici ce qu'il a fait. Elle<br />

raconta ensuite à la concubine ce qu'elle avait vu faire à<br />

son mari, et elles pleurèrent ensemble dans le milieu <strong>du</strong><br />

gynécée. Et le mari, ne sachant pas ce qui s'était passé,<br />

revint le visage tout joyeux <strong>du</strong> dehors se vanter de ses<br />

bonnes fortunes auprès de sa femme légitime et de sa •<br />

femme de second rang.<br />

Si le sage médite attentivement sur la con<strong>du</strong>ite de cet<br />

homme, il verra par quels moyens les hommes se livrent<br />

à la poursuite des richesses, des honneurs, <strong>du</strong> gain et de<br />

l'avancement, et combien ils sont peu nombreux ceux<br />

dont les femmes légitimes et de second rang ne rougissent<br />

pas et ne se désolent pas de leur con<strong>du</strong>ite.<br />

CHAPITRE III.<br />

COMPOSÉ DE 9 ARTICLES.<br />

1. Wm-tchang (disciple de MEHG-TSEU) fit une question<br />

en ces termes : « Lorsque Chun se rendait aux champs<br />

ce [pour les cultiver], il versait des larmes en implorant<br />

a le ciel miséricordieux. » Pourquoi implorait-il le-ciel en<br />

versant des larmes ?<br />

MENG-TSEU dit : Il se plaignait [de ne pas être aimé de<br />

ses parents], et II pensait aux moyens de l'être.<br />

Wen-tchang dit : Si son père et sa mère l'aimaient, il<br />

devait être satisfait, et ne pas oublier leur tendresse. Si<br />

son père et sa mère ne l'aimaient pas, il devait supporter<br />

ses chagrins sans se plaindre. S'ii en est ainsi, Chun se<br />

plaignait donc de ses parents?<br />

MENG-TSEU répliqua : Tchang-si, interrogeant Koungming-kao,<br />

dit : En ce qui concerne ces expressions :<br />

Lorsque Chun se rendait aux champs, j'ai enten<strong>du</strong> là*<br />

dessus vos explications ; quant à celles-ci, il versait des<br />

larmes en implorant le ciel miséricordieux, j'en ignore le<br />

sens.


360 AiENG-TSEU.<br />

Koung-ming-kao. $\l : Ce n'est pas une chose que vous<br />

puissiez comprendre. ,<br />

Xotmg^ming-kao (continua MÉNG-TSEU) pensait- que le<br />

cœur d'un fils pieux ne pouvait être ainsi exempt de cha-<br />

'grins. « Pendant que j'épuise mes forces [se disait-il] à<br />

a caJtiver les champs, je ne fais que remplir mes devoirs<br />

« de fils, et rien de plus. Si mon père et ma mère ne<br />

a m'aiment pas* y a-t-il de ma faute ? »<br />

L'empereur ( Yao) hu envoya ses fils-, neuf jeunes gens<br />

vigoureux, et ses deux tilles, et il ordonna à un grand<br />

nombre de magistrats ainsi que d'officiers publics de se<br />

rendre près de Chun avec des approvisionnements de<br />

bœufs, de moutons et de grains pour son'service. Les<br />

lettrés de l'empire en très-grand nombre se rendirent<br />

près de lui.<br />

L'empereur voulut en faire son ministre et lui transmettre<br />

l'empire. Ne recevant aucune marque de déférence<br />

[ou de soumission au bien] de ses père et mère5<br />

il était comme un homme privé de tout, qui ne sait où<br />

se réfugier. •<br />

Causer de la joi^et de la satisfaction aux hommes dont<br />

l'intelligence est la plus'éclairée dans l'empire, c'est ce<br />

que l'on désire le plus vivement, et cependant cela ne suffisait<br />

pas pour dissiper les chagrins [de Chun], L'amour<br />

d'une jeune et belle femme est ce que les hommes désirent<br />

ardemment; Chun reçut pour femmes les deux filles<br />

de l'empereur, et cependant cela ne suffisait pas pour dissiper<br />

ses chagrins. Les richesses sont aussi ce que les<br />

hommes désirent vivement; en fait de richesses, il eut<br />

l'empire en possession, et cependant cela ne suffisait pas<br />

pour dissiper ses chagrins. Les honneurs sont ce que les<br />

hommes désirent ardemment ; en fait d'honneurs, il fut revêtu<br />

de la dignité de fils <strong>du</strong> Ciel [ou d'empereur], et cependant<br />

cela ne suffisait pas pour dissiper ses chagrins. Le<br />

sentiment de causer de la satisfaction et de la joie aux<br />

hommes de l'empire dont l'intelligencaest la plus éclairée,<br />

l'amour de jeunes et belles femmes, les richesses et les


MEKG-TSEU. 30!<br />

honneurs, ne suffisaient pas pour dissiper les chagrins de<br />

fliun. Il n'y avait que la déférence de s«'.s père ef mère a<br />

ses bons conseils qui aurait pu dissiper ses chauvins.<br />

L'homme, lorsqu'il est jtaïue, chérit son père et sa<br />

mère. Quand il seul naître en lui h* sentiment de l'amour,<br />

alors il aime une jeune et belle adolescente; quand iî a<br />

une femme et des enfants, alors il aime sa terni ne et ses<br />

entants; quand il occupe un emploi publie, alors il aime<br />

le pliure. Si plans ce dernier easj il n'obtient pas la laveur<br />

<strong>du</strong> prince, alors il en rumine une vive inquiétude,<br />

Celui qui a une grande pieté î il ta le aime jusqu'à son<br />

dernier jour son père et sa mère. Jusqu'à cinquante ans.<br />

chérir [son père et sa mèrej es! un sentiment de pieté<br />

filiale que j'ai observé dans le grand (Juin,<br />

w<br />

2. Il L'ïx-tvhafHj continua ses ques!ions ;<br />

Le Livre des Vers l dit :<br />

» Quand un homme veut prendre une femme, que<br />

< doit-il l'aire?<br />

**<br />

Personne ne pouvait pratiquer plus tidèlemenl ces paroles<br />

que fit un. C/tntt rependant ne consulta pas ses parents<br />

avant de se marier. Pourquoi cela?<br />

Mï'\


362 MENG-TSEU,<br />

marier; maintenant comment se fit-il que l'empereur»ne<br />

consulta pas également les parents de Chun- avant de lui<br />

donner ses deux filles en mariage?<br />

MENG-TSEU dit : L'empereur savait aussi que, s'il les<br />

avait consultés, il n'aurait pas obtenu leur consentement<br />

au mariage.<br />

Wên-êchang poursuivit : Le père et la mère de Chun lui<br />

ayant ordonné de construire une grange à blé, après avoir<br />

enjevé les échelles, Kou-seou [son père] y mit le feu. Ils lui<br />

ordonnèrent ensuite de creuser un puits, d'où il ne se<br />

fat pas plus tôt échappé [par une ouverture latérale qu'il<br />

s'était ménagée *], qu'ils le comblèrent.<br />

Siang 2 dit : ce C'est moi qui ai suggéré le dessein '<br />

ci d'engloutir le prince de la résidence impériale (Chun);<br />

« j'en réclame tout le mérite. Ses bœufs et ses moutons<br />

a appartiennent à mon père et à ma mère; ses granges<br />


MENG-TSEU! 303<br />

Autrefois des poissons vivants furent offerts en don à<br />

Tseu-tchan, <strong>du</strong> royaume de Tching. Tseu-tchan ordonna<br />

que les gardiens <strong>du</strong> vivier les entretinssent dans l'eau<br />

<strong>du</strong> lac. Mais les gardiens <strong>du</strong> vivier les tirent cuire pour<br />

les manger. Etant venus rendre compte de l'ordre qui<br />

avait été donne,» ils dirent : Quand nous avons commencé<br />

à olettre ces poissons en liberté, ils étaient engourdis<br />

et immobiles; peu à peu ils se sont ranimés et,<br />

ont repris de l'agilité; en tin ils se. sont échappés avec<br />

beaucoup de joie. Tsau-tvhnn dit : Us ont obtenu leur<br />

destination! ils ont obtenu leur destination !<br />

Lorsque les gardiens dit \ivier furent partis, ils se dirent<br />

entre eux : Qui donc disait que Tsvu-tchnn eUtit un<br />

homme pénétrant? Après que nous avons en fait cuire<br />

et mangé ses poissons, il dit : Ils ont obtenu leur destination<br />

î ils ont obtenu leur destination ï Ainsi donc le sage<br />

petit être trompé clans les choses vrai semblables; il peut<br />

être difficilement trompé dans les choses invraisemblables<br />

ou qui ne sont pas conformes à. la raison. Slang<br />

étant venu près de Cltun avec tontes les apparences d'un<br />

vif sentiment de tendresse pour son frère aîné, ceïtij-ei<br />

y ajouta une entière confiance et s'en réjouit « Pourquoi<br />

aurait-il eu de la dissimulation?<br />

«I. ]\'t'n-f(:h(ui(j lit cette nouvelle question : Simuj ne<br />

pensait chaque jour qu'aux moyens de faire mourir (.Itun.<br />

Lorsque '7//m fut établi tîis dtt Ciel jou empereur!, il<br />

l'exila loin de lui; pourquoi cela?<br />

Moo-ïSEr dit. : Il et» lit un prince vassal. Quelquesuns<br />

dirent qu'il l'avait exilé loin de lui.<br />

Wen-lrhamj dit : fhnn exila le président des travaux<br />

publies (A'ou1?(j-koug) à 1 eeu-fcheou ; il relégua Houanfenn<br />

à 'J'sonny-chfVï ; il lit périr ile roi des! Sun-tnian à<br />

Nan-iPcï ; il déporta Kouan a Yn-clum. Ces quatre personnages<br />

étant châtiés, tout l'empire se soumît, en voyant<br />

les méchants punis. Siang était un homme Irès-mécbant.<br />

fie la plus grande inhumanité; pour qu'il fut établi prince<br />

vassal de la ferre de Venu-pi. il fallait que les hommes


364 MENG-TSEU.<br />

de Yeou-pi fussent eux-mêmes bien criminels. L'homme<br />

qui serait véritablement humain agirait-il ainsi! En ce<br />

qui concerne les autres personnages [coupables], Chun<br />

les punit; en ce qui concerne son frère, il le fit prince<br />

vassal !<br />

MENG-TSEU répondit : L'homme' humain ne garde<br />

point de ressentiments envers son frère ; il ne nourrit<br />

point de haine contre lui. Il l'aime, le chérit comme un<br />

frère, et voilà tout.<br />

Par cela môme qu'il l'aime, il désire qu'il soit élevé<br />

aux honneurs ] par cela même qu'il le chérit, il désire<br />

qu'il ait des richesses. Chun, en établissant son frère<br />

prince vassal des Yeou-pi, réleva aux honneurs et l'enrichit.<br />

Si pendant qu'il était empereur son frère cadet fut<br />

resté homme privé, aurait-on pu dire qu'il l'avait aimé<br />

et chéri?,<br />

— Oserais-je me permettre de vous faire encore une<br />

question? dit Wen-tchang. ce Quelques-uns dirent qu'il<br />

« l'avait exilé loin de lui. » Que signifient ces paroles ?<br />

MENG-TSEU dit : Siang ne pouvait pas posséder la puissance<br />

souveraine dans son royaume. Le tiis <strong>du</strong> Ciel [l'empereur]<br />

fit administrer ce royaume par un délégué, et<br />

c'est de celui-ci dont il exigeait les tributs. C'est pourquoi<br />

on dit. que son frère [ainsi privé d'autorité] avait été<br />

exilé. Comment Siatig aurait-il pu opprimer le peuple<br />

de ce royaume [dont il n'était que le prince nominal] ?<br />

Quoique les choses fussent ainsi, Chun désirait le voir<br />

souvent ; c'est pourquoi Siang allait le voir à chaque "<br />

instant. Chun n'attendait pas l'époque où l'on apportait<br />

les tributs, ni celle où l'on 'rendait compte des affaires<br />

administratives, pour recevoir le prince vassal des Yenupi..<br />

Voilà ce que signifient les paroles que vous avez<br />

citées.<br />

4. Hian-khieou-meng (disciple de MENG-TSEU) lui fit<br />

une question en ces termes : Un ancien proverbe dit :<br />

« Les lettrés [quelque] éminents et doués de vertus qu'ils<br />

« soient, ne peuvent pas faire d'un prince un sujet, et


MENG-TSEU. 365<br />

« d'un père un fils [en attribuant Sa supériorité au seul<br />

mérite';, M dépendant, lorsque (litta Si..' fettat 1 la face<br />

tournée \er> le midi p'Vsl-à-dh'e présidait solennelletiH'iïI<br />

a l'administration de l'empire), )V/o, à la tète des<br />

princes va>siti\, la Irir tournée veille nord, lui rendait.<br />

bomma^e : Are ^o//, aussi la bae tournée \ers le nord,<br />

lui rendait nommage, ('htm, en \oyunl MIII père A er-<br />

Kr////% laissait paraître sur s«»n \ is.tp' l'embarras < j t T i 1<br />

épromait. KHOI N Je ut» sais si ers paroles<br />

Mini \eritables.<br />

MI:N


366 MENG-TSEU.<br />

ce Si vous parcourez l'empire,<br />

« Vous ne trouverez aucun lieu qui ne soit le terrice<br />

toire de l'empereur ;<br />

« Si vous suivez les rivages de la terre, vous ne trouce<br />

verez aucun- homme qui ne soit le sujet de Tempête<br />

reur. n<br />

Mais, dès l'instant que Chun fut empereur, permettezmoi<br />

de vous demander comment Kou-seou [son père]<br />

ne fut pas son sujet.<br />

MENG-TSEU dit : Ces vers ne disent pas ce que vous<br />

pensez qu'ils disent. Des hommes qui consacraient leurs<br />

labeurs au service <strong>du</strong> souverain, et qui ne pouvaient<br />

pas s'occuper des-soins nécessaires à l'entretien de leur<br />

pète et de leur mère, [les ont composés]. C'est comme<br />

s'ils avaient dit : Dans ce que nous faisons, rien n'est<br />

étranger au service <strong>du</strong> souverain; mais nous seuls, qui<br />

possédons des talents éminents, nous travaillons pour<br />

lui [ ; cela est injuste].<br />

C'est pourquoi ceux qui expliquent les vers ne doivent<br />

pas, en s'attachant à un seul caractère, altérer le<br />

sens de la phrase, ni, en s'attachant trop étroitement à<br />

une seule phrase, altérer le sens général de la composition.<br />

Si la pensée <strong>du</strong> lecteur [ou de'celui qui explique<br />

les vers] va au-devant de l'intention <strong>du</strong> poète, alors on<br />

saisit le véritable sens. Si Ton ne s'attache qu'à une seule<br />

phrase, celle de l'ode qui commence par ces mots :<br />

Que la voie lactée $ étend loin dans l'espace ! , et qui est ainsi<br />

conçue 2 : Des débris de la population aux cheveux noirs<br />

de Tcheou3 il ne reste pas un enfant vivant, signiierait, en<br />

la prenant à la lettre, qu'il n'existe plus un seul indivi<strong>du</strong><br />

dans l'empire de Tcheou !<br />

S'il est question <strong>du</strong> plus haut degré de la piété filiale,<br />

rien n'est aussi élevé que d'honorer ses parents. S'il est<br />

question de la plus grande marque d'honneur que l'on<br />

1 Ode Yun-han, section Ta-ya.<br />

2 C'est Li-wang qui est ici désigné. (Glose.)


MENG-TSEU. 361<br />

puisse témoigner à ses patents, rien n'est comparable à<br />

l'entretien qu'on leur procure sur les revenus de l'État.<br />

Comme [Kouseou] était le père <strong>du</strong> fils <strong>du</strong> Ciel» le combler<br />

d'honneurs était pour ce dernier la plus haute expression<br />

de sa piété filiale ; et comme il l'entretint avec<br />

les revenus de l'empire, il lui donna la plus grande<br />

marque d'honneur qu'il pouvait lui donner.<br />

Le Livre des Vers ! dit :<br />

ce II pensait constamment à avoir de la piété filiale,<br />

« Et par sa piété filiale il fut un exemple à tous. »<br />

Voilà ce que j'ai voulu dire..<br />

On lit dans le Chou-king * ;-<br />

« Toutes les fois que Chun .visitait son père Kou-seom<br />

« pour lui rendre ses devoirs, il éprouvait un sentiment<br />

« de respect et de crainte. Ems^mQU aussi déférait à ses<br />

« conseils. » Cela confirme [ce qui a été dit précédent<br />

ment] que l'on ne peut pas faire d'un père un fils.<br />

5. Wen-ichang dit: Ést-il vrai que l'empereur Ya&<br />

donna l'empire à Chun?<br />

MENG-TSEU dit : Aucunement. Le • fils <strong>du</strong> Ciel ne peut<br />

donner ou conférer l'empire à aucun homme.<br />

Wen-fchang dit : Je l'accorde; mais alors Chun ayant<br />

possédé l'empire, qui le lui donna?<br />

MENG-TSEU dit : Le ciel le lui donna.<br />

Wen-tehang continua : Si c'est le ciel qui le lui donna,<br />

lui conféra-t-il son mandat par des paroles claires et<br />

distinctes?<br />

MENG-TSEU répliqua: Aucunement. Le ciel ne parle<br />

pas; il fait connaître sa volonté par les actions ainsi que<br />

par les hauts faits [d'un homme]; et voilà tout.<br />

WemAchang ajouta : Comment fait-il connaître sa volonté<br />

par les actions et les hauts faits [d'un homme]?<br />

MENG-TSEU dit : ^e fils <strong>du</strong> Ciel peut seulement proposer<br />

on homme au cieF; il oe peut pas ordonner que le ciel<br />

1 Ode Hia-wou, section Ts-ya.<br />

s Chapitre Ta-pi-mo, p. 52, des Livres mères de l'Orimi*


368 MENG-TSEU.<br />

lui donne Fempire. Les vassaux de Fempire peuvent proposer<br />

un homme au fils <strong>du</strong> Ciel; ils ne peuvent pas ordonner<br />

que le fils <strong>du</strong> Ciel lui confère la dignité de prince<br />

vassal. Le premier fonctionnaire [ta-fou] d'une ville peut<br />

proposer un homme au prince vassal; il ne peut pas ordonner<br />

que le prince vassal lui confère la dignité de<br />

premier magistrat.<br />

Autrefois Yao proposa Chun ' au ciel, et le ciel l'accepta;<br />

il le <strong>mont</strong>ra au peuple couvert de gloire, et le<br />

peuple l'accepta. C'est pourquoi je disais : « Le ciel ne<br />

ce parle pas ; il fait connaître sa volonté par les actions<br />

ce et les hauts faits d'un homme; et voilà tout. »<br />

Wen-tehang dit: Permettez-moi une nouvelle question.<br />

Qu'entendez-vous par ces mots : // le proposa au<br />

ciel, et le ciel f accepta; il le <strong>mont</strong>ra au peuple couvert de<br />

gloire, et le peuple l'accepta f<br />

MENG-TSEU dit : Il lui ordonna de présider aux cérémonies<br />

des sacrifices, et tous les esprits l eurent ses sarcrifices<br />

pour agréables : voilà l'acceptation <strong>du</strong> ciel. Il lui<br />

ordonna de présider- à l'administration des affaires publiques,<br />

et les affaires publiques étant par lui bien administrées,<br />

toutes les familles de l'empire furent tranquilles<br />

et satisfaites : voilà l'acceptation <strong>du</strong> peuple. Le ciel lui<br />

donna l'empire, et le peuple aussi le lui donna. C'est<br />

pourquoi je disais : Le fils <strong>du</strong> Ciel ne peut pas à lui seul<br />

donner fempire à un homme.<br />

Chun aida Yao dans l'administration de Fempire pendant<br />

vingt-huit ans. Ce ne fut pas le résultat de la puissance<br />

de l'homme, mais <strong>du</strong> ciel.<br />

Yao étant mort, et le deuil de trois ans achevé, Chun<br />

se sépara <strong>du</strong> fils de Yao, et se retira dans la partie méridionale<br />

<strong>du</strong> fleuve méridional [pour lui laisser l'empire].<br />

Mais les grands vassaux de l'empire, qui venaient au<br />

printemps et en automne jurer foi et hommage, ne se<br />

1 Pe-chin, littéralement, les cent esprits; ce sont les esprits <strong>du</strong><br />

rie!, «le la terre, des <strong>mont</strong>agnes et des fleuves. (Glose.)


MENG-TSEU. 369<br />

rendaient pas près <strong>du</strong> fils de Yao, mais près de Ckun.<br />

Ceux qui portaient des 'accusations ou qui avaient des<br />

procès à vider ne se présentaient pas au fils de YQQ, mais<br />

à Chun. Les poètes qui louaient les hauts faits dans leurs<br />

vers, et qui les chantaient, ne célébraient point et ne<br />

chantaient point le fils de Yao, mais ils célébraient et<br />

chantaient les exploits de Ckun. C'est pourquoi j'ai dit<br />

que c'était ie réêuliat de la puissance <strong>du</strong> ciel. Après cela,<br />

Ckun revint dans le royaume <strong>du</strong> milieu *, et <strong>mont</strong>a sur<br />

le trône <strong>du</strong> fils <strong>du</strong> Ciel. Si, ayant continué d'habiter le<br />

palais de Yao9 il avait opprimé jet contraint son fils, c'eût<br />

été usurper l'empire et non té'recevoir <strong>du</strong> ciel. - '<br />

Le Taï-tchi 2 dit : « Le ciel voit; mais il voit par [les<br />

« yeux de] mon peuple. Le ciel entend; mais il entend<br />

« par [les oreilles de] mon peuple. » C'est là ce que j'ai<br />

voulu dire.<br />

15. Wen-tchang fit une autre question en ces termes :<br />

Les hommes disent : Ce ne fut que jusqu'à Yu [que l'intérêt<br />

public fut,préféré par les souverains à l'intérêt<br />

privé] ; ensuite, la vertu s'étant affaiblie, l'empire ne fut<br />

plus transmis au plus sage, mais il fut transmis au fils.<br />

Cela n'est-il pas vrai?<br />

MENG-TSEU dit : Aucunement; cela n'est pas ainsi. Si<br />

le ciel donne l'empire au sage, alors [l'empereur] le lui<br />

donne; si le ciel le donne au fils, alors [l'empereur] le<br />

lui donne.<br />

Autrefois Ckun proposa Yu au ciel [en le faisant son<br />

ministre]. A la dix-septième année -de son administration,<br />

Ckun mourut. Les trois années de deuil étant écoulées,<br />

Yu se sépara <strong>du</strong> fils de Chun9 et se retira dans la<br />

contrée de Yang-tching. Les populations de Fempire le<br />

suivirent, comme, après la mort de YOD, elles n'avaient<br />

pas suivi son fils, mais Ckun,<br />

1 Tchoung-kouë. c'est-à-dire le royaume suzerain qui se trouvait<br />

placé au milieu de tous les autres royaumes feudatairos qui formaient<br />

avec lui l'empire chinois.<br />

* Un des chapitres <strong>du</strong> 'Chou-king, p. 84, lieu cité.


370 MENG-TSEU.<br />

Yu proposa Y au ciel [en le faisant son ministre]. A<br />

la septième année de son administration, Yu mourut.<br />

Les trois années de deuil étant écoulées, ) se sépara <strong>du</strong><br />

fils de )'*/, el se retira dans la partit 1 septentrionale <strong>du</strong><br />

<strong>mont</strong> Ki-rftart, Ceux qui an printemps et en automne<br />

venaient a la cour porter leurs hommages, qui accusaient<br />

quelqu'un ou avaient des procès à vider, ne se rendirent<br />

pas près de F, tuais ils se présentèrent à A/o (fils<br />

de Ji/Î. en disant: (l'esi le (ils de notre prince. Les<br />

poètes qui louent les hauts faiis dans leurs vers, et qui<br />

les chantent, ne célébrèrent et ne chantèrent pas } , maïs<br />

ils chantèrent A hi en disant : (Test le fils de notre prince K<br />

Thnri-trhttu (fils de Y tirs p.x>h'>. s |U ï sa !i«i I a 111»( >U I, j»« HJF a llt>i dilV, } ln»is Influes <strong>du</strong> vital<br />

}»"j»ulairr M»IH f


MENG-TSEU. 371<br />

rente, c'est le ciel; qe qui arrive sans qu'on Fait fait<br />

venir, c'est la destinée *.<br />

Pour qu'un simple et obscur particulier arrive à posséder<br />

l'empire, il doit, par ses qualités et ses vertus,<br />

ressembler à Yuo et à Chun, et en outre il doit se trou^<br />

ver un fils <strong>du</strong> Ciel [ou empereur] qui le propose à l'acceptation<br />

<strong>du</strong> peuple. C'est pour cela [c'est-à-dire parce<br />

qu'il ne fut pas proposé à l'acceptation <strong>du</strong> peuple par un<br />

empereur], que TCHOUNG-NI [OU IHOUNG TSEU] ne devint<br />

pas empereur [quoique ses vertus égalassent celles de<br />

Yno et de Chun].<br />

Pour que celui qui, par droit de succession ou par<br />

droit héréditaire, possède l'empire soit rejeté par le<br />

ciel, il faut qu'il ressemble aux tyrans Kie et Cheou.<br />

C'est pourquoi F-y. ; n et Tcheou-koung ne possédèrent pas<br />

l'empire.<br />

Y-y in, en aidant Thang, le fit régner sur tout l'empire.<br />

Thang étant mort, Thaï-ting [son fils aîné] n'avaitpas<br />

été [avant de mourir/ aussi] constitué son héritier,<br />

et Nyaï-ping n'était âgé que de deux ans, Tchoung-jin<br />

que de quatre. Thaï-fa'a [fils .de Thaï-ting] ayant renversé<br />

et foulé aux pieds les institutions et les lois de<br />

Thang, Y-yin le relégua dans le palais nommé Thoung a<br />

pendant trois années. Comme Thaï-kia9 se repentant de<br />

ses fautes passées, les avait prises en aversion et s'en<br />

était corrigé; comme il avait cultivé, dans le palais de<br />

Thoung, pendant trois ans,, les sentiments d'humanité,,<br />

et qu'il était passé à des sentiments d'équité et de justice<br />

en écoutant avec docilité les instructions de Y-yin,<br />

ce dernier le fit revenir à la ville de Po9 sa capitale.<br />

Tcheourkoung n'eut pas la possession de l'empire par<br />

les mêmes motifs qui en privèrent Y sous la dynastie<br />

Hia9 et Y-gin sous celle des Chang.<br />

KHOUNG-TSEU disait : « Thang [ Yao] et Yu [Chun] trans-<br />

1 Ming, ordre donné et reçu, mandat.<br />

^ J Où était élevé le monument funéraire do roi son père.


372 MEKG-TSEU.<br />

ce férèrent l'empire, [à leurs ministres]; les empereurs<br />

ce des dynasties Hia9 Heou-yin [ou second Ckang] et<br />

« Teheou le transmirent à leurs descendants; les uns<br />

« et les autres se con<strong>du</strong>isirent par le même principe<br />

ce d'équité et de justice. »<br />

7. Wen-tchang fit une question en ces termes : On dit<br />

que ce fut par son habileté à préparer et à découper les<br />

viandes que Y-gin parvint à obtenir la faveur de Thon g;<br />

cela est-il vrai ?<br />

MENG-TSEU répondit : Aucunement; il n'en est pas<br />

ainsi. Lorsque Y-gin s'occupait <strong>du</strong> labourage dans les<br />

champs <strong>du</strong> royaume de Yeou-sin, et qu'il faisait ses délices<br />

de l'étude des institutions de Yao et de Chun, si<br />

les principes d'équité et de justice [que ces empereurs<br />

avaient répan<strong>du</strong>s] n'avaient pas régné alors, si leurs<br />

institutions fondées sur la raison n'avaient pas été établies,<br />

quand même on l'aurait ren<strong>du</strong> maître de l'empire,<br />

il aurait dédaigné cette dignité; quand'même -on aurait<br />

mis" à sa disposition mille quadriges de chevaux attelés,<br />

il n'aurait pas daigné les regarder. Si les principes d'équité<br />

et de justice répan<strong>du</strong>s par Yao et Chun n'avaient<br />

pas régné alors, si leurs institutions fondées sur la raison<br />

n'avaient pas été établies, il n'aurait pas donné un<br />

fétu aux hommes, et il n'aurait pas reçu un fétu d'eux.<br />

Thang ayant envoyé des exprès avec des pièces de<br />

soie afin de l'engager à venir à sa cour, il répondit avec<br />

un air de satisfaction, mais de désintéressement : A quel<br />

usage emploierais-je les pièces de soie que -J%mg m'offre<br />

pour m'engager à aller à sa cour? Y a^fl pour moi<br />

quelque chose de préférable à vivre au-'milieu des<br />

champs et à faire mes délices des institutions de Yao et<br />

de Chun?<br />

Thang envoya trois fois des exprès pour l'engager à<br />

venir à sa cour. Après le départ des derniers envoyés,<br />

il fut touché de cette insistance, et, changeant de résolution,<br />

il dit : « Au lieu de passer ma vie au milieu des<br />

champs, et de faire mon unique plaisir de l'étude des


«N6-TSEU. 373<br />

institutions si sages de Yao et de Chun, ne vaut-il pus<br />

mieux pour moi de faire en sorte que ce prince soit un<br />

prince semblable à ces deux grands empereurs? Ne<br />

vaut-il fias mieux pour moi <strong>du</strong> faire un sorte que ce<br />

peuple Ique je serai appelé a administrer! ressemble au<br />

peuple de Vao uî de iluinY Ne vaut-il pas mieux que je<br />

voie moi-même par mes propres yeux ces institutions<br />

pratiquées par le prince et par le peuple? Lorsque le<br />

eiel [poursuivit Y-yii*] lit naître ee peuple, il voulu! que<br />

ceux qui lus premiers connaîtraient lus principes <strong>du</strong>s<br />

actions ou <strong>du</strong>s devoirs muraux instruisissent uutix qui<br />

devaient les apprendre d'eux: il voulut qui'ceux qui lus<br />

premiers auraient rinlellip-nee des lois sociales la communiquassent,<br />

à ceux qui devaient ne l'acquérir qu'ensuite.<br />

Moi, je suis <strong>du</strong>s hommes de tout l'empire celui qui<br />

le. premier ait cette intelligence. Je veux, en me servant<br />

des doctrines sociales de Vao et de fûkui, communiquer<br />

l'intelligence <strong>du</strong> ces doctrines à ce peuple qui les ignore.<br />

Si je ne lui un donne pas l'intelligence, qui la lui donne<br />

ru?<br />

Il pensait que si parmi tus populations de l'empire il<br />

su trouvait un simple homme ou une simple funutiu qui<br />

ne comprit pas tous lus avantages des institutions de<br />

)'ao et de (jifuïh c'était cou mu* s'il l'avait précipité luimême<br />

dans le milieu d'une fosse ouverte sons sus pas,<br />

(l'est ainsi qu'il entendait su charger <strong>du</strong> fardeau de l'empire,<br />

(l'est pourquoi en se rendant près de ï'hnny il lui<br />

parla de manière à le déterminer a combattre le dernier<br />

roi ;ui) pivs <strong>du</strong> priiieo s*.us \%- |uvl»'\!«-


374 MENG-TSEU.<br />

tions des saints hommes ne se ressemblent pas toutes.<br />

Les uns se retirent à l'écart et dans la retraite > les autres<br />

se pro<strong>du</strong>isent et se rapprochent <strong>du</strong> pouvoir; les uns<br />

s'exilent <strong>du</strong> royaume, les autres y restent. Ils ont tous<br />

pour lui! de se rendre purs, exempts de toute souillure,<br />

et rien de plus.<br />

J'ai toujours enten<strong>du</strong> dire que Y-y in avait été ree lierelié<br />

par Tlmny pour sa grande connaissance des doctrines<br />

de Yao et de (*hun; je n'ai jamais enten<strong>du</strong> dire<br />

que ce lut par son habileté dans l'art de cuire et de<br />

découper les viandes.<br />

Le Y-liiun 1 dit : a Le ciel ayant décidé sa ruine.<br />

« TliaiHj commença par combattre Kie dans le Palais des<br />

« pasteurs * 2 ; moi. j'ai commencé à Po :i . »<br />

8. \Yij)i-t


MENG-TSEU. 375<br />

selon les rites ou les convenances; il ne les quittait que<br />

selon les convenances. Qu'il les obtînt ou qu'il ne les<br />

obtînt pas; il disait : Il y a une destinée. Mais s'il avait<br />

logé chez un homme qui guérissait les ulcères et chez<br />

IVt unique T$i-honn. il ne se serait conformé ni à Injustice<br />

ni à la destinée.<br />

Knoi N


376 MENG-lSEy.<br />

hommes <strong>du</strong> royaume de Thsin ayant., avec des présents<br />

composés de pierres précieuses de la région Tchouï-ki,<br />

et de coursiers nourris dans la contrée .nommée Kiouëy<br />

demandé au roi de Fn'de leur permettre dépasser par<br />

son royaume pour aller attaquer celui de Kouè, Koungtchi<br />

en détourna le roi ; l'e-ti-hi ne fit aucune re<strong>mont</strong>rance.<br />

Sachant que le prince de- Yu [dont il était ministre]<br />

ne pouvait pas suivre les bons conseils qu'il lui donnerait<br />

dans cette occasion, il quitta son royaume pour passer<br />

dans celui de Thsin. Il était alors âgé de soixante et<br />

dix ans. S'il n'avait pas su, à cette époque avancée de<br />

sa vie, que de rechercher la faveur de Mou-koung en<br />

menant paître des bœufs était une action honteuse,<br />

aurait-il pu être nommé doué de sagesse et de pénétration?<br />

Comme les re<strong>mont</strong>rances [au. roi de Yu] ne<br />

pouvaient être suivies, il ne fit pas de.re<strong>mont</strong>rances;<br />

peut-il pour cela être appelé un homme imprudent?<br />

Sachant que le prince de Yu était près de sa perte, il<br />

le quitta le premier; il ne peut pas pour cela être appelé<br />

imprudent.<br />

En ces circonstances il fut promu dans le royaume de<br />

Thsin Sachant que Mou-kouny pourrait agir de concert<br />

avec lui, il lui prêta son assistance; peut-on l'appeler<br />

pour cela imprudent? En étant ministre <strong>du</strong> royaume de<br />

Thsiny il rendit son prince illustre dans tout l'empire,<br />

et sa renommée a pu être transmise aux générations qui<br />

Font suivi. S'il n'avait pas été un sage, aurait-il pu obtenir<br />

ces résultats? Se vendre pour rendre son prince accompli<br />

est une action que les hommes les plus grossiers <strong>du</strong> village,<br />

qui s'aiment et se respectent, ne feraient pas; et celui<br />

que l'on nomme un sage l'aurait faite !


MKNG-TSEU. 377<br />

CHAPITRE IV.<br />

COMPOSÉ DR 9 ARTICLES.<br />

I. MENG-TSEU dit : Les yeux de Pè-i ne regardaient<br />

point les formes ou les objets qui portaient au mal; ses<br />

oreilles n'entendaient point les sons qui portaient au<br />

mal. Si son prince n'était pas digne de l'être *, il ne le<br />

servait pas; si le peuple [qu'on lui confiait] n'était pas<br />

digne d'être gouverné, il ne le gouvernait pas. Quand<br />

les lois avaient leur cours, alors il acceptait des fonctions<br />

publiques; quand l'anarchie régnait, alors il se retirait<br />

dans la solitude. Là où une administration perverse<br />

s'exerçait, là où un peuple pervers habitait, il ne pouvait<br />

pas supporter de demeurer. Il pensait, en habitant avec<br />

les hommes des villages, que c'était comme s'il se fut<br />

assis dans la boue ou sur de noirs charbons avec sa robe<br />

de cour et son bonnet de cérémonies.<br />

A l'époque <strong>du</strong> tyran Cheou-(sin), il habitait sur les<br />

bords de la mer septentrionale, en attendant la purification<br />

de l'empire. C'est pourquoi ceux qui par la suite<br />

ont enten<strong>du</strong> parler des mœurs de Pe-i, s'ils étaient ignorants<br />

et stupides, sont [par son exemple] devenus judicieux<br />

; et, s'ils étaient d'un caractère faible, ont acquis<br />

une intelligence ferme et persévérante.<br />

Y-y in disait : Qui servirez-vous, si ce n'est le prince?<br />

Qui gouvernerez-vous, si ce n'est le peuple?<br />

Quand les lois avaient leur cours, il acceptait des fonctions<br />

publiques; quand l'anarchie régnait, il acceptait<br />

également des fonctions publiques.<br />

Il disait 2 : « Lorsque le ciel fit naître ce peuple, il<br />

voulut que ceux qui les premiers connaîtraient les prin-<br />

1 Voyez livre 1 er , chap. ni.<br />

* Voyez le chapitre précédent, % 7.<br />

3.2.


378 MENG-TSIU.<br />

cipes des actions, ou les devoirs sociaux, instruisissent<br />

ceux qui devaient les apprendre d'eux; il voulut que<br />

ceux qui les premiers auraient l'intelligence des lois<br />

sociales la communiquassent à ceux qui devaient ne<br />

l'acquérir qu'ensuite. Moi, je suis des hommes de tout<br />

TelïIpire eeiui qui le premier ai cette intelligence. Je<br />

veux, en me servant des doctrines sociales de Yno et de<br />

(liun, communiquer l'intelligence de ces doctrines à ce<br />

peuple qui tes ignore. »<br />

Il pensait que. sî parmi les populations de f empire il<br />

si' trouvait un seul 1 ion une ou one seule femme qui ne<br />

comprit pas tons les avantages des institutions de Y cm et<br />

fie (liiuï, c'était comme sll les avait précipités lui-même<br />

dans une fosse ouverte sous leurs pas. C'est ainsi qu'il<br />

entendait se charger <strong>du</strong> fardeau de tVinpîre.<br />

Lh-uu-hui-hav'i ne rougissait pas de servir un prince<br />

vil, il ne repoussait pas une petite magistrature. Sll<br />

entrait en place. î! ne retenait pas les sages dans l'obscurité,<br />

et il se faisait tin devoir de suivre toujours la<br />

droite voie. S'il était négligé, délaissé, il n'en conservait<br />

point de ressentiment; sll se trouvait jeté dans te lie soin<br />

et la misère, il ne se plaignait point, ne s'en affligeait<br />

point. Sll lui arrivait d'habiter parmi les lion nues <strong>du</strong><br />

village, ayant toujours Pair satisfait, il ne voulait pas les<br />

quitter pour aller demeurer ailleurs. Il disait : Vous,<br />

agissez comme vous l'entendez; moi, j'agis comme je<br />

l'entends l . Quand même, les bras mis et le corps sans<br />

vêtements, vous viendriez vous asseoir à rues cotés,<br />

comment pourriez-vous nie souiller ?<br />

(Test pourquoi ceux qui par la suite ont enten<strong>du</strong><br />

parler des ineenrsde Lieon-hia-hoeï. s'ils étaient pusillanimes,<br />

sont |_par son exemple] devenus pleins de courage<br />

; et s'ils étaient froids et insensibles, ils sont devenus<br />

aimants et affectueux.<br />

% Eulk weïeulk, ngo weïngo; littéralement! vous, pour vous ; moi,<br />

pour moi.


MENG-TSEU. 379<br />

IHOUNG-TSEU, voulant quitter le royaume de Th*i,<br />

prit dans sa main une poignée de riz passé dans l'eau,<br />

et se mit en route. Lorsqu'il voulut quitter le royaume<br />

de Zon, il dit : « Je m'éloigne lentement. » C'est le devoir<br />

de celui qui s'éloigne <strong>du</strong> royaume de son père et de<br />

sa mère *. Quand il fallait se hâter, se hâter; quand il<br />

fallait s'éloigner lentement, s'éloigner lentement ; quand<br />

il fallait mener une vie privée, mener une vie privée;<br />

quand il fallait occuper un emploi public, occuper un<br />

emploi public : voilà IHOUNG-TSEU.<br />

MENG-TSEU dit : Pe-i fut le plus pur des saints; Y-yin<br />

en fut le plus patient-et le plus résigné; £ieou-hia-hoèi<br />

en fut le plus accommodant; et KBOUNG-TSIU fut de tous<br />

celui qui sut le mieux se conformer aux circonstances<br />

[en réunissant .en lui toutes les qualités des précédents<br />

2 ].<br />

KHOITNG-TSEU peut être appelé le grand ensemble de<br />

tous les sons musicaux [qui concourent à former l'harmonie].<br />

Dans le grand ensemble de tous les sons musicaux,<br />

les instruments d'airain pro<strong>du</strong>isent les sons, et les<br />

instruments de pierres précieuses les mettent en harmonie.<br />

Les sons pro<strong>du</strong>its par les instruments d'airain<br />

commencent le concert ; Faccord que leur donnent les<br />

instruments de pierres précieuses termine ce concert.<br />

Commencer le concert est l'œuvre d'un homme sage;terminer<br />

le concert est l'œuvre d'un saint, ou d'un<br />

homme parfait.<br />

Si on compare la prudence à quelque autre qualité,<br />

c'est à l'habileté; si on compare la sainteté à quelque<br />

.autre qualité, c'est à la force [qui fait atteindre au but<br />

proposé]. Comme l'homme qui lance une flèche à cent<br />

pas, s'il dépasse ce but, il est fort; s'il ne fait que l'atteindre,<br />

il n'est pas fort.<br />

* KHOUNG-TSEU iîaqoii dans îe royaume do lou ; c'était le royaume<br />

de §on père et de sa mère. (Glose,)<br />

5 Glose.


380 MENG-TSEU.<br />

2. Pe-koung-ki l fiiune question en ces termes : Comment<br />

îa maison de Teheou ordonna-t-elle les dignités et<br />

Ses salaires ?<br />

MENG-TSEU dit : Je n ? ai pas pu apprendre ces choses<br />

en détail. Les princes vassaux ffiii avaient en haine et*<br />

qui nuisail a leurs intérêts et à leurs penchants ont de<br />

concert fait disparaître les règlements écrifsdc cette failli<br />

Ile. Mais cependant, moi K no, jVn ai appris le soin maire.<br />

Le litre de Thitm-fMu » fils <strong>du</strong> Ciel " 2 [ou empereurj,<br />

constituait une dignité: le titre de Ktnuig, une antre;<br />

celui de IIvuu, une autre: celui de /V, une autre; celui<br />

fie Tst'fi on A«n, une antre : en tout, pour le même ordre,<br />

cinq degrés ou dignités :| .<br />

! Il^nmi' de Il'tat de U'r'i.<br />

2 • ('«'lui «jui pour pore a le untj , prinr,- -hfnu', n\mte |»e , martfuis H baron \tseu ci<br />

m:e< : mais m .supposant qu'autrefois ils rtI• *111 j111 avoir quelques rapp«>ris<br />

d'analogie jsour !s idées qu'il - représentaient, ils n'eu a m'aient<br />

|» 1 u> et ! i « * t i i ï de s IUS j'Hirs. \'*iti-i rnnmmnt les définit la Glose chinoise<br />

C]U«' lions aouis viu.s h"- veux :<br />

1° lionmj, r.-hji d.ust It-s. fondions consistaient à. se dévoiler came<br />

plétwimnl au bail publie, sans :i\*»ir ainum i';f;ii'i| ;i MI|I intérêt prive;<br />

: >n //ni», relui ilnnl 1rs f, »i,r! j, OH é|a î «ai t tlf \ e! lie!' a 11 \ ,1 lia IIV S il 11<br />

dehors, et i j 111 en même temps était prince ;<br />

o° i'e, relui qnt a\att des pouvoirs stifîi>ants pour formol" l'é<strong>du</strong>calion<br />

»!rs ct!o\cits Trhujdj jin. :<br />

i" Ts


MENG-TSEU, 38 i<br />

Le titre de prince (ktun) constituait une dignité d'un<br />

atitre ordre; celui de président des ministères (king),<br />

une autre ; celui de premier administrateur civil d'une<br />

ville (ta-fou), une autre; celui de lettré de premier rang<br />

(chang-sse), une autre; celui de lettré de second rang<br />

(tchoung-sse), une autre; celui de lettré de troisième<br />

rang (A/&-$&), une autFe : en tout, pour le môme-ordre,<br />

six degrés.-<br />

Le domaine constitué <strong>du</strong> fils <strong>du</strong> Ciel * était un territoire<br />

carré de mille li d'éten<strong>du</strong>e sur chaque côté 2 ; les<br />

Koung et les Heou avaient chacun un domaine de cent<br />

li d'éten<strong>du</strong>e en tous sens; les Pe en avaient un de<br />

soixante et dix li ; les Tseu et les IS'an, de cinquante li :<br />

en tout, quatre classes. Celui qui ne possédait pas cinquante<br />

li de territoire ne pénétrait pas [de son propre<br />

droit 3 ] jusqu'au fils <strong>du</strong> Ciel. Ceux qui dépendaient des<br />

Heou de tous rangs étaient nommés Fou-young ou'vas-<br />

^ saux.<br />

Le domaine territorial que les King9 ou présidents des<br />

ministères, recevaient de l'empereur était équivalent à<br />

celui des Heou ; celui que recevaient les Ta-fou, commandants<br />

des villes, équivalait à celui des l'e ; celui que<br />

recevaient les Youan-sse (ou Càang-sse), lettrés de premier<br />

rang, équivalait à celui des Tseu et des Nan.<br />

Dans les royaumes des grands dont le territoire avait<br />

cent li d'éten<strong>du</strong>e en tous sens 4 , le prince [ou le .chef,<br />

Koung et Heou] avait dix fois autant de revenus que les<br />

King, ou présidents des ministères ; les présidents des<br />

ministères, quatre fois autant que les Ta-fou, ou premiers<br />

administrateurs des villes ; les premiers adminis-<br />

1 Les revenus se percevaient sur les terres ; c'est pourquoi on dit<br />

\e domaine ou \e territoire {thi),<br />

2 « Par le mot fang (carré), dit îa Glose, il veut dire que les quatre<br />

côtés de ce territoire, à l'orient, à l'occident, au midi et au nord,<br />

avaient chacun d'éten<strong>du</strong>e, en droite ligne, mille II, ou 100 lieues. »<br />

§ Glote.<br />

4 « Royaumes des Koung et des Heou. » (Glose.)


383 MENG-TSEU.<br />

trateurs des villes,, deux fois autant que les Cïuxng-sse,<br />

ou lettrés de premier rang ; les lettrés de premier rang.,<br />

deux fois autant que les Tcfwung-s§e9 ou lettrés de second<br />

rang ; les lettrés de second rang, deux Ibis autant<br />

que 1rs ffia-sse, ou lettrés de troisième rang. Les lettrés<br />

de troisième rang avaient les mêmes appointements que<br />

les hommes dit peuple qui étaient employés dans dilièrent<br />

es magistrat tires» (les appointements devaient être<br />

suffisants pour leur tenir lieu des revenus agricoles qu'ils<br />

auraient pu se 1 procurer en cultivant la terre.<br />

Dans les royaumes de second rang dont le territoire<br />

n'avait que soixante et dix /«'d'éten<strong>du</strong>e en toussons, le<br />

prince (ou le chef, /'cj avait dix fois autant de revenus<br />

que les Itîng, ou présidents des ministères; les présidents<br />

des ministères, trois fois autant que les premiers administrateurs<br />

des villes; les premiers administrateurs des<br />

villes, deux fois autant que les lettrés île premier rang;<br />

les lettres de premier rang, deux fois autant que les lettrés<br />

de second rang; les lettrés de- second rang;, deux<br />

fois autant que les lettrés de troisième rang. Les lettrés<br />

de troisième rang avaient les mêmes appointements que<br />

les hommes <strong>du</strong> peuple qui étaient employés dans différentes<br />

magistrat lires. (les appointements devaient être<br />

suffisants pour leur tenir lien des revenus agricoles qu'ils<br />

miraient pu se procurer en cultivant la terre.<br />

Dans les petits royaumes dont le territoire n'avait<br />

que cinquante l.i d'éten<strong>du</strong>e en tous sens, le prince |ou<br />

chef, Tseu et N/m\ avait dix fois autant de revenus que<br />

les présidents des ministères; les présidents des ministères,<br />

deux fois autant que les premiers administrateurs<br />

des villes; les premiers administrateurs des villes, deux<br />

lois a 111 a n t q ne 1 e s 1 e 11 r es d 11 j > r e m i e r rang; les 1 et t r es<br />

<strong>du</strong> premier rang;, deux lois autant que les lettrés <strong>du</strong> second<br />

rang; les lettrés <strong>du</strong> second rang, deux fois autant<br />

(pie les lettrés <strong>du</strong> troisième rang. Les lettrés <strong>du</strong> troisième<br />

rang avaient les mêmes appointements que* les<br />

hommes <strong>du</strong> peuple qui étaient employés dans différentes


MENU-TSEU. 383<br />

magistratures. Ces appointements devaient être suffisants<br />

pour leur tenir lieu des revenus agricoles qu'ils auraient<br />

j.n> se procurer en cultivant la terre.<br />

Voici ee que les laboureurs obtenaient des terres qu'ils<br />

cultivaient. Chacun d'eux en recevait mit arpents {pour<br />

cultiverj. l*ar la culture de ces cent arpents, les premiers<br />

on les meilleurs cultivateurs nourrissaient neuf<br />

personnes ; ceux qui venaient après en nourrissaient<br />

finit; ceux de second ordre en nourrissaient sept ; ceux<br />

qui venaient après en nourrissaient six» Ceux de la dernière<br />

classe, ou les plus mauvais, en nourrissaient cinq.<br />

Les bonimcs <strong>du</strong> peuple qui étaient employés dans différentes<br />

magistratures recevaient des appointements proportionnés<br />

à ces différents pro<strong>du</strong>its.<br />

3. IVen-ickang lit une question en ces termes : Oserai<br />

s-Je vous demander quelles sont les conditions d'une<br />

véritable amitié?<br />

MKMi-ïSRI T dit : Si vous ne vous prévalez pas de la supériorité<br />

de votre âge, si vous ne vous prévalez pas de vos<br />

honneurs, si vous ne vous prévalez pas de la richesse ou<br />

de la puissance de vos frères, vous pouvez contracter des<br />

liens d'ami lie. Contracter des Mens d'amitié avec quelqu'un,<br />

c'est contracter amitié avec sa vertu. Il ne doit<br />

pas y avoir d'autre motif* de liaison d'amitié.<br />

Meny-hian-tseu l était le chef d'une famille de cent<br />

chars. Il y avait cinq homme-s liés entre eux d'amitié : I etcUiny-kliieou*<br />

Mou-icitouttg ; j'ai oublié le nom de-s trois<br />

autres. \Mt'Hy\-ftian-tseu s'était aussi lié d'amitié avec ces<br />

cinq hommes, qui faisaient peu de cas de la grande famille<br />

de r/iati-tst'u. Si ces cinq hommes avaient pris en<br />

considération la grande famille de Hinn-tseu, celui-ci<br />

n'aurait pas contracté amitié avec eux.<br />

Non-seulement le chef daine famille de cent chars<br />

doit agir ainsi, mais encore des princes de petits Etats<br />

devraient agir de même.<br />

1 Vo>vz Ta-hio. «'h;ii». \. ï 'II.


384 MENG-TSEI:.<br />

Hoet, Koung de l'État de Pi, disait": Quant à Tseu-ste,<br />

j'en ai fait mon précepteur; quant à- Yan-pan, j'en ai<br />

fait mon ami. Wang-chun et Tchang-si {qui leur sont<br />

bieij. inférieurs en vertus] sont ceux qui me servent<br />

comme ministres. \ • •'<br />

Non-seulement le prince d'un petit État doit agir ainsi ^<br />

mais encore des princes ou chefs de plus grands royaumes<br />

devraient aussi agir de même. '<br />

Ping, Eoung de Tçin, avait une telle déférence pour<br />

Haï-iang *, que lorsque celui-ci lui disait de rentrer dans<br />

son palais, il y rentrait; lorsqu'il lui disait de s'asseoir, il<br />

s'asseyait.; lorsqu'il lui disait de manger, il mangeait.<br />

Quoique ses mets n'eussent été composés que <strong>du</strong> riz le<br />

plus grossier, .ou de jus d'herbes, il ne n'en rassasiait<br />

pas moins, parce qu'iLn'osait pas faire le contraire [tant<br />

il respectait les ordres <strong>du</strong> sage s ]. Ainsi il avait pour eux<br />

la déférence la plus absolue, et rien de plus. Il ne partagea<br />

pas avec lui une portion de la dignité qu'il tenait<br />

<strong>du</strong> ciel [en lui donnant une magistrature 8 ]j il ne partagea<br />

pas avec lui les fonctions de gouvernement qu'il<br />

tenait <strong>du</strong> ciel [en lui conférant une partie de ces fonctions<br />

4 ] ; il ne consomma pas avec lui les revenus qu'il<br />

tenait <strong>du</strong> ciel 5 . En agissant ainsi, c'est honorer un sage<br />

à la manière d'un lettré, mais ce n'est pas l'honorer à la<br />

manière d'un roi ou d'un prince.<br />

Lorsque Chun eut été élevé au rang de premier ministre,<br />

il alla visiter l'empereur. L'empereur donna<br />

l'hospitalité à son gendre dans le second palais, et même<br />

il mangea à la table de Chun. Selon que l'un d'eux visitait<br />

l'autre, ils étaient tour à tour hôte recevant et hôte<br />

1 Sage un royaume de rein.<br />

' * Glose.<br />

§ IHd.<br />

* Ibid.<br />

§ Ces trois expressions thkm-wet, dignité <strong>du</strong> ciel; thian-chi, fonctions<br />

<strong>du</strong> ciel; ihian-lou, revenus <strong>du</strong> ciel, équivalent à dignité royale,<br />

fonctions royales, revenus royaux.


MENG-TSEI!. 3g5<br />

reçu [sans distinction d'empereur et de sujet]. C'est ainsi<br />

que le fils <strong>du</strong> Ciel entretenait des liens d'amitié avec un<br />

homme privé.<br />

Si^ehmt dans une position inférieure, on témoigne «le<br />

I" déférence et <strong>du</strong> respect à son supérieur, cela s'appelle<br />

rt'tpectvr in dnjniie; si, rtant dans imr position sup«-i-HMiro,<br />

on témoigne de ht déférence et <strong>du</strong> respect à<br />

son inférieur, cela s'appelle honorer H respecter l'homme<br />

sage. Inspecter la dignité, honoivr el respecter l'homme<br />

Si, r*N h* devoir est le même dans les deux circonstances.<br />

} \ W'-n-tchanfï lit une question en ces ternies ; Oserai<br />

s-je vous demander quel sentiment on doit avoir en<br />

offrant «les présents l pour contracter atnitié avec quelf|lïîî!ï"f<br />

MKM;-TKKI: dît : Celui <strong>du</strong> respect.<br />

Wm-tchmuj continua : lictuser cette amitié et repousser<br />

ces présents à plusieurs reprises est une action<br />

considérée, comme irrévérencieuse; pourquoi cela!<br />

MKMï-TSI-X dit: Lorsqinin homme lionoré ioar sa position<br />

on sa dîtenîte! vous naît un don, si vousxous dites,<br />

avant de rarcepter : Les moyens qu'il a.emplovés pour<br />

seju-ocurer ces «Ions «l'amitié sonl-ils justes, on" sont-ils<br />

injustes? re seniit manquer de respec! envers lui : r'esî<br />

pourquoi on ne doit pas les repousser.<br />

W'en-tehmhf «lit: Permette/; je ne les repousse pas<br />

<strong>du</strong>ne manière expresse par nies paroles; c'est dans nia<br />

pensée que je tes repousse. Si je me dis en moi-même :<br />

« Cet. homme honore par sa dijmité. qui ni offre s..ni t.'s rois H |,< primvs «juî itmtnd !,-> s.-i.^s a jrttr ronr<br />

"il l«'nr oflraril fie rirli.-> prôsmls, dont ,1 r>j in «ju,.-Ilmi8<br />

-' Tnsut.},rnnlrr:v\ cftoneI ou supp,.^ fHjé ,-V>i ;IUT U..IHI. «• ,.|<br />

impunité, extorquer.<br />

33


386 MENG-T8EU.<br />

principes de la raison, s'il offre des présents avec toute<br />

la politesse et l'urbanité convenables, KHOUKG-TSEU luimême<br />

les eût acceptés.<br />

Wen-tchang dit : Maintenant, je suppose un homme<br />

qui arrête h«s voyageurs dans un lien (Varié en dehors<br />

di-s portes de la ville, pour 1rs tuer et les dépouiller do<br />

ri: qu'ils portent sur eux : si eet Itonune veut contracter<br />

amitié selon les principes fie la raison, et s'il offre dos<br />

presenls avec foute la politesse d'usage, sera-f-tt permis<br />

d'accepter ces présents, qui sont le pro<strong>du</strong>it, <strong>du</strong> vol?<br />

M KM;-TSlit dit ; Cela ne sera pas permis. Le Khamjkiw<br />

dît : «i Ceux qui tuent les hommes et je il en! le tirs<br />

« corps à l'écart pour les dépouiller de leurs richesses,<br />

« et dont l'intelligence obscurcie et hébétée ne redoute<br />

u pas la mort, il n'est personne chez tous les peuples<br />

M qui ne les ait en horreur, » Ce sont là des hommes<br />

que, sans attendre ni instruction judiciaire ni explication,<br />

on tait mourir de suite. Cette couttune expéditive<br />

de l'aire- justice des assassins sans discussions préalables,<br />

la dynastie > « la t-eetrt de celle de H'ut. et la dynastie dv><br />

Tchcmi de celle de Vin; elle acte eu vigueur jusqu'à nos<br />

jours. D'après cela, comment seriez-vous exposé à recevoir<br />

de pareils présents?<br />

W'eït-tclnnïij poui'sniut : De nos jours, les princes do<br />

tous rangs, extorquant les biens <strong>du</strong> peuple, ressemblent<br />

beaucoup aux voleurs qui arrêtent les passants sur les<br />

grands chemins pour les dépouiller ! . Si, lorsque avec<br />

tontes les convenances d'usage ils offrent des présents au<br />

sage, le sage les accepte, oserai s-je vous demander en<br />

quoi il place la justice - ?<br />

MKM;-TSEI" dit : Pensez-vous donc que si un souverain<br />

puissant apparaissait au milieu fie nous, il rassemblerait<br />

fiais les princes de nos jours et les lé rail mourir pour les<br />

punir de leurs exactions? ou bien que si, après les avoir<br />

Kin îi'fu IrtiDit h mu tjisin h-hi /'


MENG-TSEU. 387<br />

tous prévenus <strong>du</strong> châtiment qu'ils méritaient ^ ils ne se<br />

corrigeaient pas, ils les ferait périr? Appeler [comme<br />

vous venez de le faire] ceux qui prennent ce qui ne leur<br />

appartient, pas voleurs de f/rowls rftnnh)$. c'est étendre à<br />

celle espèce de gens la sévérité la plus extrême que comporte<br />

la justice |fondée sur la saine raison * |.<br />

knm.M;-isi-:r occupait une magistrature dans le<br />

royaume de Lan Isa patrie]. Les habitants, lorsqu'ils allaient<br />

a la chasse, se disputaient a qui prendrait le pro<strong>du</strong>it<br />

de bantiv, et KMOI XJ-TSEI' en faisait autant 2 . SU est<br />

permis de se disputer de eetîe façon à qui prendra le<br />

gibier de l'autre lorsque bon est à la chasse, a plus forte<br />

raison est-il permis de recevoir les présents qu'on vrais<br />

offre,<br />

Wen-iehmuj continua : SU en est ainsi, alors KIIOING-<br />

TSEI:, en occupant sa magistrature, ne s'appliquait sans<br />

doute pas a pratiquer la doctrine de la droite raison?<br />

M!•:>


388 MEKG-TS1SJ.<br />

pratique n'étaient cependant pas pratiqués, il quittait le<br />

royaume. C'est pourquoi ii n'est jamais resté trois ans<br />

dans un royaume sans ie quitter.<br />

Lorsque Kt!*>i'v;-TS!-:i' voyait que sa doctrine pouvait<br />

vtn- mise \i7. ;•


MENG-TSEU. • 389<br />

Lorsqu'il était administrateur général des campagnes 4 , il<br />

disait : Si les troupeaux sont en bon état, mes devoirs<br />

sont remplis.<br />

Si lorsqu'on se trouve dans une condition inférieure "<br />

on |KIrit- de choses hïeit plus élevées que soi 2 , on est<br />

coupable Nie sortir île son état **|. Si lorsqu'on se trouve<br />

à la eour d'un prince on ne remplit pas les devoirs que<br />

cette position impose, ou se eomre de honte.<br />

0, W'cn-tt'hnttij dit : Pourquoi les lettres [qui n'occupent<br />

pas d'emplois publics •'»I ne se reposent-ils pas <strong>du</strong><br />

soin de leur entretien sur les princes dos différents ordres<br />

:i ?<br />

Moij-TSEr dit : Parce qulls ne l'osent pas. Les princes<br />

de différents ordres, lorsqu'ils ont per<strong>du</strong> leur royaume,<br />

se reposent sur tons les autres princes <strong>du</strong> soir» de leur<br />

entretien : e'est conforme à liisap* établi; mais ce n'est<br />

pas conforme ;i F usa ire établi que les lettres se reposent<br />

sur les princes <strong>du</strong> soin de leur entretien,<br />

Wen-tchang dit : Si le prince leur offre pour aliments<br />

<strong>du</strong> millet ou dti riz, doivent-ils l'accepter?<br />

— Ils doivent l'accepter.<br />

— Ils doivent l'accepter; et de quel droit il 1<br />

— Le prince a des devoirs à remplir envers le peuple<br />

dans le besoin; il doit le secourir 7 .<br />

— Lorsqu'on offre un secours, on le reçoit; et lorsque<br />

c'est.un présent, on le refuse; pourquoi cela?<br />

.— Parce qu'on ne rose pas [dans le dernier cas].<br />

— Permettez-moi encore une question : On ne l'ose<br />

pas; et comment cela?<br />

— Celui qui fait le guet à la porte de la ville, celui<br />

1 Chin-îian. Voyez à cer sujet le même ouvrage, p. 125.<br />

2 * De la haute administration <strong>du</strong> royaume. » {Glose.)<br />

* Glose.<br />

* Ibid.<br />

11 Tchou-heou, les Heouûn général.<br />

6 Ho-i; littéralement, de quelle justice ?<br />

7 Kiun khi iu ming ye, ko tcheou tchi.<br />

33.


390 MENG-TSIU.<br />

qui fait résonner la crécelle de bois, ont^ l'un et l'autre,<br />

un emploi permanent qui leur donne droit à être nourris<br />

aux dépens des revenus ou impôts <strong>du</strong> prince. Ceux qui,<br />

n'occupant plus d'emplois publics permanents, reçoivent<br />

des dons <strong>du</strong> prince sont considérés comme manquant<br />

un respect qui» Fou se doit à soi-même.<br />

— Je sais maintenant que, si le prince fournit des aliments<br />

au lettre, il peut les recevoir; mais j'ignore si ces<br />

dons doivent èfiv continués.<br />

-— Mmi-kouity se con<strong>du</strong>isit ainsi envers Tseu-sse : il<br />

et noyait souvent des hommes pour prendre des informations<br />

sur son compte [pour savoir sll était en état de<br />

se passer de ses secours M; et il lui envoyait souvent des<br />

a lime nt s de viande cuite. Cela ne plaisait pas h Tseu-sse,<br />

A la tin, il prit les envoyés <strong>du</strong> prince, par la main et les<br />

con<strong>du</strong>isit jusqu'en dehors de» la grande porte de sa maison<br />

; alors, le visage tourné 1 vers le nord, la tête inclinée<br />

vers la terre, et saluant deux fois les envoyés, sans accepter<br />

leurs secours, il dît : « Je sais dès maintenant que<br />

« le prince me nourrit, moi Ki, comme si j'étais un chien<br />

a ou nu cheval. )> Or. de ce moment-là, les gouverneurs<br />

et premiers administrateurs des villes n'ont plus alimenté<br />

jles lettres); cependant, si lorsqu'on aime les<br />

saines on ne peut les élever a des emplois, et qifen<br />

outre on ne finisse leur fournir ce dont ils ont besoin<br />

pour vivre, peut-on appeler cela aimer les sages!<br />

M'di-lcftoiHj dit : Oserais-je vous taire une question :<br />

Si le prince d'un royaume désire alimenter un sage, que<br />

doit-il f.ure dans ce cas pour qu'on puisse dire qu'il est<br />

vériiabl cm en i alimenté Y<br />

MOO-ïSIX dit : Le lettré doit recevoir les présents on<br />

les aJJinei.its qui iui sont uliêrtspar Tordre <strong>du</strong> prince en<br />

saluant deux fois et en inclinant la tête. Ensuite les gardiens<br />

des greniers royaux doivent confirmer les aliments,<br />

U>< rmsniHTs doivent continuer dVnvovcr de la viande


MENG-TSEU. 391<br />

cuite, sans que les hommes chargés des ordres <strong>du</strong> prince<br />

les lui présentent de nouveau *.<br />

Tseu-sse se disait en lui-même : ce Si pour des viandes<br />

cuites on me tourmente de manière à m'obliger à faire<br />

souvent des salutations de remerclments, ce n'est pas<br />

là un mode convenable de subvenir à l'entretien des<br />

Sag'CS. »<br />

Jeese con<strong>du</strong>isit île la manière suivante envers C/tun ;<br />

il ordonna il se> neuf fils de le servir ; il lui donna ses<br />

ileiix tïlles en ntarîage ; il ordonna à tons les fonctionnaires<br />

publics de fournir des hoails, ih>^ moutons, de<br />

remplir des gretûei> pour rentretien de ('Intn au milieu<br />

des champs: ensuite il l'éleva aux honneurs et. lui conféra<br />

une hante dignité, (l'est pourquoi il est dît avoir<br />

honoré un sage selon un mode convenable à un souverain<br />

on à un prince.<br />

7. W'en-tclwntf dit : Oserais-je vous faire une question<br />

: Pourquoi tin sage neva-t-il pas visiter les princes-?<br />

.MENi;-TSia: dît : S'il est dans leur ville principale, on<br />

dit qu'il est le- sujet de la place publique et <strong>du</strong> puits publie:<br />

s'il est dans la campagne, on dit qu'il est le sujet<br />

ûv> herbes forestières, deux qui .sont dans l'un et l'autre<br />

cas sont ce que l'on nomme les J minutes de la Ion le J .<br />

Les hommes de la foule qui îfont pas été ministres, et<br />

n'ont pas encore offert de présents au prince, n osent<br />

passe permettre de lui faire leur visite; c'est I usage.<br />

Wen-trhaflfj dit : Si le- prince appelle les hommes de<br />

la ton h: pour un service exigé, ils vont faire ce service.<br />

Si le prince, désirant les \oir, les appelle auprès de lui,<br />

ils ne vont pas le voir; pourquoi cela?<br />

MENG-TSiii: dit : Aller faire un service exigé est un de<br />

» Atiii


392 MENG-TSEU.<br />

voir de justice l ; aller faire des visites [au prince] n'est<br />

pas un devoir de justice.<br />

Par conséquent, pourquoi le prince désirerait-il que<br />

les lettrés lui fissent des visites ?<br />

Wen-tchang dit : Parce qu'il est fort instruit, parce<br />

que lui-même est un sage.<br />

MI;Ni sous qui êtes mon inférieur, qui devez<br />

lil'T faira un srrvi-:-i- dr rtii'ji> de rim^hitile. d.f rml t<strong>du</strong> i niu:


MENG-TSKU. 393<br />

ce me servir; comment pourriez-vous contracter des<br />

« liens d'amitié avec moi? » Si les princes de millequaffrîges<br />

qui cherchaient a eontraefer des liens d'amitié<br />

avec les lettres ne pouvaient y parvenir, à pins forte<br />

raison ta" pouvaient-ils pas les appeler a four mur.<br />

Kitn/, K(tan


394 MENG-T8BI7.<br />

drait-il pas, si on s'était servi <strong>du</strong> signal d'un homme dépourvu<br />

de sagesse l , pour appeler un homme sage !<br />

Si lorsqu'on désire recevoir la visite d'un homme<br />

sage on n'emploie pas les moyens convenables 2 , c'est<br />

comme si en désirant qu'il entrât dans sa maison on lui<br />

en fermait la porte. L'équité ou le devoir est la voie;<br />

l'urbanité est la porte. L'homme supérieur ne suit que<br />

cette voie, ne passe que par cette porte. Le Livre des<br />

Vers 3 'dit :<br />

ce La voie royale, la grande voie, est plane comme une<br />

« pierre qui sert à moudre le blé ;<br />

« Elle est droite comme une flèche :<br />

« C'est elle que foulent les hommes supérieurs ;<br />

« C'est elle que regardent de loin les hommes de la<br />

foule 4 . »<br />

Weri-tchang dit : KHOUNG-TSEU, se trouvant appelé par<br />

un message <strong>du</strong> prince, se rendait à son Invitation sans<br />

attendre son char. S'il en est ainsi, KHOUNG-TSEU agissait-il<br />

mal?<br />

MENG-TSEU dit : Ayant été promu à des fonctions publiques,<br />

il occupait une magistrature; et c'est parce qu'il<br />

occupait une magistrature qu'il était invité à la cour.<br />

8. MENG-TSEU, interpellant Wen-tchang, dit: Le lettré<br />

vertueux d'un village se lie spontanément d'amitié avec<br />

les lettrés vertueux de ce village; le lettré vertueux d'un<br />

royaume se lie spontanément d'amitié avec les lettrés<br />

vertueux de ce royaume; le lettré vertueux d'un empire<br />

1 « Par homme dépourvu de sagesse, dit la Glose, il indique celui<br />

qui désire recevoir la visite d'un sage, et lui fait un appel à ce<br />

sujet. »<br />

2 VExplication <strong>du</strong> Kicmg-i-pi-tchi dit à ce sujet : « C'est pourquoi le<br />

prince d'un royaume qui désire recevoir la visite d'un homme sage<br />

doit suivre la marche convenable : ou le sage habite son voisinage,<br />

et alors il doit le visiter lui-même ; ou il est éloigné, et alors il doit<br />

lui envoyer des exprès pour l'engager à se rendre à sa cour. »<br />

8 Ode Ta-toung, section Ta-ya.<br />

* Il y a encore maintenant en Chine des routes destinées uniquement<br />

au service de l'empereur et de sa cour.


MENG-TSEl'. oVKi<br />

se lie spontanément d'amitié avec les lettrés vertueux de<br />

cet empire.<br />

Pensant que les liens d'amitié qu'il contracte avec les<br />

lettrés vertueux de l'empire ne sont pas encore suffisants,<br />

il veuf re<strong>mont</strong>er plus liant, et il examine les muvres des<br />

hommes de l'antiquité; il récite leurs vers, il lit cl explique<br />

leurs livres. SU ne connaissait pas intimement res<br />

hommes, on serait-il capable? C'est pourquoi il examine<br />

attentivement leur siècle L C'est ainsi qu'en mm m tan!<br />

encore pins liant il contracte de plus nobles ami!tes.<br />

!>. Siotum. roi de /'//.$/. interrogea MK.M;-ISI-:I sur les<br />

premiers ministres iAÏ////>.<br />

Le Philosophe dit : Sur quels premiers minisires le<br />

roi m'interro^e-t-il?<br />

Le* i'oi dit : Les premiers ministres ne sont-ils pas tous<br />

de ta lilèllie classe?<br />

MKMJ-TSFI" répondit ; Ils ne sont pas Irais de la même<br />

classe. Il y a des premiers ministres qui son! unis au<br />

prince par des liens de parenté; il y a des premiers ministres<br />

qui appartiennent à des familles diîïérontes de la<br />

sienne.<br />

Le roi dit : Permettez-moi de vous demander ce que<br />

sont les premiers ministres consanguins.<br />

lï-Mxrsi'X répondit : Si le prince a commis une grande<br />

tante jqui puisse entraîner la ruine <strong>du</strong> royaume-!, alors<br />

ils lui l'ont des re<strong>mont</strong>rances. S'il retombe plusieurs Ibis<br />

dans la même faille sans vouloir écouter leurs re<strong>mont</strong>rances,<br />

alors ces ministres le remplacent dans sa dignité<br />

et lui nient son pouvoir.<br />

Le roi, ému de ces paroles, changea de-couleur. Mr.ViisKr<br />

ajouta : Une le roi ne trouve pas mes paroles extraordinaires.<br />

Le roi a interrogé un sujet; le sujet n*a pas osé<br />

lui répondre contrairement a la droiture et à la vérité.<br />

1 Les aclinns H }.«> h.-mls lath qu'il<br />

•M ion, Clusr...<br />

-• f'n,mm>nhnrr.


396 MENG-TSEU.<br />

Le roi, ayant repris son air habituel, voulut ensuite interroger<br />

le Philosophe sur les premiers ministres de familles<br />

différentes.<br />

MEUG-TSEU dit : Si le prince a commis une grande<br />

faute, alors ils lui font des re<strong>mont</strong>rances; s'il retombe<br />

plusieurs fois- dans les mômes fautes, sans vouloir écouter<br />

leurs re<strong>mont</strong>rances, alors ils se retirent.<br />

CHAPITRE V.<br />

COMPOSÉ DE 20 ARTICLES.<br />

1. Kao-îseu dit : La nature de l'homme ressemble au<br />

saule flexible ; l'équité ou la justice ressemble à une corbeille;<br />

on fait avec la nature de l'homme l'humanité et<br />

la justice, comme on fait une corbeille avec le saule<br />

flexible.<br />

MENG-TSEU dit : Pouvez-vous, en respectant la nature<br />

<strong>du</strong> saule, en faire une corbeille? Vous devez d'abord rompre<br />

et dénaturer le saule flexible pour pouvoir ensuite<br />

en faire une corbeille. S'il est nécessaire de rompre et de<br />

dénaturer le saule flexible pour en faire une corbeille,<br />

alors ne sera-t-il pas nécessaire aussi de rompre et de dénaturer<br />

l'homme pour le faire .humain et juste? Certainement<br />

vos paroles porteraient les hommes à détruire en<br />

eux tout sentiment d'humanité et de justice.<br />

2. Kao-tseu continuant : La nature de l'homme ressemble<br />

à une eau courante : si on la dirige vers l'orient,<br />

elle coule vers l'orient; si on la dirige vers l'occident,<br />

elle coule vers l'occident. La nature de l'homme ne distingua<br />

pas entre le bien et le mal, comme l'eau ne distingue<br />

pas entre l'orient et l'occident.<br />

MENG-TSEU dit : L'eau, assurément, ne distingue pas<br />

entre l'orient et l'occident; ne distingue-t-élle pas non<br />

plus entre le haut et le bas? La nature de l'homme est


MENG-TS1U. 397<br />

naturellement bonne, comme l'eau coule naturellement<br />

en bas. 11 n'est aucun homme qui ne soit naturellement<br />

bon, comme il n-est aucune eau qui ne coule naturellement<br />

en bas.<br />

Maintenant » si en comprimant l'eau axer la main vous<br />

la faites jaillir, vous pourrez lui faire dépasser la hauteur<br />

île voire front. Si eu lui opposant un ohstarle NOUS la<br />

faites reiîuer vers sa source, vous pourrez alors la faire<br />

dépasser une <strong>mont</strong>agne. Appellerez-vous cela la nature<br />

de l'eau Y LVst. de la contrainte.<br />

Les hommes peuvent être con<strong>du</strong>its a faire le ruai; leur<br />

nature le permet aussi.<br />

X k'


398 MENG-T6EU.<br />

MING-TSEU dit : Si la blancheur d'un cheval blanc ne<br />

diffère pas de la blancheur d'un homme blanc, je doute<br />

si vous ne direz pas que la vieillesse d'un vieux cheval ne<br />

diffère pas de la vieillesse d'un vieil homme! Le sentiment<br />

de justice qui nous porte à révérer la vieillesse<br />

d'un homme existe-t-ii dans la vieillesse elle-même ou<br />

dans nous?<br />

Kao-tseu dit : Je me suppose un frère cadet, alors je<br />

l'aime comme un frère; que ce soit le frère cadet d'un<br />

homme de Th&in, alors je n'éprouve aucune affection de<br />

frère pour lui. Cela vient de ce que cette affection est<br />

pro<strong>du</strong>ite par une cause qui est en moi. C'est* pourquoi<br />

je l'appelle intérieure.<br />

Je respecte un vieillard de la famille d'un homme de<br />

Th$o% et je respecte également • un vieillard de ma famille<br />

; cela vient de ce que ce sentiment est pro<strong>du</strong>it par<br />

une cause hors de moi, la vieillesse. C'est pourquoi je<br />

l'appelle extérieure.<br />

MENG-TSEU dit : Le plaisir que vous trouveriez à manger<br />

la viande rôtie préparée par un homme de Tksin ne<br />

diffère pas <strong>du</strong> plaisir que vous trouveriez à manger de<br />

la viande rôtie préparée par moi. Ces choses ont, en effet,<br />

la même ressemblance. S'il en est ainsi, le plaisir de<br />

manger de la viande rôtie est-il aussi extérieur ?<br />

5. Mmg-ki-t§eu, interrogeant Koung-tou-t$eu% dit :<br />

Pourquoi [MBNG-TSBU] appelle-t-il l'équité intérieure ?<br />

Komg-tou-t§êu dit : Nous devons tirer de notre propre<br />

cœur le sentiment de respect que nous portons aux<br />

autres ; c'est pourquoi il l'appelle intérieur. ,<br />

— Si un-homme <strong>du</strong> village est d'une année plus âgé<br />

que. mon frère aîné, lequel devrai-je respecter ?<br />

— Vous devez respecter votre frère aîné.<br />

— Si je leur verse <strong>du</strong> vin à tous deux, lequel devraije<br />

servir le premier?<br />

— Vous devez commencer par verser <strong>du</strong> vin à l'homme<br />

<strong>du</strong> village.<br />

— Si le respect pour la qualité d'aîné est représenté


MIK6-TS1U. 399<br />

dans le premier exemple, et la déférence ou les égards<br />

dans le second, l'un et l'antre consistent réellement dans<br />

un sujet extérieur et non intérieur.<br />

Koung-tou-tseu ne sut que répondre. 11 fit part de son<br />

embarras à MENG-TSEU. MENG-TSEU dit : Demandez-lui auquel,<br />

de son oncle ou de son frère cadet, il témoigne <strong>du</strong><br />

respect ; il vous répondra certainement que c'est à son<br />

oncle.<br />

Demandez-lui si son frère cadet représentait l'esprit<br />

de son aïeul * [dans les cérémonies que Ton fait en l'honneur<br />

des défunts], auquel des deux il porterait <strong>du</strong> respect;<br />

il vous répondra certainement que c'est à son<br />

frère cadet.<br />

Mais si vous lui demandez quel est le motif qui lui fait<br />

révérer son frère cadet plutôt que son oncle, il vous répondra<br />

certainement que c'est parce que son frère cadet<br />

représente son aïeul.<br />

Vous, dites-lui aussi que c'est parce que l'homme <strong>du</strong><br />

village représentait un hôte, qu'il lui devait les premierségards.<br />

C'est un devoir permanent de respecter sonfrère<br />

aîné; ce n'est qu'un devoir accidentel et passager<br />

de respecter l'homme <strong>du</strong> village.<br />

Ki-tseu, après avoir enten<strong>du</strong> ces paroles, -dit : Devantrespecter<br />

mon oncle, alors je le respecte ; devant respecter<br />

mon frère cadet, alors je le respecte : l'une et<br />

l'autre de ces deux obligations sont constituées .réellement<br />

dans un sujet extérieur et non intérieur.<br />

HCoung-tou-tseu dit : Dans les jours d'hiver, je bois de<br />

l'eau tiède; dans les jours d'été, je bois de l'eau fraîche.<br />

D'après cela, l'action de boire et- de manger .résiderait<br />

donc aussi dans un sujet extérieur?<br />

6. Kôung-tou-tseu dit : Selon Kao-tseu, la nature [dans<br />

les commencements de la vie 2 ] n'est ni bonne ni mauvaise.<br />

1 Wèi-chii littéralement, faire le mort.<br />

* Glose. •


400 MENG-TSEU.<br />

Les uns disent : La nature peut devenir boeee^ elle<br />

peut devenir mauvaise. C'est pourquoi, lorsque Wen et<br />

Wou apparurent, le peuple aima en eux une nature<br />

bonne ; lorsque Yeou et Li apparurent, le peuple aima<br />

en eux une nature mauvaise.<br />

h'autres disent : II est des hommes dont la nature es!<br />

lionne. îi en est dont la nature est mauvaise. (Test pourquoi,<br />

pendant que ) //•'> était prince. SHIïNJ nVn existait<br />

pas moins; pendant que Aou-swnt était mauvais père,<br />

f/iitn n'en existait pas moins. Pendant que Cbeotf-isirti<br />

remuait comme tils<strong>du</strong> l'ivre aîné [de la famille impériale!.<br />

c\islaient cependant aussi l¥et-iseu-ki et l'i-kan, de la<br />

famille impériale.<br />

Maintenant vous dites : La nature de l'homme est<br />

bonne. SU en est ainsi, ceux jqiu ont exprimé précédemment<br />

une opinion contraire) sont-ils donc dans<br />

Terreur?<br />

Mr.Mfi-Tsr.i: dit : Si Ton suit les penchants de sa na-<br />

Imv. alors on peut être lion. (Test pourquoi je dis que<br />

la nature de Thonnne est bonne. Si Ton commet îles actes<br />

\icieu\. ee n'est pas la faille de la faculté que Tlioiiutto<br />

possède jde faire le bien).<br />

Ions les hommes ont le seulimeut de la miséricorde et<br />

de ht pitié 4 ; Ions les hommes ont le sentiment de la honte<br />

et de la haine dti vice ; tons les hommes ont le sentiment<br />

de la déférence et <strong>du</strong> respect ; tous les hommes<br />

oui le sentiment de l'approbation et <strong>du</strong> blâme.<br />

Le sentiment de la miséricorde et de la pitié, c'est de<br />

l'humanité; le sentiment de la honte et de la haine <strong>du</strong><br />

vice, v'vsl de l'équité; le sentiment de la déférence et dit<br />

respect, c'est de Turbanité; le sentiment de l'approbation<br />

et dit blâme, c'est «le la sagesse. L'humanité, l'équité.<br />

Turhanité. la sagesse, ne sont pas fomentées en<br />

nuits par les objels extérieurs; nous possédons ces sentaneiits<br />

d'une manière fondamentale et originelle : seulement<br />

nous n'y pensons pas.<br />

C'est pourquoi l'on dit : « Si vous cherchez à éprouver


1EKG-TSEL*. 401<br />

« ces sentiments, alors vous les éprouverez; si vous les<br />

« négligez, alors vous les perdez. »<br />

Parmi ceux qui n'ont pas développé complètement ces<br />

facultés de notre nature, les uns diffèrent des autres<br />

comme <strong>du</strong> double, <strong>du</strong> quintuple ; d'autres, d'un nombre<br />

incommensurable.<br />

' Le Livre des Vers f dit :<br />

« Le genre humain, créé par le ciel,<br />

« A reçu en partage la faculté d'agir et la règle de ses „<br />

« actions;<br />

« Ce sont, pour le genre humain, des attributs unice<br />

versels et permanents<br />

« Qui lui font aimer ces admirables dons. »<br />

KHOUNG-TSEU dit : Celui qui composa ces vers connaissait<br />

bien la droite voie [c'est-à-dire la nature et les penchants<br />

de l'homme]. C'est pourquoi, si on a ia fatuité<br />

d'agir, on doit nécessairement avoir aussi ia régie de ses<br />

actions, ou les moyens de les diriger. Ce sont là, pour le<br />

genre humain, des attributs universels et permanents ; c'est<br />

pourquoi ils lui font mimer ces admirables dons.<br />

7. MENG-TSEU dit : Dans les années d'abondance, le<br />

peuple fait beaucoup de bonnes actions; dans les années<br />

de stérilité, il en fait beaucoup de mauvaises ; non pas<br />

que les facultés qu'il a reçues <strong>du</strong> ciel diffèrent à ce point;<br />

c'est parce que les passions qui ont assailli et submergé<br />

son cœur l'ont ainsi entraîné dans le mal.<br />

Maintenant je suppose que vous semez <strong>du</strong> froment,, et<br />

.que vous avez soin de le bien couvrir de terre. Le<br />

champ que vous avez préparé est partout le même; la<br />

saison dans laquelle vous avez semé a aussi été la même.<br />

Ce blé croît abondamment, et quand le temps <strong>du</strong> solstice<br />

est venu, il est mûr en même temps. S'il existe quelque<br />

inégalité, c'est dans l'abondance et la stérilité partielles<br />

<strong>du</strong> sol, qui n'aura pas reçu également la nourriture de la<br />

plpie et de la rosée, et les labours de l'homme.<br />

* Ode. Trhing-min section Ta-ya.<br />

34.


402 MENG-TSEU.<br />

C'est pourquoi toutes les choses qui sont de même espèce<br />

sont toutes respectivement semblables [sont de même<br />

nature]. Pourquoi, en douter seulement en ce qui concerne<br />

l'homme? Les saints hommes nous sont semblables<br />

par l'espèce.<br />

(l'es! pour cela que Ij)tnit/-t$via\\>>i\ii : Si quelqu'un fait<br />

des panlnulles tressées à une personne, sans connaître<br />

son. pied, il* sa IN qu'il ne lui fera pas un panier. Les pantoufles<br />

se ressemblent tontes; les pieds de tous les hommes<br />

de l'empire se ressemblent.<br />

La bourbe, quant aux saveurs, éprouve les mêmes satisfactions.<br />

)'-//// l fut le premier qui sut trouver ee qui<br />

filait généra le ment à la bourbe. Si en appliquant son organe<br />

<strong>du</strong> goùi aux saveurs, cet organe eut ilitléré par sa<br />

nalure de eelui des antres hommes, eonuae île celui des<br />

chiens et des rhe\anx, qui ne sont pas de la même espèce?<br />

que nous, alors comment tous les hommes de l empire,<br />

entait de goût, s'aecordcraieiit-ils avec 1 -ya pour les<br />

saveurs?<br />

Ainsi donc, quant aux saveurs, tout le inonde a nécessaire!<br />

lient les mêmes goûts que ) -;///(, parce que le sens<br />

<strong>du</strong> goût de tout le mon rie est semblable.<br />

Il en est de même pour le sens de Fouie. Je prends pour<br />

exemple les sons de musique: tous les hommes de Fempire<br />

aiment nécessairement la mélodie de F intendant de<br />

la musique m mime h'ouavf^ parée que le sens de Fotiïe<br />

se ressemble chez tous les hommes.<br />

11 i*n es! de même pour le sens de la vue, Je prends<br />

pour exemple Tseu-toit-: il n'y cul personne dans Fempire<br />

qui n "appréciai sabrante. Celui qui n'aurait pas apprécie<br />

sa beauté eût été aveugle.<br />

(l'est pourquoi je dis : La bouche, pour les saveurs, a<br />

1 CWai! ni) HKPfiOf'a! 11 il n>ya«iiNr t\r Jlist , M.UIS le J


1ENG-TSEU. 403<br />

le même goûi; les oreilles, pour les sons, ont la même<br />

audition; les yeux, pour les formes, ont la même perception<br />

de la beauté. Quant au cœur, seul ne serait-il pas<br />

le même, pour les sentiments, riiez fous tes hommes?<br />

Le que loeu'ur de l'homme u de commun et de propre<br />

à tous, qu'est-ce donc? (l'est ee qu'on appelle la raison<br />

nul arelie, Yi'qitlté naturelle. Les saillis hommes ont été.<br />

seulement les premiers a découvrir jcomme )' aa pour<br />

les saveursj ce que le neur de tous les liommes a de<br />

commun. L'est j>our


404 MEMG-TSEU.<br />

souffle tranquille et bienfaisant <strong>du</strong> matin, font que, sous<br />

le rapport de l'amour de la vertu et de la haine <strong>du</strong> vice,,<br />

on se rapproche un peu de la nature primitive de<br />

liiomme [comme les rejetons de la forêt coupée]. Dans<br />

de pareilles circonstances, ce que l'on fait de mauvais<br />

dans l'intervalle d'un jour empêche de se développer<br />

et détruit les" germes de vertu qui commençaient à renaître.<br />

Après avoir ainsi empêché à plusieurs reprises les<br />

germes de vertu qui commençaient à renaître de se développer,<br />

alors ce souffle bienfaisant <strong>du</strong> soir ne suffit<br />

plus pour les conserver. Dès l'instant que le souffle bienfaisant<br />

<strong>du</strong> soir ne suffit plus pour les conserver, alors le<br />

naturel de l'homme ne diffère pas beaucoup de celui de<br />

la brute. Les hommes, voyant le naturel de cet homme<br />

semblable à celui de la brute, pensent qu'il n'a jamais<br />

possédé la faculté innée de la raison. Sont-ce là les sentiments<br />

véritables et naturels de l'homme ?<br />

C'est pourquoi, si chaque chose obtient son alimentation<br />

naturelle, il n'en est aucune qui ne prenne son accroissement<br />

; si chaque chose ne reçoit pas son alimentation<br />

naturelle, il n'en est aucune qui ne dépérisse.<br />

KHOUNG-TSEU disait : « Si vous le gardez, alors vous<br />

« le conservez; si vous le. délaissez, alors vous le perte<br />

dez., 11 n'est pas de temps déterminé pour cette perte<br />

« et cette conservation. Personne ne connaît le séjour qui<br />

lui est destiné. » Ce n'est que <strong>du</strong> cœur de l'homme qu'il<br />

parle.<br />

9. MiNG-TSEU.'dit : N'admirez pas un prince qui n'a ni<br />

perspicacité ni intelligence.<br />

Quoique les pro<strong>du</strong>its <strong>du</strong> sol de l'empire croissent facilement,<br />

si la chaleur <strong>du</strong> soleil ne se fait sentir qu'un<br />

seul jour, et le froid de l'hiver dix, rien ne pourra croître<br />

et se développer. Mes visites [près <strong>du</strong> prince] étaient<br />

rares. Moi parti, ceux qui refroidissaient [ses sentiments<br />

pour le bien] arrivaient en foule. Que pouvais-je faire des<br />

pennes qui existaient en lui pour le bien ?


MENG-TSEU. 405<br />

Maintenant le jeu des échecs est un art de calcul, un<br />

art médiocre toutefois. Si cependant vous n'y appliquez<br />

pais toute votre intelligence. Ions les etîbrts de votre volonté,<br />

vous il»* saurez pas jouer ce jeu. /-//Wcew est de<br />

tons les hommes de l'empire relut qui sait le* mieux<br />

jouer ce jeu. Si pendant que i-thaù'au enseigne à deux<br />

hommes le jeu des échecs, l'un de ces hommes applique<br />

toute son intelligence e! t(Mîtes les forces de sa volonté<br />

à écouter les leçons de l-tlit'u'oUy taudis que l'antre<br />

homme, quoique y prêtant foi ville» applique tonte son<br />

attention à rêver l'arrivée d'une troupe d'oies sauvages.<br />

pensant. Tare ten<strong>du</strong> et la IJéehe posée sur la corde de<br />

soie, à les tirer et à les abattre, quoiqu'il étudie en<br />

même temps que Tanin», il sera bien loin de l'égaler.<br />

Sera-ce à cause de son intelligence, de sa perspicacité<br />

| moins grandes! qifil ne régalera pas? Je réponds : Non,<br />

il n'en v^i pas ainsi,<br />

lu, MOU-TSEI" dit : Je désire avoir <strong>du</strong> poisson ; je désire<br />

aussi avoir <strong>du</strong> .sanglier sauvage. Comme je ne puis les<br />

posséder ensemble, je laisse de coté te poisson, et je<br />

choisis le sanglier |que je prélêreL<br />

Je désire jouir de la vie, je désire posséder aussi l'équité.<br />

Si je ne puis les posséder ensemble, je laisse de<br />

cote la vie. et je choisis l'équité.<br />

.En désirant la vie. je désire également quelque chose<br />

île plus important que la vie |connue l'équité|; c'est<br />

pourquoi je la préfère à la vie.<br />

Je crains la mort, quej'ai en aversion; niais je crains<br />

quelque chose de pins redoutable encore que la mort<br />

|l iniquité]; e est pourquoi la mort serait la. en face île<br />

moi, que je ne la luirais pas [pour suivre l'iniquité].<br />

Si de tout ce que les hommes désirent rien réétait plus<br />

grave, plus important que la vie, alors croil-on qu'ils<br />

n'emploieraient pas Ion! ce qui pourrait leur faire obtenir<br />

on prolonger la vie ?<br />

Si de tout ce que les hommes ont en aversion rien<br />

n était plus grave, plus important que la mort, alors


406 MENG-TSEU.<br />

croit-on qu'ils n'emploieraient pas tout ce qui pourrait<br />

leur faire éviter cette affliction ?<br />

Les choses étant ainsi, alors, quand môme on conserverait<br />

la vie [dans le premier cas], on n'en ferait pas<br />

usage; quand même (dans le second cas 1 on pourrait<br />

éviter la mort, on no Jo ferait pas.<br />

(l'est pourquoi vv


MEKG-T8EU. 407<br />

pauwes et les iodigents que je connais, je recevrais ce<br />

présent ? Ne puis je donc pas m'en abstenir ? Agir ainsi,<br />

c'est ce qu'on appelle avoir -per<strong>du</strong> tout sentiment de pudeur.<br />

11. MKN


408 HBNG-TSBU.<br />

tient dans ses deux mains, et l'arbre nommé 7se, que Pon<br />

tient dans une seule main ; mais, pour ce-qui concerne<br />

leur propre personne, ils ne savent pas comment la cultiver.<br />

Serait-ce que Pamour et les soins que Pon doit avoir<br />

pour- sa propre personne n'équivalent pas à ceux que Pon<br />

doit aux arbres 7"koung et Tsef C'est là le comble de la<br />

démence !<br />

14. MENG-TSEU dit : L'homme, quant à son propre<br />

corps, Paime dans tout son ensemble; s'il l'aime dans<br />

tout son ensemble, alors il le nourrit et l'entretient également<br />

dans tout son ensemble. S'il n'en est pas une seule<br />

pellicule de la largeur d'un pouce qu'il n'aime, alors il<br />

n'en est pas également une seule pellicule d'un pouce<br />

qu'il ne nourrisse et n'entretienne. Pour examiner et savoir<br />

ce qui lui est bon et ce qui ne lui est pas bon, s'en<br />

repose-t-il sur un autre que sur lui ? 11 ne se con<strong>du</strong>it en<br />

cela que d'après lui-même, et voilà tout.<br />

Entre les membres <strong>du</strong> corps, il en est qui sont nobles,<br />

d'autres vils ; il en est qui sont petits, d'autres grands *. Ne<br />

nuisez pas aux grands en faveur des petits; ne nuisez pas<br />

aux nobles en faveur des vils. Celui qui ne nourrit que<br />

les petits [Sa bouche et le ventre] est un petit homme, un<br />

homme vulgaire; celui qui nourrit les grands [['intelligence<br />

et la volonté] est un grand homme.<br />

Je prends maintenant un jardinier pour exemple : S'il<br />

néglige les arbres Ou et Kia 2 , et qu'il donne tous ses soins<br />

au jujubier, alors il sera considéré comme un vil jardinier<br />

qui ignore son art.<br />

Si quelqu'un, pendant qu'il prenait soin d'un seul de ses<br />

doigts, eût négligé ses épaules et son dos, sans savoir<br />

qu'ils avaient aussi besoin de soins, on pourrait le comparer<br />

à un loup qui s'enfuit [sans regarder derrière lui].<br />

' « Par membres nobles et grands, dit la Glose, il désigne îe cesur<br />

ou 1' intelligence el la volonté; par membres vils et petits, il indique<br />

îa bouche et le ventre. »<br />

2 Deux arbres très-beaux don! le bois.est très-esîimé.


MENG-1BKU. . 409<br />

Les hommes méprisent et traitent de vils ceux d'entre<br />

eux qui sont adonnés à la boisson et à la bonne chère,<br />

parce que ces hommes^ en. ne prenant soin que des<br />

moindres parties de leur corps, perdent les grandes.<br />

Si les honitnesadotmes à la boisson et a la bonne chère<br />

pouvaient ne pas perdre ainsi les plus nobles parties de<br />

leur être, est i nieraient-il s tant leur bot tel a' et leur ventre,<br />

même dans leur moindre pellicule?<br />

Ki. h'ounfj-tou-tsen fil une question en ees tenues :<br />

Les hommes se ressemblent tous. Les uns sont cependant<br />

de grands hommes, les autres de petits hommes ; pourquoi<br />

cela?<br />

MKNG-TSEC dit : Si Fou suit les inspirations des grandes<br />

parties de soi-même, on est un grand homme; si Ton<br />

suif les penchants des petites parties de soi-même, on est<br />

un petit homme.<br />

koung-îan-imi continua : Les lion unes se ressemblent<br />

tous. Cependant les uns suivent les inspirations des grandes<br />

parties de leur être, les autres suivent les penchants des<br />

petites ; pourquoi cela ?<br />

MENont des dons que le ciel nous a faits. Celui qui s'est d'abord<br />

attache fermement aux parties principales de. son<br />

être 2 ne peut pas être entraîne par les petites :] . En agis-<br />

1 «Le cœur (un), par la pissée ou la méditation, forme la science. »<br />

(Glose.)<br />

* « Le cœur ou l'intelligence et la pensée. » (Glose.)<br />

3 « Les organes des sens, ceux de l'ouïe, de îa vue. »<br />

35


410 M1N6-TOEU.<br />

sant ainsi, on est un grand homme [un saint ou un sage * ] ;<br />

et voilà tout.<br />

16. MEMG -TSTO dit : 11 y a une dignité céleste *, comme<br />

il y a des dignités humaines |ou conférées par les<br />

hommesj. L'humanité, l'équité, la droiture, la fidélité<br />

ittî la sincérité, et la satisfaction que l'on éprouve à pratiquer<br />

ces vertus sans jamais se lasser, voilà ce qui const<br />

ïîtn x Ia (lig11ît.é d11 ciel. Les titres de hotmg \çhef % (Vune<br />

priifcipiwi^ ; \, de A ing [premier ministre], et de Ta,-fou<br />

\premier administrateur]* voila quelles sont les dignités<br />

conférées par les lion unes.<br />

Les hommes de l'antiquité cultivaient les dignités qu'ils<br />

tenaient <strong>du</strong> ciel, et les dignités clés hommes les suivaient.<br />

Les hommes de nos jours cultivent les dignités <strong>du</strong> ciel<br />

pour ri te relier les dignités des hommes. Après qu'ils ont<br />

oh tenu les dignités des lion unes, ils rejettent celles <strong>du</strong><br />

ciel. CV.>t là le comble de ht démenée. Aussi à la fin doivent-ils<br />

périr dans l'égarement.<br />

17. M E>'< « -ïS Ki; dit : Le desir 1 esse 3 o u < 1 e 1 a<br />

distinction «'t des honneurs est. un sentiment commun à<br />

tous les lion m les : chaque homme possède la noblesse eu<br />

lui-même * . seulement il ne pense pas à la chercher<br />

eu lui.<br />

Ce que les hommes regardent comme la noblesse, ce<br />

n'est pas la véritable et noble noblesse. Ceux que Tckmhmeng<br />

[premier ministre <strong>du</strong> roi de Tksi) a faits nobles^<br />

Tclêao-meng peut les avilir.<br />

Le Livre dp. Vers 5 dit :<br />

« Glose.<br />

1 « La dignité céleste, dit Tcheu-hi, est celle que donnent la vertu<br />

et l'équité, qui font que l'on est noble et distingué par soi-même. »<br />

8 Koud. Ce mot renferme l'idée d'une noblesse conférée par les<br />

emplois que Ton occupe, ou par les dignités dont elle n'est jamais<br />

séparée.<br />

* « La noblesse possédée en soi-même, ce sont les dignités <strong>du</strong><br />

ciel. » (TCHOU-HI.)<br />

s Ode Ki-tmuï, section Ta-ya.


MBNG-T81U. 411<br />

ce 11 nous a enivrés de vin :<br />

te 11 nous a rassasiés de vertus î »<br />

Cela signifie qu'il nous a rassasiés d'humanité et d'équité.<br />

C'est pourquoi le sage ne désire pas se rassasier de<br />

la saveur delà chair exquis*» ott <strong>du</strong> iiiïlleL Fin* bonne<br />

renommée el de grandes louants deviennent son partage<br />

; c'est, ee qui fait qu'il ne désire pas porter tes vêtements<br />

brodés.<br />

IS. MKMî-TSKI' dit : L'humanité subjugue l'inhumanité,<br />

eomnie l'eau subjugue on dompte le l'en, deux qui de nos<br />

jours exercent l'humanité sont eonune eeiix qui. avec une<br />

coupe pleine d eau, voudraient éteindre le l'eu d'une voiture<br />

chargée de bois, et quL voyant que le l'eu ne s éteint<br />

pas, diraient : « L'eau ne dompte* pas le- l'eu. » C'est de<br />

la même manière |cYst-à-dire aussi faiblement, aussi mollement]<br />

que ceux qui sont humains aident eeux qui sont<br />

arrives au dernier degré de l'inhunianité mi de la perversité<br />

à dompter leurs mauvais penchants.<br />

Aussi finissent-ils nécessairement- par périr dans leur<br />

iniquité.<br />

19. M KN ( ; - TS ET" dît : Les e i n q so r t es de e < '• rt '« a I o s sont les<br />

meilleurs des grains ; mais s'ils ne sont pas arrhes à leur<br />

maturité, ils ne valent pas les plantes Thi et l*aï. L'humanité<br />

iarrivée à sa perfection| réside aussi dans la maturité,<br />

et rien de plus.<br />

20. MK.Vï-TSKI dil : Lorsque Y (l'habile archer) enseignait<br />

aux hommes a tirer de l'are, il se faisait un devoir<br />

d appliquer tonte son attention à tendre Tare. Ses élèves<br />

aussi devaient appliquer toute leur attention à bien tendre<br />

Tare.<br />

Lorsque Ta-ilmmuj l enseignait les hommes (dans un<br />

art|, il se faisait un devoir de se servir de la règle et de<br />

l'equerre. Ses apprentis devaient aussi se servir de la règle<br />

et de Féquenv.<br />

1 C'était un Koung-sse, littéralement, maître è§ arts.


412 MENG-TSEU.<br />

CHAPITRE VI.<br />

COMPOSE DE 16 ARTICLES.<br />

I. Un homme <strong>du</strong> royaume de Jin interrogea Ouo-liutseu<br />

* en ces termes : Est-il d'une plus grande importance<br />

d'observer les rites que de prendre ses aliments ?<br />

11 répondît : Les rites sont d'une plus grande importance.<br />

— Est-il d'une plus grande importance d'observer les<br />

rites que les plaisirs <strong>du</strong> mariage ?<br />

— Les rites sont d'une plus grande importance.<br />

— [Dans certaines circonstances] si vous ne mangez<br />

que selon les rites^ alors vous périssez de faim ; et si vous<br />

ne vous conformez pas aux rites pour prendre de la nour-^<br />

riture^ alors vous pouvez satisfaire votre appétit. Est-il<br />

donc nécessaire de suivre les rites ?<br />

Je suppose îe cas où si un jeune homme allait luimême<br />

au-devant de sa fiancée 2 ? il ne l'obtiendrait pas<br />

pour épouse ; et si, au contraire , il n'allait pas lui-même<br />

au-devant d'elle, il l'obtiendrait pour épouse. Serait-il<br />

obligé d'aller lui-même au-devant de sa fiancée !<br />

Ouo-liu-tseu ne put pas répondre. Le lendemain, il se<br />

rendit dans le royaume de Tlisou, afin de faire part de<br />

ces questions à MENG-TSEU.<br />

MENG-TSEU dit : Quelle difficulté avez-vous donc trouvée<br />

à répondre à ces questions ?<br />

En n'ayant pas égard à sa base, mais seulement à son<br />

sommet, vous pouvez rendre plus élevé un morceau de<br />

bois d'un pouce carré que le faîte de votre maison.<br />

« L'or est p!u6 pesant que la plume. » Pourra-t-on<br />

1 Disciple de MENG-TSEU.<br />

* C'est une des-six observances ou cérémonies do mariage d'aller<br />

soi-même au-devant de sa fiancée pour l'intro<strong>du</strong>ire dans sa demeure.


MENG-TSEU. 413<br />

dire cependant qu'un bouton d'or pèse plus qu'une voiture<br />

de plumes ?<br />

Si en prenant ce qu'il y a de plus important dans le<br />

boire et le manger, et ce qu'il y a de moins important<br />

dans les rîtes, on les compare ensemble, trouverai-on<br />

que le boire et le manger ne sont seulement que d'une<br />

plus grande importance? Si, en prenant ce qu'il y a de<br />

plus important dans les plaisirs <strong>du</strong> mariage, et ce qu'il y<br />

u do moins important dans tes rif.es. on les compare ensemble,<br />

trouvera-t-on que les plaisirs <strong>du</strong> mariage ne sont,<br />

seulement que d % nne plus grande importance?<br />

Allez, et répondez a celui qui vous a interrogé par ces<br />

paroles : Si, en rompant un hras à voire frère aîné, vous<br />

lui prenez des aliments, a!ors vous aurez de quoi vous<br />

nourrir; mais si» en ne le lui rompant pas, vous ne pouvez<br />

obtenir de lui ih i s aliments, le lui romprez-vous?<br />

Si en pénétrant a tnners le mur dans la partie orientale<br />

l d'une maison voisine, vous en enlevez la jeune tille,<br />

alors vous obtiendrez une épouse: si vous ne l'enlevez<br />

pas, vous n'obtiendrez pas d'épouse ; alors l'enlèverezvous<br />

?<br />

2. Kim) [frère cadet <strong>du</strong> roi j de ïlmio fît une question<br />

en ces fermes ; Tous les bon mies, dil-on, peu vent être<br />

des ) no et des ('/nu* : cela est-il vrai ?<br />

MfcMi-Tsia dit : Il en est ainsi.<br />

Kiou dit : Moi A'iao. j*ai enten<strong>du</strong> dire que 11 en-ivany<br />

avait, dix pieds de haut, et lit an g nenf 2 ; maintenant,<br />

moi /WVïO, j'ai une taille de neuf pieds quatre pouces, je<br />

mange <strong>du</strong> millet, et rien de plus ije n'ai pas d'antres talents<br />

que cela]. Comment dois-je. faire pour pouvoir être,<br />

jnn Y no ou un (:iftni\ k t<br />

MENC-TSï-X dit : Pensez-vous que cela consiste dans la<br />

faille? Il faut faire ce qu'ils ont, lait, et rien de pins»<br />

1 Partie occupée par les femmes.<br />

f Ces deux rois soot placés par les Chinois immédiatemenl après<br />

Yao et Chun.<br />

35.


414 MENG-T81U.<br />

Je suppose un homme en ce lieu. Si ses forces ne peuvent<br />

pas lutter contre celles <strong>du</strong> petit d'un canard, alors<br />

c'est un homme sans forces. Mais s'il dit : Je puis soulever<br />

un poids de cent À"'!**! [ou trois cents livres chinoises;,<br />

c'est un liitiiïi*. 4 fort. S'il rit est ainsi, alors il<br />

soulevé le poids que soulevait le fameux ()U-IH\P: ces!<br />

aussi par conséquent un autre On-/tof\ et rien de plus.<br />

Pourquoi cet lion une s'af'il itérait -il de ne pas surpasser<br />

! ! eo ti (Ittfo) en forces corporelles? c'est seulement de ne<br />

pas areoiuplir leurs liants faits et pratiquer leurs vertus<br />

qu'il de\rait s'at'iliijer.<br />

Celui qui. marchant lentement, suit ceux qui sont p'ns<br />

a\aueés en àp\ est appelé plein de déférence; celui qui,<br />

marchant rapidement, de variée ceux qui sont plus avance<br />

eu àue. est appelé sans de 1ère née. Tue démarche lente<br />

Ipour témoigner sa déférencej dépasse f-elle le pouvoir<br />

de l'homme? Ce n'est pas ce qu'il ne peut pas? mais ce<br />

qu'il ne fait pas. La principale rè^le di 1 con<strong>du</strong>ite de î oo<br />

et de (;lo;


M1NG-T8EU. 415<br />

3. Eêwig-Min-teheou fit une question en ces termes :<br />

Kao-tseu disait : « L'ode Siao-pan * est une pièce de<br />

ci vers d'un homme bien médiocre. »<br />

MING-TSEU dit : Pourquoi Kao-isens'exprime-t-il ainsi?<br />

— Farci» que celui quî parle dattNCut.fi 1 ode éprouve un<br />

sentiment d'indignation contre son père.<br />

MKN


416 MIMG-TSEU.<br />

filiale était grande ! A l'âge de cioquante ans, il chérissait<br />

encore vivement ses parents.<br />

4. Sôung-kkeng l voulant se rendre dans le royaume de<br />

Tfuou, MENG-TSEU alla au-dëvant de lui dans la région<br />

Che-khieou.<br />

HENG-TSEU lui dit : Maître, où allez-vous ?<br />

Soung-kheng répondit : J'ai enten<strong>du</strong> dire que les<br />

royaumes de Tàsin et de Tksou allaient se battre. Je veux<br />

voir le roi de Thwu, et lui .parler pour le détourner de la<br />

guerre. Si le roi de Tàsou n'^est point satisfait de mes observations,<br />

j'irai voir le roi.deTAtm, et je l'exhorterai à<br />

ne pas faire la guerre. De ces deux rois* j'espère qu'il'y<br />

en aura un auquel mes exhortations seront agréables.<br />

MENG-TSEU dit : Moi KHO, j'ai une grâce à vous demander;<br />

je ne désire pas connaître dans tous ses détails<br />

le discours que vous ferez, mais seulement le sommaire.<br />

Que lui direz-vous?<br />

Soung-kkeng dit : Je lui dirai que la guerre qu'il veut<br />

faire n'est pas profitable.<br />

MENG-TSEU dit : Votre intention, maître, est une grande<br />

intention ; mais le motif n'en est pas admissible.<br />

Maître, si vous parlez gain et profit aux rois de Th*in<br />

et de Thsou, et que les rois de Tksin et de Th*ou9 prenant<br />

plaisir à ces profits, retiennent la multitude de leurs trois<br />

armées, les soldats de ces trois armées se réjouiront d'être<br />

retenus loin des champs de bataille, et se complairont<br />

dans le gain et le profit.<br />

Si celui qui est serviteur ou ministre sertson prince<br />

pour l'amour <strong>du</strong> gain ; si celui qui est fils sert son père<br />

pour l'amour <strong>du</strong> gain ; si celui qui est frère cadet sert<br />

son frère aîné pour l'amour <strong>du</strong> gain : alors le prince et<br />

ses ministres, le père et le fils, le frère aine et le frère<br />

cadet, dépouillés enfin de tout sentiment d'humanité et<br />

d'équité, n'auront des égards l'un pour l'autre que pour<br />

1 « Docteur qui, pendant que les royaumes étaient en guerre, les<br />

parcourait pour répandre sa doctrine. » {Glose.;


MENG-TWX. 417<br />

le seul amour <strong>du</strong> gain. Agir ainsi, et ne pas tomber dans<br />

les plus grandes calamités, c'est ce qui ne s'est jamais vu.<br />

Maître, si vous parlez d'humanité et d'équité aux rois<br />

de Thsin et de Thsouf et que les rois de Thsin et de Th&ou,<br />

prenant plaisir a l'humanité et à l'équité, retiennent la<br />

multitude de leurs armer.-*, les soldats de ers trois années<br />

se réjouiront d'être retenus loin des ehamps de bataille,<br />

et se eum plairont dans I Iniuianite et I équité.<br />

Si eelui qui eM ser\ fleur t>ïï ministre sert ^ti priuee<br />

pour l'amour de l'humanité et de l'equite: si eelui qui est<br />

lîls sert son père pour l'amour de l'humanité et de l'équité :<br />

si eelui qui est lî|> radef sert son frère aine pour l'amour<br />

de 1 humanité et de l'équité : alors le priuee et ses ministres,<br />

le père e! le fils, le frère aine ef |e frère eadet,<br />

ayant repousse d eu\ l'appât dît uam. n'auront des égards<br />

l'un j')onr l'autre que pour le seul amour «le l'humanité<br />

et de l'équité. A^ir ainsi, et ne pas remuer eu souverain<br />

sur tout l'empire, e est ee qui ne s'est jamais vit.<br />

OuVst-il besoin de parler ^.ain et profil ?<br />

o. Pendant que Mon Tsrir habitai! dans le royaume<br />

de Tltstvu, hi'jiit |lïeree;ider <strong>du</strong> roi de .///H, (pu était.<br />

reste a la plaça* de son frère pour garder le royaume de<br />

.////, lui fit oftrir des pieees d étoiles de suie isaïis j(> visiter<br />

lui-mèmH. Mfcx.-isia h*s aeeepta sans faire de remerrlments.<br />

I fi jour qu'il se trouvait dans la ville de t'i<strong>du</strong>tj-ln (<strong>du</strong><br />

roxamue. de ///s/1, Trlum-tseit, qui était ministre, lut lit<br />

offrir «les pièees d étoffes de soie. Il le> aeeepta sans taire<br />

de retuerrîtneufs.<br />

I n autre jour, étant passé <strong>du</strong> rovaume de Thww dans<br />

eelui de Jîn, il alla rendre visite a ï\i-t$ru ipoiir le réméré<br />

fer de ses présentsI. Etant passe de la ville de<br />

l'hiuy-h) dans la ea pi taie «lu royaume de /)W, il n'alla,<br />

pas rendre visite a ï'rhou-fn'a.<br />

(Jmt-liii-tsc.u^ se réjouissant en lui-même, dit : Moi Umi,<br />

\ ai reiironfre l'oeeasiou que je rherehais.<br />

II lit une question «ai ees termes : Maître, étant passe


418 MENG-TSEU.<br />

dans le royaume de Jin, vous avez visité Ki-tseu; étant<br />

passé dans le royaume de Thsi% vous n'avez pas visité<br />

1 \:ltvm-lmi; esf-ee pur ee cftrll était ministr e !<br />

MKMJ-TSKI' dit. : Aucunement. Le Chon-kmg * dit :<br />

« Lorsqu'on fait des présents à un supérieur, on doit em-<br />

« ployer la pins grande urbanité, la plus guindé politesse<br />

u possible. Si celte poli fesse n'est pas équivalente aux<br />


MENG-TOEU. 419<br />

qui ne refusait pas un petit emploi, c'est Liêôu-kia-kûet,<br />

Ces trois'hommes, quoique avec une règle de con<strong>du</strong>ite<br />

différente, n'eurent qu'un seul but. Ce seul but, quel<br />

était-il? c'est celui qu'on appelle l'humanité 1 . L'homme<br />

supérieur ou le su^e est humain; e( voilà tout. QuVt-ii<br />

besoin de ressembler uu\ attires sui:es?<br />

(luifi-ifu-koupii dit : llu temps de Mo, Lioumj de Lou.<br />

pendant que Kouny-i-twu avait en nia in toute l'administration<br />

de l'empire, que Tseu-tieou et Tseu~me étaient<br />

ministres, le royaume de LA ni perdit beaucoup plus de<br />

son territoire qu'auparavant. Si ces faits sont véritables.<br />

les sa^es ne sont doue d'à tien ni: 1 utilité h un royaume?<br />

MKNU-TSEI' dit : Le roi de ) //, n'ayant pas employé (le<br />

sagi : j Ve-l i-li i, pe r< I i t. so n ro y a u 11 le. Mou, h 'ou // g de 7 lism,<br />

l'ayant employé, devint cl tel' des princes vassaux. 811<br />

n "avait pas employé des sa^es dans ses conseils, alors il<br />

aurait per<strong>du</strong> son royaume. Comment la présence des<br />

Sii^es dans les conseils des princes pourrait-elle occasionner<br />

une diminution de territoire?<br />

fJh u n -y u - ko ne a d i i : Lorsque a 11 i re ! b î s II "n wj-pao habitait<br />

près <strong>du</strong> fleuve A"/, les habitants de la partie occidentale<br />

<strong>du</strong> fleuve Jaune fie vinrent habiles dans Tari de<br />

chanter sur des notes basses. Lorsque Mimi-kin habitait<br />

d ans le Kno-tang ? les habitants i le I a pa r ! i e t i roi te t l u<br />

royaume de 77/$*' devinrent habiles dans Tari de chanter<br />

sur des notes élevées. Les épouses de Hoa-tchj'ou et de<br />

Ki-lian(j*y qui étaient habiles à déplorer la mort île leurs<br />

maris sur un ton lugubre, changèrent les m murs des<br />

i IOI n mes <strong>du</strong> ro y an rue. Si quelqu'un possède en lui-même<br />

un senti nient profond» il se pro<strong>du</strong>ira nécessairement, à<br />

l'ex ter ieur « Je n'ai jamais vu, moi Kc/um, un Itou ni te 1 pratiquer<br />

les sentiments de vertu qu'il possède intérieure-<br />

1 •- Par lomot/éi jmmatuJv:* dît Te hou-h i. il iiiiliqii*"* uii état <strong>du</strong><br />

••«fur sans passions MU niîSrtHs privés, et. i-'JiiifHVtiant en .soi la raison<br />

."SfeMr. •<br />

1 « Deux hommes qui, étant ministres <strong>du</strong> roi de Thri, avaient été<br />

tués dans un combat par Kiu. » (Glose.)


420 MENG-T8EU.<br />

ment; sans que ses mérites soient reconnus. C'est pourquoi,<br />

lorsqu'ils ne sont pas reconnus, c'est qu'il n'y a pas<br />

de sage *. SU en existait, moi Kùum% je les connaîtrais<br />

certainement.<br />

MENG-TSEU dit : Lorsque IBOUNG-TSEO était ministre<br />

de injustice dans le royaume de IJM, le |iriiice ne tenait<br />

aucun compte de ses conseils. I n sacrifice eut bientôt - lieu<br />

|dans le temple dédie aux ancêtres|. Le reste des viandes<br />

o Ile îles ne lui ayant pas été envoyé | comme l'usage le<br />

voulait], il résigna ses fonctions, et partit sans avoir même<br />

pris le temps dViter son bonnet de cérémonies. Ceux qui<br />

ne connaissaient pas le motif de sa démission pensèrent<br />

qu'il lavait donnée à eatise de ce qu'on ne lui avait pas<br />

envoyé les restes <strong>du</strong> sac ri liée; ceux qui crurent le connaître<br />

pensèrent (pie c'était, à cause de Fi ni politesse au<br />

prince, tjnaiit à KiiorNG-TSEC, il voulait se retirer sous le<br />

prétexte d'une faute imperceptible de la part <strong>du</strong> prince;<br />

il ne voulait pas que l'on crut qu'il s'était retiré sans<br />

cause. Quand le sage fait quelque chose, les hommes de<br />

la foule, les hommes vulgaires .tfen comprennent certainement<br />

pas les motifs-.<br />

7» MKN


MENG-TSIU. 421<br />

rhommage que les différents princes régnants venaient<br />

rendre au fils <strong>du</strong> Ciel- s'appelait visite de homptes-ren<strong>du</strong>s<br />

'[ehou^tchi].<br />

Au printemps, l'empereur visitai! les laboureurs, et îl<br />

assistait ceux qui n'avaient pa* le suffisant. Kii automne,<br />

il visitait ceux qui recollaient les fruits de la terre. H il<br />

aidait ceux qui lùivatm! pas de quoi se suffire.<br />

Si» lorsqu'il entrait dans les contins <strong>du</strong> territoire des<br />

prinees remuants qu'il visitait» il trouvait la terre dépouillée<br />

de broussailles ; si leschamps, si les eatapantes étaient<br />

bien cultives; si les vieillards étaient entretenus sur les<br />

revenus publies, et les sages honorés; si les hommes les<br />

plus distingues par leurs talents occupaient les emplois<br />

publies: alors il donnait des récompenses aux prinees, et<br />

ees réeompenscs consistaient en un aeeroisseiuent de territoire.<br />

Mais si au contraire, en entrant sur le territoire ûv$ .<br />

princes régnants qu'il visitait. îl trouvait la ferre inculte<br />

ut rouverte de broussailles; si ces prinees négligeaient les<br />

vieillards, dédaignaient les sages: si des exaeteurs et des<br />

bouillies sans probité occupaient les emplois publies:<br />

alors il chàliait ces princes.<br />

Si ces prinees manquaient une seule Ibis, de rendre<br />

leur visite d7/o//////'//// et de comptes rat f ht s a l'empereur.<br />

alors relui-ei les faillit descendre d'un degré de leur dignité.<br />

S'ils manquaient deux Ibis de rendre leur visite<br />

d'hommage a l'empereur, alors eelui-ei diminuait leur<br />

territoire. S sis manquaient trois fois de taire leur visite<br />

dTioint liage a l'empereur, alors six corps de troupes de<br />

l'empereur allaient les changer.<br />

(l'est pourquoi le fils <strong>du</strong> (liel punit ou ehàtie les ditléreiits<br />

princes régnants sans les combat Ire par les armes :<br />

les différents prinees régnants combattent par les armes,<br />

sans avoir par eux-mêmes l'autorité de punir ou de chà!ici*<br />

un n» lie lie, Les cinq prinees clic t s de grands vassaux, se<br />

liguèrent avec un certain nombre de princes régnants<br />

pour combattre les autres princes régnants, (lest pour-<br />

36


422 MBNG-T8EU.<br />

quoi je disais que les cinq chefs des grands vassaux furent<br />

coupable^ envers les trois -souverains.<br />

De ces chefs de grands vassaux c'est. Bouan-koung qui<br />

fut le pîus puissant. A*yant convoqué à Koueî-khieou les<br />

ditlérenfs princes régnants î pour former une alliance<br />

entre euxkîl attacha la victime au lieu <strong>du</strong> sacrifice, plaça<br />

sur elle le livre jqut contenait le.s différents statuts <strong>du</strong><br />

pacte; fédéral!, sans tout (î fois passer sur les lèvres des fédères<br />

<strong>du</strong> sang de la victime.<br />

La première obligation était ainsi conçue : « Faites<br />

a mourir les enfants qui manqueront de piété filiale ;<br />

« n'otez pas l'hérédité au fils légitime pour la donner à un<br />

« antre; ne faîtes pas une épouse de votre concubine. »<br />

La seconde obligation était ainsi conçue : « Honorez<br />

« les sages jeu les élevant aux emplois et aux dignités];<br />

« donnez îles traitements aux hommes de talent et de<br />

« génie ; pro<strong>du</strong>isez au grand jour les hommes vertueux. »<br />

La troisième obligation était ainsi conçue : «Respectez<br />

« les vieillards ; chérissez les petits enfants; n oubliez pas<br />

«• de donner l'hospitalité aux botes et aux voyageurs. »<br />

La quatrième obligation était ainsi conçue : « Que les<br />


MENG-TSEU. 423<br />

ce vous, emportez chacun chez vous des sentiments de '<br />

« concorde et de honne harmonie. »<br />

Les différents priuees d aujourd'hui transgressent tons<br />

ces cinq obligations. Lest, pourquoi j'ai dit que lesdifférents<br />

princes de IJOS jours i ; faient coupables envers les<br />

cinq chefs des grands vassaux.<br />

Augmenter les vices des princes (par ^vs mlttlafions ou<br />

ses flatteriesj est uni' faute légère ; aller au-devant des<br />

vices des princes jeu tes encourageant par ses conseils ou<br />

ses exemples| est une laille grave. Ile nos jouis. les premiers<br />

administrateurs vont lotis au-devant des vices de<br />

leur prince; c'est pourquoi j'ai dit que les premiers administrateurs<br />


4Î4 MBNG-T8BIJ.<br />

quoiqu'il ne consistât qu'en cent li d'éten<strong>du</strong>e sur chaque<br />

côté.<br />

Thaï-koung reçut une principauté dans le royaume de<br />

Thsi, qui ne consistait aussi qu'en cent ii d'éten<strong>du</strong>e sur<br />

chaque côté. Ce territoire était bien loin de ne pas lui<br />

suffire, quoiqu'il ne consistât qu'en cent il d'éten<strong>du</strong>e sur<br />

chaque côté.<br />

Maintenant le royaume de Lou a cinq fois cent li d'éten<strong>du</strong>e<br />

sur chaque côté. Pensez-vous que si un nouveau<br />

souverain apparaissait au milieu de nous* il diminuerait<br />

reten<strong>du</strong>e <strong>du</strong> royaume de Lou ou qu'il l'augmenterait ?<br />

Quand même on pourrait prendre [la ville de Nanyang]<br />

sans coup férir, et l'adjoindre au royaume de Zon,<br />

un homme humain ne le ferait pas; à plus forte raison<br />

ne le ferait-il pas s'il fallait la prendre en tuant des<br />

hommes.<br />

L'homme supérieur qui sert son prince [comme il doit<br />

le servir] doit exhorter son prince à se conformer à la<br />

droite raison, à appliquer sa pensée à la pratique de l'humanité^<br />

et rien de plus. •<br />

9. MING-TSEU dit : Ceux* qui aujourd'hui servent les<br />

princes [leurs ministres] disent : « Nous pouvons, pour<br />

ce notre prince, épuiser' la fécondité de la terre, et rem-<br />

« plir les greniers publics. » Ce sont ceux-là que Ton appelle<br />

aujourd'hui de bons ministres, et qu'autrefois on appelait<br />

des spoliateurs <strong>du</strong> peuple.<br />

Si les ministres cherchent à enrichir le prince qui n'aspire<br />

pas à suivre la droite raison, ni à appliquer sa pensée<br />

à la pratique de l'humanité, c'est chercher à enrichir le<br />

tyran Kie.<br />

Ceux qui disent : « Nous pouvons pour notre prince<br />

ce faire des traités avec des royaumes ; si nous engageons<br />

ce une guerre, nous avons l'assurance de vaincre : » ce<br />

sont ceux-làque l'on nomme aujourd'hui de bons ministres,<br />

et qu'autrefois on appelait des spoliateurs des peuples.<br />

Si les ministres cherchent à livrer des batailles pour le<br />

prince qui n'aspire pas à suivre la droite raison, ni à ap-


MENG-TSEU. 425'<br />

pliqoer sa pensée à la pratique de rhiiroanité, c'est adjoindre<br />

des forces au tyran Kie.<br />

. S, . r *' M r mee s »^t la rèjde (j(, ron<strong>du</strong>in» dos ministres<br />

d aujourd'hui, et qu'il ne change pas les usages actuels,<br />

quand même vous lui donneriez IVinphv, îIVK» pourrait<br />

pas seulement fe conserver un matin.<br />

l0 - 1^-kotm dit : loi jodesiivrais, sur vingt, ne prélever<br />

qu'un. Qu'en pensez-von s?<br />

MEM;-rsi-r dit: Voire jv-Je pour la I^v«V de l'impôt<br />

est la règle dis barbares des régions septentrionales.<br />

Dans un royaume de dix mille maisons, si un seul<br />

homme exerce fart d«*la poterie, pourra-t-il suffire à fous<br />

les besoins ?<br />

l'c-kow-ï i\\\ : Une If pourra pas, Los vases qu'il fabriquera<br />

ne pourront suffire a 1 usage <strong>du</strong> foutes les<br />

i liaisons.<br />

WEM;-TSEi^


426 MENG-TSEU.<br />

poterie, le royaume ne pourra pas ainsi subsister ; à plus<br />

forte raison, s'il manquait d'hommes distingués par leur<br />

sagesse et leurs lumières [pour occuper les emplois publics].<br />

Si nous voulions rendre l'impôt plus léger qu'il ne l'est<br />

d'après le principe de Yao et de Chun '[qui exigeaient<br />

le dixième <strong>du</strong> pro<strong>du</strong>it]* il y aurait de grands barbares<br />

septentrionaux et de petits barbares septentrionaux, tels<br />

que nous.<br />

Si nous voulions rendre l'impôt plus lourd qu'il ne l'est<br />

d'après le principe de Yao et de Chun, il y aurait un grand<br />

tyran <strong>du</strong> peuple nommé Kie, et de petits tyrans <strong>du</strong> peuple,<br />

nouveaux Kie> tels que nous.<br />

11. Pe-kouet dit : Moi 7a», je surpasse Yu dans l'art .<br />

de maîtriser et de gouverner les eaux.<br />

MENG-TSEU dit : Vous êtes dans l'erreur. L'habileté de<br />

Yu dans Fart de maîtriser et de diriger les eaux consistait<br />

à les faire suivre leur cours naturel et rentrer dans<br />

leur lit. ,<br />

C'est pour cette raison que Yu fit des quatre mers le<br />

réceptacle des grandes eaux ; maintenant, mon fils, ce sont<br />

les royaumes voisins que vous aviez faits le réceptacle des<br />

eaux *. .<br />

Les eaux qui coulent en sens contraire, ou hors de leur<br />

lit sont appelées eaux débordées ; les eaux débordées sont<br />

les grandes eaux} ou les eaux de la grande inondation <strong>du</strong><br />

temps de l'empereur Fao. C'est une de ces calamités que<br />

l'homme humain abhorre. Mon fils, vous êtes dans l'erreur.<br />

42. MENG-TSEU dit : Si l'homme supérieur n'a pas<br />

une confiance ferme dans sa raison, comment, après avoir<br />

embrassé la vertu, pourrait-il la conserver inébranlable ?<br />

13. Comment le prince de Lou désirait que £o-tchingtseu<br />

(disciple de MENG-TSEU) prît en main toute l'administration<br />

<strong>du</strong> royaume, MENG-TSEU dit : Moi, depuis<br />

s C'est-à-dire qu'il n'a fait que déverser îes eaux dans les royaumes<br />

voisins.


MENti-TSIU. 427<br />

que j'ai appris cette nouvelle* je n'en dors pas de joie.<br />

Koungsun-tcheou dit : Lo4ching-tseu a-t-il de l'énergie ?<br />

MENG-TSEU dit : Aucunement.<br />

— A-t-il de la prudence et un esprit apte à combiner<br />

de grands desseins î<br />

— Aucunement.<br />

A-t-il beaucoup étudié* et ses connaissances sont-elles<br />

éten<strong>du</strong>es ?<br />

— Aucunement.<br />

— S'il en est ainsi* pourquoi ne dormez-vous pas de<br />

joie ?<br />

— Parce que c'est un homme qui Aime le Men.<br />

— Aimer le bien suffit-il ?<br />

— Aimer le bien* c'est plus qu'il ne faut pour gouverner<br />

l'empire-; à plus forte raison pour gouverner le<br />

royaume de Lou!<br />

Si celui qui est préposé à l'administration d'un État<br />

aime le bien* alors les hommes de bien qui habitent entre<br />

les quatre mers regarderont comme une tâche légère de<br />

parcourir mille li pour venir lui conseiller le bien.<br />

Mais s'il n'aime pas le bien* alors les hommes se prendront<br />

à dire : « C'est un homme suffisant qui répète [à<br />

(f chaque avis qu'on lui donne] : Je sais déjà cela depuis<br />

ce longtemps. » Ce ton et cet air suffisant repoussent les<br />

bons conseillers au delà de mille li. Si les lettrés [ou les<br />

hommes-de bien en général 1 ] se retirent au delà de mille<br />

li, alors les calomniateurs* les a<strong>du</strong>lateurs* les flatteurs %<br />

[les courltsans de toutes sortes] arrivent en foule. Si* se<br />

trouvant continuellement avec des flatteurs* des a<strong>du</strong>lateurs<br />

et des calomniateurs* il veut bien gouverner* comment le<br />

pourra-t-H'?<br />

14. Tchin-tseu dit : Comment les hommes supérieurs<br />

de l'antiquité acceptaient-ils et géraient-ils un ministère ?<br />

MENG-TSEU dit : Trois conditions étaient exigées pour<br />

« Glose.<br />

1 Littcralemunl, ceux dont le visage donne toujours un assentiment*


428 MENG-T8EU.<br />

accepter un ministère* et trois pour s'en démettre.<br />

D'abord : Si le prince en recevant ces hommes supérieurs<br />

leur avait témoigné des sentiments de respect, s'il<br />

avait <strong>mont</strong>ré de l'urbanité ; si* après avoir enten<strong>du</strong> leurs<br />

maximes* il se disposait à les mettre aussitôt en pratique*<br />

alors ils se rendaient près de lui. Si* par la suite* sans<br />

manquer d'urbanité* le prince ne mettait pas leurs<br />

maximes en pratique* alors ils se retiraient<br />

Secondement : Quoique le prince n'eût pas encore mis<br />

leurs maximes en pratique ,si en les recevant il leur avait<br />

témoigné <strong>du</strong> respect et <strong>mont</strong>ré de l'urbanité* alors ils se<br />

rendaient près de lui. Si ensuite l'urbanité venait à manquer*<br />

ils se retiraient.<br />

Troisièmement : Si le matin le prince laissait ses ministres<br />

sans manger* s'il les laisssait également le soir sans<br />

manger ; que* exténués de besoins* ils ne pussent sortir<br />

de ses États* et que le prince* en apprenant leur position*<br />

;dise r ce Je ne puis mettre en pratique leurs doctrines*<br />

ce qui sont pour eux la chose la plus importante ; je ne<br />

ce puis également suivre leurs avis-; mais cependant* faire<br />

« en sorte qu'ils meurent sur mon territoire* c'est ce<br />

ce dont je ne puis m'empêcher de rougir; » si* dis-je<br />

dans ces circonstances ils vient à leur secours [en leur<br />

donnant des aliments]* ils peuvent en accepter pour s'empêcher<br />

de mourir* mais rien de plus.<br />

15. MENG-TSEU dit : Chun se pro<strong>du</strong>isit avec éclat dans<br />

l'empire* <strong>du</strong> milieu des champs; Fou-youé fut élevé au-rang<br />

de ministre* de maçon f qu'il était; Kiao-'he 2 fut élevé [au<br />

rang de conseiller de Wen-wang], <strong>du</strong> milieu des poissons<br />

et <strong>du</strong> sel qu'il vendait; Kouan-i-ou fut élevé au rang de<br />

ministre* de celui de geôlier des prisons ; Sun-cko-ngao<br />

fut élevé à une haute dignité* <strong>du</strong> rivage de la mer [où il<br />

vivait ignoré] ; Pe4i-M fut élevé ûu rang de conseiller<br />

d'Etat* <strong>du</strong> sein d'une échoppe.<br />

1 Sous Se règne de Woit-tiny. de la dynastie des Chang.<br />

2 Sous Wen-wany.


MBNtJ-TSEC. 429<br />

C'est ainsi que> lorsque le ciel veut conférer une grande<br />

magistrature [ou une grande mission] à ces hommes d'élite,<br />

il commence toujours par éprouver leur âme et leur<br />

intelligence dans l'amertume de jours difficiles; il fatigue<br />

jours iiii'ls H leurs os par des tra\au\ |n ; ttîbii*s; il torture<br />

dans 1rs fouritienisde la faim leur chair et leur peau;<br />

il ré<strong>du</strong>it Iiiir personne a fontes les privations de la misère<br />

et <strong>du</strong> besoin; il ordonne


130 MENG-T8EU.<br />

CHAPITRE VIL<br />

COMPOSÉ DE 46 ARTICLES.<br />

L MK>«-TSEI- dit : Celui qui développe toutes les fani<br />

!'* s c'est la source d'où Sa raison<br />

procède. »<br />

u,dOTI


MENG-T8EU. 431<br />

chercher sert à trouver ou obtenir, si nous cherchons les<br />

choses qui sont en nous *.<br />

Il y a une règle, un principe sûr pour faire ses recherches;<br />

il y a une loi fatale dans l'acquisition de ce<br />

que Ton cherche. C'est ainsi que chercher ne sert pas à<br />

obtenir, si nous cherchons des choses qui sont hors de<br />

nous *.<br />

4. MING-TSEU dit : Toutes les actions de la vie ont en<br />

nous 3 leur principe ou leur raison d'être. Si, après avoir<br />

fait un'retour sur soi-même, on les trouve parfaitement<br />

vraies, parfaitement conformes à notre nature, il n'y a<br />

point de satisfaction plus grande.<br />

Si on fait tous ses efforts pour agir envers les autres<br />

comme on voudrait les voir agir envers nous, rien ne fait<br />

plus approcher de l'humanité, lorsqu'on la cherche, que<br />

cette con<strong>du</strong>ite.<br />

5. MENG-TSHJ dit : Oh ! qu'ils sont nombreux ceux qui<br />

agissent sans avoir l'intelligence de leurs actions;.qui<br />

étudient sans comprendre ce qu'ils étudient ; qui, jusqu'à<br />

la fin de leurs jours, marchent sans connaître la droite<br />

voie !<br />

6. MENG-TSM? dit : L'homme ne peut pas ne point<br />

rougir de ser&utes. Si une fois il a honte de ne pas avoir<br />

eu rhonte de se&;fautes, il n'aura plus de motifs de honte.<br />

7. MENG-TSéU dit : La pudeur ou la honte est d'une<br />

trè&-grande importance dans l'homme.<br />

Ceux qui exercent les arts de ruses et de fourberies<br />

n'éprouvent plus le sentiment de la honte. Ceux qui<br />

n'éprouvent plus le sentiment de la honte ne sont plus<br />

semblables aux autres hommes. En quoi leur ressembleraient-ils?<br />

8. MENG-TSEU dit : Les sages rois de l'antiquité ai-<br />

1 « Comme l'humanité, l'équité, etc. » {Glose.)<br />

2 « Comme les richesses, les honneurs, le gain, l'avancemer.t. »<br />

(Glose.)<br />

3 C'est-à-dire dans notrj nature. » (Gl ose.)


432 MENG-TSEt-.<br />

maient la vertu et oubliaient leur autorité. Les sages<br />

lettrés de l'antiquité auraient-ils agi seuls d'une manière<br />

contraire? Ils se plaisaient à suivre leur droite voie^ et<br />

ils oubliaient l'autorité des hommes *. C'est pourquoi, si<br />

les rois et les Koung ou grands vassaux ne leur témoignaient<br />

pas des sentiments de respect, s'ils n'observaient<br />

pas envers eux toutes les règles de la politesse et de l'urbanité,<br />

alors souvent ces princes n'obtenaient pas la<br />

faculté de Ici voir. Par conséquent, si souvent ils n'obtenaient<br />

pas la faculté de les voir, à plus forte raison n'auraient-ils<br />

pas obtenu d'en faire leurs agents ou leurs<br />

sujets.<br />

9. MENG-TSEU, s'adressant à Soung-kêou~i§i&ny dit :<br />

Aimez-vous à voyager pour enseigner vos doctrines? moi<br />

je vous enseignerai à voyager ainsi.<br />

Si les hommes [les princes] auxquels vous enseignez vos<br />

doctrines en prennent connaissance et les pratiquent,<br />

conservez un visage tranquille et serein; s'ils ne veulent<br />

ni les connaître ni les pratiquer, conservez également un<br />

visage tranquille et serein ?<br />

Soung-keou-êsian dit : Comment faire pour conserver<br />

toujours ainsi un visage tranquille et serein. â<br />

MENG-TSEU dit : Si vous avez à vous honorer de votre<br />

-vertu, si vous avez à vous réjouir de votre équité, alors<br />

vous pourrez conserver un visage tranquille et serein.<br />

C'est pourquoi si le lettré [ou l'homme distingué par<br />

sa sagesse et ses lumières] se trouve accablé par la<br />

misère, il ne perd jamais" de vue l'équité; et s'il est<br />

promu aux honneurs, _ il ne s'écarte jamais de la voie<br />

droite.<br />

« S'il se trouve accablé parla misère, il ne perd jamais<br />

« de vue l'équité; » c'est pourquoi l'homme distingué<br />

par sa sagesse et ses lumières possède toujours l'empire<br />

qu'il doit avoir sur lui-même. « S'il est promu aux hon-<br />

» « Ils oubliaient la dignité et le rang des rois donl ils faisaient<br />

peu de cas. » (Glose.)


MENG-TSEU. 433<br />

neurs, il ne s'éearte jamais de'sa voie droite ; » c est pourquoi<br />

le peuple ne perd pas les espérances de bien-être<br />

qu'il avait conçues de son élévation.<br />

Si les hommes de l'antiquité f obtenaient la Téalisation<br />

de leurs desseins, ils faisaient participer le peuple<br />

aux bienfaits de la vertu et de l'équité. S'ils n'obtenaient<br />

pas la réalisation de leurs desseins, ils s'efforçaient d'améliorer<br />

leur propre personne, et de se rendre illustres<br />

dans leur siècle par leurs vertus. S'ils étaient dans la<br />

pauvreté, alors ils ne s'occupaient qu'à améliorer leur<br />

personne par la pratique-de la vertu. S'ils étaient promus<br />

aux honneurs ou aux emplois, alors ils ne s'occupaient<br />

qu'à faire régner la vertu et la félicité dans tout<br />

l'empire. *<br />

10. MENG-TSEU dit : Ceux qui attendent l'apparition<br />

d'un roi comme Wen-wang pour secouer la torpeur de<br />

leur âme et se pro<strong>du</strong>ire dans la pratique <strong>du</strong> bien, ceux-là<br />

sont des hommes vulgaires. Les hommes distingués par<br />

leur sagesse et leurs lumières -n'attendent pas l'apparition<br />

d'un Wen-wang pour se pro<strong>du</strong>ire.<br />

44. MENG-TSEU dit : Si vous donnez à un homme toutes<br />

les richesses et la puissance des familles de Han et de<br />

Weï, et qu'il se considère toujours avec la même humilité<br />

qu'auparavant, alors cet homme dépasse de beaucoup les<br />

autres hommes.<br />

42. -MENG-TSEU dit : Si un prince ordonne au peuple<br />

des travaux dans le but de lui procurer un bien-être à<br />

lui-même, quand même ces travaux seraient très-pénibles,<br />

il ne murmurera pas. Si, dans le but de conserver<br />

la vie aux autres, il fait périr quelques hommes <strong>du</strong> peuple,<br />

quand même celui-ci verrait mourir quelques-uns<br />

des siens, il ne s'irritera pas contre celui qui aura ordonné<br />

leur mort.<br />

43. MENG-TSEU dit : Les peuples ou les sujets des<br />

1 « Par les hommes de l'antiquité, il indique les lettrés <strong>du</strong> temps<br />

des trois (premières) dynastie. » (Glose.}


434 MEKG-TSEU.<br />

wchefs des grands vassaux sont contents et joyeux; les<br />

.sujets des rois souverains sont pleins de joie et de satisfaction<br />

1 .<br />

•Quoique le prince fasse faire quelques exécutions<br />

{nécessaires], le peuple ne s'en irrite pas; quoiqu'il lui<br />

procure des avantages, il n'en sent pas Se mérite. Le<br />

peuple chaque jour fait des progrès dans le bien, et il<br />

ne sait pas qui les lui fait faire.<br />

[Au contraire] partout où le sage souverain se transporte,<br />

le peuple se convertit au bien; partout où il réside,<br />

il agit comme les esprits [d'une manière occulte].<br />

L'influence de sa vertu se répand partout en haut et en<br />

bas comme celle <strong>du</strong> ciel et de la terre. Comment dira-t-on<br />

que ce sont là de petits bienfaits [tels que ceux que peuvent<br />

conférer les petits princes]?<br />

•14. MENG-TSEU dit : Les paroles d'humanité ne pénètrent<br />

pas si" profondément dans le cœur de l'homme qu'un<br />

renom d'humanité; on n'obtient pas aussi bien l'affection<br />

<strong>du</strong> peuple par un bon régime, une bonne administration<br />

et de bonnes lois, que par de bons enseignements et de<br />

bons exemples de vertu.<br />

Le peuple craint de bonnes lois, une bonne administration<br />

; le peuple aime de bons enseignements, de bons<br />

exemples de vertu. Par de bonnes lois, une bonne administration,<br />

on obtient de bons revenus [ou impôts] <strong>du</strong> peuple<br />

; par de bons enseignements, de bons exemples de<br />

vertu, on obtient le cœur <strong>du</strong> peuple.<br />

15. MENG-TSEU dit : Ce que l'homme peut faire sans<br />

études est le pro<strong>du</strong>it de ses facultés naturelles 2 ; ce qu'il<br />

connaît sans y avoir longtemps réfléchi, sans l'avoir médité,<br />

est le pro<strong>du</strong>it de sa science naturelle 3 .<br />

* Dans ce paragraphe et les suivants, MENG-TSEU signale la différence<br />

qu'il avait trouvée entre le régime des princes chefs de vassaux,<br />

et le régime des rois souverains.<br />

* « Qui n'ont d'autre origine que le ciel, qui ne procèdent d'aucune<br />

source, si ce n'est <strong>du</strong> ciel. » (Commentaire.)<br />

3 Commentaire.


MENG-TSEL*. 435<br />

Il n'est aucun enfant de trois ans qui ne sache aimer<br />

ses parents; ayant atteint rage de cinq ou six ans* il n'en<br />

est aucun qui ne sache avoir des égards pour son frère<br />

aîné. Aimer ses parents d'un amour filial, c'est de la<br />

tendresse; avoir des égards pour son frère aîné, c'est<br />

de l'équité. Aucune autre cause n'a fait pénétrer ces<br />

sentiments dans les cœurs de tous les habitants de l'empire.<br />

16. HENG-TSBU dit : Lorsque Chun habitait dans les<br />

retraites profondes d'une <strong>mont</strong>agne reculée, au milieu<br />

des rochers et des forêts ; qu'il passait ses jours avec des<br />

cerfs et des sangliers, il différait bien peu des autres<br />

hommes rustiques qui habitaient les retraites profondes<br />

de cette <strong>mont</strong>agne reculée. Mais lui, lorsqu'il avait enten<strong>du</strong><br />

une parole vertueuse, une parole de bien, ou qu'il<br />

avait été témoin d'une action vertueuse, il sentait bouillonner<br />

dans son sein les nobles passions <strong>du</strong> bien, comme<br />

les ondes des grands fleuves Kiemg et Ho, après avoir<br />

rompu leurs digues, se précipitent dans les abîmes sans<br />

qu'aucune force humaine puisse les contenir !<br />

17. MENG-TSEU dit : Ne faites pas ce que vous ne devez<br />

pas faire [comme étant contraire à la raison] *; ne désirez<br />

pas ce que vous ne devez pas désirer. Si vous agissez<br />

ainsi, vous avez accompli votre devoir.<br />

18. MING-TSEU dit : L'homme qui possède la sagacité<br />

de la vertu et la prudence de l'art, le doit toujours aux<br />

malheurs et aux afflictions qu'il a éprouvés.<br />

Ce sont surtout les ministres orphelins [ou qui sont<br />

les fils de leurs propres œuvres] et les enfants naturels 1<br />

qui maintiennent soigneusement toutes les facultés de<br />

leur âme dans les circonstances difficiles, et qui mesurent<br />

leurs peines jusque dans les profondeurs les plus<br />

cuisantes. C'est pourquoi ils sont pénétrants.<br />

19. MENG-TSEU dit : Il y a des hommes qui dans le ser-<br />

1 «Ce que la raison ne prescrit pas. » (Glose.)<br />

* Nothipulli sunî optimi. (COLUMILLE.)


436 MENO-TSEU.'<br />

vice-de leur prince [comme ministres] ne s'occupent uniquement<br />

que de lui plaire et de le rendre satisfait d'euxmêmes.<br />

Il y a des ministres qui ne s'occupent-que de procurer<br />

de la tranquillité et <strong>du</strong> bien-être à l'État ; cette tranquillité<br />

et ce bien-être seuls les rendent heureux et satisfaits.<br />

Il y a un peuple qui est le peuple <strong>du</strong> ciel *, et qui* s'il<br />

est appelé à remplir les fonctions publiques, les accepte<br />

pour faire le bien, s'il juge qu'il "peut le faire.<br />

Il y a de grands hommes, d'une vertu accomplie, qui,<br />

par la rectitude qu'ils impriment à toutes leurs actions,<br />

rendent tout ce qui les approche [prince et peuple] juste<br />

et droit.<br />

20. MENG-TSEU dit : L'homme supérieur éprouve trois<br />

contentements ; et le gouvernement de l'empire comme<br />

souverain n'y est pas compris.<br />

Avoir son père et sa mère encore subsistants, sans<br />

qu'aucune cause de trouble et de dissension existe entre<br />

le frère aîné et le frère cadet, est le premiers de ces contentements.<br />

N'avoir à rougir ni en face <strong>du</strong> ciel ni en face des<br />

hommes est le second de ces contentements.<br />

Être assez heureux pour rencontrer parmi les hommes<br />

de sa génération des hommes de talents et de vertus dont<br />

on puisse augmenter les vertus et les talents par ses instructions,<br />

est le troisième de ces contentements.<br />

Voilà les trois contentements de l'homme supérieur ;<br />

et le gouvernement de l'empire comme souverain n'y est<br />

pas compris.<br />

21. MENG-TSEU dit : L'homme supérieur désire un ample<br />

territoire et un peuple nombreux ; mais il ne trouve<br />

pas là un véritable sujet de contentement.<br />

L'homme supérieur se complaît en demeurant dans<br />

% « Ce sont les hommes d'élite sans emplois publics qui donnent<br />

à la raison céleste, qui est en nous, tous les développements qu'elle<br />

comporte : on le nomme le peuple <strong>du</strong> ciel.» (TCHOU-HI.)


MKNG-TSBU. 437<br />

l'empire, à pacifier et rendre stables les populations situées<br />

entre les quatre mers ; mais ce qui constitue sa nature<br />

n'est pas là.<br />

Ce qui constitue la nature de l'homme supérieur n'est<br />

pas augmente par un ^rand développement d'action. nVst<br />

pas //, fuuuif la tyrannie de ('/:t't;u-{xitt).<br />

habitait les bonis de la mer orieniale, il apprit l'élévation<br />

de îl in-iatiHj : et, se levant avee émotion, il dit : Pourquoi<br />

n'irai.^-je pas tue soumettre à lui? 4 ai enten<strong>du</strong> titre,<br />

que le chef des ::rand* va>sauxde I occident excellai t. dans<br />

la vertu (Lentretenir les vieillards.<br />

SU se 1 ruine vieillards, alors tous les hommes pleins<br />

d'humanité s'empresseront d'aller se soumettre à lui.<br />

Si élans une habitation de cinq arpents de terre vous<br />

planiez des mûriers au pied des murs, et que la femme<br />

1 Commentaire.<br />

2 Voyez liv. Il, chap. i, § 13.<br />

8 Comme chef des grands vassaux des provinces occidentales de<br />

l'empire.<br />

37.


438 MEKG-TSEU.<br />

de ménage élève des vers à soie, alors les vieillards pourront<br />

se couvrir de vêtements de soie ; si vous nourrissez<br />

cinq poules et deux porcs femelles, et que vous ne négligiez<br />

pas les saisons [de l'incubation et de' la conception],<br />

alors les vieillards pourront ne pas manquer de viande. Si<br />

un simple particulier cultive un champ de cent arpents,<br />

une famille de huit bouches pourra ne pas souffrir de la<br />

faim.<br />

Ces expressions [des deux vieillards], le chef des vassaux<br />

de l'occident excelle dans la veriu d'entretenir les<br />

vieillards, signifiaient qu'il savait constituer à chacun une<br />

propriété privée composée d'un champ [de cent arpent *]<br />

et d'une habitation [de cinq 2 ] ; qu'il savait enseigner aux<br />

populations l'art de planter [des mûriers] et de nourrir [des<br />

poules et des pourceaux]; qu'en dirigeant par l'exemple<br />

les femmes et les enfants, il les mettait à même de nourrir<br />

et d'entretenir leurs vieillards. Si les personnes âgées de<br />

cinquante ans manquent de vêtements'de soie, leurs membres<br />

ne seront pas réchauffés. Si les" septuagénaires manquent<br />

de viande pour aliments, ils ne seront pas bien<br />

nourris.- N'avoir pas ses membres réchauffés [par ses vêtements],<br />

et ne pas être bien- nourri, cela s'appelle avoir<br />

froid et.faim. Paqpi les populations soumises à Wenwang3<br />

il n'y avait point de vieillards souffrants <strong>du</strong> froid<br />

et de la faim. C'est-ce que les expressions citées précédemment<br />

veulent 'dire.<br />

23. MENG-TSEU dit : Si l'on gouverne les populations de<br />

manière à ce que leurs champs soient bien cultivés ; si<br />

on allège les impôts [en n'exigeant que le dixième <strong>du</strong><br />

pro<strong>du</strong>it 3 ], le peuple pourra acquérir de l'aisance et <strong>du</strong><br />

bien-être.<br />

S'il prend ses aliments aux heures <strong>du</strong> jour convenar<br />

blés 4 , et qu'il ne dépasse ses revenus que selon les rites<br />

1 Glose.<br />

"* Ibid.<br />

* Ibid.<br />

4 « Le matin ctlesuir. » {Glose-)


MENG-TSEl'. 439<br />

prescrits^ ses revenus ne seront pas dépassés par sa conjsommation.<br />

Si le peuplé est privé de l'eau et <strong>du</strong> feu, il ne peut<br />

vivre. Si pendant la nuit obscure un voyageur frappe à<br />

la porte de quelqu'un pour demander de l'eau et <strong>du</strong> feu5<br />

il lit" se trouvera personne qui ne 1rs lui donne, parée que<br />

ces choses sont partout en quantité suffisante. Pendant<br />

que les saîiils hommes gouvernaient l'empire, ils faisaient<br />

en sorte que les pois et autres fertilités de cette espèce,<br />

ainsi que le i ni Met, fussent aussi abondants que beau et<br />

le feu. Les légumes et le millet étant aussi abondants que<br />

beau et, le feu parmi le peuple, mm ment s'y trouverai lil<br />

dvs hommes injustes et inhumains?<br />

21. llo.G-TSEr dit : Lorsque Kiioon-ïsEt* gravissait<br />

la <strong>mont</strong>agne Tmnuf-chan^ le royaume de Lou lui paraissait<br />

bien petit ; lorsqu'il gravissait la <strong>mont</strong>agne T


440 MENG-TSEU.<br />

25. MENG-TSEU dit : Celui qui, se levant au chant <strong>du</strong><br />

coq, pratique la vertu avec la plus grande diligence, est<br />

un disciple de Chun*<br />

Celui qui, se levant au chant <strong>du</strong> coq, s'occupe <strong>du</strong> gain<br />

avec la plus grande diligence, est un disciple <strong>du</strong> voleur<br />

TM.<br />

Si vous voulez connaître la différence qu'il y a entre<br />

l'empereur Chun et le voleur Tché, elle n'est pas ailleurs<br />

que dans l'intervalle qui sépare le gain de la vertu.<br />

26. MENG-TSEU dit : Yang-têeu fait son- unique étude de<br />

Fintérôt personnel, de l'amour de soi. Devrait-il arracher<br />

un cheveu de sa tête pour procurer quelque avantage<br />

public à l'empire, il ne l'arracherait pas.<br />

Me-tseu aime tout le monde; si en abaissant sa tête jusqu'à<br />

ses talons il pouvait procurer quelque avantage public<br />

à l'empire, il le ferait.<br />

Tseu-mo tenait le milieu. Tenir le milieu, c'est approcher<br />

beaucoup de la droite raison. Mais tenir le milieu<br />

sans avoir de point fixe [tel que la tige d'une balance],<br />

c'est comme si l'on ne tenait qu'un côté.<br />

Ce qui fait que l'on déteste ceux qui ne tiennent qu'un<br />

côté, ou qui suivent une voie extrême, c'est qu'ils blessent<br />

la droite raison ; et que pendant qu'ils s'occupent<br />

d'une chose, ils en négligent ou en perdent cent.<br />

27. MENG-TSEU dit : Celui qui a faim trouve tout mets<br />

agréable ; celui qui a soif trouve toute boisson agréable :<br />

alors l'un et l'autre n'ont pas le sens <strong>du</strong> goût dans son état<br />

normal, parce que la faim et la soif le dénaturent. N'y aurait-il<br />

que la bouche et le ventre qui fussent sujets aux<br />

funestes influences de la faim et de la-soif ? Le cœur de<br />

l'homme a aussi'tous ces inconvénients.<br />

Si les hommes pouvaient se soustraire aux funestes influences<br />

de la faim et de la soif, et ne pas dénaturer leur<br />

cœur, -alors ils ne s'affligeraient pas de ne pouvoir atteindre<br />

à la vertu des hommes supérieurs à eux par leur<br />

sainteté et leur sagesse.<br />

28. MENG-TSEU dit : Limu-hia-hoeï n'aurait pas 'échangé


MENG-TSEU. " 441<br />

son sort contre celui des trois premiers grands dignitaires<br />

de l'empire f .<br />

29. MENG-TSEU dit : Celui qui s'applique à faire une<br />

chose est comme celui qui creuse un puits. Si, après avoir<br />

creusé un puits jusqu'à soixante et douze pieds, on ne va<br />

pas jusqu'à la source, on est dans le même cas que si on<br />

l'avait abandonné.<br />

30. MENG-TSEU dit : Y&o et Chm furent doués d'une<br />

nature parfaite ; Thany et Wou s'incorporèrent ou perfectionnèrent<br />

la leur par leurs propres efforts; les cinq<br />

princes chefs des grands vassaux n'en eurent qu'une<br />

fausse apparence.<br />

Ayant eu longtemps cette fausse apparence d'une<br />

nature accomplie, et n'ayant fait aucun retour vers la<br />

droiture, comment auraient-ils su qu'ils ne la possédaient<br />

pas?<br />

31. ÎToung-sun-tcheou dit : Y-y in disait : « Moi je n'ai<br />

c< pas l'habitude de visiter souvent ceux qui ne sont pas<br />


442 MEKG-TSEU.<br />

« Que personne ne mange inutilement*. »<br />

L'homme supérieur ne laboure pas* et cependant il<br />

mange ; pourquoi cela?<br />

MBNG-TSBU dit : Lorsqu'un homme supérieur habite<br />

un royaume* si le prince l'emploie dans ses conseils, alors<br />

l'État est tranquille* le trésor public est rempli* le gouvernement<br />

est honoré et couvert de gloire. Si les ils et<br />

les frètes cadets <strong>du</strong> royaume suivent les exemples de vertu<br />

qu'il leur donne, alors ils deviennent pieux envers leurs<br />

parents* pleins de déférence pour leurs aînés* de droiture<br />

et de sincérité envers tout le monde. Ce n'est pas là manger<br />

inutilement [les pro<strong>du</strong>its ou les revenus des autres]. Qu'y<br />

a-t-il au contraire de plus grand et de plus digne?<br />

33. Tian, fils <strong>du</strong> roi de Thsi, fit une question en ces<br />

termes : A quoi sert le lettré?<br />

MENG-TSEU dit : 11 élève ses pensées.<br />

Tian dit- : Qu'appelez-vous élever $€§ pensées?<br />

MEKG-TSEU dit : C'est les diriger vers la pratique de<br />

l'humanité, de l'équité et de la justice; et voilà tout. Tuer<br />

un innocent* ce n'est pas de l'humanité; prendre ce qui<br />

n'est pas à soi* ce n'est pas de l'équité. Quel est le séjour<br />

permanent de l'âme?c'est l'humanité. Quelle est sa voieî<br />

l'équité. S'il habite l'humanité* s'il marche dans J'équité,<br />

les devoirs <strong>du</strong> grand homme [ou de l'homme d'État] sont<br />

remplis.<br />

34. MENG-TSEU dit : Si sans équité vous eussiez donné<br />

le royaume de Thsi à Tchoung-tseu, il ne l'aurait pas accepté.<br />

Tous les hommes eurent foi en sa sagesse. Ce refus<br />

[d'accepter le royaume de Thsi\> c'est de l'équité* comme<br />

celle de refuser une écuelle de riz cuit ou de bouillon. Il<br />

n'y a pas de faute plus grave pour l'homme que d'oublier<br />

les devoirs qui existent entre les pères et mères et les en-<br />

* « Que personne, sans les avoir mérités, ne reçoive des traitements<br />

<strong>du</strong> prince. » (Glose.)<br />

s On pourrait tra<strong>du</strong>ire cette pensée ancienne par celle formule<br />

moderne, que personne ne consomme sans avoir pro<strong>du</strong>it, qui lui est<br />

équivalente.


MENG-TSEU. 443<br />

fants, entre le prince et les sujets, entre les supérieurs et<br />

les inférieurs 4 . Estril permis de croire un homme grand<br />

et consommé dans la vertu, lorsque sa vertu n'est que<br />

médiocre ?<br />

35. Tiao-yng fit une question en ces termes : Si pendant<br />

que Chun était empereur, JCao-yao avait été président<br />

<strong>du</strong> ministère de la justice, et que Kou-sêou [père<br />

de Chun] eût tué un homme, alors qu'aurait fait kaoyao?<br />

MENG-TSEU répondit : 11 aurait fait observer la loi; et<br />

vQilà tout.<br />

Tiao-yng dit : S'il avait voulu agir ainsi, Chun ne l'en<br />

aurait-il pas empêché?<br />

MENG-TSEU dit : Comment Chun aurait-il pu l'en empêcher?<br />

Il avait reçu cette [loi <strong>du</strong> ciel 2 , avec son mandat,<br />

pour la faire exécuter].<br />

Tiao-yng dit : S'il en est ainsi, alors comment Chun se<br />

serait-il con<strong>du</strong>it?<br />

MENG-TSEU dit : Chun aurait regardé l'abandon de l'empire<br />

comme l'abandon de sandales usées par la marche;<br />

et, prenant secrètement son père sur ses épaules 3 , il<br />

serait allé se réfugier sur une plage déserte de la mer,<br />

en oubliant, le cœur satisfait, jusqu'à la fin de sa vie, son<br />

empire et sa puissance.<br />

36. MENG-TSEU étant passé de la ville de Fan dans la<br />

capitale <strong>du</strong> royaume de Th&i, il y vit de loin le fils <strong>du</strong> roi.<br />

A cette vue il s'écria en soupirant : Comme le séjour de<br />

la cour change l'aspect d'un homme, et comme un régime<br />

opulent change sa corpulence ! Que le séjour dans un lieu<br />

est important! Cependant tous les fils ne sont-ils pas également<br />

enfants des hommes?<br />

» Tchoung-tseu s'attachait exclusivement à Sa vertu de l'équité, et<br />

il négligeait les autres : il quitta sa mère et son frère aîné, refusa<br />

d'accepter un emploi et un traitement <strong>du</strong> roi de Thsi, et encourut<br />

ainsi plusieurs reproches.<br />

* Glose.<br />

3 Comme Énée s'enfuit de Troie en portant son père Anchise sur<br />

ses épaues.


444 MENG-TSEU.<br />

MITC-TSEU dit : La demeure, l'appartement, les chars,<br />

les cheVaiix, les habillements <strong>du</strong> fils <strong>du</strong> roi, ont beaucoup<br />

de ressemblance avec ceux des fils des autres hommes ;<br />

et puisque le fils <strong>du</strong> roi est tel [que je viens de le voir], il<br />

faut que ce soit le séjour à la cour qui Fait ainsi changé ':<br />

quelle -influence doit donc avoir le séjour de celui qui habite<br />

dans la vaste demeure de Pempire !<br />

- Le prince de Lou étant passé dans le royaume de<br />

Soung, il arriva à la porte de la ville de Tiei-tche, qu'il<br />

ordonna à haute voix d'ouvrir* Les gardiens dirent : « Cet<br />

« homme n'est pas notre prince; comment sa voix reste<br />

semble-t-elle à celle de notre prince? » Il n'y a pas<br />

d'autre cause à cette ressemblance, sinon que le séjour de<br />

l'un et de l'autre prince se ressemblait *.<br />

37. MENG-TSEU dit : Si le prince entretient tin sage sans<br />

avoir de l'affection pour lui, il le traite comme il traite<br />

ses pourceaux. S'il a de l'affection pour lui sans. lui<br />

témoigner le respect qu'il mérite, il l'entretient comme<br />

ses propres troupeaux.<br />

Des sentiments de vénération et de respect doivent être<br />

témoignés [au sage par le prince] avant de lui offrir des<br />

présents.<br />

Si les sentiments de vénération et de respect que le<br />

prince lui témoigne n'ont point de réalité, le sage ne<br />

peut être retenu près de lui par de vaines démonstrations.<br />

38. MENG-TSEU dit : Les diverses parties saillantes <strong>du</strong><br />

corps 2 et les sens 3 constituent les facultés de notre nature<br />

que nous avons Reçues <strong>du</strong> ciel *. Il n'y a que les<br />

1 C'esl-à-dire que rien ne ressemble tant à un prince régnant qu'un<br />

autre prince régnant, parce que l'un et l'autre ont les mômes habitudes,<br />

le môme entourage, et le môme genre de vie.<br />

-* « Telles que les oreilles, les yeux, les mains, les pieds et autres<br />

de cette espèce. » (Glose.)<br />

a « Tels que la vue, l'ouïe, etc. » {Glose.)<br />

* Thian-sing, COELI NàTUEA.


MENG-TSEU. 4-45<br />

saints hommes [ou ceux qui parviennent à la perfection]<br />

qui plissent donner à ces facultés de notre nature leur<br />

complet développement.<br />

dit. Sioutni-tntHfi^ roi de Tit>(\ voulait abréger son<br />

temps de deuil, honnif-vun-fr/ienu lui


446 MENG-TSEU,<br />

hautes et sublimes •!. qu'elles sont admirables et dignes<br />

d'éloges ! La difficulté de les mettre ^n pratiqua me<br />

paraît aussi grande que celle d'un homme qui voudrait<br />

<strong>mont</strong>er au ciel sans pouvoir y parvenir. Pourquoi ne<br />

rendez-vous pas ces voies faciles, afin que ceux qui<br />

veulent les suivre puissent les atteindre, et que chaque<br />

jour ils fassent de nouveaux efforts pour en approcher<br />

?<br />

MENG-TSEU dit : Le charpentier habile ne change ni ne<br />

quitte son aplomb et son cordeau à cause d'un ouvrier<br />

incapable. F, l'habile archer, ne changeait pas la manière<br />

de tendre son arc à cause d'un archer sans adresse.<br />

L'homme supérieur apporte son arc, mais il ne tire<br />

pas. Les principes de la vertu brillent soudain aux yeux<br />

de ceux qui la cherchent [comme un trait de flèche]. Le<br />

sage se tient dans la voie moyenne [entre les choses difficiles<br />

et les choses faciles l ] ; que ceux qui le peuvent le<br />

suivent.<br />

42. MENG-TSEU dit : Si dans un empire régnent les principes<br />

de la raison, le sage accommode sa personne à ces<br />

principes ; si dans un empire ne régnent pas les principes<br />

de la raison [s'il est dans le trouble et l'anarchie %le<br />

sage accommode les principes de la raison au salut de<br />

sa personne.<br />

Mais je n'ai jamais enten<strong>du</strong> dire que le sage ait accommodé<br />

les principes de la raison ou les ait fait plier<br />

aux caprices et aux passions des hommes !<br />

43. Koung-êou-tseu dit : Pendant' que Theng-ken§ 2 suivait<br />

vos leçons, il paraissait être <strong>du</strong> nombre de ceux que<br />

l'on traite avec urbanité : cependant vous n'avez pas répon<strong>du</strong><br />

à une question qu'il vous a faite : pourquoi cela?<br />

MENG-TSEU dit : Ceux qui se fient sur leur noblesse ou<br />

sur leurs honneurs interrogent ; ceux qui se fient sur leur<br />

* Glose.<br />

* ibid.<br />

3 Frère cadet <strong>du</strong> roi de Theng.


MEKG-TSEU. 447<br />

sagesse ou leurs talents interrogent ; ceux qui se fient sur<br />

leur âge plus avancé interrogent; ceux qui se fient sur les<br />

services qu'ils croient avoir ren<strong>du</strong>s à FMat interrogent ;<br />

ceux qui se fient sur d'anciennes relations d'amitié avor»<br />

CIPS personnes en cl ni rue interrogent : tous eeu\-iâ sont<br />

des pais auxquels je ne réponds pa v . Tlmiïj-Ut'utj se trouvait<br />

dans ilen\ de os ras l .<br />

-il. }Ito«,»i>i ; ,i dit : Ohh qui s'ahstienf de ce don! il ne<br />

doit pas .s'abstenir, il n'y aura rien dois! il ne s'abstienne ;<br />

relui qui reçoit avee froideur reil\ qu'il devrait receujîr<br />

avec eit'usioii de tendresse, ij n'y aura personne qu'il ne<br />

reçoive froidement ; een\ (jui s'avaneeut trop précipitamment<br />

reculeront encore plus\ite.<br />

-!•%. MI


448 MENG-TSEU.<br />

n'allait pas jusqu'à aimer également tous les hommes;<br />

ils s'appliquaient principalement à aimer les sages d'un<br />

amour filial.<br />

Il est des hommes qui ne peuvent porter le deuil de<br />

leurs parents pendant trois ans, et qui s'informent soigneusement<br />

<strong>du</strong> deuil de trois mois ou de celui de cinq ;<br />

ils mangent immodérément, boivent abondamment, et<br />

vous interrogent minutieusement sur le précepte des<br />

rites : Ne déchirez pas la chair avec les dents. Cela s'appelle<br />

ignorer à quoi il est le plus important de s'appliquer.<br />

CHAPITRE VIII.<br />

COMPOSÉ DE 38 ARTICLES.<br />

1. MENG-TSEU dit : Oh! que Hϕ-wang de Liang l est<br />

inhumain! L'homme [ou le prince] humain arrive par<br />

ceux qu'il aime à aimer ceux qu'il n'aimait pas. Le prince<br />

inhumain, au contraire, arrive par ceux qu'il n'aime pas<br />

à ne pas aimer ceux qu'il aimait.<br />

Koung-sun-tcheou dit : Qu'entendez-vous par là?<br />

MENG-TSEU dit : Hoeï-wang de Liang, ayant voulu livrer<br />

une bataille pour cause d'agrandissement de territoire,<br />

fut battu complètement, et laissa les cadavres de ses soldats<br />

pourrir sur le champ <strong>du</strong> combat sansleur faire donner<br />

la sépulture. Il aurait bien voulu recommencer de nouveau<br />

, mais il craignit de ne pouvoir vaincre lui-même.<br />

C'est pourquoi il poussa son fils, qu'il aimait, à sa perte<br />

fatale 2 en l'excitant à le venger. C'est ce que j'appelle nrriver<br />

par ceux que Von n'aime pas à ne pas aimer ceux gue<br />

fou aimait,<br />

2. MENG-TSEU dit : Dans le livre intitulé le Printemps et<br />

1 Ou Hoeï, roi de Liang,<br />

* Conférez liv. I, ehap. î, p. 229.


MENG-TSEU. 449<br />

l'Automne f 3 on ne trouve aucune guerre juste et équitable.<br />

11 en est cependant qui ont une apparence de droit<br />

et de justice; mais on ne doit pas moins les considérer<br />

comme injustes.<br />

Les actes de redressement * sont des actes par lesquels<br />

un supérieur déclare la guerre à ses inférieurs pour redresser<br />

leurs forts. Les royaumes qui sont égaux entre<br />

eux ne se mirèrent point ainsi mutuellement.<br />

M. MI:.\Y;-TSKI- dit : Si Ion ajoute une lot entière, absolue,<br />

ati\ livres |historiques], alors on nVst pas dans une<br />

condition aussi avantageuse que


450 MENG-TSEU.<br />

orientales, les barbares des régions occidentales se plaignaient<br />

en disant : Pourquoi nous réserve-t-il pour ies<br />

derniers ?<br />

Lorsque Wou-wang attaqua la dynastie de Fin, il n'avait<br />

que trois cents chars de guerre et trois mille vaillants<br />

' soldats.<br />

Wou-wang [en s'adressant aux populations] leur dit :<br />

« Ne craignez rien; je vous apporte la paix et la tranquilcc<br />

lité; je ne suis pas l'ennemi des cent familles [<strong>du</strong> peuple<br />

« chinois]. » Et aussitôt les populations prowternèrent<br />

leurs fronts vers la terre, comme des troupeaux de bœufs<br />

labourent le sol de leurs cornes.<br />

Le terme (tching) par lequel on désigne Faction de redresser<br />

ou rappeler à leur devoir par les armes ceux qui<br />

s'en sont écartés, signifie rendre droits, corriger (tching).<br />

Quand chacun désire se redressa' ou se corriger soi-même,<br />

pourquoi recourir à la force des armes afin d'arriver au<br />

même résultat !<br />

5. MENG-TSEU dit : Le charpentier et le charron peuvent<br />

donner à un homme leur règle et leur équerre,<br />

mais ils ne peuvent pas le rendre immédiatement habile<br />

dans leur art.<br />

6. MENG-TSEU dit : Chun se nourrissait de fruits sec-5 et<br />

d'herbes des champs, comme si toute sa vie il eût dû conserver<br />

ce régime. Lorsqu'il fut fait empereur 1 , les riches<br />

habits brodés qu'il portait, la guitare dont il jouait habituellement,<br />

les deux jeunes filles qu'il avait comme épouses<br />

à ses côtés, ne l'affectaient pas plus que s'il les avait<br />

possédées dès son enfance.<br />

7. MENG-TSEU dit : Je sais enfin maintenant que de tuer<br />

les proches parents d'un homme est un des crimes les plus<br />

graves [par ses conséquences].<br />

En effet, si un homme tue le père d'un autre homme,<br />

celui-ci tuera aussi le père <strong>du</strong> premier. Si un homme tue<br />

le frère aîné d'un autre homme, celui-ci tuera aussi le<br />

* Thian-tseti, fils <strong>du</strong> Ciel.


MENG-TSEU. 451<br />

frère aîné <strong>du</strong> premier. Les choses étant ainsi, ce crime<br />

diffère bien peu de celui de tuer ses parents de sa propre<br />

main.<br />

8. MENG-T?EU dit : Les anciens qui construisirent des<br />

portes aux passages des confins <strong>du</strong> royaume avaient pour<br />

but d'empêcher des actes de cruauté et de dévastation ;<br />

ceux de nos jours qui font construire ces portes de passages<br />

ont pour but d'exercer des actes de cruauté et d'oppression<br />

4 .<br />

9. MENG-TSEU dit : Si vous ne suivez pas Tous-même la<br />

voie droite 2 , elle ne sera pas suivie par votre femme et<br />

vos enfants. Si - vous donnez des ordres qui ne soient pas<br />

conformes à la voie droite 3 , ils ne doivent pas être exécutés<br />

par votre^ femme et vos enfants.<br />

10. MENG-TSEU dit : Ceux qui sont approvisionnés de<br />

toutes sortes de biens ne peuvent mourir de faim dans les<br />

années calamiteuses ; ceux qui sont approvisionnés de<br />

toutes sortes de vertus ne seront pas troublés par une génération<br />

corrompue.<br />

14. MENG-TSEU dit : Les hommes qui aiment la bonne<br />

renommée peuvent céder pour elle un royaume de mille<br />

quadriges. Si un homme n'a pas ce caractère, son visage<br />

témoignera de sa joie ou de ses regrets pour une écuelle<br />

de riz et de bouillon.<br />

12. MENG-TSEU dit : Si on ne confie pas [les affaires et<br />

l'administration <strong>du</strong> royaume] à des hommes humains et<br />

sages, alors le royaume sera comme s'il reposait sur le<br />

vide.<br />

Si on n'observe pas les règles et les préceptes de l'urbanité<br />

et de l'équité, alors les supérieurs et les inférieurs<br />

sont dans le trouble et la confusion.<br />

Si l'on n'apporte pas un grand soin aux affaires les plus<br />

% 11 fait allusion aux droits, ou impôts injustes que les différents<br />

princes imposaient sur les voyageurs et les marchandises à ces différents<br />

passages.<br />

2 « Tchang-jan khi-U, la raison, les principes <strong>du</strong> devoir. » (Glose.)<br />

3 « A la raison, aux principes <strong>du</strong> devoir. » [Glose*)


452 • MENG-TSEU.<br />

importantes â , alors les revenus ne pourront suffire à la<br />

consommation.<br />

13. MENG-TSEU dit : Ha pu arriver qu'un homme inhumain<br />

obtînt un royaume ; mais il n'est encore jamais arrivé<br />

qu'un homme inhumain conquit l'empire.<br />

\ 4. MENG-TSEU dit : Le peuple est ce qu'il y a de plus<br />

noble dans le monde 2 ; les esprits de la terre et les fruits<br />

de la terre ne viennent qu'après ; le prince est de la moindre<br />

importance 3 .<br />

C'est pourquoi^ si quelqu'un se concilie l'amour et l'affection<br />

<strong>du</strong> peuple des collines [ou des campagnes *], il<br />

deviendra fils <strong>du</strong> Ciel [ou empereur] ; s'il arrive à être<br />

fils <strong>du</strong> Ciel, ou empereur^ il aura pour lui les différents<br />

princes régnants; s'il a pour, lui les différents princes régnants,<br />

il aura pour lui les grands fonctionnaires publics.<br />

Si les différents princes régnants [par la tyrannie qu'ils<br />

exercent sur le peuple] mettent en péril les autels des esprits<br />

de la terre et des fruits de la terre, alors le fils <strong>du</strong><br />

Ciel les dépouille de leur dignité et les remplace par de<br />

sages princes.<br />

Les victimes opimes étant prêtres, les fruits de la terre<br />

I D'après un commentateur chinois, cité par M. Stan. Julien, ces<br />

affaires sont, par exemple, de constituer à chacun une propriété privée<br />

suffisante pour îe faire vivre a?ec sa famille, d'enseigner comment<br />

on doit élever les animaux domestiques, d'assigner des traitements<br />

aux uns, de distribuer des terres, d'accomplir les différents<br />

sacrifices, d'inviter les sages à sa cour par l'envoi de présents, etc.<br />

s Min weï koueï. La Glose dit à ce sujet t « Le mot koueï, noble»<br />

donne l'idée de ce qu'il y a de plus grave et de plus important. ».<br />

3 Voici le texte chinois tout entier de ce paragraphe : « Meng-tseu<br />

« youeï ; min weï koueï ; che, tsie, thseu tchi ; kiwi weï kwg ; mol<br />

« à mot : MENG-TSEU dit : populus estprœ-omnibus-nobilis; terrœ-spi-<br />

« ritus, fmgum-spiritus seeundarii illius ; Princeps est lempris-mo-<br />

« menti. » Il serait difficile de trouver dans les écrits des plus hardis<br />

penseurs modernes de pareilles propositions.,<br />

II y a longtemps, comme on le voit, que les principe&snr-lesquels<br />

sera fondé l'avenir politique <strong>du</strong> monde ont été proclamas, et dans<br />

des pays que aous couvrons de nos orgueilleux et injustes dédains.<br />

* Commentaire.


MENG-TSEU. 453<br />

étant disposés dans les vases préparés^ et le tout étant<br />

pur, les sacrifices sont offerts selon les saisons. Si cependant<br />

la terre est desséchée par la chaleur de Fair, ou si elle<br />

est inondée par Feau des pluies, alors le fils <strong>du</strong> Ciel détruit<br />

les autels des esprits pour en élever d'autres en d'autres<br />

lieux.<br />

K>. MKN(;-TSKI' dit, : Les suints bouillies sont Ii'S îustîfittetns<br />

de cent générations» l'e-i et Litau-kia-hoeï sont tic<br />

ee nombre. C'est pourquoi ceux qui ont. enten<strong>du</strong> parler<br />

des grandes vertus de lU'.-\ sont <strong>du</strong> vernis modères dans<br />

leurs désirs, de grossier* H avides qu'ils étaient, et les<br />

hommes sans courage ont. senti sailêrniir leur intelligence;<br />

ceux qui oni enten<strong>du</strong> parler dos grandes vertus de<br />

IJoon-liiu-lioe.i sont ik'veinis les hommes les plus doux et<br />

les plus humains, de miels qu'ils étaient; et les lion mies<br />

d'un esprit étroit son! devenus généreux et magnanimes. II<br />

faudrait re<strong>mont</strong>er eent. générations pour arriver à l'époque<br />

de ces grands hommes, et, après cent générations de plus<br />

écoulées, il n'est personne qui, en entendant le réeit de<br />

leurs vertus, ne sente son àmeéniueet disposée à les imiter.<br />

SU n'existait jamais de saints hommes, en serait-il de<br />

même? Ht combien doivent être plus excités au bien ceux<br />

qui les ont approchés de près et ont ptt recueillir leurs<br />

paroles f<br />

H>. MiLXiî-ïSEt: dit. : Cette humanité dont j'ai si souvent<br />

parlé, c'est l'homme [c'est la raison qui constitue son<br />

être ! j ; si Ton réunît ces deux termes ensemble [l'humanité<br />

et l'homme ~|% c'est la voie :} .<br />

17. MK.N(i-TSEï: dit: Ktioi ; NG-TSEi, en seIoi gnant <strong>du</strong><br />

royaume de Lou, disait : « Je. m'éloigne lentement. »<br />

C'est, la t'oie pour s'éloigner <strong>du</strong> royaume de son père et<br />

de sa mère. En s éloignant de T/tsi, il prit dans sa main<br />

1 Commentaire.<br />

s Glose.<br />

3 C'est ia conformité de toutes ses actions aux lois de notre nature.<br />

Conférez le Tchoung-young, cjiap. J, 1 1.


454 ^ MENG-TOEU.<br />

<strong>du</strong> riz macéré dans l'eau, et il se mit en route. C'est la<br />

voie pour s'éloigner d'un royaume étranger.<br />

18. MENG-TSEU dit : L'homme supérieur [KHOUNG-TSEU]<br />

souffrit les privations <strong>du</strong> besoin f dans les royaumes de<br />

Tchin et de Tksai, parce qu'il ne trouva aucune sympathie<br />

ni chez les princes ni chez leurs ministres.<br />

|!>, ÀW,-/ dit : Moi /tï? Je fais excessivement peu de<br />

ras des murmures et de i'hiiprohation des hommes,<br />

Mi-:Mi-Tsr:r < 1 î 1 : Ils ne blessent aucunement. Les Iintri-<br />

IIIO distingués par leurs vertus, leurs tilleuls et leurs îuinieres<br />

son! encore bien plus exposes aux clameurs de la<br />

î ï 1111 {i f i î d t.\ Le L ivre do s 1 >rs * 2 d i { ;<br />

« .l'éprouve dans mon eeenr une. profonde tristesse ;<br />

« Je suis en haine près de cette foule dépravée. »<br />

Voila ee «pie lut Kuoi'MJ-TSl-l'.<br />

« 11 i le p 111 f i i i r i a j a 1 < >i i s k * e 11 a h a ï 11 e i les 11 o mm e s,<br />

«


MENU-TOEU. 455<br />

MTOW-TSEU dit : Cela suffit-il [pour porter un tel jugement]<br />

? Les ornières des portes des villes ont-elles été<br />

creusées par le passage d'un seul quadrige ?<br />

23. Pendant que le royaume de Thsi éprouvait une<br />

famine, Tchim-tsin dit : Tous les habitants <strong>du</strong> royaume<br />

espèrent que vous, maître* vous ferez ouvrir une seconde<br />

fois les greniers publics de la ville de Thang. Peut-être ne<br />

pouvez-vous pas faire de nouveau [cette demande au<br />

prince]!<br />

MENG-TSEU dit : Si je faisais de nouveau cette demande*<br />

je serais un autre Foung-fim. Ce Foung-fou était un homme<br />

de Tçin très-habile dans l'art de prendre des tigres avec<br />

les mains. Ayant fini par devenir un sage lettré* il se rendit<br />

un jour dans les champs situés hors de la ville au<br />

moment où une multitude d'hommes était à la poursuite<br />

d'un tigre. Le tigre s'était retranché dans le défilé d'une<br />

<strong>mont</strong>agne* où personne n'osait aller le poursuivre. Aussitôt<br />

que la foule aperçut de loin Foung-fou, elle courut<br />

au-devant de lui* et Foung-fou, étendant les bras* s'élança<br />

de son char. Toute la foule fut ravie de joie. Mais les sages<br />

lettrés qui se trouvèrent présents se moquèrent de lui f .<br />

24. MENG-TSEU dit : La bouche est destinée à goûter les<br />

saveurs; les yeux sont destinés à contempler les couleurs<br />

et les formes des objets; les oreilles sont destinées à entendre<br />

les sons; les narines sont destinées à respirer les<br />

odeurs; les quatre membres [lespieds et les mains] sont<br />

destinés à se reposer de leurs fatigues. C'est ce qui constitue<br />

la nature de l'homme en même temps que sa destination.<br />

L'homme supérieur n'appelle pas cela sa nature*<br />

L'humanité â est relative aux pères et aux enfants;<br />

l'équité 3 est relative au prince et aux sujets; l'urbanité *<br />

* « Parce qu'il ne sut pas persister dans l'état «fu'il avait embrassé.<br />

» (TCHOO-HI.)<br />

s /su. L'humanité, dit là Glose, consiste principalement dans Var<br />

mour c'est pourquoi elle appartient aux pères et aux enfants.<br />

s I. L'équité consiste principalement dans îe respect g c'est pourquoi<br />

elle apparlienî au prince et aux sujets. {Glose.)<br />

* It. L'urbanité consiste principalement dans la bienveillance eî


4% MBNG-TSEC.<br />

est relative aux hôtes et aux maîtres de maison; la prudence<br />

1 est relative aux sages; le saint homme appartient<br />

à la voie <strong>du</strong> ciel [qui comprend toutes les vertus précédentes].<br />

C'est l'accomplissement de ces vertus, de ces différentes<br />

destinations, qui constitue le mandat <strong>du</strong> ciel en<br />

même temps que notre nature. L'homme supérieur ne<br />

Fappelle pas mandat <strong>du</strong> ciel.<br />

25. Hao-seng, dont le petit nom était Pou-haï, it une<br />

question en ces termes : Quel homme est-ce que £0tching-fseu<br />

?<br />

MENG-TSEU dit : C'est un homme simple et bon, c'est<br />

un homme sincère et fidèle. -<br />

— Qu'entendez-vous par être simple et bon^ qu'entendez-vous<br />

par être sincère et fidèle ?<br />

— Celui qui est digne d'envie, je l'appelle bon. Celui<br />

qui possède réellement en lui la bonté, je l'appelle sincère.<br />

• Celui qui ne cesse d'accumuler en lui les qualités et les<br />

vertus précédentes est appelé excellent.<br />

Celui qui à ces trésors de vertus joint encore de l'éclat<br />

et de la splendeur est appelé grand.<br />

Celui qui est grand, et qui efface complètement les signes<br />

extérieurs ou les vestiges de sa grandeur, est appelé<br />

saint.<br />

' Celui qui est saint, et qui en même temps ne peut être<br />

connu par les organes des sens, est appelé esprit. • •<br />

Loc-teÀing-tseu est arrivé au milieu des deux premiers<br />

degrés [de cette échelle de sainteté 2 ] ; il est encore audessous<br />

des quatre degrés plus élevés.<br />

• 26. MèNG-TSEU dit : Ceux qui se séparent <strong>du</strong> [sectaire]<br />

Mê se réfugient nécessairement près <strong>du</strong> [sectaire] Yang*;<br />

l'affabilité ; c'est pourquoi elle appartient aux maîtres de maison qui<br />

reçoivent des hôtes. (Glose.)<br />

* Tchi. La pruâmce consiste principalement dans Fart de distinguer,<br />

de discerner (le bien <strong>du</strong> mal) : c'est pourquoi elle appartient<br />

aux sages. (Glose.)<br />

2 II désigne la bonté et îa sincérité... (Glose.)<br />

3 Conférez ci-devant, liv. II, cbap. vu, p. 440.


MENG-TSEU. 457<br />

ceux qui se séparent de Yang se réfugient nécessairement<br />

près des Jou l ou lettrés. Ceux qui se réfugient ainsi près<br />

des lettrés doivent être accueillis favorablement ; et voilà<br />

tout.<br />

Ceux d entre les lettres qui disputent aujourd'hui avec<br />

l'tmy e t Me se coi \ d u i se * n t: e on 1 n i e s i „ se u i et 1 a n t à I a p o u i -<br />

suite d'tio petit pourceau échappé, ils 1 étranglaient après<br />

qu'il serait rentré à soit êfable.<br />

27. MicNG-TSiU' dit : Il y a un tribut consistant eu toile<br />

de chanvre ci en soie dévidée ; il y a nn tribut de riz, et<br />

un autre tribut qui se paye en corvées. 1/lion nue supérieur<br />

|ou le prince qui aime son peuple] n'exige que le<br />

dernier de ces tributs, et diffère les deux premiers. S'il<br />

e \ i ge ei i se n i h I e les d eu x pre 111 ie rs, a I ors 1 e peu pi e est eo nsu<br />

n i é ( le lieso i n s ; s'il e x i ge I es t r o i s ge n r e s d e t r î b u I s e i J<br />

inertie temps, alors le père et le fils sont obligés de se séparer<br />

Ipour vivreI»<br />

28. MENG-TSEI; dit : Il y a trois choses précieuses pour<br />

1rs princes régnants de différents ordres : le territoire 2 .<br />

les populations 3 , et une bonne administration*. Ceux qui<br />

regardent les pi*ries et les pierreries comme des choses<br />

prée i e uses se n » 111 e e r t a i ne* 111 e n t atteints de grandes e a -<br />

lainîtes.<br />

2!l. ï~(ckingjkmi le petit nom était Kouo. occupait<br />

nue magistrature dans le royaume de 77/$/.<br />

MEXI.-TSKI: dit : Y-tching-kouo mourra.<br />

Y-tching-koim ayant été tué, les disciple s <strong>du</strong> l'Infosi<br />

rplie 1 u i d i ren t : M a i t re , eo n i nie n f sa v î ez-v< m s q ue cet<br />

homnir serait tué?<br />

MEMi-TSKr dit : (refait un homme de peu de vertu: il<br />

1 Les Jou sont ceux qui suivent les doctrines.de KHOUNG-TSEU et<br />

des premiers grands hommes de la Chine. Ces doctrines des Jou,<br />

dit îa Glose, sont la raison <strong>du</strong> grand milieu et de la souveraine rectitude.<br />

s « Pour constituer le royaume. » (Glose.)<br />

3 « Pour conserver et protéger Se royaume. » (Glose.)<br />

4 « Pour gouverner le royaume. » (Glose.)<br />

'Ai)


458 MENG-T8EU.<br />

n'avait jamais enten<strong>du</strong> enseigner les doctrines de l'homme<br />

supérieur; alors il était bien à présumer que [par ses<br />

actes contraires à la raison] il s'exposerait à une mort<br />

certaine.<br />

30. MENG-TSEU l , se rendant à Thmg, s'arrêta dans le<br />

palais supérieur. Un soulier, que l'on était en train de<br />

confectionner* avait été posé sur le devant de la croisée,<br />

te gardien de l'hôtellerie le chercha, et ne le trouva<br />

plus.<br />

Quelqu'un interrogeant MENG-TSEU* lui dit : Est-ce<br />

donc ainsi que vos disciples cachent ce qui ne leur appartient<br />

pas?<br />

MENG-TSEU répondit : Pensez-vous que nous sommes<br />

venus ici pour soustraire un soulier!<br />

Point <strong>du</strong> tout. Maître* d'après l'ordre d'enseignement<br />

que vous avez institué* vous ne recherchez point les<br />

fautes passées* et ceux qui viennent à vous [pour s'in*<br />

struire] vous ne les repoussez pas. S'ils sont venus à vous<br />

avec un cœur sincère* vous les recevez aussitôt au nombre<br />

de vos disciples* sans autre information.<br />

31. MENG-TSEU dit : Tous les hommes ont le sentiment<br />

de la commisération. Étendre ce sentiment à tous leurs<br />

sujets de peine et de souffrance* c'est de l'humanité. Tous<br />

les hommes ont le sentiment de ce qui ne doit pas être<br />

fait. Étendre ce sentiment à tout ce qu'ils font* c'est de<br />

l'équité.<br />

Que tous les hommes puissent réaliser par des actes ce<br />

sentiment qui nous porte à désirer de ne pas nuire aux<br />

autres hommes* et ils ne pourront suffire à tout ce-que<br />

l'humanité réclame d'eux. Que tous les hommes puissent<br />

réaliser dans leurs actions ce sentiment que nous avons<br />

de ne pas percer les murs des voisins [ pour les voler] *<br />

et ils ne pourront suffire à tout ce que l'équité réclame<br />

d'eux.<br />

1 Chang-kotmg, hôtellerie pour recevoir les voyageurs de dis­<br />

tinction.


MENG-TSEU. 459<br />

Que tous les hommes puissent constamment et sincèrement<br />

ne jamais accepter les appellations singulières de<br />

la seconde personne, tu, toi t, et, partout où ils iront, ils<br />

parleront selon l'équité.<br />

Si le lettré, lorsque son temps de parler n'est pas encore<br />

venu, parle, il surprend la pensée des autres par ses<br />

paroles; si, son temps de parler étant venu, il ne parle<br />

pas, il surprend la pensée des autres par son silence. Ces<br />

deux sortes d'actions sont de la même espèce que celle<br />

de percer le mur de son voisin.<br />

32. MENG-TOEU dit : Les paroles dont la simplicité est à<br />

la portée de tout le monde et dont le sens est profond<br />

sont les meilleures. L'observation constante des vertus<br />

principales, qui sont comme le résumé de toutes les autres,<br />

et la pratique des actes nombreux qui en découlent,<br />

est la meilleure règle de con<strong>du</strong>ite.<br />

Les paroles de l'homme supérieur ne descendent pas<br />

plus bas que sa ceinture [s'appliquent toujours aux objets<br />

quisont devant ses yeux], et ses principes sont également<br />

à la portée de tous.<br />

Telle est la con<strong>du</strong>ite constante de l'homme supérieur : il<br />

ne cesse d'améliorer sa personne, et l'empire jouit des<br />

bienfaits de la paix.<br />

Le grand défaut des hommes est d'abandonner leurs<br />

propres champs pour ôter l'ivraie de ceux des autres. Ce<br />

qu'ils demandent des autres [de ceux qui les gouvernent<br />

2 ] est important, difficile, et ce qu'ils entreprennent<br />

eux-mêmes est léger, facile.<br />

33. MENG-TSEU dit : YûQ et Chun reçurent <strong>du</strong> ciel une<br />

nature accomplie ; Thang et W&u rendirent la leur accomplie<br />

par leurs propres efforts.<br />

Si tous les mouvements de l'attitude et de la démarche<br />

sont conformes aux rites, on a atteint le comble de la vertu<br />

1 En chinois eulh, jou, que l'on emploie dans le langage familier<br />

ou lorsque Ton traite quelqu'un injurieusement eîavec mépris.<br />

* Glme.


4150 MING-TSIU.<br />

parfaite. Quand on gémit sur les morts, ce n'est pas à<br />

cause des vivants' que l'on éprouve de la douleur. On ne<br />

doit pas se départir d'une vertu inébranlable, inflexible;<br />

pour obtenir des émoluments <strong>du</strong> prince. Les paroles et les<br />

discours <strong>du</strong> sage doivent toujours être conformes à la vérité,<br />

sans avoir pour but de rendre ses actions droites et<br />

justes.<br />

L'homme supérieur en pratiquant la loi [qui est l'expression<br />

de la raison céleste *] attend [avec indifférence]'<br />

l'accomplissement <strong>du</strong> destin; et voilà tout.<br />

34. MENG-TSEU dit : S'il vous arrive de vous entretenir<br />

avec nos hommes d'État 2 , méprises4es intérieurement.<br />

Gardez-vous d'estimer leur somptueuse magnificence.<br />

Ils possèdent des palais hauts de quelques toises, et dont<br />

les saillies des poutres ont quelques pieds de longueur ; si<br />

j'obtenais leur dignité, et que j'eusse des vœux à réaliser,<br />

je ne me constuirais pas un palais. Les mets qu'ils se font<br />

servir à leurs festins occupent un espace de plus de dix<br />

pieds ; quelques centaines de femmes les aissistent dans<br />

leurs débauches; moi, si j'obtenais leur dignité, et que<br />

j'eusse des vœux à remplir, je ne me livrerais pas comme<br />

eux à la bonne chère et à la débauche. Ils se livrent à tous<br />

les plaisirs et aux voluptés de la vie, et se plongent dans<br />

l'ivresse ; ils vont à la chasse entraînés par des coursiers<br />

rapides ; des milliers de chars les suivent s ; moi, si j'obtenais<br />

leur dignité, et que j'eusse des vœux à réaliser, ce ne<br />

seraient pas ceux-là. Tout ce qu'ils ont en eux sont des<br />

choses que je ne voudrais pas posséder; tout ce que j'ai<br />

en moi appartient à la saine -doctrine des anciens : pourquoi<br />

donc les craindrais-je?<br />

* Glose.<br />

1 Ta-jin, hommes qui occupent une position élevée. « li fait allusion<br />

aux hommes qui, de son temps/ étaient distingués par leurs emplois<br />

et leurs dignités. »<br />

(TCHOU-BI.)<br />

Quelques commentateurs prétendent que MBNG-TSEU désigne les<br />

princes de son temps.<br />

s Ces détails pe peuvent guère se rapporter qu'aux princes.


MWfG-TSiU. 461<br />

35. MING-TSEU dit : Pour entretenir dans notre cœur<br />

le sentiment de l'humanité et de l'équité, rien n'est meilleur<br />

que de diminuer les désirs. Il est bien peu d'hommes<br />

qui, ayant peu de désirs, ne conservent pas toutes les<br />

vertus de leur cœur ; et il en est aussi Men peu qui, ayant<br />

beaucoup de désirs, conservent ces vertus.<br />

36. Thseng-tsi aimait beaucoup à manger le fruit <strong>du</strong><br />

jujubier, mais Thsêmg-tseu ne-pouvait pas supporter d'en<br />

manger.<br />

HCoungsun-tcheou fit cette question : Quel est le meilleur<br />

d'un plat de hachis ou de jujubes ?<br />

MENG-TSEU dit : C'est un- plat de hachis.<br />

Kùung-âutirtehmu dit : S'il en est ainsi, alors pourquoi<br />

Thsêng-tseuy en mangeant <strong>du</strong> hachis, ne mangeait-il pas<br />

aussi des jujubes?<br />

— Le hachis est un plat commun [ dont tout le monde<br />

mange ] ; les jujubes sont un plat particulier [ dont peu de<br />

personnes mangent ]. Nous ne proférons pas le petit nom<br />

de nos parents, nous prononçons leur nom de famille,<br />

parce que le nom de famille est commun et que le petit<br />

nom est particulier.<br />

37. Wen-tchang fit une question en ces termes : Lorsque<br />

KHOUNG-TSEU se trouvait dans le royaume de Tehin<br />

[ pressé par le besoin ], il disait : « Pourquoi ne retource<br />

né-je pas dans mon pays? Les disciples que j'ai laissés<br />

ce dans mon village sont très-intelligents, ils ont de hautes<br />

€ conceptions, et ils les exécutent sommairement; ils<br />

ce n'oublient pas le commencement et la fin de leurs<br />

« grandes entreprises. » Pourquoi KHOUNG-TSEU, se trouvant<br />

dans le royaume de Tehin, pensait-il à ses disciples,<br />

doués d'une grande intelligence et de hautes pensées, <strong>du</strong><br />

royaume de Lou?<br />

MENG-TSEU dit : Gomme KHOUNG-TSEU ne trouvait pas<br />

dans le royaume de Tehin des hommes tenant le milieu<br />

de la droite voie, pour s'entretenir avec eux, il <strong>du</strong>t reporter<br />

sa pensée vers des hommes de la même classe qui<br />

avaient l'âme élevée et qui se proposaient la pratique <strong>du</strong><br />

39.


4M MEN6-T8EU.<br />

bien. Ceux qui ont l'ftme élevée forment de grandes conceptions;<br />

ceux qui se proposent la pratique <strong>du</strong> bien s'abstiennent<br />

de commettre le mal. KBOUN€*T8SU ne désirait-Il<br />

pas des bommes qui tinssent le milieu de la droite voie ?<br />

Comme il ne pouvait pas en trouver* c'est pour cela qu'il<br />

pensait à ceux qui le suivent immédiatement.<br />

Oserai&-je vous demander [ continua Wen-tchang ]<br />

quels sont les hommes que Ton peut appeler k&mme$ à<br />

grondes emeeptimi f<br />

MIWS-TSEU dit : Ce sont des hommes comme Khintchang,<br />

Tsheng-si et Mou-phi; m sont ceux-là que KHCWNG-<br />

TSEU appelait hommes à grondes conceptions.<br />

1<br />

— Pourquoi les appelait-il hommes à grandes conceptions?<br />

Ceux qui ne rêvent que de grandes choses* qui ne parlent<br />

que de grandes choses* ont toujours à la bouche ces<br />

grands mots : Les hmnmes de VantiquitéI tes hommes de<br />

f antiquité / Mais si vous comparez leurs paroles avec leurs<br />

actions* vous trouverez que les actions ne répondent pas<br />

aux paroles.<br />

Comme IHOIîNG-TSEU ne pouvait trouver des hommes<br />

à conceptions élevées* il désirait <strong>du</strong> moins rencontrer des<br />

hommes intelligents qui évitassent de commettre des actes<br />

dont ils auraient eu à rougir* et de pouvoir s'entretenir<br />

avec eux. Ces hommes sont ceux qui .s'attachent fermement<br />

à la pratique <strong>du</strong> bien et à la fuite <strong>du</strong> mal; ce sont<br />

aussi ceux qui suivent immédiatement les hommes qui<br />

tiennent le milieu de la droite voie.<br />

EHOUNG-TSEU disait : Je ne m'indigne pas contre ceux<br />

qui* passant devant ma porte* n'entrent pas dans ma maison;<br />

ces gens-là sont seulement les plus honnêtes de tout<br />

le village f ! Les plus honnêtes de tout le village sont la<br />

peste de la vertu.<br />

* c Ceux que tout le village, trompé par l'apparence de leur<br />

fausse vertu, appelle les hommes les meilleurs <strong>du</strong> village. »<br />

(Commentaire.)


MENG-TSEU. 463<br />

Quels sont donc les hommes [ pouisuivit Wen-tchang ]<br />

que vous appelez les plus honnêtes de tout le village ?<br />

. MING-TSEU répondit : Ce sont ceux qui disent [ aux<br />

hommes à grandes conceptions ] : «Pourquoi êtes-vousdonc<br />

ci toujours guindés sur les grands projets et les grands<br />

« mots de vertus? nous ne voyons point vos actions dans<br />

ce vos paroles, ni vos paroles dans vos actions. A chaque<br />

ce instant, vous vous écriez : Les hommes de l'antiquité I<br />

a les hommes de l'antiquité ! (et aux hommes qui s'atcc<br />

tachent fermement à la pratique <strong>du</strong> bien) : Pourquoi<br />

ce dans vos actions et dans toute votre con<strong>du</strong>ite êtes-vous<br />

« d'un si difficile accès et si austères? »<br />

Pour moi, je veux [continue MENG-TSEU] que celui qui<br />

est né dans un siècle soit de ce siècle. Si les contemporains<br />

le regardent comme un honnête homme, ceJadoit lui<br />

suffire. Ceux qui font tous leurs efforts pour ne pas parler<br />

et agir autrement que tout le monde sont des a<strong>du</strong>lateurs<br />

de lfpr siècle; ce sont les plus honnêtes gens de leur<br />

village !<br />

Wen-tchang dit : Ceux que tout leur village appelle les<br />

plus honnêtes gens sont toujours d'honnêtes gens partout<br />

où ils vont; KHOUNG-TSEU les considérait comme la peste<br />

de la vertu ; pourquoi cela?<br />

MENG-TSEU dit : Si vous voulez les trouver en défaut,<br />

vous ne saurez pas où les prendre; si vous voulez les attaquer<br />

par un endroit, vous n'en viendrez pas à bout. Ils participent<br />

aux mœurs dégénérées et à la corruption de leur<br />

siècle. Ce qui habite dans leur cœur ressemble à la droiture<br />

et à la sincérité ; ce qu'ils pratiquent ressemble à des actes<br />

de tempérance et d'intégrité. Comme toute la population<br />

de leur village les vante sans cesse, ils se croient des<br />

hommes parfaits, et ils ne peuvent entrer dans la voie de<br />

Yao et de Chun. C'est pourquoi KHOUNG-TSEU les regardait<br />

comme la peste de la vertu.<br />

KHOUNG-TSEU disait : « Je déteste ce qui n'a que l'appa-<br />

« rence sans la réalité; je déteste l'ivraie, dans la crainte<br />

« qu'elle ne perde les récoltes ; je déteste les hommes ha-


éêà MENG-T8EU,<br />

« biles, dans la crainte qu'ils ne confondent l'équité; je<br />

« déteste une bouche diserte, dans la crainte qu'elle ne<br />

« confonde la vérité; je déteste les sons de la musique<br />

« tehing, dans la crainte qu'ils ne corrompent la musique j<br />

« je déteste la couleur violette, dans la crainte qu'eMe ne<br />

« confonde la couleur pourpre ; je déteste les plus hon-<br />

« notes gens des villages, dans la crainte qu'ils ne confon-<br />

« dent la vertu. »<br />

L'homme supérieur retourne à la règle de con<strong>du</strong>ite immuable,<br />

et voilà tout. Une fois que cette règle de con<strong>du</strong>ite<br />

immuable aura été établie comme elle doit l'être, alore la<br />

foule <strong>du</strong> peuple sera excitée à la pratique de la vertu; une<br />

fois que la foule <strong>du</strong> peuple aura été excitée à la pratique de<br />

la vertu, alors il n'y aura plus de perversité et de fausse<br />

38. MENG-TSEU dit : Depuis Yso et Ckun jusqu'à Thmg<br />

(ouTching-thang), il s'est écoulé cinq cents ans et plus. Yu<br />

et Kao-yao apprirent la règle de con<strong>du</strong>ite immuable en la<br />

voyant pratiquer [par Yao et Chun] ; Thmg l'apprit par<br />

la tradition.<br />

Depuis Thang jusqu'à Wm-wang il s'est écoulé cinq<br />

cents ans et plus. Y-yin et Laï-tchôu apprirent cette doctrine<br />

immuable en la voyant pratiquer par Tchimg-thmg ;<br />

Wm-wang l'apprit par la tradition.<br />

Depuis Wm-wang jusqu'à KHOUNG-TSEU il s'est écoulé<br />

cinq cents ans et plus. Thaï-koung-wang et San-y-<br />

$eng apprirent cette doctrine immuable en la voyant<br />

pratiquer par Wm-wang ; KHOUNG-TSBU l'apprit par la<br />

tradition.-.<br />

Depuis KHOUKG-TSEU jusqu'à nos jours il s'est écoulé<br />

cent ans et plus. La distance qui nous sépare de l'époque<br />

<strong>du</strong> saint homme n'est pas bien grande ; la proximité de<br />

la contrée que nous habitons avec celle qu'habitait le saint<br />

homme est plus grande f ; ainsi donc, parce qu'il n'existe<br />

* Le royaume de Lou. qui était la patrie de KHOUNG-TSEU, el le


MENG-TSEU. 465<br />

plus personne [qui ait appris la doctrine immuable en la<br />

¥oyant pratiquer parle saint homme], il n'y aurait personne<br />

qui Faurait apprise et recueillie par la tradition !<br />

royaume de Tseou, qui éîail celle de MENG-TSEU, étaient presque<br />

conligus.<br />

FIN.


TABLE.<br />

Ta-Mo, ou la Grande Étude 41<br />

Tcnoong-voung, ou l'Invariabilité dans le milieu 65<br />

Luo-yo, ou les Ënfretieng philosophiques* - 105<br />

Meng-tseu 222<br />

COIBBIL, typogrtpliie et «téréoiypie de CBSTî.

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